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I
DICTIONNAIRE HISTORIQUE
DE
L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS
NIORT. — TYPOGRAPHIE DE L. FAVRE.
DICTIONNAIRE HISTORIQUE
DE
L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS
ou
GLOSSAIRE DE LA LANGUE FRANÇOISE
DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'AU SIÈCLE DE LOUIS XIV
Par LA CURNE DE SAINTE-PALAYE
MEMBRE DE l'aCADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET DE l' ACADÉMIE FRANÇOISE
Publié par les soins de L. FAVRE, membre de la Société de l'Histoire de France,
avec le concours de M. PAJOT, Archiviste-paléographe,
CONTENANT :
SIGNIFICATION PRIMITIVE ET SECONDAIRE DES VIEUX MOTS
Vieux mots employés dans les chants des Trouvères,
Acceptions métaphoriques ou figurées des vieux mots français. — Mots dont la signification est inconnue.
ETYMOLOGIE DES VIEUX MOTS
Orthographe des vieux mots. — Constructions irrégulières de tours de phrases de l'ancienne langue.
Abréviations ; études sur les équivoques qu'elles présentent dans les anciens auteurs.
Ponctuation ; difficultés qu'elle présente.
Proverbes qui se trouvent dans nos poètes des XII**, XIII» et XIV^ siècles.
Noms propres et noms de lieux corrompus et défigurés par les anciens auteurs.
Mots empruntés aux langues étrangères
Usages anciens.
SUIVI DES
CURIOSITEZ FRAiÇOlSES, pour sopplément aux Dictionnaires
Ou Rectieil de plusieurs belles propriété^, avec une infinité de proverbes et quolibets pour l'application de toutes
sortes de livres, par Antonin OUDIN.
TOME QUATRIÈME
NIORT
L. FAVRE, éditeur- du. GLOSSARIUM de Du Gange,
Rue Saint-Jean, 6.
DICTIONNAIRE HISTORIQUE
DE
L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS
CH
Chiedent, verbe. [Intercalez cinedent, tombent,
de cadunt.
Chieent i fuildres e menut e suvent.
Chanson de Roland, publiée par L. Gautier, vers liSfi.) Tn.eJ
Chie en fons. « Ces mois fainéant, proconi-
« meou (lisez copronyme), chie en fons, le court,
i> grisegonnelle, barbe torte, mauclerc, gippon, et
>• grand nombre d'autres , ne sont qu'adjectifs
« moqueurs , altacbez aux noms des princes. »
(Conles d'Eulrap. p. 505.)
Chiefroidure , suhst. Terme d'injure. Il
répond à notre mot trivial pisse-froid. « Celui qui
« avoit achepté le poisson bien cber demanda cette
" chicheface qu'on appelloit f/(/e/roîV/in'e. •> (Bouch.
Serées, p. 181.)
Chien, subst. masc. Ce mot, qui subsiste sous
la première orlliograplie , se prononce encore
aujourd'iiui fjnien, parmi le peuple, en Normandie.
Nous nous contenterons, sans en faire une acsep-
tion particulière, de remarquer que ce nom fut
donné, à Orléans, à une pièce d'artillerie. (Voyez
Mercure de May 1735, p. !)08.)
On employoit aussi ce mol comme terme généri-
que, en parlant des pelils de dilîérens animaux,
comme ceux de la loutre, du blaireau, du loup, etc.
« Aucunes gens dient que la loupve ne porte point
« de rhicns, tant comme sa meiv ce,t vive. » ^Cliasse
de Gast. Pbéb. ms. p. 09.) « Les blaireaux fout une
« fois l'an leurs chiens, comme renards, et les fonl
>. dans les fosses. » (Ibid. fol. 80.) On lit (Ib. f° Si],
i< que les loutres font leurs chiens es fosses,
« dessoubz les racines des arbres, près des
« rivières. »
Restreint à sa signification subsistante de chien
animal, ce mot servoit à distinguer les diverses
espèces de cbiens, en y ajoutant quelques termes
propres à les déterminer.
On appeloit cliien maatin, un chien de basse-
cour. Nous disons simplement mâtin. Il esl employé
comme terme d'injure, dans le passage suivant;
CH
ceux qui entendoient les apôtres parler diverses
langues, disoient :
Ils sont yvres, li chieyi maatin.
Hist. des Trois \hries, en vers, MS. p. 202.
Les diables apostrophent Ilérode de celte épithète,
en le recevant dans les enfers. (Hist du Th. fr.
T. II, p. 440.) On a dit simplement chiens, en par-
lant des Turcs ; chiens ennemis de notre foy. (Mém.
du Bellay, T. VI, p. 282.)
Le franc chien semble être le chien de chasse.
« L'or et l'argent en quelque espèce qu'il soit, en
" vaisseaux, monnoyé, ou en masse, pourveu qu'il
« vaille plus de vingt livres, chevaux de service,
« francs chiens, oyseliux, apparlienl au roy. « (Coût.
de Norm. Coût. Gén. T. I, p. 1030.)
Les chiens d'oiseau sont une espèce de cbiens
propres à faire partir le gibier, pour le cliasser à
l'oiseau. « Leur droit inestier si est de la perdriz,
« et de la caille. » (Chasse de Gast. Phéb. >is. p. 130.)
On lit (Ibid) : « C'est moult bonne chose à un
« homme qui a un bon austour, ou faucon lanier,
« ou sacre pour la perdriz, que de tielz chiens. >>
Ils diffèrent des chiens courants, en ce qu'il faut
que ceux-ci, « pour bien chasser, se tiennent
« ensemble; et au contraire les chiens d'oijseau,
» tant plus ils s'escartenl, pour batre pais, ils en
« sonlestimez meilleurs. ■■ (Charles IX, de la chasse,
page 24.)
Les cliiensde terre (1), qu'on nomme bassets, en-
trent dans les tanières des renards et laissons. On
distingue deux sortes de laissons, \es,po7'chiiis et les
clienins. ■■ Les chiens de terre craignent bien plus
« les chenins, que les porchins, car ils sont plus
« mauvais, et plus puants. » (Fouill. Vén, f"73.)
Comme il seroit inutile de rapporter ici les autres
espèces de cbiens qui sont connues et désignées
par des termes encoi'e eu usage, nous jiasserons
aux façons de parler, la plupart proverbiales, aux-
quelles le mot chien a donné lieu (2). On disoil :
1° Aller aux chiens, d^ns le sens propre, pour
aller à la chasse :
(1) On les nommait aussi cullots : « Nostre amé UichaiJ lies Costes, escuier, bourgeois et citoyen de Lion
i1e lui ung sien chic» cullot assez rioteux et malicieux. » (JJ. 195, p. -1126, an. -1474.) (N. E.)
{i) Comparez Lerotix de Lincy (I, 105 à 171) et V.Vncien Théâtre franc., t. IX, Glossaire, (n. e.)
IV.
ayant prés
CH
o
CH
Rjchart ert bel, et bon, et bien se contcnoit
D'oyseaux duire, et de chiens, tous lens s'entremettoit
Un jour ala as chiens, si corne aler souloit.
Rom. de liou, MS. p. 78.
2" Le past de chien éloit « la charge que les sei-
« gneurs imposoieiil à leurs tenanciers de nourrir
« leurs ciiiens de cluisse ». (Laurière, Gloss. du Dr.
fr. — Voyez ci-après Chie.nage.)
3° On à dit, en parlant de l'avidité du soldat pour
le butin :
— Courent soudoiersà maies...
Ausi comme chiens à charoingnes.
G. Guiai't, MS. fol. 2(Î3, R-.
i" Avoir condition de chien (1). (Eust. Descli. Poës.
MSS. fol. 2'i'(.)
5° Montrer del]e)tse comme [ait le chien sur son
fumier est mis pour se défendre vigoureusement
et de pied ferme, dans Percef. Vol. 111, fol. 47 (2).
G" On a dit proverbialement : abai de chien, pour
aboi de chien. (Prov. à la suite des Poës. mss. avant
4300, T. IV, p. 1G.51.)
7° Cliiens de Flandres. (Prov. îi la suite des Poës.
MSS. avant 1300, T. IV, p. 1653.)
8° Chiens d'Orléans. (Voyez l'origine de cette
expression dans le Moyen de Parvenir, p. 213.) Son
obscénité ne permet guère de la rapporter.
9° Cliiens d'Aitbidon. On disoit de certaines gens,
mal reçus partout, qu'ils s'en alloient comme les
chiens d'Aubidon. (Contes d'Eutrap. p. 230.)
10° Chien d'Esope. Charron, parlant de quelqu'un
qui feint de ne pas désirer une chose parce qu'il ne
peut pas l'avoir, dit qu'il est comme le cliieu
d'Esope. (Sagesse, p. 158.)
11° Ciiien de l'hortolan avoit la même signification
que notre expression : chien de jardinier, en par-
lant de celui qui, ne pouvant pas se servir d'une
chose, ne veut point que d'autres s'en servent.
« Retint moitié du naturel du chien de l'hortolan,
« d'autant qu'il ne mange jamais des choux du
« jardin de son maistre, et n'en laissoit manger
« aux autres. » (Brantôme, D" Gall. T. I, p. 181.)
Barelete, dans son sermon de la 3" semaine de
Caresme, fol. 110, V" col. 1, a mis en latin ce pro-
verbe qu'il appli(iue à l'avare : « Est sicut canis
« hortulani qui porros non comedit, nec alios sinit
«comedcre. »
12° Chien qui garde le niulon. Le même que le
précédent.
13° Paix de chien signifie coups de bâton, ou
simplement coups. (Merlin Cocaie, T. I, p. 154.)
14" Amourettes au chien. Un ancien poëte a dit,
en parlant des inclinations qui ne sont pas fondées
sur l'estime et la vertu :
Ce sont amourettes au chien
Et puis la fin si n'en vault rien.
ContreJ. de Songecreu-x, fol. 01, V*.
15° On trouve l'expression entre cliieu et leu
dans Percef. Vol I, fol. 67(3). Garasse, dans ses Rech.
des Rech. a critiqué l'étymologie que Pasquier
donne ù ce proverbe. On l'exprimoit en latin par
inter canem el lupum. (Du Cange, Gloss. lat. T. II.
col. 164.)
16° On disoit :
Esveiller le clnen qui dort.
M" Gaulicrs d'Argies, Poës. MSS. av. 1300, T. Ill, p. J15I.
Dans le sens où nous disons encore éveiller le
chat qui dort.
17° S'entr'aimer comme chiens et leux. Nous
disons comme chiens et chats (4). (Voyez Poës. mss.
d'Eust. Desch. fol. 444.)
18» Battre le chien devant le lion ou près du lion
signifie châtier les petits, pour corriger les grands (5).
On faisoit vraisemblablement allusion à ce pro-
verbe parmi les différentes représentations que
l'on vit au fameux banquet de la cour du duc de
Bourgogne, à Lille. « Ou moyen de la salle esloit
« un lybn vif, devant lequel' on batloit un chien-
« net."» (Monstr. Vol. III, fol. 55, an 1453.) << .le
« m'apperçus que son mal procédoit d'ailleurs que
<■ de moi, et qu'il ne s'altachoit à moy que pour
« /;ft»r(^, et gourmander le d//VH devant lelyon. ■•
(Mém. de Viller. T. I. p 42.) On a dit dans le même
sens : battre le chien ilevant le loup. (Estât de la
France sous François second, par la Planche,
p. 126.) Celte dernière expression subsiste encore,
19° La facilité des chiens et laquais à faire con-
noissance entre eux a passé en proverbe. (Vovez
Rom. Buurg. Liv. 1, p. It)!).)
20° On lit, au sujet de l'inceste, que « le proverbe
« françois ne réputé pour un bon chien celuy qui
« guarde cesle bonnesteté ». (Apol. pour Hérodote,
p.>2.)
21° Pendanl ce temps, les chiens mangent le
lièvre. Cette expression répond à la nôtre, le rot
brûle, c'est-à-dire le temps se perd. (.Mém. de
Bassomp. T. III, p. 196.)
rlSOVERDES :
1. Mauvais chiens enconbrez (médade)
Envoise (réjouit) les amis nez.
iMarc el Salom, MS. de S. G. fol. Hfi, V col. 1.
2. Li chiens se lieve de son soef dormir.
Et va el bore volée (lippée) recuillir.
rrov. du vil. MSS. de S. G. fol. "C, \', col. 1 et 2.
3. On a dit d'un fils de bourgeois qui veut avoir
une meute, comme un seigneur, dont il joue le
rôle en se ruinant :
Jlieldres (meilleur) est mestiers
Que chiens, ne esperviers.
ProT. du Vil. MS. de S. G. fol. 7G, R-.
4. Par chiens, et oiseaulx
Sont venus aux gens mains travaulx.
Gace de la Big;ne, des Déduirts, MS. fol. 143, V'.
rt) Voici la citation plus complète : « Qui à nul bien de présent ne s'applique, Fors à avoir condition de chien. » (n. e.)
(2) « Ils nous sont venus assaillir sur nostre fumier, monstrons défense comme fait le chien. » (N. e.)
(3) « Il estoit jà moult annuyté ; car il estoit ainsi que entre chien et leu. » Mais on lit déjà au xill» siècle , dans
bataille des Sept Arts ; « En \\n carrefour fist un feu Lez \m cerne entre chien et leu. » (N. E.)
(4) On lit aussi dans la Chron. du siège d'Orléans (Bibl. de l'Ec. des Chartes, t. III, 1" série, p. 509) : « Par avant iiz
entre hayoient comme chiens et chas. » (n. e.)
(5) Le proverbe daterait du xiii* siècle, d'après Leroux de Lincy (1, 170.) (n. e.)
la
se
CH
- 3
CH
5. De ch>e»s, d'oyseaux, d'armes, et d'amours,
Pour une joie cent donlours.
Gacc de la Bigne, des Déduits, MS. fol. lOG, R".
<i. Folye fait envahir le chien sur son fumier
s'est dit pour signifier le danger qu'il y a d'attaquer
un ennemi chez lui. (Percef. Vol. V, fol. GO.)
7. Deux chiens sont mauvais à un os.
Eusl. Desch. Pol's. MSS. fol. 307, col. 4.
8. On fiert chien, qui roine engigne.
Parton. de Blois, MS. de S' Gerni. fol. 149, V' col. 3.
9. Chien esragié (enragé) longues ne vit.
Rom. de Rou, MS. p. 174.
10. Chien en cuisine ne demande point son com-
paignon. (Percef. Vol. III, fol. 129.)
Chiens en quisine
Son per n'y désire.
Prov. du Vil. MS. de S. G. fol. 75, R- col. 3.
11. On sert le chien por le seignor ;
Et por l'amor le chevalier.
Baise la dame l'escuyer.
Hebers cité par Fauch. Lang. et Poës. fr. p. 106.
12. Quand on veut tuer son chien, on luij fait
croire qu'il est enragé. (Salnov. Vénerie, p. 326.)
Qui son cliien het, on luy met sus (impute) la raige.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 289.
Celuii qui son chien veult tuer pour couleur de
son faict, luij met sus (impute) /« rage. (Al. Cliartier,
Quadril. Invect. p. 430.)
13. De là, cet autre proverbe, avec le même sens :
Faulee occasion celuy trouva qui son chien battit.
(Percef. Vol. IV, fol. 454.)
14. Envie court comme entre chien et chienne.
Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 364, col. 2.
15. Qui m'aijme, à mon chien s'esbanoxje (se plaît
ou se joue.) (Percef. Vol. VI, fol. 88.)
Bien doit amer mon chien, qui moi mesismes aime.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 273, V col. 1.
Nous disons encore : qui m'aime, aime mon
chien.
16. Marchans, bourgois, ne facent comme chiens
Qui tout mangue, et ne veut donner riens.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 338, col. 2.
17 Qui prent les chiens par les oreilles, aucunes
fois le chien le mort. (Le chev.de la Tour (1), Instr. à
ses filles, fol. 81.)
18» Si dist on : souvent avient,
Que d'aire (de bonne race) est le ciens ki devient
Vénères, sans aprendeour (maistre qui le dresse).
Ph. Mouskes, MS. p. 449 et 450.
Nous disons : bon chien chasse de race.
19" Clrien couart abaijeplus fort (2) qu'il ne mort.
(Tri. des IX Preux, p. 170.) Ce proverbe revient au
nôtre: tous les chiens qui aboyent ne mordent pas.
20. Avoir à clers, toison à chien,
Ne doivent pas venir à bien.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. I, fol. 70, V col. 2.
21. Bon chien se deffend de ses dens.
Al. Chartier Poës. p. 719.
22. Homme, cheval, oysel, et chien,
S'il ne travaille, il ne vault rien.
Gace de la Bigiie, des Déduits, MS. fol. 10, R*.
23. On a dit de Thomme qu'il doit estre maistre
de son cheval et de sa jenime par précipul, et sans
comparaison, compagnon de son chien et valet de
son oyseau. (Favin, Th. d'honn. T. Il, p. 1807.)
VARIANTES (3) :
CHIEN. Orth. subsistante.
GiENS. H. Eslienne, Conf. du Fr. avec le Grec, p. 132.
KiEN'. Poës. MSS. av. 1300, p. 1029.
QUIEN.
Chienage , subst. masc. Droit seigneurial.
C'étoit la charge imposée aux vassaux de nourrir
et de loger les chiens de leur seigneur. (Du Gange,
aux mois Canagiu7n (i)eiCanaria. —Voyez Past de
chien, sous l'article Chien ci-dessus.)
Cliienes. [Intercalez Chienes, monnaie d'Alle-
magne ou de Liège: « Le suppliant avec les diz
« compagnons fust ou pais d'Alemagne; et la en
« une certaine ville achetèrent à une fois vi" mars
« de menue monnoie, nommée cliienes, qui à eulx
« trois ensemble coustcrent la somme do xv francs. »
(JJ. 117, p. 204, an. 1.380.) Au reg. JJ. 121, p. 299,
an. 1382, on lit kiennes: « En l'éveschie et ou pais
« du Liège achetèrent d'un accort et d'une volonté
« certaine monnoie que on appelle kiennes;...
" ladite monnoie de kiennes montans à la somme
« de deux cent cinquante mars ou environ.»] (n. e.)
Chienesse, subst. fém. Meute de chiens. (Du
Gange, Gloss. lat. au mot Canaria.) « Nulles chien-
« nesses, en nostre dit pays de Hainault, ne pour-
« ront venir en iceluy nostre pays faire quelques
« despenses, ne dommage aux laboureurs, ne
« manans nourissans blanches bestes. » (Coût, de
Hainaut, Goût. Gén. T. I, p. 811.)
Chien-marin, subst. masc. Sorte de poisson.
Le chien marin ou chien de mer est bon à manger (5).
« Nul ne soil si hardi qu'il mesie les rayes, ne
•< chiens de mer (6), avec autre poisson en mesme
" panier. » (Ord. T. II, p. 359.) Il en est mention
dans la Bat. de Quaresme. ms. de S. G. fol. 92, et
dans les Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 18."). On trouve
« des chiens marins tous noirs, et sans poil, dans
« la mer Blanche et dans les lacs de Moscovie et de
« Sibérie ». (Helat. de Tart. p. 86.)
Chiennaille, subst. fém. Canaille. Terme d'in-
jure. « Les Juifs s'en furent, et France fut vuidé de
« la corruption de celle chiennaille. » (Ghron. S'
Denis, T. II, fol. IV)
(1) On lit aussi au Ménagier (I, 9) : « Cellui qui s'entremet des noises d'autruy est semblable à cellui qui prent le chien
par les oreilles. » On disait en iatiu : « Teneo lupiim auribits. » (n. e.)
(2) Les sorciers donnaient aux voleurs le moyen de faire taire les chiens bavards : « Auquel papier estoient contenus
plusieurs choses, que l'en disoit estre experimens de Virgiles, entre lesquelx y estoit escript que on presist la laingue
d'un f/iie)! noir avecques le maistre dent d'icellui f/iie»?, et que le dent fust boutez dedens ladite tangue, et que ce fait,
chien ne pouroit abaïer ceulx qui porteroient ledit dent et langue. » (.1.1. lôO, p. 162, an. 1396.) (n. e.)
^3) I.e mot est dans la Chanson de Roland (v. 1751) sous la forme chen. (n. e.)
(4) Voyez t. 11, p. 75, col. 2. On dit plus souvent bcennage. (N. E.)
(5) C'est la grande roussette, scyllium caincuUi. (N. E.)
(6) On lit dans un Fabliau du xuv siècle (t. IV, 85, de l'éd. Barbazan) : « Si l'en envoie sanz targier As chiens de mer et
as balaines Conter les noveles certaines. » (n. e.)
CH
CH
Nous disons canaille (1). Le peuple prononce
encore i]U(' nui lie en quelques provinces. <■ En Beiirn,
» el en Navarre c'«/irt///^, etquenaille sont gens de
« néant, des va^'abonds. » (Laur. GIoss. du Dr. fr.)
Va en France, où vivra le jour d'une i:aiiaille.
Rom. de Rou, IIS. p. il.
C'est-iVdire où tu mèneras la vie que mène la
canaille ("2).
VARIANTES :
CHIENNAILLE. Chron. S. Denis, T. II, fol. 4, V".
KiENAiLLE. Ph. Mouskes, MS.
Chenaille. Journ. de Paris sous Charles VI et VII, p. 39.
QuENAiLLE. Cotgrave, Dict.
Canaillk. On i. subsistante.
QUANAILI-IC. Uial. de Tahur. p. 177.
Chienne, subst. fém. Terme d'injure. Comme
qui diroit maudite.
Encor est ceste gent si chienne.
Fabl. MSS. du R. n- T2i8, fol. MJ, V- col. 1.
Chienuerie, subst. fém. Vilenie (3). Il semble
que ce soit le sens de ce mot pris figurément en ce
passage : « De cestuy monde, rien ne prestant, ne
« sera qu'une citiomerie, qu'une brique plus ano-
« maie que celle du recteur de Paris. » (Rabelais,
T. m, p. 2!.)
Chienneter, verbe. Cbienner. (Dict. de Cotgr.
et d'Oudin.) ■< La joune lyce qui n'a jamais chien-
a neté. » (Salnov. Vénerie, p. 33.) (i)
Chiennons, subst. niasc. plur. C'est une faute,
dans Froissart, au lieu de chevrons d'armoirie. (Le
JLabour. Orig. des Arm. p. 191.)
Chieor, subst. masc. Chieur. On a dit prover-
bialement il chier de Borges (5). (Prov. à la suite des
Poës M.<s. avant 1300, T. IV, p. J652.)
Chier, verbe. Ce mot, qui subsiste, nous four-
nira quelques anciennes façons de parler (C) :
1° Cliier sur la Bible s'est dit pour abandonner
la religion des Huguenots : « 11 le mena à la Cour,
<< qui iors estoit à Fontainebleau ; mais ayant parlé à
« monsieur le cardinal de Lorraine, ledit David
« chia sur la Bible, el le ministre, et tout. » (Brant.
Cap. Fr. T. III, p. 237.)
2° Chier au jianier. Nous disons trivialement,
chier dans la malle, àims le sens de cette expres-
sion. M. de Villars dit à M. de Rosni : « Vous estes
" bien loin de vostre compte, et vostre roy de
« Navarre aussy; car, par le corps bleu, il a chié
« au panier pour moy, et s'il n'a pas d'autre valet
« que de Villars, croyez qu'il sera mal serw /). »
(Mém. de Sully, T. II, p. 143.)
Nous citons le proverbe suivant :
Et en dit bien en reprovier (proverbe),
Que trop estraindre fait chier.
FobL MSS. du R. n- 7(U5, T. I, fol. 50. R» col. I.
On disoit trivialement, et dans un sens ironique.
bien cilié pour mal fait, mal tourné :
Alez vous en tost hioi chié,...
Vous estes mal antillié (outillé.)
Eusl. Desdi. Poos. MSS. fol. 208, col. I .
Chiere, subst. fém. On a dit, du faucon pèlerin,
que « la couleur du pié, et la chirc du bec soit
« une. » (Modus et Racio, m.=.. fol. 109.) <■ Se tu tens
« les latz pour les bestes noires, garde que la chiere
'< ne soit mie trop liaulte. » (Modus et Racio, f^ 35.)
variantes :
CUIRE. Modus et Racio, MS. fol. 109, Y".
Chiere, Ciere. Modus et Racio, fol. 35, R».
Chifetier, Si('/s/. masc. ChilTonnier(8j.Crieurde
vieux drapeaux. iDicl. de Nicot, Cotgrave et Oudin.)
Chiffonie. [Intercalez Chiffonie, tambourin
porté comme une grosse caisse, mais frappé à la
fois sur ses deux faces: « Symphonia vulgo appel-
le latur lignum cavum ex ulraque parte, pelle
« extensa, (|uam virgulis liinc et inde musici
" feriunt. » (Isidore, 11, c. 21.1 On lit au Lnsidaire
(Du Gange, VI, îG9, col. 1) :
Psalleres, harpes et vieles,
Giges, et chifonies bêles.
On lit aussi dans Cuvelier (Id., id.) :
Et s'avoit chascun d'eu.K après luy un sergent
Qui une cliiffonie va à son col portant,
Et 11 deus menestrers se vont appareillant
Tous deus devant le roy se vont cltipliotiiant.
Et Mahieu de Gournay les va apperchevant,
Et les chifonieux aloy priser tant.
Et en son cœur alloit moult durement gabant;
Et li rois lui a dit après le geu laissant ;
Et que vous samble, dit-il, sont-il bien soufQsant?
Dist Mahieu de Gournay ; ne vous iray celant ;
Eus ou pays de France^ et ou pays Normant,
Ne vont tels instrumens fors aveugles portant ;
Ainsi vont les avugles et li povres truant.
De si fais instrumens li bourgois esbatant ;
En l'appella de là un instrument truant.
Car il vont d'huis en huis leur instrument portant,
Et demandent leur pain, rien ne vont refusant...
Au xiv siècle, les chiffonies, comme les orgues
de Barbarie, servaient à forcer l'auditeur à la
charité ; on n'aurait plus écrit, comme Isidore de
Séville: « Fitque ex ea concordia gravis et aculi
« suavissinius cantus. ■•] (n. e.)
Chiffre, subst. fém. Chiffre *. Engin à pécher ^.
*Ce mot, aujourd'hui masculin, étoit féminin
autrefois. On l'employoit, non-seulement pour
désigner les caractères qui expriment les nombres,
Çl) C'est là une forme italienne qui a dépossédé la forme française ckienaille (comparez chenille) : « Entre moi et ceste
chienaille. » (Renart, v. 1903.) On l'emploie encore dans le Berry. (n. e.)
(2) Il a aussi le sens de chenil au Roman de Robert le Diable (Du Cange, II, 324, col. 2) : « Et commande c'on li voist A
porter fuerre, estraia et paille Dessoubz le vaute ou le chienaille, Là, face là le lit au fol. » Comparez plus haut chenail. (n. e.)
(3) C'est encore un synonyme de chienaye, brennage : « Si a li cuens à le S' Rémi rente c'on apele chienerie, de chascun
feu .1. dosin d'avaine et .1. poille. » (Ch. des Comptes de Lille, 1289, dans Du Cange, II, 324, col. 1.) (n. e.)
(4) On lit aussi dans 0. de Serres (341) ; « Apres que la chienne aura chienneté, on la logera chaudement. » (n. e.)
(5) Lisez « li lichieor de Bourges », les gourmands, (n. e.)
(6) On lit aussi au Moyen de Parvenir (p. 50) : « Pleurez donc et chiez bien des yeux. » (n. e.)
(7) On lit encore au.\ Mémoires de d'Aubigné (éd. Lalanne, j). 36) : « Ci gist un roy [Henri IV], par grant merveille , Qui
mourut, comme Dieu permet, D'un coup de serpe et d'une vieille, Comme il chioit dans un met. » (n. B.)
(8) Marchand de chiffes. (N. E.)
CH
CH
mais aussi pour l'éciilure mysLérleuse. On lil cette
chilfre, parlant des cliitlVes employés dans les négo-
ciations secrètes. (Lelt. de Louis Xll, T. I, p. "270.)
Le mol chilfre esi pris au ligure pour caractères
qui expiimenl les nombres, dans cette ancienne
expression : « Quelques sots et glorieux Italiens
« se sont venus affubler de tel honneur par dessus
« nous, qu'ils semblent, par leurs escrils, nous
« reputer comme chiffres. « (Lett. de Pasq. T. J,
p. 45.) Nous disons mieux comme zéro. (Du Gange.
au mol Cifrœ {[).) L'orthographe sifre est celle qui
seroit plus conforme à son origine hébraïque ("i).
C'est cependant celle qui est le moins en usage.
°0n a aussi appelé chiffre, cliiphre, ou cifre une
sorte d'engin à pécher (3). (Gr. Coût, de Fr. p. 31.)
VARIANTES :
CHIFFRE. Orth. subsist.
Chifre. Nicot, Oiidin, etc.
Chiphue. Gr. Coût, de Fr. p. 31.
Cifre. Grand Coût, de Fr. p. 28.
Cyffbe Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 208, V" col. 2.
Sifre. Oudin, Cotgrave. — Lettres de Louis XII, p. 2ii.
ZiFRE. Lett. de Louis XII, T. Ili, p. 257.
Chiffrement, siibst. musc. Chiffre. Proprement
l'action d'écrire en chiffres. « .Mes lettres, mais
« principalement celles en chiffres, sont souvent
«' pleines de redites, étant bien difficile d'user de
" chiffrement, sans plusieurs erreui-s. » (Mém. de
Sully, T. VI, p. 20-2.)
Chiffi'eneau, subst. )uasc. Oudin l'explique
par morve qui bouche le nez (4).
Chiffrez, part, aupliir. Notés. Suivant le Gloss.
des Arr. d'Amour, p. 406, c'est peut-être une faute
pour cliiflez, du verbe cldfler. (Voy. Sifler ci-après.)
Chifolignie, subst. fcm. Nom d'une île. Les
anciens l'appeloienl Cephallénie. (Froissart, liv. IV,
page 284.)
Chifonieux, subst. masc. Musicien. Propre-
ment joueur de chifonie, instrument de musique.
(Voy. ci-après Sifoine.)
Et les chifonieux (5) aloy priser tant,
Et en son cœur alloit moult durement gabarit.
Du Gange, Gloss. lat. .iu mot Sym]ihonia.
Chileiire, s»/vs^ fém. Terme de fauconnerie;
l'action de cliiller, de coudre les paupières d'un
épervier, vers le bec, alin qu'il ne voie que par der-
rière. De lii : » laschier sa chileure, adtin qu'il voie
>' mieulx. » (Modus et Racio, ms. fol. 139.)
VARIA.NTES :
CHILEURE. iMoQus et Racio, MS. fol. 139, R».
Chilleuhe. Fouilloux, Fauconnerie, loi. (i2, V".
Chillure. Budé, des Oiseaux, fol. 122, Y».
Chilifier, verbe. Digérer. Proprement tourner
en eliijle. On a dit, au figuré : « Ce n'est pus ici le
•' rudiment des appreulifs, c'est l'alcoran des mais-
•< très, œuvi'c non ù gousler par une attenlioii
« superficielle; mais à digérer, etchilifwr avec une
« applicalion
préf. p. 15.)
Chiinent,
profonde. -^ (Essais de Montaigne,
subst. masc. Ciment (G). ^Cout. Cén.
T. II, p. i)49.)
Chimentiere, subst. masc. Cimetière, saljre.
On lit dans Philip. Mouskes, en parlant de la sépul-
ture des guerriers de Charlemagne, tués à la bataille
de Koncevaux :
A cel tans estoient conté
Doi cimentera en dignité :
En ces deus ciinenleres (7) furent
Une grant partie enfoui.
Ph. Mouskes. MS. p. 2:13 et 23i.
On disoit le cyntetiere de t'église, en parlant des
sépultures dan s l'intérieur de l'église, par opposition
au cimetière extérieur. (Bout. Somme f^ur. p. 735.)
Cymets, pour cimetières, mot employé par Britt.
Loix d'Anglet. fol. Si, \\ paroit une abréviation,
car il écrit ailleurs cijmysters. (Voy. Ibid. fol. 11.)
On a dit aussi cijmcliere, pour sabre. Nous nous
contenterons de remarquer ici que, selon Alain
Chai'tier, Hist. de Charles VII, p. 272(8), l'épée turque
fut vraisemblablement ainsi nommée, parce qu'on
la jugeoit plus propi'e qu'une autre à peupler les
cimetières (9). Elle est désignée par l'épithète de ter-
rible, dans les Mém. de Coniines, p. 663 (10).
VARIANTES (II) :
CHIMENTIERE. Hist. des Trois Maries, MS. p. 322.
Chimetiere. J. Le Fevre de S. Rem. Hist. de Cliarles VI.
(1) Ce sens est aux vers du Monde (xiii« siècle) : « Tu es li cyffres d'angorisme Qui ne fait fors toler le lieu D autre
iSgure. » Du Gange cite les Miracles de la Vierge (II, 348, col. 3) : « Or ai tant fait par moi meisme , Que chiffres sui en
angorisme, moult m'ont deable cmpechié Quant jou ne rechui l'euveskié. » On lit encore dans Chastellain (II, 26) : « Aussi
bien n'y suis fors que une offre donnant ombre et encombre. » (N. E.)
(2) L'origine est l'arabe cafar, vide, le zéro étant un cercle évidé ; le sens numérique s'est étendu à tous les caractères
représentant les nombres ; la preuve en est un comput du xiiF siècle (fol. 15) : « La darraine [figure] est appelée cyfre...
cijfre ne fait riens, mais aie fait les autres figures multeplier. » (n. e.)
(3) Voyez aussi Ordon., t. VUI, an. 1402, p. 535, art. 72. (N. E.)
(4) C'est plutôt un coup sur le nez. « Autrefois ils combattoient à l'espée d'armes , en sorte qu'il y en avoit tousjours
quelqu'un qui avoit quelque chenfreneau. » (Paré, III, C93.)
(5) Voyez plus haut cUiffonie. (N. E.)
(6; On a la forme chime au reg. JJ. 56, p. 507, an. 1318 : « Meubles et catels, qui seroient audit jour en ladite maison, qui
ne tenroient à clou ou à keville, à chime ou à rechime. » (N. E.)
(7) Une charte de 1232 (Du Cange, II, 414, col. 1) donne aussi chimentiere : « Adechertes li homes manans dedens le
f7iîmen(iece ou l'enclos de Biagni, iront en men despéeschement, si comme il ont accoustumé. >• Le sens est un peu
différent : c'est l'aitre, l'enceinte entourant l'église. (N. E.)
(8) Sanneterres ou cimeterres, qui sont manières d'espées à la Turque. « (N. e.)
(9) L'étymologie est le persan chimchir. (n. e.)
(10) « Six mille cinq cens chevaux légers se fussent meslaz parmy nous, avec leurs cimeterres au poing, qui sont terribles
espées ; veu le petit nombre que nous estions, nous estions desconfits sans remède. » (N. E.)
(11) On lit dans la Chanson des Saxons (X) : « Li dux Miles se tint devers un cismetirc. » Thomas de Cantorbery (62) donne :
« Ne fust en cimetere sis aveirs retenuz. » L'étymologie est le latin cœmeterium (^xotfitjztjQtoy) de xoi^uào), dormir, (n. e.)
CH
— (i —
CH
CYMETirnE. Bout. Somme Rurale, p. 735.
CiMETKRE. Olli. 1. l, p. 596.
CiiiETlEnE. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 326, R> col. 2.
Chimitier.
Çy.mistierk. Vig. de Charles VII, T. I, p. 72.
Cl.ME.NTERE (1). Ph. MouskbS, MS. p. 233.
Ce.metiere. Riib. Est. Moiiet, Oudin, Dict.
Semantiere. Colgrave, Dict.
Cymvters. Britt. Loi.K d'Angl. fol 11, V».
(;y.mets. Britt. Loix d'Angl. fol. 84, V».
Cliiniere, siibst. 7nasc. Cemot, qui nes'emploie
plus qu'au féminin, est masculin dans ce passage :
" Je suis plus monlrueux qu'un chimère. »
Bouchât, Serées, liv. i, p. 17.)
Chimcriser, verbe. Former des chimères.
(Dict. d'Oudin.)
Chinceliei", siibst inase. [Intercalez Chincelier,
rideau, tour de lit, baldaquin:
Un esprevier ot par dessus,
Qui moult riches et biaulx estoit,
Qui trestout le lit pourprenoit,
Del chincelier que je vous dy.
Selon ce que jou ay oy.
Roman do GléoiiiadOs (Du Gange, II, 352, col. 1).
On lit encore dans la Bible llisloriaux (Id. id.):
" Quand Judith vit Holofernes gésir en son lit,
'< dessous un cincelier, qui estoit' de saphir, d'es-
« meraudes, etc., ouvrée d'or et de soye. »] (n. e.)
Cliincepiier, subst. masc. Cochevis. On l'ap-
pelle autrement alouette huppée, en latin galerita.
Quant li cliincepuer s'escrie.
Que févriers va desinant (finissant) ;
Ke l'aloete jolie,
Vait contremont Tair montant ;
Lors est raison que jou chant
Quant celé que j'aim m'en prie.
l'oôs. MSS. Val. n- 1490, fol. 96, Vv
On lit cincevis, au lieu de cliincepuer, dans la
même pièce qui se trouve répétée parmi les Poës.
MSS. av. 1300, T. II, p. .^TS.
On a dit proverbialement : « Comme tout coclievy
<• à la houppe sur la teste, ainsy il faut que tout
« vray amour aye un peu de la jalousie. » (Malad.
d'amour, p. 143!)
VARIANTES :
CHINCEPUER. Poës. MSS. du Vat. n" 1490, fol. 96, V».
Cincevis. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 578.
CoNCHEVis. Budé, des Oiseaux, fol. 117, V».
KoKEViEUs. î'ioissarl, poës. MSS. p. 279, col. 1.
Cochevis. Orth. subsist.
CocHEVY. Mal. d'amour, p. 143.
Chincherie, subst. féni. Friperie. On dit
encore à Rouen recinncliers, pour fripiers. Dans la
Coutume de la Vicomte de Rouen, on trouve : cliin-
ches, chiffons ; et Ménage, au mot chiffon, ajoute :
« chinchere, qui achette des chiffons. » On lit :
« Chincherie, une fois par an, 2 den. », dans une
citation de Du Gange, au mot Clieincerie, sous
Cainpsilis (2). (Voy. ci-dessus le mot Cinces.)
Cliine, subst. fém. Nom d'une racine. C'est la
niciuc d'uiiu ijlante orientale, en latin china offici-
nnntm, que nous appelons aujourd'hui esquine, et
qui est nommée chine, dans le Dict. d'Oudin.
Cliinée. [Intercalez Chinée, nuque, dans Aubrv
(p. 159, col. 2):
Mais ains que jors traie à la vesprée,
Ara abris peur de sa chinée.'] (n. e.)
Chinon, subst. Nom de ville. Elle est « assise
« sur pierre ancienne, au hault le bois, au pied
» la Vienne. » (Hab. T. V, p. 171.) On disoit prover-
bialement : Cliinon petite ville, grand renom (31. (Id.
Ibid.) Brantôme nous donne l'originede ce proverbe,
lorsqu'il dit : Chinon petite ville, et chasteau de
grant renom. (Cap. Fr. T. II, p. 213.) (4)
Chinonneins, sulM. masc. pliir. Habitans de
Chinon. (Voy. les autorités ci-dessus rapportées.)
VARIANTES :
CHINONNEINS. Rom. de Brut, MS. fol. 9i, V" col. 1.
Chinonnes. Ibid. MS. de M. de Bombarde.
Chinquaii. [Intercalez Chinquau, cinq gerbes
réunies (JJ. 187, p. 317, an. 1458) : « Une pièce de
« terre où il avoil encores plusieurs gerbes d'avoine
« en cliinquaus. »] (n. e.)
Chinquenaude, siilist. fém. Chiquenaude.
« Ne luy faisoit mal en plus que feriez baillant une
" chinquenaulde sus ung enclume de forgeron. »
(Rab. T. II, p. 243.)
VARIANTES :
CHINQUENAUDE. Rab. T. I, p. 153.
Chinquenaulde. Id. T. II, p. 243.
Chinquer, verbe. Trinquer, boire. (Cotgrave et
Ménage, Oudin, Dict. et Cur. fr.) « Voyant qu'elles
« prenoient grand plaisir à chinquer (5) du vin
« d'Arbois. » (Mém. de Sully, T. IV, p. 195.)
Chintre, subst. masc. Levée de terre. En Anjou,
suivant le Dict. Etym. de Ménage, c'est le petit che-
min qui est autour des pièces de terre; mais il faut
dire que c'est proprement une levée de terre, en
forme de ceinture, autour des pièces de terre qu'on
veut ienfeiiiioi. On dïso'û cliaindre, pour ceindre,
enveloppé comme nous l'avons marqué. C'est de là
que vient le mot chintre : c'est en ce sens qu'on le
dit encore eu Touraine, et qu'il le faut entendre
dans le passage suivant de la Coutume de Berri :
« Il loisl (est permis) ù toutes personnes de la dicte
« terre de Mehung, mener, ou faire son bestail,
» par toute la dicte terre de Mehung, pasturer, si
« ce n'est en garenne d'ancienneté deffendue, et
(1) Froissart donne In cymenliere (XV, 4) et la chymentiere ÇLV , 24.) (N. E.)
(2) Ed. Henschel, II, 58, col. 1. (n. e.)
(3) « Et ne fais double aulcun que Chinon ne soit une ville anticque ; son blason l'atteste auquel est dict deux ou troys
foys... » (N. E.)
(4) 0 Je ne sçay qui en est à ceste heure gouverneur, c'est le moindre de mes soucis ; mais c'est un bel estât et belle
marque de chasteau de qui on dict : la ville de Chinon, petite..., quand ce ne seroit que pour nostre bon maistre Rabelais
qui a esté natif de là. » (N e.)
(5) L'étymologie est l'allemand sclwnken, verser à boire, (n. e.)
CH
CH
« garclable, se les dites terres ne sont labourées,
« emblavées, ou bouchées, sans y faire nulles prin-
« ses, toutes fois ceux à qui sont les béritages,
« pourront chasser les dictes bestes hors de leurs
« dits héritages, et aussi nul ne pourra faire chiiitrc
« en ses terres, pour la garde d'icelles. » (La Thaum .
Coût, de Berry, p. 379.)
Chiplioeue. [Intercalez Chiphoene : « Elleborus,
« qutedani herba. gall. chiphoene, » (Gloss. lat.-fr.
B. N. 521.)] (n.e.)
Chipoter, wr^^É". Vétiller. (Dict.d'Oudin(l).)Pro-
premenl découper en petits morceaux, le même
que cliicoter qui est la vraie orthographe (selon
Falconnet), car d'autres tirent Tétymologie de chi-
poter de la monnoie appelée chipotois ou cliats de
Poitou. (Voy. ci-dessus chats de Poitou à l'art. Chat.)
Chipoterie, subst. fém. Niaiserie, vétillerie.
(Dict. d'Oudin.)
Chipotois, siib&t. masc. Sorte de monnoie.
Elle étoit de peu de valeur, comme le prouve ce
passage : « Ouinque arnaldi, et chipotois valent
« quatre den. turon. », dans une citation de Du
Cange, sous le mot Moneta (2). (Voyez ibid. au mot
Chapotensis moneta.)
Chippe, subst. Bateau*. Guenille, chiffon °.
*Sur le premier sens de bateau, voyez LeDuchat,
sur Babelais, T. IV, p. 100, note 13. C'est propre-
ment ce que nous nommons esquif.
^ On a dit, au second sens, cliippes (3), poi iif-
fons, guenilles.
Ses filz le nom de comte port
Qui n'iert mie vestuz de c/nppes.
G. Guiart, MS. fol. 12, R" (éd. I, p. 2S, 74).
Chiprois, subst. masc. plur. Ceux de Chypre.
>■ S'en relorna en Acre, et laissa le roi o (avec) les
" Chiprois. « (Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V,
« col. 3.)
Chiquart, subst. masc. On a dit proverbiale-
ment : brave comme chiquart. (Bouchet, Serées,
Liv. III, p. 6.)
Chique, subst. fém. Petite boule de marbre ou
d'ivoire, selon Oudin (4). Chique au masculin étoit le
même que chiche. (Voyez ce mot ci-dessus.)
Chiqueter, verbe. Couper, découper (5). (Nicot,
Cotgrave, Oudin, Monet et Ménage, Dict.)
Chiqueteur, subst. masc. Découpeur. (Dict.
d'Oudin.)
Cliirat, subst. masc. Monceau de pierres. Ce
mot se dit, dans le Lyonnois, des pierres ramassées
en tas dans les champs nouvellement cultivés. (Du
Cange, au mot Chirat.) Peut-être faut-il l'expliquer
par charretée. (Falconnet.)
VARIANTES :
CHIRAT. Du Cange, C.ioss. lat. au mol CItirat (6).
Chierrat. Id. ibid. (7)
Chirceambei", sulist. masc. Sorte de rede-
vance. « Chirseed, cJiirccomer ou cliirceamber fut
» un certein rent de bled batu, que chescun home
« devoit al temps des Brytons et des Englez porter
» à lour église le jour seint Martin. » (Du Cange,
sous le mol Ciricsetum.) (8)
VARIANTES :
CHIRCEAMBER. Du Cange, Gloss. lat. au mot Cincsetum.
Chirceomer, Chirseed. Id. ibid.
Chirei". [Intcicalez durer, dont ie sens est
douteux dans une charte de 12!» 1 (Petit livre rouge
de la municipalité d'Abbeville, fol. 20, r") : « Un
« chirer de le vile de .vi. livres et .xvn. sols de
« chens. » (Du Cange, 11, 328, col. 3.)] (n. e.)
Chii'on, subst. masc. [Intercalez Chiron, mon-
ceau de pierres, comme plus haut cliirat: « Jehan
» Loys estant en ung chiron de pierres, desquelles
« il prenoit et metloit en son saing. « (.IJ. 188,
p. 204, an. 1459.)] (n. e.)
Chirurgien, subst. masc. Ce mot, qui subsiste
sous cette orthographe, s'écrivoit autrefois plus
ordinairement (•/riM'ff/CH(0). Les médecins, du temps
de Pasquier, prétendoient que ce mot, à remonter
à son origine, ne signifioit que manœuvre. Voy.
Pasquier, Rech. p.825,chap. xxxi, où il traite expres-
sément de la querelle entre les médecins et les
chirurgiens avec les barbiers. 11 paroit pourtant
qu'ils étoient distingués, du temps du chevalier
Bayard. On lit, dans son Histoire, p. 286, que « le
« chirurgien qui avoit longtems pansé sa playe,
« montra au barbier de Bayard, comment il pansoit
« le malade, et lui donna ensuite un onguent pour
« faire un emplastre qu'il falloit appliquer tous les
« jours sur la playe. »
Les barbiers ayant voulu prendre le titre de
chirurgiens barbiers, « la cour, par arrest du
» 25 avril 1625, leur defîendit de ce faire, mais
« qu'il se nommassent barbiers clùrurgiens, sui-
« vaut l'arrest de 1003. » Pasquier, Rech. Liv. IX,
p. 833.) Marie de Bourgogne qualifloit cependant
Olivier le Dain. favori de Louis XI, cliirurgicn bar-
bier. (Hist. de Marie de Bourg, par Gaillard, p. 150.)
(1) On lit dans Tabouret, d'après Dochez : h Ce ne sera jamais fait pour qui voudra chipoter tous les mots. » Le radical
est citiffc ou chippe. (Voyez plus bas.) (n. e.)
(2) Voyez éd. Henschel, ariialdensis, t. I, p. 404, col. 3. (N. E.)
(3) On lit encore dans la Passion de N. S. 71. C. (xv« siècle) : « Bandez lui les yeulx de la teste , Et pour le loier de ses
truffes Ly portez de grosses buffes, Et sy en jouez à la chipe. » (n. e.)
(4) C'est la bille des petits Parisiens, la canette de l'Ouest, (n. e.)
(5) Ce mot a été fait sur cliiquet. (Voyez chic.) (N. E.)
(6) Ed. Henschel, II, 328, col. 3. (n. e.)
(■?) Dans une charte de 1454 on lit : « juxta vineam dicti confitentis, quodam cliierrut intermedio. o (N. E.)
(8) Ed. Henschel, II, 364, col. 3. (n. e.)
(9) Consultez les Etudiants de l'Ecole de Médecine de Montpellier, au xvi« siècle, par A. Germain, de l'Institut. (Revue
historique, 1877, p. 31-71.) (n. e.)
CH
CH
Le serorfjicii on chirurgien est distingué du ;j/i2/s?-
cioi ou miiegcyl], médecin, danf, les. Assis. de,I(5rus.
p. 153 (Voyez Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.)
On éciivoil aussi sirurgie, pour chirurgie. (Voyez
ci-après Sincniin;.)
VAIIIAM'ES (2) :
CHIRURGIEN. Oilh. subsistante.
CiRURGiEN. Joinv. p. 5, etc. (3)
CiCHGiEN. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 443, col. 3.
Cyrurgien. Lanc. du Lac, T. III, fol. 122, V».
SiRRURGIEN. Ord. ï. III, p. 603.
Serurgien. Le Fevre de S. Rémi, Ch. vi, p. 70.
Serorgien. Gloss. sur les Coût, de Beauv.
SuRRiGiEN. Britt. Loix d'Anglet. fol. 14, R».
Surgien. Monstr. Vol. I, fol. 178, V", etc. (4)
Serourge. Chron. S. Denis, T. II, fol. 65, V» (5).
Chiriirgienne, snbst. fém. Pasquier, après
avoir cité les ordonnances de nos rois (6), en vertu
desquelles les femmes exenjoient la cliirurgie,
ajoute que c'est une cliose de prime face estrange,
" et toutefois excusable, si par nos anciens romans
>' (images de nos couslumes anciennes) nous
« trouvons que nos ciievaliers ayan» esté casuel-
« lement blessez par la campagne, ils avoient
>' recours aux plus proches chasleaux, dans les-
« quels ils trouvoienl leur guerison par le ministère
" des preudes dames, el damoiselles. » (t^asq. Recli.
Liv. IX, p. 820.)
VARL\NTES (7) :
CHIRURGIENNE. Orth. subsistante.
Cirurgien-ne. Percef. Vol. II, fol. 10, R», etc.
Cyrurgienne. Ibid. fol. 39, R», etc.
Chisel. [Intercalez CJiisel, ciseaux au reg. J.J.
1G5, p. 53, aîi. J410 : » Le suppliant print en Toslel
i' .lehan le INoir escuier demourant à Noyon un
» instrument, nommé chisel. »] (n. e.)
Cliissure, stilist. fém. Filet. Il semble que ce
soit le sens de ce mot, qui n'est peut-être qu'une
faute pour Ihissure, dans le passage suivant, où l'on
dit, en parlant de la trahison :
Tant est faincle, simulée, et légiére,
Qu'envers celiuy ou elle veult contendre (s'attaquer;
En luy riant va sa c/iîssKre tendre
Poiu- irnpréveu le séduire, ei surprendre.
Cliabic et dcparliL' d'Amours, p. 33, col. t.
Chitoiial. [Intercalez Chitoiial, zodoaire, espèce
de gingembi'c. On lit uuxMiraclesdela Vierge(t. II):
» faut 1 mêlent à la fois De gingembre et de
" chHoiial, De gerotle el de garingal. » Ou lit encore
dans un regisire de la Ch. des Comptes: » Pour la
« balle de citoual, n s. vi den. » Au Cartulaire de
Lagny (fol. 240): « Cytoa!, un denier la livre. »
Voir Du Gange, VI, 932, col. 2.] (n. e.)
Cliiunkante, Nomb. indécl. Cinquante.
Troi cens et chiuiikante malade.
Pli. Mouskes, MS. p. 291.
VARIA.NTES :
CHIUNK.^NTE. Ph. Mouskes, MS. p. 291.
ClUNC.\NTE. Id. p. 151.
Chivande, siibst. fétu. Partie d'une église. Il
seroit difficile de juger quelle partie d'une église
porloit ce nom. Dans une déclaration donnée par le
trésorier de l'église de Guibray des charges du
trésor, on lit : » Paye le dit trésor, pour les répa-
i< rations de l'église, tant de la nef, cliivainde, que
» chapelles qui composent les ailes d'icelle, etc. »
Peut-être est-ce la même chose que ce qu'on nomme
en quelques cantons chivande, petit endroit près de
la sacristie desliné à mettre les burettes, les plats
pour l'offrande, etc., et dont le chefecier a la clef;
mais il me paioit plus probable que le mot de chi-
vande ou chivainde désigne une portion de l'église
beaucoup plus considérable (8).
VARIANTES :
CHIVANDE. Cout. de Hainaut, Cout. Gén. T. I, p. 1012.
Chivainde. Déclar. MS. du Très, de l'église de Guibray.
Chive. [Intercalez Chive, oignon. On lit dans
Aubri, p. 155, col. 2 :
11 vit porter les cJiivcs enpevrés.
Au Roman du Renart (II, 2(52, v. 16G92):
Ne pris pas deus foilles de cives
Ton menacier ne ton vanter.
Comparez le Roman de la Rose, v. 5350 et 198.
En Picardie et en Bretagne, la ciboule se nomme
encoi e civé, du latin cœpa. Comparez Raynouard,
II, 370, col. 1, sous ceba.] (n. e.)
Gliiver, subst. Dans le Gloss. de Labbe, p. 473.
c'est chines qu'il faut lire. 11 dil que ce sont vais-
siaux à nelloier bief, en lalin capisleriitin. Ce mot
latin ne se trouve que dans Columelle. C'est un
van. (Voyez Du Gange (9).)
Chivon, subst. masc. Cve, oignon. On se ser-
voit de ce mol pour exprimer le peu de cas qu'on
faisoit de quelqu'un. « De tous nous ne donnerions
« (|uatre c/in'0»s (10). » (Froissart, Liv. III, p. 130.)
Chnapaii, subst. masc. Bandit. De l'allemand
(1) Miege vient de medicus ; ^iiire vient de javqoi', onguent. (N. E.>
(2) On lit encore au Livra des Méiiius (419) ; » Pour ce que il puet avenir que, quant murtrier ou larron sunt bleciez ou
blecent autrui, viennent celéement aus cyriayiens de Paris, et se font guérir celéement. » (,n. e.)
(3) M. de Wailly donne cyrurgieiis (!$ 175). (N. E.)
(4) Comparez la forme anglaise surgeon. C'est aussi la forme que donne Froissart, III, 85 ; II, 161 ; VU, 296. (N. E.)
(5) Serourge de sorori\is sic;nifie beau-frère. Comparez Froissart, II, 26, 248 ; III, 377. (N. E.)
(0) Voici le début de cette'ordoimance : « Nous défendons et inhébons par tous les trois edits (porte le langage latin)
que, dans la ville el vicomte de Paris, nuls (7ii)'i/r(/ic);6- et chirunjieiines ne puissent e.\ercer Tart de la chirurgie, soit
publiquement ou en privé, s'ils n'ont esté préalablement examinez et approuxez par les autres maistres chirurgiens jurez
demeuranz à Paris, à ce expressément appeliez. Chose de prime face estrange et toute fois... » (n. e.)
(7) On Ut déjà dans Rntebeuf (37) : « .le sai une fisicienne (anglais physician) Qui à Lions ne à Viane, Ne tant comme li
siècles dure. N'a si bonne serurgienne. » (N. E.)
(S) Ne serait-ce pas le clievel. {N. E.)
(!)) Ed. Ilenschel, II, 13'-\ col. 2. (n. e.)
(10) Voyez chice. (N. E."»
CH
- 9 —
CH
sch7iapphahn{l). On a donné ce nom à des paysans
révoltés contre la noblesse, qui furent dél'aits, aux
environs de Strasbourg, vers 1525, suivant M. de
Thou . Liv. X, p. 232 "(2). Voy. Ménage, qui croit
donner l'origine de ce mol. On en trouvera la vraie
étymologie dans Wachter, Gloss. Germ.(Falconnet.)
VARIANTES :
CHNAPAN.
ScHNAPHAN. Wachter, Gloss. Germ. Dict. univ.
Choaisie. [Intercalez Choaisie , choix, aux
preuves de THist. de Bretagne, II, col. 504, an.
1385 : « Et la teneur de la ce'dule de ladite choaisie
" et élection d'armes est cy-aprez. >>] (n. e.)
Chocailler, verbe. Trinquer. Boire fréquem-
ment. (Dict. de Cotgraveet d'Oudin.)
vARiAPiTEs :
CHOCAILLER. Oudin, Dict.
Chocqu.ailler. Cotgrave, Dict.
Chocaillon, subst. fém. Femme qui s'enivre.
Une chocaillon est une femme qui boit habituelle-
ment, selon Oudin. (Dict. et Curios. fr.)
Chocas, subst. masc. Corneille. Nous nommons
encore choucas une espèce de corneilles. Voyez le
Dict. univ. qui en décrit les différentes espèces.
Quelques-uns ont semblé confondre les choucas
avec le chat-huant ; mais il me semble qu'ils se
trompent. Du Gange donne au mot languedocien
c}iot la signification de chat-huant. (Gloss. lat. au
vc\o\.Cavanna.)^'\co\. dit que c'est unechouette. Voici
quelques passages oîi ce mot peut se prendre pour
corneille. Il faut observer que le Dictionn. univ. a
remarqué, au mot choucas, que cet animal de l'es-
pèce des corneilles a aussi porté le nom de chouette.
« Pline dit que prenant quantité de vin meslé en
« des œufs de chucas, puis en faire boire, par deux
« ou trois jours, celuy qui en boira, hayra telle-
« ment le vin que jamais il n'en voudra boire. »
(Div. Leç. de P. Messie, fol. 273.)
Ce sont chucas et corbeaux qui croassent.
Œuv. de Baif, fol. 218, V.
VARIANTES :
CHOCAS. Monet, Ménage, Dict. et™.
Choucas. MerL Cocaie, T. Il, p. 19 (3).
Chucas. Div. Leç de P. Messie, fol. 273, R» et V» (4).
Chouca. Nicot, Dict.
Chouquars. R. Belleau, Berg. fol. 122, V».
Chot. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Cavatma.
Chor. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 488.
Choche, subst. fém. Nous trouvons ce mot dans
l'Hist. des Trois Maries, en vers ms. p. 283, pour la
bière dans laquelle étoit porté le corns de la Sainte
Vierge. Un lit chace dans un autre ms. Il y a bien de
l'apparence qu'il faut en effet lire chace, la même
chose que châsse oîi l'on enferme les reliques des
saints.
Choche a signifié aussi Cloche. (Voyez Chron. fr.
MS. de Nangis, sous l'an 1379.) Ce ne peut êlre une
faute, car cette orthographe se lit plusieurs fois
dans le même ms. On touve d'ailleurs, dans Blan-
chardin, c/ioc/îf f/éîjO/OH (5), qui semi)le signifier cloche
de plomb, la même chose vraisemblablement que
chape de plomb c\-àess\\s, pour loge, prison.
La tor fu fermée (/ii-inala) en la roche;
De pion y avoit mainte choche,
Dont 11 quarrel sont seelé.
Blanch. MSS. de S. G. fol. m, V col. 3.
On a dit de même clief pour clef et choses pour
closes.
On écrivoit aussi quelquefois c/jof/^;? pour cloche.
C'est en ce sens qu'on lit: « Prendre les aloes et
" les pertris à la choque (G). » (Modus et Bacio, ms.
fol. ICI.) On sonne cette cloche poar effrayer les
oiseaux et les faire pnrlir, afin de leur brûler les
ailes. Alors on les prend à la main.
VARIANTES :
CHOCHE. Blanch. MS. de S. G. fol. 177.
Choque. Modus et Racio, MS. fol. 161, V".
Chocmeaulx, subst. masc. (7)
.4donc découvrent leurs faulcons,
Et leurs monstrent les deux hairons :
Si bastirent si fort d'esles,
Ou'ilz traient droit à leurs hairons.
Ainsi comme deux esmerillons,
Quant volent par les cliocincanlx.
Gacc de la Bigne, Des Déduits, MS. fol. 128. Rv
VARIANTES :
CHOCMEAULX. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 128, R».
Choquemeaux. Id. ibid.
Chocq, subst. masc. Souche. C'est un mot
picard, de l'allemand stock (8). Il est pris au figuré
pour souche généalogique, dans le passage suivant:
« S'il y a plusieurs enfans represenlans un décédé,
« iceux font une teste, et choc(i (9), contre chacun de
« leurs oncles, ou autres avec lesquels ils doivent
« succéder. » (Coût, de Lilers, Coui. Gcii. T. Il,
p. 897. — Voyez Ciiouqie et Chouquet.)
Choe, subst. fém. Corneille. Autrement petit
choucas. (Voy. le Dict. Univ, au mot Choucas.) On a
aussi donné à cet animal le nom de chouette,
(1) De schnuppeii , attraper, et HaJin, coq. (N. E.)
(2) Les Boures (Baiier) ou Rustauds d'Alsace avaient voulu piller la France qu'ils croyaient sans défense depuis la
bataille de Pavie ; ils furent écrasés près de Saverne par Antoine, duc de Lorraine, et par son frère Claude de Guise,
gouverneur de Champagne ; 20,000 périrent au cri de « vive Luther ! » (n. e.)
(3) « Il est seulement accompagne de corneilles chantant quaqua , et des corbeaux avec leur crocro , et aussy des
choucas. » (N. E.)
(4) On lit aussi dans Paré -Animaux, 20-: « Les linottes, cochevis, pies, corneilles, chucas, corbeaux parlent et
chantent. » (N. E.)
(5) Choche est là pour coche, joint, rainure, comme dans ce passage de Montaigne : « Quelle géhenne ne soufîrent-eUes,
guindées et sanglées, à tout de grosses coclies sur les costez. » (I, à)8.) En Berry, choche est dit pour souche, (n. e.)
(6) Lisez cloque, comme dans Baudouin de Sebourc (X, 76) : « Quant li bourgois oireut la clioze deviser, La cloque de la
ville ont fait tantost sonner. » (N. E.)
(7) Ce doit être un dérivé de clioiiue, souche. Voyez le suivant, (n. e.)
(8) Cette étymologie est admise par Scheler ; Diez préfère soccus. (N. E.)
(9) Le picard a la forme clioke ou choque. (Du Cange, II, 332, col. 3.) (n. e.)
IV. 2
m
- 10
Œ
chuetle ou cliouchelle ; mais ce n'est point la
chouette proprement dite, qui n'est pas un oiseau
noir, comme celui à qui on donne le nom de choe,
dans les [lassages suivans. Le P. Labbe, dans son
Gloss. lai. p. 514, nomme cet oiseau Monedula.
C'est la corneille de l'espèce des chucas (1). (Du
Gange, au mot Caccitla.)
D'un vilain conte qui avoit
Une choe qu'i norri, qu'ele parla.
Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 8. V' col. 2 (2J.
Grosse de corps, blonde comme une pomme,
Yeux de corbaut, noire comme une riioe (3).
Eust. Desch. Pops. MSS. fol. 211, col. 3.
On disoil proverbialement :
Il aiment plus deniers
Que ne fet une choe.
Fall. MSS. du R. n- 7615, T. 1\. fol. Ul, V col. 1.
VARIANTES (4) :
CHOE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 211, col. 3.
Choue. Modus et Racio, MS. fol. 134, V°.
Chaue.
Choene, subst. fém. (5) Sorte de mesure, du latin
choenix, selon Léon Trippault, qui ailleurs dit
que ce mot a aussi signifié chaîne. Aussi l'avons-
nous employé comme orlhographe du mot cadene.
Choi, particule. Quoi.
Diex ! que grande signerie,
Oui tant est douche et plaisans,
Par clioi je sui moult engrans (enclin)
De siervir, sanz vilenie.
Chaiis. fr. du xiii" siècle, MS. de Doubler, fol. 330, V° col. 2.
Choiement, subst. masc. Chute. En latin casns.
(Gloss. de Labbe, p. 494.)
Choile. [Intercalez Choile, impératif du verbe
celer :
Qu'en feroies ? Ne Vchoile pas.
Renan le Nouvel (IV, v. 1539).
Coile est dans Flore et Blanceflor, v. 3015.] (n. e.)
Choin, subst. masc. Pierre dure et de vive
roche; c'est le silex. Elle peut être polie comme le
marbre. (Dict. de Monet.)
Choine, subst. masc. Pain blanc et délicat.
De là, celle espèce de proverbe ou dicton en usage
dans quelques provinces: « 11 amangésonc/iome((j)
« le premier. » (Dict. Etym. de Ménage. — Voyez
Rab. T. IV, p. 248.)
Chois, sxibst. masc. Choix.
De ces deu.x a s'amie le c/iiea:;
Conseilliez l'en, qu'elle en prengrie le miex.
l'OL-s. MSS. Valican, n- 1,=>22, fol. 153, R' col. 2.
Mais c'est trop plus grant esplois (proPfit)
D'avoir sa mie à son cois.
Pocs. MSS. Vïlican, n- 1490, fol. 164. R'.
De trestot le monde a son ketis.
Ph. Mouskes, MS. p. 211.
Puisque j'en ai le yieus,
Avoir veU l'otroiement (consentement).
Poes. MSS. Val. n- 1490, fol. 173, V.
Mort prent à son rjiiiex ;
Amour ausi à son chois chascun prent.
Poes. MSS. Val. n* 1522, fol. lr,5, V col. 2.
Ce mot nous fournit diverses expressions à
recueillir :
1" Mettre à choais (7) de lay signifie donner le choix
de faire le serment, ou de le déférer. (Ane. Coût,
de Bret. fol. 81.) Le chapitre est intitulé : « Des cas
1 dont l'en peut mettre à choais de lay. «
20 Avoir trois chois, c'est avoir la liberté de choi-
sir de trois choses l'une, ou d'opter entre trois
partis à prendre. (Gr. Coût, de Fr. liv. Il, p. 194.)
3° A choix (8) est mis pour indistinctement dans
ces vers :
Feme prant tôt à chois, ou courtois, ou vilain
Borgois, ou chevalier ; mais qu'il emplela main.
Chastie-Musail. MS. de S. Germ. fol. lOfi, V' col. 3.
4° Aller à chois pour choisir.
Chevex ot si blons, et si blois,
Con s'il en fust aie: à chois.
Parlonopei de Blois, MS. de S. G. fol. 126, R- col. 1.
5" Faire son chois parti, pour choisir entre deux
partis proposés. (Mém. de Sully, T. Xll, page 224.)
On avoit dit plus anciennement jeu parti.
Proverbe.
Cil qui a chois de prandre, et départir.
N'est pas saiges, s'il ne prant le meilleur (9).
Eusl. Uesch. Poés. MSS. fol. 1, col. 3
VARIANTES (10) :
CHOIS. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 1, col. 3.
Cheoys. Mém. du Bellay, T. VI, p. 306.
Choais, Choays. Korel, Dict.
Cois. Poës. MSS. Vat. n" 1490, fol. 164, V».
Qois. Phil. Mouskes, MS. p. 177.
Quois. Beauman. p. 228.
QuiEX. Poës. MSS. Valican, n» 1522, fol. 165, V» col. 2.
KiEX. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 147, R».
Chiex. Poës. MSS. Vat. n° 1522, fol. 153, R» col. 2.
Chuez. Coût, de Fr. p. 434.
(1) En Savoie, f/iuc désigne le chucas; mais c/mioe en wallon, chauxcc en namurois, choue en français, désignent la
chouette. (N. e.)
(2) C'est une fable de Marie de France : « D'un vilein dist, ki nurrisseit Une ka\(we que mult ameit », édit. Roquefort
(p. 48.) (N. E.)
(3) On lit dans Berthe (XXXIII) : a Sa colors n'estoit pas en semblance de choe. » Voyez Raynouard, II, 392, col. 2, sous
chava.na. (N. E.)
(4) Choe vient encore de cohuu et désigne une halle : « Et est acordé entre le duc et nous que nous aurons la moitié des
choes de Dinant. » (Preuves de l'Hist. de Bretagne, I, col. 1069, an. 1283.) (N. E.)
(5) C'est le pain choine, le pain des chanoines : « Et devent estre serviz honestement du rost et boest [bouilli] et leur
sauxe appartenante avesques eulx, du paen de fouace, du paen choene, du vin blanc. » (Bibl. de l'Ec. des Chartes, 4« série,
t. IV, p. 373.) (N. E.)
(6) On lit encore au reg. JJ. 128, p. 84, an. 1385 : a Lequel suppliant... print trois pams blans, appeliez choesnes. » (N. e.»
(7) Mettre à chois se retrouve dans Froissart (XVI, 96) ; « Et tnist à chois ung chevalier que le conte d'Erby avoit là
envoie, de toutes ses armures pour servir le dit conte. » (n. e.)
(8) On lit déjà dans Wace, Rou (v. 5975) ; « Ainsi pourons aler as bois, Abres tranchier et prendre à chois. » (n. e.)
(9) Bruyant cité au Ménagier (II, 27), écrit ; « Or fay le quel que tu vouldras. Et y pense tout à loisir ; Quant o. chois es,
tu pues choisir. » (n. e.)
(10) On trouve dans Froissart coes et eues, formes verbales de coesir : « Je vous mech à coes (IX, 336). — Vous estes
à eues don partir ou dou demeurer (X, 441). » (N. E.)
CH
— H -
CH
Kjeus. Pb. Mouskes, MS. p. 211.
OUEUS. Ph. Mouskes, MS. p. 226.
QlEVS. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 173, V».
KiEus. Poés. MSS. Vat. n» 1490, f» 147, R°, et 177, R».
Kius. Poës. MSS. av. 1300, T. Il, p. 806.
Choisie, subst. fém. Choix, option. On dit, en
termes de procédure, choisie de lots (1). (Voy. style
de procéd. au Parlem. de Norm. fol. 7'2.)
Choisir, verbe. Voir, apercevoir, reconnoître*.
Paire choix °.
*Le premier de ces deux sens est le plus commun,
dans nos anciens auteurs (2). J'en pourrois citer un
nombre prodigieux d'exemples. Il me suffira d'en
avertir, et je me contenterai d'en rapporter quel-
ques-uns, soit en prose, soit en vers : « Ung Sarrazin
« c/jo«'s('i, qui estoil plus grand que nul des autres. »
fChron. S. Denis, T. I, fol. 14G.) On lit dans le latin
de Turpin : « Vidit quemdam Saracenum, etc. »
« Clovis se ferit eu la bataille, là où il choisit, et
» avisa le roy Alarich. Il se combattit à luy. »
(Chron. S. Den. T. I, fol. 14.)
Le Roy Othon a resaisi;
Piertres Mavoisins Va ceusi.
Ph. Mouskes. MS. p 593.
Ains de si loing de moi ne fu clioisie.
Adans li Bocus, Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1422.
Un poi vueil amors blasmer.
Car je ai souvent choisi
Ceu.x grant joie recouvrer.
Qui se faisoient gas (se jouoient) de 11, etc.
J.icq. de Chison, Pots. MSS. av. 1300, T. H, p. fiSl.
De là, on disoit, en termes de guerre : cltoisir un
parti pour le reconnoitre. (Le .Fouvenc. ms. p. 132.)
Choisir un cerf, en termes de chasse, signilloit
l'examiner assez pour être en état de dire « quel
« cerf c'est, et quelle teste il porte. « (Fouilloux,
Vénerie, fol. 37.)
^Les anciens employoient aussi le mot choisir,
dans le sens où nous le prenons encore, pour faire
choix.
Qui est a choix de deux choses avoir,
Eslire doit, et choisir la meillour.
Eusl. Desch. Poes. MSS. fol. 202, col. 2.
Si les bons voulés causir.
Pops. .MSS. av. 1300.
Quant il pot s'aisse (son aise) quoisir.
Ph. Mouskes. MS. p. 80.
C'est-à-dire quand il fut le maître d'être à son
aise.
Une voye ceusirent autre.
Ibid. page 819.
Vous kieusissiés le pieur.
Jeu Parli, Pops. MSS. du Val. n" (490.
C'est-à-dire vous choisiriez le pire. Il seroit
superflu d'accumuler d'autres exemples.
VARIANTES :
CHOISIR. Orth. subsistante.
Choisyr. Gace de la Bigne, des Ded. MS. fol. 118, R».
Choysir. Percef. Vol. IV, fol. 25, P," col. 1.
CoisiR. Duchesne, Gén. do Guines, p. 283.
QuûissiR. Ph. Mouskes, MS. p. 80.
CUESIR. Froissart, Poës. MSS. p. 65, col. 1.
Ceusir. Ph. Mouskes, MS. p. 819.
Chausir, Causir, Kausir. Poës. MSS. avant 1300, T. II,
page 903.
Kieusir. Poës. MSS. Vat. n» 1490.
Keunsir. d'ofi Keunsiscons ; lisez peut-être Kunsiseons,
pour choisissons, dans Carpentier, Hist. de Cambray, p. 18 ;
titre de 1133.
Keusir. Ph. Mouskes, MS. p. 593.
CoisiER. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1105.
Choisisseor. [Intercalez Choisisseor, voyant :
Dunt de la tierce part menor
N'erent ti oïl choisisseor.
Chr. des ducs de Norm., I. v. 1551.] (N. E.)
Choison, subst. fém. Borel s'est trompé, ainsi
que le Dict. de Corneille. Il faut lire l'achoison, le
prétexte, au lieu de la clioison. Il en est de même
du vers suivant :
Par quoy à toy en laisse la choison.
Cl. Marol, p. 494.
Il faut corriger l'achoison.
Choison, subst. niasc Quantité. (Dict.d'Oudin.)
,Ie n'ai vu ce mot nulle part ailleurs, en ce sens;
c'est peut être le même que foison.
Chol, subst. mase. Chou, légume. On trouve
dans les Mém. de Sully, T. I, page 124 : faire chou,
pour chou, rendre la pareille, expression qui sub-
siste encore, ainsi que cette orthographe de ce inot(3).
On lit dans le Roman de Hou, .ms. p. 28, feuille de
col, pour feuille de chou.
Tout ne vault un cliol.
Eus(. Desch. Pues. MSS. fol. 106, col. 3.
C'est-à-dire ne vaut rien. On disoit au pluriel
chos, chox.
Mieulx vault raangier du potaige, et des chos
Estre vestus d'un gros drap de villaige, etc.
Eust. Desch. Poi-s. MSS. fol. 286, col. 2.
Nous avons char, querés des chox.
Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 38, R- col. 2.
A mes beaux chouls gelés, étoit un cri des rues
de Paris, du tems de Bouchet (Serées, liv. III, p. 37.)
Je ne sais ce qu'on entendoil autrefois p-àv cotton
de chou. Voici le passage où nous trouvons cette
expression : « Prens un gros tronc, ou cotton de
» chou, puis le fend au long, etc. » (Fouilloux,
Faucon, fol. 64.)
On disoit proverbialement :
S'il veult des pois, on luy donra du chol.
Eusl. Desthamps, Poës. MSS. fol, 227.
(1) Voyez plus haut choaisie. (N. E.)
(2) Ce sens est déjà dans Roncisvals (p. 25) : « A la letre choisie. » Il se retrouve dans .Toinville (§ 162), dans Froissart :
(t. Car se il se fuissent embattu en ycehii port qu'il avoient chiœsi, ou auques priés, ils estoient perdu d'avantaige (II, 67).
— Cils faucons montoit si haut que à peines le pooit il cuesir en l'air (X, 69). » Dans d'Aubigné (Hist., III , 175) , il signifie
prendre : « Ses gardes n'avoient pas eu le loisir de coucher une mesche , volant la chambre pleine et sa personne
choisie. » (N. E.)
(3) A la surprise de la RéoUe par d'Ussac, Henri IV , roi de Navarre , répondit par la surprise de Fieurence à portes
ouvrantes. La reine mère, qui estoit à .\uch et qui croyoit que le roy de Navarre y avoit couché, l'aynut appris n'en fit
que rire et en branlant la teste, dit ; « Je voy bien que c'est la revanche de la RéoUe et que le roy de Navarre a voulu faire
chou pour chou, mais le mien est mieu.x pommé. » (Mém. de Sully, 1. 1, p. 124, an. 1578.) (N. E.)
CH
15
CH
Ou comme il dit ailleurs, p. 424, col. 3 :
S'il veut (lu dur, il a du nioul,
S'il veut des pois, il a du choul.
On écrivoil aussi coule. (Voyez ce mot.)
VARIANTES :
CHOL. Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 106, col. 3 (1).
ChoI'L. Eust. Drsch. Poës. MSS. fol. t29, col. 3.
Chou. Orih. subsistante.
Col. Rom. de Hou, MS. p. 2S.
Cols, plui: FiiLl. .\iSS du R. n° 7218, fol. 228, R» col. 2.
Chols, plur. Falil MSS. du R. n" 7218. fol. 227, V» col. 2.
Choleiz, plni: Fabl. MSS. du R. n° 7615, T. II, fol. 212.
Chaulx, plur. Horel, Dict.
Chox, phir. Kabl. MSS. de S. G. f' 38, R».
Chos, plur. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 286, col. 2.
Choie, subst. fém. Passion violente*. Coup de
vent^.
*Cc mot s'est appliqué en particulier à la colère (2).
(Dict. de Mcot, Monel, Cotgrave, Borel, Corneille et
Ménage.) « T;int fut indigné que de son espée le
« tua^ en sa choie. « (Rab. T. I, p. 297.)
Gourous, dépit, ou chaude cote.
Les Marg. de la Marg. fol. 230, R°.
Chaude colle se pread souvent dans ce sens.
(Quinze Joies du Mariage, p. 63.) Mais il se dit aussi
pour viêlée chaude, poursuite vive. (Laur. Gloss.
du Dr. fr. — Du Cange, au mot Caiida Melleia.) De
là, ou disoit : à la chaude colle, pour exprimer
tout à coup, à l'improvisle. (Pasq. Rech. livre III,
p. 2V)8.) Colle se prenoil, quelquefois, pour passion
violente en général, comme en ce passage :
Or vois-je bien que, pour paroUe,
Ne pour rien qu'on vous sceust presoher,
Ne vous osteriez de la colle.
Ou vostre cueur se veult ficher.
L'Aniaiil ren m Cordelier, page 651.
Noire cote signifie mélancolie, dans Gace de la
Bigne, des Déduits, ms. fol. 78.
^De là, on a applii^ué, dans un sens figuré, le
mol colc à tempête, coup de vent. Il est interprété
ainsi par Oudin, et employé selon cette acception
par Rabelais, T. IV, p. 83, où nous lisons un
cote effréné, un rude cole (3).
VARIANTES :
CHOLE. Nicot, Dict. - Rab. T. I, p. 297.
Cole. Nicot, O-idin. - Rab. T. IV. p. 83.
Colle. L'Amant rendu Cordelier, p. 510, etc.
Cholere, adj. Colère. Sujet à la colère, impé-
tueux. (Dict. de Rob. Estienne, Id. Gramm. fran^.
p. 42.) « Voilù que c'est que d'estre si cholere. »
(Des Ace. Escr. Dijon, p. 56.)
VARIANTES :
CHOLERE. Nicot, Oudin, Dict.
CiiOLEBic. Oudin, Dict.
CnoLERig. Nicot, qui cite Ronsart.
Cholerkjqe. Nicol, Dict.
Cholet, subst. masc. C'est le surnom de Hugues,
comte de Roucy (ij. On le lui donna à cause de i'im-
pei feclion de son corps. (Voyez la Roque, Orig. des
Noms, p. 12'i.)
Chois, subst. masc. plur. Il semble qu'on ail
voulu désigner sous le titre d'exécuteurs cliols cea\
qui faisoienl exécuter les jugeinens pour cause de
demande. Du Cange, au mot Executores chalenli,
cite ce passage : •■ De ce, rendra nostre 1res cliier
'< frère Loys comte d'Evreux, aux exécuteurs chois,
« et aultres fiefs, etc. (5) » Il croit que ehalentum esl
le même que chalengum, ou chalenga, chalenge,
suivant notre ancien langage.
Chômage. [Intercalez Chômage, cessation dans
la fabrication : « Nous avons entendu... que noslre
« monnoye de Touruax... est en chômage. •<
(Ordonnances, t. V, p. 422.)] (n. e.)
Chômas, adj. Paresseux. Qui ne fait rien, pro-
prement qui chôme.
L'en peut bien clamer frère ('.limitas;
Onques mais homs n'ot, si foible merrien.
Eusl. Desch. Po.s. MSS. fol. 332, col. i.
Chômer, verbe. S'abstenir de travail (6). Ce mot
subsiste. On diroit encore, comme autrefois (7):
« Vous connoistrez que je n'ai pas chômé, tant que
« j'y ai demeuré, etc. » (Duclos, Preuves de l'Hist. de
Louis XI, p. 399.) Mais ou ne diroit pas également:
il n'avoit que çhommer, pour il n'avôit pas de
temps à perdre (8j. (Percef. Vol. 6, fol. 93.) Ce mot a
la même signification dans ce vers :
Fay le venir sans bruit, et sans chommer.
Clém. Marol, p. 585.
Chemer, s'abstenir de travail, se disoit quelque-
fois pour s'abstenir en général. On lit, en ce sens,
chômer de peschier, pour s'abstenir, discontinuer
de pécher. (Ord. T. V, p. 208.)
Proverbe : >< Il vaut mieux perdre que chômer. «
(Div. Leç. de P. Messie, fol. 89.) (9)
(1) Comparez Raynouard, II, 358, col. 1, sous caul. (n. e.)
(2) De là colieux dans Froissart (VI, 222) : « Car il s'estoient parti dou roy très colieux. » (N. E.)
(3) Choie a eu aussi le sens de soûle (voir cheoller). « Comme les supplians et plusieurs d'autres gens du pais fussent
alez esbatre à un geu. appelle c7i()/e. » (JJ. 89, p. 126, an. 1357.) — « Estans en icelle choie ou soûle, ainsi que l'eu
emportoit l'estouef ou cholet. » (J.I. 176, p. 683, an. 1448.) « Enfin, au cartulaire d'Amiens, en 1323, est un accord entre
l'évêque et le maire « de ce que li maires prist l'estuef à la choie le jour de quaresmel en la terre de l'Evesque et de
l'EgUse. » (Du Cange, II, 325, col. 1.) (n. e.)
(4) C'est aussi le nom de la boule au jeu de la soûle. « Estant en icelle choie ou soûle, ainsi que l'en emportoit l'estouef
ou cholet. » (JJ. 176, p. 683, an. 1448.) (N. E.)
(5) Preuves de l'Hist. d'Evreux, par Lebrasseur, an. 1298, p. 25. (Du Cange, III, 143, col. 3.) (N. E.)
(6) Il a même le sens de dormir au xm" siècle, dans les Miracles de la Vierge : « A grans trais boivent vin d'Auchuerre,
Pour miex clioiner desor le fuerre. » (Du Cange, II, 333, col. 2.) (N. E.)
(7) Voici la citation plus complète : « .le vous prie, vous qui estes par delà, avisier à fraper un beau coup sur le duc de
Bourgogne... et j'espère faire si bonne diligence par deçà que vous connoissiez... » (N. E.)
(8) Voici ce qui précède ces mots : « El si lui dirent les maistres [maçons] que le demourant estoit legier, mais qu'i
flst finance de la couverture, car... « (n. e.)
(9) On lit encore dans les Choses qui faillenten Ménage (xni« siècle) : « Ménage fait prendre mal somme , Ménage hait
celui qui chôme Et rien ne fait. » (N. E.)
CH
13 -
CH
VARIANTES :
CHOMER. Duclos, Preuv. de Louis XI, p. 399.
Chommer. Cléiii. Marot, p. 524.
Clioineter, sitbst. masc. Qui chôme souvent.
Qui aime à chômer. (Dicl. de Monet.)
Chommemant, subst. masc. Chômage. (Dict.
de Moiiel.)
Chonnine, subst. fém. Thonnine (1). Peut-être
esl-ce une faute. Thonnine est la chair de thon
salée : ■> J'empescheray que robe ne manque à la
« chonnine, ou cotle aux olives « (Essais de Mon-
« taigne, T. Il, p. 009.) C'est la traduction de ce
vers de .Martial :
Ne toga cordylis, ne penula tlesit olivis.
Cordijla signifie thon.
Chopade, subst. fém. Faux-pas. L'action de
broncher.
Mal robotez lieux
Passay, à cloz yeux,
Sans faire chopade.
Clcm. Marol, p. 424.
VARIANTES :
CHOPADE. Clém. Marot, p. 424.
Choppement, subst. masc. Cotgr. Dict.
Chopement, subsl. nuise. Oudin. Dict.
Chope. [Intercalez Chope: 1° Houppelande:
« Et un vallet avec lui armé de haubergeon, de
« bacinet à camail, de gorgerelte, de gantellez et
« chope par dessus le haubergeon. » (Ord. IV, p. 67,
an. 1351.) -i» Gobelet ou son contenu : « Prestre, dy.
« — Voulez que je dye ? — A la guise de rsormandiê,
« Je bef à vous de chipe en chope. » (Mir. de
S" Geneviève.)] (n. e.)
Choper, verbe. Broncher (2).
Li destrier Orgeil si sovent
Choup'it que ce n'estoit pas fins.
Fabl. MSS du R. n- 7615, T. U, fol. 189, V' col. 2.
Proverbe : « Qui chope, et ne tombe pas, adjouste
« à son pas. » (Dict. de Cotgrave.)
VARIANTES (3) :
CHOPER. Dict. de Cotgrave.
Chouper. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 189.
Chopination, subst. fém. L'action de boire.
De là, on a dit niale chopination, pour ivrognerie :
S'en a soif, c'est estorement
De maie chopination ;
Fuyez donc tel abusement.
Contred. de Songecreux, fol. 27, V".
Chopine, subst. fém. Mesure. (Du Gange, aux
mots, Cho/)iiia et Copina ; Ménage, Orig. franc, et
Dict. de Borel.)(4)Ce mol s'est dit nou-seulementen
parlant de boissons, mais encore d'autres denrées.
» La chair et sain doux valoit quatre blancs la
» chopine. « (Journ. de Paris sous Charles VI et VII,
an 1435, p. 163.) On lit chopine de trippes, dans
Rabelais T. VI, p. 223.)
Chopineur, subst. masc. Buveur, ivrogne.
(Path. Testam. p. l-il.)
Choppet. [Intercalez Choppet, croc en jambe:
« Lequel Jehan priiil ledit Symon parla potrine et
« lui fist le choppet du pié, tant que ledit Symon
« cheusl à terre. » (JJ. 152, p. 278, an. 1397.) Il en
est de même au reg. JJ. 189, p. 27, an. 1454:
« Lequel Jacotin, ainsi que icellui Morel dansoit,
<> lui bailla le ("/iO/jpe< de la jambe, en soycuidant
» jouer à lui, et tant que dudit choppet il chey à
« terre. » (n. e.)
Clioppeur, subst. masc. Qui bronche. (Essais
de Montaigne, T. I, préf. p. 6.)
Chorage, subst. masc. Coryphée. Le principal
personnage des chœurs. C'est le Xooayiç des Grecs.
Nostre vie est ainsi comme un ample théâtre.
Où les dieux sont assis, au plus haut spectateurs;
Nous masquez, la pluspart, y sommes les acteurs,
Nostre chorage. c'est la fortune marastre.
Pocs. de Perrii), fol. 16, R*.
Cliorde, subst. fém. Corde. (Rob. Estienne,
Oudin et Cotgrave, Dict.)
Chore, suhst. masc. Chœur. (Cotgrave et Oudin,
Dicl.) On a dit enfants île chore, pour enfants de
chœur. (Favin, Th. d'honn. T. I, p. 90.)
Choreal, subst. masc. Chantre, choriste. Pro-
prement, ce qui est du chœur. (Diclionn. de Nicot,
Oudin, Cotgrave, Monel.) >• 11 y a des églises ou les
« chanoines ont des vicaires (|ui font pour eux, et
« sont dits clioriaux (5). » (Moyen de Parvenir,
p. 167.) On distinguoit les chanoines, chapelains, et
choraux. (Mém. d'Ol. de la Marche, Liv. I, p. 258.)
VARIANTES :
CHOBEAL. Oudin, Dict.
Chorial (6).
Choriau. Moyen de Parvenir, p. 67.
Choriger, verbe. Corriger. (Celthell. de Léon
Trippault.)
(1) On lit au ms. fr. anc. 10197. 2. 2. fol. 71, v», an. 1312 : « Nous Florens Berthaut sire de Matines faisons savoir... que
nous tenons... en fief... de M. Jehan duc de Lothrike, de Brabant et de Lembourck... la voerie et la seignerie de Matines,...
le marchiet du seil, du poisson et des bestes, les choniits. les Lombards et les Juys. » (N. E.)
(2) C/ioper veut dire aussi couper : « La dame... avoit fait choper ses bielles traices, et fut autres! atirés com uns
eskuiiers. « (Flore et Jeanne, p. 29.) (N. E.)
(3) Au Roman de la Rose ( v. 6171), on lit : « Lors va soupant et jus se boute, Ausinc cum vel ne veïst goûte. » L'étymologie
est alors l'allemand schupfeii, heurter, (n. e.)
(4) On lit au Roman de la Rose (v. 6813) : « N'est nus qui chascun jor ne pinte De ces tonneaus ou quarte ou pinte , Ou
mui ou setier ou chopitie. » Aux Emaux de De Laborde (xiV siècle, p. 213), on lit aussi : « Une grand chopine d'argent dorée,
et est le biberon d'une teste qui baille, et l'autre d'une femme, et est le fruitelet d'une seraine. » (N. E.)
(5) Curiuux se lit dans une charte bretonne de 1433 (Spicilége, V, 632) : « Voulons qu'il y ait quatre curiaux pour ayder
au divin office, qui pareillement seront subgiz et obéiront audit doyen. » Dans le Cérémonial de S' Brieuc, es mot désigne
les enfants de chœur ; « Item les petits entïens, c'est assavoir les petits cureaulx , ne doivent pas seoir ne estaller es
chaeses haultes ne basses, mes ils doivent estre en estant es petiz reteiz du cueur en manière de station. » (N. E.)
(6) Ung nommé Chapponay <?/iocia/ de l'église S. Jehan de Lyon. » (JJ. 181 , p. 163, an. 1452.) Au reg. 189, p. 176, an.
■14o7 : « Jehan Aies, que on dist estre cariai et teneur en l'église de N. D. de Chartres. » (n. e.)
CH
14 —
CH
Chorme. Chiourme. (Dict. tl'Oudin el de Colgr.
— Voyez Kabelais, T. IV, p. 74 et 109 (1).)
Choron, siibst. ?Hasc. Inslrument de musique.
Probablement le même dont pai'le Tlioinot Arlaan,
dans son Urcliésographie, et dont il dit avoir vu la
figure dans un ancien livre.
Timpanne aussi mettez en eiivre dois (digili)
Et le citoron, n'y ait nul qui réplique,
Faictes devoir, plourez gentils Galois.
Eusl. Desch. Poês. MSS. fol. 28, col. 3 et 4.
Simphonies, salterions,
Monacordes, timbres, corrotis.
Rom de Brut. MSS. add. fol. 80, R- col. 2.
De harpe sot, et de chorum ;
De lire, et de psalterium.
Rom. de Brut. MS. fol. 28, V col. 2 (2).
Terpsicore soubdain habandonna
Psalterion, et chnron.
Crelin, p. 62.
Delà, cette espèce de corde appelée co?'rfo}i-c/io?'Oft,
proprement cordon ou corde à choron, dont on se
servoit pour toucher de cet instrument; elle étoit
faite de boyau, comme semble l'indiquer le passage
suivant, où le cordon choron se trouve employé par
opposition à corde de fouet. Après la mort du duc
de Bourbon, e^n 1419, « on lui trouva deux cordes
a ceintes en sa chair nue, l'une de fouet, nouant
« de nœud, et l'autre à&cordon-choroni^à). « (llist. de
fiOys III, duc de Bourbon, p. 400. — Voyez ci-après
CORDEAN.) (4)
VARIANTES :
CHORON. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 28, col. 3 et 4.
Chorum. Rom. de Brut, MS. fol. 28. V» col. 2.
CORRON. Rom. de Brut, MS. add. au fol. 80, R» col. 2.
Coron. Falconnet.
Chose, subst. fém. et masc. Mot indéterminé
qui tient la place de plusieurs autres. Il subsiste
encore sous sa première orthographe. Nous ne nous
arrêterons qu'à l'ancien usage qu'on en faisoit. On
peut consulter Du Gange, aux mots Cai<sa (5), Cansa-
mentuni, Chaucia, Cosa, lies, et Pasquier, Rech.
p. 735. En patois languedocien, cause (6) se prend
pour chose. (Voyez Cause.) Ce mot s'est dit plus
souvent des personnes. » Li Pères, el li P'ils, el li
o sains Esperiz, lesqueies trois très saintes, el très
(I précieuses choses sont un seul Dieu en Trinité. »
(Beauman. Prolog, p. 1.) » Quant il entendit le
« bossu, il s'appareilla de jouster à luy, puis il luy
<■ e.scric, chose contrefaicte, tourne toy, si auras le
« jousle, etc. » (Percef. Vol. 1, fol. 85.) (7)
Cose el chose se disoient pour biens de toutes
espèces, comme terre ou autre héritage.
" Sa chose de Athées qu'il a vendu. » (Perard,
Hist. de Bourg, p. 4G7, titre de 1216.)
Coses signiiioil biens (8). (Duchesne, Gén.deBgfh.
p. 104, til. de 1240.)
Nostres choses se disoit pour nos biens. (Perard,
Ilist. de Bourg, p. 518, lit. de l'i69.)
« Mettre ses coses en droit el en loy. » (Duchesae,
Gén. de Béth. p. 164, Ut. de 1240.)
Trop seroit foie, et legiere.
Se ge haoie (je haïssois) à escient,
Chose qui m'aim veraiement.
Blanchardin, MS. de S. G. fol. 178, V- col. 2.
Les deux chnses vi vis-à-vis;
L'une fu grande, et bien taillée.
D'un banc samit (0) appareillée
Fabl. MSS. du R, n- 7218, fol. 280, V col. 1 .
Dame, qui est si douce chose,
Que cortoisie en li repose.
Comment puet ele refuser?
Cehii que voit vers li plorer.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 350, R* col. 1.
On disoit chose fée, pour fée. (Perc. Vol. II, f"35.)
Chose servoit aussi à exprimer ce qui n'a point de
nom, ou suppléoit à l'expression propre de ce qu'on
ne peut définir, faute de mémoire, ou de connois-
sance ou par pudeur. « LorsescoutaLancelot,etouyt
« au chasteau sonner une chose moult hautement ;
« il regarda vers les murs, et veit tout plain de
« dames, etc. » (Lanc. du Lac, T. III, fol. 8.; » Voit
« au milieu ung arbre vestu de merveilleuse
« escorce, et esloient les feuilles dec/wsesverdes. »
(Percef. Vol. IV, fol. 139.) (10)
Alez veoir à vostre chose,
Li chevaliers veoir i va,
Ne trueve qu'il ait rien perdu.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 298, R' col. \.
Chose est pris dans un sens obscène, en plusieurs
expressions, et alors on le fait quelquefois mascu-
lin. (Voyez Vaseliana, p. 71 el 121 ; Clém. Marot,
p. 390; Rabelais, T. I, p. 68, el Nuicls de Strapar.
T. II, p. 445 (11).) Il étoit féminin lorsqu'on disoit:
(1) « Ce pendant que les chnrmcs des naufs faisoyent aiguade (IV, 2). — Toute uostre chorme grandement se contristoit
(V, 18). >) Jal tire ce mot du turc tcheurmè. (N. E.)
(2) Cette citation est plutôt extraite des poésies de Thibaut (t. I, p. 2i4): « De vieles sot et de rote. De harpe sot , et de
chorum ; De lire et de psalterium. i> (N. E.)
(3) M. Chazaud (p. 316) imprime ; « Et au trés-preudhomme prince, on trouva deux cordes ceinctes à sa chair nue, l'une
de fouet, nouée de neuds, et l'autre de curde de cheron. » (N. E.)
(4) Dans Froissart (XIV, 71), choron, comme coron, signifie coin : « Sur ung des chorons à l'entrée de Thoulouse. »
Cette forme se retrouve dans une charte de 1254 (Cartulariura Fidemiense, Du Gange, II, 614, col. 3). C'est alors un dérivé
de cor. (N. E.)
(5) Causa a le sens de chose, dans le bas-latin de la Loi Salique, de Grégoire de Tours, et des Capitulaires. Pline l'Ancien
disait déjà quatn ob causayn, au lieu de quam ob rem. (n. e.)
(0) En provençal, au ne se transforme j)as en o, comme en français, (n. e.)
(■7) Ce sens remonte au xiii* siècle : « Onque si douce chose [que Berte] ne vi ni n'acointai. » (Berte, 57.) Voyez plus bas
les citations en vers, qu'on pourrait placer ici. (n. e )
(8) Ce sens remonte au xv siècle : « Et pour acheter chevaux, armures et ce qu'à guerre appartient , souvent advient
qu'ils vendent leurs choses. » (Monslrelet, I, 25.) (n. e.)
(9) Samcl signifie velours en allemand. (N. E.)
(10) Beaumanoir (XXV, 17) écrit en ce sens indéterminé : « Plus sont rices, et plus grans mestiers lor est que li quemins
et les cozes communes soient amendées. » (n. e.)
(11) Ajoutez Renart (t. II, p. 103, v. 12365 ; p. 105, v. 12410.) (n. e.)
CH
— 15 —
CH
faire la chose à une femme. (Tri. des IX Preux,
p. 144.)
Rapportons les expressions les plus remarqua-
bles, dans lesquelles on a employé le mot chose :
l" Chose aromatique désigne les parfums que la
reine de Saba donna à Salomon, dans l'Hist. de la
Toison d'Or, T. II, fol. 198.
2° Cliose villaine s'est dit pour roture, par oppo-
sition à la noblesse :
Veons dont noblesse jadis
Vint, des vertus; eltose villaine,
Des vices, dont est laidis (blâmé)
Qui villenie en tous cas admaine (amène).
Eust. Desch. Pocs. HSS. fol. 302, col. 2.
3» Choses de bestes, pour bétail ou bestiaux.
« Coviendra especifier quant cenz des acres, choses
« de besles, etc. » (Britl. Loix d'Anglet. fol. 151.)
Peut-être faut-il lire chejf de bestes.
4* Chose publique, pour république (1). (Gloss. de
l'Hist. de Paris ; Essais de Montaigne, T. I, p. 523.)
5° Droit à la chose et droit en la chose ont des
significations différentes en termes de coutume.
« Tel a droit à la chose qui ne l'a pas en la chose,
« et pour ce dit on jus ad rem, eljus in re ; jus ad
' rem est usufruicts, comme douaire, rente et
« talia : jus in re, est avoir la propriété de telle
« chose. » (Gr. Coût, de Fr. Liv. I, p. 105.) Voyez la
« même définition dans Bout. Som. Rur. p. 3 et 4.
6° Mettre en nature de chose. « Estoit tenu de
« mettre le dit molin de Berry en nature de chose,
>i en dedans trois ans. » (Procès de Jacq. Cuer, ms.
p. 158.)
7» Chose faire est mis pour travailler, en ce pas-
sage : « Iceux ouvriers, et monoiers sont si abstrains,
« et obligez à ce faire, que à nul autre mestier,
« office, ne estât ne se peuvent ordonner, et ainsi
« sont serfs îi y chose faire. » (Ord. T. II. p. 340.)
8" Faire une grosse chose (2) semble répondre à
notre fafon de parler, faire un grand coup, dans ce
passage : « Eust peu faire le ducBaudoin nnegrosse
" chose, celle muyt ; mais les coureurs adviserent
« le Jouvencel, tellement qu'il fust sur sa garde, et
« ne peut le duc Baudoin riens faire. » (Le Jouvenc.
Ms. p. 347.)
9° Avoir autre chose que bien signifioit n'avoir
pas de bien, être dans la peine, n'avoir rien. « Ce
« poise moy, se Passelion a autre chose que bien.
« Sire, disl Marones, ce sont amours qui ainsy le
« demainent. » (Percef. Vol. I, fol. 85.) On trouve
cette expression répétée fort souvent dans ce
roman.
10^ On disoit chose que, pour que. « S'il avenoit
" chose que les chiens laissassent, etc. » (Chasse de
Gast. Pheb. iis. p. 227.) Le mot chose est explétif
dans ce passage ; il est mis pour ce dans le suivant :
Ja por chose que j'aie à vivre,
Ne me deussés pas faillir.
Fabl. MSS. duR. n- "218, fol. 151, R- ool. 2.
De même, on lit chose que, pour ce que, dans les
Assis, de Jérus. p. 214, pour chose que, c'est-à-dire
pour ce que, à cause que (3),dansPercefor. Vol. VI,
fol. 41.
11» Chose qui signifie pour quelque chose que.
« Mais, chose qui puisse avenir, ne finira ma
» loyauté. » (Mel. de S. Gelais, p. 119.) >< Se cou-
« vroit si sagement de son escu qu'ilz ne l'avoient
« navré c//ose çHJlegrevast. ■> (Percef. Vol. I, fol. 56.)
12° Se chose est, pour s'il arrive. (Ger. de Nevers.
2' part. p. 79.) Se chose estoit, s'il arrivoit. (Ibid.
1 " part. p. 34.) On lit, au même sens, se chose avient.
(Fahl. Mss. du R. ir 7218, fol. 135.)
13' Chose 7i' en sera pas, pour il n'en sera rien.
(Fabl. MSS. du R. n" 7015, T. II, fol. 150.)
14° La chose tourna sur le chose, pour il en
arriva tout au rebours. (Contes d'Eutrap. p. 185.)
On trouvera d'autres façons de parler empruntées
h ce mot, dans Oudin, Curios. franc.
VARIANTES (4) :
CHOSE. Orth. subsistante.
Chiose. Marb. col 1646, passim et 1654.
Chouze. Joinv. p. 4; Faifeu, p. 51.
Chosse. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 150, V".
Co.SE. Duchesne, Gén. de Guines, p. 286.
QuosE. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.
Couse. G. Guiart, MS. fol. 151. V».
JosE at Chose. L. Norm. art. 7, où on lit dans le lat. res (5).
SOSE.
Chose, partie, au féni. Close, fermée. On pour-
roit soupçonner que c'est une faute, si on ne lisoit
ailleurs chef pour clef, clioche pour cloche : ainsi
il faut regarder comme constant que Vh a pris quel-
quefois la place de 1'/.
Jusqu'au fenestres de l'ostel,
Clwses furent de ce costel.
Eust. Desch. Poès. MSS. p. 534, col. 2.
Choser. [Intercalez Clioser, désapprouver,
blâmer :
Moult de sa gent, parler n'en osent,
Mais par derrière moult l'en chosent.
Fabliaux, t. I, p. 160.
Au reg. JJ. 142, p. 138, an. 1377: « Pour lequel
» fait et omicide li dis procureur est causé et
« calengiet ledit Jaquemars. » Dans une vie ms. de
Jésus-Christ, on trouve aussi :
Sa famé l'ot, moult fort le cose
Car ele estoii moult saine cose.
Du Gange, II, 257, col. 2.
On s'écrie encore: « Il m'a ditdesc/foses.' »] (n. i:.
(1) On lit dans Bercheure (xiv siècle, fol. 1, verso) : « Chose publique, ce n'est autre chose mes que Testât publique ou
commun, et est nom gênerai à touz estaz de terre, pais, roiaumes et citez. » Montaigne restreint le sens pour l'appliquer
à une république (I, 288) : « Magistrats de la chot.e publicqite emperiere du monde. » (N. E.)
(2) On disait chose, où nous emploirions affaire : « Je ne voi que ma chose à nés sun bien s'afi'uite. » (Berte, 37.) —
« C'est grand chose de voir ses enfants alliés [mariés], en la pleine vie. » (Louis XI, 44" Nouv.) » (N. E.)
(3) Dans Froissart, le sens est quoique : « Li yawe entra à grant randon dedens , ne pour cose que on entendesist à
l'espuisier, point ne demoroit que elle [la nef] n'appesandesist toutdis. » (V, 2(33.) (N. E.)
(4) On lit déjà aux Serments de Strasbourg : « Et in cadhuna cosa. » Dans S" Eulalie : « Ni ule cose non la pouret omque
pleier. » La Chanson de Roland donne choses (v. 2377) : « De plusurs choses à remembrer li prist. » (n. e.)
(5) « Si alquens vienge à pref pur clamer [ajose. « (n. e.)
CH
16 —
CH
Choscttc, suUst. fém. Diminutif Ue chose. On
disoit :
Noisettes, et teles menues vIioscIIks.
Eust. Descli. Poi-s. MSS. fol. »13, col. 3.
Faire la chosette est pris dans un sens obscène,
en ce passai;e :
Pourtant que je suis jeunette,
Amy, n'en prenez esmoy (crainte) :
Je fei-ois mieux la chosetle
Qu'une plus vieille que moy.
Cymbal. Muniii, p. 113.
(Voyez Rabelais, T. III, p. 98; Oudiii, Diclionn.et
Curies, franc;.) (1)
Cliosier, subst. masc. Arbre qui porte des
choses. (Voyez Oudin, Cur. fr.) M"' de La Sablière
disoil de même de La Fontaine, qu'il étoit un
fabli(r (2).
Chotier. [Intercalez Chotier, évier d'une cui-
sine: " Le valleton soiilart do laditte cuisine sonna
« une paeile... Le inaistre dhoslel leur dist, est-il
« maintenant temps d'eslre en cuisine, et print
« laditte paeile et la frôla sur un chotier ou eschau
« de laditte cuisine, ainsi comme on acoustumé ;)
« faire, et après ce le ressua. » (.IJ. 116, p. 51,
an. 1379.)] (N. E.)
Chotoii, suhst. masc. Coton.
Cordes, courtines (rideaux), belle toye
De cendal, et de blan cholon.
Eust. Uesch. Poi-s. MSS. fol. 530, col. -i.
Chou. [Intercalez Vexçression Chou ptnir chou,
but à but, échange pur : » Par juste et loïal escange
« cliou pour clwii. » (Cart. de Corbie, 21, fol. 304,
an. 1346.) Voyez encore p. 11, note 3.] (n. e.)
Chouan, subst. masc. Chat-buant. On prononce
ainsi dans l'Anjou (3). (Dict. étym. de Ménage.)
Chouai't, subst. masc. On lit : Maître Jtan-
Chouart, en un sens obscène. (Rabel. T. II, p. 199.)
Choucage. [Intercalez Choucage , droit payé
pour prendre des choques ou souches dans un
bois- « Est tenu faire et assemblei' ù la receptede
" Beaumont sept solz, cinq deniers maille pniltevine
« tournois chacun an pour le c/)owcfl5f^. ■■ (.1.1. 162,
p. 341, an. 1401.)] (n. e.)
Choucher, verbe. Coucher. (Percef. Vol. III,
fol. 6.)
Choué, partie. Tombé. (Dict. de Borel. au mot
Chaus)
Chouette, s?/^s/. féin. Espèce de hibou*. Parure
de tèie^.
*Ce mol subsiste au premier sens de hibou. Les
latins l'uppeloient la chouette, monedula, parce
qu'elle vole l'argent. De lu, peut-être, le jeu de la
eliouetle (4), pour tour d'escroc, jeu de dupe. C'est à
qui plumera son compagnon. (Dict. d'Oudin.)
^Chouette, suivant l'éditeur des Lettres de M°"de
Sévigné, désigne une esiièce de coiffure, dans ce
passage : » Vous avez donc eu peur de ces pauvres
" petites diablesses de chouettes noires... elles
" font la beauté... de la coitîure » (Lett. p. 39 et 40,
2 févr. 1689.)
Chouflier, subst. masc. Visage jouflu. On lit,
dans le Dialogue de la Cuisine et de la Paneterie,
qui parle en ce passage :
Orde loudiere (lourdaude), et qui es tu'?
A tout ton pot, et ta cuillier,
Qui portes un si gros chouflier
Que ce semble estre une buisiiie (trompette).
Eusl. Desch. Po5s. MSS. fol. 3"8, col. 3.
Choula, pronom. Cela.
Clioula me fait mainte fois requigner (rechigner).
Eusl. Desch. Poés. MSS. fol. â-28, col. *.
Chouloil, sulist. masc. Lampe. Mot breton.
(DuCange,au mot/>;^Cîù7'Hw(5).)ALyon, cette lampe
s'appelle chelu. (Falconnet.)
Chouque, subst. fém. et masc. Souche*. Partie
du pied d'un oiseau^
*0n dit encore chouque, au premier sens, en
Non^iandie, de l'allemand stocli. (Voyez Ménage,
au i.;ut Souche.) C'est la signification propre de ce
mut, masculin quelquefois, mais plus souvent fémi-
nin. Il est employé dans les deux genres, en ce
passage, où l'on trouve « une manière d'oster les
« pouels, sans orpiner un oisel ; prenez eaue que
« vous Irouverés dessus un chousque de chesne
« vert, qui ara esté dedans le creux de la coupe de
« celle chouque. » (Modus et Racio, ms. fol. 130.) On
écrivoit aussi choque. (Du Cange, aux mots Cheocu,
Choca, diocactum, Coeagium et Cocha.
^Delà, ce mot, au figuré signifioit le gros du
pied d'un oiseau. « Aussi doitl'en oindre le fons du
« pié, comme \acli0uque. « (Modus et Racio, fol. 130.
— Voyez ci-dessus Cnocy et Ciiouquet ci-après.)
VARIANTES :
CHOUQUE. Modus et Racio, MS. fol. 130, R».
Choque. Modus et Racio, fol. 70, R°.
Chouquet, suhst. masc. Souche*. — Drogue
médicinale °.
(1) On lit dans la Rose : « Fèves et poix et texes chosetes Cum fruis, racines et herbetes. » (La Rose, 8414.) Au xv« siècle,
Coquillart (Enquête de la simple et de la Rusée) écrit: « Corne font marchant â marchant, Touchant leurs petites
chnseiles. » Voyez aussi Villon, la Repue du Pelletier. (N. E,)
(2) On dit encore aux enfants : « Va, va, quand tu seras grand, tu verras qu'il y a bien des choses dans un cho.ner. (n. e.)
(3) Ronsard (815) écrit aussi : « Si nous oyons crier de nuit quelque chouan. Nous hiTissons d'esfroy. i> Le mot (levini
célèbre pendant la Révolution et désigna les Vendéens, qui se réunissaient de nuit comme tous les conspirateurs et les
chats-hiiants. On veut parfois que le nom propre de Jean Chouayt, tué en 1794, soit devenu un nom commun , mais ce
n'était qu'un sobriquet ; il s'appelait Cottereau. (N. E.)
(4) Faire la chouutte, c'est jouer seul contre plusieurs personnes, pour être battue comme la chouette quand elle vole en
plein midi. — Rabelais donne p. e. l'origine de l'expression populaire être chouette, parfait : « Ma femme sera coincte et
jolye comme une belle petite chouette. » (Pantagruel, III, 14.) (N. E.)
(5) On lit au Catholicon Armoricum :« Lumière ou chandelle à veiller de nuit, ou chouloil, ou engasse , britannice
creuseul. » Chouloil est donc un mot français à rapprocher de chateil. (N. E.)
CH
17 —
CH
* On dit encore chouquet. en Normandie. (Voyez
ci-dessus Ceioco.) 11 est pris dans le sens propre, en
ce pussiige :
Comme il convient faire bon feu en somme ;
Comme de hois, et gros chouquet: (1) en busche.
Fabri, Art. de Rhct. Liv. II, f.il. 19, V'.
°I1 sembleroit, par le passage suivant, qu'on ait
appelé chouquet une espèce de drogue médicinale :
« Prenez eaue de chievrefeul, et eaue de lieibe
« Robert meslés ensemble, et soit lavé le mal, puis
>. soit mis dessus de la poudre de chouquet bien
« déliée. » (Modus et Racio, ms. fol. 130 )
Chouser, verbe. Ce mot s'est pris dans un
sens obscène, qu'il tire, ainsi que son origine, du
mot chouse ou chose, employé quelquefois en ce
sens. (Voy. Moyen de Parv. p. 197.)
Cliouserie, subst. fém. (De Chouser ci-dessus.)
Sa siiniilicalion est obscène, dans le Moyeu de
Parvenir, p. TiO.
Choyer, verbe. Esquiver *. Ménager ^.
* La signification propre de ce mot est prendre
garde, du laliri cavere. De là, on a dit chotjer une
chose, pour l'esquiver. (Monet, Dict.) Choyé:, moy.
(Testam. de Path. p. 119.) On l'emploie encore en
ce sens, en Normandie, où le peuple prononce
couyer.
° Dans le second sens, choyer le teins signifie le
ménager, n'en pas perdre. « H l'avoit prié de haster
« sa marche, et de choyer le temps qu'il consumoit
" ù son préjudice, à de longs entretiens. » (Le
Labour, trad. de l'Ilist. de Ch. VI par un moine de
S' Denis, p. 124.) On dit, à Lyon, se chouer, pour se
ménager. (Falconnet. — Voyez ci-après Chuer.) (2)
VARIAIS TES :
CHOYER. Orth. subsistante.
Choier. Nicot, Dict.
Chouer. Montaigne, Essais, T. I, p. 199 (3).
Chre, abrév. Chartre. (Voyez Carta magna,
fol. 44.)
Clirenone, subst. fém. Ce mot est employé
dans une ordonnance de nos rois. L'éditeur croit
qu'il signifie une sorte d'herbe, ou quelque chose
d'une nature à peu près semblable. Sa note porte
sur une disposition par laquelle il est défendu de
mcllre avec les poissons, dans les paniers de marée,
chrcnone... feurre, etc., pour empêcher que les
herbes ne les gâtassent. (Voy. Oïd. T. V, p. 253.)
Chresmé, subst. masc. Nous disons au même
sens chresmeau (4). C'est ce qu'on met surla tête de
l'enfant baptisé, après qu'on lui a donné le saint
chrême. (Celthell. de L. Trippault.)
Chrestieiî, subst. masc. aclj. et adv. Homme *.
Humain ^. Intelligiblement"^. La singularité de ce
mot est remarquable. Il est à la fois substantif,
adjectif et adverbe. Je ne parlerois point de sa
signification propre qui subsistera toujours.
* Comme substantif, chrestien a signifié, en géné-
ral, un liomme(.5). « Ung des plus crueulx t'/rres^^ens
« du monde. » (Journ. de Paris sous Ch. VI et Vif,
p 1G6, an. 1436.) Le peuple le dit encore.
^ Comme adjectif, ce mot a signifié bumain.
« Très solempnel exemple de non désirier les choses
« crestiennes » (Eust. De.sch. Mss.fol. 401.) 11 s'agit
de la vanité, de la gloire d'Alexandre-lc-Grand.
*= Comme adverbe, on a dit parler chrcstieit, pour
parler intelligiblement (6). (Path. Farce, page 64. —
Hab T. II, p.'^99.)
Balzac l'a employé aussi comme adverbe, mais
dans le sens propre, pour chrétiennement, en chré-
tien. « Si nous étions au tems des sacrifices, je
" devrois sacrifier à Esculape; mais il faut parler
« chrétien, et je loue Dieu. » (7)
iVjoutons cette expression particulière, rendre
bon chrétien, pour convertir au bon parti, sans
qu'il soit question de religion. On lit dans une lettre
de .Jacques d'Aubusson, a Pierre de Beaujeu tenant
le parti de Charles VIII : « Monsieur de Metz amené,
» de Gascogne, jusques au nombre de six à sept
" cens honimes, et sommes délibérez. Gressin et
« moy, de voir si nous les pourrons faire bons
» chrestiens, comme les autres. » (Godefr. Observ.
sur Charles VIII, p, 501.) (8)
VARIANTES (9) :
CHRESTIEN. Journ. de Paris sous Ch. VI et VII, p. 166.
Crestien. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 401, col. 2.
(1) Voyez aussi le reg. .TJ. 120, p. 126, an. 1381 : « Pour cause d'une certaine bûche ou chouquet. » Les tréfileurs et les
marins emploient encore ce mot. (n. e.)
(2) On trouve même suer (anglais to suc, supplier) : « Quant ele est seule et enserrée, Cort tenue d'un vilainastre , Vos
alez joer et esbatre ; Mais el ne se puet remuer, Tant sache son mari suer. » (Roman de la Poire.) (N. E.)
(3) « .le disois, en mes jours, de quelqu'un en gaussant, qu'il avoit choué la justice divine » (Essais, I, 310), c'est-à-dire
esquivé. (N. E.)
(4) On lit à la 69» Nouv. de Marguerite ; « La chambrière ayant son surcot sur la teste à la mode du pays , qui est fait
comme un clireineau, mais il couvre tout le corps et les espaules par derrière. » (n. e.)
(5) On disait encore d'une femme : « Loys Daulphin, duc de Guyenne , En bastissant oeste besogne , Print une belle
chrestienne Fille du duc de Bourgogne. » (Mart. d'.Vuvergne, dans Richelet.) (N. E.)
(6) Molière a conservé cette expression dans les Précieuses Ridicules (se. vu) ; « Il faut parler chrétien, si vous voulez
que je vous entende. » (N. e.)
(7) Le titre de roi Ircs-chrétieit, donné aux souverains de la France , ne remonte pas à François \" ni à Louis XI ;
Charles V l'a porté, comme l'indique le prologue de la Cité de Dieu, par Raoul de Prestes : « Et ces choses , mon très
redoublé seigneur, dénotent et demonstrent par vray raison , que par ce vous estes et devez estre le seul principal
protecteur, champion et deffenseur de l'église, connue ont esté vos devanciers. Et ce tient le saint siège de Rome , qui a
accoutumé à escripre à vos devanciers et à vous singulièrement à l'entitulation des lettres : .-1» très chrestien des priiwes. »
Ce titre est donné à S' Louis, en 1256, à Philippe-Auguste (1101). (Voir Du Gange, II, 3il, col. 2 et 3.) (N. E.)
(8) .\joutons un proverbe du xvF siècle, relevé par Lerou.x de Lincy dans Gaigniéres (I, 290) : « Juifs en pasques , Mores
en nopces, Chrestiens en plaidoyers Despendent leur deniers. » (N. E.)
(9) Aux Serments de Strasbourg, on lit : « Pro Christian poblo. » Dans Eulalie, on it avec abréviation « /pii^n », qu'on
peut résoudre en christiien. (x. E.)
rv. 3
CH
- 18 —
CH
Chetien. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 49.
Cbestian. Ord. des R. de Fr. T. III, p. r42.
Chiustian. Rab. T. II, p. 59, et T. I, p. 37.
Christien. Loix Norm. art. 41.
CnisTiEXE et Cristienne. S. bern. Serm. fr. MSS. p. 254.
Chrestienei", verbe. Faire chrétien, baptiser*.
Tenir sur les fonts baptismaux ^.
* Voyez sur le premier sens de baptiser, les Dict.
de Monet, Cotgravc et Du Gange, au mot Cliristia-
nare. « Les prescha tant qu'ilz se firent chrestien-
« ner. >• (Percef. Vol. V, fol. 38 (1).) On disoit aussi
se cristianner, pour se faire chrétien. (Conlin. de
G. de Tvr, Martène, T. V, col. 639.)
^ Cre'stienner un enfant, a signifié, au second
sens, tenir un enfant sur les fonts baptismaux.
(Hist. de la Popel. T. I, liv. II, fol. 56.)
VARIANTES :
CHRESTIENER.
Chrestienner. Lanc. du Lac, T. II, fol. 45, R° col. 2.
Crestienner. Hist. de la Popel. T. I, liv. II, fol. 56, V».
CRtSTiENNER. Chroii. S. Den. T. III, fol. 10.
Cristianner. Contin. de G. deTyr Martene, T. V, col. 639.
Christianer. Journ. de Paris, sous Charles VI et VU,
pages m et 136.
Chripstianer. Fabl. MSS. du R. n" 7218, f» 127, V» col. 1.
Christianizer. Cotgrave, Dict.
Chrestienté, subat. fém.Les gens d'église*.
Les hommes ^. Le corps humain •=.
*0n a dit eresHenté, cort ere&tianté et cour de
chrestienté, pour la juridiction des gens d'église,
l'ofOcialité. la justice ecclésiastique, opposée i\ la
justice laïque. iDu Gange, auxmotsC//ris/«aju/as(2),
Chrislianare, et Gloss. sur les Goût, de Beauvoisis.)
De lu, plait de chrestienté, dans Du Gange, au mot
Placitiim (3), col. 524. 11 est mention de « maistre
« Aubery, doyen de \a.chrcstie7ilé de Dijon »,dans
un titre de 1269, cité par le Labour., de la Pairie,
p. 254. 11 y avoit « un doyen de la chrestienté de
<■ Lille », titre de 1616, cité par Goujet (Bibl. fr.
T. XIY, p. 2G6.)
^Chrestienté (4) désigne, en général, les hommes,
par opposition aux animaux, dans cette expression
qui subsiste parmi le peuple : Dieu bénisse la chres-
tienté. (Dict. Univ.)
•^On dit encore, parmi le peuple, en parlant d'un
homme sans souliers, qu'il marcfie sur la chres-
tienté, c'est-à-dire sur sa chair nue. (Longuer. T. I,
page 64.)
VARIANTES :
CHRESTIENTÉ. Du Cange, Gloss. lat. au mot Placitum.
Chre.stianté. Perard, 11. de Bourg, p. 1614, tit. de 1266.
Crestiicnté. Contin. de G. de Tyr, Martene,T. V, col. 614.
CiiHETiANTÉ. Ord. T. III, p. 471.
CiiRiPSTiENTEZ. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 186, V» col. 2.
Chrisopras, subst. fém. Pierre précieuse. Les
différentes orlhographes de ce mot, qui se trouvent
confondues dans nos Diclionn. modernes, sont dis-
tinguées dans nos anciens auteurs. A l'article XI, du
livre de Marbodus de Gemmis, on lit sur la chriso-
lite (5), que nous appelons aiguë marine (Falc):
Cbrisolile fait a amer.
Si a semblant d'eve de mer
Enz (dedans) a un grain d'or, el milou,
Si estencele cume fou.
Marbodus de Gemm. p. 1(U8.
On Irouvela définition de lachrysopraze, art. XV :
CHsopnis vent d'Inde majur (6)
De jus de purret en a culur
Gutte est d'or éteinte purpurie.
Ibid. page 1B5.
Cette distinction se remarque aussi dans cette
description d'un palais enchanté, « dont le pre-
« mier fondement est jaspe, le second saphir, le
« cinquième sardonix , le sixiesme sardonie, le
« sepliesme chrysolite : le huitiesme berille,
a le neufiesme topaze, le dixiesme ehrysopraze. »
(Garthen. voyage du Gh" Err. fol. \:m.)
On appelle chrijsoprasus{l) toute pierre verte qui
a l'éclat de l'or. (Boos. de Gem.liv. II, cap. 59.)
VARIANTES :
CHRISOPRAS. Marbod. de Gemm. p. 1652.
Chrisopraze. Marb. col. 1652 et 1685.
Chryscpraze. Carthen. voy. du Chev. Err. fol. 156, V».
Crisopace. Marbodus, col. 1678, en latin Crisopacioii.
Crisopbase. Marb. col. 1652 et 1685.
Criselectre. Marbod de Gemm. art 59, col. 1676.
Crisolectre. Marb. art 59, col. 1676, en lat. Cnseleclvus.
Crisolite. Marbodus, col. 1648 et 1686.
Chkysolite. Carth. voy. du Chev. Err. fol. 156, V».
Chrisolite. Marbod. de Gemm. p. 1648.
Grisolite. Marb. col. 1685, en latin GrxsoUtus.
Cliristaudin, subst. masc. On s'est servi de ce
mot pour désigner les Huguenots. Beze disoit :
« Christaudin, n'étant encore en usage le mot de
« Huguenot. » (Hist. des Egl. Réf. liv. II.) Pasquier,
dans ses Rech. p. 738, s'exprime ainsi ; <> Telles
« manières de gens avoient esté appeliez , dès
« nostre jeunesse, Luthériens, à cause de Martin
(1) On lit déjà dans Partonopex (Du Cange, II, 340, col. 2) : « Li quens s'est mainte fois penez Qu'il fust par lui
crcsiienez. » Dans Renard, on lit aussi (id. 342, col. 2) ; « Drouin, fait-il, par S. Orner, Tu le feras chrestienner. Si tost con
Ijaptisiez seront. Jamais de ce mal ne cherront. « Enfin, Froissart dit aussi (II, 341) : « Et pris le roy qui s'estoit de son
temps crestiennés. » (N. e.)
(2) Il cite les mss. de Corhie : « El le tere dehors le pont de Thanes dusques as Maillieres , ensi come les bonnes le
demonstrent, sauve le clireslienlé de l'église devant dite, et che ki appartient à le chrestienté. » (n. e.)
(3) Ed. Henschel, V, 279, col. 1. (n. e.)
(4) C/iresrîe)i(é signifie aussi baptême ;« Icelle Marguerite enfanta d'un filz, vif, qui ot chrestienneté. » (JJ. 153, p. 397,
an. 1398.) — « Les exposans mirent l'enfant sur un estai au devant de la maison Dieu d'Amiens,... et assez près dudit
enfant misdrent du sel, en signe de ce qu'il n'estoit pas baptisié... lequel enfant receut crestienneté et batesme. » (JJ. 162,
p. 236, an. 1408.) Il signifie aussi autorité spirituelle (Chr. de Rains, 244) ; « Sire, vous restés hors de la main l'arcevesque
quant à laie justice ; vous n'avés riens fait, se vous n'iestes hors de sa crestienté. » (n. e.)
(5) C/(»yso/i(/ie est le terme générique désignant les pierres précieuses d'un jaune verdâtre : « Et bons coraus, et
crisoliles, Et diamans, et ametistes. » (xiii« siècle, Romancero, p. 59.) On lit encore dans Yver (xvi' siècle , 604) : « La
poignée estoit d'un chrijsolitlie, et le pommeau d'un fin rubis. » (n. e.)
(6) On lit aux Emaux de De Laborde (xiv« siècle, p. 213) : « Crisupacc est une pierre d'Antioche. Il est une aultre espèce
de crisopace en Vnde, qui est verde comme ung porret. » (n. e.)
(7) L'étymologie est/çixrèf, or, et nçàaos, poireau. C'est une agate teinte par l'oxyde de nickel, (n. e.)
CH
19
CH
« Luther, depuis Calvinistes, et d'un mot général
« sacramentaires. Le peuple, n'estant plus si effa-
« rouelle encontre eux, commenta de leur donner
« certains noms, par forme de sobriquets : je les
» ay veus vers ce temps, les appeller, par quelques
» uns, christodins. parce que, ne parlant que de
« Christ, ils se puhlioient chanter particulièrement
« hymnes, et pseaumes à Dieu. " On disoit : » Crier
« au Luthérien, et au christaudin. « (Voyez La
Planche, Estât de la Fr. p. l'iS, et Dial. de Tahur.
page 99.)
VARIANTES :
CHRISTAUDIN. La Planche, Estât de la Fr. p. 125.
Christodin. Pasq. Rech. p. 738.
Christhaudin. La Planche, Estât de la Fr. p. 125.
Clu-istifere, &uhst. masc. Porte-Christ. JNom
donné à Gerson, pour exprimer son zèle. On l'appe-
loit docteur christifere, irrépréhensible. (Les Tri.
de la Noble Dame, fol. 334.)
Christofle, subst. masc. Nom propre. On a dit :
par le fardeau de S. Christofle, c'est-à-dire par
.fésus- Christ. (Rab. T. lU, p. 19.-).)
Saint Christophe de Pâques fleuries, se disoit
comme une espèce d'injure (1): « Pour ce je me moc-
« que de toy, va te faire penser par mon barbier,
« et il ne t'en coûtera rien à te faire déclarer vray
« S. Crislophe de Pâques fleuries. » (Moyen de
Parvenir, p. 106.)
VARI.\NTES :
CHRISTOFLE. Rab. T. III, p. 195.
Cristophe. Moyen de Parv. p. 106.
Chroniqueur, subst. masc. Chronologiste (2).
(Nicol, Oudin, Cotgrave, et les Epith. de M. de la
Porte.)
VARIANTES :
CHRONIQUEUR. Nicot, Oudin, Dict.
Chronicleur.
Chroniste. Oudin, Dict.
CIh's. Cette abréviation nous paroit difficile à
expliquer. Nous citerons le passage entier où on la
trouve. On lit, dans « la Balade du Caresme M"" et
« deux, qui fut très grevable h mainte gent <> :
J'ay XL ans, passé la quarantaine,
Maint dur karesme avec les un temps,
Qui ne me firent onques le qnart de paine
Que cilz ci fait, pour ces mauvais harens,
Caques, et sors, jaunes, noirs, et puens,
Mal en sausses, viez merlans, hors de saison,
Poys, fèves, clirs (3) sont, et tuit U poisson .
De rivière, d'estans, et de la mer.
Riens ne valent ; nulz ne les doit amer:
De tout mon temps ne vi si dur caresme.
Eust. Deschamps, Pofs, MSS. fol. 324, col. \ et 2.
Chucades, subst. fém. plur. Sucreries.
J'ay veu deux ou trois isles.
Trouvées en mon temps.
De chucades fertiles.
Molinet, p. n.^.
C'est-à-dire fertiles en sucre, que le Picard pro-
nonce chuque, d'oii chucade, comme limonade de
limon. (Falconnet.)
Chuchoter, verbe. Chucheter. Parler bas à
l'oreille. (Dict. de Cotgrave. — Voy. Mém. de Sully,
T. I, p. 405 (4).)
Chuchottement, subst. masc. L'action de
chucheter. Discours à voix basse. (Essais de Mont.
T. I, p. 550.) (5)
Chucre, subst. masc. Sucre. On disoit prover-
bialement :
Plus doux que chucre.
Hîst. des Trois Maries, en vers, MS. p. 316.
Plus doux assez que ne soit chucres ((\).
Ibid. p. :.îi.
On lit cucre, dans les Ord. T. II, p. 320 (7). « La baie
« de cucre brisié, trois sols ; la baie de cucre de
« Chypre, la baie de cucre entier, siz soûls. » On
écrivbit aussi entre; c'est une faute. « La balle de
a entre entière vi s. » (Gloss. de l'IIist. de Paris.)
VARIANTES :
CHUCRE. Hist. des Trois Maries, p. 130.
Cucre. Hist. de S" Léoc. xMS. de S. G. fol. 30, V» col. 2.
CuTRE. Gloss. de Paris.
Chuel, subst. masc. Voyez le Gloss, de Labbe,
p, 494, qui ivAùmichuel, par le mot latin cerinda (8)
qu'il explique ainsi : « Le bois sur lequel est
« démené le chuel. »
Chuenel, subst. masc. Crâne. L'os coronal,
selon Borel, 1'" add. Il ne cite aucune autorité.
Peut-être a-t-il mal lu chuenel, pour chuevel, la
partie de la tête couverte par les cheveux.
Chuev, verbe. Flatter (9). DuCauge, Gloss. lat. au
mot Mitificare, cite un vers du Rom. delà Rose :
Il se set bien amoloier.
Par cliner, et par souploier.
Ghuette, subst. fém. Chouette, hibou. Il est
(1) « On appelle ainsi un âne, parce que Christophe (Chrisloptiorus) signifie Porte-Christ, et que .Tésus était monté sur une
âuesse lorsqu'il fit son entrée à .Jérusalem, le jour des Rameaux ou de Pasques fleuries. » (Ducatiana.) (N, E,)
(•2) « Et pour advenir de ceste affaire tous ceulx qui prennent plaisir à lire et escouter les faitz de la guerre , moy,
cliriDiiquenr, ay oy dire et raconter. » (.>cv« siècle, bibl. de l'Ec. des Chartes, 4« série, t. I, p. 430.) (n. e.)
(3) Il faut lire chers. (N. E.)
(4) Voici le passage de Sully : « Messieurs... qui chuchottent l,à vers la cheminée aux oreilles les uns des autres. » On lit
aussi dans la Sat. Menippée (p. 95) : « Furent veus les princes et princesses cliuchetcr en l'oreille l'un de l'autre. » (n. e.)
(5) On lit dans Montaigne, d'après Dochez : « Il y a des choses qu'on ne dit encore qu'en chuchotement. » (n. e.)
(6) On lit aussi aux Péages de Péronne (Cart. de Corbie, Du Gange, II, 343, col. 3) : « Item ungz homs qui porte chucre,
doit .vj. den. » Dans Bauduin de Sebourc (XI, 516) on Ut de même : « Gingembres et canele, st chucre, et asur bis. » (n. e.)
(7) Cucre est la forme du xir siècle: «Et destrampe suie de miel, et mesle cucre avoeques fiel. » (Cliev. au Lyon,
V. 1403.) (N. E.)
(8) On lit au Glossaire lat. fr. 7613 ; « Cerintha, ital. cerinta. gall. paquette. » (n. e.)
(9) Comparez plus haut choyer ; on lit dans la Rose (v. 7425) : « Maie Bouche et tous ses parens, A. qui ja Diex ne soit
garans. Par barat estuet barater. Servir, chucr, blandir, flaler, » De même au v. 7430 : « Il fait trop bon le chien chuer,
■Tant qu'on ait la voie passée. » — Dans Renard (v. 21897) il signifie hujr : « Li est venuz Renart devant En sa voie parfont
chuant : Ahi, fait il !... » (n. e.)
CH
- 20 -
CI
aisé de reconnoilre notre mot chouette dans la
plupart des orthoiira plies ci-dessous. Nous ne cite-
rons d'exemples que pour celles qui sont moins
reconiioissables. On peut d'ailleurs consulter
aïonet, Mcot, Cotgrave, Ménage, Oudin, Gloss. de
Marol, etc. (Voyez Ceiouktte ci-dessus.) Monet, après
le mot chouette, avertit que, dans le Lyonnois, on
dit civette; et Nicol, après le mot chuca, nous
avertit aussi que les Picards disent cauëtte(\).
On lit dans S' .lulien « que la chevesche estoit le
" signal, et enseigne ordinaire des Athéniens. »
(Mesl. hist. p. 542.)
VARIANTES (2) :
CHUETTE. Molinet, p. 143.
Chevêche. Oud. Dict.
Chevesche. Civette. Monet, Dict.
CA.UETTE. Nicot, Dict.
Coete. Hist. de S'« Léocade, MS. de S. G. foi. 29.
Chueur. suhst. masc. Complaisant. On a dit :
« L'escuyer chueur, ou flateur se descorde de roffice
« de clievalier. Car l'homme chueur, ou flatteur a
« corrompu intention, par laquelle corruption est
« destruite, et corrompue la noblesse qui affiert au
« couraige de chevalier. » (Ordrede Cheval., fol. 11.)
Chuinc, nomb. indecl. Nous remarquerons,
sur ce mot, cette expression singulière : cinq cinq
ans pour vingt cinq ans. (Lanc. du Lac, T. I, i" 137.)
variantes :
CHUL\C. Carpentier, Ilist. de Cambray, p. 31 .
Chunc.
Chuinck. Carpentier, Hist. de Cambray, T. II, p. 29.
CiUNC. Duchesne, Gén. de Beth. p. 47, tit. de 1248.
Chiunc. Titre rapporté par Heauman. p. 418.
Chinq. Ane Reg. cités par La Colomb. Th. d'honn. p. 61.
CiNC. Pérard, Hist. de Bourg, p. 449, tit. de 1241.
CiNK. Ryraer, T. I. p. 114, col. 2, tit. de 1270.
Cinq. Orth. subsist.
Chuite, subst. fém. Pot, baril. « La chuite
« d'huile d'olive, 18 deniers; le tonncl d'huile
• d'olive, xii sous. « (Gloss. de l'Hist. de Bret.)
Chukaut, partie. Peut-être couchant, ou tou-
chant, voisin. (Carp.,Hist. de Cambray, T. Il, p. 28.)
Chupier. [Intercalez Cltupier, ouvrier en
chupperie, corroyeur, aux Ordonnances, t. VI,
p. 120, art. 13, an. 1372,] (n. e.)
Chuquer. [Intercalez Chuquer, jouer au billard
en Languedoc : « Comme iceulx jouassent à un jeu
« nommé au pays chuquer. » (.1.1. 162, p. 233,
an. 1408.)] (n. e.)
Churles, subst. [ém. (3) Ciboule blanche. (Dict.
d'Oudin.)
Churlupcr, verbe. Trinquer, boire avec excès.
C'est le sens de ce mot, selon Oudin, Dict. et Curies,
franc.
variantes :
CHURLUPER, Chculupper.
Churquette, subst. fém. Ratière, souricière.
Mot picard. (Nicot, Dict.)
Churriaus. [Intercalez C/uoTirtKS, draps en
loques, dans (Juigneville (Du Cange, V, 00, col. 2) :
D'un ort et viel burel vestue
Rattasselé de cluslriaus
De vies panifies et churnaus.} (n. e.)
Chy, adv. Ci, ici. Ctn commence le premier cha-
pitre. (Beauman. p. 7.) On disoit : de cye en avant,
pour d'ici en avant, dorénavant. (Carta Magna,
fol. 139.) Chi iluec, pour ici. C'est un pléonasme
dans ces vers :
Je voi bien que Diex vos amis
Ci illuec, pour parler ensemble.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 320, V» col. 1 .
On écrivoil aussi ci, pour si tellement. (Voyez
l'art. Si.)
variantes :
CHY. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1374.
Chi. La Thaumass. Coût. d'Orl. p. 14465.
Ci. ViUehardouin, p. 55.
Cy. Orth. subsistante.
Cye. Carta Magna, fol. 139, V».
Kl. Borel, Dict. Ph. Mouskes, MS. p. 5.
Qui.
Cliyboille, subst. fém. Boîte aux saintes huiles.
Cotgrave rend la signilication de ce mot par ciboire;
mais elle est déterminée pour la boite aux saintes
huiles, dans le passage suivant :
Ly donne cil communion...
Et puiz ly donne la sainte oille,
Qu'illec tenoit en sa clnjhoilli:.
Hist. des Trois Maries, en vers, MS. ji. 423 (4).
VARIANTES :
CHYBOILLE. Hist. des Trois Maries, en vers,MS. p. 423.
CiBOILLE.
Ci, adv. de lieu et de temps. Ici. Le mot ci, dans
S. Bernard, répond dans le lat. aux molshicelhuc.
" Entre ci e ke Pakes «, pour d'ici à Pâques. (Rymer,
T. I, p. 109, tit. de 1268.)
Cibaire, adj. Alimentaire. « Deffendons à nos
>< dits officiers de demander, ne se faire payer
« aucuns despens, non pas mesme cibaires, aux
« communautez. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 1241.)
Ciboire, subst. masc. .\rmoire (5). (Dict. de Borel,
qui dérive ce mot du grec mSùygioy, arcula.)
(1) La forme wa'lone est chawète ; la forme normande est caiiveltc, au sens de petite corneille, (n. e.)
(2) Christine de Pisan (.Charles V, III, ch. 4) donne une variante : « De tant, dist-il, comme les yeuls des suetes ou des
chauve-souris sont inhabiles à recepvoir la clarté du souleil. » (N. E.)
(3) Cltnrleau est encore le nom vulgaire du panais sauvage. (N. E.)
(4) Cette citation est reproduite aux Emaux de De Laborde (p. 214) ; chyboiUe suppose cibucula, comme quenouille vient
de canucida. (n. e.)
fS) On lit au reg. .IJ. 176, p. 278, an 14i3: « Le suppliant print dedans le ciboire ung calixe avec lequel estoit enveloppée
une petite boite dedens laquelle estoit le corps de Nostrc Seigneur. » Dans une charte de 1526 (Du Cange, 11, 346, col. 2) on
a une forme différente ; « Lequel Cocquet a prié et requis audit Adam Briffant que son plaisir feust lui permettre de pouvoir
mettre... une lampe devant le ciboingne de Péglise dudit Senuc. » On lit encore aux Miracles de la Vierge (Du Cange, id.
&i5, col. 3) ; « Li fiex au bon roy Charlemaine... Nous donna sainte Leochade, Là fu grant tans en no chiboire Leis saint
Maart, leis saint Grégoire. » (n. e )
CI
— 21 —
CI
Cibole, subst. fém. Ciboule*. Partie d'une
massue^.
*Ce mot se disoil, au premier sens, avec une
légère diflerence dans la layon de l'écrire (I) :
En civos, ou en poriaus,
En poi novel, ou en t-ito/es,
En ni de chanvre, etc.
Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 176, V- col. 1.
*0n s'est aussi servi de ce mot pour signifier
la partie la plus grosse d'une massue, la crosse,
par allusion vraisemblablement à la forme d"une
ciboule.
Jehans qui tint la maçue,
Oui moult ot grosse la cihole,
Felonessement (rudement) le rebole (repousse).
Fabl. MSS. du R. ii- 7-218, fol. 12, R- col. 1.
Ciborées, subst. fém. plur. Espèce de ragoiits.
Peut-être a-t-on entendu par ce mot des ragoûts ù
la ciboule. Voici le passage :
Après viennent ces ciborées,
Et de porions (poireaux) oez porées (ragoûts de poireaux) ;
Oitres, et hennons au civé.
Viennent enprès (après) tuit abrivé (tout à la hâte).
Bat. de Quaresm. MS. de S. Germ. fol. '.)2, R" col. 3.
Cibory, subst. masc. Charnier. Dans le patois
d'Auvergne, lieu oii l'on conserve les ossemensdes
morts. (Voyez Du Gange, au motCibori'tm.) (2)
Cicad, subst. Espèce de tleur ou d'herbe. Pris
allégoriquement, ce mot désigne un amour durable,
dans Recr. des Dev. amoureux, p. 39.
Cicamus, subst. masc. Sorte d'étotîe. (Borel,
qui cite Perceval.)
Cicaut, subst. masc. Nom propre. On juroit
par saint Cicaut.
Foi qui doi Deu, et saint Cicaut
Il pert trestot, au derrien.
Fabl. MSS. du R. n' 7015, T. H, fol. 153, V', col. 1.
Cicbarou. [Intercalez Cicliarou, poisson ^B. N. 1.
6838. c) : « Saurus, a nostris saurai vel sieurel
« dicitur, ab aliquibus nostrorum gascon, a santoni-
« huscicliarou, aGal!is?Hrtgife?"m(t baslard. '>](n. e.)
Cichei'ée, subst. fém. Chicorée. (Dictionn. de
Monet. — Voyez les Epith. de M. de La Porte.)
VARl.OTES :
aCHERÉE Dict. d'Oudin.
CicoKÈE. Id. ibid.
Ciclatuns. [Intercalez Ciclatuns (Roland, vei's
846) , étoffe de soie. Les plus beaux ciclatons
venaient de l'Espagne musulmane (V. Fr. Michel,
Recherches sur lesétoffes de soie, d'or et d'argent,
1,220). L'arabe a la forme siklatoun, mais le
bas-latin employait cijclas. On lit encore au Roman
de Garin :
Si a vestu un hermin peliçon,
Et par deseure un vermeil ciglalo»,
Mantel a riche, qui n'est raie trop Ion.
Du Gange, II, 73), col. 3.] (N. E.)
Cicogne, subst. fém. Cigogne. On disoit autre-
fois : Contes de la Cigogne, dans le sens où nous
disons : Contes de ma mère l'Oye. (Gotgr. Oudin,
Dict.) Remoitrances de la cicongne (3). Cette façon de
parler proverbiale se trouve employée dans la
Défense pour Est. Pasq. p. 402.
VARIANTES :
CIGOGNE. Oudin, Dict.
CicoiGNE. Nicot, Dict.
Sycoigne. Eust. Desch. Poës. MSS.
CiGOiGNE. Nicot, Dict.
Cyngongne. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 290, col. -2.
CiGON'GNE. Défense pour Est. Pasq. p. 402.
Cicoigneaux, subst masc. plur. Les petits de
la cigogne.
VARIANTES :
CICOIGNEAUX. Sag. de Charron, p. 547.
CiGOGNEAULX. Rabelais, T. IV, p. 252.
Cicii taire, subst. masc. Sorte de ciguë (4). (Dict.
d'Oudin.)
Cid (le), subst. masc. Ce tilre d'une tragédie de
P. Corneille donna lieu à cette façon de parler pro-
verbiale ; Cela est beau comme le Cid. Elle étoit en
usage du temps de Pelisson, suivant son llist. de
l'Acad. fr. in--i", p. 04; mais elle tomba quelque
temps après, suivant l'Hist. de la même Acad. par
l'abbé d'Olivet, T. II, p. 18i.
Ci-demain, adv. Le lendemain.
Ci-demain vont la messe oïr.
Puis s'en voloient départir.
Fabl. MSS. du R. n- 7089, fol. 17, V- col. 1.
Cief. [Intercalez Cief, suif : ■■ Chandelles de
« cief. » (JJ. 87, p. 226, an. 1359.)] (n. e.)
Ciel, subst. masc. Ciel, dais, poêle* (5). Palais^.
Le pluriel ciels et cieulx est employé pour les
cieux dans S' Athan. Symb. fr. 20 traduct.
* Outre les acceptions subsistantes du mot ciel, ce
mot s'est pris souvent pour dais, poêle ou autre
chose semblable. On le trouve, dans les anciens
auteurs, synonyme à dais, poêle, h dosseret:^. On
voit himmelz dans le même sens, au Gloss. lat. de
Du Cange. Le mot allemand hiinmel signifie ciel.
>' Le roV entra en la ville; sur lequel quatre gentils
i. hommes, et chevaliers demeurans en icelle por-
» terent un ciel, ou dais et estoient toutes les
(1) Au Martyr de S' Etienne (xv= siècle) on lit encore : « Meschant, tu as puante aleine, Avale moy caste ciboule. »
onne ciboulles (XVIII, 43) ; enfin 0. de Serres écrit (510) : « Les cibouilles ou civots|participent de l'oignon et du pour
Paré
donne ciboulles (XVIII, 43) ; enfin 0. de Serres écrit (510) : « Les cibouilles ou civots|participent de l'oignon et du pourreau,
tenans de l'un la figure, et de l'autre la saveur. » (N. E.)
(2) Ci6ori»)/i a d'abord désigné l'une des quatre enveloppes de l'autel dans les basiliques (t. III, p. 351, note 3); il a
désigné ensuite le jubé (ms. de 1301, cité par Du Cange, II, 346, col. 2) ; enfin, ajoute-t-il : « In pluribus Arverniae locis
ciboni lingua patria locus est concameratus, in quo reponuntur ossa defunctorum. » (N. E.)
(3) On lit dans Rabelais (Pantagruel, II, 19) ; « Cependant Panurge leur contoit les fables de Turpin, les exemples de
S' Nicolas et contes de la ciguoi>iijiie. » On Ut aussi dans la Comédie des Proverbes (act. II, se. II) : « Seigneur docteur, ce
que je vous dis ne sont point des contes de la cicoigne. » (N. E.)
(4) Cicata virosa de Linné. (N. E.)
(5) Ciel désignait encore le lambris remplaçant la voiite d'une chapelle : « Dix huit ais de blanc bois, dont on fist le chiel
de la dite chapelle. » (Bulletin du comité de langue, t. II, n" I , p. 54, xiv» siècle.) (n. e.)
CI
22 -
CI
« rues par où ils passoient tendues à ciel. »
(.f. Chail. Hist. de Charles Vil, p. 209.) « Avoit sur
" le chef du dit duc, uu drap de soye, de couleur
" Inde, et qualire clochettes d'or sounautes, et
» porloyenl le dit ciel quatre bourgeois de Dou-
« vres. " (Kroissart, liv. IV.)
On lit: ciel, aulroneiit poésie, dans Pasq. Rech.
p. 753. Ciels, ou dossercts, dans les Ilonn. de la
Cour, Mss. p. 74. ('iel d'autel, pour dais, dans le
Gloss. de l'Hist. de Bret. (1)
On nommoil ciel entier le dais qui couvroil la
table tout entière :
De sùye et d'or le courtinet opèrent,
Et ly coyssins sont richement ouvré
Dessus les liz, le liault doys apresté,
Un ciel entier, sur la table ordonnèrent.
Eusl. [lesch. Poi's. MSS. fol, 7G, col. 2.
Aux obsèques de FranyoisI", il y avoit un grand
ciel porté par les princes (2). (Mém.du Bellay, T. VI,
p. 154.)
On tendoit les rues à ciel, dans certaines fêtes ou
réjoui-ssances publiques, pour garantir du soleil ou
de la pluie.
Toutes les rues estoienl parées,
Et tendues à ciel richement.
Visil. de Charles VU, T. II, p. 77.
« Ils firent tendre les rues à ciel. » (Hist. de la
Pucelle d'Orléans, p. 519.) On disoil aussi couvrir
à ciel. (J. Ghart. Hist. de Charles VII, p. 209.) Cette
tenture se faisoit avec des toiles, etc., qui formoient
une espèce de dais le long des rues.
"Ciel est employé pour palais dans le passage
suivant : « Les Bretons, et autres avoienl entrepris
« d'entrer à Rouen par dedans le ciel, ou palais de
« la dicte ville. » (Cluon. de Louis XI, p. 76.)
L'expression : // n'ij a personne sous le ciel, est
d'usage ; mais nous remarquerons son ancienneté,
puisqu'elle n'est cjuc la traduction de l'expression
latine homini sitb ccelo, qu'on trouve dans Du Cange,
au mot Dicoj'rit (3).
On disoil aussi :
Sos dès n'eut plus gente beste.
Fabl. MSS. du R. n- 79S9, fol. 57, V- col. 2.
VARIANTES :
CIEL. Orth. subsistante.
SiEL. Fabl. MSS. du R n» 7D89, fol. 57, V', col. 2.
Chiel. ViUehard. p. 189, Beaumanoir, p. 2.
Ciels, phir. pour cieux. S \thnn. Symb. fr. 1' frad.
Chieus, plur. Modus et Racio, MS. fol. 190, V».
CiEULx, plur. S. Athan. Symb. fr. 2» trad.
Cius, plur. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 244, R» col. 1.
CiÉs, plur. Fabl. MSS. du R. n" 7982, fol. 57, V» col. 2.
CiEX, plur. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 173, V".
Ciclin, adj. Céleste. (Dict. de Cotgrave. — Voy.
Epith. de M. de La Porte.)
Cierce, subst. masc. Nord-nord-ouest (4). Vent
d'occident. (Du Cange, au mot Circius.) On lit :
" Vent de Languedoc, que l'on nomme cierce >>,
dans Rabelais, 'ï. IV, p. 181. Mais plus communé-
ment vent de cers, dans les auteurs des pays méri-
dionaux. (Falconnet.)
Borel explique cers par vent du nord, et Gon-
douli, cité par Du Cange, l'oppose aux vents du
midi. (Dict. Etym. de Ménage, et Astruc, Hist. nat.
du Languedoc, p. 338.)
VARIANTES ',
CIERCE. Rabelais, T. IV, p. ISl.
Cebs. Dict. de Borel.
Ciercele, siihst. fém. On a dit en parlant des
Sarrasins fuyant à la vue de Roland, à la bataille de
Roncevaux :
Tôt ansement (ainsi que) coume la ciercele (5),
S'enfuit par devant l'esprivier,
U (ou) par rivière, et par gravier.
Si s'enfuient, par devant lui ;
Des Sarrasins n'i a celui
Qu'il n'osent atendre son cop.
Ph. Mouskes, MS. p. 200 cl 201.
VARIANTES :
CIERCELE, Ph. Mouskes, MS. p. 200 et 201.
Sarcelle.
Ciercer, verbe. Parcourir, tourner autour. Ce
mot vieiiL du latin circumire. « Li fins du Marchis
« ciei'ça la cité, pour voir se ele estoil bien garnie
« de vitaille, et si comme il cerchoit, il trouva les
« bannières de Salehadi. » (Du Cange, Gloss. lat.
au mot Circare (6).)
Si ot cierkiés, et mons, et vaus.
Ph. Mouskes, MS. p. 204.
VARIANTES (7) :
CIERCER. Du Cange, Gloss. lat. au mot Circare.
CiERKiER. Ph. Mousk. MS. p. 196.
Ciercheverie, subst. fém. Ce mot est vraisem-
blablement une faute, pour tierchenerie ci-dessus,
qu'on trouve dans une citation françoise du Gloss.
lat. de Du Gange, au mot Tertiaria, 3 (8). C'est l'amo-
diation d'un bien ou des fruits au tiers.
(1) On lit encore au reg. .1,1. 84, p. 153, an. 1355 : « Un ciel d'une chambre de sarge vert, prisé .xvni. escus. » (n. e.)
(2) On lit aiibsi dans C;irloi.\ (III, 17): « Et firent ester de dessus son berceau les ciels, poisles et daix qui y estoient, avec
les rideaux et tour du liet. n (n. e.)
(3) « Trado tibi... villam... sitani in pago Venedia... sine rendo, sine opère dicofrit, difosot, et sine uUa re homini sub
ccelo. » (Dom Lobineau, Hist. de Bret.ngne. Il, col. 24.) (n. e.)
(4) C'est le mish-nl, qui, d'après Diodore de Sicile (V, 27), soulève les rochers et démonte les Gaulois en les dépouillant de
leurs manteaux. Strabon parle du Mélamborée (IV, I, 7), du Borée noir de la Narbonnaise, que Pline (II, 46, 4) nomme
Circius : « In Narbonensi provincia clarissimus ventorum est Circius, nec uUo violenlia inferior ;... non modo in reliquis cœ li
partibus ignotus est, sed ne Viennara quidem, ejusdem provinciœ attingens. » Comparez Aulu-Gelle, II, XXII, 20 et 22 ;
Sénéque, Quest. Natur. V, 17 ; Lucain, Pharsale, I, v. 408; « Solus sua littora turbat Circius. » (N. E.)
(5) On trouve dans les Etudes d'agriculture normande de M. Delisle (p. 58) la forme cercetle; c'est la sarcelle, en latin
querqucdula. (N. E.)
(6) Ed. Henschel, II, 359, col. 1. (N. E.)
(7) Froissart donne la forme cierqaier : « Et cierindérenl tout le jour les camps et tous les mors (V, 74). » (N. E.)
(8) On lit au Cartulaire de S' WandriUe (t. I, p. 161, an. 1296); « .le, Guillaume,., sui tenu à rendre et à paier d'an en an...
à hommes religieux... de S. Vendrille dix sols et sept deniers t. d'annuelle rente pour la raison de la ciercheverie des frus
crosans en une acre et .xxix. pieches de terre, que lesdits religieux ont franchi de ladite ciercheverie à moi... à tenir et à
avoir ladite rente pour ladite tierchenerie. » (n. e.)
CT
— 23 -
CI
Cierge, subst. fém. Biche. On reconnoît aisé-
ineiU le mot latin cerva dans le mol cerve, et
l'allération est légère dans cierve. De là, on a fait
cierge, par la transformation de l'r» consonne en g.
Nous en avons d'autres exemples. On a fait gaine
de vagina, guêpede iifsyvrt, etc. {l)Borel cite ces vers
d'Ovide, ms.'Lb poëte dit, en parlant du sacrilice
d'Iphigénie :
En leu de la belle, fu mise,
Une cierge et sacrefiée ;
Si fu la déesse apayée (satisfaite.)
VABUXTES :
CIERGE. Borel, Dict.
Cierve. Corneille, Dict.
Cerve. Percef. Vol. V, fol. 56, V» col. 1.
Cierge, subst. masc. Flambeau, torche*. Chan-
delier^. Bâtons d'un dais'^.
* Nous disons encore cierge, pour les chandelles
de cire dont on se sert dans les églises. On le disoit,
autrefois, non-seulement dans ce sens , mais pour
toute espèce de chandelles et flambeaux. « Les
« gardes, qui faisoient sentinelle aux portes du
« palais de Charlemagne, avoient une espée nue à
« la main droite , et en la senestre un cierge
« ardant. » (Chron. S. Denis, T. I, fol. 144.)
On lit charge ardant, dans les Tri. des IX Preux,
p. 452. Les cierges de cire, dont il est parlé dans
les Ord. T. 111, p. GG6, donnent lieu de conclure que
tout cierge n'étoit pas de cire, et que cierge étoit un
mot générique. Le mot chandelle se trouve cepen-
dant quelquefois opposé îi cierge ; par exemple
dans Lauc. du Lac, T. 11, fol. 13. » II n'y avoit ne
« cierge, ne chandelle. »
^Cierge pour chandelier a été moins usité. H est
pris en ce sens, dans les vers suivans :
De sor la nape ot (il y eut) deitx broussins,
Où il avoit cierges d'argent.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 65, V col. i.
Ce mot s'est dit pour un bouchon de paille qu'un
moine lient à la main, comme un cierge, en faisant
ses nécessités, et qui devoit lui tenir lieu de la
pierre de ponce employée par les Grecs au même
usage, suivant Aristophane :
Si s'est assis à un pertuis (trou),
Et tenoit un cierge en sa main,
S'a conneu le secretain.
Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. 89, V col. 2.
•= On a nommé cierges les bâtons à porter un dais
ou poêle. " Quatre varlelz tiennent un paille à
u quatre cierges, et dessoubz ce paille, chevauche
« une damoyselle moult richement aornée. » (Lanc.
du Lac, T. 1, fol. 44.)
VARIANTES (2) :
CIERGE. Orth. subsistante.
SiERGE. Hist. des Trois Maries, en vers, MS.
Chierge. Mém. d'Ol. de la Marche, liv. II, p. 497.
Cerge. Parlon. de Blois, MS. de S. G. fol. 127, R» col. 3 (3).
Charge. Tri. des IX Preux, p. 452 et 453, col. 1.
Ciergier,S!(?*s/. masc. Cirier. Ouvrieren cierges,
selon Monel, Dict. On donne encore à Tours ce nom
aux épiciers, parce qu'ils vendent des cierges (4).
Giers. [Intercalez Ciers, cas sujet fait sur certtis :
Puis r'ot plevie cis Robiers
La fille à Lascre ; j'en suis ciers.
Ph. Mouske? (Du Cange, II, 29i, col. 3)]. (N. E.)
Cietile, subst. Peut-être faut-il lire cieuté, qui
pourroil avoir été dit pour cité, ville capitale. Du
Gange, au mol Hetropolitanns, c\le]e Gloss. lat. fr.
de S. G. où l'on trouve que « Metropolitanus c'est
« sires, ou archevesque de Cieule (5). »
Cieus. [Intercalez Cicus, ciuz, aveugles [cœci):
Les cieus véeir, et o'ir cher
Les sorz, e si parler les muz.
ChroD. des ducs de Norm., v. 24080.
Les surz oïr, les muz parler
Et ciu: veanz.
Thomas le Martyr, v. 1289.
Car ainz fut dus e ore veit.
La Résurreclion fTb. Franc, au m. -à., p. 15, v. 145).] (N. E.)
Ci fait, affirm. Oui. Le peuple dil encore si fait
en ce sens : « Je dis que ci fait, par les raisons que
« je ai autrefois dites. » (Assis, de Jérus. p. 199.)
Cigale, subst. fém. Ce mot subsiste. On disoit
autrefois ferrer les cigales, pour travailler en vain,
en pure perte. (Dict. d'Oud. Cur. fr.)
Ciglaton, subst. masc. (6) Etoffe précieuse*. Or-
nement de chevalier °.
* Nous trouvons ce mot souvent employé dans
nos anciens auteurs, pour désigner une étoffe pré-
cieuse. Il y en avoit de plusieurs couleurs :
Pailes ciglalODS, et cendax
Dras riches, et amperiax.
Parlon. de Blois, MS. de S. G. fol. 129, V cul. 1.
Ilarçons couvert d'un vermoil sijgîaton.
Rom. de Roncevaux, cité par Du Cange, au mot Cyclas.
S'ele est vestue de houdel (espèce de robe),
D'esquallate, ou de siglaton, etc.
Ovide de Arte, MS. de S. G. fol. 96. V" col. 3.
Le siglaton éloil une éloife moelleuse et très
chaude, comme l'indique le passage suivant :
J'ai de bon loutre à pehçons,
J'ai hermines, els>r,glato>is.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 42, V" col. 2.
On distinguoit le chigaton de Lucques. Du Gange,
au mot Cijclas, rapporte l'article d'un compte de
i352 d'El. de La Fonlaine, où on lit : « Pour une
<i pièce de chigaton de Luques achetée, etc. »
^On appeloil siglelon, une espèce d'ornement de
chevalier. L'ordonnance concernant la manière de
1 créer un chevalier du Bain porte que « quant il
par
(1) Il ne faut pas confondre le v initial avec le v placé entre deux voyelles (en hiatus). La forme cierge
ir cervia, prononcé ceruja, avec u bref, puis cerja, d'où cierge; de même abrcviare a fait abréger, (n. e.)
doit s'explique .
(2) Th. de Cantorbéry (52) donne cirge : « Esteigniez, fait lur il, ces cirges alumez. » (n. e.)
(3) On lit aussi dans Roncisvals (p. 118) : « Où n'eust cerge ou lanterne enfichée. » (n. e.)
(4) On lit au Gloss. lat.-fr. 7(384 ; « Ciergier, cirier, qui fait, vent ou euvre de cire, cerarius. » (n. e.)
(5) La citation n'est pas complète ; Henschel (IV, 301, col. 1) imprime : « Metropolitanus, c'est sires ou arcevesques de
cieule viUe. » Cieule est alors adjectif démonstratif, (n. e.)
(6) Voyez plus hant Cickituiis. (n. e.)
CI
- 24
CI
u sera en son lit, pendant le temps de son reveil-
« lier, il sera amendé (recouvert ou réctiaulfé)
« c'est assavoir avec une; couverton d'or, appelle
« sigleton. >■ (Du Gange, au mo[Miles)[\). On lilflbid.
col. 7;58i : c. Ensemble le lit en qui il coucha pré-
« mièreuienl après le baing, aussi bien avec le
« singleton, que des autres nécessitez. »
VAIUANTKS :
CIGLATOX. Part, de Bl. MS. de S. G. fol. 129, V» col. 1.
SiGLATON. Floire et Blanch. MS. de S. G. f» 196, V° col. I.
Sigleton. Du Gange, Gloss. lat. au mot Miles.
SvGLETON. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cyclas.
SiNGLETON. Du Gange, Gloss. lat. au mot Mites.
SiNGLATON. Vah[. MSS. de S. G. fol 42, V» col. 2.
Chigaton. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cyclas.
Cigne, subst. masc. Ce mot subsiste sous cette
orthographe. Les cygnes ont la peau noire ; de
là, cette expression proverbiale ("i) :
Char ot noire com pel de cigne.
Fabl. MSS. du H. n''7218, fol. 318, V" col. 2.
On donnoit quelquefois un cygne pour prix d'un
tournoi :
C'est celé qui le pris en a;
Vraiement a trestout vaincu.
Hien i parut à son escu,
Et au cisue (3) que li donnèrent
Le hiraut, qui s'abandonnèrent (s'accordèrent)
A ce qu'il l'en douent l'onor.
Fahl. MSS. du R. n- 7218, fol. 76, V col. 2.
VARIA.NTES :
CIGNE. Orth. subsistante.
Chyne. Gace de la Digne, des Déd. MS. fol. 134, V»(4).
Cyne. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 112, R».
CiNE. Modns et Racio, fol. 58, V" (5).
CiSNE. Fabl. MSS. du R. n° 7218, fol. 76, V» col. 2.
Cignean, (idj. De la nature du cygne. On a dit :
Cygneane blancheitr. (Epith. de la Porte.)
VARIANTES :
CIGNEAN. Cotgrave, Dict.
Cygnean. Epith. de la Porte.
Cignis, subst. masc. Le mont Cenis.
Puis aiguë belle, au mont Ciijnis ;
Faut entre roches chevauchier.
Quatre, ou si.x jours, très dur pais, etc.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 2i0.
Cil, pronom. Celui, ce, cet, ceux, etc. Nous ne
compilerons point de passages, pour donner des
exemples sur la variété prodigieuse des orthogra-
phes de ce pronom, tant au singulier qu'au plu-
riel Qu'il suffise de les avoir citées, avecles endroits
de nos auteurs anciens où l'on pourra les trouver.
Nous rapporterons cependant quelques construc-
tions particulières:
1" Cil ne cil, ni celui-ci, ni celui-lù. (Rom. de
Brut, MS. fol. 7.)
'•1° Cil cel, celui-là. (Gautier d'Argies, Poës. mss.
av. 1300. T. Il, p. ÔÔG.)
3° Cil ell, celui-là. (Ernous Caupains, Poës. mss.
av. 1300, T. III, p. 1257.)
i" dits ki, celui qui. (Andrieus li contred. Poës.
MSS. av. 1300, T. III, p. •illt). — Voyez ci-dessus les
articles Ce, Cest et Cesti.)
vahiantes :
CIL. VUlehard. p. 1. - Joinv. p. 72 (6).
Ceil.
SiL. Floire et Blanch. MS. de S. G.
SiLZ, CiLZ. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 236, col. 4.
Ciz. rhib. de Navarre, Poës. av. 1300, MSS. T. I, p. 126.
Cis. Notice des Vœux du Paon, fol. 140.
Ci. Beauman. p. 9.
Chi. Villehard. p. 36.
Chil. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 89.
Chis. Andrieus, Poës. JISS. av. l'30O, T. III, p. 978.
Chiex. Hist. des Trois Maries, MS. p. 227.
Chu.s. Le Livre du Reclus de Morliens, fol. 199.
CiEUS. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 122.
ClEULS. Froissart, Poës. MSS. p. 156 ^7).
CiELE, fém. Beaum. p. 7.
Cele. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 76, V» col. 2.
Celle, fém. Villehard. p. 9. — Arr. Amor. p. 100.
Selle, Seelluy.
Gel. Crétin, p. 110. - Paës. MSS. av. 1300, T. IV.
Celei. Villehard. p. 92 (8).
Cheli. îieaiiman. p. 8.
Cely Ord. des R. de Fr. T. III, p. 16.
Celi. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 524, T. VII, p. 311.
Celle, fém. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 8, col. 3.
CiLi. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 524.
Ceuls, plur. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 282, col. 3.
CiEULS, CiEUs, Sellx, Chiauls, ClAUX, Ch.^uz, plur.
Salz, Ciauls, Cie.k, Celz, plur.
Coeuls, plur. Rom. de Rou, MS. p. 283.
Cheus, plur. Borel, Dict. 1"' add.
Chieuls, plur. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 293.
Chiux, plur. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 3.
Chiaulx, plur. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 57, col. 2.
Chiaus, plur. Beaumanoir, Coutumes de Beauvois. p. 11.
CHAU.S, Chaux, plur. Beauman. Coût, de Beauv. p. 1 et 12.
Cax, plur. Fabl. MSS. de S. G. fol. 15, R» col. 3.
Cj^us, plur. Ph. Mouskes, MS. p. 695.
Ceaux, p. M" Quesne, Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 981.
Cex,;j. Hue de la Ferté, Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1157.
Se.x, plur Beaumanoir, Cout. de Beauv. p. 155.
Ces, plur. Villehard. p. 189.
Cels, plur. Villehard. p. 20.
(1) Edition Henschel, II, 731, col. 3, et IV, 398, col 3. (n. e.)
(2) On lit encore au t. VII de l'Ane. Th. français, p. 256 : « Vous y serez cogneu comme un oyson parmy les cygnes, je
voulois dire comme un cyijue parmy les oysons. » (N. E )
(3) Cette forme est dans Raoul de Cambrai (62) ; « Paons rotiz et bons cisnes pevres Et venoison à molt riche plenté. » (N. E.)
(4) Dans George Chastelain (Chr. I" part ch. 20) on lit : « Au roi fut présenté uu cherf-volant, au duc d'Orliens un blanc
chisne, au duc de ISourgoigne un lyon. » (N. E.)
(.5) On lit aussi dans la Rose (v. 8746) ; « C'est oisel cler semé en terre. Si legierement congnoissable. Qu'il est au cine
noir semblable. » Dans l'IIist. des Croisades (t. II, p. 293) on lit aussi : « Et contrefaisoient le cir»ie qui chante quand il doit
morir. » (N. E.)
(6) Dans .loinviUe, le sujet singulier est cil (éd. de Wailly, § 494) ; on trouve aussi celi, S (i05; cilz § 322 ; le régime singulier
est cel, § 74, ou celi, § 69, celui, ^ 822 ; le sujet pluriel est cil, § 59; le régime pluriel ceus, au ms. ceulz, § 434; le féminin
singulier est celle, § 14, eele, % 95. (N. E.)
(7) Dans Froissart au nomin. masc. smg. la forme correcte est cil ou cils {chil ou chils), au cas régime cel ou celui. Au
plur. le mot fait : au cas sujet masc. cil, au cas régime masc. ciaus, chiaus. L'emploi de celui au nomm. sing. (XI. 254) est
contraire à la règle et caractérise la décadence grammaticale. Cel est une forme écourtée de icel {ecce ille) qui se rencontre
aussi dans Froissart. (n. e.)
(8) Pour ViUehardouin, voyez l'édition de Wailly: les variantes sont indiquées à la page 440, ce'. 1. (N. e.)
CI
— 25
CI
Cilcun, pron. Quelqu'un.
S'orrent (si eurent) fait espiier cilcun
Qne li Rois iert (estoit) à Meleun ;
Armé sont, vinrent à Paris, etc.
Ph. Mouskes, MS. p. 484.
Cillement, subst. masc. Clignement. Mouve-
ment des paupières. (Dictionn. de Cotgrave, Oudin.
Nieot, etc.)
Ciller, verbe. Remuer les paupières*. Coudre
les paupières^.
*Ce mot subsiste, au premier sens, sous la pre-
mière orthographe; mais on ne dit plus, comme
autrefois, se ciller, pour baisser les yeux par con-
fusion :
S'il a dame riche, il la pille,
Et fault qu'el le veste et habille ;
S'il s'en mocque, et elle se cille.
Al. Charl. Toi^s. [). C6S.
^ Sous l'ortliographe de chiUer,\\ subsiste comme
terme de fauconnerie. On dit encore chiller (1) un
épervier, pour lui coudre les paupières vers le bec,
afin qu'il ne puisse voir que par derrière. (Dict.
univ. — Voyez Fouilloux, Faucon, fol. Gl.)
V.\RI.\NTES :
CILLER. Oudin, Nieot, Dict.
SiLLER. Modus et Racio, MS. fol. 112, R".
SCILLER.
CiLLiER. Gace de la Digne, des Déd. MS. fol. 89, Y".
SiLLiER. Modus et Racio, MS. fol. 110, R".
SiLIR, SCILIR, SCILLIR.
r.iLLEK. Modus et Racio, MS. fol. 107, V".
(".MILLIER. Hist. des Trois Maries, MS. p. 305.
Cuiller. Oudin, Dict. - Modus et Racio, fol. 73, V".
Ciniau, subst. féni. Cime. « Ce est à savoir à
« prendre à l'usage de la maison devant dite; tant
« cum un chevaux, o uns asnes, lor en porra
« apporter daus cimaus, et daus branches, qui
» remandront au servant qui de ma fourest devant
« dite tranchera, et mettra son chauffage au signer
« de Fonlenay. Et si les branches, et la cimau
Cl devant dit ne suffisent au devant dit frères au
« chauffage de os et dau pauvres de la maison
.. devant dite, je lor ay donné congé et pouer de
Il prendre lor bois sec. » (Citât, de Du Cange, au
mot Cheniinagium (2).)
Cimbaler, verbe. P.elentir. Proprement, f-^ire
du bruit comme celui d'un tambour. (Gloss. de
Marot.) De là, on a dit au figuré :
Fuyez l'iiifame inhumaine personne.
De qui le nom si mal ciinbalc, et sonne, etc.
Cléin. Marol, p. 3;)8.
Cimboul, subst. masc. Grelot, sonnette (3). (Voy.
Du Cange, au mot Cimbolum, et le Dict. de Borel,
au mot Cembel.)
Cimet, subst. mase. Sommet.
VARIANTES :
CIMET. Oudin, Dict.
SiMET. Chron. S. Denis, T. I, fol. 238.
Symet. Chron. S. Denis, T. I, fol. 263.
SiMETTE. Les Marg. de la Marg. fol. 237, R".
Cimier, subst. masc. Panache. Ce mot, sous la
première orthographe, conserve encore plusieurs
acceptions. \\ désigne, en termes de blason, la
partie la plusélevée'des ornemensde l'écu, celle qui
surmonte le casque. No.is ne l'employons ici que
pour observer qu'il a aussi signifié les ornemens
que l'on mettoitsur la tète des chevaux. <■ On mit
« en files toutes ces chelites peintes, et différentes
« l'une de l'autre, par les divers oyseaux qu'elles
« représentoient, dont la variété estôit encore plus
« agréable que celle desharnois, et des cimiers des
« chevaux qui lestiroient. » (La Colomb. Tii.d'Hon.
T. I, p. 305.)
VARIANTES :
CIMIER. Orth. subsistante.
Cymier. Fouilloux, Vénerie, fol. 54- (4).
SiMIER.
Ciniositez, subst. fém. Ce mol, qui semble
formé de cime, peut signifier ici axiome, ou peut-
être extraits, si ce n'est une faute pour curiosités.
« M. le rapporteur, ornant son discours de quel-
« ques cimositez tirées des anciens, et principa-
" lement des Grecs, etc. » (Mém. de Montrés.
T. II, p. 28.)
Cinabre, subst. masc. Terme de blason. Ces
mots cinabre, belic, gueules et riche couleur hirent
les noms que les hérauts donnèrent à la couleur
rouge (5) dans les armoiries. (Favin, Th. d'Honn.
T. i; p. 12.)
VARIANTES :
CINADRE. Oudin, Dict.
Cinnabre. Nieot, Dict.
Cinabrin, adj. Rouge, vermeil. (Voy. Cotgrave,
Dict. et les Epilh. de M. de La Porte.) « Quand je
Il vois deux fraisettes meures à demy rouges, et à
« demy vermeilles... se jouans dessus la cresme...
« un peu distantes l'une de l'autre, je me repre-
« sente les bouts de ces telins cinabrins. ■> (Le
Peler, d'amour, p. 102. — Voyez Poës. de .Jacq.
Tahur. p. 274.)
Cinade. [Intercalez Cinade, crevette, au ms.
lat. 6838 c. de la B. N., c. 138: « Squilla parva,
« quam noslri cinade appellant. »] (n. e.)
Ciiicelier, subst. masc. Dais (6). C'est en ce sens
que le Dict. de Borel, copié par Corneille, explique
(1) « Le faucon ne doit point estre chiUé trop estroict, ne le fil de qaoy il est chilHé ne doit estre trop délié, ny ne doit
estre noué sur la teste, ains doit estre tors. » tModus, fol. 78.) (n. e.)
(2) Sous chcminus (II, 323, col. 3). La citation est extraite d'une charte de Geoffroy de Lusignan, accordant à l'aumônerie
de S' Thomas de Fontenay son chauffage dans la forêt de Mervent (1233). (n. e.)
(3) C'est une forme provençale. (N. E.)
(4) On lit dans l'édition Favre (fol. 42, verso) : « Et après faut lever le cymier [du cerf abattu] depuis le commencement
des costez et de longueur jusques au bout de la queue... Les nombles, cuisses et cymier appartiennent au roy. » (N. E.)
(ô) Cet le sulfure rouge de mercure ; Pline et G.ilien nommaient ainsi le minium ou o.'cyde de plomb rouge : « Comme
au ciiiahie ou sublimé. » (Traité d'Alchimie, xiv« siècle, [). 2'.l7.) (N. E.)
(6) Voyez ckincclier. (x. E.)
IV. -î
CI
26 -
CI
ce mol dans ce passage de la Bible hisloriaux :
« Quand Jmlitli vil Ilolofernes gésir en son lil, des-
« sous un cincelier (jiii éloit de saphir, d'esmerau-
1 des, elc ouvrées dor et de soye. " Du Gange, au
mot Cincinerhnn. adopte celle explication. Cepen-
dant conune le mol cuicerelle ci-après a signifié une
espèce de mouche, appelée en latin culex, cela
pourroit faire coiVjecimx'i que cincelier désigne une
cousinière, gaze ou réseau servant à défendre des
cousins. Cuicelier, qui se trouve aussi dans Borel.
est une faute pour ciiicelier.
VARIANTES *
CINCELIER. Dict. de Borel.
CL'iciii.iER. Id ibid.
tlliiicenelle, subst. fém. Sorte de mouche (1). Il
faut écrire cijniphes, du singulier cijnips, en latin
cinifes, selon le Gloss. du P. Labbe, p. 495. Oudin
dit que c'est une espèce de sauterelle. (Dict. fr. esp.)
Cincerelle, subU. fém Petite mouche. Mou-
cheron, cousin, en latin ùnxala, dans le Gloss. lat.
fr. de S. G. cilé par Du Gange, au molzinzala, d"où
vient x-in~<alarium, pavillon, voile pour se garantir
des mouches ('2). 1\ y a beaucoup d'apparence que
cincerelle est la même chose que le mot cincenelle
du P. Labbe et d'Oudin.
Cinces, subst. fém. plur. Chiffons, guenilles. Le
roy Agolant, voyant à la table de Charlemagne beau-
coup ûe seigneurs bien mis et brillants, s'informe.
Et puis de comtes, et des ducs,
K'U vit seoir si bien vestus ;
Puis des castelains, et des princes,
. Kl n'ierent (n'étoient) pas vestus de cinces.
Ph. Mouskes, MS. p. Ui.
. . . Coumanda, et si fist dire,
A ses vallais qu'il 11 feisent
Treslout le honte qu'il puisent ;
Et quant li quens s'en dut aler,
Cil li vinrent à rencontrer,
Si fu gietés (couvert) de palestiaux,
Et de cinces et de boiaux.
IJ. p. -fli.
VARIANTES (3) :
CINCES. Ph. Mouskes, MSS. p. 144.
Chinches. Ane. Coût, de la Vie. de Rouen.
Cinceuse, adj. au fém. Nous trouvons ce mot
employé dans les vers suivans :
Se li convient sa robe vendre.
Et changier, quoique nus vous die,
Pour une poure hiraudie (méchant habit),
p. WI
Qui moult estoit poure, et honteuse,
Et à tel home moult rinccusi'.
Fabl. MSi. du R. n- 721R, fol. 3, Y- col. S.
Cinclie. [Intercalez Cinclie, massue (JJ. 173,
•'<-4'i, an. 1436) : » Un baston gros devant, nommé
au pais cinclie, en façon d'une massue. »] (n. e.)
Cindrer, verbe. Ceintrer. (Dict. de Cotgrave.)
De clapiers mal cindrez attendons les ruines.
Contes de Choliere, fol. 0, R".
Ciiigariste (4), subst. masc. Charlatan, bateleur.
(Voyez Naudé, Coups d'Etal, T. II, p. 361.)
Cinge, subst. masc. Singe (5). Rabelais s'est servi
de l'expression : dire la patenoslre du cinge, pour
marmotter entre ses dents. iT. I, p. 162.) On lit (Ibid.
T. IV, p. 283) : a Remuant les babines comme un
" c/Hère qui cherche pou Iz en léte(6). »
Cinge verd, que Le Duchat explique par singe de
couleur verte, pourroit aussi s'entendre d'un
arbuste dont les feuilles sont piquantes comme
celles du houx, et qu'on appelle singes verds, dans
la forêt de Fontainebleau, oii ces arbustes sont fort
communs ; mais il est plus probable qu'il s'agit, eu
effet, de singes verts, ainsi nommés, non à cause
de leur coiileur, comme le suppose Le Duchat,
mais parce qu'ils viennent du cap Vert, comme des
navigateurs me l'ont assuré. (Voyez Rabelais, T. T,
p. 162.)
Le vin de cinge (7) semble pris aliegoriquement, en
ce passage, pour une espèce de vin dont voici les
effets :
Encoire y a ung autre vin,
Que, combien qu'il soit cler, et tin,
(Jui par gloutunnye le boit.
C'est à dire plus qu'il ne doit,
Il luy eschauffe le cervel;
Combien qu'il desplaise à l'oysel.
U jangle, et chante, et parle, et rit.
Il quiert des femmes de desduyt ;
Il dance, il baie, il tuinbe, il sault
Il cuide que nul ne le vault ;
Vin de cinge se fait nommer.
Gace de la Bigoc, des Déduits, MS. fol. 23, V".
VARIANTES :
CINGE. Cotgrave, Percef. Vol. IV, fol. 9.
Cynge. Percef. Vol. VI, fol. 189.
Cingerie, subst. fém. Singerie. Le passage
suivant {lourroit ;ivoir introduit et mis à la moile
l'usage de ce mot (8). « Le Lay a ramentu au roy une
(1) C'est aussi un cordage pour haler les bateaux sur les rivières : on dit aussi cintjnenclle. (n. e.)
(2) Au Gloss. lat.-fr. 7674, on Ut ; « Cincenelle. Cincenaude , une petite mouche ainsi appellée, ziiizala. Cincenaudief,
:in:alariuin. m (N. E.)
(3) On lit encore aux Miracles de la Vierge (Du Cange, II, 352, col. I) : « Cil U rejeté une vies cincc. » (n. e.)
(4) L'origine est Zingai-i ou Tsenr/aris. (N. E.)
(5) L'orthographe singe est plus conforme au latin siinitis (sinuis, camus). (N. E.)
(6) Rabelais (f'oHfayjKc/, IV, 2) écrit encore : « Frère Jean achapta deux rares et pretieux tableaux, et les paya en
monnaie de cinge. » Le Livre des Métiers (287) explique cette expression : « Li singes au marchant doit quatre deniers , se
pour vendre le porte ; et se li singes est au joueur, jouer en doit devant le peagier, et pour son jeu doit estre quites. » (n. e.)
(7) On distinguait les vins par leurs effets (Oudin, Curios., p. 574) ; le vin de singe faisait sauter et rire ; -le vin d'iinK
endormait ; le vin de cerf faisait pleurer ; le vin de lijon rendait furieux ; le vin de pie faisait cajoler ; le vin de porc vous
faisait rendre gorge ; le vin de renard poussait à la malice ; le vin de Nazarelli passait par le nez. De là ce passage d'une
pièce insérée par M. Vallet de Viriville (t. I, p. 313 de la llibl. de l'Ecole des Chartes) , oii sont énumèrées les marques
municipales de la magistrature de Langres ;«... Plus quatre gondoUes d'argent qui ont esté données à l'hostel de ville
par feu M. de Charmoulue, lesquelles gondoUes représentent les quatre vins, sçavoir : « Vin de singe, vin de lyon, vin de
mouton, vin de cochon, d (n. e.)
(8) Le mot est en elTet du xv« siècle ; au .\lii= siècle, on employait simjoiement : s Et che n'est que singoiement. De faire
ainsi muser le gent ; Singes li Pharisiens fu. >) (GtùgneviUe, dans Du Cange, VI, 259, col. 1.) (n. e.)
Cï
- 27 —
CI
« chose qui le nieisl en merencolie, tellement qne
<i la royne manda ses deux fils Olofer, el Galafar,
« pour sa mélancolie osier ; adonc les convoya le
« roy l'ung après l'autre, puis leur bailla un petit
" singeot, pour leur esbanoyer; si ne pourriez
« croire les joyeuses cingeries qui furent entre les
« enfans el le cynge. » (Percef. Vol. VI, fol. 109.)
Cingesse, subst. fém. Guenon. (Dict. de Cotgr.)
Cinier, subst. masc. Signe. II pareil que c'est
le sens de ce mot dans ces vers :
Piez poudreus, et pensée vole (volage),
Et cil qui par cinier (i) parole
Sont trois choses, tout sans doutance,
Dont je n'ai pas bone espérance.
Fabl. MSS. du R. n" 721S, fol. 280, R» col. 1 .
Cinil. [Intercalez Cinil, sorte de légume dans
une charte de 1416 (Du Gange, II, 355, col. 1):
<' Cinilz, panilz, naveaux, et autres choses des-
« niables. "] (n. e.)
Cinique, adj. Sinistre (2).
Où est le corps du sens (s^ge) de Salomon,
Ne d'Iîypocras le bon physicien?
Ils sont tous mors; si fu leur mort cinique
Tuit y mourront, et li fol et li saige (3).
Eust. Desch. Poes. MSS. fol. 13Ci, col. 3.
(Unnelier, subst masc En latin cuius, suivant
ie Gloss. du P. Labbe, p. 495 (4).
Cinnes, subst. fém. plur. C'est une faute pour
einnes, aines, dans les Div. Leç. de Du Verd. p. 263.
On lit, ibid. : « Les aines, ou basses parties du ven-
« Ira. » (Page 312. — Voyez Einne ci-après.)
Cinq et ([uatre. Ces mots, en termes de
vénerie, désignoient une parlie du cerf: « Faut
" osier du bout de devers les coslez, trois neuds
« qu'on appelle les cinq et quatre qui apparlien-
« nent au grand Veneur. » (Fouilloux, Vénerie,
fol. 54.)
Cinq pas (les). C'étoit une sorte de danse.
Les dames de la reine de Navarre, allant en Gas-
cogne, s'expriment ainsi dans leurs adieux à M"" la
princesse de Xavarre :
Que dens ton cœur, tu ne m'oublies pas;
Mais qu'au retour nous dancions les cinq pas.
Les Marg. de la Marg. fol. 396, V'.
Régnier, comparant la vertu des anciens avec
celle de nos jours, dit :
... la nostre aujourdhuy qu'on révère icy bas,
Va la nuict dans le bal, et danse les cinq pas,
Se parfume, se frise, etc.
lïegnier. Satyre V, p. 46.
Cette danse avoit passé de mode du temps de
laulcur du Roman Bourgeois. On lit ;Ibid. liv. I,
p. 147) : 0 On lui fit venir un maître i\ danser, pour
« la façonner. Sa mère voulut qu'il lui apprît prin-
« cipaiement les cinq pas, et les trois visages ;
" danses qui avoient été dansées à sa noce, et qu'elle
« disoit être les plus belles de toutes. »
Cinquain,SM?)Sf. masc. Pièce de vers*. Nombre
de cinq^.
*En poésie, cinqiiain étoit une pièce de cinq
vers, soit épigramme, couplet ou stances (5). (Dicl.
d'Oudin.)
^ En arithmétique, cinquam désignoit le nombre
de cinq. Le cinquain ou cinqnein de chandelle
désigne un paquet composé de cinq chandelles.
Nous disons aujourd'hui de cinq à la livre. On lit,
en parlant des droits attribués aux portiers de la
chambre du Parlement, dans le temps qu'il n'était
pas résidant à Paris : « Aura la porte 9 cinquains,
« 9 quayers (paquet de quatre) et 12 chandelles
« courtes, et aura, partoul, demie moule de bus-
« ches. >' (Pasq. Rech. p. 723.) On accordoit aussi
au chancelier » livraison de chandelles, un cin-
« quain, deux quaiers, et une poignée de menues
« chandelles. » (Miraum. des Cours souver. p. 545,
an 1317.) Voy. Id. Traité de la Chanc. fui. -14, où le
mot septain,(\m vraisemhlablementétoit un paquet
de sept chandelles, et le mot quaier un paquet
de quatre, se trouvent employés avant et après
cinquain.
VAR1.\NTES :
CINQUAIN. Monet, Oudin, Dict.
CiNQUEiN. Du Gange, Gloss. lat. au mot Paginala.
Cinquain ou Cinquains. Perard, p. 412.
Cinquain, adj. Cinquième. On lit le cinque
dcqrée, pour le cinquième degré, dans les Tenur.
de Littl. fol. 5.
Des granz beautez dont nus bons n'a pooir
Qu'il en deist la rimiuuine partie.
Thiéb. do Navarre, Pofs. MSS. av. 1300. T. I, p. 206.
VARIANTES :
CINQUAIN. Poës. MS. av. 1300, T. I, p. 260.
Cinque. Littleton, Tenur. fol. 5.
CinquaniHS, subst. Nous trouvons ce mot
employé dans le passage suivant : >■ Incontinant
« est yssue une damoyselle, d'une chambre, qui
« porloit sur son col ung manteau d'escaiiate à
« penne de cinquamus. (Lancelot du Lac, T. I,
fol. 140.)
Cinquantaine, subst. fém. On lit : selon la
constitution des cinquantaines (6), dans les Ord. des
R. de Fr. T. III, p. 362. L'éditeur (note D) conjecture
qu'on avoit établi un nouveau guet de cinquante
personnes.
(1) Lisez cinjer, pour sinrjer. (N. E.)
(2) La lecture et la traduction sont fort douteuses, (n. e.)
(3) Cette strophe rappelle la ballade de Villon sur tes « Dames du Temps Jadis », ou son Charnier des Innocents. On lit
aussi dans Jean Meschinot (1509) : « Se tu vas à Saint Innocent, Où il y a d'ossemens grand tas , Jà ne connoistras e«tre
cent Les os de.s gens de grans estas D'avec ceulx qu'au monde notas En leur vivant pauvres et nus ; Tous s'en vont d'ond
ilz sont venus. » (N. E.)
(i) La ceneUe est le fruit de l'aubépine el du houx : « Framboises, freses et cenelles. » (La Rose, v. 8416.) On ht encore
au (jloss. latin-français 7684 : « Cinunt, cenelle. » (N. E.)
(5) On dit plus souvent quintil. (N. E.)
\\) Voyez plus bas cinquantenier, et Du Cange, sous cinquanlina. (N. E.)
CI
— 28
CI
Cinquante, nom numérique ou ordinal.
VABIANTES :
CINQUANTE. Orih. subsistante.
Cinquante.
Cint|iiante ou Cinquantième. On a dit
cynclunUjme pour cinquantième. (D. Morice, llist.
de Bret. Pr. col. lOO'i et 1003, dans deux litres, l'un
de l'iCG et l'autre de 12G8.)
Cinquinte deusième, comme nous disons cin-
quante-deux, dans les dates des années. (Perard,
Hist. de Bourg, p. MA, lit. de 1252.)
Cinquante secund, dans le même sens que le
précédent. (Rymer, T. I, p. 109, col. 1 et 2, lit.
de 1208.)
Cinquante quatrième. Terme de monnoie.
« Avons, n'a gueres, ordonné, et avons mandé par
« noz lettres ouvertes, que vous fassiez ouvrer, et
« monnoyer, en blanc (argent), et en noir (cuivre)
•> sui- le pié de monnoye cinquante quatrième. »
(Ord. des R. de Fr. T. II, p. iW.)
Cinquantenier, subst. masc. Titre d'officier
militaire*. Nombre de cinquante^.
*Ce mot, dans le premier sens, avoit vieilli dès le
temps de l'auteur des Contes d'Eutrapel et avoit été
remplacé par celui de cap d'escouade (1). JContes
d'Eu Ira p. p. 479.)
°0n a dit un cinquantenier, pour le nombre de
cinquante, ou comme nous disons une cinquan-
taine :
Et pour ce, allez,
Si tant valiez,
Voir au psautier
Ciit'juiDilenicr, etc.
Le Blason des Faulces Amours, p. 226.
VARIANTES (2) :
CINQUANTENIER. Contes d'Eutrap. p. 479.
CiNQUANTiNiER. Mém. du Eellay, T. VI, p. 426.
Cinquantin, adj. Du nombre de cinquante.
« Merrien assigné le cent, cinq sols; rocs, le cent,
« quarante deniers ; eschalas, le cent de bottes cin-
« quanti ns, dix deniers », c'est-à-dire de bottes
composées chacune de cinquante échalas. (Ord.
T. I, p. 000.)
Cins, mhst. masc. Sein.
Enchainle sui d'.\gan,
Si k'en lieve mes cins, etc.
. Andefr. li Basiars, Pocs. MS. avant 1300. T. Il, p. 855.
Cinsneor. [Intercalez Cinstieor, brigand :
Si a gaires des enableors
Des larrons ne des clusneors.
Chr. des ducs de Norm., v. 4700.) (a. E.)
Cintetée. Il semble que ce soit un mot cor-
rompu, peut-être pour civetée, qui pourroil signi-
tier un ragoût de cives, oignons :
Audigier dit ; Rainberge, rois, t'espousée
lier soir menja navez. et cinteéc:
Si huma plain vaissel d'une brouée.
Rom. d'Audip. MS. de S. G. fol. 69, R- col. 3.
Cintraige. [Intercalez Cintraige , sorte de
redevance, au reg. JJ. 01, p. 290, an. 1321:
« Disons que les avoueries, li fumaige, les cin-
" traiges, li tourtel, les garbes, li herbage mort et
« vif.... »] (n. e.)
Cintré, adj. Trompé, attrapé. (Dict. d'Oudin
franc, esp.)
Cinture, subst. fém. Ce mol, dans le passage
suivant, semble désigner une opération que les
maréchaux faisoient aux chevaux. >■ Qui acheste
« beste, et il la fait mareschausser, ou cinture de
<■ cinture, ou traire dens, ou decoitler (châtrer) la
« et il après la treuve restive, il ne la peut rendre
« par l'assise. » (Assis, de Jérus. p. 89.) (3)
Cion , subst. masc. Bourrasque, tourbillon*.
Rejeton, jet d'arbre ^.
*0n lit, au premier sens : « Alors, il se fait un
« tourbillon, ou sion. " (Amyot, Iraduct. de Plut,
chap. m des Opin. des Philos.) Ce mot est employé
dans le même sens au 4' T. de Rabelais, p. 83.
^Mous disons encore sion ou scion pour les
menus jets que poussent les arbres. Le Dicl. univ.
l'écrit, non-seulement de ces deux façons, mais
aussi c«ora (-1). On le trouve écrit syon. (Arr. Amor.
cités par Du Cange, au mol Sium. — Voyez les Orig.
de Ménage, qui écrit sion.)
VARIANTES :
CION. Monet, Oudin, Dict.
Cyon. Nicot, Dict.
Sion. Rabelais, T. IV, p. 83, et la note.
Scion. Dict. Univ.
Chion. Modus et Racio, .MS. fol. 320.
Cionner, verbe. Pousser des scions. Ce mot est
employé figurément dans ces vers :
Ce qu'Ysayas dit, tieng-ge (je tiens) à vérité ;
Or oez que il dist de la Nativité.
Que dist de Gesse dont la virge cionnier,
Et de lui doit la Hors escroitre, et borjonner
Jusque li Esperite doit de Dieu reposer.
Disp. du Juif et du Cliresl. MS. de S. Germ. fol. 110. V' col. 1 .
Cipaue, subst. (cm.
Li pors qui estoit fiers, li fet une cipaue
Il tost le haterel du pié à terre haue.
Fabl, MSS. du R. o' 72I«, fol.3ii, R- coi. 1.
Cippiau, subst. masc. Terme de monnoie.
(Voyez Ord. des R. de Fr. T. II, p. 317.) L'éditeur
(note E) donne une fausse interprétation de ce mot.
Ce n'est point le coing sur lequel sont les armes du
(1) Voyez Ordonnances (t. V, p. 686, an. 1368 ) (n. e.I
(2) Froissart donne la forme cliienquantenier (IX, 195) : « Li doyen des mestiers et li chicmiuanlcnier des paroches. » (N. E.)
(3) Cinture signifie qiteue au reg. .1,1. 19"), p. 78, an. 14C8 : « Gilet Gaude avoit une cinture en la main ou la queue d'une
raye, et cingla d'icelle cinlvre ou queue le varlet. » (N. E.)
(4) 0 Et battu par les carrefours de cion de vert olivier. » (Du Gange, VI, 269, col. \.) C'est aussi une baguette creuse de
métal ; « Praipositus qui legit opistolam et portât si/oh loco manipuli. — Vinuin per sion in calicem mittitur. » (Martène,
I, 568, 5(59.) Voyez encore Mabillon, Analect., III, 354. (n. e.)
CI
— '2',) —
CI
prince, c'est le billot appelé pile dans lequel on
enfonce la queue de l'un des deux poinçons, ou
coings, el dont le vrai nom est eippenu, formé du
latin cippus. (Boizard, Traité dos Monnoies, p. ICI.)
Gipricimi. Ce mot est composé de quatre mots,
ci pris, ci mis, >• comme qui diroit en ce lieu pris,
" et en ce lieu pendu. » (R. Estien. Gram. fr. p.87 )
Ciquelle, siibst. fém. Espèce d'insecte. Peut-
être la ciirale. « Ils entrèrent en une grotte rus-
•< tique si bien, et naifvement élaborée que nature
« se confessoit vaincue par l'artifice humain ; car
« les limasses, lesards, taupes, grenouilles, saule-
« relies, ciquelles, etc. » (Prlnt. d'Yver, fol. !37.)
Circarie, subst. fém. District. « Les monastères
« de l'ordre des Prémontrés étoient autrefois divisés
<• en27 circaries ou disctricts,pour chacun desquels
« il y avoil un visiteur. >• (Extr. des An. dès Prémon-
trés dans le Journ. des Sçavans, juin i"3."). p. 1058.)
Circoncire, verbe. Circoncire (1). Orthographe
subsistante.
CONJUGAISON :
Circoncis, pour circoncises. (S. Bern. Serra, fr.
Mss. p. 181. Dans le lalin circiancidetis.)
CirconceftstetCircoiiciest, pour fit ou éprouvât la
circoncision. (S. Bern. Serm. fr. .mss. p. 174 et 2(35.)
Circoncis, subst. masc. Prépuce. On lit dans le
.lournal de Paris, p. 108, sous Charles VI et VII, an
1444 : « Qu'en celluy temps fut apporté le circoncis
>< de nostre Seigneur à Paris. »
Circonder, verbe. Environner, envelopper. Du
latin circumdare. « Combien que aucunes fois que
'< vérité soit circondée, ou environnée de toutes
« pars de fousselez, etc. » (Hist. de la Toison d'Or,
Vol. H, fol. 213.)
Circonjacent, adj. Adjacent. (Dict. de Colgrave
et d'Oudin.)
Circonspectenient, adv. Avec circonspec-
tion. (Mém. de Sully, T. YI, p. 172.)
Circonstance, suhst. fém. Ce qui est à l'en-
tour. C'est le sens propre de ce mot, qui ne subsiste
plus que dans le sens figuré, pour les particularités
qui accompagnent un fait. On l'eraployoit autrefois
dans sa signification propre. « Dame, dit- il, il me
« semble que .je voy tout le monde. 11 est vray,
« dit-elle, que tu le vois, ne il n'y a pas grant
" pays dont tu n'ayes esté seigneur jusques cy, et
« de toute la circonslnnce que tu vois (2). » (Lanc.
du Lac, T. m, fol. 15'i.)
Circonstant, adj. Adjacent (3). « Il me conseil-
a loit que je me tenisse en ces lieux circonstant
« d'icy à Trente. » (Lett. de Louis XII, T. III, p. 322.)
Circonstantionner, verbe. Circonstancier,
détailler les circonstances :
Cil qui vie à tous donna....
Par prophètes, sermonna
Jadis, et loy ordonna,
Qu'il leur proportionna.
Et cirroustantiou'ia,
Et couvrit, et environna.
Lia, acconditionna
De cerimonies maintes.
Al. Chart. Tocs. p. 3U et 3i5.
Circonvaler, verbe. Environner. Faire des
circonvallations. (Dict. d'Oudin.)
Circonvolant, part. prés. Volant autour. Du
latin circumvolare. [Closs. de Marot. — Voy. Clém.
Marot, p. i.'.8.)
Circue. [Intercalez Circue. cordes retenant le
bœuf au timon : « Les liens ou cordes, nommez
« circues, ausiiuelz estoient alachiez lesdiz buefs
« au tymon de bois de ladittebarrote ou charrete. «
(JJ. 140, p. 279, an. 1391.)] (n. e.)
Circuir, verbe. Faire le tour.
(Voyez .Monet, Oudin, Cotgrave et Glossaire de
Marot.) « Le promontoire deMallée, très dangereux
« à circuir, pour ses destroicts » (.1. d'Auton, Ann.
de Louis XII. i « Lors yssirent du porche, et s'en
« vont circulant le temple, tant qu'ilz veirent un
« moult bel manoir. •■ (Percef. Vol. I, fol. 72.)
VARIANTES :
CIRCUIl^. Nicol, Oudin, etc. Dict.
CiRCUYiî. Percef. Vol. I, fol. 72, V' col. I.
Circuit, partie. Entouré. On lit, dans le sens
propre : « La maison d'un gentilhomme circuite de
« grands fossez. » (Mém. du Bellay, liv. Il, fol. 39.)
Dans le sens figuré, on disoit : « Affaires tellement
« circuies i'i), environnées, el enveloppées de per-
« plexitez, etc. » (Mém. de Sully, T. X. p. 323 ) (.5)
VARIANTES :
CIRCUIT. Mém. du Bellay, liv. II, fol. 39, V».
CiRCUiE, féiH. Mém. de Sùlly, T. X, p. 323.
(livcuxiG, subst. masc. Cl fém. Circuit, enceinte,
contour. Circuite est masculin dans le passage sui-
vant : « L'empereur étant à Vincennes en 1377,
» regarda par les fenestres le civcuiteAn chastel {(>). »
(Chron. fr. ms. de Nangis, an 1377.) Ce même mot
est féminin dans cet auire passage: « .l'ay envi-
" ronné le monde, mais en toute celle circuijte,
« n'ay pu trouver une femme bonne. >■ (Lanc. du
Lac, t. m, fol. 105.)
(1) On lit dans ,Iean de .\leung (Trésor, 11) : « Car circottcU fus à la lettre, Et baptisié pour nous démettre Du pechié que
tu maudeïs. x (N. E.)
(2) On lit aussi dans Froissart (XII, 22.5) : « Lequel roy estoit de Bougie et de Carbarie à l'opposite d'Espaigne et des
circonstances. » (N. E.)
(3) Dans Froissart, il signifie présent, assistant : « Li contes volt que il fuissent oys des circonslans qui là estoient
(X, 29). — Adont respondirent les prélats et les princes circonstans (XIII, 28). * (N. E.)
(4) D'Aubigné (Hist., II, 54) écrit aussi : « La ville est comme en ovale, circuie dune mauvaise muraille. » (N. E.)
(5) On lit déjà dans G. Chastellaiii (Expos, sur vérité mal prise) ; « Te prie que tu veuilles faire revivre aussi mon esperit
tout cirera de ténèbres. » (N. E.)
(6) On lit aussi dans une charte de 1330 (Du Gange, H, 361 , col. 3) : « Touz les murs et forteresses du prieuré de
S. Nicolas de CourbeviUe, sont et appartiennent audit prieuré, c'est assavoir la circuite de la porte à la quiète. » (N. E.)
Cl
— 30 —
CI
VARIANTES :
CIRCUITE. Ord. T. II, p. 208; Froiss. < 1) Monstr. etc.
CiRCUYTE. LiUic. du Lac, T. III, fol. 10.5, V» col. 2.
CiRcuiTTE. Chron. S. Denis, T. II, fol. 42, R».
CiRCUiTUDE. Ibid. fol. VI; Gr. Coût, de Fr. liv. I, p. 10 (2).
Circuition, stihst fém. Circuit, détour. On adit:
eircnition île parolea, en latin verhorum ambitus.
(l)ict. de Rob. Estienne. — Voy. Dict. de Cotgr.) (3)
Circularité, subst. fém. Rondeur. (Oudin,
Dicl. franc, esp.)
Circulateiir, siibsl. jHrtsc. Partisan de la circu-
lation du sans (4). Thomas Diafoirus, jeunemëdecin,
tirant une thèse de sa poche qu'il présente à Angé-
lique, ajoute ; « J'ay contre les circulateurs sous-
« tenu une lliese, etc. » (Malade imag. Comédie de
Molière, acte H, scène V.)
Circuler, verbe. Calculer. Ce mot subsiste avec
d'autres significations. Celle que nous citons n'est
plus en usage : « Regardoient aux estoiles et les
« considéroient. Et comptoient les moys, et circu-
>■ (oient. Et gettoyent poiii' sçavoir le temps. » (Eust.
Desch. Poës. mss. fol. 382.)
Circuinbilivafjiner , verbe. Tourner. On
disoit : eircuinbUivaginer autour du pot. (Rabe-
lais, T. m, p. 1G3.)
VARIANTES :
CIRCUMBILIVAGINER, Circombilivaginer.
Circumvenu, partie. Entouré*. Trompé,
séduit^.
*0n a dit, au premier sens d'entouré :
D'angoisseul.x deuil me veiz circonvenu.
Crétin, p. '.îft.
°Ce mot, au figuré, signifioil aussi trompé,
séduit, suivant le Gloss. des Arr. d'Amour, pro-
prement environné de pièges.
VARIANTES :
CIRCUMVENU. Gloss. des Arr. d'Amour.
Circonvenu. Crétin, p. 38.
Circunvalver, verbe. Tromper, séduire. Pro-
prement, envelopper. (Voyez Contred. de Songe-
creux, fol. 13.)
Circunvoler, verbe. Voler autour. Ce mot
signifie parcourir en conquérant, dans ces vers :
Luy suadant que, sans plus arrester,
Circunvolast les nations itales.
J. M.irot, p. 7.
Cire, subst. fém. Chandelle de cire. Il semble
que ce soit le sens de ce mol, dans le vers suivant :
Torches, cires, cierges, flambeatix (5).
Eust. Descli. Po6s. MSS fol. 442, col. 3.
Le mot cire se trouve souvent répété dans l'énu-
méralion des provisions les plus nécessaires dans
les places assiégées, comme en ce passage : « Chairs,
« farines, cires, vin, sel, fer, et acier » (Froissart,
an 139(1, liv. IV, p. 60 (6).)
On disoit, en style figuré : -> Autresfois ay esté
" bruslé de pareille cire, dont à présent vous ardez :
« je ne doute pas que vous n'aimez. » (Percefor.
Vol. m, fol. 74, R"col. 1.)
Changer cire pour suie s'est dit aussi proverbiale-
ment pour passer d'une fortune brillante à un état
médiocre. (Fabl. mss. du R. ir 7218., fol. 61.)
Ce mot paroît désigner une partie du bec d'un
faisan, dans ces vers. Pour être parfaitement beau,
il faut qu'il ait :
Gros beoq, dont la cire ressemble,
De couleur, à la dicte sangle.
Gace de la Bigne, des Déduits, MS. fol. IW, V" (7)-
Cireau. [Intercalez Cireau, coup donné sous le
menton par Insulte ou par dédain : » Icellui Jehan...
« fisl au suppliant le cireau ou le visage par
» plusieurs foiz. » (JJ. 101, p. 31, an. lioi.) On
trouve encore les formes ciriau (.IJ. 160, p. li, an.
1406), sireau, sisiau, six.eau.] (n. e.)
Cirement, subst. masc. Cirage. (Rob. Estienne,
Oudia et Cotgrave, Dict.)
Cireus, adj. 11 sernbleroit qu'Eust. Deschamps
ait voulu, sous ces mots fons cireus, désigner l'Hip-
pocrène qui coule au pied du mont Parnasse,
voisin de Cirrha, ville de la Phocide :
Et le jardin que jadis laboura
Fons cireus, où Calliope ouvra.
Eust. Desch. Poùs. MSS. fol. 258, col. t.
Cireux, adj. M. de La Porte s'est servi de ce
mot pour épithète de liqueur.
VARIANTES :
CIREUX, CiRiER.
Ciriinanage, subst. masc. Terme de coutume.
C'est un cens ou droit qui éloit payé aux seigneurs
(U « Une telle cliité que Paris est et de si graut cifruiie. » (VI, 53.) Froissart écrit encore ciniiii!'- : « Ensi estoit la
chité de Tournai, qui est de grant cirquitc. » (III, 223) Il lui donne le sens de région : « De toutes les circuites et changles
de Francp. » (X, lOi.) (N. E.)
(2) On lit aussi au reg. .IJ. 127, p. 91 bis, an. 1385 : « Icellui Grimet voulsist icelle Perrote mener au bols d'emprés
laditte maison, hors du l'ircuiliii^e d'icelle. » (N. E.)
(3) On lit dans Montaigne (II, 248), au sens de contour : « Democritus dict que les images et leurs circuitio^is sont deux. »
(II, 248.) Amyot (Caton, 25) écrit aussi : « Longue circuition et grande traînée de langage. « (n. e.)
(4) La découverte d'Harwey était encore récente, (n. e.)
(5) Ce sens est déjà dans la Chr. des ducs de Normandie (v. 1531) : « Là sunt alumé li grant cire. » On lit encore aux
Emaux de De Laborde (xv siècle, p. 215) : « Pour payer un vœu de cire pesant 45 livres de la représentation de M"» Anne
de France, sa fille, qu'il a fait olTrir en juin devant l'image N. D de Cléry. » (n. e.)
(6) Il est question du siège de Vendat. M. Kervyn (XIV, 167) omet le mot cire : « Pourveir leur fort de chars , de vin , de
sel, de fer et d'achier et de toutes choses qui leur povoient besongnier. » (n e.)
(7) On disait encore au xv siècle : « Si l'on me fait la courtoisie comme à vous, parjieu ! j'accuserai le ménage ; je ne
sui pas ici venue pour eschauffer la cire. » (Louis XI, 92' Nouv.) On disait au sens de fait au moule: « Je ne vous sai du
nés que dire ; L'en ne feïst pas miex de cire. » (La Rose, v. 852.) Par suite, Desperiers a pu écrire en raillant l'expressiûo
(25= Conte) : « La botte de la jambe droite lui estoit faite comme un gant ou comme de cire, ou comme vous voudrez ; car
les bottes ne seroient pas bonnes de cire. » (n. e.)
CI
-. 31
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par leurs vassaux, dans le pays de Béarn. (Laur.
Gloss. du Dr. fr. — Voyez Du Gange, au mol Cir-
manayium. où les nouveaux éditeurs conjecturent
que ce pourroit être la même chose que cerque-
manage. — Voyez ci-dessus ce mot (4).)
VARIANTES :
CIRIilANAGE, Cihmenage, Sirimenage.
Cirisette, suhst.
l'Hist. de Paris.)
fém. Petite cerise. (Gloss. de
Cironner, verbe. Pétiller. On a dit, en parlant
du vin : « Qu'il soit frisque. c'est à dire qu'en le
« versant eu la tasse, il cironne, et aie petites
« atomes, quand il est mis en la tasse. » (Tri. de la
Noble Dame, fol. 120.)
(Dict. de Cotgrave
Cirop, subst. masc. Sirop.
et d'Oudin.)
N'il n'est cirop, n'elethiaire, etc.
Eust. Desch. Pc»'S. MSS. fol. 430, col. 1 (î).
Cirroys, subst. masc. Nom propre. Peut-être
celui de quelque héros de roman :
... En un moment ay veu recevoir
Guerdon d'autruy, et j'ay, plus de Cirroys,
Amour servi, qui me t'ait assavoir,
Au main lever, ne gist pas 11 esplois.
Eust. Pesch. Pois. MSS. fol. 154, col. 3.
Cis. [Intercalez Cis, cité dans Partonopex de
Blois(v. 10r>94):
Tote la cis en tramble et frime.] (n. e.)
Cisaille, subst. fém. Gros ciseau. Ce mot sub-
siste pour exprimer soit les gros ciseaux dont se
servent les ouvriers en métal, soit les rognures du
métal, particulièrement à la monnoie(3). Il signifioit
autrefois gros ciseau, en général, et les rognures
de ce qui'avoit été coupé. (Voyez Oudin, Monet,
Rabelais, T. V, p. 41, etDuCange,au motfor7;e.i";4).)
VARIANTES :
CISAILLE. Orth. subsistante.
CizAiLLE. Oudin, Dict.
SiSAILLE.
Sis.\LLE. Cotgrave, Dict.
Cisailler, verbe. Couper avec les cisailles.
(Dict. d'Oudin, Cotgrave et Monet.) Ce mol se dit
particulièrement du métal (5). Habelais, cependant,
l'emploie pour couper avec des ciseaux en général.
>> Brûlés, tenaillés, cisaillés ces hérétiques. » fT. IV,
p. 234.)
VARIANTES :
CISAILLER. Oudin, Dict.
CiZAiLLER. Rabelais, T. IV, p. 224.
Ciseau, suhst. masc. Outil *, Arme^.
*Nous disons encore ciseau pour outil, el on
disoit aussic«Sé'/(G).ll paroilquecemotest un outil,
dans le passage suivant, où il est joint avec
tenailles : ■• .Jeferay aussi habiller mes tenailles,
« mes ciseaulx, el toutes mes chevilles, et s'il y a
« aucune haie à passer, etc. « (Le.louvenc. fol.. 55.)
« Si yrons ouvrir la porte des champs, en despil
« de tous , garnis de nos turquoises (Iricoises),
« tenailles et ciseaul.r. >■ (Ibid. fol. 25.) Ciseau, pris
en ce sens, fournissoit l'expression faire ciseau,
pour couper, tondre, rogner. « Ceste subversion
« dont fortune nous fait ciseau àe si près. » (.\1.
Charlier, Quadril. invect. p. 412.)
^Pris pour arme, ciscuu éloit une espèce de trait.
« On destacha, d'une part et d'autre, plus de trois
» cens volées d'arquebuses, et lascherent plus de
. mil garrots, el ciseaux (7). » (Merl. Cocaie, T. II,
p. 41.)
VARIANTES :
CISEAU. Orth. subsistante.
CisEL. Du Cange, aux mots Cellis (8) et Sciselvui.
Chisel, Chisias, pinr.
Ciselet, subst. masc. Diminutif de ciseau.
(Dict. de Rob. Estienne. — Voy. Epith. de M. de La
Porte.)
Cisgnez, subst. masc. plur. Signets. « Livre à
« fermoir d'aigenl, et cisgne::, blans. » (Invent, des
liv. de Ch. V, art. 150. — Voy. ibid. art. 2.30.)
CisniG, subst. fém. Cime. On a dit : dès la cisme
en la raiz-, pour du haut jusques en bas ; au figuré,
d'un bouta l'autre.
Si li a conté de son fils,
Dès la cisme en la raiz,
Con une fée le soztrait.
Parlou. de Blois, MS. de S. G. fol. 140, R" col. ;;.
Cisme, subst. masc. Schisme. On lit : le cisnw
de l'Eglise, dans la Salade, fol. 39, V col. 2 (9).
Le cisme grant fait contre l'Evangile.
Eust. Descli. Po.'S. IISS fol. 389, col. 4.
Cismes. Il faut peut-être lire cis mes, dans le
passage suivant. Cis y seroit mis pour escis, rude,
contraire, el mes pour m'esl. Celle conjecture nous
paroil d'autant plus vraisemblable que cismes y est
employé comme synonyme de recuis, qui semble
(1) 'Voyez aussi éd. Henscliel, t. Il, p. 3(35, col. I. (N. E.)
(2) Dans le Miroir du Mariage qui a été publié, on lit encore (p. 41) : « Cijrop leur fault ou lectuaire. » (N. E.)
(3) On a ce sens dans un registre de la Ch. des Comptes (an. 1330 ; Du Cange, II, 36(5, col. 1) : « Que li ouvrier puissent
faire demi marc de cizaille. » (N. E.)
(4) Dans un Gloss. lat. du f. S. Germ., on lit ; « Forpex, cisailles ; forpicula, petite cisaille. » (n. e.)
(5) « Le suppliant scisailla lesdittes pièces de monnoye. » (JJ. 180, p. 153, an. 1450.) N. E.)
(6) ic Tant ont minez souz terre, chascuns à son cisel , Que des murs de Coloigne ont trait maint grant carrel. »
(Sax., IX.) (N. E.)
(7) On nommait ainsi les traits d'arbalète ; « L'arbaleste bandée et ung traict dessus ferré d'un fer, appelle ciseau. »
(JJ. 190, p. 116, an. 1460.) — « Le suppliant print ung cyseau ou raiUon, et le mist sur son arbalestre. » (JJ. 205, p. 192,
an. 1478.) — « Lequel arbalestrier lascha son trait, qui estoit ung sizeaul, et tellement qu'il blessa le suppliant. » (,tj. 199,
p. 557, an. 1464.) (N. E.)
(8) » Celtis, instruraentum ferrerum aptura ad scalpendum, cisel gallice. » (Du Cange, II. 269, col. 3.) (n. e.)
(9) Cette forme est dans la Chron, des ducs de Normandie et aussi dans Froissart (XIV, 82) ; « Et eurent entre eulx
très-grant espérance que le cisme de l'Eglise se concluroit et fauldroit. » (N. e.)
CI
— 32 -
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signifier revèdie, endurci. Il s'agitd'une femme qui
dit. en se plaignant de la jalousie de son mari :
Compaigne, je ne puis ;
Il ne siet toz jois à l'uis.
Si je vois à la fenestre,
Tant cisnws, et recuis (1),
Que je ni ose mes (jamais) être.
Jehan Erars, Poés. MSS. av. 1300, T. II, p. 670.
(Voyez Escis et Reclis ci-après.)
Cisneaus, subsl. masc. jilur. Petits du cygne.
I)iminulif de cy2:ne, qu'on écrit cisne, dans les
Ciians. MSS. du C" de Tliibaut, p. 83.
Cisoire, subut. fém. Gros ciseau. On l'a dit
particulièrement des ciseaux dont se servent les
ouvriers de monnoie. (Ord. T. II, p. 317.) Ou disoit
aussi cisailles. (Voyez ce mot.)
variantes :
CISOIRE. Oudin, Dict.
CizoïRE. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 317.
Cistals, subst. Cristal. ;Marbodus, col. 1642. —
Lisez cristals.)
Cisterne, subst. fém. Réservoir d'eau, souter-
rain. Ce mot subsiste, même sous les deux ortho-
graphes. Il semble qu'on l'ait pris quelquefois pour
simple souterrain, caverne.
N'i aura bois si fort ramé,
Roce, montagne, ne citerne.
Ne lieu qui conforte et ecouverne Besie...
Froiss'Jrl, Pocs. MSS. p. 1"8. col. 1.
(Voy. aussi Ibid. p. 179.) « Garder puis ne cis-
« terne » semble signifier ne rien réserver, dans
G. Guiarl, ms. fol. 1 '■A.
On a dit proverbialement :
D'estan sui devenus cisterne.
Eusl. Desch. MSS. fol. i46, col. 2.
Nous disons dans le même sens, d'évêque devenir
meunier.
VARIANTES :
CISTERNE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 446, col. 2 (2).
Citerne. Orthographe subsistante.
Cisternin, aclj. De citerne. (Voyez Cotgrave,
Dict.) Ou a dit enu cisternine, en ce sens. (Voyez
Epith. de M. delà Porte.)
Cistiaux, )iom rie lieu. Cisteaux. >■ L'ordene de
« cistiaus. » On disoit aussi : « L'ordre de Citial. »
VARIANTES :
CISTI.\US. Duchesne, Gén de Bélh. Préf. p. 109.
CiTiAL. Pérard, Hist. de Bourg, p. 474.
CJstitîiires. ' Paix, et concorde fut faite entre
« l'empereur Zabulon, un roy des .Sarrazins, el
« Grimouai t, le duc de Bonnivent, par telle condic-
" lion , que les cistitaires fussent en sa subjec-
tion (3). » (Chron. S' Denis, T. I.)
Cistre. [Intercalez Cistre, cidre : « Ung gallon,
" qui sont deux potz de cistre. » (JJ. 180, p. 136,
an. I ÎÔO.)] (n. e.)
Citable, arij. Probable. On disoit faire une chose
citable, pour la prouver.
Droiz dit, et je 1' ferai citable
Que. puis c'on est assis à table,
C'on ne doit mie trop parler,
S'en dit chose qui n'est metable.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, T. 1, fol. 100, H- col. 2.
Citacion, subst. fém. Citation, assignation.
Paisibles soit, sanz mouvoir guerre,
Citacion (4), contempt, riote.
Eu3t. Desch. Po.'s. MSS. fol. 557, col. 4.
Citadelle, subst. fém. Ce mot subsiste. Nous
i-eniarquerons que Brantôme l'a confondu avec
ceux de bastille, de forteresse et de blocus (5). (Cap.
Fr. T. IV, p. 317.)
Citadin, subst. masc. Habitant d'une cité*.
Habitant^. Citain,Cn\ns S. Bernard, répond au latin
cives.
* Sur le premier sens, qui est le sens propre, et
celui dont on s'est servi d'ordinaire, voyez r.\mant
ressusc. p. 12 et p. 31 ; Percef. Vol. IV, fol. 3 (6), et
J. Cbarl. Hist. de Charles VII, p. 273(7). « Duc est la
» p.'cniiere dignité, puis comte, puis vicomte, puis
» bnoii, puis chastelain , puis vavasseur, puis
« fL'rt^'H(8),elpuis villain. « (Citation rapportée par
l'éditeur des Ord. T. I, p. 271.)
°0n a pris le mot de citadin, dans un sens plus
vague, lorsqu'on l'a employé pour habitant en
général ; mais c'est seulement en langage poétique
et figuré, comme en ce passage :
Aussi tost il revole
Devers les demi Dieux citadins de son pôle.
Giles Dur. à la suite de Bounef. p. 214.
VARIANTES :
CITADIN. Mém. du Bell. \\v. X, fol. 308, V».
CiTAiEN. Contin. de G. de Tyr, .Martène, T. V, col. 004.
CiTAEN. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 271.
CiTAiN (9). S. Bern. Serin, fr. MSS. p. 05.
Citadinage, subst. masc. Droit de bourgeoisie.
<> De l'habitanage. Qui vouldra estre receu habi-
» tant de la ville d'Arles, sera tenu employer en
" fonds et possessions la tierce parte de ses
« biens meubles dans six mois, et y demeurer et
(Ij Lisez ; « Tant cil en est recuis » (.fin, madré), (n. e.)
(2) Cette orthographe est déjà dans les Rois, 42 : « Et 11 alquant se musclèrent en fosses , e en rochiers , e en
risternes. » (n. e.)
(3) M. Paulin Paris (t. II, p. 150) imprime : « Paix et concorde fut faitte entre l'empereur et Abulas roy des Sarrasins , et
entre lui et Grimoart le duc de Bunivent ; par telle condition que lui el au terre feussent en sa subjection. » (n. e.)
(4) On lit aussi dans Bercheure (fol. 54. verso) : « Un tribun a cité Ceson devant le peuple ; laquelle citation... » (N. E.)
(.5) On lit dans Leroux de Lincy (.II, 163): « C'est par la pioche et par la pelle qu'on bastit et qu'on renverse les
citudetics. » On cita ce proverbe, lorsqu'en 1578 don Juan d'Autriche fit saper les murailles de Philippeville. (N. E.)
(0) Voici le passage de Perceforest : « Les nobles hommes, citadin.i, mechaniques , gens de labeur et de toute
condition. » (N. E.)
(7) «. En ceste gallée estoient entre autres des citadins vénitiens de C. P. » (n. e.)
(8) Citadin vient de l'italien cUtadino ; ci'aen, comme citoyen, a été f.iit sur cinladantis et remonte au xii" siècle : « Des
cilehains de Lundres fui nés en cel estage. » (Thomas de Cantorbéry, 87.) Il en est de même pour citaitt. (N. E.)
(Ot On lit citaain, cttecin dans la Chr. des ducs de Normandie, (x." E.)
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33 —
CI
« faire séjour durant cinquante ans, aultremenent
» sera ci'en, et réputé pour citoyen, nonobstant son
« act, et lettres de citadinage. » (Citai, de Du Gange,
au mot Cltadanagium (1).)
Cité, subst. fém Cileit, dans S. Bernard, répond
au latin civifas. Ce mot, qui subsiste, désigne
« une ville où il aévéché, à la différence des autres
« villes qui étoient appellées castra , dans la
« moyenne latinité. » (Laur. Gloss. du Dr. fr. —
Voy. Ord. T. II, p. 170.) Nous trouvons les mots de
ville et cité, mis en opposition comme villa et
civitas. (Voy. les Preuv. de l'Hisl. de Beau vais, par
un Bénédictin, p. 279, tit. de \ 182.)
On distinguoit cité, de bonne ville. « Assaillit le
« roy d'Angleterre, tant en une saison, et un jour,
« tant ses gens, comme luy, trois cités en Brelaigne,
" et une bonne ville. » (Froissart, livre I, page 113.)
On opposoit aussi le mot cité, à platle ville et à
ville champêtre, {\m semblent signifier bourg, vil-
lage. L'empereur, quiétoit venu en France en 1377,
reçut t'i son passage, lorsqu'il s'en retourna, " des
« presens en cbascun lieu, aussy bien es plates
« villes, comme es cite%. » (Chron. Fr. ms. de N'an-
gis, sous l'an 1377.)
Pou veulent estre en une ville
Champestre, paslestillp ;
Elles désirent les cile~,
Les doulz mos a eulx recitez,
Festes, marchiez et le théâtre.
Eust. Desch. Pocs. IISS. fol. 528, col. 4.
Le nom de cité s'est conservé, dans plusieurs
villes, pour désigner l'emplacement d'une ville,
dans sa première origne (2). (Voyez Valois, Notice,
préf. p. 1 i, et Valesiana, p. 57.) « Ceulx de la ville
« reçoivent l'aygoutde la cité. » (Tbaum. Coût, de
Berry, p. 278.) Ou Wi commissaires de la cité, dans
le Coût. Gén. T. Il, p. 978. (Vov. Mém. deComines,
T. I, p. 394.) (3)
On a dit cit pour cité.
De la cit de Jherusalem (4).
Ph. Mouskes. MS. p. 2C3.
VARIANTES '.
CITÉ. Orth. subsist.
Chité. Borel, Dict., U" add.
Cit. Ph. Mouskes, MS. p. 263.
CiTEiT. S. Bern. S. fr. MSS. p. 18, et passim (5).
Citeinent, Si</)S^ viasc. Assignation, ajourne-
ment. (Voyez Style de procéder, au Parlement de
Normandie, fol. 82.)
Citer, verbe. Ce mot subsiste, mais on ne dit
plus, au figuré, citer de la vie, pour faire quitter
la vie, tuer. (Voyez Rom. de Brut.) On y lit, cita (6)
de vie, au lieu de laissa de vie qu'on trouve dans
ces vers :
Au temps cestui fist Romulus
La cité de Rome, et Remus ;
Frères furent, mais par envie,
Laissa li uns l'autre de vie.
Rom. do Brut. MS. fol. 10, V" col. t.
Cithare (7), sabst. fem. Guitare.
VARIANTES :
CITHARE. Strapar. Nuits, T. I, p. 228.
Cytarre. L'Amant ressusc. p. 203.
Cithariser, verbe, .louer de la guitare. Du mot
cithare ci-dessus.
Vous Orpheus, tant bien cilliarizaut,
Que les enfers endormez par vos sons.
J. d'Aulon, Annal, de Louis XII, fol. i31, V".
VARIANTES :
CITHARISER. .T. d'Aut. Ann. de Louis .\II, fol. 131, V».
Cytharizer. Fouilloux, Vénerie, fol. 87, R».
Cythariser. Cotgrave, Dict.
Citoal, snbst. masc. Racine aromatique.
Si i croissoit espic.es chières,
Petre, et gingenbie, et garingal,
Clos de girofle, et ciloal (8).
Blanch. MS. de S. Genn. fol. 184, R" col. 3.
On trouve « fleur de canelle, citonal, garingal,
« etc. » (Ord. T. II, p. 320.) Citonal, en ce 'passage,
ellittoval, dans le Gloss. de l'IIist. de Paris, sem-
blent deux fautes. Je crois qu'on doit lire citonal.
Cette même racine est aussi nommée zédoaire.
(Voy. ce mot et ses orthographes.)
VARIANTES :
CITOAL. Blanch. MS. de S. G. f» 184, R» col. 2
CiTOAX. Fabl. MSS. de S. G. f» 49, V» col. 2.
CiTOUART. Du Cange, Gloss. lat. au mot Zedoaria.
KiTou.\L. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1367.
CiTOAUT. Fabl. MSS. du R. n» 7218, foi. 141, IV> col. 2.
Citonal. Ord. T. II, p. 320.
LiTTOVAL. Gloss de l'Hist. de Paris.
Citouade, s. f. Estrub. Fabl. MSS. du R. n» 7996, p. 05.
Cito, Cito, Clto. Ce mol latin répété trois fois
étoit un cri usité pour demander du secours. Nous
le trouvons dans les Mém. de Villeroy, T. VII, p. 3i8.
On diroit aujourd'hui : vite, vite, vite.
Citole, subst. musc. Joueur de harpe. Joueur
de citole ou d'orgues, suivant le Gl. du P. Labbe (9).
VARIANTES :
CITOLE. Gloss. du P. Labbe.
CiTOLER. Rester, du Paon.
(1) Traduction abrégée de l'art. 89 des statuts d'Arles (1616). (N. E.)
(2) La cité de Carcassonne ; Paris se divisait autrefois en cité (l'île où est Notre-Dame), ville et université, (n. e.)
(3) (I Requist au dit ambassadeur qu'ilz lui fissent faire ouverture par le dit de Cordes de la cité d'Arras ; car lors il y
avoit murailles entre la ville et la cité, et portes fermans contre la dite cité ; et maintenant on a l'opposite, car la cité ferme
contre la ville. » (N. E.)
(4) On lit dans Roncisvals (p. 165) : « Il fu Normant, de la cit de Costance. » (N. E.)
(5) On lit dans la Chanson de Roland (v. 5) : « Murs ne citez n'i est remés à fraindre. » (N. E.)
(6) Ce doit être une faute de lecture, car citer ne se trouve pas avant Bercheure (fol. 63, verso) : « Quand il veirent que
li père citez ne venoient pas en sénat. » Auparavant on aurait plutôt employé clamer, (n. e.)
(7) Cithare, dist Oresme, ce est cythole. (N. e.)
(8) Voyez cliitoual. On a le pluriel dans Flore et Blanchefleur (v. 381) : « Et tant doucement li flalroit Qu'encens ne boins
cilonaiis Ne girofles, ne garingaus, A celé odour rien ne prisoit. » (N. e.)
(9) On disait plutôt cijtliolour(D\i Cange, II, 368, col. 1) : « Nérons en chanz s'entendoit, si que touz les eiit/iolours et les
autres jugleours par chanter sourmontast. » (N. e.)
IV. 5
Cl
— 3.i
CI
Citole, siibst. fém- Instrument de musique.
Borel, que le Dict. de Corneille a copié, croit que
ce mol vient de Ciihara.
Le poëte de Thiace, o sa cistoUe,
Fisl ceulx d'enfer mouvoir à la caroUe.
Thcodolus, MS. do la Bibl. de S' Gerra. n' 2287, fol. 1.".3.
Oui le roy de France à celé erre
Envelopa si de paroles,
Plus douces que sons de citoles.
G. Guiart, un. 1214. cilé par Du Canf^e, au mot Citola.
Un hourdeur faisant des reproches à un autre,
sur son ignorance, lui dit :
Sez tu nule riens de cilole,
Ne de viele, ne de gigue :
Tu ne sez vaillant une figue.
Fabl. MSS de S. G. fol. 70, P." col. 1.
VARIANTES :
CITOLE. Rom. de la Rose.
CisTOLE. Du Cange, au mot Citola.
Citoler, verbe. Jouer delà cilole.
Si comens à citoler.
Et lis l'oiselet chanter.
Poës. MSS. avant 4300, T. IV, p. 1505.
Citoyen, siihst. masc. Citoyen, bourgeois. Ce
nom subsiste sous sa première orthographe. Borel
écrit // citiens (1).
On appeloil autrefois, proprement citoyen, les
bourgeois ou habilans des villes, par opposition
aux gentilshommes et aux paysans. « Il tlst une
« convocation, par acoid des genlilz, des cytoyens,
•< el des viUains. » (Percef. Vol. Il, fol. 148.) Nous
disons encore bourgeois en ce sens. On nomme
aussi les bourgeois de Lyon, ceux qui y ont droit
de bourgeoisie, citoyens, par opposition à ceux qui
ne sont qu'habitans. (Bout. Som. Rur. note, p. 797.
— Voy. Citadin el ses orthographes.)
VARIANTES :
CITOYEN. Orth. subsist.
Cytoyen. Percef. Vol. II, fol. 143, R» col. 2.
CiTicEN. Borel, Dict.
Citoyen, adj. Civil. On disoit autrefois, droit
citoyen, citayon, citeian (2), par opposition au droit
canon, comme nous disons droit civil. (Voyez les
cilations sur les orthographes de ce mol.)
VARIANTES :
CITOYEN. Gloss. sur les Coût, de Beauv.
Citayon. Chron. fr. MS. deNangis, an 1301.
Cyteian. Ibid. an 1-297.
Citre, sitbst. masc. Cidre (3). .< Froment, vin,
" citre, ou pommade (pommé), etc. » (Coût. Gén.
T. II, p. 703 (4). — Voy. Des Ace. Escr. Dijon, prolog.
p. 3.) On lit, dans le Testament de Palhelin, p. 121 :
Je ne vueil citre, ne peré :
Bien au vin je me passeray.
Citrin, udj. De citron. (Diclionn. de Nicot et de
Cotgrave.) •> Ceste couleur est de trois genres, la
" première est jaune, moyenne couleur; la seconde
« est plusclere, el est covûeur citrineÇ}), que nous
« disons jaune pale ; la tierce punicée, et Iroict sur
« le rouge, est ce que nous disons jaune orangé. »
(Sicile, Blas. des couleurs, p. 2G.)
variantes :
CITRI.N'.
CiTiuNE. Epitliète de la pierre appelée jacinthe (Marbodus
colonne 1650.)
Citi'inité, suljst. fém. Couleur de citron. « La
" blancheur de l'esmeul (fiente ou vomisseiuentj
.< qui tire à citrinilé, et la multiplication d'humidité
u signifie indigestion. (Artel. de Faucon, fol. 94.;
Citrulle, subst. /"em. (6) Citrouille. (Dict. de Cot-
grave el de Nicol.)
Ciutad, subst. fém. Cité. Mot provençal (7). (Dict.
étym. de Ménage )
Civade, subst. fém Avoine (8). (Voyez Cellhell.
de L. Trippaull. — Du Cange, au mot Cevata, et le
Dict. de Ménage.) Civada, Cibado, Sibado sont du
patois toulousain.
VARIANTES :
CIVADE. Cotgrave, Du Cange, au mot Cevata.
Cyvade.
SiVADE. Du Cange, au mot Sivada.
CiVADA, Ciu.^DE, CiBADo, SiBADO. Id. ibid. au mot Cevata.
Civadiei", subst. masc. Sorte de mesure. On
dislinguoit la charge, le cestier, la cartiere et le
civadier. (Tilre de 15(34, cité par Du Cange, au mot
Quarteria'2.)
Ci va la la dureté. C'étoit le refrain d'une
chanson, dont les vers suivans nous fournisseni un
exemple :
aveuc sa musete,
0 ! se voit notant par copiaus,
Ci va la la duri douriaus,
Ci va la la dureté.
Poês. MSS. Vat. n- U90, fol. 110, R'.
Civare. [Intercalez Civare dans l'expression
faire de civdre, se vanter. « Faut-il tant faire de
« fattras de ce mouton [monnaie]'^ .J'en ai autres...
« qui sont aussi bons comme le vostre... A que tu
« en faiz de civare de ton or ! il n'en fault point
« tant parler. » (JJ. 171, p. 224, an. 1420.)] (n. e.)
Civaiix, subst. masc. plur. Nous trouvons ce
mot employé dans les vers suivans :
Grant joie font borjoiz, et autre gent menue;
Niez lez légieres famés, les vieilles, les chanues :
0 bastons, o ciraïuc, o barres, o machues
Toutes eschevelées vont cherchant par les rues.
Rom. de Rou, MS. p. 73 et 74.
(1) On lit au Livre de Justice et de Plait (65) : a Li cilien des villes ne deivent issir hors de la cité par aUors que par les
portes. » (N. E.)
(2) « Renonçons... à toutes deffenses de fait et de droit canon ou (.'idiiyfifi , qui porroient estre dittes (p. de 1301, Du
Cange, II, 309, col. 3). On lit encore cisteijaux au t. V des Ord. (p. 381, a'n. 1324). (n. e.)
(3) Dans 0. de Serres, c'est une espèce de citrouille : « Le citre est une autre espèce de citrouille qu'on esleve
principalement pour la graine servant en médecine, et sa chair pour viande aux pourceaux... elle est noire (547. » (N. e.)
(4) Dans la Coutume de Labourd (tit. 7, art. 9) ; « Cilrc vulgairement dit pomade. » (N. E.)
(5) Un traité d'Alchimie, du xiv= siècle (424), écrit : « Que l'or meurisse en couleur citrine. » (N. e.)
(6) On lit dans Alebrant (.fol. 57) ; « Citroles sont froides plus que concombre. » (n. e.)
(7) Le provençal et le catalan ont ciutat (La Ciotat); l'Espagnol a ciudad. (n. e.)
(8) L'élymologie est le latin cibare, alimenter, (n. e.)
Cl
35
CI
Civé, subst. masc. (1) C'étoil une sorte de ragoût
fait avec des cives ou ciboules, selon Oudin. Selon
Monet, c'étoit « une sausse de pain rùli sur la
« braise, trempé au vin et à l'eau, assaisonné
« d'épices, et autres ingrediens. » (Dict. de Monet.)
11 est mention de c/t't; dans Bat. de Guar. ms. de S.
G. fol. Gt ; Poës. mss. d'Eust.Descli. fol. 483 (2). Nous
disons encore un civé de lièvre, pour un ragoût de
lièvre.
On disoit : sans faire long civé, pour sans faire
de longs discours :
Or y avoit un gros seigneur notable...
Faifeu Talloit bien fort souvent esbattre,
Et pour certain, sans faire long civé,
A la maison il éloit fort privé.
Légendf de maistre Pierre, Faifou, eh. XXII, page 58.
On désignoit une chose de peu de conséquence
par cette expression vulgaire : voila un gros civé.
(Oudin, Curios. franc..)
VARIANTES (3) 1
CIVÉ. Orth. subsistante.
Cyvê. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 214, col. 2.
SivÉ. Oudin, Nicot, Dict.
Civelle, subst féni. Lescivelles de cuir, suivant
le Gloss. de l'IIist. de Bretagne, servoieni « à faire la
« contresangie, ou surfais de la selle » . 11 indique ce
passage: « Sera ma dite selle garaiedecontrecengle,
« de civelles de cuir, cousus de fil, et aiguille, et de
« cuir, etattacliez oclouds,garnisde anneaux, etc. »
(Preuv. de rilist. de Bretagne, T. II, p. 075.)
Civerage, subst. masc. Droit seigneurial. « En
« Dauphiiié, c'est un droit d'avenage, ou payable
« en avoines, qui est dû communément aux sei-
« gneurs, pour les usages qu'ils ont concédez aux
'■• îiabilans de leurs terres. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.
— Voyez Du Gange, au mol Civeragiuin.) Le Dict.
univ. dit que quelques auteurs écv'weni cinérage ;
c'est une faute : civerage vient de civade, avoine.
Civette, subst. fém. Nom propre de ville. On a
donné ce nom à la ville que les Italiens nomment
Civita Vecchia. ■■ Vinrent arriver près de P.ome, à
" un port de mer nommé Civilta Vecchia, autrement
<■ Civette, ou cité la vieille. » ^Berry, Ghron. 1402.)
Civette, adj. Parfumé. Proprement, qui a
l'odeur de la civelle. C'est en ce sens que ce mot
est employé comme épithèle de gands, dans les
Epith. de M. de La Porte.
Civettien, adj. De civette. Oui tient de la civette.
(Dict. de Cotgrave.) Ce mol est mis pour épithèle
d'odeur, dans les Epith. de M. de La Porte.
Civeiis, adj. Ce mot est dérivé du substantif
cive, oignon. Brouet civeus est un bouillon à l'oi-
gnon. (Epith. de M. de La Porte.)
Civière, subst. fém. Brancard pour porter ou
rouler des fardeaux. Nous sommes obligés de nous
servir de cette périphrase pour désigner la double
signification que nos pères donnoient au mol
civière. Us entendoienl par ce mot non-seulement
l'espèce de brancard que nous appelons encore
civière (i), mais celui que nous nommons brouette.
Ainsi, dit-on civière rouleresse, ou à bras, dans le
Moyen de Parvenir,, p. 338. Labbe, dans son Gloss.
explique le mot civière par brochete, qu'il faut lire
brouette, en latin traha (5). (Voyez Du Gange, aux
mots Tragula, Ccenovclium, Cehovexia et Cenovec-
torium.)
Comme la civièi'e étoit employée au plus bas
usage el par les gens du plus bas état, on disoit :
Cerit ans bannière, cent ans civière, pour exprimer
les révolutions que les plus nohles familles éprou-
vent. (Menestr. Orn. des ."Vrm. p. 420.) (G)
C'est à ce proverbe que Grelin fait allusion dans
les vers suivans, oîi il parle des di'^astres de la
France el oppose la civière à la bannière :
nobles efCeminez
Qui porteront, par estranges manières,
En leurs manoirs, civières pour ba»ieres (7),
Dégénérans des insignes vertus
Dont leurs ayeulx jadis furent vestuz.
Crétin, page 144.
On a dit dans le même sens : lignaige à civière,
pour basse extraction. On lit dans le fabliau du
Mercier :
J'ai fil d'argent à raazelin.
Et d'archal à ceux de manières,
Oui sont de lignaige à civières.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 43, R- col. 1.
C'est au mol civière, pris dans ce dernier sens,
que Du Gange croit qu'il faut rapporter le miles
civeralis, que l'on trouve dans l'IIist. des Arche-
vêques de Brème :
Erat Dacus nobilis, sanguine regalis
Ex niatre ; sed genitor miles civeralis.
C'est-à-dire chevalier du dernier ordre. (Du Gange,
Dissert, sur .loinv. p. 19i.) (8)
11 y avoit un jeu qu'on i)ommo\\,jeii de la civière :
Dy moy comment s'en va le monde :
II' se tourne en figure ronde,
Tout environ ensi se tourne,
Et plus encor qui se beslourne.
Et qui va ce devant derrière ;
Comme le Jeu de la civière (9).
Rom. de Fauvel, MSS. du R. fol. 52.
(1) L'étymologie est cœpatum, de c(rpu, cive, mot à mot, plat h l'oignon. (N. E.)
(2) « Fortes sausses, oingnons ne aulx, Civés aguz, poivre ne graigne Ne usez, Car trop font mal et paivre. » (n. e.)
(3) On lit aux Fabliaux du xiii' siècle (Barbazan, IV, 88) : « Lièvres et connins au civé. » (N. E.)
(4) « Et buvons tant de vins, parmi no cherveliere, Qu'il nous convient porter dormir à la chiviere. » (Baud. de Seb.,
I, 897.) (N. E.)
(5) « Un laquais, qui roulle une civière et une malle verte dessus. » (D'Aubigné, Fcencste, IV, 13.) (N. E.)
(6) Ce proverbe était fort usité en Bourgogne. (Glossaire des Noëls Bourguignons, p. Lamonnoye, p. 44.) (N. E.)
(7) « Il y a un vieil proverbe françois qui dit. eu cent ans bannière, en cent ans civière : qui a esté inventé pour signifier,
chacune chose avoir son accroissement et sa déclinaison. » (Lanoue, 225.) (n. e.)
(8) Edition Henschel, t. VII, partie II, p. 40, col. 2. (N. E.)
(9) On Ut encore aux Choses qui taillent en Ménage cxiii* siècle) : « C'est coin le jeu de la civière, L'un va devant, l'autre
derrière, C'en est l'usage. » (n. e.)
Cl
- 36 —
CL
VAFIIA.NTKS :
CIVIERE. Orth. subsistante.
Cyviehe. Hist. de b'r. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 69.
CiiiviERE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 191, V» col. 2.
Civil, rt(/j..hisle*. Direct ^(1). Nous ne rapportons
que les acceptions inusitées de ce mot, qui est en
usage :
*0n lit au premier sens : ■< S'estoit tiré à la
'■ chancelerie d'amours, et en avoit tout eutiere-
« ment obtenu lettres de remission, qui estoyent
« bien (;à'/7cs, et raisonnables. » (Arr.xVnior. p. 304.)
° On a dit possession civile, pour possession
directe. « J^e seigneur qui voudroit troubler la
« justice de son vassal, peut inlenter complainte de
" nouvelleté, et user d'iceile, non mie pour la
«' possession naturelle, id est, profitable, qu'à son
« dit vassal ; mais pour la possession civile, id est,
« directe; en laquelle il se void trouble. » (Gr. Coût,
de Fr. liv. II, p. 144.)
Nous ne tenterons point d'assigner un sens au
mot civil, employé dans le passage suivant. Il
paroit qu'il y a faute ou transposition dans le
texte : « Toutes retraites lignageres faites constant
" le mai'iage, tiendront nature de patrimoine, cote,
■« et civil du chef qu'elles seront faites. " (Coût, de
Langle, Nouv. Coût. Gén. T. 1, p. 306.) On disoit
autrefois civile bataille, pour guerre civile :
Eurent lors civile bataille.
C'est, a dire procez et plais.
Es sièges, et es grands palais.
Eust. Desch. Poes. MSS. fol. ilH, col. 3.
Civilité, subst. fém. Droit civil (2).
En civilités,
Et droit canon estoit habilité.
Recli. des Théâires, T. I, p. 316.
Civois, subst. 7nasc. Oignon, ciboule. Qu'il
nous suffise d'avoir indiqué les endroits oh se
trouvent employées les diverses orthographes de
ce mot. (Voyez Chivon ci-dessus, diminutif de c/(ù'^,
et ci-dessous Siboule, Sivette et leurs autres ortho-
graphes, diminutifs de sive et sivot.)
JNous l'emarquerons cependant l'usage de ce mot
pour exprimer le peu de cas qu'on faisoit d'une
chose ; on disoit :
Car il ne dout une chive,
La pais du Pape, ou le courroux.
Hist. de Fr. à la suiie du Rom. de Fauv. fol. 73.
VARIANTES :
CIVOIS. Cotgrave, Dict.
CivoT. Oud. Nie. Fabl. MSS du R. n» 7218, f» 176, V» col. 1.
Sivot. Cotgrave, et Oudin, Dict.
Cyvot. Vig. de Charles VII, T. I, p. 33.
CiBOT. Rabelais, T. II, p. 23.
SiEU. Eust. Desch. Poës. MSS.
Sive, suhst. fém. Oud. MS. du Vat. n» 1490, etc.
Cive, subst. fém. Orth. subsistante.
Chive, subst. fém. Borel, Dict.
Ceve, subst fém. Oudin, Nicot, Dict.
Cizc, sitijsl. Espèce d'impôt. Voyez le chapitre
intitule : » Du péage, et cîTcB en la ville du Mont de
- Marsan % dans le Nouv. Coût. Gén. T. IV, p 911.
Ce mot vient, par aphérèse, d'accise (3), impôt dans
les Pays-Bas. ; Voyez Dict. univ. et Du Cange, au
mol Assisia.)
Clabau, subst. niasc. Chien courant à longues
oreilles. Ce mot ne subsiste plus guère aujourtî'hui
qu'au figuré.
Clabaiix de village, dans Des Perr. Contes T. II,
p. 6, signifie gros chiens élevés pour lâchasse, dans
les villages, par les fermiers.
Clabau.r, de coliue est un terme d'injure, dans
les Leit. de Pasquier, T. II, p. 796.
Il semble qu'on ait dit proverbialement :
Clubuult abaye bien au.x fauUes :
De chiens, d'oiseaulx, d'armes, d'amours,
De behours, de jousleSj de vaultes,
Faut il payer les raalletaultes ?
Pour ung plaisir, mille douleurs ;
Après des cbans viennent les plours,
Et risée du bout du dent.
Moliiiet, p. 127 et 128.
VARIANTES :
CLAB.\U. Nicot, Dict.
Cl.\iîaud. Orth. subsistante.
Cl.\bault. Molinet, p. 127.
Clab.\ux, plur. Contes de Desperr. T. II, p. 6.
Clabots, phir. Salnov. Vénerie, p. 81 et 217.
Laubaut. Dict. de Cotgrave.
Giabaudenient, sh(>s/. masc. Aboiement. 'Dict.
d'Oudin (4).)
Clabauder, verbe. Ce mot subsiste, mais on
ne diroil pas comme autrefois : clabauder ses
rentes, pour se ruiner à entretenir des chiens de
chasse :
C'est un vertueux office.
Avoir pour son exercice
Force oiseaux, et force abbois,
Et en meutes bien courantes,
Clabauder toules ses rentes.
Par les champs, et par les bois.
Œuv. de Joach. Du Bellay, p. 207.
Clac. Son imilatif de quelque bruit. De là, on
disoit : faire grant clac, pour faire grand bruit. On
lit, au sujet de quatre sièges faits à la fois :
Le tiers fut mis devant Fronsac,
Qui regiba de l'éguillon ;
Le quart, qui ne fist pas grand clac.
Fut mis devant Sainct Melyon.
Vigiles de Charles VU, T. Il, p. H8 et HO.
On a dil, pou;' exprimer une chose <iui ne dure
qu'un instant :
Aussitost muert homs qu'on puet dire clac.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 26, col. 2.
Claceller, subst. masc. Celui qui porte les
clefs ou qui les fait. Du Cange, au mot Clavicula-
rius, rapporte ce passage duii ancien Gloss. lat.
(1) Il pignifiait aussi adroit : « Les supplians ont advisé par plusieurs fois à trouver la manière de savoir où Julien Malet,
qui estoit civil et subtil homme, mettoit... ladite finance ; et tant ont subtillé et mis garde sur ledit .Julien Malet, qu'ilz ont
sceu... » (JJ. 189, p. 164, an. 1457.) (N. e.)
(2) II signifie encore adresse : « Pour la subtilité et civilité dudit Tulien Malet. » (.1,1. 189, p. 104, an. 1457.) (n. e.)
(3) L'occise, en Angleterre, est un impôt de consommation, (n. e.)
(4) On lit dans la Sat. Ménippée (p. 80) : « Aussi n'oyez-vous plus aux classes ce clabandemeiit latin des regens. » Dans
Paré (Animaux, 12) on lit aussi : « Et ce clalaiidement et abbayement est un pleur pour Pimpatience de leur ire. » (N. E.)
CL
CL
franc. : « Clavicularius, claeelier, ou celui i\m les
« fait. » Dans une autre citation, ibid. clavicularius
est employé comme épilliète de S' Pierre.
Ce mol est expliqué aussi par geôlier, et c'est en
particulier la sigiiiticalion que Boi'el donne au mot
clercelier. On verra ci-dessous clerceliere, pour
clavier. L:.bl)e, dans son Gloss. traduit en latin
clacelier par clavicularius, p. 4'J5.
Clacclier paroil avoir été quelquefois employé
pour sommelier, sans doute à cause des clefs dont
il étoit chargé.
souffrir
Le doivent les maistres d'ostel,
Les queux, et clacelicrt: (1) autel,
Sans y mettre aucun contredit.
Eusl. Desch. Pots. MSS. fol. 410, col. 2.
On lit, dans une pièce de vers qui a pour titre :
" Des charges qui sont en mariage, pour le mes-
•' naige soustenir, avec les pompes, et grans
« bobans des femmes •• :
Et si fault, quant je m'en remembre,
Maistre d'ostel, et clacelief.
Eusl. Desch. Poi-s. MSS. fol. 407, col. i.
VABI.\NTES :
CLACELIER. Du Cange, Gloss. lat. à ClaviculaiHus.
Cl.\sselier. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. .519, col. 3.
Clercelier. Gloss. du P. Labbe, p. 495.
Claceriere. [Intercalez Claceriere, portière,
au reg. 100, p. Gi4, an. 1370: « Toutes les gens de
« l'ostel fuient coucliiés, excepté la clacheriere,
« qui s'en esloil alée en sa chambre. »] (n. e.)
Claciele, subst. féin. Petite clef. On disoit cla-
ciele de clavicula, comme on disoit clacclier de
clavicularius. La dérivaison de clavette et clau-
welle est plus naturelle :
Quant li Dus fu despouilliés,
Vies cevaliers, ki fu ses niés.
En son braioel, une chuiwete
Trouva d'argent, moult petite
Et celé claciele guardoit
En lui escrignet (petit escrin) k'il avoit.
Ph. Mouskes. MS. p. 311.
vAni.\XTES :
CLACIELE. Ph. Mouskes, MS. p. 371.
Clavette. Oudin, Dict.
Clauwette. Ph. Mouskes, .MS. p. 371.
Claie. [Intercalez Claie, revers de la main : ■■ Le
<■ cop chei sur elle, tellement que il lui fist une
« plaie à sanc sur la claie de la main. » (JJ. 111),
p. 83, an. 1381.) Au reg. ir.l, p. 332, an. 13<J7, on a
claye: « Le suppliant lui donna de la f/rtye de la
• main par le visage » ; au reg. 152, p. 57, cloye:
•' Ledit D'Auceurre navra ledit Dubourc de son dit
« espie sur la cloue de la main, ainsi que icellui
» Dubourc lui tendoit la main. » Enfin dans Modus
Ratio {fol. 78, v"), on a encore: « Que le faulcon
" siée droictement sur le poing, non pas sur la
« cloie de la main, ne dedens sur les dois. ■> On
trouve aussi dans la Rose la cloie de l'eschine
(V. 10210).] (N. E.)
Claim, subst. masc. Cri*. Plainte en justice^.
Droit pour cette plainte'^ (2). Récit, mention °.
*Le sens propre de ce mot est cri. du latin cla-
mor. Nos anciens ne le prenoient guère en ce
sens. C'est celui que nous lui donnons communé-
ment sous rorthogra[ihe clameur qui subsiste. On
trouve, dans Oudin, claim interprété par cri
plaintif.
° L'acception la plus ordinaire de ce mot, est
complainte.! udiciaire. réclamation en justice (3). C'est
en particulier l'interprétation que Mcot donne à ce
même mot claim. (On peut voir sur les autres
orthographes Laur. Gloss. du Dr. fr., le Gloss. sur
les Coût, de Beauv. et Du (.ange, Gloss. lat. aux
mots Clama, Clamare, Clamu)n,Clameum,Clamor,
elles autorités citées sur chaque orthographe ci-
dessous.) C'est dans ce sens qu'Eustache Deschamps
a employé ce mot :
De Suzanne as mal perçu le daim.
Des faulx prestres l'accusans par envie,
Poi'!-. MSS. fol. 435, col. 2.
On trouvera un chapitre, dans les Tenur. de
Littleton, intitulé de Conthiuall claim, fol. 97, R°.
Le mot de clameur est encore en usage en Nor-
mandie, non-seulement dans l'expression particu-
lière à cette province : clameur de haro, mais aussi
pour signifier reirait, soit lignager, soit féodal.
Nous ne parlerons point des dilférenles espèces de
clameurs dont les détails appartiennent aux juris-
consultes : clameur de lettres lues; clameur de
bourse, etc. Nous remaniuerons seulement qu'on
disoit autrefois /"a»ss<' clameur, pour désigner une
plainte en justice portée à tort et sans raison. (Voy.
Laur. Gloss. du Dr. fr. et du Cange, au mot Clamor
falsus. Clame est employé pour droit réclamé ou à
réclamer, dans D. Morice, Ilist. de Biet. col 1012.
lit. de 1208.
'^11 nous reste à prouver l'acception du mot f/fl?w,
clameur, etc. pour un droit dû par celui qui fournit
une plainte en justice: " Se aucun faisoil adjourner
.- un autre à lui respondre devant le juge, et cellui
« qui adjourné soit venist chevir à sa partie, le
« prevost y auroitunc/rt/mqui vaultsix blans. ■ (La
Thaum. Coul. de Berri, p. 33(5.) Dans les Lettres de
Charles V, de 1372, on lit, à propos de droits qui se
payent au roi, dans la ville de Toulouse, pour
chaque demande qui se fait en justice : « Certi
« clamores per litigantes fieri consueverunt, ex
" (juibus clamoribus debentur nobis quinque
« solidi. '■■ (Ord. des R. de Fr. T. V, p. 5(>2.)
On appeloit, en quelques lieux, ce droit forle
(1) On lit encore au reg. JJ. 96, p. 109, an. l,36i : « Comme Jehan Boully clerc fust claccUiec du prieur de Puisiaux. » Il en
est de même au reg. JJ. 139, p. 100, an. 1390 : « Le suppliant qui lors estoit clachellier dudit chastel de Basoches. » (n. e.)
(2) C/((i)i signifiait encore saisie : clain réel fait sur les biens, clain personnel fait sur la personne. Le claiit de
rétablissement mettait le bailleur de fonds d'une rente foncière en possession de l'héritage, parce que le preneur n'avait
pas payé la rente. (N. E.)
(3) « Plainte ou clameur est quant aucun monstre à la justice en plaignant soy, le tort qui luy a esté fait , afin qu'il en
puisse avoir droit en court. (Coût, de Normandie, ch. LVII.) (n. e.)
CL
38
CL
clameur. C'est, selon Laurière, une amende de
2 s. 6 d" due au roi, pour un adjournemenl en
action personnelle, en supposant que les parties
s'accordent, sans en venir à raudience; s'ils per-
sistent, l'amende est de 7 s. 0 d". On lit, dans la
Coût, de Meaux, que l'amende de celui qui suc-
combe, appelée foiie clameur, et due au seigneur,
est de 2 s. (j d" tournois (Coul. Gén. T. I, p. 89) ;
mais ces matières ne sont point de notre res.sort.
C'étoit en parlant des clameurs judiciaires que l'on
disoit maitre des clameurs.
"L'acception de ce mot pour récit, mention, ne
me paroit avoir appartenu qu'à la seule ortho-
graphe clameur, comme dans ce passage :
Dame, dist-il, vous me faictes honneur,
Au preux Margon en feray la cla)neiir,
Quant devers lui retourneray ma voie.
l'ercef. Vol. V, fol. 411. R- col. 1.
Nous verrons que le verbe clamer s'est pris dans
le même sens.
VARIANTES :
CLAIM. Oudin, Dict.
Clainte. Voyez Plainte.
Cleim. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 113.
Clain. Ibid. p. 87.
Clin. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 467, col. 4.
Claime. ïenur de Littl. fol. 97, R".
Clam. Assis, de Jérus. J. Molinet, p. 126 (1).
Clame. D. Morice, Hist. de Bret. col. 1012.
Clameur. Ord. T. I, p. 89 ; Thaum. Coût, de Berri, p. 220.
Clamor. Poës. MsS. avant 1300, T. I, p. 70.
Clamour Ord. de R. de Fr. T. 1, p. 590.
Clamur. Loix Norni. art. 4.
Claimer, verbe. Crier*. Publier^. Appeler*^. Se
plaindre °. Réclamer ^. Relraire ''.
* Ce mot signifie crier. C'est le sens propre. Merci
damans, pourcriant merci. (Li chastelain de Concy,
Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 308.) 11 tire cette
acception du verbe clamare, dont il dérive (2).
^ De là, ce mol a été employé pour publier à haute
voix :
Votre grand famé
Partout se clame.
Le Loyer des Folles Amours, p. 316.
'^De là encore, on a mis ce mot pour appeler,
nommer. <■ Une forte ville qu'on c/ftme Ilarfleu (3). »
(Froissart, liv. I, p. 141.)
° Se plaindre, c'est crier ; de là, pour exprimer
qu'une mère se plaint d'un llls ingrat, on a dit :
si se claime
De son fils, qui noient l'aime.
Fabl. MSS. de S. Gerra. fol. 57, R" col. 3.
^ C'est encore crier que de réclamer. De là, on a
dit : ï N'y peuvent clamer droit », pour n'y peuvent
réclamer de droits, n'y peuvent prétendre. (Coul.
Gén. T. I, p. 365.) Dans Froissart, liv. lll, p. 46 (4), on
trouve : « 11 v clamoit part », pour il y réclamoit
part.
■^ Retraire, exercer le droit de retrait est récla-
mer; de là, ce mot de clamer, consacré dans la
coutume de .Normandie, et encore en usage pour
désigner l'exercice de ce droit.
Nous avons dit que clamer signifioit publier ; de
là, l'expression clamer quitte, pour publier quitte,
ou, comme nous disons, tenir quitte (5), même dans
le sens de pardonner et d'abandonner :
Elle cuidera que tu,
Por s'amor, l'aies clamé quite.
Ovide de Arle, MS. de S G. fol. OC, V col. 3.
S'il en mon martir se mire,
Oui ne doit, de bon cuer, dire,
,Te te daim quitte.
Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. II, fol. 130, R- col. 2.
« Jla conté de Nevers vous donne, et clame
» quicte. » (Ger. de Nevers, 1" partie, p. 9.) A la
page 47 de Villehardouin, on lit : « Je vos clame
' tuite ce qui remaint en la nef (6). » Le traducteur a
interprété je réclame tout, etc. 11 falloitdire : je vous
abandonne, je vous clame quite, comme on iit dans
l'édition de l'Angelier, Paris. 1585, et conformé-
ment à la traduction de Vigénère, p. 40.
On donnoit encore à cette expression la signifi-
cation de garantir, dans les vers suivans :
Et Brutus li jure, et afie,
A clamer quite membre, et vie.
Rom. de Brut, MS. fol. i. R'.
Clamer merci signifioit crier merci. De la : faire
clamer las, pour faire demander grâce.
ainz un an le fera si quoi,
S'ele le tient entre ses bras,
Qu'ele le fera clamer las.
Fabl. MSS. du R. n- 7615. T. II, fol. 180, V col. 2.
Se clamer las s'est dit aussi pour se plaindre, se
dire malheureux.
Biaus niez, ains me puis clamer las.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 13, R* col. 2.
CONJUGAISON :
Claim. Indic. prés. Je publie. (Fabl. mss. du R.
n» 7G15, T. II, fol. 130, P.° col. 2.)
Claimt. Indic. prés. Il publie. (Vie des Saints, ms.
de Sorb. chif xxvii, col. 16.)
Clain. Indic. prés. Je publie. ^Fabl. mss. du R.
n''76l5, T.I, fol. 60, V° col. 2.)
Claing. Ind. prés. Je publie » Je ne li claing mie
« quite. » (Fabl. mss. de S. G. fol. 53, V»col. 3.)
Clams. Indic. prés. Je crie. « Malheureuse peche-
(1) Au ch. XXVIII : « Qui se veaut clamer d'ome, qui n'est présent en la court, celui qui veaut le clam faire. » (n. e.)
(21 On lit aussi dans la Clianson de Roland (v. 2239) : « Cleimet sa culpe, si reguardet amunt. » De même dans Partonopex
(v. 4066) : « Sospire et plore tenrenient, Claime sa coupe et s'en repent. » (N. E.)
(3) On lit dans Gérard de Vienne (v. 4027) ; « Mon fort de Rome ke l'on clame ma chambre. » On lit encore dans Froissart
(II, 132j : « A l'entrée d'un pays que on cinimine Northorabrelande. » (N. E.)
(4) On lit encore au t. lll, p. 59 de Téd. Kervyn : ce Casquns i clama part. » Par suite , clamer seul signifie prétendre :
« Ains dit que elle n'y clammoU riens. » (III, 461.) — « Pour la cause de la duchesse de Brabant et de son pays où il
clamoit avoir calenge et droit en l'eritage. » (XllI, 261.) Il signifie par suite plaider : « Et tantost là en droit fut clammet et
respondut entre parties. » (II, 473 ) (N. E.)
(5) « Chils roys [Edouard III] les avoit absols et clammés quittes [les Flamands] d'une grande somme de florins dont
obligiet s'estoient... au roy de Franche. » L'expression est dans Roland (v. 2787): « Quite vus cleimet d'Espeigne le
regnet. » (n. e.)
(6) M. de WaïUy édite (§ 122) : « Je vos ctai)n cuite ce qui remaint en la nef dou mien. » ^N. E.)
CL
39 -
CL
" resse me clams. •» (Eust. Descli. Poës. mss.
fol. 130, col. 4.)
VARIANTES :
CLAMER, pour réclamer^ demander. Loix Norm. art. 7
et 25, dans le latin postulare.
Claimer (Se), pour se plaindre. Loix Norm. art. t. Se
claime. dans le latin se clamât.
Clamer (domages), pour demander indemnité ou dédom-
magement. Duch. Gén. de Bar-le-Duc, p. 33, tit. vers 1249.
Clamer, pour appeler, nommer. Perard, Hist. de Bourg,
tit. de 1-24tj.
Clamer quitte, pour déclarer quitte, laisser, céder,
quitter. Duch. Gén. de Béth. p. 373, tit. de 1226.
Clamons quite au roy d'Anglerre si, etc. Rymer, T. I,
p. 50, tit. de 1259, dans le latin clamamiis (iiiittimi retjem
.Anglio' si, etc.
Claimer. Chans. MSS. du 0« Thib. p. 17.
Clamer. Oudin, Nicot, Dict.
Clair, adj. Pur, net. C'est dans ce sens qu'on a
dit claire de feu, peut-être pour la flamme, la partie
la plus claire du feu. (Marb. col. 1664) Le clair
d'un œuf, pour le blanc d'un œuf. (Oudin, Cur. fr.)
On a dit aussi adverbialement à clair, pour
ouvertement, clairement. (Ibid. Voyez Cler.) (1)
Clairain , subst. masc. Clairon *. Sonnette ,
clochette ^.
*Au premier sens, c'est une sorte de trompette :
Çà et là sonnent li clarain.
G. Guiart, MS. fol. 312, V.
Loués ses clarins, et trompettes.
Vig. deCh. VU. T. II. p. 202.
^C'étoit aussi une sonnette qu'on attachoit ai
des besles qui vont pestre es bocages. (Cliro
Denis, T. I, fol. 65.)
ni
J'ay beax clareins à mettre à vaches.
Fabl. .MSS. de S' Gerra. fol. 42, Y-
col.
Elles servoient aussi d'ornement au.\ chevaux :
« Au col de son cheval pendit un c/araûi tel(21,etc. «
'Chron. S' Denis, ubi supra.)
VARIANTES :
CLAIRAIN. Cotgrave, Dict.
Clairin. Du Canee au mot Quadrilli.
Clarin. Vig. de Charles VII, T. Il, p. 202.
Clarein. Fabl. MSS. de S. G. fol, 42, V" col. 2.
Clarain. Chron. S. Denis, T. I, fol. 65, V».
Clerix. \ig, de Charles VII, T. I, p. 31.
Cléron. Du Cange, Gloss. latin, au mot Clario (3).
Claron, Borel, Dict.
Claire, subst. masc. Sorle de liqueur. Elle est
composée de vin et de miel. « Si aucun a fait aucune
« chose partie de sa matière, partie d'autre, si
'■ comme si aucun avoil fait claré de son vin, el
« d'autre miel, sachez (|ue celui qui a fait la chose
« en doit être sire. » (Bout. Som. Rur. p. 253.)
Suivant quelques passages rapportés par Du Cange,
au mot Claretum, le piment étoit la même chose
que le clare ou claire. On les trouve cependant
distingués dans le passage suivant : » Donnoitceste
« fontaine par ses conduits claire et piemeiit très
» bon (4). .. (Froissart, livre IV, p. 3. — Voyez Ph.
Mouskes, .MS. p. 145, et Parton. de Bl. ms. de S. G.
fol. l'iT.)
Et au concilier, pour mieul.\ dormir,
Espices, clairet, et rocelle;
En toutes les choses veir,
Mon esperit se renouvelle.
Froissarl, Pocs. MSS. p. 315, col. 2.
Après il print les esguieres,
Le vin, le claire, l'ypocras (5).
VilloD, Rep. franches, p. 20.
On a dit aussi clairete, dans le sens où nous
disons eau clairette.
VARIANTES (6) :
CLAIRE. Froissart, Uv. IV, p. 3.
CLAIRET. Froissart, Poës. MSS. p. 315.
Claret. Oudin, Dict,; Dict univ. au mot Clairet.
Claré. Bout. Som. Rur. p. 253.
Clarez. Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. II, f« 174, R» col. 1 (7).
Clairelette, adj. au fém. Diminutif de claire.
.le vous vens une goutette.
Une goûte clairelette.
Des Ace. Big.irr. fol. 137, V'.
Clairer, verbe. Eclairer. (Dict. de Monet.) (8)
Clairiers, subst. masc. plur. Clairières. « Les
« layes pleines sortent peu à la campagne, ne vou-
« tant pas donner connoissance d'elles; se con-
« tentent de verouiller dans les clairiers, et chemins
» de leur buissons. » (Salnov. Vénerie, p. 296.1
VARIANTES :
CLAIRIERS. Salnov. Vénerie, p. 296.
Clariaux. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 70.
Clarriaus. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 168, R».
Claironner, verbe. Trompeter. Sonner du
clairon. (.Nicot et Cotgrave, Dict.)
Clairvoyant, adj. Ce mot, qui est en usage,
ne se seroit-il pas formé par la rencontr(3 fortuite
des mots clercs voijaus, employés dans l'examen
des procédures. On lit, dans celle d'un itrocès fait
à un financier : « 11 fut questionné, par aucuns du
(1) L'orthographe clair ne se trouve pas avant le xv« siècle ; Cuvelier fait rimer cler avec enserrer {v. 13405). Le wallon
prononce encore cler. (n. e.)
(2) Voici la citation d'après D. Bouquet (III, 256) ; « Landris li connestables... au col de son cheval pendi nn clarain ,
autel com l'en atache an coulx de ces bestes, qui vont en pastures em boscages. » .Au reg. .1,1, 187, p. 230, an. 1458, on lit :
« Ung c/a)-n)î( qu'on pend au col des beufz [en Périgord]. » Au reg. JJ. 124, p. (38, an. 1383 ; « Guillemin chastellain a
acouslumé mener un sien chien, au col duquel par esbattemenl il pandi une sonnette ou clare, que ont acoustumé de
porter vaches, brebis ou moutons. » Au reg. JJ. 153, p. 28, an. 1397 : « Dessoubs un des seps de la vingne , ledit Robin
trouva un clarin de vaches. » (N. E.)
(3) Du Cange cite là Joinville, qui parle d'une trompette, non d'une sonnette. (N. E.)
(4) M. Kervyn imprime (XIV, p. 8) : « Et donnoit ceste fontaine par ses conduits claret et pieument très-bon et par grans
rieux. » (n. e.)
(5) Eust. Deschamps (fol. 485» écrit aussi : « De boire vous vueillez garder ypocras, claré et garnache. » (n. e.)
(6) On lit déjà dans Raoul de Cambrai (xii" siècle, 16) : « Li rois l'acointe dèl plus riche barné ; Puis le servi del vin et
del claré. » (n. e.)
(7) On a encore la forme clarei dans la Chr. de Flandre (c. 69) : « Si fut une nuit avec ses dames en son déduit , et leur
prit talent de boire clarei en un pot d'argent, » (n. e.)
(8) On lit au reg, JJ. 138, an. 138'J : i< Apportèrent et clairerent tous les aquets par eux faiz. « (n. e.)
CL
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.« î^rand conseil et autres clercs voyctna 'l). et bien
« coanoissans es matières de finances. >■ (Monstre!.
Vol. m, fol. 33.)
Clais, subst. masc. Palissades*. Espèce de
cage^. Haie'^.
* Ce mot, (lui désigne clôture en général, sest
IJi'is pour palissades, en ce passage :
Vers chevaiiçon droit au pont enemeiz,
Si dépeçons trestoz les fuz, et <iei:.
Parlonopex de Blois. MS. deS. G. fol. 17i, V col. 1.
° Clais paroit avoir été employé dans une signifi-
cation pai liculière pour cette sorte de cage oii l'on
met encore, dans les villes de garnison, les filles de
mauvaise vie, pour les punir de leurs débauches.
« L'une des plus mauvaises, et affetées garses qui
« fusten clais. » (Contes d'Rutrap. p. 288.)
*= Quelquefois ce mot désignoit une baie, comme
en ce passage : « Si cbevauscberent tout le jour
« jusques sur le vespre, car le soleil estoit entré en
" son dernier quartier; maisadoncilz s'embalirent
« sur un (7a':ide boutonniers, etde plantiers, etc. «
(Perceforest, Vol. II, fol. 30.)
VARIANTES :
CLAIS. Contes d Eutrap. p. 288.
Claiz. Percef. Vol. II, fol. 36, V» coi. 1.
Cloiz. Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. -174, V» col 1.
Clamacion, subsl. fém. Exclamation. « Sur ce
« fit Viilere une grande clamacion, disant qu'on
<' ne peut dire plus noble cbose. » (Hist. de la Tois.
d'Or, fol. 20.)
Clamancer, verbe. Réclamer.
Merci covient qui soit maire,
Que justice ne clamunce.
Thiéb. de Navarre, Poos. MSS. avant 1300, T. t, p. «S.
Clame, subst. masc. Manteau de pèlerin. Du
latin clilanius.
VARIANTES :
CLAME. Monet, Corel et Dict. univ.
Clamme. Oudin, Nicot, Dict.
Clame (Sainte). C'étoit le jour où » ceux de
« Bruges faisoient leurs processions par cous-
.■ tunfe (2). « (Froissarl, liv. II, p. 178 ) L'éditeur
observe que la Chroni(|ue de Flandre dit: S" Croix
du ni' maij. Il ajoute : et mieux à mon avis.
On pourroil souprouner que ce mol vient de
clamer, crier, d'où l'on auroil formé le moi clame,
S" Clame, substitué ti celui de S" Croix, soit à cause
des rogations qui se font dans ce temps-là, soit à
cause des cris des chasseurs qui recommen(;.oient
alors. La S" Croix de may étoit l'époque du renou-
vellement de la chasse du cerf qui duroit jusqu'à la
S" Croix (l'hiver.
Clameu.x, adj. Criard. L'auteur de l'IIisl. de la
Toison d'Or, 1. 1, fol. 14, définit l'homme vraiment
magnanime, en ces termes : » Son mouvement,
« son aller, et son maintien doit être lent, et
« pesant : sa voye grave : sa parolle ferme, non
« clame use. »
Clanche, adj. au fém. On lit, au sujet des
moines :
Dismes ont, et maladeries,
Si sont pleines lors abaies,
Et ont granges, et prierez,
Où Diex est moult pou aourez :
Si convient qne l'en les retranche,
Pour ce qu'il ont vers vous main clanclir. (3).
Hist. de Fr. en vers, à la suite du Rom. de Fauv., nis. (i812, fol. 67.
Clapet. [Inteicalez Clapet, crécelle, d'après
Du Cange (II, 377, col. 1): « Clapetum, a vulgari
« clapet, crepitaculum, gall. cresselle. »](n. e.)
Clapete, subst. fém. Claquet de moulin. Nous
lisons, dans une pièce de vers d'un de nos anciens
poètes, où ilcompare un vantard à un moulin à vent:
Or m'estuet faire une clapete.
De celui qui tous tans papete,
C'est Englebers li papetere.
Poês. MSS. avant 1300, T. IV, p. 13.'i«.
. . . Engelbers a le clapete,
Cou est cil qui tous tans papete.
Ibid. p. 1370.
(Voyez ci-dessous Clapeter.)
Clapeter, verbe. Babiller. Proprement faire
un bruit semblable à celui de la clapete. « A grant
« esbanos (joie, plaisir) ot leur revel (divertisse-
« ment) : Quand il hoquelent, Plustost clapelent
« que frestel. » (Chans. Kr. du xii^' siècle, ms. de
Bouch. ch. 448, fol. 280, V° col. 1.)
Clapoire, subst. fém. Espèce de maladie. Peut-
être la dyssenterie. Un charlatan, vantant la bonté
de son onguent, s'exprime ainsi : « Si est bons por
« fi (le fie, espèce de maladiej, por clapoire, por
« rudoreille, porencombrementde piz(pour fluxion
« ou oppression de poitrine), por everlin (vertige)
« de chiet. •> (Erber. ms. de S. G. fol. 89, V° col. 3.)
« Toute leste ne vos pranra, toute migraine ne vos
« tenra, ne fis, ne clox, ne clopaire, etc. » (Ibid.
fol. 1»0.) On pourra juger de cette maladie par les
passages suivans :
S'est plus merdeus d'une clapoivc.
Poès. MSS. avant 1300, T. IV, p. 13-20.
Ore est li clapoire (4) effondrée,
Dont Arras est en le cendrée.
Ibid. p. 1375.
(1) 11 faut lire clers voijans, comme dans la Rose (v. 6320): « Et qui seroit bien clers vians, Il verroit que maus est neans,
Car ainsinc le dit l'Escripture. » (n. e.)
(2) M. Kervyn (X, 24) imprime : « Car che fu le jour Sainte Elawe et le tierch jour dou mois de may, et che propre jour
siet la feste et la proucession de Bruges, et à che jouravoit plus de peuple à Bruges estragniers et autres. » Il donne en
variante ; « Et le jour Sainte Croix, m» jour de may... » On sait que la vraie Croix fut retrouvée (inventa) par Hélène, mère
de Constantin ; S'' Hélène et S" Croix sont donc synonymes, (n. e.)
(3) Au fol. 85 du même ouvrage, on lit : « Ne sa mère Blanche, Qui ne fu chiche ne esclanche. » Dans Renart (v. 23279),
on lit encore : « Si fiert le hnrdel, De la hache à la mein esclanche. » Enfin , dans l'Evangile des quenouilles (xv« siècle,
p. I47\ le bras gauche est dit esclenc. C'est le wallon clinche, le flamand slink , de l'allemand shicken , devenir faible et
mince, (n. e.)
(4) Il a ici le sens de lupanar : « Le dit Ogier aiant pendu un bazelaire à sa sainture et un planchon en sa main,... disant
qu'il estoit temps que le clapoir feust effondrée. » (JJ. 153, p. 222, an. 1398.) (n. e.)
CL
41
CL
Il paraiIroK, par ce dernier passage, que celle
maladie éloit quelquefois ppidémique.
VARIANTES :
CLÀPOiRE. Erberic, MS. de S. G. fol. 89, V» col. 3.
Glopaire. Ibid. fol. 90, V» col. 3.
Clapon, subst. inasc. Coclion. C'est le sens de
ce mot dans le patois de Bombes. (Voyez Du Gange,
au mot Ckipo (1).)
Il semble aussi que ce mol se soil pris pour signi-
fier une partie du cheval ou de son équipage, dans
Des Ace. Bigarr. (Liv. IV, p. 2o.)
Claponnier, adj. On appeloit cheval clapon-
nier onclanijmimkr l'I) un cheval qui avoil les patu-
rons longs, effilés et trop pliants. (Dictionn. de
Corneille.)
Clappe, subst. fém. Latte. Peut-être une autre
pièce de menu bois. Voici le passage où nous trou-
vons ce mot cité : « S'ils veulent avoir chesnes,
« esdites forests, pour faire paillis, clappes, et
» eschalats, sont tenus les achepler du gruyer du
« dit seigneur. » (Coût, de Sedan, Coût. Gén. T. II,
p. i'02<f.)
Clappier. [Intercalez Clappler: 1° Monceau de
pierres : " Les supplians misrent le corps d'icelluy
" Briganl soubz un clappier et monceau de
. pierres. » (.IJ. 180, p. 110, an. 1156.) I" Mauvais
lieu: " Clappier e[ bordel publique. » (JJ. 173,
p. 130, an. l.i'24.) Voyez ci- dessus clapoire. Ce sens
a été conservé parSainte-Foix, Essais sur Paris
(III, 73), et par P.-L. Courier, n° i de la Gazelle
du Village. 3° Refuge pour les lapins et autres
animaux:
S'une fois vous trouvez en mue.
C'est assavoir en leur clapier,
Fussiez-vous cent fois esprevier.
Us vous feront devenir grue.
XII' Blason des Faulces amours, p. 2^)2.] (N. E.)
Claquade, subst. fém. Claque. (Brant. D"Gall.
T. I, p. 370 (3).)
Claque. [Intercalez Claque, soufflet: « Ledit
» Jacque avoil mis à Audrieu Poslel... sus qu'il en
• lenqjs p;issé avoit donné une claque à une
" certaiiie personne à Monchy. » (Cart. 21 de
Corbie, an. 1333.)] (n. e.)
Clitiiuedeàit, subst. musc. Un gueux *. Un
gourmand ^. Nom propre*^.
* Ce mot subsiste au premier sens de gueux,
mais dans le langage bas et populaire.
° r.abelais a employé ce mot pour désigner un
goulu, un gourmand. (T. I, p. 70.) Le claquedent
des maroufles est un litre de livre qu'il imagine.
'^ C'est aussi le nom d'undessatellilesdePilate(4),
dans le Mystère de la Passion, en vers fr. ms. de
laBibl. du R. n" 7200, fol. 173.
On disoit, au figuré : le pais de claquedent, pour
l'endroit oîi l'on traite les maladies vénériennes.
(Dict. d'Oudin.)
VARIANTES :
CLA.QUEDENT. Oudin, Dict.
Claquedant. Nicot, Dict.
Clacquedent.
Claqueimir, subst masc. Jeu d'enfant. (Dict.
d'Oudin (5).)
Claquer, verbe. Faire claquer. En se prome-
« nant en l'église où elle est, il ne doit claquer son
« patin. » (Arr. Amor. p. M.) Selon Oudin, claquer
de la langue étoil animer un cheval. (Dict.)
VARIANTES :
CLAQUER. Oudin, Nicot, Dict.
Clacquer. Oudin, Dict.
Claquet, subst. masc. Instrumenl qui fait du
bruit*. Bruit ^.
* Ce mot subsiste encore sous l'orlhographe de
claquet pour signifier r.ne pièce de moalfii qui fait
un bruit continuel. Dans le sens général d'un ins-
trument à faire du bruit, on l'a'appliqué à celui
que portoient les ladres pour empêcher de les
approcher.
Que ton importun caquet
Soit fait compagnon du claquet,
Du Imril et de la besace.
D'un ladre verd.
Œuv. de Rera. Belleau, T. II, p. CO (fi).
^ De là, ce mot a signifié lu bruit de cet instru-
ment et même bruit en général. C'est dans cette
dernière signification qu'il a désigné celui qu'on
fait avec un chaudron, dans le passage suivant :
■' A cette exhortation, le peuple s'avance, et se
« presse comme, quand les porcs courent au cla-
« quel du chaudron, et tiennent leurs groings
« dedans l'auge, pnur humer le lavage. » (Merlin
Cocaie, T. I, p. 245.)
VARIANTES :
CLAQUET. Merlin Cocaie, T. I, 245.
Clacquet. Cret. p. 269.
Claqueter, verbe. Claquer (7). Faire du bruil,
dans un sens générique. Selon Oudin, Dict. fr. esp.
claqueter est faire du bruit avec les dents, quel-
quefois avec la main, comme dans ce passage :
■' Les claquetoit, et fouetloit sur les fesses. » (Brant.
D" Gall. T. I, p. 370.)
Faire claqueter la fronde s'est dit pour exciter
(1) Ed. Henschel, II, ;î77, col. 1. (n. e.)
(2) M. Littre relève la forme clamponniev. (N. E.)
(3) « La fouetter de cJaquades. » (N. E.)
(4) C'est un faux mendiant qui, de concert avec Babin, trompe la charitable épouse de .Toachin. Babin, comme Agnelet
dans Patelin, prend au piège le faux possédé : « Adieu , Claquedent , dans la fosse , t'y demeurras jusqu'à demain. »
(V. 0. Leroy, Etude sur les .Mystères, p. "178.) (N. E.)
(5) D'Oudin le traduit par abattinniro. En Italien, ahattimento est un combat simulé. (N. E.)
(C) A la page IIW on lil : « Elle claquelte toute seule , C'est un moulin , c'est une meule D'un moulin qui tourne
tousjours. B (N. E. )
(7) On lit encore dans Ronsard (852) : « Et de coups redoublez l'un sur l'autre abondons , Font craquer leur maschoire
et claqueter leurs dents, s (N'. F..)
IV. 0
CL
42 —
CL
des rumeurs contre le cardinal Mazarin et lui faire
craindre de nouveaux troubles semblables à ceux
de la Fronde. (Voyez Mém. de Nemours, p. 137.)
VARIANTES :
CLAQUETER. Oudin, Nicot, Dict.
Clacqueter Brant. D" Gall. T. I, p. 370.
Claquetis, sitbst. masc. Claquement. On lit,
en ce sens : claquetis des dénis. (Pasq. Rech. p. 671.)
Claqiiette, subst. fém. Instrument propre à
faire du bruit*. Loquet d'une porte °.
* On vient de voir ([ue t'/r(ry!<f/ se disoit aussi dans le
premier sens. Oudin et Nicot appliquent, dans cette
acception générale, cliiiuette et claquelte. On disoit
sonnera la cliquette, [lour publier. (Bouch.Serées,
liv. III, p. 290. - .\Iolinel, p. 196.— Crétin, p. 185.)
On disoit aussi cliquettes et cliquottes de ladres (1).
« Faisoit son tel que font les ladies en Bretagne,
« avec leurs cliquettes. •• (Rabelais, T. II, p. 185.)
« S'il est trouvé entacbé de la dite maladie, on
« devra lui bailler pour une fois, s'il n'est du lieu,
» un chapeau, manteau gris, cliquottes etbesasse. »
(Coût, de Ilainaut, Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 150.)
^ Dans le second sens, on disoit plus communé-
ment cliquettes. (Voyez ce mot.) On trouve cepen-
dant (luelquefois cliquettes, avec celte signification :
Doulx yeulx, indes, esmeriUons...
Qui font marcher sur espineltes,
Et galans aller a mussettes;
Soit à geler à pierre fendant ;
Baiser les huis, et les cliqnellcs,
Pour les dames qui sont dedans.
L'Amant rendu cordeiier, p. 582.
(Voyez Œuv. de Rog. de Collerye, p. 88, et Loisel,
Instil. Coût. T. II, p. U7.)
variantes :
CLAQUETTE, Oudin, Nicot, Rabelais, T. II, p. 185.
Cliquette. Id. ibid.
Clicquette. Oudin, Dict.
Cliquotte. Coût. Gén. T. II, p. 150.
Claquin. [Intercalez Claquin, monnaie des
comtes de Flandre et des ducs de Bourgogne :
-< Deniers blans, appeliez claquins. » (JJ. 111,
p. 195, an. 1377.) Au reg. 132, p. 157, an. 1387, on lit
encore: « Hennequin dist à icellui François que se
« li se vouloit partir, qu'il seroit quittes pour un
'< claquin. » Enfin au reg. 157, p. 257, an. 1402:
« Icellui Courbet reiuist derecliief audit Paille que
« il voulsist encores jouer pour un gros claquin de
« Flandres. » Voyez plus bas Cliquart.] (n. e.)
Clar. [Intercalez Clar, glas en Auvergne, d'après
Du Gange (II, 378, col. 3.)] (n. e.)
Clarence, subst. fém. Il semble que ce mot
désigne l'épée de quelque ancien héros qui l'avoit
rendue célèbre par ses exploits :
Vien, Attropos et me couppe la teste,
iJe Durandal, Joyeuse, ou Clarence
Ou de Courtain, ou llamberge qu'est preste:
Ainsy aurai de mes maulx alegeauce.
Départie d'Amours, p. 242, col. 3.
Clarer, verbe. S'éclaircir. On a dit, au figuré :
Paien lor abat et ocit.
Et chace, et tue et desconfit :
Li renc claroient en droit li,
Moult lor a lait, ce jor, anui.
l'aiton. de Bl. MS. de S. G. fol. 132. R- col. 3.
Clarifier, Vf rfce.Eclaircir (2). On ne se sert plus
de ce mot qu'en chimie. On disoit autrefois clarifier
droit, pour éclaircir la vérité d'un fait, ou la justice
d'une cause. En parlant des gages de bataille, ou
lit : « Quand le deft'endeur a sur ses périls baisé
« la croix et le te igitur (canon de la messe), pour
« plus clarifier droit à celui qui l'a, le mareschal
« les prend par les mains droites, et les fait entie-
« tenir (tenir l'un l'autre par la main). » (Ord. T. I,
p. 440.)
Clarine, subst. fém. Terme de blason. La
rnéme chose que clarin, suivant le Dict. d'Oudin.
Ce mot subsiste, au.ssi bien que clarine. (Palliot,
Science des Arm. p. 174.)
Clarisses, subst. fém. plur. On appeloit ainsi
les religieuses de Sainte Glaire (3). (Voyez la Roque,
Orig. des Noms, p. 253.)
Claroier. [Intercalez Claroier, s'éclaircir,
comme plus haut clarer :
Quant Garins point, les rens fait claroier.
Garin le Loherain, t. I, p. 242.
Par devant lui fait les rens claroier.
Id.,p. 2(j4.1 (n. e.)
Claronceau, subst. masc. Diminutif de clairon.
On écrivoit quelquefois claron. (Voy. l'art. Clairain.;
On lit, en parlant de l'armée des chrétiens eu
Afrique : « Moult grant beauté, et plaisance fut
« d'ouir les trompettes, elles, claronceaux (4) retea-
« tir, et bondir, etc. » (Froissart, liv. IV, p. 57.)
Clarté, subst. Clarté (5), dans le sens de lumière,
vue. Marbodus (art. 32), en parlant de l'ema-
thite, y dit : « Des palpebres t.olt l'aspreté e as ui!/.
« d'une clareté. «
VARIANTES :
CLARTÉ. Orth. subsistante.
Clareté al. Clarece.
Clartée, subst. fém. Clarté *. Célébrité ^.
* L'acception propre de ce mot et son ortho-
(1) On la nommait aussi (ac(ai'ene ou ia>-(ei'e»e. (N. E.) ,,...,. ,. ..,^
(2) Il a le sens d'expliquer au reg. JJ. 189, p. 460, an. 1460 : « Le suppliant contendent de clanfficr et justiffier son excuse
et descharge. » On lit déjà dans S' Bernard (551) : « Geste apparicions nostre Signer clarifiet m cest jor. » (N. e.)
(3) EUe est née à Assise, en IIM. (N. E.) , , ,. . •.. „ „
(4) On lit encore au t. II, p. 436 : « Il i et grant noise de trompâtes et de claronchiaus. » Au passage cite , M. Kervjn
(XIV, 157) imprime ; «Trompetes et ctefons. » (N. E.) . •,.,,. ,t,t An-,, r, ,.
(5) Froissart écrit ; « Et sachiés que très grans trésors v fu gaegnies qui oncques ne vmt a clareté. » (IV, 107). On lit
encore dans Ch. d'Orléans {Bal., 67) : « CeUe clarté qu'il avoit apportée, Si m'esveiUa du somme de soussy Ou j'avoye
toute la nuit dormy. » Marguerite (18'' Nouvelle) écrit aussi : « La dame laissa la porte ouverte , et alluma de la ctarlii
là dedans... » (N. e.)
CL
- 43
CL
graphe subsistante se trouvent dans un de nos
anciens poètes :
Clartés, et lumières
Est de tous biens, nus n'en i puet falir,
Fors que pités, dont ne m'os aatir.
Poês. MSS. Valican. n' 1490. fol. 101, R'.
^ Au figuré, ce mot signifioit célébrité, noblesse
de guerre, en latin clarigatio, suivant le Gloss. du
P. Labbe, p. 495 (1).
VARIANTES (2) :
CLA.RTÉE, Clarteit et Clarteiz. S. Bern. Serai, fr. MSS.
p. 10. Dans le latin claritas.
Clairté. Apol. pour Hérodote, p. 229.
Glerté. Dict. de Rob. Estienne et Cotgrave.
Claruise. [Intercalez Claruise, dans l'expres-
sion mettre à claruise un fossé: « Nous volons...
« que lidil religieus soient tenu dudit fossé nyer et
« mettre à claruise, tele que on ne puist venir à
« ledite forteresche. » (JJ. 53. p. 53, an. 1313.)] (n.e.)
Clas, subst. masc. Tintement de cloches. Celui
(lui se fait pour les morts jusqu'à ce qu'ils soient
enterrés. (Voyez Borel, Cotgrave, Corneille, Ménage,
Celthell. de L. Tripp.) Les orthographes clar, cliar,
clias sont du patois d'Auvergne. On dit fif/as (3) à
(irléans, selon Nicot.
* variantes :
GLAS. Orlh. subsistante. Dict. univ. (4)
Glachs. Du Gange, Gloss. au mot Classicum
Clias, Cliar, Clar, Id. ibid.
Classes. Glais (p), Glai.
(iLAS. Oudin, Nicot, Dict.
Classent. Il faut peut-être lire cslecent, ou
rsleessent, du verbe eslecer. (Voyez ce mot.)
Classiaire, subsL masc. Amiral. Celui qui
commande une année navale. (Dict. d'Oudin.)
Glau, subst. masc. Clou. Nous rapporterons,
sous l'orthographe clou qui subsiste, diverses
expressions hors d'usage sur ce mot. Nous sommes
obligé d'en faire un article particulier, parce que
clou avoil autrefois d'autres significations que clau.
La même raison nous a obligé de faire aussi un
article particulier de clos, amjuel nous renvoyons
pareillement (6). Voici quelques passages sur les
autres orthographes ;
Sous covreture, ou ait, ne clau, ne late.
Kievre de Rains, Poês. MSS. avant 1300, T. III, p. Il('i7.
Un ancien poëte, en parlant de J.-C, a dit :
Sa digne car percierent li clau trois.
Poes. MSS. Val. 11° 1490, fol. 126, V".
« Le flatteur est ennemi de toute vérité. Il liche,
« ainsi que un cloug&n l'œil droit de son Seigneur,
« quand il fécoute, etc. » (Petit Jean de Saintré,
p. 95.) Nous trouvons clo, dans le Gloss. du P.
Labbe, p. 495. On disoit proverbialement :
Ne li reraaint vaillant un clo.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. I, fol. 109, V col. 2.
Remarquons cette autre expression : mettre à
clox, pour afficher :
. . . Excommeniement fet.
Par les grans portes des citez.
Eu mis à clox, c'est veritez.
Que chascun le pouist savoir.
Hist. de France, à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 70.
VARIANTES I
CLAU. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 126, V».
Cleu. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 116, V» col. 1.
Cleus, plu)-. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. lvii, d" col.
Clex, piur. Ibid. chap. LX, col. 50.
Clo. Gloss. du P. Labbe, p. 495.
Clox. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 70.
Gloug. Petit Jean de Saintré, p. 95.
Clou. Orth. subsistante.
Claiidin, subst. masc. plur. C'étoit le nom
qu'on donnoit aux pèlerins de Saint-Claude. (Voyez
"Apol. pour Hérodote, p. 594.)
Claiisatge. [Intercalez Clausatge , clos dans
Stephanot, tome III des Antiquités Poitevines,
p. 69G du ms. (Du Gange, II, 385, col. 3) : « Dat
" B. Juniàno duas borderias terre... et medietafem
« clausatge de vineis. »] (n. e.)
Clause, partie, fém. Close. On lit clauses et
fermées, dans les Mém. du Bellay, T. VI, p. 144.
Clause, subst. fém. Couplet*. Clôture ^. Pois-
son '^. Ce mot, dont l'usage est encore fréquent, a
perdu ses trois anciennes significations.
* En termes de poésie, clause est un couplet, une
strophe. « Nota que je ne mets point de différence
« entre clause, couplet, et baston, pour ce que
« clause, et couplet se appellent baston en Puy
(composition pour les prix desPuysNostre-Dame). »
(Fabri. Art. de rhélor. liv. II, fol. 30.) (7)
^ Clause est pris pour clôture, dans une Ord.
T. V, du Recueil, p. 704, puisque féditeur avertit
qu'il faut entendre clos, enclos; il conjecture même
qu'il faadroit restituer euclos.
"^ Clause éloil aussi une sorte de poisson, qu'en
gascon on nomme cola, suivant Du Gange, au mot
Colacus. Alors, c'est une faute pour alause, alose (8).
Clausele. [Intercalez Clausele , réserve, ex-
ception : « Desqueies choses les loys du franc
( l) Il signifie encore résultat : « Oncques li rois de Cipre ne peult aultre cose impétrer dou roy d'Engleterre ne plus
grant clarté de son voiage, fors tant que tout dis fu il liement festijés. » ("Froissart, VI, 385.) (N. E.)
(2) Le mnt est dans la Chanson de Roland (v. 1432) : « N'i ad clartet se li ciels nen i fent. » (N. E.)
(3) Cette forme se trouve dés le xii' siècle dans R. Wace : « N'out chapelle en la ville où il eust clochier, Ou li glas n'en
sonnast pour le roy essaucier. » (Du Gange, II, 379, col. 3.)
(4) Cette forme ne se trouve qu'au xiv siècle dans Bercheure (fol. 44, recto) : i Le consul a fet fere silence en sonnant
le clas à ce acoustumé. » (n. e.)
(5) On prononçait tjlais au xvil« siècle, que Richelet préfère à ojas. (N. E.)
(6) On lit au reg. 138, p. 115, an. 1389 : « Cultellus magnus, gallice à clau. » (N. E.)
(7) On lit dans Thomas de Cantorbery (166) ; « Li vers est d'une rime en cinc clauses cuplez : Mis langages est bons , car
en France fui nez. » (n. e.)
(3) Maigret, dans son traité de grammaire (xvi« sièclet, appelle clause la proposition , comme renfermant une pensée
parfaitement terminée ; clause signifiait déjà sentence au xw siècle (Girart de Rossillon, v. 536) : « Tant chief, tantes
sentences : chascun en dist sa clause. » (N. E.)
CL
— 44 -
CL
« maiiileiioit tondis le contraire par unu clausele
« générale, contenue oudil keurbrief, laquelle dist
« que de luule chose, dont mention n'est faite
« audit keuibiief, doit eslre droits eclievinages :
« par hKiuelle c/rtHs<'/e... » (Ch. de 1323, Du Gange,
11,388, col. 1.)](n.e.)-
Claiisenieiit, adv. Expressément. >' Estoyent
« nommés eslioictement, et clauwment en la dicte
« charte aliii que de nul cas préjudiciable ne se
« peussent excuser. » (Froissart, liv. IV, foi. 58.) (1)
Clausiou, Ruhsl. féin. ïeime de procédure.
Appoinlenient de cause. (Laur. (iloss. du Dr. fr.)
Clausporte, snbst. Jem. Cloporte. Sorte d'in-
secte, (Dict. de Borei.)(2)
VARIANTES :
CLAUSPORTE. Dict. de Borel.
Clolporte.
Claustier, adj. Claustral.
VAIUANTES :
CLAUSTIER. Cotgrave, Dict.
Claustrieu. Rabelais, T. I, p. 189.
Claiistr, subst. inasc. Gage. Mot du patois
breton (3).
VARIANTES :
CLAUSTR. Du Cange, au mot Claitstrum.
Claustre. Id. ibid.
Claustreux, adj. Claustral.
Ja devine qu'il fut clntistrciix,
Chief de martel d'orfaverie.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 247, col. 2.
Clausuler, verbe. Comprendre dans un traité.
Dans les clauses d'un traité. C'est en ce sens qu'on
lit, au sujet du libre exercice de religion demandé
par les catholiques: « Au lait de libres, puisque
« vous scavez ce qu'avons consenty, vous ne serez
<> scrupuleux à leur chaitsukr, à leur contente-
" ment. » (Négotiations de ,Ieann. T. 1, p. 53.)
Clausure, subsl. fém. Exclusion, prohibition.
En latin clansum, dans la Règle de S' Bern. lai. fr.
Ms. de Beauvais, ch. G (4).
Claux, subst. masc. Claude. Nom propre.
David le roy loyal,
Ne Salemon, Alixandre, ne Claux (5),
JuUes Cezar, etc.
Eust. Desch. Tocs. MSS. fol. 1-87, col. 3.
Clavain. [Intercalez Clavain, haubert :
Car desmaillié et desrompu
Sont lor escu et lor clavain.
Henart le Nouvel, t. IV, y. 668.
Clavains, broines fors e massices.
Chr. dus Jucs de Norm., v. 37.*!,
Veslus ont los clavains et les obiers coterels.
Koniaii de l'Escouftle. fol. 83, V'.
C'est un dérivé de clavet, anse, anneau.] (n. e.)
Clavaire, subst. masc. Gardien des clefs*.
Officiel' public ^. Concierge, pjrtier •=. Nom de
famille °.
* Le premier sens est la signification propre de
ce mot formé du latin clavis, clef, et celle que lui
donne Oudin.
Au figuré, on a employé indistinctement ce mol,
pour tous officiers, receveurs du domaine (0), Iréso-
riers de France et autres qui sontchargés de la garde
de titres, archives, etc., ou autre dépôt ; même'pour
gardien d'une maison, le concierare, le portier, etc.
^ Clavaire semble désigner un officier public ou
de justice, dans ce passage : « Nous ordonnons, et
'' voulons que les prothocoles, et extensoires (pour
« ostensoires) des notaires de nos terres, et juri-
« dictions, soudain advenue la mort, et décès
« d'iceux, seront respectivement reliiez par les
« bayles (baillisl des lieux de noslre diele jurisdic-
« lion, desquels voulons que soit faict, par notre
« clavaire, inventaire contenant, elc. " (Coût, de
Bueil, Nouv. Coût. Gén. T. II, p. r242.)
'^ On a aussi nommé clavier non-seulement des
officiers chargés du dépôt de litres et d'archives,
mais même de simples concierges ; « Entra en une
<• garderobe ou sa femme éloit, le clavier, et deux
« varlels, et mangeoient, et rigoloienl, etc. » (La
Tour, Inslruct. à ses filles, fol. 4.) Ce mol paroit
employé dans un sens plus noble, en ce passage :
« Le comte de Provence l'avoil conslilué clavcre
« de son chasleau, ayant la garde des clefs de la
" ville. >' (J. de Notre-Dame des Poët. prov. p. l'29.)
On a même donné à saint Pierre le titre de très
glorieuLic clavier de paradijs. (J. d'Aulon, Ann.de
Louis XII, fol. 56.) Dans les Epilhèles de M. de La
Porte, on nomme le mois de janvier, par une figure
hardie, le clavier de l'an, parce qu'il ouvre l'année.
° Enfin, clavaire, ctavel ou clavier, qui, dans
leur origine, désignoient une charge de la chambre
des comptes, devinrent des noms de famille.
(Menestr. Orn. des Arm. p. 476.)
variantes ;
CLAVAIRE. Nouv. Coul. Gén. T. II, p. 1233.
Clavere. j. de N. Dames des Poëtes prov. p. 129.
Cl.weri. Id. ibid.
Cl.wier. Le Chev. de la Tour, Instr. à ses filles, fol. 4.
Clavel. Ménest. Ord. des Arm. p. 476.
(1) M. Kervyn (XIV, 160') imprime : « Et par espéclal Perrot le Bernois,... estoient nommés estroittement et closement en
la dilte chartre. » Il signifie encore dans la retraite : « Saint Silvestre ne chevaucha pas à deuz ou trois cens chevaux ,
mais setcnoit moult simplement et closement à Rome. » (XI, 256.) (N. E.)
(2) On lit dans Paré (XIX, 16) ; « Une beste semblable à un cloupoi-te, que les Italiens appellent porccleti. v Dans 0. de
Serres (012) : « Cloopovles, autrements pouroelets de Saint Antoine. » (N. e.) '
(3) Ed. Honschel, t. II, 387, col. 3 : « Armoricanis claustr vel claustre est pignus. » (N. E.)
(4) Calvin donne la forme clausule (56) ; « Par quoy l'apostre, disent-ils, comprend tout ceci par une clatisttle , qu'il faut
que tous comparoissent devant le siège judicial du fils de Dieu. » (N. E.)
(5) Pourquoi mettre Claude en compagnie de héros, quand il est synonyme de Jeannot ? (N. E.)
(6) Il était surtout employé au-delà de la Loire. On fit aux statuts du Dauphiné (Du Canye, II, 382, col. 1) : « Quantes fois
que ung clucaive greffier, fermier et autre créditeur voudra faire compellir ung ou plusieurs débiteurs. » C'est un receveur
au reg JJ. 197, p."41, an. 1463 ; « Item commettent et ordonnent les diz conseillers ung receveur ou clavaire, qui est tenu
lever l'argent que les diz conseillers mettent sus, tant pour nous que pour les affaires de la dite ville. » (N. E.)
CL
45
CL
Clavairie. rinierc;ilez Clavairie , recette,
comme clavaire^esl un receveur: « Tout ce que
'< trouvères par nous ou nos prédécesseurs avoir
.' été baillé, transporté et aliéné, faites-le réunir et
'■ remettre aux leceples et clavairies ordinaires,
" en cliargeant les clavaires d'en l'aire recepte et
• entrée doresnavant comme par le passé a esté
" accoustumé de faire. » ^^Charte d'Aix, an. 1462,
Du Gange sous clavaria.)] [s. e.)
Clave. [Intercalez Clave, massue: « Item se
« auscuiis a esté férus de clave mortel, se il ne
« meurt du cop doit estre fait amende. >• (Libertés
de Màcon, JJ. 77, p. 111, an. 1346.)] (n. e.)
Clavé, adj. On appeloit tornois clave:. une
espèce de monnoie :
Trop auroie petit conquest
A jouer à vous, ce me semble;
Qar andui n'avez mie ensamble
Qui vaille dix tornois clavez (1).
Fabl. MSS. du R. n» 1-218, fol. 235, R° col. 2.
Clavel, snbst. nuise. Clou (2).
VARIANTES :
CLAVEL. Borel, Labbe, Gloss.
Clave.\u. Borel, Dict.
Cl.weaulx, plut: Rabelais, T. II, p. 160.
Claveler, adj. Cloué *. Orné de clous °.
* Dans le premier sens, qui est le sens propre,
on a dit des pieds de J.-C. (|u'ils étoient clavelés en
la croix. (Mandevie.)
^ Au figuré, on a dit d'une épée que « le dessus
« du pommeau étoit clavclé d'une grosse poiuie de
« diamant. » (Alector, Roman, fol. 11.)
Claveler, verbe. Clouer*. Orner de clous ^.
* On trouve ce mot employé, dans le premier
sens, par Rabelais, T. Ill, prol. p. ix.
^ Dans le second sens, voyez Oudin, Dict.
Clavelle, siibst. fém. Petite clef.
Que XV ans n'ay, je vous dis :
Moult est mes trésors jolis;
S'en garderai la clavelle :
Sui-je, sui-je, sui-je belle.
Eusl. Desch. Toës. MSS. fol. 174, col. 1.
Claver. [Intercalez Claver, faire une levée,
d'aprèsDu Cange,ll,o8y, col. 2: « C/awr Dombenses
« dicunt terrain subigere, quà ager aquis oppositus
" conficitur. » Dans une charte de 1335 (Hist. de
Leyde, II, 421), on lit: ■ Item que toutefois que ly
« voir jurez d'eauwe planteront staiches, que on
'< dist clawiers. >'] (n. e.)
Clavereleux. [Intercalez Clavereleux, clavelé,
dans une charte du Ilainaut de 1265 (Du Cange, II,
383, col. 1): >■ Le brebis, mais k'ille ne soition-
« gneuse ne clavereleuse, ne tourniche. »] (n. e.)
Claveler. [Intercalez Claveler, frapper à une
porte (JJ. 158, p. 133, an. 1403): .< Iceulx frères
>' revindrent audit huis que ilz trouvèrent fermé,
« et commencèrent à claveler fort;... et ne ces-
« serenl point de claveler et hucher. ■■] (.n. e.)
Claveuche. [Intercalez Claveuche, clou d'or-
nement: " Un ayneau d'or, quatre frans d'or,
« environ trente ou quarenle cluveuches de deux
" deniers la pièce. •• (JJ. 129, p. 25, an. 1380. )](n. e.)
Claveure, subst. fém. Serrure. Oudin, dans
ses Dict. ital. et esp donne mal le sens de ce mot.
11 traduit inchiodatura en italien, enclavadura en
espagnol, encloueure. Les passages suivans prou-
vent que la vraie signification de claveure est
serrure. « Clefs desquelles il ouvroit à trente et
« deux claveures {^), et quatorze cathenatz, une
« fenestre de fer bien barrée. >- (Rabelais, T. IV,
p. 206.) On lit, ibid. T. III, p. 130 : « Plus rouillé
que la claveure d'un vieil charnier. » (Voy. Faifeu,
p. 30, et le Dict. de Cotgrave.)
Claveurier. [Intercalez Claveurier, serrurier
an leg. JJ. 142, p."^13G, an. 1391 : « Ledit Perrotin
« et un autre, par l'aide d'un claveurier ou ser-
« rurier, ont desrobé ledit Jacques de la somme de
<' neuf cents escuz. » Au reg. JJ. 188, p. 91, an.
1459 : « Et se print icellui claveurier à besongner
« ù la façon desdiz mai teaulx. »] (n. e.)
Clavier. [Intercalez Clavier, portier au reg.
92, p. 225, an. 1363: « Lesquels boutèrent hors
« ledit chastel le clavier ou portier qui en icellui
» estoil. " Voyez plus haut Clavaire ] (n. e.)
Claviere, adj. au fém. Qui est à clef. (Voyez
Epitli. de M. de La Porte.)
Clavilliere, subst. fém. Le claveau. Maladie
des moutons. Claviliere est du langage genevois.
On trouve dans Ronsard, Hymne à S' Biaise : tac
et clavelée.
variantes :
CLAVILIERE. Journ. des Sçav. may 1745, p. 912.
Cl.welée. Oudin, Dict.; Pathelin, p. 73 (4).
Clavèe. Nicot, Dict.
Clavin (5), subst. masc. Partie d'une armure.
C'etoit celle qui se mettoit sous le haubert et par
(1) Dérivé de clavus, clou ; nous dirions « dix liards percés. » Dans Robert le Diable (Du Cange, I, 795, col. 1), il a le sens
de ferré ; « Ses escus qui bien est clavcs Ne fust il mie mieulx froés. » (N. E.)
(2) Ce sont aussi les anneaux du c/ai'tu/i, du liaubei-t ; « N'i a broine si fort clavel Qui vers sa lance ait garantise. »
(Chr. des ducs de Normandie, v. 1258.) On lit encore au Roman de Vespasien, fol. 83, recto : » Et très qu'il est armés del
hauberc à clavel. » On di^ait même hanap à c-/cii'e/ ; « Li variés, qui tenoit un hanap à clavel. » (.Brun de la Montaigne,
v. 188(). p. p. P. Meyer pour la Société des Anciens Textes Français.) M. Meyer, au vocabulaire, renvoie au vers 3053 et non
au vers 1886, puis écrit : Hanap à anse, « a claspe, hook, or buckle, » Cotgrave, sous claveau. Un hanap d'or à claveau,
sans pied, est mentionné dans le Gloss. des Emaux de M. De Laborde, sous hanap. » (n. e.)
(3) « Avec ce rompistes la c/auc'îo-e de ma huche et emportastes nostre argent... Le suppliant avecques une doelle de
pippe rompit le morillon de la claveure de la huche. » (JJ. 163, p. 36, an 1408.) On lit encore au reg. 167, p. 179, an. 1413 ;
« Le suppliant rompit le moraiUes de ladite claveure e l'escrousson d'une pince de fer. » (n. e.)
(4) Au v. 1096; « Et puis je lui fesoie entendre, .\ffni qu'il ne m'en peust reprendre, Qu'ils mouroient de clavelée. » (n. e.)
(5) Voyez plus haut ctavam. (n. e.)
CL
— m
CL
dessus le pourpoint. On lit, en parlant de Roland,
;"\ la bataille de Roncevaux :
Et puis apriès tant si s'efforce,
Qu'il le desmaille le haubiere,
Et puis li fait un autre raiera
Que le clavins, et le pourpoint,
Li a transpercié, et despoint, etc.
Ph. Mouskes, p. 190.
Dans Du Gange, Gloss. latin, au mot Coterelli,
col- 1129, on lit cette citation du Roman de la prise
de Jérusalem par Titus :
Vestu ont les clavains, et les longs coteriaux.
VARIANTES (1) :
CLA.VIN. Ph. Mouskes, MS. p. i'JO.
Clavain. Du Cange, au mot ColerelU.
Clavonné, partie. Cloué. Il semble que ce soit
le sens de ce mot, dans ce passage : « Mettes vostre
« huon sur une bute assés haultes, et doit estre
« sur ung baston fourché, clavonné, qu'elle se
•• puisse seoir. « (Modus et Racio, fol. 84.)
Clavure, suhst. fihn. <• Tout se mesure par
« nombre de pieds, à rapporter à la verge ; à
« laquelle verge on doit tant adjouster de pieds,
» qu'elle contienne vingt pieds de clavure. « (Bout.
Som. Rur. p. 367.)
Clawier. [Intercalez Clawier, pieu (voir la
citation sous claver).] (n. e.)
Clayel, subst. niasc. Clôture. Peut-être le gril-
lage qui renferme une pêcherie. On lit : « Closuram
« piscarie vocatam claijel », dans le Très, des Chart.
(Reg. 81, Pièce 1, octobre 1351.)
Glayer, subst. masc. Claye. « S'il y a bourbe
« qui nuise à passer, en ce cas il fauldroit porter
« des claiers, ou des fagotz. » (Le Jouvenc. fol. 28.) (2)
Cledat, subst. 7nasc. Enclos (3). Ce mot, dans le
patois de Béarn, signifie proprement une étendue
de terrain entouré de fossés ou de pieux, où l'on
fait paître des bestiaux. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
Clede, subst. Claye. Mol gascon (4) ou languedo-
cien, sur lequel il faut voir Du Cange, Gloss. lat.
aux mots Clcdal, Cleida, et Gaseneuve, Orig. de la
langue fr.
VARIANTES :
CLEDE, Cledo.
Clée, subst. féru. Claye *. Le dessus de la
main °.
* On a dit, au premier sens :
11 me faut couchier sur l'estrain,
Et faire couste d'une cloie.
Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 238, col. 4.
Traisné sur cloijes noires (5) désigne une peine
ignominieuse, dans la Jaille, du Champ de Bat.
fol. G5, R°. Le P. Labbe, Gloss. p. 496, dit : Cloie,
ou creil, crûtes.
On lit, en parlant des boucliers que l'on tenoit
serrés les uns contre les autres, comme des clayes :
Devant euls les ourent levez
Come cleez, joint, et serrez.
Rom. ie Rou, MS. p. 323.
^ Comme le dessus de la main ressemble, en
quelque sorte, à une claye, par les nerfs et mus-
cles, on s'est servi du mot cloije (6), pour le dessus de
la main. « Elle vous donne à baiser la cloye de sa
« main. » (Percef. Vol. V, fol. 75.) On écrivoit aussi
cloe, et nous lisons, en parlant de la manière de
porter le faucon sur le poing, qu'il ne faut pas
qu'il soit sur la cloe de la main, ne dedens. (Modus
et Racio, ms. fol. 111.)
VARIANTES (7) :
CLÉË. Nicot, Borel, Dict.
Clés, plur. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 311.
Clie. Cotgr. Mém. de Montluc, T. I, p. 26 (8).
Cr.YE (9).
Cloue. Modus et Racio, fol. 69. R».
Cloe. Modus et Racio, MS. fol. 111, R°.
Cloie. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 238, col. 4.
Cloye. Nicot et Du Cange, aux mots Cleia et Clncn.
Clei, subst. fém. Clavicule*. Jeu^. Instrument
pour monter une arbalète '^. Instrument pour ouvrir
une porte". Secret, moyen ^.
* Clef{\0) a signifié autrefois cetos que nous nom-
mons clavicule. « Un roy ayant eu un os de l'es-
» paule, nommé la clef rompu, dit au chirurgien
« qui ne cessait de lui demander grand salaire ;
<• prends en autant que tu voudras, puisque tu as
« la clef; le raillant par ce mot omonide (syno-
« nyme) clef. « (Div. Ley. de Du Verd. p. 506.)
^ Il y avoit le jeu des clefs, ou les clefs, jeu
encore en usage parmi les écoliers (11). (Voy. Le
Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 141.)
'^ On disoit clef de la détente d'une arbalesle,
pour désigner la clef qui servoit à la monter. (Percef.
(1) Dans Agolant, on lit clauen ou claven (p. 181, col. 1); « Claven ot bon et hiaume peint à Hors. » (.v. E.)
(2) Nous avons la forme féminine clayère, parc à huitres. (N. E.)
(3) Le mot subsiste comme nom de famille. (N. K.)
(4) C'est un nom de heu dan.'; le département du Gard, commune de la Grand'Combe. On lit aussi au reg. JJ. 194, p.
an. 1466 : « Le suppliant portoit une clede ou claye qu'il avoit faitte. » (n. e.)
(5) On traînait sur la clcne les cadavres des duellistes, des suicidés et des condamnés à mort. (n. e.)
(6) Voyez rlaie. (N. e.)
217,
(7) On'lit encore au reg. .1J. 196, p. 276, an. 1470 : « La clnije ou clide du champ de myl. » (N. E.)
le employée par d'Aubigné (Hist., m, 226): « Les commissaires de l'artillerie,
(8) C'est aussi la forme
chemins, eurent quelquefois "la peine de faire cheniiner demie lieue l'artillerie sur des clies. » (n. e.)
(9) « Le suppliant s'enfouit audit villaige jusques au dedans d'une clye près et au rez des maisons,
an. 1464.) (n. e.)
(10) Il vaudrait mieux écrire claie ou cloie: « El n'a, ce semble, point de ventre , Que tout le pis.,
l'eschine. » (La Rose, 10210.) (n. e.)
(11) On lit aux Contes de Cholières (fol. 174) : « Ils passeront deux ou trois heures à jouer au flus ,
condemnade, au trou madame, à la clef, à remue ménage. » (N. E.)
à cause des mauvais
» (JJ. 199, p. 519,
. Pent à la cloie de
à la séquence , à la
CL
- 47 —
CL
Vol. IV, fol. 2'2.) (1) On en trouve la figure dans le
P. Daniel. (Mil. Fr. T. p. ÂA2.)
Tendent, et encochent errant ;
En haste vent les clés serrant.
Cordes font leur quarriaus baler.
G.Guiart,MS. fol.SOI, R'.
° Clef, pour instrument à ouvrir une serrure, se
dit encore ; mais jadis il s"est quelquefois écrit
clerf. « Les clerfs des chaisnes qui sont derrière les
" portes, et guidiez de la ditte ville. » (Ord. T. III,
p. 664.)
^ C'est de cette acception propre que dérive celle
de clef, pour secret, moyen. On disoit figurément
en termes de chasse : « C'est la clefûu mestier que
« d'avoir pingons bien appellans en la ligne, et es
« caagettes. » (Modus et liacio, ms. fol. 186.) (2)
Il nous reste à citer les principales façons de
parler anciennes et hors d'usage, oîi le mot clef est,
employé dans l'acception subsistante :
1° Clef des cloches. Les consuls de Montpellier,
qui s'étoienl révoltés en 1.370, apportèrent au duc
d'Anjou, pour marque de leur repentir, » les clefs
" (les cloclies, et le bataict ibattant) de la cloche,
" desquieulx ils avoient sonné le triquenehan (toc-
sin). » (Chron. S' Denis, T. lU, fol. 46.)
J'aurois pu omettre celte expression, qui certai-
nement est une faute; car on lit dans le même
passage de la Chron. fr. ms. de Nangis : « Les clefs
>• des portes, et le balel de la cloche dont l'en avoit
« fait le touquesin. »
2° Clef mailresse, autrement clef de confiance.
Peut-être la clef de la cassette ou du trésor ' ; roi
Philippe II (3). Touchant ;'i son dernier moment, le
prince héréditaire « dit t'i Christophle de Mira, qui
" est-ce qui tient la clef mailresse? C'est moy,
'< monseigneur, respondit-il ; donnez la moy, dist
>' le prince. Voslie Altesse me pardonnera, dit
■ Christophle de Mira ; c'est la clef de confiance. »
(^Brant. Cap. Eslr. T. II, p. 108.)
3» Avoir la clef des cliaiiips. Façon de parler
encore usitée parmi le peuple, pour signifier être
mis en liberté, On la trouve dans J. Chart. Hist de
Charles VII, p. 266 (4). (Ess. de Mont. T. I, p. 168, etc.)
4° Avoir la clef signilioit gouverner.
la clef de France avoit ;
N'estoit, ne dus, ne conte, se l'encontraisse en voie,
Se je le saluaisse, qui n'en eust grant joie.
Fabl. MSS. Ju P.. n- 7218, fol. 2i5, R- col. »,
5° Etre clef et serrure, pouvoir tout, être tout-
puissant.
Il estoit clef el serreurc :
De tout le réaume avoit la cure.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvd, fol. 82.
6° Prester lesclefs. C'étoit prêtera un prisonnier,
relâché sur sa parole, de quoi recouvrer entière-
ment sa liberté, en payant sa rançon. Bertrand
Duguesclin, ayant été fait prisonnier, dit, en par-
lant de lui-même : « J'auray tost payé, si je suis
« délivré, et tel espargne le sien," et fa bien
« enfermé qui, pour moy aidier, m'en prestera les
« clefs. « (Hist. de B. Duguescl. par Mén. p. 299.)
7° Pimir avec la clef semble mis pour punir en
marquant d'un fer rouge : » Si quelque sentence
" estoit reformée, cl mise au néant, pour cause de
« faux tesmoignage des hommes, des eschevins,
« d'arbitre, et d'autres, les moins particuliers, ils
« seroient punis avec la clef. » (Coût, de Cassel,
au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 708.) On trouve un
exemple de cette punition dans la Coût, du Pais du
Franc, p. 605.
S" Lesclefs le roy{:>). C'est le droit de faire enfoncer
une porte par la voie de la justice, lorsqu'on refuse
de l'ouvrir. « Toutes les fois que l'en va penre
« (prendre) pour dele, par jusliche; etchil, ou chele
« seur (sur) qui l'en va penre, ne vient debonnaire-
« ment monstrer ses choses, ainçois (mais au con-
« traire) tient ses huis clos contre la volenté de
« justiche, les clefs le ro)/ doivent estre fêtes; ch 'est
« îi dire li serjans puet, et doit biisier che que l'en
« ferme. » (Beauiminoir, p. 28.5.)
9" Jet ter ou mettre les clefs sur la fosse (6) se
disoit pour renoncer à la succession d'une per-
sonne morte. (Oudin, Cur. fr.) Cette renonciation
se faisoit en jetant effectivement les clefs sur la
fosse du mort : ^ En commun langage, quand nous
« voulons dire qu'une femme a renoncé à la com-
« munauté de son mary et elle nous disons qu'elle
« a jnis les clefs sur la fosse : qui me fait dire
« qu'avec la renonciation judiciaire, il falloit encore
(1) « Il n'y failloit ne corde ne clef pour la descocher. » Cette clef devoit servir aux arbalètes à cric , où la tension est
produite par un petit cric fixé à larbrier. (n. e.)
(2) On a dit aussi au sens de passage qui permet d'envahir un pays : « Se vous laissiés caste bonne chité de Berwich et
ce bel castel de Rosebourch, qui sont sus marche et clef^ de vostre pays à rencontre del royaume d'Escoche. » (Froissart.
II, 250.) Ce sens est dans la Chronique de Rains (89) ; « tiamiette... li clés de la terre. » (N. E.)
(3) En Espagne, on nomme gentilshommes de la clef d'or, les grands officiers qui ont droit d'entrer dans la chambre du
prince et portent une clef d'or à la ceinture, (n. e.)
(4) 'Voici la citation . « Quant aux autres qui ne se peurenl sauver assez à temps dans iceUe ville, ils prirent les clefs des
champs àl'adventure, les uns par eaue et les autres par terre. » Machaut (p. 113) avait déjà dit : « Se tu pues sentir ou
veoir Que tes ennemis asseoir En bourc, en chastel ou en ville Te veillent, aie tant de guille, Qu'adès aies la clef des
chans. « (n. E.)
(5) On lit dans Joinville, au moment où il demande aux Templiers de l'argent pour la rançon de S' Louis (§ 384) : « Et je
regardai une coignie qui gisoit illec ; si la levai et dis que je feroie la clef le roy. » (n. e.)
(6) Après la mort de Philippe-le-Hardi « renonça la duchesse Marguerite sa femme de ses biens meubles pour la double
qu'elle ne trouvast trop grands debtes, niettant sur sa représentation sa ceinture, avec sa bourse et les clefs, comme il est
de coustume. » (Monslrelet, I, 17.) On lit dans Du Cange , II , 385 , col. 1 : « Apud nostros soient viduas claves et
cingulum supra mariti defuncti corpus projicere , in signum quod bonorum communioni nuntium dant , ne debitis
exsolvendis teneantur. » (Voyez Coutumes de lleaux (art. 53 et 54), de Lorraine (t. II, art. 3), MaUnes (art. 8), Melun
(art. 187), Chaiimont (art. 7), Vitry (art. 9i) , Laon (art. 16) , Châlons (art. 30). Voyez aussi Grimm , Antiq. du droit
germanique, p. 176. (n. e.)
CL
48 -
CL
« la cérômoi ic extérieure fies clefs. ■■ (Pasq. Heoli.
p. 3/ir. - Voyez Favin, Th. d'honn. T. II, p. 1807,
et le Dict de Cotgrave.)
VARIANTES :
CLEF. Orth. subsistante.
Cleis. s. Bern. Sprm. fr. MS. p. 4; en latin clavis.
Clebf. Ont. T. III, p. 664.
Clés. G. Guiart, MS. fol. 297, R».
Clementiii, siilist. masc. On désigiioit sous ce
nom ceux (|ui éloient de la famille ou du parti du
pape Clément :
Et pour le pape Clément,
De ses amis mi?t si très largement.
Et avança par devers court de Rome,
Que Clementin y seront longuement.
Eu8l. Uesch. Tofs. MSS. fol. 153, col. t.
Froissart, parlant du sciiisme entre Urbain \l et
Clément Vil (I), sous l'an 138:2, ajoute: ■> Appelloyent
« les François les Urbanistes, tant qu'en "foy,
■ chiens; et aussi les Urbanistes, les Clemen-
lins (t>). » (Froissart, liv. H, p. 235.)
Rabelais parle d'un vin qu'il nomme clementin
(T. IV, p. •i-28), soit que Cd fût le vin d'une vigne
]irès de Bordeaux, plantée par Clément V, et qui,
selon Duchesne, des Antiq. des Villes, liv. 111, ch. 2,
porte encore le nom de Vigne Clémentine, soit que
ce fût un vin supposé donné à l'Eglise par une clé-
mentine, comme le croit Le Duchat. (Voyez sa note
au lieu cité.)
démentis. [Intercalez démentis, chapelains
de l'église de Rouen, londés par Clément VI (JJ. 111,
p. 3-26. an. 1372) ; au testament de Charles V (1374),
on lit encore: >■ [les messes] doivent estre... dites...
i< par douze chapellains de laditte église, appelles
« les Ckmentis. »] (n. e.)
Clenche, suhst. fém. Loquet.
En le cambre, sans plus atendre,
"Vint à s'ostesse congié prendre :
Le clenke sache; lui ouvri
La bele dame, etc.
Fabl. MSS. du R. n' 1989, fol. 211. V col. 1.
On dit encore clenche, en Normandie, et les
Champenois disent clencher une porte, pour l'ou-
vrir en lournanl le loquet. (Falc.) (3)
VARIANTES :
CLENCHE, r.orel. Dict.
Clenke. Fabl. MSS. du R. n" 7989, fol. 211, V» col. 1.
Clinche. Dict. Univ.
Cler, siibsf. Espèce de fleur jaune. Peut-être
réclaire ou chélidoine.
Au joly may que clers ont figure jaune.
Perccf. Vol. I, fol. "S, R'col. 5.
VARIANTES :
CLER. Arr. Amor. p. 140.
Clere. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 103.
t:!er. [Intercalez Cler, sorte d'étoffe : <■ La mère
« de laditte Meline bailla une cote de cler qu'elle
» avoit à sa dlle. » (JJ. 107, p. '217, an. 1375.)] (n. e.)
ClerCO, adj. Illustre*. Clair ^. Certain "=. Pur,
net". Absous^. Liquide^.
* Ce mot, formé du latin clnrus, en a autrefois
retenu la signification, que nous ne lui avons con-
servée qu'au superlatif c/flr?ssim(?. On disoii autre-
fois, en ce sens : » Ellinde digne de venir avec les
« femmes très clcres en cognoissance publicque. »
(Hist. de Floridan, p. 691.) On a aussi écrit clerc,
en ce sens. (Petit J. de Saiiitré. p. 43.)
^ C/cr,dans le sens de clair (5), brillant, lumineux,
s'est dit souvent. (Voyez Beauman. p. 1 ; Ord. T. 1,
p. 44,").) De là, l'expression faire cler, pour éclair-
cir. « Tout ce qui obscur luy est, je face cler, et le
« mette au net. » (Froissart, liv. III, p. 262.) Comme
on a souvent confondu les deux orthographes eler
et clerc, on a écrit : aussi clerc que le Jour (Arr.
Amor. p. 140\ pour aussi clair que le jour. De même
on a dit arme an clerc, au cler, ou au clair, d'une
armure de fer poli, sans aucun oi-nement, ce que
l'on appeloit aussi armé à blanc. Froissart, liv. IV,
p. 108, dit : « S'arma tout au cler et à l'estioit, de
" toutes pièce, et lit son pennon développer tant
« seulement, dans le journal de Paris » (page 75).
" 400 hommes armés au clerc (G). » (Voyez Armés à
blanc, au mot Blanc.)
'^ Voir clairement, c'est être certain. Cler a signifié
certain. « Tout autre tel est, l'autre print. Si'dient
« aucunes gens ; mais je ne suis mie si cler corne
» de l'.iutre. » (Assis, de Jérus. p. 33.)
° Cler s'est dit aussi pour pur, net. Ainsi, on lit
clere eau, dans Percef. (Vol. ill, fol. 74.) Nous
disons encore, en ce sens, eau claire; mais il faut
remarquer que, dans le passage indiqué, traire
clere eau signitle tirer des éclaircissemens, expres-
sion figurée alors en usage. C'est en ce même sens
qu'on à dit le cler d'un testament, pour le montant
net, le total des charges et legs. (Coût, de Meaux,
Coul. Gén.T. I, p. 77.J
^ L'idée de net emporte avec elle l'idée d'absous.
On a dit cler, en ce sens. On lit, au sujet de Pierre
Craon : « (Ju'il couvenoil qu'a lusi cler eu France,
« et lui fussent pardonnes tous ses méfaits. » (Frois-
sart, liv. IV, p.22i,) (7)
■^ Enfin cler signilioit liquide. 11 a même encore
cette signilicnliou dans quelques endroits de la
Normandie. Alors on l'emploie substantivement,
comme en ce passage: « Pourrez arroser les pieds,
« du cler, au bouillon de la dicte composition. »
(Fouilloux, Fauconnerie, fol. 43.)
(I) On nomme Clémentines les décrétales de Clément V, publiées par Jean XXII. (n. e.)
(2; Comparez édition Kervyn, X, 205. (n. e.)
(3) En wallon, on a cliché et clichette, de l'allemand klinkc, loquet, (n. e.)
(4) Voyez plus haut clair, (n. e.) ,,.,.,.
(5) Clair est souvent l'épilhete de visage dans les Chansons de Geste; « Le front poli et cler, les oils vairs et nans. »
(Saxons, V.) — « La fille Rlanchellor, la royne au cler vis. » (Berte, XXX ) (N. e.)
(6) On lit encore au t. III, IJS : « Et là ordonnèrent trois batailles tout armé au cler. » Voyez ausii t. IX, p. 19.5. (x. e.)
(7) Comparez Kervyn, XV, 235. (n. e.)
CL
49 -
CL
Nous ne pouvons déterminer son acception dans
les vers suivans :
Amans doit estre loiaus,
El deboneres comme aigniaus ;
Et dous, et simples, que coulons (pigeon),
El hardiz de cuer, que lyons :
Ne doit estre, de chose clere (1),
Ne boubencier. ne menlere.
Fabl. MSS. du R. n- 7218. fol. 250, R* col. 2.
Fiemarquons quelques expressions hors d'usage :
1° On disoit cltr du tems. pour la matière fluide
qui environne la terre ; ce que nous appelons le
ciel. >' Tu le verras entre toy, et le cler du temps. «
iModus etRacio, ms. fol. 163.)
2° Cler de leu, pour crépuscule, ou, comme nous
disons, l'entre chien et loup.
La gent qui estoit en cel leu,
Bien seul voir cler de leu.
Kabl. MSS. du R. n- "218, fol. 295, R'col. 2.
3° Cler nemé, pour rare. Expression figurée en
usage parmi le peuple, en quelques provinces. On
la trouve dans ces vers :
Ceus doi on bien mostrer au doi,
Qu'il sont au siegle clef semé.
Fabl. MSS. du R. n- 7M5, fol. 78. R- col. 2.
4° Cler pays signifioit, en termes de chasse, une
étendue de terrain, une campagne sans bois. » S'il
« a aucun cler paijs ou lu puisses tendre les rais,
« si les y tens. » (Modus et Racio, fol. <)3.) 11 est
opposé ù fort i/aijs, bois, forêt, dans la Chasse de
Gasl. Pheb. .mss. p. 326. (Voyez pays couvert opposé
à clerc fustaye, comme le taillis opposé au bois de
fuitaie, dans Modus et Racio, ms. p. 73'2.)
VARIANTES :
CLER. Modus el Racio, MS. fol: 82, R».
Clerc. Arr. Amor. p. "140.
Clerc, subst. masc. Pris pour chanoine. On lit
dans ruist. de Tournus, par.Iuinin, p. 133 et 134,
que Guillaume, archevêque de Vienne, écrivit aux
moines de Tournus ; il les remercia » de ce qu'ils se
« sont employés de tout leur pouvoir, jusqu'à s'éta-
■ blir cautions pour la délivrance des clercs de
» Vienne « ; et on lit en marge : » c'est à dire des
« chanoines que Humberl de Beaujeu avoit faits
■I prisonniers. »
Clerc, subst. masc. Ecclésiastique *• Homme
lettré °. Commis '^. Garçon de boutique, valet °.
Pédant ^
Nous avons déjà remarqué, sous le mot cler,
qu'on avoit confondu les deux orthographes cler et
clerc, qu'il étoit essentiel de distinguer, puisqu'elles
annoncent des élvmologies très-différentes. 11 faut
donc rejeter cette confusion sur l'ignorance des
copistes. Nous avons employé, sous le mot cler, les
significations de l'orthographe c/«r, qui appartien-
nent au mot cler, dérivé du latin clarus. De même
nous placerons ici les significations de l'ortho-
graphe cler, qui appartiennent au mot dérivé du
latin clericus. Cette attention nous a paru néces-
saire pour tirer, autant qu'il est possiljle, la vraie
valeur des mots de l'obscurité qui naît souvent de
la confusion de leurs orthographes. Cette méthode
nous a souvent obligé de répéter la même ortho-
graphe dans divers articles, tantôt comme source
des autres, tantôt comme corruption. Cler est ici
corruption de la vraie orthographe clerc, qui, dans
l'article précédent, étoit lui-même corruption de
l'orthographe cler. Qu'on nous passe cette petite
digression. Nous avons cru pouvoir saisir cette
occasion d'expliquer la méthode que nous suivons
d'ordinaire et de la justifier.
* Le mot clerc, sous ses diverses orthographes,
pris dans le sens propre et conformément à sa
dérivation du ]al'm clericus, a signifié ecclésiastique
constitué dans les ordres el dans les dignités. Il s'est
dit aussi pour simple clerc, dans le sens oii nous le
disons encore aujourd'hui (2).
Parmi les derniers, il y en avoit qui étoient
mariés et d'autres iiui ne l'éloient pas (3). (Voy Coût,
de Gorze, Nouv. Coût. Gén. T. 11, p. 107'i, et Jnven.
des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 160.) Ceux qui
épousoient des femmes de condition serve lesaffran-
chissoient de la servitude, el elles jouissoienl des
privilèges de l'Etat libre, même pendant leur veu-
vage ; mais les clercs mariés perdoient leurs privi-
lèges, sitôt qu'ils quitloient la tonsure et l'habit
clérical, et qu'ils cessoient de servir l'Eglise ou les
hôpitaux.
Les passages suivans confirment cette explication,
et l'on y verra encore qu'il n'était pas permis aux
gens de condition (c'est-à-dire de condition serve,
servile) de faire leurs enfans clercs sans le consen-
tement de leur seigneur. « Des franches personnes,
« aucuns sont clercs, les autres sont laiz : les clercs
" sont personnes ecclésiastiiiues en ordre el dignité
« sei'vans à l'Eglise; et les autres sont simples
" clercs tonsurez, dont les uns sont mariez, et les
« aulres non. » (Coût, de Aleaux, Coût. Gén. T. I,
p. 75.) « Si un clcir a épousé une femme de serve
" condition, tel clerc affranchist sa femme de toute
« servitude qu'elle peut devoir à son seigneur;
» leur mariage, et son veufvage durant. » (Coût, de
Vitry, ibid. p. 456.)
(1) Entendez ; « c'est chose claire » ; c'est la rime qui amène cet hémistiche, (n. e.)
(2) La classe des clercs avait en propre nn costume el des privilèges ; tonsurés et même habillés d'une robe rayée,
d'après certains jurisconsultes du xiiF siècle, ils n'étaient justiciables que des tribunaux ecclésiastiques et ne payaient
point le droit de travers, lorsqu'ils transportaient des objets de consommation à leur usage, (n. e.)
(3) Le titre de clerc était aussi recherché que facile à obtenir ; il suffisait de prendre la tonsure et le premier des ordres
mineurs, tout en gardant sa place dans la famille et dans la société. De là ce passage du reg. J.T. 199, p. 403, an. 1464:
(f Après ce icellui Pierre Marchant se porta et advoua clerc, afin de ne faire aucunes réparations honoiables au suppliant. )i
On lit encore au t. V des Ordonnances (p. 377, an. 1370) : « Que clercs de bon nom" et de bonne renommée, soient receus à
estre bourgois de Tournay, et à joir des franchises de bourgoisies , et estre en tous offices , comme les autres ; mais
qu'ils aident à soustenir les charges et les fraiz de la ville, si comme les .lutres ; et en cas où il se mefTeroient , dont les
laiz seroient tenuz de perdre leurs bourgoisies, les ditz clers les perdroient aussi. » Le Monasticon Anglic. (,111, 244) nomme
ces clerici seculares, clercs viscars (vicarii). (n. e.)
IV. 7
CL
- 50 —
CL
Les termes de Juvénal des l'rsins (Hisl. de Charles
VI, p. '201), cU'v marié cviin unica virgine, que
Bouleillur (Soin. lUir. p. 717) appelle une non
l'orroiiipiii', compreiineiii les deux conditions sous
lesquelles les ("/«'/rs jouissoienl du privilégie de la
cléhealure, (luoique mariés : l'une exiçceoil qu'ils
ne fussent mariés qu'une fois, et l'autre (lu'ils
n'épousassent [las de veuves, à moins (ju'ils ne fût
prouvé iiu'elles étoient vierges. Les privilèges des
clers mariés étoienl moins étendus ijue les privi-
lèges de ceux qui ne l'éloienl pas (Voyez (ir. Coût.
de Fr. p. 18.) « Entre les clercs, aucuns sont
« mariez, aucuns non; les maryez jouyssenl de
" leurs privilèges si longuement ([u'ils portent la
« tonsure et l'habit clérical, et servent à une église,
« hospital, ou séminaire, et à faute de ce. ils les
<> perdent. » (Coul. de Lorraine, Coût. Gén. T. Il,
p. ior.7.)
Suivant la Coût, de Nivernois, « les gens de
» condition (c'est à dire d'étal servile) ne peuvent
« faire leurs enfans clercs, sans l'exprès consente-
" ment de leur seigneur : et s'ils le font, les dits
« clercs demeurent serfs, sauf quant aux corvées ;
>' et à son recours le seigneur, pour son inléiest, h
« rencontre des dites gens de condilions, clercs, ou
« prestres, et autres qu'il appartiendra. » (Coul.
Gén. T. I, p. 880.)
Le nom de clerc ou de moine s'est donné indiffé-
remment à ceux qui piofessi ient la vie monastique.
(Voyez l'clihien, Ilist. de la Vie de S' Denis, p. 14.)
Cependant le c/ereetoitdistingué du moine, suivant
la règle de S' Benoit, dans l'Apologie de l'abbé de
Rancé, p. 80.
^ Comme autrefois les ecclésiastiques étoient les
seuls lettrés, ainsi qu'il paroit par ce passage de la
préface de MabiUon, p. 284 : « Soli fere clerici
« litteris mstrucli erant », le nom de clerc (1) a été
donné à tout homme savant. (Voyez Dicl. deMonet,
Borel, Corneille, Gloss. de Marot et le Closs. des
Coût de Beauv. où il est dit que les mots il clerc,
li lai se prennent pour les personnes de lettres et
pour les ignorans.)
Le roi de iNorrois(2) ayant envoyé au roi de France
un brief, c'est-à-dire un billet ou lettre :
Li rois a le séel brisié,
Il lut le brief, quar il ert cJera.
Parlon. de BUiis, MS. de S. C.arm. fol. 134, R* col. 3.
Car chevaliers ont honte d'estre cters.
Eusl. Descdi. Pocs. MSS. fol. 137, col. 2.
Le même auteur, parlant delà nécessité d'étudier
l'histoire, pour devenir bon général ou chevalier
parfait, et comparant le chevalier non cler au clie-
valier cler, ajoute :
L'espée n'a que trois tranchans,
Des non clers chevaliers errans;
Les deux taillans, et puis la pointe;
Mais chevaliers clers l'a plus cointe,
Plus puissant, plus fort et plus belle :
Quatre taillans .t s'alenielle.
Eusl. Deacli. Poës. MSS. fol. 549, col. 4.
On lit dans Babelais. livre I, page 252 : « Magis
" magnos clericos non sunt magis magnos s;ipieTi-
« tes.' « Le proverbe est répété dans les Essais de
Montaigne, T. I, p. 189, et on le trouve expliqué en
marge : les plus grands clercs ne sont pas les plus
sages.
On appelle clercs, ceux mêmes qui sedestinoient
aux lettres, les écoliers :
mon niaitre vous annonce,
Par moi, qui suis un de ses clers nouveaux, etc.
Cléra. Marol, p. 2f.8.
Miraumont, parlant des conseillers clers [S] au Par-
lement, croit qu'à cause de leur savoir ils ont retenu
le nom de clerc, « qui disoit anciennement homme
scavanl elde lettres {'t) ». (Cours souver. p. 20.)
Ce litre de clerc étoit aussi donné aux officiers
du conseil. Le seigneur de Goux, f.iit chevalier en
1453, à l'attaque des Gantois, et depuis chancelier
du duc de Bourgogne, comme il est dit p. 399, est
appelé le principal du conseil pour les clercs, dans
01. de la Marche. Liv. 1, p. 404.)
On conserva aussi ce titre aux officiers militaires,
comme on peut le voir dans un compte de 1485 de
l'Etat des Officiers du D. de Bourg, p. 31, où l'on
assigne 120 francs à messire Baudoin de la Nieppe,
amiral de Flandres, qualifié, dans ce même compte,
clerc licentié en loi.r, précepteur de M^' le comte de
Nevers
Clerc, pour secrétaire d'un seigneur. (Voyez
Duchesne, Gén. de Guines, p. 283, til. de 1241.) "Uii
seigneur dit : Mon clerc trésorier de Vitré, dans
Duchesne, Gén. de Montmorency, p. 386, titre
de 12G5.
Le mot de cZerc étoit aussi commun à tous ceux
qui tenoient la plume. 11 s'est dit des écrivains en
général, des commis, des secrétaires, tant du roi
que des particuliers, et le Gloss. de l'IIist. de Paris
l'emploie dans le sens de greffier : « Tout ainsi que
« les secrétaires du roy estoient appeliez clercs.
» aussi les seigneurs appellerent leurs clercs, ceux
« qui avoient en leurs maisons la charge d'escrirc
>' sous eux, jusques à ce que ce mot est finalemeni
" demeuré à ceux qui escrivent sous les advocals.
« greffiers, notaires et procureurs. » (Pasq. Rech.
p. 681.)
Fauehet, dans ses Orig. des Dignités de Fr. (liv. I.
p. 21), remarque que le nom de clerc devroit èlie
donné à tous ceux qui écrivent sous des seigneurs,
au lieu de celui de secrétaire, qui ne convient qu'à
ceux qui écrivent sous le roi : <> Paix, ce dit M. de
(1) De là dans Froissart « clerc de droit », pour légiste. » (II, 367.) (n. e.)
(2) Norwége. (n. e.)
(3) C'étaient les conseillers ecclésiastiques, (n. e.)
(4) Au moyen-àge, les clercs possédaient seuls la science , car seuls ils apprenaient à écrire ; ils étaient scribes tt
donnèrent leur nom aux greffiers de la basoche, c'est-à-dire des huissiers procureurs et notaires. Do là cette phrase île
Robert Bourron (Du Cange, II, 393, col. 3) : « Li clerc sevent moût par force de clergie, Que autre gent ne sauroient mie •■
On lit encore dans Jean de Condé(id., 394, col. 1) : « A Nonneguin le fil Martin Le singe, qui bien sot latin , Et qui estoit
clercs couronnez, D'escrire à court et de conter Que li frait pooient monter. » (N. e.)
CL
— 51 —
CL
« Lusson, voilà qui a esté mon deir. ^fes succes-
« senrs usentde secrétaires, d'autant qu'ils sont du
« monde, et nous n'en sommes pas. " (Moyen de
Parven. p. 69.) « Adonc furent mis clercs en euvre,
■( et lettres esci'illes ù puissance ^en quantité] et
« messagers envoyés. " (Kroiss., liv. III. p. ISO.)
*= La dégradation de l'acception du mol clerc se fit
insensiblement. Des ecclésiastiques, il avoit passé
aux gens de lettres; de là, aux secrétaires, puis aux
commis, aux simples écrivains. Bassompierre, par-
lant d'un jeune garçon nommé Ducros, dit qu'il
l'avoit pris pour clerc de ses secrétaires. (Mém.
T. IV, p. 327.)
Uns prince.s pliiseurs prelas fait,
A ses despens d'u'i secrétaire.
Ou d'un simple clerc, le fait faire.
Eusl. Descli. Poês. MSS. fol. 523. col. l.
A la fin de l'Hist. de l'Invention du corps de
S" Antoine, ms. du président Bouhier, on lit :
« Cirard Goguye clerc demeurant à Beaune, l'a fait
<■ escrire eirsôn hoslel, par l'un de ses clercs. » (ms.
du P. Bouhier, ^N" col. G3.)
Il s'est dit en parlant d'un commis d'un receveur
général des finances, en HoO. dans J. Charl. Hist.
de Charles VII, p. '220. On lit dans une Ord. de 1320,
louchant les receveurs : « Us ne prendront dons.
<■ pensions nulles, ne soufîeront (souffriront, per-
« mellronl) à prendre à leurs clercs, ou escuiers. ■>
(Ord. T. I, p. 713.) Après le nom de plusieurs offi-
ciers de l'hôtel de ville de Paris, on trouve Piobert
Lamet, clerc, dans .Uivénal des Ursins. (Hist. de
Charles VI, p. 239.) L'éditeur explique clerc par
greffier.
Il s'est dit encore des commis ou facteurs d'un
mai'chaiul. « Jaques Cceur avoit plusieurs clercs, el
0 facteurs sous luy, qui se mesloient des dites
« marchandises. » (Math.de Coucy, IIisl.de Ch. VII,
p. 691.) « Audit mestier n'aura que dix vendeurs,
-< tant seulement lesquels vendront les dits pois-
» sons en leurs personnes, sans ce qu'ils les
« puissent fait vendre par leurs femmes , par
» leurs c/<?;'t's mesmes, ne par aucune autre per-
« sonne. ■■ (Ord. T. II, p. 358.)
° L'acception du mol clerc passa encore à des con-
dili(uis moins considérables. Ce mol fut employé
pour garçon de cabaret. L'auteur, après avoir
employé le mot de valet, .s'exprime ainsi :
Mais il fallut, ains que partir,
.\voir ung morceau de fromage :
Adonc, dist le clerc, mon amy,
Il fault compter, etc.
Villon, page 2S.
On verra ci-après qu'on appeloit les garçons de
cabarel clercs de taverne (1).
Clerc désigne un garçon tapissier, dans ces vers :
Mais une autre noise sailli,
Tantost, entre me.ssire Oijier
Et conlre .Vrnault le tapicier.
Après vint un autre debas.
De Robinet le cler Arnault.
Eust. Descii. Pues.
MSS. fol. iO*S, col. 4.
Il s'est dit aussi d'un homme qui est au service
d'un ermite, dans Lanc. du Lac, T. II, fol. 89.
^ De terme d'éloge, le mot clerc (2) devint terme
d'injure. « PédaiiC clerc, magister, sont mots de
« reproche : faire sottement quelque chose, c'est le
■■ faire en clerc. « (Sag. de Charron, p. 44.)
Apiès avoir exposé les diverses significations de
ce mol comme substantif, rapportons les façons de
parler dans lesquelles on femployoit :
1° On nommoit clers des comptes et maîtres
clercs les maîtres des comptes. " Quant aux audi-
« leurs, ils sont d'institution fort ancienne, et
« presque établis de même temps que les maistres
« clers, depuis appeliez maistres des comptes. »
(Miraum. des Cours souver. p. 441.) « Les conseil-
« 1ers de la chambre des comptes, les seigneurs, et
<• les clercs. » (Math, de Coucy, Hisl. de Charles VII,
an 1461, p. 734.) On lit : conseillers, et clers des
comptes. (Chron. Scand. de Louis XI, an 1461, p. 21.
— Voyez La Roque, Orig. des Noms, p. 274.)
2" On nommoil,au contraire, petits clercs 3 , clers
d'aval :4: ou d'en bas [ô], compagnons d'aval et d'en
bas, les auditeurs de la chambre des comptes. « Les
.■ auditeurs furent du commencement appeliez
« petits clercs, à la différence des maistres clercs,
" ecclésiastiques, et fort souvent clercs d'en bas, ou
« d'aval, parce que les maistres faiseoient leur
•• séance au bureau d'en haut, et les autres en ceux
« d'embas. >- (Pasq. Rech. p. 67.) « Les auditeurs
« éloienl lors appelles clers, petits clers el compa-
« gnons d'aval, parce que de la chambre, el burel
« des maistres c ercs, on descendoit, par dégrés,
« en leur chambre où ils travailloient aux écris
<■' faire de la chambre. » (Miraum. des Cours souv.
p. 415 — Voyez Ord. T. II, p. 98 — Du Cange, au
mot Cler ici.)'
3" Il y avoit des clers des arbalestriers. On lit
dans une ordonnance du 27 févr. 1359 (1360):
« Portant règlement sur tous les officiers du
» royaume, etc. En l'office de la clergie des arba-
« lestriers, sera à présent, et dores en avant un
« clerc tant seulement. « tOrd. T. III, p. 385.)
C'éloit une espèce de major, suivant l'abbé Des
Fontaines (Observ. T. I, Lett. 460, fol. 219), ou
plutôt cet office répondoit à celui de commissaire
des guerres, attaché au corps des arbalétriers. 11
avoit peut-être dans ce corps les mêmes fonctions
que le clerc du guet ci-après, officier militaire dans
une place (6).
(1) Dans les statuts de l'Hôtel de Philippe-le-Long (1317), il est parlé de clerc saucier. Au reg. JJ. 15S. p. 433, an. 140i , on
Ut aussi : « Et lors tantost baillèrent icellui argent au clerc de ladite taverne. » (.\. E )
(2) « Maint sont clers oii n'a que folie, Car sans savoir sont hors du sens ; Si se puet l'en bien chevir sans Tels clers ou
scien-^e n'est mie. » (E. Desch. , fol. 282.) (.v. E.)
(3) Dans un édit de 1359. (n. e )
(4) Dans une Ord. de 1378 (t. VI, p. 382. t. X, p. 100). (N. E.)
(5i) Dans un édit de 1407, 7 janvier, au reg. Pater, (n. e.)
(6) On nommait clerc des arrêts, le greffier du parlement, i Edit pour le parlement, le lendemain de l'Epiphanie, 1277.) ('^f . E.)
CL
— 52
CL
4* Clerc de capitaine d'une j'^Z/f semble mis il ms
le pass:i£;e suivant (joursiginlier ce que nouséiileii-
dons aujourd'luii par major d'une place: ■' Nul ne
« doit mettre son prisonnier sans congé. Mais en ce
« faisant, il est tenus, (|uand il a mis le piisonnier
« dedens la ville, d'en envoyer les noms au clerc
« du capitaine. » (Le Jouvenc. ms. p. i."i6.)
n» Les clercs d'armes étoient ceux qui étoient
attachés au service des rois et hérauts d'armes et
qui aspiroicnt ti ce grade. On les appeloit aussi
poursuivans d'armes. (Voyez le P. .Menestr. de la
Chev. p. 208. où l'on trouvera les cérémonies qui se
pratiquoient à leur création.)
6° Clerc de l'aumosne. Du Gange traduit ainsi les
mots clerici eleemosiiiœ d'un statut de l'Hôtel de
1317.
7° Clerc de boire. Dans la société des buveurs,
c'éloit le dernier reçu, celui qui servuil les autres.
« 11 fut décrété que la prochaine serée du lende-
« main se feroil en sa maison, et comme le dernier
« venu, on le créa cler de boire. » (Bouch. Serées,
liv. II, p. 157.)
8° Clerc des cas roijaux semble mis pour greffier,
en ce passage: « Est à scavoir que, tout officier
« général du roy, si comme baillif, ou lieutenant,
« procureur du roy, ou substitué, advocat du roy,
« sergent du roy à pied, ou fi cheval, clers des cas
« royaux, garde de prison royalle, etc. » (Bout.
Som. Rur. p. 8U8.)
9° Le clerc de la chambre aux deniers étoit une
espèce d'oflicier de la maison du roi. On lit dans
Petit J. de Saintré, p. 293 et 294 : « Que le roy le
« fisl tout deffrayer, en tant que (dans toute l'es-
'■ tendue de son royaume) son royaulme dura, par
« ung maistre d'hostel, et clerc de chambre aux
« deniers. »
10° Clercs de la chapelle du roy. Du Gange traduit
ainsi les mots clerici capelle régie, du testament
de Louis-le-Hutin, en 1316.
M° Clers du conseil. Ges mots répondent à ceux
de clerici consilii, d'un statut de 1285, rapporté par
Du Gange, T. II, col. 090. Ils furent institués au
nombre de douze, par Philippe-le-Hardi, en 1285,
suivant Miraumont, qui les regarde comme des
maîtres des requêtes. (Voyez Traité de la Ghancel-
lerie, fol. 49.)
12° Clers de droit. C'étoient des officiers du Par-
lement, peut-être les conseillers. Les ducs de Bour-
gogne et de Berri demandent à Gharles VI, pour le
comte d'Eu, la dignité de connétable, dont Clisson
avoit été dégradé par arrêt du Parlement, en lui
disant : « Clisson par jugement, et arrest des clercs
" de droit et de vostre chambre du Parlement l'a
« forfait. " (Froissart, liv. IV, p. 175, an 1392.) (1)
13» Clercs de V échançonnerie . Du Gange explique
ainsi ces mots clerici scantionariœ, qu'on trouve
dans le testament de Gharles-le-Bel de l'an 1321.
(Voyez Du Gange, T. II, col. 690.)
14' Clercs de l'escurie. C'est la traduction des
mots clerici scutiferia\ du testament deCharles-lc-
Bel. de l'an 1324, donnée pur Du Gange. iGloss. lai.
T. 11, col. 690.)
15" Clerc des euvres du palais. On lit dans une
ordonnance: •< Que ]ti clerc des euvres du dit palais,
« doit chacun an payer, une fois seulement, au dit
0 concierge, pour son valet qui nettoyé, ou fait
" nettoyerla courtdu dit palais, trente solz parisis. «
(Ord. T. 111, p. 313.)
16" Clerc familier dn duc. C'étoil, suivant la
conjecture de l'éditeur, le sécrétai; e du cabinet du
duc : il avoit cent francs de gages. (Voyez Etat des
Officiers du D. de Bourgogne, p. 20.)
17° Clercs de finances. Ils sont employés comme
synonymes à trésoriers, dans les Ann. de .). d'Aulon
de 1499, p. 112.
18° Clercs de la fourrière du roy. Du Gange tra-
duit ainsi les mots de clerici forrariœ, du tesiameut
du roi Louis-le-IIutin, de fan 1316, et du testament
de Gharles-le-Bel, an 1324. (Voyez Du Gange, Gloss.
lat. T. II, p. 690.)
19° Clerc de la geolle du Chastelet semble un
officier particulier du Ghàtelet. peut-être le greffier,
qui, d'après le passage suivant, étoit tonsuré.
Après avoir parlé du nommé Perrain des Fresnes,
clerc de la geolle du Chatelet de Paris, qui épousa
une veuve, il est dit qu'il fit ajourner le procu-
reur de Saint-Magloire, « en la terre duquel il
« demouroit, et le procureur du roy, par devant
« i'oflicial, pourouyr une certaine "requeste qu'il
<' entendoit faire contre eux, et chascun d'eux, pour
« le privilège de sa tonsure, et à la journée fist sa
" requeste, que comme sa femme, nonobstant
« qu'elle eust esté autiefois mariée, fust encore
« pucelle, si comme il offroit prouver, tant par tes-
« moings, comme par l'inspection de son corps,
« lequel il vouloit exhiber, que le privilège de sa
o tonsure luy fust sauvé, et réservé. » (Gr^Gout. de
Fr. p. 518.)
19" bis. Clerc du grenier. [Intercalez Clerc du
grenier: « L'on commettra et ordonnera un homme
« sage, loyal et diligent pour estre grenetier illec ;
« et un autre preudhomme loial et expert, qui
» scache bien écrire, lequel sera clerc dudil
" grenier, et controUeur dudit grenetier. » (Ord.
T. IV, ann. 1366, p. 695.)] (n. e.)
20° Les clercs du guet étoient des officiers qui
avoient le détail et la police du guet. On peut voii
quelles étoient leurs fonctions, dans les Ord. T. lll,
p. 668 et 669, an. 1363. (Voyez Gr. Goût, de Fr.
p. 9.) Clerc du guet est employé, dans la même
acception, comme officier militaiie, dans le passage
suivant, où il est parlé d'une ville prise sur les
ennemis: « Au regard de Gervaise, il aura l'office
« de maistre portier, et Jehan l'Archer sera clerc
« du guet, vous mareschal, etc. " (Le Jouv. fol. 30.)
21° On appeloit clers de halle les greffiers dé
l'hôtel de ville, suivant l'éditeur des Ordonn. T. V,
p. 133.
(i) Comparez éd. Kervyn, t. XV, p. 99. (n. e.)
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— 53 —
CL
22' Vlers d'honneur (1). Ondonnoit pouvoir à un
lieutenant de faire des clercs d'honneur, en Vii'l.
(Ord. l. VIll. p. 376.)
23" Grand &[ petit clerc. On enlendoit peut-être
par le grand clerc le chantre, et par le petit clerc
celui (jui servoit la messe. « Au venir querre mon
« dit corps pour enterrer, soit le curé, deux capel-
« laius, le grand clerc et \e petit, reveslus de sur-
u plis onde chappes, selon la saison, moy enterré,
" je veux et ordonne que mon obseque soit faite
I' par le dit curé, deux chappelains, diacre, et soubs-
'< diacre, le grand clerc el le petit clerc Je donne
<• au curé vingt sols tournois, je laisse au grand
« Cle7'c dix sols tournois, par condiction dicte du
« curé; au jjetit clerc, trois sols tournois. " (Bout.
Som. Rur. p. 874 )
24" Clerc juré paroît signifier greffier, en ce pas-
sage : « Le corps de la justice du dit marsal est
« composé d'un prevost maistre eschevin, six esche-
« vins, un cler juré, et un doyen. » (Coût, de .Marsal.
— Nouv. Goul. Gén. T. II, p. 1163.)
25" Clercs libraires. On nommoit ainsi les vingt-
quatre libraii es reçus anciennement dans l'Univer-
sité de Paris, (|ui étoient destinés à copier les livres
avant l'invention de l'imprimerie. (Voyez La Roque,
Orig. des Noms, p. 287.)
25" bis. Clerc de la loige. [Intercalez Cler de la
loige : « Item que li maires et eschevins ne
•' puissent riens lever, recevoir ne tourner devers
« euls des emolumens de la ville, ainçois y soit
" establi un preudomme, qui seraelerc de la loige,
» pour recevoir de par le maïeur et les esclievins. »
(Statuts pour la ville de Provins, JJ. 56. n. 599,
an. 1319.)] (n. e.)
26° Clerc de la marchandise de Paris. Peut-être
le clerc du prévôt des marchands. (Chron. de Paris,
T. H, fol. 254, an 1358.)
26° bis. Clercs des mareschaux. [Intercalez Clercs
des mareschaux : « Les, clercs des mareschaux ne
'• recevront aucune chose, se n'est des monstres
« des capitaines, qui auront le nombre de cent
« hommes dessoubz eulx, ou de plus. » (Ord. V,
p 660, an. 1373.1] (n. e.)
27" Maîtres clercs généraux des monnaies.
» Esloient, en l'an 1347 ; pour officiers quatre
" généraux appeliez maistres clercs généraux des
« monnoies. « (Miraum. des Cours souver. p. 629.)
« Ces conseillers généraux estoient anciennement
" appelles maistres clercs généraux des monnoijes,
« parce qu'ils dévoient être experts au faitd'icelles,
« et lors, le mot de clerc estoit entendu en cette
« signification, pour celuy qui estoit fort expert en
» son art, non qu'il fust d'église ou de robbe lon-
« gue. » (Ibid. p. 643.) L'ordonnance de 1359 porte
qu'il n'y aura que huit généraux maîtres des mon-
noies, et un seul clerc, avec deux gardes dans
chaque hôtel des monnoies. (Ord. T. III, p. 387.)
28° Cler de table étoit un officier à la cour.
(Gontred. de Songecreu.\, fol. 129.)
29» Clerc de nappes. Du Cange traduit ainsi le
clericus mapparum du testamenl de Charles-le-Bel,
de l'an 1324. (Voyez du Gange, Gloss. lat. T. II,
col. 690.)
30" Clercs notaires. Ils étoient distingués des
secrétaires du roi et des secrétaires des finances.
Ces secrétaires pouvoient faire la fonction des
clercs notaires; mais ceux-ci ne pouvoient faire
celles des secrétaires. (Voy. La Roque, de la Noblesse,
p. 202.) Pasquier qualifie les secrétaires du roi de
clers et notaires (Pasq. Rech. p. 349.)
30° bis. Clerc des œuvres. [Intercalez Clerc des
œuvres au Mémorial D, de la Ghr. des Comptes,
fol. 97, recto.] (n. e.)
31° Clerc d'office semble ici pour clerc servant à
l'église, et portant la tonsure. » Item encore s'éman-
« cipe le fils, quand il devient preslre, ou clerc
« d'office, qui en soy faict, et porte seigne. » (Bout.
Som. Rur. p. 572.) C'étoit aussi des espèces d'offi-
ciers de maison, chargés d'écrire la dépense. Ils
étoient subordonnés au contrôleur. (Voyez Etat des
Offic. du D. de Bourg, p. 46.) On trouve : « Michel
« Rote clerc d'office de ti-ès illustre princesse Renée
» de France, duchesse de Ferraie, etc. » (Du Ver-
dier, Bibl. p. 860.)
32" Clerc du papier. Eustache Deschamps a fait
une ballade surîe Liber generacionis, allusion pro-
fane de la généalogie de Jésus-Christ aux officiers
des finances et autres du temps de Charles VI. On
y lit :
Arphaxat fut fouagear :
Qui fut Ragam ? exécuteur.
Et Jacob ? le clerc du papier.
Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 310. col. i.
33° Clerc parochial ou clercq parrossial signifie
clerc servant dans une paroisse. On pourroit
l'expliquer par sacristain, dans ce passage : « Le
« dicl seigneur doit, par trois dimanches et quin-
« zaines continuelles, faire faire cry à haute voix,
« en la fin de la grande messe parochial de la
« dite ville, par le clerc parroch'iat A&V ég\\?,&, etc. »
(Goul d'Etampes, Goût. Gén. T. I, p. 701.) " .\a sei-
« gneur justicier, son bailly, de l'avis du curé, et
" pariochiens, appartient créer et instituer clerc
« parrochial, ministres, margliseurs (marguillers),
•' et charitables des pauvres. » (Coût, de Lille, ibid.
T. II, p. 900. — Voyez Coût, de Douay, Nouv. Coût.
Gén. T. II, p. 972.)
34» Clerc du partage. On disoit aussi clerc an
partage, greffiers du partage. Ils étoient préposés
à faire les partages entre les cohéritiers d'une suc-
cession. (Voyez "Cout. Gén. T. 1, p. 560, et Partage
ci-après.)
35» Clerc de la prévôté de Paris. « Ce clerc fai-
» soit tous les acles, escritures, et app'dnctemenfs
« des cas des prisonniers, civils et criminels. »
36" Clercs des requêtes. Maitre des requêtes, titre
que conservent aujourd'hui ces officiers, « aupa-
1 ravant appelles gens du conseil, clercs des
(i) 9 Donnons plain povoir et auctorité... de créer et faire clers d'honneur, et de mettre et ester ou remuer de lieu en
autre seneschauLx, viguiers et juges. » (n. e.)
CL
— 54 —
CL
« rcquesfes, suivans et poursnivans le roy ; et
« esloit lors le nom do ponrsiiivans commun h Ions
« ceux qui suivoienl la cour, el fort honorable ^i
« ceux qui portoient qualité de clerc de conseil et
» des requêtes. •> Miraum des Cours souv. p. 1"2!».
— Voyez Id. Traité de la Chaneell. fol. 55.)
37" Clerc de rhetoriciem. Peut-être celui qui
lenoit la plume dans un société de poètes, (|u'on
nommoit autrefois rliétoriciens. C'est ainsi que se
qualifie Eloy d'Amernal, dans un ouvrage intitulé :
la Grande heablerie, imprimé en l."i08 :
Eloy des enfans de Bethune,
Disciple, voire bien petit,
Des chantres, et musiciens ;
Et clerc des rhetnriciens :
Prestre indigne, et pouvres pescheur.
Hisl. du Th. Fr. T. II, ii. ■2lf..
38° Clerc du roti, et de la reine. On trouve <• Jean
« de Saubigny clerc du roy, et de la reine, c'est a
« dire secrétaire », dans l'Etat des Officiels du duc
de Bourgogne, p. 7(>.
39° Clerc snuleier. Espèce d'officier de la maison
du roi, suivant Du Gange, au mot Salsarius. C'étoit
peut-être celui qui écrivoil l'étal de la dépense pour
ce qu'on appeloit la saulcerie.
'iO° Clerc du secré ou du secret. Sous Philippe-le-
BeI,on appeloit ainsi les secrétaires du roi (1). « Ils
n étoient les dépositaires des plus secrètes, et des
a plus importantes délibérations de nos rois. Ils
« signoienl, et expédioient toutes les lettres closes,
« et les lettres patentes, toutes les dépêches, et
« expéditions qui contenoient l'état de la maison
" royale, et toutes les autres dépendantes de la
« grâce et volonté du prince ; lesquelles leur
« étoient commandées par les rois mêmes. « (La
Roque, sur la Nobl. p. 20'2.) lis étoient au nombre
de trois (2) et étoient distingués des clercs notaires,
qui étoient au nombre de vingt-sept. (Voy. Miraum.
Traité de la Chaneell. fol. 89.) On voit, ibid, fol. 91,
que le notaire ordinaire, suivant la personne du
roi, étoit appelé clerc du secré.
41" Clerc solut signifioit clerc libre, qui n'éloit
pas marié. " Ne peuvent les clercs soluts estre pro-
« cureurs en cour séculière, sinon qu'ils fussent
» procuieurs par autres clercs, ou pour l'église. »
(Froc. verb. de la Coût, de Bretagne, Goût. Gén.
T. II, p. 809.)
4-z- Ou appeloit clerc de successions onéreuses
un officier particulier chargé d'inventorier tous les
effets de ceux qui faisoient banqueroute, ou qui
mouroieiit surchargés de dettes. Il vérilioil aussi et
enregistroit les droits de chacun des créanciers, et
vendoit publiquement les biens et effets de la suc-
cession, en présence de deux échevins. (Voyez Goût.
de Bruges. - Nouv. Goût. Gén. T. l, p. 579.)
43° Cle7-cs de taverne. G'étoient les garçons des
cabarets. « Tous jongleurs, basieleurs, et joueurs de
« cordes, et tous autres jeux dilTamez : escorcheurs.
« bouchiers, couratiers, fauconniers, clercs de
■< taverne, et moult d'autres sont personnes diffa-
■' niées. » (Gr. Coût de Fr. p. 513.)
'd° Clercs du temple ou du trésor. Les clercs du
temple, siiivaut Du Gange, étoient les clercs du tré-
sor. (Voyez Gloss. lat au mol Clerici templi, seu the-
sauri regii (3) } Les clercs ou clairs du trésor étoient
les contrôleurs, suivant Pasquier. « Le receveur
" général, assisté d'un contrôleur, que l'on nom-
« moil clair du thresor. » (Pasq. Rech. p. 85. —
Voy. La Roque, sur la Noblesse, p. 365.)
4,5° Clerc de la ville. C'étoit un officier municipal.
« Que li maires, ou celuy qui sera en lieu de iuy,
" ne puisse amener avec li fors d'eux de ses com-
« paignons, et le clerc de la ville, et un, pour
■> parler, se métier en aura. » (Ord. des R. de Fr.
T. I, p. 8-2.)
46' Clercs viseurs. Vicaires, chantres, selon Du
Gange, au mot Clerici secuïares, d'après le Mo-
nasticon Angiicaniim.
47° Clerc des vivres. Du Perron, depuis maréchal
de France, sous le nom de maréchal de Retz, avoit
été commissaire, et clerc des vivres, sous Henri II;
après quoi il prit l'épée, et vint par degrés h être
maréchal. (Voyez Brant. Gap. Fr. T. III, p. 3'i7.)
48" Roij des clercs. On lit : « Henry filz .(ehannin
« Treillette roij des clercs à Nantes. « (Hist. de Bre-
tagne, T. II, col. 1184.)
49° Clercq cleriquant, ou clercq marlier (mar-
guiller). Clerc laie, faisant l'office de clerc. « Les
« gens d'église, et tous autres beneficiers ne pour-
>■ ront estre punis, ne corrigez par les juges secu-
" liers, pour leurs excès, et délicts par eux commis,
« et perpétuez, ne condamnez en aucune lois, ne
<" amendes, si iceux n'avoient auparavant esté
" déclarés incorrigibles, et rendus eu la main secu-
« liere, en forme de droit; et quant aux clercqs
« cleriquans, non constituez es saincls ordres,
« seront sujects aux lois, et amendés selon la
« coustume. >■ (Coût, de Hainaut, Nouv. Goût. Gén.
T. H. p. 159.1 Ils sont appelés aussi c/erc(/s marliers.
50° On employoït clers et paisan:, pour signifier
tout le monde, tous en général. (G.Guiart, sis. f°2l5.)
51° Ménestrel, el cler, et prestre s'est dit dans le
même seus (jue ci-dessus. (G. Guiart, ms. fol. 220.)
52° Cleie, ne lai est mis pour personne dans ce
vers :
Il n'i a cleie, ne lai enz.
Fahl. MSS. du R. n- 7015, T. I, fol. 08, V col. 1.
53° Parler comme un clerc d'armes (4). C'étoit une
expression adverbiile pour signifier parler en igno-
rant, juger d'une cliose sans la connaître. (Oudin,
Gur. fr.) « Ne parlons plus de la guerre, de crainte
« qu'on ne nous reproche en parler comme clercs
d'armes. « (Bouchot, Serées, p. 39.) « Je ne parle
« point en clerc d'armes, je l'ai vu. » (Gontes de
Cholières, fol. 220. — Voyez ibid. fol, 105.)
(t) Leur confrérie ne fut créée qu'en mars 1350. En 1370, ils eurent une chambre au palais du roi. (^N. e.)
(2) Sept en 1343. {s. e.)
(3) Dans un compte de 1322. (n. e.)
(4) Henri IV appelait .Tacques I" d'Angleterre « capitaine es arts et clerc et; armes. » (n. e.)
CL
CL
Proverbes :
1. Famine (le povres clers (1). (Prov. à la suite des
Poës. Mss. ;ivaiil 1300, T. IV, p. 1651.)
2. t'ompcKjnte de clers. (Ibid.)
3. Li cler iiostre Dame de Cliarlres. (Ibid.)
i. Tous ceux ne sont pas clercs qui en portent le
semblant, ni chevaliers qui portent espérons {'£).
(Perceforest, Vol. IV, fol. i'2.)
5. Avoir à clers, toison à chiens,
Ne doivent pas venir à bien.
Fabl. MSS. du R. n' 'iGli, T. I, fol. "-2, V' col. î.
Voyez d'aulres proverbes dans le Dict. de Colgr. (3)
VABI.iNTES (4) :
CLERC. Orlli. subsistante.
Cler. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 378, col. 1.
Clers Parton. de Bl. iMS. de S. G. fol. 134, R» col. 3.
Clercq. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 972.
Clier. Villehardouin, p. 120.
Clés, plur. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1157.
Cleie Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. I, fol. 68, V» col. i.
Clei'cé, partie. Reçu clerc. (Voyez Statu Is de
la Bazoche, p. 111.)
Clei'celiere, subst. fém. Clavier. Espèce d'an-
neau qui sert à joindre des clefs ensemble.
J'ayrae mieux voir sa clerreliere,
Ses cousteaux, sa jaune jartiere.
L'or clinquant de son demy ceinct, etc.
Des Accords. Bigarrures, fol. 31, V°.
Clerçon, subst. masc. Diminutif de clerc. (Voy.
Cotgrave et Oudin, Uicl.)
Tant k'il n'i ot clerc, ne clerçon (5).
Ph. Mouskes, MS. p. 70.7
VARIANTES (6) :
CLERÇON. Poës. MSS. Vat. n» 1522, fol. 164, V" col. 1.
Cleriçon. Du Cange, Gloss. lat. au mot Clericio.
Clereton. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 43, R°.
Clerion. Borel, Dict.
Clerjon. Du Cange, Gloss. lat. au mol Clericio (7).
Clergeon. Fauch. Lang. et Poës. fr. p. 170.
Clergeau. Pasquier, Rech. p. 517.
Clergaut. Fabl. MSS. du R. n° 7218, fol. 164.
Clerdoiis, subst. masc. Officier particulier.
Peut-être le grefrier. « Nouviaus bouchiers qui tail-
" leul cb;ir, doit 3'i. deniers au clerdous, et une
" père de cliauces, à la value de lt> deniers ; et au
■ prevost, un muy d'orge. » (Ane. Coût. d'Orléans,
p. 47i.) « Quiconque entre as oances, 32. deniers
•< au clerdous. » (Ibid.)
Clere. [Intercalez Clere : 1° Blanc d'œufs:
.< Icellui lîernart print des estouppes et de la clere
« des oefs, et au mieulx qu'il seut appareilla les
" playes, qui fort seignoyent. " Ji. 1G5, p. 3Î)0,
an. 14)1.) 2° Clairière :'>■ Et d'illec [Lamberville] se
" parti et s'en vint par costes et par clere. tant que
« il vint à 1^'ontaines le Sourf. » (JJ. 152, p. 282,
an. 1397.)] (.N. e.)
Cleremeut, ndv. Clairement, ouvertement i8\
(Voyez Ord. T. I, p. r,62.) On a dit, au ligure :
.... après ceste besoingne
Emprise ateneusement.
Ne s'entr'amerent clerement.
G. Guiart, MS. fol. 32, R".
Cleres, subst. fém. plur. Barreaux. (Dict. de
Nicol.)
Cleres voyes, subst. fém. plur. Nous écrivons
claires voyes, ouvertures des murs l'eimées seule-
ment de barreaux, de sorte qu'elles laissent la
liberté de jouir de la vue. » En la quatriesrae tour
« se tenoit Avarice, en celle tour esloient huit
« chambreltes : en la première ordinairement fre-
« quentoit Larrecin ; en la ii' Rapine, en la ui' Usure,
" en la iv Sacrilège, en la v Simonie, en la vi' Chi-
« cheté ; en la vu Fraude ou Tromperie ; en la
« VIII' Parjurement, et par dessus ces chambreltes,
« aux cleres voyes (1»), se pourmenoit, desguisé en
« forme d'homme, et rictiement vestu, un diable
» que Jésus Christ appelle en l'Evangile Main-
<■ mone. » (Cartheny, Voyage du Chev. Err. fol. 47.)
Clergairenient. adv. Cléricalement. D'une
manière convenable à un clerc, à un ecclésiastique.
(Voy. Ord. T. Ill, p.. (iOC. — Bout. Som. Rur. p. 50«.
- Ord. T. V, p. 536.)
VARIANTES :
CLERGAIREMENT.
Clergement, Clergeument, Clergiaument.
Clergastre, subst. musc. Diminutif de clerc. Ce
mot emporte une idée de mépris :
Ce sont clergastre (10) qui mesdient ;
Qui les meschines contralient.
Parton, de Dlois. .MS. de S' Gcnii. fol. iU, V" col. -2.
Cleiastre semble avoir la même signification dans
le passage suivant :
songieres fii.
Et cleiastre, et faux pecheor.
Fabl. MSS. du R. n- 1218, fol. 77, R" col. 1 .
(1) On peut voir dans r/4/v/ii/rf/(!i(s ou Grande lamentation de Jean d'Anlville, les misères des étudiantsauxiF siècle, (x. Y..)
(2) Les nègres des colonies françaises disent encore : « Tout ça qui porlè zèperons, pas maquignon. » (N. E.)
(3) Voyez aussi Leroux de Lincy (II, 121 et 122.) (N. E.)
(4) On lit déjà dans Roland (str. 256) : « Ensemble od lui si clerc et si chanoine. » (N. E.)
(5) On lit encore dans Renarl (20029) ; « Sarez rien de celui afere Que li maistres fait as clerçons, Quant il lor ajprent les
leçons. » (N. E.)
(6) On lit encore clergon au reg. JJ. 140, p. 20, an. 1390 : « Comme Audry Michelet eust prins un des enfans de son frère,
et l'eust tenu à ses despens à l'escole, et tant que à son pourchaz il l'avoit fait faire des clergous de l'èglise de Lyon. » (x. E.)
Cl) Il cite le Roman de Rou : « Et tant estoient exploitiés, Que ne sai laquelle léchons Est alez lire un des clerjons. t
Ailleurs : « Chantent li maistre clerc, et chantent li clerjon. » (n. e.)
(8) Il signifie aussi en petit nombre: « Des apelés 1 a gramment, Mais li eslit sont clerement. » (Bestiaire, ms. Du Cange,
II, 370, col. 1.) (N. E.)
(9) On lit aux Emaux de De Laborde (xvi' siècle, p. 216) : « Une couppe plate, d'argent doré, à tout son couvercle , dont
le pyé est faict à ciervoises et à lettres. » (N. E.)
(10) On lit au 9- Miracle de Notre-Dame (t. II) : « Cil clergastre sermonéeur Sont tout si fort tribouléeur, Qu'erbe fout
paistre à simple gent : As plusours tolent lor argent... Li un préeche à haute vois Que le dent porte Sainte Crois, Et li autre
jure cum a Des sains jours que Dex jeûna Enseelé en un cristal ; Li autres r'a en un cendal la jointe de lAssention ; De la
Purification R'a li autres plaiue fiole ; Li autres dist c'une canole Et une coste a de Tous Sains. » (D. C, V, 691, col. 3.) (m. s.)
CL
r.G -
CL
VAHIANTIÎS :
CLEUGASTRE. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. Lx, col. H.
Cleiastbe. Fabl. MSS, du R n» 7218, fol. 77, R" col. 1,
Clergé, sithst. masc. Droit canon. « Le seigneur
« de Corasse avoit un plaid en Avignon à rencontre
« d'un clerc de Catelongne, lequel clerc estoit en
« clergé {\) fondé 1res grandement, et clamoit avoir
.1 grand droit en cesdismes de Corasse. » (Froissart,
liv. 111, |). 05.)
Clergeamnent. [Intercalez Clergeaument :
1° Doctement; en latin H If crali ter {Gloss. lat -fr.
769'2); '•2° Clcricalemenl : « Tous clers non mariez.
« tant nierclians comme vivans clergiaument. »
(Ord. III, 54, an. 1356.) Au t. V, 536, an. 1372: « Les
dittes gens d'église vivant clergeumens. »] (n. e.)
Ciergeresse, subst. fétu. Femme savante*,
iteligieuse^. Femme de grefder'^.
*.Sur la première significalion de femme savante,
gui est la plus commune dans nos anciens auteurs,
voyez les Dicl. de Corel, Corneille, Oudin, Gloss.
des Arr. d'Amour, et Du Gange, au mol Clerici (2).
Escoutés donc ce qu'on dira,
Aprenez, soyez ciergeresses.
Coquillart, p. 3.
« Femmes qui déclinent aussi pour se montrer
« grandes clergesscs. ■■ (Des Ace. Bigarr. p. 16. —
Voyez Chron. ms. de Nangis, sous l'aiî 1310.) On lit,
dans une satyre de Régnier intilulée la Macette:
Clerijesse, elle fait j,T la leçon aux prêcheurs,
Elle lit Saint Dernard, la guide des pécheurs.
Satyre xiii.
^ On a dit clergesse pour religieuse, selon le
Gloss. de rilist. de Paris.
•^On appeloit aussi c/f?'r/essc, une femme de clerc,
de greffier.
Une simple huissière, ou clergesse
Aujourd'huy se présentera
Autant, ou plus, qu'une duchesse.
Coquillart, p. 26.
VARIANTES :
CLERGERESSE. Coquillart, p. 3.
Clergesse. Oudin, Dict. et Des Ace. Bigar. p. 16.
Clergei'ie, subst. fém. Greffe. <• Nous avons
« ordené et ordenons que nous prevostez, lahei-
« lionages, clcrgeries tant de nous senescliauciées,
« balliages, etc. » (Ord T. ÎII, [lage 439.) On verra
ci-après clergie dans le même sens.
Clergez, subst. inasc. plur. Ofliciers de justice.
(Voy. rOrdonn de Charles V, de l'an 1356, citée par
Laur. Gloss. du Dr. fr.)
C\er(}ie, subst. fém. Science, savoir*. Langue
savante*^. Clergé "=. Greffe" (3).
* Sur la première acceplion de science, voy. Dict.
de Borel, Corneille, Ménage, Gloss. sur les Coût, de
Beauvoisis, el Du Gange, au mot Clerici. On lit, en
parlant des ecclésiastiques : « Comme ainsi fust
« qu'il n'y eut qu'eux qui fissent profession de
» bonnes lettres, aussi par une métaphore, nous
« appellàmes grand clerc l'homme scavanl, mau-
« clerc celui qu'on lenoit pour beste, clergie pour
« science. « (Pasq. Hech. p. 680.) Le même auteur,
p. 681, dit, en parlant de Boëce : « L'art de dialec-
" tique, arithmétique, géométrie, et musique qu'il
« translata, monstrent bien la grande clergie. »
Et letrez fut de grant clergie (4').
Rom. de Brut, MS. fol. 29. V col. 2.
Or parlerai de le clergie ;
Ele est de vent trop aengie.
Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1313.
° De ce que clergie signifioit science, on a nommé
clergie le latin connu des seuls savans. Cist
« (ce) livres est traiz (traduit) de clergie (5) en
« Romanz el est apelez li image du monde, et con-
« tient por lot lv chapitres et .\xxvin figures, sans
« lesquelx li livre ne poroit estre fegièrement
« entendus, qui est divisé par 3 parties', livre de
" clergie ou image du monde. » (ms. de la Bibl. du
R. n° 7991, fol. I. — Voy. Ci.erkois ci-après.)
•^ On a dil aussi clergie, pour clergé (6;, le corps des
ecclésiastiques ; « MessireGuillaume de Tigouville,
« prevosl de Paris feit exécuter deux des clercs de
« l'Université, non obstant qu'ils feussenl clercs,
« et qu'en les menant à la justice criassent haull et
« clair, clergie (7), affin d'esire recoux (délivrez) ».
(Monslrel. Vol. 1, fol. 14.)
° Enfin, comme on nommoit clerc un greffier, on
a nommé clergie un greffe. ■ Les clergies des bail-
« liages, et nos prevostez soient baillées en garde,
» el\es clergies (les prevostez âà\ou&[éQS auy. pre-
« voslez, el baillées, el laissées aux prevotz, en
" diminution de leurs gages. » (Rec. des Ord.
T. II, p. 262.) « Les sceau'x, et clergies des baillies,
« et prevoste:::, ?>evon{ bailliées à ferme, dores-eu-
" avant, par cris, et subaslations accoustumées. »
(1) M. Kervyn (XI, 192) imprime clergie. (N. E.)
(2) 11 cite les Arresia Ainurum (II, 393, col. 3) : « Apres avoit les déesses. Toutes légistes et clergesses, Qui sçavoient le
décret par cœur. » (N. E.)
(3) Il signifie encore 1" dignité cléricale (Gart. 23 de Corbie, an. 1320) : « Clerc ou lay , de quelconque condition qu'il
soient,... paient selon le quantité et qualité des biens ou héritages qu'il aront en nodite ville... exceptés prestres et clercs,
qui se vivent de leur clergie, sans mestier ou marchandise. )i 2° Bénéfice clérical (id., an. 147t)) : « Ils avoient disposition et
collation de toutes les cures et clergies de toutes les églises parochiales d'icelle [ville de Corbie]. » (N. E.)
(4) « Corne l'on ne peut saveir totes clergies, ne me seinble il pas que l'on puisse saveir toz les plais. » (Assises de
Jérusalem, 51.) Froissart écrit aussi (VI, 264) : « Et en fist pluiseurs livres bien dettes et bien fondés de grant science de
clergie. » (N. E.)
(5) On lit dans les analyses des ms. de M. P. Paris (III, 195) : « Ne fut plus sages de clergie , Mais des autors savoit la
vie. Moult mostre selon sa mémoire. » (N. e.)
(6) « Toutes gens de religion, tote clergie, tout chevaUer et tout gentilhomme. » {[.ivre des Métiers, 309.) (N. E.)
(7) Il faut l'entendre au sens de bénéfice de clergie : « Se clers est marceans, il ne pot pas affranchir sa marceandise par
le privilège de sa r/err/it'. » iBeaumanoir, XI, 3C). L'usage subsiste encore en Angleterre; le meurtrier, dans les cas
grâciables, est sauvé du dernier supplice, lorsqu'il peut lire quelques lignes de vieux caractères saxons; un juge s'écrie
alors : « Legit cleiiois » ; et le coupable obtient grâce de la vie. (N. E.)
CL
— 57
CL
(Ibid. p. 302.) Lnclergie(lesesc1ievins{\) étoit l'office
jle greffier de l'ëcheviiiage. (Ord. T. V, p. 375. —
Voy. ci-dessus Clergerie.)
VARIANTES (2) :
CLERCrIE. Pasq. Rech. p. 680.
Clergise. Path. Farce, p. 4.
Clergie, adj. au fém. Ecclésiastique. On disoit
l;i gcnt. elergie, le cleroé, par opposilion à la geiit
laie; laïques dans les Fabl. mss. du R. ii° 7615, T. I,
fol. 72.
Clergié, subst. masc. Clergé*. Docteurs juifs".
Ecclésiastique'^.
*Au premier sens de clergé, c'est le corps des
ccclésiasliques.
Gens d'église, clergié, noblesse.
Vigil. de Charles VII, T. I, p. 2.
(Voyez Villeliard. p. 58. — Ord. T. I, p. 389.)
^Ce mot a signifié aussi les corps des docteurs
de la loi des Juifs. Alors il tire sa signification de
clerc, pris dans le sensd'liomme de lettres.
Diex, quant Jherusalem venistes.
Et ceux de la loi deffendistes
La pécheresse à désir.
Que il voloient lapider;
pjt demonslrates au clergié
Que cil qui estoit sans pechié
Devoit de li prendre venjance.
Fabl. MSS. lin R. n- 7-218, fol. 211, V col. I.
•^Dans le dernier sens, clergié se disoit pour
ecclésiaslique en particulier. « Les gens d'église,
" religieux, chapelains, et autres personnes, soient
.. clergiez,, ou lais. .• (Ord. T. II, p. 300.)
Oeriaux, adj. Clérical '3). En lalin clericalis,
suivant le Gloss. du P. Labbe, p. .i!>5.
Clericiis, subst. masc. Savant. Mot purement
latin employé comme franyois, en ce passage oii
l'on parle du poêle Accius : « 11 s'esloit, dès le
<• temps de leurescolle, tousjours réputé le meilleur
'• clericits, et plusgrand poette que César. » (Ilist.
de la Toisou d'Or, Vol. 1, fol. 17.)
Clerique, adj. Clérical. On a dit vie cleriguc,
vie de clerc, elericatiire. (Voy. Gouj. Bibl. fr. T. XIII,
page 196.)
Clerkois, subst. masc. Langue savante. Langue
latine. » Li quars pechié de pereche, c'on apellc
•i en clcrkois accide. •• (Ane. m.s. intitulé le Miroir,
« cité parDuCange.auxmots.lrerfirt &\.Clericus{\).
— Voyez ci-dessus Clergié, dans le même sens.)
Clermont, subst. masc- Nom de lieu. 11 étoit
renommé pour la fabrique des épées.
De maies dagues de Bourdeaulx,
Et d'espées de Clermiml (5),
Puist il avoir plaine sa pance.
Eusl. Desch. i'oés. MSS. fol. 3.'j0.
Clermontins, subst. masc. plur. Nom donné
aux jésuites, ainsi appelés do celui de leur nouveau
collège de Clermont (G) à Paris, « ce qui lit oublier,
« pendant quelque temps, le nom de jésuites, titre
« qui paroissoit à plusieurs vain et orgueilleux. »
(Hist. de Thou, T. V, liv. XXXVIl, p. 230
Clertés, subst. fém. En latin carilas, selon le
Closs. du P. Labbe, page 521,danslesensde c/aires
voyes.
Cler voir, subst. masc. Discernement. On adit,
en ce sens : « De ce point, le tout en est à la haute
« discrétion, c/cr voir, et bon vouloir du ditseigneur
« juge, etc. » (La Jaille, du Champ de Bat. f" 62.)
Clesclié. adj. Percé à jour (7). Seditd'unecroix,
en termes d'armoiries, suivant Le Laboureur, Orig.
desArm. p. 187, où l'on peut voir ses conjectures
sur l'élyniologie de ce mot.
Clescljes, subst. fém. Clefs. Il semble qu'on ait
dit proverbialement, en ce sens: clesc::es[S] de Cou-
tances. (Prov. à la suite des Poës. mss. avant 1300,
T. IV, p. 1653.)
Clestre. Lisez désire, subst. fém. Ce mot sem-
ble une faute pour désire, dans les vers suivans :
Vous morrois o ceste glestre,
Dont je ai maint bon cop donné.
Rom. de Rrut, MS. fol. 7. V col. 1.
On lit plus haut hache, en parlant du même fait,
et le .MS. de Bombarde écrit désire. On a dit autre-
fois destral pour cognée. On remarque aussi que
les copistes ont souvent écrit cl pour d.
Cleiificher. [Intercalez Cleuficher, aux Miracles
de Notre-Dame (t. I):
Il te cleupchcnt mains et pies.
Du Cingc, II, 383, col. 1.
Un Juif s'écrie au t. II :
Je ne crois mie
Que .Tesus Cris li fix Marie
Que clcujicliicrent en un fust
Nostre ancliissor, se Dex ne fust.
Du Gange, id.
Enfin, une vie ms. de Jésus-Christ donne une
variante :
Il en fièrent [clous] parmi les pies,
Or est Jhesus bien clo/ichiés.] (n. e.)
Clevois, subst. masc. Habitant de Clèves. Qui
est de Clèves. ■■ Le capitaine Marlin du Bellay fail-
« lit à estre tué, deux ou trois fois, des Clevois. »
(Mém. Du Bell. liv. VIII, fol. 255.)
(1) « Que li^s jurés et eschevins et les eswardeurs donront les offices de la ville en la forme qu'ils faisoient anciennement,
excepté la clergié des eschevins. » (N. E.)
(2) Clergié est dés le XU' siècle dans Thomas de Cantorbery («)) ; « E les leis qui vus dites, à quel li reis s'alie, Ne sunt
de bauté, ainz sunt de felunie. Contre Dea et raisun, pour destruire clergié [les clercs]. » (N. E.)
(;!) Or. trouve aussi clergil dans Thomas de Cantorbery (75) : « Ne laie leis ne deit la clergil davancir. » (n. e.)
(i) Ed. (iPiischel, t. II, 394, col. 1. (N. E.)
<ô) C'est Clermont-Ferrand, car on disait de Clermont-de-1'Oise: « Clermont clair vin. Grandes moisons, rien dedin. » (N. E.)
(0) C'est aujourd'hui le lycée Louis-le-Grand ; Voltaire y fut élevé, (n. e.)
(7) On écrit aussi cléché, en anneau de clé, de la forme fictive claviculalus. (n. e.)
(R) Usez seichef! [pieuvres] de Constanches, d'après le Dit de l'Apostoile. (N. E.)
IV. 8
CL
— 58
CL
Clicart. [Intercalez Clicart, sorte de bâton :
« Un l■;l^loM, apiiellé clicarl. « (JJ. 120, p. IGl,
an. l;iS5.) Ou lit encore aux Miracles de Notre-
Dame (t. li):
Kt d'un baston et d'un clicart
ïobt li ilonroil de lés l'orpillc.
Du Cange, II. 306, col. 2.| (N. E.)
Clichouere. [Intercalez Clichoucre , évier:
« Ils pui>seiit... faire dicliouercs ou (jUchoueres,
« une ou plusieurs, se il leur plait, pour essyauer
<■ par un fossé ou l'yane s'en va derrière" ledit
» lorgoir. » (JJ. 7-2, p. 309, an. 1308.;] (>-. e.)
Clicorgae, adv. De côté, de travers.
L'un œil a lousque, et l'autre borgne :
To7. dis regarde clicon/ne (1);
L'un pié ot droit, et l'autre tort.
Fabl. JISS. du R. n' 7218, fol. U", R col. 1.
Clicqans, subst. masc. Cliquelis. Bruit des
armes. 11 semble que ce soit le sens de ce mot,
dans ces vers :
Je laisse au bourreau, s'il est près,
Ung cent de chausses bigarrées...
Et aux bardeaux porlans espées.
Comme terribles applicquans,
De nuyct trois ou quatre creppées,
S'on lès trouve parles clic(iur<»i.
Molinet, page 19^1.
Clidel'iijSi/isf. /'m. Macliinede guerre. La r//rf^,
selon Faucliet, « est un long bois lequel retenu
« par un contrepoids, quand il desserre, lasche un
« grand fais de pierre, dans les forteresses assié-
« gées. » (Orig. liv. II, p. 118. — Voy. Boullainv.
Ess. sur la iS'obl. p. 115.)
VARIANTES :
CLIDE. borel, Corneille, Colgrave, Dict.
LlDE.
Cliers, subst. inasc. plur. Partie d'un moulin.
" Est icelle veuve, par la dite coustume, tenue de
« contribuer a rencontre des héritiers, aux repara-
'< lions, réfections, et entreteneinens des moulins,
« rayeres, cliers (3), pressoirs et de tous engins, et
« charnals mouvants, et travaillants, etc. »"(Cout.
de Péronue. — Nouv. Coût. Gén. T. II, page 618.
— Du Caiige, au mot Raeria.) (4)
Cliez. participe. Salué. Clier, en ce sens, sem-
ble une altération de l'orthographe incliner (5), qui
s'est dit autrefois pour safuer en se courbant;
de là, au figuré, pour remercier.
Toussains, fiz Rou le Diane, ont non;
Au Bec, aux ch.^ns avoit maison ;
Le goii fanon li a liirez
Et cil l'en a sçu bon grez ;
■Volentiers l",-i, et bel, et bien, portez;
Parfondement l'en a riiez.
Rom. de Rou, MS. p. 315.
On trouve le verbe clier, dans Borel, qui renvoie
ù lier. (Voy. Lier ci-après.)
Clifoire, subst. féjn. Calonière, ou canonnière,
espèce de sarbacane de sureau à l'usage des enfans.
(Dict. de Cotgr. et Ménage.)
VARIANTES :
CLIFOIRE. Le Duchat, sur Rab. T. IV, p. 130.
Glifoirée.
Glyphuuere. Rabelais, T. IV, p. 130.
Cligne musset, subst. Jeu d'enfans. Nous
disons encore cliijne musette. (Dict. Univ. — Voyez
aussi Dict. de Colgrave. Nicot, Monet, Oudin, Cur.
fr., etc.) Ce dernier, dans son Dict. fr. esp., dit
adverbialement, à cligne musetle, pour les yeux
fermés.
variantes (6) :
CLIGNE-MUSSET. Nicot, Oudin, Cur. Fr. etc.
Cline muche. Hist. du Th. fr. T. III. p. 78.
Cline-mucette. Rabelais, T. I, p. I'i6, note.
Climusette. Journ. de Verdun, 1756, avril, p. 344.
Clignemussette. Oudin, Dict.
Cligne-musette.
Cligner, verbe. Baisser les yeux*. Lorgner^.
Faire signe de l'œil '^. faire signe de la tète".
Ce mot, sous l"orlhograjiliec//He/', a eu beaucoup
d'autres significations qui lui sont particulières, et
qu'on trouvera à son article ci-après. Celles que
nous rapportons ici sont des extensions naturelles
de l'acception subsistante du verbe cligner, qu'on
écrivoit cluingner, au même sens :
Ici ne cluiiignc (7) de l'ueil.
Que la borse ne soit copée.
Fabl. MSS. du R. «• 7218, fol. G7, V col. 2.
*De là, ci^'^ner signifioit, au premier sens, baisser
les yeux :
Devant l'Ampereor céans
Ert smiples con nn innocenz,
Et huuibles, et si souploianz.
Et si aigneax, et si cluptanz, etc.
Parîonopex de Blois, MS. de S. G. fol. 165, V' col. 3.
^ Ce mot est mis pour lorgner, en ce passage :
Je iroie, tout en cluignaiit,
A ceste qui mieuls à manière.
Froissarl, Pois. MSS. p 206, col. 2.
'^ Cligner signifie faire signe de l'œil, dans ces vers :
Lors regarde ; sa mère voit
Qui lui cligne, c'oulre passast.
De nule riens ne l'araisnast.
Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 57, V' col. 3.
Moult li a ris, et moult cligmé,
Et maint semblant fait d'amitié.
Rom. de Brut, MS. fol. 65, V.
(1) On lit au Pèlerin de Guigneville (Du Cange, II, 398, col. 1) : « Et de travers et de clicorgne Me regardoit ; car esloit
borgne. » (n. e.)
(2j « La claye ou clide du champ de myl. » (JJ. 196, p. 276, an. 1470.) (n. e.)
(3) C'est une écluse faite de claies pour retenir le poisscm ; « Pourront avoir lidiz religieus [du mont S. Martin] dessouz
ledit molin un clier et unf keste pour retenir le poisson, qui là pourroit kair. u (JJ. 72, p. 309, an. -1308.) (N. E.)
(4) On trouve comme variantes cliier (l'.i8n. chlùer (1-282), au cartulaire du mont S' Martin. (N. E.)
(5) Ou plulôt de ctiûef. qui est déjà dans Roland (v. 3727) : « [Aude] Sur les espalles ad la teste clinéi:. » (N. E.)
(6) On ht dans Jlachaut (p. 115) : « Mais viez péchiez et vielles debtes Font à Dieu compter à cligneltcs, C'est-à-dire qu'il
n'i voit goutte. » A la 87« Nonv. de I ouis XI : « M'avez vous fait jouer à cligne-musette pour me faire ce desplaistr? »
L'étymologie est : cligne, feime 1 œil. et tnut,sclte, cachette, de musser. (n. e.)
(7) On lit encore dans Blanche et Jehan (v. 5634) : « Adonc il clocha forment d'un pié, L'un oel ouvert, l'autre clingnic, La
teste basse et les reins haut. » (n. e.)
CL
- 59
CL
" Enfin, cliner, comme orlhosrraphe de cligner,
signifioit rider fil, en faisant si?:ne de la tête. Nicot,
sur celle signification, cite ces paroles de Ronsard :
a Dont le grand front se clinant pour faii-e signe. "
(Voyez ci-aprt's Clin.)
VARIANTES :
CLIGNER. Nicot, Oudin, Dict.
Cleigner.
Gligmer. Rom. de Brut. MS. fol. lOS, V».
Gliner. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 2'25, col. 4.
Gligxeter. Eust. Desch. Poës. ilSS. fol. 157. col. 3.
Gldigner. Fabl. .MSS. de S. G. f' 19, R« col. 32.
Cluingner. Fabl .MSS. du R. n° 7218. fol. 67, V» col. 2.
Cluingnieh. Fabl. .MSS. du R. n» 7218, fol. 217, R° col. 2.
Clignette, snbst. fém. Sorte de jeu. Le même
(jue clirjne musette.
Item, et si ne jouerez
.\u siron, ne à rlignetlcs.
L'Aînanl rendu Cordelicr, p. 501.
Froissartdil, en parlant des jeux de son enfance:
Juiens nous au roy qui ne ment,
Aux bares. et à l'agnelet,
Au chace lièvre, à la cliiiijnelle :
Aussi à la sotte buisette,
Froissarl. Poos. MSS. fol. 8fi, col. 2, et 81, col. 1.
VARIANTES :
CLIGNETTE. L'Amant rendu Cordelier, p. 591.
Cluignutte. Froissart, Poës. MSS. p. B6, c. 2, et 87, c. 1.
Clignottement, f^ubst. masc. Clignement {'2,.
Monvemeiil de la paupière. (Dict. de Cotgr. et d'Oud.)
Climat, siihst. masc. Terrain, canton, terri-
toire. " Attendu ciue le dit climat est notoirement,
• et de toute ancienneté, ressort, et bailliage de
» Sens. » (Coût. dWuxerre, Coût. Gén. T. I, p>2-22.)
<i Au dit comté, et bailliage d'Au.xerre, il y a plusieurs
« climats, et territoire, noloirement allodiaux »
(Ibid. p. 2-25. — Voy. Clima, employé au même
sens, dans Du Cange.;
Cliniatere, adj. Climatérique. « Guillaume du
» Bellay mo irut ledixiesme de janvier, l'an de son
• eagele climatere, et de nosire supputation l'an
<' 1543, en compte Romanicque. « (Rabelais, T. III,
p. 115.)
VARIANTES (3) :
CLIMATFRE. Rabelais, T. III, p. 115.
Clilateric. Oudin. Dict.
Clin, subst. masc Clin d'u.'il*. Mouvement de
lête^ (4).
* Ce mot, qui vient d'incliner, baisser, avoit
autrefois celle double signification. Nous écrivons
encore clin; miis nous ne le disons plus seul, et il
n'est en usage que dans l'expression clin d'wil :
Voz clim plus gratieux, vos paupières doucettes.
Du Verdier, Bibl. p. S3 et »».
(Voyez Poës. de Loys-le-Caron, fol. 20, et Poës.
de Perrin, p. 129.)
^ On disoit aussi clin de tête, pour mouvement,
signe de tête. « L'apela d'un clin de teste, branle-
" "ment du doigt. » .Xuicts deSlrapar. T. 11, p. 253.)
VARIANTES :
CLIX. Orth. subsistante.
Clein. Oudin, Dict.
Clincas, subst. masc. Espèce de monnoie. « Le
» clincas de Guillau.mes, pour xxvm grans blans,
« valent xxii s. nu d. tournois. » (Urd. de 1470, pour
les monnoyes; Coût, de Norm. en vers, mss. fol. 17.
— Voyez CuQiANTs ci-après et Clinquart.)
Cline (5), subst. Partie d'une armure. Il faut peut-
être lire chivin, partie de l'armure du corps, celle
qui se mettoit par dessus le pourpoint, sous le
haubert, cuirasse. « Elle a ordonné que tous che-
■> valiers et escuyers qui seront à celle journée
« défaillans de baulbertz et de clines seront de
« celle feste. » fPercef. Vol. IV, fol. 159.)
Clineis, subst. masc. plur. Salut. Proprement,
inclination du corps, l'action de s'incliner :
.\ Roem fu li roiz à joie recheuz,
0 croiz, o encensiers, et o clers revestns :
En la sale le conte, est le jour descendus,
Assez out de Normanz clineis et sains.
Rom. de Rou, .MS. p. »6.
Clinel, subst. masc. Crible. En latin cribrum,
suivant le Gloss. de Labbe, p. 497.
Cliner, verbe. IncVmer, pencher*. Tourner ses
pas^. Cribler "=.
Nous avons déjà parlé de cliner comme ortho-
graphe de clignier. Nous emploierons ici ses signi-
iicalions propres. Ce mot paroit avoir eu deux
étymologies : l'une latine, inclinare, d'où sa signi-
lication commune incliner; l'autre françoise, clinel,
crible, d'où sa signification cribler.
* Dans le premier sens d'incliner, on a dit :
Cil mes cuers cline, et a eure (6).
.M" Muerise de Creon, Poes. MSS. av. 1300, T. 111, p. 905.
Morir cuit, tant 3ui vers vos cUnê.
Poès. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1«5.
Quant li roiz out assez ouré, et conseillié,
Vers l'autel a clinié, et au saint prist congié.
Rom. de Rou, MS. p. 109.
« Lors cline envers en l'eaue, et fut noyé en peu
« d'heure. ■> Percef. Vol. I, fol. 56. i «Haa royaume
« d'Eseoce, vous iiinere:i d'ung costé, à cause de
« celte irrécupërableperte. » {Percef., Vol. IV, f" 23.)
Justice et loy signifient qu'en brief
Avec raison tiiidi eut les roys ; or clinent :
Mains et dois sont des juges le chief :
Toutes vertus aujourdhuv se déclinent.
Eu.l. Descli. Pocs. MSS. fol. iX, col. 3.
(1) Cliner est !à pour incliner : « L'appela d'un clin de teste, n (Nuits de Slraparole, II, 253.) (N. K.)
(2) Clitjiieier, fréquentatif de cligner, est au t. 11 de l'Histoire des Croisades (p. 582 , xiii' siècle) : « Celui qui clingnete
de l'eil. » (n. e )
(3) On lit dans d'Aubiané (Tlist. II, 175) : « Les causes de ce mal ne sont point celles que les astrologues et philosophes
n'>niarqnent ou sur les constellations ou sur les ans climacleriels. » (s. E.)
(t) Faire clin, dans Gérard de Vienne (,p. 174. col. I), signifie s'inchner : « Si oom Girars descendi el chemin Encontre
Karle, et com il li fiai clin. Com li tendi son chapel sebelin. » (N. E.)
{'t) On lit ilans un Gloss. ms. fonrls S' Germain : « Taratantarum, cline.i ou le batoil du moulin. i> .Mlleurs on lit : i Saî à
passer ou sasser la farine. » Voir cti'ier. (N. E.)
(G) Ce sens est dans Roland : « [Aude] Desur les esp.iUes, ad la teste clinée (v. 3727). i> Voyez aussi t. 2008. (n. e.)
CL
60
CL
Cliner avoit aussi une signification active, comme
dans CCS vers :
Mon cliief que j'avoie clinc
Veis terre, contre mont levai.
Fabl. AISS. d.i R. ii" "218, fol. 35S, K- col. 1.
On disoil cliner savant pour se pencher en avant :
Clbie s'ai'uiit, si a veu
De loing venir le jovencel.
FaW. MSS. (In R. n- lOSll, fol. CO, V- col. i.
Celle transposilion ila pi'onom peisonne! après le
verbe esl Irès-t'réquente daiis nos anciens auteurs.
^ Au figuré, cliner a signifié tourner ses pas vers
un endroit:
Passa de nniz les guez de Vire,
Et au inoustier clina S' Clément,
Rom. de Rou, p. 233.
^ Quant à cliner, pour cribler, nous ne le trou-
vons que dans le Gloss. du P. Labbe, p. i!»?, ainsi
que clinet, pour crible.
VARIANTES :
CLINER. Poës. MSS. avant 1300. T. III, p. 995.
Clinier. Hom. de Rou, MS. p. 109.
Clines, subst. Labbe, dans son Gloss. p. 528,
traduit ce mol en latin tarateutarum. •• Le batoel
« du moulin, ou son des trompes. ■ Eiinius a dit
taratantara, pour exprimer le son des trompettes,
mot formé par oiiomalopée, comme tarrabafx-, pour
bruit de l'artillerie. (Verg. d"Honn. p. -239.)
Clinquaille, subst. fém. Menue marchandise
de ter ou de cuivre *. Chose de peu de valeur °.
Terme obs; ène*^.
* Sur le premier sens, qui est le sens propre,
voyez les Dicl. d'Oudin et de Cotgrave.
^ Ce mot, au figuré, s'est employé pour choses
de peu de valeur :
Il semble advis qu'on ne vous veuille rendre
Ce qu'on vous doibt : beau sire, ne vous chaille.
Quand je seray plus garny de cliquuille,
Vous en aurez.
Clém. Marot, p. 268.
On trouve, au même sens : seigneurs riches,
pleins de eliquaille, dans les Contred. de Songe-
creux, fol. ï'-J.Vi.
^ Ce mot s"e3t pris en un sens obscène, dans les
Contes de Cliol., fol. 12-2, où il est écrit eliquaille.
VARIANTES :
CLINQUAILLE. Apol. pour Hérodote, p. 460.
CuNc.iiLLE. Oudin, Diet.
Cliquaille. Contes de Cholieres, fol. 122, R».
QuiNQL'AiLLE. Contes de Des Perriers, T. I, p. 138 (1).
CRIC.4ILLE.
(Clinquant, subst. masc. Sorte de monnoie.
(Voyez Le Blanc, sur les Monnoyes, p, 309, et
Clincas ci-dessus. I Quant à sa signilic.dion subsis-
tante. Du Hadier remarque que ce mot pourroit
venir de elueclmirus 'ï), dans Forlunal, cité par Du
Caiige, Closs. lai.
Clinquanter. [Inlercalez Cllnquanter, charger
de clinquant: « .\ous vismes approcher quelques
« cinquante cheviiux des nostres, clinquantes et
« empanachés comme princes. » (D'Aubigné, I^'œn..
IV, 15. j] (x. E.)
Clinquai't. Monnoie*. Pierre^.
* Au premier sens, c'est une sorte de monnoie,
dans une Ordonn. de L453, citée pai' Du Cange, an
mot /.^OJU'S. Guy lit: « ...premier clinquartûedawd
» de 68. et demy... 5. s. g. den: ob: 3-i.gr. 3. miles
<i Clinquart à point dessous le D. 68. et demy 6 s.
" 1. den.33.gr: Clinquars à le droite croiselte 68. et
" demy 6 s. g. den. 31 gr. 3. mites. Clinquars a
" 3 agnelets de 08 et demy 7 s. 1 d. 30. grains
« 6 mite.s. » Il y a des moniioies appelées en Flan-
dres l'hilippes clincliart ou cUnkarl. (Ord. du
Change d'Anvers, 1633, p. 103.) f:^.)
^ On a nommé pierre de elinqiiarl, ou, selon
Corneille, pierre de cliquart, une espèce de pierre
propre à bàlir, qui se liroil des cari'ières du fau-
bourg Saint-Jacques, îi Paris. Cette carrière est
épuisée. (Voy. Gloss. de l'IIisl. de Paris.) •• Parapet
« de pierre de clinquart, de trois pieds de hault. '•
(Hist.de Paris, T. lit, p. 111. — Voyez ci-dessus
CUXCAS.)
VARIANTES :
CLINQUART, Clinchart, Clinkart.
Clinsser, verbe. Glisser. « La lance clinssa
« entre la pièce et la rondelle. « (Petit. Jean de
Saintré, p. 250.) On dit encore glincher (4), pour
glisser, parmi le peuple, en Normandie.
Clipce, subst. fém. Clisse. Claie d'osier.
. . . fondement qui est fondé sur clipce
Ne puet souffrir, ne pierre, ne mortier.
Eusl. Uesch. Poos. MSS. fol. 132, col. 2.
Clipée, subst. fém. Coup. Proprement, coup
sur le bouclier, du latin clypeus, d'où ce mot
semble tirer son étymologie.
Or sont li dui content ensamble
Venu au chaple des espées ;
Si tendonent «rans cUjuJcf:.
Fai)l. MSS. du K. n- 71)15, T. Il, fol. !G4, R' col. 2.
(1) « Il ne chantoil plus ; il ne songeoit qu'en ce pot de quincaille. b (Conte, 21.) Au conte 85 : « Et alloit toujours levant
le museau, comme un vendeur de ci'nquailles. » Quinquaille est dans les Dialogues de Tahureau (p. 12) : « Triolets, virelais,
rondeaux, balades, et autres telles espèces de vieilles quinquaillcs rouillées. » (n. e.)
(2) On lit en effet au liv. VI, p. 12: « Nunc cape parva cate, et pollens chiectancc IJynami, Clare décore tuo, clare favore
meo. » Le mot est à deuil-latin, à demi germain ; cluere, Klanq. (N. E.)
(3) On Ut au reg. J.I. 174, p 53, an. 1427 : « Le suppliant leur demanda combien iU lui donneroient de la ditte monnoie
pour ung cliquart de Flandres ; lesquelz lui distrent qu'llz baillerolent trente solz tournois pour cliquart. » Au reg. JJ. 18j>.
p. 84, an. 1459 : « Icelle femme se print à rongner et copper aucunes pièces d'or comme cliquart , que on dist florins
guillernies et autres pièces d'or, aians cours ou pais de BouUenoys u .\u pluriel , on disait « cliquars Guillermins. ;>
(JJ. 176, p. (545. an. Ii49.) Enlin, dans une charte de Charles-le-Téméraire (1469;: « Icelle isle, nommée Schellnge [Ter
Schelling]. fut baillée à ferme à ung des habitans dudit pays [Ostfrise] pour le pri.x et somme de seize clinquars
par an. » (n. e )
(4) On a qVuuher au reg. JJ. 162, p. 359, an. 1408 : « Icellui Godart rua un estoc de son espée,... mais le cop glinsa jusques
au visage... » .\u reg. JJ. 128, p. l'76, an. 1385 : « Icellui Henry sacha son espée et fery ledit bastart un seul cop sur la leste
en esclitiçant sur le côté désire. » (n. e.)
CL
61 —
CL
Clipet. [iiilercalez CUpet, ballant de cloche,
d'après Du Cuiige, II, 402, col. 3.] (n. e.)
Clipon. [Intei'catez C/?7jo«, bâton: « Cuillaiinie
•■ Hobert tenant unt;- bastoii au ciipon de bois en sa
» main. » (.!,(. 170, p. .55(3, an. H47.)] (n. f,.;
Cliquant, adj. et partie. Uni fait du bruit,
résonnant*. Briliant, éclatant ".
*Sur le premier sens, voyez le Gloss. de Marot et
des Arr. .\nior.
Et de sa voix clinquante, doulce, et claire,
Va prononçant, etc.
Grelin, p. 62.
On lit : voix cliquanle et sonore, dans Carlheny,
(Voy. du Chev. errant, fol. 45.) Ce mot s'est même
employé pour épilhôle de fouet. (Epilh. de M. de
La Porte.)
On appii(|uoit aussi ce mot au bruit, au cliquetis
des armes :
. . . Casse, et rompt, de main sanguinolente,
.\rmes ctiquans sous force violente.
CIcni. Marot, p. 515.
ne là , sept vingt hommes d'armes cliquens ,
taisant du bruit avec leurs armes. (G. Guiart, ms.
fol. 58.)
^ Dans le second sens de brillant, nous disons
encore clinquant, en parlant de l'or et de l'ai'gent.
On disoit autrefois or cliquant. (Diel. de Monet.)
Dans les Mém. de la Marche, liv. ï, p. Ui'i, on lit :
'■ Certes les pompes et parures de lors n'estoyent
'■ pas telles que celles du présent; car les princes
•• jouxloient en parures de drap de laine, de
" bougran , et de toile, garnis et ajolivez d"or
■ cliquant, ou de peinture seulement. »
VARIAXTES :
CLIQUANT. Cartheny, Voy. du Chev. errant, fol. 45.
Cr.iCQUANT. L'Amant rendu Cordelier, p. 503.
Cl.iQUEN.s, pltii: G. Guiart, MS. fol. 58, R» (1).
Clinquant. Crétin, p 02.
Clicquettant. Poës. de Loys le Caron, fol. 6-1, R".
Criquetant. Epith. de M. de La Porte.
Ckinquant. Id. ibid.
Clique, sul/st. fchn. Cliquette*. IMorceau, frag-
ment^. Chose de nulle valeur'^.
* Comme terme d'horlogerie, clique a signifié ce
que nous nommons aujourd'hui cliquette, celte
jietite languelle que l'on met sur le balancier, pour
en rendre le mouvement plus régulier.
Tousjours est le martiaux tout prest,
Qui fiert sur la cloche, et desclique
Si fort, en mi la droitle clique,
Que lors convient l'eure sonner.
Eusl. Dcsdi. Puos. MSS, fol. 125, col. 2.
^On a dit clique d'une tuile, pour un moiceau,
un fragment de luile.
D'aler aussy, quant il venle par rue.
Afin qu on n'ait sur sa teste une clique
D'une luile qui est tost descendue.
Ou cheminée ou pierre qui desclique.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 3M, col. 2.
'^De là, on a employé le mol clique, qui a aussi
éié écv'û crique, pour signiiier une chose de nulle
valeur.
Biens, ne sens, n'est pri.sie'/, une crique.
Eiisl. Desch. l'ois. MSS. fol. S."»!, col. 1.
C'est en ce même sens qu'il faut prendre clique ('2)
dans les vers suivans du même poêle :
Nul n'aura d'culz mousliers, baston, ne clique. :
Car, s'il est clerc sans or, mourra de faim.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 2.i7, col. 1.
Mousliers, basions, ne clique, nous paroit évi-
demment signifier; abbayes, dignités ecclésiastiques,
la plus pelite chose du monde.
VAIIIANTES :
CLIQUE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 425, col. 2.
Crique. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 257, col. l.
Cliqué, adj. Fermé. Proprement fei'mé au cli-
quet, loquet. " Vindreiit au cliastel, et tirèrent le
« pont qui n'estoil (;//V/i/(^ ne vci'oiiillé. » (Monstr.
Vol. II, fol. 10.)
Cliquenlibus. iTest le mot cliquant, (\ui fait
du bruit, latinisé. r]ust. Doschamps s'est servi de
l'expression cliquenlibus cymbalis, dans un sens
obscène. (Poës. mss. fol. 33'i.)
Clique pâte, subst. masc. Nom factice. C'est le
nom d'un pauvre mendiant (;>), dans le mystère de
S" Barbe. (Hisl. du Th. fr. T. Il, p. 3!).)
Clique patins, subst. rnase.plur. Nom factice.
Proprement, qui fait claquer ses palins. Ce mot,
dans les vers suivans, semble faire allusion aux
amoureux qui, pour attirer les regards de leurs
dames, faisoientcla(iuerleurs/yfl//HS, leurs souliers.
A musars, et clique patins,
Servantes et filles mignottos.
Portant surcotz et justes cottes ;
A. cuidereaul.x d'amours transis.
Chaussans, sans meshaing, fauves bottes.
Je crye à toutes gens nierciz.
Villon, page 90.
Cliquer, verbe. Faire du bruit (4). Proprement,
ce mol signifie faire du liriiil. , à la manière d'un
cliquet de moulin. On l'a appliqué au son de l'or et
de l'argent.
Gros usurier qui avez l'or qui clique.
Qiluv de Ptoger lie Collerye, pa^e lOli.
Et de mes yeulx veoir l'or, et argent cliquer,
Sans en avoir, il n'y auroil raison.
Ibid. fol. 162.
Il sembleroit que cliquer, en cet endroit, sigiii-
fieroit briller plutôt quesonncr, car, à parler exac-
tement, on ne pourroit dire voir le son de l'or;
mais nos anciens n'étoienl pas esclaves de cette
exaclitude ; ils disoieut voir sonner les cloches,
voir cliquer l'or, pour voir les cloches sounanles,
voir l'or cliquant.
(-1) T. I, V. 2952 (334i) de l'édition. (N. E.)
(2) C'est le substantif verbal de t/i'/iter, dont G. Guiart nous a donné le part, présent cliquent, au sens de bruyant;
clijjue est dune synonyme de claque. (N. E.)
Ki) Ce mendiant portait un bâton, sa troisième pa(/e, qu'il cliquait en marchant. (N. E.)
(,4) En anglais tu click. (n. e.)
CL
— 02 —
CL
De là, au bruit des pierres ou des traits lancés
avec force et roideur :
Li quarrel (1), qui en l'air rliquunt.
G. Guiart, MS. fol. 09, R*.
On appliquoil encercle mot cliquer, foit commu-
nément, i>our exprimer le cliquetis des armes.
« Vous eussiez ouy les espées clicqucr sur les
« heaumes et morions. » (Merlin Cocaie, T. II,
p. 110.) .. Les armes ne doiveul cli<iiicter sans
« légitime occasion ; qu'avant qu'on les bouge, on
« envoyé deffier l'ennemi. >> (Du Verd. Bibl. p. 5i.)
Cliqueter s'est dit aussi de tout autre petit bruit.
« Nous vous avons oui de bien loin elicqnrter.
" Escouleurs ne doivent avoir riens qui cliqueté. »
(Le Jouvenc. fol. 62.)
CUciiiielii'z vous point du patin,
Afin que l'œil voulsist tourner.
Pour entendre vostre Intin (2).
L'Amant rendu Cordelier. p. 530.
Cliquer et cliqueter signifloient aussi claquer (3),
en parlant des dents, (t'ercef. Vol. I, fol. 130.)
Clicotter s'est plus particulièrement appliqué au
son des cloclies. On a dit une messe clicoltée, pour
une messe sonnée, peut être tintée : « Cette messe
« sera clicoltée, dite et chantée par un prêtre, ne
« vicieux, ne scandaleux, ne concubinaire. «(Titre
de fond, du .\iv° siècle, dans les Epliém. Troyes,
page 32, an 1757.)
VAni.\NTES :
CLIQUER. Nicot, Oudin, Mo.iet, Dict.
Clicquer. Merlin Cocaie, T. II, p. 410.
Criquer, Cliquet fer.
Clicotter, Criqueteu,
Clicqueter, Cliqueter. Le Jouvenc. fol. 62, R».
Cliquet, subst. masc. Engin à pécher*. Loquet^.
Détente*^. Son de la cloche".
*Sur le premier sens d'engin îi pécher, voyez
Oïd. T. I, p. 794 (4), et (ir. Cout.de Fr. p. 28 et 31, où
(in lit cliquet ou eschiquier. C'est peut-être l'éti-
quette. (Voyez Ci.iNiiuKT ci-dessus.)
° Sur la seconde significalion de loquet, voyez
Gloss. des Arr. Amor. Dicl. de Mcot, Monet. Oudin,
et Cotgrave. » Si doit on toucher à l'huys; et le son
" rendre par le clicliet, etc. » (Dont. Som. Rurale,
page 207.)
•= De l'acception de loquet, ce mol a passé à la
signification de détente. « Illec doit tendre sa dar-
« diere, c'est une perche qui soit tendue, bien
" tirant, et un fer d'epieu bien taillant, et bien agu,
" une petite cordelelte qui soit sur le perluis ou la
« beste vendra, et un cliquet, tout ainsi que un
« ralier (souricière) et quant la beste cuidera
« entier, la desteiidra , etc. » (Chasse de Gast.
Phéb. MS. p. 31 i.)
"Enlin on a dit cliquet, pour le son d'une
cloche (5), qu'on sonnoit à minuit.
Prince, mon corps, par boire, se refet
Dés le matin ; et jusques au clKpipt
De la mienuit me fait vins reconfort.
Kusl. Desch. Pocs. MSS. f iîiO, col. 4 (fi).
VARIANTES :
CLIQUET. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 240, col. 4.
Clicquet, Cunquet.
Clighet. Som. Rurale, p. 207.
Cliqiietage, siihst. masc. Détente d'une arque-
buse. (Dict. d'Oudin.)
Cliquetis, suljsl. masc. Ce mot, sous la pre-
mière orthographe, se dit encore du bruit des armes.
Il s'est dit aussi autrefois du bruit du canon (7).
A la bataille de Castillon, gagnée par les François
en 1453, « avoit lors, dedans le dit champ, tel cli-
» quelis de couleuvrines, et de ribaudequins, que
« iceux Anglois furent contraints d'eux enfuir. »
(Monstr. Vol. III, fol. 57.)
VARIANTES :
CLIQUETIS. Orth. subsist.
Cliqueteiz. g. Guiart, MS. fol. 269, V».
Cliquettement, subst. masc. Bruit. (Dict. de
Colgr. et d'Oudin.)
Clissus, subst. masc. Terme de chimie. Ce fut
un terme inventé par Paracelse, pour exprimer la
quintessence des choses. (Dict. Chym.) » Que les
« alchimistes ne veulent plus leurs secrets, leur
" elixir, et leur clissus. « (Mém. de Sully, T. IV,
page 314.)
Clistré. [Intercalez Clistré, couvert de haillons,
de clustriaus, dans le Pèlerin, de Guigneville ;
D'un ort et viel burel vestue
Ratasselé de clusiriaus...
Ch'est celle qui ratasselée
M'a ainsi, con vois, et clisirèe.
Du Gange, II, i04, col. 3.] (N. e.)
Clitelles, suhst. fém. Paniers. Du latin clilellœ.
« Comme un baudet sautille, et brave avec son
>' bast, panniers, et clitelles. » (Lett. de Pasquier,
ï. II, p. 7!)7.)
(1) C'est un carreau lancé par un mangonneau ; le maître engigneur se nommait parfois maître drcHqueur. (Voyez V. Le
Duc, Dict. il'Archit. sous E»gi».)(N. E.)
(2i Voyez ci dessus cHijne-pali)/. (n. e.)
(3) « Et n'a dente qui ne lui cli(juetli:. » (Villon, Repues franches.) (n. e.)
t4) Voyez aussi t. VU, p. 779 ; t. VIII, p. 535. (n. e.)
(5) « Les portes d'icellui collège seront fermées au coup du queuvrefeu... S' Benoist, et ouvertes au matin au cliquet et
son de la cloche des Jacobins. » (.\rrêt du Pari., 21 déc. 1481.) (N. E.)
(6) Ou lit dans Marot (t. Il, ,")3) : « Mais les langues qui sonnent Comme un cliquet toujours le bruit me donnent De totis
escrits, tant soient lourdemr'nt faits. » (n. e.)
(7) Froissart, dans un récit de la bataille de Rosebeck, écrit avec plus de justesse et d'harmonie imitative : « La estoit li
cliquetis sus ces bacliinés si grans et si haus d'espées et de haces, de plommées et de maillés de fier et de planchons, que
on n'y ooit goutte pour la noi.fe ; et oy dire, que se tout li hyaumier de Paris et de Brouxelles fussent ensamble , leur
meslier fnissant, il n'euissent point mené, ne fait si grant noise, comme li combatant et li férant sur ces bachinés faissoienl. »
(Ed. Ki^rvyn, X, 171.) La corapiiraison se retrouve dans Cuvelier ; « Et quand dessu.s François vont les tlesches cheant,
Dessus ces bacinés qui sont clair et luisant, Firent tel cliguetis: en noise démenant, Que ce ssmbloient fevres sur enclumes
forgeant (v. 22341). (n. e.)
CL
- 63
CL
Cloaisti*e,s«/>,s<. ?HflSf.Cloitre. On ilisoil moines
decloislres, poiirmoinesclauslraux. (Percef. Vol. VI,
f' 8.) Estât (le cluistre. pourelal monastique. (Eust.
Desch. l'uës. Mss. fol. 46.) Foitrmenl de cloislre, pour
l'romenl de choix, ou pareil à celui que mangent les
moines. (Ord.deMelz,dansleCouLGén. T. I, p. 1150.)
VARIANTES :
CLOAISTHE. .loinv, p. 117.
Cloisthe. Percel. Vol. VI, fol. 8, V» col. 2.
Cloant, partie. Fermant (1).
Les fenestres devers miiiy
Bien clouiilcs, pour veoir ledy,
S'en fui la s.iUe trop |iliis chaude.
Gace de la B.gne, d^s UOJuils, MS. p. 3i, R*.
Cloaque, subst. fém. Egout. Ce mot subsiste ;
mais il est aujourd'hui masculin. On disoit autre-
fois la cloaque. (Sag. de Charron, p. 47.) (2)
Cloareguiez, subst. maae. Clergé. Mot breton
rendu par cler(jie,&M\i, le Catholicon de 1499. (Voy.
Du Cauge, au mot Cterimonia, et le mot Clergir.)
Cloche, s;//>si. /'t'?n. Cloche*. Grelot^. Cachot,
prison •=. Sorte d'habillement °.
* Ce mot subsiste encoie, dans le premier sens, et
selon l'orthographe cloche {3). Onécrivoil autrefois
cloque. (Voyez Du Gange, au mot Vadccloque.) On
trouve cleiike, dans les vers d'Adan li Bocus
d'Arras, parmi les Poës .mss. ii" 1490; des mss. du
Vat. fol. 128. Les cleukes sakant, c'est-à-dire son-
nant (tirant) les cloches.
On prend les alouettes « au feu, à la cloche, et au
>• resol (reseau). » (Voyez Modus et P>acio, f° 92.)
Lorsque celui qui porte la cloche ou cloelielte aper-
çoit l'alouette, il sonne plus fort, « afin que les
« deux autres qui sont à ces deux costez, qui tien-
" nent les converloirs, puissent voir et apercevoir
« l'oisel. » (Ibid. fol. 92.)
^Cloche et clochette s'employoienl autrefois
indistinctement l'un pour l'autre. De là, cloche s'est
employé pour grelot.
On a dit, en termes de fauconnerie :
Cloches de Milan lui mectray,
Et gi('ls de leu, si je les ay ;
Sur un gan blanc fait à Paris
Sera le gentil faucon mis.
Gace de la Bi|;ne, des DéJuits, ilS. fol. 93, Vv
Cil qui le chaige à oultraige
De cloches, ne fait pas que saige.
Gace de la Bigne, des Déduils, MS. fol. 89, R".
"^Ce mot signifioit une espèce de cachot, peut-
être ainsi nommé à cause de sa forme. Quelqu'un
m'a dit avoir vu, dans un ancien château, un cachot
composé de deux grandes pierres concaves posées
l'une sur l'autre, représentantia figured'un a'uf(4).
Celle de dessous étoit immobile, et on levoit l'autre
pai' le moyen de deux anneaux, pour y enfermer le
prisonnier. Au reste, quelle que fût la forme de ces
prisons qu'on appeloit cloches, voici le passage oii
ce mot paroil avoir cette signification :
Por ce commandé r'a esté
Que pendu fu, et remonté,
Et si fu il en une cloche.
Hisl. de Fr. à la suite du Rora. de Fauv. MS. du R. n- 6812, f' 8S.
"Enfin on a nommé cloche et cloque, une espèce
d'habillement arrondi comme une cloche, à l'usage
des hommes et des femmes (5). G'étoit un manteau ou
une cape. On le voit quelquefois employé comme
habillement de cérémonie, quelquefois pour dési-
gner un habillement commun, quelquefois pour
îhabil d'un ermite. Dans les Ordonn. des R. de Fr.
T. 11, p. 372, an titre descouluriers, sous l'an 1350,
on lit : « Pour la façon d'une cloche double, trois
" sols, et la sangle à l'adveuant, ■ et au titre des
pelletiers et fourreurs de lobes: « Pour fourer une
« housse, ou cloche, et chaperon, trois sols. » Dans
les Annot. de Godefr. sur 1 Histoire de Charles VI,
p. 779 : « A Monseigneur l'archevesque de Bourges,
« nommé Guillaume Boisratier, chancelier de feu
« mon dit sieur, pour faire robbe, mantel, cloche,
« et chaperon vingt aulnes au dit prix. ■>
Le chien de Froissart, parlant au cheval de son
maître, comme jaloux de la préférence que Frois-
sart lui donne, s'exprime ainsi :
Quant nous venrons jà à l'ostel,
Nos mestres, sans penser à el,
Il t'aportera de Vavainue,
Et s'il voit qu'aies eu painne,
Sus ton dos jettra sa cloijue, etc.
Froisôarl, Poës. MSS. p. SJ, col. i
Ailleurs, le même poète emploie ce mot pour
désigner une cape de berger (p. 282, col. 2).
Cloque est un habillement pour monter à cheval,
dans les vers suivans :
Et si me fault bien, s'il vous plest,
Quant je chevoucheray par rïie,
Que j aye, ou cloque, ou sambrue.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 4!)ii. col. 3.
C'est un habit de cérémonie, dans le passage qui
(1') On le prend substantivement au sens de fermoir : « Unes heures à deux petits cloans d'argent. » (JJ. 153, p. %%,
an. 13y8.) — « Le suppliant prinst unes heures, esquelles avoit un cloant d'argent. » (J.I. 109, p. 'àii, an. 1416.) (n. e.)
(2) « li est ici bas logé au dernier et pire estage de ce monde, plus esloigné de la voûte céleste en la cloai/uc et sentine
de l'univers. » On lit déjà dans Bercheure (fol. 20, recto) : « Il fist fere cloaques, ce sont conduiz souz terre pour ceUes yaues
fere descendre ou Tybre. n (n. e.)
(3) Sur les cloches fondues, voir VioUet-le-Duc , Diction. d'.Vrchitecture . t. III , p. 282 et suiv. Dans les basiliques
primitives, comme dans l'intérieur de nos cathédrales, les exercices étaient réglés par le son des clochettes , employées
déjà dans les bains publics. (Voyez Catnpane, t. III, p. 204, col. et note I.) Aux temps mérovingiens, ces cloches prirent une
grande dimension et eurent prés de 1 métré de hauteur : elles n'étaient pas fondues, mais battues, assemblées et rivées
comme les chaudières à vapeur. Grégoire de Tours les nomme sirjn-iim, d'où le français se'mt : « Sonnent les cloclies et
seint parmi la cit, Procession ont fait au fil Garin. » (Du Gange, VI, 252, col. 3 ) On les nommait aussi campanes, ce sont les
deux mots d'origine latine ; cloche, au contraire, est d'origine germanique. (N. E.)
(4) C'est ce que d'Aubigné nommait chausses d'hypocrus. (T. III, p. 429, note 3.) (N. E.)
(5) Ce sens se trouve au XIII* siècle dans Blanche et Jehan (v. 5i36) ; « De camelin, pour la pouriére , Avoient clohcs
paringaus Fourées de vermens cendaus. » Lin reg. de la Ch. des Comptes, de 1321, nous en montre la forme : « Item une
cUike, ou fonds de cuve de deus dras, c'est assavoir marbré camelin et pers. » Elle ressemblait aussi à la calobe. (T. ÎII,
p. 194, note 5.) (N. e.)
CL
— 6i -
CL
snil : " Or vous prie que vous viieillioz veslir mon
•■■ liahil lie révérence, el celuy hubit esloil en
» mameve d'une cloche fourrée d'iieraiines (1). »
iPercef. Vol. I, fui. Jo'J.) La Colombit're, qui elle
les mêmes aulorités. dit que la cloche eloit un pclil
uianleau, ou roquet, appelé cloche, parce qu'il en
avoit la forme el qu'il éloit garni de sounuUes.
(Voyez La Colomb. Tb. d'bonn. T. I, p. 288, et Du
(lange, au mol Clocca 5.)
C/w/(^ est l'babit d'ermite, dans Perceforesl. « H
n regarde par devant luy, et voit ung bomme, se
" luy fut advis, vestu d'une cloche de noir bureau ;
« Si avoit deu.x Iroux par devant, par où il avoit
« ses bras mis bors : Lors Estonne dist. Dieu ! quel
" bern)ite! Zepbir luy dist, l'habit le monstre. «
(Percef. Vol. Il, fol. 3'i.)
Rapportons les diverses façons de parler ancien-
nes, où le mot cloche étoit employé dans le sens
que nous lui donnons encore (2) :
1" On disoil la cloche du vigneron sonné, pour
désigner une certaine heure du jour. » Par la cous-
« tume de la dite ville, et eschevinage, les bour-
" geois d'icelle ville sont tenus, chacu'n an, le jour
■■ des Rois, après la cloche du vuigneron sonné,
« bailler, et délivrer, etc. » ^Cout. d'Evreux, Coût.
Cén. T. II, p. 924.)
2" Cloche bouchée ou fermée, pour cloche où l'on
a mis un tampon pour empêcher qu'elle ne fasse
du bruit. Cloche s'entend ici des clochetles que l'on
attache au cou des bêtes: « Si esdites vignes, ver-
" giers, jardins, et prés clos, est trouvé gros bestail
« mis à garde faite, ou avec cloche fermée, ou
» bnuschée, en temps de fruits, de nuit, le seigneur
« (maistre possesseur; du bestail encourt l'amende
" de vingt sols tournois, par chacun chef. » (Coût.
d'Acs, Coût. Cén. T. IL p G8I.)
3^ Cacher à son de cloche, façon judiciaire d'agir
contre quelqu'un. Nous l'avons expliqué au mot
CACHER (3).
On disoit proverbialement : Sonner les cloches, et
ffssisterà laprocession. On trouve l'application de ce
pioverbedans le .lourn. de Trev., avril 1735, p. 161.
VARIANTES (4) :
CLOCHE. Orth. subsist.
Ci.oiCHE. Ilisl. de B. du Guesol. p. 202.
Cloque. Gloss. sur les Coul. de Beauv.
Cleuke. Poës. MSS. Vatican, n» 1490, fol. 128.
Cloclieman, subst. masc. Ce mot désignoit le
mouton qui conduit les autres, par le son d'une
clochette qu'il a pendue au col. (Borel, Nicot, Monet.
Cotgrave et Oudin, Dict.) On a dit cloqueman, pour
sonneur de cloches (■'>). (Voyez ce mot ci-après. i
Cloclienient, subst. masc. L'action de clocher.
(Cotgrave et Oudin, Dict.)
Clocher, suhsl. musc. Faiseur de cloches.
VARIANTES :
CLOCHER. Oudin, Dict.
Clogheïier. Oud. Cotgrave, Dict.
Clocherie, subst. fém. Sonnerie. (Dictionn.
d'Oudin et de Cotgrave.)
Clocheter, verbe. Sonner. On a dit cloeheter
la cloche, pour la sonner. (Fabl. mss. du R. n" 7218,
« fol. 311.) Tient une clochete en sa main, dequoy
<■ il va clochetunt. » (.Modusel Racio, fol. 1)2.)
Clochette, subst. fém. Sonnette*. Grelot °.
*Nous disons encore c/oc/iPff(? (G), dans le premier
sens; mais nous avons ù remarquer sur ce mot,
pris dans celte signification, qu'on faisoit autrefois,
au son de la clochette (7), les proclamations pour les
ventes el les curatelles, dans la Coût, de Gand et
dans celle d'Oudenarde. (Voyez iNouv. Coût. Gén.
T. I, p. 998, col. 1, p. 1091.)
On se servoit du mot clochette, en un sens
obscène, dans cette expression clochette de Callien,
qui se trouve dans les Poës. mss. d'Eust. Desch. ^440.
On prononce encore clokete ou cloquette, au lieu
de clochette, dans les provinces septentrionales de
la France.
^ On nommoit cloquette et clokete ce que nous
nommons aujourd'hui grelot. On disoit, en parlant
du fils d'un roi d'Angleterre :
. . . Moult cointeraent atomes,
A clokeles, et à lorains.
Ph. Mouskes, MS. p 508.
Pour pendre le grelot au cou du chat :
Mais il convient, comme dist la souris,
Voir qui paudra la i-loqiietle au myuon.
Eust. Ucsch. Poi'S. MSS. p. 286, col. i.
Les bergers porloient des grelots qu'on nommoit
cloquettes de S. liemi. Froissart, en parlant de
leurs meubles, dit :
Aloierere, bourse, et coutel
Escargies, boites aussi,
Et cloquettes (S) de S. Remy ;
Pipes, canemeaus. et tiagos.
Poes. MSS. p. 282, col. 1.
VAniA.NTES (9) :
CLOCHETTE. Orth. subsistante.
Clocheite. Estrub. Fabl. MSS. du R. n= 7996, p. 90.
(1) On lit encore au fol. Wï : « Adonc a la dire Lydore la royne : venez à moi, Lyriope , belle fille; si vous osteray la
rlochc que vous avez vestue, et si nous servirez. » (n. e.)
(2) Voyez aussi Leroux de Lincy (Proverbes, t. I, p. 6) ; Rabelais (II, 29) a écrit aussi : « Dont il feut plus estonné qu'ung
fondeur de ckxlies ; et s'escria : « Ha ! Panurge, où es-tu ? » (N. E.)
&) T. III, p. 173, col. 1. (N. E.)
('!•) On trouve aussi rtoice dans Froissart (X, 188), et les Bourguignons prononcent encore cloiche. (n. e.)
(5) « Al.irs Remons clochenumt de l'église de S. Quentin en Vermandois et Gérard Casse aussi clochemant de la dite
église. » (.IJ. 158, p. 25. an. 1403.) (n. e.)
(6) On lit dans la Bataille des Sept Ars : a Madame Musique aus clochettes. Et si clerc plein de chansonnettes. » (N. E.)
(7) On lit en ce sens dans un rondeau de Charles d'Orléans : « Crié soit à la clochette Par les rues, sus et jus : Fredet, on
ne le voit plus ; Est-il mis en oublicte? i> (n. e.)
(8) C'était peut-être une pièce héraldique ; « Tabar semet de cloquettes (Froissart, II, 87) », ou un ornement : « Son jaque,
qui esloit de clochettes garnis. » (Du Guescl., v. 19360.) (N. E.)
(9) On lit dans l'apologie d'Hérodote d'H. Estienne : «t II est de la petite t-^oc/ief/i; », c'est-à-dire il est huguenot, (n. e.)
CL
65
CL
Cloquette. Froissait, Poës. MSS p. 282, col. 1.
Clokete. Ph. llouskes, MS. p. 508.
Clocliier, verbe. Boiter, clocliei'(l).Ce mot sub-
sioli; 5.oLisla seciMideorlliùgraplie; mais oiinediroit
plus que la fortune cloche pour signifier qu'elle se
lasse.
fortune clochoil;
Et river ausint aprouchoit.
Hisl de Fr. à la suile du I^om. de Fauvel, fol. iM^.
Onécrivoit^/Of/(/£'r, dans l'acception sul)sislante :
Une heure commence à clochier.
Pour gouttes qui le vont tenant :
Autre fois la teste Iny fent,
De doleur.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 252. col. 2.
On lit dans les Ord. des R. de Fr. T. I, p. 270, le
passage suivant : ^ Eu ces cas où il auroit detTen-
« dant, et demandant, li sires feroit querre letres ;
« si ne seroit pas la cort ygax (cour égale\ car
" jugement, si ne doit pas écligier, selon l'usage de
« coVt laie. » (Ord. T. 1, p. 275. — Yoy. l;i noté (E),
où on lit que, dans le ms. de M. Joubert, il y a
éligier, et clochier dans celui de M. le Chancelier et
de M. BaUize.) On a mal lu guerres letres, pour
queretleres, qui signifie demandeur; et il y a tout
lieu de croire qu'il ne faut pas lire clocliier, mais
esliyier, bâtir, dresser. M. Ealconnet. d'après les
Elabl. de S' Louis, liv. H, ch. ii, entend, par ce pas-
sage, que, dans le cas où le seigneur seroit deman-
deur, querelleres, il ne pourroit élre juge, esligier,
dresser le jugement.
On a dit proverbialement :
1° Se moque, quicloque. (Rabelais, T. III, p. 133.)
Selon Cotgiave, ce proverbe désigne ceux qui, plus
imparfaits que ceux dont ils critiquent les actions,
n'en ont pas plus d'indulgence.
2" On voit bien de quel pied il cloche, c'est-à-dire
on devine aiséracul ce qui le séné. (Langlet, Hist.
de la Pucelie, T. Il, p. 83.)
VARIANTES (2) :
CLOCHIER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 243, R" col. i.
Clocher. Orth. subsistante.
Cloquer. Dict. de Cotgrave.
Clocqtier. verbe. Glousser. On a dit. en par-
lant ilii chaut de la poule : « La poule cacquette, et
« clocque, en gardant, et promenant ses poulets. »
a 'V I r. Ilil \
(Merl. i.ocaie, T. I. p. 161 )
Ciodis, subst. masc. Enclos. « Les prez, et
'< ciodis bouchez d'anciennelé, ils sont de garde
« toute 1 année. » (Proc. verb. de la Coût. deRour-
bonnois, Nouv. Coul. C.én. T. III, p. 1217.) On disoit
ciodis portens revivres, pour prés portant regain.
(Ibid. p. 1216. — Voyez ci-après Clotiz.)
Clodoe, subst. masc. Clovis. Nom propre du
premier roi de France, dans l'Hist. de S" Léocade,
MS. de S. G. fol. 32.
Cloé, partie. Cloué*. Garni de clous °.
*0n lit, dans le sens propre de cloué, en parlant
de Jésus-Christ :
. . . Vos tuit que li dit oez,
Quant Diex se mostrera cloe:.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. I, fol. 67, V cqI. 1.
^ A.\i figuré, cloé signifioit garni de clous, comme
dans ces vers :
. . . Blanche espée,
Maçue doée.
Rob. dou Chaslel. Po5s. MSS. avant 1300, 1. 1, p. 57.
On appliquoit aussi ce mot aux choses qui
n'éloient que de pur ornement :
Cote Iraiïiant, et corroia
Cloée de soye,
Ou^Tée d'argent.
Li Dux de Brcbanl. ibil. T. II, p. 717.
Du Gange, au mot Armatura 2, cite cet article
d'un inventaire d'armure, en 1316, où on lit:
» Item, une couverture de mailles rondes, demy
•' cloées. Item une testière de haute cloueure de
" maille ronde. »
VARIANTES :
CLOÉ. Poës. MSS. avant 1300. T. II, p. 717
Cloez. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 324, V" col. 2.
Cloer, verbe. Clouer (3). C'est le sens propre de ce
mot; de là, il semble s'être employé, dans un sens
plus général, pour attacher, afficher, comme dans
ce passare : « Vous mandons que ces présentes
« letres vous fassiez faire copies, et mettre, et cloer
« en plusieurs lieux. •• (Ord. T. I, p. 773, notes,
col. 2.)
Cloere. [Intercalez Cloere , pile à fouler les
draps : « Il lui dist que ilz trouveroient grant
" quantité de draps èsc/oe?rsou poulies du pontoir
« de l'Espau,... que les foulons n'en diront ja
" riens. •■ (J.I. 155, p. 90, an. 1400.) Cloiere est au
t. VI des Ord., p. 366, an. 1378; clonyere au t. IX,
p. 172, an. 1403.] (n. e.)
Cloeur. [Intercalez Cloeur, ouvrier chargé de
clore un champ: <■ Encore doit cascuns..'. un
« vendengeur es vingnes le conte vendengier, et
« un cloeur as vingnes enclore. » (Ch. des C. de
Lille, an. 12C5; Du Gange, II, 385, col. 2.)] (n. e.)
Clofichei', verbe. Clouer*. Percer^. Ce mot,
dans S' Bernard, répond au latin af/jgere et infirjere.
(Voyez Dict. de Borel.) On écrivoit autrefois clo,
clan, elc, pour clou; de là, cette variété d'ortho-
graphes du verbe clo ficher.
*0n lit, au premier sens déclouer, qui est le sens
propre :
Douz Die.x I el cuer sovent te boutent,
Et lor lances, et lor espiez
Il le clojich'^Ht meins et piez.
Hist. de S" Léoc. MS. de S. G. fol. 27, V- col. 2.
tl) Ce mot signifie encore sonner la cloche : « L'abeasse qui cloclw La cloiche dou cloichier Fist devant li venir, qui la
veisl ihchier. » (Rutebeuf, 182.) (N. e.)
(2) On lit déjà au iib. psalm. (xu" siècle, p. 21) : « Li fil estrange mentirent à mei, li fil eslrange sutit env'.egi, et clocerent
de lur sentes. » (N. E.)
(.3) On lit déjà dans Berle (43) : « Ah ! sire Dieu, fait-ele, qui te laissas clncr. » (N. E.)
IV. 9
CL
- 66
CL
Chascune créature doit
Cpste dolor plorer, et plaindre :
En toi voi ctaufir et destaindre
Mon cher fils (lui lumière esloit.
Fal.l. MSS. du R. n- 1218, fol. M, V col. 1.
° De là, ce mol signifioil percer avec quelque
cliose (|ue ce fût, avec une lance, comme en ce
passage :
Et la fu Dieux crucefiés,
Et de la lance clojicics.
Ph. Mouskes, MS. p. 27tl.
VARIANTES (1) :
CLOFICHER. s. Bern. Serni. fr. MSS. p. 122.
Clofichier. s. Bern Serm. fr. MSS p. 91.
Claufichier. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 90, V°.
Clauficer. Fabl. MSS. du R. n° 7218, fol. 94, V» col. 2.
Cloficikr. l'h. Mouskes, MS. p. 279.
Clofikier. Vi^!S des SS. MS. de Sorb. ch lxi, col. 39.
Claufir. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 94, V" col. \.
Cloficlieure. [Intercalez Cloficheure, cicatrice
faite par un clou: » Sire, saint Thomas dist, se je
■< ne voi Va cloficlieure de ses mains elde ses piez,...
« je ne créerai ja. » (Du Gange, 11. 383, col. 1,
d'après un ms. du fonds S' Victor.)] (n. e.)
Clofis, partie. Cloué, percé. Parmi les reliques
que Charlemagne apporta, de la terre sainte à Aix,
il y avoit :
L'un des claus dont Diez fut clo/h.
Ph. Mouskes, MS. p. 205, ihid. p. 327.
Cloiere, sMfc.sf./'t'm. Tour, circonférence (2). L'é-
diteur s'explique ainsi dans ce passage : « Les fagots
« marchans qui devront estre espincez (taillez) de
" trois pieds, et demy de long, et neuf paulmes de
« cloiere au rond. » (Coût, de Hainaut, Nouv. Coût.
Gén. T. 11, p. 149.) " Les velourdes (falourdes) deb-
» vi'ont avoir sept paulmes de cloijure. » (Idem,
T. I, p. 814.)
VAIUANTES :
CLOIERE. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 149, col. 1.
Cloyure (3). Coût. Gén. T. 1, p. 814.
Cloire, verbe. Clore, terminer, enfermer. Ce
mot subsiste sous cette orthographe. On disoit
autrefois cloii-e (4).
S'est bien heure de ce temps cloire.
Froissart, Pocs. MSS. p. 343, col. 2.
L'orthographe clore ne me paroit pas bien
prouvée, car, dans le ms. que j'ai cité, on lit :
Adon dorera chérubin.
Et SI tranblera serafin.
Sign. du Jugera. MS. de S. Germ. fol. 25, R" col. 3.
Or, il ne paroit guère douteux que dorera signifie
en cet endroit plorera, pleurera. Soit que ce soit
une faute de copiste, soit que l'on ait effective-
ment (lit dorer, pour pleurer, ce que je n'oserois
affirmer, n'en pouvant citer d'autre exemple.
Quant aux orthographes doer et clouer, pour bou-
cher, fermer, elles paroissenl suffisamment prou-
vées par les passages suivons :
Li oeul li cloenl, si s'endort,
Fabl. MSS. du R. n' "089, fol. 60, V- col. 1.
" Si lu ne le peux oiiir, mets ton front contre
'< terre, en clouant une oreille, et après l'autre, et
" de quelque cosléenleudras, où doit eslre oiseau. »
(Fouilloux, Faucon, fol. 71.)
CONJUGAISON :
La conjugaison ancienne du verbe clorre fournit
quelques mots que nous devons marquer:
Clieut, ind. prés. Enferme. Dans unGloss. lat.fr.
cité par Du Gange, Gloss. lat. au mot Inclusor, on
trouve inclusor, qui enclost, ou clieut.
Cloex, part. Fermer. fFabl. mss. du R. n" 7218,
fol. 243.)
Cloiens, ind. prés. Fermons. (S. Bern. Serm. fr.
MSS. p. 298.)
Cloist, ind. prés. Ferme. (Fabl. mss. du H. n^TOir),
T. I, fol. 118.)
Clostrent, au prélér. Fermèrent. (Fabl. mss. duU.
ir7218, fol. 211.)
Clôt, ind. prés. Ferme et se ferme. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 4.)
Cloux, partie. Fermé. (Le Jouvenc. ms. p. 198.)
Clouijt, prêter. Ferma.
Et là querant palme victorieuse,
Clomjt le pas de .<a mort glorieuse.
Grelin, p. 69.
Cloyst OU cloist, i^rétér. Ferma. On disoit : <• Il
« cloist, ou clorjst la porte à ses derniers jours »,
pour il mourut. (La Salade, fol. 32.)
Clouet, impart. Fermoit. Borel cite ce vers du
Roman de la Rose :
Ains clouel un cil, par dédain.
C/Oî/«s^ impart, suhj. Fermât. Quoiqu'on ait dit
clouist, pour fermât, Cotgrave pourroit bien n'être
pas fondé à supposer qu'il y ait eu un verbe douir.
Rien n'empêche de croire que c'est un des temps de
la conjugaison irrégulière du verbe cloire. Cette
observation peut s'aiipliquer au mot t/oî/cf ci-dessus
et généralement à toutes les anomalies qui sem-
blent justifier les infinitifs douer et doer. On lit
clouist, dans l'Hist. de Floridan, p. 719. « Elle
« requist à ce Ribaull que il clouist les feneslres. »
Ciouoies. Impart. Tu fermois.
La porte ouvroies
A ton vouloir, et la ciouoies.
Eust. Deschamps, Poês. MSS. fol. +63, col. 1.
Clous, partie! Fermé. (Rabelais, T. III, p. 49.)
Clouze, partie, fém. Fermée. (Borel, Dict.)
Cloz, partie. Fermé, clos. Dans la Coût, de Boul-
lenoys. Le tems dos est le temps oîi les prés doivent
être fermés, qui est depuis la mi-mai jusqu'au jour
S- Pierre. (Coût. Gén. T. l, p, 695.)
(1) Voir cleapcher. (N. E)
(2) Voyez plus haut cloerc. (N. E.)
(3) Nous disons encore une cloyère d'huîtres, (n. e.) ...
(4) C/aiirffîre, avec le premier e bref, a donné c/ore ,- si cet e s'allonge, 011 a <looir, puis cloir. qui, par confusion avec
clore, devient cloire. (N. E.)
CL
67 —
CL
Cluse, pa; tic. féin. Close, fermée (1). On disoilPas-
ques etuses. pour Pâques closes. (Du Gange, au mot
Pascha.) Cluse de pasche (ibid.), dans le même sens.
(Voyez Carta magna, fol. 24.) (2)
VARIANTES :
GLOIRE. Froissart, Poës. MSS. p. 343, col. 2.
Cloue. Sign. du Jugem. MS. de S. G. fol. 25 R° col. 3.
Clorre. Orth. subsistante.
Cloure. Joinville, p. 34'.
Clouir. Korel, Dict.
Clouer. Cotgrave, Dict. (3)
Cloer. Modus et Racio, MS. fol. 64, R".
Gloser Hist. de la Sainte-Croix, MS. p. 9.
Cloiser, verbe. Ouvrir et fermer alternative-
meni, (Brant. D" Gall. T. I, p. 345.)
Cloison, suhst'. fém. Clôture*. Impôt °.
* Nous disons encoi'e cloison, dans le premier
sens, .loinville écrit cloaisoii, p. 89 (i) ; mais nous ne
disons plus cloison, pour clôture d'acte, et on le
disoit autrefois. « Avons procédé à la clôture, et
« cloison des dits articles. » (Coût. deClermont. —
.Nouv Coul. Gén. T. II, p. 887.)
° Les fortificalions sont les clôtures des villes,
les cloisons; de lu, l'impôt octroyé par les anciens
ducs d'Anjou aux maires et eschevins d'Angers,
pour enti etcnir les fortifications de leur ville, a été
nommé cloison ou clonaison[o).
VARIANTES :
CLOISON. Orlh. subsistante.
Clouaison. Lauriére, Ménage.
Cloaison. .loinville, p. 89.
Cloisonneiise, adj, au fém. On trouve paroy
cloisonnense, dans les Èpitli. de M. de La Porte.
Cloistral, adj. Claustral. ;Dict. de Cotgrave.)
Cloisti'és, suhst. masc. plur. Moines cloîtrés.
On a dit, [tar opposition :
Séculiers, et ctoistrés ensemble.
Eusl. Deschanips, Poés. MSS fol. 541.
Les cloistrés sont distingués des religieu.x, dans la
Coût, de Luxembourg. (Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 340.)
Cloistrier. adj. Qui habite le cloître. On enten-
doit par moine cloistrier un religieux qui habite le
cloitic, par opposition à celui qui est dans la mai-
son en qualité d'hôte, ou qui est pourvu d'un béné-
l],.f. .,,.; re'npêche d'y demeurer. (Voyez Monet ; I
Epith. de M. de La Porte.) Cloistrier {6) est rendu par
le mot lalin monasterialis, dans la Règle de S' Ben.
On disoit chanoine cloistrier, pou!- chanoine
régulier. « Estienne de Sainct Julien fut chanoine
» régulier (ils disent cloistrier) de S" Antoine en
« Viennois, commendeur de Charni en l'Auxois. »
(S- Jul. Mesl. Historiq. p. 435.)
On a dit aussi, au féminin, cloislrière, pour
désigner une religieuse enfermée dans un cloître.
Nule riens tant religieuse,
Ne abesse, ne prieuse.
Ne cloistncre, sage, ne foie,
Se on la velt melre i escole, etc.
Ovide de Arle, .MSS. de S. G. fol. 95, R* col. 2.
Dans une pièce intitulée : C'est chartre des bons
cnfans de Vertus en Cltanipaigne, on lit :
Et si vous devez exciter
.4 poursuir femmes cloistrieres (7),
Ou communes, ou vilotieres.
Eust. Desch. Pops. MSS. fol. 408, col. i.
On trouve // cloistrier de Sans (Sens), parmi
les Proverbes à la suite des Poës. mss. avant 1300,
T. IV, p. 1651 (8).
Cloke, suhst. fém. Instrument de musique à
l'usage des bergers.
De la clokc, et du frestel,
Et de sa muse au grans forrel,
Fera la rebardie.
Jean Erars, Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 1133.
A la clokete, et à la muse,
Aloit chantant une cancon.
Ern. Caupains. Poi s. MSS. avant 1300. T. II, p. 91?.
VARIANTES :
CLOKE. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 935.
Clokete. Ibid. p. 919.
Clooners, suhst. masc. Glovis. Nom propre du
premier roi de France.
. . . Clooners fu pius rois (9),
Riches, et saiges, et cortois :
Celui converti saint Remis.
Parlon de Blois, MS. de S. G. fol. 125, V col. 8.
Clop, adj. Boiteux.
Et li commanda que tout cil
Ne franc, ne sierf, ne bon, ne vil
Ne clop, ne rous, ne blanc, ne noir.
Oui vourroient à Ais manoir,
De tous usages fusent frans.
Ph. Mouskcs, .VIS. p. 70.
(1) Cluse, dans le ,Tura ; dus, dans les .\lpes de Provence, se dit des défilés qui traversent la chaîne ; les rivières y sont
comnio enfermées ou plutôt il n'y a pas place pour les sentiers. On nomme encore clissura ^clausura) les Portes de Fer
d'Orsowa sur le Danube. Au Mexique, ce serait des canons, (n. e.)
(2) C'est le dimanche de la Quasimodo. Cluse se trouve dans les textes anglais : <c Lendemain de la cluse de Pasche. —
Le m-Tijn^dy après Pasques cluses l'an de grâce 1326. » (Du Gange, V, 115, col. 2.) On lit encore dans Partonopex (v. 2143 ;
« Mîiis il atent l'arriére ban Qui vient à feste Saint .lohan. Dont estoit close Pentecou.'îte, » (n. e.)
(3) C'est encore la forme du Berry ; elle a a.^lené la confusion avec clouer (de clavus). (N. E.)
(4) Le mot ne se trouve pas au vocabulaire de l'édition de M. de Wailly ; il a été employé au xn« siècle par Benoit de
S' More ; « Les fossez virent, la cloison Qu'il aveient fait d'environ. » (II, 3i6ô ) (N. e.)
(5> On lit au reg. JJ. :!I5, p. 1145, an. 1474: « Le suppliant pour aider à .lehan Krmenier .à cueillir et lever certaine
coustiunf rie ou cloi-on, qui est de la baronnie de Craon, et laquelle icelui Ermenier tient à ferme. » (n. e.)
(6) On lit dans Renart (v. 20996) ; « Il ne ressemble chevaUer, Voir por le cuer beu, mes cloistrier. De livres porte grant
plenté. » E. Deschainps (fol. 253) écrit aussi : « Plus vit en paix un poure chapelain Aux frais d'autrui ou par sa pourveànce,
Ou un cloistrier, ne fait son souverain. » (s. E.)
(7) On lit encore au ms. fr. de la B. N. anc. 8312. 5, an. 1396: « Item que toutes filles de vie cloislrieres ou femmes
communes diffamées voisenl tenir, tiennent et facent leurs bouticles es lieux ad ce ordonnés d'ancienneté en la dite ville
[de Troyes], » De même au reg. JJ. 1.55, p. 178, an. 1400 : « Ledit Jehan estoit en la m.iison d'une femme de vie cloistricre,
appelée .\nielot Lestarce, demourant pour lors à Paris en la rue Jehan Gencien. » (n. e.")
(8) D'après Leroux de Liiicy (l, 303), on le trouve au Dit de l'.Vpostoile. (N. E.)
(9; Lisez plutôt Cloovers. (N. E.)
CL
G8
CL
<i Jeanne de Drelagne, dicte !a dope, c'est a dire
« la boiteuse. » (l'avin, Th. d'hunn. T. I, p. 806.)
On lit, en parlant de malades guéris miraculeuse-
ment: >. 670/x. y fuient drecés(l). » (Cliron. S'Denis,
T. 1, fol. 133.)
VARIANTES :
CLOP. Ph. Mouskes, MS. p. 70.
Clops. Somme des Vices el des Vertus, MS. de S. Victor.
Cloup [lu Cange, GIcss. lat. au mot Cloppus (2).
Clos. Ph. Mousk. IIS. p. 294 et CM.
Cloïz, plur. Cliron. S. Denis, T. 1, fol. 133.
Glop. Du t;ange, Gloss. lat. au mot Cloppus (3).
Cloper, verbe. Boiter*. Marcher^.
* Le (ireniier sens de boiter est le sens propre et
le plus ordinaire.
La jambe tant ly eslocha,
Que désormais touz temps clocha :
Depuis dosa toute sa vie.
Hisl. des Trois Maries, en vers, MS. p. 331.
^ On a dit aussi clopper, pour cheminer, marcher
beaucoup et avec fatigue. •< Lancelol eut ja tant
« cloppé, entre luy (ensemble) et le roy, etc. »
(Lanc. du Lac, T. III, fol. 17.)
VARIANTES (4) :
CLOPER. Oudin, Dict.
Clopper. Du Cange, Gloss. au mot Cloppus.
Clopineu. Oudin, Dict.
Gloser. Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 331.
Clopin, ailj. Doiteux. « En vieux mot frangois
clopin (.")), c'est-à-dire boiteux. » (Fav. Th. d'honn.
T. 1, p. 808.) " 67o/)irtC/, c'est-à-dire boiteux, et dont
« vient esclopé, celuy quien allant tiainesa jambe.»
(,Fauch. Lang. et Poës. fr. p 200.)
Ce mot est encore en usage, comme le surnom
de Jean de Meung, l'un des plus célèbres de nos
anciens poètes.
VARIANTES :
CLOPIN. Favin, Th. dhonn. T. I, p. 808.
Clopinel. Fauch. Lang. et Poës. fr. p. 200.
Clopyei*. [Intercalez Clopijer, clocher, boiter,
au tig. biaiser, user de finesse: « On ne poet à
» présent clopyer devant les signeurs ne leurs
« consaulx, ils y voient trop cler. " (Froissart,
IX, 372.)] (n. e.)
Cloquante, adj. au fém. Qui glousse. C'est en
ce sens que ce mot est mis pour épilhète de poule,
dans les Epithètes de 51. de La Porte.
Cloqueman, subst. viasc. Sonneur de clo-
ches (G). (Voyez Ménage, Dict. Etym. et Ou Cange, au
mot Cloqueiiiatuins.)
i'Aos, subst. masc. Enceinte*. Partie d'armure^.
Clou, flou de girolle '^. Clou, maladie". Terme de
fauconnerie^. Terme de poétique''.
* Nous disons encore t'/os, pour enceinte fermée
de muis ou autrement. Delà est venue l'e.vpression
ancienne de clos liru)ieuit ou clou Rruneau (7j, qui
désignoit un clos ou terrain leul'ermé, planté de
vignes, dont le proprielau'e se nommoil Bruneau.
Frère Odon, p. 40i de l'ilist. de Melnn, prétend (|ue
c'est tout le quartier de l'Lniversilé de Paris. Feli-
bien, Hist. de Paris, p. iti8, dit que la rue S'-Jean-
de-Beauvais étoit autrefois appelée la rue du (;/(;.s
Bruneau; d'autres diseiit que c'est aujourd'hui le
quartier de S' Hilaire 18). (Voyez Le Ducliat, sur liab.
T. IV, p. 215.) Rabelais, par allusion à l'usag.; où
l'on étoit de faire ses ordures dans ce quartier,
a dit clous Bruneau, pour le derrière. (Ibid.)
C'est le sens d'un certain teirain renfermé,
nommé dans Froissart le clos de Constanlin (ft).
(Liv.ll, p. 116.)
^ Le mot clos désigne une partie du casque, dans
cet autre endroit de Froissart (liv. I, p. A&2\ : « Et
<• avoient avalé (baissé) le clos (10), et visières de
« leurs bacinets. "
Clox^ est une partie du bouclier, peut-être l'anse,
la boucle, dans Percef. (Vol. 1, fol. 25.) « 11 arra-
« choit les escus des cloz el ostoit heaulmes des
« testes, etc. »
Peut-être ce qu'on appeloil f/os, dans l'armure,
étoit-il des espèces de clous; car ce même mot
clos signitioit clou, comme nous l'avons déjà dit,
au mot clau. De là, on lit dans S. Bern. Serm. fr.
Mss. p. 209, clos pour clous, dans le latin clavi. On
disoit clos, doux, pour désigner les clous de
girofle.
Safran, canelle, espicerie,
Gingembre blanc, graine, et doux non
User verjus, jeune mou.'ons.
Easl. Desch. Pocs. MSS. fol. 442, col. i.
Et ailleurs:
Clos, saphran, graine, etc.
Ibid. fol. 20li, col. 3.
Dans les Tenures de Littlelon. fol. 49 , on parle
de llefs assujettis à la redevance d'un clou d'e
girofle.
(1) Au t. V de D. Bouquet, p. 279, on lit : « xiiii clop i furent redrecié. » (n. e.)
(2) Dans l'Hist. de la princ. de Deols, par J. Le Gogue : « De son espée tellement le frappa au pié devers le talon, que tout
le temps de sa vie en va clocher, et pour ce fust appelle le cloup de Chauvigni. » (n. e)
(3) « Li avugle ont recouvré le veoir, li sort l'oyr, 11 glop l'aler. » (Ms. fr. S. Victor, 28, fol. 17.) (n. e.)
(4) De' là le participe dopant, dans la Chr. de Rains (p. 107) : « Et chemina dusques al hospital tout dopant, et pria pour
Dieu qu'on le hebregast. » (n. e.)
(.5) « Mes gens s'en vont à trois pies Clopin-dopanl comme ils peuvent. » (La Fontaine, Fables, V, 2.) (n. e.)
(6) Voiv dodiemant. (n. e.)
(7) a Les escoliers de Dormans, fondez en Cloz Bruncl à Paris par feu seigneur de bonne mémoire monsieur le cardinal
de liefiuvez. » (,1J. 106, p. 308, an. 1374.) Comparez une pièce latine de l:iG6, JJ. 97, p. 54. (N. e.)
(8) Voyez en ce cas le plan du collège S" Barbe el de ses environs, vers 1480, par M. Berty. (J. Quicherat , Hist. de
S'" Barbe, t. l. (N. E.)
(9) On lit encore au t. XVI de l'éd. Kervyn, p. 191 : « Ils se trouvoient bien du dos de Londres 24O00 hommes armés de
piet en cape de toutes pièces. » On lit souvent aux chartes du xiv siècle, dos des rjalées : « Comme parnos autres lettres...
ayons oltroyé à nostre très chier et féal cousm et connestable le sire de Gliçon une de nez barges laquelle vouldra choisir
et prenre eu nostre doux des galées à Rouen. » (B. N., Chartes royiiles, t. IX, n. 20, 31 décembre 1381.) (n. e.)
(10) Lisez « avalé et dos les visières ». (N. e.)
CL
69 —
CL
° De là encore, on donuoil le nom de c!o:i (1), îi ces
petits boulons qui viennent à suppuration, cl que
nous appelons clous.
Bosses, cloz, roignes, et tranchoisons.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 206, col. :i.
^Eii terme de fauconnerie, ce mot désignoil une
maladie des oiseaux, aulreinenl appelée podagre.
« Pour bien cognoislre les signes de podagre, ou
« autrenieiiî nommée doux, ou galles, que les
« oiseaux ont es pieds, etc. » (Fouilloux, Faucon.)
■^ Enfin clos étoil un terme de versilication. Dans
le recueil, ms. des Poës. d'Eust. Desch. fol. '2!)8, on
lit ce passage : « Est à savoir que virelais se font
« de plusieurs manières, dont le refrain a, aucunes
« fois, quatre vers, aucune fois, cinq, aucune fois,
<■ sept; et c'est la plus longue forme qu'il doye
« avoir, et les deux vers après le clos, et l'ouvert,
« doivent élre de trois vers, ou de deux et demi. »
Il est évident que f/os, opposé ici à ouvert, est
plutôt le participe du mot clorrc, qu'un substantif.
Les italiens et les troubadours disoient rima
clatisa, rima cara, d'où s'est fDrmée l'expression
rimer en clos, ou en cliarelle, jeu de mots d'une
espèce froide et misérable, mais de laquelle nos
anciens auteurs faisoient usage souvent.
Pour rimer en clos uu en chnrette,
N'est aujouril'huy, bien le puis soutenir,
Si grand fai.seur, ne si noble poêle.
Eusl. Desch. Poës. JISS. fol. 22.'), col. ■%.
VARIA.NTKS :
CLOS. Eust. Desch. Poës. MSS fol. 206, col. 3.
Cloz. Percef. Vol. I, fol. 2,î, R» col. 2.
Clous. Felibien, llist. de Paris, p. 1(38.
Cloux. Fouilloux, Fauconnerie, toi. 84, V".
Closage. [Intercalez dosage, sorte de tenure:
« Uns espérons dorez de deus solz suz verge et
« demie de terre en closage, que tient Sevestre
« Morel. » [V.h. de 1293, Du Cange, 11, 'i02,
col. 2.)] (N. E.)
Closcu, subst. masc. Le dernier poussin (21. En
Anjou, c'est le poulet qui est le dernier éclos de la
couvée. (Dict. Etyni. de Ménage.)
Closelet. [Intercalez Closelet, petit clos, au
reg. .M. lOG, p^ 83, an 137'i; « Comme .Jehan de
•< Biuxeres... eust fait un petit closelet ou jardin. »
On trouve aussi closet dans une pièce de 1-308:
« La pièce de Carvillealesaparteiiances,... aveques
« un closet, prisié à vint soulz tournois de rente. »
(Du Gange, II, -502, col. 2.)] (n. e.)
Closemeiit, adv. Complètement *. Secrètement,
élroilement ^.
* Ce mot est pris dans le premier sens de com-
plètement, en l'Ordonnance de 13.^9 (t. III, p. 362),
concernani les arbalétriers de Paris. " Ils seront
« lenuz de faire, comme à leur tour pourra escheoir,
« et a cba.scun d'eulx, selon la eonslitulion des
>' cinquantaines, et autres subsides, closemeiit, et
« entièrement (3). »
^ Closement signifie .secrètement, d'une façon
retirée, étroitement, dans le passage suivant, où
frère Jean de llochetaillc dit, en parlant du faste
du clergé de son temps ; » Saint Silvestre ne che-
« vauclioil point ii deux cens, n'a trois cens che-
■> vaux, parmy le monde: mais se tenoit simplement
« et closement h Homme ; et vivoit sobrement
" avecquesceux de l'Eglise. » (Froissart, liv. Ili,
page 85.) ('i)
Or voelt amours, pour dames exaucier.
Qu'elle soit trop plus chsemeut gardée.
Froissart, Pocs. MSS. p. 299, col. 2.
Closerie, subst. fém Enclos. Ce mot se dit
encore en Anjou et en Touraine, et s'entend parti-
culièrement des enclos plantés de vignes (5). (Voy.
Du Gange, au mot Clausaria.)
Closiev, subsl . masc. Clos*. Gardien, cultiva-
teur du clos^.
On se sert encore de ce mot, en ce sens, en Anjou
et en Touraine (6). L'on prononce closier, et le
paysan clousier.
*Dans le premier sens de clos, voyez Du Gange,
Gloss. lat. au mot Closarius.
Car riens ne croissoii au closier.
Oui n'endourast trop mieulz qu'osier,
Foeille, et flourette.
Froissai-I, Pots. SISS. p. 4.5, col. 2.
^ Dans le secondsensde gnrdieii;"), cultivateurdu
clos, voyez Du Gange, Ibid. et les Dict. de Borel et
de Colgrave. On a nommé closier, le fermier du
clos. « Pierre l'apostrevendist son héritage à mais-
" tre Hugues de Gaignant, qui se mit en saisine, et
« en possession: le c/os/O' (S) quiavoit encore quatre
« ans à tenir la terre, s'en complaignit, en cas de
« saisine et de nouvelleté. » (Grand Coût, de Fr.
livre II, p. 152.) « Le portrait de ma cour est telle-
(1) Mais alors cloz dérive de clo.vus, non de claudei-e. « Les vulgaires appellent les charbons clouds, parce que la matière
d'iceux cause douleur semblable comme si un cloii estoit fiché à la partie. » (Paré, XXIV, 3G.) (n. e.)
(2» On dit plutôt cuint. (N. E.)
(3) On lit dans une charte de 1317, au cartulaire 21 de Corbie :« Avons vendu... toute la terre que nous aviemes et
poiesraes avoir à Belle,... soit en cens, en rentes, en terres araules,... etcloséinent et entièrement sans rien excepter. » (n. e.)
(4) Comparez édition Kervyn (t. XI, 256). Il a aussi le sens de expressément: « Et par espécial Perrot le Bernois...
estoient nommé-i estroitement et closcinenl, en la ditte chartre. » (XIV, 260.) (N. E.)
(5) Il Ils n'avoieiil point de terres ni de seigneuries, methairies, ciozeriet-, borderies. « (.Carloix, II, 17.) (n. e.)
(6) Cet emploi remonte au moins au xiv siècle : « Lequel Bertier avoit certaines vignes et un pressoir en Vaux les
Orliens. et comme il eust entendu que son c/osier ou mettoier avoit vendu certaine quantité de vin. » (.IJ 97. n 385
an. 1367.) (N. e.^ i v . f >
(7) Ce n'est parfois qu'un concierge qui dot la porte : « Hz se boutèrent en un hostel de l'abbaye de S' Vast d'.\rras en
la dite ville de BaïUeval et fermèrent la porte dudil hostel,... et vint .laquemart Picq closier dudit hostel. » (JJ. 150, d 367
an. 1396.) (N. e.) \ , v •
(8) On lit dans la Rose (v. 2839) ; « Mes uns vilains qui giant honte ait. Près d'ileques repost s'estoit : Dangiers ol nom ;
si fu closiers Et garde de tous les rosiers. » De même au dit de Poissy de Christine de Pisan ; « Du lieu où lavande Croist
et rosiers, A grant foison, sans façon de ctoisiers. » (x. E.)
CL
— 70 -
CL
« ment baillé à mon clon&icr. qu'il m'en doit une
« bonne vache. » (Moyen de Parvenir, p. 'il'i;Ibid.
page 173.)
On a aussi nommé closier, le propriétaire du clos,
et c'est en ce sens qu'il doit s'entendre, dans les
vers suivans :
Par tout ce temps, ay servi au closier,
De mon povoir, tant que suis enviellis,
Sanz riens avoir, et sanz prendre loier.
Eusl. Desch. Poos. MSS. fol. 1'.), col. +, et fol. U, col. 1.
On disoil au féminin cKrMre. Voy. Crétin, p. 16,
où il nomme Adam et Eve clouer et clnziere du
" terrestre vergier»,c'est-à diredu paradis terrestre.
VABIANTES :
CLOSIER. Froissart, Poës. MSS. p. 45, col. 2, 71.
Clozier. Crétin, p. 16.
Clousier. Faifeu, p. 41 et 42.
Closin, sitbst. )nnsc. Clôture. Suivant l'éditeur,
c'est le sens de ce mot, dans ce passage : « Qui est
« trouvé lion avoir renclos les lieux qui doivent
« closîn dedans le temps commandé , chet en
•• amende de soixante sols parisis. » (Bout. Som.
Mur. page 800.) L'éditeur assure qu'on ïû cloison,
dans le ms.
V.ARIANTES :
CLOSIN.
Ct^csoN. Jurain, Hist. du comté d'Aussonne, p. 25.
Closser, verbe. Ce mot subsiste encore pour
exprimer le cri de la poule qui couve et mène ses
poussins.
VARIANTES :
CLOSSER, Clousser (1). Oud. Dict.
Cluchkr.
Glocer, Glosser. Oudin, Dict.
Glousser. Nicot et Oudin, Dict.
Clostre, subst. masc. Clos, enclos.
Puisqu'il demeure en si beau clontre (2)
Com veci, c'est un grant seignour.
Froissart, Poos. MSS. page 0, col. \.
(Posture, s^t/>s^ fém. Clôture*. Préciput^.
*A"ous disons encore clôture, dans le premier
sens ; mais nous remarquerons qu'on appeloit,
autrefois, droit de closture[^] un droit que percevoit
le roi sur la vente des bestiaux. « Recopie du droit
<t de closlure que lo Hoy a accoustuiné de prendre,
» cliascun an, à Mous'tiers ; néani, pour ce que
« durant l'année de ce présent compte, n'a eu
« aucunes besles vendues au dit lieu. ■■ (Compte de
lôiO, cité par Du Cange, au mot<;/ai<s/!<m)(4). Quant
;i l'orthographe closure , on lit, dans la vie de
Louis 111, duc de Bourbon, p. ^O? ■ « I! me .semble
« qu'il est bon que nostre logis soit clos d'aucune
Il matière légère, car Sarrazins ne combatlenl fors
« (hormis que) a cheval ; dont dirent les seigneurs :
« Monseigneur, vous dictes bien, et suffira de peu de
.< closure, et fut dit, par les Genevois, qu'il siiflisoit
.< la closure de cordes que l'en saisit li'une mer à
« l'autre, à enclorre le siège {."i). » On a dit: « Après
« la dile closure et ligature du dit sac. ■> (Bout.
Som. Kur. p. 671).)
° Clôture, dans quelques coutumes (6;i, signifioit le
préciput. l'enceinte, l'enclos du principal manoir,
préclôture, en d'autres pays (7). (Voy. Du Cange, au
mot l'rœcipuitas.)
VARIANTES 1
CLOSTURE. Du Cange, au mot Clostnra.
Clou-STURe. Crétin, p. 27.
Clôture. Orth. subsistante.
Closure. GIoss. de l'Hist. de Paris.
Clot, subst. înasc. Trou *. Fosse ^.
*En Anjou (8), ce mot signifie trou en général.
(Mén. Dict. Etym.)
^ En Languedoc, c'est une fosse à enterrer les
morts. (Dict. Etym. de Ménage.)
Clote. [Intercalez Clote , chambre voûtée :
" Jehan Hardi commença fi quérir par ledit hostel
« lailitte Thomasse, tenent en sa main un baslon,
■■ el en la querant par les paroiz et dotes dudit
« hoslel, où il faisoit j;i bien oscur. » (,IJ. 131,
p. 37, an. 1387.)] (x. e.)
Clotir, verbe. Blottir. On disoit autrefois se
clotir, pour se cacher dans un trou. (Dict. Etym.
de Ménage.)
C\otiz, subst. masc. C[ôU}re, enceinte, barrière.
Ouaiit mais ne perrons soffrir le fereis
Qu'aurons bien estroez cez escuz et croissiz
N'ert honte de fouir ça, très qu'an cest clnth
Part, de Bl. MS. de S. G. fol. Hi, V col. 1.
(Voyez ci-dessus Clodis.)
Clou, subst. viasc. Clou *. Gouvernail °.
* Ce mot subsiste sous celle orthographe. Nous
ne l'employo.iû ici que par rapport ..u.v unoicmes
expressions dans lesquelles il entroil.
^ .Nous reniarquurous cependant, auparavant,
(1) « Ils cloussenl comme les poulies. » (Paré , Animaux , 25.) C'est encore la forme genevoise ; en Berry, on dit
irousser. (N. E.)
(2) On lit aussi dans les Chroniques (II, 259) : « Il alèrent petyer le parvis et le clnstve tant qu'il fuissent rappelé. » De là
le dérivé closiré : « Il ardi un grant monastère de Frères -Preceours clostré. » (VIII, 20.) (N. E.)
(3) Cloison a le même sens. (N. E.)
(■i) « In compiUo domanii comitatus Pontivi. » (Du Cange, II, 388, col. 1.) (N. E )
(.5) M. Chazaud (p. 233) édite : « Messeigneurs, vous dites bien : il mi' semble qu'il est bon que nostre lougeis soit clos
d'aucune ligiére cloisui-c, car Sarrazins ne combatent fors à cheval. » Dont dirent les seigneurs : « Monseigneur, vous dites
bien, et aussi le voulions nous dire, et souffira de pou de cloisitre. » Et fut dit des Gennois qu'il souffisoit Vencloisure faire
de cordes que l'on chainsist (var, qui ençaindroyent) d'une mer à autre, à enclourre le siège [d'Auffricque]. » (N. E.)
(6) Coutume de Troyes (art. 4) ; Coutume de Vitry (art. 55). (n. e.)
(7) On lit à l'art. 95 de la Coutume de S' Jean d'Angely : « Es préclotures sont compris les domaines joints, contigus , et
adjacens à l'hôtel ou manoir pris ou élu par le fils aîné, ou qui le représente, sans évidente séparation, soit de murailles,
fossez, chemins ou cours d'eau, sauf et réservé les moulins détreignables et fours à ban, les revenus desquels , supposé
qu'il soient assis en et au dedans des prérloli<ri's. se préeomte comme l'autre revenu des successions ; et au r;-gard des
fuies et garennes, si elles sont au dedans des préclutures, le flis aine les a par préciput et advantags. » (n. e.)
(8) En Poitou, on dit cliol. (Favre, Glossaire, p. 90.) 'Voyez aussi Du Cange, II, 402, col. 3. (n. e.)
CL
CL
que ce mol a élé pris pour le gouvernail d'un
navire, comme le mol lalin clavus dont il dérive,
et qui signifie à la fois un clou et un gouvernail.
On lit dans l'ilisl. de la Toison d'Or, Vol. Il, f° 171 :
« Le gouverneur de la nef qui as perdu le clou (1),
« et le compas, el la conduite de ta nef. »
Passons aux anciennes expressions remarqua-
bles (-2) :
1° On disoit In Saint Clou, pour la fête d'un des
clous qui percèrent les pieds de N. S. (Chronique
S. Den. T. II, fol. Û5.)
2° Nous disons encore, cela ne vaut pas un clou,
pour exprimer que cela vaut peu de chose : cette
acception du mol clou se trouve dans le Blason des
Faulces amours, p. 364.
Dieu plus offense.
Moins il y pense ;
N'en donne un clou.
3° Ficher clou en soleil. Il faut lire en l'œil,
comme dans un passage à peu près semblable de
P. J. de Saintré, rap()orlé sous le mot clau. Cette
expression, prise au ligure, signiTioit offusquer,
aveugler. « Flatterie est ennemye de toute vertu,
'< et tant est périlleuse qu'elle fiche le clou eu soleil
>• de celuy à qui elle parle. " (Histoire de la Tois.
d'Or, Vol. I, fol. 17.)
4° On disoit d'un brave chevalier : « Ce fut le
" clou à qui tout honneur, toute prouesse, toute
« largesse, et toute gentillesse pend. » (Percefor.
Vol. I, fol. 157.)
5" Cloud alt'ecté éloit une espèce d'arme pointue,
aiguisée, mise au nombre de celles qu'il étoit
défendu de porter : •■ Toutes armes appointées,
« clouds allecten (aiguisez) arbalesles, barquebuses
« soient detTendues, sur l'amende de vingt sols
>' parisis. » (Coût. Géu. T. I, p. 456.)
6" A clou et à cheville, expression adverbiale,
pour signifier solidement (3). (Voyez Contredits de
Songecreux, fol. 146.)
V.\IU.4NTES :
CLOU. Orth. subsist.
Cloud. Oudin, Dict.
Clouage, subst. masc. Collectif de clous. (Voy.
Cotgrave el Oudin.) » Le dit louagier est tenu d'en-
» Irctenir les bastimens de chntage et placcage,
« etc. » (Coul. de Langie. — Nouveau Coul. Gén.
T. 1, p. 308.)
Clouatier, subst. inasc. Cloutier. (Voyez Rab.
T. II, p. '243.)
Clouchier, subst. masc. Clocher. On a dit
proverbialement : « Cloucliier deRhodez ; campano
« de Mande, egleyse d'Alby ; comme aujourd'hui en
" France chœur de Beau vais, nef d'Amiens, portail
« de Rheims. » (Favin, Th. dHonn. T. I, p. 426.)
VARIANTES :
CLOUCHIER. Favin, Th. dhonn. T. I, p. 426.
Clochier. Coquillart, p. 150.
Clochez, plw\ Mém. de Ou BeUay, T. VI, p. 391.
Clouenient, subst. masc. L'action de clouer.
(Cotgrave et Oudin, Dicl.)
Clouer. [Intercalez Clouer, au sens de fermer:
" Environ l'eure de jour c/Oi/an/. » (JJ. 208, p. 194,
an. 1481.) Voyez aussi Raynouard, lexique Roman,
11, 409, col. 2.)] (N. E.)
Clouet, subst. masc. Petit clou, (ilonet, Coigr.
Dict. — Epilh. de M. de la Porte.)
Clouettière. [Intercalez Clouettière, charge de
clous : • La somme qui porte clouettière, nn. d'en. -
(Cart. de Corbie, Du Cange, II, 382, col. 1.)] (n. e.)
Cloueure, subst. fém. Ornement de clous.
On disoit liaute cloueure, pour désigner les gros
clous dont on armoil quebiiies armures, à la diffé-
rence de celles qui n'étoientque demi-cloées. On lit,
dans un inventaire d'armures, cité par Du Cange,
au mot Armatura: » Uns pans et uns bras de
« roondes mailles de haute cloueure... Item une
» barbiere de tiaute cloueure de chambli. . Item
« une teslièrede/(rtH/ct'/0i<é'(O'f de mailles rondes. »
Et plus bas; « Item une couverture de mailles
« rondes demy cloées (4). «
VARIANTES :
CLOUEURE, Cleure. Modus et Racio, MS. fol. 289, V».
Cloiiqiie, subsl. fém Poule qui couve. Mol du
patois gascon (Dict. de Borel, T" add. — Voyez ci-
dessus le mol Clossek et ses orthographes.)
Clousure. [Intercalez Clousure, clos: « Je
« Jehanné de Tiavazay... advoulie à tenir... mon
« lieu, courtillaige, vergiers, clousnres. » (Ch. de
1405, Rea. des fiefs du comté de Poictiers; Du
Cange, 11,' 385, col. 2.)] (n. e.)
Clousseuse, adj. au fém. Qui glousse. C'est le
sens pi'opi'e. De là on a dit : poule clousseuse, pour
une poule qui couve. (Oudin et Cotgrave. — Voyez
ci-dessus Closser, Glousser.)
Cloiizeau, stibst. masc. Diminutif de clos. •< Il
« estdeffendu mener pasturer bœufs, vaches, etc.
« esvignes,gaignages,c/0i/j«»/.r\5j, vergers, plan Is
■< d'arbres, etc. •• ;Cout. d'Orléans, Coût. Gén. T. I,
p. 957.)
(1) « Dieu lient le doit du gouvernail, pour tourner leurs efforts à exécuter ses jugemens. d (Calvin, Lislit , 160.) (N. e.)
(2) Coquillart (Droits nouveaux) ; « On le met à un sac à part, et le laisse-t-on pendre au elon. » D'Aubigné (Hist., i, 261) :
« Les kalholiques se plaignoient de ce que Slontauban, Sancerre, etc., faisoient compter les eloux de leurs pot les au.x
garnisons qu'on leur envoyoit » (N. E.)
(3) Pasquier écrit en ce sens : « Il sembloit que cette ordonnance, tant de fois réitérée, eut esté, comme l'on dit , fichée
à clou.T de diamans. » (Liv. III, p. 237.) G. Chastelain écrit aussi (Chr., II, ch. XXXI) : « Le comte de Charolois qui estoit
jeune et vert, et dur malement â ployer, les [villes de la Somme] eust pu tenir à fer et à doux, en non lost les restituant
à la première demande. » (N. E.)
(4) Edition Henschel, II, 398, col. 3. (N. E.)
(5) Ce mot subsiste comme nom de lieu : Les Clouzenux (Vendée). (N. E.)
co
72
CO
Cliid. [Intercalez faire clud, conclure:
Il argue, saut et concliuJ,
Et lie tel drap fail souvent clud,
Que qui li diroit que pas n'est
De tel couleur, lost seroit prest
De tenchier et de fulminer.
Guigne\iUc, Pèlerin (Du Cioge, H, 403, col. 2).
Rapprochez la deuxième citaliou sous c/i/s.] (n. e.)
Cl us
ce mot
(1). Voici deux passages où nous trouvons
Qui belle femme a, je conclus
Qu'il soit jaloux, ou s'il n'est sage
Car, comme on dit, les vis sont liiis,
De culz qui portent beau visage.
Conlretl. de Songccroux, fol. 47, R*.
soit conclus,
Affin que tu n'en parles plus,
Qu'au sac soys mis pour faire dus.
Ibid. fol. 101. R'.
Clustriaus. [Inlercaiez Clustriaus, haillons:
D'un ort et viel burel vestue
Ratasselé de clunlriaus...
Ch'est celle qui ratasselée
N'a ainsi, con vois, et clistrée.
Guigneville Du Cange, II, 404, col. 3).] (N. E.)
Clypsedrie, subst. fém. Clepsydre. C'est une
horloge d'eau. (Dicl. de Colgrave.)
Coac, subst. 7nasc. Coassement. Cri des gre-
nouilles. (Colgrave et Oiidin, Dict.) On a employé
ce mot comme terme burlesiiue, pour signifier c'en
est fait, suivant le Gloss. de Marot(2). (Voy. ci-après
COAXER.)
Coacquereui", subst. masc. Terme de pra-
tique. Celui ou celle qui acquiert conjointement
avec un autre. (Voyez Nouv. Coul. Gén. T. I, p 510.)
<' La femme de l'acquéreur est entendue coacque-
" resse, ou fnire Facquesl pour la moitié, quoiqu'elle
" ne paroisse point au halm, ou transport, etc. »
(Coul. de Bergh. S. Winox, au Nouv. Coût. Gén.
T. 1, p. 514.)
Coacqiiisitioii, subst. fém. Ternie de cou-
tumes. Acquisition faile conjointement avec quel-
qu'un. (Voyez Coul. de Cassel, Kouv. Coût. Gén.
T. I, p. 71 .-j.)
Coaction, subst. (3) Contrainte. (Duchesne, Gén.
de Chatillon, p. 'iG, tit. de i^.'Al.)
Coadjuteur, subst masc Ce mot subsiste;
mais les applications suivantes sont remarqua-
bles (4) :
1° Enguerrand de Marigny est appelé coadjuteur
el gouverneur du royaume, dans la Chroniq. de
S- Denis, T. II, fol. 1 54, V^ Dans la Contin. de la
Chron. fr. ms. de Nangis, an 131.'J, on lit cogileur, au
lieu de coadjuteur.
!2" Coadjuteur de la cour étoit autrefois un iiire
d'une signification très-générale, comme aujour-
d'hui celui de conseiller du roi. 11 étoil en usage à
la cour des anciens ducs de Bourgogne: « Voulons,
« constilaons, ordonnons que tous nos notaires,
« tabellions et ^oflf/)(;/nn's de noslre cour, soient
« francs de noslre scel, et registre. » (Etal des
Offic. des D. de Bourg, p. 30,"i.)
o" Coadjuteur des ambassadeurs. Espèce d'office
auprès des ambassadeurs. Bassompieire, en 1026,
écrivit à M. le maïquis d'Effial, pour le remercier
de ce qu'à sa considération, il avoit fail donner une
pension de deux mille livres à monsieur coadju-
teur des ambassadeurs. (Ambass. de Bassompierre,
T. 1, p. 148 )
4" Coadjutor est employé comme terme féodal,
dans ce passage, où ce mot est mis en opposition à
joinlena.it. Selon Lillleton, on appelle ./o/h/^j/ah/s,
ceux qui possèdent en commun un héritagequi leur
a été inféodé à vie seulement : « Joinlenaiits sont,
« si conie home seisie de certain lenements, el
0 confeosse deux, trois, ou quater tenement à eux
« pur terme de lour viez. ou a terme d'ans vie,
« force de quer feossemenl, ou ley, ils sont seisies;
« tielx sont jointes. " (Tenur. fol. 01.) Ce mol dési-
gnoil aussi ceux qui, après avoir été à un autre la
possession d'un héritage dans lequel ils avoienl
chae Hi un droit réel, s'acconloicnt pour en jouir
par indivis. Ceux qui étoient sans droit réel el qui
n'avoient qu'une action personnelle s'appeloient
coadjutors. Voici le passage : » Item, si deux, ou
« trois, etc., desseisonl un auler d'ascnn terres, ou
« lenements à loui' use demesne (usage propre)
« donques le disseisors sont jointenants; mais s'ils
« disseisont un auler. à l'use d'un de eux, donques
<i ils ne sont jointenanis Mes celuy a que use le
" diss : (dessaisissement) est fait, est sole (tenant),
« et les autres n'ont riens en le lenancie; mais
" sont appelles coadjutors (.■>) ù le diss: etc. » (Ibid.
fol. 02.)
VARIANTES (0) :
COAD,IUTEUR. Orth. subsistante.
CoGiTEUR. C.liron. fr. MS. de Nangis, an 1313.
Coadunation, subst. fém. Assemblée. (Dicl. de
Colgrave el d'Oudin.)
Coage, sul>st. masc. Ealretien des quais et
pavés*. Droit pour cet entrelien ^.
* Le premier sens de ce mot est déterminé par le
(1) De clattsiif: : comparez iiichts. On lit au Glossaire 7692 : « Frustum, clul. » (n. e.)
(2) Si c'est une imitation d'.^rislopliane, coax serait mieux. L'onomatopée française est couac : « Le renard d'une vistesse
soudaine empogiie la grole, la quelle ne seut tenir aucune contenance que de faire cnun. » (Palissy, 88.) (N. E.)
(3) Ou lit dans Oresine (Ethique, 50) : « Et est contraire à volenté, c'est assavoir nrccssité de conctio/i. » (N. E.)
(4) Dans Froissart, il a le sens de complice (t. IX, p. 182) : « Tel ribaudail'e que il estoient n'euissent jamais osé
entreprendre avoir occis si bault homme, se il n'euissent des coadjoiisleurs et soutenteurs en leur emprise. » (N. E.)
(5) C'est le sens du mot dans une charte de 1292 (Du Gange, II, 406, col. 2) : u .\von3 especiaumentestabli, oblec es toutes
nas possessions... audit Wiart ou à ces coadjuteurs, en tel manière que se nous defailliens ou paiement de ladite
rente. » i,n. e.)
(6) On trouve au testament de J. de Meung (v. 829) : « Puisqu'il sunt as prelaz per et coadjutors, Des princes et du pueple
père et executors. » n. e.)
co
co
passage suivanl : « Pour cause que l'on remarque
.< la fausseté des congés des rues, suivant l'ancien
« usage, qu'elles vont ù rien, et enfin deviendroient
<i inaccessibles, etc. » (Coût, de Lant^le, Nouv.Cout.
Gén. T. I,p. 311.)
^ Le second sens est déterminé par cet autre pas-
sage : » ÎS'ous avons octioyé que le pavement et les
« quais de la dite ville, et les issues soient mises
0 en tel état par quoi euls, et leurs gens puissent
• bonnement leurs marchandises chargier, et
« décharçier, sans paver aucun caage, etc. » (Ord.
T. V, p. 243.) On lit côage[\\ au T. 111, p. 570. (Voy.
la note sur ce! endroit, et J'u Gange, au mot Platà-
giuni.) On lit cniage dans une citation, ibid. au mot
Kaagiuin, et quaiage, dans les Mém. de Sully, ï. X,
p. 228.
De ce mot se sont formés ceux d'écouage et
escouage, dont nous parlerons en leur lieu.
vARi.\NTF,s :
COAGE. Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 311.
Caage. Ord. des R. de Kr. T. V, p. 343.
Caiage. Du Cange, Gloss. lat. au mot Kaagiiiiit.
QuAiAGE. Mém. de Sully, X. X, p. 228.
QUAYAGE.
Coagiers, subst. masc. pinr. Commission-
naires. « Ce sont les commissionnaires au.v Echelles
« du Levant, sous les consuls des nations. » (Dicl.
Elym. de Ménage.) On lit coagis, dans le Dicl. du
Commerce.
Coaille, subst. fém. Grosse laine. Borel le dé-
rive de qHouël^J.), queue, parce que la plus mauvaise
laine est celle de la queue des moulons. (Voy. Dict.
de Corneille.) Léon Trippault, dans son Gelthell. dit
que c'est un mot du lîerri.
VARIANTES :
COAILLE, QuOAiLLE. Borel, Dict.
Coaine, subst. fém. Couenne. (Oudin, Gur. fr.
et Dict. de Cotgrave.)
Le bacon sent, si s'esbahi,...
La coaiine vit nerçoier.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 38, R- col. 2.
De là, couaine, pris pour peau en général, a
donné lieu à celle expression : être de plaine
couaine, pour cire en embonpoinl.
Si sont de plaine couaine.
Fabl. MSS. du R. n' 7615, T. I. fol. Oïl, V col. i.
VARIANTES :
CoAiNE. Cotgrave, Dict.
CoANNE. Fabl. MSS. de S. G. fol. 38, R» col. 2.
Couaine. Oudin, Dict.
CouANE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, foL 4, R» col. 2.
CouANNE. Oudin, Dict.
QuANE. Parlon. de Hl. MS. de S. G. fol. 126.
Coar, adj. Lâche, poltron, timide (3). Ce mot sub-
siste sous l'orthographe couard ; mais il est du bas
usage. Le duc de Bretagne, ennemi de Louis XI,
l'appeloit/e roy conartd). (Hist. de Marie de Bourg,
p. 130.)
Mauvai.s couarz, ce dit la letre,
Ne se doit d'amors entremetre.
Ovide lie Arle, ,MS. de S. G. fol. 97, R" col. 3.
« Qu'y a t'il plus monstrueux que d'estre couard
« à l'endroict des hommes, et brave à l'endroict de
« Dieu. » (Sag. de Charron, p. 4!)0.) « Le chevalier
« doubtoit formenl d'approcher le lict, comme
« fait le vrai amy qui doit eslre hardy eu ses pen-
'■ sées, et couard en ses failz. » (Percef. Vol. III,
fol. -131.) On trouve dans le Mercure de septembre
1733, p. 1978, ces deux vers léonins, qu'un curé
champenois du xiv siècle inséra dans son livre
d'église. Il parle des Picards :
Isti Picardi non sunt ad proîlia tardi ;
Primo sunt hardi, sed sunt in fine coanli.
On disoit connrt, et hardi, pour signifier tous,
tout le monde.
Ces sage, hardi, ou couart.
G. Guiarl, MS. fol. 21C, R° (5).
Voici quelques proverbes sur ce mol :
1. Auprès du feu couards tiennent gros termes.
J. Marol, p. 38.
C'est-ù-dire qu'ils parlent haut, qu'ils font les
braves, tant qu'ils ne courent aucun danger, et que
personne ne les peut entendre.
2. Mieux vaut couard que trop hardy.
Dict. de Cotgrave.
3. Trop courageux, troc couardi
Ne sont mie fort, ne hardi.
Geofr. de Pans, à la suite du Rom. de Fauv. fol. iO.
4. Amant doivent être, tant vous en di,
Couart de fet, et de penser hardi.
Pofs. MSS. Vatican, n- IITO, fol. I;li., R- col. J.
5. Amors fet hardis mains couars.
Fabl. MSS. du R. n" 7!>18, fol. 131, R» col. 2.
6. De ce qu'on dist, oublié ne l'ai mie
Que couars homs n'aura jà belle amie.
Kroissarl, Pocs. MSS. p. 50, col. 2.
On lit court, dans le Bom. de Rou, ms. p. (iO, et
nous avons employé ci-dessous celle orthographe.
Nous pensons cependant que c'est une faute de
copiste, et qu'il faut lire coard. L'auteur de ce
roman dit ailleurs coarder. (Voyez ce mot; voyez
aussi Ai;oARDi ci -dessus.)
VARIANTES (6) :
COAR.
Coard. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 177, V» col. 1.
COARZ.
Coars. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 34i, V" col. 2.
COART. Fabl. MSS. du R. n" 7015, T. I, {' 102 bis, V» col. 1.
Couard. Le .loiivenc. MSS. p. '15i (7).
CoHASTRE. Contred. de Songecreux, fol. 104. V».
Choarz, p/ur. Poës. MS. av. 1300, ï. I, p. 490.
(1) « Leurs gens puissent bonnement leurs biens et marchandises charger et descharger de nuit et de jour sans payer
aucune cooge, ne platnge, ne autre chose quelle qu'elle soit. » (N. E.)
(2) Ou plutôt de la forme coe. On dit aussi écouaillcs. (N. E.)
(3) C'est un dérivé de cauda : le chien peureux marche la queue basse, (n. e.)
(4) Couart est le nom du lièvre au Roman de Renatt. (N. E.)
(ô) C'était encore une sorte de tenanciers : « Les hommes, que l'en appelle les couarz. » (Recogn. feud. de Veleri-ponlo,
an. 13!'^, Du Cange, II, 252, col. 1.) (N. E.)
((')) On lit dans la Chanson de Roland (.v. 888) : « Pur tut Tor Deu ne volt estre cuard. » (n. e.)
(7) On lit duns Roncisvals (p. 71) : « Mais li cohart n'i auront jà pardon. » (N. e.)
IV. 10
co
— 74
CO
CouwART. Froissarl, Poës. MSS. fol. 1K8, col. 2 (1).
CouAiiT. Hij^t. de Marie de Bonig. p i;iO.
Cou.vus. Chans. fr. du 13" siècle, MS. de Bouh. fol. 361.
COUAH.
CoUAUD. Orlh. subsistante.
CoUAHDi, plur. G. de Paris, à la suite du Rom. de Tauvel.
Court. Kom. de Rou, .MS. p. 60 (2).
Coarcter, verbe. Conlrainflfc, iiêiier. (Voyez
Dict. de C.rilgrave.) " Le siirviv;inl est tellement lié
« e[coarcté, (]u\\ ni', peut vendis, clinciier ne ;ilie-
« ner, elc. » (Coiit dArias, Coût. Gén. T. II, p. 871.)
Coarder, verbe. Faire le poliron. Proprement,
rester à la queue, du mot coe ou coue ci-dessus,
d'où dérive aussi coar ou couard.
Plusieurs d'eus d'aller là s'atirent,
Qui n'ont talent de cimarder.
G. Guiarl, MS. fol. 298, R'.
Ja n'en verrez un coarder;
Nul n'a de mourir poour.
Se mestier est, pour voslre amour.
Rom. de Hou, MS. p. 307.
Sa liere tint bien, et garda,
Conques de rien n'i couarda.
Ph. Mouskcs, MS. p 314.
La quarte prist H^el en garde,
Avec Valvin, qui ne couarde.
Rom de Brut. MSS. fol. 94, V col. 1.
On a dit : « Ne couardes de crainte, mais soyez
« sourds aux dangers. » (Letl. de Pasquier, T. III,
p. 589. — Voyez Accouardir ci-dessus.) (3)
VARIANTES :
CO.^RDER. Dict. d'Oudin et de Cotgrave.
CoAUDEn. Rom. de Rou, p. 367 ; lUanch. fol. ITO.
CoaiHlie. [Intercalez Coardie, couardise:
Que par lui soit coardie pensée.
Roncisvals, p. t32.
On avait déjà dans la Chanson de Roland
(v. K»'!?) :
LInkes n'amai cuard ne cuardie.
Au xm' siècle, on a couardie (Berte, HA):
Et fu mère Rolant, qui fu sans couardie.] (N. E.)
Coaxante, adj. an fém. Qui coasse. On a dit
grenouille coaxante. (Epilh. de M. de La Porte.)
Coaxer, verbe. Coasser. <i Une vallée disie où
« les t^Tcnouilles ne couacquent point. » (Merlin
Cocaie', T. I, p. 170.)
variantes :
COAXER. Cotgrave, Dict.
CouACQUEK. Merlin Cocaie, T. I, p. 170.
Cobbir, verbe. Ecraser, écacher. » Elle luy
« cobbit toute la teste, si que la cervelle en tumba. »
(Rabelais, T. IV, p. 58.) En Anjou et en Touraine,
on dit d'un fruit meuilri ou pourri (|u'il esleobbi.
La Uuiiitinie dit cotli. et Ménatre cile ro/'/i. (Orig.)
Borel el Corneille, (|ui le co|)ieiU, tléliiiissenl mal
cobir par conlire. Proprement, cotir ou cottir
signilie heurter de la léle comme les moutons.
VARIANTES :
COBIilR. Rabelais. T. IV, p. 58.
CoiuR. Dict. de Borel et de Corneille.
CoTTiu. Tahur. Poës p. 88; Nicot, Oudin, Dict.
CoTin. Labbo, Gloss. p. 487.
CoFFUi, Ménage, Orig.
Cobe, subst. Coup (4). (La Thaumass. Coût, de
Derry, p. 102.)
Cobct, subst. nuise. Petit coup. Ce mot a été
appliqué au coup de cloche, pour le linteraentde
la première messe. De l;\ on dit, dans (luclqiies
lieux, messe coupetée pour messe tinlée. « Si le
" juge donne delïaiill contre aucun, avant le cobet
" sonné, le dict delTault sera révoqué. » (LaTliaum.
Coût, de Berry, p. 330. — Voyez CoiiicTF.K, Coi-it-teh.)
VARIANTES :
COBET. La Tliaum. Coût, de Berry, p. 336.
GOBET (5).
Cobeter, verbe. Heurter, frapper à petits coups,
tinter (.6). Ce mot, qui vient du grec xotjtw, frapper,
s'est dit particulièment des cloches, pour les sonner
à petits coups, tinter. Louis, duc d'Oiléans. frère (le
Charles VI, ordonna, par son testamenl, qu'on diroit
une « messe copetée, par 30 coups », en l'honneur
des trente deniers, pour lesquels fut vendu N.-S.
(GodeL Annot. sur l'Hist. de Ch. VI, p. 034 (7)), et
une « messe coppelée de 15 coups, en riionneur
<• des Quinze .loyes de N. Dame. » (Ibid. p. 035.;
VARIANTES :
COBETER, CoBTER, Coppoter, Coupeter.
CoPTER. Oudin, Nicot, Dict.
COPPETER. Godefr. Annot. sur Ch. VI, p. 634.
Cobillon. [Intercalez Cobillon, nasse : « Aux
.1 fosses aux poissons trouvés... ung tramaire, ung
>. cobillon, ungabliere. » (Inv. de fsn aux mmss.
de Corbie, Du Cange, il, 407, col. '2.)] (n. e )
Cobles, subsl. viasc. plur. Jeu. A Bourges, le
jeu des osselets, suivant Le Duchat, sur Rab. T. 1,
p. 142, note 31 (8).
Cobourgeois, subU. masc. Conbourgeois (Il .
(Voyez Coût, du pays de Franc. i\ouv. Coul. Gén.
T. I, p. 611.)
(1) On lit dans O'iesnes de Bethune (Romancero, p. 100) ; « En cbantant veuil prier le roi de France Que ne croie cuioo.irl
ne losengier. » (N. e.)
(2) Enfin on lit dans Thomas de Cantorbery (156) : « Tost funt del buen malvais e del hardi citart. » (n. e.)
(3) Le mot est dans la Chanson de Roland "(V. 1107) :« Mal seit de 1' coer ki el piz se cuardet. » Et dans Roncisvals
(p. 17) : « Tel sort li cuers puisqu'il weut coarder. » (n. e.)
(4) C'est un bout de corde joint à la ralingue de la voile. (N. E.)
(5) On lit au t. 111 des Preuves de l'Hist. de Bretagne (col. 426, an. 1482) : « Au son delà grosse cloche par douze appeaulx
el yiilicis. » Au leslament de Erançois, duc de Bretagne (1449), on a un dérivé ; « Le plus gros sain ou clochj dudit nioustier
estre sonné par douze coups et gobelcix, l'un coup distant de l'autre. » (N. E.)
(6) Le battant ne frappe alors qu'un côté de la cloche. (N. E.)
(■7) La citation est de 1403. Au testament de Louis, duc d'Orléans, on lit au t. XII du Gallia Chrisiiana (col. 204, an. 1472):
« Laquelle messe se coppclera, chascun jour trente coups par long traict à la grosse cloche. » (N. E.)
(8) 6'ofi/e est une solive : « Tigna magna et grossa... ut indè fièrent postes et trabes vocatas cobles. » (JJ. It38, p. 324,
an. 141.'5 ) (N. E.)
(9) C'est aujourd'hui un armateur associé. (N. E.)
co
co
Cobre, subst. tnasc. Acquisition. Mot du patois
d'Auvergne. (Du Cange au mot Cohrancia.)
Cocage, suhst. masr. Terme de forêts. « Her-
« bage, pâturage, bois mort, cocage (1), septimage,
« faiîage, droit du forestier de Bretagne. » (Morice,
llist. de Bretagne, préf. p. xn.)
Cocaingne. [Intercalez 6'oc«m^ne, dispute,
combat de ro(/s, d'aprèsDu Cange: « Letraversiers...
" jurra seurs Saintes Evangiles... que il, ne se
» commans, n'arrcstera ne ne fera arrester ledit
« naviel ou naviax de l'église dou Gart pour cause
>■ ùe cocaingne . ne pour faire anui ou domage à
. esciant. » {.M. 50, p. A[, an. 1313.)] (n. e.)
Cocancheux. Ce mot, employé dans les ordon-
nances de police, est une corruption de l'expression
imcieune coqs en jeu, dont on se servoit autrefois
pour signilier ceux qui fout métier de soutenir des
jeux défendus et d'y primer. C'est en ce sens qu'on
dit encore le co<j d'une jinroisse, pour le premier
d'un lieu.
Cocantiii, subst. manc. Volant. Dans le patois
du Maine (Dict. étym. de Ménage.) Le Ducliat, sur
Mabelais, T. I, p. 150, le dérive de cocq, parce que
autrefois on se servoit de plumes de co(i pour
faire des volans.
V.\RIANTES :
COCANTIN. Le Duchal, sur Rab. T. I, p. 150.
CocC!U.\NTiN. Rabelais, T. I, p. 150.
Cocard, suhst. masc. et adj. Fou*. Sot, imbé-
cile^. Vain, fiei', présomptueux, étourdi*^. Coquin,
lâche". Galand, coquet^
Ce mot, dans le sens propre, signifie vieux coq.
On l'emplovoil, au figuré, quelquefois en bonne
part, mais plus ordinairement comme injure.
* Cocard semble avoir signifié originairement un
fou, parce (jne les fous porloieut une plume de coq
à leur b )unet. De là, sage coquart, pour fou sage,
dans Coquillart, page 92. On disoit au féminin
coquarde, pour folle, comme il paroit par ce
passage :
Et se tu prens à ces poiiis gnrde,
Combien que je soie cnquai-de.
Je sçay bien que mieul.x t'en seras.
Eust. Descli. Poi's. W5S. fui. 513, cul. 3.
^Ce mot s'est pris aussi pour sot, imbécile, dans
les vers su i vans :
Mais s'un homme a trois cens livres de rente,
Tant soit cocart, chascun sera parez
En dissimulacion.
De li faire grant inclinalinn.
Eusl. De.ich. Pops. MSS. fol. 213. col. 4.
*= Ce mot a été employé pour vain, fier, étourdi,
présomptueux. On a dit, en parlant des Romains,
que « leur gloire, ou plutost sottise a esté si
« coquarde, qu'i leur a semblé que leur république
« avoit une majesté si luisante, etc. » (S* Jul. Mesl.
Hist. p. 1!)1.) Le même auteur, après avoir parlé de
l'ambition démesurée du comte de Bason, ajoute
qu'Ermengarde, sa femme, « étoit aussi coquarde
« que lui •'. (Ibid. p. 48.) Ou voit, par ces passages,
([ue eoquard, au féminin, avoit les mêmes sens
qu'au masculin.
Coquart semble mis pour étourdi, dans ces vers,
où l'auteur dit, en parlant des amoureux :
. . . i'ay veu qu'il faut qu'on actende,
Qu'on supplie, qu'on y despende.
Qu'on se contente d'un regard
Et puis après, quelque coquart
Me vient oster ma prébende.
Chasse et Départie d'amuiirs. p. 163, col. 1 .
° On a mis ce mot pour coquin, lâche, dans cet
autre passage :
El s'il en dit que je soye loqxmrs,
Et que je deusse estre preux, et hardis,
Je voy assez plus vivre les couars
Que ceu.K qui vont contre les annemis.
Eusl. Dcsch. Poês. MSS fol. 215, col. ^.
^ Enfin, ce mot se prenoit en bonne part pour
galand, coquet.
Bénéfices,
Et tous séculiers offices
Esloient donnez au.\ bons,
Non pas aux coquars, et niées (2).
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 68, col. 3.
1" Remarquons celle expression veau coquart {S),
pour signifier un jeune sot, dans Rabelais, T. IV,
page i>7.
2" On a nommé bonnets à la coquarde « un ancien
« bonnet fort lourd, ou il y avoit derrière un rebras
« doublé de frise, dans lequel rebras, il enlroit jus-
« qu'à une demie aune de drap. Louis Guyon qui
« donne cette description des anciens bonnets à la
« coquarde i'i)ajoûlequ'il vit, un jour, à Paris, un de
" ces bonnets qui pesoit quatre livres dix onces. »
(Le Duchat, sur Rabelais, T. IV, p. 129, note 8.)
S' Julien, après avoir dit que Charles de Bourbon,
« pour couvrir sa calvitie, avoit usé de faulses per-
« ruques ", ajoute : « Depuis le mesmes sieur, et
« avec luy le capitaine Bayard laissèrent les faulses
« perruques, et usèrent de coifîes, avec des borre-
« letz, comme en usent les filles des villes : chacun
« se meit à les suivre, au port des coiffes : sinon
<< ceux qui aimoieut mieux porter des bonnets à
•■ l'arbaleste, ne différant quasi que du ruban de
" ceux à la coquarde. » (S' Jul. Mesl. Ilist. p. -188.)
3" Maistre coquart semble s'être employé comme
un terme de l'amiliarilé. peut-être d'ironie, par le
duc de Nemours, qui commandoit à la bataille de
Ravennes. ■■ Le dit sieur de Nemours vint au bas-
(1) Il vaudrait mieux écrire socage. (N. E.)
(2) Coquillart a écrit dans ce sens : « Plusieurs coquarls sont bien en point, Et ne sauroient hner de quoy Payer la façon
d'un pourpoint ; Ils n'ont d'argent ne peu ne point. » (n. e.)
(2) De là ce proverbe dans C itgi'ave: « Mieux vaut l'ombre d'un sage vieillard que les armes d'un jeune roquard. » (N. E.)
(4) On lit déjà dans le Spécule des pécheurs, écrit eu H68 : « L'accouchée est dans son lit, plus parée qu'une espousée,
coiffée à 11 cnquardc, tant que diriez que c'est la teste d'une marotte ou d'une idole. » Au xvi» siècle , c'était un bonnet
masculin dérivé du chaperon et nommé cogruoirfe, de la patte découpée en crête de C05 qui le garnissait jadis. Ce fut la
coiffure des Sganarelle au xvi« siècle, (n. e.)
co
7(j —
co
■' lard iile Chimay), et lui dit: et, puis niaistrc
" coquart y suis-jc demeuré, comme vous disiez?
« me voici eiicoies. » (Mém. de Rob. de la Mark,
Seig"" de Fleur, ms. p. 134.)
VARIANTES (1) ;
COCARD.
CocART. Eiist. Desch. Poës. MSS. fol. 211, col. 4.
CoCQUART Fabri. .\rt. de Rhétor. fol. 152, R».
CoQART. Coiitreil. lie Songecr. fol. 172, R».
CocQUAnu. Oudin, Dict.
CoQUAUD. Coiitied. de Songecr. fol. 170, V».
COQUARDE, fé)n. s. .lui. Mesl. Hist. p. 48.
CoQCARS. Eust. Desch. Poës MSS. fol. 21,5.
KOKAHT Troissart, l'oës. MSS p. 134, col. 1.
OuocART. Rabelais, T. IV, p. 1)7; Ror. 1'" add.
CouCARD. Loyer des Kolles iVmours, fol. 319.
CoQUU.LARD.'Cotgrave, Dict., et Villon, p. 106.
COQUILLAHT. Id. ibid.
Cocardeau, subst. masc. Diminutif de cocard.
Ce mol est employé dans les mêmes acceptions que
le mol coquart, dont il est formé.
VAKIANTKS :
COCARDEAU.
CoQUAiiDEAU. Contred. de Songecreux, fol. 152, R".
COQLIARDEAULX, phtr. Ibid. fol. 127, R».
Cocardei'ie, suhst. fém. Folie, sollise. Ce mot
vient de cucarcl ci-dessus.
Et pour ce est granl cnrarderic,
A ceuls qui teles !-.opces font.
Eusl. Dtsch. PuLS. MSS. f.jl. 408, col. 2.
« C'est à luy extrême coquardise de juger de ce
» qui se passe son scavoir. » ;S' .lui. Mesl. Hist.
p. 2G6.)
VARIANTES :
COCARDERIE Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 498, col. 2.
COCAHDIE, COQU.ARDIE.
Coquardise. Path. Farce, p. 59.
Cocasse, subst. masc. Coquille*. Ustensile de
cuisine^ ('i)
* On a dit, au premier sens, cocasses de limas (3),
pour coquilles de lima(,>ons. ;llem. Belleau, fol. l'i.)
^ Coquasse est un ustensile de cuisine, dans
Rabelais. « Les paëlles., paëllons, cbauldrons,
« coqiia.'iscs, liclie frittes, elc. « (T. IV, p. 75.) Peut-
être cet ustensile avoitil la forme d'une coquille.
C'est vraisemblablement le même que la casse ou
quasse à longue queue, dont le nom est connu
dans quelques cantons de la Bourgogne.
variantes :
COCASSE. Remy Belleau, fol. 74, R».
Cocquasse.
COQUASSE. Rabelais, T. IV, p. 75.
Cocatrix. [Intercalez Cocalrix, crocodile:
Li cocalrix est beste fiere.
Et maint ades en la rivière
De ce fleuve que Nil a non.
Bestiaire (Du Gange, II. Wl, col. 3).
Voyez aussi la description singulière qu'en donne
Brunetli Latini dans son Trésor de Sapience.
Joinville a traversé l'Egypte sans voir les croco-
diles ou sans penser à les décrire. Furetière en fait
un basilique fantaslique, habitant les puits et les
cavernes. En Poitou, c'est un œuf gâté à la ponte
(Favre, Gloss., p. 9!).](n. e.)
Cocautier, subst. masc. Héritier. C'est ainsi
que ce mot est expliqué dans un ancien titre de
fondation. (Voyez titres de Touraine, Rec. C. p. 200.i
Il seroit peut-élre plus naturel de l'inlerpréter
dans le sens que présente le mot cocaulion ci-des-
sous, en ce que les héritiers, en acceptant une
succession, deviennent garants solidaires des dettes
contractées par celui à qui ils succèdent.
Cocaiition, subst. fém. Terme de pratique.
Celui qui est caution avec un auli'e. « L'une des
« cautions qui est obligée in soiidum avec un autre
« peutavoirson recourssur sesfOt'fl////oH.s, cliascini
» pour son contingent. » (Nouv, Coût. Gén. T. 1,
p. 520.)
Coc en pieu. [Intercalez Coc en pieu, aux
Miracles de Notre-Dame (Du Cange, III, 4G7, col. 2) :
A grant peines l'avons eu.
Moult faisoit le coc en pieu,
Li papelars, li ypocrites.] (N. E.)
Coche, subst. fém. (4) Entaillure*. Truie ^. Ce
mot se dit encore, en ces deux sens, en plusieurs
provinces.
* Pris dans la première signification, on l'appli-
quoil autrefois à l'entaillure qui éloit faite dans un
arc pour y recevoir la flèche, d'où l'on a dit enco-
cher, et sujette encoucliée, pour une llèche mise
dans la coche. (Laiic. du Lac, T. II, fol. 12i. — Voy.
Ménage, Orig.)
On lit figurément, en [jarlant des flèches de
l'Amour :
Li penons font les apparois,
La couche ajosle le conseil (5).
Piraiiie et Tliisbé, MS. de S. G. fol. 08, U" col. 1.
Une coc]>e en Touraine et en .\njou, lioche en
Normandie, îi I.yon est rcntaillure qu'on fait sur
les morceaux de bois qu'on nomme à Paris taille
de bouclier.
Coche,û-àns les Essais de Montaigne, T. I, p. 422 (6;,
(1) On lit au xiiP siècle, dans Girart de Rossillon (v. 3177) ; « Bien me tiens pour quaquacl , quant à moi veulx partir ;
Es-tu donc mes paroilz? » (N. E.)
(2» .\ujourd'hui cocasse est adjectif et désigne les gens étranges et ridicules. (N. E.)
(3) « De louges limaces Et d'autres dans les creux de leurs tendres cocasses. » (N. E.)
(4) Il vaudrait mieux distinguer pour coche quatre sens dilTérents : 1» Voil ure ou bateau ; 2» femelle du porc ; 3" entaille ;
4» outil de chapelier ou barre de bois. On lit dans Renart (v. 14088) : « Un petit, vers terre , s'approche , En sa main tint
une grande coche ; Tel me donna delez l'oreille, La leste en oi toute vermeille. » (n. e.)
(5) <i Mes moult orent ices cinq floiches Les penons bien fais et les coichcs. » (La Rose, v. 92S.) — « Et Joit-on tenir la
coclie de la sayette entre le doit qui est emprés le paulx et l'autre doit d'empres, » (.Vlodus, fol. 53.) Au figuré, on écrivait :
« Lequel a mis maintz molz en toc/ie et mainte parole glosée, Et fait souidre mainte reproche entre la simple e* /»
rusée. » (n. e.)
(6) n Quelle géhenne ne souffrent elles, guindées et sanglées, a tout de grosses coches sur les costez ? » (x. e.)
co
— / / —
co
désigne tes marques que laisse sur la chair un corps
de jupe trop serré.
Ou a dit, en prenant coche dans la signification
d'entaillure, mais en l'étendant an figuré:
1° Ferme en coche, pour invarialjle, immuable :
L'ordonaiice rie Dieu qui esl parfaite
Doit demourer estable, nt ferme en cache.
Geofr. do Paris à V.\ suile du Rom. Ai Faiiv. fol. 55.
2° fJieoir en coche, pour lomijer dans le piège.
J'auray de luy, s'il chel en coche,
Un escu, ou deux pour ma peine.
Palli. Farce, p. 70.
3° Retourner en coche, dans un sens à peu près
semblable, pour retomber dans rentaillure, retour-
ner à ses liahitudes. (Eusl. Desch. Poës. .mss. loi. '208.:
4" Coche s'est aussi pris dans un sens obscène,
par Faifeu, p. 02, mais toujours relativement à sa
signification d'entaillure.
^ En .'\uveri;ne, eu A'onnandio, ou appelle encore
coche [\) la femelle du cochon, la truie. On peut voir
sur cette acception Du Cange au mot Cocha 3.
V.\(UANTES :
COCHE. Oudin, Nicot, Dict
CoioiiE. Uorel, Cotsrave, Dict.
Couche. Pirarne et Thisbé, jMSS. de S. G. fui. 98, R« col. 1.
CouscHE. Mod\is Racio, foi. IS'J, R".
Coche, snbst. maac. et férn. Voiture (2). Ce mot,
(lui est aujourd'hui masculin, ne signifie plus que
les grandes voitures publiques. .\ulret'ois, c'éloit le
nom de celles que nous aijpeluus carosses. Aniyol,
dans sa traduction des Morales de Plularque, T. 11,
p. Soi), appelle fof/k! le char d'IIippolyto. (Ia eut
voir, sur l'élymologie de ce niot, La Porte, iI.mis ses
Epi diètes, et Ménage, Orig.
Coche, dans nos anciens auteurs, est indistincte-
ment féuiiniu ou masculin. Nicot le suppose mas-
culin et Oudin féminin. (Voyez les Marg. de la
Marg, fol. 3(j5, V"; Mém. de Monlluc, T. 1, p. 512;
Du Cange, au mot Coclia)
Coche à lu ferraroiae éloit une espèce de voilui'o
dont parle Rabelais, T. V, p. 109. » i.ictieie, je ne
« sais comliien, et quelques coches à la ferraroisc,
•• pour ceulx qui vouldroienl aller hors à l'eslat. "
Cocher, verbe. Faire une eiUaille*. Encocher^.
* Le premier sens de faire une entaille est le sens
propre de ce mot :
Arbalestiers vont qnarriaus prendre...
Aucuns d'eus, pleins d'enging ou d'art
Près des fers à coutiaus les cochent.
G. Guiai-1, MS. fol. 279, V- (3).
^ De là, cocher s'est dit pour encocher, mettre la
llèche dans l'entaillnie d'un arc.
Arbalestriers leurs quarriaus cochent.
G. Giiiart, .MS. fol. 223, Vv
Cochet, sitbst. masc. .leune coq *. Coq d'un
clocher ^ (4).
* Voyez sur la première signification de jeu ne coq,
les Dict. de Nicot, Rob. Eslienne, .Monet, Oudin, etc.
Nous disons encore coehel ('->], dans ce sens.
° Nous citerons quelques exemples du mol cachet
et des orthographes dans le sens de coq d'un clo-
cher : " Abbatil la croix, et le cochet. » (Journ. de
Paris sous Charles VI et VII, en 1 443, p. 195.)
Oui son convent
Ne tient, mais le torne souvent.
Ainsi que le coichcl au vent.
Al. Cliarl Poi'S., Le liv. des 4 Dames, p. fi38.
Froissart. parlant de la fortune, dit:
Plus tost est tournée
Ou'nn koiiuct au vont.
l'û.s. MSS. p. 2il. col. 1 (6|.
Eust. Desch.'imps suml)le distinguer coché et
cochelet. Il emploie le premier pour jeune coq
Poës. MSS. fol. 4iO (7)), el le second pour coq d'un
clocher. (Ibid. fol. 314, col. 2.)
■= Ce mot, sous l'orthographe cochet, paroil diffi-
cile à expliquer dans ce passage (8) :
« En février, et en mars, ils vont aux viundis,
» aux chatons des saules, et courdes, aux bleds
" vei'ds, et dedans les prez au cochet, el aux bou-
« tons du mort bois, comme chevrefueil, bouleau,
« et leurs semblables. •' (Fouilloux, Vén., fol.28.)(9;i
vAniANTiis :
COCHIÎT. Joiirn. de Paris sous Cli. VI et VII, p. 195.
Coché. Eust. Desoh. Poës. MSS. l'ol. iW, col. 2.
CoiCHET. Du Cange, Gloss. lat. au mot VentUogium.
Coquet. Des Perriers, Contes, T. II. p. 118.
KooUET. Froissart, Poës. .VHS. p. -tl, col. \.
KûKÈs. Poës. MSS. avant l3fX), T. 111, p. 97,'5.
CociiELET. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. '314, col. 2.
KoKELET. Poës. MSS. du \at. n' 1«K), fol. 175, R».
Cochois. [Intercalez Cflc/iois. filet : ■• Certaines
" nasses ou cochoi:i posir prendre les poissons. »
iJJ. 158, p. 52, an. Ii03.)j (n. k.)
(1) « Or est en cest fossé chei'i, Tôt mort aussi comme vme coche. » (Renart, v. 300SI.) - « ïousjours troussé comme une
coche. » (Archer ds Basinolel.) (N. E.)
(2) On lit dans ilAvila, qui écrivait en 155;^ : « Un chariot couvert qui se nomme en Ilovigne coche ; le nom et 1 mvonlion
sont de ce pays. » L'.irigine serait aiors le hongrois kolezy. Le mot nous vint par l'Italie el. s'appliqua aux bat.eavix : « Tant
qu'à rontour du monde''Sa coche vagabonda Neptune conduira. » (Du liellay, VIII. Il, recto.) Jusque là on avait en c; sens
dit coiiiie, du latin coucha : « Quand on apperceut la manière des dits Anglois, les François vaillamment allèrent à euk, les
uns à bateaux et les a\itres à petits coijnes. » (.1. des Ursins, ch. VI, 1405.) (N. E.)
(3) T. Il, p. 292, v. 7572 (16553) de l'édition. (,N. E.)
(4) Au Lii've dea Méliei-s (244), c'est un coche d'eau : « Se il avoit sa navée ou son cochet. » (N. E.)
(5) « N'a pas grant sapieuco enclose En moi, quand si petite chose Con est un cochet, m'a boulé. » (Rena' t. v. 5557.) (n. k.)
(6) Comparez De Laborde, Emaux, II. 217 (N. E.)
(7) « Et la cresle de deus cochéa. » Au fil. 4, on lit aussi : « Vieille poule à jeune cochet. » (n. e.)
(8) Ed. Favre, fol. 21, verso (n. e.)
(9) Enfin le cochet était un présent en argent, en viande ou en vin, f.iit par les nouveaux mânes a leurs compagnons le
soir de leurs noces : « .lehan Griyois estant en la ville de .\zy sur Marne ou bailliage de Vitry,... eu laquelle avûil une.?
noces ; et quant vint vers la nuit, ycellui exposant et lesdiz compaignons d'un acort se mir..Mit ensemble pour aller iiuerir
le foc/i(?; de l'espousée, si comme il est accoustiimé à faire en plusieurs lieux ou pais. » (.1.1. 121, p. 14i, an. 13S2.) On ht
encore au reg. J,I. 163, p. 203, an. 1409: « Icelhii Oudin demandûit un r.)(•/it'^ qui parla coustume du lieu est deu en tel
cas aux compf^ignons d > l.i ville j-ii k~i'.i; à ni.TriT. n (x r..)
co
78
CO
(".oc'lion, subst. vinsc. Pourceau*. Insecte °.
* Ce mol, qui subsiste dans le premier sens de
pourceau, ne peut nous fournir, par rapport à cette
acception, que quelques anciennes façons de parler.
On disoit :
1" Mnnrjer le cocliou ensemble, pour tramer,
méditer quel(|iie ciiose ensemble. (Oudin, Dict. et
Curios. fr.) Henri IV, écrivant à M. de Rosny et
parlant de huit personnes qui étoient dans les
finances, semble faire allusion à cette façon de
parler. « (les messieurs là et cette effrénée quantité
« d'iiitendans qui se sont fourrez avec eux, par
« compère et par commère, ont bien augmenté les
« grivelées, elmauijeans leeoclionensemble(i), ont
« consommé plus de (juinze cens mille écus. »
(.Mém. de Sully, T. III, page 8. — Voyez ci-après
Grivelée.)
2° Rapeller le cochon, pour retourner à son pre-
mier pro|)Os. (Oudin, Cur. fr. et Dict. de Cotgrave.)
« Puisque cliascun a fait son compte, et que je suis
• la dernière, par faute de compagnons, je vais
« rapeller le cochon. •■^ (DesAcc.Escr.dijonn. fol. 56.)
3" Les cochons de Xori/es, village auprès de Dijon,
sont passés en proverbe dans la Bourgogne, comme
les ânes de Bruges. (Voyez Journ. de Verd. février
nr.6, p. 120.)
^ Dans quelques éditions de Rabelais, au ch. xni
du livreV, on ïilcochon {i), pour la calandre, insecte
qui mange le froment. C'est encore le nom qu'on
lui donne en Bourgogne. Dans les anciennes édi-
tions de Pantagruel, on lit cosson. (Voyez Le Duchat,
sur Rabelais, T. V, p. 57, note 3.) On dit gusano en
espagnol.
Coclionner, verbe. Faire bonne chère, bien
traiter. « L'hosle nespargna rien pour cochonner
" et ti'aiter friandement son monsieur. » (Contes
d'Eutrap. p. 234.)
Cochonnet, subst. masc. Sorte de jeu. Le
cochonnet va devant. Le Duchat, sur Rabelais, T. I,
p. 1 52, dit que c'est un « jeu de boule (3), ou de palet,
< auquel Tendroit où s'arrête la boule, ouïe palet de
" celui qui joue le premier, sert de but pour lui-
« même, cl pour les autres. »
Coclionnière, subst. féin Truie. fDict. d'Oudin
et de Cotgrave. y
Cocilla. Un charlatan, après avoir vendu ses
drogues, fait une conjuration en ces termes :
« Cocillacn aussia quetabeneia que natalicia volus
« polus Laudate prime meure ni a tel con le pain
« m sols m pez l'abaie est riche et plentissimus
. haranc. » (Erber. ms. de S. G fol. 9î).)
Coeodril, subst. inasc. Crocodile.
VARIANTES :
COCODRIL. Cotgrave, Dict.
COCODRILLE. Oudin, Dict.
Cocontractant, subst. vinsc. Terme de cou-
tume. Celui avec qui on contracte. (Nnuv. Coût.
Gén. T. I, p. 514.)
Cocouz. [Intercalez Cocoux,, rendu par Sale-
brosus, au Gloss. lat.-fr. 521.] (n. e.)
Cocq. [Intercalez Cocq. Les cocqs servaient aux
jeux des écoliers au xiv et au xy« siècle, au nord
comme au midi de la France: <■ En ce karesme
" entrant... à une feste ou dance ([ue l'en faisoit
« lors d'enfans pour la jouste des cocqs, ainsi qu'il
« est acoustumé [en Dauphiné]. " (.1.1. 134, p. 37,
an. 1383 ) On lit aussi au Livre rouge d'Abbeville,
fol. 21 i, V», an. 1458 : « Sur le descord et dilîérend
« meu... entre le maire et eschevins d'.Vbbeville et
« les doyçuet le cappitlede l'églisede S. Vulfi'am,...
« lesdites parties sont d'accord en la manière qui
« s'enssuit: c'est assavoir que lesdiz doyen et
" cajjpitle accordent que doresenavant ilz soofîre-
« ront et consentiront, que cellui qui demourra
« roy de l'escolle, le nuit des Quaresmiaulx ,
" apporte ou faclie apporter devers le maieur de
•' ladille ville ou camp S. George, le cocq, qui
« demourra ledit jour ou autre victorieux , ou
« autre cocq; et que ledit roy presenle au dit
" maieur, pour d'icellui faire le cholle en la ma-
« niere accoustumée. » Le reg. JJ. 81, p. 278,
an. 1355, nous explique ces derniers mots:
« Pelierunt a magistro Erardo .Maquail magistro
« scolarum ejusdem vilkv de lîanieru, quaienus
« liberaret et Iraderet eis unum tjallum, quem,
« sicut dicebant, idem magisler scolarum debebat
■< eis die ipsa [carniprivii] ut jacerent baculos ad
■< gallum ipsum, more solito, pro eorum exhilla-
« ratione et ludo. » En Alsace, on conserve encore
le gullertani; la danse du coq.] (n. e.)
Cocq-linioges. [Intercalez Cocq-limoges, fai-
sans: « Le suppliant et Jehan Baudelot dirent qu'ilz
« iroient veoir dedans le bois des Sars du lieu de
« Sorel, se l'on y trouveroit aucuns ijui chassaissent
« aux cocq-limoges, autrement nommez faisans. »
(JJ.184, p, 180, an.l451.)];N. E.)
Cocqiie, subst. [ém. Souche. Ce mot est employé
plusieurs l'ois en ce sens, dans la Coût, de Landre-
chies. « Pour avoir fait faire plusieurs laignes de
« coques [i], et de Iaignes(piecesde bois)de quesne,
« devant la forest. Pour avoir encore fait faire, par
» Jean Heut frère de Beaurepair, et autres plusieurs
« laignes de brances de eocques de quesne, sur la
« carrière de Valeuciennes entour du parcque
« condamné le dit Germain en amende arbitraire de
« six vingt livres blancs. ■■ (Nouv. Coût. Gén. T. II,
p. 209.)
Le mot coque est encore en usage en Bourgogne
pour désigner les souches qui sont restées dans un
(1) Les soldats ont aujourd'hui le parler moins crû ; ils disent « manger la grenouille. » (n. e.)
(2) C'est aussi un insecte qu'on trouve dans les lentilles, (n. e.)
(3) C'est la petite boule qui sert de but. (n. e.)
ii) Ou disait aussi flioquc. (Voir ce mot.) (n. e.)
co
79 —
CO
bois mal coupé. Le Picard prononce choque, pour
souche, et le Normand chouque.
VARIANTES (4) :
COCQUE. Oiulin, Dict.
CoQUK. Nicct, Dict.
Choque. Mot picard.
CnouQi'E. Mol normand.
Cocqueciyrucs, s(;/;sL féin. C'est ainsi qu'on
appelle les coijnillcs des liérissons de mer. Cor-
neille, l>ict., donne ce nom à un poisson nommé
clyster qui n'existe point. Il y a une plante iippelée
coccigrya, en François fiistet, dont la graine est
fort |ictite, relativement à l'arbrisseau (2). (Falcon.)
VARr\NTES :
COCQUECIGRUES. Rabelais, T. IV, p. 137.
CoccYGRUE. Le Duchut, T. I, p. 197, note 4.
Cocqueron, subst. nuise. Sorte d'insecte.
Je voudrois bien qu'il fut remplis
De coc(jiiefoiif-, et de fourmis.
Ruer, des Dev. amour.
p. 9i.
Cocquet. [Intercalez Cocquet, caque: « Ung
« tonnelet ou cocquet d'allés, .vm". loyens pour le
« cocquet, doit .1111. den. » ^Péage de Peronne,
an. lt>%. Du Cange, II, 167, col. a.)] (n. e.)
Codé, partie. On a dit un livre « escript de
« lellres de noie bien codé ». (Invent, des livr. de
Charles V, art. 317.)
Cocu, subst. masc. Mari dont la femme est
infidèle*. Celui qui rend la l'enime inlidèle^. Che-
val maigre '^. Coucou, oiseau ". La primevère,
plante ^.' Jeu "".
* Nous n'avons plus conservé ce mot qi e sous
l'orthographe de cocu et dans sa première signili-
calion, qui n'est pas la signification propre cl que
nous ne plaçons ici avant les .'ui très que pai-ee qu'elle
subsisle. Ou peut voir, sur l'clymologie de ce mot.
Ménage, Speluian, Du Cange, les Serées deBouchet,
liv. I,"p. 78; lesDiv. Leç.delJu Verd. p. 4{>8, etc.; soit
qu'il vienne de coucou, comme le veut Ménage ; de
cucurhit.a, comme le prétend Spelman; ou du mot
cous redoublé, comme l'indique Du Cange. 11 y a
longtemps qu'il sert dans notre langue pour dési-
gner les maris malheureux On en trouvera d'an-
ciens exemples dans nos vieux dictionnaires, dans
des Ace. Contes de Gaulaid, fol. 35, V"; dans la Nef
des Fols, fol. 3tl, R°, etc., etc. On lit dans une cita-
tion de Du Cange, au mol Cugus :
Ce fu li liuyus de pute aire.
° Ce mot servoit aussi pour désigner celui (|ui
rendoit une femme inlidèle à son mari; et l'accep-
tion étoit plus juste, en dérivant le mot cocu de
co!/co«; car le coucou va pondre dans le nid des
autres oiseaux (3). On prenoitaulrefois ce mot dans
ce double sens. » Non seulement ceux qui abusent
« des femmes d'autruy, mais aussi les maris abu-
« sez, sont appeliez cocus, de sorle que ce nom
'• élant actif, et passif, et commun à tous les deux,
« nous pouvons dire roc» t'Ot'HflJi/, et cot-'w C06'i/c. »
(Div. Leçons de Du Verd. p. 500.)
'^ Un cheval qui n'a point de croupe, s'est aussi
appelé C06V/, par un miséiable jeu de mots, qui n'a,
qu'os au cû {■'>).
° Le mol cocu et ses orthographes ont aussi
désigné l'oiseau que nous nommons coucou. (Voy.
Nicot, Oudin. — Du Cange, au mot Cugus, etc.)
D'oysel n'ay chanson, ne glay,
Seulement que le chant du cucu.
Eusl. Desdl. Pors. MSS. fol. 157, col. 1.
^ Le nom de cocu a été donné à la plante que
nous appelons primevère, ou braijesdecocu. De là,
cette allusion qu'Eust. Deschamps fait à cette
plante, lorsqu'il fait dire à une femme résolue de
se venger des inlidélilésde son mari :
.Te luy feray, sans jardiner,
Avoir cucll.^i en son mesnaige,
Si j'en puis nullement liner.
l'u. s. MSS. fol. 334, col. '3.
''Jouer au cocu, est jouer au hère, selon Le
Ducliat, sur Rabelais, T. I, p. 137, note 8 (5).
VARIANTES :
COCU. Orth. subsist. Du Cange, au mot Cugus.
COQUU. Cudé, des Oiseau.x, fol. tl9, R».
Coque hus. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 515, col. 3.
Cucu. Ebaternent de Géomancie, MS. du R. n» 7651.
QuQU. Gloss. du P. Labbe.
KuQUS. Du Cange, Gloss. lai. au mot Cuç/us.
Cocu, adj. Cornu. C'est en ce sens que l'.abe-
lais, T. III, page 78, donne à Diane l'épithèle de
coquuc.
Longue teste, et cocue,
Yeulx de perdriz, et nez iJe chahuant
Groin de pourcel, long coi'd, comme une grue.
Eusl. Dc^jch. rots. .MSS. fol. 221, col. i.
Cocn signifie cornu, dans le proverbe suivant :
« A l'enfourner on l'ait les pains cocus. » (Dicl. do
Colgrave.)
VARIANTES :
COCU. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 221.
COQU. Rabelais, T. III, p. 78.
Cocualique, adj. Qui tient du cocu. ■> Se lient
« en la niaise, et vraymeiil eocualique bonlé de
« leurs maris. « (Apol. pour Hérodote, p. iSfi )
(1) Dans Froissart, cocijiie a le sens de coquille et vient de conclia : « Ils lui firent présens de sis lux que l'on avoit mis
en deu.K coci/ncs. » (X, -449.) (n. e.)
(2) En Normandie et en Herry, c'est le nom de la bugrane gluante. Voyez plus bas coqucfarjue et corjueluirie , que donne
E. Drschamps ; inijurficdouilic, relevé par Cotgrave. (N. E,)
(3) On lit dans Bonihet (Serées, I, 7S) : « Il fut dit qu'on appelloit un homme marié cocu, qui avoit une femme impudique,
d'un bel oiseau qu'on appelle le cocu, les autres l'appellerit couquon, ainsi nommé de son chant ; et pour ce que ce bel
oiseau va pondiv au nul îles autres oiseaux, estant si sot qu'il n'en sauroit faire un pour luy, par antithèse et contrariété
on appelle celui-là cnc\i. au nid duquel on vient pondre, c'est-à-dire faire des petits. » (n. e.)
(4) Notons encore ce jeu de mots de Brantôme (Uam. Gai., I, 135) : « Encore faut-il estimer ces dames qui élèvent ainsy
leurs maris en biens, et ne les rendent coquins et cocus tout ensemble. » (N. E.)
(5) La forme primitive fst i-r/Ms ; « Sui-je mis en la confrérie Saint-Ernol, le seignor des cous Dont nus ne puet estre
rescous, Qui famé ait... » (La Rose, 9167.) Elle répond à cucus, pour cuculus, coucou, dans Isidore de Séville. (n. e.)
co
— 80 —
co
Cocuce,sî(fts^ Nom faclice d'un pays imaginaire.
Tel conte ii'Audigier, qui t'ii sel pou :
Mais je vos en dirai trusqu'à Ilarou :
Ses pères tint Cocitte, un pais mou
Ou les gens sont en merds jusques au cou.
Iloin. il'AMiliï. MSS. dc> S. G. fol. 115. V- col. 2 et 3.
Cocue, suhsi. fnn. Femme dont le mari est
infidôle*. Ciguë °.
* Ce mot, dans sa premii'i'e acception, paroît
avoir Ole forgé par Doiieau, auteur de !a comédie
intitulée /a f(;t'H(! imaginaire. \[ dit à la lin delà
préface de celle [ùèce : » Je pourrois ici vous par-
" 1er du mol cocue, dont je me suis servi : mais je
" crois qu'il n'en es! pas besoin, d'autant que nous
» sommes dans un temps où chacun parle à sa
.' mode. .. (llist. du Th. fr. ï. VIII, p. 39 i.)
^On disoil aussi cocue, pour ciguë. " Les prêtres
" d'.Mheues se servoient de la ciguë, ou cocue, en
« tels affaires, etc. ■> (Malad. d'amours, p. 199.)
Cociil (l\ snbst. riiasc. Coucou. En latin tucus.
Vn oiscl, cocui, suivant le Closs. lat. fr. de S. G.,
cité par Du Cange, au mot 'fucus.
Cocusse, subst. fém. Capuce, capuchon.
Or ont prins habiz de charretons.
Un temps fut, se leur apparusse,
Que j'eusse un coup sur ma cociis.ie.
Eust. Dcsch. Pops. HSS. fol. 23r>, col. 3.
" Item le chief S. Syméon en façon d'omme
« ancien; et à une coqusse d'argent sur la tête
" fermant à une riz esmailiiée, etc. >■ (Du Cange,
au mot Verula (2).)
VARIANTES :
COCUSSE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 235, col. 3.
CoQUSSE. Du Cange, Gloss. lat. au mot Verula.
Gode. [Intercalez Code, mesure, au reg. JJ. 10.3,
p. o!G, an. 13i2: » Deux costerez de vin, neuf
» chandoille de cire codaux... Trois codes de
« cliandoille de cire sur le seigncurde Richebourc. »
Ce mot doit avoir le sens de coudée; aujourd'hui,
en Berry, coude se dit code.] (n. e.)
Codébiteur, subst. niasc. Débiteur solidaire.
Celui qui s'oblige conjointement avec un autre.
(Nouv. Coût. Cén. T. 1, p. 737.)
Codiynac. subst. masc. Colignac. La confection
de codignac, etc., est une confiture de coins. Codi-
onal de jour, c'est pâtisseries, en espagnol paslche-
rias. ;Oudin.)
VARIANTES (3) :
CODIGNAC. Estât et Relig. par la Place, fol. 100.
CODIGNAT. Nicot, Ouilin, Dict.
CouDiGNAC. Rabelais, ï. I, p. -108 (i).
CoTONiAT. Rabelais, T. I, p. -IGO (i
'^^
Codinecil, subst. Semble une faute pour codi-
cile. (Cnrpentier, llist. de Cambray, p. 18.)
Codre, subst. masc. Coudre. (Du Cange, au mot
Codra.) Ce mot est tiré d'un passage de fa coutume
de Bergerac. Poquet, add. mss. ;\ Laurière, dit que
codre et cèdre est un cerceau de tonneau. (Falconn.)
Codre, verbe. Coudre. D'où le prétérit cosist,
dans S. Bein. p. 220, qui répond au latin consuere.
Coe, subst. fêm. Queue. Ce mot se disoit de la
queue des animaux.
De sa cnc bat ses costez.
C'est la coustume du lion.
Parlon. de Blois. MS. de S. G. fol. U5, V' col 3.
Trestuit cih qui l'escharnirent,
Et qui sor luy keims pendirent,
Furent koué, et keues orent.
r.ora. de Brui, MS. fol. 104, V col. 2.
(1n lit coe:i et coes, dans le ms. de M. de Bombarde.
Dans le chapitre intitulé des Trouveures. on lit :
« De balenes trovés eu nostre poi'r (domaine)
« volons (lue la teste soit nostre, et la couve à nos-
« tie compayne, selon l'ancien usage. >• (Britton,
Loix d'.\nglel. fol. 27.) On lit cueurs dliermines,
faute pour cueues d'hciiuiues, dans P. .1. de Saintré,
p. 239. « Luy, et son destrier housses d'ung satin
» cramoisy, !out semé à cueurs d'hermines. » On
disoit aussi la queue, ou coe d'un acte, d'une charte.
De parchemin prist un petit,
Qu'il n'y ont leitre, ne escript :
Tout uni l'a sécllé en chire,
Et en la cnc (Ci) fit escrire
Que d'Engleterre tant auroit.
Comme le brief dedens diroit.
Rom. de Rou, MS. page 288.
1" On a dit cueue à cueue, pour à la queue les
uns des autres. (Chasse de G ast. Phéb. sis. p. 220.)
2° L'expression familière : Il n'y en a pas la queue,
pour signifier qu'il ne reste rien d'une chose,
subsiste encore. Ou lit, à peu près en ce sens :
N'en merront au partir coe de lour aver.
Rom. de Rou, MS. page 109.
3° Un ancien poêle, parlant des hypocrites qu'il
compare aux chiens, dit que : « Lor eues (nagent)
« en sain. » Dans le sens propre, que leurs queues
nagent dans le saindoux ; au figuré, qu'Us ont de
la Joie, qu'ils se délectent.
Quant d'un home oenl mesdire,
Grant samblant font, con un mescire,
Plus traistre sont que chain.
Et lor eues noent en sain.
lli*l. de S" LMcade, MS. de S. G. fol. 31, R- col. 1.
Coe (en) est une faute, dans Marhodus, col. 1644.
On lit dans le mss. de S. Victor en Eve il).
0) La forme provençale est coijul. (N. E.)
(•2) Ed. Henschel, sou.^ coqucia (II, 592, col. 2). La citation est répétée au t. VI, 784, col. 1. (n. e.)
(3) On lit au Ménagicr (II, 5) : « Pour faire coudoiijnac, prenez des coings. » L'étyninlogie est coing , par l'intermédiaire
colniieahiiH. (N. E.)
(4) i< S'il toussoyt, c'estoient boytes de coxidirinac. ji (n. e.)
(5) « Le coiiijiial pris devant le past asiraint le ventre. » (N. E.)
(6; On appelle d'ordinaire queue d'un acte la bande de parchemin sur laqtielle est appliquée le sceau pendant: on la dit
•simple, si elle tient encore au parchemin dont elle a été séparée ; on la dit double, si elle se replie sur une fente pratiquée
dans racte. (n. e.)
(7) On lit aussi au Nouv. Recueil de fabliaux et contes (I, 317) : « De ma fable faz tel defin, Que chascuns se garde de la
soe [femme] Qu'elle ne li face la coe. » (n. e.)
co
81
co
VARIANTES (1^ :
COE. Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 140, V« col. 3 (2).
COUE. Oudin, Dict.
QuouE
Cou. Coût, de G. de Tyr, Marteiie, T. V, col. 591.
Couve. Britt. Loix d'Anglet. fol. 27. R".
OuEHUE. Lelt. du duc de Bourg, au s' Dufay, p. 361.
CuE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 268, V» col. 2.
Keue. Rom. de Brut, fol. 104, V° col 2.
CUEUE. Chasse de Gast. Phéb. MS p. 81.
CuEURS, lisez Cueues. P. J. de Saintré, p. 239.
Coé, arlj. Qui a une queue*. Entier, non châ-
tré^. Déchiré, qui est en lambeaux'^.
* Le premier sens, qui a une queue, est le sens
propre.
Par toz sainz, se vos i alez,
Vos en revenroiz toz coez.
Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. IfiS, R» col. 3.
On appelle : " Commette une estoiile qui com-
« mée et quouée est. « ^Cliron. S. Denis. T. 11,
fol. \'l.) On lit dans le latin de Rigord crinita, sive
eau (la ta.
On croyoit autrefois que les comètes annon(,>oieiit
des malheurs : « J'ay cogneii plusieurs courages
« esbahis, à l'occasion (Tune étoille coiiée , ou
« (;hevelue. »
Nous trouvons coiiés. pour épithète d'Anglois,
dans les Epith. de M. de la Porte.
^ Dans le sens d'entier, Marbodus, col. lGi2, dit
que la pierre appelée alecloire, se trouve dans le
ventre du chapon qui
Treis anz vit mes, pois est chiastrez;
Tan vit ke set ans a passez ;
En son ventre trovent la piere.
•^De Iti ce mot s'est dit, au figuré, pour déchiré,
qui est en lambeaux :
Si vit lor chemises coiiées.
Oui tout entor erent nouées :
Devant, et derrière, et en coste.
En maint leu lor paroit la coste.
Fabl. MSS du R. n- >21S, fol. 2:!5. R- col. 2.
VARIANTES :
COÉ. Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 108, R» col. .i.
CoES. Marbodus, col. 1642.
CouÉ. Nicot, Oudin, Dict.
KouÉ. Rom de Brut, MS. fol. 104.
QuouÉ. Chron. S. Den. T. Il, fol. 12, V».
Coerateiir. [^r^\e.m\]f^.7.C,necateur,àe coliecave,
pour eoœquare, répartir la taille, au t. 111, p. 'i, de
l'Ilist. de Nîmes, an. 1476.] (n. e.)
Coegaux, adj. au jilur. Egaux. (Dict. de Borel.)
Coeillir, verbe. Cueillir. (Voy. Molinet, p. 178.)
Coeins, subst.masc. plur.Ç,o\\Q\.?,[Z). Les marins
appellent ainsi certains cordages. On lit coeins,
dans le .ms. de Bombarde, au lieu à'escuins. ([uoii
trouve dans ce passage :
Esciiiiix (4) ferment, et escotes
El font tendre les cordes toutes;
Vitages laschent, trez avalent.
Rom. de Brul, MS. fol. 85, V- col. I.
VARIANTES :
COEINS. Rom. de Brut, MS. de Bombarde.
EscuiNS. Rom. de Brut, MS. fol. 85, V» col. 1.
Coèa, abréviation. Commun ou commune. On
la trouve fréquemment employée dans le Caria
Magnu.
Coëiie, subst. masc. Ce nom, dans Villehar-
douiii, est pris par Vigénère, pour Antoine, ce que
Borel approuve au mot Coëne (5). Du Cange, dans son
commentaire sur Villehardnuin, explique Coënes,
par Canon. Cornes de liethune, Conon de Bethune.
(Villehard. p. 55.) Du Cange a raison. Coïion étoitle
vrai prénom de Bélluine. (Palconnet.i
Coepelle, subst. fém. Coupelle. On lit dans le
texte de Villon crepelie, mais la marge corrige
coepelle. On disoit : Fin comme argent de crepelie,
fin comme argent purifié à la coupelle, au creuset.
Je croy qu'homme n'est si rusé,
Fust fin comme argent de crepelie (61,
Oui n'y laissast linge, et drapelle.
Villon, p. 39.
Coëpeller, verbe. Coupeller. Faire passer l'or
et l'argent par la coupelle. (Dict. de Cotgrave.)
Coéquation, subst. fém. Egalité, parité. Ce
mot, aussi bien que péréquation, selon Pocquel,
add. MSS. à Laurière, est le régalement de rente
entre des frères, c'est-iVdire partition qui règle ce
que chacun des contribuables doit payer. (Voyez le
passage cité à l'article suivant.)
Coéqiiés, adj. auplnr. Associés. Entre lesquels
les contributions ont été réparties. « Si le seigneur
« censier, rentier, ou leur receveur nient avoir
« reçeu ce qu'ils ont reçeu des coequez-, ou pere-
" quez,et il se trouve, après le contraire, ils seront
« tenus en tous les intérests, pertes et dommages
" de celuy contre lequel ils auront fait la dite
» négation de réception de la ditte coéquation, et
« en'amende envers justice. » (Coût. Gén. T. II,
p. 399.)
Coer, verbe. Avoir une queue.
Il avoit robe d'estanfort
Taint en graine, de vert partie;
Si a fait chascune partie
A longues qiieues coer.
Fabl. MSS. de S. Germ. fol. SCI, V col. 2.
C'est-à-dire il a fait faire une longue queue, etc.
(Voyez ci-dessus Coe. qui a une queue.)
Coer. [lnter(;alez Coer, cuer, cœur dans les
deux locutions suivantes: 1° Kn cuer, cordiale-
ment : « Ossi li plus grant partie de tous ses
(N. E.)
l'avant, (n. e.)
(1) On lit dans Roland (v. 165,5) : « Rlanche la cvc e la crignete jalne. » (N. E.)
(2) On lit dans Benoît de S" More (v. 15239) : « Bien m'a le nu fait en la coe ; Juglé m'a et envilani. » (n
(3) On nomme couette ou bers les deux poutres qui glissaient avec le navire quand on le lançiit parVï
(4) Escuins, comme e.tcuer, signifie auvent, panneau, (n. e.)
(5) Cuennes (% 377) est le cas sujet ; Coenon (§ 496) est le cas régime, comme si l'on disait C/iêne. Chênon. En picard,
chêne se prononce cjuêne, caine. (n. e.)
(6) Au Dict. de Doohez, on lit coupelle. (N. E.)
IV. 11
co
82 —
CO
« clievaliers estoieHl en coer englès. » (Froissart,
II, 481.) -2° Prendre en cuer, prendre à cœur: ■< Li
« Jones conles de Huynau avoit si ;;ns en cuer
« cesle guerre. » (Id., IH, 255.)] (.n. e.)
Coerie, subst. fém.
Quar li prélat Irestuit ensaiilile
Ont bien juré, riens ne dorront.
S'a ceus non qui l'avoir porront
Petit donne, ne doutez mie
N'i ait aucune coerie (1).
Hist. de S" Léoc. MS. de S. Germ. fol. 30, R* col. 3.
Coernic, subst. fém. Injure, honte, opprobre.
De l'italien scorno.
Je vous ain, sans traison,
A tort m'en portez coernie.
Adans li Bocns, Pocs. .MS. a-vanl 1300. T. IV, p. Uli.
Coers, subst. masc. plur. Cour. Espace enfermé
de murs faisant partie d'une habitation.
Mes elle ne s'aresta point
A nuls des coers, ne à l'entrée ;
Ançois est par dedens entrée.
Froissarl, Poës. MSS. p. 359.
Coes. [Intercalez Coes, eues, choix : « Vous
« estes ;\ à eues dou partir ou dou demorer. »
(Froissart, X, 441.) C'est le substantif verbal de
eoesir, choisir ; il est de formation romane, bien
que le verbe soit d'origine germanique.] (.n. e.)
Coesre, subst. masc. Mot de l'argot. Le roi
nommé le grand coesre étoit le nom qu'on donnoit
au chef des gueux ou mendians, qui faisoient sem-
blant d'eslre estropiés ou malades (2). (Voy. Sauvai,
Hist. de Paris, liv. V, p. 511.)
Coestron. [Intercalez Coestron, bâtard, au reg.
JJ. 125, p. 174, an. 1384: « Que icelle ou son
« coestron ou bastard de filz le comparroient. »] (n. e.)
Coëtes. Il faut lire crettes. (Voyez le texte de
Villon, p. 50.)
Coetice, subst. fém. Fourrure. 11 semble que
ce soit une faute pour létice, dans le passage sui-
vant. A l'entrée de Charles VIII à Paris, en 1434, le
Premier Président « avoit des lambeaux sur son man-
« teau, à trois bandes d'or, garnies de coetices (3). «
(Godefr. Observ. sur Charles VIII, p. 433. — Voyez
Letice, Laitice.)
Coetie, subst. fém. Espèce de devination.
« INegromantie , coetie , ydromantie , aeromen-
« tie, etc. » (Pèlerin d'amour, T. II, p. 458.) Il
faudroit écrire goëtie, mot tiré du grec yoyTeia.
magie.
Coetivement, subst. masc. Entretien de cha-
leur. (Voyez Dict. de Rob. Estienne et de Cotgrave.)
Ce mot paroit venir de couette (4), lit de plumequi
entrelien la chaleur.
Coetiver, verbe. Echauffer. Cette signification
vient de couette ou coite, comme le mot précédent.
VAHIA.NTES :
COETIVER. Oudin. Nicot. Dict.
CoiTivER. Monet, Colgrave, Ûob. Est. Dict.
Coeiiil, subst. masc. Cens (5). Ce mot est formé
de cœuillir ci-après. Cœuil est le cens; eeuilloir
est le registre sur lequel on écrit les noms des vas-
saux et les cens qu'ils doivent. C'est selon cette signi-
lication qu'il faut entendre cet endroit de la coutume
de Pernes, où, en parlant des divers devoirs des
vassaux, on dit : « Bailler déclaration, payer leur
« coeuil, selon la valeur d'iceux (iefs, et faire toutes
<■ autres services, droits, et devoirs à tels fiels
« appartenants. » (Coût. Gén. T. I, p. 383. — Voyez
ci-après Cueil.)
Coeuvrechef, subst. masc. Habillement de
tète *. Pièce de soie, de drap, etc.". Ceinture, voile,
mouchoir'^.
* Nous disons encore couvrechef, dans le sens
d'habillement de tête des femmes de la campagne,
et c'est sa signification propre. On lit dans Percef.
Vol. m, fol. 15, en parlant d'un malade : « Il alla
» prendre le cocuvrechief dont'd avoit la teste affi;-
" blée, et le lire sus ses yeux, etc. » ; et dans les
Ann. de Louis XII, pard'Aulon, fol. 27, V°: «J'ayme
>' mieulx mourir l'espée au poing à la delTense de
« la muraille pour le service du roy, que languir
« en mon lict, le cuvrechief en la teste pour na-
« turelle mort attendre. » (Petit. J. de Saintré,
p. 577.) « Pour mieux couvrir sa face, fit mettre
« son grand cuvrechief. » On nommoit aussi
certaines coiffures de femmes des coeuvrecliicrs.
Elles servoient à se mettre à l'abri du soleil.
Levés les cueuvrechiers plus haut,
Qui trop coeuvrent ces beaux visaiges.
Chasse et Départie d'amours, p. iij, col. 1.
C'étoit une partie de la coiffure des femmes en
deuil. « Item, pour aultres frères et sœurs, on ne
« porte que la barbette, et le couvrechef {&) dessus. ••
(Honn. de la Cour, ms. p. 58.)
^ On a étendu beaucoup plus loin autrefois ce
nom de couvrechef. On l'a appliqué, en général, à
des pièces entières de soie, de drap, de gaze, de
toile, probablement de l'espèce dont on se servoii
pour faire des coHV/v'c/u'/s proprement dits. On lit
dans les Honn. de la Cour, ms. p. 34 : >■ Drap (pièce
d'étoffe) de fin couvrechef, de crespe empesé. » Ou
en mettoii deux sur les couvertures du lit.
Dans des lettres de 1350, « le roy défend de fabri-
(1) Voici le sens des trois derniers vers ; Si vous ne donnez la moindre chose à ceux qui le peuvent avoir, n'en douiez
pas, il n'y a là nule honte. Coerie est synonyme de coernie. (n. e.^
(2) Voyez chestiz, t. III, p. 4!52. (N. E.)
(3) Collicé se dit du champ ou de l'écu rempli de dix bandes de couleurs alternées. Cottice est une bande diminuée des
deux tiers, (n. e.)
(4) C'est un dérivé du latin cortus, cuit. (n. e.)
(5) Ou taille ; c'est la forme verbale de cueillir, coUigere (collecteur). (N. E.)
(6) Voyez la veuve de Jean Jouvenel des Ursins (Quicherat, Costume, "289). S' Simon écrit aussi : « Elle était sur son lit
en robe de veuve bordée et doublée d'hermine , pareille à celle des duchesses veuves , et comme elles ayant le
couvre clief {W2, 7). » (N. E.)
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83 —
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« quer, dans la ville de Troyes, des toiles appellées
0 couvreclief. » (Ord. T. "il, p. 3ii.) Froissart,
liv. IV, p. 7, parle d'une litière « couverte d'un
■> délié couvreclief de soye[\) » ; et dans la Table des
Métiers de Paris, ms. de Meinière, p. If), on lit :
i< Tixerandiers de coeiivrecliefs de soye (2). »
•^ Enfin tout ce qui, sans doute, éloit fait de ces
toiles ou élolTes appelées coitvrecJiefs, prenoit aussi
le même nom ; de là, nous voyons ce mol désigner
le voile de soie qui couvroit les enfans des grands
seigneurs, depuis la tête jusqu'aux pieds, à la céré-
monie de leur baptême. (Ilonn. de la Cour, ws.
p. 58.) Pour le voile de gaze qui couvroit le visage
de Jeanne, femme de Charles V, lorsqu'elle fut
portée, après sa mort, à Notre-Dame : « Ùng queu-
" vrechiefs\ délié que tout plainementon veoitson
>< visage parmi. » (Chron. S' Denis, T. 111, fol. 37.)
Pour une espèce de mouchoir, dans ce passage de
Gérard de iNevers, ï'' part. p. 83: « La pucelle d'ung
i< délié coitvrechicf luy essuya le visage et la
« bouche " ; et dans cette citation, qui se trouve au
T. I, p. lOi, de la Milice fr. du P. Daniel, et dans
Du Cange, au mot Miles : « Et ce fait, ung de ces
« gouverneurs aura un cuervcrchcr en sa main,
« qu'il tendra par devant le visage, quant il sera
« besoin, pour le craisier (pour cracher). ■• (3) On
interprète à la marge cuervercher, mouchoir.
Enfin le mot couvreclief a servi à désigner une
espèce d'écbarpe ou ceinture. Al. Chartier, l'Esper.
p. 352, pariant de la Mecque, dit : ^ Se dépouillent
« nudz, excepté d'un petit queuviechief aaiour de
« leurs rains. -
On trouve encore ce mot pour linge à barbe, dans
Oudin et Des Accord, Contes de Gaulard, fol. 37, \°.
VARIAMES :
COEUVRECHEF. Froiss. L. IV, p. 7 ; Du Cange, à Capitegium.
CoEUVRECiuEF. Percef. Vol. VI, fol. 124, V" col. 'i.
CuEVRE CHIEF. Fabl. MSS. du R. n° 7-218, fol. 261, R" col. 2.
QuEVRE ciUEF. Chron. S' Denis, T. III, fol. 37, V.
CuEVRE CHEF. Hist. du Tli. fr. T. I, p. 408.
QuEVRECHEF. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 427, col. 2.
CUVRE CHIEF. D'Auton, Hist. de Louis XII, iMS. fol. 27, V».
CouvRECHEF. Ortli. subsistante; Ord. T. II, p. 344.
CouvRECHiEF. Honn. de la Cour, MS. p. 34.
CUEVRECHIEZ. Fabi. MSS. du R. n° 7218, loi. 59, V» col. 1.
CuEiA'RECHiES. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 456. col. 4.
CoEUVRECHiER. Chasse et Départie d'amour, p. 225, col. \.
CUERVERCHER. Du Cange, au mot Mites.
Cofel. [Intercalez Cofel, mesure pour les grains:
<■ Ténor costumarum villa^ Marologii [Mareuil]... De
« chascun cariai, un cofel ; et d'un dimieg cartal, un
a dimieg cofel. » (JJ. 82, p. loi, an. 1352.)] (n. e.)
Cofle. [Intercalez Coffe, baquet, comme coffin
et coffineau, ses dérivés : « Lesquelles femmes et
« filles traveillans en ladite mare ou lavaicbe pour
« la nettoier,... survint sus eulx un chappellain
" qui print la coffe, laquelle estoit toute plaine
« d'eaue et la getta suslesdittes femmes. » (JJ. 197,
p. 218, an. 14'72.)] (n. e.)
Coffin, subst. masc. Panier*. Coffre, cercueil ^.
Hune'^. Etui". Carquois^.
* Les dictionnaires interprètent ordinairement ce
mot par panier d'osier.
On nommoit quelquefois coiffes les paniers qu'on
mettoit sur le dos d'un cheval. » Li somiers qui
« porte coiffe doit 4. deniers, cil qui chevauche ti
« trousses deux deniers, etc. » (Ane. Coût. d'Orléans,
« à la suite de Beaunian. p. 474.)
Il y avoit aussi des coffius de paille, lémoin ce
passage : » Autres faisoient de petites tresses de
« paille, de seiale battu et mouillé, pour faire des
« coffins. » (Berg. de Rem. Belleau, T. I, p. 29.)
Il y en avoit aussi de cuir bouilli, et ce n'étoit
pas toujours un panier ; c'étoit une espèce de
portefeuille, comme dans Froissart :
Un coffin
De cuir bouilli, et fin.
Avec lettres belles, et sages.
Froissart, Poës. MSS. p. 190, col. 2, et 191, col. 1.
Coffin porter, et le cabas
Des supplications.
Eust. Dnsch. Pocs. MSS. fol. 35i. col. 1.
^Coffin s'est employé figurément pour désigner
un cercueil. « Mettre un corps en son coffin. «
(Guilleville, liv. IV.)
'= C'étoit comme panier ou coffre que coffin dési-
gnoit la hune du mât d'un vaisseau. On lit : « Li
X cofins du mast », dans Jacquemar Cillée, Rom. du
Renart. (Falconnet.)
° Souvent cofftn étoit un étui. Cofin, cophin, dans
le Cambresis, se dit pour étui à aiguilles, à cure-
dents. (Falconnet.)
^ Enfin, dans un sens moins figuré que celui de
coffre, on disoit coffïs, pour carquois, l'étui des flè-
ches. « Fareitres qui sont coffis h mettre les flèches. »
(Hist. de la Tois. d'or. Vol. I, f"27.) Je ne sais ce que
veut dire le nom de mange coffin donné à S. J. B.
dans l'add. au Poës. mss. de Froissart, p. 438. (Voyez
ci-après Coffinet.) (4)
VARIANTES :
COFFIN. R. Belleau, T. I, p. 29.
CoFiN, CoPHiN. Oadin, Nicot, Dict.
Coiffe. .Ane. Coût. d'Orl. à la suite de Beaum. p. 474.
Coffis, phir. Hist. de la Tois. d'or. Vol. 1, fol. 27, V.
Coffineau, subst. masc. (5) Petit coffre. (Gloss. de
l'Hist. de Bretagne.)
(1) M. Kervyn imprime (t. XIV, p. 20) ; « Estoit la littière belle et riche et couverte d'un délié cocurre-cinef de soye. » (n. e.)
(1) On lit dans l'édition (p. 99) : « Quiconques veut estre teisserandes de queuvreciners de soie à Paris. » Le couvrechef
était un voile de tête ; le nom s'étendit bientôt à l'étoffe , dont il était tissé. Ceux de Reims étaient fort renommés :
(i Touailles de Reims. » (Leroux de Lincy, I, 388.)
(3) Ed. Henschel, t. IV, p. 399, col. 1.
(4) C'était aussi \m terme injurieux : « Icellui Hardelet dist au suppliant ces parolles : « Coffin , à pou que tu ne m'as
tue. » (,1J. 164, p. 356, an. 1410 ) (N. E.)
(5) Ce mot est employé au sens de baquet, en Saintonge et en Poitou. (Favre, Glossaire, p. 91.) On lit au reg. 161, p. 154,
an. 1406 : « Icelle femme mist laditte monnoye en un coffineau à mettre chandelle. » Au reg. 183, p. 41, an. 1455, c'est plutôt
une corbeille :« Le suppliant osta à icellui Grangier les pommes et le co/'/(»?ea« où elles estoient. » Un ms. cité par Du
CsDge assure ce dernier sens (II, 417, col. 1) : « De caures ouvra et d'osieres, Coffiniax ouvra et panières. » (n. e.)
co
— 84 -
CO
Ci»l'fiiiet, subst. masc. Petit panier*. Petit
coffre^. Poilefeuille'^.
* Voyez, sur le premier sens de petit panier, les
Dicl. d'Oudin, de Cutgrave, et les EpilhètesdeM. de
La Porte.
^ De là, ce mol désignoil un petit coffre, dansées
vers :
La dame a pris un cajhict,
A son chuvel, ou li joel
Esloienl, etc.
Eslrul). Fdbl. MSS. du R. n' 7996, p. 8.
■^ Ce mot est mis pour portefeuille, dans le pas-
sage suivant :
.Vavoic, adout, de cuil bouli,
Un cvfji»el bel, et poli.
Qui esloit longes, et estrois,
Ou les balades toutes trois
Mis etc.
Froissart, Poès. MSS. p. 189, col. 1 et 2.
(Voyez ei-dessus Coffi.n.)
VARL-iNTES :
COFFINET. Froissart, Poës. MSS. p. 189, col. 1 et 2.
CoFiNET. Estrub. Fabl. MSS. du R. n" 7996, p. 8.
Coffre, subst. masc. Cassette du roi, le trésor
royal*. Terme de vénerie'^. l'orlific;ilion '^. Bière".
Ce mol subsiste et même on le dit encore dans tous
ces sens, mais avec quelques dilTé.ences dans la
construction des phrases.
* On dit encore les cofifves du roi, pour le trésor
du roi; mais on ne dit plus, comme autrefois, sim-
plement les eolf'res.
Promis avez, sur le mois de février,
Que vous serez sa besongue ordonnaos,
Et le ferez sur les coffres payer.
Eust. Desch. Pois. MSS fol. 208, col. 2.
^ En lermes de vénerie, ce mot désigne le corps
d'une bêle fauve dont on fait la curée. •> C'est de la
« sorte qu'il la faut préparer, pour leur en donner
» la curée, et pour cela la couper par quartiers,
« levant les épaules, et les gigots, et laissant le
« coflre entier. » (Salnov. Vénerie, p. 285.)
'^ Colfre signifie encoie, en termes de guerre, un
logement blindé et garni d'embrasures, construit
dans un fossé sec (l).Bassompierre parle d'un ('0/J>(^
qui défendoit le passage du fossé d'une place assié-
gée. (T. 11 de ses Mém. p. 308.) Mais il paroit
qu'alors ces cojfres éloient de longues caisses rem-
plies de poudre et de résinesi'i). (Ibid. T. ill, p. ."jri.)
° L'acception de coffye, pour bière, vieillit. L'au-
teur du poëme des Trois Maries s'en sert souvent
dans ce sens. (Hist. des Trois Maries, en vers, jiss.
p. 429.)
Nous citerons, outre cela, l'expression suivante :
tomber sur les coffres de quelqu'un signifioil lui
imputer une faute, la lui reprocher. On dit encore
en ce sens tomber sur le dos de quelqu'un, dans le
langage vulgaire. « Je dis à Barbant (lue je ne
« pouvois retourner arrière que je n'eusse mande-
" ment de monsieur de Barie, et que si la ville se
" perdoil, tout cela tomberoit sur mes coffres. »
(Mém. de .Montluc, T. H, p. 73.)
Voici quelques proverbes :
1° Kn coffre ouvert, le juste peehe. (Dictionn. de
Cotgi'ave.)
2" Carde le coffre semble s'être dit proverbiale-
ment, par allusion au coule d'une femme qui avoil
enfermé son maii dans un coflre pour le coiriger
de sa jalousie. « Aussilost (lue l'on voyoit un mary
" fascheux qui faisoil semblant de se courroucer,
« l'on ne faisoit que dire, garde le coffre; qui ser-
« voit autant que le fouet entre les Suisses. » (Des
Ace. Escr. dijon. fol. 41.)
Coffrer, verbe. Kmprisouner. (Oudin, Curios.
franc. ; Apol. i)Our Hérodote, p. 204 ; Du Gange, au
mot .4 n'a.)
Cofiné, partie. Courber. (Dict. d'Oudin.) Du
verbe cofiner, se voùler. se courber, encore en
usage en termes de menuisiers et de fleuristes (3).
Cogeiit. rinlercalez Cogent , nécessaire, aux
Ord. (VI, 403," an. 1372): <. Icellui fait et mesiier
" [de draperie] qui est cogent à tout l'universel
" monde, et plus est chos3 proffilable. "j (.n. e.)
Cogié, partie. Forcé, obligé. Du latin cogère.
(Voyex ^'ef des Daaies, fol. 83.) Ou dit, en Anjou,
coger pour contraindre.
Cogitacion, subst. fém. Pensée.
Toute sa cogitacion
Atorne en sa vision.
Fabl. MSS. du K. u" lilS, fol. -203. R- coi, -2.
VARIANTES :
COGITACION. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 505, col. 3 (4).
Cogitation. Oudin, Nicot, Dict.
Cogiter, verbe. Penser. En latin cogilare.
(Voyez A'icot, Cotgrave, Oudin, Dict.)
Cognacion, subst. fém.. Parenté. « il esloit le
« plus proche masle de ceste race et coguation. »
(L'Amant ressusc. p. 23.)
Parmi le peuple d'Israël s'en ala,
Parmi la mer, et leur coqnacion.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. i-29, col. ;i.
VARIANTES :
GOGNATION. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 129, col, 3.
COGN'ATION. Oudin, Dict.
CoNissANCE. S. Bern. S. fr. MSS. p. 207. En lat. cogiialio.
Coguefestu, subst. masc. Cardeur de laine.
" C'est comme si je disois, avec plus de cui'iosilé
» que vous, que les cognefestus et cardeurs de
H laine s'appelloienl jadis, 'a««ri/,/)>''rt/H«f//, main-
« tenant nousles appelions cardeurs à carduis, etc. »
(Garasse, Recb. des Rech. p. 239.) » Chausseliers,
« cordonniers, lunetiers, cognefestus, papetiers. »
(Deiïense d'Est. Pasquier, p. 543.)
(1) C'est alors une sorte de caponnière. (n. e.)
(2) C'est la charpente qui soutient les terres dans une mine. (n. e.)
(3) On a^ipelle coffiiie une ardoise convexe. (N. E.)
(4) « Le lUix des cogiuuions. » Le mot se trouve dans les traductions du xii« siècle : « Deus de science est sire , e à lui
sunt aprestedes coyiiaciuiis (Lib. psalm., p. 235) ; i> mais la forme populaire est cuizunçoii, correspondant à cuider. (n. e.)
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85 —
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Coignefestu se disoil nulrefois proverbialement.
« Il seinbloil un coignefestu, el qu'il ne vouloit
« rien faire ny laisser l'aire les autres. » (Mém. de
Monlluc, T. 1, p. 72. — Yoy. Curios. fr. d'Oudin.Jil)
vAniANTF.s :
COGNEFESTU. Défense pour Est. Pasq. p. 543.
Coignefestu. Mém. de .Monlluc, T. 1, p. 72.
Cogiiissable, adj. On disoit faire cognissable,
pour taire connoitre. « Si iu mis ens et recueilli
» des sardes, car il s'en lit cong aoi&mble . »
(Proissart (-2), liv. II, p. 29.)
Tirez vous un peu sus fenestre.
Et je vous ferai coynissable.
De lui, et de ceuls de la table.
Fruissail, Poos. MSS. p. 11, coi. 2.
VARIANTES :
CÛG.\ISS.\BLE. Froissart, Poës. MSS. p. 17, col. 2.
CONGNOISSABLE. Froissart, Hist. Liv. II, p. 29.
Cogniteui", SMôsf. îk«.sc;. Qui connoît. On disoit
en ce sens : « Dieu cognilcur de toutes clioses. ••
(Tri. de la iNoble Dame, fol. 30.)
Cogiiition, subst. fém. Connoissance. (I)icl. de
Borel et de Corneille.)
Cognoissamment, adv. .-Vvec connoissance
de cause. (iWoss. sur les Coul. de Beauvtiisis.)
Cognom, subsl. mase. Surnom.
\ARIANTES :
COGNOM. Oudin, Nicot, Dict.
COGNON.
Cognomer. [Intercalez Cognomer, surnomn er,
au reg. JJ. 181, p. 21 i, an. l'(.'')2 : « Lequel com; li-
" gnon, comme l'en dit, se nommoit ou cognoinoit
>> Motin Famuer. »] (n. e.)
C.ogoule, subst. fém. C'est une faute (3). H faut
Vira cagoule, de cuculla, poiM eucullus. tVoyez Le
Ducbal, sur liabelais, T. I, p. 2ij5.) On irouve
cuculla dans le Catholicoa Joun de Jaiuia.
Collection, subst. fém. Coclion, cuisson. On a
dit, en parlant des trulfes:
C'est racine d'orrible vision,
Que l'en puet bien à fondre contrefaire :
Noire est dehors, mais de collection
Eschaufe trop; le goust eu put et flaire.
Evisl. Liuscli. Pofs. liSS. fol. IC, col. 2.
Gohercer, verbe. Hetenir, arrêter. Du latin
coercere. » Nature, pour cohcrcer\a pétulance de la
« langue, nous a donné les dents, et les gencives,
" couie pour remparts, etc. » (L'Amant ressu.scité,
p. IK.)
Cohercif, adj. Coercitif. nui relient dans le
devoir. De là, on disoil : discipline cohercive, pour
correction et punition. (Hist. delaTois. d'Or, Vol. 11,
fol. 154.) Titre de discipline el de correction.
Gohercion, subst. fém. Coercilion. En termes
de palais, c'est le pouvoir de connoilre d'une cause
el punir. (Closs. de l'Hist. de Paris. — Du Cange, au
mot l'oliercio (i), et le Dict. de Cotgrave.)
Vérité ne puet nullement
Avoir de fait cohercton.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. Sii, col. 4.
Nous lisons dans le traité de Bretigny. en 13G0,
entre les rois de France et d'Angleterre : « Soub-
a mettront les dits roys, et royaumes, et leurs
" hoirs, à la colierlion de nostre Saint Père le Pape,
« alin qu'il puisse contraindre, par sentences, cen-
« sures d'église, et aultres voyes deues, celuy qui
« sera rebelle. » (Chron, S. Denis, T. I, fol. 26Ô.)
VAIilANTES :
GOHERCION. Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 322, col. 4.
CoHERTiox. Ord. des fi. de Fr. T. III, p. .5.50.
CoERTioN. Froissart (5>.
CoEUCTioN. Comines.
Colierition, sulist. fém. Adhésion. ■< Un heri-
« lier d'aucun lres[)assé, en suivant la coustume
« générale du royaume de France, par laquelle le
« mort saisit le vif, son plus prochain héritier
■' habile à Iny succéder, est saisi des héritages de
<■ son prédécesseur, par la eohérition de l'hoirie,
" et des dits héritaaes. » (Coul. de Peronne, Nouv.
Coul. Gén. T. II, p.'606.) '
Coliert, partie. « .Ne serronl my cohert le suer
« bi'iefe de formedon, en reverler. » (Tenur. de
Littleton, fol. 85.)
Coherté , subst. Héritage. (Dict. de B.;rel.
!"• add.)
Cohorte, subst. fém. Troupe. C'est la signifi-
cation générale. (Faifeu, p. (H.; Ce mot désignoil
plus particulièrement une troupe de soldais. (Gloss.
de Marot.)
Cohuage, s.\-6s/. niasc. Sorte d'impôt. C'est un
droit qui se lève et se prend sur tes cohues, mar-
chés. (Voyez Laur. Gloss. du Dr. fr. et Du Cange, au
mot Cohuagium.) (6)
Cohue, subst. fém. Auditoire*. Halle, marché^.
* Au premier sens, ce mot a sigiùlié auditoire, le
lieu où se tient la juridiction. C'est ainsi qu'il faul
l'entendre, dans les passages suivans : « Baillifs et
« vicnutes soient diligeiis d'aller en cohue, dedens
« prime, le premier jour de leur auditoire, cl aux
•< aultres jours suhse(iuens, etc. » (Ord. de rEchi([.
h la suite de l'Ane. Coul. deNorm. fol. 2(j, an. 1383.:
Dans une autre Ordonn. de l'Echiquier (ibid. fo'. 33),
(1) « Il ressemble coignefe.'iln, il se tue et ne fait rien. » Voyez aussi Leroux .le Lincy (II, 33.) (x. E.)
(2) Il parle là de Jacques Lamb, assassin d'Yvain de Galles. Kervyn, IX, 75, imprime conijiiissable. (N. E.)
(3) On lit cependant cogole aux vers 11367, 25855 de la Chr. des ducs de Normandie, ms. de Tours. (N. E.)
(4) Il cite d'Achery, Sp'icilése. t. IX, p. 300. (N. E.)
(5) On lit dans l'édition Kervyn (l. VI, p. 30i) en note : « Et soumettons nous, nos hoirs et successeurs à la juridiction et
coliertwit de Rome. » L'anglais a la l'oruie cuhcccinu. (n. e )
(6) On Ut dans une pièce de 1473 (Du Cange, II, 422, col. 1) : « Item somme de beurre venant de Bretagne doit deux
deniers d'entrée, maille (le coutume, et un denier de cohuarje ; et si elle n'est toute vendue à icelul jour, et il arrive que le
marchand la rappoile à huitaine, il ne paiera que le cnhuarjc. » (N. E.)
co
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CO
se trouve un arlic'.e qui coiitieut la même disposi-
tion, où on lit auditoire, au lieu rie cohue. « Il n'y a
• pas lanidecliiquaneriesauxt^o/if/cs, eommeonen
« trouve entre les courtizans, pour destourner un
.< démentir. « (Lett. de Pasq. T. I, p. Gl'2.)
^ Ce mot se prenoit aussi pour halle, marché,
comme dans les citations qui suivent :
Je n'yrai plus à la cohue (1),
Ou chascun jour, on brait, et hue.
Path. Test. [i. 119.
Voyez Contes d'Eutrapel, p. 180. On écrivoit
aussi cltoiies. On trouve les choueadeDinan (2) dans
les Preuv. de l'Hist. de Bretagne, liv. VllI, p. 431.
Ce qu'on explique à la marge par halles.
Remarquons cette exiiression : clahaud de cohue
étoit un terme d'injure. <• Un grate papier, un cau-
« seur, un babillard, une grenouille du palais, un
" clabaud de cohue, qui ne mérita jamais le noble
" titre d'advocat. » (Lett. de Pasq. T. II, p. 790.) On
sent que cohue est pris ici dans sa première signi-
lication. Nous ne disons plus cohue que pour dési-
gner les assemblées tumultuaires et sans ordre.
VARIANTES :
COHUE. Cout. de Norra. fol. 33, V» col. 1.
Choue. Hist. de liret. Preuv. liv. 8, p. 431.
Coui. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cohuugiurn (3;.
Coi, adj. Doux*. Tranquille, sans bruit, sans
mouvement^. Triste'^. Secret".
On emploie encore ce mot, au singulier et au
masculin seulement, sous l'orthographe de coy,
comme dans ces expressions : se tenir coij, demeurer
coij, pour rester tranquille. Autiefois, l'usage en
étoit plus fréquent et plus étendu.
* Ce mot est employé, dans le premier sens de
doux, pour désigner la douceur du caractère ou du
maintien, dans les passages suivans :
La grant, et gente, et la simple, et la coie.
Gace de la Bigne. Poës. MSS. avant 1300, T. Il, p. 324.
Elle est, et simple, et coic ;
Mais elle a cuer félon, ki trop m'effroie.
M" Gautier d'Argles. ibid. T. 111, p. 1145.
Bonne damp, sage, de maintien coi.
Adans li Bocus, Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1380.
On a même dit inslrumens coys, pour instrumens
doux.
Rtibebes, leuths, vielles, syphonie,
Psaltérions, trestous hif!lnii)W7is ruyx.
Eusl. bescli. Poës. MSS. fol. 28, col. 3.
^Dans le sens de tranquille, qui ne remue point,
ce mot s'appliqiioit, non-seulement aux personnes,
mais même aux choses inanimées : « Et ensi se
c< tindrent quoi devant leurs lices. » (Villebard.
p. 69.) » Si vous prie que vous soyez quoyes, et
. paisibles. ■■ (Percef. Vol. II, fol. 3.)
On disoit. dans cette signification, attendre l'en-
nemi de pié coy, c'est-à-dire de pied ferme, sans
remuer. (Le .louvenc, ms. p. 376.)
De là, on a appliqué ce mot aux fenêtres dor-
mantes, qui n'ouvrent point. On les nomme fenê-
tres coyes, dans la Cout. de Bar. (Cout. Gén. T. Il,
page lOil.)
l'unie s'est dit aussi d'une fontaine dont on arrête
le cours. « Celé fontaine ne cort mie le samedi ;
« ains est tote coie. « (Contin. de G. de Tyr, Mar-
tene, T. V, col. r)87.) On lit : « Eaux coyes, et crou-
« pies », dans l'ouilloux. Fauconnerie, fol. 21.
•^De celte signification qui est propre, naissent
les deux autres qui suivent : au figuré coy, s'est pris
pour triste, rêveur , que la tristesse rend sans
action.
Or a le cuer coi, or l'a haut.
Fal.l. MSS. du R. n» 7615, T. I, fol. 107, V col. 1.
° De là, ce mot a été employé pour secret, discret.
Coye se taist de ce qu'on li conseille.
Fabl. MSS. du R. n- 7B15, T. I, fol. 100, Rv
Que Dieu pardoint tous mautalents
Entre lui, et fa douce amie :
Et quant li Dame est esclémie.
Dont doit faire si coie noise
Que nus ni caute, ne n'envoise.
Poès. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1339.
On a dit : Chambre coye, fosse coye, pour lieux
secrets, latrines. « Aucun ne peull faire chambres
« aisées, nommées fosses coyes, ou latrines, etc. »
(La Thaum. Cout. de Berry, page 458.) On lit fosses
couées au Cout. Gén. T. I,"p. 921.
Passons aux façons de parler suivantes :
1" Faire coy, ne faire aucun bruit. « Il faisoit
« aussi coy, en celte place, comme s'il n'y avoil
« personne, tant ententifs esloienl à regarder celle
.. besongne. » (Percef. Vol. 111, fol. 66.)
2° Se tenir coy, en parlant d'argent, signifioil ne
pas circuler. « Maudit soit l'argent qui se tient
» ainsi coy. « (Vie de Duguescl. par Mén. p. 456.)
3° Attendre de pied coy, c'est-à-dire de pied
ferme, sans remuer. (Pasq. Leltr. p. 456.)
4" En coy, en silence, sans bruit. « La parole
« finée, et le conseil déterminé, alla le duc de
" Bourbon en son costé, le conétable au sien, et
« comme en î/w coy s'entendissent (i), commença
>' l'assaut. » (Hist. de Loys III, duc de Bourbon,
page 37 )
5° .4 coy, paisiblement, tranquillemenl. (Lett. de
Pasq. T. ill, p. ii39.)
On dit en un proverbe :
Et si l'accorde drois,
Cuiseouse est moult nuiseuse, et ce dit li Englois,
Que poi vaut sans repus, ne avoir enfouis.
Donc qui set le bien, ne doit mie estre cois.
Notice des vœux do Paon, fol. 140.
VARIANTES (5) :
COI. Du Gange, au mot Coëtus.
Coy. Orth. subsistante.
Cois. Fabl. MSS. du R. n» 7218. fol. 354, V*.
Quoi. Adans li Docus, Poës. MSS. av. 1300, T. VI, p. 1380.
QuoY. Oudin, Dict.
CuOY. Modus et Racio, MS. fol. 298, V».
(1) Les enfants, dans l'Ouest, chantent : « Je suis allé à la cohue, J'ai acheté queue de morue. » (N. E.)
(2) Voir plus haut ce mot. (n. e.)
(3) Henschel. II, 4-22, col. 1. (N. E.)
(4) M. Chazaud édite (p. 32) ; « Et comme à ung cri s'entendissent... » (N. e.)
(51 Dans Roland (v. 37'J7) quci. (N. E.)
co
87 —
CO
QoY. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 2')0.
CouAY. Percef. Vol. II, fol. 67, V» col. 1.
CoiE, fém. Poës. MSS. avant 1300, T. IV. p. 1339.
CoYE, fcin. Juvén. dês Ursins, Hist. de Charles VI, p. 161.
QuoYE, frtn. Eust. Desch. Poës. MSS. fol, 131, col. 2.
CoisE, fém. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 48, V» col. 2.
Coi, adverbe. Quoi. (Voyez Duchesne, Hén. de
Béthune, p. 1G4.J On lit de coi, pour de quoi, dont,
dans les Poës. .mss. av. 1300, T. IV, p. 13C0. Por coi,
signilie pourquoi, dans les Ord. T. 1, p. 7G3.
Co/,dans le passage suivant, n'a rien de commun
avec coi adjectif ou adverbe. Ce sont deux mots
réunis ce oi, cela entendu, comme je l'ai entendu.
Pieres li Pisans coi retraire.
Cil li apprit l'art de gramaire.
Ph. Mouskes. XIS. p. 82.
Coians. Peut-être ce mot est-il participe d'un
verbe, comme coier qu'on pourroit regarder comme
une orthographe de coiier, formé de l'adjectif coi
ci-dessus"? Alors é'/re co?a«s signilieroit rester coi,
sans mouvement, ou sans rien dire. Voici le pas-
sage oij nous trouvons ce mot; il s'agit d'un mari
qui, à son retour de la campagne, trouve chez lui le
cheval de l'amant de sa femme :
La dame destroint et angoisse
Et dist : daine qui est coians
Il a un palefroi céans.
Fal>l. MSS. du R. n' 7&15, T. II, fol. 149, V- col. 1.
Coiclies. [Intercalez Coiches, broussailles au
Roman du Renart, v. 19788 :
Firent un grant essart ensanble,
Brichemer as cornes agues
En a les coiclics esméues.
Et Ysengrin as forg eschinem
En a gité les coiches hors.] (.\. E.)
Coiement, adverbe. Doucement, sans bruit.
Quoyemenl, dans S' Bernard, répond à ladv. latin
clandestine. (Voy. (iloss. du P. Martene, Borel,
Cotgrave et Oudin, Dict.) ■ Li sergent quierent les
'< malfaiteurs des forez, le plus coiement que il
» pevent. •• (Ord. T. I, p. 710. i - Lors Saintré se
" paît, et après luy, madame tout coyernent ferma
" la porte. » (P. .). de Saintré, p. 133."^
Qui peut, à un trépas,
Une fois seul a li parler,
Trestout coiement, ou en bas.
Ou gésir entre ses deux bras, etc.
Pois. MSS. avant 1300, T. IV, p. U39.
V.4R1ANTES :
COIEMENT. Ord. T. I, p. 710. - Villehard. p. 126.
COYEMENT. P. J. de Saintré, p. !3:!.
Coi. MENT.
CoYMENT. Faifeu, p. 40 et 51.
QuoYEMENT. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 3.jI.
CuoiEMENT. Modus et Racio, MS. fol. 84, V».
Coife, subst. fém. Couverture de tète, bonnet*.,
Armure^. Membrane'^. Coup sur la tète". La tète,
le visage^ (1).
Nous disons encore coiffe et coejfe, pour désigner
quelques-unes des choses qui servent à couvrir la
tête.
* Autrefois, ce mot désignoit souvent un bonnet
de nuit. Dans les Contes de la Reine de Navarre,
T. Il, p. '286, en parlant d'un homme qu'on soupçon-
noit d'être prêtre, on dit : « .\insi qu'il sera dans
« le lit, vous lui arracherez sa coé/J'e, et nous ver-
« rons s'il a telle couronne que celui qui a dit la
« messe. " 11 semble pris pour un ornement de
tête, dans l'inventaire des joyaux et meubles de
Charles V, à la suite de son Hist. par Choisy, p. 55'i.
°Plus ordinairement ce mol coeffe, avec ses
diverses orthographes, est pris pour ai'mure de
tête, calotte de fer, capuchon de maille qui lenoit
au haubert(2j. (Du Gange, au mot Coifa sous, Cuphi a.)
L'un, en allant, so coife lace.
L'autre met son hyaume en teste.
G. GuLirl, MS. fol. 357, V.
- Cerard tira l'espée hors du fourrel, si assena
« celui sur la coeffe d'acier iing cop si grant, que
« une oreille, et la moitié du menton luy abbalit
" sur la poitrine. » (Gérard de Nevers, 2' P. p. 6.)
Grant cop li done, en l'eaume agu.
Jusqu'à la coife l'a fendu.
Floire el ISlancliellnr. MS. de S. G. fol. 197, R- col. I el 2.
Il tint l'espée tote nue,
Vait le ferir, moult s'esvertue :
Amont et heaume qui llamboie
.Jusqu'à la coive li envoie.
Ibid. fol. 197. R- col. 2.
. El fut l'atteinte si grande que la dicte coijfe fut
« enfoncée jusques a la teste, et si le coup fut des-
>■ cendu aussi bien qu'il monta , certainement
" l'escuycr eust eu la teste faussée (enfoncée) m;tis
« la pointe glissa en amont. » (Mém. d'Ol. de La
Marche, liv. 1, p. 3!2'2.) « Et luy transporta son coup
« tellement qui le ferit sur le chappel : le coup
•< descendit dessoubz sa coiijfe, et luy faict maintes
« mailles entrer au col, et la teste. » (Lancelot du
Lac, T. I, fol. 20.)
Le heaume fendi, et quassa :
La coiffe du haubert caussa.
Rom. de Brul, MS. fol. 9", F,' col. 1.
'^En généralisant l'acception particulière de ce
mot, pris pour couverture de têle, coiffe a pu signi-
fier couverture en général ; c'est de là que l'on s'en
est servi pour désigner une membrane fjui couvre
les boyaux du cerfrElle étoit distinguée de Ucoelfe
de ijresse, que l'on nomme en termes d'anatoinie
membrane graisseuse. " Oste une coi/fe de gressc,
• quiestappcllée fouUie, et l'oste avec l'autre gresse
» que tu troiiverasesljouiaux,si les mesle. » (Modus
et Racio, ms. fol. "-I-l, \°.)
°0n a dit quelquefois eoifj\', pour coup sur hi
tête, dans le même sens que le mot vulgaire taloche.
Test ont un homme esbahy.
Et donné coiffe, ou bulïel (3).
Poi-s. MSS. d'Eust. Desch. fol. 210, col. 4.
(1) Coiffe devait aussi désigner une sorte de peignoir : « Il m'ala maintenant querre voifes blanches, et me pingna moût
bien. » (joinv., § 408.) L'expression coiffe à picjner se retrouve souvent aux Comptes de l'Argenterie, au XIV siècle, (n. e.)
(2) Cette coiffe se relevait au moment du combat, et le heaume se laçait par-dessus. On Ut déjà dans Roland (v. 3436) :
« Trenchet la coife entres que la char. » (N. E.)
(3) On lit au reg. JJ. lli, p. 93, an. 1378: « Les assistans dirent que ledit Jehan gaignoit bien à avoir deux bulTes ou
coiffes. » (N. E.)
co
— 88
CO
(Voyez CoïKFnx et Coiffai. ci-après.1
^v'o.'/A'-'Ctnble mis pour la tôle inème, le visno-e,
dans le passng-e suivant : « i,e roy Charles V. ayant
» été dans la chambre de l'empereur, qui étoil venu
« luy rendre visite fi Pai'is, osta tout arrière jus
« (à'basison chaperon, et ditqiiil le venoit veoir, et
" lui montrer sa coiHe (lique encores n'avoil point
» veue. » Chi'on. Fr. ms. de Nangis, sons Fan 1377.)
On a dit coiffe au cul, pour cuio'lle, dans les Fabl.
jiss. du Roy, n° 7-218, fol C8. R"col. I.
Co/fj'cs (il' Compigne ('2) est un des pi'overbes à la
suite des Poës. fi-. mss, av. 1300, T. IV, p. 1G52.
VAHIANTES :
COIFE. Floire et Blancti. MS. de S. G. f» 157, R«.
COEFFE. Froissart, liv. III, p. 3ri3.
Coiffe. Rom. de Brut, MS. fol. 97, R" col. 1.
CoiVE. Floire et Blanchefl. Ibid.
CouEFFE. Perceforest. Ibid.
CoVFFE. Bertr. du Guescl. par Ménard, p. 237.
Cl'iffe. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1366.
Coiffer, verbe. Ce mot subsiste et s'écrit coiffer.
On disoit autref lis ;
1° Coiffé de fil d'or, couvert de fil d'or. « Pardessus
" icelle bieire. y avoil un grand ciel de veloux
" noir, enrichi de gros cordons d"or, frangé de soye
" noire, coiffée de fil d'or. » (Mém. de Du Bellay,
T. VI, p. KVi.)
-• Coëff'er quelqu'un, pour le battre sur la tète (3).
(Dict. de Borel, au mot Horion.)
3" Coiffer une table, la couvrir, l,i servir. ^ Icy,
« messieurs, di-je, ce sera s'il vous plaist le plandite
<■ (pour fin, conclusion): c'est assez pour unelraitte
» d'avoir fait une si longue course, i.a table est
« deJa coeff'ée. » iContos de Cholières, fol. CO )
4" Coelfer un marij de ses braies, pour le maîtri-
ser, le subjuguer. « Les hommes sages, et bien
<■ avisez doivent tenir leurs femmes eîi crainte, et
« ne souffrir «lu'elles les coeffent de leurs brayes. »
; Nuits de Strapar. T. II, p. 367.)
~y Se coueffer devin, pour s'enivrer. (Mém. de
Montluc, T. I, p. (190.) On dit encore, en Anjou, en
parlant d'une femme qui s'enivre, i\u'elle se coiffe
sans épingle.
VARIANTES :
COIFFER. Oudin, Dict.
Cf"""'FH. Nicot, Dict.
CouEFFER. Mém. de Montluc, T. I, p. 6%.
Coiffette, subst. fém. Petite coiffe. Diminutif
de coife ci-dessus. La coiffetle d'acier étoil une
armure de tète. [Un Gange, au mol Coplia.) » 11 avoil
" escrit au concierge qu'il luy acheplasl des armeu-
■■ res, colles de fer, gantelets, coiffettes d'acier, et
'■ telles choses pour armer quarante bons conipai-
« gnons. » (Froissart, liv. IV, p. 140.)
Coiifieres. [lulercalez Coiffieres, fabricant de
coiffes de toile: « Des estaux de coiffieres, uns
" cbascuu paiera .ni. deniers. » (Péages de Dijon,
Du Gange, 422, col. 2.)] (n. e.)
Coigean, subst. musc Tas, monceau. Du latin
colligere. ramasser. « Les paysans laboureurs de
" chacun lieu seront tfnus. et chacun d'eux faire
" leurs jaibes égales, lier, et mettre en diseaux (4),
« ou coiseanx aussy égaux , et d'une même sorte,
<■ partout le champ." » (Goût, de Hainaul, an Nouv.
Goût. Gén. T. Il, p. ÔO.)
VARIANTES :
COIGEA.U. Ccut. de S. Paul.; N. Coul. Gén. T. II, p. 362.
CoitfEAU. Cout. de Hainaut ; Ibid. p. 50 et 51.
Coigiiée, subst. fém. Ce mol subsiste sous cette
orthographe. Nous indiquerons les autres (5). An-
ciennement la coingnie étoil une arme offensive.
Les godendarz, et les coii)gnies (6)
Metent a mort es herbsriages,
Chevaliers, escuiers, et pages.
G. Guiart, MS. fol. 251, R*.
Hemarquons cette ancienne expression : Fait à
une coignée, comme nous disons fait à coup de serpe.
Qui regarde bien vo phillosomie
Et vo geiit corps, fait a une coignée.
De tout amour, et damer s'entroublie.
Car plus l.iide ne fut de mère née.
Po^'S. MSS. d'Eiisl Desch. fol. 32'.1, col. i.
Nous observerons aussi que Rabelais emploie ce
mot, en un sens obscène, T. IV, Nouv. Prolog,
p. 44, et qu'il écrit coingnée.
VAHIANTE-^ (7) :
COIGNÉE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 329, col. 4.
Coingnée. Rabelais, T. IV, prol. p. 44.
CoNGNÉE. Joinville, p. 76.
Coingnie. G. Guiart, MS. fol. 219, R°.
Coigner, verbe. Sceller*. Frapper une mon-
noie^. Rencoigner '^. Terme obscène".
Je ne parle point des aulres acceptions de ce mol,
telles ([ue ballre, heurter, que ce mot a conservées,
*mais on ne lui donne plus comme autrefois la
signihcation de sceller. On disoit en ce sens :
« Et le privilège qui en sera fait doit eslre ceigne
« des coins du Seigneur. » (Assises de Jérusalem,
p. 137.)
'' C'est a peu près dans le même sens qu'on
disoit coignicr les rnonnoyes (8), pour les frapper, y
appliquer le coin. (Ord. des R. de Fr. T. I, p. 389,
an. 1303.)
(1) Il est question en ce passage de coiffes semblables à des béguins d'enfants, en toile pour les bonnes gens, en linon ou
en gaze pour les élégants ; des pattes les attachaient sous le menton. Leur plus beau moment tut sous le règne de
Philippe-le-Bel. (N. E.)
(2) C'est-à-dire de Corapiégne. (Dit. de IWpostoile, xiir siècle.) D'après Crapelet (Prov. et Dictons populaires, p. 100),
elles étaient en dentelle noire ; les paysans du 'Vexin normand en font encore de semblables, (n. e.)
(3) Voir coiffe D. (N. E.)
(4) Dizoau.x se dit d'un tas de dix gerbes ; iiiiseni' doit être aus«i un nom de nombre. (N. E.)
(5) La cofivêe se disait aussi la clef le i-ni. Voir plus haut cette expression employée oar Joinville. (n. e.)
(6) C'est "la forme dans Froissart (XIII, 68-71). (N. E.)
(7) Le mot est dans Roland (v. SUlî?,) sous la forme cuign.'-es. (n. e.)
(8) Et desores nous aions commandé à battre, potfyiiî'rr et faii-e hastivement et conlinueletnent les noz dites monnoies
bonnes et anciennes. » (N. e.^
co
- 89
CO
•^On disoil, dans un aulre sens, coignrr, pour
rencoigner. « Qui fut bien aise'' Ce fut André Doria
« lequel l'ayant la acculié et coigiié qu'il n'en pou-
.< voit jamais sortir, sans sa miséricorde, veu qu'il
u n'y avoit nulle porte derrière, etc. » (Brant. Cap.
Estrang. T. II, p. 67.)
° Le mol congner a été employé en sens obscène
par Eust. Descham|is. Cet auteur s'en est servi
substantivement, selon le génie de notre langue
qui emploie quelquefois substantivement les infi-
nitifs des verbes ; Minsi, cet ancien poêle a dit le
congner. (Poës. us. fol. 4G0, col. 2.)
Remarquons cette expression : Se coingner en
mer, pour se mettre en mer.
Li marignier en yner se cMngnent,
Voiles di'Pciees, terre esloingnent.
G. Guiarl.iMS. fol. 22;!, I\- (1).
VAlilAMES :
COIGNER. .\ssises de .lénis. p. 137, ch. -192.
CoiGNiER. Ord. T. I, p. 389.
CONGNER. Eust. Desch. Poës. MS. fol. 460, col. 3.
Coingner. G. Guiart, MS. fol. 223, R'.
Coifliieus, adj. On a dit maillet coigneus.
(Epith de M. de La Porte.)
Coignier, subst. masc. Coignassier. Espèce
d'arbre. (Dict. de Cotgrave et de Monet.) (2)
Coilart, adj. Dissimulé, taciturne. Du verbe
Con.ER ci-après.
Bien savez fere le coilart.
Le béguin, et le papelart.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 200, R- col, 2.
A un cuer plain de veulie,
Pour mains de mal q'en un coilart m'a poi.
Po.'s. MSS. Valicin. n' «90. fol. 179, V-.
VARIANTES :
COIL.^RT. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 179,
CoiLL.\RT. Rom. de Gérard et Guy.
V°.
Coller, verbe. Celer, cacher, taire. On peut
dériver plusieurs orthographes de ce verbe, comme
coller, etc., du mol coi, secret. Les autres, comme
citeler, etc., semblent venir du latin celarc. On a
dit, au figuré :
Se ge 1' vos di, ne 1' tenés à outrage.
Se ge r vos coil (3), g'i cuit avoir domage.
Rob. .Mauvoisin, T. II, p. 72i.
On lit, au sujet de Hue de Bove, fuyant à la
bataille de Bovines :
Et quant il a veut l'enspgne
S' Denis, as Flamens l'ensegnp,
Sa grand paour point ne leur coile (4).
Ph. Mouskes, MS. p. 580.
« .Je ne le choile que pour sauver leur honneur. »
(Monslrel. Vol. III, fol. î)9.)
Ne tout ne coil mon cuer, ne tout ne 1' di.
Ropor d'AnJelis, Poos. MSS. av laOO. T. III. p. 12H;.
Dans le sens propre, on disolt se coueiller, pour
se tenir coi, se cacher, se blottir, se tapir.
En tiere rouge .se concilie.
Le mort fit, et la sorde oreille.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 325, R- col. 1. •
CONJUGAISON :
Cnloi, subj. prés. Je cèle. (Poës. mss. avant 1300,
T. II, p. 893.)
VARIANTES :
COILER. Rob Mauvoisin, Poës. MSS. av. 1300, T. I, p. 124.
CoiLLER. Merlin Cocaie.
Coueiller. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 2a5. R» col. 2.
Choiler. Monstrelet, Vol. III, fol. 99, V».
Choiller. Trad. de Boëce, par J. de Meung.
Cheler. Poës. MSS. du Vat. n» 1490, fol. 93, V».
Ceiller. .\nc. Coût. d'Orl. à la s. de Beauman. p. 469 (5).
Seler.
Coilivei', verbe. Cultiver. « Nuls agines nine
« acham (on lit plus bas à Gimeigni, à Chaan) mos-
<< tonage ne fretinage ne vende, s'il ne eoilive (6)
« nostre terre. » (Auc. Coût, d'Orléans, à la suite
de Beaumanoir, p. 466.)
Coillage. [Intercalez Coillage, don fait par le
nouveau marié à ses compagnons pour passer
tranquille la première nuit de noces: « Lesquelzse
" partirent touz ensemble du lieu de la Grève
« après heure de cuevrefeu, pour venir au lieu de
« Monslierender en espérance de alcr demander à
" Jehan Thibaut vigneron son coillage, pour ce
« que ce jour il avait espousé une fille diidit lieu
« de la Grève... Lequel Jehan Thibaut ne leur voull
« donner aucune chose, fors... que son pain et de
« son vin et des biens de son hostel. » (JJ. 149,
p. 245, an. 1396.) Au reg. JJ. 108, p. 172, an. 1375,
on lit : » Comme en la ville de Jallon sur Marne et
« on pais d'environ , il soit accoustumé et de
« long temps, que un chascun varlet, mais qu'il
« ne soit clerc ou nobles, quant il se marie soit
« tenuz de i)aier aus autres compaignons et variez
« à marier son becjaune , appelle oudit pais
« conllage. "] (n. e.)
Coillut. [Intercalez Co///i(/, animal entier : < A
•' Marech si a li cueus... de chascun hostel, oîi il
" aroit nourechon de brebis, un mouton cornul u
« coillut de ceste meisme noureynu. " (Chambre
des Comptes de Lille, 1265.)] (n. e.)
Coin, subsl. masc. Sceau*. Poin(;on de mon-
noie^. Semence'^. Race°. Extrémité^. Chignon''.
Coin à fendre du bois °. Ouaitier". Ce mot subsiste
sous cette orthographe; mais le nombre de ses
acceptions a considéiablement diminué.
* Ce mot signifioit autrefois le sceau des sei-
gneurs. Il est souvent mention, dans les Assis, de
Jérusalem, de seigneurs ([ui ont ■• cours et coins et
(1) Vers 4161 (13147) de l'édition, (n. e.)
(2) 1 Les supptians furent darriere l'esglise de S. Victeur, où il avoit des coignlers, prindrent certaine quantité de coings. »
(.?J. 16i, p. 57, an. 1409.) En P.erry, on dit encore couignier. (n. e.)
(3) On lit aussi dans Couci (VU) : « Ne tout ne coil mon cuer, ne sont ne 1' di. » (N. E.)
Ci) Cette forme se retrouve au v. 3(115 de Flore et Blanchetleur : « Mais que Floires ne 1' coile mie, Que tôt son engien ne
lui die. » (N. E.)
(5) On Ut aux Rois (170) : « Respundi li reis : ne me celle pas ço que je te demanderai. » (n. e.)
(fi) C'est un dérivé de colère, (n. e.)
IV. 12
co
— 90 —
co
«• juslice(l) »,c'est-;Vdireledroit d'avoirsceau,oule
droit de battre iiioiuioie. La première explication,
qui pareil à La Tliaumassière plus vraisemblable
([ue la seconde, est justiliée parle passage suivant:
« Le privilège qui en sera fait, doit être coigné des
« coi)is dou seignor. » (Voyez Noies el Observ. sur
les Assis, de Jérus. p. 240.)
On a dit au llguré, pour exprimer je suis au
comble de mes maux :
Là sui où li maus met li cohiy.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. II,/ol. 131, V- col. 1.
° Ou prenoil coing el quinq pour le poinçon
des monnoies ; nous nous servons encore de ce
mot en ce sens. Je ne le rapporte qu'à cause de la
varialion de l'orlliographe :
Li faus deniers
Qu'on ne puet ou trabuchet verser,
Ainz le giete on sanz coing et sanz balance.
Thicb. de Navarre, Poês. MSS. av. r.iOO, T. I, p. U2.
Dans cette même pièce, parmi les Chans. mss. du
C" Tliibaul, p. lii, on lit quinq au lieu de coitig.
*= On a dit coin pour semence, coin de chenille,
de poisson, etc. (Cellell. de L. Trippault.)
° De là, sans doute, on a employé le mol coing
pour signifier race, lignage :
Puisque baras règne entre ceulx
Qui sont d'un coing, et venus d'un,
Soient clercs, ou chevaleureux. etc.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. Mi, col. 3.
^ Coin signifie encore quehiuefois extrémité ; en
ce sens, on disoit le coin du heauline, dans Lanc.
du Lac, T. L fol. 111. « Paroissoit ainsi parmi toute
« labatailleleco/«g'desonheaulme(-2) », c'est-à-dire
le sommet de son heaume. On a dit, dans ce même
sens, le coing de taille, pour l'encoignure d'un
mur. (Grand. Coût, de Fr. p. 255.)
■^ Mais nous n'osons assurer que ce soit comme
extrémité du col qu'on ait dit coing, pour cfiignon.
« Le prit aux cheveux et au coing. » (Lanc. du Lac,
T. III, fol. 55.) Peut-être coing (3) n'est-il ici qu'une
corruption ou une contraction du mot chignon.
° " ,1e ne rappellerai les significations subsistantes
de coin, à fendre du bois et de coin- [A), quartier, que
pour marquer que JNicot et Oudin écrivent cnin,
dans la première de ces deux acceptions, et que
dans la seconde, on trouve cuing, dans le Rec. des
Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1359.
VARIANTES :
COIN. Orth. subsistante.
CoiNT. Borel, Dict.
Coing. Thiéb. de Nav. Poës. MSS. av. 1300, T. 1, p. 142.
CoiG. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 130, V» col. 1.
CuiN .Oudin, Nicot, Dict.
Cuing. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1359.
QUING.
Quinq. Thib. Chans. MS. p. 316 et 317.
Coincidance. suhst. féni. Agrément, beauté,
charme. On lit, en parlant du chant royal, propre à
célébrer les sujets héroïques :
L'on peut noter que pour faire cronique,
Ou pour avoir autre forme héroïque,
Ou d'oraison bonne convénience.
Geste forme a très grant coincidunce.
Fabri. Art. de Rhcl. liv. Il, fol. 4U, R'.
Coine, subst. masc. Nom de ville. Autrefois
Iconium, aujourd'hui Cogni (5).
. . . Li soudans de P.abilone,
Et l'amiraus ki tint li Cune.
PL. Mouskes, MS. p. "08.
VARIANTES :
COINE. Clanch. MSS. de S. G. fol. 185, R» col. 2.
CoNE. Ph. Mouskes, MS. p. 708.
Coingnet, subst. masc. Diminutif de coin. On
a dit: en un certain coingnet {iJ), pour en un certain
petit coin. (Rabelais, T. IV, p. 211 i Quennigncii est
une faute pour quingnet, dans le Journal de Paris
sous Charles VI et YII, p. 4i.
VARIANTRS :
COINGNET. Chron. S' Denis, T. I, p. 171.
QuiGNET. Roger de Collerye, p, 45.
QuiNGNET. Chasse et Départie d'amours, p. 41, col. 1.
QuEMUGNEz. Journal de Paris, sous Ch. VI et "VU, p. 4i.
Coint, adj. Beau, joli*. Galant^. Aleste "=.
Entreprenant". Content de soi.^. Ajusté "". Voyez
la plupart des dictionnaires que nous citons oïdi-
nairement : Gloss. lat. de Du Gange, au mot Coin-
tises,co\. 747(7); Gloss. de Marot eldel'Hisl. de Bret.
Dans ce dernier, on dérive le mot coint du breton
coen, qui signifie beau, mais coen, comme coi]it et
ses orthographes viennent du latin complus. (Fal-
connet.)
* On a dit, au premier sens de beau, joli :
Si suis coint, et jolis.
Poes. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1510.
Cil oiselon coinle, et gai.
Ibld. page 1481.
Cointes semblans, pour beaux semblans. CThib.
de Navarre, Poës. mss. avant 1300, T. I, p. 00.)
Nous trouvons sa cointe employé substantive-
ment, dans le sens où nous dirions sa belle, sa
maîtresse. « Vindrent à César lettres de par la
" royne Cleopatra sa cointe. « (Tri. des IX Preux,
p. 381.)
^ Ce mot est quelquefois pris pour galant, en
parlant soit des personnes, soit des choses. Perce-
foiesl. Vol. IV, fol. 56, dit: « Pour se tenir coi«/,
« joyeulx, el gay. « Et en parlant d'un manteau.
» d'un samit (étoffe de soie) de fieurs semencées
" (parfumée) d'oyselets, etc. », il dit « que oncques
« n'en eut de plus coint. » (Vol. I, fol. 148.) De là.
(1) « Et il et les autres seignors et roys dou roiaume, qui après lui furent , donnèrent à aucuns haus homes el dit
roiaume, baronies, seignories, cours et coins et justise. » (Assis, de Jérusalem, I, 24.) (n. e.)
(2) Au v. 828 de Gérard de Vienne : « Le coiiuj dou hiaume en terre li feri. » (N. E.)
(3) A.U xvii" siècle, on appela coins, les faux cheveux qu'on ajoutait sur les côtés de la tête. (n. e.")
(4) « Deux coins de chiesne toz entiers Y avoit mis U forestiers. » (Renart, v. 10288.) On a aussi le diminutif coinr/net
au V. 22050. (N. e.)
(5) Ou plutôt Konieh. fN. E.)
(6) On lit dans Renart "(22056) : « Ne coingnet nul à reverchier, Que li gorpiz ni fust cachiez. » (n. e.)
(7) Voyez aussi consutitii. (N. E.)
co
91
co
cette expression coint de parler, pour galant dans
le propos, élégant.
Langue tant soit de parler cointe,
Ne vous diroit raie denrée,
De la biauté que celés ont.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol 58, R' col. 2.
•^Ce mot est mis pour alerte dans ce passage : « Il
« n'y a si coincl qui ne doive eslre plus d'une fois
« démonté. » (Percef. Vol. II, fol. 126.) » Au plus
" coinct alloit le cueur faillant de chault, et de
« travail. » (Ibid.)
° Cointe signifie entreprenant, dans la plainte
que fait une dame d'un jeune écuyer qui lui avoit
fait des propositions d'amour :
Il est trop cointe devenuz.
Fabl. MSS. de S. G. fol. C2, R" col. 2.
^ Il signifie content de soi, dans l'Hist. de S" Léo-
cade (ms. de S. G. fol. (j'i). En parlant des gens
d'église sortis de la lie du peuple, on les peint :
Si fiers, si roides, et si comtes.
C'est-ù-dire si contens d'eux-mêmes. Ainsi toutes
les significations différenles de ce mot ont entre
elles de l'analogie et rappellent des idées toujours
relatives à la galanterie.
"^ On ne peut cependant y rapporter l'acception
suivante qu'en supposant qu'elle soit figurée. On
dit d'une épée qui a quatre taillans, qu'elle est plus
cointe qu'une autre qui n'en a que trois. (Eust.
Desch. Poës. mss. fol. 5i9.i C'est le mot ajusté, tra-
duction du latin complu», i\\\\ se dit proprement de
la parure, et qui est appliqué au soin avec lequel
cette épée avoit été travaillée.
Des acceptions que nous avons exposées, il est
aisé de tirer le sens de cette expression : se faire
cointe, faire parade, tirer vanité.
Ne cointe ne se doit nul faire
De ce dont ne sait à chief traire.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 3, V- col. 2.
Faire le cointe, dans le sens de galant, c'est être
réservé, honnête dans ses procédés. De là, ne pas
faire le cointe a signifié brusquer, en parlant d'un
homme à qui le plaisir f.iit tout entreprendre :
. . . Trubert ne fet pas le cointe.
Esliub. MSS. du R. n- 7i19fi, p, S5.
VARIANTES :
COINT. Percef. Vol. I. fol. 148, A'» col. 1.
CoiNCT. Percef. Vol. II, fol. 120, V" col. 2.
Cointe. Colin Muset, Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 709.
COANT. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cointises.
Choint.
Cointelet, adj. Diminutif de coint, signifie joli,
galant, petit maître.
La damoiselle au chiet blondet,
Me tient tout gay, et cointelet i
En tel joie le cuer met,
Qu'il ne me sovient de mon det.
Colin Musel, Pojs. MSS. avant 1300, T. I, p. 202.
On a dit, en parlant des ménestriers :
Qui bien sordit, et qui bient ment,
C'il est sires des chevaliers ;
Plus donent ils as menteors.
As cointerax, as mal parliers
Qu'ils ne font as bons trouveors.
Fabl. MS. do S. G. fol. 70, R- col. 3.
On a dit en proverbe: Li cointerelde Traies (1).
(Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1651.)
VARIANTES :
COINTELET. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 202.
CoiNTEREL. Poës. MSS. Vatican, n» 1490, fol. ill, R».
CoiNTERAX, plur. Fabl. MSS. de S. G. fol. 70, R» col. 3.
Coiutemant, adv. Proprement, galamment.
(Cotgrave et Oudin, Dict.)
Moût mi sot bien espanre, et alumer.
Au beau semblant, au cointemnnt rire.
Chans. MSS. du comte Thib. p. IW et 150.
Amors se veut détenir, par chascun bien cointement ;
lîiau chaucier, et biau vestir, et aller mignotement.
Monios de Paris, Poês. MSS. av. 1300, T. II. p. 6*5.
VARIANTES :
COINTEMANT. Chans. MSS. du C'« Thibaut, p. 149.
Cointement. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 645.
Cointer, verbe. Parer, ajuster *. Briller ^.
S'égayer"^. Faire parade, s'applaudir °. Voy Borel
et Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. On trouve
l'orthographe cointrier (2) dans une citation du
Roman du dit du Chevalier, ms. cité par Du Gange,
au mot Baccalarii. C'est peut-être une faute pour
contoier. (Voyez ibid. au mot Cointises.) (3)
* La signification propre de ce mot est parer,
ajuster. « Fist cointir, et parer ces folles filles. »
(Le Chev" de La Tour, Instr. à ses filles, fol. 31.)
Moult par set bien son cors cointir,
Et moult li siet bien ses mantiaus.
Pofs. MSS. du Vatican, n" 1490, fol. 30, V.
Dans une Ordonnance de 1270, qui a pour titre :
« De gentilshons qui perd ses meubles par son
« meffet », nous lisons : « Se il est bons qui porte
« armes, si li remaindra (restera) sommier que il
« mené par la terre, et son lit, et sa robe à coin-
" toier, et un fermait (boucle ou agrafe) et un
« anel, etc. » (Ord. des R. de Fr. T I, p. 148 (-1).)
On employoit même le mot fo/H//r lorsqu'il étoit
question des ornemens royaux, dans les grandes
cérémonies; pour dire que Ilarold fut couronné
roi d'Angleterre, on a dit :
Herars qui fut mananz, et fors,
Dez que li rois Ewart fu mors,
Se fist oindre et cointer.
Rora. deRou, MS. p. 282.
On lit, au sujet de B.Duguesclin, qu'il entra dans
Paris » vestu d'un gros bureau, à guise de louvier
« (louvetier), car onques ne lui priust voulenté de
(i) Voyez Leroux de Lincy, I, 401. (n. e.)
(,2) Ed. Henschel, t. II, 525, col. 2 : « Li dit : Dame, fêtes me sage. Pourquoi c'est que li escuier.? Ne s'ossent pas cointrier
De droit que li chevaliers font, f (N. E.)
(3) Il cite Guigneville (II, 423, col. 1) ; « Au lignolet le veus cauchier, Et neuve robe U ballier, Li cointoier de joieUes , De
tableles, de coutelles. » (N. E.)
(4) Voir Du Cange, II, 422, col. 3. (N. E.)
co
— 02
co
« soy cointoyer {\). » (Hist. de B. Duguescliii, \y.\r
Menai d, p. 45G.)
Mais faiis est qui se contoie
De biau joiel emprunté.
Poès. iMSS. du Vatican, n- 1490, fol. 8T. V-.
^Daiis un sens figuré, on a prèle à cointer l'ac-
ceplion de s'égayer, se réjouir, et on l'a même
appliqué avec celte signilication ix la voix du ros-
signol :
Plus sui dolens, plus oi cointnier
La douce vois dous rossignol sauvage.
.lacq. Hédiii, Poès. MSS. avaiil d3UO, T. II, p. 713.
Ces vers sont répétés dans une pièce attribuée à
(iiles de Vies Maisons. (T. 111, ibid. p. 1070.)
La douce voiz dou rossignol sauvage
Q'oï nuit, et jor, ronloicr (2), et tentir.
LiCha3lclainsdeCouci,Pocs. MSS. avant 1300, T. I, p. 281.
'^ Coiitoyer est pris, dans ce passage, pour s'é-
gayer :
Or va sa femme oîi elle veult,
Or se contoye, et or se deult.
Eust. Dcsch. l'oés. MSS. fol. 513, col. 4.
° Ce mot est mis pour s'applaudir, faire parade,
dans cet autre passage :
Li musart se coinlie (3),
Sovent, de sa sotie,
Poès. MSS av. 1300, T. IV, p. 1305.
On écrivoil aussi comployer, mais beaucoup plus
rarement. On y retrouve l'étymologie de coint, que
nous avons dérivée du lalin complus. On ne peut
douter que comptoyer ne signifie 1;( même chose
que contoyer, cointoyer, etc.'.)e trouve cette ortho-
graphe dans le passage suivant d'Alain Chartier,
p. 626. 11 est question des amans dont les maîtresses
partagent les peines et les plaisirs, quand elles les
voyent :
' se comptoyer.
Par infortune, ou guerroyer, etc.
C'est-à-dire quand elles les voyenl se parer,
s'égayer, ou qu'elles les voyent par infortune dans
l'infortune, ou qu'elles les voyent dans les hasards,
à la guerre, etc.
VARIANTES :
COINTER. Roman de Rou, MS. p. 282.
CoiNTiER. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1305.
CoiNTRiER. Du Cange, Gloss. lai. au mot Baccaiarii.
CoiNTiR. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 73.
CoiNTOiER. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1070.
Cointoyer. Vie de B. Duguescl. par Ménard, p. 456.
CoNTOiER. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 646.
Contoyer. Percef. Vol. V, fol. 88, R» col. 2.
C0.MT0IER. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 642.
Comptoyer. Alain Chartier, p. 626.
Cointeste, adj. au fém. Rusée, subtile, ingé-
nieuse.
Moult ert la vieillotte cointeste;
Norri avoit une licette :
Trois jors la Tist si geuener
Que rien ne li lessa gouster.
Fabl. MSS. de s. G. fol. 6, R- col. 3.
Cointise, siibat. fém. Contenance*. Parure,
ornement^. Ajuslemeiil, apprêt '^.
* Ce mot est employé pour contenance, dans les
deux passages qui suivent :
Vers la touse (prov. to:d) m'avance,
Por voir sa cointance;
Je la vi belle, et blanche,
De simple contenance.
Pois. MSS. av. (300, T. IV, p. U33.
. . . Elle, qui m'estoit raoïilt près,
Me dist, afuble ton mantel :
Et si le me met, en cUantel,
Par manière de cointerie.
Froissart. Pots. MSS. p. 355, col. 1 .
^ Ce mot est mis pour parure, ornement, dans
les citations suivantes : Lors de la captivité du roi
Jean, les Etats du Languedoc, assemblés en 135G,
ordonnèrent que « d'un an, homme, ny femme ne
« porteroit or, argent, ne perles, ne vert (vair,
« espèce de fourrure), ne gris, robes, ne chaperons
» découpez, ne autres coiniises quelconques. »
(Chron. S'Denis,T.ll,fol. 233.) « Nulle saige femme
" ne doit pas estre hastive de prandre les'esiats, et
« habits nouveaulx, ne les premières coiniises. »
(Le Chev" de La Tour, Inslr. à ses filles, fol. 2.j.) On
lit cointerie. dans le même sons. (Ibid. fol. 13.)
On appliquuit cette acception générique aux
ornemens d'archileclure.
. . . fait en l'eure devenue
Le feu mettre en chascune rue,
Sanz esgarder moustier n'y glise,
liiauté de maison, ne cohilise.
G. Guiart, MS. fol. 40, If (4).
Quelquefois on l'appliquoit aux ornemens des
armoiries :
Cil escuier ot, le jour, mise
Sus ses armes, une rinnlise
De gueules sans euvres tremées
Fors moleltes d'argent semées.
G. Guiart, MS. fol. 200, V", an. 1304.
Garniz d'armes, et de cointises.
G. Guiarl, MS. fol. 266, V*.
'^Cointise s'est pris aussi pour ajustement,
apprêt; mais dans un sens figuré, en ce passage,
où il est appliqué au discours :
. . . Bien se doit contregarder,
Se parler doit devant justice.
Qu'an sa parole ait tel cointise (5),
Parmi tote sa mesproison,
Que soit semblance de raison.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 17, V ccl. 3.
V.\RIANTES :
COINTISE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 255.
COINTIE.
CoiNTEBiE. Froissant, Poës. MSS. p. 355, col. 1.
Cointance. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1433.
(1) Froissart emploie cette forme (XI, 367) : « Tous s'efforçoient à jolyer et cointoier leurs nefs. » On lit encore au sens
de la citation (XV, 225) ; « Tous s'efîorchoient de eulx jolier et cointier. » (n. e.)
(2) Dans Laborde, p. 294, on lit coinloiec. (n. e.)
(3; On lit aux Miracles de Notre-Dame (Du Cange, II, 423, col. 1): « Tex chante bas et rudement Que Dex escoute
doucement, Plus que celui qui se cointoic, Qui haut organe et haut pointoie. » (n. e.)
(4) Voyez les nombreuses citations extraites par Du Cange, de Guillaume Guiart (II, 422, 423). (n. e.)
(5) Cointise, au Livre des Moralitez, est une vertu : « Honesté est départie en .iv. choses , en cointise , en forche , en
droiture, en atempranche. Cointise est une vertu qui fait connoistre les bonnes choses des mauvaises, et enseigne à
depairtir les unes des autres. » (Du Cange, II, 422, col. 3.)
co
93 -
CO
Cointricice, partie, au fém. Ornée. Peul-étre
faul-il lire contrlciéc, en ce passage :
L'escu au miroir de houle,
A une bande de faiiitie.
Coiiilricire d'ennernistie,
A un lambel de fausseté.
Fabl. Mf-S. du K. n- 71U5. T. II, fol. Kl. R' col. ).
Cointure, siihsl. fém. Je crois que ce mol
sit;iiifie ceinture.
Voici le passage où nous le trouvons employé :
Drois te condamne, par droiture,
Et je te conlerme la sentence ;
Mes sachiez que ce n'est coititure
De terriene penitanoe ;
Mes la mort vient diverse, et dure.
Là où Diex vendra sans doutanoe.
fabl. MSS. du R. n» TJIS. fol. 139, U' cul. 2.
Coïons, siibsl. iiiasc. plur. Nom factice. " Le
« maréchal d'Ancre avoil une garde de cent geu-
« lilshomraes ù mille francs de gages, chascun, d"où
« le duc d'Epernoii les appella coïoiis de mille
" livres. » (Longueruana, T. 1, p. 34.)
Coipeaux, sithst. vinsc. plur. Coupeaux. 'Dict.
d'Oudin et de Colgrave.) On dit encore, en Nor-
mandie, coipeaux (1), pour coupeau.\.
Dieu d'amours ! je vous remercy :
De quoi ? des corpiaux de vos trouée.
Eust. Desch. Po.s. 5ISS. fol. 270, col. 4.
(Voyez ci-après CourEAU.)
VARIANTES :
COIPEAUX. Oudin, Cotgrave, Dict.
Corpiaux.
Coïraux, .vibst. mase.plur. Boeufs en; .1; -ses.
(Borel, Corneille, Cotgrave, Dict.)
VARIANTES :
COIRAUX. Rabelais, T. I, p. 18.
COIREAOX.
Coirs, subst. masc. Course, voyage.
Amis veraiz ne se puet resortir,
Car ne font pas bonne amor amenrir
Ne coirs loignlains, ne de longue durée.
Simon d'Autié, Pocs. MSS. a^anl 1300, T. Il, p. 686.
Cois. [Intercalez Cois , dans l'expression aler à
cois, avoir la faculté de choisir :
Cevels ot si beaus et si Mois
Com il en Tust aies à cois.
Partouopex, v. 553.
Voyez encore les vers 4829, G5-22.] (n. e.)
Coiser, verbe. Se tenir coi*. S'adoucir, s'apai-
ser^. Se taire '^. Ce mot, dans S. Bern. (Serm. fr.
MSS.), répond au latin silere et tacere. On y lit
encore, p. 375 : « Ne se volost quoisicr, » dans le
latin non dabat silentium.
*Le premier sens, se tenir coi, est le sens propre.
Molt ma semont amors ke j'en m'envoise,
Quant je plus doi de chanter estre cois ;
Mais j'ai plus praut talent ke je me cnise,
Por çou j'ai mis mon chanter en defois.
M" Quenes, Po. s. MSS. avant 1300, T. lll, p. Vi80.
^ De là, se coisier s'est pris ligurément pour
s'adoucir, s'apaiser. On lit, en parlant des devoirs
d'un confesseur :
Por si'ignor ne se doit, ne por ami coisier;
Dire lor doit ; ce faites, ce devés vous laissier :
Puis kirs doit penitance, si com drois est, encaruer.
Vies des SS. MS. de Sorb. chif. xxvii, col. 22.
'^Coiser, dans le sens de se taire, se trouve dans
S. Bernard cité ci-dessus.
CUN.IUGAISON :
Se coiset, pour se tait. Ind. prés. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 144 et 249. Dans le latin siLet.)
Coisiet (fas), pour tu t'es tu. Passé indéfini.
(S. Bern. Serm. fr. .mss. p. 203. Dans le latin tacuisti.)
Coijsievet . pour se taisoit. Imparf. de l'ind.
(S. Bern. Serm. fr. mss. p. 203.)
VARIANTES :
COISER. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 44.
Cdisikr. S. IJern. Serm. fr MSS. p. 203, etc.
CovsER. S. Item. Serra, fr. MSS. p. 6, et passim.
CoYsiER. S. Bern. Serm. fr. MSS p. 20.^.
Coiser (Se). Poës. .MSS. avant 1300, T. 111, p. 980.
Coisier. [Intercalez Cvisier, coinsier, presser,
pousser: « Li suppliant. . en getlani ledit b.iston en
" frappa de cas daventur,.' ledit Guillaume, qui
» dislau suppliant: Casin, tu m'as t'o/sù'f. » (JJ.145,
p. 521, an. 1393.) Au reg. 125, p. 23G. an. 1384, on
lit encore: ■< Le suppliant mis sa main sur l'espaule
« de la meschine dudit hostel, latiuelle lui dist :
« Vous me colssie:.,, osiez vostre main. >■ Le mot
est aussi au Homan de Robert le Diable (Du Gange,
II, 423, col. 3) :
Che fait, li plaie qui l'angoisse
Qui l'apétice et qui le caisse.
U. Guiart, à l'an. 1209, écrit encore :
Menestreus leurs tons debroissent,
Trompes bondonnent, labours coissent.] (N. E.)
Coisonner. rintercalez Coisonner, reprocher
dans Villehardouîn (éd. de M. de Wailly, § 285) :
" Joffrois li mareschaus, qui mult ère bien de lui,
" li coisona mult durement ; comment ne eu quel
■' guise, il avoil prise la terre l'empereor. «] (n. e.)
Coispel, subst. mase. Gobelet*. Partie (pour le
bout de l'épée qui a la forme d'un petit godet) d'une
épée°. Ajustement de femme '^.
*Ce mot signifie gobelet, comme diminutif de
coupe, du mot latin cupa ; les Bretons disent coji.
(Palconnet.)
Toupioit o le coispel.
Poês. MSS. du Val. n- 1490, fol. 111, R-.
^ La partie de la poignée de l'épée qui est faite
en forme de petite coupe (la coquille ou la garde) a
aussi été nommée coispel. « Pour faire et forger
« le coispel d'une espée, rebrunir la croix, le
« pomeau, etc. •, dans une citation du Gloss. laliii
de Du Cange, au mot Ringu, sous Hincn (2).
(1) Au singulier on avait copc! .■ « Le suppliant prinst une atele ou coipel à terre devant lui et le geta vers sa dite
femme. « (J.I. 97, p. 161, an. 13(J6.) (n. e.)
(2) Ed. Henschel, V, 77:3, col. 2. Dans la Ghron. des ducs de Normandie, v. 7736 :
tôt à neel. » (n. e.)
'( De la gaine ert li cnijipel Et li membre
co
94
CO
"^ Ce mot, nu pluriel, semble mis po'ir un ajuste-
ment de femme, dans ce passage :
I,a çainture, dont ele est cainte,
Est d'une fausse note painte :
Ferrptée de faus seaus ;
Et la boucle est, et li coispinus,
De propres mençonges polies.
Fabl. MSS. (lu R. n- T2i8, fol. 224, V- col. 2.
Nous observerons que les paysans disent, en
Normandie, coipel, pour coupeau, éclat de bois, au
pluriel coipias.
VARIANTES :
COISPEL. Poës. MSS. Vat. n» liai, fol. 111, R».
CoiSPiAUS, i>iur. Fabl. MSS. du U. n» 7'ilS, fol. 224.
Coisse, Sî/T^sL Droit seigneurial. En Provence (I\
c'est le droit de mesurage. (Du Gange, Gloss. au
mot Cossa 1 .)
Coisse, subst. Cuisse. Ce mot répond au latin
fémur.
Coissonner, verbe. Réprimanderai). On lit, en
ce sens: « Li coissonnai muU durement », dans Vil-
leliard. p. 117. Au lieu de eoissonna, on lit ailleurs
roisonna, pour reprit, suivant le commentaire de
Du Cahge.
VARIANTES :
COISSE. s. Bern. Serm. fr. MSS. p 54 et passim.
CoiXE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 111.
Coissonnois, subst. mase. plur. Saxons. (Voy.
Cliron. S' Denis, T. I, fol. 108.) On a dit autrefois
Soissongne, pour la Saxe. (Falconnet.)
VARIANTES :
COISSONNOIS, SoissoNGNOis, Sesnes.
Coistre, Sî(/)S/. 7)iasc. Champ. Peut-être le même
que coulure, champ cultivé. Coistre signille champ
de bataille de Roncevaux.
Si ot de mors si grand plenté,
Des paiens qui furent en coistre
C'en n'i pot crestiien connoistre.
Ph. Mouskes, MS. p. 224.
Coit, adj. ou partie. Tranquille. Ce mot, dans
S. Bern. Serm. fr. mss. p. 120, répond au latin
quieUts.
Coite, suhst. fém. Lit de plume, matelas, lit,
couverture. Ce mot vient évidemment du latin
culcitra. (Voyez, sur ses signidcations, tous les
dictionnaires que nous citons .ordinairement, les
glossaires, et surtout le Closs. lat. de Du Gange aux
mots Coilta, Cottum, Coûta. Culcit.a.\On peut aussi
recourir aux endroits indiqués sur les diverses
orthographes. Nous remarquerons seulement que
l'orthographe cou, dont la terminaison paroît mas-
culine, se trouve employée au féminin dans le pas-
sage suivant :
si li a dit
Que li reface tout son lit,
Oste la cou, etc.
Fabl. MSS. du R. n- 79S0, fol. 5P, V col. 2.
(Voyez ci-après Coulte.)
VARIANTES (3) :
COITE (4).
GoiTTE. Oudin, Nicot, Dict.
CoESTE. Froissarl. livre I, p. 3:?0.
Couette. Xicot, Dict. au mot Coutil.
CoYLTE. La Salade, fol. 36, V" col. 1.
CoiTRE. Oudin, Dict.
CosTE. Fabl. MSS. deS. G. f' 81, R« col. i.
CouLTE. Chron. S. Denis, T. II, fol. 137, V".
CousTE Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 146, V*.
CouLTRE. Oudin, Dict.
CoUTRE. Du Verdier, Div. Leçons, p. 283.
Coûte. Du Cange sur .toinville, p. 255 (5).
Goutte. Chron. S. Denis, T. I, fol. 257.
Couyte. L'Amant rendu Cordelier, p. 544.
KIOUTE. Ph. Mouskes, MS. p. 571. et SS.
Cou. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 59, V» col. 2.
CoiTl, suhst )nasc. Nicot, Dict.
CoiTiL, CoiTis, CouTis, subst. masc. Oudin, Dict.
Coutil, subst. masc. Oudin, Nicot, Dict.
COUSTIL, subsl. masc.
Coite, subst. fém. Hâte*. Fuite ^.
Les quatre orthographes de ce mot font partie de
celles que nous avons rapportées à l'article précé-
dent. Nous les répétons ici séparément pour mar-
quer leurs significations particulières.
* Ce mot est pris ordinairement pour hâte,
empressement :
Les lettres lisi en grant qtioite ;
Car à scavoir forment convoite,
De ma dame, l'intention.
Froissarl, Poos. MSS. p. 90fi. col. 2.
On disoit aussi à coite, pour à la hâte ; à grant
coite est employé en ce sens, dans une citation
rapportée par Du Cange, au mot Pastorelli. « S'en
» alla à Nyort à grant eoijte. « (Ilist. de Loys duc
de Bourbon, p. iOii (6).)
A coifte rf't'/^erojfssignifioit en hâtant de l'éperon.
Hernol lait corre aval, à coite d'csperoris.
Paiton deBl.MS.deS.G.fol. 171,R'col.l.
« Le suivoit à coitte cref^peronsl » (Chron. fr. ms.
de Nangis, an 1346.) >• Il broicha à coite d'esperons. «
(Hist. de B. Duguescl. par Mén. p. 202.)
° Quelquefois quoite s'est dit pour fuite, déroute,
où l'on a hâte de se sauver. C'est en cesensqu'uulit :
.\ cele quùite, sans esploit,
Fu mors Gariiiers li alemans.
l'h. Mouskes, MS. p. 80t.
Peut-être faut-il aussi expliquer coite, dans le
sens de fuite, en ce passage :
A Dieu commant le monnoier.
Celui qui Diex puist envoler
Pooir de porsuir la coite;
Quar, s'il ne pert pas desvoyer.
Bien se commence à desploier.
Fabl. MSS. du R. n- 721S. fol. r.2, V col. 1.
(1) D'après l'Hist. du Monastère de S" Barbe de Lyon, eh. XL, n» 4. (n. e.)
(2) 'Voir coisonner. (N. E.)
(3) On trouve ceule dans Froissarl pC, 35) : « Une povre ceute de viele toille enfumée. » (n. e.)
(4) « Et quant par nuit dormir voloient. En leu de coites aportoient, En lor casiaus monceaus de gerbes. » (La Rose,
T. 8438.) (N. E.)
(j) On lit aussi dans la Charrette (1198) :« N'estoit pas de fuerre esmié La couche ne de couli's aspres. n C'est aussi la
forme employée par Froissarl ; « Li contes de Flandre se boute entre la coufe et l'estrain de ce povre literon. » (X, 37.)(n. e.)
(fi) M. Chazaud imprime coite (p. 88). (N. e.)
co
— 95
CO
Sol-
VARIANTES :
COITE. Poës. MSS. Vatican, sv 1490, loi. 159, R».
CoYTE. Hist. de Loys, duc de Bourbon, p. 106.
CoiTTE. Chron. fr. MS. de Nangis, an 1346.
QuoiTE. Froissarl, Poës. MSS. p. 206, col. 2.
Coiter, verbe. Courir*. Hâter, presser °.
liciter'^ (1).
* Au premier sens, ce verbe ii une signification
neutre.
Si ne finerent d'esploitier,
Parmi les Pors, et de quoitier,
Jusqiies là u h Estours fu.
Ph. Mouskes, MS. p. 218.
^ Sa signification est active dans le sens de hâter,
presser :
Le ceval esperonne, et coite (2).
Ph. Mouskes, MS. p. 1(1 i.
On disoit se coiter, pour se liàler, s'empresser.
Qui plus a, plus d'avoir se mile (3).
Hist. de France, à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 75.
*= De là, coiter s'est pris figurément pour solliciter.
Prie ton fils, et coite, m'ame ne soit perdue.
Fabl. MSS. du R. n" 7i!18, fol. ilG, V- col. 2.
VARIANTES :
COITER. Ph. Mouskes, MS. p. 194.
CoiTiER. Fabl. MS. de S. G. fol. 51, V" col. 3.
QoiTiER. Ph. Mouskes, MS. p. 391.
Quoitier. Poës. MSS. Vatican, n» 1522, fol. 164, V° col. 2.
Coiteus, flf//. Impatient. Vient de coiter (4) ci-
dessus.
Piétons meuvent, cil d'armes montent,
Coiteus (5) que leur vueil acomplissent.
G. Guiart, MS. fol. lOi;. r,-.
Coitié, partie. Hâté, empressé.
Merciers, tu es moult tôt coitié,
Dist li sires, de gages prendre.
FabL MSS. du R. n- lljlô, fol. 152, T. II, R' col. 2.
Coitiver. [Intercalez Coiliver, cultiver, au
Gloss. 7G8'i du fonds latin. Dans Benoit de S" More
(Chr., V. 7ÔU9). on lit:
Sunt lur ententes totes mises
A la terre de lung gaslie,
Povre déserte et enermie,
Cum coiltivée funt à dreit.
De là coitiveur, pour cultivateur, au même glos-
saire, et coitiveitre pour culture (Du Gange, II, 694,
col. 1, an. 1270).] (n. e.)
Coitrart. [Intercalez Coitrart, au sens de
coestron :
Pour Dieu veuilles nous dire si nous sommes batart
Car Aymes de Dordonne nous a clamé cniirurl.
Bufaiis Haymou, v. 538.] (N. E.)
Coitte pointe, subst. fcm. Courte-pointe. Cou-
verture piquée. (Voyez Gloss. de l'Hist. de Paris,
Cotgrave et Ondin, Dict.) ■> Lancelot appareille au
'■ chevalier sa licliere, et liiy fait ung iict de herbe
« verte, et de roses moult soiief fleurant, àecoustea
" pointes, et de oreillier; et quant ilz l'eurent
>' couché si mirent par dessus luy une moult riche
« couverture. » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 42, R°.)
Dans le passage suivant, on trouve les cottstes sim-
ples, distinguée des couste pointes : « Lits, couver-
« tures, loudiers, coiisle pointes (6), draps de laine,
« sarges, austades, cousles simples. » (Urd. des l\.
de Fr. T. II, p. 383. — Voyez Coite ci-dessus.)
VARIANTES :
COITTE POINTE.
CuEUTE POINTE. Fal)l. MSS, du R. n" 7989, fol. 80, V» col. 1.
CousTE POINTE. Du Gange, au mot Stella 1 (7).
CoucTE POINTE. Lanc. du Lac, T. I, fol. 49, R» col. 2.
Coûte pointe. Du Gange, au mot Culcitra.
Conte poincte. Lanc. du Lac. T. III, fol. 106, R» col. 2.
Contre poincte. Contes de la roine de Nav. T. II, p. 87.
QuiLT point, subxt. musc. Du Cange au mot Testnim.
Coivre, subst. mase. Cuivre *. Armes °.
* Le sens de ce mot n'est pas douteux dans cette
première signification. On trouve Candelabra
cuprea, galliee de coivre, dans un nécrologe
d'Auxerre, de l'an 1387, cité par l'abbé Le Beuf,
Hist. d'Auxerre, p. 821. « Que nul ne mesure ses
« breuvages, et autres liqueurs, fors à telle mesure
« qu'il y a à Mons, et quelles soient d'estain ou de
« queures, llaistries (marquées) et justifiées contre
« les principales, eslans vers les eschevins du dit
Mons. " (Coût, de Mons, Coût. Gén. T. I, p. 832.)
^ Il semble qu'il y ait eu des armes nommées
Cuivres, et que ce soit en ce sens que ce mot est
employé dans les vers suivans :
Chascune porte est bataiUiée,
El à delfendre apareilliée :
Moult i portent coivres, et darz,
Et pex agus de totes parz.
Blanch. MS. de S. Germ. fol. 178, R° col. t.
Peut-être est-ce en ce même sens qu'il faut enten-
dre ce mot, dans ce passage :
Plusours ourent vestus hambeis
Coivres (8) ont chaint carquaiz.
Rom. de Rou, MS. p. 317.
(1) Coilier signifie encore serrer, mettre à l'abri : « Chascuns qui ara autres bestes à charrue porra mettre ses chevaus
à la charrue un tor au gayn pour coilier ses sourbées. » (JJ. 60, p. 220, an. 1312.) (N. E.)
(2) On lit dans Gérard de Vienne (v. 2354) ; « Et les destriers as espérons coilier. » (N. E.)
(3) On lit dans la Chronique des ducs de Normandie (v. 22182) : « Totes veies tant s'est coilier, Qu'a le duc Richart est
repairiez. » Le sens de la citation se retrouve au Roman de Cléomadès (Chr. des ducs de Normandie (II, 388, col. 2) : « Car
sa nature à ce le coiie, Que plus a et il plus convoite. » (n. e.)
(4) Il signifie alors rapide : « Isnele, e hastive. e coiluse. « (Chr. des ducs de Normandie, v. 4-816.) (n. e.)
(5) Ce sens est aussi dans Guiot de Provins (Wackern., p. 25) ; « C'onkes de riens ne fu si désirons Com d'onoreir ceu
dont plus seux ciiitous. » On lit enfin dans G. Guiart (an. 1233); « La terre saint Lois destruient, Qui coiteus de soireplegier
Va tantost Belesme assegier. » (n. e.)
(6) On lit encore dans Ta Rose (v. 8642): « De floretes lor estendoient Les couste pointes, qui rendoient Tel resplendor par
ces herbaiges. » Une prononciation meilleure est coulepoinle (culcilu puiicta) donnée par Froissart : « Ceutes autrement
dittes coutepointes pour dormir sus. » (XI, 360.) (N. E.)
(71 La cfj!(57epû«î(e servait aussi dans les tortures :« Jehanne Dupont,... après ce qu'elle ot une fois esté mise en la
gehyne en la coi'.'i((.'po(»(e seulement... confessa ledit larrecin... Après ledit Guillaume la fist mettre en la cousiepointe , et
pour lui faire ptiour, fist apporter du feu, et fist semblant de lui mettre soubz les pies, mais point n'y fust mis. » (.1,1. 111'.
p. 124, an. 1381.) (N. E.)
(8) Dans Du Gange, 111, 470, col. 3, on lit ; « Cojures ont chaint et carquais. » Ce serait une sorte de ceinture, (n. e.)
co
— 96
CO
A moins iiifon ti';iinie mieux supposer ici coivre
adjectif et le rripporlci' i^i carquiiix; carriuois de
cuivre; mais, pour la mesure dn vers, je préfé-
rerois de liie cnires ont cliaint et ('(irqHaiz,el alors
coivvc sera une sorte d'armes dans ce passage
comme dans le précédent.
On lit: coivre de fHiimil [l], comme proverbe,
parmi ceux(|u'on trouve ii la suite des Poës. mss.
avant l.'UJO, T. IV, p. 1652,
VARIANTES :
COIVRE. Ane. Covit. dOrléans, p. 474.
yuEUHE. Coût. Gén. T. I, p. 832.
Coiz, sitbsl. masc. plur. Testicule. (Voyez Fabl.
MSS. du R. n" 7()l.j, T. 11. loi. 147.)
Coket, siibst. 7nasc. Espèce de bateau.
Dai^s le patois breton, c'est une espèce de navire
ou l)ateau. (Du Cange, au mot Cocka.) On a|ipeloit
jiuiii de cokel une sorte de pain en forme de bateau
l'ait avec la Heur de la farine. (Du Cange, au mot
Pauls de coket, et Bntt. Loix d'Anglet. fol. 74.)
Col, subst. masc. Co! *. Espèce de hausse-col ^.
Collier '^. Souche généalogique °.
* Ce mot, au premier sens, subsiste sous l'ortho-
graphe de col ; mais les expressions figurées dans
iesi|uelles on l'employoil sont absolument hors
d"usage. On ne dit plus :
1° Avoir le col las, pour se rebuter, être fatigué.
ot le col las,
De fere oeuvre de charité.
FaW. MSS. du R. n- 7-21S, fol. 294, R- col. 2.
2° Col estendu s'employoit adverbialement pour
hautement, sans rien craindre.
. . . fu partout, col entendu.
Le droit Dieu, par lui, deffendu.
G. Guiart, MS. fol. 13, R».
3° Venir snrleeol{'î)s'eslpris danslesensoù nous
disons tomber sur le corps ou sur les bras, atta-
quer. •' Qu'il nous vienne secourir, avec toute sa
" bataille, car le roy Claudas nous est venu sur le
.. col. '■ (Lanc. du Lac, T. 111, fol. 45.)
^ Ce mot s'est pris, dans le passage suivant, pour
la partie de l'armure qui couvroit \e cou :
Hueses tirées, et espérons chaiiciez,
Et à son col le col {'à) d'ivoire chier :
De cinq vir^iles de fin or fu liez,
La guige en est d'un vert paille enlaillié.
RoDi. de Garin, cité par Du Gange, au mol Virola.
(Voyez Collier ci-ap; es.)
'^ Côm.me nous appelons encore aujourd'hui col
ce que les hommes mettent autour de leur cou, de
même cul s'appliquoit autrefois au collier des
femmes. Il semble avoir celte signification dans les
passages suivans :
... si ont fet cols toz noviaus :
Sor lor cols tnetent lor joiaus,
Et lor crespines.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 237, R' col. 2.
Et sont barbées comme cnis ;
Qu'à ces saintes gens vont entor.
Ibid.fol.32.'i, V'col. 2.
° Col désigne la souche généalogique, dans cet
autre passage : « Il n'eschet point de partage du
« costé, ny du chef, ou du col du père, ou de la
« mère encore vivant, soit en ligne directe ou col-
<■ latérale. » (Coût, de Bailleul, Nouv. Coût. Gén.
T. I, p. %î.) (.'()
VARIANTES :
COL. Orth. subsistante.
Cos. G. Guiart, MS. fol. 317, R».
Cox. Fabl. MSS du R. n« 71315. T. I, fol. 107, V» col. 1.
Couz. Hist. de Fr. à la suite du Roman de Fauvel, fol. 74.
CoLPS. Hict. de Borel.
Cola, sul^st. Alose (.")). Il faut lire f^oZac, mot
gascon. (Du Cange, au mol Colacus.)
Colacion. [Intercalez Colacion. harangue : « Et
« la colacion notablement flst maistre Jehan de la
" Chaleur, maisire en théologie et chancellier de
« N. Dame, et en ycelle colacion recommanda
« moult la personne de l'empereur, ses nobles
" fais, ses vertus et sa dignité. » (Ch. de Pisan,
Charles V, pari. III, fol. 310.) Au Spicilége de
d'Achery citant Guil. .louvenel (IX, 30."j), on lit
aussi : ■■ Faisoit chascun chief de maison une petite
« collatioii, soy adreçant à mons. de Tours, comme
« principal. » Dans Froissart, c'est plutôt une
conférence, un entretien : « Li rois l'avoit mandé
« pour avoir colation devant lui, présent ses
>. frères, sus Testât des Englès (VII, 300). >. — « Si
« veuil avoir conseil elco//fl??o«avecques vous (XI,
iôO). » Dans les couvents, la collation était une
lecture des livre saints avec discussion et contro-
verse ; elle était suivie d'un léger repas et de
rafraichissements, comme nous l'apprend la règle
de Cluni (c. 13, Du Cange, II, 429, col. 3) : « De
« collaiione surgunt acî charitalem, et de vino
« quod tune propinalur, nullus omiiino pra'sumit
« abslinere, ut non aliiiuanlulum gustet. » Les
deux sens du latin se retrouvent au w siècle
(voyez Ciii,L.\Tiox) ; pour les éiudits modernes seuls,
collation est la comparaison d'une copie à l'ori-
ginal.] (n. e.)
Colaffe, subst. masc. Soufllet. Du latin cola-
pbus. (Voyez Xef des Dames, fol. 71.)
Colaice. [Intercalez Colaice, coulisse, herse
(V. le Duc, VI, 81), dans l'expression porte colaice :
De ciment mult durable furent fait li crinel,
Les portes colaices, fort et roi li llael.
Rom. de la prise de .lérusalem. Du Cange, II, 437, col. 2.
(1) En Belgique, près Liège, et non dans les Côtes-du-Nord, comme le dit Leroux de Lincy (I, 343). La chaudronnerie
liégeoise était fort en honneur au.K xiv et xv» siècle, (N. E.)
(•2) Froissart a dil ci^/t; s»/- /f c-o/ au sans de stimuler : «Quoique Robers d'Artois li conseillast et fusl sus le col qu'il
reiivoiast son hommaige au roy Phelippe. » (II, 3f>4.) (N. E.)
(3) Ueuschel (VI, 851, col. i) imprime cor ; il s'agit là dun olifant comme celui de Roland. (N. E.)
(4) C()( a aussi le sens de colèe : « Les devant diz escuiers au devant diz .lehan Bomiefemme... avoient donné cols et
culées, pour lesquelx et lesquelles il avoit receu mort. » (Cart. de Chartres, an. 1270, Du Cange, II, 425, col. 1.) (n. e.)
(.5) Ilenschel (II, 4'2'p, col. 3) imprime t/an.se. (n. e )
co
97
CO
On lit porte colaise aux preuves de l'Histoire de
INiines, II, ICi), col. 1, an. 1355. Au Roman du
lieuard (Du Gange, id), on trouve encore:
Et niangoniaus de plusieurs guises
Et bonnes portes couletces.
Fcnrstre couleisse est au reg. JJ. 161, p. "iOl»,
an. 1400 ]{N. E.)
Colas, subst. masc. Nom propre. Abrégé de
iX'icolas , comme colart , colet, coleau, colin,
colinel, elc. (Falconnel.) Colas m'faillon est un
terme de caresse ou de raillerie usité en Lorraine,
pour dire Nicolas mon liUot, mon petit-tils. (Le
Ducliat, sur Rabelais, T. IV, p. 2-2, note 4, etleDict.
de Cotgrave.)
Colationner. [Intercalez Colalionner, conférer,
faire une colaeion: « Il leur fut dit que ils le
<■ feïssent esciiiire sur une foelle de papier [il
>■ s'agit des clauses d'un duel], car le roy et son
<■ conseil le [papier] vouloieut veoir et collalion-
« ner. » (Froissart, XIV, 55.)] (n. e.)
Colaye. [Intercalez Colaijcce qu'on peut porter
à dos, en lalin colerium : « Le suppliant emporta
« ung lit, ung couvertaii, les draps du lit, ung
« plancbon, et une colaye de blé. « (.JJ. 173, p. '2'27,
an. 1425.)] (n. e.)
Colbert, suhst. masc. Tei'me de droit. « C'est
« un compagncn d'alVrancbissement, de coliber-
« tus. » (Dicl. de Boi-el, 2' add.)
Colbin, suhst. masc. Partie du cerf.
N'oublie pas à enciser
Les jointes, devant, et deixier ;
Les cnibin mie n'obliés,
Haut sur un autre le metez.
Fabl. MSS. du K. n- 7015, T. Il, fol. 167, V col. -2.
Colcotar, subst. masc. Vitriol. On en distingue
de deux sortes : le naturel et l'artificiel. « Le col-
« cotar est matière minérale. « (Fouilloux, Faucon-
nerie, fol. 81) fl)
Col Dieu. C'est une espèce de jurement; il
éloit fort ordinaire au maréchal de Matignon.
1. Cole, subst. fém. Sorte de poisson. Ce mot
paroit être le même que colac, alose. (Voy. Cola.)
Princes qu'or fust devenu cnle,
Esturgeon, chien de mer, ou sole.
Eust. Desch. PoC-s. MSS. fol. W3. col. i.
La signification de ce mot paroit plus incertaine
dans le passage suivant : •• Se mistrent en barges,
« et alerent aux salandres, et eu pristrent les xvii;
« et l'une eschapa, qui esloit à la cole. >> (Contin.
de G. de Tyr, Marlène, T. V, col. 711.)
2. Cole. [Intercalez Cole (x°^, bile), dans
l'expression de chaude cole: « lîuillaume Champeaul
" fust féru dudit coustel par cop de meschief et de
« ctiaude cole. •< (.!.t. 137, p. 43, an. 1389.) L'expres-
sion se retrouve dans la Coutume de Senlis (art. 96
et MO)] (n. e.)
3. Cole. [Intercalez Cote, coule de religieux:
Du chef de son braier une clef deffermerent
Et cote et estamine, et un froc en estèrent.
Roman de Vace (Du Cangc, II. 092, col. 1).
Au Gloss. 7684 du fonds latin, on lit: « Culla,
» coule à moigue. »] (n. e.)
Colée, subst. fém. Coup*. Accolade^. Trouée •=.
* Cotée étoit proprement le coup donné sur le cou
ou sur la joue; ce mot vienldes mots latins coltum
ou colaphus. >■ Chacun attend le chef enclin, la colée,
« et la persécution. » (Al. Cliartier, l'Esper. p. 270.)
Le P. Labbe, dans son Gloss. rend le mot collée par
colaphisare, col. 496.
Buffe colée,
Joée, adentée,
Tel sunt lor avel.
Rob. dou Chaste], Poës. MSS. av. 1300, T. I, p. 57.
Ce mot s'est dit aussi de toutes sortes de coups, soit
sur la tète, soit coup d'épée, de lance an de hache.
Voici quel(|uesexemples de celte acception générale :
On a dit donner coups et collées. (Lett'du mois
de février 1384; Très. desChart. Reg. 126, pièce 82.)
Ni ont puiz qui osast donner coup ne colée.
Rom. de Rou, MS. p. 02.
Me donastes cop ne colée.
Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 123, R' col. 3.
Colée m'a donné trop maie,
J'ay la teste toute estonnée.
Eusl. Desch. Poès. MSS. fol. 380, col. 2.
Colée sigmi\e aussi coup de flèche, dans le Rom.
de la Rose. De Ih, ces expressions cotées asseoir,
cotées geler, pour porter des coups, soit d'épées
ou autres armes. ^Voyez G. Guiart. ms. fol. 255.)
^L'embrassade, le soufflet, ou le coup donné du
plat de l'épée sur le cou des nouveaux chevaliers,
ont été confondus sous les dénominationsgéuérales
de colée elû'accohnle. (\ oyez Annot. deDuchesne(2),
sur Al. Chart. p. 8.52.) Ou lit, en parlant d'un che-
valier fait au moment d'une bataille :
En près li done la colée ;
Guarde que ja soit esprouvée
Ta proece et ta valor,
Droit devant moi en cel estor.
Blanchardin, MS. de S. G. fol. 192. F,' col. 1.
'^Du mot col, en usage encore aujourd'hui pour
signifier un passage étroit et serré, s'est formé
colée (3), pour trouée de haie. Nous croyons pouvoir
l'interpréter en ce sens, dans le passage suivant :
. . . aussi le prennent ilz bien
A la cropie, avec le chien :
Et quant viennent par ces colées (4),
Aux courlils, manger leurs porées.
Gace de la Bi^ne, des Déduits, MS. fol. H4, V*.
(1) Ce mot, inventé peut-être par Paracelse, désigne le peroxyde de fer rouge, obtenu en traitant du protosulfate de fer
par le feu. (n. e.)
(2) Voyez aussi Du Gange sous alapa (I, 161, col. 1 et 2) ; on lit dans lîeaumanoir (XXXV, 26) : a Et li dona li uns une
colée et dit : « Chevaliers soyés. » (N. E.)
(3) C'est un dérivé de couler : on se glisse, on se coule dans ces chemins creux que les Normands appellent cavée et les
Saintongeais couline. (N. E.) '
(4) On disait colée pour coulée, comme coler pour couler : « Li brans cole devers l'esclence, Od le carnail trence l'oreille
Aval s'en cole à grant merveille. » (Partonopex, v. 9872.) (n. e.) '
'T- 13
GO
- 98
GO
(Voyez ci-npi'i^s Coilee.)
On disoil en proverbe :
Qui nu niiitiii prant la colée,
Tote jor la conporte.
Piov. du Vil. MS. de S. Gei-m. fol. 7i, V- col. 1.
VARIANTES :
COLÉE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. r^Ti, col. 1.
Collée. Lanc. du Lac, T. 1, fol. 170, V» col. 1.
COULLE. Fabl. .MSS. du R. n» 7615, T. Il, fol. 151, V" col. 1.
Coler, subst. viasc. Collier. (Voyez Collier.)
On parle de larrons lier,
Et d'eslraindre, de fors liens,
De grésillons, corde à cnler,
Laisses de poil, pour tenir chiens.
Eust. Desch. Pois. MSS. fol. i.'ii, col. -2.
On disoil proverbialement large coler, pour
liberté. C'est en ce sens que celle expression doit
s'entendre dans le proverbe suivant :
L'en dit que fol, et poure ont moult large coler.
Chastie Musarl, MS. de S. G. fol. 105, R- col. 2.
Nous ne savons si c'est en ce même sens que le
mot coler est employé dans les passages suivans:
Pourement vivent escoler;
Ils ont plus peine que coler (1);
Mesaises ont à granz braciées.
IIM. de S" Lcoc. MS. de S. Gemi fol. 3(1. R" col, '2.
Tout plenement droit escoler
Ont plus de peine que roler,
Quant il sont en estrange terre (2K
Por pris, et por honor conquerre.
Fabl. MSS. du R. n' 7015, T. I, fol. 7i, V* col. 2.
.Nous croirions plus volontiers que ce seroit le
verbe coler ci-après, pris au ligure, dans la signi-
lication d'avoir du plaisir.
Coler, verbe. Accoler, embrasser.
Au conte meisme fu tart
Que colé l'ail, et embracié :
Ens en la bouche l'a baisié.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 59. R- col. 3.
Colés mie une fiés.
PoL's. MSS. av. 1300, T. IV, p. Vm.
Colère, subst fém. Bile*. Passion, ardeur^. Ce
mol, qui subsiste (3), ne s'emploie plus dans aucun
de ces deux sens.
*La première signification se justifie par le pas-
sage suivant : « Le cors humain a en soi quatre
<• humeurs, selon les quatre élémens, desquels il
« est composé : sçavoir est le sang, la colère, la
« melencolie et le flegme. » (Les Tri. de la Noble
Dame, fol. 92.)
^ Colère désignoit aussi une passion vive, un
amour violent. « Rien n'est à l'amant impossible
« pour parvenir à son intention ; mais sa grande
« colère refroidie, il treuve, en fin de compte, avoir
« servyd'unegrande fable, et risée, à tout le peuple. »
(Pasq. Monopbile, p. 53.) « Souve.ntes fois appelent
" ceste opération de nature en plusieurs femmes.
« sans les aimer, menez par une brutalité, et sans
■' autre considération que de passer nostie colère. "
(Ibid. p. 10-2.)
Colèrenient, adv. Avec colère, furieusement.
On disoil : irriter quelquitn colereinenl, puur le
pousser ù bout, le mettre en fureur. iPontus de
Tliyard, Disc, du temps, fol. 20.) Tahureau dit llgii-
rément, en parlant de la mer :
. . . s'enllant toute ireuse.
Toute ireuse regorgeant.
Et coleremcnt hideuse, etc.
Poci;. p. 202.
Colerer (Se), verbe. Se mettre en colère.
(Monet et Hob. Estienne, Dict.)
Ne te colère pas contre mon insolence.
Mélile, Coniédie de P. Corneille, acte IV, scène VI.
" C'est lascheté, et foiblesse que se colerer (4). »
(Sag. de Charron, p. J37.)
VARIANTES :
COLERER (SE). Contes de la rovne de Navarre, p. 50S.
CuoLERER. Apol. pour llérodotë, p. 165 et 170.
Colérique, adj. Bilieux. Du mol colère ci-
dessus, pris dans le sens de bile.
L'homme est sanguin, ou colérique (5),
Fleumatique, ou mélancolique.
0. Guiarl, MS. fol 352. V.
Coleris, subst. inase. Terme d'architecture.
Colarin, le haut du fût d'une colonne, l'endroit le
plus étroit, proche du chapiteau. ■■ La tierce bande
« se trouvera respondanl à plomb à la gorge, ou
" coleris de la colonne. » (Vray et pirf. amour,
fol. 215.)
Irriter. Mettre en colère ,
Colérlser, verbe.
donner de l'humeur.
Madame^ ce faquin m'a tout colérisé.
Le Gcà). de soi-même, Com. de Th. Corn. ad. iv, se. iv,
Colet, subst. masc. Collerette *. Genouillère ^.
* Au premier sens, c'est le linge que les femmes
portoienl autour du cou. « Leur honneur est au
« cinquième étage de leur colet; il ne s'y faut
« jamais prendre. » (Caquets de l'Ace, p. 158.)
Lors ma gentille Cyprine,
Tu ouvriras ton colet (6),
Soubs qui ce mont jumelet
Nage à petites ondées.
Giies Durant, ;i la suite de Roniiefons, p. 131.
'^ Colet s'est aussi pris pour la genouillère d'une
botte ; c'est un morceau de cuir cousu à la tige, pii'-
cisément au-dessous du genouil, en forme de ciW-
let. « Les uns menans leurs chevaux par la bride,
« se inettoyent à l'eau jusques à la ceinture, autres
« passèrent à cheval, dont quelques uns tombèrent
'< dedans, et meirent de l'eau dedans leurs bottes,
« par le colet. » (Mém. Du Bellay, liv. XII, f» S/jW.)
(1) Ou coller, collarii, porte-faix. (N. E.) ■ '
(2) Cette citation est extraite de Rutebeuf. (N. e.)
(3) Le sens actuel n'apparaît pas avant 01. Èasselin (XV) : « Je ne vai point en cholere Tempester à la maison. » On
employait auparavant ire ou cote {choie), (n. e.)
(4) Amyot écrit aussi (Démosthène, 42) : « Archias adonc commencea à .se citolerer et à le menacer en courroux. » (N. E.)
(5) « Le colerujue a l'assault le plus fort de ire et de discorde. » (Ménarjier, I, 3.) (N. E.)
(G) « Avant que vous partiez de vostre chambre, aiez paravant avisé que le colet de vostre chemise, de vostre blanchet
ou de vostre cote ne saillent l'un sur l'autre. » {Ménagier, ï, 1.) (n. e.)
co
99 —
CO
Ce mot, que nous écrivons collet, conserve encore
plusieurs acceptons. On le dit encore figurément
pour le cou, mais les expressions suivantes sont
liors d'usage.
1° Armé^ jusqu'au collet, dans le sens où nous
disons armé jusqu'aux dents. (Négoc. de Jeannin,
T. I, p. 345.)
2° Sauter au colet, qui ne se dit plus qu'en style
populaire, se trouve employé dans les coutumes
pour écheoir. « Lorsqu'il escliel quelques biens pai-
» succession, ou qu'autrement, comme on dit, ils
« leur sautent au colet, etc. » (Coût. d'Ouden.
.\ouv. Coul. Gén. T. I, p. 1089.)
Coletier. [Inlercalez Coletier, courtier ; •< La
« buschette estoit jetée sus les quatre mestiers de
« Bruges : colletiers , vieswariers , bouchiers et
« poisonniers. ■• (Froissart, X, 42.) Buchon le traduit
dans sou glossaire par culottier. On lit aussi au
reg. J.J. 81, p. 39i, an. 1351 : « Comme donné nous
« fust à entendre que Locas del Longliecourt fust
« souspeçonnez de y estre couletiers et marchans
<• de fausse monnoie. »] (n. e.)
Coleurer, verbe. Briller. Du latin collucere. Il
paroît que c'est le sens de ce mot dans ce passage :
Li barbiers connoist bone gent,
Et si les sert, et les honeure,
Set son mestier bel et gent,
Se besoins li recoroit seure ;
Et s'a en lui moult biau sergent ;
Que con plus vit. et plus colcure.
Fal)l. MSS. du R. n- 7218, fol. 323, V col. 1.
Colicaille, subsl. [cm. Mot factice. 11 est
employé comme diminutif de colique, dans les Lett.
chois, impr. en 1751, p. 375.
Colicqueux, adj. Qui a la colique, sujet à la
colique. « Est l'eau ainsi caillée remède présent
« aux chevaulx colicqueux, et qui tirent des flans. »
(Rabelais, T. III, p. 2G4.)
VARIANTES :
COLICQUEUX. Rabelais, T. III, p. 264.
CoLiQLiEUX. Oudin, Nicot, Dict.
COLLIQUEU.X. Oudin, Dict.
Colier, verbe. Tourner le cou*. Regarder en
tournant le cou °. Rêver, réfléchir*^.
* Le premier sens de tourner le cou (1), est le sens
propre.
Quant li dame s'en vait offrir.
De le teste vait coliant.
Après reswarde en beliant.
Poi'S. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1321.
^De là, colier a signifié regarder en tournant le
cou. Dcins les passages suivans, ce mot exprime
l'action de quelqu'un qui se regarde avec complai-
sance, qui se mire dans sa parure :
Par fol regart enter lui colie.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. UO. V col. l.
Or ce mire, or ce coloie,
Or fait le mignot, or le coie.
Fabl. MSS. du R. n- 7015, T. I, fol. 107, V* col. 2.
■^Ce mot, dans le sens figuré de rêver, réfléchir,
semble faire allusion à l'attitude ordinaire d'un
homme qui médite profondément :
Ensl en melancoliant,
Et à mon songe coliant, etc.
Froissart, Poés. MSS. p. 210, col. 2.
A ceste mélancolie^
Colie mon cuer tout dis.
Ibid. p. 307, col. 1.
. . . Respont, sans plus coliier,
Qui te fait melancoliier.
Ibid. p. 3W, col. 2.
Advise bien, pense, et colie,
Aux responces qui sont données.
Eust. Desch. Poes. MSS. fol. 5fi6, col. ) .
VARIANTES :
COLIER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 186, R» col. 1.
Coliier. Froissart, Poës. MSS. p. 33i, col. 2.
COLYER. Percef Vol. V, fol. Hl, V° col. 1.
CoLLOiER. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. I, f» 107, V» col. 2.
Collere. [Intercalez Coliere , poitrail de fer
pour le cheval :
Covers fu devant et deriere,
De fer ot coliere et crupiere.
Parlonopex, v. 9642.
M. de Wailly le traduit par croupière, au § 267
de .Joinville: « Et se feri entre les Turs si avant
« que il li empristrent la coliere de son cheval de
« feu grejois. »] (n. e.)
Coliers, si(/^sf. masc. plur. Chevaux de trait.
Chevaux ayant un collier (2).
Roncins, et jumens, et colievs.
Ph. Mouskes, MS. p 571 et .572.
Colieux. [Intercalez Colieux, fâché, irrité:
« Car il s'estoient parti dou rov [vès-colieux. »
(Froissart, VI, 422.)] (n. e.)
Colignagiers, subst. masc. plur. Terme de
coutumes. Parens de la même tige ou branche ,
descendans d'une même ligne. « S'il y a du vendeur
" plusieurs lignagiers, en pareil degré, ou droit
« présumplif de luy pouvoir succéder, ils y sont
« tous également recevables si aucun d'iceux ayant
« devancé les autres, avoit jà receu le créant (pour
« le prix ou le gage du dit retrait) de la dite
« retraite, est tenu en repartir ses colignagiers,
« chacun pour sa cotte. » (Coût, de Lorraine ,
Coût. Gén. T. II, p. 1069.)
Colimaçon, subst. masc. Limaçon. (Dictionn.
d'Oudin.) On trouve Ibid. colimaçon borgne, pour
chanson d'enfant.
(1) Ou plutôt pencher la tète ; c'est la pose fréquente des dames dans les miniatures (Quicherat , Cosinme , p. 190) ;
souvent même le long cou penche à droite, le buste penche à gauche et toutes les lignes du corps ondulent. (Statuette en
bois dans l'HisL du Mobilier de Jacquemart, Hachette, 1876. p. 327.) On lit dans une piraphrase du Miserere ■ « Orgeus va
du col coloiant. » (Du Cange, II, 425, col. I.) Dans GuigneviUe (Du Cange, II, 426, col. 2) on lit encore: « Tant com l'oysel
va coliant El châ et là le col tournant. » (N. e )
(2) Co/iers se dit aussi d'une gorgeretle ou cravate en cuir, en mailles ou en plaquettes de fer cousues sur un carcan
d'étoffe (Quicherat, 208) ; « Deux cent dix hommes... biens armez de plates, de baciiiez, de coIicrs, autrement gorgieres de
fer. ji (Pièce de 1337, Du Cange, II, 426, col. 2.) Le mot a enfin le sens de colaye. (Du Cange, II, 426, col. 3.) (n. e.)
co
— 100 —
CO
Colin, subsl. masc. l'espèce de corneille *. Pain
aux chiens^. Terme d'injure'^.
* Au premier sens, espèce de corneille, c'éloit une
espèce de l'urneille au bec et aux pieds rouges (1).
(Uicl de.Monel.)
^ Nous n'avons, sur la seconde signification de ce
mot pain aux chiens, que cette même autorité de
Monet.
^Volin est donné, pour terme d'injure, par Bou-
cliet, Serées, liv. Ui, p. 160. " Eslre appelle par ces
« noms, maraull, coquin, belistre, grand coLini^I). «
Nous uiarqueroas d'ailleurs les expressions sui-
vantes, où le mot cûliii est employé :
l' Culin fanglois est le nom d'un vaisseau dont
parle Monstrelel. » Le dit messire Jaques aura du
« navire pour le port estant ù Croloy, c'est à sya-
» voir, la grande liulque, et la barge, 6'oZ/«/'rtH6'^o«s,
u Plumeterre, etc. » (Monstr. Vol. 11, fol. 9.)
2° Colin breiiot se trouve dans les Contes de
Cholières, T. 1, p. 271. « Il maugréoit colin hrenot,
" et ses quittances. »
3° Colin bridé. Jeu d'enfanL(3j. (Voy. Dicl. d'Oudin.)
11 est compris dans les jeux de Gargantua. (Voyez
Rabelais, T. 1, p. ITiO.)
4" Colin tampon désignoit autrefois la marche
des Suisses, d'où l'on a dit un gros colin tampon,
selon Oudin, Cur. Fr. (4)
Colinet, suhsl. masc. Diminutif de colin. 11 y
avoit un jeu d'enfant, peut-être le même que colin
bridé, qui se nommoit ostcs moi de colinet. Frois-
sart, parlant des jeux de son enfance, dit :
Juiens nous au Hoy qui ne ment,
Aux bares, et à l'agnelet,
A ostés moi de colinet.
Pots. MSS. p. 86, col. 2.
Colique, siibst. fém. Nous ne rapporterons, sur
ce mol subsistant, que quelques façons de parler
hors d'usage, dans lesquelles ilentroit.
1° On nommoit colique passion, une espèce de
colique particulière dont les douleurs sont très
aiguës. » La colique, dont avez esté tourmentée,
« ainsi que m'escrivez est appellée, par le commun
« peuple, colique passion, pour estre l'une des plus
« aiguës de toutes les autres. ■■ (Pasq. Œuv. Mesl.
page' 307.) C'est peut-être la même que la colique
bifieuse, ou de Poitou (5), maladie nouvelle en 1572,
et qui continua par intervalle jusqu'en IGOG. (Hist.
de Thou, liv. LIlll, p. .'j36.) « Le lièvre a un petit
« os, dedans la joincture des jambes, lequel est
« souverainement bon pour la colique passion{(Jt). »
(Fouilloux, Vénerie, fol. 62.)
2° Colique S' Matliurin se disoit pour folie, sot-
tise, bêtise, selon les Dict. d'Oudin et ses Cur. fr.
3" Vertu colique se prenoil pour la violence
d'une colique. ' Le ciel de lict tout enllé d'or, et
« de perles, n'a aucune vertu ti rappaiser les Iran-
« chées d'une vertu colique. >> (Ess. de Montaigne,
T. I, p. 447.) Peut-être faut-il lire verte colique,
violente colique.
4° Ou disoit : ■> Gens ([ui ont la colique h l'esto-
« mac, » c'est-à-dire, selon Uudin, « des sergens ;
« pour la ressemblance de leurs armes, ou'mar-
» ques, à une pierre appellée colique. » (Cur. Fr.
v.\ni.\NTEs :
COLIQUE. Orth. subsistante.
CoLLiQUE. Oudin, Dict.
Colis. [Intercalez Colis, coulisse, herse, comme
porte colaice : « Quant le suppliant fut hors de la
« bassecourt, apercent Jehan Boulengier... à la
« barrière du colis [du chastel de Fontenayj. »
(A. N. JJ. 161, p. 209, an. H06.)] (n. e.)
Colis cupidique. E.xpression obscène tirée du
mot latin colis. « Par expérience, nous trouvons
« que, lorstiu'on s'est delelé du colis cupidique.
« vous avez un esbiouyssement d'yeux. « (Contes
de Cholières, fol. 116.)
Colissé, adj. Ajusté en coulisse. « Fenestre,
« ou parement de fenestre de bois, à batomenl, ou
" entrelats, ou colissc:^ sur un pan de fust. ■■ (Conl.
de Reims, Gout.Gén. T. 1, p. 583.)
Collace. [Tnlercalez ro//rta', terre en mélayage,
comme le castillan colluTiU : « Item de vint et sis
« sols de cenz et de deus solz et oict deniers
« d'autre part sus le hébergement, qui fu Pierre
« Menier, et de douze deniers sus la collace, que il
« acquislrent de mons. Hugues de Boisse. ■■ (Hei;.
JJ. '(8, p. 222, an. 1312.)] (n. e.)
Collage , subst. masc. Terme de coutumes.
C'est un droit que le seigneur lève sur les luibitans
qui ont des bœufs doi:t ils se servent pour labourer
la terre. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) « Tous ceux de la
» dicte liberté et franchise, allans, ou venans, sont
« franchs de péage, collage, ou cornage, ou autres
« coustumes quelcoiu|ues , et toute la ville , et
" chastellenie de Ciiasteauneuf. « (LaThaum. Coul.
de Berry, p. 1G8.)
VARIANTES :
COLAGE. Laur. Gloss. du Dr. Fr.
Collage, Cornage. La Tliaum. Coût, do Berry, p. 168.
Collatéral, adj. Egal, collègue *. DépendauL
accessoire^. Parent par frères ou sœurs '^. Ces
significations viennent du sens propre du mot
latin, dont notre mol dérive : latus, côté.
* Collatéral ne se dit plus dans le premier sens.
(1) La poule d'eau se nomme colin noir. (n. e.)
(2) Ne faudrait-il pas lire câlin, paresseux, comme en Saintonge et en Poitou? (Favre, p. 69.) (N. E.)
(3) C'est le colin-maillard, (n. E.)
(4) u Ainsi le palalalalan a emprunté ce nom du tambour des François ; ainsi le colin tampon de celuy des Souisses. »
(Pasquier, Recherches, VIII, 6.) Voyez aussi les Mémoires de TEtat de France sous Charles IX, II, p. 208. (n. e.)
(5) Cette maladie date de 1572, et d'après de Thou (liv. I, IX) reparut tous les dix ans et toujours avec plus de violence
jusqu'en 1606. Les descriptions détaillées de cette maladie permettent de la confondre avec la colique de plomb ; elle était
probablement due à l'usage d'ustensiles en plomb, (n. e.)
(6) Voyez édition Favre, fol. 48, recto, (n. e.)
co
- 101 —
CO
On s'en servoit autrefois; par exemple: « Caracalla,
« non uontent d'estre collatéral à son père, le vou-
•> lut, pour son premier coup d'essay, supplanter
« de sa dignité impériale. » (t^etl. de Pasq. T. II,
p. 51!).) « Ces deux grands evesques, picquez d'une
« belle et sainte ambition, jouoient, chacun à qui
« mieux mieux, l'un pour eiive collatéral, et l'autre
<• pour n'avoir point de compagnon et pareil. »
(Pas(|. Recb. p. 140.)
Le litre d'assesseur de l'Inquisiteur, employé par
M. de Tliou, Hist. ï. IV, liv. XXXIV, page GTi est
rendu par le mot collatéral dans la Popeliniére.
René, roi de Sicile, duc d'Anjou, appelle l'arche-
vêque de Tours, « de son cœur collatéral anuj. »
(.Ms. du R. n" 7293, fol. 1.)
C'est en ce sens d'égal ou de collègue, qu'il faut
entendre le passage dé Monstrelet que nous allons
citer, et dans lequel les iionis propres sont miséra-
blement défigurés. Il rapporte la lettre du Grand
Turc écrite au pape en 1453; elle commence ainsi :
« Morbesan, seigneur es parties d'Achaye, fils de
« Horestes, avec ses frères, dont l'un est coUabu-
» labre, collatéraux, vellateurs, de urbaneus impe-
" râleur : au grand preslre rommain noslre, jouxtes
" ses mérites, salut. » (Monslr. Vol. III, fol. 61.)
^De là ce mot, dans une signification encore
plus figurée, signifioil dépendant, accessoire :
« J'ay promisd'escripre, de ung chacun conlendant,
« leurs fais particuliers, et non de leurs colîate-
« raulx. « iTri. des IX Preux, p. 73.)
'^ Collatéral, comme terme de généalogie, subsiste
encore pour désigner les degrés de parenté par
frères et sœurs, en ligne transversale, mais nous
ne devons pas oublier de remarquer que les mots
collatéral et latéral, suivant l'éditeurdeBouteiller,
se confondoient, de son temps, comme ayant la
même signification, et avoienl élé distingues autre-
fois. Collatéral signifioil, comme aujourd'hui, ceux
qui sont à côté de la ligne ou souche, comme les
oncles, tantes, neveux, cousins, latéral ceux qui
descendoient de frère ou de sœur. « Action pro-
« priétaire si est telle que, la propriété vient, et
« descend par .succession naturelle, si comme, par
« succession de droicte ligne, ou par ligne latéral,
» on collatéral. C'est à entendre droicte de père, ou
« de mère : latéral, si comme de frère, ou sœur;
« collatéral comme par oncles, ou par cousins. »
(Bout. Som. Rur. p. ICO. — Voyez Beauman. p. 84,
et Du Gange, aux mots Conlalera7nus et Collatores.)
Collaterallenient, adv. En ligne collatérale.
« Retraict se fera de l'immeuble qui aura escheu au
" vendeur par droicl de succession de ses père, ou
" mère, collatérallemenl d'autres siens parens. »
(Coût, de Bouill., au Nouv. Coût. Gén. T. H, p. 855.)
Collation, subst. fént. Conférence, entretien*.
Sermon, harangue ^. Compaiaison'^ (1).
*l>ans le premier sens de conférence, entrelien,
on lit: " Si eurent [dusieurs collations (2) de parle-
« mens ensemble. .■ (Froiss. liv. 111, p. 301.)
•l^ay en donnant, ce m'a .semblé,
Veu merveiUeuse vision :
D'un collège noir, et troublé,
Qui estoit à colhwioti,
Requerans à l'ugnicion.
Qu'elle fist des mauvais justice.
Euit. Desch. Pocs. MSS. p. 3j1, ool. ".!.
^ Collation se prenoit aussi pour harangue, dis-
cours oratoire (3). On a dit, en parlant d'un carême
qui avoil élé prêché devant !e roi : ■< Finée la col-
> lution, et prédication ... (Monstr. Vol. 1, fol. 160.)
Le duc d'Anjou ayant prononcé un arrêt liès-rigou-
reux contre la ville de Montpellier qui s'étoil
révoltée, .■ fut faite une collation, pai' un frère
« Jacobin, tout tendant affin de miséricorde. «
(Cliron. S' Denis, T. III, fol. 40.) On lit <■ collation
« à la luenge du Irespassé », pour oraison funèbre,
dans Monstrelet, Vol. III, fol. 30. Après l'offerte de
la messe des morts célébrée pour les chevaliers de
Croissant, « y aura une petite collation des bien-
« faits, honneurs; et vaillances de celuy, ou de
« ceux qui seront trespassez ■>. (La Colomb. Th.
d'honn. T. I, p. P21.) On lit à la marge collation,
prise ici pour oraison funèbre; mais la remarque
n'est pas exacte. Collation, dans cette phrase,
signifie en général discours, dont le reste de la
phrase indique le sujet.
•^ Le mot collation, pris dans le sens de compa-
raison, vérification de conformité, rend la foice du
mot latin eollatio dont il descend. On se sert
encore du mol collalion dans ce sens; de là est née
l'expression anciennement d'usage, en langage de
chancellerie, lettres par collation ou vidimu's (4).
(Miraumont, de la Chancellerie, fol. 25.)
VARIANTES :
COLLATION. Froissart, liv. III, p. 50.
CoLATioN. Froissart, liv. IIÎ, p. 301.
C0LL.\ci0N. Eust. Desch. Poës. MSS. f»351, col. 3.
Collature, subst. fém. Ce qui est coulé. Du
latin collare, passer au sas ou à l'étamine. « Quand
« le tout aura bouilly, passer les herbes, et dans la
» collature vous y dissoudrez deux onces de savon
" ordinaire. » (Salnove, Vénerie, p. 332.)
Collaudation, suhsl. fém. Louange. (Dicl. de
Colgrave, Oudin, et Rob. Estienne.)
Collauder, verbe. Louer, préconiseï-, vanter.
(Cl. Marot, p. 168, et les Marg. de la Marg. fol. 5.)
Indes cessés, Arabes, Sabiens
Tant rnllaiider vos mvrrhe, encens, ébène.
Rabtlais. T. Ul. [.. i'i.
cl) Le sens de repas se trouve en 1453 au reg. li. 182, p. 77 ; « Après qu'ils eurent tous soupe et ioué et raudé les uns.s
ayecques les autres,... ledit Beauchamp fist hucher pour faire collativn d'après soupper, les serviteurs estans audit cha<:tel
et les damoiselies avecques leurs chamberieres. » (n. e.)
(2) Voir ci dessus colacion. (n. e.)
(3) Voyez ci-dessus culacUm. (k. e.)
(4) On lit aux Ordonn. (VII, p. 706, an. 13(37) : « Que advocas ne plaideront causes, se ilz n'en ont fait paravant collacU,,, ■
et n en feiont collacwn en jugement ; mais se ilz la veuillent faire, yslront de l'auditoire. » (N. E )
co
10-2 —
co
VARIANTES :
COLU.\UDER Oudin, Nicot, Dicl.
COLAUDEH.
Collé, (tflj. Accolé. Terme de blason. « Le sei-
» gneui' t-le lîcarn, ((ui portoil d'or à deux vaches
a (le gueules, couronnées d'azur, et collés, etcou-
« pennées d'aigenl. » (Petit J. de Sainlré, p. 423.)
Tous ces mots sont estropiés, et les armoiries
mêmes mal hlasonnées.ll falloit dire: « d'or à deux
» vaches de gueules accornées, accolées et clari-
« nées d'azur. >■
Collectaire. ^intercalez Collectaire, livre de
pliures renfermant toutes les collectes de l'année :
« Un hreviaire, un petit collectaire. « (JJ. 154,
p. (39."», an. I3t»!».) On lit encore au reg. J.I. 147,
p. 233, an. 1395: » Icelle religieuse emporta avec
" elle un bréviaire ou colletere, et unes petites
" heures. ■■] (n. e.)
Collecter. [Intercalez Collecte)', recueillir:
" Lesquelles paines et amendes devant dictes sont
<■ collectées- au commendeuient de noz dis esche-
.. vins. » (Ord. V. 400, an. 1361.)] (n. e.)
Collecteui", subst. masc. Ce mot n'est plus en
usage que pour signifier celui qui est chargé de
lever les droits du roi; mais autrefois, il y avoit :
1° Des collecteurs nommés par les seigneurs
particuliers pour lever leurs droits. (Bout. Som.
Hur. p. m.)
•2" Des baillis, collecteurs héréditaires. Cette
(lualilication se trouve plusieurs fois dans les signa-
tures des procès-verbaux des coutumes. (Kouv.
Coût. Gén. T. I, p. 377.)
3" Des collecteurs de morte main. 11 en est fait
mention dans l'ordonnance de 1302, « portant
" règlement pour les officiers du Chastelet ». (Oi'd.
des R. de Fr. T. I, p. 353.)
Collectiers , subst. masc. plur. Corps de
métier. « L'enqnesle estoit sçeue, et gettée des
« Gandois sur les quatre mestiers de Bruges, col-
" lectiers, verriers, bouchers, et poissonniers, à
« tous les occire, sans déport, pour tant qu'ils
" avoyent toujours esté de la faveur du comte de
o Flandres » (Froissari, liv. Il, p. 183.) L'éditeur
remarque sur collectiers (1) que si l'auteur ne prend
ce mot pour corroyeurs ou cordonniers., il ne l'en-
lend point.
Collection, subst. fém. Table, récapitulation.
Ce mot subsiste; mais on ne dit plus collection des
matières, pour récapitulation, table des matières.
(Voyez Contred. de Songecr. fol. 189.)
CoUectui'e, subst. fém. Collection, recueil.
Composer un livre, c'est arranger les idées que
l'on a recueillies sur un même sujet; de là, faire
colleclure d'un livre, pour le composer.
Ne vous faschez de mon petit sçavoir,
Qu'ay applicqué, en faisant colleclure.
De ce libvret, dont vous orrez lecture.
Faifeu, p. H.
Collefjat, subst. masc. Collègue du légal.
« IL d'Armagnac archevêque d'Aix, collegat d'Àvi-
» gnon, commandoit pour le roy en Provence. »
(Voyez Mém. de Villeroy, T. V, p. 227.)
(iollége, subst. masc. Collège*. Corps, société,
ordre ^. Ce mot subsiste dans ces deux sens ; mais
nous remarquerons des dilTérences, pour le pre-
mier sens, dans l'orthographe seulement; pour le
second, dans l'étendue de l'acceplion.
'■Collège, pris pour un lieu public où l'on ensei-
gne, s'écrivoit autrefois colliége (Rabelais, T. I,
p. 236; eicolliaige (Vig. de Charles VII, T. II, p. 27.)
^ Co//e^e(2), pris pour ordre, corps, etc., s'est écrit
aussi colliége; mais ce qu'il y a de plus important,
c'est que, non-seulement on l'appliquoit comme
aujourd'hui à certains corps, mais à tout corps en
général, aux ordres ecclésiastiques ou religieux,
aux compagnies des magistrats, aux corps de villes,
même aux corps de méliers ou simplement aux
assemblées en général, comme l'interprète leGloss.
de Marot, p. 45.
^'ous allons justifier tout cela par des exemples.
Dans la Chron. de S' Denis, on lit que Charles V fit
donner, pour la naissance de son fds, en 1368,
« 20 mille florins, ou nlus aux collèges de Paris ».
(Chron. S' Denis, T. III, fol. 8.) On trouve aux
ordres de Paris, dans le même endroit de la Chron.
de Nangis : « .\ux funérailles de la reyne Jeanne
« femme de Charles V, esloient tous les collèges, et
'■ ordres mendians de Paris. >• (Chron. .S" Denis,
T. III, fol. 37.) On a dit un collège de religieux de
l'observance de S' Dominique. (J. d'Auton, Ann. de
Louis XII, p. 107, an 1502.) On voit (ibid. p. 83)
« près de Pavie, est la Chartreuse, qui est un des
(t) Voir plus haut ei^Ieliers. (N. E.)
ri) « Les collèges n'étaient à l'origine que des pensions exclusivement habitées par des boursiers. On fondait huit
bourses, dix bourses, avec un très-petit revenu pour chacune, quelquefois deux sous , trois sous parisis par semaine.
C'était une œuvre pie. comme la fondation d'un hôpital. Le colléijç de Saint Thomas du Louvre , dont la création remonte
au XII' siècle, était à la l'ois hôpital et collccje ; il finit par n'être qu'un couvent. Les boursiers demeuraient ensemble dans
les bâtiments du ro/te/e et y prenaient leur pension, sous le gouvernement d'un principal, assisté le plus souvent d'un
sous-maître. Quand le collège était plus important, le fondateur y ajoutait un ou plusieurs chapelains ; il n'y avait d'ailleurs
nul enseignement ; les étudiants fréquentaient les écoles de la rue de Fouarre... l'eu à peu l'usage se répandit d'ouvrir des
classes dans les collèges, qu'on appelait les collèges célèbres. Il v eut alors les petits collèges, qui n'étaient que des pensions
de boursiers ; des collèges, d'une importance intermédiaire, oii l'on faisait à l'intérieur quelques classes d'humanités , sauf
à aller chercher au dehors l'enseignement des classes supérieures et enfin les collèges célèbres , qui prirent le nom de
collèges de plein exercice, et où l'enseignement était complet, comprenant les arts ou humanités, c'est-à-dire la grammaire,
la logique et la théologie. » (.T. Simon, Réforme de renseignement secondaire, p. 20l)-'2l)2,) — Dans les derniers temps, le
nombre des f()//«f/cs de plein exercice se trouva réduit à dix : les (■.(/'t'jc.'j d'Harcourt . du Cardinal Leraoine , de Navarre,
de Montaigu, du Plessis, de Lisieux, de la Marche, des Grassins, de Mazarin (ou des Quatre Nations; et de Louis-le -Grand
(OU de Clermont). (n. e.)
co
103 -
co
« plus excellens, el soaiplueux collèges de loute la
« chielleiilé. »
On dislintiuoit collèges calliedvuux, el collégiaux.
(Froiss. liv. IV, p. 13.) « A l'enti-ée de la reyne Isabelle
« dans pMris, en -138!), ilevanl l'église Nostre-Dame,
« en la place, révesqne de Paris esloil revéln des
« armes noslre Seigneur, el loul le collège aussi,
« où moult avoit grand clergé, et la descendit la
<■ royne. » (Ibid. p. 4 (!).) « Louis douze démembra la
■' Guyenne, et érigea un autre parlement à Rour-
<. deaux, en fan 140î>, à Grenoble en Daupbino un
" autre par Louis XL Tan L-ir)3, qui s"ap|i(;lloit le
« collège (]es juges, auparavant conseil érigé par
« Humbert, ou Hubet daupbin de Viennois. "
(Miraum. des Cours souver. p. 03.)Eiist.Descbamps,
déclamant contre le mauvais gouvernement du
royaume, qu"il désigne sous le nom du Lion, s'ex-
prime ainsi :
... Le parlement des bestes,
Ou il ot Ix, el X testes
Fut divisez, et en trois corps. . .
. . . L'un des corps, qui fut premiers,
Conservoit, des officiers
D'entour le roy, les privilèges :
Li second des autres collèges (2).
Eust. Dcsch. Pues. MSS. fol. 465, col. 2.
" Pour avoir collège, ne faut avoir que assemblée
' de trois, el non de moins. » (Bout. Som. Rur.
p. 790.) « En privilège, est communément contenu
'• plusieurs cboses, touclians les estais des villes, ou
« collèges qui les privilèges ont, qui n'est pas de
« nécessité de monstier. » fibid. p. 637.) « Dans la
« susdite vide, il y a un collège d'hommes, que l'on
« nomme arpenteurs, diviseurs, ou experts, qui.
" par chacun an, sont renouveliez par la loy. »
(Coul. de iNieuport, Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 737.)
On disoil droit de collège, pour commune ou
communauté. (Voyez La Thaumass. Coul. de Berrv,
p. 240.)
VARIAXTES :
COLLÈGE. Orth. subsistante.
CoLLiEGE. J. d'Auton, Ann. de Louis XH, fol. 75.
CoLL£AGE. Vig. de Charles VII, T. II, p. 27.
Collégial, adj. Nous disons église collégiale,
mais nous ne disons plus collégial. On employoil
autrefois ce mol comme épithète de chanoine, pour
distinguer le chanoine d'une collégiale, du cathe-
dral, ou du chanoine d'unr cathédrale. (Eust.
Desch. Poës. .mss. fol. 40.". (3).j
On disoit aussi, au pluriel, collégiaux, et l'on
donnoit ti Toulouse ce nom à ceux qu'on appeloil
boursiers. Pasquier, parlant de la fondation faite
dans les collèges pour les écoliers pauvres. » Ces
« escoliers furent en la ville de Tholose appeliez
« collégiaux (i), comme enfans des collèges, et, en
" l'université de Paris boursiers, comme eslans
« nourris, et aliuienlez de la bourse commune de
« leurs fondateurs. >■ (Pasq. liech. p. 701.)
Collégiallenient, adv. Conjointement. En
commun. ■• Les curtz, cbappellains, et autres bene-
« ficiei's gouvernaus en particulier, el non collé-
" gialemenl, etc. (Coul. de Hainaull, Nouv. Coul.
Gén. T. Il, p. 134.)
Collegiate, adj. nu fém. Collégiale. On trouve
église collegiate, dans le Coût. Gén. T. Il, p. 1053.
Colléfiié, adj. Associé. Du mot collège ci-des-
sus, pour .société. François Chevalier, qui vivoit
vers quinze cenl cinquante, prend, dans le litre
d'un rondeau, la qualité de collégié du collège de
Foix à Tholose. (Gonj. Bibl. fr. T. XI, p. 102.)
Collégien, subsl. masc. Chanoine d'un collé-
giale. Le nom générique de collégien étoit autre-
fois particulièrement affecté aux chanoines d'une
cathédrale.
En cel temps, les processions,
Chanoinnes, et collégiens
Alerent, de toute partie,
.V grant doulor, etc.
Hisl. de Fr. à la suilc du Rom. de Fauve), fol. 88.
Colleniant, subsl. masc. L'action de coller. En
latin coagmentalio. (Dict. de Monet. — Voy. Nicot,
Rob. Eslienne, Oudin, el Cotgrave.)
Coller, verbe. On a dit, en termes de marine,
coller les voiles, pour tendre, déployer les voiles.
« S'en partirent del port : si collèrent lor (5) voilles,
" et s'en allèrent. » (ViUehard. p. 155.)
Collei'age, sul)St. masc. Droit sur le vin. On
lit, en ce sens, droit de tirage, et de collerage,
dans Laur. Gloss. du Dr. fr. (Voyez Colgrave et
Oudin.)
Collerette, sî;?;s/. fém. Faux camail de mailles.
(Voyez Gloss. de l'IIisl. de Bretagne.) C'est dans ce
sens qu'il faut entendre le passage suivant: « Item
« 3. coleretles Pizaines (0) dejazeran (ponrgorgerin,
" ou hausse col) d'acier», dans un In vent.' d'ar-
mures, cité par Du Cange, au mot Armalura (7). Le
mol collerette subsiste; mais ce n'est que pour
désigner un ajustement de femmes.
VARIANTES :
COLLERETTE. Orth. subsistante.
CoLERETTE. Oudin, Dict.
Collereus, adj. Sujet à la colique. Tourmenlé
de colique.
j'estoie plus dolereus,
Que ne soit vos corps collereus.
Froissarl. Po.'s. MSS. y. 104. col. 2.
Collerie, sul>sl. fém. Bourde, mensonge.
(i) Comparez éd. Kervyn, XIV, 12. (N. E.)
(2) Au fol. .524, il écrit : « Plus n'ont nulles élections Les abbayes, les collèges, Abatu sont les privilèges. » (N. E.)
(3) « Chantres, doyens, princes chanoines. Cathedraulx et coUegiaulx, Registreurs et officiaulx. » (N. E.)
(4) On les nommait aussi eoliegeals. (Voir Du Cange sous collegiali.) (N. E.)
(5) Voir éd. de Wailly (§ 377, §379) ; entendez roulèrent, que donnent d'autres mmss. (n. e.)
(6) De Pise. (n. e.)
(7) Du Cange, II, 308, col. 3. (x. k ;
co
— 104 -
co
Pierre nrosnot, faisant allusion au nom du poëte
Roger de Collerye, a dit :
Maistre Uoger de Collerye
C'est un docteur de rollerie,
A faire épistres, et rondeaux :
Il les compose très fort beaux.
Couj, liiljl. T. X, \i. 38;î.
Dans le langage bas et trivial, ou dit encore une
coHe (I), pour un mensonge.
«jlollcrs, subst. masc. plur. Ce mot, dans le
passage suivant, paroit signifier un oiseau bon à
manger :
Jambons et oz, corz, piez rostiz
Plouviers, et collers en hastiz.
Bal. de Quar. MS. de S. Germ. fol. fll, V col. 2.
Colles, subst. fétu. plur. Flegmes, crachats *.
.leunes tailles^ ("2).
*0n a dit. au premier sens, en style burlesque
ou bus : ■ il soupire, et en soupirant jette des
« colles plus grandes ([ue liuilres, ou médailles
.. antiques. » 'ilerl. Cocaie, T. I, p. 177.)
^ On appeloit les bois taillis nouvellement coupés
jeunes colles de bois -. Nous disons jeunes tailles.
Que nul ne laisse ses chevaux, jumens, beste à
' corne, boucq, chèvre, ne autre, aller brouster es
" jardins, bayes nouvelles, taillées, el jeunes colles
" de bois, etc. ■■ (Coût, de Mous, Coût. Cén. T. I,
11. 833.)
Collet, subst. masc. (3) ^ous ne rapporterons,
sur ce mot subsistant, que deux passages qui rappel-
lent quelques-uns de nos anciens usages :
Le [iremier est de Rabelais : « Les damoiselles
" de ceste ville avoient trouvé, par instigation du
« diable d'enfer, une manière de collets, ov cache
« coulx à la haulte façon, qui leur cacboient si bien
» les seins, que l'on n'y pouvoit plus mettre la
" main par dessoubs; car la fente d'iceulx elles
" avoient mise par derrière, et estoient tous clos
« par devant, dont les paovres amans, dolens, con-
« templalifs, n"estoienl bien contens. » (Rabelais,
T. II, p. !7i.)
Le si^cond passage est de Montaigne. Il nous
apprend l'usage oîi l'on étoil autrefois de porter
des collets remplis de tleurs odorilV'rantes, comme
sont nos sachets. L'babitude d'une chose nous la
rend insensible. « Mon collet de fleurs sert à mon
« nez, mais, après ijue je m'en suis vestu trois
« jours de suitle, il ne sert qu'aux nez des assis-
« tants. " (Essais de Montaigne, T. 1, p. Hl.)
On disoit se Joindre collet à collet, pour corps à
corps. (Voyez .Mém. de Monlluc, T. 1, p. 450.) ">'ous
disons aujourd'hui se colleter.
CoUetage, subst. masc. Tailles, aides, sub-
sides. Droits qu'on lève sur le peuple. (Cotgrave,
Dict. ; Laur. Gloss. du Dr.fr.; Monstrelet, Vol. I,
fol. 131 ; Du Catige au mot Collectio, sous oollecfai,
II, 430, col t>.)
v.\RiANTi:s :
COLLETAGE, Collf.ctage, Colletaige.
Colletin, subst. masc. Pourpoint sans man-
ches. Ce mot se trouve encore employé dans nos
dictionnaires modernes. « C'est un simple pour-
" point, ou saie sans manche, de peau, cuir, ou
" autre élotfe ", selon Moiiet, Dict. (Voyez Oudin et
Cotgrave, Dicl.,
1. Collette, subst. fém. Nom propre. Faire la
sœur Collette, ancienne façon de parler qui répond
à ces expressions populaires : faire la sucrée,
la sainte ÏNitouche.
Qu'on luy parle d'amoiirette.
Elle l'ait la sœur CoUettr,
I,a mignonne, el la doucette,
Gomme une simple nonette.
Pois de Pcrriii, p. îto.
2 Collette, SH/^sL/'e'm. Collecte. Peut-être faut-il
entendre parce mol, qu'on trouve dans des lettres
écrites par des écoliers d'Orléans à leurs pères,
une espèce d'imposition qu'ils étoient obligés de
payer.
Et pour mes coUeUea paier.
Et la burette, et an barbier.
Eusl. Desch. Poès. MSS. fol. 45:!. col. t.
Colleus, subst. masc. Trompeur. Ce mot est
forme de colle, qui, en langage lias et populaire,
signifie encore aujourd'hui bourde, tromperie.
(Falconnet.)
Donc envoia, en pUisors lews,
Ses espies, et ses colleiis.
Rom. de Ruu, MS. p. 1G5.
CoUeiix, adj. Qui colle. (Dicl. de Cotgrave.)
On a dit glue colleuse. (Epith. de M. de La Porte.'
Collier, subst. masc. Ornement propre aux
hommes *. Partie d'une armure ^. Colet, lacet '^.
Partie du cerf. Ce mot, qui subsiste sous cette
orthographe, conserve plusieurs acceptions. Nous
ne parlerons que de celles qui sont hors d'usage.
* Au premier sens, le collier désignoit un orne-
ment que les hommes portoient au cou. La dame
qui aimoit le jeune Sainlré lui dit : » Vous aurez
« collier, et chaîne, ceintures de Bahaigne (Bohême)
« robbe de damas, et autres biens assez ; mais que
" soyez loyal, secret, et homme de bien. » (Petit J.
de sàintré, p. 110.)
^ C'éloit aussi la partie de l'armure qui couvroit
le cou. « Harnois d'acier de double trempe, bain,
'■ blanc, et bruni, tous accomplitz de toutes pièces
« de heaumes, avec les pennaches, visières, men-
« tonniercs, et barbutes, gorgerains, jaserans, col-
« tiers, haules pièces, avant-bras, ganteletz, etc. »
(Alect. Rom. fol. 79. — Voyez ci-dessus Coi..)
^ On s'en servoit encore, pour signifier un petit
(I) Voyez ce mot. (n. e.)
(2^ Colle a le sens de menterie depui-s le xv siècle : « Dames ne sont mie si lourdes... Pour leur faire acroire merveilles.
Elles changent si souvent leurs colins. » (Al. (Hiartier, la Belle Dame sans mercy.) Oudin (Curies, fr.) relève l'exiiression
suivante : « Donner on ficher la colle. » (n. e.)
(.3) Voyez colcl. (y. e.)
co
105 —
co
filet de corde ou de crin, avec un nœud coulant,
tendu dans un passage étroit, avec lequel les lapins,
les chats, etc., se prennent par le col quand ils y
passent. Ce mot est employé figurément dans ces
vers :
. . . fortune le retorne, et le ratrape,
Se li brise le col en coiier (1), ou en trape.
Fabl. MSS. du R. n- 1218, fol. 21S, R' col. 2 (2).
VARIANTES (3) :
COLLIER. Orlh. subsistante.
COLIER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 248.
CouLLiER. Modus et Racio, MS. fol. 50, R".
Colliere, subst. féiii. Collier. Partie du Iiarnois
d'un cheval de trait : « Pour 6 pièces de camocas
« blans à faire '2 harnois de cheval ; c'est assavier
« (à sçavoir) colliere, crupiere, bannière, panon-
« ceaux et tanicle. » (Compte de 131C, cité par
Du Cange, au mot Tunica.) Dans un inventaire
d'armures et équipages, ou trouve : <■ deux paires
« de couvertures batues, et une coliere des armes
« le roy. » (Id. au mot Armatura.)
VARIANTES :
COLLIERE. Du Gange, Glcss. lat. au mot Tunica.
CoLiERK. Id ibid. au mot Ar7naliifa.
CoUigance, subst. fém. Liaison, collection (4;.
(Dict. de'Cotgrave.)
VARIA.NTES :
COLLIGANCE, Colligence.
COLLIGUANCE. Rabelais, T. III, p. 20.
Collision, subst. fém. Terme de grammaire.
Ce mot, qui subsiste avec la signincalion de choc,
frottement, désigne, selon Fabri, le défaut d'une
phrase dont tous les mots qui s'y trouvent com-
mencent par un S. (Voyez Fabri, Art. de P.hélor.
fol. 62, V°, à l'article cblision, où il renvoie aux
ballades de Mtisnier faictes de Paris à Rotien, avVicle
j'renum.)
Nous remarquerons (|ue tout ceci prouve l'igno-
rance de Fabri, qui a appliqué ce mot mal à propos
pour désigner ce que Marlianus Capella exprime
mieux par le nom Polijsigina. Dolel emploie ce mot
pour élision, synalèphe, \i2.ure ([ui mange la voyelle
dans la prononciation seufemenl, à la différence de
l'apostrLqihe ([ui la supprime dans l'écriture. (Dolet,
des Accents françois, p. 2S'2 etss. — Voyez ci-après
SVNAI.EPIIE.)
VARIANTES :
COLLISION. Orth. subsistante.
CoLisiON. Fabri, Art. de Rhét. fol. 62, V».
COLLISSION.
Colli-torti. On disoit aussi tortl-colli, pour col
de travers, vulgairement torticolis. (Voyez Bouchel,
Serées, liv. I, p. 37, et Torticolis ci-après.)
Collocution, subst. fém. Colloque, entretien.
Conférence. - Si j'avoye eu autant de collocution à
« une personne, j'en soroye plus fier, et plus che-
« valereux en la journée. » (Percef. Vol. 3, fol. 135.)
Collogne, subst. fém. Nom de lieu. Nous ne
le citons que pour remarquer ces proverbes. On a
dit :
1" Espée de Collogne. (Prov. à la suite des Poës.
MSS. avant 1300, T. IV, p. 1652.) (5)
2° Broignes de Queneloigne, pour cuirasses de
Cologne.
3° On disoit aussi :
Se il fust fins amans, ne l'feist por Couloingne.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 260, V col. 2.
C'est-à-dire ne l'eut pas fait pour un empire.
VARIANTES :
COLLOGNE. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1652.
COULOIGXE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 269, V» col. 3.
Kalogne. l'h. Mouskes, MS. p. 294.
Queneloigne. Blanch. MS. de S. G. fol. 190, V» col. 3.
QUENELEX.
Gollogiii. [Intercalez Collogui, louage, conven-
tion, dans un texte semi- provençal du i-eg. ,I.J. 187,
p. 4!), an. 14.")7: ■■ Item es ordenat que nul maisire
<> de la présent civital ne aie à bailler par maniera
« de collogui ny arenda, ny bailler pour gouverner
« à aucun varlet ou maistre dudit mèstier son
« abrador. »] (n. e.)
CoUonnette, subst. fém. Diminutif de co-
lonne.
La base d'une coUonnetic.
Pops, de Rem. Bellcau, T. I, p. .55.
Colloque, subst. mase. Ce mot paroi; avoir été
nouvellement introduit du temps de Montluc, qui
dit, en parlant des troubles de la religion : <• Voyois
" aussi des noms estranges de surveillons, diacres,
« consistoires, synodes, colloques, n'ayant jamais
>' esté déjeusné de telles viandes. » (Mém. de Mont-
luc, T. Il, p. 3, an 1500.)
CoUoquer, verbe. Etablir, marier. (Gloss. de
Marot.) Brantôme, parlant de l'alfachement qu'Isa-
belle d'Autriche, femme de Charles IX, avoit eu
pour la France, ajoute: •■ Voilà la bonté de celte
" bonne princesse, à l'endroit du pays où elle avoit
" eslccolloquéeîG). « (Branl. Dames uail. T. ii, p. 90.)
Colliiche, subst. fém. Nom factice. Voici le
passage où nous le trouvons : » Estoit au front
« devant dame Ameline, pinchevcel et colluche
« perée, dame Ameline la rechignée, et plusieurs
« autres vaillans femmes, et sages es ars de Sor-
« chérie, de quaraux, de maquelerie. » (Modus et
Bacio, MS. fol. 297.)
(1) Ce sens est aussi dans Montaigne (II, 170) : « Une chasse qui se conduict plus par subtilité que par force , comme
celle des coHers. » (n. e.)
(2) Voyez colcr et la note 1, p. 98; colins et la note 2, p. 99. .Au xiii« siècle, on appela collier une courte pèlerine couvrant
les épaules. (Quicherat, Costume, 196, 197.) (N. E.)
(3) La forme coler est dans Partonopex (v. 18 19). (N. E.)
(4) On lit dans Christine de Pisan (ch. V, II, 63) : « Toutes choses sont jà mises en ordre, et en cel ordre a telle colliguence
que les unes sont subgiectes aux antres. » (N. E.)
(5) Voyez le Dit de 1 .Apostoile (xiw siècle) et Leroux de Lincy (I, 284). (N. E.)
(6) C'est déjà le sens dans Oresme (v. Thèse de Meunier) : « Tous ceulx qui sont colloquez et demeurans environ
la mer. » (n. e.)
IV- 14
co
106
GO
Collucté, adj. Luté, joint. (Wct. de Borel,
l"'arid.)
Collusion, subst. fém. Complot. Ce mot sub-
siste comme terme de pratique. 11 étoit d'un usage
plus étendu. » Après laquelle composition, ou pour
" mieux dire collusion, les deux caporaux en aver-
« tirent du Bellay i^ouverneur de Turin. » (Mém.
du Bellay, liv. IX, fol. 299.)
Colo, subsl. fém. Société d'artisan. Mot langue-
docien, selon Borel, au mot Cole. » C'est une ti'oupe
•' d'artisans liguez ensemble, pour entreprendre
" quelque ouvrage de leur meslier. «
Colobe, subst. Espèce de pourpoint. Sorte de
camisole sans manches, ou avec des manches fort
courtes, selon la description qu'en donneDuCange,
au mot Colobium; tunica, sine manicis,vel saltem
brevioribus.
Cologuon. (Voyez Coloigne.)
Coloié, partie. Frappé. Du mol col, pris dans
le sens de coup. (Voyez ci-après Colt.)
Diex qui fustes pris à la Çaine (Cœna),
A grant dolor, et à grant paine,
Fuies batus, et coloiez,
Et escopiz, et iedengiers.
Fabl. MSS. du R. »• 7218, fol col. 1.
1. Coloier, verbe. Cultiver (l). Du latin cotor. Ce
mot paroit employé en ce sens, dans ce passage :
Qui moult sovent a foloié,
Desor à bien fere colie.
Et si a tant coloié
Que la virge nete, et polie
L'a si enoint et oloié
Qu'il a trové rime jolie.
Fabl. MSS. du R. n- 1-218, fol. 180, R- col. I.
2. Coloier. [Intercalez Coloier, donner des
colées (Du Gange, II. 425, col. I):
Je r vi liui main si coloier
Et escoupir et laidengier.
Cette citation doit être extraite du même ouvrage
que la précédente.] (n. e.)
Coloigne, subst. [cm. Quenouille.
Et besche, et coloigne (2), et fusel.
Leur apporta pour labourer.
Rom. de la Violelte, cité par Du Gange au mot Conitcula.
Femme trouvay, enmy ma voye,
Dont l'une filloit sa coulongne.
Eusl. Deschamps, Poës. MSS. fol. 110, col. 4.
De ce mot, sans doute, on a formé cologuon, qui
signifie filasse en lyonnois.
VARIANTES :
COLOIGNE. Du Gange, au mot Coiiucula.
Coulongne. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. HO, col.i.
CoNOiLLE. Modus et Racio, MS. fol. 297, R».
Kenoille. Fabl. MSS. du R. n" 7989, fol. 212, V" col. 1.
Colomb, sulist. viase. Pigeon. (Voyez Borel, au
mot Colombeaux .) " Le roy Jean, l'an 1390, institua
« l'ordre des chevaliers du S' Esprit : et fit faire
" des colliers d'or, en forme de rais du soleil, dont
« pendoit un colomb blanc, etc. ■> (Belay, Orig. de
la Cheval, p. 3.31.)
Les longs baisers des colombs amoureux,
Par leur plaisir, firent croistre ma peine.
Œuv. de Joach. Du Bellay, p. 17.
Un poëte, s'adressant à la S" Vierge, dit :
Tu es le coulon sans amer,
Qui porte aux chetis lor message.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 179, V col. 1.
Il paroit difficile de donner la raison pour
laquelle S" Geneviève et S' .lean sont si singuliè-
rement désignés dans ces vers :
S"^ Geneviève aus coulons (3),
Et vous S' Jehans U roons, etc.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol, 232, V col. 2.
VARIANTES (A) :
COLOMB. Du Dellay. p, 71.
Colon. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 202.
CoLUMB. Nicot, Oudin, Dicl.
CoLOMP. Modus et Racio, MS. fol. VSi, V°.
Coulomb. Clém. Marot, p. 236.
CouLOMP. Modus et Racio, MS. fol. 172, R*.
Coulon. Coquillart, p. 75 (5).
CouLLON. Cotgrave, Dict.
Colons. Estrub. Fabl. MSS. du R. n» 799(5, p. 88.
Colomba, subst. nuise. On appelle ainsi, dans
quelques cantons d'Auvergne, une espèce de pains
ou gâteaux que les parrains ou marraines donnent
tous les ans, la veille de Noël, aux enfans qu'ils
ont tenus sur les fonts baptismaux. Du Gange, au
mot Pompa 2, conjecture que ces gâteaux étoient
ainsi nommés de ce qu'ils étoient faits en forme de
pigeon.
Colombage, subst. musc. Cloison de mortier
ou de terre. (Dict. d'Oudin.) Il auroit mieux dit
cloison de charpente, vrai sens de ce mot encore
en usage, comme terme de charpenlerie (6).
Colombain, adj. Qui tient du pigeon. Qui est
de la nature du eolomb, aujourd'hui pigeon de cou-
leur; gorge de pigeon. (Cotgrave, Oudin, Dict.;
Epith. de M. de La Porte.)
VARIANTES :
COLOMBAIN.
CoLOMBiN. Oudin, Dict.
CouLOMBiN. Id. ibid.
Colombe, subst. fém. Colonne. C'est la vraie
signification de ce mot, selon son étymologie, du
latin eolumna ; mais il ne subsiste plus que pour
(1) Voyez plus haut Collier, (n. e.)
(2) Au reg. JJ. 86, p. 77, an. 1358, on lit: « Et lors quant ladite .Tehanne oy ces paroles , prist sa coloiyve et en feri le
suppliant trois coups sur la teste. » Au reg. JJ. 108, p. 371, an. 1370, on lit encore : « Ledit Guiot print une quelongne de
cane, de laquelle il la fery plusieurs cops, tant que ladite quelonrjne brisa sur elle. » (n. e.)
(3) Il y avait sur la montagne S'" Geneviève un hôtel dit des Coulons. (Voir Quicherat, Hist. de S"= Barbe.) — S' Jean le
Rond étail une chapelle située à gauche du portail de Notre-Dame. (n. e.)
(4) On lit déjà dans Eulalie : « In figure de colotnb volât à ciel. » (N. e.)
(5) Cette forme est dans la Rose, v. 120i, et dans Joinville (S 163), et dans Froissart, éd. Kervyn (.K, 169). (N. E.)
(6) On lit au reg. JJ. 207, p. 54, an. 1480 : k Guillaume le Royer avoit marchandé faire de son mestier de sayeur de bois
cent toises de repartaige, partie chevrons à maison, et partie à coulombage. » (n. e.)
GO
107 —
GO
(U^signer les solives posées perpendiculairement et
en forme de colonnes, pour faire des murs ou cloi-
sons. Autrefois, on disoil colombe, pour colonne.
« Le lièrent h une co/omfce. >> (Chron. de S' Denis,
T. I, fol. 30.)
S'a une église, j» 1' vos di,
Sor bieles colombes de marbre.
Ph. Mouskcs, MS. p. 271.
" Colomneque aucuns appellent le Perjurrere. »
Nom de lieu, peut-être à cause d'une colonne élevée
en mémoire de quelque parjure. (Perard, Hist. de
Bourg-, p. 503, til de l'iGl.)
On le disoil même, au figuré, pour désigner ce
que, dans un livre, nous appelons colonnes. On lit:
Un écrit à deux colombes, dans l'Inventaire des
livres de Charles V, art. 78.
On pourroil l'expliquer par appui, soutien, dans
ces vers, où il est employé figurément :
Hé bons roi Loeys, mireor de justice,
Soustenans et colombe de toute sainte yglise.
Fabl. MSS. du R. n" 7218. fol. 3i0, V col. 2.
Dans les Contes d'Eutrapel. on lit coulonne, et il
semble marqué comme un mot peu usité alors.
VARIANTKS :
COLOMBE. Ph. Mouskes. MS. p. 274.
Cor.OMNE. Perard, Hist. de Bourg, p. 503.
CouLOMBE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 50G, col. 4.
Colombes. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 26 (1).
C.OLUMPNE. Villehardouin, p. 127 (2).
CouLUMNE. Crétin, p. 58.
CouLO.MNE. Oudin, Nicot, Dict.
Coulonne. Contes d'Eutrapel.
Colombeau, subst. masc. Jeune pigeon. (Cot-
grave et Borel. Dict.)
Or suis devenus coulombiaiix (3),
Je ne puis mais fors que baisier.
Eust. Doscli. Poi's. MSS. fol. 333. col. 2.
On nommoit, selon Borel, étoffe à colombean.r,
une étoffe où il yavoitdes figures de pigeon ; licite
Perceval, dans son Dict.
VATUANTES :
COLOMBEAU. Dict. d'Oudin.
(looLOMBiAU. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. .33.3, col. 2.
Colombel. [Intercalez Colombel, jambage de
porte: •> Icellui Huguenin d'une coigne qu'il tenoit,
■■ se print h fcrir h un colombel, à quoi l'huis de
<• l'entrée d'icelle maison se fermoit, et y frapa
" plusieurs coups, tant oudit colombel comme au
" sueil de dessoubz. ■• (.IJ. 145, p. 33, an. 13S)3.) On
Irouve aussi colomheys: « Icellui prisonnier des-
" sevra un colombcys de bois piastre, qui faisoit
' closlure en partie desdittes prisons » (JJ. 148,
p. 195, an. 1305.) Coulumbe se rencontré aussi:
■• Lesdiz variés prirent une eschielle pour vouloir
•■ entrer dedens ledit eslage, et emporter la cou-
'■ tombe ou le maislre huis. >• (JJ. Hi, p. 185,
an. 139'>.)](.N. e.)
Colombelle, subst. fém. Diminutif de colombe.
(Cotgrave, Dict. ; Epith. de M. de La Porte.)
Toute belle, colombelle,
Passerelle, tourterelle,
Pot's. de ^acq. Tahoreau, p. 270.
Il semble qu'on n'ait dit coulombel au féminin
que pour la rime (4) :
Simple comme est une coulombel,
Et debonere comme a'ingnel.
Fabl. MSS. du R. n- 721S, fol, 20i, V col. 1.
VARIANTES :
COLOMBELLE. Giles Dur. à la suite de Bonnef. p. 270.
CoLUMBELLE. Crétin, p. 12.
Coulombel. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 204, 'V» col. 1.
Colombellement, adv. Comme la colombe.
(En latin columbatim.)
Baise moy tost roignardement,
Baise moy colombellement.
Poes. de Jacq. Tahur. p. 271.
Colomier. [Intercalez Colomier, colombier au
reg. JJ. 108, p. 135, an. 1375 : « Item eu ce mesmes
« lieu [de Glon] un colomier assiz ou pourpris de
» ladite maison. »] (n. e.)
Colomneux. adj. Plein de colonnes. (Dict. de
Cotgrave et d'Oudin.)
variantes :
COLOMNEUX. Oudin, Diot.
COLO.MXEUS. Epith. de La Porte.
COULONNEUS. Ibid.
Colon, subst. masc. Cultivateur, métayer (3).
o Les colons, ou conducteurs d'aucun héritage, ne
« peuvent intervertir la possession du proprié-
« taire. >■ (Coût, de Meleun, Coût. Gén. T. I, p. 109.)
On écrit colonne, dans la Coût, de Bueil, au Nouv.
Coût. Gén. T. II, p. l'235, où l'on appelle di'oit de
colonne ce que quelques autres coutumes nomment
mieux droit de colon, la portion qui appartient au
colon, à celui qui a cultivé et ensemencé la terre.
(Voyez la Coût, de Touraine.)
Colonel, subst. inasc. Le mol colonel, suivant
Brantôme, n'étoit pas encore en usage, du temps
du chevalier Bayard. On peut voir dans cet auteur
les reproches qu'il fait aux écrivains qui, remon-
tant jusqu'à celle époque et parlant des anciens
temps de notre milice, appliquoient le mot de
colonel à des commandans de corps, qui n'avoient
jamais eu que le titre de capitaines; cependant il
cite Du Bellay, qui qualifie de colonel M de Guise,
qui, h la bataille de Marignan.commandoit six mille
lansquenets; mais il ajoute: «Certes il pouvoit
« porter ce nom, car ou fut que les .allemands qui
>' en a voient l'usaiie, le lui pou voient avoir donné,
" ou qu'estant grand prince, il niéritoit bien d'avoir
« un nom plus que le commun. » Il dit que le mot
de colonel fut en règne au siège de Perpignan ; M. de
(!) On lit encore au reg. JJ. lOO, p. 284, an. 1369 : « Ledit Jehan frapa tant à ladite porte que il rompi la coliimbe d'icelle
et par force se ouvri. » (N. E.)
(2) § 308 de l'édition de Wailly ; M. de Wailly édite coluijne d'après le ms. 4972 ; les autres portent au § 307 colombe ou
cmilotnbe. (N. E.)
(o> On lit aussi dans la Rose._v. 1283 : « Ains les veissiez entre aus deus Baisier comme deu.\ columbiaus. i) (N. E.)
(4VH valait mieux dire- avec Ronsard (742) : « Icy le colombeau baise sa colombelle. » (N. E.)
(!>) Dans Bercheure (fol. 93, v») on lit ; « Et les coulons, c'est les habitants de la ville. » (N
•)
co
— 108 -
co
Brissac éloit alors colonel de toute l'infanterie fran-
çoise ; M. de Strozze, dit-il ailleurs, ne prit jamais
le titre de colonel, mais celui de maître de camp de
la garde du roi. On voit, dans les Contes d'Eiitrapel,
que les mots colonel ou eolumel furent substitués à
celui de conmal, qui étoit en usage auparavant.
Brantôme propose différentes étymologies de ce
mot.
Le nom de colonel a été donné aux commandans
des coi'ps qui n'avoient point de colonel yénéral, et
le nom de mestre de ca)np à ceux qui en avoient.
Gomme la cavalerie, dont la plupart étoit étrangère
à la réserve des compagnies de ctievau-légers,
n'avoit point de colonel général, les commandans
des régi mens de cavalerie furent nommés colonels,
tandis que ceux de l'infanterie, qui avoient un
colonel général, étoient nommés mestres de camp.
Les choses ont changé depuis. L'infanterie a cessé
d'avoir un co/oMf/ô'(;«eVa/(l), et la cavalerie, qui n'en
avoit point, a commencé d'en avoir un : alors (;.'a
été rinfaiiterie dont les commandans ont été appelés
colonels, et c'est alors que ceux de la cavalerie ont
pris le nom de mestres de camp ; de là, vient la
variation de nos écrivains qui se servent du mot de
mestre de camp, quelquefois pour le commandant
d'un régiment de cavalerie, et d'autres fois pour le
commandant d'un régiment d'infanterie. Brantôme
reproche à l'historien Baradin (lisez Paradin) d'avoir
confondu \Qmoicoloneli3iwe<iCQ\m^emestredeeamp.
(Voy. Brant. T. IV, p. 3t) et suiv.)(2) Le même T. III,
p. 183, en parlant de l'état de colonel, dit : « Qu'en
« tel estât ne faut point qu'un poltron y entre, et
« qui y enti'e, et le fait bien sans reproche, croyez
" hardiment qu'il est brave et vaillant. » On lit (id.
T. 4, p. 329) que M. de Bonnivet « tenoit ordinaire-
« ment très-bonne, et longue table, bien garnie à
« tous venans, car c'est ce que le soldat demande ;
« et puis ordinairement tables et dez de colonnels
« aucuns disoient, tables de capitaines. » (Voyez
sur les colonels, Qi sur les divers co/o/u'/s rjénéraux,
le P. Daniel, Mil. fr. T. I, livre III, p. ï()4, el Du
Gange, Gloss. latin, au mot Coronellus (3j.)
VAKIANTES :
COLONEL. Orth. subsistante.
CouoNNEL. Brantôme, T. IV, p. 320.
CORONEL. Rab. T. IV, p. 157.
CoBRONEL. Mém. de Du liellay, T. V, p. 327.
CouRONEL. Du Tillot, des R. de Fr. p. 282.
CoRON.\L. Oudin, Dict. Pasq. Rech. p. 723.
CoLUMEL. Contes d'EutrapeL
Colongner, verbe. » Quant le Irait vint parmy
« les chevaulx commencèrent ù tourner les testes,
« ou ils avoient les croppes, les lances commence-
« rent à colongner [i] les unes parmi les autres, ek a
« se mesloier. » (Le Jouvenc. ms. p. 492.)
Colongnois, SHbs^ masc. Monnoiede Cologne.
« Mes maisires qui cest meslier m'aprist, m'en-
" charja que, en quelque terre ou gevenroie,quege
« ne preisse c'un denier de la monnoie de la terre ;
« à Londres en Angleterre, un esterlin; ù Paris, un
« parisi : au Mans, un mansois : à Colloigne, un
« collonguols : à Dijon, un dijonnois. ■> (Erber. ms.
de S. G. fol. 90.)
VARIANTES :
COLONGNOIS. Erber. MS. de S. G. foL 90, R» coL 1.
CoLoiNGNOis. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 291, V» col. 1.
Colonia, subst. Terme de procédure. Dans le
Béarn, ce sont des dommages et intérêts. (Voyez
Laur. Gloss. du Dr. fr. qui renvoie au mol Caleiige.)
Coloniere. [Intercalez Coloniere, lenure d'un
colon au ms. fr., anc.9484,2, fol. 132, r", an. 1364:
» Eslienne de Vaillant chevalier... a donné... à l'é-
« glisede Quincy...la maison dessoubs lavigneetle
« pressoir et tous les vaisseaux elVà coloniere eiùous
« hommes qu'il avait eu la ville de Bellenol. »] (n. e.)
Colonnelle, adj. an fém. On trouve: « Messiré
« Loysd'Arbou ville chevalier, lieutenant des bandes
« coronalles de France », dans la Coût. d'Estampes,
Coût. Gén. T. I, p. 247. On substitua, dans la suite,
au mol coronale, celui de colonnelle, et c'est à ce
sujet qu'on lit dans Pasquier : « A mou granl regret
« dii'ay cavaleiie, infanterie, enseigne colonnelle,
» esiiuadrons, au lieu de chevalerie, piétons, ensei-
« gne coronale, bataillons : mais pourtant en use-
" ray-je, puisque l'usage commun la gaigne. » (Lett.
T. I, p. 105.)
VARIANTES :
COLONNELLE Pasq. Lett. T. I, p. 105.
Coronale. Coût. Gén. ï. I, p. 247.
Color, subst. fém. {ï>)Lele\n[. Un amant se plaint
des rigueurs de sa maîtresse en ces termes :
Hé Diex ! et qu'en fera lùl las?
Moult doi haïr son mireor,
Qui voir li dit de sa cnlor ;
Quar s'il li mentoit un petit,
Mains s'en feroit proier, ce quit.
Parlon, de Blois, .MS. de S. G. fol. 158, P.* col. 3.
Colorie, adj. au fém. Vermeille.
Tant le vit graille, et escarnie
Elance, et gente et colorie (6)
Les ex rians, et bel le front :
Il n'a si bêle en tôt le mont.
Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. CG, V col. i.
Colol'ir, verbe. Colorer. On lit dans le sens
propre :
De sang, et de cervel la place colorlr.
Rora. de Dooii. cité par Faiich. Long, et Poès. fr. p. III.
(1) Depuis 1661. (N. E.)
(2) Brantôme consacre un de ses discours aux colonels de l'infanterie française. (N. E.)
(3) D'après un texte Espagnol du xvF siècle. La forme colonellus est dans Rymer (t. XVI, p. 14, col. 1.) (N. e.)
(4) Voyez plus haut coloigne, au sens de quenouille, (n. e.)
(5) La forme color a au xiF siècle le sens de couleur (Romancero, p. 49) ; « Bêle Erembors à la fenestre, au jor, sur ses
genous tient paile de color. » Dans Roland, on trouve cutur (v. 441) et color (v. 3763). (n. e.)
(6) On ht encore dans Raoul de Cambrai (143): « lilanche char ot comme tlors espanie ; Face verraelle com rose
coiilor\c. » (N. E.)
co
— J09 —
co
Ce' mot est employé au figuré, dans les vers
suivans :
Colourenl (1) les faus,
Et leur donent painture.
Fabl. MSS. du R. n' 7615, T. II, fol. Un, V" col. I .
VARIANTES :
COLORIR. Fauch. Lan<;. et Poës. fr. p. Ht.
COLOURER. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, f" 143, V» col. 1.
Colot, subst. masc. Nom propre. Je cite ce mot,
pour rapporter le proverbe suivant : ■' l^es cou-
•■ teaux Jean Colot, l'un vaut l'autre. » (Diclionn.
de Colgrave.) Ce Colot étoit un artisan de la ville
de Troyes, connu pour une espèce de fol ; il portoit
ordinairement sur lui trois mauvais couteaux dans
la même gaine ("2). De lu vient ce proverbe. (Vovez
Id. Ibid.)
Colotes, subst. Sorte de lézard. Du grec xio).ioTiç,
comme la plupart des noms des animaux dont
parle Rabelais. On trouve colotes, T. IV. p. '274.
Colper ou Copei*, verbe. Couper. » Li Grieu
<i avoient le pont colpé. « (Villehardouin, p. 62.)
. A tels i ol les lestes colpe%. » (Ibid. page 166.)
" Boniface de Montferrat ot la teste colpée. « iUnd.
page 208. — Loix Xorm. art. 13 (3).)
Alez au bacon, s'en colpez
Une charbonnée à Martin.
Fabl. MSS. de S. Gerra. fol. 38. V- col. 3.
Colporteresse, subst. fém. C'est le féminin
de colporteur, mot subsistant. (Gloss. de l'Histoire
de Bretagne.)
Goltée, subst. féin. Coudée.
Roiz fu Nabugodono.sor ;
Une image fist faire d'or,
Soisante collées, de haut tour,
Et si.\ collées out, de laour.
Rom. de Rou, MS, p. lir».
Coluervre, subst. fém. Couleuvre. (Monet et
Cotgrave, Dicl.) « Ce di prémièremenl que boz
» (crapeau) ne le mordera, coluervre (4) ne le poin-
" dra. » (Erber. ms. de S. Germ. fol. 00. i
VARIANTES :
COLUERVRE. Erber. MS. de S. G. fol. 90, R> col. 3.
COLEUVRE.
CULUEVKE. Fabl. MSS. duR. n» 7218, fol. 241, R» col. I.
Colume. [Intercalez Coltime, colombier au reg.
.IJ. 195, p. 439, an. 1470: » Le suppliant ala ouvrir
« la feneslre d'une co/Hî/ie,... afin que les pigons
■■ s'en pussent voler. »] (x. e.)
Coluinelle, subst fé)n. Herbe*. Luette °.
* Ce mol, usité parmi les lleunstes pour la tulipe
rouge blaiicbe, semble avoir signifié, au premier
sens, une espèce d'herbe potagère. « Un des secre-
« laires de M. de Rosni, lui dit, dans une lettre qu'il
« lui écrit, vous passiés le tems à cueillir vos
" salades, les herbes de vos potages, et des cham-
« pignons, colurnelles, et diablettes que vous
■' accomodiez vous même, etc. » (Mém. de Sullv,
T. I, p 257.)
^Columelle, en italien columella, signifioit la
luette, selon Oudin, Dict. ital.-lr.
Colunge. [Intercalez Cotungc, peut-être tenure
de colon, comme co/oM/erc ; « Exceptées aucunes
« ranles de bief que l'an dit de colunges, lesquiex
« je tien en lié de Oudol le Verdet escuier. >• (Cart.
de Langres, an. 1300, Du Gange, II. 446, col. 2.)
Colonge vient de colonia, et se retrouve comme
nom de lieu dans le Rhône et l'Isère.] (n. e.)
Colymbade, adj. au fem. On trouve olives
coliimbades pour olives marinées, dans Rabelais,
T. iV, p. 294.
Com, adv. Comme*. Comment". Combien ■=.
Quoique".
*Au premier sens de comme, on disoit : « Com
« vos avez oï. » iVilleliard. page 6.) « Ha las! com
« malvais conseil orent. » ^ld. p. 114.)
On a dil com de li, pour à sa place, comme lui.
Se j'estoie com de li,
Ceens n'auriez, etc.
Fabl. MSS. du R. n' 7218. fol. IHÎ, V col. 1.
On a dit taudis com, pour tandis que, dans le
sens où nous employons encore le mot comme.
Aquilons nos, landis coin somes au desores,
Ainz que la mort nos mort, qui lot mort et dévore.
Fabl. MSS. .lu R. n- 7I'.15, T. Il, fol. lii. V= col. ».
On a dit tant cum cite vivra, pour tant qu'elle
vivra. (Gloss. de Bret.)
^ Au second sens, com ou con signifioil comment.
» Encore vous feray entendre con on deslourne du
« liammier. » (Font. Guer. Très, de Vénerie, ms.
p. 26.) Celte acception rentre dans la première.
^ Mais ce mot s'en éloigne davanlage, lorsqu'il
signifie combien. On disoit : > De com ïrant merile
« 'fut. » ;Chron. Fr. ms. de Nangis, an 1398.; On lit
dans le latin : quanti meriti extitit.
En com grant péril se mettent,
Oui dedenz leurs biens se gettent.
Eusl. Desch. Poes. MSS. fol. 307, col. 4.
Ccyn très grief sont li mal d'amer.
Pocs. MSS. avant 1300, T. IV, p. lilS.
.\hi dame ! con dure destinée.
IbiJ. T. I, p. 90 el 157S.
C'est-à-dire, combien dure, quelle dure destinée.
Con plus avés fuison
De biauté. sans mesprison,
Plus fort cuer s'i enracine.
Adans li Bocus, Poûs. MSS. avani 1300. T. IV, p. 141 i.
« Or voyons con peu de fiance partout, ■> c'est-à-
dire combien peu de bonne foi, etc. (Journ. de
(1) Ce sens se. retrouve dans Froissart (lII, 334) ; « Et ce coxdoaroit grandement son fait. » Voyez encore l'éd. Kervyn ,
t. XIII, p 19. (N. E.)
{i) Cette e.xplication est plus étendue dans Leroux de Lincy (II, 33), qui l'emprunte au dictionnaire de Nicod. Ce proverbe,
dit-il, s'applique aux choses et aux personnes qui ne valent guère, et où il n'y a pas de choix à faire pour trouver le
meilleur, (n. e.)
(3) « Si co avent que alquen colpc le poin à altre u le pied. » Poul' ViUehnrdouin, voir éd. de Wailly, § 163, § 394. (n. e.)
(4) Ou plutôt coluecres, comme au v. 19219 de la Rose. (N. E.)
co
— HO —
co
Paris, sous Charles VI et VII, pacte 17.) On lit dans
Villehard. p. ti^ : « Ha cum graiit domages fu. »
On disoil rom poi que soi, pour tant soit peu.
En poiTons ann poi q'ic soi parler.
Vies tics SS. MS. do Sorli. cliif. xxvii, col. 2.
"On employoil aussi ce mot pour quoique. « Con
« pelis que je soie, amours est grant. » (Rom. de
P.ou.) Con comment que snit signifie, quoi qu'il en
soit, dans ces vers :
Ci>n comment que xoit du tiers jor,
D'ui auront il, ce cuit, l'essor.
Tari, do Bl. MS. de S. G. fol. 154, R' col. 3.
Autrefois on a employé pour com ou comme, le
cliiffre î). (Voyez Pasquier. p. 755.)
En mon livre y a une lettre
Qui 2 par soy est appellée ;
Mais chascun s'en veult entremectre
Qu'elle ne soit dessemblée ;
.\ins soit a b i t couplée ;
Et partout en mon abc.
N'a bonne leclre si non 9.
Chasse et Dcparlie d'Amours, p. 406, col. 1.
.le ne sais quel rapport on trouve dans les vers
cités avec le caractère qu'on dit avoir été employé
pour signifier com ou comme (1). Le jeu de mots sur
lequel roulent ces vers, que Falconnet dit n'avoir
pas entendus, consiste dans la ressemblance du
nom de la lettre G avec le mot j'ai, du verbe avoir. La
lettre G est bonne lettre parce qu'il est avantageux
d'avoir lieu de prononcer son nom, de dire/«/.
V.\RIANTKS :
COiM. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 125, R° col. 2.
Con. Kont. Guer. Très, de Vénerie, MS. p. 26.
CuN, Cum.
Coma. Il faut lire c'on m'a dans ces vers, pour
qu'on m'a :
Et non porquant, ne tien je mie à voir,
Che coma dit, assés nouvelement.
Jeh. de Rcnli, Poês. MSS. avant tSOO, T. 111, p. IIM.
Comain, subst. masc. Nom de peuple. Nation
de l'Orient : « N'orent gaires esté devant Andrino-
« pie, quantlesBIaquers, etli Comain{'-2) furent près
" d'illuec, et si firent lices par derrière que li Blac,
« et li Comainne sefei'issent en l'ost. » (Contin. de
G. de Tyr, Martene, T. V, col. 669.)
Cornai, subst. masc. Drogue médicinale. « Si
« ine prenez ua poi de cellande du diatoii et panele,
« et manjue !e, et eomal, ei tonnai, et de l'erbe
« ilobert. » (Erber. .ms. de S. G. fol. 89.)
Coimar. Estrubert, déguisé eu fille, ,se voyant
enlevé par un cbevalier, s'écrie :
Las ! se dit cntuar. onques fui.
Ou m'emporte on '.' que devenrai ?
Esirub. Fabl. MS. du R. n" 7996, p. 80.
Comai'que, subsl. fém. Frontière. Confins,
limites. (Voyez Iiii Gange, Gloss lai. au mot Com-
9Hrtjr/i;'«.) Le Ouien de la Neuville dit que c'est le
nom que l'on donne aux justices subalternes de
Portugal Comarca, en espagnol, signifie la marche,
la frontière, les confins d'un pays.
Coinbant, subst. masc. Vallée. Mot breton,
pour désigner un lieu fait en pente, et qui finit en
vallon. (Du Gange, au mot Cumba, 2. — Voyez
ci-après Combe.)
Combat. s(//;.s/. masc. Ce mot subsiste, mais il
nous fournit les remarques suivantes :
1" On l'employoit autrefois comme synonyme de
duel, ou gage de bataille. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
2" Combat se preuoit proprement pour combat à
l'épée. Le combat à la lance se nommoit joute. Cette
distinction est justifiée par le passage suivant :
" Qu'il ne laisse de venir à ma court, l'asseurant,
" s'il demande la jouste, qu'elle ne luy sera refusée;
« si le combat, encores moins. » (D. Florès de
Grèce, Vol. I. fol. 151.)
3" Le combat à la barrière, selon ce que dit
Brantôme, étoit le même que celui qu'on avoit
appelé le pas d'armes, dans les temps antérieurs.
4" On nommoit combats de plaisance, les joutes
et tournois, autrement appelés assemblées d'hon-
neur ei pardon d'armes. [La Colomb. Th. d'honn.
T. I, p. 4.)
5» On disoit aujoindresera lecombat. Expression
empruntée des anciennes joules, « ou après le bris
« des lances, les combattans se renconlroient
« d'ecus, de corps, et de têtes. » (Le Duchat, sur
Rabelais, T. IV, p. 190.
Combatable, subst. masc. Combattant. (Borel
et Corneille, Dict.)
Son grant renom par tout le ciel habunde,
S'estoit claquin, le puissant combatable (3).
Eusl. Doschanips, Focs. MSS. fol. 183, col. i.
Le mareschàl, et bon combatable
De Clermont, etc.
Ibid. fol. 572, col. 2.
Combatement. [Intercalez Combatement ,
attaque, au reg. .U. 74, p. 676, an. 1342 : « Comba-
» tement de chastiaux. «] (n e.)
Combateur, subst. masc. Combattant. (Cotgr.
Dictionnaire.)
VARIANTES :
COMBATEUR.
CoMBATTEOR. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 49.
Combateux. [Intercalez Combateux, aggres-
seur, au reg JJ. 161, p. 81, an. 1406: « Lui [de
« Canimonîj qui estoit renommé d'estre divers et
« combateux et en avoir batu plusieurs. »] (n e.)
Combatro, verbe. Ce mot subsiste ; mais on ne
dit plus se combatre, pour se battre.
Li bons Rois sor aus ala;
Combat! soi, moût en tua (4).
l'ii. Mouskes, MS. p. 113.
(1) Com s'abrège dans les mniss. par le signe 9. Voyez le Dict. des .abréviations de Chassant (p. 141). (n. e.)
(2) Ce nom se retrouve dans ViUeh.irdouin (§ 357, § 363, etc.; ce peuple barbare habitait la Roumanie actuelle. On trouve
aussi la forme Coma» dans Marténe. t. V, cnl. 702. (N. E.)
(3) On lit aussi dans la Rose (v. 19092^ : « Et Gauvain le bien comhnluhlc. » (n. E.)
(4) On trouve aussi dans ï'artonopex, v. 2838 : « .S'e combatre à quelqu'un. » Froissart écrit aussi (II, 139) : « Ils ne se
poroient combatre à yauls entre ces montaingnes. » (n. e.)
co
— m —
CO
On disoit proverbiiilement : " Oui se combat,
« n'est pas mort. » (Dict. de Cotgrave.)
Combe, subst. fém. Vallée, terrain creux,
grotte. (Du Gange, au mot Comba.) « Provinciales,
« Dalpliinates, ac Sabaudi, ptctercœteros, convalles,
« cumbas appellitanl Combes. » (Valois, notice des
Gaules, p. 415.) Ménage veut que combe ait signifié
grotte, et vienne du latin giimba; alors il ne seroit
pas étonnant que l'on eût quelquefois parlé des
combes, comme de lieux élevés. (Du Gange, au mot
Tumba, 2.) « Combe, et molhe, lieu élevé ont formé
« beaucoup de noms. » (Menestr. Orn. des Arm.
p. 451.) 11 semble évident que combe soit mis pour
hauteur, dans le passage suivant : ■< Mais il n'eut
« pas fait mille pas, qu'il découvril, sur le haut
« d'une combe, quelques soixante chevaux, etc. »
(Mém. de Sully, T. II, p. 413.) Cependant on peut
expliquer sur le haut d'une combe, au-dessus d'une
vallée.
Quoi qu'il en soit, l'acception de combe, au moins
la plus ordinaire, est vallée (I). « La veue belle, et
» limitée de douze coupeaux de montagaeltes,ruis-
« selets, rivières, fontaines, prez, combes, etc. >•
(Berger, de Rem. Belleau, ï. I, fol. 1.)
A tant chevauchent par les plaignes,
Par les coithes, par les montaignes.
Blanchardiii, MS. de S. G. fol. 183, V- col. 3.
Rabelais cite le jeu des combes, parmi ceux de
Gargantua.
VARIANTES (2) :
COMBE. Oudin, Nicot, Dict.
CONBE.
Combelete, subst. fém. Terme de vénerie.
G'esl le diminutif de combe ci-dessus, employé
figurément, pour signifier la petite cavilé qui se
remarque aux dents du sanglier, et que nos anciens
auteurs de vénerie appeloient aussi goutiéres.
« Les denx, du sangler sont longues, ainsi comme
« demi coude, et il y a goutiéres, et combeletes au
.' long, et dessus, et dessoubz. " (Chasse de Gast.
Phéb. MS. p. 164.)
On appliquoit aussi ce mot aux espèces de cane-
lures que l'on voit au bois des cerfs : •■ Y aura au
i< long des perches unes petites combeletes, que on
<• appelle goutiéres. » (Ibid. p. ItiO.)
Combiberon, subst. musc. Compagnon de
bouteille. (Dicl. de Cotgrave et d'Oudin.)
Combien, adv. Toutefois, cependant. iXous
avons plusieurs observations à faire sur les
anciennes acceptions de cet adverbe, selon ses
diverses constructions. Lorsqu'on l'employoit sans
être suivi de que, ce mot signifioit toutefois,
cependant :
.Te luy envoyé ces sornettes,
Pour soy désennuyer ; combien,
S'il veut, face en des alumettes :
De bien chanter s'ennuye on bien.
Villon, p. 84 el 85 (3).
1° On disoit combien peu que ce soit, pour quel-
que peu que ce soit. (Percef. Vol. VI, fol. 01.)
2° Combien que se disoit pour encore que, quoi-
que (4). (Rob. Est. Gramm. fr. fol. 51.)
Et combieii que rigueur t'oppresse.
Je veux que, etc.
Cléni. Mai-ol, p. 226.
. . . Combien c'on doie doloir,
11 fet bon les maus d'amer
Endurer, por joie avoir.
Fahl. MSS. du R. n" 7-218, fol. 255, R° col. 1.
3° Combien que semble s'être dit aussi pour d'au-
tant que, parce que. « Elle estoit jà fort pesante,
« combien qu il convcnoit que le jour naturel
" venist de enfanter. » (Peicef. Vol. IV, fol. 21.)
4° Combien que signilioit encore autant que.
« Le roy donna à Olofer le duclië de Cornouaille,
« combien que roy y avoit, ou temps du rov Gal-
.. lafar. » (Percef. Vol. VI, fol. 116.) G'est-à-dire
autant que roi y possédoit, etc.
Combination, subst. fém. Combinaison. « Il
« ne faut pas qu'il y ail une combination {ô), s'il est
■i possible, c'est-à-dire que trois lignes se rencon-
« Irent l'une sur l'antre. » (Des Accords, Bigarr.
fol. 157.) Pasquier remarque ce mot comme nou-
veau. (Lett. T. 111, p. 915.)
1. Comble, s^(^)S^ ?Hasc. Hauteur*. Partie supé-
rieure ".
* Ce mot, en général, signifie sommet, du lalin
culmen. On l'a employé autrefois pour signifier les
hauteurs d'un pays. « Si passèrent le comble (6) de
" Pampelune, et les montagnes de Koncevaux. «
(Froissart, livre III, p. 306.) "^
Comble s'employoit aussi dans le même sens où
nous disons hauteur, en parlant de la profondeur
de la mer :
. . . fist parmi passer,
Parmi le comble de la mer,
La gent Moyses, et Aaron.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 104, V col. 1.
° On a dit le comble d'une nef, pour la partie
supérieure d'un vaisseau. «■ Si tost que la nef fut
» approchée des deux basieaux, ung chevalier se
" mist au comble de la nef. » (Percef. Vol. VI,
fol. 45.)
1 On a dit de même le comble de l'écn, et du
(1) On lit au reg. JJ. 173, p. 199, an. 1V25 : « Le suppliant et icellui Rebours estans ou chemin royal en une combe ou
valée, appellée la combe Savate. » Le mot subsiste comme nom de lieu, sui'tout dans le Midi de la France : « Mines de
Bességes et la Grand Combe. » (N. E.)
(2) On lit déjà dans Garin (I, 96) : « Li os chevaitche par tertres et par combes. » (n. e.)
(3) Collection Jannet, p. 92. (n. e.)
(4) On bien que : « Combien ([ue le duc ne luy portast point de domraaige. » (Froissart, XI, 67.) (N. E.)
(5) On lit aussi dans l'Ethique d'Oresrae (150) : « Et une conjugacion ou combination qui est faite selon dynamctre t'ait la
retribucion estre selon proporcionalité. » (n. e.)
(6) On Ut encore au t. VII, p. 155 de l'édition Kervyn : « Si selogièrent ces gens en le comble de Pampelune. ) (n. e.)
co
112 —
co
heaume, pour la partie la plus élevée, la partie
convexe et supérieure de l'un et de l'autre.
« Lyonnel haulse son espée, et (iert le clicva-
« lier nu comble de, l'escn (1), etc. » (Perceforest,
Vol. II, fol. 23.) « Une jeune pucelle, à qui il estoit
" amy, luy avoil envoyé ung heaulme paré sur
" le comble d'nns;' paon, faisant la roe par arti-
" lice. « (Ibid. Vol. I, fol. 144.) « La jeune Lyriope
•I vous envoyé une manche de samit, pour parer le
» comble devostre tieaulme. >■ (Ibid. Vol. I, fol. 136.)
On disoit aussi, dans le même sens : le dur du
heaume. (Voyez Din ci-après.) On trouve le comble
de l'escu, dans Percef. Vol. I, fol. 25, et ailleurs
très-fréquemment.
Remarquons quelques expressions :
1» Decomble en fonds, dansle sens oîi nous disons
de fond en comble. (Ess. de Montaigne, T. II, p. 3G5.)
2° Le comble du pis signilie le comble du mal.
«' F^eur faisoient le comble du /ns qu'ils pouvoient. »
(.1. d'Auton, Ann. de Louis .\1I, p. 37, an 1499.)
3° Donner à comble (2), pour donner à mesure
comble. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 342.) Dansle
latin dure ad cumulum, d'où l'on a dit combler de
biens. « On ne trouveioit nul homme terrien à qui
« nostre Seigneur donnast tant de grâces comme il
•• te appreste : il le donna beaultéVt comble, etc. »
2. Comble, adj. Comblé*. Comblé de biens ^.
* Le premier sens de comblé est le sens propre.
Ce mot se dit encore en parlant de mesures On a
quelquefois employé cet adjectif substantivement.
. . . Li baris fu si emplis,...
Que li combles, de toutes pars,
En est espandus, et espars.
Fabl. MSS. du R. n" "il8, fol, ."., R" col. 2.
On a dit de même un comble, pour un boisseau
comblé. Dans un titre de 1578, on lit: ■• La semence
« d'environ uno'<"f))Hb/c,à lalnesuredeBeaulne(3).>•
(Voyez Loysel, înslil. Coût. Liv. II, p. 316.)
^ Comble, au féminin, s'employoit figurément,
comme adjectif, pour comblée de biens.
Por plus d'amis à li atrere,
Se fesoit riche, et romhlK, et plaine.
Fabl. MSS. du W. n- 7-218, fol. 317, P,' col. ).
(Voyez CoMULE ci-après )
3. Comble. [Intercalez Comble, mesure, au
reg. .T.I. 170, p. 1, an. 1415: «Hem auront les
•> mesureurs pour mesurer noisettes et chasleignes,
t' qui se mesurent à une petite mesure, appellée
« le comble , dont les trois font le boisseau ,
« pour chascun comble un denier... et une noi-
" sette ou chasteigne. » On le nomme aujourd'hui
litron.] (n. e.)
Comblé, adj. Comblé de biens. On disoit figu-
rément :
... Cil estoit fils d'un vilein.
D'un usurier riche, et comblé.
Fabl. MSS. do S. G. fol. 5i. R'col. 2.
Princes, ceulx des citez sont gians,
Bien aisiez, riches, comblés, frans
Et de jour en jour s'enrichissent.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 418, col. 4.
Comblelle. [Intercalez Comblelle, diminutif de
combe, vallée :
Vers les Turcs esperonnent parmi unes comblellcs
As espées lor trenchent les fris et les forcelles.
Poème d'Alexandre (Du Cange, II, 698, col. l).j (N. E.)
Comblement, subst. masc. L'action de com-
bler, de remplir. (Cotgraveel Oudin, Dict.)
Comblement, adv. Confusément, pêle-mêle,
en foule. « Estant entrez eomblémenl tous ensem-
« ble. " (Affections de divers amans, trad. par J.
Fournier, Edit de Coutelier, 1743, p. 21.)
Combler, verbe. Puiser *. S'embarrasser les
pieds, en parlant d'un cheval ^.
* Proprement, com/>/cr un vase, signifie le rem-
plir. De h'i, ce mot s'est pris pour puiser, remplir
un vase en puisant. « Vins lomboyent en deux
» grans bacs de pierre ou tout le monde en pouvoit
« combler, et prendre à son plaisir. « (Olivier de la
Marche, Méni. liv. II, p. 526.)
^ Se combler, en \yM-\SL\\{ du cheval, signifioitse
fendre.
En expliquant ainsi se mot, combler semble
venir de comblelle, encore en usage, pour signifier
la fenle du pied du cerf (4). Malgré cela, je crois que
le cheval qui se comble des pieds de devant et
tombe, est un cheval qui s'embarrasse les deux
pieds l'un avec l'autre. Nous disons se couper, en
parlant des chevaux qui se heurtent les deux pieds
de devant l'un contre l'autre et se blessent. An
reste, M. de Brequigny ne décide rien sur cet article
qui peut subsister comme il est. S'il l'eût changé,
il l'auroit employé comme expression figurée, de
la manière qui suit : On disoit figurémeiU se coin-
bler des pieds, en parlant du cheval, pour s'embar-
rasser les pieds l'un avec l'autre, les mettre en un
comble, en un monceau : « Le cheval n'estoit mye
« frais; car il avoit erré grant journée, et il se
'• comi)la des pieds de dcvaiit, e! cheut en une
<• crevace. « (Lanc. du Lac, T. I, fol. 43.)
Combonneur, sul>st. masc. Receleur. « Selon
•■ la loy, les comhonneurs sont reputez comme les
« propres larrons. » (Bout. Soin. Rur. p. 244.)
L'éditeur ajoute en marge : « Mon vieil practicien
« appelle combonneurs, receleurs. «
Combourgeois, subst. masc. Concitoyen.
(Cotgrave et Oudin, Dict.) « Ceste science, ou autre-
« ment ceste foy vous enseigne, et certifie que vous
(1) On lit aussi dans Froissart (III, 464) : a Guillaume Douglas, qui s'arme d'asur à comble d'argent, et dedans le comble,
de trois estoilles de génies. » (n. e.)
(2) « Quiconque amènera poissons en panier à Paris, il convient que ses paniers soient emplis loyaument, ou à comble
ou sans comble. » (Ord., II, 359 ) (N. E.)
(3) « Droit de moulure est que les meuniers doivent rendre du rès, le comble. » (Loysel, 262.) (n. e.)
(4) Les vétérinaires nomment pied comble, le sabot dont la sole porte seule à l'appui : « Et regardez si le cheval a pies
gras et combles. » {Ménagiec, II, 3.) Mais ici l'origine peut être le bas-lutin cohnus (cumxilus), embarras dans un chemin, (n. e.)
co
113 —
co
<' éles comboiirgeois dus cieux et que par Jésus
« Christ vous avez esté arraché despatles du grand
« Pharao qui est le diable. - ;Disc. polit, et
milit. de La Noue, p. 183. — Vuyez Méiu. de Sully,
T. IX, p. 190(1).)
Comboiirgeoisle, subsl. fém. Association de
bourgeoisie. i,Cotgrave et Oudin, Dicl.) ■• Pour la
'< religion que les dits de Berne ont mise, au plus,
« dans un bailliage, qu'ils ont en commun avec
« ceux de Fribourg, ce qu'ils prétendent leur estre
« parims par \eiiv combourgeoisie, etc.» (Mém. de
Villeroy, T. VI, p. 37.)
Combre, subst. masc. Bastardeau. (2) C'est ainsi
qu'on nommoit toutes sortes d'ouvrages construits
dans les rivières, pour la facilité de la pèche, et
qui nuisoient ù son cours. (Voy. ci-après Enco.mbre.)
]jQ roi étant l\ I.,yon, en 1503, "lit défense d'ùter des
rivières du Rhône et de la Saône « les escluses,
« pescheries, nassiors, molins, bennes, t'om/^?'f,s (3),
" et autres choses empescbans le cours des dictes
" rivières, et passages de barques, ou de hasteaux. »
(P. Desrey, à la suite de Monslr. fol. lOi.) » Comhre (4)
« ramée, ou fagots de bois sont défendus faire en tout
« temps, en rivières. » (Gr. Coût, de Fr. liv. I, p. 31 .)
Conibi'er, verbe. Saisir. Proprement prendre
par le comble, par le sommet de la lèle. Abraham,
prêt à sacrifier son fils :
S'espée prent, à son fils vient,
Par les cheveux le prent, et cnnibre (5).
Hisl. des Trois Maries, en vers, WS. p. 13.
Seure li est coniz, qu'il le volt affoler,
0 bien .m. cenz des siens, mais ne 1' pueent lotibvf.r.
Parlon. de Bl. MS. de S. G. fol. 109, H- col. 2.
V.\RIANTES :
COMBRER. Hist. des Trois Maries, MS. p. 13.
CONBRER. Parton. de Bl. fol. 169, V" col. -2.
Combreselle, subst. fém. Culbute. Faire la
combrcselle signifioit tomber à la renverse. (Dict.
de Cotgiave.) « Cingar le poussant rudement à l'es-
" tomac le jette par terre à la reaverse, et li pauvre
« vieillard /'('(i' /rt combreselle. « (.Merlin Coccaie,
T. 11, p. 86.) Dans les Avantures de Floride, de
Beroalde de Verville, p. i, fol. '2'28, un berger dit à
une bergère : « .le suis adroit à bien faire la com-
« breceUe. « C'étoit, selon Le Duchat, une espèce
d'exercice ou de jeu. " Les peliis garçons, dans
<' quelques provinces de Fiance, appelleni faire la
« conlreselle, lorsqu'un d'entre eux s'accroupit.
« pour tendre le dos à son compagnon trop petit,
« pour atleindi-e ou il voudroit monter. » (Le Ducliat,
sur Rabelais, T. II, p. 201.)
VARIAN'TKS :
COMBRESELLE. Merlin Cocaie, T. II, p. 86.
Co.MBRECKLLE. Rabelais T. II, p. 201.
CoNTRESELLE. Le Duchat, sur Rabelais, T. II, p. 201.
Combi'isement , subst. masc. L'action de
briser. (Du Gange, au mot Tritlo.)
Coinbriser, wr&f. (6) Tourmenter. Proprement,
briser, employé figurément en ce passage :
Li penssers, et plus me comhrise,
D'estendre, plaindre, et souspLrer.
Falil. MSS. du R. n- 7218, fol. l:!3. R- col. I.
Coinbrissable, adj. Fragile. Qui peut être
brisé. (Du Gange, au mot Triliîe.)
Comburé, adj. Ce mol semble corrompu, dans
ce passage : - Laquelle response sembloit à plu-
.< sieurs gens mal comburée, et digérée. » (Juvénal
des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 221.)
Comédial , adj. De comédie. M. de La Porte
s'en est servi pour épithète de prologue.
Couiédiant, subst. masc. Comédien. (Dictionn.
d'Oudin.)
Comédie, subst fem. (7) Nous ne remarquerons
autre chose sur ce mot, sinon qu'autrefois il éloit
générique et signifioil toute sorte de pièces de
théâtre, soit tragiriues, soit comiques, comme on le
voit par ces titres: Comédie de la i\ativité; de
r Adoration des trois Rois; des Innocens, etc. (Hist.
du Théàt. fr. T. II, p. 273.)
On n'avoit point encore restreint la signification
de ce mol du temps de i\I'"' de Sévigné." Dans ses
lettres de 1(J89, on lit : « On a déjà représenté à
" S" Cyr la comédie, ou tragédie d'Estlier. » (Lett.
T. VI, "p. 31.) » Les belles comédies de Corneille, et
« Polyeucte et Cinna et les autres. » (Ibid. p. 103.)
Coinensable, adj. Qu'on peut commencer.
« Ceux piées sont comensables et provables, si
" comeen le graund brefe de droit overl. » (Britl.
Loix d'Angle! . fol 262.)
Comète, adj. et subst. masc. et fém. Ce mot
subsiste, mais seulement comme substantif fémi-
nin Il est du nombre de ceux qui, ayant été origi-
nairement adjectifs (8), sont devenus substantifs. Nos
(1) Voyez aussi d'.\ubigné, Hist., II, 276. (,.\. E.)
(2) L'espagnol a combre et le portugais comhro. (x. E.)
(3) On lit dans une pièce df l'283 (Du Gange, II, 698) : « Saichent tous que ge mestre Henri da Charlons proculierres et
receiverres des rentes nostre scgnor le roy de .leru.salem.... ei eu et receu.... sexante solz de monnoye courant doupreour
de Goiz, por la finance d'un combre, assis ou leir à Goiz. » {N. E.) '
(4) C(i)ubre n'est qu'une variante de comble dans Froissart (XI, 367) : « L'on paingnoit les mats des nefs dès le fons
jusques au cootbiv. » (N. E.)
(5) On lit dans les Chr. de S' Denis (D. Bouquet, III, 188) : i< Childebert bouta l'enfant , qui à lui s'estoit ahers : cil
[Clotaire] le combra tanlost, et l'ocist en autel manière, comme il avoit l'autre ocis. » On Ut aussi dans Agolant, v. 557 :
« A ses deus mains l'a errament combre. » (N. E.)
(6) On lit dans un Glossaire latin-français (Du Gange, IV, 168, col. 1) : « Macerare, combrisier, delanier, despecier, débiliter,
îBOllifier. » (X. E.)
(7) Le mot se rencontre au xiv« siècle dans l'Ethique d'Oresme (139) : « Et ce peut assez apparoir par les comédies des
anciens et par celles que l'on fait à présent. » (N. E.)
(8) Cependant il est substantif au Roman de la Rose (v. 18745) : « Mes les comètes plus n'aguetent, Ne plus expressément
ne gietent Lor intluances ne lor rois [rayons], No sor rois que sor povres hommes. )i Voyez encore v. 18738. (x. e.)
IV. 15
co
— 114 —
co
auteurs latins du moyen-âge ont dit Stella comètes,
dans le même sens. On lit dans les Chron. de
S" Denis, T. I, p. C66: Estoille commete (1), pour
comète.
On employoit indifféremment ce mot comme
masculin et lémiiiin. Nous le trouvons sous les
deux genres, dans Rabehiis, T. IV, p. 112 et tlfi, et
T. V. 'Pronoslic, p. 8. (Voyez ibid. la note de Le
Ducliat.) On lit dans Gilles Durand, à la suite de
Bonnefons, p. 89:
Comme un comète naissant (2).
VAR1A>TES :
COMETE. Orth. subsistante.
Co.viMETE. Chron. S. Denis, T. I, fol. 666.
Conieteiix, adj. On trouve ce mot au féminin,
dans les Epitli. de M. de la Porte : Estoille comé-
teuse.
Comfaitement, adv. Ce mot est composé de
comme etdefaitement (3). (Voy. Faitement ci-après.)
Demain, mes parens manderai,
Et belnment lor monstrerai
Comfaitement m'avez honnie.
Et avez mené pute vie.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 7, R" col. 2.
Comin, stibst. masc. Plante ombellifère. On
rappelle encore cumin. Sa graine facilite la diges-
tion. Le cumin est d'une odeur Irès-forte, sans
étredésagréable :
Vous qui mauvese odor avez,...
D'anis, de fenoil, de cummin,
Vous desieunez sovent matin.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, foi. 131, V» col. 3.
11 paroît qu'il y en avoit de deux espèces. On lit :
graine de cumin doux, dans Fouilloux, Fauconne-
rie, fol. 65.
Et au poivre, et au comin
Ele meismes fist la savor.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 37, R- col. i.
Joinville dit, en parlant de l'Egypte : « Sèment là
« froment, ris, orge, commins. >> (Page SU.) On lit
coninin, dans le passage suivant, oi^i Ton fait men-
tion des marchandises qui se vendoient à Orléans.
C'est une faute, il faut lire comin. « fiis alemandes,
« figues aclietées en la ville, et portées hors, ne
« doivent néant, ne coton, ne toie, ne coninin. »
(Ane. Coût. d'Orléans, à la suite de Beauman. p. 474.)
Le cumin étoit en usage dans la médecine. On le
tiroit du Levant. On 'lit, dans l'énumération des
marchandises qui nous viennent de ce pays :
Et li poivres, et li coumins.
Tarton. de Blois, MS. de S. G. fol. 130, R" col. 2.
VARIANTES :
COMIN. Fabl. MSS. de S. G. fol, 37, R» col. 1.
CoMMiN. llist. des Trois Maries, MS. p. 20.
GoNiNiN. Ane. Coût. d'Orl. à la suite de Bauman. p. 474.
Cou-MIN. Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 130, R" col. 2.
COUMIN. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1311 (4).
CuMMiN. Tenur de Littl. fol. 28, V».
Cumin. Fouilloux, Fauconnerie, fol. 65, V".
Cominges, subst. fém. Espèce de bombes (5). Ou
trouve l'étymologie de ce mot dans les .Jugemens
sur les ouvrages nouveaux, par l'abbé Desfontaines,
T. IV, p. 216.
Comisseure, sîibst. fém. Jointure. (Dictionii.
d'Oudin et de Cotgrave.)
VARIANTES :
COMISSEURE. Oudin, Dict.
CoMMissEURE. Id. ibid.
Comités, subst. masc. pliir. Comtes. C'est le
mot latin comités. Il semble mis pour électeurs,
dans les Conlred. de Songecreux, fol. 6.
Comitial, adj. On a dit mal comitial (6), pour mal
caduc, du latin morbus comitialis. (Dict. de Borel.)
Comitter, verbe. « Si tost comme celuy serra
« seisi de l'un droit, et de l'autre, si commence à
" faire droite Une, quant as heires (hoirs) de luy
« engendré, et commencera de estre comun cap, a
" regard de ses heires; et qui vodra nequedent
0 (néanmoins)co?M/Wf'rparmyceluy ousesenfaunts,
« que unques ne attendrent que ascun eslate(bien)
« lour descendy par la mort lour commun ancestre.
« ne grève nent (ne préjudicie point). » (Brill. Loix
d'Angîet. fol. 272.)
Comittour, subst. masc. Commis ou commis-
saire. (Voyez Caria magna, fol. 34.)
Commanczant. [Intercalez Commanc%ant
le lettrin, maître chantre dans le passage suivant:
« Une messe cotidienne à dyacre et soubsdiacre en
« tunique et dalmatique, et le commanczant le
« lettrin en chappe. » (P. de 1449, Du Cange, 111,
794, co1.3.)](n. E.)
Commaiid(7),SH&sf. masc. Qui estcommandé*.
Qui commande^. Commandement, disposition,
volonté"^.
* Au premier sens, c'est un terme fréquent, dans
les coutumes, pour désigner celui qui a reçu une
commission. On lit, dans le règlement pour les
boulangers d'Arras, en 1372 : « Quiconque est pris
« en dètl'aute (défaut, action de s'absenter) qui ne
>< voient (aillent) au corps (enterrement) du con-
« frère, quatre deniers doit chascuns; et se li
« eschevins du mestier sont pris en delTaut, huit
« deniers doit chascuns; et qui li maires com-
« mande qu'il voist au corps, ou ses communs, et
(1) On lit dans Machault (p. 68) : « Aussi fu Vestoile cornée, En semblance de feu couée , Qui de feu et d'occision fait
pronoslication. » (n. e.)
(2) On écrivait naissant au féminin, comme nons écrivons encore grandmère. (N. e.)
(3) Il vaudrait mieux séparer les deux mots dans la citation, (n. e.)
(4) La forme coumin est au Livre des Métiers (p. 32) ; k II puet vendre poivre, coumin, canele, reguUsse et cire qui ne soit
pas ouvrée. » (n. e.)
(5) Louis XIV, au siège de Mons (1691) , compara en badinant ces bombes à la taille du comte de Cominges, son
aide-de-camp. (n. e.)
(6) Les comices {cotnitia) devaient se séparer si quelqu'un y tombait du haut mal. (N. e.)
(7) C'est le substantif verbal de commander, (x. E.)
co
115 -
co
0 proteche (pour porteche, pour porte au subjonct.)
B le corps, s'il n'y va, quatre deniers doit. - (Ord.
des B. de Fr. T. V, p. 510.) L'article suivant con-
eeriie les enlerremens : « Aller au corps, c'est
« aller à l'enterrement. Et se aucuns estoient
« arrestés par mi (moi) ou par men kemant, etc. »
(Ord. des R. de Fr. T. III, p. 295.) On lit (ibid.
note L) : « Kemant signifie, en picard, commande-
« ment; mais il peut signifier ici le juge du vicomte
« de Mautrot, dans le même sens que mandatum
« signifie quelquefois baUivus. » C'est ainsi qu'il
faut encore expliquer ce mot en ce passage : « Se
- messires li vidâmes, ou ses kemans me détenoit,
» je demourroie à son coust, et seroit tenus de mi
« payer mes wages (gages). •• (Charte de 1280, citée
par Du Cange, au mot Estagium. — Voyez ci-après
COUMENT.)
° Command est employé presque dans un sens
contraire, lorsqu'il désigne celui de qui on a charge
d'enchérir. Command, dans ce sens, est encore terme
de coutume. Nous disons aujourd'hui commettant.
(Voyez Laur. Gloss. du Dr. fr.) « L'acheteur et der-
« nier enchérisseur d'héritage vendu par décret
« peut retenir, pour luy le dit héritage, ou nommer
« son command, etceluydont il est chargé. » (Coût.
d'Amiens, Coût. Gén. T. 1, p 606.)
'^ Entin, command ou coînmcnt dés>\gnoil autre-
fois, dans l'usage ordinaire, commandement, dis-
position, volonté. (Nicot, Monet, Borel et Corneille,
Dict.) " Il estoit tout prest, et à son command (1), à
« lui aidier à conquérir le terre sainte. » (Joinville,
p. 25.)
Mon cuer aves en vosire manoie,
Faire en poez du tout vosire cornant.
Li Cliaslel de Coucy, Pocs. MSS.
Amours qui fait de moy tout son cornant.
Sauvales, choses d'Arras, Poes. MSS.
(Voyez ci-après Commandement.)
VARIANTES 1
COMiMAND. Nicot, Dict.
CoMANT, Duchesne, Gén. de Béthune, p. 373.
Gommant. Fabl. MSS. du R. u» 7218, fol. 344, V» col. 1.
Comment. Fauch. Lang. et Poës fr. p. 199.
CoNMANS, plur. Fabl. MSS. du H. n» 721», fol. 257, R" col. 2.
CoMANT. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, f' 174, R» col. 1.
KE.MANT. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 295.
Commandacion. [[ntercalez Commandacion ,
droit du seigneur sur l'homme qui s'est recom-
mande à lui : « Constitua encor ledit conte, que
« chevaliers ne nulz autres, aucun homme de
« iaditte ville, pour aucune convenance ou pour
>' autre cause, ne pourroit rcvoquier de Iaditte
« ville, se il n'estoit son homme de corps, ou qu'il
« eusten icellui aucune ancienne commandacion. »
(Ord. VI, p. 318, an. 4377.)] (n, e.)
Commandant, adj. Dominant. Molière, dans
le Bourgeois gentilhomme, acte IV, scène i", faisant
allusion à l'affectation de quelques expressions
nouvelles, s'est servi de celle qui suit: <■ Vin à aeve
« veloutée, armé d'un verd qui n'est point trop
« commandant. >•
Commande, siibst. fém. Dépôt*. Commande-
ment, ordre ^. Garde, protection "=. Droit de fief.
Société de commerce^. Administration d'un béné-
fice ^ Huche '=(2).
* Ce mot vient du latin commendarc, recom-
mander, confier. De là, il a signifié dépôt, car
mettre en dépôt est confier. On a' dit, en ce sens :
« Chil qui preste, ou met en commande, demnnde
« que l'en li rende, etc. » (Beauman. p. 177.) On
disoit aussi quémande, dans ce même sens de
dépôt. (Voyez ibid. p. lOi.l Comandise est employé
pour dépôt, dans S. Bern. Serm.fr. mss. p. 29, en lat.
depositiim.
^ Commander une chose, c'est en confier l'exé-
cution à quelqu'un, d'où vient l'acception figurée
de commande, pour ordre, commandement.
Mais quant le roy soudoiers mande,
Ou par prière, ou par commande.
Hisl. de Fr. à la suite du Rom. deFauvel, fol. 79.
■^ Par une extension de ces deux premières signi-
fications, ce mot a désigné garde, protection. (Du
Cange, Gloss.au mol CommendaS; Gloss. de Marot.)
Autre guerdon de vous je ne demande,
Sinon que soys, par vous, tins en commande.
Faifeu, p. 11.
De là, l'expression : meltreen fié, en commande[2i),
pour mettre ses biens sous la garde et protection
de son seigneur. (Assis, de Jérus. p. 120.)
° De cette protection du seigneur naissoient des
droits. On les appeloit aussi commande (4); il perce-
voit une taille, sur les gens de condition servile,
en particulier sur les veuves durant leur viduité, ou
sur celles qui se remarioient à des gens hors la
servitude du seigneur. Il percevoit aussi un droit
sur les serfs qu'il affranchissoit, et ce droit s'appe-
loit pareillement commende. (Gloss. sur les Coul.
de Beauvoisis ; Laur. Gloss. du Dr. fr.)
^ On nommoit commande une société de com-
merce, dans laquelle un des intéressés n'a d'autre
fonction que de faire les fonds ; nous l'appelons
ordinairement commandite. (Voyez Ord. des H. de
Fr. T. I, p. 585.)
On appeloit com??îanrfc de bestiaux'^)Mne société
(1) On lit déjà en ce sens dans Roland (v. C16) : « Ben seit vostre cornant. » (n. e.)
(2) Pour les tisserands et les pèclieurs c'est une corde, un nœud, qui retient et commande un tissu ou un filet : « L'un
desdiz variez, qui besongnoit avec le suppliant [tisserant] dist à la ditte femme : Maistresss, commandez ceste commande,
en lui monstranl un fil de laine qui estoit rompu, et lui voulant dire qu'eUe nouast le fil. » (.U. 170, p. 233, an. 1418.)
Ronsard (6U4) écrit aussi au sens d'amarre ; « Permets que je coupe Sous heureux sort la commande qui tient Ma nef
au bord. » (n. e.)
(3) « Qui se véaut partir dou païs, ou en aucune autre manière laisser son fié, il le doit commander au seignor : car la
Cffmmande est plus seure chose. » (Assises de Jérusalem, ch. CLXXXII; Du Cange, II, 471, col. 2.) (N. E.)
(4^ € Après qu'ilz auront demouré quatre ans [à Boussac] ilz seront tenuz de nous paier commande, comme les autres de
nos hommes et femmes. » (.IJ. 178, p. 43, an 142'?.) (N. e.)
(5) Dans la Bresse et le Bugey (Du Cange, VI, 276, col. 1.) (n. e.)
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— 116 —
co
dans ]aiiielle un des associés fouriiissoil le bétail,
l'autre le gardoil et le nourrissoil, el le profil se
partageoil. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) C"esl propre-
inenfle bail à cheptel. Dans cette acception, on dis-
tingue encore une extension du sens propre et pri-
mitif du mot commande, chose confiée, mise en
garde.
■^ Nous disons encore commende, en parlant des
matières bénéficiales, et ce mot désigne le dépôt et
l'administration d'un bénéfice. On écrivoit aussi
cmiwiande, en ce &ens>. Un commandeur des Tem-
pliers répondoit î» Joinville, qui lui conseilloit de
prendre de l'argent dans la caisse de l'Ordre pour
le rachat du comte de Poitiers (1 ) : « Nous recevons les
« commandes à serement, et sans que nous en
« puissions bailler les deniers, etc. " (Joinv. p. 70.)
° Le mot de commande, pris dans le sens de
huche, désigne que cette huche étoit destinée à
recevoir le dépôt de la pâte des vassaux obligés de
faire cuire leur pain au four banal. « Les fermiers
« d'iceluy [four], sont tenus... faire deux com-
" mandes ('i), l'une pour mettre le levain, et l'autre
" pour pestrir, porter leur pains au dit four
" bannier. » (La Thaumass. Coul de Berry, p. 19-2.)
VARIANTES :
COMMANDE. Coût. Gcn. T. II, p. 701 ; Gr. Couf. p. 138.
CoMANDisE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 29.
CoM.viENDE. Orth. subsist. et Du Cange, à Commemia.
COMANDE.
Quémande. Beaumanoir, p. 194.
Commandé, adj. Qui a reçu l'ordre. On lit
commandé de ce faire, dans Godefroy, Annot. sur
Charles VI, p. 565. Pelisson emploie cet adjectif
substantivement, les commandez, pour ceux qui
étoient commandés. (Lett. hisl. T. I, p. 95.) II dit
ailleurs de même les détachez-.
Commandeeur. [Intercalez Commandeeur,
receveur dans un couvent (Cart, de Corbie, an.
1285, Du Cange, II, 475, col. 1): « Dant Besson,
« moine de Corbye, commandeeur et recheveur
" des biens de ledite... »] (n. e.)
Commandement, subsl masc. Mandement*.
Convenant, société^. Commis, préposé*^. Volonté,
disposition ". Recommandation au prône ^. Nous ne
parlons point des acceptions subsistantes ^3).
* Commandement, en termes de droit, s'appelle
autrement mandement. 'Voyez le tit. 3, intitulé de
commandement, où l'on trouve actions de comman-
dement, de recouvrée, d'emprunt et de la pleigerie.
iBout. Som. Rur. p. 837.) Les mots mandement et
commendcment semblent aussi quelquefois avoir
emporté une distinction. On lit dans un mandement
du duc de Bourgogne à ses vassaux, pour leur faire
rendre hommage à son fils, ces mots : « Nos vos
>' mandons et commendons. » Et le mandement esi
terminé par cette phrase : >» C'est nostre mande-
«' mant el commandement, se aucun de vos ne
« voilloit faire, ou eslre rebelles. » (Perard, Hist.
de Bourg, p. 503, tit. de l'iG'i.)
^ On disoil commandement, dans le même sens
que commande, pour un accord, une société, une
convention. « Dame je suis icy venu pour le cotn-
i> mandement qui est entre vous et moy; or vous
« en acquitez ainsi comme vous devez faire. »
(Lanc, du Lac. T. II, fol. GO.)
^ Nous avons vu command, pour celui a commis-
sion d'un autre. On disoil aussi commandement,
dans ce sens, pour préposé, commis. » Que ceux
» qui de leur bonne volonté se tourneront devers
« les baillifs, ou les vicomtes, ou les prevosts, ou
« leurs commandemens, pour aucuns juifs, etc. •>
(Ord. des H. de Fr. T. I, p. 647.) •> Si ne estoil
« devant nostre personne, ou devant nostre cer-
« tain commandement. » (Lett. de 1350, pour la
ville de Cognac; Ord. des R. de Fr. T. II, p. 343.)
On a dit : rentier ou son commandement. (Ord. des
R. de Fr. T. III, p. 060, an. 1358.)
°Volonté,disposition(4), sont encore des significa-
tions du mot command, et elles sont communes an
mot commandement. On disoil : à votre comman-
dement, pour comme il vous plaira. Charles V, roi
de France, parlant à l'ambassadeur qu'il envoyoit
en Ecosse, lui dit : ■■ Tenez Estai comme à mes-
« sager, el commissaire du roy appartient (car
« nous le voulons) et tout sera payé. Le chevalier
« respondit: et dit, a'we, à voslve commandement. ■>
(Froissart, liv. II, p. 46.)
... Me conforta doulcement.
Et de sa voix mélodieuse
Me dist, à mon commandement.
AI. Cliartier, Poi's. p. 740.
De là, cette expression : Dieu en fit son comman-
dement, pour il mourut, Dieu en disposa. « Ainsi
« les choses demourerent en cet estât, et tant que
« Dieu fit son commandement du duc de Wince-
« tant, au dernier de ses jours, et mourut duc de
« Boëme, duc de Luxembourg, et de Brabant. »
(Froissart, liv. III, p. 371 (5).) « Dieti fit son comaridi'-
« ment don roy Père, quinziesme roy latin de
« Jérusalem. » (Assis, de Jerus. préf. p. I.)
^ Enfin, commandement a signifié recommanda-
lions el prières que l'on faisoil au prône : « Je
« donne au curé de S' Brice vingt sols tournois,
« et partant, sera tenu de faire mémoire par mon
« nom, quand il fera ses commandemens à la grand
« messe, avec les commendasses des morts. » (Bout.
Som. Rur. p. 875.)
(1) M. de Wailly (§ 381) édite ; a Nous recevons les commandes en tel manière, que par nos sairemens nous ne les poons
délivrer, mais que à ceux qui les nous baillent, i L'Ordre du Temple avait établi une sorte de banque de dépôt. On lit aussi
dans Beaumanoir (XXXJV, 20) ; « Et quand cil qui preste ou met en commande, demande que on h rende... » (n. e.)
(2) On lit au reg. JJ. W, p. 420, an. 1326 : « Cura mandatagia majora solito a mandatariis et funeriis exiganlur... n (n. e.)
(3) Le mot a déjà le sens d'ordre dans Roland, v. 309. (n. e.)
(4) C'est en ce sens qu'on lit dans la XIII* Nouvelle de Louis XI : « Plusieurs femmes ont larmes à commandement. » (n. b. i
(5) M. Kervyn (XIII, 31) imprime : « Ainsi les cboses demourerent en cel estât, et tant que Dieu clowj ses jours au gentil
duc WinceUant de Boesme... » (n. e.)
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Remarquons celte expression : avoir le comman-
dement beau (1). (Voy. Lett. choisies, impr. en 1751,
p. 90.J
VARIANTES :
COMMANDEMENT. Orth. subsistante.
CoMANDEMENT. Assis. de Jérus. p. 112.
Commander, verbe. Mettre en dépôt, con-
lier*. Commander, ordonner^. Recommander"^. Ce
mot, dans S' Bernard, répond au latin credere,
comniiltere et imperare ou prœcipere.
* Voyez, sur le premier sens de metlre en dépôt,
le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. « Lolhaire,
» l'ung des fils à l'empereur, à qui le père avoit
" commandé (2) le royaulme de Lombardie, pour
« gouverner. » (Chron. S' Denis, T. I, fol. \M.)
^ Ce mot s'est employé pour commander (3), or-
donner. (S. Bern. Serm. fr. >iss. p. 16.)
•^ Ce mot signifie aussi recommander (4). « Le com-
" mandèrent à Dieu (5). » ^Joinville, p. 105 ) De là,
cette expression à Dieu commant et à Dieu com-
ment, pour adieu, je vous recommande à Dieu.
iGloss. de Marot.) « Pour ce à Dieu guerre com-
" ment », je dis adieu à la guerre. (Èust. Desch.
Poës. Mss. fol. 81.) .Montluc,"dans ses Mém. T. I,
p. SnO, dit: « Depuis qu'une femme parlemente, et
■< vous écoute, à Dieu vous comment, vous avez
« desjà le pied en l'eslrier. »
CONJUGAISO.N :
Comandeie, part, passé. Confié. (S. Bern. Serm.
fr. wss. p. 314.)
Comanst, imparf. du subj. Commandât. (S. Bern.
Serm. fr. mss.)
Cornant, ind. prés. Recommande. (Fabl. mss. du
R. n-7615, T. II, fol. 151.)
Commaiidit, prêter. Commanda. (.Journ. de Paris
sous Charles VI et VII, p. 15.)
Commandoi::, imparf. de Tindic. Commandiez.
Villebard. p. 41.)
Communs (Je), ind. prés. Je recommande. (Moli-
net, p. 142.)
Commant (Je), indic. prés. Je commande, j'or-
donne. (Duchesne. Gén. de Montmorency, p. 386.)
Nous avons remarqué une espèce de distinction
entre mandement et comniendement ; elle paroît
s'élre étendue aussi sur les mots mander et com-
mander. (Voyez l'article Cojlma.nde.ment.)
Comment [Je], ind. prés. Je commande. (Fr. Arch.
de Bagnolet, p. 50.)
variantes :
COMMANDER. Orth. subsistante.
CoMANDEiR. s. Bern. Serm. MSS. fr. p. 218. En lat. c,-ederc.
CoMANDER. s. Dern. Serm. fr. MSS. p. 49.
CoMANDEn. Fabl. MSS. rtu R. n» 7615, T. Il, fol. 151.
COMENDEK. S. Bern. Serm. fr. MSS, p. 191. En \a.l.inipe,at\\
CoNM,\NGER. Rég. de S. Ben. lat. fr. MSS. de Beav. ch. XLii.
CoMM.\NGER. Id. ibid. ch. LXVII.
Commanderesse, adj. au fém. Impérieuse.
On lit en ce sens : » Hautes fortunes, et comman-
« deresses », dans les Essais de Monlaiene, T. IIl,
p. 235.
variantes :
COMMANDERESSE. Oudin, Dict.
CoMMENDERESSE. Cotgrave, Dict.
Commandeur, subst. masc. (6) Titre de di-
gnité *. Commandant ^.
* Ce mot, comme tilre de dignité, est encore en
usage. Le Dictionn. univ. écr'd commendenr. Nous
observerons que ce titre a été donné aux chefs des
maisons de l'Ordre de S' Antoine. (Voyez le P.
Menestrier, de la Chevalerie, p. 359.)
On appeloit aussi eommendeor du Temple (7) le
chef de l'Ordre des Templiers. (Conlin. de G. de
Tyr, Martène. T. V, col. 737.)
^ On a dit autrefois commandeur, pour comman-
dant. " Joinct qu'il semble requis que celuy qui
« commande soit meilleur que ceux à qui il com-
« mande ; ce disoit un grand commandeur, Cyrus. >'
(Sag. de Charron, p. l'J7.; » Cyrus, Alexandre, Ca?sar,
« trois grands commandeurs des hommes. » (Ibid.
p. 72.)
On qualifioil de commandeur, à Valenciennes,
« le second officier de la place d'où le gouverneur
« estoit le premier. » fPeli.sson, Lelt. iiisl. T. IIl.
p. 184.)
variantes :
COMMANDEUR. Lanc. du Lac, T. II, fol. 82, V» col. 1.
CoM.viENDEUR. Dict. Univ.
CoMMENDEOR. Contin. de G. de lyr, Martène, T. V, col. 737.
Co.MMENDiEBES. Id. ibid. T. V, col. 749.
Commandie,SM&sL/'(?'w. Disposition, volonté*.
Commandement^. Droit de fief^. Dépôt°. Prière
pour les morts ^. Ce mot participe aux significa-
tions de command, ccmmandement, commande et
commendaces.
* Au premier sens, il signifie disposition, volonté,
comme commande et commandement.
Et très tout fon bon feroie,
Et sa cûiiiinatidie.
Poês. MSS. avant 1300, T. IV. p. 1500.
Ne savez pas cornent amors justise
Cou que suen est et en sa coinundise.
Cliaiis. MSS. Ju C" Thibaut, p. 51.
" Commandise se disoit pour commandement, le
droit de commander; car on trouve verge de com-
(1) Se dit d'un officier qui commande de bonne sràce , et ironiquement, de ceux qui font les nécessaires et tes
importuns, (n. e.)
(2) On dit aussi au sens de mettre en commande : « Il le [fié] doit commander au seignor. » (.Assises de Jérusalem , Du
Gange, II, 471, col. 2.) (n. e.)
(3) Ce sens est dans Roland (v. 273, 2253, 2673). (n. e.)
(4) « Se commander en la garde de Dieu. » (Froissait, II, 63.) (N. E.)
(5) Voyez encore le § 651 de Tédit. de Wailly : « Il se cotnmenda à Nostre Dame de Vauvert. » (n. e.)
(6) Voyez plus haut commandeeur. (n. e.)
(7) « Il envoiast querre le commandeour et le maréchal dou Temple. » (Joinville, 1 381.) C'est le cas régime, on trouve le
cas sujet dans Merlin (B. X. fr. 7170, fol. 52, verso, xiii' siècle) : î Et lors refu Uters commenderes de la terre ainz que
il ftist rois. B (N E.)
co
- us —
CO
mandise, pour biUon ou baguette de commande-
ment. • Il veitau meillien ung homme qui lenoit en
« sa main une verge ûe coinmandise. « (Percefor.
Vol. IV, fc!. îiO.)
"^Le droit de commandise (I) éloit un droit de fief,
à peu près semblable à celui qu'on nommoit droit de
commande; c'étoit un droit qu'un seigneur avoit
sur lesgens d'un autre seigneur (2). (Voy. les Archives
de Villeneuve et de Viliiers sur terre, an 1212,
cotte V, communiquées par feu M. l'abbé Fenel.)
C'étoit aussi un droit qu'un seigneur avoit sur les
églises de son territoire, selon Du Cange, au mot
commendisia.
° Coinandise, comme commande, signifioit dépôt.
(Du Cange, au mot Commenda 1.)
Deux mille baisans li bailla,
En son voyage s'en ala :
Si tost com il pot, repaira,
Sa comandise îleinan ja
A celui à qui il les bailla.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 7, V col. 1.
De là, on employoit le mot commandise pour
désigner ce que l'on nommoit commande de bes-
tiaux, ou cheptel. Dans un titre de Bourgogne, en
1601, j'ai lu: « Les commandites qui sont de présent
« au dit lieu, estans de bœufs, et de vaches, etc. »
^ Ënlin, commandise signifioit, comme commen-
dasses, les prières qu'on faisoitaux prônes pour les
morts :
Chanter messe de Requiem,
Faire vigiles, commandises.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 50i, col. 3.
VAIIIANTES :
COMM.\NDIE.
CoMANDiE. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1500.
CoMMANDiZE. Titre MS. deltiOl.
Comandise. Fabl. MS. de S. G. fol. 7, V» col. 1.
CoN.MANDiSE. Fabl. MSS. du R. n° 7615, T. II, fol. 175.
Commandise. Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 564, col. 3.
CoMMENDiSE. Du Cange, au mot Counnendisia.
1. Gommant (3), subst. inasc. Manant, habitant.
On a dit : « Habilans, et communs de nostre comté de
« Soissons. » (Ord. des R. de France, T. V, p. 156.)
■■ Défendons à nossergens, et à nosprevosts, qu'ils
« ne teignent commant, ne bourgeois, se il n'est
« couchant et levant au lieu où il se advouera pour
« bourgeois. » (Sermens des officiers des ducs de
Bourgogne, p. 308.)
2. Commant. [Intercalez Commant, ordre:
Et dusqu'en Ardene le grant
Faisoit l'on trestot son commant.
Parlonopox, v. 407.
En douce France votre commant ferois.
Gérard de Vienne, v. 3J70.] (N. E.)
Commarchannes, adj. fém, plur. Contiguës,
limitrophes. Ce mot vient de Comarquk ci-dessus,
marche, pris pour frontière, confins, limites. De là,
on a appelé terres commarchannes les terres qui
marchisent et se touchent. (Faucliel, Orig. des Dign.
de Fr. liv. Il, p. 50.)
Commaundable, adj. Digne d'être recom-
mandé. Ou trouve dans Britton, Loix d'Angleterre,
fol. 280, cette expression : commaundable à la pri-
son, qui mérite la prison.
Comme, adv. Nous remarquerons sur l'ancien
usage de cet adverbe :
l'> Que Malherbe s'en servoil toujours, au lieu de
comment. Ménage lui en fait un reproche, dans
son Commentaire sur cet auteur. (Liv. IV, p. 407.)
2° Comme s'employoit quelquefois pour que.
Ménage, dans ses notes sur Malherbe, reproche à
cet auteur d'avoir fait souvent ce mauvais usage du
mot comme. Par exemple : « Aussi pure, et belle,
« comme le sujet en est beau. » Il qualifie cet usage
de normanisme. (Liv. V, p. 457 de l'Edit. de 166.)
Gerson, faisant l'oraison funèbre du duc d'Or-
léans, disoit que « la gouverne du royaume par luy
« administrée en son vivant, esloil meilleur comme
« celuy qui depuis y avoit esté. » (J. Le Fèvre de
S" Remy, Hist. de Cliarles VI, p. 72. — Voyez Ger. de
Nev. i" part. p. 110.)
Tandis comme on defîail le cerf.
Fontaines Guerin, Très, de Vénerie, MS. p. 50.
. . . Tant <ommc nous vivrons.
Cl. Marot, p. 53.
3° Comme il soit ainsi que. Sorte de pléonasme
qui s'unifie simplement comme. Exemple: "Comme
« il :ioit ainsi qu'û y a en la forest Damant plu-
« sieurs chevaliers qui sont de vostre partie. »
(Percef. Vol. Il, fol. I'i6. — Voyez Dict. de Cotgrave
et d'Oudin ; Grain, fr. de Rob. Est. p. 51.)
4° Comme ainsi soit que, expression peu diffé-
rente de celle ci-dessus, quant à la construction, et
la même par rapport au sens, étoit une formule
très-usitée au commencement des actes, en 1532.
(Voyez Méra. du Bellay, liv. 11, p. 436.)
5° Comme que ce soit, pour quoi qu'il en soit.
(Voyez Ambassade de Bassomp. T. II, p. 194.)
6° Comme qu'il soit et comme qui soit, pour de
façon ou d'autre, de quelque façon que ce soit.
Cueur, corps, et biens, alors, comme qu'il soit,
Donner luy doit et bailler en hostaige.
J. Marol, p. 224.
On trouve comme gui soit, dans le même sens.
(Voyez Ord. des R de Fr. T. 111, p. 330.)
7* Autrement comme soit avoit à peu près la
même signification de quelqu'autre façon que ce
soit. (Ord. des R. de Fr. T. III, p. 352.)
8" C'est tout comme, pour c'est la même chose.
A la voir ne souffrir blondin, ny galant homme.
C'est la même vertu ; cependant c'est tout comme.
Baron d'.Mbikrac, de Th. Corneille, acte v, se. III.
9° Comme tel% trois tiens-je, façon de parler pour
(1} « Si ravoit en commandie La duchée de Normandie. » (Guil. Guiart, Ph. Auguste.) (n. e.)
(2) Chron. citée par Duchesne dans l'Hist. de la Maison de Vergy (1625) : « Et avec se donna aus dits abbé et couvent la
com()i(?)irf(se qu'il avoit des hommes de Givry et de Veanne , sans vouloir en aucune chose venir contre la charte de
Hugues duc de Bourgogne son père, par laquelle il ne devoit prendre en Lommendation les hommes de l'église de
Cluny. » (N. E.)
(3)'Comm(int, ainsi que commandement, signifie mandataire. (N. e.)
co
H9 -
co
dire : lels que les trois que je liens. « Se les bons
« roys Philippe, et Jelian son filz denninement
« trespassé eussent eu planté de chevaliers, en
« leurs temps, comme tel% trois tiens-je enfermez
" céans en prison, jà le roy Edouart mon père
« n'eust passée la mer pour venir en France. »
(Hist. de B. Duguescliii, par Ménard, p. '293.)
10» Comme vous tenez. Traduction de la formule
titi possidetis. C'est la formule de l'action qu'on
nomme en droit coulumier, action de nouvelleté.
(Bout. Som. Rur. p. IGl.)
11° Comme de raison. Façon de parler usitée
chez les juristes : « A venir procéder, ne peut
« l'on débattre l'adjournement, et décliner à venir
« défendre, s'il n'y a, comme de raison; et ne
» peut on debatre l'adjoui'nement, ne décliner;
« mais convient proposer dilatoires, ou peremp-
« toires, et là ou il y auroil comme de raison, il
« pourroit décliner. » (Gr. Coût, de Fr. p. 302.)
12" Comme miles semble signifier presqu'aucunes,
dans ces vers :
Banieres levées les siuent
Et cil co)nme nules. n'en urent.
Deseirées à terres lurent
Jaunes, Indes, rouges et blanches.
G. Guiarl, MS. fol. 230, R".
13° Comme point, c'est-à-dire nullement, en
aucune façon. « Grandes dissentions, et divisions y
« avoit pour le fait des aides, et finances qu'on
« exigeoit sur le peuple, sans ce que comme point
« rien en fut mis au bien de la chose publique. »
VARIANTES (1) :
COMME.
KoM. Carpentier, Hist. de Cambray, p. 28.
Gommée, ad. au (cm. Chevelue. « Commette,
« c'est une estoillequi conimée[2), et quouée est. »
(Chron. S* Denis, T. Il, fol. 12.) Un lit dans Rigord :
« Comeles slella scilicet crinita, sivecaudata. «
Commelure, sitbst. fém. Mélange.
Tel front, tel chicf, tel chevelure
Sans avoir aultre commelure.
Froisaart, Pops. MSS. p. 181, col. 1.
Commemorable. [Intercalez Commemorahie,
mémorable dans un acte de 1445, Du Gange, II, 470,
col. 1) : " Savoir faisons que nous voulons à noslre
« pouvoir ensuivir les commémorables fais de nos
« prédécesseurs. »] (n. e.)
Commençail (3), siibst. masc. Commencement.
La terminaison de commençail est assez ordinaire
chez nos anciens poètes, lorsque la rime la demande ;
et, si la mesure l'e.xige, ils allongent le mot, en
l'employant au féminin, conunençail, comvien-
caille.
Bien leur estoit au commençail.
Rom. de Brut, MS. fol. 101, V col. î.
Ki d'amers veut bone definaille.
Bien doit soulîrir la dure commençaxlle.
Salvaje de Belhuue. Poès. MSS. avant 1300, T. 111, p. 1Î72.
Voyez la même pièce attribuée à Gaces Brullés,
ibid. T. 1, p. 460.
On disoit aussi, dans le même sens, commen-
çance et commencence :
Dame, à la conimeiiçaiice,
Quant je vos esgardai.
Me vint tout à plaisance
Quanques en vos trovai.
Sjmon d'Autié, Pois. MSS. avant 1300, T. III, p. 1233.
Moult m'est bêle la douce commencence
Du nouvel temps, à l'entrant de pastour.
Li Chasielains de Coucy. ibid. T. I, p. 310.
VARIANTES :
CoMMENCAiL.Rom.de Brut.MS. fol. 101, V» c. 2.
Commençaxlle, s. f. Bat. de Quar. MS. de S. G. fol. 91, R'.
CoMMENÇANCE,s. /'.S. d'Aut. P. MSS. av 1300, T. 111, p. 123:1
Commencence, s. f. Li Chast. de Coucy, ibid. T. I, p. 310.
Commencement, subsl. masc. Ce mot sub-
siste sous la première orthographe (4). 11 nous fournit
cet ancien proverbe : Commencement n'est pas
fusée, pour dire qui commence n'est pas au bout.
(Dict. de Cotgrave (5).)
VARIANTES :
COMMENCEMENT. Orih. subsistante.
CoMiMANCEMENT. Le Jouvencel, JIS. p. 74.
Commenciiement. Le Fev. de S. Remy,Hist. deCh. VI,p.6.
Commenceur, subst. masc. Oui commence.
On a dit, dans le sens général : >< Se loue de beau-
.. coup de ceul.x qui ont esté commanceiirs de son
« bien. » (Le .louvenc. .ms. p. 602.) De là, ce mot
signifioit particulièrement assaillant. (Petit. .1. de
Sainlré, p. 236 (6).)
VARIANTES :
COMMENCEUR. P. .1. de Sainlré, p. 236.
Com.manceur. Le Jouvencel, MS. p. 602.
Commencher, verbe. Commencer. (Voyez
Fauchet, Langue et Poès. fr. p. 197.) On a employé
ce verbe substantivement, dans le proverbe sui-
vant :
Bon conmancier à bone fin.
Fal)l. MSS. du R. n" 7015, T. H, fol. l;:t, V col. 1.
Xous rapporterons ici quelques termes de l'an-
cienne conjugaison de ce verbe, soit qu'on l'écrivit
selon les orthographes que nous venons de citer ou
selon celle qui subsiste (7).
(1) On lit déjà aux Serments de Strasbourg : « Si cum on, per dreit... » (n. e.)
(2) Voyez une citation de Machault sous comète. (N. E.)
(3) Dans un bestiaire cité par Du Cange (II, 777 , col. 2) on lit : « L'oevre de boine commcnchaille Qui ara boine
definaille. » n. (e.)
(4) Dans Froissart, commencement a le sens d'occasion : « Si avés très-grand commencement de requérir et calengier ce
qui est vostre. » (II, 324.) — ft co)ii(»e(ice»)eii/, comme rfeprej/iifi's, signifie d'abord : « Et quidierent de coinmcncernenl
que ce fuissent ceu de Camperlé qui les venissent combatre. » (Id., IV, 78.) (n. e.)
(5) D'après J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. lil : « La fin en sera mauvaise ; Ains que vostre œuvre soit usée ;
Commencement n'est pas fusée. » De même dans Perceforest (t. VI, p. 84) : « L'on dit : commencement n'est pas fusée mais
advantaige grant. » (n. e.)
(6) « Saintré, qui jà estoit en point comme De commenceur et entrepreneur de l'emprinte, monta à cheval. » (s. E.)
(7) Dans Froissart, il est adverbe, et de commcncliier signifie spontanément : « Car rfe commenchier, tel ribaudaille que
il estoient n'euissent jamais osé d'entreprendre d'avoir occis un si haut homme. » (IX, 182.) (N. e.)
co
— 120 -
co
CONJUGAISON :
Coinent, iiidic. prés. Commence.
Dolerousement cnmcnl,
Ki cliaiitei voul de doulour.
Gontiers, Poi-s. MSS. avanl 1300, T. III, p. 102.-).
Cummans. indic. prés. Je commence, (ms. de
l'Eglise S' Martin de Tours.)
Conwiencens, part. prés. Commençans. On disoit
Pasques commencens.
Conimene-iaines , prélér. indic. Commençâmes,
(.loinv. p. 77.) 11 paroit que le copiste, embarrassé
du son du c devant Va, qu'il vouloit adoucir, a
employé le x- pour tenir lieu de la cédille. (Falc.)
Commcns, indic. prés, .le commence.
Comme je veuil que le Romans
Soit appelé, que je conunots ;
Ce est le Romans de la Rose.
G. de Lorris, cité par Fauch. Lang. et Po^-s. fr. p. 19;i.
Comment, au subj. prés. .le commence.
... Va près que .je ne comment.
Fabl.'lISS. du K. a' 721S, fol. 49, V- col. 2.
VAB1.4NTES (1) :
COMMEXGHEli. IJeauiaanoir, p. 1 et 2.
roMMAXCHiER. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 522 et 761.
CoM,MENCHiEU. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 437, not. col. 1.
CoNMANCiER. Fab). MSS. du R. n» 7613, T. II, f" 131, V» c. 1.
COMENCER. Poës. MSS. av. -1300, T. III, p. 1025.
Commendaces , subst. fém. plur. (2) Prières
pour les morls. (Voyez Colgrave, ^■icot, Oudin et le
Gloss. de l'Hist. de Paris.) Les croisés françois
ayant été inassa.rés en Hongrie par les Sarra-
zins, en 1396, on ordonna des services dans les
églises. •■ Dans la ville de Paris, furent en toutes
« les églises faites de très belles vigiles, commen-
« dusses et messes. » (Juvén. des Ui'sins, Hist. de
Charles YI, p. 127.) « Fist dire vigiles, el les coin-
« mciidassions. " (.lourn. de Paris sous Charles VI
et VIT, p. 200.) On disoit aussi comme lUlatlon (3) au
singulier. (Voyez Vies des SS. .ms. de Sorb. ch. lm,
col. 3G.) « Qu.ànd il fera ses commendemens à la
'■ grand messe, avec lescommendasses des morts. »
(Bout. Som. Rur. p. 87.5.)
Les paysans, en Normandie, disent faire ses
commendasses, pour faire ses complimens.
VARIANTES :
COiMMENDACES. Juv. des Urs. Hist. de Ch. YI, p. 127.
Commendasses. Bout. Som. Rur. p. 875.
Co .AMENDASSIONS, .lourn. de Paris sous Ch. VI el VU, p. 206.
Co.MMENDATiON, si»'/. Vies desSS. MS. de Sorb. ch. LXi.
Commenioi*. verbe. Communier. Dans le sens
actif, c'est administrer la communion.
Comment il la commcnia.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. S22, V* col. 2.
De là, on a dit : ■< Soit chascuns coiifés et com-
« men/c. " (Villehard. p. 178.)
Commensalité, subst. fém Etal de commen-
sal. (Colgrave et Oudin, Dict.) « Item pour ce que,
« es temps passez, plusieurs juges, el advocatsfont
« doubles, en rappellalion de tesmoings, quant
« partie qu'il sont du conseil de son adverse partie,
■' et partie les veult rapeler, est avisé que partie
•> n'y sera point reçue, s'elle ne dit qu'il est son
« conseiller, advocat, procureur, ou solliciteur el
" de sa commensalité. « (Ord. des ducs de Bret.
fol. 194.)
«
Comment, subst. jnasc. et adj. Commentaire
el commenté. Comme adjectif, ce mol nous fournil
l'expression livre comment, pour commentaire,
dans ce passage : « S' Thomas, le S' Docteur, en
« son livre comment sur les Ethiques. « (Hist. de
la Toison d'Or, Vol. H, fol. 191.)
On employoit ce mot plus souvent comme sub-
stantif. " Translatez de carmes latins, en ryme
« françoise, avec le comment (4) en prose. » (Du Verd.
Bibl. p. 17.)
Sans faulse glose, et erroné comment.
Crétin, p. 8.
Comment, adv. Sur le mol cornent, voyez le
livre d'Albei lau : Don parler et dou taire, etc. Nous
ferons d'ailleurs quelques remarques :
1° Le mol comment, qui subsiste comme adverbe,
a été employé comme substantif, pour de quelle
façon, de quelle manière. « Rente non nantie est
« SI .: jUd à partage, sans avoir égard à comment,
« el lie quel côtéelle est venue. »"(Cout. de Bouch.
Nous. Coul. Gén. T. I, p. 791.)
2° On a dit comment, pour comme. •< Embeso-
<■ gnées 11 elles parer, el orner comment le cas le
« requeroit. » (Percef. Vol. 111, fol. 75.)
3° Comment que el cornent que, pour quoique, de
quelque manière (]ue (5). (S. Bern Serai, fr. mss.
p. 3Ô9.) Dans le latin utcumque. » De la victoire.
« non seulement en advenoil la ruine de l'armée,
« mais le danger, el trouble de tout le royaume,
- comment que soil. » (Mém. Du Bellay, livre VII,
fol. 201.) On lit, au sujet de l'Oriflamme :
. . . Comment que l'en l'ait portée,
Par nations blanches et mores
Ele est à S. Denis encores.
G. Guiart, MS. fol. ;'.0, V'.
Une amitié longue, et de telle sorte,
A soudain rompre est difficile et forte :
Bien forte elle est ; mais coiiDiicnl que tu face
Si faut il bien que du tout t'en deface.
Meîin de S. Gelais, p. iS5.
VARI.\NTES :
CO.MMENT. Orth. subsistante.
CoMENT. Albertan, MS. du R. n" 7377, p. 1.
(-1) Il est dans Roland sous la forme cumencer (2413), cnmencel (-138), etc. (N. E.)
(2) Dans un teslaraenl de 1448 au Cart. 21 de Corbie, fol. 277, on lit : « Item je laisse .. au.x trois ordres mendians , est
assavoir frères prescheurs, augustins et frères meneurs de ladite ville [d'Amiens] à chacun vingt solz, par sy qu'ils seront
tenus de dire vigilles commendaces le jour de mon obseque. » (N. E.)
(3) Voyez le Glossaire sur la chron. des ducs de Normandie. (N. E.)
(4) On lit aussi dans Christine de Pisan (Charles V, III, 13) : « Et fi.st un command là-dessus [les œuvres de Denis
l'aréopfigite]. » Cun\mentinrc n'apparaît qu'au XVF siècle, (n. e.)
(5) On lit atissi dans Froissart (V, 461) : "' '
cimiment i/ue la besoingne ne soit tourné
encore delîyés. » Ce sens est déjà dans Roland (v. 302:;) : « Uiimeiit qu i
,u qu au \\i' siècle, (n. e.)
51) : « Et si m'est avis que vous avés grant cose et bien raison de vous esléechier.
rnée à votre çret. » (V, 4GI). Que peut faire défaut (II, 4.12^ : « Cornent il n'en fust point
is Roland (v. 3525) : « Cumcnl qu'il seit, ne s'i voelt celer mie. » (N. E.)
co
— 121 -
co
Commentaires, subst. rnasc. plitr. Mémoires.
Pasquier dit. en parlant des Mémoires de Montluc:
« A il intitulé son œuvre commentaires, ce tju'en
« nostre langue un Coiniiiines, et après luy un
•' Martin DuBellay voulurent appeller mémoires,
« cai', pour bien dire, sans nous eslongner de
« nostre vulgaire françois, après avoir recité
« chaque mémorable exploit parluy faist, il apporte
« tout d"une suile un beau commentaire. « (Lett.
T. 11, p. 387.) Il paroit, par le passage suivant, que
Du Bellay se servoit aussi quelquefois de ce mot, au
lieu de mémoires. « Nous avons couché au précé-
" dent commentaire, comment le roy, etc. « (Mém.
Du Bellay, livre VII, fol. 'il8. — Voyez ci-après
Gommes.)
Commention, subst. fém. Mention. Mais plus
probablement c'est une faute, et on doit lire con-
vention, i' Les enfans estant en puissance pater-
« nelle, parens et autres personnes, norries, et
" entretenues par gratuite affection, ou pitié, ne
" peuvent acquérir droit de communauté avec père
" et mère, et autres persounes qui les norisse, par
« quelque laps de temps qu'ils y demoreni, s'il n'y
« a expresse commention sur ce faite. » (Ane. Coût,
de Troyes, Nouv. Goût. Gén. T. III, p. 273.)
Gommerailles, subst. fém. plur. Fêtes pour la
naisance des enfans.
Après avoir fini leurs tristes commérailles,
Qui passoient en tristeurles tristes funérailles;
Ne laissent aucun point du mystère sacré
Au naistre d'un enfant en la sorte exécré.
(Euv. de Baif, fol. 681, V".
Commère, subst. fém. Femme en couche*
Homme efféminé'^.
* Nous trouvons ce mot, au piemier sens de
femme en couche, dans des vers sin' la Nativité :
Si nous allons cest enfant voir,
De le servir feray devoir.
De bon cœur servirons la raere.
Je croy qu'elle est belle commère.
Les M,irg. do la Marg fol. 81. R- el V-.
Dans plusieurs provinces, cette acception du mot
commère subsiste encore.
^ Oudin, dans son Dictionnaire, donne pour une
des significations du mot commère celle d'un
homme efféminé.
Quant aux aulres significations de ce mot qui
subsistent encore, nous ferons les remarques sui-
vantes :
l" On donne aujourd'hui le nom de commère soit
à la femme dont on tient lenfant sur les fonts, ou
à celle avec qui on le tient (1). G'étoit autrefois la
même chose. (Voyez Du Gange, aux mots Commara
et Commuter.)
2° Il est bon de faire observer que le roi d'Angle-
terre, en 1513, parlant de l'archiduchesse, l'appelle
« nostre cousine et bonne commère. »
3" Ce rnot paroît s'être dit pour sag:e-femme. « La
« royiie ayant fait appeller la sage femme qui avoit
« reçeu les enfans, luy ditsecrettement. que diriez-
« vous ma coinmere. m'amie, etc.';' » (Nuicls de
Srapar. p. 301.) Mais ce nom n'est pas ici plus
appliqué à la sage-femme que celui de m'amie
qu'on lui donne dans la même phrase. Commère
étoit alors comme aujourd'hui un mnt vague qu'on
appliquoit aux femmes de basse condition, et qui
se prenoit souvent en mauvaise pari. G'est dans ce
sens qu'on a dit, en parlant d'une tourière: « Quant
" la diablesse veit le chevalier en tel poincl, elle lui
« escria d'une voix forsennée : Meschant malheu-
« reux chevalier que faictz tu icy'? Va-t-en, ([ue ne
« soyes desmembrés, et desrompu aux ungles : Es
« tu une commère, ou ung portier de religion ? va
" ton chemin en auUre lieu quérir ton adventure. »
(Perceforest, Vol. VI, fol, 48.)
On trouve (ib. Vol. IV, fol. 109) le mot commère (2)
employé comme terme d'injuie, dans le sens où
nous le disons aujourd'hui.
Gommes, subst. masc. plur. Gominenlaires,
mémoires.
.Fay veu, et leu, chroniques, textes, commes
Tant des Césars, comme tous aultres preux.
J. Marot. p. 16-2.
Nous avons vu ci-dessus qu'on disoit aussi dans
le même sens comment.
Commessateur, sut)st. masc. Qui aime la
bonne chère. On lit : « Gourmand, yvrogne, et
« commessateur , •> dans Gartheny , voyage du
Gliev" errant, fol. 89.
Commestion, subst. fém. L'action de manger.
Ondisoit: quiestde bonne commestion, pourquiesl
bon à manger. « Priant, el de bonne commestion. ■•
(Apol. pour Hérodote, p. 559.)
Commettre, verbe. Prononcer, ordonner*.
Encourir, risquer^.
* Ge mot subsiste, sous la première orthographe,
avec d'autres significations. On disoit autrefois
cometre une peine, pour l'ordonner. « Selon les
« cas que vous orrés, comètes telle peine au monde,
« à la char, et au deable. comme bon vous sem-
>• blera. » (Modus et Kacio, ms fol. 310.)
° Commettre a signifié aussi l'action même d'en-
courir la peine prononcée pai' le juge, et c'est dans
ce sens qu'on disoit commettre prison, pour encou-
rir prison.
En cohtmellant prison nrivée.
Eusl. Descli. Poés. MSS. fol. 40lj. col. 2.
Nous disons encore, en termes de coutume ;
(1) La commèi'e on marraine de l'enfant était considérée comme sa mère spirituelle ; elle devait le garder et le secourir,
s'il devenait orphelin ; enfin elle ne pouvait épouser le parrain de Tenfant. (Loi des Lombards, II, tit. 8, § 5.) Beaumanoir
écrit encore (XVIII, 8) ; « Ce doit cascuns savoir que nus ne doit espouser celé qui li apartient de lignage, ne se commère,
de quel enfant que ce soit. » (N. E.)
(2) « .le ne scay, dit la voix, se tu empireras Vhuys ; car tu n'y entreras point par force ne autrement ; car je huclierai.
snssv fol pt oultrageux que tu es, qui bien gardera l'huys contre toi. Mes huy seroient ruses de commères , dit Passelyon,
trou ai entendu. » (N. E.)
IV. 16
co
— 122
CO
coDivu'tlrc loi //c/, pour le confisiiuer, en encourir,
en l'isijuer la conliseation. (Voyez Laur. Gloss. du
Dr. l'r. el IJu Cun^e. aux mots CommUlere et Feu-
dum Commiltevc] Le Fèvre, Orig. des liefs, p. 80,
met una distinction entre commettre son fief, et le
mejfuive.
VARIANTES :
COMMETTRE. Orth. subsistante.
CoMETRE. Modus et Racio, .MS. fol. 310, R».
Coinineus, wlj. Emu, agité.
La mer après n'est pas conmue,
Li taiis est scef, et seriz.
Parton. de 131ois, MS. de S. G. fol. Ite, V° col. 3.
Quar tout en iert le peuple coiujneuf:, et troublez.
Rom. de Rou, MS. p. 122.
Li peuple est trestout cnnimeus;
De Bernart s'esmerveillent, qui ^i est esperdus
Et Dex ! dieiit au quant, qu'est son senz devenuz?
Hom. de Rou, MS. p. 87.
VARIANTES :
COMMEU.S. Rom. de Rou, MS. p. 87.
CONMU. Part, de Bl. MS. de S. G. fol. 145, V° col. 3.
CoNGNEUs. Rom. de Rou, MS. p. 422.
Coniiiiiinaus (1).
Covint cens de France partir
De la place, tout maugré aus ;
La place si fu ccomiiimaus
De ceus de Cbampaigne la fine.
Fabl. MSS. du R. n- 1218, fol. 16, V col. 2.
Conimination, sitbst. fém. Menace. " Les
« envoya tons sommer, avecques commination de
« les faire tous pendre, s"iisattendoient le canon. »
(Mém. Du Bellay, liv. VIII, fol. 245.)
Coinminau, subst. masc. Communauté d'une
ville. (Voyez Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, et
la Tliaum. Coût, de Berri, p. 102.)
Comminer, verbe. Menacer. (Oudin el Cotgrave,
Diction n.)
Coinminuer, verbe. Broyer, fracasser (2). Pro-
prement mettre en petites pièces. (Nicot, Cotgrave,
Dict.) On lit, en parlant de gens frappés et tués du
tonnerre : « Et en aucunes des personnes qui
» feurent tuées, feut trouvé que leurs os estoient
« tous comminués , et desrompus, sans que la
« peau, et la chair fussent aucunement entamées. »
(Juven. des Urs. Hist. de Charles VI, p. 338,
an. 1417.)
Coiiiniiracion, siibsl. fém. Ce mot, dont il
n'est pas aisé de démêler la signilication, semble
désigner quelque opération magique.
Li premiers fut qui fontaine en usaige
Fist par conduiz, et encîoit dedenz
Pierres de maulx espeiis respondens
Aux demandes, par commirarion (3).
Eusl. Desch. F'iios. MSS. fol. 42, col. 1.
Commis, subst. musc. Confiscation. On a dit
droit (le commis, pour droit de confiscation. (Lau-
rière, (Jloss. du Dr. fr. — Voy. ci-après Commise.)
Commis, subst. masc. Chargé d'une commis-
sion. Nous disons encore ce mot, en ce sens; mais
nous devons marquer ici les diverses personnes
auxquelles on donnoit autrefois ce nom (4).
1° On le donnoit à celui qui avoit commission du
Pape. « Ne fait à absoudre que par le S' Père, ou
'• son commis. >• (Bout. Som. Rur. p. 758.)
2» A celui qui avoit commission du roi, pour
présider aux joutes. « Devant le roy de France, son
" seigneur souverain, ou son commis. » (P. J. de
Saintré, p. 397.)
3° On disoit quelquefois commîs, pour lieutenant,
ou officier. « Avoient mandé le duc de Zassés, et
« pris, et receu ses commis, et gens d'armes. »
(Mém. d'OI. de la Marche, liv. I, p.'l7G.)
4° Dans le passage suivant, on nomme commis
un roi que l'on met à la place de l'héritier naturel.
Un roi voulant au lit de la mort, en présence des
princes de la cour, exclure de la couronne un
neveu qui lui devoit succéder, « le plus sage parla,
« et dist, sire, il n'est point de tel meschief, comme
« d'ung royaulme escheoir en mains de commis. ■>
(Percef Vol. VI, fol. 90.)
5° On désigne, sous le nom de commis, ceux qui
avoient été nommés par le maréchal de Clermont
en 1355, pour établir les collecteurs qui dévoient
lever l'aide. (Ord. desR.deFr. T. III, préf. p. 32(5).)
0" Commis à ta vingtaine semble pris pour chef,
ou officier de quelque corps de métier. « Toutes
« sentences rendues par les reuwart (inspecteur)
» paiseurs, maieur de la perse (pour percbe) trip-
» piers de velours, commis à lavingtaine, et autres
« collieges, subalternes à eschevins, sortissent, par
« appel, par devant les dits eschevins. « (Coût, de
Lille, Coût. Gén. T. I, p. 777.)
7° Commis au registre des étrangers. C'étoient
les officiers chargés de tenir une liste des étrangers.
« Sont faites defïenses à tous hostelieis, taver-
« niers, et généralement à tous bourgeois, de rece-
« voir aucuns estrangers, pour y loger une nuict,
« sans billet du commis au registre des estran-
'< gers. » (Ord. de Metz, Coul. Gén. T. I, p. 1154.)
i" Commis des finances. Ils furent créés en 1413(0),
(1) Lisez coinmunaus. (n. e.)
(2) Depuis Paré, c'est un mot ctiirurgical : « Un coup de pistole luy fractura les os du bras, dont en avoit qui estoient
conimiiiuéfs, comme si on les eust rompus sur une enclume. » (Paré, IX, 14.) (n. e.)
(3) Ne faut-il pas lire conjuration ? (n. e.)
(4) Dans Froissart, il a le sens de délégué : « Il tenroient... le tretlié que Chil de Gand avoient jurât à tenir et proumis
par lettres... à l'evesque de Durera et à ses commis. » (II, 441.) (n. e.)
(5) On les nomme plus souvent élus : « Et ne seront lesdites aydes, et ce qui en ystra, levées ne distribuées par nez gens,
par noz trésoriers, ne par noz officiers, mais par autres bonnes gens saiges, loyauls et solvables, ordonnez , commis et
depputez par les trois Estats. » (.\rt. V de l'Ordonnance.) (N. e.)
(tî) L'Ordonnance de 1413 fit de la Chambre des Comptes la base de l'organisation financière, et rnit à sa tète et à la place
des généraux de finances « deux commis ordonnés au gouvernement des finances du royaume et investis de la direction
supérieure. » (Art. I et IL) — Elle appelle aussi la Cour des Aides « l'auditoire des généraux ou commis au gouvernement
de la justice des aides. » (n. e.)
co
— 123 —
CO
à l'assemblée des Etats de Paris qui se tint pour la
réformalion des ab'is dans Tadministrafion publi-
que. « Par le premier article de la reformation, le
« Roy déclara qu'il supprimoit tous autres threso-
« riers, et généraux, et qu'il n'y en aurait plus que
« deux, par devers lesquels résideroit toule la
« charge des finances, de quelque nature qu'elles
« fussent; qui seroient appeliez commis des f'niaii-
« ces, lesquels seroient éleus en la Chambre des
« Comptes par le chancelier. » (Pasq. Rech. liv. II,
p. 84.)
9° Le commis du marguilher designoit celui
qu'il chargeoit d'en faire la fonction. (Coût. Gén.
T. I, p. lus.)
Commi?,, participe. Imposé, infligé*. Qui a
encouru confiscation^. Chargé d'une commission'^.
Entrepris, commencé". Fait, achevé, passé ^.
Ce mot, dans ces différentes significatioiis, est le
participe passif du verbe commettre.
*J\'ous avons remarqué, îi l'article de ce verbe,
que l'on avoit dit commettre une peine, pour l'or-
donner, l'imposer ; de même, on a dit commis,
pour imposé, infligé. « Ont griement pecbié contre
« le père, et le lilz, et contre moy, pourquoy paine
« leur sera commise. « (Moduset Racio, ms. f°311.j
^Commettre signifioit aussi encourir confisca-
tion, en parlant des fiefs ; de là, commis s'est pris,
en général, pour confisqué. « Voulons que le pois-
« son viengne sans entrer en bostel, sous peine
- d'estre commis envers nous. » (Ord. des R. de
Fr. T. Il, p. 587.)
■^ On dit encore commettre, pour donner commis-
sion, et au passif être cûmviis. Mais ou dit élre
commis à une chose, et on disoit autrefois être
commis d'une chose.
Lequel chargé de ce dont est commis, etc.
J. Marot, [jage 70.
Juridiction commise étoit une juridiction établie
par commission ; « autrement dite déléguée, bail-
« lée, soit par le prince, soit par autre qui ait pou-
« voir de le faire, » comme l'a définie Bout. Som.
Rur. page 9.
° Commis signifioit aussi entrepris, commencé,
du latin commissus, comme dans cette expression
guerre commise.
Ces deus cors saints diz desus
Furent estez de leur yglises,
Par paour de guerres commises.
G. Guiart, MS. fol. 147, R".
^ On dit un ciime commis, pour un crime fait;
commis est même le mot propre. On disoit un con-
trat comtnis, pour un contrat fait, un contrat
passé. (Ord. des R. de Fr. T. III, p. 45.)
Nous trouverions une acception nouvelle du mot
coimnis, dans la Coutume d'Artois, si ce mot n'étoit
une faute eu cet endroit ; « L'on ne peut mettre en
« posture aucunes bestes à laines es marets com-
« mis. " (Coût. Gén. T. I, page 756.) Lisez marctx-
communs, comme dans l'édit. de cette Coût. Arras.
lG-2'i, in-12, p. 20, art. 55.
VARIANTES :
COMMIS.
Komis. Carpentier, Hist. de Cambray, p. 28.
Commise, subst. fém. Confiscation *. Déten-
tion ^. Piévaricalion '^.
* Nous avons vu commis, pour confisqué ; de là,
le substantif coJHJw/.st', employé dans les Coutumes
pour exprimer la confiscation, non-seulement des
fiefs, mais des tenes tenues en censive, même à
ferme. (Coût, de Courir. Nouv. Coût. Gén. T. I,
p. 1091 (11) Onaditaussi, en ce mêmeseiis, commis-
sion. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. fr.) « Quant aucuns
« héritaiges, et biens estoienl acquis par commis-
« sion de fief, le seigneur féodal n'estoit tenu de
« payer les debtes, sinon quelles fussent ensaisi-
« nées. » (Proc. de J. Cœur, i»is. p. 122.) (2)
^On a employé ce mot pour détention, mais
alors nous le trouvons écrit commisse. (Gloss. de
l'Hisl. de Paris.) « Avoir commisse à la Baslille, »
y être détenu pour avoir commis son lief par
félonie.
•^ Enfin commise est mis pour prévarication com-
mise par quelqu'un, dans des lettres patentes don-
nées à Anvers, le 21 septembre 1457. « Mon dil
« seigneur le duc donne commission de cognoistre
« de toutes commises par ses officiers, et de les
" pugnir des exactions, et extorsions des dits offi-
« ciers, quels qu'ils fussent. » (Estât des Offic. des
ducs de Bourg, p. 223.)
VARIANTES :
COMMISE. Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 1091, col. 2.
Commisse. Gloss. de l'Hist. de Paris.
Commission. Du Gange, au mot Commissio, 2.
Commissaire , suhst. masc. Commandant,
officier principal*. Ambassadeur^.
Ce mot subsiste; il nous convient de remarquer,
avant de passer aux acceptions bors d'usage, qu'il
est employé dans les anciennes ordonnances, au
même sens que celui de commissaire des guerres,
ou à la suite, qui est aujourd'hui en usage. (Voyez
Le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p 219.) Les capitaines
de chaque compagnie étoient autrefois chargés des
fonctions des commissaires. « Mais, depuis, a cause
.> des malversations qui se commetloient par les
« capitaines qui retenoient les gages des gendar-
<■ mes, ou qui mettoient des passeVolans, la paye
« des gendarmes se fit par les commissaires. »
(Ibid. p. 225.)
'^ Commissaire, &ini le sens propre et général,
désigne celui qui a reyu une commission. On appli-
quoit cette idée à la signification particulière de
principal officier d'une armée, de commandant.
Alain Chartier , parlant des généraux et autres
principaux officiers qui commandèrent à la conquête
de la Guienne en 14.53, se sert de l'expression de
(■1) « Quand le fermier a donné lieu à la commise de son bail. » (Nouv. Cout., I, p. 492.) (N. E.)
(2) La commise s'appUquait aux fiefs en cas de désaveu ou de félonie. A l'origine, la minorité même du vassal entraînait
la commise. (N. E.)
co
- 124 —
CO
messcigneurs les commissaires, (llist. de Charles
\1 tl \II, p. '238.) Saiiilié, commis par le ruy pour
élre le chef d'une croisade iiomhreuse qui ailoit eu
Prusse, esl qualifié de conimissuire. ^Pelil J. de
Saintré, p. 457.)
^ De là, aussi, on nommoil commissaires les
ambassadeurs. Le chevalier que Charles V envoya
en ambassade au roi d'Ecosse, en 1379, esl appelé
" messasicr au roy de France, et commissaire »,
dans Froissart, liv. 111, p. 47.
Ce mol avoil encore plusieurs autres significa-
tions (1). 'Voyez d'abord Du Cange, Gloss. lat. au mot
Commissariits, cl Laur. Gloss. du Dr. fr.)
1° On appeloil commissaire de la cité, un officier
préposé pour la police. ■• Nul ne pourra eslre
" admis à l'office, et estât de commissaire de la
« cité, s'il ne soit à^é de quaranle ans completz. »
(Ord. du Pais de Liège, Coût. Gén. T. II, p. 978.)
-l' Commissaire référendaire se disoit pour rap-
porteur. « Nota que les commissaires de Parlement
« jaçoil (quoique) ce qu'ils soyent commissaires
« jugeans, ou commissaires référendaires, Us onl
« accoustumé de contraindre les tesmoings à
« venir, par devant eux, par piinse de leurs biens,
« etc. » (Gr. Coût, de Fr. p. 379.)
3° 11 y avoil des commissaires de Vartlllerie, dès
le temps de Louis XII, au siège de Gènes (Voyez J.
d'Auton, ."Vun. de Louis Xll, an inoO-lôO?, pages
18'iet 183.)
4° Nous trouvons le lil:e Aq commissaire ordi-
naire des guerres, atlribuc à .loachim de Chastenay,
chevalier de l'ordre du roi, dans les Mesl. lli.st. de
S' Julien, p. 454.
5° Un a dit viande de commissaire, pour chaii- et
poisson. ^Uudiii, Cur. fr.) Cette expression vientdes
commissions qui se donnoient dans les chambres
mi-parties, composées de huguenots et de catho-
liques, ce qui faisoit qu'on étoit obligé, dans les
repas qu'on leur donnoit, à certains jours, de les
traiter en chair et en poisson, en gras et en maigre,
atin que ch.icun pût vivre selon sa religion.
G° De là, traiter en commissaire, façon de parler
encore usitée. " 11 est certain que ce qu'on dit
« traité en commissaire de chair, et de poisson.
« mérileroil bien mieux d'estre dict traité à l'eccle-
« siastique. » (Apol. pour Hérodote, p. 354.)
Commissairie, subst.fém. Commission. Cause
en commissairie se disoit pour cause mise en
commission. » Depuis lue contestation, et que la
« cause doit eslre en commissairie, etc. » (Bout.
Som. Rur. p. 89.)
Commisseur, subst. masc. Coupable. Celui
qui a commis le crime. « Declaiez commisseurs de
« leze majesté, etc. ■> (J. d'Auton, Ann. de Louis XII,
p. 2-25.)
Commission, subst. fém. Nous ne parlons de
ce mot subsitant que pour marquer qu'on nommoit
autrefois commission ini]uisitoire, ou réquisitoire,
appelée vulgairement ad parles, celle que nous
disons aujourd'hui commission rogaloire. (Voyez
Bout. Som. Hur. p. 617 ; et sur la commission
rogaloire. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
Commistre, siiès^. masc. Comité (2). Officier de
galère.
... y a voilles pour gouverner
Les anteynes, mainte rime apprestée
Pour navigier ; et si est, à l'entrée,
Proe qui fent les undes, c'est ses droiz :
Committre y sont qui font mainte siftlée.
Eust. Desch. Poos. IISS. fol. SI."), col. 1.
Il me convient porter honneur aux lares,
Aux co)ii>nuticri qui ne font que siffler.
Ibid. fol. '210, col. 2.
VARIANTES :
COMMISTRE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 215. col. 1.
CoMiSTRE. Inv. des jov. et raeub. de Ch. V.
CoMMUTiERS, plw. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 210, col. 2.
Committimus, subst. masc. Ternie de palais.
Nom que l'on donne encore à la commission ou
mandement du roi ou du prince, à des juges (3), pour
connoitre d'une affaire. (Voyez Bout.' Som. Rur.
p. 637.) Dans un ordre du roi, en 134!, pour juger
nu procès du chambellan du roi et d'un maitre
d'hôtel de la reine, à cause de la néces.sité de rési-
der à leur service, le roi use de ces mots : » Vous
» mandons et commettons len latin cowhh'Wùhîis). »
C'est de ce veibe lalin que s'est formé le nom sub-
stantif françois committimus, dont on se sert
aujourd'hui. (Du Gange, aux mots Committimus et
Debitis, pris dans le même sens. — Voyez Laur.
Gloss. du Dr. fr. elPasquier, Rech. p. 52.)
Le co)nmittimus s'est dit autrefois pour désigner
la commission donnée par le roi à un sergent.
■' Ne peut, eu doit un sergent d'autre bailliage
" faire, ne exercer office, en autre bailliage, s'il
« n'a fiuv ce committimus du roy, de ce faire, qui
« contienne le cas. « (Bout. Som. Rur. p. 668.)
Commixtion, subst. fém. .Mélange. Du lalin
commixtio. (Voyez Conlred. deSongecr. fol. 16.)
Commocion, subst. fém. Trouble, émeute,
sédition. On dit encore commotion, en termes de
médecine. .Vu figuré, ce mol signifioil autrefois
émeute, etc. <• Au maindreesclande que vous pour-
« rez, et commocion de menu peuple. » (Ord. des
R. deFr. T. I. p. 371.)
Meschans, mallotruz, et oyseulx.
Gens de basse condiction,
Si s'allièrent avec eulx.
Pour faire une cominoction.
Vigiles de Charles VII, p. 16.
. . . Sourdre faict grandes coinmotioiis
Des Turcz maulditz, et gens plains d'insolence.
Crétin, p. 14.
Commocion esl une faute pour conjonction, con-
1) Il a le sens d'exécuteur testamentaire au testament de Guillaume de Ghamborant (Du Gange, II, 478, col. 2, an. 1399) :
ordonna ses vrays, bons el loyaulx amis exécuteurs et de foy coininissaircs. » (N. E.)
(2) On lit au t. Il, p. 207 de l'Hist. oocid. des Groisades (xm" siècle) : « Raimont qui estoit comislre des galles. » (n. e.)
(3) La cause était d'ordinaire commise aux requêtes de l'hôtel ou au grand Conseil, (n. e.)
'é
co
— i2n
CO
jonction au figuré, liaison dans la Cliron. S' Denis,
T. 1, fol. 191)." ■■ La l'eraielé de nostre amour, et
" commocion. » On lit dans le latin firmita^ ami-
ciiiœ et conjunctionis.
VARIANTES (1) :
COMMOCION. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 371.
Commotion. Crptin, p. 14.
CoM.MOCTiON. Vigiles de Charles VII, p. 16.
Commode, subst. fém. Espèce de coiffure (2).
Ornement de tête à l'usage des femmes, du temps
de Palaprat, qui fait lemuméralion suivante des
pièces dont elle étoit composée : " la duchesse, le
•• solitaire, la fonlange, le chou, le tête à tête, la
« culbute, le mous([uetaire , le croissant, le lir-
.. niamcut, le di.xième ciel, la palissade, et la
" souris. »
Commodei* (Se), verbe. S'accommoder, se
prêter. « Une République est de plus longue vie, et
« entretient plus longuement sa bonne fortune que
« ne fait un royaume, d'autant iiu'elle se peut
« mieux commider à la diversité de ses citoyens,
• que ne peut faire un prince. » (Machiavel, Disc,
sur Tile-Live, p. 471.)
Commodieux, adj. Commode. « .Je suis venu
« en cesle cité de Manlua, pour estre eu lieu plus
« commodieux à povoir entendre sur les alTaii-es
« de l'empereur. » (Lelt. de Louis XII, T. III, p. '281.)
On lit cominodosa, au même sens, dans un titre
latin rapporté par Liodefrov ;,Hist. de (Iharles VII,
page 898.)
Common, subst. niasc. Pacage commun. Champ
oîi plusieuis ont droit de pàtuiage. « Common est
« le droitquehommeade mitter mettre ou envoyer
" ses besles) ses beasts à pasture, ou de user et
" occuper la terre qui n'est son propre soile isol). ■>
(Citation de Du Gange, au inol€o)nmiinla 2. — Voy.
une autre citation fr. ibid. au mot Àl/ncerd'i), et le
chap. IV des Tenures de Lilll. fol. 05, qui a pour
titre Tenant en common.)
Commouvoir, verbe. Mouvoir, émouvoir (4).
(Dict. de Cotgrave et de Monet.)
CONJIGAISON :
Commcu [serat\ futur prés. Sera ému. (S. Bern.
Serm. fr. .mss. p. 117.) Képond au latin commove-
litur.
Commuet (se), indic. prés. S'émeut. (S. Dern.
Serm. fr. mss. p. 273.) Dans le latin comtnovctuf.
Commovement et Comovemeut, subst.
Emotion, trouble. On lit dans S' Bern. Serm. fr. mss.
p. 213: Commovement (dans le latin turhatlo] et
comovemeut de sa lierlé. (ibid, p. 376.) Dans le
latin zelo indignationis.
Commugnes, subst. fém. plur. Ce mot, dans
les vers suivans, désigne les troupes fournies par
les communes :
Manda siergans, etcevaliers,
Et commugnes (h), et socloiers.
Ph. Mouskes, MS. p 367.
Commun, subst. masc. La commune, le peu-
ple*. Corps, communauté^. Communication, intel-
ligence'^. Droit en Houergue °.
'* Ce mot désigna longtemps ce qu'on appeloit
aussi la Commune, le peuple, les non nobles (0). « Li
^ maires, et li eskevin devant dit, pour aux, et
« pour leur commun. » 'Ordonn. T. Ill, p. 293.)
•■ Comme les non nobles du dit lieu aient acous-
« lumé de contribuer, de tout temps, et contribuent
>« par les biens taillablesavecquesie commun de la
« dicte ville, etc. » !ll)id. T. V. p. 391J.) « Tons les
" Estais du pais, lant messeigneurs de l'Eglise,
<' messeigneurs les nobles, que le commun, et la
<' chose publique en général. ■• (Le Jouvenc. fol. 78.)
On lit, au sujet du convoi de Charles VI, en 1422,
et de ceux qui y assistèrent : ■' Tous les mandians,
« l'université en son eslat, tous les collèges, tout le
« parlement, le chastellet. le commun, etc. " (.Journ.
de Paris sous Charles VI et Vil, p. 89.)
On disoit les gens du commun, pour
des communes. (Voyez le P. Daniel, Mil
p, 407.)
^ Commun se prenoil quelquefois poui' une com-
munauté, un corps en général. Ainsi fe commun
des pucelles se disoit pour les pucelles en commun.
« La seconde lance envoyée par le commun des
>. pucelles. " (Percef. Vol." VI, fol. 03.)
Le corps des magistrats municipaux, dans la
Franchise de Verdun, se nommoil li communs de
la ville. La Thaumass. Coût, de Berri, p. 22.) On
nommoit aussi li communs le corps entier des
habilans.
Parfois ce pet tout li communs.
Purs. ,\iS. availl r.>UO. T.
la milice
Fr. T. 1,
'^ Commun signifie
amans qui sont d'inte
IV, p. 1374.
communication entre deux
igeuce, dans le passage sui-
vant, où l'auteur, après'avoir ditdedeux personnes
qui s'aimoieul, (lue, lorsi]u'eiles étoient ensemble,
« Soûlas et déduits y estoienl de commun », ajoute
plus bas, en parlant de ce qui donnoit matière aux
(1) On ut au xiF siècle dans Wace (Vierge Marie, p. 54) : « Icil qui par ceste mer vaut, Ce sunt li liome de oest munt, Qui
sunt en grant comocion. » (n. e.)
(2) La commode était une carcasse de fil de fer entouré de gaze pour servir de soutien à l'ensemble d'une coiffure
compliquée dont l'origine est le fontange : '< On portait dans ce temps là des coiffures qu'on appelait des commodes, qui ne
s'attacliaient point. » (S' Simon, p. 525, ch. CCXLVI.) (N. E.)
(3) Ce mot ne se trouve pas dans l'édition Henschel. (N. E.)
(4) On lit au lib. psalmor. (xa« siècle, p. 34) ; « Et commuverat li sire le désert Cades. » On lit aussi dans Chastelain, cité
par Dochez : « Et qu'est venu f^iire ce duc Charles... qui vient commouvoir tout le royaume ? » (N. E.)
(5) On le trouve aussi dans Froissart (éd. Kervyn, VI, KIU) : « Il acquist tant d'accord en la bonne chité d'Ammiens des
grans bourgois et d aucuns des commuijnts que... » (,N. E.)
(6) « Signeur, vous allés en grant péril, car il y a mauvais commun en cesle ville, k (Froissart, I.X^, 2b9.) Il dit même au
pluriel (VI, 37) : « Li dus assembla grant fuison des communs de Paris qui estoient de sa secte. » (N. E.)
co
126 —
CO
soupçons : « Telle chose ne peult estre sans aucun
« commun qui cher te pourroil couster. » ;Percef.
Vol. V, fol it-i.)
° Enfin, il y a un droit ([ue Tou nomme commun
de /)aix ou de la paix. Ce droit appartient au roi
comme comte de Rhodes, et se lève, dans le Rouer-
gue, sur les hommes, sur les bêles et sur les mou-
lins. (Voyez Laur. Gloss. du Dr. franc.) Il est fait
mention de ce droit dans une Ord. de Charles V, en
1371. (Ord. ï. V, p. 703, art. '20, p 700. j (1)
VARI.^NTES :
COMMUN. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 'i'M. etc.
Communs, plur. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1374.
Kemun. Carpentier, Hist. de Cambray 18, tit. de 1133.
QuEMON. Gloss. de l'IIist. de tiret.
Commun, adj. Qui concerne le peuple *.
Public °. Réuni '^.
*0n disoit, au itvem\er sens, commu7is jiigemens,
pour jugemens qui concernoient le peuple, et qu'il
avoit intérêt de maintenir. « Il est appelle commun
•> jugement, por ce (lu'il est oltroyé à chacun dou
« peuple que ils les mainleigiient. » (Ane. Coût.
d'Orléans, h. la suite de Beauman. p. 470, chapitre
des communs jugemens.)
^ De là ce mot signifioit public. « Les choses vou-
« Ions estre criées par tous les lieux communs »,
c'est-à-dire dans les places publiques. (Ord. T. 1,
p. 426.)
'^ L'idée de communauté renferme celle de réu-
nion ou de généralité, universalité; aussi trouvons-
nous cojhh»/», pour réuni, mis ensemble, dans ces
vers :
Au tiers jour ensemble s'esmurent,
Leur connestablies cijmmunes,
A. un lieu c'on nommoit les Dunes.
G. Guiarl, MS. fol. 327, V.
Remarquons les expressions suivantes. On
disoit (2) :
1° Lettres communes, pour lettres patentes. (Fabl.
MSS. du R. 7218, fol. 302.)
Commun (serement), pour serment général.
(Rymer, T. I, p. 82, tit. de 1263.) Dans un traité
d'accord fait enire Edouard, tils aine du roi, et
quelques grands du royaume, on lit, au sujet de
l'engagement pris à vie par tous les contraclans,
cette clause : » Sauve le commun scrcmcnt k'est al
" honour de Deu, e a la fay le roi e a profit de
« reaume. «
Commun instrument, pour loi générale. On lit
vers la fin d'une charte : « Avons volu et otroié
<• que ceste présente charla ait valor et force de
« commun instrument en totes cors et eu tôt juge-
o ment. « (Du Bouchet, Gén. de Coligny, p. 58, lit.
de 1268.)
Commune vie, pour l'état de vivre en société ou
en communauté. S' Bernard, ayant recommandé
les vertus du christianisme, ajoute: •■ Por ceu ke li
« saintifiemenz soit parfaiz, si covienl ke nos assi
» apregnioiis del saint des sainz maiisuelude, et la
» grâce de comune vie, si cum il mismes dist: apre-
« neiz dist-il a mi ke je suis sueyr et humiles de
« cuer. » (.S. Bern. Serm. fr. mss. p. 101.)
2" Paroles communes, ou paroles de commun,
pour conversation générale. « Tant estoit la joye
« grande, à la table, qu'il convenoil les plus amou-
« reux dire parolles de commun. « (Percef. Vol. V,
fol. yi.) » Alors commencèrent à entre festoyer l'un
l'autre par paroles quasi communes. » (Ibid. Vol. VI,
fol. 55 )
3» La cité en fut toute commune, pour exprimer
que le bruit s'en répandit par toute la ville. (Rom.
de Baudoin, fol. 17.)
4° Tournoi commun ou de commun. C'étoit un
tournoi oi!i les combattans n'éloient point divisés
par bandes, mais où chacun combaltoit pour son
compte. » Lors se voulurent par bandes partir;
« mais Pauslonnet les détourna, disant que le
« tournoi étoil commun, et que chascun fit du
« mieux qu'il pourroil. ■> (Percef. Vol. IV, fol. 158.)
On trouve l'expression tournoi de commun, dans
le même sens. (Ibid. Vol. II, fol. 123.)
On disoit aussi fête commune, avec la même
signification. « La fête est commune, il en prend
qui veult. » (Ibid. Vol. V, fol. 57.)
5" Avoir cliamp commun signifioit avoir le champ
égal, sans aucun avantage :
Et moult estoient andui prouz ;
S'ils eussent le champ ciuninun,
Tost fut faite la fin de l'un.
Rom de Brut. MSS. fol. 98. R" col. 2.
6" Canon commun, pierre commune, étoient un
canon, une pierre de grosseur ordinaire. « Item
" vingt autres canons communs, gettans pierres.
« Item autres pelis canons, gettans plombée, et
•' pierres communes, de cent à six vings livres. »
(Le Jouvenc. fol. 85 )
On a dit, au même sens, en parlant d'une tour,
qu'elle étoil
Maçonnée d'euvre conimuiie.
G. Guiart, MS. fol.S5, R-.
l"Crime commun signifioit peut être cri me commis
contre les lois de la commuante. « Que nul habi-
" tant du dit lieu, pour cause de c\\'\\\e, crime com-
" mun, ou conlranx fais ou dit lieu, ne pourront
« estre trais, ne comis, ne emprisonncis hors du dit
" lieu. " (Ord. T. V, page 706.) L'éditeur (note E,
ibid.), conjecture que crime commun désigne «■ les
« crimes les moins considérables, comme l'on dit
« encore dans un sens à peu près semblable, les
« délicls communs, et les cas privilégiez. « Me
(1) On lit encore au reg. JJ. 179, p. 33, an. IMô : « k roccasion de ce que les habitans desdiz lieux estoient refusans de
paier le comimm de la paix à nostre cousin d'.^rniagnac. >> Ce droit fut levé à l'origine pour solder les paissiecs chargés de
maintenir la paix de Dieu. — Le commun {commune vini) était perçu, comme l'octroi, pour les besoins communaux : « Item
voulons et octroions que lesdiz consoulzet conseillers... puissent... imposer... taille, queste, gepte, commun et imposition. »
(Lib. d'Aigueperse, JJ. 198, p. 360, an. 1374.) (,n e.)
(2) Coifi 1)1 14)1 jîays signifie plaine, campagne, dans Froissart (III, 339) :« Il avoit si constraint tous chiaus del co)nmuii
pays. » (N. E.)
co
127 -
CO
seroit-ce pas plutôt des crimes publics, c'est-à-dire
de noloriélé publique?
8' Droit commun, celui qui se trouve d"accord
avec le droit coutumier et le droit écrit. « Quand la
« cuustuuie s'accorde au droit escript, l'on le dit
« droictcommun. •• (Gr. Coul. de P'r. p. 12.)Cepen-
dant l'éditeur de Bouteiller (Som. Rur. p. 141) dit
simplement : •> droict romain qu'on appelle vul-
« gairernent commun. »
9° Estre covinnui s'est dit pour état naturel ou
ordinaire en parlant du sanglier. « Il est plus
« impétueux, et de plus granl couraige, quand il
« est eschauffé, que quand il est en son commun
.. esirc. .. (Percer. Vol. VI, fol. 80.)
10" Femmes communes, ribaudes co7n7mmes,
poui' femmes publiques.
Vous avez nostre chambrière
Requis d'amours, deux fois, ou trois :
Vous estes alez piusuers fois
Veoir Helot, et Eudeiine,
Isabel, Margot, Kateline,
Et couché aux l'eiiiines communes.
Eusl. Desch. Pois. MSS. fol. ôlC, col. 4.
« Item soient boutées bors ribaudes communes,
« tant de champs, comme de villes. » (Ord. T. I,
p. 74.) On lit, dans le latin, expellanUn autem
pubiicc merelrices, etc.
11" Jours communs, pour jours ouvrables, jours
ouvriers.
L'en voit le.s cers natureleraent muer,
L'an une fois, le merrien de leurs testes ;
Et leur suffis! un an celuy porter.
Sans changement ; mais les dames sont prestes
D'entrechangier, Biixjourscoininiiiis, aux festes
L'habit de chief, en estrange manière.
Eusl. Desch. Pops. MSS. fol. 328.
12° Etre commun de bien avec un autre signifie
le valoir pour la fortune, lui être égal. (Fabl. jiss.
du R. n" 7218, fol. 70.) C'est dans ce sens d'égal
que l'on a employé le mot commune, en parlant de
deux forteresses bâties ou plutôt situées de
manière
. . . Que se l'en preist l'ime,
L'autre à deil'endre fust commune.
G Guiarl, MS. fol. G3, V".
C'est-à-dire également propre à défendre.
13° On nommoit commune observance >■ un
« establissement que le seigneur a estably en la
" cour, outre les us, stille, ou rit qui y est. » (Bout.
Som. Rur. p. 7.)
14° On disoit de main commune, pour conjointe-
ment, de concert. (Voyez Traité de Ms' frère de
Louis XIII, avec l'Espagne, en 1042.) ■• Il est convenu
« que les avméesagt vont de commune main, h même
" fin, avec bonne correspondance. » (Mém. de
Montresor, T. Il, p. 145.)
15° .1 la commune se disoit pour à l'ordinaire,
à l'entrée de Charles Quint à Boulogne : « Venoient
« les pages de l'Empereur montez sur de très
» beaux chevaux, les uns à la genefle, les autres à
« la commune, que les Espagnols appelloiênt, pour
« lors, à la bastarde. ■• (Brant. Cap. Estr. T. I, p. 26.)
Nous expli(|uerons au mot genette ce que c'étoil
que monter un cheval à lagenetle.
Coiniminages. [Intercalez Conimunages, gens
du commun : « Pensés vous que ces conimunages
" sachent combattre. >> (Froissart, XIII, 174.)] (n. e.)
Comniiinaison, subst. fém. La communion,
la cène. (Dict. de Borel et de Corneille.)
Comiminal, adj. Commun, public *. Lié d'in-
térêt ou d'amitié °. Indiscret*^. Banal °. Le commun,
le peuple^.
* Le premier sens de ce mot signifioit commun,
public. On disoit :
Il ne chaut du bien communal.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. Stîfl, col. 2.
« Decommunau grant -, pour de grandeur com-
mune, ordinaire. (Assis. deJerus. p. 81.)
Par tôt le cors l'a coninunal.
Pailon. do Bl. MS. de S. G. fol. 152, R* col. 1.
On a dit aussi communaux au singulier. (Balade
du Bien communaux; Eust. Ueschamps, Poës. mss.
fol. 343.) Selon Borel, Dict. au moi €ommunaii,v,
on prend en Languedoc comuual et coumunal sub-
tantivement, et l'on appelle lou comunal (le com-
mun) un pré ou autre lieu appartenant à la ville.
^ On a aussi employé communal pour signifier
lié d'intérêt, de commerce ou d'amitié. « Ensi'furent
« mult comniunel li Grieu, et li François de totes
« choses et de marchandises, et d'autres biens. >>
(Villehard. p 76.) Les variantes écri\eni comunel
elcomnuel (1).
'^ On a dit communal, pour indiscret, babillaid,
qui communique son secret à tout le monde.
Bien mi devroit Dieus haïr
Se g'iere si com)inniaHs,
Que j'eusse dit entr'aus,
Dont maus li deust venir.
Poés. MSS. Vatican, n- 1 WO, fol. 30, V".
Nous trouvons cette pièce répétée sous le nom de
Thiébaut de Blazon. (Pocs. mss. avant 1300, T. I
p. 27.)
° Ce mot a signifié banal, qui se communique à
tous, en parlant des femmes qui accordent trop
facilement leurs faveurs :
Si Diex plut que je feusse
De ma dame le plus haus,
Certes liîon gré l'en seusse;
Mes trop parest coiDinumtnx, etc.
Gaces Bi'ulez, cilé par Fancli. Lan;;^. et Poès. fr. p. 124.
^ Enfin, communaux s'est employé pour dési-
gner, en général, le public, tout le monde.
Assés le set li coinmuitaus (2),
Ke mesire li cardonaus,
Ki est nos castelains d'Arras,
Il fait sovent joie do bras.
Poês. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1336.
(1) Dans Roland, il se dit de guerriers agissant de concert : « Tenent l'enchaU, tuit en sunt cnumnel. » (V. 2446.) Dans
Partonopex, il se dit de personnes à l'abord facile (v. 2298) : « De bel parler est comixanals : Nus n'est si povres, s'il le voit,
Ne U est vis que ses pers soit. » Il en est de même dans Christine de Pisan (Charles V, III, 10) : « A ce ne failloit mie nostre
prince, douls et humain, commutial entre ses amis, fier et hardy contre ses adversaires. » (n. e.)
(2) « Paradis est celestiaus ; Mes n'est mie à toz communaus. o (Renard, v. G77i.) (n. e.)
co
128 —
GO
VAIUANTES :
COMMUNAL. Oiidin, Dict.
CoMUN'AL. Borel, Diet. au mot Cntmnunanx.
CoNML'NAL. l'ailûii. lio RI. MS. de S. G. fol. im, R» col. 1.
CoM.MUNAU. Assis, (ie Jerus. p. 81.
CoMMUX.AUX. Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 343, col. 4.
CoMML'NEL. Villeharii. u. 76.
CoMUXEL, Co.MNUEi.. Ibill. Variantes marginales.
CouMUDAL. Du Gange, au mol Communale.
Coniniunalité. subst. fém. Communauté de
villenu autres*. Hépublique^. Peuple, populace'^ (1).
* On a dil, an premier sens : « L'université, ou
« fo?H?Hi/H«//(/ (les .luifs, ou Juifves. ■■ (Ord. T. III,
p. 467 — Voyez Gloss. de l'IIisl. de Bret.) De là,
l'expression 'en coinmitnité . pour ensemble, en
commun. " En une partie de Tlirace les habilans,
« et les oyseaux de proye chassant les oyseaux
« ensemble, et comme en communité. » (Bucïé, des
Oiseaux, fol. \-îi.)
^ En étendant celle acception, ce mot semble
s'être pris pour République, en ce passade: « L'un.
« ny l'autre prince ne pourroit faire tiaictté, ny
« alliance avec(|ues aucun autre prince, potentat,
" ou commiiunulé, sans le sceu, et associemenl
" l'un de l'autre. ■■ (Mém. Du Bellay, liv. IV, p. 90.)
'^ Cunimnnaiité signilioit aussi peuple, populace,
comme dans ce passatce : » Ceux de la cité, ou il y a
" grand co/H?«i(Hfl?i/e(2), s'émeurentde tous lez : et
'■ se meirent moult tierement en deffense ; et bien
« leur en esloit hesoing. » (Froissart, liv. I, p. '■22\.)
De là, on a dit en communité, pour en public.
« Partout ou on le voit en communité. » (Percefor.
Vol. VI, foH»7.)
On disoit aussi terres de communauté, pour
terres hermes et vag':es, dans quelques pays ; sau-
vages, dans d'autres, qu'on appelle à présent
savarts, dans quelques endroits : " Terres hermes
« et vagues, en quelques endroits dites de commu-
« nauté, en autres sauvages. » (Coût, de Lorraine,
au Cont. Gcn. T. Il, p. 1063.)
VARIANTES :
COMMUNALITÉ. Gloss. de l'Hist. de Bretagne.
CoiiMUNALTÈ. Ord. T. III, p. 467.
COiMMUNAUTÉ. Perard. Hist. de Bourg, p. 430, tit. de 1234.
COMMCNETÉ. Ibid. T. I, p. 426.
CoMMU.N'iTEiT. S. B. S. fr. MSS. p. 221. En \at.com muni tas.
Communité. Perard. Hist. de Bourg, p. 430, tit. de 1234.
CoMMUSTÉ. Perard, Hist de Bourg, p. 430, tit. de 1234.
OUEMUNETÉ. Bpaumailoir, p. 119.
Communai;té. Orih. subsistante.
COMUNE. Perard, Hist. de Bourg, p. 430, tit. de 1234.
Commun, .s. m. Duch. Gén. de Bethune, p. 137, tit. de 1248.
CoMMUN.\T. (i.E), .5. m. Perard, Hist. de Bourg, p. 486.
Comiminalment, adv. Publiquement, géné-
ralement*. En commun, mutuellement^. Ce mot
.'^uhsisfe sous l'orthographe communément.
* On lit, au premier sens de publiquement, dans
les passages suivans : « .Si la raison est bonne, et
« loyaux, et communuument sauvée (lis. sceue). »
(Ord. T. 1, p. 112.) " Et cotnmunelment [3) fait crier,
« et défendre. >■ (Ibid. p. 420.)
Et se dist on partout rjuemunenient.
PoC-s. MSS. Valican, n' liflO, fol. 180. R».
° Communément signifie mutuellement, dans
cette plirase, où il s'agit du rendez-vous de deux
amans : - Et furent seul à seul, si le jouèrent
" communément, et lit l'uiig la volonté de l'autre. »
(Lanc de Lac, T. II, fol. r.6.) (4)
VARIANTES :
COMMUNALMENT. Villehardouin, p. 63.
CoMMUNALMANT. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 152.
CoMUNALMENT. Fabl. MSS. de S. G. fol. 58. R», col. 2.
CoMUNALEMENT. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 810.
CouMUNALMENT. Ph. .Mouskes, MS. p. 94.
CoMMUNAUMENT. Duch. Gén. de Montmorency, p. 386.
COMMUNELEMENT. Ord. ï. III, p. ,578.
COMMCNELMENT. Ord. T. I, p. 420.
QuE.MUNEMENT. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 180, R».
Communément. Fabl. MSS. du B. n» 7218, loi. 59, V» col. 2.
CoM.MUNÈMENT. Orth. Subsistante.
Coniniunaux, snbj. Peut-être droit ou héri-
tages appartenant à une commune. Dans les lettres
d'affranchissement des habilans de Ponlarlier et
leurs coutumes, on lit: » El lor octroy et quitteroy
« franchement les communaux en tel fi'anchise
» comme les autres choses sauves mes amendes. »
(Perai'd, Hist. de Bourg, p. i86, titre de 12.")7.)
(.ommune (.")), snbst. fém. Liaison, union intel-
ligence.
Mez n'out entr'euls paiz, ne commune.
Rom. de Rou, MS. f. 194.
Voici d'ailleurs quelques expressions remarqua-
bles que ce mot fournit :
l' La commune d'armes étoil la foule des eom-
Lattans. >• Ainsi crioienl heraulx, et menestriers, et
« chevaliers et dames, et damoiselles le disoient
« les ungs aux autres par les hours (échatlaux,
' balcons, loges), et le monstroient au doid, en la
» commune d'armes ouilestoit. » (Percef. Vol. II,
fol. 126.)
2° Commune de feu et eve signifioil communi-
cation, usage commun du feu et de l'eau. « Nous
« appelions cens (Jugements) capital qui tormentenl
» de trop grief lormant, si comme l'en détient à
•■ aucuns la commune de feus et de eve, ou se il
« est envolez en assit (exil), on condampné à peine
« demelail. » (Ane. Coût. d'Orléans, à la suite de
Beaum. p. 470.)
3" Paque de commune. Paiement assigné sur des
immeubles. >■ Ne estre receuz à assigner le paie-
(1) Dans Beaumanoir, le mot s'applique aux villes ayant charte de commune (XXI, 26) : « Et ceste compaignie se divise
en deus manières, car l'une est des cummunaulés si est par reson de amimune otroiée de seigneur et par chartre. » (N. E.)
(2) Ce sont les gens du commun; on lit encore au t. VU, p. 184 : « J'ay bien soissante mil hommes de communautés à
lauces, à archigaies, à dars et à pavais. » (M. E.)
(3) De même dans Froissart (II, 14) : « Li opinions commuiielment des Englès est telle... » (N. E.)
(4) Communément signifie encore tous ensemble (Froissart, XIV, 238): « Se le voyage y estoit accoursé, les chrestiens y
vendroient c mmnnemeut, toujours conquérant avant. » (n. e.)
(5) Comiiuiiie s'applique nux viUes pourvues du chartes depuis Beaumanoir (80') : « Cil qui sont procureur par le commun
d'aucune vile en laquele il n'a point de commune. » Voyez sur ces communes l'article de M. Félix Bourquelot au dictionnaire
historique de Lalanne. (n. e.)
co
— 129 —
CO
« ment de telle somme, sur leurs biens immeubles,
« i|ue l'on appelle vulgairement pnque de com-
« nnoie. » (Coul. de Bayonne, Coût. Cén. T. Il,
p. 708.)
Coininiiner, verbe. Partager en commun,
partager également. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 358.
En latin cdminnnicare.]
... Je ferai encore le gaaing commiiuei' ;
Si que tuit en serons, et compaingnon, et per.
Rom. de Rou, MS. p. 124 et 125.
Coinmuner, snbst. masc. Terme de coutume.
Il signilie ceux qui ont droit à une même commune,
qui sont de la même commune.
Doivent Eglises présenter
Prevotz, majeurs, commioujers.
Eusl. Desoh. Poes. MSS fol. 416, col. 3.
VARIANTES :
COMMUNER. Britt. Loix fl'Anglet. fol. 144.
Communier. La Thaum. Coût, de Berry, p. 240.
CoMMliNYER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 416, col. 3.
Communiant. C'est le participe du verbe com-
munier. Nous ne le citons qu'en faveur de cette
expression: « Pasqiws communiant (1), puur le
« dimanche de la résurreclion. » (Du Gange, au
mol Pascha communicans.)
Communication, snbst. féni. Conférence. On
lit, dans un Concordat de 1541 : • Le second jour
« de mars, l'an 15'i1, avant Pasques, après plu-
« sieurs communications tenues sur les articles
« que dessus entre les députez, etc. » 11 est rapporté
dans le Nouv. Coût. Gén. T. 11, p. 160.
Communicion, svbsit. fém. Communication,
commerce. « Le magnanime aussi hait, et fuit adu-
« lation, et ambition, pour ce ne quiert la commu-
« nicion des hommes, pour ouyr leurs flateries. >'
(Hist. de la Toison d'Or, Vol. I, fol. 11.
Suyvant le peuple, et son opinion,
Ou vous n'avez part, ne communion.
Melin de S. Gelais, p. 32.
VAIilANTES :
COMMUNICION. Hist, de la Tois. d'Or, Vol. I, fol. 11, Y».
Communion. Melin de S. Gelais, p. 32.
Communiquer. [Intercalez Communiquer ,
approcher au reg. JJ. 195, p. 604, an. 1471:
- Giraull de Monmiral s'estoit vanté qu'il manieroit
" bien le suppliant et autres en despil de lui, s'ilz
« ne se gardoient de le communiquer. »] (n. e.)
Communiquïn, sub&t. musc. Petite hostie.
Del'ilalien communicbino. (Dicl. d'Oudin.)
Communite, adj. au [cm. Commune. On a dit,
en ce sens : ■> Contre la communite opinion de
« tous. » (Chron. S. Denis, T. 11, fol 26.)
Commutation, subst. fém. Echange. « Rame-
« neray aucune noble dame, par la commutation
- de laquelle vous pourrez ravoir Exione votre
« sœur. » i^Tri. des IX Preux, p. 235.)
Compacient, adj. Compatissant. i< Sans leur
« pouvoir donner autre secours, que prier Dieu
<• pour eulx, et estre compaciens en leur perte. »
(J. d'Aut. Ann. de Louis Xll, de 1499.)
VARIANTES :
COMPACIENT. .T. d'Aut. Ann. do Louis XII, p. 315.
CoMP.\TiENT. Al. Chart. l'Esper. p. 348.
Compaction, s!/&s^ fém. Pacte*. Assemblage
de parties^.
* On lit, au premier sens de pacte : « Je n'ay, ne
« enlens porter sur moy , ne sur mon cheval,
« paroles, pierres, herbes, charmes, cha: ois, conju-
« rations de compactions, invocations d'ennemis. •>
(Banage, sur les Duels, p. 19.)
"On a dit aussi compaction, pour assemblage de
parties qui constituent un tout. Le passage suivant
développera mieux celte acception :
Beauté, qui si tost se delTait,
Est simple en soy; mais s.a compaction,
Qui emplit l'oeil de satisfaction,
Gist en plusieurs qui n'ont semblance aucune.
McliiideS. Gelais, p. 91.
Compagnalile, a'//. Sociable. « lis commen-
" cerent, ;îu lieu d'une vie brutalle, en prendre
« une plus compagnahic el honneste. » (Dial. de
Tahur. p. 56.)
Ha il n'est pas compa'pmhle à demy.
Qui ne veut pas que sa femme ayt ami.
Melin de S. Gelais p. 178.
VARIANTES :
COMPAGNABLE. Oudin, Dict.
COMPAIGNABLE. Nicot, Dict.
CoMPAiGNAULE. S. Bem. Serm. fr. MSS. p. 254.
Compagne, SHbs/. fJm. Compagne*. Femme,
épouse ° [•!)
* Ce mot subsiste sous cette orthographe, et dans
la première acception de compagne. On trouve
compnigne, en ce sens, dans S. Gelais, compaignie
dans Perceforest, compengne dans le Testament du
comte d'.'UençoM, etc. ; compaignesse dans un
recueil de Poës tr. mjs. av. 1300.
Sachiez qu'ele a des compairjnesses,
Qui bien sont autre tels barnesses.
Fabl. MSS. du R. n" 7-218, fol. 223. V col. 1.
^ On employait autrefois ce même mot, pour
épouse. Ainsi on lit, dans l'IIisl. d'Artus III, connest.
de France, duc de Bret. p. 789: « Le connétable s'en
« retourna à Vire, oîi se l'cndit madame sa compa-
» gne. »
Ce mot est pris au même sens sons l'orthographe
Jiompagnc, dans Carpenlier Histoire de Cambray,
p. 18, lit. de 1133, el dans Brilt. Loix d'Angl. f° 27.)
Le roi se réserve, dans la pêche de la baleine, la
tête •■ et la couve (queue) à nosire compaijne »,
c'est-à-dire à la reine. ■■ La femme est ditle compa-
" gnonne d\i mary. » (Sag. de Charr. p. 182.)
On disoit boniies compagnes, pour femmes galan-
tes, dans le sens où nous disons bon compagnon.
« Charlemagne fut forl adonne aux femmes; mêmes
(1) « Le mardi après la quinzaine de Pasques commnniiDia. » (.1.1. 13S, p. 27, an. 138? )
(2) On lit aussi au Glossaire latin-français 7684 : « Paranympha , coinpaigne , qui lient compaignie à nouvelle fiancée ,
paranymphe. » (n. e.)
IV. 17
co
130 -
co
" ses iWes hiri'nl bonnes compagnes H). » (Brant.,
Dames 111. p. 90.)
V.'VRIANTES :
eOMP.\GNE Orth. subsist.
CoMPAiGNE, Co.MPAYNGE. Rvnjpr, T. I, p. 109, tit. de 1-268.
CoNPAiGNE. Fiibl. .\1SS. du R. n 7615, T. II, fol 17.5.
Co.MPENGNE. Teslam. du comte d'Alençon, à la suite de
Joinville, pngp -IKi.
COMPAYNE. Brin. Loix d'.\ngl. toi. 27, R°.
COMPAIGNIE. PfTcef. Vol. IIl, fol. 10, V" col. 1.
CoMPAiGNEssE. Poe-. MSS av. 1300, T. IV, p. 1329, etc.
CoMPAGNONNE Ch.ir. Sagpsse, p. 182.
KompaGNE. Carpentier, Hist. de Cambray, p. 18.
Coiiipagiiée, siihst. fém. Compagnie, société
d'amis ou d'amnsemenl *. Qualités sociales^.
Accompagnement^. Train, suite". Société de ban-
que ou de commerce^. Communauté d'héritage''.
Totalité de troupe:iUx°. Troupes de gens de guerre ".
^Co)npagn'u\ sous cette orthographe , se dit
encore, dans presque tous les sens que nous venons
d'appliquer à ce mol, et en particulier des sociétés
d'amitié ou d'amusement. Nous disons, en ce sens,
homme de bonne compagnie. Ce n'est pas une
expression nouvelle; non seulement on la trouve
dans Chapellain (voy. Mem. de Litt. et d'hist. T. YI,
part. 2, page 389), mais même dans un recueil de
Poës. .MSS. av. 1300, T. I, p. 377. On y lit au même
sens qu'aujourd'hui :
Lors seroie joiauz, et lenvoisiez
El à plusors de bonc compaignie.
Mais on prenoit aussi autrefois cette façon de
parler, dans un sens dilférent : Faire bonne com-
pagnie, c'éloit bien traiter, faire du bien. (Voyez
Froiss., liv. 111, p. 338 (2).) Dans l'histoirede Boucic.
liv. I, p 142, nous lisons : « ÎS'eust pas fait meil-
« leure conipaignée celui Tamburlan aux chrétiens,
« que iivoit t'ait' Bajazet, etc. » Être de bonne com-
paignie, se trouve au même sens, dans la Contin.
de G. de Tyr, Marteue, T. V, col. 750.
On disoi't au contraire faire maie, ou dure com-
paignie pour maltr;àter, faire un mauvais parti.
(Vig. de Charles Vil, T. II, p. 83. — Le Jouvencel,
Ms. p. 591 .) Compagnie françoise (3) étoit encore une
expression ancienne, où le mot compagnie s'enten-
doit dans le sens de société d'amusement, de plai-
sir. Avoir compagnie françoise, se disoit d'un
homme qui couchoit avec une llUe, ou d'une femme
qui couchoit avec un homme. Dans l'Histoire du
chevalier Bayard, p. 3:-;0, en racontant son aven-
ture si connue avec une fille qu'il avoil envoyé
chercher pour coucher avec lui, on dit qu'il lui
avoit pris volonté à'avoir compagnie françoise, et
Bouchet, Serées, liv. II, page V2i, parlant d'une
femme couchée avec son galant, dit qu'elle aiwit
compagnie françoise, façon de parler née de l'idée
de galanterie attachée à notre nation.
On disoit encore dans le sens de société, compai-
gne de daines, compagnie de dames. (Poës. mss.
d'Eusl. Desch. fol. 215.) Dans Modus et Racio, ms.
fol. 176, on trouve aimer la compagnie, d'être avec
quelqu'un, dans le sens où nous dirions aimer sa
compagnie. Cette construction tout à fait hors
d'usage est une espèce de pléonasme.
^ De l'acception de société d'amusement, ce mot
a passé à celle des qualités qui contribuent à ce
même plaisir De là, compaignie pris pour esprit,
gentillesse, dans ces vers :
En mamie a cortoisie,
Coinpaiijnie, et valor.
Chans. Fr. du XIII' siècle. MS. de Bouhier, fol. 262, V».
Ce mot est pris pour complaisance, en cet autre
passage :
En rien que béguine dit, n'entendez
Se bien non, tôt est religion
Canques l'en trues-e en sa vie :
Sa p rôle est prophétie ;
S'elle rit, c'est compaignie,
S'elle plore devocion.
Fahl. MSS. du R. u' "615, T. I, fol. 70, R» toi. 2.
'^Compaignie signifioit aussi accompagnement,
l'action d'accompagner. C'est en ce sens qu'on
disoit je vous dcffends ma compaignie.
.Te ne vous larrazi pas ainsi,
Je vous defîens ma compaignie ;
Vous ne passerés plus avant.
Eust. Desch. Focs. MSS. fol. 271, col. 4.
° En étendant cette acception, ce mot s'est pris
pour train, suite. « Un esclave chastré de la com-
« paignie (4) de la femme du roy Daire (Darius), etc. »
(Tri. des IX Preux, p. 143, col. 2.)
^ Nous disons encore compagnie, pour société de
banque ou de commerce. On appeloil autrefois les
grans compaignies, une société de banquiers ou de
marchands, dont il est parlé dans une lettre de
1308 sur les monnoies, qui ordonne que les mail-
les d'argent seront prises, et mises par trois deniers,
et mailles parisis. » N'ous avons entendu les chan-
« geurs, et les grans compaignies qui plus pensent
« à leur singulier profit que à celuy du peuple, les
« font mettre , et prendre [lour quatre deniers
" parisis, en giant domage, et déception doudit
" peuple. » (Ord. T. 1, p. 455.)
C'est dans le sens de société de banque ou de
commerce qu'on lit dans Du Bellay, f° 409 :
La justice y a lieu, la foy n'en est bannie,
Là ne sçait on que c'est, de prendre à compagnie,
A change, à censé, à stoc, et a trente pour cent.
(Euv. de Joach du Bellay, fol. i09, V.
Vignes, maisons, argent ù compaignie,
En moins d'un an, tout cela fut vendu.
Ibid. fol. 493. V.
C'est encore dans le sens de société de commerce
qu'on a dit jouer à la faulce compagnie, pour
(1) « Nonobstant que laditte fille ou temps passé eust esté bonne compaigne, et de son corps sa voulenté eust faite. »
(JJ. 129, p. 207, an. 1386.) (n. e.)
(2) Ce sont des procédés de bonne compagnie (XV, 237) . « Et leur fut faite toute la meilleure chière et compaigiùe que
on peult. » On disait même pour guerre courtoise : « Et nous faites compagnie d'armes , Si vous en sarons gré. »
(IV, 300.) (N. E.)
(3) « Pierre de Hergeville après la mort de sa femme s'acointa de GuiUemete son hostesse et ot foie compaignie avecques
elle de son bon gré, en laquelle foie compaignie il persévéra par long temps. » (JJ. 109, p. 186, an. 1376.) (n. e.)
(4) Ce sens est déjà dans Roland (str. XLlII.) (N. e.)
co
131 -
co
tromper, donner le chancre. (Voyez Monslrelet,
Vol. II, fol. S '22.)
Homme à compagnie, se disoit pour compagnon.
« Que nulz variez, soit lormier (sellier ou bourre-
« lier) soit couturier (tailleur) ne puisse prendie
« homme à compagnie, s"il n'est ouvrier du dit
« mesUei-. •' (Ord. T. III, p. 185.)
Il faut peut-être entendre de même cette phrase
du ï I des Ord. p. 10 : « Nul home qui ait compa-
" gnie à home des oances, qui ait .société d'intérêt,
« etc. " (>n lit dans le latin : « Socielatem hahens
" cuni homin(^, de audientiis. » Avoir compngnée
s'est dit anciennement pour être associé. (La Thau m.
Coul. d'Orl. p. 465, lit. de 1168.)
•"On disoit compagnie, pour communauté, en
parlant d'héritage. Compaignie d'yvetage, com-mu-
nauté d'héritage, selon le Gloss. de la Coutume de
Beauvoisis.
°0n nommoit compagnie de bêtes, les troupeaux.
La Coutume de Saintonge définit compagnie de
bêtes, la totalité des troupeaux qui appartiennent
au même maître. (Voyez Nouv. Coût. Cén. T. IV,
page 884.)
En termes de chasse, compagnie se dit encore
d'une troupe de bêtes noires. Ce mot est distingué
de barde, troupe de bêtes fauves. (Fouil'oux, Véne-
rie, loi. 37.)
" On disoit aussi compagnie, pour exprimer ea
généial une multitude.
s. Severins fu pape apriès,
Dont furent li Juis confiés,
Et balirné par toute Espagne :
Moult en fu grande la compmjiw.
Ph. Mouskcs.MS. p. 43.
Mais l'acception la plus étendue, et en même
temps la plus importante du mot compagnie, étoit
pour troupes de gens de guerre. On le disoit dans
un sens vague pour multitude de gens armés :
Theobers, et li rois Clotaires,
Pour faire guerres, et contraires,
S'en allèrent droit en Espagne,
Si menèrent tel compagne.
Qu'il venquirent tote lor gent.
Ph. Mouskus, MS. p. 18.
Ce mot s'appli((i!oit aussi ù divers corps de trou-
pes irrégulières ou régulières dont nous allons dire
quelque chose.
Les graus compagnies, les gens de compagnie,
les. compagnies blanches (I), furent des noms donnés
indibtinclemenl à des troupes iri'égulières de toutes
nations et de toutes provinces qui se formèrent,
sous le règne de Jean, pendant la régence de
Chailes V, son fils, et qui, comme des brigands,
pillèrent les difïérentes provinces du royaume.
Nous trouvons même l'expression gens de compa-
gnie prise au même sens que celui qu'elle avoit
sous Charles V, appliquée aux biigands dont César
composa une armée. « Ne cessa pas pourtant d'as-
« sembler ung grant osl de larrons, de meurdi'iers,
" de fugilil'z, et (/c'HS r/e compaignies, i[m lui vin-
'< drent en ayde. •> (Tri. des IX Preux, p. 346.)
On nomma aussi ces troupes indisciplinées les
compagnons et les tard venus, comme nous le
marquerons à ces articles. Elles passèrent en
Espagne, sous les ordres de B. Duguesclin (2), pour
faireïa guerre au roi de Casiille, Pierre, surnommé
le Cruel. On les appela alors compagnies blanches (3),
à cause des croix blanches que les compagnons
portoient, sous le prétexte d'aller à celle guerre
comme ti une croisade. Le mol compagnon s'est dit
depuis généralement de toute e.^pèce de troupes,
particulièrement de celle du plus bas état. On le
trouve employé sous le règne de Charles Vil, en
1440, et alors ils éloient armés d'arcs e( de flèches.
(Voy. Du Cange, au moiCompagnia, et le P. Daniel,
Mil. fr. T. I, p. 1 il.) « Au temps que les îi'ois Estais
« regnoyent, se commencèrent à lever telles ma-
« niei'es de gens qui portoyenl maleltes. » (Frois-
sar!, liv. I, p. '206, an 1357.) « Ceux de Lyon, sur le
« Rosne, furent moultébahis, quaml ilsénlendirent
" que la journée estoit pour les compaignies. «
(Ibid. p. 257.) On lit plus haut : « Les tard venus. »
(Ibid.) u En ce contemple (sur ces entrefaites) cou-
« roit parmi le royaume de France une très grant,
>< et innumérable multitude do peuple qui grant
» compengne se faisoient appeller. » (Hisl de B.
Duguescl.par Ménard, p. 169.) (4) Ces mêmes troupes
sont désignées sous le nom de la Grande Compai-
gnie, dans le Tri. des IX Preux, p. 517. « Quant le
« Pape entendi, que ceste grant compengne aloit
" devers luy, qui le pays de Provence pourroient
« bien gaster et destruire, si envoya, etc. » (Ibid.
p. 174.) » Delà, se parly, un espie lequel esploila
« tant, qu'il trouva le roy Piètre, et luy dist : la
« blance compengne est venue par deçà, lesquelz
« viennent des parties de France, et ont chacun
» une cioix blanche sur l'espaule. » (Ibid. p. 181)
« Au partir d'Arragon, priudre chacun la croix
« blance, et pourtant les appelloit ou la blnnce
" compengne. » (Ibid. p. 183.— Voyez le P. Daniel,
Ilist. de Fr. Paris, 1729, T. V, p. 136.) On lil,, en
parlant de B. Duguesclin :
(1) Voyez dansVHistoire de Du Gupsclin de M. Siméon Lnce, le chapitre X, consacré aux compar/n'es. — Voyez aussi la
dissertation de M. de Fréville, au t. III, 1" série de la Bibl. de l'Ecole des Chartes. — Les derniers Cap. tiens ayant aboli
les guerres privées, nombre de gentilhommes furent réduits à l'inaction et à l'indigence; sous Pbilippe-de-Valois, ils
se choisirent des chefs et s'organisèrent en corps fras'os avec le concours de toutes les bandes de sergents qui voulurent
partager leur fortune. A cause de leur composition, on les nomma « compagnies de gens d'armes et de trait. » Ces troupes
sans maître guerroyaient sans cause et s'inquiétaient peu des traités. tN. E.)
Ci) Il les emmena se faire battre et tuer à Navarette (1367). (N. E.)
(3) Ce nom ne s'appliqu.ait qu'à la compagnie commandée par Arnaud de Cervole dit TArchiprêtre. (N. E.)
(4) On lit dans Froissart, éd. Kervyn (VII, 80) : « En ce temps estoient les compaignies si grandes en Franche que on ne
savoit que faire ; car les guerres dou roy de Navarre et de Bretaingne estoient faillies. Si avoient apris chil compaignon qui
poursienwoient les armes, à pillier et à vivre d'avantaige sus le plat pays; et ne s'en pooient ne volloient détenir, ne
astenir, et tous leurs retours estoient en Franche... Ces compaignies estoient si fort et si esragie de mal faire , que on ne
savoit auquel entendre pour yaux bouter hors dou royaume de Franche. » (n. e.)
co
- 132 —
CO
.... Puis en Espaigne
MpTia Gascons, et Anglois,
Du royaume, à celle fois,
Gelta les yens de compiiingne.
Eust. Descli. l'ocs. MSS. fol. 95, col 3.
Dnns l'Histoire de Loys 111, duc de Bourbon, sous
l'an 13(14, p. "21, ces Iroupes sont nommées « les
" gens de compagnie, et sans advp.u ■■. Ce nom de
compagnie d^sisiioit d'ailleurs des coips de ti'oupes
régulières. .Nous trouvons, dans la Clu'on. Fr de
Nantis, sous Tan 130'2: « Les autres com/*fl/^H<'s de
« Flamans. ■■ Dans le latin ceterœ Flandrensium
phalanges.
Compagnie (l'ordonnance étoit une espèce de mi-
lice, dont l'institution est allribuée à Charles VII (l),
et dont la dénomination se trouve cependant
employée, dès le temps de Charles V, pour quel-
ques compaarnies de gendarmes. [Voyez le P. Dan.
Mil. Fr. T. 1, p. 144 et l'J8.)
Ou disoit aussi compagnie de gens d'armes, et
elle porloil le nom de celui iiui la commandoil. La
compagnie de gendarmes de Montpeusier donna
lieu à une expression que nous devons expliquer :
faire la compagnie de Monipensier signlfioit faire
la sotte. Brantôme nous apprend l'origine de cette
façon de parler. « La compagnie de Montpeusier
" étoit belle, el tous jours en besoigne, à laquelle
« il sçavoil tousjonrs bien commander; que si elle
» faisoil une petite faute, il disoit (|u'elle avoit fait
« de la sotte. Si bien qu'un temps cela couroit à la
« cour, qu'on disoit, vous uve% fait la compagnie
» de 31. de Montpensier, ce qui estoit autant à dire,
" vous avez fait de la sotte. » (Brantôme, Cap. Fr.
T. III, p. 27!).)
Il nous reste à citer un ancien proverbe : compa-
gnie de clercs. On le trouve parmi les Prov. h la
suite des Poës. fr. mss. av. 1300, T. IV, p. 1651.
VARIANTES :
COMPAGXÉE. La Thaum. Coût. d'Orléans, p. 4G5.
COMPAIGNÉE. Gloss. de l'Hist. de Paris.
CoMPAti.ME. Orlh. subsist.
CoMPAiGNiE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 271, col. 4.
CoMPAiGNii'îE et CûMPAiGNiEiE. S Bern. S. fr. MSS. p. 527.
CoNPAiG.NiE. Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. I, f» 70, R» col. 2.
COMPENGNE. Hist. de B. du Guescl. par Ménard, p. 109.
COMPAIGNE. Hymer, T. I, p. 115, lit. de 1270.
CoMPAiNGNE. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 105, R» col. 2.
Compagne, l'h. Mouskes, MS. p. 43, 86, etc.
CuMPAGNiE. Rymer, T. I, p. 116 et 117, tit. de 1270.
Compagner, verbe. Accompagner. « Compa-
« gnèrentlesditsduc('2 .elroyl'un l'autre. « (Chron.
fr. MS. de Naiigis, an I3ô7 ) On disoit leur compai-
gner, pour les accompagner. (Villehard. p. 10.)
Compa'igncr marchié étoit faire un marché, une
société.
Or soi n.s compaignon tui trois.
Rien porons coinpnigiicr man-hié.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 17, V col. 2.
Compagner charnellement signifloit avoir un
commercecbarnel. « E\iiCompagne (3) charnellement
■■ avec autres que avec son baron (mari). » (Beau-
manoir, p. 100.) (i)
VARIANTES :
COMPAGXEH. Chron. St. Denis T. III, fol. 88.
CoMPAiGNEii. Villehard. p. 10; Ord. T. III, p. 526.
CCMPAiGNiER. Vig. de Charles VII, T. I, p. 184.
CoMPAiNGNiEB. Eust. Descli. Pëos. MSS. fol. 407, col. 1.
Compagnon, su})st. mate. Camarade, ami*.
Associé dans le commerce ° Galant ^. Adversaire °.
Champion^. Pareil''. Convassal°. Confrèie". Coad-
juteur'. Troupes". Terme d'injure"-. Moiinoie".
Ce mot subsiste sous cette orthographe. Nous ne
marquerons que ses acceptions les moins usitées.
On peut voir, sur son ëtymologie, Pasquier, Bech.
p. 698 ; Petit. .1. de Saintré, p. J7ô, note. L'étymo-
logiede Pasquici', adoptée par .\icot et Ménage, est
tirée do pain, ((ui mange le mr^me pain. Elle peut
être confirmée par ces deux vers, oiipagnon signifie
pain :
Las ,i'ai perdu main corppaignons,
Quant ne mangiemes no pniguon.
Po,s. MSS. av 1300, T. IV, p. 133.1.
*0n disoit, au premier sens, comme aujourd'hui,
compagnon pour cam.arade ; mais ce que nous
devons remarquer, c'est qu'on le disoit au lieu de
compagne, dans Percef. Vol. IV, fol. 149. « Elle
<> s'en revint ù ses compagnons. » Par la suite du
discours, on voit que ces compagnons étoient des
pucelles. On disoit aussi compaig, compaing, etc.
pour compagnon, camarade. C'étoit uneconiraction
du même mot (5). (Voyez les Dict. et les Gloss. parti-
culièrement celui de Du Gange, Gloss. lat. au mot
Compagus.) On lit compaig Jehan, dans une pièce
de sire Adans de Gicvenci. (Poës. mss. avant 1300,
T. III, p. 1181.) ■• Dieu le gard, compains. » (Path.
Farce, p. 71.)
. . . pour jettei' des fruits jà murs, et beaux,
A mes coiupaimis qui tendoyent leurs chapeaux.
Clém. Alai-ol, p. 27.
^ On se servoit du mot compagnon pour désigner
des associés de commerce, et on écrivoit indiflfé-
rcmment compagne, compaigne, comme on le voit
dans ce passage : « Deux compaignons avoient
« ensemble compaignie, en la marchandise de bois;
« li un des compagnons fit créanter (pour gaiantir)
» les dettes, quant ses compagnes sot que les deles
(1) L'ordonnance est restée inédite jusqu'à nos jours et ne fait pas partie du grand recueil des Ordonnances du Louvre ;
elle est datée de Lonppy, 26 mai 1445, et publiée dans la Bibl. de l'Ecole des Chartes, II' série, t. III, p. 122 et seq. (n. e.)
(2) « Et aussi la josne fille li cotnpaignoil plus que nulle de ses seurs. n (Froissart, II, 55.)
(3) « Icelui Jebannot promis et jura moult estroitement que jamais d'ilec en avant avec sa dite lamme ne compagneroit
oucouverseroit. » (.1.1. 76, p. 218, an. 1347 ) Au reg. ,T,T. 112, p. 34, an. 1377, on lit comme dans Eeauraanoir, coinpamgnef
chamcleineiit. » (n. e.)
(4) C'était encore soutenir un parti : « Faites commandement de par nous à ceulx de la forteresse et qui lesdiz
malfaiteurs souslendront et cnmpaig)ieront, que il les vous baillent et rendent sans delay. » (Ord., III, 526, an. 1361.)(N. E.)
(5': C'était le cas sujet, le mot companio déplaçant l'accent au cas régime coinpanionein : « A vous , niessire Douglas
com;)«)((.s et très grans amis, je vous pri. » (Froissart, II, 202.) On trouve aussi compaiyigne , forme plus régulière que
compaingnie, au t. VII, p. 85. (n. e.)
co
— 133
CO
« esloient créantées, il se trait avant à nous, et
« nous montrn la décevance que ses compaigncs 11
-> avoit fête. » (Beauman. p. 115.) Il est rem;tr(niahle
que le même mot est (^crit de trois façons différentes
dans celte même phrase.
•^ Compagnon sig'nifloit quelquefois galant. On
trouve ■■ femme punie dans l'autre monde pour les
« anneaulx, et petits joyaulx qu'elle avoit receus
« des compagnons [\) par amourettes. » (l.e Chev. de
La Tour, Instr. à ses tilles, fol. 27.)
De l;V l'expression : {aire du gentil compagnon.
pour faire le salant. ■■ Le roy avoit voulu faire du
•> gentil compagnon, avec sa femme, mais il s'abu-
« soit, car il nesloit pas homme puni- ce faire. «
(Méni. de Roi), de la Marck. Seig' de Kltur. ms.
p. 2-23:.
° Quelquefois ce mot signifioit l'adversaire contre
qui l'on joùtoit " Le? deux chevaliers lousjours
« considéroient que celiuy (|ui submcLloit son
« eomjtagnon auroit l'honneur de la journée. »
(Percef. Vol. III, fol. 9.) •■ S'en vient vers son com-
« palgnon, qui venoit sur luy roidement, et fort, et
« se vont enlreferir l'ung l'autre, etc. » (Ibid. Vol. I,
fol. 108.)
^ Compaigno)i se prenoit aussi pour champion,
le chevalier qui doit couibaltre pour la cause d'une
dame, en ce passage : « Je vous requiers que vous
•' commandez à Falise, qui se veuli faire dame de
" cest chastel qui mien est, qu'elle face venir son
« compaignon ; sachez qu'il ne se ose apparoir,
« pour la mauvaise cause qu'il a entrepris. » fPer-
ceforesl, Vol. I, fol. 115.)
■^ Ce mot s'est dit pour pareil. En parlant d'un
gant, on disoit : « J'ay perdu son compaignon »,
c'est-à-dire son pareil (Percef. Vol. V, fol. 32.)
° De lu, on a nommé compaignons les convassaux,
les gens qui relèvent du même seigneur. .> Compa-
" gnons, ou convassaux, tenans fiefs du dit sei-
« gneur. » (Coût, de Chauny, Coût. Gén. T I,
p. 659.)
" De là aussi, on a dit compagnons, pour con-
frères. >' Les chappelains, et 6'0??;/Jflff )iO»s de Sai net
Sauveur, en la ditte ville. » (Coût. Gén. T. Il,
p. 6i3.) « Les compagnons et chappelains, Sainct
« Barthélémy de la Rochelle. " (Ihid. p. G13.) Com-
pagnon se dit aussi d'un moine qui en accompagne
un autre. (Vuy.Duchesne, Gén.deMontmor., p. 380.)
' L'acception de compagnon, pour coadjuteur,
n'étoit pas moins naturelle. On a dit : Évcsque
compain, pour coadjuteur d'un évêque. (Du Gange,
au mol Episcopus.)
" On appelle compagnons les troupes irrégulières
dont j'ai parlé à l'article des compagnies, brigands
qui désolèrent la France sous le règne du roi .Jean.
C'est d'eux qu'il s'agit dans le passage suivant : « Le
« susdit comte de Salisbery envoya devant Jargeau,
« et fit forlbalre la ville dedans laquelle s'étoient
« retirés les comjiagnons qui avoient été en garni-
« son en plusieurs forteresses de la Beausse, et du
« Gastinois. » (F'roissart. liv. 1, p. 500.)
*- On s'est servi du molcom/jagnon, comme terme
d'injure, pour homme vil. Nous disons petit com-
pagnon. On disoit : tenir à compagnon.
Tex en a pris le baston,
Ke je lieg à cnrupniffnoii.
Gonlliier, Po'ês. .MSS. avanl i;îOU, T. UI, p. 1036.
" Enfin, on nomma compagnons une espèce de
monnoie de mauvaise valeur. « Que à toutes mon-
" noyés d'or, et d'argent, qnelles qu'elles .soient.
« Taries, vaillans, el coni/iagnons [2), monnoyes
« blanches et noires, et |.ar espeeial aux vielz gros
« tournois, desque^z tous, ou la plus grani partie
« ont este et sont contrefaiz. soient ostez le cours
« du tout .. (Ord. des R. de Fr. T. III, p. -HO.)
Passons à l'explication de queli|ues expressions
oh le mot compagnon (3) étoit employé :
1" '< Les compagnons, et frères d armes étoient
« des chevaliers, ou escuyers qui t'aisoient entre
» eux une association, tant pour l'attaque de l'en-
« nemi que pour la deffense de leurs personnes. »
(Gloss. des Arr. Amor, au mot Frères.) On a dit de
Patrocle el d'AchiDe qu'ils esloient compaignons
d'armes. (Tri. des IX Preux, p. -248.)
Du Cange, dans ses observations sur Joinville,
distingue les compagnons et les frères d'armes. II
dit d'abord, sur le mol de compagnon, qu'il ne
signifioit qu'une égalité de condition, sans marquer
aucune dépendance ni supériorité ; en sorte que
les chevaliers, bacheliers qui servoienl sous le
même banneret, s'appeloient compagnons. (Du
Cange, sur Joinville, p. 51, et Froissart, livre III,
p. 41.) A l'égard de ce qu'on appeloit en France
frères d'armes, » c'étoit projirement ceux qui con-
" tractoient entre eux nue amitié fraternelle, con-
« firmée par sermens, el par la divine Eucharistie
» qu'ils recevoient des mains du prêtre, se pro-
<■ mettant une protection, et un secours mutuel, au
« cas qu'ils fussent attaquez. .. (Ilist. de B. Duguesc.
par Ménard, p. 204.) C'est vraisemblablement en
ce sens qu'il faut entendre compaignon de foy.
(Ibid. p. 431)
2" On disoit : bons, etgentih compagnons, pour
braves gens. (Voyez Froissart, liv. I, p. 233.) Gentil%
compaignons est pris en un sens ironique, dans
Froissart, livre IV, p. 334.
3" Faire du compagnon signifioit se comparer,
s'égaler. « Le petit, et inférieur fait du compagnon
« avec le grand. » (Sagesse de Cliaron, p. 404.)
4° Disner de co)npagnon, diner sans façon. (Petit
J. de Saintré, p. 644 )
(t) « Jehan Guillebault reproucha au suppliant qu'il avoit chevauché sa femme et estoit son compaignon de cuisse. i>
(JJ. 109, p. 18G, an. 1376.) (n. e)
(2) Il pst question de cette monnaie dans Froissart (II, 417, 447) : « Et saciés que cascuns de ces saudoyers avoit cascua
jour quatre compagnons ou gros de Flandres pour ses frès et pour ses gages. » Voyez encore le reg. JJ. 111 , p. 49 ,
an. 1377. (n. e.)
(3) Voyez aussi les Assises de Jérusalem, ch. CCLXXX, où il est parlé du service de compayiioii , lorsque le vassal doit
servir avec un ou plusieurs hommes en sa compagnie. (N. E.)
co
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CO
5° On appeloit. compagnons d'aval les auditeurs
des comptes. ■■ Nul des corapncjnons d'aval (d'en
« bas) ne vienne amon! len haut) se il n'y est
« appelle, on il n'y a allaire de nécessité. Item que
« les dits clercs d'à' al seront, visitez par les mais-
u très clei'cs, et se ils trouvent aucun défaut nota-
« ble, en aucun d'eux, ils le rapporteront au
« burel. ■■ (Miranmont, des (^ours souver. p. ;4ô.)
Terminons cet article par quelques proverbes :
1 Un proverbe se dit,
Que bon rompuhis a trop sur lui à dire.
Eust. Desch. Po.'s. MSS. fol. 3M, col. 2.
Nous disons : qui a compagnon a maître. Le
proverbe ancien semble signifier qu'un homme
trop complaisant est la victime des autres.
2. Compninri par voie bien parlant,
Vaut bien un chariot branlant.
Alector. Rom. fol. 18, V
C'est le proverbe latin ou la sentence de P.
Syrus : facundus cornes in via pro véhicula est.
3. N'est pas droit compaiin,
Oui tout veit avoir ;
Ce dit li vilains.
Prov. du C" de Brel. MS. du S. G. fol. Hi, V- col. Ù.
V.\RI.\INTES :
COMPAGNON. Ort'i. subsistante.
CoMPAiGNON. Percef. Vol. I, fol. 140, R» col. 2, etc.
CoMPAiGNiox. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 138.
CoMPAiGNER. Ch. Fr. du xine siècle, MS. de Bouh. fol. 383.
Compagne, Gompaigne. Beaumanoir, p. 1113.
COMPEING, CoNPAIN.
COMPAING. Faifeu, p. 77; Crétin, p. 90.
CoMPAixs. Hist. de B. Duguesci. par Ménard, p. 408.
COMPAINZ. Prov. du C'8 de Bret. MS. de S. G. fol. 114.
COMPAIN. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 133, note A.
CoMPENON. Duch. Gen. de Montmorency, p. 386.
CoMPAiG. Poës. MSS. av. 1300, T. Ill, p.'llSl.
CoMPANS et CoNPANZ. S. Bern. Serai, fr. MSS. p. 81.
Compagnonner, verbe. Assortir, accompa-
gner *. Traiter de pair à compagnon ^.
* Sur le premier sens d'assortir, accompagner,
voyez les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.
° Ce mot est employé, dans le second sens, au
passage suivant : « Je ne suis pas d'avis que les
« Poètes, n'y autres se présentent témérairement
« devant la face de sa majesté, pour penser compa-
« gnonner avec \aY, etc. » (S'Jul.Mesl. Hist. p. 103.)
Coinpaigiic(]),s?(î^s/. fém. Nom de lieu. Peut-
être (lompiègne. (Voyez Poës. .mss. avant 1300,
T. 111, p. 1153.)
Compaignement, subst masc. Le sens de ce
mol se trouve développé dans le passage suivant :
A sa très douce chiere amie,
Que il aime sans tricherie,
Mande ses dous amis salus,
Com cil qui de li est rendus,
Et cuer, et cors entirement.
Sans nul autre C'impai'jneutent.
Fabl. MSS. du K. ii- 7ilS, fol 2i0, R» col. 2.
C'est-à-dire sans aucun partage.
Compaignette, subst. fém. Diminutif de com-
pagne. Nous avons vu compaigne, pour compagne
et compagnon Di^ lii, conpaignet pour petit compa-
gnon, d.uis les Fabl. mss. du H. n" 7-218, foi. 115.
Coiupaigiiette signifie petite compagne , dans
Gille li Viniers, Poës. mss. av. 1300, T. III, p. 388.
Nus ne doit lez bois aler,
Sanz sa coiupaifjiwte.
rabl. MSS. du R. n' 72iS, fol. H5, R- col. 2.
VARIANTES :
COMPAIGNETTE. Poës. MSS. avant 13i10, T. III. p. 388.
COMPAINGNETE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 11.5, R» col. 2.
Conpaignet; subst. masc. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 78.
Compairei», verbe. Payer, acbeter*. Mériter^.
Comparoitre '^. Regarder, découvrir, reconnoitre ".
(Voyez les Dictionn. de Nicot, Borel, Rob. Estienne,
Cotgrave, Monet, Corneille, et le Gloss. de fHist.
de Bretagne.)
* Dans le premier sens de payer, acheter, ce mot
vient du latin comparare ('2). On a dit : « Souvienne
« vous des injures qu'avez dictes des chevaliers, et
" escuyers qui vont par le monde faire armes, pour
« leur honneur acroislre: car vous ]e conipairez-. »
(P. Jeh. de Saintré, page 661.) « Ainçois que je me
« rende, je leur ferai ^comparer. >> (Hist. de B. Du
Guescl. par Mén. p. 267.)
Hat ! fait il, com est vilains !
Li sougretains qui ci se dort ;
S'il le cotnpefe, n'est pas tort.
Demain quant serons en chapitre.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 37, V col. 2.
On a dit, en parlant des Orléanois révoltés contre
le roi. « Y en eut qui chèrement le comparurent (3). »
(Chron. S. Den. T. I, page 259.) On lit dans Suger :
ultioni condignœ trailidit puniendos.
Ge creing que molt chier le compère.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 57, V° col. 1.
De ]h, les expressions comparer ses péchés, les
expier, payer la peine due à ses péchés. (Vies des
SS. MS. de Sorb. chif. xxvi.)
Comperer la mort, la souffrir, payer tribut à la
mort. La S" Vierge, parlant à Jésus-Christ, s'exprime
ainsi :
Biaus fils, et biaus père,
La mort que vostre cors compei-e,
Me fait plaindre angoisseusement.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 93, V col. 2.
°En étendant l'acception de comparer, acheter,
ce mot s'est pris flguréinent, pour mériter.
De maint en sont plus hais,
Qui riens, en ce, n'ont compara.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 81.
La ville en fu brûlée,
Qui pas ne Vaitoit comparée.
Ibid. fol. 83, V- col. 2.
'^ Dans le sens de comparoitre, comparer et com-
paroir viennent du latin comparere. On dit encore
(V) On trouve Compif/ne, d'après le Dit de l'Apostoile. (Leroux de Lincy, II, .3.38.) (N. E.)
(2) Ce sens est dans la Chanson de Roland (v. 449 et 1592). On le retrouve dans Partonopex, Renard, etc.; le sens de
rapprocher n'apparaît qu'au xiiF siècle. (N. E.)
(3) On lit en ce sens au reg. JJ. 89, p. 121, an. \dol : <c Lors respondi A.iibriet : Tu le compxrras ; et sur ce sacha une espée
sur ledit Guillemet. » (n. e.)
co
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CO
souvent comparoir, en termes de palais. On trouve
comparer, clans le même sens, au passage suivant :
.< lis le citèrent comme por à comparer devant le
. Roy. » (Hisl. de la Tois. d'Or, Vol. I, fol. 93.)
Oudisoit qu'avait à comparoir, pour qu'avoit à
faire : >• Qu'avoit à cotnparoir la reine d'Angle-
« terre, laquelle par vostre rigueur est venue en
" ce pais, etc. ■< (Monslr. Vol. 1, fol. 10 )
" Nous ne trouvons ce mot employé pour regar-
der, reconnoitre, découvrir, que sous l'orlliographe
comperer, qu'on pourroit en ce sens dériver du
latin comperire.
En monsire Dubois son frère.
Et de cille tjue je compère.
Font. Guér. Très, de Vén. MS. p. Hi.
On disoit proverbialement :
1. Tel n'en peut mais, qui trop compère.
Rom. de la Rose.
Borel, qui cite ce vers, au mol comperre, lexpli-
que mal par actiuérir. 11 signifie payer.
2. Cil qui plus le compère,
C'est cil qui meins s'en emaye.
Fauch. Lang. et Pots. fr. p. Hl.
3. Tel ne dessert, qui le compère.
Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 3G.
Voyez, A rarticle Compareh ci-après, une autre
signification «lui lui est particulière.
CONJUGAISON :
Comparoir, au futur. Vous payerez. (Fabl. mss.
du R. ir 701. -j, T. Il, fol. 175.)
Comparres, au futur. Vous payerez. Ibid.
noT'ilS, fol. 335.)
Comper, indic. prés, .l'achète. (Poës. >iss. av. 1300,
T. 111, p. 1133.)
Compraisses, imp. subj. Payasses. (Fabl. mss. du
R. ir 7218, fol. 49.)
Conpurroi:i, au futur. Vous payerez. (G. Guiart,
MS. fol. 134.)
VARIANTES :
COMPAIÏIER. P. ,1. de Saintré, p 661.
Comparer. Hist. de B. Du Guescl. par Ménard, p. 267.
CoMPARRER. Kabl. MSS. de S. G. f" 4i, et passim.
CoMPEi\ER. Poës. MSS. avant 13U0, T. 111, p. 1006.
Conférer. Biuniax de Tours, Poës. MSS. av. 1300, T. II.
COMPRER. Robers de Memberolles, Poës. MSS. avant 1300.
Comperre. Pierre de Corbie, Poës. MSS. av. 1300, T. III.
Comparoir. Chron. S. Denis, T. 1, fol. 250.
Compaires, stibst. 7nasc. Compagnon, associé.
« Chil qui ferme pés (paix) a aferniée (affermie,
« assurée) en son cuer est droitement sires dou
« siècle, et compaignons de Dieu ; car il est sires
« dou siècle, en tant coume il est en bonne pensée,
" et le cuer en pés, que il ne convoite à outrage
« (excessivement) nule chose terriene ; elcompaires
« de Dieu, pour che que il est en estai de grâce, et
'< sans péchié. " (Beauman. p. 355.)
Companage, subst. masc. Ce qu'on mange
avec du painil). OniVûcompanatgcelcoiimpanatge,
en Languedoc. (Voyez sur ce mot, les Dictionn. de
Cotgrave, Oudin, Ménage, et Du Gange, au mot
Companagium.) Jésus-< hrisl dit aux apôtres qui
pêchoient dans la mer de ïibériade :
Avez vous point de compegnage (2)
Qu'on puis manger'?
Hist. des Tr ùs Maries, en vers, MS. p. 190.
VARIANTES :
COMPANAGE. Oudin, Dict.
CoMPANATGE. Prononc. lanÊjued.
COMPANAIGE. Rabelais, T. III, p. 26.
CoMPEGNAGE. Hist. des Trois Maries, MS. p. 190.
COMPENAGE. Ibid. p. 114 et 394.
CouMPENATGE. Pronoiic. langued.
Comparadoui", subst. masc. Qui compare.
Celui qui fait la comparaison.
Dont je comparadour me plains
Les clercs, et ceulx de la cuisine.
Eiist. Pesch. Poès. MSS. fol. 346, col. 4.
Comparage, subst. masc. Compérage. ■■ Nus
« ne doit espouser les enlans de son compère, ny
•' de sa commère, puis le comparage nez. » (Beau-
manoir, p. 99.)
Gomparager, verbe. Comparer. (Voyez Borel,
Corneille, Cotgrave, Oudin, R. Estienne, Monet, et
Gloss. de Marot.)
On lit compagier, dans les vers suivans, abrévia-
tions du moi com/iarugie)\ employée par la même
licence fréquente dans nos anciens poètes :
Tant que de vous soit partout renommée,
Si c'om vous puist à droit compagier (3),
A Josué, Charle, Hector et Pompée.
Eust. Desch. Pacs. MSS. fol. 51, col. 4.
(Voy. AccoMPARAGEn ci-devant.)
VAIUANTKS :
GOMPARAGER. Arr. Amor. p. 123; Clém. Marot, p. 283.
Comparaiger. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 69, R*.
CoMPAP^AGiER. Modus et Racio, MS. fol. 309, R».
Compagier. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 51, col, 4.
Comparaison, subst. fém. Ce mol subsiste
sous celle orlhographe. Nous ne le citons que par
rapport aux expressions suivantes. On disoit :
r Qui n'a comparaison (riio)ineurs (le biens,
pour qui n'a son pareil en honneurs et en biens.
Voyant celuy qui n'a comparaison
D'honneurs, de hwus, saillir de la maison
Pour guerroyer les plus fiers de ce monde.
<lean Marot, p. 77.
2° A comparaison pour en comparaison, (Voyez
Apol, pour Hérouole, préf. p, 8.) On a dit en latin
comparatione, dans le même sens. (Voyez Chron.
d'Anselme de Gemblours, 3' contin. sous l'an 119G,
fol. 75 ; Extr, de Foncemagne, 3' race.)
30 On éerivùit aussi comparison (4) ; on trouve
sans comparison, dans Beaumanoir, p. 16.
(1) Comparez apanage, (n. e.)
(2) C'est ici une sorte de gâteau ; « Laquelle servante avoit fait cuire audit four pour son maistre certain compenaye,
nomme darioles ; leque' compenage cuit elle le prist et l'emporta sur sa teste. » (.11, 128, p. 36, an. 1385.) On lit aussi dans
Renard (v. 56); « Geste brebis si la gardez ; Tant nous donra lel et fromage, Assez i aurons compenage. » (n, e.)
(3) « Lequel Jaquemart dist audit Pierre qu'il estoit aussi bon gentilhomme comme ledit Pierre ;... et ledit Regnault dist
àicellui Jaquemart qu'il ne se comparugusl point audit Pierre. )> (JJ. 105, p. 185, an. 1373.) (N. E.)
(4) On lit aussi dans Froissart (IV, 71) ; « Et estoient sans comparison plus fort qu'il ne fust, » (
(N. E.)
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136 —
CO
Nous remarquerons encore celte espèce de
proverbe :
Cohtprirahnvs siint envieuses,
Et de paroles venimeuses.
Geofr. de Pans, à !a suite du Rom. de Fauv. fol. 48.
VARIANTES (1) :
COMPAK.\ISON. Ortli. subsistante.
Co.MPARESON. Hist. de Fr. à la suite de Fauv. fol. 80.
CoMPARisoN. lieaumanoir, p. 16.
Co.MPARACioN. Gace de la Bigne, des Ded.
Comparauce. [Intercalez Coinparance, com-
parution: » Ledit le Boucher, qui ignoroit ledit
« adjournement ne comparut point ; parquoy et
« mesment, pour la non comparance. » (JJ. 158,
p. 327, an. 1403.)] (n. e.)
Compare, adj. Egal, pareil. Du latin compar.
La viele, et amours, par exemplaire,
Doivent estre d'un semblant compare.
Villeaumc li Vijiiers, PoEs, MSS. av. 1300, T. 11, p. 821.
Comparé, partie. Acheté. On a dit, au figuré :
Amors qui vient légiérement
N'est si plesans, ne tant n'agrée
Com celé qui est comparée.
Falil. MSS. du R. n- 1218, fol. 132, V col. 2.
VARIANTES !
COMPARÉ. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 132, V» col. 2.
CoNPARÉ. Fabl. MSS du R. n» 7615, T. I, fol. 104, V» col. 2.
Comparer (se), verbe. Se préparer, se dispo-
ser*. S'égaler^.
*Ce mol, qui dérive ses deux acceptions du latin
comparare, se trouve employé au premier sens,
dans ce passage : « Le roy Charles à tout (avec) sa
« puissance se comparoit, et apprestoit pour venir
« conquérir pais sur eux. » (Monstr. Vol. II, f 46.)
^Oii dit, comme autrefois, se comparer, pour
s'égaler (2). On disoit aussi comperer. Ce mot avoil
encore d'autres acceptions qu'on peut voir plus
haut à l'article Compairer. C'est le même mot,
différemment éciit, souvent en faveur de la rime.
D'ailleurs il y avoit peu de différence dans la pro-
noncialion des mots comparer, compaïrer, compe-
rer. On disoit de même se perer, pour se parer.
Des vertus qu'il avoit te père.
Et à restraindre te compère
A ceu.K qui turent esparennbles.
Eust. Desch. Po5s. MSS. fol. 321, col. 1.
Un poêle dit de la S" Vierge :
Ki compère
Vers vo créature.
Pocs. MSS. av. laOO, T. Il, p. OOG.
Remarquons cette expression : se comparer d'hon-
neur, pour se compiler en fait d'honneur. « On
« disoit partout qu'il n'y avoit chevalier qui se
« compariist h vous, d'honneur, de proesse. »
(Percef. Vol. Il, fol. 51.)
variantes :
COMPARER (SE). Orth subsistante.
Comperer. Eust Desch. Poës. MSS. fol. 321, col. 1.
Conférer. Fabl. MSS. du R. n»7615, T. II, f» 164, R» col. 2.
Compares, subst. Espèces de droits. « Ce sont
« usages, et redsvances, prétendues par les vicom-
« tes de Narbonne, contre l'evéque. « (Laur. Gloss.
du rtr. Ir. — Du Gange, au mot Compares.)
Comparimini. On appelle ainsi , en droit
canon, un certillcat envoyé par le juge ecclésiasti-
que au juge laïque, contre un excommunié qui s'est
laissé juger par contumace. Du Cange, au mot
Cumparimini, cite Rouleiller: « Le juge spirituel
« doit envoyer un libelle, qu'on appelle en court
« comparimini , qui doit contenir comment l'exco-
" munie, luy incité, el condamné, en ce s'est laissé
« excommunier et endormir, comme chien, sans
« crainte de Dieu, etc. » (Bout. Som. Rur. liv. II,
tit. 12, p, 758.)
Comparoissance, subst. fém. Comparution.
(Cotgrave et Oudin, Dict.) « La comparition qu'ils
« faisoient, estoit pour ce que le Roy l'avoit ainsy
« voulu, et ordonné, protestans que la dilte com-
« paroissance ne préjudiciast à leurs droits, et
« prérogatives. » (Coût, de Paris, Goût. Gén. T. I,
p. 15.) On lit ailleurs : " Protestant que les dittes
« présentations, et co»i/;fl)'02Sse ne peust préjudi-
« cier audit révérend. » (Coût, de Vallois, Ibid.
page 404.)
variantes :
COMPAROISSANCE. Coût. Gén. T. I, p. 15.
CoMPAROissE. Ibid. p. 404.
Comparance. Oudin, Dict.
Comparence. Coût. Gén. T. I, p. 326.
Comparoistre, verbe. Ce mot ne subsiste plus
qu'en termes de palais. Autrefois on disoit se com-
paroistre. pour paroitre, se montrer : « Gontrai-
<■ gnirent l'ennemy de repasser le bois, dont depuis
« il ne fut assez haidy de se comparoistre. » (Mém.
Du Bellay, liv. X, fol. 315.)
Comparse, subst. fém. Entrée. Terme de car-
rousel : " Entrée que fait une (juadrille dans la
« carrière, dont elle fait le tour pour se faire voir
« aux spectateurs, mesurer la lice, et se rendre
.1 ensuite au poste qui luy est marqué. » (Dict. de
Corneille.) Cette même définition se trouve dans le
P. Meneslrier des Tournois, p. 204. (Voy. Beauch.
Rech. des Th. T. III, p. 186.)
Comparsonnier, subst. masc. Associé, cohé-
lilier. « Le seigneur du cens n'est tenu de diviser
'< iceluy, tellement que, s'il y a plusieurs deten-
« leurs de Therilage affecté, il se peut addresser
« auquel d'iceux que bon luy semblera, parce que
« hypothequairement est individue, sauf audit
« détenteur, son recours contre ses comparson-
« niers. » (Coût, de Bar, Coût. Gén. T. II, p. 1034.)
« Partages des successions, héritages, ou meubles
« communs entre plusieurs cohéritiers, ou com-
« personniers, seront différez pour l'absence lon-
« gue. .. (Coût, de Metz, Coût. Gén. T. I, p. 1153.)
Coparsonnier s'est dit aussi de celui avec qui on
(1) Dans Thomas de Cantorbery (xii« siècle, 32) on lit : « Pur ço ai fait, ço m'est vis, dreite comparaisun. » (N. e.)
(2) Ce sens se retrouve dans Froissart (XVI, 111) ; « Vous estes de si noble estration et de si gentil sanc que dessus vous
nuls ne sont qui se coiiiparent à vous. » (N. E.)
co
— 437
CO
parlai;e uu mur mitoyen. (Nouv. Coût. Gén. T. I,
page 58 1.)
VAÎUANTES :
COMPARSONNIER. Coût. Gén. T. II, p. 1034.
COMI'EUSONNIEK. Ibid. T. I, p. 890.
Coinpartiinent, subst. masc. Ancienne forme
des écuscii armoiries*. Ouvrages de forlilicatioii °.
*Cemol, i|ui subsiste avec diverses acceptions,
a élé autrefois employé pour désigner la forme
Ijizarre et ridicule nouvellement introduite pour
les écus en armoiries. S' Julien, dansses Mesl. hist.
j). 578, se plaint de cette innovation.
^rom/wri/wcn/désignoit aussi les ouvrages faits
au deliors d'une place assiégée. » Ce que je m'offre
« d'exécuter, si vous voulez me faire l'honneur de
« le commi'llre, est de gagner cette nuit m.'me ces
» petits comparu mens, pour ne pas dire dehors,
«' que les ennemis ont faits depuis la rive jusques à
« un des deux ruvelins. » (Mém. de Bassomp. ï. III,
page 85.) Ce mot compartiment n'est pas ici le nom
propre d'un ouvrage, mais un nom que l'auteur
donne par mépris à de mauv;iis ouvrages, qu'il
appelle plus bas cfictives dcfeiices ; comme s'il
vouloit les comparer aux compartimens d'un par-
terre. Ainsi proprement compartiment, en cet
endroit, est pris dans le sens qui subsiste encore.
Conipai'lir, verbe. Partager, diviser *. Partir ^.
*Sur le premier sens de partager, diviser, voyez
les Dict. de Nicot, Monet et Cotgrave.
° Compartir a signifié aussi partir, proprement
partir de compagnie. » Y.x\i,\ corn par tirent Aq Cows,-
" lantinople, et chevauchèrent par lor joniées, et
" vinrent à Andrinople ou li sièges ère (estoit). »
(Villehard. p. 117.)
Coniparuit, subst. rnasc. Terme de palais.
C'est l'acte délivré par un juge à une des parties,
pour certifiei sa comparution. iLaur. Gloss. du Dr.
fr. — Dict. de Cotgrave et d'Oudin.) » îiy comparuit
« est prins en cause, celui qui veut procéder avant,
'■ est tenu, e:i dedans l'an du dit comparuit prins,
« faire udjourner ceux, etc. » (Coût, de la Salle, et
Baill. de Liste, au Coût. Gén. T. II, p. 921.)
Compas, subst. masc. Règle, mesure *. Symé-
trie, COU! jjarti ment ^. Contour'^.
* Ce mot s est employé fréquemment, dans le pre-
mier sens de règle, mesure. Mallierbe aimoit fort
ce mot, selon la remarque de Ménage, p. 458.
Bornez vous, croyez moy dans un juste compas.
Malh. Poés. page H8.
Si le chef n'est pas bien d'accord avec la teste,
Et que tout ne soit pas réglé par ses compas.
Depil amour, de Molière, acl. 4, se. 2.
Faifeu, dans un envoi à ses lecteurs, dit, en par-
lant de ses compilations :
Si faulle y a de raison, ou compas,
.le vous supply, n'en soyez coUeriques,
Mais corrigez, car je ne l'enlonds pas.
Faifeu, page 114.
Marot, parlant des chevaux de Pha-^ton, dit qu'ils
Vont galopant régions incongneues,
Là où leurs cour- impétueux les porte ;
Là, sans compas, cliacun dL'U.\ se traiispûrle.
Cléni. Marot, p. 557.
^Delà, compas s'est pris pour symétrie, com-
partiment. On a dit en ce sens : « Couette ouvrée à
« certains compas, de grosses perles, et autres
« merveilleuses braveries. » (Nuicts de Straparole,
T. I, p. (J7.)
Ont aussi leurs reins saintes
De riches bandrez à compas.
Eusl. Desch. Pops. MSS. fo!. 545, col. 1.
•^ Il signifie ^o«/oj(?', dans cette expression. .< En
« tout le compas del monde. » On la trouve dans une
pièce attribuée à Crestyens, Poës. .vss. av. 1300 (1),
T. III, p. X'Hjrl, et répétée sous le nom de Gaces
BruUés. Ibid. T. H, p. 522.)
Compas, dans le sens de règle, mesure, nous
fournit plusieurs expressions que nous allons citer.
On disoit :
1° Aller à tirait compas, en pnrlant des chevaux.
Les chevaulx fais vont mieulx, à droit compas ;
Pour ce ne devroit nulz homs amer poulains.
Eusi. Desih. Poes. MSS. lul. 234, col. t.
2° .4 (Iroil compas signitie avec justice.
Tu rendras, à droit compas,
De toutes œuvres guerredon.
Fabl. .MSS. du R. ii- 7-218, fol. 203. V' col. l.
3° Faire une chose par compas, c'étoit la faire
parfaite.
La gentil damoiselle que Diex ot fet sans gas :
Entre Dieu et nature le fu-ent par compas.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 345, R- col. 2.
4° Fait à compas, dans le sens où nous disons
fait au tour.
Rondet menton, fait à conipas.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 218, R- col. t.
5» Passer par compas, chacun selon son rang.
Chascun passera par compas.
Par dessus toy, comme sus Pierre,
L'on ne pense point de requerre.
Conlred. de Songecreux, fol. 141, V*.
G" Vin de bon compas, semble mis pour vin droit,
en ce passage :
Ces trois vins n'en chaca il pas,
Qu'il les senti de bon compas.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 2S1, V- col 2.
VARIANTES :
COMPAS. Orth. subsist.
CoNPAS. Fabl. MSS. du R. n° 7615, T. II, fol. 109, V» col. 1.
Compsi9,sé, partie. Proportionné*. Compensé,
compté ^.
Ce mot signifie proprement dessiné avec le com-
pas. De là, les deux acceptions figurées que nous
venons de inarquer.
* On trouve la première signification dans ce vers :
Elle avoit front bien compassé.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 251, R' col. 1.
De là, compassée à nature, pour bien faite, faite
au pinceau.
Compassée à nature, blanche gorge corn guimple, etc.
FaLl. MSS. du R. n- 7218. fol. 274. V- col. 2.
(1) « Merci troTasse, au mien cuidier, S'ele fust en tout le compas De! monde, là où je la quier. » (n. e.)
18
co
- 13î( ^
co
On disoit aussi :
Un arbre trop bel coittpasse:,
A la fontaine, onilire rendoit.
Fabl. »1SS. du R. n- 7â1S, fol. 351, R- col. 2.
Compassé à taille, pour fini, aclievé. (G. Guiart,
>is. fol. 33, R°.)
^Aii second sens, ce mot signifioit compté, com-
pensé.
Les Iresors Cresus amassez,
Si ne sont en rien compas-.ez.
Ountred. de Songecreux, fol. 102. K".
V.^RIANTES :
COMPASSÉ. Fabl. MSS. du R. n" 7-218, fol. 251, R° col. \.
CoNP.\ssÈ. Kabl. MSS. du U. n° 7G15, T. I, f« 116, V» col. 1.
Coinpasseinenl, subst. masc. Alignement*.
Arraiigeineiit, complot^.
* Le' premier sens est le sens propre.
Dens drus, et petits.
Elans, et par conijxcssfmeiil mis.
Chans. fr. Ju xin' siècle, .MS. de lîouliier, rli. l", fol. 08, V*.
^De là ce mol, au figuré, signifioit arrangement,
complot. On disoit eiî ce sens, compassemenl, de
nostre mort, pour conspiration contre notre vie.
(Britt. Loix d'Anglel. fol. 73.)
Conipusser, verbe. Dessiner avec le compas*.
Arranger, conspirer^.
*Au propre, ce mot signifie dessiner à l'aide du
compas, l'aire le plan d'im bâtiment (1). (Voy Rom.
du Brut, .MS. fol. 1)9.)
^Au figuré, arranger, conspirer, concerter un
complot : « Ne contpassay, ne purparlay, ne à celé
« félonie ne assenti (consenti). <> (Britton , Loix
d'Anglet. fol. ■i±)
On poiirroit assigner à ce mot une troisième
acception ; se tompasser, dans le passage suivant,
n'étoit une faiiie pour compisser. On lit, dans
Modus et Racio, fol. 10, Y° : « Le beau relif (espèce
« de cliien courant) est tel qu'il ne chasse point
« autre beste que cerf, et quant il fuit avec le
« change, il demeure tout quoy, sans chasser ; et
.< va après les clievaulx, et ne compassé les che-
« mins, et les carrefours des voyes. >> (Modus et
Racio, fol. 19.) Cette faute est corrigée, par cet autre
passage où nous lisons, en parlant des chiens appe-
lés «cerfs baus rcstifs : pour ce que, se un cerf
« vient enmy le change, ilz s'arresleront, et aten-
« dront leur maistre, et quant ilz le verront, ilz le
" festieronl de la cueue et yront compissant les
« voyes, et les buissons ». (Chasse de Gast. Phéb.
MS. p. 127.)
VARIANTES :
COMPASSER. G. Guiart, MS. fol. 147, R».
CONPASSER. G. Guiart, MS. fol. 254, R».
Conipasseres. [Intercalez Compasseres, or-
donnateur:
Qui del munde fut ordeneres
Faitte, e autor e coiHpaiseres.
Chron. des ducs de Normandie, v. 211-t.] (N. E.)
Compassibilité, subst. fém. Compatibilité.
(Voyez Uicl. d'Oudin.)
Compassible, acij. Compatible. (Oudin. Dicl.)
Cloinpassionnaire, adj. Compatissant. (Voyez
Dict. d'Oudin et de Cotgrave.)
Coinpassioimé, adj. Touché de compassion*.
Qui excite la compassion °.
*0n lit, au premier sens: « Quanthmoy, n'estant
" moins compatisionné de ceste mort. » (L'Amant
ressusc. p. WM.) Delà, compassionnée pourépilhète
de miséricorde, dans les Epilh. de M. de la Porte.
° On disoit aussi compasaionné, pour touchant,
attendrissant, qui excite la compassion. A l'entrée
de Charles VIII, dans Paris, en 1437, a devant la
" Trinité estoit la Passion ; c'estàscavoir, comment
« nostre Seigneur fut prins, battu, mis en croix, et
« .ludiis qui s'estoit pendu : et ne parloient riens
» ceux qui ce faisoient; mais le monstrerent par
'< jeu de mystère, et firent les manières bonnes et
« bien jouées, et vivement contpassionnées, et
« moult piteuses. » (Monslrelet, Vol. II, fol. 1 57.;
Compassionner, verbe. Attendrir, toucher.
On disoit se conijjassiouner l'.our s'attendrir, com-
patir. (Dict. de Cotgrave ) » .le me compassionne
« fort tendrement des atîeclions d'autruy. » (Essais
de Montaigne, T. Il, p. 173.)
Compassis, adj. Compatissant, sensible. Eu
latin pieticus, piteux, coDipassis. On trouve com-
passive, au féminin, dans Th. Corneille. C'est une
coquette qui parle :
C'est mon plus grand défaut, je suis trop compassive,
Et parmymes galans d'amour, et d'amitié.
J'en scay, sur mon papier, plus de cent de pitié.
Th. Corneille, le Galanl doublé, coméd. act. 3, se. 3.
VARIANTES :
COMPASSIS. Du Gange, au mot Pieticus (2).
Co.MPASSlVE, fém. Th. Corn, le Galant doublé, act. 3, se. '.i.
Conipatriaiix, subst. masc. plur. Compa-
triotes. « Or est mort , n'a pas longtemps , le
» preud'homme Arelin à qui les Florentins ses cow-
« patriaux, etc. >• (Contes de Des Perriers, T. Il,
page Vt-l.)
Compecter, verbe. Appartenir. (Nouv. Coût.
Gén. T. 1, p. 344 )
Compeditcr, verbe. Lier, attacher. De là, figu-
rément, pour empêcher, faire obstacle. « Ce que
« aucun seigneur, ou justicier en celuy pcust com-
« pe'rfi/er, n'empescher en aucune manière. «(Coût,
de Ponthieu, Coût. Gén. T. I, p. 078.)
Compediteur, subst. masc. Qui enchaîne. On
disoit, en ce sens : « Cupido d'amanlz compédi-
« teiir. » (Les Tri. de Petrarq. trad. du B. d'Oppede,
fol. 5.) De là, ce mot se prenoit figurément pour
qui fait obstacle.
Mais si faut il qu'à mon honneur s'en saille,
Et eschapper de tels cnmpeditews.
Œ.uv. lie R. de Collcrye, p. ^'l^.
Compeller, verbe. Contraindre, obliger. Du
(1) Cil qui primes l'edefia Et qui le chastel roiiipussi(, Moult fu sages et cortois. » (n. e.)
(2) Ed. Henschel, V, 248, col. 3. (n. e.)
co
— 139 —
CO
latin compellere. On a dit, en parlant de la théo-
logie :
La faculté commoct à ce qu'on expelle
Erreur au loing, et disciples rompelle,
De leurs cscnptz, gecter austérité.
Crétin, page 11.
CONJUGAISON :
Compel, participe passé. Pour obligé, contraint,
(ïenuresde Litll. fol. 34.)
Compcllis, partie, passé. Pour oblia:é, contraint.
(Ord. des R. de Fr. T. V, p. 700, an. 1368.)
Conipcllissoient, imparf. indic. Coiitraisnoient.
(Ord. des R. de Fr. T. V, p. 706, an. 1368.)
Compeuelles. [Intercalez CompeneUes , ou
peut-être campenellés, clochettes dans le harna-
chement du cheval :
Diex con li destrier enselé,
Que li g.ïrçon en destre niainent,
Orgueilleusement se demainent,
Et cou li escucel des selles,
Frains seurorez et compenellcs,
Et eschellettes et lorains,
Sur ceus dont je parlai or ains...
G. Guiarl, an. 130i, v. 102G8.] (N. E.)
Compeiisable, adj. Qui peut se compenser.
(Colgrave el Oudin, Dict.i 11 est pris pour épithète
de peine dans M. de la Porte.
Compense, subst. féni. Compensation. (Dict.
de Cotgrave.)
Compenser, verbe. Récompenser. Selon le
(;ioss. des Ait. Amor., la signification de ce mot,
dans le passage suivant, parbit peu facile îi déter-
miner : « Après, se je fais nul bien, seiiz double, en
« nulle guise, celuy je ne compense, et elemens du
« corps, desiiuiulxj'ay usé mauvaisement. » (Chasse
de Gast. Phéb. ms. p. 391.)
Compenseur, subst. masc. Terme de procé-
dure. Il désigne celui qui fait un traité ou compen-
sation avec son avocat ou son procureur, pour
Tassocier au gain de son procès. « Si advocal, ou
« procureur marchande, avec la partie pour qui
« il est, d'a\oir part à la querelle qu'il meine :
« scachez qu'il enchat eu_ amende arbitraiie, et
" avec ce d liteslre privé d'ofllce, et le co7njieiii^eiii\
" en ce, le doit amender, i\ la discrétion du juge. »
(Bouf^iller, "^om. F.ur. p. 86i.)
Comperage,SM^sf. musc. (1) On a âil gardej'S07i
comjn'iuiie, pour être fidèle îi la promesse faite à un
compère. J<'abl. mss. de S. G. fol. 62.)
Comperaument. [Intercalez Comperunment,
à la inaiiière des compères, en latin compaleriiiter,
au Gloss. lat -fr. 7684.] (n. k.)
Compère , subst. 7nasc. Baudouin , comte
deGuines, termine son testament en ces termes :
« Je mercli monseigneur l'euveske de tereuvane
« com mon seigneur e mon compeire testamenleur
>• sovrain, e l'ai pri kil ait che testament à parfur-
« nir. Et si aucuns vousist dire encontre, je lui prie
" ki le destraigne par justice de sainte Eglise en
» i-eiile manière qu'il soit leuii fr'rmeme!!'. »
(Duchesne, Géu. de Guines, p. tJSl, litre de 1241.)
Cemotsubsiste.il nous fournit quelques expres-
sions et plusieurs proverbes que nous allons
remarquer :
1» Être compère, et mère Deu. Eust. Deschamps,
faisant allusion aux désordres du Gouvernement
oîi les vieillards sont méprisés, tandis que les jeu-
nes gens, qu'il désigne par des noms d'oiseaux de
proie, ont toute l'autorité, se sert de cette expres-
sion :
Et sont rnmpcre, et merc Dcu :
Le conseil donnent de jeunesce,
Et luy baillent foie largesce.
Eust. Uèsdi. Pocs. MSS. fol. 318, col. 4.
2° Rabelais, T. I, p. 143, parle d'une espèce de
ceux que l'on appeloit : compère prêtes moy
votre sac.
3° Foy de compère, se disoit ironiquement pour
mauvaise foi. (Nuictsde Slrap. T. I, p. 155.)
4» « Il n'y a point de plus meschante foy que
« celle de compère. >■ (Ibid.)
5. Plus sont de comi'eres.
Que ne sont d'amis.
Prov. du Villain, MS. de S. G. fol. 71, V col. 2.
(Voyez d'autres proverbes dans Cotgrave , et
Oudin, Cur. fr.)
V.\RI.\XTES :
COMPERE.
Compeire. Duchesne, Gén. de Guines, p. '284, tit. de 1241.
Compère, adj. Participant. Qui partage.
J'eusse plus chier que anciennement
Nostre ancesseur eussent été roMjierc
De ces doulours, qui sont présentement, etc.
Eust. llescli. Po.'s. MSS. fol. 126. col. 4.
Compermutant, subst. mase. Permutant. Qui
change une chose pour une autre. (Cotgrave, Oudin,
Dict. — Voyez Coût. Gén. T. I, p. 155.)
Compermutation , subst. fém. Echange.
(Cotgr. et Oudin, Dict.)
Compermuter , verbe. Echanger. (Oudin ,
i'.olgrave, Dict.)
Compert, verbe impers. Il convient. On disoit
s il cotnpiert, si le cas le comporte. - Lettres et
« titres seront communiqués, tant au propriétaire,
<■ s'il compiert, poursuivant, qu'autres opposants. »
(Coût. Gén. T. II, p. 224.)
Au Roy cdiiipcri qu'il secourust
Contre Trahern, se il peust.
Rom. de Brut, MS. fol. 45, R' col. 1.
VARIANTES :
COMPERT. Rom. de Brut, MS. fol. 45, R» coL 1.
Compiert. Coût, Gén. T. II, p. 210.
Compesié, partie. On lit, dans une déclara-
tion du roi du 9 octobre 1684, rendue pour la nobi-
lité des biens du Languedoc : ■• Les biens qui se
(1) C'est aussi l'affinité spirituelle entre parrain et marraine, entre chacun d'eux et les parents de l'enfant : « Note que ce
n'est establi geueraument, si cum rompcragc, n'eaipeeche pas mariage à fere solement, mes il depiece le fet. » (Livre de
Justice, l'JO.) (N. E.)
co
140 —
co
et trouveront campesiez sous le nom d'un, ou plu-
<■ sieurs ;i;iitioiiliei's, etc. » (Art. 13, 17 et l'J.)
Compcsienient, nubst. )nasc. Ce niotse trouve
dans I arl. Il) , de la déclaration du roi citée
ci-dessus à l'article Compesié.
Conipester, verbe. Faire pâturer, pailre. « Si
« couic jeo (je) baile a un houie mes barbiles
« (brebis) à compesler san ti'eu, ou mes boefes
« (bœi'tsi a are (labourer) la terre, etc. » (Tenures
deLitll. fol. 15.)
Coinpelant, arij. Juge compétent signifie
aujourd luii le juge ordinaire, celui îi qui il appar-
tient de juger. Aulrel'ois c'éloit un juge commis par
le souverain, pour juger à sa place dans les gages
de bataille. (Voy. la Jaille, du Champ de Bal. f° 63.)
On disoil jnitr compctanl, pour jour marqué,
jour prélix. « liequisl à avoir jour competant Q\ il
« vendroit, viendroit comme ajourné, presl à res-
« pondre. » (Modus et Racio, ms. fol. 220.)
Competate, dans lesOrdonn. des R. de Fr. T. 111,
p. 570, est une faute nianifesle ; il faut lire compe-
tante, compétente, convenable (1). 11 s"agit d'une
satisfaction.
Conipeteniinent, adverbe. Convenablement.
« Esloit assez 6W«/jr?/t'mme?(i profond. » (Mém. Du
Bellay, liv. VIll, fol. 254.)
Conipetiter, verbe. Mol factice. Molière le met
dans la bouche d'un valet embarrassé pour rendre
sa pensée :
On voit une tempeste, en forme de bourrasque.
Qui veut competiter, par de certains propos.
liépil amour, coméd. act. 4, se. ^.
Compiegne, subst. Nom de ville. On a dit, en
proverhe :
1. Coiffes de Compigne. (Prov. à la suite des Puc^.
Hss. av. 1300, T. IV, p. IC.Vi.)
2. Dormeurs de Compiegne. (Voyez Merc. de Fr.
fév. 1735, p. 262.)
vAniA.sTEs :
COMPIEGNE. Merc. de Fr. fév. 1735, p. 262.
Compigne. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 165.
Conipieng. [Intercalez Compieng, bourbier,
dans la Ch.ale de Tournay (an. 1187, Du Cange, 11,
497, col. 1): « Se aucuns hom waile u espie un
« autre bomme et le louelle ou compiemj u en le
« boë. »] (n. e.)
Compierre, 3' pers. de Vindic. Peut-être du
verbe eompierrer , le même que compairer ci-
dessus, qui signifie payer la faute, porter la peine :
Tu destruiz sainte Eglise, à tort, et à besloi ;
La povre gent essiUes ; et si ne soiz porquoi
Cil qui ne t'a forfai, qw}l compierre, et à quoi :
Aies merchi des povres, et donne trieves au Roy.
Rom. de Rou. MS. jiage 131.
Compilation. [Intercalez Compilation, cabale
au reg. JJ. 53, p. 41''(, an. 1310: « Et en ladite
« plache, quant il y assemblaient pour eus alouer.
" il firent eoiitpilittions, l;iquebans. >• De même
dans un acte dAl)IJuville, an. 1358 (Du Cange, II,
407, col. 1); '■ Jehan de la Mare pour plusieurs
" belles, eompilcilioiis, ou paroles sentans com-
« motion de peuple... fu jugié à avoir coppé le
« teste. »] (n. E.)
Compiler, verbe. Arranger, disposer*, fabri-
quer ^.
*0n lit, au premier sens d'arranger, disposer (2,.:
En la saison de ceste affaire,
lert encore, si ge voir coiipile,
Messire Challes en Sezile.
G. Guiart, MS. fol. i'o9. V.
.\ l'enlrée de Louis XI dans Paris, un héraut lui
présenta cinq dames ■■ richement aornées, lesquel-
" les, et chacune par ordre avoient tous personna-
« ges, tout eompilez ù la signification des cinq
« lettres faisant Paris. » (Chioii. scand. de Louis XI,
page 17.)
^ Ce mot signilioit aussi fabriquer. « Oui compilé
" une fausse lettre close. » (Arr. Amor. page 353.;
C'est-à-dire l'ont forgée, fabriquée.
VARIANTES :
COMPILER. Orth. subsist.
CONPILER. G. Guiart, MS. fol. 259, V».
Compille, subsl. [cm. Monceau. On disoit ;
" Compilles de liullos, pour tas de buissons. Bois à
« taille de sept ans, comme aiinois, haies de cinq
« ans, compilles de Imllos de trois ans, chesne de
>' gland, sont héritage. » Bout. Som. Rur. p. 430.)
Coinpilogue, sulist. masc. Compilation. Il
semble (|ue ce soil le sens de ce mot, dans un livre
qui a pour titre : « Le Compilogue des guerres de
>> Gaule, et pais de France, et des lieux plus faciles
« à assaillir. ■ iDu Verd. Bibl. fr. p. 244.)
Compisser, verbe. Pisser dessus. (Diclionn. de
Cotgrave et d'Oudin.) On a dit, en parlant de chiens
qui ne chassent que le cerf : « Restifz s'appellent,
« pour ce que se un cerf vient en my le change, ils
« s'arresteront, et ateudrout leur maistre, et quant
.. ilz le verionl, ilz le feslieroiil de la cueue, et
<■ yront compissaul les voyes, et les buissons. «
(Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 127.)
De toutes pars bien le conipisse.
Fabl. .MSS. du R. n- 7-218, fol. lit, V col. 2.
VARIANTES :
C.OMPISSEH. Kabl. MSS. du R. n» 7218, fol. Wt, V° col. 2.
CoMPlssiER. Ibid. fol. 14i, V" col. 2.
Complaigncment, subst. maso. Plainte.
A tort fes tel compluignement (8)
Li Chancelier de Paris, Poi-s. MSS. av. 1300, T. II. p. 783.
(1) Ce sens est dans l'roissart (XV, 156) ; « Tant que la dame soit en eage comyjctenl. » (N. E.)
(2) CVst aussi réunir les matériaux d'un livre ; « Et pour ce que on sace qui ce livre mist sus, on m'appelle sire JehiUi
Froissart, qui moult de painne et de travail en e\ich ainchois que je l'eusse coinpiUé ne acompli. » (II, 2.) (n. e.)
(3) On le trouve aussi dans la Chr. des ducs de Normandie, (n. h.)
co
141 —
co
Complaindre, verbe Plaindre, faire sa plainte.
(Du Caniie, au mot latui Complangere.)
Plusieurs au monde se complaignent (1)
De lorUine et maleurelé.
Vi-i!os de Charles VII, p. HO.
Coniplaine, dans Lillleton, signilie se plaindre,
injustice, sans y adjouler le pronom réciproque.
C'est le mol angiois covipluiii, avec un e à la lin.
pour lui donner une terminaison t'rançoise (2).
On a dit proverljialement: Asse::- demande qui se
complaint. (Percef. vol. V, fol. 27. )
Conjugaison.
Complain, ind. prés. Je me plains (Gloss. deMarot.)
Complains. (.1. Marot, p. 80.)
VARIANTES :
COMPLAINDRE. Percef. vol. IV. fol. 55, V" col. 1.
CoMPLAiNE. Tenur. de Litn. fol. 39, V°.
Complainte, subst. fém. Ternie de droit *.
Sorte de poésie ".
* Comme terme de droit , ce mot avoit plusieurs
signilications(3). (Voy. Laur. Gloss. du Droit fr.; le
Gr. Coût, de l'rance, livre II, p. 145. ; ibid. liv. 111,
p. 431 ; et Bouteiller, Som. rur. p 188 )
^ Il y avoit aussi une sorte de poésie qu'on nom-
mait eoniplainte (i). (Voy Sibilet, Art. poët. p. 134.)
VARIANTES :
COMPLAINTE.
COMPLANTS. La Thaum, Coût. d'Orléans, p. 465.
Complaisance, subst. fém. Droit seigneurial.
Nous ne parlerons de ce mot que comme terme
de palais, et de peu d'usage en ce sens. C'est le
payement des loyaux aides aux quatre cas. (L.'iur.
Gloss. du Droit fr.) Borel, dans ses premières add.
le restreint au cas du mariage de la fille du seigneur.
Il est parlé de ce droit dans Mezerai, T. 1, p. 190.
Complaît, part. Complu. C'est le participe du
verbe complaire dans ce passage : « Elle ait tou-
» jours complait à son amy. » (Ârr. Amor. p. 228.)
Complanei", verbe. Applanir. On disoit, en ce
sens, complaner le chemin. (Lett. de Rabelais, p. 41 .)
VARIANTES :
COMPLANER. Lett. de Rabelais, p. 41.
CoMPLANissER. Rabelais, T. III, p. 13.
Comptant, subst. masc. Plant d'arbres. Rémi
Belleau dit, en parlant de son verger :
J'ay de mes propres mains
Planté un beau verger de si bonne aventure
Que le ciel tout bénin et la douce nature
Ont tant favorisé qu'on ne voit rien de beau.
Qu'aisément on ne trouve, en ce complant nouveau.
Bergeries, T. I. fol. 32 ; ibid fol. lu V*.
De là, on disoit : terre baillée à complant, pour
terre donnée pour planter en vigne. (Laur. Gloss.
du Droit fr. — Voyez Coût. Cen. f. II, p. 74.)
Complanterie, subst. fém. Champart. Pi'opre-
ment : •■ le droit et portion que le seigneur prend
sur les fi-uils des vignes qu'il a baillé h'eomptcDiter,
cultiver, et exploiter. » (Laur. Closs. du Droit fr. —
^oyez Cotgr. Dict. ; Du Cange au mot Complan-
tttfjinm.)
Complanteuse, adj. fém. Nous venons de voir
complanterie pour cliampart sur les vignes données
à complanter. De là, peut-être, vigne complanleuse,
pour vigne sujette à ce droit. (Epith. de M. de La
Porte.)
Complants, sulist. masc. Plainte. On lit en ce
sens : <■ Des hommes de Meun, pour rançon de leur
« baillie, nul complants ne soit faiz. » En latin,
questum nullus faciat. (Ord. T. 1, p. 17.)
Helas. seigneur, recufillez mes roniplaitu;.
Crétin, p. 48.
Gomplectionné, adj. Conformé, constitué. Ce
mot se prend, au sens propre, pour habitude du
corps ; ce que nous nommons complexion, dans le
passagesuivant: '^Unàileôiuveesloileomplectionnée
» à n'avoir jamais d'enlans. •> ( Duclos, Preuveside
Louis XI, p. GO.)
Dans le sens ligure, complexionné s'entendoiten
général de tonte qualité ; on le disoit même des
qualités d'un pays. « Le pais (d'Espagne) n'est pas
«complexionné ii celui de France. » (Froissart, Liv.
III, p. 2.'j4 [ô].) C"est-ti-dire n'est pas constitué comme
celui de France, n'est pas de même nature. Observez
la consiruction complexionné à pour complexionné
pareillement à. C'est une ellipse du mot pareille-
ment ou de quelque équivalent.
VARIANTES :
COMPLECTIONNÉ. Duclos, Preuv. de Louis XI, p. 60.
Co.MPLExiONNÉ. Froissart, Liv. III, p. 254.
Complément , suljst. masc. Suffisance *.
Perfection ^.
* Dans le premier sens de sufrisance,'oii a dit :
« Pour ce que nostre peuple ayeiit complément de
<' petites monnoyes, pour leur nécessitez. » (Ord. T
II, p. 180.)
^ Dans le second sensde perfection, nous trouvons:
« Ce n'estpasassés de faire, et accomplir toutes ces
« choses bonnes, et généralement les autres qui
« regardent le com/>/em«(/ de vos actions. « fPasq.
LetL T. III, p. 26.)
Ces deux sens emportent toujours l'idée d'achè-
vement, qui est l'idée propre du mot.
Delà, on a dit complément de droi turc powr
(1) On lit déjà dans Couci (XXII) : « A vous amans , plus qu'a nule autre gent , Est bien raison que ma dolor
complaigne. » (N. E.)
(2) Dans Froissart, il est neutre : « Et ruiiiplaindoit grandement de l'antipape de Rome qui luy empesrhoit son droit. ,<
(XIV, 38.) Il est aussi réfléchi (III, 88) :« Li contes se coinptmiuli à DarteveUe don despit que li Franchoi.'; li avoieni
fait. » N. (E. E.)
(3) Action par laquelle le possesseur d'un immeuble demande à être maintenu contre l'auteur du trouble : « En comptai air
de novelleté y a amende envers le roy et la partie. » (Loysel, 753.) (n. e.)
(4) (I Li chastelains de Couci aima tant Qu'onc pour arnors nul n'en cl dolor gr.3indre: Pour ce ferai usa comphiinle eu
son chant. » (Anon. dans Couci.) (N. E.)
(5) D'après Du Cange, II, 500, col. 1. (N. E.)
i:o
142
CD
réparation d'un lorl commis. «■ L'aignel (espèce de
» moiinoiej anra cours pour trente sols lonrnois, et
- soil maiid6[)ar toutes les l)oiines villes, cufoiies,'
.< et marchiez se tiennent, que l'en ne le nielle, ne
■■ preii;iH' pour plus : et qui sera trouvé f.iisaut le
« contraire, qu'il soit pris, li i^lui) et sa monuoye,
.. pour en faire complément de. droiture ; car
» autrement la dite monnoye ne se pourroit bien
. soustenir. ■■ (Ord. T. 111, p. 100.) On aditde même :
eompliinent de justice , (loui' justice complète,
jugemeul di'llnilil'. « lnliibous;i nos dicls juges de
^recevoir, de nos subjects, aucuns deniers, pour
« recevoir d'iceux compliment de justice, tant pour
» causes civiles, que criminelles. ■> (Coût, de Cueil.
.\. Coût. Gén. T. Il, p. Iii42.)
VARIANTES :
COMPLEME.XT. Ord. T. II, p. 285.
Compliment. Pasq. Lett. III, p. 262.
Conipleiision, s;(/^s^ frm. Complément. Terme
d'astronomie.
Ki bien sait raisnier
De coDiploisioii d'astrenomiger.
Pot's. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1297.
Complet, snhst. masc. « Que tonneaux trouvez
« trop petits, selon le gage de Mous, soient con-
« demnez estro brûlez, en jours solemnels publi-
» quement : le boire y étant confisqué au profit de
« la seigneurie, et celuy, ou ceux dont le boire
« procédera ès-loix de soixantesols blancs, de chacun
<■ lonneau, ou complet ; s'il n'y a usance du lieu à
■ ce contraire. » (Coul. de Mons, Coût. Gén. T. 1.
p. 832.)
Complexion, subst. /"cm. Constitution * (1).
Complément °. Figure de rhétorique ^.
* Ce mot subsiste pour habitude du corps. On
écrivoit aussi complesslou dans ce sens :
L'omme est sanguin, ou colérique,
Flematiqne, ou mélancolique.
Gestes quatre complcssions
Queurent par toutes régions.
G. Guiart, MSS. fol. 352, V-.
^ Complexion signifioit complément , ce qui
renferme un tout. « Toull'univers, et la complexion
o de ce grand cors. » (Mel. de S' Gelais, p. 1)2.)
*^ La ligure de rhétorique nommée complexion
«■ est quant l'on ayme (lisez amayne^ de loing son
" adversaire ù consentir, et cognoistre celle chose
'■ ({ue le parleur veut monslrer. » (Fabri, Art. de
Mhétor. Liv. 1, fol. 58.)
VAKIANTES :
COMPLEXION. Orth. subsistante.
CoMPLEasioN. G. Guiirt, MSS. fol. 352, V"
Coxai^li, partie. Accompli (2). Voyez Ord.T. I, p.
537, et Chans jiss. du comte Thib. p. 1. « Celui jor,
« ot (eut) conijili le roi Henri de Cliipre son âge de
XV ans. » (Coiilin. de G. de Tyr, Martène, T. VI,
col. 712.)
Complice, suhsl. masc. et fém Associé. Parti-
cipant. Nous remarquerons , sur ce mot qui
subsiste, qu'il étnit réputé .gaulois par Pasquier,
« pour n'estre françois, grec, ny latin. » (Rech. p.
657.) Voyez aussi Du Gange au mol Complices. On
écrivoit quelquefois complis , selon le Gloss. de
rHist.de Brel. Ces mots se prenoient ordinairement
en mauvaise part, pour associé ù un crime ; mais
nous trouvons complisse, dans les Chron. S'-Denis,
T. 111, fol. 12, sans application à aucun crime ou
mauvaise action.
VARIANTKS :
COMPLIClî. Orth. subsistante.
CûMPLis. Gloss. de l'Histoire île Bret.
CoMPi.istiE. Chron. Saint-Denis, T. III, fol. 13.
Complida, adj. Accompli. Mot du patois de
Riom. (Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.)
Complir, verbe. Accomplir. (Voyez Gloss. sur
les Coul. de Beauvoisis.)
Si li a compli son vouloir.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 5, U- col. 2.
pour accomplissez, dans les
On lit complices
Ord. T. 11, p. 57.
Complot, subst. 7Jiasc. Dessein, projet (3). Nous
le prenons toujours en mauvaise part, pour dessein
formédans la vuede nuire. Autrefois, sasignilication
n'étoit déterminée que par le sens de la phrase. On
disoit, en général, prendre complot pour l'aire la
partie. « La ditedame, etplusieursautres7J?7Hr/>'^?U
complot (^e leur baigner. » (Arr. Amor. p. 127.)
On employoil quelquefois ce mot, dans un sens
obscène.
liras à bras jurent en la couche ;
La borgoise ama li complot.
Si fit du clers ce qui li plot.
Fabl. MSS. de s. G. fol. 123, U" col. 2.
Complote, subst. fém. Complot *. Mêlée ^.
* On lit au premier sens de complot, « cale
complote » pour ce complot, dans Ph. Mouskes, MS.
p. 785.
^ Dans le second sens de mêlée, on disoit:
Moult estera honi qui verra tel complolte.
Et partira du champ, se ainçois n'y exotte.
Notice duKom. d'Alexandre, fol. 22.
VARIANTES :
COMPLOTE. Ph. Mou3l;P3, MSS. p. 7Sô.
CoMPLOTTE. Not. du Rom. d'Alex, fol. 22.
CoNPLOTE. Fabl. MSS. du R» n- 7615, T. II, fol. 191, V» col 2.
Comploteïs. [Intercalez Complateis, dérivé de
complot, dans Benoit de S' More (II, 10491) :
Ariere turne al bruiseïs
Et au très lier comploteis.] (x. e.)
Comploteur , subst. masc. Qui complote.
(Oudin, Dicl.)
Comploteuse, adj. fém. On a dit : menée
comploteuse, (tîpilh. de M. de La Porte.)
(\) Ce sens est dans Froissart : « Les vins estoient secs et chauls et hors de la complcclion traachoise. » (XIV, 236.) (n. k.)
(2) (I Trois ans tous cniiiplia. » (Froissart, II, 33.) (N. E.)
(3) On lit déjà dans la bataille d'Aleschans (xii« siècle, v. 6053) : « Chascuns portoit ou lance ou javelot ; Enlor Guillauuie
veissiez grand complot », c'est-à-dire grande foule. (N. E.)
co
i3
co
Compluine , subsl. Peut-être le même que
complant, pkintation, lieu planté de bois. « Le
« doivent piendie par assignai , selon le règlement
« qui leur sera fait, et donné par le seigneur, ou son
" grand gruyer, non tout en un lieu, ou comjilunw de
« bois ; niaiscomme il leursera marqué du marteau
'< de gruerye ou le bois sera trouvé plus espaiset
« couvert. » (Coût, de Corze, Nouv. Coul. Gén. T. II,
p. lotu; )
Coiiipoint, aâj. Toucbé, pénétré. Pénétré de
componction, du latin compunctus.
. . . L'ame est par paour compointe
De l'amour de Dieu et empointe.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 536, col. 4.
VARIA>TES :
COMPOINT.
COMPOUZ (est). St Bern. p. 3C8. En latin cumpwujUur.
Compoix , subst. mnsc. Cadastre. C'est, en
Languedoc, ce qu'on appelle ailleurs le cadastre, le
registre des fonds de chaque communauté. (Dict.
Etym. de Ménage. ) Ce mot se trouve dans la
déclaration de lOGO , et dans le Régi, de 1G72, pour
la Génér. de Monlauban, § 2 et 3.
Componcion, subst. fém. Componction.
Les lèvres muevre, ne les dens,
Ne font pas la religion ;
Mais la bone coDtponcion
Fabl. MSS. du R. n' 1218, fol. 293. R" col. 2.
VARtiï^TES :
COMPONCION. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 293, II" col. 2.
CoMPUNCTiON. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 533, col. 3.
Coinpoué, adj. Composé, du latin coviponere.
Termede blason qui signilie de deuxémaux(i)dilîé-
rens. (Indice armoriai de Palliol. Voyez aussi le Dict.
univ. et le Laboureur, Orig. des Arm. p. 'iri'i.) On
disoit cependant aussi componez de soye, pour
composés, travaillés en soie. (Petit J. de Saintré,
p. 289.) On lit capponcs (2) dans le même sens.(lbid.
p. 240. — Voyez note (a), ibid).
Comport, subst. 7nasc. Support, faveur*. Port,
démarche ^ (3).
* On disoit, au premier sens : « Les auditeurs de
« Baune feront droit à ung chacun, sans nul com-
« port. » (Etat des Oflic. d"u duc de Bourg, p. 295.
— Voyez Emport ci-après.)
■ Au second sens de port, démarche, on lit :
Beau corps, beau maintien,
Beau compoft.
Comredîl de Soogecr. fol. 172, R".
Comporte, subst. fém. Sabord. Embrasure de
canon, dans un vaisseau (4). (Dict. d'Oudin.)
Comportemeut, subst. masc. Conduite. L'ac-
Voyez Du Cange, au mot
lion de se conduire.
l'ortnmentum.)
Comporter, verbe. Porter, colporter. On disoil,
en général :
Tant {.'avérai hui cmnporté.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 239, V col. 2.
Dans un sens moins étendu, il sigiiilioit porter
des marchandises par les rues, pour les vendre.
C'est notre mot colporter. « Comporte peaulx taintes
" parla ville de Paris responnemenl (secrètement.) >
(Ord. T. III, p. 373.)
VARIANTES :
COMPORTER. Ord. T. III, p. 184, an. 1357 (5).
CoNTKEPORTER. Contes de Des Perr. T. I, p. 295.
Comporteur, subst. masc. Colporteur. « Menuz
» fenestriers et petiz comvorteurs aval la ville de
" Paris, ne seront tenuz de riens payer de laditte
« imposition, se il ne vendent en un jour dix solz
« de denrée. » (Ord. T. Il, p. 320, an. 1349.)
VARIANTES :
COMPORTEUR. Ord. T. 11, p. 420 (G).
CONTREPORTEUR. Monnet, Nicot, Oudin, Dict.
Compos, subst. masc. Posture *. Figure ^.
* On lit, au premier sens de posture :
Trop raieulz vaudroit celi, par m'ame,
Estre pèlerins à Saint Jame,
Qu'en tel compos.
Froissart, Poi's. WSS. page Hl, col. 1.
° Au second sens de figure :
De tous regars, et de divers ompos.
Froissart, Poés MSS. p. 414, col. 2.
Composé(le), sufcsi. masc. Termede coutume.
Celui qui a composé, qui a fait un accommodement
pour quelque délit. » Compositions en delicls, méri-
i< tant peine corporelle faicle par le fisciue, sera
« déclarée injuste, et illicite, et pourra le composé
« estre recherché, et cliastié, etc.» (Coût, de
Bouillon, N. Coul. Gén. T. Il, p. 8(51.)
Composé , part. Imposé par composition *.
Disposé ^. Compassé '^.
* On lit, au premier sens : « Fut composé le dit
'< village à huict corbellieis de jiain. » (.1 .Le Fevre
de St-Remy, Hist. de Charles VI, p. 86.) " Les autres
" furent rachetez, et composez à grans sommes de
« deniers. » (Moiistrelet, vol. I, fol. 199.)
° La seconde acception, disposé, se remarque dans
le passage suivant : » Misrent le joyal (joyau) en
» ung lieu propice assez covi/iosé ou ciiascun le
« peust voir. » (Percef. vol. IV, fol. 4.)
^ Coinposé signilie compassé dans cet autre
passage : <■ Il faut dire que l'eure estoit bien com-
« posée, car , s'ilz fussent entrez demye heure plus
(i) Chacune de ces pièces carrées et alternées comme dans un échiquier, est appelé conipon. (n. e.)
(2) Lisez plutôt copponés comme aux Emaux de de Laborde (p. 222) : « Une escriptoire de cuir coppu,u'(' d'or à flfur do
lys entaillée. » (xiv siècle.) (n. e.)
(3) 11 a encore le sens de rapport : « Et mettront à juste pris [les vivresl au proffit commun et selon le comport du pais. )
(Ord., IV, p. 298, an. 1354.) (N. E.)
(4) Il a aussi le sens de basse, cuve de bois pour transporter la vendange (JJ. 197, p. 88, an. l-4l)9) : « Le suppliant print
incontinent son cheval et le basta, et mist dessus les semales, dittes comportes ou portouoires, et se transporta en la ditte
vigne. » (N. E.)
(5) On y lit : « Que nulz ne puisse comporte ne faire comporter euvre de lormerie hors de son hostel. » (n. e.)
(6) On lit encore au t. IV, p. 82, an. 1295 ; « Comporteurs de ferperie. » (N. E.)
co
14 i -
CO
« tost, 011 plus t;ii1, ilz esloient perduz. » (Le ,Iouv.
Mss. p. 380. j
Coiiiposeï", verbe. Comparer *. Traiter, capi-
tuler, se racheter ^ (1).
Ces deux sens apparliennent aa mol latin compn-
)u've, d'où le mol composer dérive.
* On trouve comjioser pour comparer, dans le
passage suivant: « Cydnns en Cilicie, lequel voyant
• -Mexandrc Macedon tant beau, tant clair, et tant
■ IVoi't, en cueur d'esté, co))i/ios(i la volupté dr soy
. ded nis baigner au mal qu'il prevoyoil luy advenir
« de ce transitoire plaisir. » (Rabelais, T. V, p.^OI.)
To»(y;os(,'restniis, dans cet autreendroit, pour ca-
pituler, accorder une capitulation ('i): « Le seigneur
'• de Gonzague, sans le sceu du dit comte, composa
" ceux qui esloient pour la part impérialededaus le
« château du dit Carignan. ■■ (Méni. du Bellay, Ijv.
VHL loi. 'iôS.) Ile là se composer signilioit venir à
composition, se racheter. « L'exhortoient soy com-
« poser, et de l'ait icehiy de Beaufort composa de
« payer quatre mille escus d'or, afin d'eslre délivré
■• de'ia prison ou il estoit. « (Mathieu de Coucy, Hist.
de Charles Vil, p. 731.) « N'avons nul blasme desor-
« mais de nous composer. » (Froiss. Liv. I, p. 12!>.)
Compositeur, subst. masc. .\rbitre. > Amiable
« compositeur, ou appaiseur, si est celuy qui, du
" consentement des parties, les met en accord. »
(Bout. Sora. Rur. p. Oyi.)
Composition, subst. fém. Ce mot subsiste.
iNous remarquerons seulement les deux expressions
suivantes :
1» La grande composition étoit le nom que l'on
donna « au traité, et accord (3) fait entre Tévesque de
« Beauvais, et la dite ville, en l'an mil deux cens
" soixante et seize au mois d'aoust. » (Coût. Gén.T.
1, p. 347.)
2" Prendre compositions élo\[ recevoir de l'argent
des gens qui sont en faute, pour ne pas les pour-
suivre en justice. (Ord. T. III, p. 256.) (4)
La c imposition étoit un traité par lequel un
criminel évitoillapeiuedueà son crime, moyennant
unesoiiimed'argenl.I'ar l'ancien droit des Gei'mnins,
tous les crimes, excepté celui de lèse-majesté, étoient
aboiis |)yi' ie paiement d'une somme d'argent, dont
les parties convenoient entre elles, et qui étoit
quelquefois lixée d'olTice par le juge, lorsque les
parties ne pouvoienl pas s'accorder. (Ord. T. III,
p. 130.) L'éditeur, dans sa note, ibid. renvoyé au
Gloss. latin de Du Cange, au mot Componere.
Coiupositoire, suhst. masc. Comiif^siieur, ou
compesleur. peut-être petile règle servant a iracer
des lignes sur le pa[)ier :
Je compare vos doigts à des composiloiivs,
Les palmes de vos mains semblent decrotoires.
Des Ace. Bigarr. fol. 139, V el 140 R'.
Compossesseiii', subst. masc. Terme de droit,
nui possède conjointement avec un autre. (Cotgrave
et Oudin Dict.^
Compost, subst. masc. tîecueil, composition *.
Calcul, almauach °. Engrais'^.
* Du verbe com|)Oser s'est formé le substantif
compost, composition, recueil. (Borel, Dicl )
^ Du mol comput, calcul chronologique, s'est
formé le même mot compost , employé autrefois
pouralmanach. (Oudin, Dicl. )Sur la fin duxv siècle,
il y avoit un almanach intitulé le drand Compost
des Bergers. Dans Merlin Cocaie, T. I, p.dO.comiiost
est mis pour calcul. « Il quille incontinent les règles
« du compost (5) ; il ne se soucia plus des espècesde
" nombres, elc. »
•^ Engraisser les terres, c'est les composer ; de là
compost s'est employé pour engrais, tels que les
marnes, les fumiers, etc. Compostum, ddni\e Gloss.
lai. deDu C inge,est expliqué par un mol anglois (6;
qui signitie fumier. Dans la Coût, de Norm. en vers,
Mss. fol. ô3, en parlant des gens occupés de fonc-
tions viles, on cite ceux qui sont chargés
De compost mettre hors, et traire,
ComjMiter terres.
C'est-à-dire curer les mares, marner et fumeries
terres. Car c'est à ces expressions de l'ancienne
coutume que répondent celles du poète : Composter
les terres étoit les engraisser ; compost étoit tout
engrais en général, marnes, fumiers, etc.
On trouve compos dans le même sens :
De mettre hors des estables
Les compos.
Coiit. de Norm. en vers, MS.
Il est écrit compos, il est évident que c'est le
pluriel de compost.
Composte, subst. fém. Ce mot, qui se dit à
présent des fruits cuits au sucre, signifioit autrefois
les légumes et fruits assaisonnés, pendant l'été, au
sel et au vinaigre, qu'on servoit pour salade pendant
l'hiver suivant. (Des .\cc. Escr. Dijonn. fol. 54.) On
écrivoil aussi conposte (7).
Lai bouli, marons et conposte.
Fabl. MSS. du R. n' 7989, T. II, fol. 240, V col. 9.
(1) Il signifie encore taxer ; « Le suppliant et .lehan Lolier dirent qu'ilz avoient compose ceUui, sur qui se devait faire ledit
chaiivari. à .xii solz pour le boire des compaignons, à .un. solz par. pour la chandelle , que les femmes mettent ardent
limage de N. D. dudit lieu. » J.I. 164, p. 54, an. 1409. (N. E.)
(2) Il peut être alors réfléchi : « Se tretierent et se coinposerevt au conte Derbi , que il se renderoient. » (Froissart,
IV. 275.) (N. E.)
(3) Ce sens est dans Froissart, t. IV, p. 95, p. 243. (n. e.)
(i) Composition était synonyme d'impôt (Ord., t. VI, p. 480, an. 1380) : « Et que durant le temps dessus dit, ilz soient
exemps, francs et quittes de toutes compositions, subsides, maletoutes, aides. » (N. E.)
(5) On trouve aussi compotisl : « Ung frère du suppliant, qui va à l'escolle et alloit estudiant le compoust. » (JJ. '197 ,
p. 278, an. 1472. Un. e.)
((5) C'est le mot compost. (N. E.)
(,7) On lit au reg. ,1,1. 171, p. 282, an. 1420 : «Jehan Caillel requis au suppliant que il vousist e<i à un esbatement....
pour gaingnier un craquelin et un tonnelet plain de composte lombarde. » (x. E.)
co
— 145 —
CO
VARIANTES :
COMPOSTE. Orth. subsistante.
CoNPOSTE. Fabl. MSS. du R. n" 7089, fol. 240, V» col. 2.
Composter , verbe. Engraisser les terres *.
Mettre en compote ".
* Sur le premier sens, voyez le mot Compost ci-
dessus.
° Sur le second, voyez Oudin, Dict. Fr. Esp.
Composteur, suhs. ??!flsc. Compositeur. (Oudin
Dict.)
Composture, snbst. masc. Procédure (1). Il
semble que ce soit le sens de ce mot dans les
vers suivans ;
dient que la cause est dure.
Et que, par longue compostxire,
La fault mener bien sagement.
Modus el Racio, MS. fol. 215, V'.
Compounst, fulj. Composé. Il est mis en oppo-
sition au mol simple, dans ce passage : •• En plusurs
« maneres purraun homme enserver (asservir) son
« tenement (sa terre) , si come aucun à graunter
« (accorder) a autre que rien n'ad (n"a, ne possède),
« que il eyl lyens (ail ly dedans) droit de pesctier,
>■ ou de laver (2), ou de carier, et par autres servages
« que purront estre sauns nombre, solonc ceo (ce
« que) que ilz sount simples , ou compount% de
«' autres appartenances. (Brill. Loix d'Angleterre,
fol. 139.)
Compréhention, siibst. (cm. L'action de com-
prendre. Sa signification est mieux expliquée par
le passage suivant : « Ne peullla compréhension du
« dit seigneur de Savoye, en titre d'allié, faicte au
« trailté de Cambray, l'exempter, el faire tenir
« quille de ce qu'il "me doit. » (Mém. du Bellay.
Liv. V, fol. 163)
Comprenant, adj. Etendu.
Iceste fontaine est de trestout bien eschive,
Malicieux est, trop comprenant, et soutive ;
Et se gart bien chascuns n'aprocher pas sa rive.
Que l'omecide en soi ne s'esprengne, et avive.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 2r.2, V col. 2.
Comprenanle (niant), adj. Incompréhensible.
(S' Bernard, Sermons fr. mss. p. 79, dans le latin
mcumj/rehensibiiis).
Conlpl'an(il•es,s^(/)S^ ??irt,sf. Etendue. Un idio-
tisme assez ordinaire dans notre ancienne langue
étoit d'employer substantivement les infinitifs des
verbes. On en trouve un exemple dans le passage
suivant :
Tout Artois conquist celui Hue,
Tant comme endure li conprandres,
Maugré les communes de Flandres.
G. Guiarl. MS. fol. U", Vv
VARIANTES :
COMPRANDRES. G. Guiart, MSS. fol. 218 R°.
Conprandres. Ibid. fol. -147, V°.
Coniprendement, subst. masc. Etendue.
« Pourront ils créer les majeurs, du comprende-
« 7nent de leurs limites. » (Goût, du Ilaynault,
Coût. Gén. T. I, p. 797.)
Comprendre, verbe. Comparer *. Attraper,
amorcer °. Les autres significations subsistent.
* Ce mot est employé pour comparer, dans les
vers suivans :
Madame set tout bien faire, et aprendre :
Toute bonté puet on à li comprendre.
Jeh. de Neuville, Poès. MSS. av. IMO, T. i, p. 315.
^ Comprendre signifioit aussi attraper, amorcer :
Fortune ainsy des compaignons s'esbat.
Qui au délit de la char les comprent,
Puis les destruit, con la souris le chat.
Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 208, col. î.
Conjugaison.
Comprains, part. Compris. (Ord. T. III, p. 428.)
Comprehendés, part. Compris. (Ten. de Lilll. f° 13.)
Conipreist, imp. subj. Comprit.
Coviprins, pari. Compris. (Gloss. de Marot).
Comprisent, pour comprirent. (S* Bern. Ser. fr.)
Compresser, verbe. Opprimer, fatiguer. Vovez
compressare, dans Du Cange. » Le duc compressait
« les abbayes, el les églises de sa terre, de griefves
« tailles , contre les royaulx muiumens ( pour
chasses ou pour défenses). » (Ghron. S' Denis, T.
Il, fol. 8.)
Qui a sente en largesse,
Contre droit ne la compresse.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 174. col. 3.
Comprimer, verbe. Proclamer *. Opprimer ^.
* Dans le premier sens de proclamer, on a dit de
J. Christ : f Lors le commanda Pilate amener devant
« luy en rendant sentence encontre iuy, le pour-
« suyvil en telle manière ... ta lignée l'a corn-
» ;j?"/mee comme roy;pourcejetecondamne,etc. »
^ Comprimer est employé pour opprimer dans
ces vers :
Lors fit, pour imprimer ses malignes practiques
Sénateurs comprimer, et magistralz anticques.
Crétin, p. 128.
Comprins et Compris. [Intercalez Comprins
et Compris, enceinte ; « Lequel cheval esloit ou
» compris et circuite d'icelle foire, afin que celui à
« qui esloil le dit cheval, le peusl sûrement et
« aisément recouvrer. » (JJ. 168, p. ],-), an. 1114.)
Comprins est au Gartulaîre de Lagnv, fol. 232,
an. 1470.] (n.e.) '
Compris, adj. Pris. « Le congé compris à la
« demoiselle, et aux chevaliers. » C'est-à-dire le
congé pris de la demoiselle, etc. » (Ger. de Nev.
1" partie, p. 87, note de l'éditeur.)
Comprobation, subst. fém. Preuve, certificat.
« Si sont tenus de rendre compte de tous leurs
« ouvrages, recopie, mises (dépenses), distributions,
« escrits, ou comprobations de commandement de
« leur seigneur. »
(1) Ce mot signifie encore engrais : « Avons baillé à Rikart Heket de Vaucheles à moitai quarente deux journeux de
terre;... le devant dite terre menée par droite composture. » (Du Cange, II, 502, col. 2, an. 13173 (N- e.)
(2) Il s'agit là d'un étang ou d'une rivière. (N. E.)
IV. 19
co
— 146 —
CO
Conipromettenr,s»V^s<. niasc. Coobligé. L'édi-
teur (le lioiiteillei' dil qu'au viul iiraticieu qu'il a
souvent i.ilé, use de ee mol comproiiielleitr, au lieu
de celui de coohligé. IBoul, Soui. Kur. p. 58-2.)
Compromettre , verbe. Confiriner, ratifier.
« Le r'y cmiiiiroinctlra le traitté dessus déclaré, es
« mains des (lits cardinaux ambassadeurs, pour le
« tenir l'ernie et stable. « (.(. Chartier, Hist. de
Charles VII, p. 80.)
Compromis, adj. Qui a fait un compromis. On
voit paiiu's cduijn'uinises, pour les parties qui ont
passé un compromis, dans l'IIist. de Meaux, par D.
Touss. Duplessis, p. 113, lit. de l'224.
Compromis, subst. musc. Confirmation, ralifi-
calion *. Accord , promesse '. Façon ancienne
d'élire'^. Fiancé ".
* Rabelais employé ce mol au premier sens de
confirmation, ratification :
Tout bon vouloir aura son compromis.
Rabelais, T. d, p. H.
Voyez sur cette signification le mot Compromettre
ci-dessus.
^Compromis signifie accord, promesse, dans le
passage suivant :
Leur tenoit foy, promesse, et compromis.
Vig. de Charles VII, T. 1, p. 72.
'^ Le compromis éloit une ancienne façon d'éiire.
Voyez ce que c'éloit que l'élection d'un maire faite
par la voix du coniproniis (1), dans des lettres de
Charles V, de 1373, accordées à la ville d'Angou-
léme. [Ord. T. V, p. G80.)
° Enfin on a dit compromis, pour fiancé. En
parlant du mariage d'Anne de Bretagne avec l'ar-
chiduc Maximilien, qui avoit été fait par procureur,
Brantôme dit : « Le roi Charles VIII rompit le
« mariage qui s'estoit fait entre luy et Marguerite
« de Flandres, et osta la dile Anne à Maximilien
« son compromis, et l'espousa. » (Brant. Dames
lllustr. p. 2.)
Compromissaire, subsl. masc. Arbitre. Juge
d'un différend, en vertu d'un compromis. (Oudin,
Dicl.)
Comps, subst. masc. plur. Contes.
.... Qu'il ait tousjours grant alaine
Pour parler, en multipliant ;
Et qu'il voist ses comps employant
De loing, et sanz escliaufeture.
Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 4U. col. 1.
Comptaljle, subst. masc. Le comptable de
/?o?Y^'rtH.ï;(2) éloit un officier particulier de celle ville,
peut élre le receveur des deniers ou du domaine de
la ville. Voyez le démêlé qu'il eut, au sujet de sa
ferme, avec le maître de la monnoye, an 1567, dans
les Mém. de Monlluc, T. Il, p. 245. « Le convoy,
" com/jtanlie (3), et courtage de Bourdeaux compre-
■■ noient différens droits ijui n'avoient esté origi-
« naiiemenl establis , par la ville , que puur
" subvenir aux dépenses publiques. » (Mém. sur les
finances donné par le M. de N. pendant la Régence.)
Comptaige. [Intercalez Comptaige , somme
perçue par celui (lui a compté les bûches ou estimé
les arbres : » Ilem les molleurs et compteurs auront
« droit de comptaige el mollage de toute manière
« de busche vendue et livrée à Paris h compte et à
'< molle. .. (.).!. 170, p. 1, an. 1415.)] (n. e.)
Comptant, adj. Content. (Voyez P. J. deSaintré.
p. 281.)
Comptant, pari. Dans cette expression, messe
en comptant, opposée ;\ messe en note, il paroit que
comptant est participe de compter, pris ici pour
conter, narrer. Messe en comptant éloit une messe
dite sans chanter, de la même voix dont on conte,
dont on parle, ce que nous nommons une basse
messe. (Gloss. de l'Hist. de Bret.) On lit, dans les
Preuves, p. 1310, col. 2, : « Deux messes o note,
« chacune sepmaine, et une messe en comptant,
» par chacun jour de la sepmaine. ■> Nous verrons
ci-après qu'on écrivoil compter pour 6'OH/t'r.
Comptant, sul)St. masc. Argent non monnoié.
L'éditeur l"expli<|ue ainsi dans ce passage : » Que
« les changeurs et marchans puissent, ou doyent
« porter leur comptant plus aisément. ■■ (Ord". T.
III, p. 344.)
Comptantor, subst. masc. On trouve ce mol
dans du Tillof. (Ilisl. de la fête des foux, p. 125.)
Compte, subst. masc. et fém. Conte, fable *.
Conversation ^. Calcul ^.
* On disoit, dans le premier sens : comptes de la
quenouille, comptes de la cicoigne. (Bourg. Orig.
Voc. Vulg. fol. 27 ) Ce mol, pris en ce sens, s'écrit
aujourd'hui, selon la seconde oithographe; Contes
de la Cicoigne (4), fables, niaiseries. (Oudin, Cur. fr.
et Du Verdier, Div. Leçons, p. 358. ) On disoit
compter des comjites, faiie des contes.
.... Que ceuls, ou loquence habonde,
Et qui ont belle théorique.
Et (le parler bonne pratique,
En faiz de beaus comptes compter.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 413, col I.
Il faut entendre quelquefois en ce sens, l'expres-
sion tenir compte, faire des contes, des railleries ;
en tenir leur conte partout a celte signification
dans Strapar. Nuicls, T. II, p. 218.
Compte, selon celte même acception, entroitdaiis
diverses expressions triviales et oiseuses, selon le
compte. (Froissarl, Poës, mss. p. 29.) Or dist le
(1) Les élections de prélat étaient faites par compromis, lorsque des électeurs, ne pouvant s'accorder, donnaient pouvoir
à quelques-uns d'entre eux de faire l'élection, (n. e.)
(2) « Fut ordonné le dit trésorier maire de la cité de Bordeaux ; et pareillement fut aussi ordonné Joachin Rohault
co>Uafc/e diulit lieu, et en feit le serment en la main du dit chancelier, et le dit maire es mains d'iceux chancellier et
conlable. » (Monstrelet, t. III, p. 36.) (N. E.)
(3) La comptabtie était un droit d'octroi perçu à rentrée des villes de Guienne. (N, e.)
(4) Voyez ce mot. (n. e.)
co
— 147 -
CO
compte ^Id. ilist. Liv. III, p. {Zio.)Etdistle compte.
(Lanc. Du Lac, T. ii, fol. 13.)
° De là, ce mot semble s'être employé pour con-
versation, entretien.
le conte
D'entre les deus bien escoutai.
Fabl. MSS. du R. n' 7-21S, fol. 352, R- col. 1.
'^ Compte signilie encore ;ui.jourcrtiui calcul et
s'écrit selon la première orthographe, dans celte
acception ; autrefois on écrivoit aussi conte. (Voyez
Duchéne, Vjéù. de Chastillon, p. CO, tif. de 1-208, et
Du Gange, au mot Co»(/j«///s.) Ce qu'il y a de plus
remarquable, c'est qu'on l'employoit au féminin :
Les dernières comptes ^Cout. deBruss. r^ouv. Coût.
Gén. T I, p. \m-î.)
On disoit ca ce sens :
j° 5a.us conte, pour à l'exès :
Lonc sa?ir conte, et lé sanz mesure.
G. Guiart, MSS. fol, 505, Rv
1" bis. [Au lieu de tenir compte, on disait faire
compte de: " Li dus de Brabant ne ftst compte de
« ces menaces. » (Froissart, II, 301.)] (n. e.)
'2*. 4 compte de testes, pour en comptant les têtes.
« Par la ditte coustume, si nepveux, ou nièpces,
« enfans de frères, ou sœurs, venoient à la hoirie
« de leurs grand père, ou mère, ils succéderont îi
1 compte de testes, que l'on dit in capita, et non
« par branches, que l'on dit in stirpes. » (Coût, de
Lille, Coût Cén. T. I, p 766.)
2° bis. [A compte Cvoir sous complaige) ou à
conte, vendre en comptant, sans peser, ni mesurer:
<■ Tout le maquerel et tout le harenc qui vient à
« Paris doit estre venduz à conte. " (Liv. des
Métiers, '270.)] (n. e.)
3° Lettres flecom])te, pour écriture telle que celle
qu'on employoit pour écrire les comptes. On la
distingue des lettres de forme, des lettres bolon-
noises et autres. Ces termes sont employés dans
l'Inventaire des Livres de .Jean, duc de Berri, sous
Charles VI : « Un romant escrit de lettres de
« compte{\). » (Voy.Le Laboureur,Hist.deJean, duc
de Berry, avant l'Hist. de Charles VI, du Moine S'
Denis, p. 78.)
4° Les grosses perles de compte étoient vraisem-
blablement celles que l'on comptoit, et qui ne se
pesoient point. (Voyez une citation françoise dans
le Gloss. lat. de Du Cange, au mot capellus (2).)
5° On a dit aussi :
Il ne fait conte, ne teneur.
Blason des Faulces Amours, p. 283.
C'est- îi- dire il ne sait oii il en est. (Voyez
Tenecr.)
6" Avoir conte sa personne , être en danger de la
vie. « Je serois moult dolent si le chevalier avoit
conte sa personne. » (Percefor. Vol. VI, fol. 81.)
7" iYe; faire nombre ne conte d'une chose, signi-
fioit ne pass'en soucier, dans le sens où nous disons
ne faire aucun compte. (Ilist. de Fr. ;\ la suite du
Rom. de Fauvel, fol. 87.)
8° Faire son compte s'est dit dans le passage
suivant :
La dame Jist, Diou garde le conte ;
Je ne scay s'il a fait son compte
Contre moy, tantost la saroie :
Mais vrayement je n'oseroie
Oster son signet en l'acense
De ma partie, sans offense.
Modus et Racio, MSS. fol. IJS, V'.
A tout bon compte revenir. Ce proverbe est
originairement un axiome de droit. (Institut. CouL
de Loysel, T. I, p. 274.) (3)
VARIANTES :
COMPTE. Orth. subsistante dans le sens de calcnl.
Conte. Orth. subsistante dans le sens de "onte, fable.
Comptéeur , subst. masc. Celui qui est au
comptoir. (Ord. T. III, p. 524.) C'est ainsi que
rexpli([ue l'éditeur dans sa note.
Compteinent, s«/)s;. masc. L'actiondecompter.
De là, ce mot signifioit dénombrement (Cotgr. et
Bob. Estienne) ; compte, reddition de compte.' dans
ce passage :
Là fu li roy, li duc, li conte.
Pour escouter lor ronlement.
Hisl. de Fr. à la suite du Rom. Je Fauvel, fol. 88.
VARIA.NTES :
COMPTEMENT. Cotgr. et R. Estienne.
CoNTEMENT. Hist. de Fr. à la suite de Fauvel, fol. 86.
Compter, verbe. Conter, raconter *. Estimer,
évaluer °. Calculer '^ (A).
* Ce mot est employé dans la première signifi-
cation, en ce proverbe : Compter des vicnlx jusque
es nouveaulx, c'est-à-dire en coi'ter de tontes les
sortes. (Bah. T. I, p. 155.) Dans La Planche, Estât de
la Fr. sous Fran(;ois !<=', cette expression prover-
biale signifie dire tout ce qu'on sait.
^Dans la seconde acception l'on disoil ne
compter ''i) pour faire peu de cas, compter pour peu
de chose. (Percef. Vol. Il, fol. 137.) Se compter
gaires est au même sens, en ce passage: ■■ 11 n'en
« compte gaires ; mais qu'il ayl le ventre plain. »
(Chasse de Gast. Phéb. mss. p. 68.)
*= Nous ne rapportons la troisième acception, qui
(1) Ne faut-il pas corriger lettre de court, cursive, comme dans un autre passage de cet inventaire (fol. .'i2, v». an. 1416) :
« Item un livre des trois Maries et de leur sainte lignée, escript en françois, de teUrc de court. » On lit encore au reg. JJ.
87, p. 274, an. 1457 : « Ung petit livre escript en lettre de court, ouquel sont contenu vigilles, les sept psalmes et plusieurs
croisons. » (n. e.)
(2) D'après un compte de 1351 : « Un chappel... ouvré par dessus d'or de Cbippre, de grosses perles de compte... et les
roses faites et ouvréi^s de grosses perles, toutes de compte. » (N. E.)
(3) Voyez aussi Leroux de Lincy (II, 230). On ne doit pas craindre de compter une seconde fois , quand on n'a point
trompé la première, (n. e.)
(4) Ce verbe signifie encore régler ses comptes (Froissart, II, 46) : '( Si ordonna la dame ses besongnes et fist ses gens
sages de son dep;irtement, et comptèrent et réglèrent partout. » (n. e.)
(5) « Si veit que sa philozomte donnoit à congnoistre qu'e//e comptast pou à une telle adventure dont elle se
complaignoit. » (n. e.)
GO
148
co
subsiste, que pour citer ce proverbe : » Qui compte
« sans hoo liosteco??ij:><c doux fois (1. « C'est un an-
cien axiome de droit. (Voyez Oiidin, Cur. Fr.i
Deniers eoiuple-::, se disoil pour en argf^nt comp-
tant. (Du Bûuehet, Gén. de Coligny, p. 58, Tit.
de 12G8.) (2)
Conjugaison.
Cûiic fjouj, ind. prés. Je compte. (Pb. Mouskes.)
Conteit (sunl), pour sont comptés, sont compris.
(S' Bernard, Serm. fr. ms. p. 57.)
ContoiiiDies, ind. prés. Nous contons. (G. Guiart,
MS. loi. 2i±)
VARIANTES :
COMPTER. Orth. subsistante.
CoMTER. Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. I, fol. 119, R" col. 2.
Conter. Du Bouchet, Gén. de Coligny, p. 58.
Comptereau, siibst. ma&c. Bordereau. (Cotgr.
Oudin, Dict.)
Comptes, suhst. masc. plitr. « Conseil d'Al-
« plionse comte de Poitou, frère de S' Louis, et pair
« de France, est appelle parlement, et autrefois
« comptes. » (Du Tillot, fiecueil des rois de France,
p. 269.)
Compteur, suhst. masc. Espèce d'officier *.
Fin-tncier °.
* Au premier sens, ce mot désigne un oflicier,
celui à la cbarge duquel nos anciennes ordonnances
attribuent des droits surle poisson: ■' Lescompteurs
« ne pourront avoir, de chacun millier de harans à
« compter (3), qu'un denier, c'est ;\ scavoir, du ven-
« deur maille, et de l'acbeteurmaille. » (Ord. T. Il,
p. 359.)
^ Au figuré , ce mot s'est dit pour financier, en
général .
Par tels compteurs trop eslever
Subgiez tiennent tous les offices.
Eusl. Deschamps, Poës. MSS. M. 2i3 (i), col. -k
Comptez, arfj. plur. Etîectifs. « Les compagnies
« ne sont du tout complettes... mais j'estime que
« nous serons cinq mil cinq cens, ou six cens
« Gascons comptez. « (Mém. de Monlluc, T. I,
p. 194.)
Comptoir, subst. masc. Cabinet *. Boite, petit
coffre ^ (5).
Ce mot subsiste, sous la première orthographe.
On écrivoit autrefois comptoiier dans le sens qu'il
conserve encore aujourd'hui. (Palhelin , Testam.
p. 112)
* On disoit comptoir, pour cabinet d'elude. Cette
acception, hors d usage, se remarque dans la préf.
du Tri. des 9 Preux, p. 'A.
° Au second sens, comptoir de chemin est traduit
en espagnol porta curtas , qu'Oudin interprète
ailleurs une buëte, ou coffret à porterdes lettres (6).
VARIANTES :
COMPTOIR. Orth. subsistante.
CoMPTOUER. Pathelin, Testam. p. 112.
Compulsion, si//vsf. fJm. Contrainte, violence.
On a dit, en ce sen; : « Sans compulsion, et de leur
. bon gré. » (Ord. T. III, p. G86.) On lit (Ibid) :
« Contraintes, et compulsions de payer là dilte
» ayde. ><
Computation, subst. fém. Terme de coutume.
« Si iceulx paroissiens acheptent des aignaux, dans
« ledict temps de l'an nouveau, et susdictecompu-
<• talion, il seront tenus payer, pour chacun aigneau
«■ achepté entie les dicts terme, et computation,
« chascun an, un denier parisis. » (La Thaum.
Coût, de Berry, p. 247.)
Computer, verbe. Calculer, combiner. Bran-
tôme, parlant du cardinal de Trente, dit : « Estoil
" pour loi's gouverneur de Testât de Milan, pour
«< l'empereur, ou Ferdinand de Gonzagues ayant
« mesme charge, cela se peut computer aisément,
» voulut, avec la justice, connoislre do ce fait, et
« pour ce les lit condamner à sentencier. » (Brant.
Cap. Fr. T. II, p. 331.)
Comte, subst. masc. Comte. Quens [1], dans les
Loix iNorm. répond au latin Cornes. Nom de dignité.
(Voyez sur la signilication et l'origine de ce mot le
P. Honoré de S" Marie, sur la Chevalerie, p. 10. —
Fauchet, Orig. des Dignités de France, Liv. II, p.
(;2. — BouUainv. Ess. sur la Nobl. p. 24. — D'Ar-
gentré, Coût, de Bret. p. 2189.) Sous la première et
seconde race, le mol de comte ne signifioit que
juge. C'étoil un officier délégué par le roi dans une
ville pour y rendre la justice en son nom (8). (Voy.
Brussel, sur les Fiefs, p. 370 )
Les comtes étoient au dessus des barons, suivant
le passage qui suit : >< J'ay autrefois veu un vieil
« cahier qui disoit qu'un roy avoit deux patrices, un
« patrice quatre ducs, le duc qualrefowi/cs, un autre
(1) Voici comme il est rapporté dans Loysel ^206) : « Qui compte seul, coiiiptc deux fois , comme celui qui compte sans
son hoste. » (N. E.)
(2) Compicr avec quelqu'un est avoir affaire à lui (Louis XI, 73= Nouv.) ; « Affermant que s'il l'y trouvoit , il compterait
avec lui, et le feroit retourner outre son plaisir. » (n. e.)
(3) Ceux qui comptaient les bûches se nommaient aussi compteurs. (Voir Complaige.) Voyez aussi une charte de Corbie
de 1431 (Du Gange, II, 505, col. 1). (n. e.)
(4) On lit encore au fol. 267 : « Qui a le monde ainsi destruit, Et par qui sueffre il tant de maulx ? ,Te le diray, entendez
tuit: Puisqu'il vint tant de cardinaux, De compteurs, de divers papaux... » (x. E.)
(5) C'est aussi la chambre des monnaies (Ord., IX, p. 66, an. 1405): « Et pour accomplir l'ordonnance des nionnoyes ,
contenues es lettres dessus transcriptes, il a esté délibéré par le comptouer. » (N. E.)
(6) C'est aussi un coffre-fort : « Aucuns sipns serviteurs [du chevalier] lui avoient rapporté cfue ilz l'avolent veu [.lehannete]
furiller et aler outour ledit comjnouoir. » (JJ. 154, p. 126, an. 1398.) (n. e.)
(7) Cuens correspond à comes, et comte à comitem. (N. E.)
(8) Le cotiilc ou (/j-uf (grafio) mérovingien est le délégué immédiat de la souveraineté royale et exerce à la fois les trois
pouvoirs militaire , civil et judiciaire. Sous les faibles successeurs de Charlemagne , il se rendit indépendant et
inamovible, et le capitulaire de Kiersy sur Oise (877) consacra son usurpation, (n. e.)
co
149 —
CO
» adjousioit : un comte qiialre barons. » (Faucb.
Orig'. des Dig. de Fr. Liv. il, p.47il).) On lilplusbas,
ibid. : ■< Le "coHi^c devoit :ivoir soubs soy dix mar-
« quis : le marquis dix barons : le baron dix
« vassaux. »
Dans les vers suivans, les douze pairs de France
sont désignés sous le nom de comtes, comme si ce
mot de comte avoit été synonyme de duc :
Douze coule, d'autre puissance,
Que l'en clamoit les pairs Je France, etc.
Rom. de Hrut. MS. fol. 5, R' col. 1.
Dans les Cbron. S" Denis, T. I, p. 174, on lit ce
passage curieux : » Ce n'estoient pas contes qui
« fussent princes, ne bauix barons qui tenissent
<■ contés comme héritaiges, mais esloient aussi
■1 comme baiUifs, qu"on osloil, et meltoit ;i certain
« temps, et punissoit on de leurs melïaits, quand
« ils le desservoient (méi itoient). »
On distinguoit pai'mi les comtes :
1° Lecijin}ediipalais{'2) G'étoil le grand maître du
pahiisdu roi, et il rendoil la juslice en son nom. Il
connuissoit des affaires qui regardoient le roi, ou
la dignité royale, ou le bien public. Cet office fut
éteint sous le règne de Hugues Capet. (Voyez Brussel,
sur les Fiefs, p. 370 , et Laur Gloss. du Dr. fr.) On
les a quelquefois appelés cnens paies ou quens
palais. Voyez, sur ces deux expressions, les citations
deDuCange,au mol Consjialatius. Le roi de Navarre,
comte de Cbampagne et de Brie, est qualifié cuens
palatin, dans l'erard, Ilist. de Courg. p. 492, lit.
de 1258.
2° Le comte de la chambre du rotj étoil le même
que le chambrier de France (3), suivant Du Tiiiot,
dans son Recueil des rois de Fr. p. 410. Cetolliceétoit
un fief à vie, tenu à foi et bommage de Sa Majesté.
François 1", en 1527, donnacetle cbarge à Monsieur
Charles de fi'rance, duc d"Orleaiis, son fils puiné. A
son décès, arrivé en 1545, elle fut supprimée. (Ord.
T. l, p. 2%, note (b), sur l'ordon. du 31 août 1872.)
3" On nominoit comte pela ou comte sauvage du
i?/(/«- le comte palatin du l!hin(4). (Voyez Du Gange,
au mot Cornes.)
4" Comte de Bourgogne. Le pouvoir des officiers
du parlement de Franclie-Comlé et leur bauleur
leur firent donner ce litre dans un sens ironique.
(Voyez Pelisson, Hist. de Louis XIV, T. II, Liv. 0,
p. 2G3 )
Avant de finir cet article, nous remarquerons
que, dans le Rom. de Rou, jiss. p. 17, Richard,
premier duc de iNormandie, est appelé quens ou
comte, et à la page 204, Geoffroi Martel, comte
d'Anjou, est appelé duc. Ces deux qualités de comte
et de duc sont pareillement confondues en parlant
du duc de Bretagne. (Vovez D. Moiice, Hist. de Bref.
pr. col. I02I, til. de 1270.) Dans l'arlon. de Blois,
fol. 1G4, il est dit que Séjan fut quens de Rome, et
que sa comté dura un an.
VARIANTES :
COMTE. Orth. subsistante, l'enird, Ilist. de Bourg, p. 482.
Conte. Perard. Hist. de Boiirt.;. p. .510.
CoNS. .lurain, Hist. du comté d'Aussonne, p. 23.
CouNT. Rymer, T. I, p. 13, col. 2, Titre de 1256.
QuoNS. Courtois d'Artois, MS. de S. G. fol. 83, R» col. 3.
Cuens. La Thauraass. Coût. d'Orl. p. 465.
Quens et Quenz. Loix Norm, art. 2 et 17.
QuiENS. Poës. MSS. av. 1:300, T. 4, p. 1002.
Quins. Loi.x Norm. art. 17, de l'éd. de Wilkins.
CUEUX.
CuNTE. Loix Norm. art. 22 et 41, dans le latin cornes.
Keux. Lanc. du Lac, T. 111, fol. 137 R«.
QuEUX. S' Jul. Mesl. Hist. p. 412, etc.
K.M. Poës. MSS. av. I30(J, T. IV, y. 1363.
Comté, subst. fém. Ce mot subsiste. C'est un
titre d'honneur accordé à quelques seigneuries,
pour les distinguer des autres. « Le commun bruit
« porle que toute conté doibt avoir du moins
« (|ualre baionnies soubs soy. » (S' Jul. Mesl. hist.
page 391.)
Cela s'accorde mal avec ce que dit Faucbet, sur
le nombre de ceux qui sont sous le comte. Nous
avons rapporté le passage à l'article précédent.
On lit encore, dans les Mesl. bistor. de S. Julien,
p. 373 : » La seigneurie de Gharny tombée en que-
« noille, estoit descheule du liltre de conté ; mes-
« sire Pierre de Beauffremont. sieur du dict lieu,
« de par sa mère, desiroit recouvrer la dignité
" ancienne de conte : il obtint le 9 juillet 145G, que
« Philippe, duc de Bourgogne la luy érigea de nou-
« veau en conté perpétuelle. Le prince qui veut
« faire ériger ses Estais en royaume doit avoir
» quatre duuliez qui se tiennent, bu quatre comte::-,
« pour chaque duché. ■> (La Salade, fol. 53.) On lit
au même auteur, f" 54 : « Quiilrû corniez, ou quatre
« baronnies, pour chaque duché. »
VARl.VNÏES :
COMTÉ. Orth. subsistante.
CoMPTET. Carpentier, Hist. de Cambray, T. 2, p. 28.
Contée. Ducliesne, Gén. de Chastilloii, p. 56. l'it. de 1246.
CoNTEi. Duchesne, Gén. de Dnr-le-Duc. p. 32, Til. vers 12i!i.
Co.NTEY. Baluze, Gén. d'Auvergne, p. 02, Tit. de 1258.
CoNTOY. Perard, Hist. de Bourg, p. 440, Tit. de 1241.
CouNTÉ. Loix Xorm. art. 3, dans le Uitiii curniUiius.
CuNTÉ (La). IJ. Morice, Hist. de Bret. Pr. col. 1002.
KuNTÉ. D. Morice, Hist. de Bret. col. 1002.
Conté. Loix Nor. art. 41, en latin rounlalus.
Contée. Beaumanoir, p. 1.
Con\lesse, snbst. fém. La coinlesso de Neveis
est qualifiée noble eontesse, dans le Garlulaire do
(1) Cette symétrie, imaginée par les feudistes, est démentie par Ihistoire ; le conile de Toulouse n'était pas subordonné
au duc de Normandie ; la seigneurie de Turenne était \\\\ coudé au ix= siècle que nous ne retrouvons plus au X'. (N. E.)
(2) Sur les cotntes palatins de France, voyez la X1V° dissertation de Du Cange sur Joinville. (Ed. Henschel, VII, part., II,
p. 59 à 65.) Les cohiles ^lalalins avaient, sous les deux premières races, une haute jux'idiction sur les officiers de la cour et
en toute affaire qui inter ssait directement la dignité royale ou l'utililè publique. Les Capétiens les trouvèrent dangereux
et donnèrent une partie de leurs attributions au sénéchal puis au concierge du palais. (N. E.)
(3) Voyez ce mot. (N. E.)
(4) La chron. de Flandre (ch. XV) traduit ici Guillaume le Breton, v. 407 du liv. X: « Et coni'Uon, qiiem Theutonici dixeie
pi7os;')/i. » Il faut entendre ii(ii(f/>'o/J't;i! et non ii<n(f/(3ra/f'e», i;o((i(f des broussailles, et non à la baib" en broussailles'.
Voyez encore la chronique de Flandre (p. 34 et 52). (N. E.)
co
150
co
Nevers, Vol. î, fol. 50, lit. de ItiW. On nommoit
M"" de Fiesijue, madame la comtesse loul court.
(Lelf. de M«" de Sévigné, T. I, p. 149, nii 1671.)
V.\RIANTES :
COMTESSE. Orlh. subsistante.
CoNTEssE. Cartul. MS. de la Ch. des Comptes de Nevers.
CouNTESSE. Uymer, T. I, p. 45, lit. de 1259.
Comtinue, subst. fém. Diminutif de comtesse.
« Les mar(iuises, les manjuisotes, les comtesses,
« les comtiiines. •• (Biaul. Dam. Gall. T. II, p. '28'2,)
Comtois, sitbst. virisc. Favin appelle ainsi les
peuples du eomtat d'Avignon. (Tti d'IIonn. T. I,
page i55.)
Coniunc. Ce mot et ie mot commune sont une
corruption de l'orlhograptie convine, état, condi-
tion, disposition, en parlant d'une armée. « Il scent
•' la commune des ennemis, et le lieu ou Ambiorix
" sesloit retrait. » (Tri. des IX Preux, p. 350.; C'est
au même sens qu'on lit : « Mon dit seigneur
« y envoya messire Pierre de Gyac, pour savoir la
« comune. » (Voyez Convine ci-après.)
VAIUANTIÎS :
COMUNE. Preuv. sur \p. meurtre du duc de CoiU'g. p. 288.
COM.MUNE. Tri des IX Preux, p. 350, col. 1.
Comune (en), adv. En commun. « Seient
« départis en comune snkin les chatels. » (Loix
Norm. art. 38, dans le lalia : dividanlur in com-
muni secundum catalla.)
Comveaux. 1! faut peut-être lire com veaux,
comme veaux, dans ce passage.
Onques ne vi plus grant ordure
Que de mangier en ces plateaux,
De fustaille, ou chascuns comveaux
A sa barbe, et sa main brouillie.
Eusl. Desch, Pocs. MSS. fol 3i'i0, col. 1.
Comviaux, subst. masc. plur. Convoi, chemin,
route.
En Aleraaigne yert leur comviaxtx.
Eust. Deschairips, Po6s. MSS. fol. 265, col. 3.
Con,;j/'o». Son. Les exemples du c mis pour s
sont fréquens, dans nos anciens auteurs. Si l'on
ometloiL d'y mettre une cédille, pour en adoucir le
son, peut-être faut-il attribuer celte faute à la négli-
gence des copisles.
Cnn vis loerent, et son cors.
Fabl. MSS. ia R. n' 7089, fol, Ofl, R" col. i.
Con. Qu'on *. Si on ^.
*Au premier sens ce mot est composé de ce pour
que, et de la particule on. Il faut lire c'on. Les
anciens copisles négligeoient souvent de mettre
l'apostrophe.
Or nous doinsl Diex luy servir, et amer
Et la dHHie c'on n'i doit oublier.
Clians. MSS. Ju comte Thib. p. 4 ; Ibid. p. 95-
(Voyez Dict. de Borel.)
°Ci, qu'on é.;rivoit autrefois pour s/ conjonction,
faisoil élision devant cette même particule. De là,
con pouv c'on, ci, on, dans ce passage :
Droiz dit qu'il affiert <'i baron,
Cùii prent en sa terre un larron.
Qu'il en face tanlost justice.
Fabl. MSS. du K. n- 7015, T. 1, fol. 110, V col. l.
Con. subst. masc. Champ. Mot du patois langue-
docien, d'où s'est fo mé le motcondamine(l). (Voy.
Du Gange, au mot Condamina.)
C d'Angleterre. Proverbe obscène. On le
trouve à la suite des Poës. mss. avant 1300, T. IV,
page 16Î3.
Conadnats, subst. niasc.plur. On disoit o/*/a/s,
ou condnals, en Bretagne, pour signifier les restes
des fruits des bénéfices rapportés, par les moines
bénéliciers, à leur monastèie. (Morice, Hist. de
Bret. préf. p. 23.)
Conancie. Il semble que ce soit une faute, pour
co)H«Hcie, je commence, dans les Fabl. siss. de S.
G. fol. 61.
Conards. [Intercalez Couards, société joyeuse
établie à Evreux et à Rouen; le parlement avait
donné à ses membres le privilège renouvelé chaque
année de se masquer seuls en carnaval, et de
vendre aux antres pareille autorisation. Leur chef
prenait le tilre d'abbé. (Voir l'Histoire des Conards
de Rouen, par A Floquet, t. I de la Bibl. de l'Ec.
des Charles, et Du Gange, I, p. 12, col. 2)] (n. e.)
Conare, sul)St. masc Terme d'anatomie. Partie
du corps humain (2). Dans l'anatomie de Carême
Prenant, on lit : •• Le conare come une veze. »
(Rab. T. IV, p. 128.)
Conax, subst. masc. Poisson fabuleux. On lit
dans le passage suivant, que « c'est ung poisson
« qui n'est pas trop grand, et converse (habile) au
« iieuve de Eufrate, et non pas en autre ; et celluy
' est appelle conax ; si sont ses cosles de telle
« nature, que, si ung homme en tient une, jh,
« comme il la tiendra," ne luy souviendra de duéil,
" ne de joye, fors seulement à la chose qu'il tient;
« mais inconlinenl qu'il l'aura mise jus (a bas) il
« repensera comme devant. ■• (Lancelot du Lac,
T. III, fol. 102.)
Conbateresse, adjectif au fém. Courageuse,
aguerrie.
De Namur aussi revint
0 gent fiere, et conbateresse.
G. Guiarl, MS. fol. ^53, V.
(Voyez ci-avant Gomdateur.)
Conbatnre, subst. fém. Courbature. « Un ven-
" deur de chevaux n'est tenu des vices d'iceux,
« excepté de morve, poulse, et conbature (3). » (Coût.
Gén. T. I, p. 157.)
(1) Ou plutôt de campus domini. (n. e.) ,
(2) C'est la Irlande pineale : « Le conarion est une petite glandule de la mesme substance du cerveau, ronde et oblongue
en forme d'une pomme de pin. » (Paré, III, 7.) (n. e.)
(3) Dans Loysel, I, 418, on lit courbature. (N. e.)
co
151
co
Concaténation, stihst. fém. Encliainement.
(Voy. Hist de la Tois. dOr, Vol. II, fol. 101, el le
Dicî. de Colgrave.)
VARIANTES :
CONXATENATION, Concathenation.
Concatené, adjectif. Encliainé. Dans les Epi-
tlièles de la Porte, on fait, de ce mot, une épillièle
d'amilié; nuiis son principal usage étoit dans
Texpiession rime calenée., pour rime encliainée.
« Coucatence est quand par le premier vers du
« second couplet est reprins le dernier vers du
« premier. » iPoëtiq. de Boissière, p. '258. — Vov.
Art, l'oël. deSibilet, liv. II, p. 14G.)
VARIANTES :
CONCATENÉ. Poëliq. de Boissière, p. 258.
CONCATHENÉ. Epith. de la Porte.
Concave, subsL )iuisc. Concavité.
.... Glaucus, li Dieux de la raer,
Dist que, pour tout faire périr,
Feroit des concai'ns issir
Ses mers, et par les champs espandre.
Eust. Desch. Pues. MSS. fol. 460, col. 2 (1).
Concave, acij. Creux. On disoit : ■• Les yeux
» clairs, concave%, et enfoncez. » (Budé, des Ois.)
Concéder, verbe. Accorder. (Voy. Glossaire de
Marot.)
Conceiller, vei'be. Conseiller.
Et se l'omme est ancien
Voist cnnceiller.
Eust. Desch. Pois. JlifS. fol. 217, col. 2.
C"est-à-dii e qu'il se réduise à conseiller. On disoit
aussi se contioi lier, pour se résoudre, prendre ua
parti.
Nus ne s'en set consoiller.
Robins du Cbaslel, Poës. MSS. av. 1300, T. I, p. 55.
(Voyez ci-après Conseiller.)
VARIANTES :
CONCEILLER. Eust. Desch. Poës. MSS. foL 217, col. 1 et 2.
Consoiller. Robins dou Chastel, Poës. MSS. avant 1300,
T. I, page 5.5.
Concel (a), express, udv. En secret.
Ne parlez devant la gent.
Mais à concel privéenient.
Fabl. MSS. du R. n' 7615, T. 11, fol. 135, V- col. 1.
(Voyez ci-dessus Concelément.)
Concélébrable, adj. Digne cl"être célébré.
Le jour de sa nativité
Te doit estre covcéicbrahle.
Eust. Desch. PoSs. MSS. fol. 500, cul. 3.
Concelément, s«/>s/. musc. L'action de celer,
de caclier. Voyez Du Gange, ;:u mo\,Concelatio[;2„ où
nous lisons conceleinenl d'espavea, en ce sens :
« Si le coroner de la première enquête eyt suspe-
« cion (ait soupçon, pour soit suspect, soupçonné)
» de concelément de la vérité, etc. » ;Britton, Loix
d'Anglet.fol. 4.)
Concelément, adv. En secret, en cichette.
Furlivemeiil. " Par cliete voie, ont pliiriex sers
» acquis IVaucbises qui concelément (S) s'en aloient
" de desous leurs seigneurs, manoir en tiex liex. »
(Beaumanoir, p. 258.)
Con.celei%verbe [i). Celer, receler, cacher, sous-
traire. (Voyez Du Gange, au mot Concclatio.) » S'il
« n'est trouvé (|ii'il ayt concelé aucune chose de la
« ditte succession. » (CoiU. Je Norm. Coût. Gén. T.
I, p. 1008.)
VAHIANIES :
CONGELER. Coût. Gén. T. I, p. 1008.
(;oNCHELER. Beaumanoir, p. 17.
Concepcion, subst. fém. Intention, dessein.
« Gonvienl arester leur maie concepcion, et vou-
« lente. » (Ord. T. III, p. 3'i7.)
Concept , subst. masc. Conception *. Idée,
dessein ^. Collection '^. Contenu °.
* Ce mot offre le premier sens, dans un chant
royal sur la conception Noslre Dame :
.... Dès l'instant de sa prime facture,
Elle a esté sans quelque tache infâme.
Pure en concept, oultre loy de nature.
J, Marol. p. 219.
^ Concept signifie plus communément idée, des-
sein, projet, enireprise.
.... Pense qu'autant de testes,
Et de bras, et de mains, viennent pour tes conquestes.
En nombre redoublez, de dessin, en dessin,
Pour mettre tes cnncepis fiilelement à fin.
Poes. d'Amad. Jamin, fol. 27 V".
^ Ce même mot est pris, beaucoup plus rarement,
pour collection, dans le passage suivant, où l'on
dit des chartes et coulumes de Ilainault : « A esté
« trouvé bon d'amplierles dites chartes, et d'ieelles
«estrefail un recueil, etco/ic^'p/. >■ 'Coût, dellainault,
Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 41.)
° Voici une acception du mo\. concept, aussi peu
fréquente que la précédenle : concept de la concorde,
signifie les articles, le contenu d'un traité de paix,
dans Brant Cap. Estr. T. I, p. 215.
Concepvoir, verbe[7>). Concevoir*. Voir, aper-
cevoir ^.
* Le premier sens est proprement celui qui
subsiste ; car il est aisé de reconiioilre noire mot
concevoir dans l'orlhograpbe concepvoir, où l'on a
conservé le /; du mot latin cohcZ/jc/'c, .1. Marot, p.
134, emploie concepvoir en ce sens.
^ La seconde acception est celle de notre mot
apercevoir. On la trouve dans le passage suivant :
<' Merveilles fut à veoir les prouesses du chevalier,
« qui toutes les eust peu concepvoir ; mais la fumée
(1) On lit aussi dans son Art de ditlier, p. 263 : « La profondeur des puis et des concaves de la terre. » (n e.)
(2) Sous Conceilum. (N. E.)
(3) Ailleurs Beaumanoir écrit (ch. XX) :« Mes se je tieng l'iretage par mauvaize cause, si comme par forche, ou par
nouvele dessaizine, ou par toute, ou concheléement. » (n. e.)
(4) « Les diz gardes seront tenuz apporter par escript... toutes les amendes,... sanz en concheler aucun. » (Ord., VlII.
p. 343, an. 1399.) (n. e.)
(5) Concepvoir n'est qu'une variante orthographique de concevoir et ne devait pas former un article séparé, (n. e.)
GO
452
CO
« en esloit tant grande, et la poulsiere que l'en ne
" povoil, etc. » (fcrcef. vol. VI, fol. 40.) Voyez ci-
dessous les acceptions particulières de concevoir
et rorlhograplie conchever.
Conjugaison.
Conseil, part. Conçu, coiupiisen parlant de lettres
vidimées; nous les avons « diligaument regardées,
a et couscues. » (Ord. T. I, p. 379.)
Concerner, verbe. Convenir. Terme relatifqni
subsise pour exprimer des rapports d'intérêts et
d'utilité. Autrefois il signilioit aussi ceux de décence.
« Moult luy blasma ses grandes folies, disant que
■' jonesses ne concernoienlen (]uelconque manière
« le noble lieu dont il estoitvenu. •> (Tri. des IX
Preux, fol. 498.)
Concert , siibst. masc. Conférence. « Nous
« avons, depuis trente, ou quarante ans, emprunté
« plusieurs mots d'Italie, comme contraste, pour
« contention , concert pour conférence. » (Pasq.
Rech. p. 062.)
Concevement , subst. masc. Conception *.
Dessein, projet ^.
* On remarque le premier sens, dans les passages
qui suivent. On a dit en parlant de la S" Vierge:
Vierge fu en l'enfantement,
Sy fu elle au cnncevemeitt (1).
Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 88.
Du merveilleux conçûement
Sentis le doulx ongrossenient.
Les 1.5 Alle^.de la Vierge, MS.
^ Ce mot signifie dessein , projet, dans ces vers :
.... Par son fait apartemînt,
Moustre son niau concevement .
Geoffr. de Paris, à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 53.
VARIANTES :
CONCEVEMENT. Geof. de Paris, à la s. duR. de Fauv. fol. 53.
CoNGiVEMENT. S' Bem. Serm. MSS. p. 86. en \aXconceplus.
Conçûement. Les "15 AUegr. de la Vierge, MS.
Concenlx, subst. masc. Conjurés. Il semble que
ce soit le sens de ce mot, dans un livre qui a pour
titre : « Conjuration de Catilina, et aucuns des
« conceulx (2) de .Iules César, en prose. » (Inveut, de
Ch. V, art. 175.)
Concevoir, verbe. Exprimer *. Projeter, avoir
des desseins °. Concevoir '^ (3).
* Dans la première acception, on disoit : concevoir
les contrats à escus sols, exprimer, évaluer en
écus sols, la somme mentionnée dans le contrat.
(Voyez Remontr. de la cour des monnoyes à Henry
III, rapportées par Le Blanc, sur les monnoyes, p.
348.) Il ne nous reste de ce verbe, pris en ce sens,
que le participe conçu. Ainsi, on dit encore clause
conçue en tels termes. (Voyez ci-dessus concepvoir
et conchever ci-après.)
^ L'expression concevoir un dessein est encore
usitée ; mais on ne diroit plus concevoir dans un
sens absolu, pour projeter, avoir des desseins. Pris
en mauvaise part , ce mot signifioi! conspirer.
•' Quant Lucifer connit contre Adam, il envoya un
« deable en l'air, pour tempter Eve. » (Modus et
Racio, MS. fol. 804 ) Eu bonne part, on disoit choses
bien conceutes. (Tri. des IX Preux, p. 390.)
'^ Nous ne citons la troisième acception, qui
suiïsiste avec la même orthographe , que pour
remarquer (juelques motsde l'ancienne conjugaison
de ce verbe, tous employés, à la réserve d'un seul,
selon celte signification.
CONJUGAISON :
Conceiite, pari. fém. Conçue, projetée. (Tri. des
IX Preux, p. 390.)
Conceit, pour produit. (Marbodus, col. 1GC8.)
Conciverat, concevra. (S. Bern. Ser. fr. p. 14.)
Conçue, pour conceue. (Marb. col. 1674.)
Cunçuvent, pour conçoivent, engendrent. (Marb.
col. 1074.)
Con%oivet. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 178, dans le
lytin concipiet.)
ConZ'Uit, pour conceut. (S. Bern. Serm. fr. mss.
p. 237, dans le latin concejnt.)
Conciute, part. fém. Conçue.
En Egypte, assés priés de là,
Fu la maison, et moult dura,
U la douce sainte Marie
Fu conciute, née, et norie.
Ph. Mouskes, MS. p. 272.
Conciéx, part, conçu. (M* Guillaume, Poës. mss.
du Vat. n° 1490, fol. 12.)
Conclu, prêter. Je conçus.
.... Tant m'ala souvent baisant,
0 moy se couclia, si concui ;
Oncques homme plus ne connui.
Rora. de Brut, MS. fol. 57, V- col 1.
Concupt, partie. Conçu. (Eust. Desch. Poës. mss.
fol. 317, col. 1.)
Concevoir, subst. masc. Pensée, conception.
(Voyez Gloss. de Marot.)
Conceuz, sm&s^ masc. plitr. Paroles, expres-
sions. Cette acceplion est analogue à celle du verbe
concevoir que nous venons d'exposer. « Volentiers
» eut parlé ; mais amours est de telle nature qu'elle
« ouvre les pensées des amans, et enclosl, et
enserre les conceuz. » (Percef. vol. V, fol. 52.)
Conchambrier, subst. masc. camarade de
chambrée. (Dict. d'Oudin et de Cotgr.)
Concile , subst. fém. Coquille , poisson à
coquille*. Ajustement, habillement °.
* Le premier sens est celui du latin concha, dont
le mot couche dérive, lorsqu'il a cette signification.
(Voyez Oudin, Nicot et Strapar. T. 1, p. 176.) Les
(1) On lit de même dans la Chr. des ducs de Normandie (v. 24061) : « Plus virge après l'enfantement Que d'avant
concevement. » (n. e.)
(2) Ne faut-il pas lire comments pour cotmnetitaires ? (n. e.)
(3) Il signifie encore 1» gagner une maladie ;« Par les fièvres qu'ils coucepuoie»! « tous les jours. » (Froissart , XI, 306.)
2° Froissart en fait aussi un synonyme d'apprendre, de connaître: « Quant ot bien concei'i et entendu les paroles de
l'arcevesque. » (II, 97.) (n. e.)
co
153 —
CO
l.yonnois appeUent un bassin couche (1). Us disent
conche d'évier, pour bassin d'évier. Les bassins
repre'sentent, par leur forme, des espèces de
coquilles. Ronsard, cité par Nicot, a appelé les
trompettes ou clairon, des couches fortes. Il y a un
coquillage que nous nommons encore trompette.
L'ancien mot conche, pris en ce sens, se reconnoit
encore dans notre mot conque. (Voyez ce mot
ci-dessous.)
° Lorsqu'il signifie ajustement, il vient de l'italien
acconcio, suivant Pasq. Rech. p. 6G2 , et en remon-
tant plus haut, du latin concinnus. Voyez aussi le
Dicl. Etyni. de Ménage. Ce mot, nouveau du temps
de Pasquier, a déjà vieilli. Il ne servoil guères que
dans ces expressions , en bonne conche, mal en
conche, et semblables. « L'hôtesse le voyant (Philo-
'> pemene) si laid, et mal en conche \2), présuma que
>> ce fut quelqu'un des gens du capitaine qui eut
« été là envoyé devant, si lui fit fendre bragarde-
" ment du bois. » (Contes de Cliol. fol. 44G.) « Male-
» chair qui voyoit ce prince en bonne conche, ayant
<• une grosse chaîne d'or pendue au col, conclud,
» en son ame homicide, le tuer. » (Xuicts de Strap.
T. II, p. 210. — Contes de Chol. fol. 51. —Voyez
AccoNcnÉ ci-dessus.)
Conchette, subst. fém. Diminutif de conche.
Petit poisson ù coquille. « Conches et conclieites;
" sèches et sechettes ; masielles et mastellettes ;
'« car pierre est chargée de poisson.» (Xuictsde Strap.
T. I, p. 176.)
Concheus, adj. En forme de co(iuille. Mot forgé
par La Porte, et qu'il a tiré du mot conche, pris
pour coquille.
Conchever, verbe. Concevoir. (Dicl. de Corel,
1'" add. — Voyez Concevoir et Co.ncepvoir.)
Concliiement, subst. masc. Ordure *. Avilis-
sement ^. Trahison, injustice ^.
* Le premier sens est le sens propre. « Il doivent
« faire biaus deniers et nez (nels), sans nul charge,
» et sans nul C0H('/iieme;U(3),etnemettrontsuif,ne
" ointure es deniers, ne nulle poudre, ne autre
« ccr.jhiement fors ce que le mestre leur baudra,
•< pieur, ne meilleur. » (Ord. T. I, p. 805, art. 19,
an. 1327.)
^ Au ligure, on employoit conchiement pour
déshonneur, avilissement. On lit, en parlant des
femmes légères :
A tel feme doit baer
Uns cunchieres de gent,
Ki, por son ciinchiement.
Le saice a son droit mener.
Simon d'Aulie, Fous. MSS. av. 1300, T. l\. p. 1179.
•^ La trahison déshonore son auteur; de là on a
A\\, conchiement pour injustice, trahison.
Tricherie, et cunchiemenz,
Portent en haute cort bannière.
Fabl. MSS. du R. n" 7218. fol. 127, R- col. 2.
On lit, en parlant des gens de justice :
Les bones gens qu'ils ont traï vilainement,
Li barat qu'il ont fet, et li conchiement
Tesmoigneront contr'aus.
Fabl MSS. du R. n- 761.'., T. II, fol. 141, V col. 1.
(Voyez ci-après Cunchiure.)
VARIANTES :
CONCHIEMENT. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 141.
CUNCHIEMENT. Poës. MSS. Ev. 1300, T. III, p. 1179.
Concilier, verhe. Salir, souiller*. Déshonorer,
diffamer^. Trahir*^. (Voyez Du Cange, aux mots
Concagatus et Incopriare, du grec xingoç, stercns.
Dictionn. de Cotgrave etBoiel, 1'" add.) Ce mol, qui
subsiste encore sous cette orthographe, dans le
style très bas, signifie proprement chier, faire ses
ordures. On dit du Renard, que : « le desrenier
« remède qu'il a, se il est en plain pays, il conchie
« voulentiers ses lévriers, afin qu'ils le laissent
« pour la pueur. « (Chasse de Gast. Ph. ms. p. 77.)
* De là, ce mot s'employoit dans le premier sens
pour salir, souiller, dans une signification très
étendue. Guillaume-!e-Bàtard maltraite la fille du
comte de Flandres parce qu'elle a refusé de
l'épouser.
Et de ses hueses (bottes) emboées (crottées)
Qui grandes esloient et lées,
Et del tai (tache, boue) d'ivier (hiver) cunchiées,
Le défoula plus de .vu. liés (fois).
Ph. Mouskes, MS. p. «1.
Conchiées est ici pour sales, pleines de boues.
C'est le participe du verbe conchier. « Les saints
'< lieux de Jérusalem estoient conchiés et dégastés
« de Sarrazins. » (Chron. Fr. ms. de Nangis, sous
l'an 1090.) Conchiés signifie souillés.
^ Conchier, au figuré , signifioit déshonorer ,
diffamer.
Cil a periUeux esquot
Vait, qui croit famé qui le cunchie.
Poës. MSS. Vatican, n- 1522, fol. 170, R' col. 1.
De là, on a dit : ne fumie concilié, pour fut traité
honorablement. En parlant des braves gens tués à
Roncevaux, Ph. Mouskes dit :
Rollant et si compagnon...
Ne turent mie chuncluié ;
Ains furent mis, et couçié
En paradis, avec les sains.
Ph. Mouskes, MS. p. 212.
^ L'idée de déshonneur attachée à la trahison,
avoit fait employer coHC/(/'er pour trahir, tromper
vilainement. » Comme malicieux, etlraitre s'entre-
« mettoit aucune chose procurer par quoy, il les
(1) C'est aussi le second réservoir d'un marais salant : « Et ayant fait une écluse au dit jard, ils ont fait au bout d'iceluy
d'autres grands réceptacles, qu'ils ont nommé conches. » (Bern. Palissy, 252.) Le mot a même le sens plus étendu de golfe :
« Le tout mit pied à terre près Zerbi en une couche nommée Rochelle, où les galères ont accoustumé de faire aigade. »
(D'Aubigné, Hist., 1, 116.) Le mot subsiste comme nom de lieu dans les Basses-Alpes, l'Eure, la Vendée, Seine-et-Marne ;
rorigine en peut être un repli du sol ou un terrain coquiUier. (N. E.)
(2) Ne faut-il pas lire enrjunché au sens de engoncé : « Philopœmen ressemble à une porte mal posée sur ses gonds. » (N. E.)
(3) C'est plutôt l'altération par le mélange : « Se il avoient aucune presumplion de fraude ne conchiemenz contre lesdiz
muniers, que il pourroient iceus arrester en leur terre. » (Cart. de S« Magloire, p. 195, an. 1320.) (n. e.)
IV. 20
co
— 154 —
CO
« pusl décevoir, el concilier. » (Chron. fr. >is. de
Nangis, an li>38, p. 2.) On a dil, dans le même sens,
en pai lanl des tninenrs : « Où ils esloient conciliés
« el deceus, se le pourroil-il rapeler, (luant il est
« en aage- " (lîeaumanoir, p. 92.)Un de nos anciens
poêles dil en ce sens :
On doit sienner (cliastrer)
Li traitour qui sa dame cutichie ;
Trop est amours en lui mal emploie.
l'ocs, MSS. Val. Il- U90, fol. 159, Rv
Nous lisons, dans la même significalion :
Tels flisl par devant, je vous aim.
Qui point (pique\ et cunchie derrière.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 138, V col. 2.
On disoit :
1° Concilier de peur, ûans un sens (iguré, pour
répandre l'ahirine. « D'une démesurée paour con-
« cliiassenf Normandie leur naturel pais. « (Chron.
S. Denis, T. 1, fol. 'iâO.)
Celle même expression, dans le sens propre,
signilioit cliier de peur. Branlôme, après avoir
parlé du chevalier d'Ymbercourl, homme valeu-
reux, qui cependanl n'alloil jamais au combal qu'il
n'eut satisfait à des besoins naturels, ajoute: « qu'il
« seroil faux de dii'e que le proverbe eut lieu à
« l'endroit de M. d'Ymbercourl en ce fait, qui dit, il
<■ se co«c/uc de peur. » (Brant. Cap. Fr. T. I, p. 108.)
2" Le concilié, ou le cnchiel du bâton. Expression
employée pour un amant rebuté de sa dame.
Helas j'ay à bonne estreinne
te concilié chi basion,
Quant je vous di abandon
De mon cuer, etc.
AJans li Bocus, Poès. MSS. av 1^00. T. IV, p. 1414.
On lil le cuchiet du bâton (1), dans la même pièce
répétée. (Poës. mss. du Val. n" 1490, fol. 50.)
3" On trouve ordoier, concilier de obseque, eu
explication du mot latin funestare, à l'article
funere inquinare dans le Gloss. lat. fr. de S. G.
cité par Du Cange, au mot Funestare (2).
On disoit en proverbe :
Teus cuide cmicliier autrui,
Qui tout avant cuncltii^ lui.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 118, R- col. 2.
Voyez un autre proverbe ci-après au mot congié
qu'il faut lire conclue.
VARIANTES :
CONCHIER. Villon, p. 74. Cortois d'Artois, MS. de S. G. p. 84.
CoNCHiiER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 117, V col. 2.
CoucHiER. Bi'aumanoir, p. 92.
CuNcniiEB. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 119, U» col. 2.
CUNCHIER. Poës. MSS. Vat. n» 1,522, fol. 152, R" col. 2.
CuNCLER. Ph. Mouskes, MS. p. 501.
CUNKIER. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 154 V°.
CuNQiER. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 178 V».
COINCHIER, ChUNCIIIER, CUCHIKR.
QuENCHiER. Villehardouhin, p. 21.
Chunchiier. Ph. Mouskes, MSS. p. 242.
Conchierre, subst. masc. Poltron. Il semble
que ce mot soil plulôl mis pour infâme, dans le
passage donl Boiel et Corneille se servent pour
apîiiiyer leur explication. D'ailleurs, nous trou-
vons, en parlant des femmes légères, l'expression
cuncliierrcs de yent, c'est-à-dire qui diffame, qui
déshonore, dans un passage déjà cité sous le mot
concliiement.
.\ tel feme doit béer (prétendre)
Uns conchicres de ga^it,
Ki, par son cuiichieraent (déshonneur),
La saice (sache) à son droit mener.
Simon d'Alliies, Poos. MSS. avant 1300, T. III, p. 1179 il);.
VARIANTES :
CONCHIERRE. Borel et Corneille, Dict.
Cunchierres. SInion d'Autié, Poës. MSS. avant 130O,
T. m, page 1179.
Conchieus, adj. Sale, couvert d'ordures. En
latin fedostis, selon le Gloss. du P. Labbe, p. 501.
Concierfje, subst. mmc. Garde, gardien*.
Garde-forêls^ Titre d'office =.
* Borel dérive ce mol du latin conservare. Du
Gange, de conservus (4). Ce mot désigne encore au-
jourd'hui, dans le sens propre, le gardien d'un
château ou d'une maison de grand seigneur; mais
on ne diroil plus au figuré :
Adieu péché, plus ne seras concienje
Dedens rnon cœur.
Les Mar^. de la Marg. fol. 123, V".
Financiers notables,
Sont fermes, estables.
Gracieux, traictables,
D'honneur les concierges.
Grelin, p. 171.
^ On a étendu la signification propre de con-
cierge, gardien d'un château, à celle de garde-forêts.
C'est en ce sens qu'on lit : « Au concierge, et garde
« de la dite forest de Poucourt, concierge de forest
« de Poucourt. » (La Thaum., Coût. deBerri, p.410.)
'^ Le palais de nos rois avoit un concierge; c'éloit
un litre d'office. Quand le palais fut abandonné au
Parlement pour y administrer la justice, il y resta
toujours un concierge ; mais sans aucune juridic-
tion, non plus qu'il n'en avoit eu auparavant. Il
s'en forma une par la suite, et fut appelé, depuis
Charles VI, bailli du palais. « Messire Arnaut de
« Corbie, premier président au Parlement de Paris,
« estoit garde et concierge de ce grand palais (5), l'an
« d385. Madame Isabeau de "Bavière , reine de
« France, femme du roy Charles VI, en l'an 1412.
« Domina Isabellis regina Francia? ordinata con-
« ciergeriu seu cuslos Paiatii Regalis, 25 février
« 1412. " (Miraulinont. desCourssouv. p. 295.)
VARIANTES :
CONCIERGE. Orth. subsistante.
Consierge. Oudin, Dict.
(1) La barre d'abréviation n'aura point été vue sur le u. (N. e.)
(2j Je crois qu'il faut lire ordoncr couchiev (coucher) de obseque. (N. E.)
(3) P. 1.Î8, dans Laborde. (N. E.)
(4) Ou plutôt conserviiis ; cnnsen/ius est au cartulaire de S' Cloud, an. ItOO. (N. E.>
(5) Ce concierge avait la moyenne et basse juridiction dans l'enclos du palais et le faubourg S' .lacques, qui comprenait le
fief de S' André. Il reçut le titre de bailli en 1348 ; en 1358, le régent Ch.irles de Noimandie lui donna la connaissance de
tous les délits commis au palais, des procès nés des contrats qui y étaient passés. Cette fonction fut supprimée en 141(!
après avoir été moditiée, puisqu'elle fut remphe par Isabeau de liavière, qui gardait ainsi le corps et la personne du roi. (n. e.)
co
- 155
CO
Conciergerie, siibst.fchn. Office de concierge.
La charge et la demeure d'un concierge dans un
cliàleau. On lit, en ce sens: « Es cliastelleries, et
« conciergeries que nous avons bailliées à vie, et à
« voienté, nous avons domages, en ce que li clias-
« telain, et concierge establis en plusieurs lieux,
« où il n'est pas grand meslier d'avoir chastelain,
« ne conciera:e, prennent grans gages de nous. »
(Ord. T. I, p. 470.)
Concile, subst. masc. Assemblée ecclésiastique,
ses députés*. Assemblée générale de la nation ^.
Assemblée en général'^. Avis, conseil °.
* Ce mot subsiste , sous cette orlliographe, et
désigne une assemblée de prélats et de docteurs
pour régler les atïaires de la religion. On a employé
quelquefois ce mot, pour dé.signer les députés de
ces assemblées. En parlant des députés du concile
de Pise, qui accompagnèrent à Acre le prince
Hugues, on se sert de cette expression, dans les
Assis, de Jérus. page 205. « Le légat, le maislre dou
«1 temple, le concile de Pise, et le baill de Venise. »
^ Fauchet dit, en parlant des plaids généraux
(Etats généraux de la nation), qu'ils furent" appelés
« conciles, parce que les évoques, et abbez s'y trou-
« voient, et que les faicts des ecclésiastiques, et les
« faicts de religion s'y traicloient premièrement. »
(Orig. des Dign. de Er. liv. H, p. 43.; On lit dans le
Journ. de Paris sous Charles VI et VII, page 152 :
« Fut faille à Auxerre ung concilie pour traiter de
« la paix, et plusieurs seigneurs y furent, etc. » (1)
'^De lii, ce mot s'est employé pour assemblée en
général :
Ceux de la ville
Qui, sur ce, ont tenu leur consille.
Eust. Desch. Poi-s. MSS. fol. 410, col. 1.
C'est-à-dire leur conseil. Nous disons encore
tenir conseil, et c'est dans ce sens qu'on lit, en
parlant du roi :
Ainsi a tenu son concilie,
Et commandé à elz (eux) deffendre,
Et qu'à nului ne se veillent rendre.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 72.
Mais dans l'acception générique d'assemblée, ce
mot s'appliquoit à toutes sortes de personnes
réunies ensemble ou pour raisonner sur quelque
affaire, stir une nouvelle, comme en ce passage :
Tost sont les nouveles seues (sceues),
A S' Orner, par les charieres (charrois)
De l'ost (armée) qui vient, et des banieres :
Partout en tiennent grant concile
G. Guiarl, MS. fol. 261, R".
OU simplement pour converser. C'est en ce sens
qu'on trouve ce mot, pour assemblée de demoisel-
les, dans Percefor. Vol. II, fol. 45. De là, l'expres-
sion tenir concilie à quelqu'un, pour converser
avec lui, l'entretenir.
Si tient à son ami concilie
Toute la nuit, dusques (jusqu'au jour) au jor.
Fabl. MSS. du R. a' 7218, fol. 16-t, R« col. 1.
On disoit même concile, pour assemblée d'oi-
seaux, d'animaux. ^Percef. Vol. III, fol. 80.)
° Enfin concile, mis pour avis, conseil, paroît
venir du latin consilium, pris en ce même sens.
Comment il se furent portez,
Par leur très venimeus concile.
G. Guiart, MS. fol. 2lfl. V*.
Remarquons cette expression. Guiart dit, en par-
lant d'une affaire dont le succès devoit coûter peu
de peines :
N'est pas merveille s'il l'otroient,
Sanz tenir en trop lonc concile.
G. Guiarl. MS. fol. 258, R*.
On a dit proverbialement : Concilie d'apostoille
parmi les Prov. à la suite des Poës. mss. av. 1300,
T. IV, p. 1051.
VARIANTES :
CONCILE. Ortli. subsistante.
Coxcii.LE. .lourn. de Paris, sous Charles VI et VII, p. 152.
CoNsiLE. Eust. Desch. Poës. MS'^. fol. 405, col. 3.
Consille. Id. Ibid. fol. 410, col. 1.
CONCIRE. Rom. de Rou, MS. p. 123 (2).
Conciliateur, siibsf. masc. On a donné ce sur-
nom à Pierre de Abano, ou Pierre d'Apone, l'un
des plus célèbres philosophes et médecins du xni'
siècle, et à Nicolas-Florentin, médecin. {Nef des
Dames, fol. 48. — Voyez sur Pierre d'Apone, le
Dict. de Baile.) Le nom de conciUatenr lui fut attri-
bué, à cause de son grand ouvrage intitulé conci-
liator. Quant à Nicolas-Florentin, nous ne trouvons,
nulle part ailleurs, que dans l'endroit cité, qu'il ait
porté un nom semblable. (Falconnei.)
Concion, siibst. fém. Assemblée *. Discours,
harangue^.
* C'est le mot latin coneio, pris dans l'une et l'au-
tre signification. Le premier sens est le sens propre.
Appeîler en concion, signifie convoquer, assembler
en ce passage : « Fut conclu, entre tous les chefs,
« que le marquis de Pisquaire appelleroit en con-
« cion les Espagnols, desquels il esloit général,
« pour trouver moyen de leur persuader do mar-
« cher au combat. » (Mém. Du Bellay, liv. II.)
^ L'usage de haranguer les assemblées a fait
employer le mot concion, pour sermon, harangue.
(Voyez Borel, Cotgrave. Rob. Estienne, Oudin et
Monet.) « Thucydide scail bien écrire des co»ciO)is,
« et puis c'est tout. » (Apol. pour Hérodote, préf.
p. Hl.)Pasquier auroit voulu que « les sermons
» s'appellassenl le presche, car ce mot luy revenoit
« mieux que celuy de sermon, ou de concion. »
(Garasse, Rech. des Rech. p. T2-2. — Voy. Rabelais,
T. 1, p. 171.)
Concional, adjectif- Du mot concion, pris pour
assemblée. De là, on a dit genre concional, pour
genre délibératif. « Il est dIct concional, pour ce
« que plusieurs gens sont assemblés à conseiller. »
(Fabri, Art. de Rhétor. liv. I, fol. 10.)
(1) Et même pour tribunal ; « Larruns, murdreiseiirs en la rei prisun mis ; Qu'areté mult suvent erent par le païs , As
cunciles mené là vt lur ert asis. » (Thomas de Cantorbéry, 26.) (N. E.)
(2) « Par le conseil Tyébaut a fait li rois escrire, Les letres et les Chartres fist seeller en cire, Les barons fist venir de
trestoul son empire ; A Meleun en France tint li rois son concire. » (N. E.)
co
156 -
CO
Concision, subst. féni. Coupure. Ce mot est
employé comme synonyme de syncope, mot forme
de avy, cum, avec, et de ximui^, secare, couper (1).
(Voyez Itolet, des Accens Fr. p. 289.)
Concistoire [Iniercalez Concistoire, assemblée
d'éclievins: «■ Que lesdis prevoz, jurez, eswardeurs
" et esclievins, ou les trois conctstoires serunl
« d'accori, puissent faire toutes maniei'es de or-
» dounaiices. « (Ord. V, 878, an. 1370.) Dans
Froissai!, l'orthographe esl cnncitoire (VIII, 55;
XIII, 301») ou consitoive (Vil, 87).] (n. e.)
Conc-ila'in, subst. masc. Concitoyen. « L'homme
« a moull communications entre les choses hu-
« maines autres que entre ses parens, ou entre ses
•< concilaiits (2), et sur chascune de ces communi-
" cations se fonde certaine amitié, laquelle semble
« eslre la vertu de pitié. » (Hist. de la Toison d'or,
Vol. II, fol. 30)
Concitateur, subst. masc. Qui excite, factieux.
(Dict. de Gotgrave et Oudin.)
Concitation, subst. [ém. Mouvement, agita-
tion, émeute. (Cotgr. et Oudin, Dict.)
Conciter.wj'béî. Exciter, provoquer, émouvoir.
(Rob. Esl. Gotgrave et Oudin, Dict.)
ConclamiUition,sî(^si./'Jm. Clameur, rumeur.
On a dit : « Cranl turbacion, tumulte, conclaniita-
» tion et alteication des baillis. » (Ord. T. V, p. 11)
L'éditeur explique ce mot par plaintes réciproques.
Conclave, subst. inasc. Chamhi-e intérieure,
salle *. Assemblée ^. Diette ^.
* Ce mot, au premier sens , signifioit chambre
intérieure, salle, suivant l'acception propre du mot
latin dont il descend. >■ En celle tour estoient neuf
>' conclaves; au premiei' se tenoit avidité, etc. »
(Carlbeny, Voyage du Chevalier errant, fol. 48.)
Ce mot subsiste encore pour désigner la salle oîi
les cardinaux s'assemblent au Vatican, pour l'élec-
tion des papes , et c'est de là que nous disons
conclave pour l'assemblée même des cardinaux.
^ Mais cette signification éloit autrefois plus
étendue, conclave (3) se [irenoit pour assemblée en
général. « Ledisnerfaict, se retirèrent les chevaliers
« dans la chambre de leur conclave, et là n'entra
" nul , s'il n'esloit chevalier portant l'ordre et
" les quatre officiers dessus nommés. » {Mém.
d'Olivier de la Marche, Liv. I, p. 263.)
'^ Cette acception, en la restreignant, s'appli(|uoit
à l'assemblée des étals ou cercles de l'Empire, dans
le sens où nous disons diette de l'Empire. « Les
« Electeurs estans en conclave, furent de diverses
« opinions » (Mém de Rob. de la Marche, seigneur
de Fleur. Ms. p. 308.)
On a dit paroles de conclave, pour fatisses
promesses. Le conclave qui suivit la mort d'Urbain
VII, en 1590, donna lieu à ce proverbe. (Voyez
Hist. dcThou, trad. Liv. 100, T. II, p. -281.)
Conclave. [Intercalez Conclave, enclavé: " Li
« roys d'Escoche faisoit hommage au roy d'Engle-
« teri'e, car jà n'onl-il en leur pays nulle province,
" mes sont enexé et conclave en le province de
-< Evruich. ■■ (Froissart, II, 256.)] (n. e )
Condense, subst. fém. Conclusion. De là, on
diso'ûpour à concleuse, au lieu de pour conclusion.
Princes, je tien que la mort recitée
De ces seigneurs fu vie mal usée,...
Et que non sens (démence) negligense causée
En destruit moult, et pour à concleuse,
Deffault d'avis est chose périlleuse.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 130, col. 1.
Conclos, subst. masc. Enceinte. On lit en ce
sens : » La esloienl leur pucelle, atout (avec) son
■I estendart, sur les conclos des fossez etc. » (.lourn.
de Paris, sous Charles VI et VII, p. 126.)
Coneluement, subst. masc. Résolution. L'ac-
tion de se déterminer. Après un conseil tenu pour
la guerre, « lors prinrent coneluement de chevau-
'< cher devant saint Severe. » (Hist. de Loys III, duc
de Bourbon, p. 36.) (i)
Conclnre , verbe. Résoudre , déterminer *.
Comprendre °.
*Oaoiaoil,aupremiersens: « SeconclurentouMre
« de faire la guerre. ■> (.1. Le Fevre de S. Remy, Hist.
de Charles VÎ, p. 14.) (5) C'est-à-dire se résolurent, se
déterminèrent à faire la guerre.
^ Conclure, pour comprendre, renfermer, selon
la significalion du mot latin concludere , dont il
dérive, setrouvedanslesTenur. de Littl. fol. 149 V°.
" Ceo ne concludera la feme, cela ne comprendia
« la femme. »
Conjugaison :
Concludra, futur. Renfermera. (Tenur. de Littl.
fol. 149.)
Conclusoit, imparf. Concluoit. (Hist. delà Tois.
d'or. Vol. II, fol. 20.)
Conclus, partie. Enfermé *. .Soumis, asservi ^.
Convaincu '^. Résolu , déterminé °. Exclus ,
débouté ^.
* Le premier sens esl le sens propre du lalin
conclusus, enfermé.
Or est vaincus, or est conclus
Nostre relegieus reclus.
Falil. MSS. du R. n" T218, fol. 295, V col. 1.
^ De là ce mot s'est pris, au figuré, pour asservi,
soumis, selon le Gloss. de Marot.
^ En étendant cette acception, il signifioit con-
(1) Nous remontons par cmcisus à concidere (cum, cœderé). (N. E.)
(2) « Jaqueme de Langle, né concitains de cette vills [de Cambrai] », au reg. ,TJ. 138, p. 100, au. 1389. (S. E.)
(3) Ce sens est dans froissart ; « Si furent cil seigneur, les trois jours durant, le grignour partie dou jour, en conclave
ensemble. « (Ed. Kervyn, V, 196.) (n. e.)
(4) Ed. Chazaud, p. 32. (n. e.)
(5) Consulter de préférence à l'édition de le Laboureur, celle de M. Morand, p. p. la Soc. de l'IIist. de France (1876). (N. E.)
co
— 157 —
CO
vaincu, soumis, asservi par la force des preuves ou
du raisonnement.
Si n'est pas tens de tencier (disputer) plus :
Brebis, je ne suis pas conclus (t);
Mes tu, qui ne ses (sçais) que respondre.
FaW. MSS.du R. n- 7218, fol. ill'.O, R" col. 2.
On disoil , en ce sens , faire conclus , pour
convaincre :
Au miex que pot de s'excuse ;
Mes la dame la fist conchise,
Par les resons, etc.
Fabl- MSS. du R. n- 7218, fol. 330. V' col. 2.
° De là, conclus a signifié résolu, déterminé. C'est
le rapport de l'effet à fa cause. « Quand riiommeest
« disposé, et conclud, à vouloir acquérir amy, etc. »
(Hisl. de la Tois. d'or, vol. II, fol. 21.) » Ceux de
« Liège estoienl prêts, et conclus de tenir, etc. »
(Moustrelet, vol. 111, fol. 128.) On lit, à la marge,
conclus pour résolus.
^ Enfin, ce mot, dans un sens presque entièrement
opposé à celui d'enfermé, s'est dit pour exclus,
débouté :
Que par vous soit soustenus
Ses urois ; qu'il n'en soit conclus.
Poes. MSS. du Vat. n' 1490. fol. 164, U".
VARI.iXTES :
CONCLUS. Ortli. subsistante.
Conclud. Hisl de la Tois. d'or. Vol. II, fol. 21 V».
CONCLUTE, f'jin. Percef. Vol. IV, fol. 46, R" col. 2.
CONCLUTTE, fém. Mém. du Bellay, Liv. VHI, fol. 270 R''(2).
Concluseiir, subst. masc. Qui conclut. « Sont
" lesavocatst'(;Ht;/«sf'Hrsdedommages, etinteresls. »
(Bout. Som. Hur. p. 7C8.)
Conclusion, s»tet fém. Coërcion, contrainte*.
Recoui'S, ressource ^. Résolution '^.
* On trouve la première signification dans le
traité d'Arras, en 1435, cité par Monstrelet, où on
lit : « Et pour les choses susdittes accomplir, nous
'■ submettonsàlacoertion, co«c'/i<s/OHetcontrnincte
« de nostre dit S. Père le Pape, etc. » (Monstrelet,
Vol. II, fol. 118.]
^ Quant au second sens que nous assignons au
mot conclusion, Jaqueline, duchesse de Bavièie,
écrivant au duc de Cloceslre, à qui elle demande du
secours , s'exprime ainsi : " Hélas , mon très
■> redoublé seigneur père, toulema vraye espérance,
" et toute ma conclusion est en vostre domination,
« veu, mon très redoublé seigneur, est ma seulle
« et souveraine liesse, que tout ce quejeseuffre est
« pour l'amour de vous. » (Monstrelet, Vol. II,
fol. 24.)
*= On disoit prendre conclusion, pour prendre
résolution, former le dessein. » Après y avoir
« séjourné quelques jours ', prendre conclusion
« d'aller voir Dolle. » (Des Ace. Escr. Dijon, p. 32.)
Conclusivemeut, adv. Finalement. En con-
cluant. « Sans plus longue argumentation, je vous
« puis bien conclus/ cernent dire, etc. » (Mém. Du
Bellay, Liv. IX, fol. 283.)
Concoloré, adj. De môme couleur. Pareil en
couleur. <■ Je levay la couronne hault, et puis dou-
« cément la posay sur le chef orcome [h la chevelure
« d'or) de la belle Priscaraxe, de laquelle les cheveux
» estoient à for de la coronne concoloré::,, etc. »
(Alector, fol. 64.)
Concord, subst. inasc. Droit de fief. Ce droit
étoit équivalent au droit de ra bat. Le chapitre 90
de la coutume de Berry est intitulé : « De frères
« commungs qui acquièrent héritniges tenus en fief,
» ou en cens, et payent le rachapt, ou concord. «
(La Thaum. Coût, de Berry, p. 296.)
Concord. adj. Qui est d'accord. Uni, allié. On
lit en sens : « Le roy d'Engleterre, et le cuens de
« Flandres estoient concordes ensemble , et assem-
« bloienl gens, por guerroier le roi de France. »
(Contin. de G. de Tyr', Martène, T. V, col. 678.)
VARIANTES :
CONCORD. Rabelais, T. III, Prolog, p. 1.
CoN'coHDE. Contin. de G. de Tyr, Martene, T. Y, col. 678.
Concordablement , adv. Unanimement ,
conjointement. •■ Doyen de Beauvais eslu canoni-
« quement, et concordablement. » (Godefr. Obser.
sur Charles VIII, p 620. — Voyez Coût. Gén. T. 1,
p. 16.) <• Avons estécmpesché de concourdamment
« vaquer, et entendre aux faiz et besoingnes. »
(Preuv. sur le meurtre du duc de Bourg, p. 255.)
VAIUANTES :
CONCORD .VELEMENT. Cliron. S. Denis, T. III, fol. 42.
Concourdamment. Preuves sur le meurtre du duc de
Bourgogne, p. 255.
Concordance, suhsl. fém Paix accord*.
Correspondance, conférence ^.
* Ce mol est pris au premier sens (3), dans ces
vers :
Barons, chevaliers, damoyselles,
Menestriers, tabourins, trompettes
De boyre si faisoient merveilles.
Pour les concordances lors faites.
Vig. de Charles VU, T. 1, p. 9.
^ Ce mot signifie correspondance , conférence ,
conciliation, lors'iu'ils'agil de textes. Ainsi l'on dit :
Concordances des écritures, des ordonnances, des
coutumes, etc., pour le rapport, la correspon-
dance, la conciliation des divers textes, des diverses
lois, etc. « Furent faits ces eslablissemens (4), par
<■ grand conseil de sages hommes, et de bons clers,
« "par les concordances des lois et des canons, et des
.. décretalles. .■ (Ord. T. 1, p. 107.)
Concordante, «r//. au fém. Convenable, propre.
(Voyez Gloss. de Marot.)
(1) On lit aussi dans Renart (III, v. 21127): « De sofflme et de question Ne me sot respondre un boton : Quant je l'oi fait
don tôt conclus, Ge m'en parti. » (n. e.)
(,2) Cette variante orthographique est aussi dans Froissart (XII, 320; XIV, 92.) (N. E.)
(3) Ce sens est dans Beaumanoir fXXXII, 17). Cn. e.)
(4) On sait que ces établissements de S' Louis ont été faits avec une coutume d'.^.njou et des ordonnances du prévôt de
Paris. (N. e.)
co
— 158 —
CO
Concordat, sttbst. masc. Traité, convention,
accord. Ce mot ne se dit plus qu"en matière bénëfi-
ciale; autrefois il s'employoit pour traité en général.
» Huit à dix mille Angiois, que le roy d'Angleterre
« lui avoit envoyé de secours , suivant leur
« concordat. » (Mém.Du Bellay, Liv. X, fol. 312.) (1)
Concordaules , adj. Concordant , qui est
d'accoi-d. (Voyez S. Bern. Serm. fr. mss. p. 305, dans
le latin, concors.}
Concorde, snbst fém. Ce mol subsiste ; mais
on ne dit plus faire concorde, pour s'accorder.
« Fut fait concorde (2) du roy de Chipre, et de ses
« barons. •• (Conlin. de G. deTyr,Mart. T. V,co].7'»7.)
Concordée, adj. au fém. Accordée. (Gloss. de
Marol.)
Concorder el Concorder (se), verbe.
S'accorder, convenir ensemble. 'S. Bern. Serm. fr.
Mss. p. 195, dans le latin convenlre.) (3) Accorder,
mettre d'accord *. Conférer ^.
' On a dit, au iiremier sens : « Alerent li maistre
« du Temple, et le marescbaUle l'Ospilal en Chipre,
« pour concorder le roy, et ses barons. » (Contin.
de G. de Tyr, Marlene, t. V, col. 746.)
° Le père Labbe explique concorder, dans le sens
de concordance, conférence des textes, dont nous
avons parlé ci-dessus ; faire la concordance, pour
conférer, en latin alludere. (Gloss. p. 488.) (4)
Concordieux , adj. Convenable. Propre à
concilier.
Querez moyen doulx, et mttcordieux.
Al. Charlier, Poi-s. p, 549.
Concouchier, verbe. Ebranler. Du latin con-
cutere. Ce mol est mis figurément en ce passage :
c< Le quarte vertu qui doit estre en baillies, si est
« qu'il soit soufïrans, escoulans, sans soi concou-
« chier, ne mouvoir de riens. » (Beaumanoir, p. 8.)
Concours [Intercalez Concours, au sens de
recours, moyen de fuir, dans Froissart (X, '2G2) :
« Quant .febans en oy la voix, il n'ot plus de
» concours que par une fausse voye que il
« s^.'avoit. »] (n. e.)
Concréance. [Intercalez Concréance , nais-
sance, parenté :
Qui de lui orent nation
Descendement ne cmicreance.
Chron. de? ducs de Korm., I, v 1153.] (N. E.)
Concréé, partie. Créé, formé.
Nus hom n'est concriez sans semence d'autre home.
Disp. du Juif et du Cljr. M.S. de S. G. M. 108 , V eol. 2.
VARIANTES :
CONCRÉÉ. Fouilloux, Vénerie, fol. 123 R».
Concriez. Disp. du .luif et du Chrétien, fol. 108.
Concreidre. [Intercalez Concreidre , croire
dans la CaïUilône de S" Eulalie (v. ^i) :
Aczo nos voldret concreidre U rex pagiens.
La Chr. des ducs de Norm. (v. 1353) donne
concreit :
Sa traïsunt e sa merveille,
Lor dit e concreit e conseille.] (N. E.)
Concremer, verbe. Craindre. On a dit de
Clodion, nis de Pharamond, auquel il succéda :
Cil n'avoit pas des elz (yeux) plantés (beaucoup)
Ne gaires nul autre bonté ;
Force cremoit, et doutoit,
Et en ses chambres se muçoit
Ses granz richomes (grands seigneurs) concremoit.
Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 123, V col. 1.
Conci*eu(le), su(/.si. masc. Terme de coutume.
Dans celte expression, le creu, el le concreu, il
désigne les fruits croissans sur un fonds de terre.
Concubin, suhst. ninsc Concubinaire. (Colgr.
Oudin, Dicl.) « Donation faite de concubin à concu-
« bine, et de concubine à concubin, ne vaut. »
(Coul. d'Anjou, au Coul. Gén. T. H, p. 91.) Cette
disposition se Irouve répétée dans la Coût, du Maine.
(Ibid. p. 1-^8.) (5)
Corneille emploie ce mot d'une manière assez
plaisanle. r/est un marquis précieux qui parle :
Vous oavez que nature est un peu larronesse,
Qul partout elle pille, et qu'on voit, de nos ans.
Plus d'amours concubins, qu'il n'en est d'épousans.
La Comtesse d'Ori;ueil, de Th. Corn. acl. 4, se. 6 (6;.
Concubiualement , adv. Illicitement. Un
marquis dit à une jeune fille :
Vous en voudroit il point concuhinalement 9
La Comtesse d'Orgueil, Coni. de Th. Corn. act. i. se. 6.
Concueillir, verbe. Recueillir, rassembler,
ramasser. (Borel, Corneille, Dict. — Voyez Gloss.
sur les Coutde Beauvoisis.) Le père Labbe, Gloss.
p. 49(j, traduit colligere. « Se concueillirent (7), et
" assemblèrent en la ville de la Rochelle, environ
« deux cens lances, de compaignons bien estoffés. »
(Froissart, Liv. II, p. 44.) (8)
(1) On lit aussi dans Brantôme (Pescayre) : « N'oubliant le eojîcorrfaf qui jadis fut faict contre les empereurs, que nul
empereur ne seroit jamais roy des Deux Siciles. » (n. e.)
(2) On lit déjà daiis Benoît de S' More fil, 6317) : « E si cuncorde et pals li tiens, E que te faces crestiens, Qu'amor ferme
seit establie Entre vous dous sans tricherie. » (n. e.)
(3) On lit dans Leroux de Lincy (570) : « Or eswarde cum proprement se concordent altres paroles encor de l'apostle à
cez trois choses, n (n. e.)
(4) Dans Froissart, il signifie consentir à un mariage : « Et le concordoil assés li contes de Flandres (IV, 321) ; — les
mariages concordes et alliés XIV, 367.) » (N. E.)
(5) Voyez encore p. 177. On lit au reg. 195, p. 139, an. 1468: « Le suppliant respondit : ort. vil, villain, concubin , je ne te
crains. » (n. e.)
(6) On lit aux Mémoires de Scepeaux (VI, 5) : « C'estoit à cause des femmes que l'on detenoit concuhinairement par
force. » (n. e.)
(7) « Chevalliers et escuiers des basses marches se concueillirent et parlèrent ensemble. » (Ed. Kervyn, XI, 328.) (N. E.J
(8) Il signifie aussi : 1» cueillir :<( Disant qu'elle li avoit emblé ses plutnes et cnnrueilliaz. » (JJ. 105, p. 3, an. 1378.)
2» Rassembler au hasard : « Feble gent sunt, mauvais et concueillis. » (Garin, 1, 100.) (n. e.)
co
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CO
VARIANTKS :
CONCUEILLIR. Froissart, Liv. II, p. 44.
CONCUILLIR, CONQUEUILLIR, CONQUEILLER.
Conculcation, subst. fém. L'action de fouler.
(Oudiii, iSicot, IMct.)
Conculquer, verbe. Fouler. (Cotgrave, Nicot,
Dict.)
Concurateur, subst. masc. Terme, coutume.
Curateur associé au curateur principal. » Un tuteur,
•> ou curateur peut seul agir, ou deffendre, et ester
• en jugement au nom de son pupille, combien
» qu'il ayt coututeurs, ou concurateurs. » (Coût, de
Lille, Goul. Gén. T. 1, p. 767.)
Concurre, verbe. Concourir. On lit dans les
Lett. dePasquier, T. Il, p. 70: « Quant aux seigneurs
« d'O, et d'Iispernon, ils avoient concurre (1) en
« faveurs avec le feu seigneur de Joyeuse. »
VARI.4NTES :
CONCURRE. Corn. Disc, sur le Poëme epiq. T. I, p. 29.
CONCURER. Pasquier, Lettres, T. II, p. 70.
Concurrens, sulist. masc. Ce mot semble
employé comme terme d'astronomie dans ces vers :
Aucunes fois ont regarl digue,
En faisant leur conjunctions,
Selon les disposicions
Des signes, et les concurrens (2)
Qui par les cercles fièrent ans (s'enfoncent).
Et ont ailonc bonne influence.
Aucune fois la concurrence
Des signes, et les niocions, etc.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. i"0, col. 2.
Concusseur, subst. masc. Concussionnaire.
Concussionner, verbe. Vexer, exercer des
concussions. (Dict. de Monet.)
Coiicution , subst. fém. Ebranlement. Au
figuré, oppression.
Debvons douter, souffrir concntions
Des Tarez mauldits, et gens plains d'insolence.
Crétin, p. 14.
Condaniine , suhst. fém. Mot languedocien,
pour signilier une grande pièce de terre qui a quel-
ques droits seigneuriaux. (Du Cange , au mot
Condamina.) (o)
VARIAISTES :
CONDAMINE. Dict. Etym. de Ménage.
CONDOMINE.
Condamnats, subst. masc. plur. Nom de
religieux. Ces religieux sont soumis à l'abbesse de
S. Sulpice. (Voyez "GIoss. de l'Hist. de Bret )
Condampuer, verbe. Condamner (4). (Voyez
Joinville, page 13, et les autorités rapportées aux
variantes.)
VARIANTES :
CONDAMPNER. Faifeu, p. "100.
CoNDEMPNER. Ord. T. I, p. 57 et 687.
CoNDEMNER. Colgr. Clém. Marot, p. 366.
Condat, siibst. masc. Ce mot anciennement
signifioit confluent. De là, plusieurs lieux ont
emprunté ce nom. (Colgrave, Corneille, Dict., et
Du Cange, au mot Condate.)
VARIANTES :
CONDAT, CONDAC, CONDE (.5).
Condelit, subst. masc. Volupté.
Ne vi-ge mais si riche lit.
Plus as assez de condelit
Conques n'ot l'autre, ce me semble.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 81, R- col. 1.
Condemenrance, subst. fém. Communauté
d'habitation. (Voyez Coût, de Xaintonge , Coût.
Gén. T. 11, p. tiôâ.j
Condemeurans, adj. plur. Qui demeurent
ensemble. (Coût, de Xaintonge, Coût. Gén. T. II,
p. 655.)
Condemnade, subst. fém. Sorte de jeu (6). Le
Ducbat, sur liabelais. T. 1, page -136, le délinil:
■■ ,Jeu de caries à trois personnes. Celle ù qui il
" n'apparlienl, ni de donner, ni de couper, nomme
'1 une carte, et celui-la gagne à qui celte carte
« arrive, et Ton donne des ca'rtes jusqu'à ce qu'elle
>. soit tirée. » (Voyez Dict. de Cotgrave ; J. Marot,
p. 41 ; Clém Marot, p. 138.)
VARIANTES :
CONDEMNADE. Rabelais, T. I, p. 130.
CoNDAMNADE. Des Acc. iligar. fol. GO V».
CONDAMPNADE.
Condempnatrice, adj. au fém. Qui condamne.
On distingue : » Senlence deflinitive, absolulrice,
« ou condempnatrice. >' (Procès de .Jacques Cuer,.
Ms. p. 17.)
Condenipnement, subst. masc. Condamna-
tion. On disoit fuh'e condeinpnement, pour con-
danner. (Ord. T. V, p. 130.)
Condensité, subst. fém. Condensation, (Cotgr.
Oudin. Dict.)
Condeputé, subst. masc. Collègue de dépu-
lation. (Mém. de Villeroy, T. VI, p. 362.)
Condere, subst. masc. Champ. On lit, dans
(1) Montaigne donne concurroient (III, 51), concurre (III, 57). (N. E.)
(2) On lit dans un comput du xiii'^ siècle (R. N. fr. 7929, fol. 4) : « Li autres nombres a nom concvrrens ,' parce qu'il cort
avoec les réguliers por njonstier par quel jor cascuns mois entre. » Il y a sept concurrents, autant que de lettres
dominicales, et il cuncourenl avec le cycle solaire ou en suivent le cours. (N. E)
(3) Voyez page 150, col. 2, et la note 1. (N. E.)
(4) Relevons dans Froissart Texpression coiidempner en son tort, pour le mettre dans son tort ; « II contournèrent dou
tout la roïne Issabiel et comleinpnere^it en son tort, et mirent le roy d'Engleterre et son conseil en son droit. » (II, 40.) On
disait aussi condamner un pont, comme nous disons condamner un navire, ordonner sa démolition ; « Mais encore ne vaut
il mies le pont comleinpncr de tous poins. » (Froissart, X, 110.) (N. E.)
(5) On trouve encore Condal (Saône-et-Loire), Condate (id), Condexj (.T. Quicherat , noms de lieux , page 42) ; Candi
(Maine-et-Loire) ; en Picai-die, aux xiu" et xiv« siècles, on disait Condel, qui est la transition entre Condal et Condé. (N. E.)
(6) On lit aux Contes de Cliolière (fol. 174) : « Ils passeront deux ou trois heures à jouer au llus , à la séquence, à la
condemnade, au trou madame, à la clef, à remue ménage et autres tels jeux qui ne sont pas défendus. » (N. E.)
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co
Gérard de Roiisillon : « Il resta tant d'hommes sur
« le i'cndej'c. après la bataille. " \oyez c())idn':iellas,
mot languedocien, d'où vient condcre. {Falconnei.)
Condescence , subst. fém. Décence, dignité.
» Sépulture honneste, selon la condescence de son
■• estât. .1 (Mém. de Comines , T. 111 , Preuves,
p. -235.)
Condescendre, verbe. Faire condescendre.
Nous n'employons plus ce mot que comme verbe
neutre. Autrefois on disoit : « Ne les pouvoient
« condescendre à paix. « (Froissart, Liv. I, p. 115.)
De là, se condescendre, pour consentir. <> Elle
« s'estoit condcscendue (1) à l'aimer. » (Arr. Amor.
p. 72.)
Condescention, subst. fém. Condescendance.
On lit, dans une bulle du pape Benoit à l'Uni-
versité, en 1406 : » A schisme, vous avez tondes-
.. cention pileuse donnée. » (Monstrelet, Vol. I,
fol. '28.) Nous trouvons coHdcsccH^fo, au même sens,
dans la '233' des Epitres d'Yves de Chartres.
Condetempteur , subst. masc. Terme de
coutume. Conjoint, associé dans la possession d'un
même héritage. (Coût. d'Etampes, Coût. Gén. T. I,
p. 240.)
Condictement , adv. Selon le convenu.
Condictemcnt, et acrordonent, suivant ce qu'on
avoil dit, ce dont on étoit convenu, du latin juxta
condictum. (Cliron. fr. >is. de Nangis, an 1302.)
Condigne, adj. Digne, décent, convenable. Ce
mot subsisie dans le langage Ihéologique. On dit
mérite condigne, satisfaction condigne ('2), etc.
L'usageen étoit autrefois plus étendu. (Cotgr., Nicot,
Monet, Oudin, Gloss. de Marot ; Crétin, p. 66.) On
trouve co/!d/«c, dans les Marg. de la Marg. fol. 399.
Condigne, que j'ai marqué au nombre des ortho-
graphes, est une faule pour condigne, dans .1.
Marot, p. 48.
VARIANTES :
CONDIGNE. Orth. subsùst.
CONDINE. Marg. de la Marg. fol. 399 V».
CouDiGNE. .T. Marot, p. 48.
Condignenient, adv. Dignement. (Cotgraveel
Oudin, Dict.)
Condille, Ce mot est interprété , dans le Gloss.
du P. Labbe, p. 496, par le mot latin consntilis. Le
mol condille est probablement corrompu , comme
un grand nombre de ceux qui sont dans ce Glos-
saire. Le mot latin fait conjecturer qu'on pourroit
lire coudible, mot forgé d'après le verbe coudre.
Condiment, subst. masc. Assaisonnement. Du
latin cnndimenlum. (Ess. de Montaigne, T. I, p. 91 .) (3)
Condir. [Intercalez Condir, au sens de presser
conire la poitrine: « Le suppliant veanl que ledit
« Clerel estoit souillé de sang le leva, le condy et
« lui mist un peu de tente dedens un treu ou plaie
« qu'il avoit en la teste. » (JJ, 161, p. 08, an. 1406.)
Le Froissartde M. Kervyn donne condirent (11,291),
que M. Luce lit coindirent: « Ains abaissierent les
« glaives et condirent les larges à leurs poilrinnes
« et ferirenl chevaus des espérons. "] (n. e.)
Condire ou Condier, verbe. Assaisonner.
Condienl, dans S. Bern. Sermon fr. mss. page 130,
répond au latin condient, et soient condies au latin
condiantur. (Id. Ibid.)
Condit, subst. masc. Confection. Terme de
pharmacie (4).
Ce souverain médecin qui convye,
Une substance ordonna mieuLx pluvye (garantie)
Que restaurant, ou cordial cnudit.
Crétin, p. 2.
Conditeur, subst. masc. Auteur, inventeur. On
a dit, en ce sens : « Le Roy est conditeur de la
« loy. » (Bout. Som. Rur. p. 194.)
Condition, s!/&s^ /"m. Naturel, caractère*.
Espèc(;^. .Nous ne marquerons que ces deux signi-
ficaticins itiusitées du mol conditionqm subsiste, et
qui a C'jiiservé quantité d'autres acceptions (5).
* Froissart l'a employé, au premier sens : « Il ne
« connoissoient pas encore bien la condition de
« leur Seigneur, car quelque semblant qu'il mons-
« trast forainement (extérieurement) il avoit le
« courage tout franoois au dedans. » (Froissart,
liv. I, p. 163, an 1346.) « Je vous dirai une grande
« partie de la condition des Espaignols ; vray est
o que, de première venue, à cheval, ils sont de
i> grant voulonté, de grant bobant (fierté) et de
« grand courage, et b.autain à leur avantage, et se
« comballent assez bien a cheval. » (Ibid. p. 60.) (6)
^ Comme les ditl'érens caractères, les inclinations,
en parlant des animaux, constituent leurs différen-
tes espèces, condition, qui signifioit caractère, s'est
pris pour espèce, dans ce passage : « On ne doit
« faire chascier nul chien, de (juelque condicion
(1> « [Jehan Malingres] voulut par devant le bailli de Rouen ou son lieutenant se condescendre et mettre à l'enqueste du
pays. » (JJ. 138, p. 189, an. 1390.) (n. e.)
(2) •< Ils seront prest et appareilliés et offeront à faire amende condigne. » (Cart. 23 de Corbie, an. 1360 , Du Canse , II,
519, col.3)(N. E.)
(3) On lit dans des Accords (Escraignes dijonnoises) : « Condimens au sel et au vinaigre dont on se sert l'hyver pour
salade à l'entrée et commencement des repas, comme de pourpier, petits concombres, violettes doubles, pommes verdes
ou abricots. » (N. E.)
(4) C'est une substance végétale pénétrée et recouverte de sucre cristallisé. (N. E.)
(5) Dans Froissart (II, 3), il signifie aussi manière : « Or voeil je remonstrer par quelle manière et condition les guerres
premièrement s'esraeurent. » (N. E.)
(6) On lit encore au t. II de l'éd. Kervyn, p. 17 : « Et trop fort se différent en Engleterre les natures et conditions des
nobles aux hommes mestis et vilains. » On lit aussi dans Christine de Pisan (Charles V, part. II, col. 12) : « [Le duc de
Berry] jolis estoit, amoureu.x et gi'acieux et de moult joyeuse condition en France. » Au reg. 204, p. 91, an. 1474 : « Jehan
Boubaiou sa partie adverse estoit homme de terrible condition. » (n. e.)
GO
ICI —
CO
« que il soit, qui n'aye passé un an. » (Chasse de
Gasl. Phéb. ms. p. 94.)
Nous remarquerons, outre cela, les expressions
suivantes ;
1° Bonnes coruUtious pour lionnes qualités. « Ne
« se souciant d"elle, jayoit qu'elle eût beaucoup de
« bonnes conditions en soy, pour estre estimée. »
(Nuicts de Slrapar. T. I. p. iiVl.) <. Por ses proues-
» ses, el bonnes conditions, la prinl en mariage. "
(Ibid. p. -2G3.)
2° Estate sur condition en fait, sur condition en
ley. C'est l'état des personnes (jui tiennent des ter-
res sous ces deux conditions. (Voyez chap. V des
Tenur. de Liltl. fol. 74.)
3° Action de condition incertaine. On dislingue
plusieurs sortesd'aclions personnelles, dontcelle-ci
fait partie. On l'appelle incertaine, parce que
■1 celui qui n accomplist la condition, il ne doit
« avoir le don par ceste action. >> (Bout. Som. Hur.
pagel.'JS.)
4° Action de condition indene. Autre division de
l'action per.'^onnelle. On la nomme indue, du lalin
indebitd. « (.es clercs l'apellenl conditionem inde-
« bitl : si comme quand aucun , sur aucune condi-
« tion, paye, par ignorance, plus qu'il ne doit,
« sçachez que, par ceste action, le doit ravoir, c'est
« à sçavoir le surplus que le trop payé a. » (Bout.
Som. Rur. p. 159.)
L'éditeur, dans ses notes, page 1C8, dit qu'il faut
lire : « Condiclion de l'indu, comme il est écrit
» (ajoute-t-il) en mon ancien practicien, pour ren-
« dre en françois ce qu'on dict eu droicl, condictio
« indebiti ; laquelle compele à celuy qui, par
« erreur, a payé ce qu'il ne devoit. » (Voyez Bout.
Som. P,ur. p. 377), où ou lit : « Condiction de chose
» non due », dans le même sens.
Tu' Gens de condition sedisoit autrefois dans un
sens bien contraire à celui que nous donnons
aujourd'hui à celte expression. Elle signitioit gens
de condition servile. » Gens de condition, peuvent
■' marier leurs filles franchement, père, et mère
" vivans, ou l'un d'eux, meubles portans h:u's la
« communauté, sans retour, en telle manière que
« la dite fille ainsi mariée , et conjoincle par
" mariage, avec un homme franc, elle demeare
« toujours fr.iuclie; el si elle est mariée à un
« Iwnime de condition, elle demeure serve au sei-
" gneur de son mary, perpétuellement, avec sa
» postérité, el ligne. » (Coût, de Nivernois, Coût.
Gén. T. 1, p. 880.)
G° Dans ce même sens, on disoit homme île corps,
et condition, pour domeslique. En 13GI, nos rois
accordèrent une sauvegarde aux frères de l'hôpital
de S' .lean de Jérusalem. Voici comme cette charte
s'exprime : « Les diz maistre, prieurs, et commuii-
« deurs. et frères, leurs driunez, familles, l)omme
« de corjis, et condition, avec leurs maisons, et tous
» leurs autres biens assis dedens noslre royaume,
« prenons, et recevons en la main, protection, et
« gaide espécial de nous, et de noz successeurs
.' roysdeFrance. » (Ord. T. 111, p. 55G(I) ) On trouve
Condilionnrii, au même sens, dans Yves de Char-
tres, Ep. 147, fol. til7. — Voy. Du Cange, aux mots
Conditio, Conditionales, Conditionus.)
VARIANTES :
CONDITION. Orlh. subsistante.
CoNDiciON. Chasse de Gast. Phéb. MS p. 94.
Condiction. Bout. Som. Rur. p. 377.
Conditionné, «rfy. Revêtu de qualités*. Réglée
* Nous employons encore ce mot. dans le premier
sens et avec celte orthographe; mais nous l'appli-
quons parliculièremenl aux choses corporelles.
Autrefois on l'appliqnoil également aux qualités de
l'esnril, et on le preuoit, comme aujourd'hui, en
bonne et en mauvaise pni't. « Un des beaux, et bien
'• conditionnés che\n\icrs. > (Joinv. p;-; 0 67(2).) «Le
« lîls de la chambrière bien moriginé vaull mieux
>' que le fils d'ung grand roy, qui est mal condi-
» donné. " (Chron.' Fr. de Nangis, an 1302.) La
passion de la chasse poussée à un certain point
donne l'exclusion à pres(|ue toutes celles qui nais-
sent de l'oisiveté et de la mollesse; de là, ce com-
mun proverbe « que jamais fauconnier ne fut mal
•' conditionné. « (Fouilloux, Faucon, préf.) (-3)
^ On disoit aussi conditionné, pour réglé.
■■ Furent les armes conditionnées : c'est assavoir
« que le seigneur de Montagu debvoil estre dedens
« les mines armez. ■> (.T. Le Fèvre de S. Remv, Hist.
de Charles VL page 65.) » Ils n'avoienl bien tenu
" les conditions conditionnées sur les articles de
■• paix. >■ (Froissarl, liv. IV, p. tSl (4).) C'est-à-dire
réglées sur les articles de paix.
De là, on appeloit serf conditionné ou abonné
celui qui s'étoit abonné avec son seigneur iioiir la
taille. Dans les Ord. T. III, page 228. l'éditeur dit
note (i) que ■ les serfs payoient tous la taille : mais,
" ou le seigneur pouvoit la leur imposer à sa
« vuloulé ; el alors on les nommoit tauiablcs de
« haut et bas à vo'onté; ou il avoit fait avec eux
« une convention, par laquelle la taille éloit fixée
" à une certaine somme par an, et on les appelloil
>' i\\ov% serfs conditionne'^ (5î, ou abonnez. » (Voy.
Du Cange, au mol Conditionales.)
VA.RIANTES :
CONDITIONNÉ. Joinville, p. 67.
Go.NDiciONNÉ. Chron. Fr. de Nangis, an 1302.
(1) On lit encore au t. VI, p. 64, an. 13.52 ; « Ne se accroistront nulles personnes de condicion en ladicte pooste , excepté
les hommes et femmes serfs desdiz seigneurs et dames. » (n. e.)
(2) .loinyille n'a pu employer ce mot, qui n'apparaît qu'a
. , , . , , , l'au XIV siècle, (n. e.)
(3) On lit encore au reg. .1.1. 147, p. 5, an. 1394 : « Comme le suppliant eust pris par mariage Thomine la Quesnelle, ycelle
cuidaut estre femme bien cond'Utonnée et paisible. » (.n. e.)
^4) Voyez éd. Kervyn (XV, 114). Le sens est parfois un peu différent (III, 316> : « Ensi furent les trieuwes causées et
coiidilionnées. i> (N. E.)
(5) Voyez Coutume d'Auvergne, ch. XXVII, art. 3. Ou lit aussi aux Ordon., I, 413, an. 130i : « De tous ceux qui sont en
autre deinaine et justice, qui ne sont condilionez ou abonnez, levez ladite aide. » (n. e.)
IV. 21
co
IG2 -
CO
Conditionner, verbe. Imposer des conditions.
En cliiuger un fief, un bien, ou tout autre effet.
(Voy. Coût. Gén. T. I, p. 80G.)
Condol, sulist. masc. Amas de terre *. Relevé
d'un fossé ^. Terre relevée entre deux sillons ^.
* Condol, au premier sens, signifioil en général,
amas de terre, élévation, suivant le Dictionnaire de
Cotgrave.
^ Dans un sens plus particulier, Monet explique
le mot conilot (1; par « chevalier, amas de terre tirée
« de In fosse dune plante, etc., et relevée sur les
« bords de la fosse. ■•
"^ On trouve condol ou condot rendu en latin par
le mol porcd, iiui signifie terre relevée entre deux
sillons, dans Du Gange, au motCoH(//s.
VARIANTES :
CONDOL. Cotgrave, Dict.
Condot. Monet, Dict.
Condoloir, verbe. Partager la douleur d'autrui.
Le Gloss. du P. Labbe, p. ROT, traduit illacnjmari.
On disoit aussi se condouloir, pour s'aftliger, se
plaindre.
VARIANTES :
CONDOLOIR. Gloss. du P. Labbe, p. 507.
Condouloir. Oudin, Nicot, Dict.
Condonné, adjectif. Les frères condonnez de
l'Hôtel-Dieu de Chàteaudun sont des religieux pos-
sédant bénéfices. (Voy. Le Pouillé du diocèse de
Chartres, in-8°,Paris, 1739, p. 17.)
Condonner , verbe. Pardonner , excuser *.
Sacrilier, faire céder °.
* On lit, au premier sens, en parlant des défauts
d'Alexandre : « Quant à ce qu'il estoit un peu trop
« impatient d'ouir médire de soy, et quant à ces
« mangeoires, armes, et mors, qu'il fit semer aux
« Indes, toutes ces choses me semblent pouvoir
« estre condonées h son âge, et à l'eslrange pro-
« priété de sa fortune. » (Essais de Montaigne,
T. II, p. 7GG.) « Il faut condoner quelque chose au
« monde, et tant que faire se peut, au dehors, se
« conformer à ce qui se praclique. » (Sagesse de
Charr. p. Ml.]Condoner, en ce dernier passage, si-
gnifie proprement accorder une chose, la passer
par condescendance.
° Condonner, dans cet autre passage, est mis pour
sacrilier, faire céder. « Pour à ce remédier, et
« obvier, il n'estoit possible de choisir autre meil-
« leur chemin que condonner chacun au bien
>< public ses querelles, et inimitiés particulières. »
(Mém. Du Bellay, liv. VU, fol. 223.) Cette acception
dérive de la première, puisque pardonner c'est
S'icrifier son ressentiment aux prières ou à quelque
autre considération.
VARIANTES :
CO.VDOXNER. Oudin, Dict.
Condoner. Clianon, Sagesse, p. 34.
Condoré, subst. masc. Espèce d'oiseau des
Indes, selon le Dict. fr.-esp. d'Oudin; probablement
le condor (2).
Condosnier, verbe. Détruii'C, exterminer. Il
semble ((ue ce soit le sens de ce mot, dans ces vers :
De son fort poig tôt roiido.tma
Li vrais martirs, li fax devin.
Hi>t. de S" Léoc. MS. de S. Germ. fol. 3-2, R* col. 2.
Condrezelias, subst. masc Mots languedo-
ciens. Condriclias (3) signifie terres, champ en géné-
ral ; condrex-ellus, terres cultivées, par opposition à
eremas, terres désertes ou eu friche. Condirigerc,
condergere, conderz-ere, entretenir en bon état.
Voyez une citation au Gloss. de Du Cange, au mot
Condirectum, sous Condirigere (4). (Falconnel.)
VARIANTES :
CONDREZELLAS, Condrighas.
Condron, subst. masc. Pain ou pâte d'orge.
(Dict. d'Oudin.)
Condnchers, subst. masc. plur. Prebendiers.
jChanoines du second ordre (5). (Du Cange, aux mots
Conduchcru et Duclieril.)
Couduct. [Intercalez Conduct, maison louée:
« Item chacun couduct deizdiles dousvilles doit
" aussi payer à ladite esglise de Belleval et payerait
« chacun an une journée à la crowée de la seille
« az waien. >■ (Du Cange, II, 525, an. 1106.) Dans
une charte de 133G. on a eonduict.] (n. e.)
Condiicteresse, subst. fém. Conductrice. On
a dit, en parlant de la pucelle d'Orléans qui défen-
dit si courageusement cette ville: » Et nonobstant
« qu'à ces trois assauts, la dessus dite pucelle , la
« commune renommée dit eu avoir esté la con-
ductercsse à trois assaulx. (Monstrelet, Vol. II.)
VARIANTES :
CONDUCTERESSE. Monstrelet, Vol. Il, foL 44, R».
CoNDUCTiicRE. Tri. des IX Preux, p. 497, col. 1.
Conducteur, subst. masc. Qui conduit, qui
commande*. Locataire, fermier^.
*0n a dit, dans le premier sens (G): « Le comte de
« Bouquingan estoit conducteur, et principal capi-
« taine de celle gent. » (Hist. de Loys III, duc de
Bourbon, p. 153.) C'est le sens du mot latin ductor.
^ Conducteur, pour locataire, fermier, rend le
mot latin conductor. (Voyez Gloss. de l'Histoire de
Paris, et le Coût. Gén. T. I, p. 9,402.) « Les conduc-
(1) On lit au reg. IJ. 170, p. 29, an. 1417 ; « Lequel vigneron estoit sur un condol d'une ourdiere de chaiTette sur le
chemin. » (n. e.)
(2") Les Incas disent cuntur. (n. E.)
(3) An. 1246 (n. e.)
(4) « Terras hf renias et condrezelias, et albres domestgues », an. 1244. (N. E.)
(5) C'est au.?si un clerc ou prêtre nourri et pensionné dans quelques prieurés dépendant de S' Victor de Marseille. On les
nommait encore panel lers. (n. e.)
(6) Commines écrit aussi (VU, prol.) : « Ainsi faut conclure que ce voyage fut conduit de Dieu...; car le sens des
conUuclews... n'y servit de gueres. » (n. e.)
co
163 —
CO
« teurs d'aucun héritage ne peuvent intervertir la
« possession du propriétaire. « (Coût, de Melun,
Coût. Gén. T. I, p. 109.)
Conductiei*. [Intercalez Conductier, sorte
d"ofnce militaire dans une ordonnance de Charles
le Téméraire (1 i"3) : « Les condiictiers après leur
« institution et qu'ils seront arrivez en leurs
« conipaignies, les départiront en quatre escadres
« égales," et sur les trois d'icelles commettront
« trois chiefz d'escadre, lesquels ils pourront
« esliro,... icellui seigneur leur baillera le qua-
« trieme. »] (n. e.)
Condiieuvre, siibst. féni. Le dedans d'une
tarte. Comme confiture, ou autre chose.
Grasse, où point n'a d'ueuvre,
Vaut mains (moins) que tarte sans condneure.
PoSs. MSS. avant 1300, T. IV. p. 1322.
Seigneur, Sotingheliens est uns moult bons castiaus,
La croist li frés fromages, avec les ean wastiaus,
Et li quartier de tarte qui plain sont de condueure.
Ibi.i. p. 1350.
Condiiils, subst. masc. plur. Conducteurs,
guides. « Icelles g:irdes prendront le serment des
« coniluils d'icelles besles, et charrettes. » (Ordonn.
T. V, p. .'lOr», an. 1371.) On lit, à la marge, conducteurs.
On lit conduis, au même sens, dans l'Ane. Coût.
d'Orléans : « La charretée dehors le diocèse menant
" vin, doit 8 deniers, dont !i rois a 6 deniers, et
« oboi, et l'evesque obol. et li conduis un denier. »
(Beaumanoir, p. 471.)
Droit à Conlogne chevauça
La damoiselle, et ses conduis.
Pli. Mouskes, MS. p 77fl.
vVoy. ci-après Conduit et Con'duictk.)
VARIANTES :
CONDUILS. Ord. T. V, p. 405.
Conduis. Coût. d'Orléans à la suite de Bauraan. p. 471.
Conduire, verbe. Poursuivre en justice *. Nan-
tir ^ Induire *^.
* On lit au premier sens : « Ne faisoient à rece-
« voir pour conduire le cas de nouvellelé. » (Ord.
T. V, p. 5t>0.)
^ Ce mot signifie nantir, se mettre en possession,
dans ce passage : « Pourra le rentier, si bon luy
« semble, se faire conduire sur les dits immeubles,
« en vertu du dit exploit, comme il est cy devant
« ordonné. >■ (Coût. Gén. T. l, p. 1102.) C'est-à-dire
se faire nantir, se faire mettre en possession des
dits immeubles. Nous verrons, ci-après, conduit,
pour saisie.
^ On disoit aussi conduire, pour induire. Un
ancien poète, parlant des femmes laides qui tâchent
d'obtenir la préférence sur les belles, dit :
Les noires, pour soy déduire,
Si comme elles veulent conduire,
■Valent plus que blanches ne font.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 518, col. 1.
Conjugaison.
Conduirent, prêter. Conduisirent. (Berger, de
Rem. Bell. T. I, p. 1.)
Conduisf, pour conduisit, gouverna. (S. Bern.
Ser. fr. mss. p. 337, dans le latin rexit.)
Conduit, prêter. Conduisit. (Vig. de Ch. Vil, T. H,
p. H.-).l
Condure, indic. prés. Conduit, mène. (Fabl. mss.
du R. n° 7989, fol. 61.)
Condmje, subi. prés. Conduise. (Rabelais, T. V,
p. '223.)
Condwjrenl , prêter. Conduisirent. (P. J. de
Sainti'é, p. 359.)
Condiiz, pour gardé, partie. Maintenu en sauve-
garde, (.lurainv. Hist. du comté d'Aussonne, p. '26.)
Conduisable, adj. Praticable, faisable *. Utile,
avantageux ^.
* Au premier sens, ce mot exprime la possibilité
de faire une chose. Au siège de Neutz, en l'il'i, où
commandoil le duc de Bonrgogne, - le duc fut
1 malcontent contre les Lombards, et entreprinl de
« leur faire regaigner ce qu'ilz avoyent perdu ;
« mais il n'estoit pas conduisable. » (Mém. d'OI. de
la Marche, Liv. II, p. 512.)
^ Conduisible, au second sens, indique l'utilité,
l'avantage qui doit résulter d'une action, d'une
entreprise. « Me semblant plus honnorablement, et
>' conduisible, de partir en silence, que nous offrir
« à aucune deffense. » (Le Peregr. d'Amour, fol. 48.)
« Commandoil toujours quelque chose couducUile,
« et utile à ceste un. » (Mém. Du Bellay, Liv. VII,
fol. 215.)
VARIANTES :
CONDUISABLE. Mém. de la Marche, Liv. II, p. 512.
CoNDUisim.E. Le Peregr. d'amours, fol. 48 R».
CoNDUc.iBLE. Mém. du Bellay, Liv. VII, fol. 215 V».
Coiidiiisement. [Intercalez Conduisement :
1° Conduit: « Icellui Guillaume se prist à foir ledit
« pré pour y faire une raize ou besal pour conduire
« l'eaue au pré dudit Guillaume... En faisant
- laquelle raise ou conduisement. » (.1.1. 19i, p. 186,
an. 1 'iC6.) 2» Direction: « Avint d'aventure que
" ledit Girarl par le conduisement de sa main, fu
" féru dessoubz son œil du tilleul dudit Jehan. »
(.T,r. 107, p. 50, an. 1375.)] (n. e.)
Coiiduiseur, sut)st. masc. Qui conduit, qui
commande. CoHrf«/ser est peut être une fautedansce
passage: « Nulle chose n'avient si m^\ conduiser {\)
'< de gens d'armes, que haste, et fol hardement. »
(Le Jouv. MS. p. 557.) On lit plus haut conduiseur (2).
(Ibid. Voyez ci-dessus Conducteur.) (3)
VARIANTES :
CONDUISKUR. Oudin, Monet, Cotgrave, Dict. etc.
CoNDUiSEEQR. G. Guiart, MS. fol. ;»2 R».
CoNDUYSEUR. Percef. Vol. I, loi. 135, R» col. 1.
CoNDUisER. Le Jouv. MS. p. 557.
(1) C'est le cas sujet du mot ; Froissart donne co)iduisieres (IV, 63.) (n. e.)
(2) Voyez Froissart (II, 133, 482), au sens de coiuluctiers. (N. E.)
(3) C'est encore 1» le curateur d'un pupille : « Jehanne dame du Bois Arnaut et Rogiers du Bois Arnaut tuteurs, curateurs
meneurs et coiiduiseeur de Phihppot... » (Ch. des Comptes, an. 1308, Du Gange, II, 524, col. 2.) 2» Un charretier ■ « Les
condmseurs des dites bestes et charrov seront tenus de l'amender. » Ord., V, 406, an. 1371.) (n. e.)
co
— 164 —
CO
CONDUISIERES. S. Bem. S. f. p. 255, en lalin Duclor et iJitx.
CoNDUiTEUR. G. Guiart, MS. fol 278 R».
CoNDUisoR. S. Bern. Serm. Ir. MS. p. 258.
Conduit, siil'St. masc. Cominaiidement, coii-
duile *. SauvcL^arde , escorte ^. Droil sur les
marchandises '^. Saisie °. Sorte de poésie ^. Tci-ine
de iiiusi(|ue ''. Canal °. Guide, conducteur ".
* On employoil ce mol, dans le pieinier sens, en
pai'lanl, soit du couiniandeiuenl des truupes, soit
du guuvei'nemeiit d'une maison. OuadildeBerlrand
duliuesclin : « ÎSous aurons la bataille, aius le tiers
« jour passé, puisque nous sommes ou conduit de
« Bertran. » (Ilist. de Dertr. du Guesclia, par Mén.
p. 9G.) « Si s'arrouterent ses gens d'armes, sous le
« comiuit de deux maresctiau.\. ■■ (Froissart, Liv. 1,
p. Iîr>(l).) » Messire Boniface venu, se priurent à
« deviser le seigneur de Bueil, et les autres ayans
" conduit comment ils pourroient faire dommage
<> au logis de comte de Bouquignan. » (ilist. de
Loyslil, duc de Bourbon, p. 153.)
Ou distiil aussi : « Se une maison a plusieurs chefs
« d'hostels, cliascun chef a son conduit, ou a sou
« ménage, etc. » (La Tbauni. Coût, de Beri'y ,
p. 431.) Conduit est encore pris pour la puissance
paternelle et maternelle, dans Perard, Hist.de Bourg,
p. 28-2, Tit. de V^^.
^Conduit, pour sauvegarde, sauf-conduit. (Jurain.
Hist. du comlc d'Aussonne, p. 26, Tit. de 12-29.)
Escorte s'écrivoit aussi conduicl , etc. (Voyez Du
Gange, au mol Conduclus.) « Les marchands qu'il
« a voit pi-insou(au) coiiduitdu roy ■■ (Chron. S. Denis,
T. I, fol. 2ôi.) On lit, dans le latin de Suger ; Con-
duclu régis. ■■ Je vous conseille, ou cas que vous
« n'ayez bon conduit, que tantost vous départez
« d'ici. » (Ger.deNevers, 2'' P. p. 5.").)Cemot signilie
escorte dans le passage suivant. Le duc de Beth-
fort propose à Charles VU un rendez-vous conçu
en ces tei'mes : « Auiiuel jour et place, sy compa-
« roir voulez, vous en personne, avec le conduict
« de la dilTormëe femme, et tous les parjures,
« et autre puissance, telle que vous voudrez. »
(Monstr. vol. II, fol. 49.) (2)
Liai conduit se disoit pour loyal sauvegarde,
libre passage, et seiir conduit dans le même sens.
(Rymer, T.' I, p. 116, tit. de 1270.) On lit dans le
même titie, en latin, sccuro conducta.
'^ On nommoit conduit un droit payé sur les
marchandises, à raison du transport : « Se la
» charrelée a amené liaranc, ele ne doit point de
conduit. « (Ane. Coût. d'Orléans, à la suile de
Beaumanoir, p. 471. — Voyez Du Gange, au mol
Co)uluctus 2, et la Table des mesliers, ms. de Mai-
niùre, p. 50.) (3)
° On trouve conduit mis quelquefois pour saisie
judiciaire : '■ Au cas ^ue les dits compeisonniers
>■ (associez), et garants seront deloyaus ourefusans
'< juste occasion, se joindre avec celuy qui est
« poursuivi par raison de la dite renie, ou censé,
" est permis, à celuy qui sera exécuté, de se pour-
« voir, par conduits sur les abouts, ou héritages
« hypothéqués à la dite rente. "(Co;it. de Metz, Coût.
Géu. T. I, p. 1160 ) ■ Pour le regard de ceux qui
'< sont absens, et demeurans hors de cesle ville, et
'< pays, redevables des dites censés, ou rentes.
« assignez sur héritages, assis, et situez en ceste
■• dilte ville, et pays, Usera procédé contre eux,
« par priiclamatioii et huchemenl, ainsi qu'il est
« de coustume ; et en vertu desquels se feront les
» conduits, et Irelïondemens, ainsi que dessus a
" esté urdonné. " (Ibid. p. 1163.) On dit encore, en
^'ormandie : conduire une saisie sur un fonds, pour
le saisir judiciairement.
^ On appeloit conduit, que nous trouvons écrit
conduit; une sorte de composition en vers, qui se
mettoit en chant :
Amoit et servoit Noslre Dame,
Il ama, monit bien le prova ;
Mais sollil ilit, Ue li, trova,
Maint bel conduit ; mainte sequance.
Hisl. Je S" Léoc. MS. de S. G. fol. -20, v- col. 3.
Por lui, se font les clames ceintes (belles ou parées),
Por lui ohanu: ou son.s, i-t conduitz.
Fahl. JISS. de S. G. fol. fa, V col. 2.
Mainte bêle chancon,
i\Iain biau dit, maint conduit,
l'or son déduit, en mis en son.
Chaiis fr. du xiii" siècle, MS. de Bouli fol. -29 ,V' col. 2.
Dans l'inventaire des livres de Charles V, il y
avoit des livres qui avoient pour titre motez et
conduis. (Art. 178, id. Iiivent.) (4)
"" Ce mot semble employé comme terme de
musique, peut-être dans le sens où l'on dit passage,
en ces vers :
.... En vin a trop de déduis.
Vins fet les sons, et les conduis.
Fabl. MSS. du U. n' "SIS. fol. 177, IV col. 2.
° i\ons appelons encore conduit, les canaux et
tuyaux par où les eaux coulent ; en latin nicalus,
suivant le GIcss. du P. Labbe. Nous trouvons con-
duis, en ce sens, dans les Chans mss. du comte
Thib. p. 36 ; et répété dans les Poës. mss. av. 1300,
T. 1, p. 86 (5). Ce mot étoit autrefois consacré pour
(1) Comparez édition Korvyn, II, 56 ; XIII, 259 ; II, 83. (N. E.)
(2) « Messires Joffrois eut grasce et co)('Ji((7 d'aler deviers la contesse. «(Froissait, IV, 69.) Ce sens est aussi dans le
poème de Cuvelier. .\u xni» siècle, il est dans les récits d'un Ménestrel de Reims (éd. de WaiUy, Glossaire) ; dans
Beaumanoir (ch. LXVll): « Toutes les fois qu'aucuns n'ose venir à droit, de peur de ses anemis , le signor li doit bailler
conduit. Mais li conduit et li envoi qu'il fet en autrui cort, est aus coust de cix qui les requieront. » Voyez aussi Garin et
Renan (v. 17611.) (N. E.)
(3) On lit aux Ordonnances, t. VIII, p. 378, an. 1400 ; « Or voulons en cesle seconde partie traictier des chaucées , des
coulins, des travers, des co»duî7s, des rivages, des halages. » Le co/î'/iii; , dit un texte de 1333, est membre du grant
tonlieu. (N. E.)
(4) OnlitdansRenart(v. 20589): « Ainsirés par joliveté. Chantant en pardurableté Motez, conduis et ohançonnettes. » (n. e.)
(5) Dans Froissart^ c'est 1» un tuyau de fontaine : « Et donnoit ceste fontaine par ses conduits claret et pieument. »
(XIV, 8.) i» Une galerie souterraine : « De nuit nous nous mettrons en ce conduit par dedens terre, qui est bel et grant. »
(XI, 213.) (N. e.)
co
— 103
co
désigner, en parlant des moulins, des canaux de
trois piedset demi, distingués des grands ruisseaux,
qui étoient de quatorze pieds, el des ruisseaux
communs, qui en avoienl sept. « Un général, et
« grand ruisseau à moulin doit estrc large de
« quatorze pieds, à mesurci' du côté de l'eau, et à
« mesurer pour chacun cosié de sept pieds du
« bord ; les autres communs ruisseaux doivent estre
« larges, a mesurer comme cy-devaul, et les autres
« petits ruisseaux, que l'on nomme fo(K7«/7s d'eau,
« trois piedset demy. » (Coul. d'Alost, ^'ouv. Coût.
Gea T. I, p. lllU.j "
" Enfin, on a dit conduicl, pour guide, conduc-
teur(l). (Voyez conduis, au pluriel, en ce sens, sous
1 article Co.nduils.) Les Fran(;ois, inquiets de savoir
où ils trouveroient les Anglois, y furent conduits.
peu de tems après, par un cerf, qui partit devant
eux. C'est ii ce sujet que la Pucelle leur dit :
« Clievaiicliés hardiment, on auiw bon conduicl-. »
(Monst vol. II, fol. 4o, an ii-i9 ) (2)
vAr.i.\NTEs :
CONDUIT. G. Guiart, ilS. fol. 66 V".
CoNDurrTE. Perairt. Hisl. de Bourg, p. 430, TU. de i23t.
CONDCY^.
CoNDCiCT. Monstrfl. Vol. II, fol. 45 V».
Conduis, piur. Falil. MSS. du R. n» 7218, fol. 357, R" col. 2.
CoNDUiz./j/ur. l'oos. ilSS. av. 13UÙ, T. I, p. 86.
Conduile, subst. fém. Escorte *. Guide, con-
ducteur ^.
* Ce mol, sous la prcimièrooribograplie, conserve
plusieurs accepiions. On ne ledit plus poures:'!;"te.
" Le roy lit bailler bonne conduite, et le cai:p^!:i!,ie
•• chiiere, etc. se retirèrent a Veronue, les ;:■■(■ s le
a roy fit pareillement conduire. » (Mém. de Kn'i.de
la Mark. ms. p. 2'J4.)
^ On disoit aussi condnicte, pOur guide, conduc-
teur. « Messire Guy de Fromenlieres estoit leur
« conduiclc principale, pour ce tiu'il avoit plusveu
qu'eulx. >• (Le Jouvêuc. ms. p. &li.)
VARl.iNTES (3) :
CONDUITE. Orth. svibsist.
CoNDUiCTE. Mém. de Rob. de la Marck, MS. p. 371.
Conduniua, RubsL fém. On disoii, dans le
patois de Riom, en .\u vergue, condamna aprovada,
pour coutume approuvée, selon le Gloss. sur les
Coût, de Bcauvoisis.
Coiidutier, .sh/;.s/. masc. On nommoil ainsi les
capitaines des compagnies des .gendarmes, selon le
P. Dainel. (Milice fr.'^T. I, p. .'r/'S.) Voyez Etat des
offic. des ducs de Bourgogne, où l'on trouve une
ordonnance de !î7i (i), très inslriictive pour le
service des hommes d'armes.
VARIANTES :
CONDUriER, CONDUCTXER.
Condiiy, sabsl. maix. Conduite. ' Moult avoit
« de son sens perdu, mais ce fut par courroucer
« trop mallemenl de ce qu'elle estoit octroyée
« à mènera u conduiide Keux. » \Lanc.dnLac, T. II,
fol. 'i.j Ou n'écrivoii plus communément conduit.
(Voyez ce mot pris en ce sens.)
Couec, Mot corrompu, qu'il faut lire conu. pour
connu;, dans ces veis où le [)cëte , après avoir fait
allusion à notre proverbe : •■ Il n'y a de plus mal
« chaussés que les cordonniers » , dit (|ue les
amans loyaux , sincères triiuvenl rarement de
loialps aDiies.
Cordouaijiers n'eut bon soûler,
Ne drapiers ne fu bien velus,
Ne 9ec uime Iniam drus.
Poés. iMSS. du Vatican, n- 1«0, fol. 33, V».
Nous avons vu ci-dessus le caractère 1) pour
abréviation de la syllabe cou.
Coneucis, adj. Brisé, broyé. Selon io Gloss. de
Labbe, qui traduit ce mot fresus. 11 semble formé
du coincisus, incisé.
Coiiesses. jNous trouvons ce n.ot (5) dans les
vers suivans :
Ne, se ja Dj.x n.e garl d'essoigne,
Ce tu eusses grant besoigne,
D'argent \yir que bien conesses
Et de cri deniers me lessases.
Fabl. .MSS. du 1!. n- 7C15. T.U, fui. 151, R- col. -2.
Coiiestablesse. [Intercalez Concs/ablesne .
femme du connétable de France, au Cartulaire de
S' Etienne d'.Vuxerre (128î) et dans Froissart (XV,
235).] (N. E.)
Coiievez, adj. fém.plur. Connues ou conçues.
« Teles résous pneent avoir lieu, aprez ce que l'en
« a repondu droilpment à !a ';uerele, et aucunes
« autres qui pueent nestre, le plel pendant, qui
« pueent estLeco)t(''i)t£(G) parl'apar, ncedouplet. "
(Beau m an. p. 45.)
Coofabuhitioii, subst. fém. Discours, conver-
sation familière ("i. (Mém. du card. de Retz, T. ÎV.
p. 14.1
Coiifaire. [Intercalez Confaire , exécuter :
« Ordonner voies convigiiab'es pour confaire ce
« que dessus est dit. »] (n. e.)
Confait. Ce mot vient de core , pris pour
comment. (Voyez Co.m jConfuil signifie littéralement
comment fait, quel, quelle espèce, quelle sorte.
Pères, fait il, ge m'en irai
Toz esgarez, quar je ne sai
En auel leu, n'en coiifail pais.
Floire et Blanclwf, MS.ile S. Gerni fol. 19U, V" col. -2.
(1) « .V pié et à cheval tant errent Li cortt/ui( et ceus qui les siveut Qu'à l'o-st au roy de France arrivent. » (G. Guiart,
V. 3453, aS46.) (N. E.)
(2) Enfin conduit, comme conduisetir, signifie curateur; « Lucasse, jadiz famé de Richart, et Ricardet le Prévost son tilz
souzaagé, avec son cnndui/. » (J.l. 6i, p. 380, an. 1321.) (N. E.)
(3) M. Litlré cite ViUehardouin coniLne ayant employé cette forme, que M. de 'Wailly n'admet pas dans son Glossaire, (n. e.)
(4) Elli; est de li73. d'après Du Gange. (Voir la citatioii sous Coiuhicl'.ar.) (y. E.)
(5) Ce doit être une faute de lecture. ^^■. E.)
(6) Lisez u voyelle et non ii consonne. (N. E. )
(7) « Pour ce qui était de M. de Bouillon et de M. de Turen.ie, la conj'abalo.lon fut bien plus longue. ;) ^N. E.)
co
166 —
CO
Or palist, or rougist, or sue, et va tremblant
Ne set par ((uel manière, ne par cniifet semblant
Ele piiist déguerpir (perdre) le mal qu'ele a si grant.
Mil. MSS. du H. Il" 12IS, fol. 3,n, P." col. 1.
On disoit, au féminin, confailte, pour quelle.
(Rom. de Brul, ms. fol. 55.)
V.\RIANTES :
GONFAIT. Fabl. MSS. du R. n» 7089, fol. 213, R° col. 2.
CoNFET. Fabl. MSS. du H. n» 7218, fol. 345. R° col. 1.
Confit, l'arton. de Bl. MSS. de S. G. fol. 169, V° col. 2.
Coiifîiiteincnt , nriv. Comment, de quelle
façon. (Voyez ci-dessus Confait.)
Mais Getan fu haslivement
Occis, ne say coiifailfinrut.
Rom. de Brut, MS. fol. M, V" col. 2.
Or chanterai, ne sai cn^ifaitement.
Poês. MSS. Valican, n" IWO, fol. 79, R».
On trouve souvent cet adverbe, dans Benoît de
S" More.
Lors commençay à panser
Vonfaileii>enl
Elle me porroit amer.
Chajis. MSS. .lu C" Thibaut, p. 17.
VARI.iNTES :
r.ONFAlTEMENT. Rom. de Brut, MS. fol. 22, V» col. 1.
GoNFETEMENT. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 130, V» col. 1.
Confalons. [Intercalez Confalons, confrérie de
pénitents auxquels S' Bonaventure prescrivit, en
426'(, une forme particulière de prières. Leur nom
leur vient de la bannière {gonfalon) qu'ils por-
taient.] (n. e.)
Coufect, adj. Rempli. (Gloss. de Marot.) On a
dit : « Letires confectes de clameurs. » (Chron. ms.
de Nangis, an 1303.)
Confecter, verbe. Achever. Donner toutes les
formes. Ce terme du droit coutumier est ainsi
interprété par le passage suivant : « Celuy qui vou-
" dra se porter héritier par bénéfice d'inventaire,
« devra, dans un mois après la mort du défunt,
« impétrer, du souverain, le dit bénéfice, et confec-
« ter iceluy pertinenment, dans un mois de l'im-
>■ petration ; h laquelle confection sera employée la
« justice, ou pour le moins un membre d'icelle,
« avec le greffier député par la justice. » (Coût, de
Bouillon, Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 856.)
Confection, subst. fém. Composition (1). Un de
nos anciens poètes dit, en parlant du premier
homme et du serpent :
Geste poison, comme descript atteste,
Gausa mouvoir universelle peste,
Qui dure encore, dont la confeclioii
Maint honune occist, par putréfaction.
Grelin, pa^e 1.
Conïédérable, adj. Qui est d'un bon confédéré.
C'est en ce sens qu'on a dit, en parlant des Suisses :
" Vostrc confêdérable affection. » (Ambass. de
Bassomp. T. 11, p. 143.)
Confédéi'ablement, adv. En bon confédéré.
(Bassomp. Ambass. T. Il, p. 'ilO.)
Confédération du Roy (2), Nous trouvons
l'explicalioa de celle expression, dans les Mém. de
Montluc. La reine le consulta sur la ligue qui se
faisoit vers 1576. « Je luy conseillay (dit-il) qu'elle
« devoit faire en sorte que le roy disl luy-mcsme,
" (lu'il avoit entendu qu'une ligue se dressoit en
'< son royaume, et que cela ne pouvoit estre sans
■^ luy donner de la crainte, et du soupçon ; qu'il
" devoit prier tous généralement de rompre cette
« ligue, et qu'il vouloit faire une association en son
« royaume de laquelle il seroit le chef. Elle fut
« ainsi appellée quelque temps; mais après elle
« changea de nom, et l'appella-t-on la confédéra-
« tion du Roy. » (Mém. de Montluc, T. II, p. 172.)
Confédéré, (idj. Allié. Ce mot s'est dit des vil-
les et de leurs babitaiis qui avoient ensemble une
espèce de société de commune pour jouir des
mêmes privilèges. (Coût, de Langle, Nouv. Coût.
Gén. T. I, p. 303.)
Confondre, verbe. Feindre. Con augmentatif
a été souvent .ijouté aux verbes, sans rien changer
ù leur signification (Falconnet), surtout par nos an-
ciens poètes, quand ils ont eu besoin d'une syllabe
de plus. Ce Gloss. en fournit beaucoup d'exemples.
J'alng (j'aime) leaument, sans trïchier.
Sans cniifeiidre.
Ce dient cil qui en vuelent trïchier.
Lamlierl Fcrris, Poës. MSS. av.-uu 1300, T. I, p. 2M.
Conférance, subst. fém. Comparaison. On a
dit, en parlant de François I" :
Certainement la grande conférance
De ta hauteur, avec sa préférence
Me monstre, etc.
Clém. Marot, p. 60D.
VARIANTES :
CONFÉRANCE. Clém. Marot, p. 609.
Conférence,
Conférer, verbe. Comparer. On lit : « conférer
« Lysander à Sylla », dans Montaigne, Essais, T. II,
page l\'i.
Confernienient, subst. mase. Confirmation,
ratification.
Nous, nostre arcevesque avon
Qui a son fié à caution.
Par le confennemenl (3) de Romme.
Rom. de Brul. MS. fol. 105, R" col. 1.
Confermer, oer^^e. Confirmer*. Conformer^.
Confiner, approcher'^.
* Ce mot, qui dans S. Bernard, Serm. fr. mss.
page 53, répond au latin adstruerc, confirmare et
soîidare, se trouve, avec le premier sens de con-
firmer, dans les Dictionnaires d'Oudin, de Monet,
de Cotgrave, etc. « Histoire coiifermée par une
(1) On lit déjà dans un ms. du xiii' siècle : « En un bacin sur le charbun Seit faite la confeccion. » (n. e.)
(2) Cnnfecicration date du xiv siècle : « Comme Estienne Marcel... et autres... eussent fait... plusieurs... confcderacions
armées. > (llibl. de l'Ec. des Chartes, 5' série, I, 81.) (N. e.)
(3) On trouve au même sens con/rei/idnee (1283) et (•cui/erma)u'/te (1293) dans un cartulaire de Corbie. C'était même un
droit payé pour la confirmation d'un privilège. (Du Gange, II, 532, col. 3.) (N. e.)
co
— 167 —
CO
« infinilé de tesrnoignages. » (Apol. pour lléiodole,
préf. p. 3-2,)
^ Il est plus l'.ire de trouver confcriner. pour
conformer. H est employé, en ce sens, dans Percef.
où on lit : « Se lu viens a autruy servir, tu dois
« regai'der les meurs d'icelluy que tu veulx servir;
« car SI lu ne te peulx confi'vnwr h sa manière, à
<' peine pourras-tu jouyr de luy, nede son service, »
(Percef. Vol. Il, fol. l'.8.)
"^ Ce mot semble signifier confiner, approcher,
dans le passage suivant : « Si fist tanlost aporter
« pierres, et gros marïen (pièces de bois) qu'il
« fist gelter au fond d'icelluy bras de mer. pour se
« \'enir confermer h la cité. « (Tri. des IX Preux,
page 137.)
VARIANTKS:
CONFERJiER. Loisel, Hist. de lîeauvais, p. 266.
CONFAKMER. S. B. Serni.fr. MSS. p. 117, en lai. confinnarc.
CoNFORMEiR et CONFORMER. S. B. Ssrm. fr. MSS. p. 111.
CoNFREWER. Ducli. Gên. de Béthune, p. 140.
KoNFREMER. Carptntier, Hist. de Cambray, p. 29.
Confei'on, siibst. jnasc Ce mot semble le même
que gonfanon. (Borel, 'i" add.) 11 y a apparence
qu'il aura mal lu.
Confés, adj. Confessé*. Qui a mis ordre à ses
affaires^.
* Le premier sens confessé est le sens propre.
C'est celui qui est indi(iué dans le Gloss. de l'Hist.
de Bretagne, dans celui sur les Coul. de Beauvoisis,
et dans les Dict. de Borel, de Corneille, d'Oudin et
de Cotgrave. « Seroient quittes de toz les péchiez,
« que il avtiiens faiz, dont il seroient conjcs. »
(Villehard. p.2(l).)0nlil: « fOJi/'eicde leurs pL^'liiez»,
dans le Jouvenc. ms. p. 322.
s. Severins fu pape apriés,
Dont lurfnl li .Tuis ciDifics,
Et balissié, par toute Espagne.
Ph. Mouskes, MS. p. i;!.
De là, se faire confiés pour se confesser. Richard,
duc de Normandie :
Prist >in jor en apiert (ouvertement),
Son frère arcevesque Robierl ;
A Fescans, devant le couvent,
L'emmena, tout apertement (pubUqT.iement),
Et devant tout sf j'ist cou/iés.
l'h. Mouskes, MS. p 410 et 411.
On disoil confesse (2) au féminin, dans un ancien
fabliau, ms. du Boy, intitulé : « Du chevalier qui list
« sa femme confesse (3), ■■> c'est-à-dire qui confessa sa
femme. (N° 7218, fol. 199.)
^ Comme on mettoit ordre à ses affaires, en se
confessant, et qu'on déclaroil, surtout, les aumô-
nes et legs pieux qu'on vouloil faire, on a quelque-
fois employé le mot cunfés, pour exprimer celui qui
avoit déclaré ses dernières volontés, et même, non-
seulement au sujet de ses aumônes ou legs pieux ,
mais aussi par rapport au payement de ses dettes.
On disoil desconfés, dans un sens contraire, pour
celui qui étoit mort intestat, et sans avoir mis
ordre à ses alTaires. (Ord. des R. de Fr. T. I, p. 210.)
VARIANTES :
CONFÉS. Rabelais, T. I, p. 197.
CoNFEX. Le Jouvenc. MS. p. 322.
CONFEZ, CONFEIZ.
Confiés. Ph. Mouskes, j\IS. p. 43, 410 et 4M.
Confesse, fém. Fabl. MSS. du R. n" 7218, f» 199, V» col. 1.
Confés, snhst. masc. Confesseur. Ce même mot
qui, comme adjectif, signifioit celui qui s'étoit con-
fessé, signifioit aussi, comme subslautir, confes-
seur ; non cependant dans le sens du ministre du
sacrement de confession, mais dans le sens d'un
chrétien qui a professé, confessé publiquement la
foi chrétienne, et qui a mérité, à ce titre, les récom-
penses éternelles. « C'est sainz confis nostre
« signer, » dans S. Bern. Serm. fr. iiss. répond au
latin confessor domini, p. 317.
Sainz, et saintes, co)ifcs, martyr.
Gilleberl de ISenieville. l'ocs. MSS. avant 1300, T. I, p. -255.
S. Beneois a dont feni,
Et sains Remis mou ru apriés ;
Et puis sains Mars ki fu confii's.
Pli. Mouskes, MS. p. U; Ibid. p. -24 et i:9.
VARIAMES :
CONFÉS. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 317, en lat. cnnfessor.
Confiés. Ph. Mouskes, MS. p. 14.
Confesser, verbe. Ce mot subsiste sous la pre-
mière orthographe. Comme on a dit confés, pour
désigner celui qui a liiis ordre à ses alTaires, qui
les a arrangées, il sembleroit que c'est de là que
vient l'expression confessier malement, employée
dans le sens où nous disons arranger uuil, maltrai-
ter. Voici le passage; il s'agit d'un mari et d'une
femme qui se battent :
Vers sa famé se radreya,
Qui en la corbeille est versée ;
Malement Veut confessiée,
Ne fust Simons qui li escrie
Fui toi, Musart. n'en (ne la) tuë mie.
Faljl. MSS. du R. n- 1218, fol. 50, V' col. 2.
CO.NJIIGAISO.N.
Confessasse, imparf. subj. Confessât. '■ Il a voulu
« que l'homme se co)t fessasse à Dieu. » (Tri. de la
Noble Dame, fol. 180.)
VARIA.NTES :
CONFESSER. Orth. subsist.
Confessier. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 50, V» col. 2.
Confesseresse, subst. fém. On a dit : sainles
confesseresses, comme nous disons saints confes-
seurs. (Apol. pour Hérodote, p. (il9.)
Confession, subst. fém. Confession (4), On lit
dans la Salade, fol. 2-4 : « Compte, par vraye coit-
« fesse, la somme de ses péchés. »
L'ennemi (le démon), qui nos caupresse
Ne hel tant riens corne confesse.
Pofâ. MSS. avant 1300. T. IV, p. 1318.
(1) Edition de WaiDy (§ 429, 523.) (N. E.)
(2) On lit dans Roncisvals (p. 175) : « Aude est confesse, sa raison a finée. » (N. E.)
(3) Ce féminin s'est aussi pris pour confession (Lai d'Ignaurès) : « Vous meismes prestres sorés , Les coii/iesses
escouterés. » (n. e.)
(4) Au passage suivant, ton/'ession est mis pour confirmation (Roncisvals, p. 140): « De ceste espéê qui me pent au
giron, Lui ai donné si grant confessio7i. » (N. .e)
co
IG8
CO
Caux qui lor pénnnce (pénilence) ont prise,
Par sainte con/icsse de glise (église).
Hh. Mouskes, MS. p. 50.
On disoit ■ ■' sniis fai.e C():ifc';sr,\\e confessi m -,
pour sans se confesser. (Hist. de Fr. à la suite du
Rom. de Fauv. fol. 7'o )
Nous l'cmaniiicions sur le mol confession, qui
subsiste, les expressions siiivanles, .lui ne sont
plus en usage :
1" Confession ilivis-Ji', c"c-t-à-dire faite à Aeiw
confesseui's différ-ns, dans la]uel!e le pi^nitent
cache ;"! l'un ce qu'il confie à l'autre. (Doctrin. de
Sapience, fol. 'ûi.)
'l" Homme et femme de confession désigne les
personnes qui sont en âge d'aller fi confesse. (Ord.
des R. de Fr. T. lll, p. ino.)
;i° Dire en co)ifession une eliose, c'est la confier
sous la loi du secrcl. proprement sons le sceau de
la confession. ■• Sire, je vous le dy en confession,
« et par manière que r.nlz ne le sache. » (Hist. de
Berlr. du Guescl. par Mén. p 273.)
Confession semble une faute, pour confusion,
dans ce passage : Les .4ngiois ayant levé le sié.ge
devant Orléans, en 14-i9, « se feiVeiit lors par toute
" la ville i:ranl joye, el nioull grands csbaudisse-
■' ments, quand ils se veirent, el cog'i;eurenl ainsi
H estre délivrez de leurs faux : dvcrsaires, et enne-
" mis, et le remanant (le resle'j en aller à leur con-
'• fession{l). « (ilonslr. Vol. 11. fol. 44.1 On trouve la
même faute daiîs C. (iuiart, fol. [-21.
On disoit proverbialement :
i. Confesse de Renarl, pour confession peu sin-
cère et artificieuse.
C'est le i-ihifesse du Renctrt,
Dont vous me faites ci muser ;
Ne volez vous d'el (d'autre chose) confesser.
Vies des SS, MS. de Sorb. di. Lvm. col. 1.
2 .... De faussse confession,
Fait-on fausse absolution.
Froissarl, Por s. MSS. p. H , col. 2.
VARIANTES :
CONFESSION. Orih. subsist.
Confesse. La Salade, fol. 24, V" col. 2.
CoNFiESSE. Ph. Mouskes, iiS. p. 50.
Comf1 KssE.
Confession. [Intercalez Confession, déposi-
tion : » D'un mémorial, deux deniers, excepté des
■• mémoriaux... esquelz il aura dedens aucune
« confession o\i oïdennance de justice, » (Ord. VI,
;i04, an. 1377.)] (n. k.)
Confessionntïires. subst. mase. plitr. On se
servoil autrefois de co mol pour signilior ceux à
qui le pape avoil accordé la rémission de (|uelque
crime. On lil, au sujet de l'absolution sollicitée par
fleuri 111, pour la mort des Guises, que ce n'éioil :
•< chose nouvelle de donner de tels brefs à des
■< princes, et qu'il y a même de petits compagnons,
" el seigneurs privez ausquels les papes en ont
« donné, avec limitation néanmoins, el les appelle-
« t-ou confessio)inaux ou confessionnaives. (Mém.
de Villeroy, T. 111, p. 188.)
VARIANTES :
CONFESSIOX.V.MRES. Mém. de Villoroy. T. III, p. 188.
CO.NFKSSIONNAUX. Ibid.
Conîessoire, «(/J. Terme de droit. On appelle
action eonfessoire : » l'action réelle par laquelle
« nous poursnyvons celuy qui nous empêche de
" joiiir dudroict, ou servitude i|ui nous appartient,
« s lit à nosire personne, ou à in^s héritages, etc. ■>
(fir. Coul. de Fr. p. 395.)
Confessor, subst. mnsc. Confesseur *. Confi-
dent °.
* Sur le premier sens de coiifesseur, voyez le
Testament du comte d'.\lençon, à la suite de.îoinv.
p. 18C.
^ Ce mol semble mis pour confident, ami de
confiance, dans ces vers :
Il estoit curé de ma vie
Mes co)if'esso)-s (2), et tote ma vie.
Vies des SS. MS. de Sorb. clùf. LX. cil. 00.
Confiance, subst. fém. On trouve •• homme de
mauvaise canfiance » c'est-à-dire à qui il serait
dangereux de se fier, dans :\Iodiis et Racio, mss. fol.
301. Peut-éire est-ce une faute pour cnnsianee. Ce
qui ine le feroil croire, c'est qu'on lit ailleurs
conscience et consiauce.
Conîiiint, adj. Qui a confiance. •> Confiant de
« vostre dicle clémence , et doulceur , me suis
« avancé de vous en faire ung présent. « (Crétin,
Epiire, p. 7.)
Conflchié. [Intercalez Conpchié . confisqué
dans un acte de 1350 (Du Cange, II, 533, col. 1):
« Le(juele maison et jardin furent confîcliié ii
« lediîe église par le forfaiture de feu Helyot. »
Froissait donne fOH/'?(/;(/e(éd.Kervyn. ll,39G).] (n. e.)
Confidence, subst. féni. Confiance *. Faction °.
* Dans le premier sens, on disoit : « avec plus de
" confidence, et de hardiesse. " (Sag. de Charr.
p. 45.) .1 Ayantconfideiice, es diltes lettres. » (Godef.
Observ. sur Charles VIll, p. 318)
^ En termes de jurisprudence, confidence signifie
paction, et s'emploie encore iiuelquefois en ce sens ;
on disoit aulrclois cnfeojfer sur confidence. C'étoit
inféoder avec promesses de remplir certaines
coiiditions. (Tenur. de LiîU. p. 108.)
Confident, subst. masc. Terme de chevalerie.
On donna cinq confidens à la Cbasleneraie, et quatre
à Jarnac, lors de leur combat, en 1547. (La Colomb.
Th. d'honn. p. 429.) Ces co»//rf('»s sont vraissembla-
blemenl les mêmes qui, dans d'autres combats, sont
appelés cunseillers. Ils accompagnoient les cheva-
liers jusque dans le champ clos. ■■ En cest équipage
<> entrèrent en camp, conduits parleurs parrins,
" et accompagnez de leurs confidens. » (Mém. du
Bellay, Liv. 8,' fol. 269.)
Conîienient , subst. masc. Confiance. Va
seigneur qui re(;oit l'hommage d'un vassal, dit :
(1) Le sens peut être : se trouver à l'article de la mort. (n. e.)
i'2) Coiiftjssors est dans Renart (v. 4779), au sens de confesseur de la foi. (s. E.)
co
— 169 —
CO
« Je vous reçoy comme mon homme de fief, sauf
« mon droict, et l'autniy, à tels usages, et coustumes
« de ma cour, et du pays; et en ce conlienient, en
<■ nom de foy. et de vray seigneur, doit le seigneur
« baiser l'homme en la bouche. » (Bout. Som. Rur.
p. 478.)
Confierrer, ^>erbe. Attendre, espérer. Peut-être
faut-il lire consieurrer, dans les vers suivans :
Par iJeu, amors ! fort (difficilp) m'est à confierrer
De vos voer un jor en la sentaine (centaine) ;
Sor tûtes riens me fêtes ilesirrer,
Vostre gent cors qui tant m'a livré paine.
Oede de la courroierie, Poês. MSS. avant 1300, T. II, p. 655.
Confiés, aubst. macs. plur. Pairs de fief. On
disoit confiés, comme on disoit convassaiix, pareils
en fié ou fief, et pareils en vassalité. Confiés de
cour étoient les seigneurs inférieurs qui assistoient
leur suiierain dans les jugemens,;jrt;'e,s<'H)'2rt'. « Les
« seigneurs rendoient la justice en personne, ils
« étoient assistés de leurs vassaux, c'est pour cela
« que lesvassauxétoientapellésparescuriœ,fOH/;t^s
« de cour. >• (Observ. sur les Assis, de Jérus. p. 260.)
« Par l'avis du bailly, et des pairs, apellés confiés
•< de cour, pares curia?, ou curtis. » (La Thaum.
Coût, de Berry, p. 102.) « I^es vassaux, et houimes
« de fief étoient juges les uns des autres ; ils sont
« appelez pares curiic, chez les auteurs latins, et
« dans les anciennes chroniques, confiés de cour,
« et de feauté. ■ (Ibid. p. 22.) « Les seigneurs
" affranchissant leurs hommes serfs, et établissant
« leurs bourgeoisies, ont donné pouvoir à leurs
« nouveaux bourgeois, d'eslre les juges de leurs
« causes , de mesme que les nobles, et vassaux
« appelles confiés de cour et de feauté; ho.mmes de
« fief, et de cour, étoient les juges naturels des
" causes féodales, et des différents meus entre les
•' nobles, et vassaux. ^ (Ibid. p. 223.)
Configer, iierbe. Percer. En latin configere,
selon le (iloss. du P. Labbe, p. AW).
Configureit, partie. Semblable, conforme. (S.
Bern. Serm. fr. mss. p. 35, où le mot répond au
latin confignratus.)
Conl'inage, snbst. musc. Bornes, limites. (Pasq.
Rech. p. 11.) Nous trouvonsce mot employécomme
synonyme de limites, dans la Goul. de Gorze, Nouv.
Coût. Gén. T. Il, p. 1091.
Confinement, subst. masc. Exil, prison. « Fut
« condamné à mort, qui luy fut néanlmoins
" eschangée, par la douceur de l'empereur, en un
" confinement Aq religion, et de monastère. » [Pasq.
Rech. liv. Il, p. 41.)
Confiner, verbe. Finir. Proprement mettre des
bornes. « La mort sachant bien qu'elle seule me peut
« terminer, et confiner (1) cestedouleur. » (L'Amant
ressuscité, p. 424.)
Confinité, subst. fém. Bords, limites. » Villes
« situées environ la confinité de la mer. » (Chron.
fr. Ms. de Nangis, an 1303.) On lit dans le latin
confinia.
Confire, vei-be. Apprêter, composer. Ce mot
subsiste, mais le sens en est restreint à certaines
prépirations. Il étoit autrefois plus général. On
disoit, par exemple, de la viande (2) : "
Je la fais bien cuire et confire,
Et digérer bien doit souftlre.
Eust. Desch. Po.-s. MSS. fol. 279, col. 3.
Voyez le Blason des faulces amours, p. 231. On
appliquoit même ce mot à la composition des
onguens :
N'a mestre el mont qui tant seust confire
D'oingnement, ne d'emplastre qui m'en donnast remire.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol 346, R- col. 1.
Confirmation, subst. fém. Acie judiciaire. On
trouve la formule de celte espèce d'acte, dans les
Tenur. de Liltleton, chap. ix, du .3' Livre, fol. 119.
Confisquer, ver/'r'. Perdre par forfaiture (3). Ce
mol subsiste, maison l'employecommunémenldans
la signification active. Autrefois il ne -^e prenoit que
passivement. » Les Génois, sous Louis XÎI, furent
<' déclarez d'avoir tous commis crime de leze
'< majesté, par quoy. a bon, et juste droicl, ils
« avoient confisqué !e corps, el les biens. » (.1. de
S. Gelais, Hist. de Louis XII, p. 199.) « Confisquer
« son fief, c'est ce que les autres coutumes disent
« commettre, ou forfaire son fief ; quand, parla faute
" du vassal, il est acquis au seigneur feudal. »
(Laur. Gloss. du Dr. fr.)
1. Confit. [Intercalez Confit, eau sure dans
laquelle le chamoiseur plonge les peaux minces:
« Pelletiers, megissiers, teinturiers de toille, bar-
« baudicrs et autres de semblable estât, de faire
« leurs confis, megis et baihaudes au dedans de
» leurs maisons. « (Ord. II, 315.)] (n. e )
2. Confit, adj. Cuit *. Pénétré, rempli °.
* On a vu au mot Confire que ce verbe avoit
autrefois un sens bien plus général qu'aujourd'hui ;
il en est de même de confit, qui est pioprenientson
participe. On le disoit pour cuit, mais particulière-
ment de ce qui étoit extrêmement cuit. •■ Ung dres-
» souer (bulfet) plain de chair confite par force de
" feu. » (Percef Vol. V, fol 89.)
" Cette acception donna lieu d'employer, au figuré,
le mot confit pour pénétré, de même que confit
dans le passage que nous venons de citer signifioit
pénétré de feu ; on disoit confit en misère, pour
pénétré de misère. (Sagesse de Charron, p. 35.)
Nous disons encore confit en dévotion, pénétré,
rempli de dévotion. De là, les autres expressions
confit ensentences, pour rempli de senlences; confit
en toute sorte de scélératesse, pour consommé en
toute sorte de scélératesse. Garasse (Rech. des Rech.
(1) Ce verbe est dans Commines (II, 5). (n. e.)
(2) .loinville pnrle « de lait de jument con/it en herbes (§ 487). » (n. e.)
(3) On lit dans le .Touvencel (fol. 72) : o Se en ung péage il passe un marchant qui ne acquitte ce qu'il porte , il confisque
toute sa marchandise, en beaucoup de heux est il. » (N. E.)
IV. 22
co
no -
CO
p. 556.), les reproche à Pasquier , comaie des
expressions ridicules.
Confit en doclrine, pour rempli de science^ se
trouve dans Oudin, Cur. fr. J. Marot, p. 13, a dit :
Tant opwlents, en richesses confits.
VARIANTES :
CONFIT. J. Marot, p. 10.
CONFICT.
3. Confit, suhst. masc. On a dit: avoirmauvais
confit, pour mal réussir, avoir un mauvais succès.
Anglois ont là mauvais confit,
Vaincu s'en vont, et desconfit.
G. Guiart, MS. fol. 70 R- (1).
Confiture, subst. féni. Apprêt *. Douceur,
aménité ^.
* Au premier sens, ce motétoit générique, comme
celui de conllre : « Ce seigneur vint à son queux
« (cuisinier), et lui dit qu'il mille coeur en si bonne
« manière, et l'apareiliasse en telle confiture, que
« on en peut bien manger. » (Fauch. Lang. et Poës.
fr. p. 426.) « M'a apporté iierbes à faire la confiture
« de l'onguement dont le bon roi mehaingné,
« duquel sang vous estes issu, sera gary. » (Percef.
Vol. VI, fol. 117.) Nous avons restreint le sens de
ce mot à certaines préparations avec le sucre ou
le miel (2).
^ Il paroitroit qu'il avoit aussi cette signification,
du temps de Crétin qui l'emploie figurément, pour
douceur, aménité, dans ce vers :
Du tien parler la doulce confiture.
Crétin, p. 242.
Conflagration, subst. fém. Embrasement (3).
(Monet, Cotgrave, Oudin, Dict.)
Confiant, subsl. masc. Confluent. C'est le lieu
où plusieurs rivières s'assemblent. Ce mot n'est pas
absolument hors d'usage. Personne n'ignore que
c'est de là que plusieurs lieux situés au confluent
de deux rivières ont été nommés Confiant, Con/lans,
Con/laiits, Confoulens (i).
VARIAiNTES :
GONFLANT. Nicot, Dict.
CONFLANS.
Confié, adj. Enflé, gonflé. (Dict. d'Oudin.) » Doit
« le forment tremper, tant qu'il soit bien confié »
(Modus et Racio, fol 69.)
Conflict, s!<7^s^ ?ttflsc. Combat. (Gloss. de Marot.)
« En ce conflict, nous feismes perte de quelques
•< forsats. » (Mém. Du Bellay, Liv. 10, fol. 340.) On
écrit aujourd'hui conjlit et ce mot ne s'emploie que
dans cette expression, conflit de jurisdiction.
Conflou, subst. masc. Presse, foule, affluence.
<• Monta haslivement à cheval, et vint à la porte de
>' Marlainville en bataille : en ce con/lou, et impé-
« tueux parlement, fui frappé le dit bailly d'Evreux,
« etc. » (Al. Chart. Hist. de Charles V et VIII, p. 185.)
Confluer, verbe. Couler ensemble. (Dict. de
Monet.)
Confoler. [Intercalez Confokr, fouler aux
pieds: " Us menèrent par nuit plusieurs beufs en
« une cheneviere dudit Quillart, et la confolerent
« et gasterent pour la plus grant partie. » (JJ. 437,
p. 21, an. 1389.)] (n. e.)
Confolens, subst. masc. yj^^/r. (Voyez Foncema-
gne, extr. pour la 3= race, p. 309.)
Confondement, subst. masc. Confusion.
En sospirant de parfont,
Trop atendrai le confondement
Ke les grans detreces me font.
Erii. li Vielle de Gaslin, Poés. MSS. av. 1300, T. II, p. 889.
Confondre, verbe. Consumer*. Détruire^.
* On disoil au propre : « Confondent des biens, et
« du vin plus qu'il ne pourroit (pourioit tenir) en
« une botte. » (Les Quinze Joyesdu Mariage, p. 49.)
Au figuré, dans le même sens de consumer :
Mourir quit (je crois), si je n'ai
Celé qui mon cuer confont.
Chans. Fr. du Xlir siècle, MS. de Bouliier, fol. 2G6, R*.
^ Confondre signifioil aussi détruire, renverser.
Mal fait qui destruit, et confont
Ce dont on puet estre au desur (estre maistre).
Fabl. MSS. de S. G. fol. 88, R-col. 3.
Il signifie encore brouiller, mêler confusément,
confondre. (Voyez S' Athanase, symb. fr. [" et 2'
traduction.)
Confondu, partie. Détruit, renversé. « Fina-
« blement, la plus grande partie de la dite porte
« fut confondue, et cheut tout à plat. » (Monstr.
Vol. I, fol. 138.)
Conformé, partie. Confirmé. (Closs. de Marot.)
« Après lequel traicté fait, et conformé {vt), etc. »
(Monstrelet, Vol. I, fol. 287.) « JNostre amytié estant
« conformée, et plus que conformée. « (L'Amant
ressusc. p. 401. — Voy. Ord. T. III, p. 663.)
Conformément, subst. masc. Confirmation.
On disoil : conformément de marehié. (Beauman.
page 185.)
Coniormer, verbe. Etre conforme*. Confirmer,
rendre conforme ^.
* On lit, au premier sens : » Certes je desirerois
(1) Vers 3665 (4067) de l'édition, (n. e.)
(2) Ce sens est dans une chanson à la Vierge du xni« siècle (Màtzner, p. 67) : « Siros confis de douce confiture De quatre
herbes pleines de santé. » (n. e.)
(3) Ce mot , employé par Rabelais et Montaigne , ne se trouve pas aux premières éditions du Dictionnaire de
l'Académie, (n. e.)
(4) C'est la forme latine, tandis que Condat était la forme gauloise. On lit dans Carloix (VIII, 29) : « Nous partismes de
Mayence, pour venir à Coublants, aultrement Confinants, que nous disons en françois corrompu Confians ; qui est quand
une rivière entre en une aultre plus grande en laquelle elle perd son nom , conune Confians entre Paris et le pont
Charenton. » (n. e.)
(5) On lit au Recueil de Tailliar (p. 34) : « Nous à la requeste de cascune partie, cheste pais, si comme il est contenu en
leurs Chartres, sauf nostre droit, conformasmes et volons qu'elle soit tenue ferme. » (N. E.)
co
- 171 —
co
« beaucoup en veoir l'expérience et congnoistre à
« veue d'œil si Veiïeiconforyne au bruit qui en est. «
(D. Flor. de Grèce, fol. 151.)
Vieille d'honneur, dont la grâce, et la forme,
A la beaulté des jeunes, se conforme.
Rabelais, é|iit. p. 40.
^ On a confondu les significations de conformer
et de confirmer. Nous avons déjà vu qu'on a dit
confirmer pour conformer. On trouve conformer
pour confirmer dans Rabelais, T. I, p. 111.
Dans le sens de rendre conforme. (Voy. S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 213, répond au latin coMformare.')
Confort, subst. masc. Aide, consolation (1), en-
couragement. (Voy. Nicot, Monet, Cotgr. et Gloss.
de Marot.) « J'endure grand maux, sans espoir de
« confort. » (Des Ace. Bigarr. fol. 24.)
De cest espoir prendrions tant de confort,
Que de pleurer n'aurions plus la puissance.
MelindeS. Gelais p. 113.
Poi de confort apaise cuer marri
Poês. MSS. Vatican, n" 15-2-2, fol. 153, R' col. 2.
On a dit commun confort, pour soulagement,
ressource commune , en parlant des pâturages
d'une communauté. « Les lais (lieux laissés par la
" rivière) de la rivière sonlcommun confort, quant
" aux pasturases. » (Proc. verb. de la Coût, de
Bourb. Nouv. Coût. Gen. T. III, p. 1227.) (2)
VARIANTES :
CONFORT, CoNFORZ. Marbodus, col. 1G44. On lit conforz,
dans le MSS. de S. Victor.
Confortable, adj. Consolant.
Tel confort nos as doné.
Par les tiens confortables (3) dis.
Vies des SS. MS. de Sorb. cbif. LX, col. 12.
Conlortance , subst. fém. Soutien , conso-
lation.
La Royne au bois estoit,
Qui forment se déconfortoit ;
Sies raonseingnor Loys de France
Li estoit de grant confortance.
Hist. de France, à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 89.
VARIANTES :
CONFORTANCE. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv.
CONFORTENCE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 208.
Confortans, subst. masc. plur. Alliés. On a dit
en ce sens : « Procurèrent une trêve entre les deux
" rois, et leurs confortans. » (Froissart, livre I,
page 203.) (4)
Conforté , adj. Déterminé , résolu. « Nous
« sommes tous confortés de nous deffendre. »
(Froissart, liv. I, p. 203.) (5)
Conforteniain, subst. fém. Soutien*. Terme
de pratique^.
* On trouve ce mot pour soutien, dans du Tillet,
et à peu près dans le sens oii nous disons main
forte. « La confortemain de la justice a été quel-
« quefois commandée aux gouverneurs , etc. »
C'est-à-dire qu'il leur a été commandé de prêter
main forte à la justice. (Du Tillet, Rec. des R. de Fr.
page 353.)
^ Gomme terme de pratique, corfor^emam (6) dési-
gne » le secours des lettres du prince donné au
« seigneur féodal, pour le maintenir en la main
« mise du fief dont il s'est saisi. » (Monet, Nicot,
Cotgrave, Oudin, et Laur. Gloss. du Dr. fr.)
Confortement , subst. masc. Soulagement ,
satisfaction.
Fabliaux sont or moult en corse (cours, vogue)
Maint deniers en ont en borse.
Cil qui les content, et les portent :
Car grant confortement enportent
As envoisiez, et as oiseux (gens gaillards).
Fauch. Lang. et Poès. fr. p. 178.
Conforter, verbe. Consoler, soutenir, fortifier.
(Gloss. de Marot.) On trouve confortare, au même
sens, dans le Gloss. lat. de Du Gange. " Il n'y avoit
« personne qui luy put donner secours, ny la con-
« forter de paroles. » (Nuits de Str .parole, T. I,
p. 203.) » Lebaillyconnoistlesloiauxdeslricheeurs,
« il pourra, et devra les loiaux atraire près de soi
« et conforter; et déporter ceux qui ont mestier de
« confort, et de déport. » (Beauman. p. 10. —Voy.
Ord. desR. de Fr. T. I, p. 619.)
CONJl.GAISON :
Confortirent, prêter. Réconfortèrent. (Hist. de la
S" Croix, MS. p. 16.)
VARIANTES :
CONFORTER. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 113.
CuNFORTER. Marbodus, col. 1600.
Conforteresse, subst. fém. Protectrice, bien-
faitrice. On appeloit Vénus « la conforteresse de
» tous amans. » (Percef. Vol. II, fol. 73.)
Conforteur, subst. masc. Consolateur, protec-
teur. On lit en ce sens : « Dieu des desirers souve-
« rain conforteur aux pucelles. » (Perceforest,
Vol. IV, fol. 125.)
Confrairie, subst. fém. Association. Ce mot,
dont nous avons presque restreint la signification
aux associations de piété, étoit autrefois d'un usage
bien plus étendu. Froissart se sert du mot confrai-
rie, en parlant des chevaliers de l'ordre de la .larre-
tière.Il s'en sert aussi pour les chevaliers de l'Etoile
qu'il appelle « confrairie de la noble maison de
« S' Ouen. » (Froissart, liv. I, p. 175, an 1350.)
Il senibleroit qu'on ait dit : confrairie des dra-
piers, pour communauté, corps des drapiers, dans
les Ord. des R. de Fr. T. IV, p. 535 et 536 ; mais
(1) « Ses confors fu regrês et plors. » (Floire et Blancheflor, v. 1734.) Dans Roland, il a le sens de reconfort : « Entr'els
en unt e orgoil et cunfort. » (Vers 1941.) (N. E.)
(2) Dans Froissart, s»s le confort signifie sous la garantie de. (V, 99 ; XVI, 159.) (N. E.)
(3) Le mot est aujourd'hui plus anglais que français, (n. e.)
(4) Comparez éd. Kervyn, VI, 18 ; III, 346. (n. e.)
(5) On lit encore au t. VII, p. 447 de l'éd. Kervyn : « Et estoit grans chevaliers, fors et hardis durement et confortés e»
toutes ses besoingnes. » Il signifie encore assuré ; « Conforté que il aroient la guerre. » (X, 191.) (n. e.)
(G) Voir Coutumier général, II, 452. (n. e.)
co
172
CO
c'étoit peiil-êlre une association de dévotion, comme
celles des procureurs, des notaires et secrétaires
du roi ^Ibid. p. 553', ou bien encore comme celle
des marchands de vin. (Ibid. p. 591.)
Brantôme parle d'une certaine confrérie, inven-
tée et obser' ée par plusieurs seigneurs, que Cathe-
rine de Médicis avoit fort à cœur d'abolir. (Dames
Illustr. p. 8G.) C'étoit sans doute quelqu'une de ces
co«/'/ï/n'/<'Si,1) de factions, dont il est souvent mention
dans les conciles, et notamment dans celui de Bor-
deaux, en r248.
On trouve, dans Oudin, Dict. et Cur. fr., différen-
tes façons de parler proverbiales auxquelles ce mot
a donné lieu.
VARIANTES (2) :
CONFRAIRIE. Orth. subsistanle.
CoNFRAERiE. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 360.
CoNFRÉRiK. Brantôme, Dames Gall. p. 86.
Confraternité, snbst. fém. Confrairie. On
trouve dans le Rec. des Ord. T. V, p. 271, des lettres
de 13(19, accordées à la confraternité (3) de l'église
de Laon. Ces lettres permettent aux chapelains de
la dite confrairie de faire corps et collège, etc.
Froissait se sert aussi de ce mol comme de celui
de confrairie, en parlant de l'ordre delà Jarretière.
(Liv. 1, p. 414.)
Confrère, subst. masc. Ce mot subsiste. Frois-
sart l'appliquoit aux chevaliers de l'ordre de la
Jarretière. (Liv. I, p. 144.)
Confroisser, partie. Accabler. On disoit, en ce
sens, eiivironné et confroissé (4) de toutes parts.
(Tri. des IX Preux, p. 343.)
VARIANTES :
CONFROISSER.
CoNFROissiER. S. Bem. Serra, fr. MSS. page 49, en latin
Confrinyera.
Confrontation, .S!/&s^ fém. Frontière. Ce mot
subsiste, mais dans un sens très différent. On a dit
confronta tions{ô),mettes, et bonnes, cour {voniïeres,
limites et bornes, dans un article du traité de Bre-
tigny, en 13G0. (Voy. Chron. Fr. ms. de Nangis.)
Confroutement, subst. masc. Comparaison.
« Par le confrontement, et rapport des mœurs des
« Vénitiens, Italiens, avec les citoyens de Vannes. «
(Pasq. Rech. p. 11.)
Confronter, verbe. Confiner. « Les isles de
« Jarsée et de Grenesie qui confrontent entre l'An-
« gleterre et Bretagne. « (Hist. de Loys III, duc de
Bourbon, p. 52.) Nous ne dirions plus, en ce sens,
ce mot qui subsiste avec d'autres significations.
Confuir, verbe. Défier, provoquer. Il semble
que ce soit le sens de ce mot, en ce passage. Les
Normands, voyant assassiner Guillaume Longue-
Epée , sans pouvoir le secourir , menacent les
assassins :
et de mort les deffient,
Traitors les apelent, et de Dieu les maudienl :
N'osent entrer en l'eue, ne en batel ne se (lent,
Mez d'assembler bataille, d^^ manoir les confuient.
Rom. de Kou, MS. p. 71.
Confunt, ndj. Confondu, accablé.
De duel (douleur, affliction) confunt, et d'ire.
Audefrois li Bastars, Poès. ilSS. avant 13u0, T. Il, p. 854.
Confus, adj. Honteux. Mot subsistant. (Voyez
S. Bern. Serm. fr. mss. p. 331.) (6)
Confusible, flf/J. Confus, en désordre*. Horri-
ble, infâme ^.
* On diâoit dans le sens propre : » Les mist en
<• fuite confusible, en latiuelle il y eut grant nom-
» bre d'occis. ■> (Tri. des IX Preux, p. 33G.)
^ De là, ce mol exprimoit, au figuré, le désordre
de l'àme excité par l'horreur ou la honte.
Monstre nourry en l'obscure sentine.
Au bas bourbier et puante lattrine,
Yssu du fond?, au confusible gouffre,
Noir, ténébreux, plus puant que n'est soulphre.
Les Marg. de la Marg. fol. 188, R'.
« Puissants, et haultains princes, de tant que
« plus puissans avez esté, plus puissament serez
« pugnis, et souffrerés plus eonfusibles , et plus
« puissans tormens. « (Histoire de la Toison d'Or,
Vol. II, fol. 127. — Voy. ci-apiès Confusse.)
Çonfusiblement, adv. En désordre*. Honteu-
sement ^.
* Dans le premier sens, on lit : « Au siège de
« Calais, en 143G, les Anglois emportoient aucunes
« fois la renommée pour la journée, et d'aulrepart
« les Picards les rebouttoient trop souvent jusques
« dedans leurs barrières assez çonfusiblement. »
(Monstrel. vol II, fol. 133.)
^ Çonfusiblement est mis pour honteusement,
dans ce passage : » Il chassa t'ou/'«s//>/e»ifHi hors de
« sa court ceulxqui, en prévarication de leur loy,
» avoyent sacrifié aux ydoles. » (Hist. de la Toison
d'or. Vol. II, fol. 96.)
Confusion, subst. fém. Ce mot, qui subsiste et
qui se trouve dans le sens de honte, est employé de
même par S Bernard (Serm. fr. p. 325.) Il est
employé par le même dans la signification de chaos,
p. 380, et semble une faute d'orlhographe pour con-
clusion, dans ces vers :
(1) CoH/'i-aiWe est encore pris en mauvaise part dans un acte de 1317 (Martène , Anec, I, col. 1351): k Sur ce qu'ils
disoient que nous avions fait les alliances et cotifrairies jurées au préjudice d'eux, de leur honneur et noblesse, jurisdiction ;
et pour ce eussent mis mains en nos terres. » (n. e.)
(2) On trouve encore conf ravie au t. III des Ordon., p. 583, an. 1362. (n. e.)
(3) « Comme plusieurs personnes meues de devocion et autrement, pour le remède de leurs âmes, aient donné et laissé
ça en arriéres plusieurs choses es biens aus chappellains de la compagnie et confraternité de l'église de Laon. y (N. E.^
(4) On lit dans Froissart ; « Et le confroissa et le bleça tellement que U chevaliers n'eut oncques puis bonne santé. »
(V. 89.) Au t. IV, p. 282, il signifie démolir : « Des enghiens qui brisoient et confroissoient murs et tours. » (n. e.)
(5) Il a encore ce sens dans Palissy (80. (n. e.)
(6) Dans Froissart, il a le sens épuisé : « .Avant que nous feussions là, nous serions tous confus d'haleine et de force. »
(XIII, 245.) (N. E.)
co
173 —
CO
.... Si répliquent les raisons,
Et mêlent les coiifimioiis,
L'une en ce que l'autre a dit.
Modus el R.icio, IIS. fol. 15!) R".
On lit nilleurs conclusions.
Confusse, adj. au fém. Honteuse.
Or est ma vie si coiifusse.
Que chascun me liet et Jesprise (haït et méprise).
Fabl. MSS. du K. ii° 1218, fol. 139, R- col. 1.
Confiitateur, subst. masc. Qui réfute. On a
dit : '■ Confutateur d'erreur problématique. »
(Goujat, Bibl. fr. T. XIII, p. 135.)
Confutation, subst. fém. Réfutation. (Dict.
d'Oudiii.)
Conluter, verbe. Réfuter (1). (Monet, Rob. Est.,
Nicol, Oudin.)
Congé , subst. masc. Permission , consente-
ment*. Permission de partir, adieu °. Exclusion *^.
Révérence °.
Ce mot semble à quelques-uns venir, comme
l'italien congedo, du mot latin concedo. On trouve
les mots congédia et congerius pour congé, dans le
Gloss. lat. de Du Gange. Selon Ménage, congé vient
de commcatus ('2], et celle étymologie peut se confir-
mer par l'expression de Pline le Jeune, accepta
comnieatu. (Liv. III, Epit. 4, Falc.)
* Congé, dans son origine , sigiiifioit permission,
consentement. Nous le disons encore quelquefois
en ce sens, el nous écrivons congé. « Par quel c::<igé
« entras- tu céans ? Je y entray, disl Sagremois, pur
« son commandement, et par son congé. « (Laiic.
du Lac, Vol. II, fol. 42.)
Mon coeur, qu'avec raison votre discours étonne,
N'entend pas que mes yeux fassent mal à personne,
Et si dans quelque chose ils vous ont outragé,
Je puis vous assurer que c'est sans mon congé.
L'Etourdi, comëd. de Molière, acte 1", se. '.'i.
C'étoit un pléonasme de dire : » Sans le congié
« de la licence du roy. » (Chron. fr. ms. de Nangis,
an l'I'll.) On lit dans le latin sine régis licenliâ.
On disoit, en parlant d'un domestique : " Je te
« donne congé de l'en aller. » (Contes de la R. de
Nav. T. II, p. (38.) Nous dirions aujourd'hui simple-
ment : je te donne congé.
" En effet, par la suite, le mot congé, du sens
générique permission, passa à l'acception particu-
lière permission de partir, et il est en usage dans
ce sens. Nous disons, comme autrefois, /n-èndre et
donner congé pour faire ou recevoir des adieux.
Nous ne dirions cependant pas congé pour adieu,
comme en celte phrase: « Luy disant, pour ce
« congé, queje me recommandois à sa bonne grâce ;
« elle me respondit, et moy à la vostre. » (L'Amant
ressuscité, p. 408.)
'^ Donner congé se prenant pour renvoyer, se prit
bientôt pour éconduire, exclure. Ainsi congé signifia
exclusion, refus. « Tous les recevoit ; n'a nuls n'en
« donnoil congé, el faisoit à tous bonne chère »
(Froissc.rt, Liv. 111, p. ;i()8.)
Dans ce sens, donner congié sigiiifioit mettre
dehors :
Congié vos doing de cete yglise.
Fabl. MS^. de S. G. fol. -11. V" col. 3.
"Comme congé signifioit adieu, il paroit qu'en
parlant de danse , congié signilioit la révérence par
laquelle la danse se finissoit :
Branle et congié je fays en toute humblesse ;
Touchant pas simple, ung tout seul je n'en lesse ;
Jlais je ne puys ung double apparier.
J.Marol, p. 247.
11 nous reste ii remarquer quelques expressions
dans lesquelles entre le mol congé :
1° On disoit congié penre, pour prendre congé,
se retirer. (Beaum. p. 10.)
Si a prins congié de s'en aler.
Gace de la Bii;ne. des Doduils, MS. fol. 53, V'.
2° De droit congé. Un magistrat doit réunir à
beaucoup d'autres qualités : « un corps de belle
« représentation, et de grave majesté, fort, et puis-
» sant, de droit congé pour soubstenir la vérité, et
» pour surmarcher (dompter) les rebelles qui contre
« vérité se vouldroyent eslever. » (llist. de la Tois.
d'or. Vol. II, fol. 120.) Celle expression de droit
congé ne présente pas ici de sens bien ;'éterminé.
3° Congé de personnes et menée. Expression
autrefois usitée au barreau, pour signifier : « jour
« marqué à un seigneur pour le délivrer aux plaids
" de quelque barre voisine, et y mener les sujets. »
(Gloss. de l'Hist. de Bretagne.)
4 Congé simple, congé dejfaut, congé de cour sont
des termes de palais. « Le congé simple s'obtient par
« un défendeur, contre un demandeur non compa-
" ranl,ou àfaulederépliquer;etp;irrintimé, contre
« l'apellant défaillant, qui avoil relevé, et assigné. «
» Le congé de cour n'emporte pas gain, si ce n'est
» ù faute de répliquer, el soutenir en action de
« retrait lignager qui est odieux en quelques pro-
« vinces, et en quelques autres cas : autrement il
« ne délivre que de l'instance ; et peut bien encore,
" en après , le même demandeur intenter nouvelle
" instance, pour même chose, contre la même
« personne, à la charge des despens de la première
« instance, et du congé. >> (Laur. Gloss. du Dr. fr. —
Voyez Coût. Gén. T. 1, p. 452.)
Le congé deffaut, selon Cotgrave, « se donne à
« l'appellant qui a esté anticipé, contre l'anticipant
« défaillant » On dit encore, en ce sens, défaut-
congé, mais avec celle différence qu'il s'accorde au
deffendeur contre le demandeur, soit que ce soit
par appel ou en première instance.
VARIANTES :
CONGÉ. Orth. subsist. Loix Norm. art. 5, en latin Ucentia.
CoNJÉ. Du Cange, Gloss. lat. au mot Comiatus.
Congié. L'Oisel, Hist de Beauvais, p. 266.
CoNGiET. S. Bern. Serm. fr. .MSS. p. 27, en latin Ucentia.
(1) On lit dans Marot (IV, 15) : « Mais j'ai honte pourtant. Dont tel opprobre on m'a peu imputer, Et que sur champ ne
l'ay scfu confiitcr. » Voir aussi du Bellay (490). (n. e.)
(.2) Cette origine nous est indiquée par le provençal comjat; de même somniare a donné songer,
sergent, (n. e.)
et sen'ientem ,
co
— 174 —
CO
Congeable, adj. Qu'on doit exclure *. Ce dont
on peut" exclure ^.
* Dans le premier sens, congeable se disoit des
personnes. « Enfant congeable. >• (Tenur. de
Littl. fol. 45.)
^ Dans le second sens, congeable se disoit des
clioses. « Un domaine congeable (I) est celui duquel
« le possesseur se doit dessaisir, à la volonté du
« seigneur bailleur duquel il est tenu, en luy payant
« ses" améliorations. « (Laur. Gloss. du Dr. fr. ;
Morice,Ilist.deBret. prêt, de Preuv.T.lll, p. XVII.)
Congréables est une faute pour congeables, dans la
Coût, de Bret. ihid. p. 780. On a dit convenant, au
même sens ; voyez ce mot, et Convenanciers ci-après.
Congéé, participe. Congédié, renvoyé.
Je tieng mal apaié (mal content)
Le congéé ; mes cil est plus mal mis
Qui là s'atent ou l'en l'a fausnoié (refusé).
Poes. MSS. du Vatican, n- 1522, fol. 1G2, R' col. 1.
VARIANTES :
CONGÉÉ. Ph. Mouskes, MS. p. 364.
CoNGiÉ. Contin. de G. de Tyr, iMartene, T. V, col. 705.
Congéement, subst. maso. Terme de coutume.
Congé donné au tenancier d'un domaine congeable.
(Cout. de Bret. Nouv. Coût. Cén. T. IV, p. 413. —
Voyez ci-dessus Congeadle.)
Congéer,î»er&e. Congédier, bannir(2;. Chasser*.
Renvoyer avec honneur ^. (Voyez, sur ce mot, le
Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis ; le Gloss. du P.
Martene, et Du Gange, au mot Congeare.) Il paroît
qu'il s'est pris en bonne et en mauvaise part.
* En mauvaise part, qui étoit la signification la
plus ordinaire. On a dit de Thierry, chassé par ses
sujets :
K'il orent congéé de France,
Et descouronné par viltance (mépris).
Ph. Mouskes, MS. p. 46.
Après la mort « de la royne d'Espaigne, sœur à
« Henry roi d'Angleterre, les Espaignols congierenl
" tous les Anglois, hommes, et femmes, serviteurs
« de la dicte royne. » (Monstrel. Vol. I, fol. 83.)
° Conijéer se prenoit rarement en bonne part ;
alors il paroît qu'il signifioit renvoyer avec hon-
neur, et c'est en ce sens que nous croyons devoir
l'entendre, dans le passage suivant, où il s'agit de
la demande en mariage de la fille du comte de
Provence, par Louis IX :
On li a sans demorée (retard, délai) ,
Envoiié trop liement,
Del tout à son commandement....
A grant fieste l'a rongée
Li rois, et si fu couronnée.
Ph. Mouskes, MS. p. "81.
VARIANTES :
CONGÉEU. Ph. Mouskes, MS. p. 48.
CoNGiER. Monstr. Vol. I, fol. 83 V° (3).
Congénère!' , verbe. Engendrer ensemble.
(Oudin, Cotgrave, Dict )
Congie, subst. fém. Sorte de mesure. Du latin
congius, mesure- ancienne dont on se servoit pour
mesurer les liqueurs. (Cotgrave, Oud. Dict.)
Congie, S» pers. de l'ind. prés. C'est une faute
dans le proverbe suivant pour concilie, du verbe
concilier, salir, ci-dessus.
Qui fait son preu (qui travaille à son ouvrage),
Ne congie sa main,
Ce dist li vilains.
Prov. du Vil. MS. de S. G. fol. 74, V' co!. 3 (4).
Congie. [Intercalez Congie: 1° Joug pour les
bœufs : « Et si a li cuens sor deux quartiers de
« tiere trois sols de cens au Noël pour les congles,
« dont on joint les buves ki mainent le laigne el
« castiel de Namur. » (Ch. de 1265, Du Cange, II,
540, col. 2.) 2" Congre, poisson: « Morues et congles
" salés, le cent .xvii. den. » (Reg. Pater de la Ch.
des Comptes, fol. 247, r.)] (n. e.)
Congmectre, verbe. Commettre. « Chascun
« pour son party y congmectra ung de ses rois
« d'armes. » (P. .). de Saintré, p. 371.)
Congnace, subst. fém. Le fruit du coignassier.
Au matin, la congnace franche
Rousoye, en son coton nouveau,
Par dessus sa jaunastre peau.
Bergeries de Rem. Bell. fol. 50 R-.
variantes :
CONGNACE. R. Belleau, Berger, fol. 50 R°.
CoiNGNASSE. Dict. de R. Estienne.
Congneii, suhst. masc. Celui qu'on connoît.
M. deCÔuci ayant appelé un médecin de Laon, pour
la maladie de Charles VI. " Lorsqu'il fut venu, le
>■ sire de Coucy, devers qui il se trait (alla) prémiè-
« rement, car il estoit grandement son congneu{5),
« le mena devers les oncles du roy. » (Froissart,
Liv. IV, p. 157.)
Congneiie, subst. fém. Connoissance.Lalégende
de P. Faifeu,chap. 17, porte pour titre: « Comment
« il s'en retourna de Paris à Angers, avecques
« aucuns de sa congnuë. »
Congneussement,s!/&sL masc. Connoissance.
C'est ainsi que l'éditeur explique ce mot dans Ger.
de Nev. l" P. p. 131. Il faudroit peut-être lire
soingneusement, soigneusement (6), au lieu de son
congneussement.
(1) Nous avons déjà parlé, au t. III, p. 301, n. 3, du domaine congeable en Bretagne, (n. e.)
(2) Ce congé était donné par sentence judiciaire (Assises de Jérusalem, ch. CCVIII) : « Se il avient que un seignor de sa
Tolenté congée un de ses homes de sa seignorie, sans ce que il attaint de chose de quoi il le face congéer par esgard ou par
conoissance de court... » (N. e.)
(3) On lit au ch. CLXXXl du livre I" : « Que vous laissiez le voyage qu'avez commencé, en congiant vostre ost. » (N. e.)
(4) Voici comme ce proverbe est rapporté dans Leroux de Lincy (11, 463): « Ne vei ne fouis ne sage Qui coveite soun
damage, Ainz veut checun soun ben. Li josnes ne li vieux Mes nus frères nul meuz Al soun oes que al mien. Qui fest soun
prou e vist sa tnain. » (n. e.)
(5) Mettez une cédille sous le c. (n. e.)
(6) Le sens est plutôt ami. Comparez éd. Kervyn, XV, 49. (N. E.)
co
175 —
CO
Congnin, siibst. masc. Nous n'entendons pas
ce mot ; voici le passage où il se trouve :
Par miracle hault, et divin,
Le soleil fait changer en vin
Le vert jus, qui suis grant devin ;
Mais nins que je soye alïulé (paré)
De gloire, ung très mauvais congnin (1)
Me tiendra soubz le pied foulé.
Monnet, p. 18*.
Congnissable. [Intercalez Congnissable, dans
l'expression se faire congnissable, se faire con-
naître (Froissart, IX, 75).] (n. e.)
Congnoissance, stibst. fém. Idée, souvenir *.
Savoir *. Discernement, raison '=. Reconnoissance,
indice ". Reconnoissance, aveu ^. Reconnoissance,
billet ''. Reconnoissance, gratitude °. Armoiries,
devises, etc. ". Etendart'. Juridiction " (2;. Ce mot,
qui subsiste sous l'orthographe connoissance, se
prend encore dans divers sens qu'il seroit superflu
de rapporter. Nous nous bornons à ceux qui ne
sont plus d'usage, ou qui entrent dans des expres-
sions qu'on n'admet plus.
* Nous disons encore connoissance, pour l'idée
d'une chose ou d'une personne qu'on s'est em-
preinte autrefois dans l'esprit, et qu'on se rappelle.
Nous ne dirions cependant plus, en parlant d'une
personne dont on ignore le domicile :
Son domicile est hors de cognoyssance.
Molinet, p. 132.
^ Nous disons encore avoir des connoissances,
pour être instruit. On a dit autrefois un roi dr "on-
jrHoissa«cf, pour un roi instruit. (Falc.) Un astroluiiue
avoit prédit à René, roi de Sicile, que Philippe de
Valois seroit défait. Froissart (liv. I, p. 52), dit que le
roi de Sicile, » comme roi de congnoissance (3), moult
« doutoit le péril, et le danger du roy de France, »
c'est-à-dire comme prince fort habile dans l'astrolo-
gie judiciaire. Tel étoit en effet le roi de Sicile. René.
"^ On a pris dans le même sens à peu près le mot
connoissance [i), lorsqu'on l'a employé pour discer-
nement, raison, jugement, non pas le naturel, mais
celui qui s'acquiert :
Hélas, sire, montrés moy le chemin
Ou je puisse congnoissance trouver ;
Va à la court
mais n'y puet séjourner.
Congnoissance se tient trop peu à court.
Eusl. Desch. Poes. MSS.fol. 268, col. 1.
Et ailleurs :
D'où viens tu ? de la cour du Roy,
Ce dit justice àcungiioissance...
Donc y a tu pou de puissance?
On n'y congnoist droit ne raison.
Ibid. fol. 288, col. 4.
° On a dit connoissance pour reconnoissance,
presque dans toutes les acceptions de ce mot, pour
reconnoissance, indice, action de reconnoitre quel-
qu'un aux senlimens. " Et l;i eut grandes congnois-
« saiices, et approchemens d'amour. » (Froissart,
liv. I, p. '29 ) Proprement connoissance est ici pour
caresse entre amis qui se retrouvent (.5), et l'on a dit
congnoissement en ce même sens.
^ Ce mol a été employé pour reconnoissance,
aveu. « Après qu'ils eurent oui la connoissance du
'< duc, » c'est-à-dire l'aveu que fit le duc de Bour-
gogne de l'assassinat du duc d'Orléans. (Monslrelet,
Vol. I, fol. 31.) Connoissance est opposé à néance,
comme aveu à désaveu,dansBeaumanoir,p.l56(6).
Il a été pris aussi pour reconnoissance, déclaration.
(Voyez Duchesne, Gén. de Béthune, page 164, titre
de 1247.)
■" On s'est servi de ce mot pour reconnoissance,
billet. « Un cler non marié ne tiendra pas prison
« pour dépens faits en prison, et pour le geolage ;
« mais le geôlier en aura une congnoissance. »
(Gr. Coût, de Fr. liv. IV, p. 513.)
° Il s'est dit pour reconnoissance , gratitude ,
opposé à incongnoissance :
Congnoissance (7) face devoir.
C'est ce qui le tion cuer attrait (attire).
Pour faire tous biens apparoir,
Maugré c^\x incongnoissance (ingratitude) en ait.
Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 441, col. 4.
" C'est proprement comme reconnoissance, in-
dice, que connoissance a signifié armoiries, devi-
ses, etc. En effet, on les appeloit aussi enseignes,
marques , reconnoissances , ces sortes d'indices
destinés à se faire reconnoitre, et qu'on mettoit sur
les cottes d'armes, les écus, les lances mêmes, etc.
De là, le nom (iecon)ioissance (8) appliqué au blason
du champ de l'écu, et aussi aux marques données
par les dames aux chevaliers qu'elles vouloient
reconnoitre dans les tournois. « Recongneut Lan-
f celot, au pannonceau qu'il avoit sur son heaulme,
« et ce fust la première congnoissance qui oncques
« eust esté portée au temps du roy Artus sur
« heaulme. » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 107.) « Lan-
« celot qui commenta à regarder les escus des deux
« chevaliers veist qu'ils estoient tous vermeilz,
« sans nulle congnoissance, et il esloit de cous-
» tume, en ce temps, que nul nouveau chevalier ne
« portast, le premier an qu'il recevoil l'ordre de
« chevalerie, escu qu'il ne fust tout d'une couleur. »
(Ibid. T. m, fol. 110.) « Le chevalier veit ung escu
« pendant à un crocq là où il avoit fiché les deux
(1) Lisez coquin. (N. E.)
(2) Ce mot signifie encore : 1» réputation : « Car toujours viennent li bon à mettreté et à congnissancc. (Froissart, II, 12.)
2» Estime : « Pour mieulx avoir la hantise et la congnoissance de leurs marchandi.ses. » (Froissart, XVI, 33.) (N'. E.)
(3) M. Kervyn édite ; « Com rois plains de grant congnissance, et qui doubtoit ce péril [la victoire d'Edouard III] et le
domage dou roy de France son cousin. » (III, 56.) (N. E.)
(4) On disait aussi au sens passif de sans être reconnu : « Sans cognissance de ses ennemis. » (Froiss., V, 243.) (N. E.)
(5) Le sens peut être salutations : « Si eult là entre yauls frères grant congnissanche. » (XVII, 439.) (N. E.)
(6) « Quant connissance est fête en cort, on ne pot pas fere niance de ce qu'on a reconnut. » (VII, 12). On lit encore dans
Froissart (XVII, 294) : « Il fist mettre à mort che Hue de Bielcoroy seloncq la congnoissance qu'il fist. » (N. E.)
(7) On lit à la 37« .\ouvelle de Louis XI : « S'il est en moi de vous faire autant de service, pensez que j'aurai connoissance
de la courtoisie. » (N. e.)
(8) Ce sens est déjà dans Roland, v. 3090 : « Escuz unt genz de mult cunoisances. » (N. e.)
co
- 176 —
CO
« piedz d'une; lyon, et les deux piedz d'unpt serpent,
" mais la cliainpaigne (le champ de l'esou) n'avoit
« congnoitisance . >• (Perceforest, Vol. H, fol. 8'J.)
" Pucelle, je vous prye que j'aye aucune congiwis-
" scDice de vous pour la lance parer. Si seray plus
« preux en vostre besongne. » (Ibid. Vol. I, f" 143;
Voyez lîoni. de Brut, ms. fol. 'ii; Lancelol du Lac,
T. J, fol. 108.)
Alant i montent les vassax,
Si metent armes et chevax
Sor les pomeax des mas en ont
Fait chascun porter un dragon (1) :
Fait sont, par granz sénéfiances,
De .II. princes les cun>ioissa»ce.i :
L'une est blanche conme cristal,
Et l'autre d'un vermeil cendal.
Blanch.irdLii, MS. de S. G. fol. 185. R' col. 1.
' C'est en ce même sens d'indice (jue le mol con-
noissance a signifié élendarl, drapeau :
A entr'eus mainte comiuinianee
De soie tissue, et légière,
Maint penoncel, mainte banière.
G Guiarl, MS. fol. fiO. R°.
"Enfin connaissance sig'nifioit juridiction, le droit
de connoîlre d'une affaire. Unie liouve fréquem-
ment, en ce sens, dans les coulumes et les ordon-
nances, et celte acceplion peut même passer pour
subsistante ; mais nous ne dirions plus avoir eon-
noissancc sur quelqu'un, comme en ce passage :
« Ceux de Bruges n'auront plus de cogno/ssance
<■ sur ceux de l'Ecluse. » ^Monstr. Vol. H, fol. !'24.)
On trouve dans les Assis, de Jérns. \). 10 et suivan-
tes : ronnoissance de court, pour juridiction, et
jugement rendu par la cour de justice. (Voyez Du
Gange, au moi Cognitio placiti.]i^2)
11 nous reste à marquer quelques expressions
particulières :
\° On disoit lettres de connaissance, pour sauve-
garde, protection, lettres par lesquelles un seigneur
reconnoissoit quelqu'un comme bourgeois de sa
seigneurie : » Un bourgeois ayant lettres appellées
« deco?t)(0JssftHce(3^, nefourfait(perd par confisca-
« tion) rien de ses biens , soient meubles , ou
>' immeubles, pour quelque cas de meschef qu'à
•< luv, ou a sa famille sernit advenu. >> (Coût, de
iXivelle, iNouv. Coût. Gén. T. I, p. Tit»').)
'2° l'rendre sa congnoissance, pour se reconnoitre
les uns et les autres. > 11 y avoit si grant nombre
« de torches venues de riches hommes, que la plus
« grant partie du tournoy y prenoit sa congnois-
' sance. « (Percef. Vol. I, fol. 155.)
VARIANTES :
CONGNOISSANCE. Chron. S Denis, T. II, p. 145 V»
CooNissANCE. Voy. Cognoissance ci-après.
CONGNOYSSANCE. Molinet, p. 132.
Cognoissance. Perard, Hist. de Bourg, p. 300, tit. de 1213.
CoNGNOisT.ANCE. Falfeu, p. iOS.
CoNNissANCE. Ord. T. III, p. 294.
CoNOisSANCE. Chans. du comte Thib. p. 103.
CoNNOissAiN'CE. Orth. subsistante.
CONESSANCK. S. Burn. Serm. fr. MSS. p. 35.
CONIBSANCE. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 25.
CoNiSEANCE. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 25.
CoNisxANCE et CoNiXANCE. S. liern. Serm. fr. MSS. p. 11.
Cui.NisANGE. Marbodus, col. 1642.
CuNuiSANCE. Ibid. dans le MS. de S. Victor.
Congnoissaiiment. [Intercalez Congnoissau-
menl, en connaissance de cause, au reg. JJ. 138,
p. m, an. 1389.] {s. e.)
Congnoisseinent, subst. masc. Reconnois-
sance. Caresses entre amis qui se retrouvent.
« Adonc se retirèrent à part les deux compaignons
» par devers leurs amyes, ou la feste, et le con-
" gnoisseuient fui gianf. » (Percef. Vol. VI, fol. 93.
— Voyez CoN.NoissE.vENT dans un autre sens.)
Congnoistre, verbe. Connoitre*. Apercevoir,
senlir^. Avouer*^. Prendre connoissance, juger".
Le mol congnoistre, employé par S. Bernard sous
les orthographes ci-dessous, répond au latin agnos-
cere, cognoscere, noscere, prœnoscere et scire.
* Dans le sens où nous disons connoitre, on a
écrit :
Si faut il cognoistra avant qu'aimer.
Coiiles de Chol. fol. 22;i, R-.
Ou comme ou lil dans un autre de nos anciens
poêles :
Il faut covfjiioislre (4) avant que aimer.
L'Amant rendu Cordelier, p. 514.
^ On a dit aussi C0(/?!02Sfr(? pour s'apercevoir, sen-
tir. Le poêle parlant de sa dame qui enfiloit des
fleurs dans les épines de groseiller, et qui ensuite
les lui donnoil à baiser, dit :
Dont en baisant, ra'avint deus fois
Que li espinçon (épines) de ce bois
Me poindirent (picquèrent) moult aigrement :
Et madame, qui liement
S'esbatoit adonc avoec moi.
Me dist, en riant; assés je croi
Plus tost ncé.s ce cogneii,
C'ui matin le jour perceu.
Froissart, Poos. MSS. p. 138, col. 1 et 2.
^ Ces acceptions s'éloignent peu de celles de
notre verbe connoitre. Viwe, signification ancienne,
plus éloignée de celles qui subsistent, est avouer (5),
confesser. « Gallehaut luy pria tant, elenquistque
i> il luy congneut que il aymoit la royne, qu'il lui
» avouât qu'il aimoitla reine. » (Lancelol du Lac,
T. III, fol. l'2(j.) « Ainçois me congnoistrés-vous
" toute votre malice. » (Percefor. Vol. H, fol. 138.)
Son péchié connnsi, si fut pris.
Fabl. MSS. do S. G. fol. 3, R" col. 1.
Il est encore employé sous cette acceplion dans
Perard, Ilisl. de Bourgogne, p. 486, lit. de 1257.
(1) Ces dragons servaient de supports, comme dans ce passage de G. Guiart : « Cils dragons soutint la bannière Des
co>riwtsm>ices l'eraperiere. » Voyez d'autres exemples dans Du Gange, sous Cngiiitioiies (II, 418, col. 3). (N. E.)
(2) C'est le privilège d'une commune de juger dans l'étendue de sa juridiction les procès de contrats et d'héritage. Les
Anglais disaient cunusaiice île plée, et les Assises de Jérusalem (ch. XLV) connoissanre de court, (n. e.)
(3) Voir la note précédente. (N. e.)
(4) « Et ossl la ione fille le coiignoissoil plus et lui tenoit plus grant co«paignie que nule de ses sereurs. « (Froissart,
II, 54.) (N. E.)
(5) « Il fu questionnés et si bien examinés ffue il coîwMciU toute la trahison, b (Froissart, IV, H8.) Voyez aussi Berte
as, 115.)(N. E.)
co
177 -
CO
Connoistre dans cette signification est propre-
ment faire connoilre (1).
° Nous avons vu connoissunce, pour juridiction,
pouvoir de juger. On a dit, dans le même sens,
conoistre. Nous employons encore connoître avec
celte acception, pour désigner le ressort. Le Parle-
ment connoît des duels, le grand conseil connoît
des réglemens de juges, etc., "mais nous ne dirions
pas, comme dans les Assis, de Jérusalem, page 159 :
" Il le doivent faire si com la court l'a coneu »,
pour dire comme la cour l'a jugé. C'est aussi le sens
auquel il se trouve dans Rymer, T. I, page HC,
titre de 1270 (-2).
CONJUGAISON :
Congneu, partie. Connu. (Fabl. mss. de S. G. f» 3.)
Congueusse, subj. prés. Connoisse. (Froissart,
liv. III, p. 338.;
Congneut, prêter. Connut. (Chron. 8. Den. T. II.)
Connissoit, imparf. Connoissoit. (Fabl. mss. du R.
n' 7218, fol. 150.)
Connistroie, imparf. subj. Connoitrois. (Ordonn.
T. III, p. 205.)
Connougut, partie. Connu. (Patois de Cahors. —
Borel, au mot Glouper.)
Connui, prêter. Je connus. (Poës. mss. Vatican,
n" 1490. fol. 6.)
Connuit, indic. prés. Connoit. (Estrub. Fabl. mss.
du R. n» 7996, p. 85.)
Conui, prêter. Je connus. (Gontiers, Poës. mss.
avant 1300, T. III, p. 102/i.)
Conustras, fut. Connoitras. (Hist. de la S" Croix,
Ms. page 20.)
Couuisçons, ind. prés. Connoissons. (Fabl. ms. du
R. n" 7989, fol. 213.)
Coiinissans, partie, prés. Connoissoit. (Poës. mss.
avant 1300. T. IV, p. 1320.)
Counisteroie, imp. subj. Connoitrois. (Fabl. mss.
du R. n» 7989, fol. 213.)
Counu, partie. Connu. (Fabl. mss. du R. n" 7989.)
Counute, partie, fém. Connue. (Règle de S. Ben.
lat. fr. ms. de Beauv. ch. Cl.)
Cunuissent, indic. prés. Connoissent. (Marbodus,
prol. suivant le ms. de S. Victor.)
Kenissant et Kennissant, participe. Connoissant.
(Carpentier, Hist. de Cambrai, p. 28.)
Coneu, part. Cogneu, reconneu. Confessé, avoué.
(Perard, Hist. de Bourg, p. 480, tit. de 1257.)
Cogneu (ayez:. Connoissez, sachez. (Perard, Hist.
de Bourg, p. 300, tit. de 1213.)
Cognut, part. Connu. (Duch. Gén. de Chat. p. 46.)
Conessiens, imparf. ind. Cogaoissions. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 260.)
Conessiue, imparf. ind. Je connoissais. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 147, dans le latin sciebam.)
Conessoit, imparf. indic. Connoissoit. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 6.)
Coneue, partie. Connue. (Du Bouchet, Gén. de
Coligny, page 63.)
Côniieu et Recogneu, part. Déclaré, confessé.
(Perard, Hist. de Bourg, p. 482, tit. de 1255.)
Conneut, passé défini. Reconnut, déclara, certifia.
(Perard, Hist. de Bourg, p. 498, tit. de 1260.)
Connesserat, fut. prés. Connoistra. (S. Bern. Serm.
fr. mss. p. 34.)
Conesseriez, fut. prés. Connoistrez. (S. Bern.
Serm. fr. .mss. p. 2.)
Conissant (faire), pour notam facere. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 31.)
Connisseiz, ind. prés. Connoissez. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 25 )
Conogu, partie. Conneu et reconnu. (Duchesne,
Preuves de la Gén. des Chastaigniers, p. 28, tit. de
1246. )
Connoissereil, imp. ind. Connoitroit. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 358.)
Connoix, ind. prés. Je connois, je reconnois.
(S. Bern. Serm. fr. mss. p. 142.)
Conos (ne), ind. prés. Tu ne reconnois. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 258.)
Conost, passé défini. Connui. ^.5. Bern. Serm. fr.
MSS. p. 358.)
Conoxeut, imp. du subj. Connussent. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 105.)
Connexes, ind. prés. Tu connois. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 108.)
Conuiset Conuiz, pour connus. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 1 et 22.)
Conuissiez. imp. du subj. Connussiez. (S. Bern.
Serm. fi-. mss. p. 25.)
Conuit, passé défini. Connui. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 382.)
Conussent , imp. du subj. Conneussent. (Loix
Norm. art. 44.)
Conustes, imp. du subj. Conneutes. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 25.)
Conut, partie. Reconnu, déclaré. (Duchesne, Gén.
de Beth. p. 164, tit. de 1247.)
Connut, part. Connu, reconnu, déclaré, confessé.
(Duchesne, Gén. de Bethune, p. 107, tit. de 1234.)
Cuneu, pari. Connu. (Marb. col. 1644 et 1678.'
Cuneistra, fut. prés. Connoitra. (Marb. col. 1678.
('unuistra dans le ms. de S. Victor.
Cunnus, part. Connu. (Marb. col. 1638.)
Cunnissent, ind. prés. Connoissent.
Queneu, part Connu. (Perard, Hist. de Bourg,
p. 450, Tit. de 1241.)
VARIANTES :
CONGNOISTRE. L'Amant rendu Cordel. p. 514.
COGNOISTRE. Rymer, T. I, p. 116, tit. de 1-270.
CoiNiSTRE. Loix Norm. art. 28, en latin cognoscere.
■ Connoistre. S. Gelais, p. 128; Rab. T. I, p. 1.
Conoistre. Assis, de Jérus. p. 163 et 171.
CONNOYTRE.
CONOSSERE. S. Bern. Serra, fr. MSS. p. 384.
(1) Ce sens est aussi dans Froissart (II, 376) : (( Lesquelles coses il ne voloient pas congnoistrp. à ceuls qui leur en
demandoient. » Voyez encore Roncisvals, p. 84. (N. E )
(2) Froissart emploie aussi notre locution se connaître en...: a. Je ne me congnois mie en si grans afaires qu'en fais et ea
maniemens d'armes. » (111, 318.)
lY. 23
co
178
CO
se, p.
CoNNUSTiiE. lirilt. Loix d'Angl. iol. 2, V".
CoNOSTiiE. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 30, et pussim.
CONUSTKE.
CoNUSTER. Tenur. de Littl. fol. 59, R".
CuNEisTRE. Marb. col. 1678.
QuENdisTKE. Beaumanoir, p. 209.
QeiNesthe. La Colomb. Th. d'honn. T. II, p. 119.
Congoïr, wrftp. Se réjouir avec quelqu'un, le
compliiueiiler, le caresser. (Voyez Nicol, Monet,
Cotgrave, et Oudin, Dicl.)
Les oisiaux voy deux à deux conjoir.
Eust. Desch. l'ots. MSS. fol. 1C4, col. 3.
Bauduins s'en part, et si orne
A Paris vint, s'el conr/oï
Li rois, qui sa complainte oï, etc.
Ph. Mouskes, MS. p. 797.
Le ducde Touraine fui au devant desducsde sang
envoyésd'Anglelerreù Amiens, en 1301, pour traiter
de la'paix avec Charles YI. « Quand ils eurent un
« petit esté ensemble, elconjoili l'un l'autre, etc. »
(Froiss. Liv. IV_ p. 13i (I).) « Se conjouireHl, et as-
« semblèrentdeparollestrailal}les, et amoureuses. »
(Plus bas, ibid.) « Les jeunes garçons sont aimés,
et conjouis des dames. » (Faucliet, Lang. et Poës.
fr. p. 1S8 )
Tuit li courent saluer,
Qui molt le volent (veulent) conjoir.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 59, R- col. 3.
CONJUGAISON :
Congot, ind. prés. Caresse. » Celle qui m'aime, et
« congot. " (Poës. mss. Vatican, n° 1522, fol. 170.)
Conjoi, prêter. Caressa. « Si le baisa, et conjoi. »
(Fabl. MSS. du R. n" 7G15, T. II, fol. 182.)
Conjoie, subj, prés. Caresse. (Fabl. mss. du R.
n° 7C15, ï. II, fol. 209.)
Conjot, ind. prés. Félicite. (Fabl. mss. du R.
n» 7218, fol. 60.)
variantes :
CONGOIR. Adams li Bocus, Poës. MSS. av. 1300, T. IV.
CONjoïR. .lacqupmes li Viniers, ibid. T. II, p. 863.
CoNJOUlR. Monslrelet, Vol. II, fol. 37 V" col. 3.
Congointure, subst. fém. Conjonction. Cbarle-
magne lit peindre dans son palais, i^i Aix, les sept
arts avec leurs allribuls :
Gramaire i fu painte première.
Oui nous ensegne en quel maniera
On doit escrire les figures,
Et asambler les comjointures.
Ph. Mouskes, WSS. p. 252.
Congre, suhsl. masc. Poisson. II est encore
connu sous ce nom ; nous ne le citons que pour
rapporter ce proverbe ancien : « Congre (2) de la
« Rochelle. » (Prov. à la suite des Poës. mss. avant
1300, T. IV, p. 1652.)
Congréer (se), verbe. S'épaissir, se cailler, se
congeler x'i). (Voyez Jlonet, Rob. Estienne, Oudin et
Cotgr. Dict.) Du lalin concrescere (4). Lait congréé,
pour lait caillé. (Nicol, Dict.)
Congregable, u/lj. Qui est du troupeau, ou
dans le troupeau. (Dict. de Monet.)
Congrégation, subst. fém. Assemblée, confé-
rence *. Accord , société , et communauté reli-
gieuse °.
* Ce mol est, dans le premier sens, au passage
suivant : « Plaist ausdils seigneurs que, en toute
" seurelé expédiante, et nécessaire, soient voyes ,
« et manières advisées, et mises avant, à obvier à
« toutes souppechons, et inconveniens ù la dite
« congrégation. " (i. Le Fevre de S. Rémi, p. 38,
Hist. de Charles VI.)
° Congrégation s'est dit aussi pour accord, société.
Les Lisbounois furent les premiers ;^ prendre le
parti de D. J. Denis, élu roi de Portugal. « Ils
« estoientbien XV ceiils, lou&ù' une congrégation. »
(Froissarl, Liv. III, p. 94, an 1385.)
Nous n'employons plus ce mot que pour assem-
bléeou société de religion ou de piété. Dansée dernier
sens, on Mi congréacion d&as S. Bern. Serm. fr.
Mis. p. 177, où il répond aux mots congregaiio
fratrum, au T. III du Rec. des Ord. p. 300 ; mais
c'est vraisemblablement une faute, et il faut lire
congrégacion.
VARIANTES (5) :
CONGRÉGATION. Orth. subsist.
CoNGRAGATiON. Fabl. MSS. (lu R. n» 7615, T. I, fol. 69.
CoNGRÉACiON. Ord. T. III, p. 360.
Congreger , verbe. Assembler. On disoit
cbngregcr les cardinaux, pour les assembler. (Mém.
Du Dellay, Liv. V, fol. 146.) Ce mot éloil vieux dès
le tems de Nicot. On lit dans son dictionnaire
« Congreger, dites, assembler. » (Voyez J. Marol,
p. 10 ; Coût. Gén. T. I, p. 622.)
VARIANTES :
CONGR'EGER. Oudin, Nicot, Rob. Est., Cotgrave, Dict.
CoNGRÉGUER. Lett. de Louis XII, T. II, p. ^.
Congrier , subst. masc. Garenne à poisson.
Terme de coutume. C'est un espace dans une
rivière enfermé par des pieux. (Laur. Gloss. du Dr.
fr.) Ce mot semble formé de congre (G), poisson.
(1) Le sens est faire bon accueil ; comparez l'édition Kervyn, t. IV, p. 167 ; t. V, p. 336. (n. e.)
(2) On lit dans E. Deschnmps (fol. 485) : « Chiens de mer, marsouins, saumons, coiiyres, turboz et leurs semblables , Qui
sans escaiUes sont nuisables. » (N. E.)
(3) Au reg. 173, p. 250, an. 1425, il signifie convenir : « Lesquelz se congreercnt ensemble d'eulx deux de retourner au lieu
de HanjGl. » (n. e.)
(4) Il vient de conijrcgaye : « [Les vers] se congrienl es cors par chaleur et par humeurs. » Dans Chastelain (Exposition...) :
« Par guerres et divisions ont peu estre congreées haines et mautalens. » (N. E.)
g) Voyez aussi Récits d'un ménestrel de Fteims au xiir siècle, p. 369 (éd. de Wailly). (n. e.)
(B') On lit iians un nis. de Corbie (an. 1511) : « Icelluy prendeur ne porra vendre iiy estranger nulz des poissons , qui
seront pnns esdites eojxcyes et pescheries... Et porra ledit prendeur tendre nasse en la com-rye d'iceulx molins. » Cette
forme conn-ije écarte congn;. qui d'ailleurs désigne un poisson marin. Congle (conjuyla), que nous avons vu plus haut, a
pu donner coyujra, puis congrier. (N. E.)
co
— 179 —
CO
Congroient, 3' pers. del'imparf.
Se les mauvais ne conrjmient,
Ja li bon durer ne porroient.
Se che n'est fors des Sarrasins, etc.
Fabl. MSS. du R. n- 7itS, fol. 154. K- col. 2.
Congruité, subsf. fém. Convenance. Ce mot
lie subsiste plus que comme terme dogmatique. On
disoit autrefois :
Ce que tu dis, est de congruité (1).
Geofr. de Paris, à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 35.
Conliet. [Intercalez Conhet, sorte de couteau
(JJ,16,"), p. 72, an. 1410): « Lequel prist un petit
<' coustel ou conhet, dont l'en cerne les noiz qui
» avoit environ deux doys d'alumelle. »] (n. e.)
Coniers, subst. jnasc. plur. Clapiers, garennes.
On trouve vun'chcs, garennes, coniers, dans Britt.
Loix d'Angl. fol. 185 R°.
Conil, subst. masc. plur. Lapin *. Embarras,
manigance ^. Terme obscène '^.
* Ce mot est employé communément au sens
propre. Voyez le Gloss. de l'Hisl. de Bret. et Du
Cange,-au moi Conillos.)' Soilenquisdewast(degast)
« fait par eux en parkes, et en vivers, pesson, et de
" conics, et de autie destruccion par eux faites en
« garennes, et en boys, et en toutes choses et de la
" verey (véritable) value. " (Brilt. Loix d'Angleterre,
fol. 33.) On lit pâté de conhi dans Gobin de Rains,
l'oës. MSS. av. 1300, T. II , p. 723. .. Nous prendrons
« uns; gris connin qui demande le masle. etc. »
(Percef.'Vol. l,fol. 77.)
° Dans un sens figuré, on disoit broyer tel conin,
pour susciter tel embarras, faire telle manigance :
Sotiefait son devoir
De les mener jusqu'à fin ;
La leur broya tel conin
Que, depuis le temps de Martin,
Ne pot nul tel temps veoir.
Eusl. Desch. Poè's. MSS. fol. '8. col. 2.
^ On l'a dit aussi dans un sens obscène. (Eust.
Desch. fol. 206.) Conn'nie. dans le même sens. (Ibid.
fol. 440.) Cliasser aux connins (2),~ interprété aussi
en ce sens, dans le Dict, fr. esp. dOudin,
VARIANTES :
CONIL.
CoNNiL. Joinv. p. -15 ; Oudin, Dict.
Conin. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 723.
Connin. Nicot, Oudin, Dict.
CouNiN. Nicot, Dict.
CoNVNGE. Du Cange, au mot ilarescalliis forinsccits.
Conics, plur. Britt. Loix d'.\nglet. fol. 33 V».
CoNNis, plur. Ord. T. I, p. 335.
CoNNiLLE, subst. fém. Oudin, Dict.
CONNINE, subst. fém. Percef. Vol. I, fol. 77, V" col. 2.
Coniller, verbe. Se cacher, faire le poltron *.
Terme de marine ^.
* Dans le premier sens, ce mot vient de connil,
lapin, et signifie proprement se tapir comme un
lapin, trouver des échappatoires, soit par fuite ou
par chicane. On ledit souvent en Anjou. De là,
coniller a signifie faire le poltron. (Voyez les Dict.
d'Oudin, Cotgrave et Ménage.) « Negligens en la
■< reformation de leurs vies, chacun d'eux y dissi-
« mule, elconille. » (Est. de laFr. sous François II,
par La Planche, p. 662.) >■ Comment la philosophie
« vient-elle à cette molesse de me faire conniller
» par ces détours couars, et ridicules. « (Montaigne,
Ess. T. II, p. 292.) Il dit aussi, en parlant de la
mort: « Je cherche à conniller, et à me dérober de
« ce passage. « (Ibid. T. III, p. 349.)
^ Comme terme de marine, ce mot vient de conille,
certain endroit de la galère où se posent les rames,
lorsqu'on ne vogue point. Coniller alors se dit
lorsqu'on retire les rames dans la galère. (Voyez
Oudin, Dict.)
VARIANTES :
CONILLER. La Planche, Estât de la France, p. 662.
Conniller. Oudin, Dict.
Conillière, subst. (cm. Clapiers, Garennes *.
Subterfuges °.
* Sur le premier sens, qui est le sens propre,
voyez Oudin et Cotgrave : « Ceux qui sont trouvez
« chassans en garennes, ou conninieres sont punis-
« sables comme larrons. » (Coût, de Nivernois, Coût.
Gén. T. I, p. 887.)
^ Au figuré, ce mot signifie subterfuges, ressour-
ces. « C'est aux despcns de nostre franchise, et de
« l'honneur de nostre courage, que nous desad-
« vouons nostre pensée, et cherchons des conillie-
« res en la fausseté, pour nous accorder. « (Essais
de Montaigne, T. III, p. 424.)
VARIANTES :
CONILLIÈRE. Montaigne, Ess. T. III, p. 424.
CONNiNiisKE. Cout. Gen. T. I, p. 887.
Conistere, subst. masc. Mot purement grec,
qui signifie : « Poudroir, lieu particulier dans les
« bains, ou eluves, pour couvrir de poudre les
« combatans huilés, » selon Monet, Dict.
Conistre, subst. fém. Pasquier, Bech. p. 723,
cite une ordonnance de 1317, concernant les offi-
ciers préposés h la garde des portes de la maison
du roi. On les appeloit huissiers de salle; ilsétoient
cinq, suivant celte ordonnance : « Il devoit y en
« avoir tousjours 3 en cour, et s'aideront pour ser-
« vir par temps, et aura une provendo (provision,
« ration) d'avoine, et 19 deniers de gages, pour
•< toutes choses et livraison de chandelles, 9 quayer
« et 6 conistres. ■• On lit plus bas : « Eux trois
« ensemble auront 9 quayer pour esveiller, et cha-
« cun une conistre, et une botte de feurre. «
Conjecteur, subst. masc. Qui conjecture.
Or un jour qu'il doutoit quel père estoit autheur
De son estre, ils'enquit du poëte conjecteur.
Pûos. d'Am. Jamin, p. 55 V'.
Conjectif, adj. Conjeclural. <> Pour confirmation
« de laquelle chose j'ay argument conjectif, et très
(1) Voyez aussi Charles d'Orléans (lll« ballade) : « Congruité, de incongruité plaine, y (n. E.)
(2), « Le suppliant trouva une jeune fille de l'âge de douze ans ou environ sur le chemin,... laquelle lui demanda s'il
chaçoit aux connins, à quoy il luy respondv que ouy aux conni-ns privez et qu'il chaceroit au sien, d (3i. 183, p. 127,
an. 1456.) (N. E.)
co
— 180
co
« appaianl. « (Histoire de la Toison d"or, Vol. I,
fol. 85.)
Conjectiirable, adj. M. de la Porte s'est
servi de ce mot, pour épiihète de présomption.
Conjoindro, verbe. Joindre ensemble. (Cotsjr.
et Rob. Kstienne, Dict. ; Voy. Essais de Monlai2:ne,
T. II, p. GG'2.) De là se conjoindre, au ligure, pour
s'unir, s"allier. » Le Roy entendoit ùt se co)i joindre
« aveciiues luy par toutes les plus estroittes
. façons, etc. » (Mém. Du Bellay, liv. V, fol. 159.)
Conjoint, partie. (1) Ce mot subsiste ; mais on ne
dit plus conjoints de nature pour parens. (Voyez
Goujet, Bibl. fr. T. XIV, p. 84.)
Conjoïr. [Intercalez Conjoïr, faire bon accueil
(voir congoïr) :
Il le baisa et cil le cûhJoïL
Garin, t. I, p. 250.
Les rebaise andeus et comjot.
Hûi Guillauroe, p. 155.
Froissart écrit aussi : « Et s'en vint devant
« Vennes conjoïr et festyer le roi d'En^leterre. »
(IV, 1C7.)] (N. E.)
Conjonction. [Intercalez Conjonction , liens
d'amitié, puis témoignage de sympaliiie : « Et par
« plus grant conjonction de pais et d'amour, li
« contes de Flandres esloit venus avoecques euls
« à Calais. » (Froissart, VII, 76.) « Ou cas que je
« traitte amoureusement à luy, toute conjonction
« d'amour doit y estre. » (XV, 211.)] (n. e.)
Conjoncture, siibst. fém. Mot formé de l'italien
congiuntiira, et nouvellement introduit dans la
langue. (Voy. préface de Borel, p. 48.)
Conjouissable. [Intercalez Conjouissahle ,
affable : « Il esloit conjouissable et accointable à
toutes gens. •• (Froissart, XI, 87.)] (jn. e.)
Conjouissance(2),swbsf. /m. Ce mol subsiste,
nous le trouvons employé dans une lettre de
Louis XIV, T. I, p. 20.
Conjouissement, subst. masc. Congratula-
tion. Témoignage de joie qu'on donne à quelqu'un
sur quelque beureux événement. (Oud. et Cotgrave,
Dictionnaire.)
VARIANTES :
CONJOUISSEMENT. Oudin, Nicot, Dict.
CON.IOYSSEMENT.
Conjoy, subst. masc. Caresses, faveurs, plaisir.
Ce substantif est formé du verbe congoir ci-dessus,
et s'emploie dans les mêmes sens. On lit dans ces
vers :
Jehans n'ert (n'estoit) pas en la vile,
Si s'en refisl chascuns plus jois (joyeux) ;
Mes celé nuit à grans conjois
Furent, etc.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 211. V* col. i.
VARIANTES :
CONJOY. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 278, col. 2.
CoNJOi. Fabl. MSS. du R. n° 7218, fol. 211, V" col. 2.
Conjoye, adj. au fém. Favorable. On a dit, en
parlant h l'espérance. « Bieneureuse, et conjoye
•" soit ta désirée venue, dame secourable, source
« de confort, et refuge des adoulez (aflligez). » (Al.
Chart. l'Espcr. p. 330.)
Conjugata. On trouve rime conjugata, dans
Sibilet (Art. Poët. liv. H, p. 146.)
Conjungo. Verbe latin employé comme subs-
tantif, pour mariage, dans ce vers :
Il veut le cniijitnrjn.
La comtesse d'Orgueil de Tli. Corneille, acte II. se. 1)1.
Conjur. [Intercalez Conjur, encbantement :
Au planter tel conjitr i firent
Que tous tans cil arbre florirent.
Flore et Blancellor, v. 629. | |N. ï.)
Conjuraison, subst. fém. Conjuration.
Que les cn)ijuravsons
D'iniquité soient, par vos oraisons,
Tournez en cendre à grande confusion
De l'ennemy, etc.
, Les Marg. de la Marg. fol. 273, Rv
VARIANTES :
CONJURAISON. Les Marg. de la Marg. fol. 273, R».
CoNJUROisoN. Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 139, col. 4.
Conjurateur, s(i&s^ masc. Conjuré*. Témoin
qui jure en justice ^ (3).
*Sur le premier sens de conjuré, voyez Nuictsde
Strapar. T. II,p. 207.
° Le second sens se trouve dans Britton. Loix
d'Anglet. fol. CO, R°.
Conjuration, sul)sl. fém. Déclaration affirmée
par serment* Conlrairie^.
* Ce mot, dont nous ne rapporterons point les
acceptions subsistantes , s'est employé autrefois
pour certificat affirmé par serment : » Les cbirur-
« giens ayant veu les playes, ou blessures de tel
« navré, "afferment, et déclairent le péril oij il est
« constitué, lesquels serment, et déclaration sont
« rédigez par escrit, et en vulgaire est appelle con-
« jurdtion. » (Coût, de Tournay, Coût. Gén. T. II,
page 944.)
° On a aussi donné autrefois le nom de conjura-
tion aux coufrairies. Elles emprunloient celte déno-
mination " du jurement (|ue se faisoient les
<' confrères, les uns aux autres, de s'assister envers
« tous, et contre tous, ;"! la reserve de leurs sei-
» gneurs dominans. » ^Le P. Meneslr. de la Chev.
page 207.)
(1) Ce participe est dans Benoit de S" More (II, 10665). (n. e.)
(2) Le mot est dans Ghastellain : « Tous deux joyeusement le receurent et lui firent fiste siconjouissance. » (Dictionnair*
ae Dochez.) (n. e.)
(3) Il ne faut pas confondre les conjurateurs ou cojurateurs avec les témoins ; ils ne déposaient pas de visu et audilK,
mais donnaient à leur partie comme un certificat de moralité. Ainsi ce fut par le serment de 72 cujurateurs que Frédegond»
se juslitîa devant le roi Contran du meurtre de Chilpéric. (n. e.)
co
181 —
co
Conjure, Sîtisf. fém. Conjuration*. Semonce,
injonction ^ (1).
* Ce mot est interprété, au premier sens, par
Oudin et Cotgrave. Le passage suivant justifie leur
explication : >■ Plusieurs, qui n'avoienl point cesle
« Iraïson agréable, se vindrent rendre à César, par
« lesqtielz il sceut tout leur conjure. » (Tri. des
IXPreux, p. IGl.)
^ Il signifioit aussi semonce, injonction, invita-
tion au\ juges. (Voyez Laurière, Gloss. du Dr. fr.)
« Conjure est un terme ancien qui se trouve es
« vieilles coustumes, chroniques, et romans, et si-
« gnifie que ceux qui sont appeliez pour juger,
« sont semonds par serment de faire ensemble bon
« jugement, et se prend aussi pour la conjure en
« autres acte, comme en la chronique de Flandres, et
• autres. >' (Bout.Som.Rur. p. 19.) Voy. Ibid. p. 160,
où l'éditeur, qui écrivoit vers l'an 1600, fait cette
observation : « La forme de procéder par conjure
« d'hommes de fief ne s'observe plus en France. »
(Voyez Du Gange, au mot Conjuramentum.)
On appeloit cour de conjure, celle ou l'on jugeoit
en verlu de la semonce faite par le Seigneur.
« Cour jougeant par conjure du Seigneur •• est dis-
tinguée de la cour du souverain. Dans Bout. Som.
Rur. p. 33 on lit, en parlant de trêves : « 11 con-
« vient, qui avoir le veut, faire adjourner la partie
« de qui on la veut avoir, à certain jour, par
« devant juge qui donner la puisse ; c'est à sçavoir,
" si c'est en cour où on use par commission, il
« convient que ce soit par commission contenant
« le cas, et si c'est en cour où un use par conjure,
« ou semonce d'hommes, sans commission. Il cnu-
« vientquecesoitpar plainte faiteàhommes. » (Bout.
Som. Rur. p. 2G7. — Voy. Laur. Gloss. du Droit fr.)
Conjurement , sul)st. mase. Conspiration *.
Conjuration magique ^ (2). Semonce, injonction,
invitation aux juges '^.
* Marot a employé ce mot, dans le premier sens
de conspiration :
Conjuremens, et civiles bataillps.
Jean Marot, p. 53.
° Ce mot est pour conjuration magi(]ue, dans le
passage suivant, où l'on parle du serment fait par
ceux qui soutenoient le gage de bataille : « Je n"ay,
« ne entens porter sur moy, ne sur mon cheval,
" paroles, pierres, herbes, charmes, charrois, eon-
« JHîrH/fHS, neinvocationsd'ennemis'dedémonsV ■>
(Ord. T. I, p. -UO.)
"^ Enfin ce mot signifioit la même chose que le mot
conjure (3), pris dans le sens de semonce faite aux
juges. (Bout. Som. Rur. page 29. j C'étoit aussi une
semonce, ou demande faite pour obtenir d'eux un
jugement. (.4ssis. de Jérus. p. 146.)
Conjurer, verbe. Semondre, sommer les juges*.
Affirmer par serment^. Conspirer*^ (4).
* Le premier sens est une des acceptions des
mots conjure et conjurement. De là, conjurer, pour
semondre, sommer les juges de rendre bon juge-
ment. ;Gioss. sur les Coût, de Beauvoisis, et Du
Gange, au mot Conjurare, 2.) (5) Conjurer de lOij,et
conjurer, et faire dire loij expriment l'injonction
faite aux juges, ou vassaux d'un seigneur de rendre
la justice : « A l'acheteur compote à payer le droict
« des juges, par devant qui le vendage se passe,
" selon ia coustume du lieu, avec le droict du bail-
« lif, ou majeur qui les juges conjurent deloij. »
(Bout. Som. Rur. p. 3(55.) (G)
^ On disoit aussi se conjurer, pour se lier par
serment. .Vous avons vu conjuration, pour affirma-
tion avec serment, et c'est évidemment en ce sens
qu'il faut renlendre, dans le passage suivant :
« Sire, dist elle, je m'en prise mieulx, se pour
« l'amour de vous, je garde mon pucellage, que se
« je esloye dame de la plus riche terre du monde :
« car je ne m'en pourroye mie conjurer pour nul
•< plus vaillant homme que vous esles. » (Lanc. du
Lac, T. II, fol. 78.) C'est-à-dire je ne me pourrois
obliger par serment à le garder, etc.
'^Conjurer une querelle signifioit conspirer.
Oui dédaigne l'amour, il méprise Dieu même,
Et beauté qui est jointe à leur grandeur suprême :
Car amour, Dieu, beauté, ne sont ensemble qu'un.
Qui contre l'un des trois conjure une querelle,
Celuy là des giants (géants) l'audace renouvelle,
Digne que son destin avec eux soit commun.
Pocs d'Aniad. Jamin, fol. 89, V.
(1) Conjure a eu aussi les deux significations suivantes : 1" Avertissement : <; [Les informations] furent recordées par loy
et par jugement par les eschevains de la Levé à le semonse et fO)î_/i(re des baillis dudit lieu. » (.1.1. 138, p. 252, an. 1390.)
2' Asseinblée des échevins et des jurés dans une commune ; « Quiconques destourbera eschevins ne coremanz , quant il
siéent en banc et font conjure, il doit amender au seigneur de .in. soulz. » (JJ. 69, p. 3C5, an. 1304.) (N. E.)
^2) Avec le sens de sortilège, on a dit : « Icellui Jeban s'en ala sans faire aucune diligence d'envoyer quérir mire ne
phisicien, fors seulement qu'il se feist conjurer la playe par un homme dudit lieu... et quant il s'apperceut que ledit
conjurement ne lui pourfîtoit aucunement, il envoya quérir un barbier. » (.IJ. 152, p. 92, an. 1397.) On employait encore ce
sortilège pour retrouver les objets perdus : « L'exposant et Pierre Ricart, prestre et curé de la ville et paroisse de Fricourt,
qui est renommé ds faire conjuremens et enseigner choses perdues , et que par famé et commune renommée aucunes
personnes dudit pais estoient soupeçonnez d'avoir mis et bouté le feu depuis un an en ça es maisons de Baudin... ont pris
un saulier ou aulre livre, et icellui lié par dessus dune petite lanière de cuir de serf, et entre deux feulles mis un fusel, et
sur ledit livre fait plusieurs conjurations, et tant que ledit livre ilz firent tourner contre ceulx que l'en soupeçonnoit avoir
mis et bouté ledit feu es dites maisons. » (J.l. 1.55, p. 222, an. 1400.) (N. E.)
(3) « Le dit Andrieu, au co/ijiifemejif des jurez de nostre ville de Tournay..., encoulpa et empescha ledit exposant. »
(JJ. 121, p. 43, an. 1381.) (N. E.)
(4) Co?y «rec a été employé au sens de bannir; « Bietris de Prouvius et Agnes d'.Abbeville , toutes famés de chans
furent cotijurécs, sus poine d'estre hrullées, de la terre. » (Du Cange, II, 541, col. 3, p. de 1282.) (n. e.)
(5) Ce mot a signifié appeler en justice son seigneur : « Ce sont ceaus qui peuvent gager ou semondre , ou conjurer le
seignor de sa foi. Celui à qui le seignor doit aucune chose de son fié, le peut semondre^ ou gager dou service , que il li
doit de celui fié, ou conjurer de sa foi. » (Assises de Jérusalem, c. 242 ) Voyez encore ch. CCXLIV et CCXLVII.) (N. E.)
(6) Conjurer a eu aussi le sens de mander ses pairs pour le service de court et plaid : « Doit requerre et conjurer ses
pars, si comme il doit, que il destraignent le seignor. » (Id., c. 206 ) Voir encore ch. CCVII. (n. e.>
co
— 182
CO
Conjuroison. [Intercalez Conjuroison, cons-
piration: " Pour aucunes conspirations, monopoles
» et ciiiijiiroisons longlenips apensées et conlre-
« pensi'os. " (.1.1. IC)'.), p. 'in, au. lilG.)] (n. e.)
Conlice, adj. Licite, permis, du lat. concililus.
N'onquRS ii'avoient successeurs,
Que par mort, point ne {i\t contiœ
De remuer, sans grant malice,
Ses servens.
Kust. Drach. Poès. MSS. fol. 317, col. 2.
Conincntle, subst. fém.
Mau vit, dit on qui n'amende.
Et en raeffait ne gist coiimciide.
Geofr. de Pans, à la suite du Rom. de Fauv. M. i(j.
Connietre, verbe. Terme de chasse.
Adonc verres vostre cerf rendre
Aux abais ; lors sens plus attendre
Y devés vos josnes chiens mestre,
Avec les vieux, pour les coumetre
Et les ensaingner, et aprendre,
.\ux quieux cerfs ils se doivent prendre.
Font. Giiér. Très, de Vén. MS. |.. IR.
Coiinebers, suhst. mctsc. Outil de tisserand *.
Terme obscène ^.
* Connebers, au premier sens, est probablement
le même que coniebers (1), outil à l'usage des tisse-
rands, peut être la navette.
^ Ce mot s'est pris, au figuré, dans une significa-
tion obscène. On en trouve plusieurs exemples
dans les Fabl. mss. du R. n» 7218, l'ol. '248, V» col. 1
et passim.
VARIANTES :
CONNEBERS. Stilus curiœ Parlamenti, Paris 4531, p. 401.
CONNEBERT. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. '2il, V- col. 1.
CoNEiiEivr. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 277, R" col. 2.
Connesqiie, adjectif. Mol formé d'un terme
obscène. (,Voyez Des Ace. Bigarr. fol. 32.)
Connestable , subst. mmc. Chef , maître *.
Officier de la couronne^. Officier d'année^. Gou-
verneur °. Officier de justice^. Chef d'un corps de
ville ou de commune''. Inspecteur de corps de
métier °. Chef de confrairie " Maître d'hôlel ' . Troupe
de gens de guerre".
.Nous allons expliquer successivement les accep-
tions si variées d'un mot qui n'a plus d'objet subsis-
tant. On a donné à ce mot diverses étymologies. On
l'a plus généralement fait venir de comefi stabidi (2),
mais il nous paroit plutôt tirer sa source du mot
établir, ordonner, d'où établissement, ordonnance,
tels que les eslablissemens de S. Louis.
* Sa signilication propre et primordiale est donc
en général celle de chef, maître, qui ordonne, qui
établit. On le trouve, en ce sens, dans les leçons
dictées à un amant pour régler sa conduite :
Amours ne le dist pas ensi;
Ordenance y met, et aussi
Souvent le tait, pour esprouver
L'amant; et s'il le poet trouver
Ferme, et loyal, et bien estable.
Il eu fait sen droit cunntistablc,
Et le met en possession
De toute sa subjection, etc.
Froissart, Poiis. MSS. p. 7, col. 1 et 2.
^ La signification la plus connue du mot connes-
table est celle d'officierde la couronne, autrefois le
premier officier des armées (3). On la employé pour
désigner un pouvoir semblable ; ainsi on a nommé:
« Oloferne, connestable de Nabugodonozor. » (Le
Jouvenc. f" 37.) « Moyses connestables desJuys f4). »
(Fabl. M.'^S. du l(. n" 7218, fol. 2'(2.) « Lucius Papi-
« rius dictateur, et Quinliis Fabius, maistre de la
» chevalerie, qui est l'office que j'estime comme
" nous disons en France le (:0HH('sV«/)/c, ou qu'on
« nomme en diverses places, et escriplures, prince
« des chevaliers » (Ilist. de la Toison d'or, Vol. II,
fol. 76.) « Parmenion connestable, ou prince de la
» chevalerie d'Alexandre. « (Ibid. Vol. I, fol. 21.)
« Donc fait-on, en ung ost ung connestable, sinon
» afin que touz ceulx qui y sont, soient membres,
« et luy cheIT pour gouverner. « (L'Arbre des Bat.
Ms. fol. 48.) « Deux choses y sont nécessaires à
« l'encommencement ; c'est assavoir le duc de la
« bataille, lequel aujourdhuy on appelle fOJin^s/ff/j/f',
« ou le mnrécbal de l'ost, et l'autre si est deue
» ordonnance de a:ens lesquelz doivent faire balail-
« les. .. (Ibid. fol. '71.) Perceforest (Vol. II, fol. 23)
appelle « Maréchal du royaume d'Ecosse » le même
officier qu'il désigne sous le nom de connestable.
(Ibid. fol. 36.)
'^ On a employé aussi le mot connestable {^), non
pas seulement pour le commandant général des
armées, mais simplement pour général d'une armée
et même quelquefois pour officier particulier d'un
corps, comme dans ces vers :
Troiz coimestahles- establiront ,
Et trois conrois d'armez feront.
Rom. de Rou, MS. page 179.
Et dans le Rom. de Brut :
Un chevalier moult secourable,
De deux légions connestable.
MS. fol. 47, V" col. t.
Froissart dit de B. Du Guesclin , qui n'avoit été
que proposé pour être connétable de France :
« Estoyentdeux mille lances, chevaliers, etescuyers,
» et six mille lances chevaliers, et escuyers, et six
« mille brigans à pie , à lances et à pavois
« (boucliers) ; et de tous ces gens estoit connestable,
« et gouverneur messire Bertrand Du Guesclin. »
(1) « Item les tisserands disoient que li tainluriers no dévoient avoir en leur maisons oustius, que l'en appelle cornebers,
tonres, lates, conoingnole. » (Olim., fol. 48, v», an. 1279.) (n. e.)
(2) Le connétable fut d'abord le chet des écuries ; puis il abandonna ces fonctions domestiques, et à la mort du sénéchal
(1191), il devint le chef de l'armée. (N. E.)
(3) Voir sur le connétable. Du Gange, II, 459, col. 2 et 3. (n. e )
(4) On lit au Livre des Rois (185) : « David survit sa ost; si list cunestables sur mil chevaliers, et altres sur cent. » (N. E.)
(5) Au xiv« siècle, on donnait ce titre aux commandants des arbalétriers génois et des bandes écossaises. On lit dans
une ordonnance du Roi Jean (Du Gange, II, 4lil, col. 1) : « Tous piétons soient mis par connestablies ou compagnies de 25
f)U 30 hommes, et que chaque connestable prenne doubles gages, et que les maresci^aux.pour les gendarmes, elles maistres
des arbaleslriers, pour les piétons, assisteront aux monstres deux fois par mois. » (n. e.)
co
— 183 -
CO
(Froissart, Liv. I, p. 393.) « Or, tout ainsi que l'on
« prenoit anciennement le nom de connestable pour
« un clief général d'une armée, aussi ceux qui
. commandèrent quelquefois sur quelques bandes
« voulurent aussi sa[)pe\\ev connestabics , h l'imi-
« talion de leur chef. Louys le Gros ordonna ses
« batailles, et mit en chacune conuestables , et
« cbevetains (capitaines^ » (Pasq. Kech. p. 99.) On
trouve des conncstables de 220 sergents, dans les
Ord. T. V, p. 421 ■,connest(ibles d'airhers, dans Merlin
Cocaie, T. I, p. '291 ; connestables d'arbulestriers,
dans les Ord. T. V, p. 67 ; connestable de guet, dans
Froissart, Liv. II, p. 2ô4 (1).
On entendoit, par connestable des sergents, celui
qui commandoit les écuyers. « Lors prist le roy le
« trésor du lemple, et si le douna as chevaliers, et
« as serjans , et commanda à connestables des
<- serjans que chascun feist une barrière des armes
« le roy d'Ani^ielerre. » (Contin. de G. de Tyr, Mar-
tene, T. V, col. 601.)
Le connestable de l' ost éloil ce que nous nom-
mons maréchal-général-des-logis, et avoit sous lui
un maréchal. Dans l'armée corn mandée par le comte
de Buckingham , fils d'Edouard , roi d'Angleterre,
en 1380, <• le sire d'Espensier estoit comiestable de
• l'ost. Le sire Fil ■\Vasthiermaresclial, etc. » (Froiss.
Liv. II, p. 85.)
" Connestable s'est dit aussi pour gouverneur (2).
« Fit pareillement Joachin liaoult, le seiment,
« comme connestable de la dite ville, et cité de
« Bourdeaux , ([ui est à dire qu'il vint faire le
« serment comme capitaine. » (Pasq. Rech. p. 99.)
» Fut ordonné le dit trésorier , pour les gi ans
« diligences qu'il avoit faictes ù la poursuite de la
« dicle duché de Guyenne, maire de la cité de
« Bo\irdeaux , et pareillement fut aussi ordonné
« Joachin Rohault contable du dit lieu, et en feit
« le serment en la main du dit chancellier, et le dit
" maire ès-mains d'iceux chancellier, eieontable. »
(Monstiel. Vol. lit, fol. 36. — Voyez Du Gange, au
mot Constabiilarius castri , fol. 818 , où on lit
connestable de Bourdeaux, et connestable de S.
Malo, dans le même sens.)
^Connestable s'est pris aussi pour officier de jus-
tice (3). L'éditeur des Ordonnancées, qui cite l'Hist.
des comtes de Carcassonne, par Besse , dit que
» S. Louis, étant devenu maître de Carcassonne, en
« 1247 ; y establit, pour la défense de cette ville,
« une confrairie de 220 hommes, nommez sergens,
« choisis entre les plus considérables bourgeois de
« celte ville, et il leur donna, pour chef, un prevost
" nommé aussi connestable qui, outre le comman-
'< dément des sergents, avoit aussi la justice civile
« el criminelle dans la ville. » (Ord. T. V, p. 421.)
"^ Connestable s'est dit pour officier principal d'un
corps de ville, d'une paroisse, d'u ne commu ne, impo-
siteur et coUecleur des deniers d'une commune.
« Au regard des six hommes du conseil, déclarons
« qu'iceux serontchoisiscomme les jurez, prins tou-
« tesfois sur cel'advis des dix connestables de ladite
« ville. >■ (Coût, de Bincli. Nouv. Coût Gén. T. II,
p, 202.) On lit, en parlant de l'armée du duc de
Bourgogne, en 1411 : « Quand ils furent retournez
« en la lente de Gand, où se lenoienl leurs conseils,
« feirent assembler 1res grand nombre de eonne&-
« tables, et dizeniers d'ieelle commune « (Monslrel.
Vol. I, fol. 130.) Ph. d'Artevelle dit aux Gantois
résolus de se bien défendre contre le comte de
Flandres : » J'envoyerai es connestables des pa-
« roisses, de maison en maison, pour prendre, et
« élire les plus aidables, et mieux armés. » (Froiss.
Liv. II, p. 178, an 1382) « Quiconque dit quelque
X injure à aucun officier, ou aux sergensdu seigneur,
» aux chefs manans, ammaux (sic), asséeurs, im-
>< positeurs, connestables , ou autres personnes
« semblables, etc. « (Coût. deBergh. S. Winox, Nouv.
Coût Gén. T. I, p. 507.) c Chascun connétable, ou
" receveur est tenu de prêter serment es mains du
« bailly, et de laloy. «(îNouv. Coût. Gén.T.I, p. 551,)
Ondislinguoit : ■- Les i'o«yicsfflfc/fs des communes,
« des portes des villes, des serjeants. » (Cilaliondu
Gloss. lat. de Du Cange, au mot Constabulariiis
castri (4).) » Les dits imposileurs, connestables, el
« asseurs sont tenus d'imposer tous les residans,
" etc. " (Coût, de Bergh. S. Winox, Nouv. Coût.
Gén. T. I, p. 537.)
Il semble qu'on ail entendu par le comptable de
Bordeaux, le receveur des deniers de la ville. Il eut
un démêlé avec le niaitre delà monnoye. (Voyez les
Mém. de Montluc, T. 11, p. 2'<5, an 1567, et conta-
blerie de Boitleaux, ci-après.)
'^Connestable s'est mis pour inspecteur descorps de
métier: ■< Seront par les dits prevost jurez, et conseil
« renouveliez les connestables, el esvars (inspec-
« leurs) des mestiers, et il ce choisis les plus idoines.»
(Coût, de Binch, Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 202.)
" Connestable s'est pris pour chef de confrairie :
» Les mayeur, eschevins de quelque lieu, connes-
» tailles (b) de confréries, meslier, ou autre chef de
>• collège. » (Coût, de llainaut, Nouv. Coul. Gén.
T. II, p. 109.)
' Connestable a été le nom des simples maîtres
d'hôtel. Voyez Dict. de Corneille , qui cite ces vers :
Amis allez as cuiinentables,
Et dites qu'ils mettent les tables.
(1) M. Kervyjn (X, 259) imprime : « Coaneslahle clou gait. » (n. e.)
(2) « Loyset de Fontaines, escuier, t'(»ii!£sfafc/e de la ville de Louviers..., feust alez sur les murs de la dite ville pour
visiter le guet. » (,1J. 117, p. 149, an. 1380 ) (n. e.)
(3) C'est un baiili ou un prévôt ; « Haut homme, noble et poisant monsieur de Colesbert , connestabte de Boulenois el
terroir d'Ostrewit. » (J.(. 120, p. 59, an. 1368.) (N. E.)
(4) On lit même au reg. J.I. 96, p. 408. an. 1364 ; « Ledit Lotard ala querre deux sergenz et les mena , ensemble ?e
connestable de la nie où il demeuroit pour le temps [à Tournay] en la maison de la dite Jehanne. » (N. E.)
(5) « Le fO/(Hfs^i6fe desdis confrères de l'arbaleste avoit intention de faire traire par esbatement à un pié de buef, qui
devoit eslre mis en hault à un pel. » (JJ. 153, p. 220, an. 139S.) (N. E.)
co
- 184 —
CO
Fauchet rapporte les vers suivans :
Et veissiez couvrir ces tables,
As chamberlans, et conncslahles,
De pots, et de hanaps d'argeni.
Il ajoute : « Mais lors il faut penser que tels
« chamberlans, et connestabloi estoyent ce qu'au-
« jourdhuy sont les varlcts de chambre, escuyers
« tranchans, et gentilshommes servans. » (Fauchet,
Orig. des Dignités de Fr. p. 33.)
" Enfin le mot de conuestahle servoit ù désigner
certaines compagnies degens de guerre qui, du nom
de leurs chefs, furent appelées connestahles. En
parhint des troupes qui ctoient au service du duc
de Bourgogne, en 1451, on dit qu'on les départit
par connestahles el par dizaines. (Mém. d'Ol. de la
Marche, Liv. I, p. "243.) « Adonc ils répondirent par
« connestahles, qu'ils ne se doutassent aucunement
« de riens, et que mort d'homme ne fut oncques
« chèrement vendue comme la leur seroil. » (Percef.
Vol. IV, fol. 81.) De là, le même auteur emploie le
nom de connestahles pour désigner les soldats de
Pilate;enparlântducenlurion,celauteurdit: « Adonc
« esloient tous ses connestahles au loing. " (Percef.
Vol. VI, fol. 123.)
Ainsi nous avons vu le mot de connestable
dégradé en quelque façon de proche en proche,
passer du commandant général des armées jusqu'au
simple soldat.
Remarquons cette expression figurée : se faire
connestable.
Droiz dit c'on doit trois fois penser
La chose c'on vuet recorder,
Ainz qu'on s'en fasce connestable.
Fabl MSS. du R n- 7(M5, T. I, fol. 109, V col. 1.
Nous finirons cet article par le proverbe suivant,
auquel le connétable de Montmorency donna lieu :
Les patenôtres de M. le connestable. Brantôme,
parlant de l'attention de ceconétable à dire tous les
matins ses patenôtres, ajoute qu'on disoit dans
l'armée : " Qu'il se faloit garder des patenostres de
« M. le connestable, car en les disant, ou marmo-
« tant, lorsque les occasions se presentoient, il
» disoit, allez nioy prendre un tel, attachez celuy-là
<' à un arbre, etc. » (Brant. Cap. Fr. T. II, p. 66 (I).)
\Ani.\NTF.s :
CONNESTABLE. Orth. subsistante.
Connétable. Fabl. MSS du R. n» 7218, fol. 33S, R» col. 2.
CoNETABLE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 232, R» col. 1.
CONESTABLE.
CoNNOiSTABLE. Prov. du Vil. MS. de S. G. f» 715, V» col. 3.
CoNNESTYABLE. Trés. des Cliart. reg. llS, pièce 270.
CoNSTABLE. Carta magna, fol. 84, R»; Régnier, satyre X.
CONTABLE. Monstrelet, Vol. III, fol. 36, V».
Comptable. Mém. de MonUuc, T. H, p. 245.
Connestable, suhsl. fihn. La femme du con-
nétable. <)n disoit la connestable , en parlant de la
femme du grand officier de la couronne qui portoit
ce nom. Madame la duchesse connestable de France
.se trouvesur la couverture d'un jis. du Roy, n° 7678,
dans l'inétrieur; ce m.s. est ïAdvocat des dames en
vers, par .1. Marot.
Connestablerie, subst. fém. Titre de conné-
table *. Corps de troupes °. Troupe quelconque '^.
Corps de magistrats °. Corps de marchands ^.
Confrairie ''. Commandement °. Juridiction ". Dépôt,
archives '.
* Voyez, sur le premier sens de ce mot (2), les Dict.
de Monet, d'Oudin, etc. ; le Gloss. de Du Gange, au
mot Constabularius. Ce mot a successivement pris,
comme celui de connétable, diverses acceptions.
^ On a nommé connestablie un corps de troupes
plus ou moins considérable ; quelquefois un corps
d'armée, quehiuefoisun seul bataillon, un escadron,
et quelquefois une troupe plus petite encore,
une compagnie (3). (Voyez Dict. de Borel, et Laur.
Gloss. du Dr. fr ) On appeloit connestablie une
compagnie d'arbaleslriers, et leur chef se nommoit
con^nestable. {\ oyez OvA. T . V, p. 145.) » Voire prin-
<' drent nos ancestres le mot deconnestablies, pour
« escadron, on bataillon. •■ (Rech. de Pasquier,
p. 99.) » Lelendemainvinrent, en trois co?iHé'sto6/?es,
« leurs bannières devant, etc. » (Froissart, Liv. I,
p. 57.) « Si approchèrent les Poictevins, el les
« Anglois, et se meirent en ordonnance par connes-
« tablies, chacun seigneur entre ses gens, dessous
■> sa bannière. » (Ibid. p. 361.) « Chevauchèrent
« moult ordonnéement, eipar connestablies, chacun
« seigneur entre ses gens. » (Ibid. p. 47.) Nous
avons vu . dans l'article précédent , qu'on a dit
connestahles dans le même sens.
•= On s'est même servi du nom de connestablie
pour désigner une troupe quelconque.
Se gros tournois leur cours avoient.
Et les changeours y sçavoient
Gaagnier, quoique peu de cours
Aient ores, dedens briefs jours,
Vous en verriez sus establies
Aux changes, par connestablies.
Froissart, Poos. MSS. page 42i, col. 1.
° Connestablie- a désigné un corps de magistrats
municipaux, de même que nous avons vu connes-
table désigner un officier municipal. « Pour ce jour
« y esloient tons les seigneurs de Parlement ;
« 1 archevesque de Cantorbie, le comte d'Arondel,
« etc. , et moult d'autres barons, qui se tenoyent
« de leur costé, et toute la connestablie de Londres. »
(Froissart, Liv. III, p. 234.)
^ Le nom de connestablie a passé au commerce
et désigné un corps de marchands ou corps de
métier. Lorsque le roi Jean, prisonnier, entra dans
Londres, en 1356 : » Ceux de Londres se vestirent
» par connestablies, et très-richement, et tous les
« maistres de draps différens des autres. » (Froiss.
Liv. I, p. 202.)
■"C'ojtHCStoW/'einsensiblementdésignoit tout corps
en général. Il devint à peu près synonyme de con-
frairie. « Lesgensde serment d'aucunescompagnies
(1) Ce proverbe a été déjà expliqué plus haut, t. III, p. 370, note 3. (n. e.)
(2) Voyez aussi Froissart (éd. Kervyn, IX, 237). (n. e.)
(3) « Et estoient par conne^lahlien tout jour et toute nuit en lor anneiires. » (Froissart, II, 124.) (n. e.)
co
185 —
CO
« de harquebusiers , arbaleslriers , arcliiers ,
» aussi des connestablies, coiifrairies, ou autres
c semblables pourront, etc. « (Cou(. de Hainaul.
Nouv. Coût. Céii. T. II, p. 118.)
° La signilication propre de coniicslablie étoit
commandemenl, comme nous avons dit que celle
du mot connestable étoit commandant. On l'appliqua
en ce sens à toute espèce de commandement.
Dix raille armez ot (eut) en baillie (commandement);
Tant en ot en sa conneslahlie.
Rom. de Bi'ul, MS. fol. 91, R- col 1.
Fine amors qui hait vilenie,
Je suis de sa conneslablie.
Ern. Caupains, Pocs. MSS. av. 1300, T. II. p. 918.
Connestablie est pour gouvernement d'une ville,
dans la Coût, de BouUenoys. (Coût. Gén. T. I,
p. 685.)
On a même dit la connestablie d'une nef, pour le
commandement d'un vaisseau. On lit, dans des
Lettres Royaux : •• S'il eust esié connest\jable d'une
« nef, dont iceluy suppliant eust esté maistre pour
" luy, il n'euslpointlaissiéàvendresa connestablie,
B néant plus qu'il eust fuit pour un festus. » (Très,
des Cliart. Reg. 113, Pièce iiTO.)
" Connestablie a signifié juridiclion, et c'est la
seule acception que ce mot conserve aujourd'bui.
On trouve dans les Œuvres de Théophile, 3° partie,
p. 209 : " Un lieutenant de prevost de la connesta-
« blerie. ■■ El dans les Mém. Un Bellay : « Un grand,
« et général de la connestablerie, etmareschaussée
» de l'rance. ■■
' Enlin on nommoit contablerie de Bordeaux, le
lieu où étoient déposés les titres de la couronne
concernant le domaine du Béarn. (Voyez Mém. de
Montluc, T. 11, p. 343.)
VARIANTES :
CONNESTABLERIE. Théoph. 3= P. p. 209.
CONESTABLIE.
Connestablie. Orth. subsist.
CoNTAULEHiE. Mém. de Moutluc, T. II, p. 3i3.
Conneus, adj. Célèbre, illustre, fameux. On dit
encore connu, dans cette acception figurée :
Lin chevalier granz, et corsuz,
\ cheveus blois (blonds), entrechenus,
A b 'Tbe rouxe, à vis Iraitiz (visage régulier),
Beax, et coiiueiis, et bien forniz
Le chemin vient vers lui errant.
Parlnn. de Blois, MS. de S. G. fol. 152, V- col. 2.
Par sa proece sui joiz (festée), et conneuz,
Et, por sa mort, sera mes noblois (noblesse) abatuz.
l'arlon. de Bl. MS. de S. G. fol. 173, V col. 1.
VARIA.NTES :
CONNEUS. Part, de lit. MS. de S. G. fol. 152, V» col. 2.
CoNNEUz. Ibid. fol. 173, V» col. 1.
CONNEHU. Font. Guer. Très, de Vénerie, MS. p. 60.
CouNEU. Ph. Moiiskes, MS. p. 778.
Connillau, subst. ??iflS(". Lapereau. Himinutif de
conil ci-dessus. (Voyez Cotgrave et Oudin.) « Le
« connil porte trente jours, et non plus, et faut
« qu'il aille au masie, car autrement mangeroitses
« connillaux. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 100.) On a
dit connetiax, dans un sens obscène. (Eslrub. Fabl.
MSS. du R. ir 7!)9G, p. 85.)
VARIANTES :
CONNILLAU. Fouilloux, Vénerie, fol. 100, R».
CoNNiLLiAU. Cha-se de Gast. Phéb. MS. p. 49.
CouMLLEAU. Dict. de Cotgr. et Oudin.
Connetiax. E.struh. Fabl. MS. du R. n° 7996, p. 85.
ConniJleiir, subst. masc. Qui tergiverse. Qui
cherche des subterfuges. (Voyez Conillef. ci-dessus,
au même sens, et les Dict. d'Oudin et de Cotgr.)
» Or ne peult nostre connilleur, par ses apertes,
« ny dissimulées contredictes à la vérité, etc. »
(S- Julien, Mesl. Historiq. p. 283.)
Coniiillier, subst. masc. Chenil. On a dit, en
parlant des chiens : « Soient mis en leur connil-
« lier. C'est la maison ordonnée pour eulx, et doi-
« vent estre tenus nettement, et leur egue (eau)
« renouvellée souvent, et ne doivent menger de
« chair, silz ne la prennent, quant ils chasseront. »
(Modus et Racio, fol. 32.)
Connin, subst. masc. Sorte de plante ou plutôt
espèce de graine, comme l'indique le massage sui-
vant, où connin pourroil bien n'être iia'uiie'altéra-
tion de l'orthographe comin ci-dessus; il semble
avoir la même signification: « Prenez une graine
« qui est appellée graine d'oultremer, qui re'ssem-
" ble a connin, fors qu'elle est plus menue. »
(Modus et Racio, ms. fol. 131.)
Conninier, subst. masc. Qui chasse le lapin (1).
Du mot connin ci-dessus, sous l'article conil. « Les
' conniniers, qui tirent des lacs, furent condamnez
« doublement ; c'est à sçavoir en peine, et h resti-
« tulion , nota que deux d'iceux conniniers
» n'avoient esté que deux fois chasser avec les
» autres. .- (Gr. Coût, de Fr. p. 552.)
Connivé, adj. A quoi l'on a contribué. " La
« femme, pour son mefaict non connivé, consenty,
« ny approuvé par le mary, ne commet aucune
« confiscation. > (Coût. d'Espinal, Nonv. Coût. Gén.
T. II, p. 1127.)
Conniver, verbe. Condescendre, consentir *.
Faire semblant de consentir, de condescendre °.
Nous n'employons plus le mot conniver, dans
aucun de ces deiix sens.
* P. Corneille en a encore fait usage dans la pre-
mière de ces deux acceptions : c'est dans Héraclius,
lorsque Eudoxe veut persuader à Héraclius de lais-
ser Phocas dans l'erreur où il est sur le compte de
Marlian, que le tyran prend pour le fils de Maurice ;
Héraclius dit à Eudoxe :
Je pourrois luy laisser mon nom, et son erreur :
Mais conniver en lâche â ce nom qu'on me vole,
Quand un père à mes yeux au heu de nioy l'immole,
Souffrir
Héraclius, se. !•*, act. 4*.
° Conniver a signifié souvent feindre de consen-
tir ou de condescendre. « L'empereur luy manda
(1) On trouve aussi connineur : « Goffroy Chauboneau connineur prist jà plaça en la garenne de l'evesque de Chartres
.XX. ou .XXII. conins. » (JJ. 78. p. 272, an. 1350.) (N. e.)
IT. 24
co
— 186 —
CO
« qu'il se gouvcniast ii raccoustnmée, en cunid-
« vaut, sans tiulreuient se déclarer, ny pour Tun,
« ny pour Taulre. « (Brant. Cap. Eslr. T. II, p. 152.)
La reine, làciianl de gat^uer le maréchal de Belle-
garde qui Iciioil le marquisat de Saluées pour le
duc de Savoye contre le roi, « luy fit tout plein de
<■ remontrances ; luy ores planant, ores continuant,
« ores connivanl et ores connillanl, et amusant la
« reyne de belles paroles, se trouva atteint de
« maladie par belle poison, delaquelle il mourut. »
(Id. Cap. Fr. T. III, p. 440.)
Coniioille. [Intercalez Connoilte, quenouille:
•< Et estoit le descort pour ce que Hicharl Goubin
« avoit donné à Thomas Picot d'une connoille à
« femme sur la leste. » (JJ. KIO, p. 257, an.
1412.)] (N. E.)
Connoissans, subst. masc. plur. Amis, con-
noissances. On lit en ce sens : « Fait une grande
« assemblée de ses connoissans. » (Ess. de Mont.
T. I, p. 328.)
Connoissant, adj. viasc. et fém Reconnois-
sant, sensible*. Avouant^.
* Ce mot, avec sa terminaison masculine, est au
féminin dans le passage suivani, où il est mis pour
reconnoissante, sensible :
Madame est tant connoissant :
S'avoit enquis
Com jou la sers loianraent,
Jà ne m'en seroit pis.
ïhiebaiil de Blason, Pofs. MSS. av. 1^00, T. III, p. lOOïl.
^ Nous avons vu connoîlre, pour reconnoitre,
avouer. On a dit connoissant avec la même signill-
cation : « Jayoit ce que il ne soient pris en présent
« metfait, ne ne soient connoissans le fait. » (Ord.
des R. de Fr. T. I, p. 576.)
Connoissaument, adverbe. Sans déguise-
ment, franchement. En reconnoissant, en avouant
sa faute. « Chil qui garda le foresl de Hez, pour le
« comte, et un bons de poolé si contentierent
« (querellcrent) ensamle, et tant montèrent les
« paroles que li bons de pooté donna au forestier
« une buOe (soufflet), et puis le nous amenda con-
« noissaunient, et l'amande fête, il n'en osa atten-
« dre jugement. » (Beaumanoir, p. 159.)
Connoissement, subst. masc. Connoissance.
On a dit fere connoissement, pour prendre connois-
sance. (Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. — Voyez
CoNGNoissEMEM daus un autre sens.)
VARIANTES :
CONNOISSEMENT. Gloss. sur les Coul. de Beauvoisis.
CoNOistiEMENT. Assis. de Jériis. p. 150.
Connoisseur, subst. masc. Terme de chasse.
11 y avoit autrefois deux espèces de veneurs : les
piqueurs et les connoisseurs. Les piqueurs éloient
destinés h suivre les chiens, et les connoisseurs à
relever les défauts. ■■ Les veneurs ont appris à faire
« l'un et l'autre, de mode ([u'il faut eslre piqueur,
« ensemble cognoisseur pour eslre bon veneur;
«' c'est-à-dire ne perdre jamais ses chiens de veue,
« quand ils chassent, et bien cognoitre d'un cerf
« par les signes, et jugemens. » (Charles IX (1), delà
Chasse, p. 87.)
VARIANTES :
CONNOISSEUR. Orth. subsist.
CoGNOissEUR. Charles I.\, de la Chasse, p. 87.
Connotaire, subst. masc. Confrère, notaire,
adjoint. On lit, à la lin d'un acte passé par un no-
taire en Lorraine : « Je suis esté présent, avec mon
« connotaire ou toulles les choses susdiltes ont
» esté failles. » (La Colomb. Th. d'honn. T. H,
page 470.)
Conoillant, part. prés.
Li mehairigniez (estropiez) sont ahontez,
Cil qui resont es tours montez
Les revont forment conoiUanl (2);
Car il leur gietent plom boillant,
Pierres, et piex (pieux) aguiseiz.
G. Guiarl, MS. fol. 69, V.
Conoingnole. [Intercalez Conoingnole, outil
de tisserand: « 11cm les tisserands disoienl que li
« lainturiers ne dévoient avoir en leur maison
« ouslius, que l'en appelle cornebers, tonres, laies,
» conoingnole. » {Olim, f° 48, v°, an. 1279.)] (n. e.)
Cononiance, subst. fém. Nous trouvons art de
conomance ; vraisemblablement c'est une faute
pour art d'economance. (Voy. EceNojiANCE ci-après.)
Conopée, subst. fém. Cousinière. C'est le vrai
sens de ce mot tiré du grec (3). Les Anglois disent
canopn, pour dais. (Voyez le Nouv. Du Cange, au
mot Canapeuiu umbraeulum.) 11 est fort douteux
que notre mot canapé, appelé (Ibid.) bisellum ,
vienne de là ; il est plus vraisemblable qu'il vient
de galnabis. (Du Cange.)
Conpaignon, subst. masc. Il semble qu'il fau-
droit lire caaignon, chien dans ces vers :
Et si ait son coiipaiynon
Si afetié, et duit,
Qu'il n'abait par nuit,
Se il ne set pourquoi :
Ainz se teigne tout coi.
Fabl. MSS. du R. n- 1615, T. II, fol. 212, V col. 2.
Conpassion, s!/&s/. S. Bernard, recommandant
à ses auditeurs le trencliement de cœur (dans le
latin scissionem cordis], ajoute: « S'il malvaix est,
« trenchier le doit om par confession, et s'il durs
« est , trenchier le doit om par conpassion. "
(S. Bern. Serm. fr. mss. p. 297.) Conpassion semble
être une faute pour conpunclion.
(1) On lit dans Ronsard (056) : « Et pour tromper l'ennui des civiles fureurs [Charles IX] Aima chiens et chevaux ,
cognoisseurs et coureurs. » (N E.)
(2) Participe présent de conoHIer, pour conilter. (n. e.)
(3) Lo grec esl y.cûyomaof, de xiiymip, cousin: « Entre les précieux conopées, entre les courtines dorées. (Rabelais,
Pantagruel, III, 15.) C'était donc un rideau; d'où le passage suivant d'un ms. de S< "Victor (28, fol. 409 , v° col. 2) ; « Celé
columbe [colonne] estoit couverte d'un conopeu, c'est d'un couvercle... » (n. e.)
co
187 —
CO
Conpenele, sw&s^. fém. Sonnette, £;relol(l). On
peut dériver ce mot, en ce sens, de l'italien cain-
panella.
Frains seurorez (surdorez) et conpeneles
Et eschelettes et lorains
Sur ceus dont je parlai orairis (ci devant),
Qui s'en vont si joieusement,
Sonnent mélodieusement.
G. Guiarl, MS. fol. 330, V'.
Conplie, suhst. /f'm. Soir. C'estune altération du
mol compiles, consacré pour signifier la partie de
l'office divin, laiiuelle se fait le soir après vêpres.
De là, conplie s'est pris figurémenl pour la partie
même du jour où l'on cliantoil cet office :
La où leur conpaignie arrive
N'est pas la criée assouplie (apaisée) ;
L'estuf qui commence à conplie,
Et tant ne quant ne s'asseure (se calme),
Toute la nuit entière dure.
G. Guiarl, MS. fol. 220, V».
Conpunccion, siibsl. fém. Composition. De là,
conpunccion d'argent semble mis pour amende
pécuniaire , en ce passage : « Qui ayent jugé ascun
« lay home en court chrisliene à ascune conpunc-
« cion d'argent. » (Britt. Loix d'Anglet. fol. 33.)
Conpiiser, verbe.
Quant li cers as bises (biches) aront (seront allés)
Aie, bien ce apercevront,
Ainz coiipuseront la menée (route) ;
Sachiez que c'est chose provée
Jusqu'atant que achaiffe sera (achevé sera),
Et lors chaucuns le chacera :
Mais les joncs le chaceront,
Et plus voluntiers i courront.
Fabl. MSS. du R. a- 7015, T. U, fol. 168, R" col. 2.
CoiMjue, subst. fém. Sorte de mesure*. Coquille
ou poisson à coquille^. Vaisseau de transport"^.
* Conque a été pris pour mesure. « Le poix du
« bled, et farine doit estre de cinquante quatre
« livres pour conque. » (Coût, de Bayonne, Coût.
Gén. T. H, p. 710.) i.aur. au mo[ pugnere, poignée,
dit qu'il en faut 18 pour faire la conque.
° Conque se dit encore pour grande coquille. On
écrivoil quelquefois conche. Voyez ce mot ; selon
la Porte, conque signifioit : " Tout poisson qui a
« l'écaillé fort dure, et toute sorte de coquille. »
(Epith. de la Porte.)
'^ Il semble qu'on ait dit conques pour vaisseaux
de transport ; peut-être à cause de leur forme qui
pouvoit avoir quelque chose de relatif avec la
lig-^re d'une conque. « L'an mc.clxx vindrent en
« Acre XXXII conques ("2), avec cinq cens Frisons qui
« vindrent de Thunes, du grant ost du roy de
« France. » (Contin. de G. de Tyr, Martene, t. V,
col. 744.)
Conquérable, adj. Qui se peut conquérir.
(Oudin, Nicol, Cotgrave, Dict.)
Conquérant, adj. Entreprenant. « Par ma foy
« l'homme est trop conquérant, et n'est mye vray
« amant que telz elïortz ne suffisent. >■ (Percef. vol.
VI, fol. 8G.)
Conqueremen, subst. viasc. Espèce de pot de
vin. Ce sont les deniers d'entrée payés au bailleur,
par « celuy auquel a été fait un bail à rente, cens,
" ou autres charges. » (Laur. Gloss. du Dr. fr. -^
Voyez ci-dessous Conquiser.)
Gonquerement. subst. musc. Conquête.
Par bien aimer, est dame a droit conquise,
Mieux aimeroie un tel couqucvcmeitl (3), etc.
Oudart de Lacenis, Poës. MSS. av. 1300, T. I, p. IGC.
Conquereur, s!/bs^ musc. Conquérant. (Monet,
Nicot, Cotgrave, Dict.)
Où vont les plus grands rois, et plus grands empereurs ?
Mais que sont aujourdhuy les plus grands concjuereurs ?
Œuv. de Baif, fol. 133, R°.
Ph. Mouskes a ditdeCharlemagne :
Si estoit il par tant doutés
Coume rois, et coume eraperere,
Buens justiciers, bon cûiii/uei-eyv.
Ph. Mouskes, MS. p. 302.
Le conquerans de tous les conquerours.
Eust. Desch. Poes. MSS. fol. 192, col. 3.
VARIANTES :
CONQUEREUR. Rons. cité par Nicot, Dict. ; J. Marot. p. 28.
CoNQUEROUR. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 192, col. 3.
CoNQUERERE. Ph. Mouskes, MS. p. 302.
CoNQUESTEUR. J. Marot, p. 133.
Conquérir, verbe. Acquérir, gagner, obtenir*.
Subjuguer^. Enquérir, s'informer*^. Chercher" (4).
* Ce mot subsiste, mais il avoit quelques accep-
tions ditîérentes de celle qui lui reste. On disoit
conquérir, pour acquérir, acheter. « Si aucuns
" homscoustumierco?!7î/cro//(.->),ou achetoit chose
« qui feist (pour exigeast) a mètre homage, etc. »
(Ord. T. I, p. 2'26.) On à'iso'ximème conquérir haijne,
pour acquérir, concevoir de la haine. (.Joinville,
p. 120.) « Conquérir un comment » un ordre, pour
le saisir, le retenir dans sa mémoire, le concevoir.
(Chans. fr. du xiii' siècle, ms. de Bouh. fol. 313.)
Conquérir terre n'étoit pas toujours, comme on
l'entendoit aujourd'hui, se rendre maître d'un pays,
mais seulement gagner du terrain (G). « Lyepart se
« deffendit, en conquérant tousjours terre sur le
« serpent. » (Lanc. du Lac, t. III, fol. 22.) On trouve
aussi conquerre seeors pour obtenir du secours,
dans Villehardouin, p. 159. (Voyez Molinet, p. 152.)
^ Conquérir signifioit quelquefois subjuguer, mais
il différoit de la signification actuelle, en ce qu'il
pouvoit s'appliquer aux personnes. « Je veuil
(1) Voyez plus haut compencHe. (n. e.)
(2) Nous disons encore la c que d'un vaisseau ; au xiv siècle, certains navires se nommaient coghes dans les Flandres.
(Inv. des Chartes des comtes de Flandres, 27 novembre .315.) (N. E.)
(3) Voypz aussi la Chron. des ducs de Normandie, t. III, v. 41153. (n. e.)
(4) Il signifie aussi enlever : « Ledit Robin qui n'avoit de quoy soy delTendre, conguist l'espée dudit Philippot, et l'en ferv
parmi la teste. » (JJ. 105, p. 22, an. 1373.) i,N. E.)
(5) « S'il avient que li detere qui à l'un donna toutes ses cozes por paier, conquiert de novel, il n'est pas quites envers
les créanciers, i (Beaum., liv. IV, C.) (N. E.)
(6) « Y fist li roys pluiseurs assaubc grans et fiers et mervilleux, mes peu y conquist. » (Froissart, II, 297.) (n. e.)
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« éprouver ma clievalcrie contre la vostre ; et aie
" cvnquL'vrcsil}, si vouspouvés. " (Froissarl, liv. 1,
p. iV.H>.) » Bien savoilqne si lesouldointle Baijiloine
« regnoit longuement, qu'il le conqucrroit , et
» co'nfondroit. » (Joinv. p. 27.) On l'employolt aussi
cependant dans le sens aotuel : « Jérusalem
conquerre. » (Villeh. p. 7.)
■^ Une acceplion ancienne plus éloignée de celle
qui subsiste, est en(iuérir, s'informer :
Mais, à ce que j'ay appris,
De chief eu cliief, com l'ai conquis.
l"abl. MSS. de S. G. fol. 5i, R' col. 2.
° Celte acception figurée nait de la significallon
propre chercher, que nous offre le passage suivant :
Lance ot d'une verge pelée,
Pierres ciiiK/Ufisl agironnées,
En plus de C liex renoées
Erenl ses arnieures totes, etc.
FM. MSS. du R. n- li\l5, T. II. fol. lOi, V col. 2.
La plupart de ces anciennes significations rappel-
lent beaucoup mieux que la signification actuelle
l'étyraologie de conquérir, le mot latin conquirere.
Conjugaison.
Conquérions, imparr.subj.conquérerions.(Villeli.
p. 134.)
Conquerroil, imp. subj. Conquéreroit. (Joinville,
p. 27.)
Conquersist, imp. subj. Conquisl. (Rom. de Rou,
Ms. p. 'im.)
Conquert, ind. prés. Acquiert. (Marb. col. 1042.)
Conqueru, partie. Conquis. (E. Desch. fol. 73.)
Conqueiiie, part. fém. Conquise. (Eust. Desch.
Poës. MSS. fol. 3.)
Conquesist, imp. sub. Conquist (2). (Poës. mss.
Vatican, n" 1522, fol. 154.;!
Conquis, pour acquis. (Mén. Hist. de Sablé, p. 220.)
Conqueu , indic. prés. Conquiert. « Cil qui
« malentie coHfy^ft'!;. " (Fabl. Mss.du R. n"7G15, t. I,
fol. 110.)
VARIANTES :
CONQUERIR. Orlh. subsist.
CONQUARRE. Perard, Hist. de Bourg, p. 480, tit. de 1257.
CoNQUERE. Villehardouin, p. 7.
Conquerre. Ibid. p. 159.
COiNQUESTER . Perard, Hist. de Bourg, p. 486, tit. de 1257.
Conquest, subst. masc. Conquête, butin *. Gain,
profit ^. Découverte '^. (Préface des Loix Norm.) (3)
* Conquest, au premier sens, est le même que
noire mol con(|uète. » Quand les noslres en furent
" au dessus, si se logiei'enl aux champs où le
» conquest fut paisiblement départis (';), excepté
« que, pour aucun prisonnier, commença estrif. ■>
(Hist. de B. Du Guesclin, par Mén. p. 440.)
De Charlemaines le cniu/ucst (5),
Qui fut graus rovs et einpereres.
Éusl. Desch. Tocs. MSS. fol. 518, col. 1 .
^ L'acception générique de ce mot est profit (6),
gain, de même que Conquérir ci dessus s'est pris
pour gagner, acquérir :
.... To>ite chose bêle, et gente
A regarder moult alalente (fait envie) ;
Et cil fet contjuest assez grant.
Qui fet au cuer tout son talent.
Fabl. MSS. n" --ilS, fol. 133, V col. S.
'^ Ce mot, en se rapprochant de son étymologie,
la même que celle de conquérir, chercher, signifioit
découverte.
En regarder fet il conquest ;
S'ele n'i est lui est avis
Que ce soient roses et lis.
Fabl. MSS. du R. n» "218, fol. 333, V col. 2 '7'.
Conffueste, subst. Acquisition. On dit encore
en termes de palais, conquest. (Voy. Perard, Hist. de
Bourg, p. 519, tit. de 1270.)
Conqueste, subst. fém. Victoire. Nous n'em-
ployons plus ce mol en ce sens ; il ne signifie plus
que le fruit même de la victoire. On disoil autre-
fois :
Dont pour ce coup francoys eurent conqueste.
Car à l'assault plusieurs misrent à taille.
1. Marot, p.
86.
Conquester , verbe. Conquérir , acquérir ,
gagner, obtenir. (Voyez Robert Estienne, Diut. ; Du
Gange, au mot Conquestare ; Ménage, sur Malb.
liv. ÎII, p. 401.)
L'Euvangile des femmes vous vueil ci recorder :
Moult grant prouffit s'y a qui le veult escouter.
Cent jours dehors pardon si pourroit conquester :
Marie de Compieane le conquist outre mer.
Fabl. MSS. duR. n- 7015, T. I, fol. 911, R" col. 2.
Conqueutice. [Intercalez Conqueutice, dans
l'expression gent conqueutice, nation conquérante
(Chr. des ducs de Norm., t. Il, v. 15920).] (n. e.)
Conquietiz. adjectif au plur. Amollis par le
repos (8). C'est la leçon du.Ms.de M. de Bombarde. On
lit encourtis ûans, le mien, comme qui disoit amollis
(1) Ed. Kervyn, t. II, p. 291. Le sens est plutôt vaincre ou l'emporter sur, comme au t. IV, p. 172: « Et entendoient à
conquei-if par armes l'un sus l'aultre. » (N. E.)
(2) On lit dans Ph. Mouskes (ms. p. 6S8) : « Si ont tuit de leur volonté Au roy Loeys créante , Que d'Aubugois la crois
presist Et sien fust quan qu'il conquesist 'Tout quitement lui et son oir. » (N. E.)
(3) Enfin conques a le sens de conquêt dans Beauinanoir (VII, 19) et au Coutumier général (II, 211). (n. e.)
(4) On lit dans Cuvelier, v. 18658 : « Adont se sont logiez aux champs et es courtilz, Et là fut le conquest paisiblement
partis. » (N. E.)
(.5) On lit dans Froissart (t. V, p. 285) : « Sans le grant conquest des chevaus et des armeiires que il avoient eu sus le
place. » (N. E.)
(6) « Le conquest et pourflt qu'il i a eu ou faire le monnoie. » (Charte de 1313, Du Cange, II, 544, col. 2.) (n. e.)
(7) On trouve au régime singulier conques pour conquest, comme mas pour nmsl : « Cil messires .loffrois estoit en coer
trop durement courouciés de le prise et dou conques de Calais. » (Froiss., V, 230.) Il est assez curieu.K de voir ce mot rimer
avec des terminaisons en ues pour eus : « Tantost aront plains les crues (creu.-v) De le Mote-Marciot D'autre avoir que de
vies oes (œufs) ; Et puis menront à bon port Lor pillage et leur conques. » (Chanson Bretonne sur le Nouveau Fort , près
Quimperlé ; Froissart, VIII, 353.) (N. E.)
(8) C'est une forme extensive de conquis, qu'on trouve au Roman d'Athis : « Lors est doulans, mas et comiuis, Et dist
qu'il est tout seul chetis. » (Du Cange, II, 5i5, col. 1.) (n. e.)
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— 189
CO
par les délices de la cour. On pourroil peut-être le
rendre aussi par engourdis.
Mordret ot hommes encotirtis,
En paix, et en repos nourris.
Rom. de Brul. MS. fol. 100, R'.
Conquise, subst. fém. Conquête *. Droit de
fiel" ^
* On a vu conquesie pour victoire ; conquise en
désigiioit les fruits. « Le roy estoit à Paris inipor-
« tuné sous main de faire paix avec l'empereur,
« la(|uell(; il consentit, neantmoins qu'il luycoutast
« de ses nouvelles conquises. » (Mém. du Bellay,
liv. 10, fol. 33.)
^ Ce mol signifioit aussi un droit de fief, une aide
due au seigneur, pour l'acquisition ou le retrait
d'une terre. (Voyez ci-dessus Aide et AidkChevel, etc.)
Il faut lire conquises, au lieu de conguiaes, en ce
passage : « Les ciloiens, et liabitans de Mascon ne
« doivent tailles, ne complaintes, ne loultes, ne
« chevalerie, ne aides de mariage, ne de prisons,
« nedeconguises, ne autres exactions. » (Ord. t. II,
p. 3il), an. 13'(G.)
Conraer, verbe. Soigner *. Disposer °. Battre,
Pétrir'^. Maltraiter". Voyez, sur ce mot, lesDict. de
Borel et de Colgrave. Il vient du mot latin conregere,
corrigere [i], d'où il est aisé de déduire les signilica-
tions propres ou figurées (|ue nous allons exposer :
* La significaùoii la plus ordinaire est soigner.
prendre soin, acception qui rapelle l'idée de régime
qu'emporle le mot latin conregere. On disoit en
parlant de bles.sés :
Tant qu'ils furent guaris, les a tous conréés.
r.onl. de Rou, MS. p. 120.
On disoit aussi conraer un cheval, pour le soigner,
le panser. (Colin Musct, Poës. mss. avant 1300, T. II,
p. 709.)
Conreer le corps d'une personne morte, pour en
avoir soin, lui rendre les derniers devoirs, peut-être
l'embaumer.
Li rois fit le corps conréer,
El sepelir, et enterrer.
Rom. de Brut, MS. fol. 60, V- col. 2.
Et pour festiner, régaler.
Moult l'a bien hebergié, et bien l'a conréé.
Rom. de Rou, MS. p. 130.
^ La signification disposée, surtout appliquée à
des troupes que l'on met en bataille, est tout à fait
analogue à l'étymologie conregere.
Pour assaillir la ville, fait sa gent conraer.
Notice du Rom. d'Alexandre, fol. Ifi.
Quant Artus ot sa gent armée,
Et sa bataille conraée (i).
Rom. de Brut. MS. fol. 7i , R- col. l.
'^ Conréer, couroijer, se disoit aussi de la prépa-
ration de diverses choses, particulièrement de celles
qui exigcoientd'être pétries, battues. Ainsi on disoit
du pain mal conréé, pour mal apprêté, mal pétri.
Cette acception pouvoil bien venir de la préparation
qu'on donnoit aux cuirs (3), qui consistoit surtout à
les battre, à les pétrir. On nommoitcette préparation
courroK du mol latin coriuni, cuir. De \h,courroijer,
mot qui, par l'altération de son orthographe, se
confondit aisément avec conréer (4). On trouve pain
mal conréé dans les Ord. t. V, p. 118.
Ce mot, qui servoil à exprimer la préparation des
cuirs, fut de même appliijué à la préparation des
draps, qu'on fouloit et pétrissoit ; de h^i on disoit
couroicr on courrocr <\es draps. (!!rd. t. III, p. 515.)
Nous disions encore courrmjer, en parlant de la
préparation des cuirs. On se servoil aussi, en ce
sens, des autres oi thograplies. On trouve dans
Eust. Desch. :
Pour leur mégis, et peaubc rourrer.
Pocs. MSS. p. 474, col. 2.
On dit de même courroyer de la terre, pour la
battre, la pétrir ; courroijer le mortier, dans le
même sens ; courroijer du fer, etc.
° De cette préparation, qui consistoit à tourmenter
les choses, à les battre, s'est formée l'acception de
courroyer pour battre, maltrailer. Nous Irouvonsce
mot assez souvent employé en ce sens, par nos
anciens écrivains. » Le corroyé tellement qu'en
» trente lieux lui fait saillir le sang du corps. »
(Lanc. du Lac, t. II, fol. 19.) « Si le convoyé tel
« qu'il n'y a celluyeii la place qu'il ne voye bien
•■ qu'il est mort. » (Ibid. p. 37.)
VARIANTES :
CONR.\ER. Rom. de Crut, MS. fol. 94, V».
CoNRAYER. Lanc. du Lac, T. l, fol. 109.
CoNuÉER. Ph. Monskes, MS. p. 88.
CouHÉER. Borel, Dict. 1" add.
CouHAER. Estrub. Fabl. MSS. du R. n» 7996, p. 4.
CoNROiER. Rom. de Brut, MS. fol. 112, R» col. l.
CoNROYER. Lanc. du Lac, T. I, fol. 37, V» col. 2.
Convoyer. Faute dans Percef. Vol. 111, fol. 129.
CûUROiER. Rom. de Brut, MS. fol. 14, V" col. 1
CouHROiER. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 711.
Courroyer. Orth. subsist.
Corroyer. Lanc. du Lac, T. II, fol. 19, col. 1.
COURROER. Ord. T. III, p. .517.
CooRRER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 474, col. 2.
Conrasei'ie, subst. fém. Office claustral. Le soin
de la dépense (."5). (Du Gange, au mot Conresariiis .)
Conrasier, subst. masc. Célérier. L'économe,
celui qui a le soin de la dépense dans un monas-
tère.
Conratiei", subst. masc. Corroyeur. Ce mot n'a
rien de remarquable que la diiférence de ses
orthographes. On trouve corroier au pluriel, pour
corroyeurs, dans ce fiassage olj il s'agit de réjouis -
(1) Il faut remonter par l'intermédiaire conredum (texte espagnol de 878) au gothique raidjan, préparer, (n. e.)
(2) « De la bataille conréer Et des eschieles ordener. » (Partonopex, v. 2373.) (N. E.)
(3) On lit dans Froissart (II, 169) :« Si n'eurent pain ne vin ne sel, ne quir tanet ne conréé pour faire estiviaux. » —
« Piaus de moutons, que l'on appelle piaus de Damas, conrées en alun. » (.loinville, § 250.) (N. E.)
(4) Conréer, comme conroi, était un mot très usité ; il avait toutes les significations qui peuvent dériver du sens primitif,
préparation, (n. e.)
(5) D'après des chartes françaises de 15i3 et 1571. (Du Cange, II, 546, col. 1.)
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sances faites par les différeiis corps de métier de la
ville de Paiis :
Tout ce firent les tisserans,
Corroier aussi contrefirent.
llist. de Fr. 13U0-13IG, à la suile du Rom. dà Fauv. f" 81.
Voyez, sur les autres orthographes, les autorités
citées pi le Uict. deCotgrave. On a dit aussi conroieur
de Cordouen, pour courroyeur, dans du Gange, au
mot Conrcatoves.
VADIANTES :
CONRATIER. Du Cange, au mot Conreatnres (1).
Corroier. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 81.
CoNRiiEUR. Du Cange, nln suprà.
Conroieur. Du Cange, ibid.
CoNROYEUR. Oudin et Nicot, Dict.
CouRREUR. Eu3t. Desch. Poës. MSS. fol. 474, col. 2.
Conreiz , suhst. niasc. Soin *. Disposition ,
ordre, contenance ^. Etat, sort *^. Ordre de bataille,
lignes". Armes, équipages, meubles, habillemens,
ofnemens. ^. Fêtes, festins ''. Préparation, qualité
d'une chose°. Caractère". Séparation' ('>). (Voy. sur
cemotBorel, Dict. ; DaCinge, au moiConredimn, et
Gloss. sur Villehard. au mot Corroy. — Voyez aussi,
sur rétymologie de ce mot, ce que nous avons dit
ci-dessus, au mot Conr.^er.) Le mot conreiz, sons ce&
diverses orthographes, comme dérivé du verbe latin
conregere, a désigné le régime, l'ordonnance, le
soin d'une chose ; et, par métonymie, les choses
ordonnées, disposées, de quelque espèce qu'elles
aient été ; de là, ce mot a signifié repas, équipages,
armes, ornemens, etc. , comme nous allons l'exposer
en détail.
* Le sens propre, et tiré immédiatement de l'ély-
mologie que nous assignons à ce mot, est régime,
soin.
» Se de moi
Ne prenez covroi.
Raoul, do Soiss. Poès. MSS. avant 1300, t. U, p. 270.
De ce prendés conroi,
Ke n'i soie trahi.
Jehans Erars, ibid. t. Ul, p 1090.
^C'estuneexIensiondeFacception précédente que
cellede disposition, ordre de bataille (3) ; on trouve
souvent en ce sens le motdonlil s'agit ici. Sejnettre
en courroi, se mettre en bataille, en disposition de
se battre, de jouter, etc. (Percef. vol. I, fol. \\1.)
Tenir en convois, tenir en bataille. (Ph Mouskes,
Ms. p. lOG.) Tenir conroij, tenir ferme, faire bonne
contenance. De là l'exiircssion, au sujet de gens
mal menés dans un combat, " ils ne savoient(^OH7'o?
« d'eulx-mêmes, » ils nesavoient quelle contenance
tenir. (Percef. vol. I, fol. 146.) C'est dans ce même
sens de contenance qu'on a dit :
Deux puceles de grant coiiroi.
Fabl. MSS. du R. ii' 7989, fol. 57, V' col. 1.
C'est à dire qui se présentoient bien, qui avoient
une contenance aisée.
"^ Ce mot exprimoit, non seulement la manière de
se tenir, mais aussi celle d'exister. Il signifioit état,
condition, sort, comme dans ces vers :
.... Oui n'a, ne prestres, ne autray,
S'il rauert desconfessés, quex conrois iert de lui ?
Vies des SS. MSS. de Sorb. ch. 27, col. 10.
"Comme on disoitt'OHro/ pour exprimer la disposi-
tion des troupes rangées en bataille (i), on employoit
ce même mot pour désigner les troupes mêmes ainsi
rangées, les corps différens, les lignes, les divi-
sions, etc. :
Par conroy, les fist establir,
Et à combatre hors yssir.
Rom. de Brut, MS. fol. 100, Y- col. 1.
Froissart, parlant de la bataille de Crécy, en 1346,
ditque.Iean deFusselles " tresperça tous les co/irois
« des Auglois. » C'est-à-dire toutes les lignes.
(Liv.I (5),^. 153.)
Convoi signifie corps de troupes (6), dans les pas-
sages suivans :
Il n'en mena autre conroi (escorte).
Que son esquier (escuier) Ludemard.
Ph. Mouskes, MS. p. 3Gi.
Troiz connestables establiront,
Et troiz conroiz d'armez feront.
Rom. de Rou, MS. p. 179.
C'est-à-dire trois corps d'armée.
D'une valée, et d'un pendant (coteau)
Sourt un ciiiveiz qui vint avant.
Rom. de Wace, cité par Du Cange, au mol Pendens 2.
^ Dans un sens fort différent, mais en appliquant
de même, par métonymie, le mot qui signifioit
disposition, à la chose disposée, on nommo'il con7'oy
les armes, les équipages, les meubles mêmes, les
habillemens, les ornemens, etc. ; ainsi on a dit :
Conrai, et armes porchacha.
Rom. de Rou, MS. p. 228.
Lui donnèrent dras, et conrois.
Pli. Mouskes, . p. 27.
En parlant des funérailles de Charlemagne :
Coume eraperes, et coume rois,
Fu atonie de tous convois.
Id. p. 307.
■" Comme ce mot désignoil soin, on l'employoit
pour désigner particulièrement les choses qui
(1) Dans une Iraduclion d'une charte de 1160 • « Lettres des cinq raestiers, c'est assavoir conraticrs, baudroieurs, sueurs,
mesgissiers et boursiez donnez par le roy. » (N. E.)
(2) Conroi signifie encore ; 1» droit de gîte : « Les conrois, qui sont appelés repas, lesquiex , cil qui ladite ferme tient ,
prend par an de redevance en l'abbaye de lîernay. » (J,I. 47, p. 98, an. 1310.) 2° Droit dii au conducteur d'un charroi: « Les
voicturiers, maronniers et prudes bacheliers, qui icelle-; marchandises conduiront et amenront, auront droit de prendre et
avoir... dix nuefs deniers par. pour chacune navée ou batelée ; lequel droit est appelé d'ancienneté les conrois. » (.TJ. 170,
p. 1, an. 1415.) (N. E.)
(3) On lit dans Froissart « mettre en conroy de bataille (V, 405) » ou seulement « si se départirent en grant conroi
(IV. 20). (N. E.)
(4) Ce sens est fréquent dans Partonopex de Blois (v. 2205) : « Us fuient dusc'à lor conroi. Col estendu, tôt à desroi, Et li
conroi.^ bien les atent. » (N. E.)
(5) Comparez éd. Kervyn (II, 9). (N. E.)
(6) C'est aussi un cortège :« Apriès le conrai/ de la royne. » (Froissart , 11,85.) Buchon a lu convoy , malgré l'accord
des mmss. (n. e.)
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exigeoientdes préparalifs. De là, on nomma conrois
les fêtes, les feslins. On disoil en ce sens :
Que nos aions un bon conroi.
Et que li bains soit eschauffez.
Fabl. MSS. de S- Gcrni. fol. 48, V" col. 3.
Tant li faites avoir courni,
Que ele n'ait, ne fain, ne soi.
Ibid. fol. (i, y col. 3.
.... Si ot rois, et dus, et contes ....
Qui mangeoient avoec le roi ;
iMoult ricement, à biel conroi.
Ph. Mouskes, MS. p. lii.
° I! nous reste une autre acception qui pourroit
être tirée de la préparation qu'on donnoitaux cuirs,
en les balt^ml, pétrissant, ratissant, etc. Ainsi l'on
disoit pour exprimer l'action d'un burin dediamant,
un couroi diumanlin. (Poës. de lî. Belleau, t. I,
fol. 21.) Et en parlant d'un pain mal pétri, qu'il
n'étoil de bon conroi. (Ord. t. lit, p. 5'Jl.)
"De lîi, sans doute, on avoil dit conroi, pour
exprimer la qualité d'une chose, le caractère de
quelqu'un ;
Li empereour, et li roy
Sont devenu de tel conroi,
Que par aus (eux) empirent l'empire.
Ph. Mouskes, MS. p. 1.
' Enfin nous lisons, dans l'IIist. de Louis XIV, par
Pelisson, que les séparations épaisses que l'on fait
entre les eaux salées et les eaux douces , se nom-
ment convois. iT. Il, liv. 6, p. 339.) Elles sont
vraisemblablement appelées ainsi, parce qu'elles
sont faites d'un mortier convoie, c'est-àdire bien
battu. (Voyez ci-àei^sus convroyev le mortiev, sous
l'article Cjnraer.)
VARIANTES :
CONREIZ (1). Rom. de Rou, MS. p. 125 et 239.
CouNREis. lirilt. Loix d Angl. fol. 110 R".
CouNREY. Ibid. fol. 117 V».
CoNRAY. Gace de la Bigne, Des Déduits, MS. fol. 61 V».
CoNRAi. Rom. de Rou, MS. p. 228.
Conroi. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1026.
Convoi (Lisez conroi). G. de Tyr, Martène, t. V, col. 733.
CoNRôY. Poës. MSS. av. 1300, t. I. p. 373.
COMROI. Fabl. MSS. du R. n» 7218, loi. 58, R» col. 2.
CONTROY. Eust. Descb. Poës. MSS. fol. 194, col. 3.
Couroi. Villehardouin, p. 59.
CouRROi. Hist. de Louis III, D. de Bourb. p. 2(Î4.
CouRROY. Percef. vol. III, fol. 143.
CORROY.
CoRROiz, plur. Villehard. p. 59.
CORNOI (Lisez conroi). Rom. de Brut, p. 118.
Conrrye. [Intercalez Conrrye, réservoir à
poisson. Voyez même volume, p. 178, note 6.] (n. e.)
Consachable, adj. Complice, participant. On
lit dans S. Bern. cité ci-dessus : « Ju ne me sai ne
» nul chose conaachaiile. » Dans le latin : nihil
mihi conscius sitrn.
A toy folie consachable.
Qui en tous tourments pardurables
Les embas ; se sens, et prudence
Ne les oste de ta balance (perplexité).
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 571, col. 1.
VARIANTES :
CONSACHABLE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 247, col. 1.
CoNSACHANT. Oudin, Dict.
CONSACHAULE. S. Bern. fr. MSS. p. 345.
CoNSÇACHANT. Colgrave, Dict.
Consacranz. Voyez S. Bern. Serm. fr. mss.
p. 09. On lit consacrant- qui répond au latin conser-
vans, qui paroit une faute.
Consalme de mer. C'est une sorte de grande
coquille, suivant le Dict. d'Oudin.
Consaii('2), SHfts^Hiflsc. Conseil, avis*. Secret^.
Conseil, assemblée '^. Conseil, conseiller °. Voyez le
mot Conseil ci-après, dont nous ferons un article
particulier, et dont nous ne donnons pour ainsi
dire, ici, que les diverses orthographes.
* Au premier sens, on disoit/>m/rfre consau, pour
prendre conseil. (Poës. mss. du Vat. irl49, fol. 118.)
« Se gouverner par les consaulx de la déesse
« Venus. » C'est-à-dire par ses avis. (Percef. vol. III,
fol. 431.) « Sur ce délibération, et consueil axec nos
« prelaz et barons, etc. » (Ord. t. I, p. 383.)
Sire, dit-il, s'il te plaisoit.
Mon los, et mon conseulx seroit.
Rom. de Brul, MS. fol. 51, R» col. 2.
^ Consens signifie secret dans les vers suivans :
Ainsi vesqui Gautier, toz jors de mal en pis.
Tant qu'à un vieleur qui estoit du pais
A trestout son afere, et ses consens gehis (déclare) ;
A grant doute le list, etc.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 3i5, V" col. 1.
*^ Conseilx a été employé pour assemblée. On lit
dans Villehardouin, p. 10 : « Li conseilx estoit de
« 40 hommes. » Dans l'IIist. de B. du Cuescl. par
Mén. page 'i99, on trouve : « Firent les consaulx
« secrètement. ■>
° Consaulx a signifié conseillers : « Adonc s'en
« vindrenl les chevaliers de tous les consaulx du
« pais. " (Percef. vol. I, fol. 77.) <• N'esloie garnis
« de conseil, et mes consaux s'en est partis. »
(Beauman. p. 334.)
VARIANTES :
CONSAU. Math, de Coucy, Hist. de Ch. VII, p. 729.
CoxSAUL. Ord. t. I, p, 675 et passim.
CoNSEL. Villehard. p. 53.
CoNSELL. Poës. MSS. av. 1300, t. III. p. 1038.
CoNSAiL. Rymer, t. I, p. 109, lit. de 1268.
Conseil. Orth. subsist Loix Norm. art. 12.
CONSEYL. Rymer, t. I p. 60, tit. de 1260.
CoNSOiL. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 3. En latin, consiliuin.
CONSOLZ. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 162.
CoNsouz. Duchesne, Gén. de ChàtiUon, p. 61, tit. de 1268.
Consul. Rymer, t. I, p. 13, col. 2, tit. do 1256.
CuNSEiL. Marbodus, col. 1642.
CoNCEL. Fabl. MSS. du R n» 7615, t. II, fol. 135.
CoNSEiLL. Assises de Jérusalem, p. 18.
CoNSOiL. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. II, fol. 134. V^col. 1.
Co.NiSUEiL. Ord. t. I, p. 383.
CoNSElLG. Beaumanoir, p. 1.
Conseilx, plur. Villehardouin. p. 10.
CoNSEUX, plur. Rom. de Brut. MS. fol. 51.
CoNSEULS, plur. Estrub. Fabl. MSS. du R. n° 7996, p. 157.
CONSEUS, plur. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 298.
CoNSAUX, plur. Beaumanoir, p. 334.
(1) On a aussi conrei. (Voyez le Glossaire de la chronique des ducs de Normandie, (n. e.)
(2) Consauls, dans Froissart, est le nominatif singulier et le régime pluriel de conseil (V, 318) ;
maistre conseux (VI, 3). » (n. e.)
on trouve aussi « chil
co
192
CO
CONSAN'S, pliir. (Lisez conxaux) Beauman. p. 10.
CoNSAULX, ptur. Hist. de B. Du Guesclin, parMén. p. 290.
CousAULS, plur. (Lisez coDsmds) Le Fevrerte S. Rem. p. 23.
CoNSAX, plw. FabL MSS. de S. G. foL 43, R" col. 3.
Consaiide, subst. fom. Consolide. IManle. 11 y
en a de plusieurs sorles: le pas d'alouette, la mar-
gueriti- ou pài|uei'elle, etc. (Voy. le Dict. Univ.)
Ou la rose, ou la violette,
Ou la consaiule joUette.
Froissarl, Pots. MSS. p. 385, col. \.
11 s'agit de la marguerite, sous le nom de con-
sauile, dans les vers suivans :
Je ne me doi retraire (cesser) de loer,
La tlour des llours, prisier, et honnourer.
Car elle fait moult à recommender.
C'est la comaurle, etisi la voeil nommer ;
Et qui li voelt (veut) son propre nom donner
On ne li poet, ni tollir, ni embler ;
Car en françois a nom, c'est tout cler,
La margherite.
Froisàart, I*oes. MSS. p. 70, col. 2
VAHIANTES :
CONSAUDE. Froissart, Poës. MSS. p. 385, col. 1.
CONSOLDE. Rabelais, t. I, p. 78.
CoNSOULDE. Oudin, Dict.
CONSOURDE. Cotgrave, Dict.
Conscience, subst. fcin. Pensée secrète *.
Témoignage intérieur °. Connoissance'^ (i).
* Ce'niol ne se dit plus, dans le premier sens :
« Lors se tyra le preux Gallafar par devers le lict,
« puis se seyt sur le boi'd du clialil, et dist, au plus
" eouitoiseinenl qu'il peusl, en telle manière :
« Belle, bonne, et ma très doulce amye, plaise vous
« de en tendre il moy; dire vousveulxmacoHSCiencc.»
(Percef. vol. Y, fol. r.'i.)
° La seconde acception, témoignage intérieur, est
encore en usage; mais on ne dit plus comme autre-
fois, en ce sens : conscience étroite, pour conscience
scrupuleuse. On trouve cette expression dans Perc.
vol. V, f» 44. Prendre une chose sur sa conscience,
se disoit pour l'assurer , en garantir la vérité.
" Prinsdrent sur leurs consciences que ainsi
«' estoit. » (Le Jouvenc. ms. p. 467.)
•^ On a dit aussi conscience, pour connoissance.
En la sainte vile où je fu,
Moustiee m'est li conscieiice
De Dieu, de se mère créance.
Vies des SS. MS. de Sorh. chif. LX. col. 45.
Conscinomantie, subst. j'ém. Itiviualion par
le moyen du sas. (Voyez Beucerus de divina'tione.
— Falconnet.)
Conse, subst. masc. Magistrat municipal. On lit
dans S' Julien : « Qu'encores que en quelques
>■ lieux de France il y ait des co)ises, desquels le
" mol à certaine consonance avec celui du consul,
« si sont leurs fiinctions trop diverses. » (Mesl.
Hist. p. G04.]
Consécration, subst. j'ém. Sacre. On a dit, en
parlant du sacre du roi Cliarles VU : « L'archeves-
« que procéda à la consécration, gardant les cére-
» moules, et solernnilez contenues dans le livre
« pontilical. » (Histoire de la Pucelle d'Orléans,
page 5'24.)
Consécution , subst. fém. Conséquence *.
Obtention °.
* La première signification , conséquence , se
trouve dans le Dict. d'Oudin.
^ On remari|ue le sens d'obtention, dans le
passage suivant : » (^'espérance de béatitude doit
« estre telle, c'est à sçavoir qu'on aie foi qu'il y a
« une future béatitude , et qu'à la consécution
» d'icelle (Dieu) a ordonné aucuns moiens conve-
« nables, etc. » (Les Tri. de la Noble Dame, f° 337.)
Consecutipvement, adv. Consécutivement.
(Voyez Rabelais, t. V, p. 198.)
Conseel, subst. masc. Espèce de grain (2).
Du froument nest (naît) li chardon.
Et li pavot croist du conseel.
Eust. Dcscli. Pops. MSS. fol. Hl, col. 4.
(Voy. le Nouv. Du Cange.) Cou'^éet, consegallum,
consicilium sont différens noms d'un mélange de
froment et de seigle; à Lyon blondée, en Norman-
die méteil. Conseel vient de seigle siligo, avec
l'augmentatif COH qui désigne l'addifion, le mélange.
(Falconnet.)
Conseerent.
El demain, par matin, levèrent.
Par les hostex se conséei-ent ;
De la ville issent à grant bruit.
Falil. MSS. du R. n* 79S9, fol, ni, R- col. 1.
Coîîscigneur, subst. masc. Coseigneur. (Dict.
de Cotgrave.)
Conseil, subst. masc. Conseiller*. Concile^.
Aide, assistance*^. Dessein, secret". Intention,
volonté^. Cour, juridiction ''.
Nous ne marquons, sur ce mot qui subsiste, que
les acceptions inusitées et les anciennes expres-
sions dans lesquelles il entroit.
* On disoit autrefois conseil, pour conseiller.
» Entre les conseils du roy, et du souldan, fut fait
«aucun parlement de accord, et de paix faire. »
(Joinv. p. 59.)
^ Conseil a désigné autrefois une assemblée
ecclésiastique, un concile, comme nous avons vu
concile désigner autrefois toute assemblée en géné-
ral. » En celluy temps n'estoit nulle nouvelle du
« conseil de Ba'sle. » (.loiirn. de Paris sous Charles
VI et Vil, p. 159; voyez Chron. S' Denis, t. Lf" 122.)
" L'archevesque de Rheims fit sçavoir à tous les
« prélats, etc., dans l'estenduede son arcbevesché,
•> qu'ils fussent tous rendus à un certain jour
» dans la ville de Soissons,et que là il vouloit faire
' un conseil touchant le faicl des gens d'église. »
(Math, de Coucy, Hist. de Charles Vil, p. 700.)
*^ Conseil se prenoil pour aide, assistance. » Je y
» meltray tout le conseil que je pourray. « (Lanc.
(1) C'est aussi une résolution: « N'eurent bien conscienche, quel temps ne quel tempes qu'il fesist, de prendre ces quatre
vaissiaux. » (Froissart, IV, 141.) (n. e.)
(2) C'est le conseille, mélange de seigle et de froment, ou de seigle et d'avoine, (n. e.)
co
— 193
CO
du Lac, t. II, fol. 60.) « Se Diex n'i eustmis conseil,
« destriiite fui la clireslienté. « (Villehard. p. 119.)
° Ce mot a signifié dessein secret : « Luy prie
« qu'elle luy die ung peu son penser, et elle luy
« respond qu'elle n'en dira à nul iiomme ce (|u'elle
« pense, ne ,jà cestuy conseil ne sera descouvert. »
(Lanc. du Lac, t. I, fol. 149 ) « Sur ces paroles sur-
« vint la royne qui feit départir ce conseil du Roy,
« et de Margon. » (Peroef. vol. IV, fol. 45.)
^ Conseil s'est employé pour intention, volonté.
« Le roy d'Escoce n'avoit point de conseil de don-
» ner trêves, ne de faire nul accord, sans le gré du
« roy de France. » (Froissart, liv. I, p. 108.) (1)
^ Le nom de conseil (2) a servi à désigner divers tri-
bunaux, diverses cours souveraines. On a nommé
ainsi : l" La Chambre des Comptes <• par le conseil
« assemblé en la Chambre des Comptes. ■> (Ord. de
1327.) 2' Le Chaslelet : >< noslre conseil du ChasLe-
« let. » (Ibid. Ord. p. 10; Ibid. p. 4.) 3° Les maîtres
des requêtes : « Voila comme dès lors les maislres
« des requestes sont, en qualité de maistres, aupa-
« ravant appelles gens du conseil. « (Miraum. des
Cours souver. p. 129.) 4° Le Parlement a été désigné
sous le nom de grant conseil, ou conseil commun,
dans des Lettres de Charles V, de 1372, qui ordon-
nent que les procès de l'évéque et de 1 église du
Mans, et ceux de leurs officiers seront portés, sans
moyen, au Parlement, etc., ou comme on liUlans
ces" mêmes lettres : « Par devant nos amés, et
« feaulx gens de nostre grant conseil, ou de nostre
« Parlement à Paris, comme par traitleurs en ceste
« partie. ■■ (Ord. t. V, p. 523.) On lit conseil com-
mun, avec la même signification, dans une Ordonn.
de Philippe-le-Bel, rapportée par Du Tillet. (Rec.
des R. de Fr. p. 308.) Les officiers du Parlement en
1342 sont qualifiés par le roi, <■ de personnes, tant
« clers, comme lays de nostre co?iS(^;7. » (Miraum.
des Cours souver. p. 59.) 5° Large conseil étoit un
tribunal de Bruxelles. » Le second membre de la
« ville estant nommé, le large conseil, se compose
« de tous ceux qui, années précédentes, ont servy,
« tant hors des lignées, que des nations, comnïç
» bourguemaistres, eschevins, receveur de la ville,
« ou comme doyens de la draperie, et aussi les
« conseillants descendants, qui n'ont voix qu'un an
« seul après qu'ils ont quitté le service. » (Coût, de
Brusselle, Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 1237.) iV Le
plus grand conseil s'est dit, non d'un corps parti-
culier, mais de l'assemblée de tous ceux qui étoient
les plus capables de donner conseil : « Ainsi fust il
« dict, et conseillé, par tout \e plus grand conseil
« qui fust, et que on peut avoir, ne trouver, en la
i< ville de Paris, à Laon, à Amiens, et ailleurs. »
(Bout. Som. Rur. p. 749.)
On se servoit du mot conseil, en divers sens,
dans les expressions suivantes :
1° Homme de conseil (3), pour avocat. « Lemary.et
« la femme ayant droit de douaire sur quelques
« fiefs peut y renoncer, en le faisant en la Cour
» estant assemblée ; la femme autorisée de son
« mary, ù cet effet, et assistée d'un lionimc de con-
" seil. ■' (Coût, du Bourg de Furne, Nouv. Coût.
Gén. t. I, page 09(1.) On dit encore, dans quelques
provinces : assiste de son conseil, pour accompagné
de son avocat.
2° Jour de conseil s'entendoit, dans des sens diffé-
rens. 1" Pour délai accordé à un homme attaqué en
justice, afin qu'il eut le temps de pourvoir à la dé-
fense de sa cause. (T)u Cange, Gloss. lat. au mot
Consilium (4).) 2''Bouteillerexplique aulrement l'ex-
pression jour de conseil, ou absence de conseil.
« Autre chose n'est sur \ejour de conseil, que pour
« respondre peremploirenient en la demande faicle
« encognoissant(avouanl,confessanl,ou eiiniant. »
(Bout. Som. Rur. p. 39.) Au titre « de jour d'advis,
« de jour d'appensement, de jour de conseil, ou
« jour pour abscence de conseil. » A" Jour de con-
seil se disoit aussi, par opposition h jour de idaide-
ries, pour jour auquel on fait les rapports, distingué
de celui auquel on tenoit les audiences ; dans une
Ordonn. de l'échiquier de Rouen de 1507, on lit
que « ceste ordonnance soit gardée , tant aux
« jours de plaideries, que aux jours de conseil. »
(A la suite de l'Ane. Coût, de Norm. fol. 3G.)
3° Conseil de Court semble mis pour jurisconsulte
ou avocat que l'on étoit en droit de demander au
seigneur pour consulter ou plaider sa cause :
« Qui demande conseil de court au Seignor, il peut
« demander îi son choix, lequel que il vodra de
« tous ceaus que lors sont en court, soit home dou
« Seignor, ou autre. » (Assis. de.Jérus. p. 18.)
4° Èstroit conseil signifioit secret : » Ne dys jà
« ton cstroit conseil à homme, s'il ne te sert, ou
» peult, ou veult ayder. » (Percef. vol. II, fol. 147.)
De là, e». conseil estroit, secrètement, « deviser
« avec les damoyseiles secrètement , en conseil
« estroit, tout bas, et à part. » (Arr. Amor. p. 407.)
5° Avoir conseil, avoir le temps de délibérer :
» Ces menaces ébahirent moult ceux de Bergerac :
« si demandèrent à avoir conseil, et on le leur
" donna, adonc se mirent les bourgeois de la ville
« tous ensemble. » (Froissart, liv. il, p. G.)
^1) Comparez édition Kervyn, II, 249. Prendre conseil (IV, 6), c'est se décider. (N. E.)
(2) Le Conseil du Roi était féodal au xiiF siècle ; il comprenait les feudataires, les vassaux directs et, dès 1210, les grands
officiers du palais. Il s'occupait de l'administration générale et de l'administration du domaine avec une triple compétence,
politique, financière et judiciaire. C'est l'origine de trois sections détinitivement sépar.-es sous Pliilippe-le-Bel : Parlement,
Chambre des Comptes, ('o»S(?!/. Il n'est plus alors que le Co))Sp(( (,V/Y)(7, le Cons/;»^ pivtJiJ.- « Cil du privé Conseil connurent
Qu'il n'ierl pas tans de l'estriver. » (G. Guiart, 1276.) On y appela les grands officiers, des seigneurs et même des roturiers ;
organisé sons Pliilippe-le-Long (1316 à 1319), il eut une triple compétence pour les privilèges et évocations, la cassation et
le contentieux administratif. Ses fonctions furent allégées par la création du Grand Co>iseU (1497) devenu bientôt inutile,
et par la division du Conseil en trois sections sous Henri III, en cinq sections sous Richelieu, (n. e.)
(3) En Angleterre, on aurait dit conseil erndil. (Stanford, Plaids de la Couronne, II, 63.) (w. E.)
(4) D'après la Coutume de Sens, art. 143, et les Etablissements de S' Louis, II, c. 13, tj 1. C'est pour Du Cange l'équivalent
de jour d'advis. (n. e.) *
IV. 25
co
- 194
CO
G' Avoir par conseil, résoudre. •■ Le conile eut
« par conseil qu'il viendroit en Flandres. » (Frolss.
liv. 1, p. Wl.)
7" l'^irc en conseil, èlre aux opinions. « Nous
a voulons que les huissiei's de Parlement laissent
« passer les séneschauls, bailliz, et nos procureurs
<■ par devers les mestres, foi'z tant seulement,
" ([uant il seront en conseil sur les arrez. >• (Ord.
t. I, p. 73(t.) Il senihle (|u'on ait dit, en ce sens, au
conseil poui' aux opinions. « Au conseil, quand
« aucun dit son opinion, il ne doit loucliier, nidire
« noniniément ce qui ait été toucliié, ne dit en sa
« présence. » lOrd. t. Il, p. 'i'iS.) « Le président se
« levoit pour aller au conseil. » (Contes de Des
Perr. t. 1, p. '13L)
8" Etre du conseil, èlre du parti ou dans les in-
térêts de quchiu'un : " Les Bavieres anciennement
« \ou']ourà ont esté du conseil àeFvunce. » (Froiss.
liv. Il, p. 280.)
9" En conseil, ou à conseil, en secret, tout bas, à
l'oreille. « Celuy qui avoit esté dessus l'arbre ,
« demanda à son compagnon par serment, ce que
0 l'ours Iny avoit dit en conseil, qui si longtemps
« luy avoit tenu le museau contre l'oreille. » (Mém.
de Cômines, p. '16-2.) « Se tira ù part en ung petit
« cbamp, loing- de tontes gens, voiant que nul ne
« povoit aprocliier de lui, fors seulement ceulx à
« qui il parloit à conseil. » (Le Jouvencel, fol. 50.)
On disoil aussi : « Parlions conseil l'un ù l'autre;
« quoy voyant le bon Boy, nousreprint, en disant :
« vous faites mal de conseiller cy ; parlez haut,
« etc. » (Joinv. p. 0.)
De là, traire à conseil, tirer à l'écart, parler en
secret. (Rom. du Brut, ms. fol. 46.) « Il raconta à
« conseil, à sa femme. « (Chron. ms. de Nangis,
an 1302.)
10" Mettre conseil et remède, signifie pourvoir
et remédier, dans ce passage : « Que nous sur ces
« choses ne nteissions conseil, et remède. » (Ord.
1. 1, p. 512 ) De là, on a dit mettre conseil en soy,
dans le sens de rétléchir, pourvoir à sa sûreté. •< Li
<" chrestiens, sans mettre nul conseil en eus, se
« mislrent à desconOtures. » (Contin. deG. detyr,
Marlène, t. V, col. 721.)
11" Rendre conseil, consentir, déférer. On lit, au
sujet du schisme des papes de Rome et d'Avignon,
sous l'an 1393 : « Fut avisé, ou conseil du Roy, qui
« ne fut pas sitost déterminé ; mais à celuy avis y
« rendit conseil l'université à grand peine. »
(Froissarl, liv. IV, p. 187.)
12° Retenir de conseil, retenir quelqu'un, comme
une peisonne de confiance, confident, pour lui de-
mander ses avis. « Dame, dist la royne, vostre
<i repos me plaist, mais vostre départie de moy ne
« veulx je pas, car nous sommes comme d'ung
« aage ; si vous retiens de mon conseil et procliaineté
« de moy. >■ (Percef. vol. V, fol. 107.)
18° Par conseil, s'est dit pour sagement, prudem-
ment. " J'ay iulenlion de le celer jusques au vou-
" loir d'une pucelle, en laquelle j'ay esté jà pieça,
" et si j'estois absoulz d'elle, et que elle voulslst
« dire que j'eusse mis la chose à fin son vouloir,
« je feroye par conseil. » ;Percef. vol. VI, fol. 57.)
14° Crund et estroit conseil du Itoij se trouve
dans rilist. de Berlr. du Guescl. par Mén. p. 169.
» Etoit des premiers du conseil estroit du Roy. »
(L'Am. ressusc. p. .53.)
15° On disoit, en parlant de quelqu'un qui se
décide à faire une chose après y avoir réfléchi :
Conseil lui amené, co)iseilluiaporte, pour signifier
il est d'avis. Celte expression est empruntée des
Latins. « Conseil lor amena qu'ils envolassent en
Il Venice, etc. » (Contin. de G. de Tyr. Martène,
t. V, col. 6.54.)
Conseil, dans le sens où nous le disons aujour-
d'hui, a donné lieu aux proverbes suivans :
1. ... Qui par soi vclt ouvrer
Saiiz conseil demander,
Soveiit foloiera (fera des folies).
Prov. du C" de Brct. MS. de S. G. fol. 155, R" col. 2.
2° « Faull le bon conseil, quant le grant besoing
« est. » (Le Cil" de la Tour, instr. à ses filles.)
3° >> Tout aussi comme le cueur se delecle en
« odeur, aussi fait conseil de bon amy à l'ame
" doulceur. « (Le Cbev" de la Tour, inslr. à ses
filles, fol. 75.)
4° « Il n'est besoin de conseil ou la résolution est
>' prinse. » (Nuicts de Strapar. t. II, p. 106.)
5. ... Si fol un conseil te donne,
N'en fais refus pour sa personne.
Alem. de Monlluc, l. II, p. 517.
6° « Tel fut mon conseil, comme estoit mon con-
« seillier. » Ce proverbe est expliqué par ce qui
suit : « Mon conseillier estoit fol, et mauvais; mon
« conseil fut semblablement damnable, et perni-
« cieux. » (Cartheny, voy. du Ch" errant, fol. 5.)
On trouvera d'autres proverbes dans Oudin, Cur.
fr. et dans le Dict. de Cotgrave (1).
Conseillable, adj. Convenable. Que l'on doit
conseiller. « Ils reconnoissenl devant tout le monde
" pour bon, nécessaire, et conseillahle, que l'en ne
« doit nullement, etc. » (Mém. de Villeroy, t. VI,
page 11.1
Conseillans, suhst. masc. plur. Conseillers.
Espèce d'officiers de la ville de Bruxelles. Us
étoient au nombre de six. (Nouv. Coût. Gén. t. T,
page 1236.)
Conseillant, partie, prés. Qui parle bas. (Voy.
ci-après Conseiller, pris en ce même sens.)
Cil en fu liez, et celé lie,
De ce qu'ainsi est avenu,
Ensamble s'en sont revenu,
Tout conseillant de lor déduit.
Fabl. MSS.du R. n' liVi. fol. 243, R- col. 1.
De là, cette expression adverbiale en conseillant
pour en secret, tout bas (2). (Estrub. Fabl. ms. du R.
n» 7996, p. 23.) On écrivoit aussi conseillent :
(1) Voyez aussi Leroux de Lincy, t. II, passim. (N. E.)
(2) On trouve aussi en conseil ou « conseil dans le roi Guillaume (p. 82, p. 83, p. 118). (N. e.)
co
- 195 -
CO
Et conseillent, en conseillent,
Conseil périlleux essillent,
Selon la voulante qu'il ont,
Et faingnent, etc.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. iS7, col. 1 .
VARl.-VNTES :
CONSEILLANT. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f»34.3, R° col. 1.
Conseillent. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 487, col. 1.
Conseillement, subst. masc. Conseil, avis.
L'action de conseiller.
En armes fault preste provision
De gens expers, paine, force, et malice;
Non pas si grande consultacion,
Et que telz gens n'aient point de perice (paresse),
Mais voisent (aillent) hastivement,
Faire leurs faiz, sanz tel co>iseillement.
Dont trestout va ce que devant derrière.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 5i. col. 4.
Conseiller. Pour ceux qui, au nombre de
quatre, éloient élus tous les ans et donnoient leur
avis touchant l'amende à payer pour les délits des
enfants. Leur, jugement faisoit la règle des prudliom-
mes de la ville qui prononçoient les sentences.
(Jurain, Hisl. du comté d'Aussonne, p. 25.)
VARIANTES :
CONSEILLER, Conseils, CoNSEs,CoNsoiLLiERS, Consuls,
s. Ȕ. p. Preudhommes, prodomes et pers.
Conseiller, subst. masc. Avocat*. Magistrat
laïque ou d'église^. Officier de la Chambre des
Comptes'^. Officier de la cour des aides °. Officier
de la maison du duc de Bourbon^. Officier munici-
pal ''. L'orafour de la ville de Gand °. Terme de che-
valerie". Consul'. Confident". Conseil"-.
* Ce litre de dignité, connu aujourd'hui et donné
aux officiers des cours souveraines et de plusieurs
autres, se trouve joint avec celui d'avocat, peut-être
pour établir la dislinclion entre les avocats plai-
dons et les avocats consultans. « Procurrieres, ne
« avocas, ne conseillers, ne pueenl porter tesmoi-
« gnage ez causes dont ils sont procureeurs ou
« avocats, ou conseilliers. » (Beauman. page 214.)
Cette explication du mot conseiller, pour avocat,
est confoinie à celle que donne La Roche Favin, sui-
vant lequel, dans les anciens praticiens, les avocats
sont appelés conseillers en cour laye. (Voyez son
Traiclé des Parlemens de Franco, p. 2G8.) Dans les
articles de l'ordonnance de 1344, p. 218, du 2' vol.
des Ordonn. concernant les avocats, ils sont dési-
gnés par les mots advocati et consiliarii que l'édi-
teur, dans son sommaire, traduit, mal à propos, par
les mois de conseillers (i\.à: avocats. Les officiers du
Parlement, que nous désignons aujourd'hui sous le
nom de conseillers, y sont appelés maîtres et sei-
gneurs du Parlement; cependant, on voit, dès l'an
1340, une Ordonnance du 22 avril qui donne aux
officiers du Parlement le titre de conseillers au Par-
lement, mais il ne leur étoit pas particulièrement
affecté; il se donnoit encore aux avocats en 13G0.
Bouteiller, qui écrivoit vers ce temps-là et qui rap-
porte les décisions des plus célèbres avocats,
s'exprime ainsi à la page 321 : » Faict, etconseillé par
» les plus notables advocats, ei conseillers de Parle-
« ment, tels comme maistre Jean Canart, monsei-
« gneur de mères (peut-être .!. Desmarès), maistre
" .lean Ancier, maistre Jean de Hambancourt, et
« maistre Eustace de la Pierre », noms connus et
célèbres en ce temps. Cet auteur lui-même, qui au titre
de son livre est qualifié conseiller au Parlement, ne
prend point cette qualité dans aucun des articles
de son testament fait en 1402; son nom ne se
trouve dans aucune des listes des officiers du Parle-
ment. Ainsi il est probable qu'il étoit simplement
avocat : d'autant plus que, dans le chapitre 39, où
il traite du Parlement, il ne se sert jamais que des
mots « seigneurs du Parlement et des enquestes »,
en parlant des officiers de ce corps. (Voyez Som.
Rur. p. 853.) Cependant on pourroit être trompé par
le préambule de rOrdoni;ance de 13.59, concernant
les marchands de marée qui est adressée « à noz
« amez, et feaulx conseillers, les présidens de la
« chambre de Parlement. » Mais ces mots sont
expliqués quelques lignes plus bas où on lit : » A
» maistre Guillaume de Dormanz, Jehan Fourcy, et
« Regnault de Traynel advocats en parlement, et
« aus autres conseillers des marchans t'o'irains de
« poissons de mer, et harenz. freque:itans la ville
« de Paris, salut. » (Ord. t. 111, p. 447.) Outre cela,
dans l'Ordonn. de 1367, concernant les mêmes mar-
chands, on trouve encore le mot de conseiller que
l'éditeur explique par avocats du conseil. (Voy. Ord.
t. y, p. 12, et la note b.) Le mot de conseiller, pour
avocat, étoit encore employé en 1533, dans la Coût,
de Mons, comme on peut le voir au Coût. Gén. t. I,
page 825 (1).
^ Conseiller étoit aussi le titre des magistrats
la'iques ou ecclésiastiques. On nommoil ces der-
niers conseillers d'église. (Arrest. Amor. page 13.)
On les nommoit quelquefois conseillers. (Ord. t. III,
page 348.)
•^ On appeloit conseillers les officiers de la Cham-
bre des Comptes, en 1461, dans Mathieu de Coucy
(Hist. de Charles Vil, p. 734.) Voyez Chron. scand.
de Louis XI, sous la même époque, p. 13, où ou lit :
conseiller en la Chambre des Comptes. (Ibid. p. 21.)
Conseillers clers des comptes.
° Conseiller général étoit le litre des officiers de
la Cour des aides, dans les Ord.t. V, p. 351. Nicolas
de Fonteney, écuyer, se qualifie « Conseiller géné-
« rai du Roy noslre siie, sur le fait des aydes
« ordonnées pour la guerre, visiteur, réformateur,
« par tout le rovaume ez parties de Languedoyl sur
« le dit fait. » (Ibid. p. 404.)
^ CoHse///er désignoit aussi un officier particulier
de la maison de Louis III, duc de Bourbon. Ce
prince, au retour de sa prison d'Angleterre, en
1364, forma sa maison, et créa doubles plusieurs
offices ; entre autres on voit « messire Goussotde
« Thory pour son conseiller. » (Hist. de Louis III,
duc de Bourbon, p. 18.) Dans la maison de Bourgo-
gne, c'étoii le maître d'hôtel ordinaire du duc. ^Etat
des Offic. du duc de Bourg, p. 47.)
(1) II suffisait pour prendre à vie le titre de conseiller, d'avoir été mandé une fois par le roi en son conseil, (n. e.)
co
— 196 —
CO
■^ On appeloit aussi conseillers, ou consulteitrs,
e\ pacificateurs, àes on\c\e\s municipaux de quel-
ques villes, ("éloit des ofliciers du second ordre,
subordonnés aux éctievins. (Voy. Ord. t. III, p. 451.)
"Conseiller semble un titre particulier et unique,
comme ([ui diroit orateur. La ville de Gand, après
sa révolte, s'élant soumise au duc de Bourgogne en
1453, « s'advença de parler au prince : le conseil-
" lier de la ville, pour tous les autres, luy suppliant
« que de sa pitié, et bénigne grâce, il voulsisl par-
« donner à son peuple de Gand \h présent. (Monstr.
vol. 111, fol. 54.)
" En termes de clievalerie, le titre de conseiller
ou conseilleur, se donnoit aux assistans dans les
gages de bataille, les tournois, la guerre et autres
exploits de cbevalerie. Lile Adan, gage de Bataille,
fol. '23, et La Colomb. Théàt. d'iionn. t. II, p. 429,
les appellent eonfidens, les mêmes que les conseil-
lers d' lionne ur, dans La Salade, fol. 50. Celui qui
présidoit aux cérémonies observées dans les gages
de bataille est qualifié mareschal ou conseiller.
(Ibid. fol. 49.; On voit dans Floire et Blancbetlor,
jis. de S. G. fol. 197, qu'un roi acharné de la bra-
voure d'un chevalier qui s'étoit signalé dans un
combat, veut le retenir pour être conseiller de son
fils, lorsqu'il aura acquis la chevalerie. On ht con-
seilleur, au même sens, dans les Mém. d'Ol. de la
Marche (livre 1, p. 317.)
' Ce mot signifie consul dans ce passage : « J'ay
« oy raconter aux clers queanciennement le service
« des Romains esloil renouvelle par chescun an, et
« baillé à deux conseillers. « (Le Jouvenc. fol. 15.)
"Nous avons vu co)tscil, pour dessein secret; delà,
conseiller pour confident. « Le sage dit plusieurs
« amis facent, mais nng conseiller nyes qui soit bon,
« loyal, et preud'homme. » (Percef. vol. 11, fol. 147.)
"- Comme on a dit conseil pour conseiller, de
même conseiller s'est pris pour conseil dans les
passages suivans : « Vu par le conseil le procès cri-
« minel, le dit conseiller l'a condamné ; le dit con-
« sei//(?r l'a condamné, le conseil a déclaré. ■• (Mém.
de Villeroy, t. VII, p. 115.) On a dit, dans un sens
figuré et précieux : le conseiller des grâces, pour
miroir. Cette façon de parler, employée comme ridi-
cule dans les Précieuses de Molière (1), scène VII,
n'étoit pas nouvelle alors. On lit dans un auteur
plus ancien, en parlant des femmes :
Elles passent le jour à se peindre et farder;
Elles ne font sinon leur face regarder
Au crystal d'un miroir conseiller de leur grâce.
Despiles si quelque autre en beauté lès surpasse.
Poès. d'Aniadis Jarain, f* 2-24, V'.
On a fait plusieurs allusions à cette expression
dans les Amours de Tristan, page 81, et dans le P.
Menestrier, Art des Emblèmes, p. 2.
Conseillers est une faute pour coustillers, dans
les lettres de Charles , duc de Bourgogne, au
S' Dufey, p. 3G1. (Voy. ci-après Coistiller.)
VARIANTES (2) :
CONSEILLER. Orth. subsistante.
CoNSEiLLiER. Monstrel. vol. III, fol. 54. V».
CONCILLIER. Fabl. MSS. du R. n° 7615, t. I, fol. 110.
Conseilleur. Mém. d'Ûl. de la March. liv. I, p. 317.
Co.N&iLLiER. S. Bern. Serra. Ir. MSS. p. 3.
Conseillev, verbe. Arrêter, juger*. Rapporter
les procès °. Examiner, délibérer*^. Persuader".
Aider ^. Parler bas, confier en secret ''.
(Voyez ci-dessus Conceiller, dans le sens oîi nous
prenons aujourd'hui Conseiller.)
* Autrefois, conseiller se disoit pour former,
rendre un arrêt. « Après que l'arrest aura été
« conseillé en la chambre. » Ord. t. II, p. 224.)
« Nulle baillie, ne seneschaucie ne sera comman-
« ciée à délivrer, devant ce que tuit li arrest de
« l'autre seront tuit conseillez et prononciez. »
(Ibid. p. 227.) » Un homme est prisonnier à cause
« d'un crime, et le confesse, incontinent il meurt ;
« on demande si le corps sera exécuté, et ses biens
« confisquez ? .... Si le piocez n'est conseillé, et
« arresté devant sa mort, il n'y aura exécution, ne
« confiscation, et sera le corps enterré aux champs,
« nonobstant l'horreur du crime qu'il a confessé,
'• et si le procès est conseillé, le seigneur aura la
« confiscation. ■> i^Gr. Coût, de Fr. p. 543).
^ On appeloit aussi conseiller, rapporter les
procès ; c'est en ce sens qu'on lit ■< que tous les
« jours, ou au moins une foiz la sepmaine, arrests
« soient tous délivrés : et facent deux chambres,
« l'une pour conseillier, et l'autre pour plaidier. »
(Ord. t. III, p. 129.) On lit à la marge juger les procès
de rapport.
'^ Dans le sens propre, conseiller signifioit con-
sulter, examiner, mettre en délibération (3) ; ainsi
l'on disoit : se conseiller, pour se consulter. » S'en
« conseille à un nomme Pilhacus, etc. » (L'Amant
ressusc. p. 125.) » Se conseilla (i) à son ami qui fut
« d'avis, etc. » (Nuicts deStrapar. t. Il, p. 152.) On
disoit en basse latinité reconciliare pour consulere.
(Voyez Du Cange.) De même, on lit : « 11 issisthors
« de la chambre du conseil, et vint au dehors : et
« là attendit tant (lue ces lettres furent conseillées,
» et (lue la response en fut faite et rendue (.5). »
(Froissarl, liv. IV, p. 06.) " Quant ilz ont d'aucune
« chose à faire, et co«s('///c'?' ensemble des besongnes
« touchant nous, etc. » (Ord. t. III, p. 451.)
Tondis seult conseil conseillier ;
Jlais tout se pert en consillent :
Car je voi le peuple essiUer (détruire) ,
Par le conseil qui est si lonc,
Qu'à peine voit on consillent.
Eusl. Desch. Pois. MSS. fol. 259, col. 2.
(1) i( Vite venez nous tendre ici le conseiller des grâces. » (n. e.)
(2) Consalliers est déjà dans S'i- Eulalie : « Elle n'ont eskoltet les mais conseiltiers. » (n. e.)
(3) Dont fu dit as Escoçois que il se traissent arriére ; on conselleroit lor parole et puis averoient response. » (Froissart,
II, 278.) (N. E.)
(4) C'est plutôt prendre conseil, comme dans Froissart (II, 227) : « Entrées se conseilla il pour savoir quelle cose il en
devoit faire. » (N. E.)
(5) Comparez édition Kervyn, XIV, 183. Conseillié signifiait aussi résolu (id„ V, 307) : n Jehan de Biaucamp fu tantost
consillics dou respondre. » (N. E.)
co
197 —
CO
° Conseiller s.'esi dit quelquefois pour persuader.
« Castor qui plus qu'homme du monde, désiroit
« eslre gras, se laissa conseiller (de se faire cliàtrer.)
(Nuictsde Slrapar. t. Il, p. 27.)
^ Nous avons vu Conseil, pour aide; conseiller
a aussi sis^nitié aider, assister, défendre. (Voyez
Perard, llist. de Bourg, p. 502, til. del2Gl.)
^ Eniin, comme on disoit en conseil , pour en
secret, ù l'oreille, on a dit de mèm& conseiller pour
parler en secret, à l'oreille, confier une chose en
secret. On lit , en parlant de l'indiscrétion des
femmes :
. . . Aussi coye (discrète) se taist de ce qu'on lui conseille,
Cora cil qui va treçant le ven (van) et la corbeille (1).
Fabl. MSS. du R. n"-6ir., l. I, fol. 100, R- col. 1.
Puis a Galesirot appellée,
En bas li prist à conseiller ;
Va me querre le forestier.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 79, R" col. 2.
N'el dirai pas en conseillant,
Ainz vueil moult bien que cliacun l'oie.
IbiJ fol. 70, R" col. 3, etc.
De là, se conseiller toiil bas, pour se parler tout
bas à l'oreille. C'est un pléonasme dans Oudin, Dict.
et Cur. fi'.
VARIANTES :
CONSEILLER. Ortti. subsistante.
CoN^EiLLiER. Ord. t. m, p. 129.
CONSIELLIER. Ord. t. I, p. 755.
C0NSU.L1EB. Eust. Descli. Poes. MSS. fol. 207, col. 3.
CONCILLIER. Fabl. MSS. du R. iv 7015, t. I, f» 110.
CONSELHER. Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. 966.
CONSELLER. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I. fol. 107.
CONSILLER. Eust. Desch. Poës. JISS. fol. 259, col. 2.
CoNsoiLLER. Fabl. MSS. du R. n» 7015, t. I, fol. 107.
CoNSOiLLiER. Poës. MSS. av. 1300, t. I, p. 270.
Conseillei'ie, SH&s^ féni- Chargede conseiller.
« Les cours souveraines des parlemens, si
« un personnage lay est pourveu à' une conseillerie
" cléricalle, ne sont coustuinieres exclure telpour-
« ven du bienfait du prince ; ny (^quoiqu'il ne soit
« ecclésiastique) le retient leur société, ains permet-
« lent que ce qu'il a plu au prince ayt vigueur, et
« force de loy. » (S' Jul. Mesl. Ilist. p. 3iG.)
. Conseiz, sH/ys/^. inase. plur. lièglements, arrêts.
« Toutes voyes que pour ce que les nouveles causes
« survenans, il convient aucunes fois muer les
» conseiZ; et les ordenances. » (Ord. t. IV, p. 4'20.)
Ce mot semble une altération de l'orthograiihe
Conseil (2). 11 tire sa signification de conseiller,
former, rendre un arrêt.
Conseil, subst. musc Haison. C'est encore une
variation de forthograplie Conseil dans ce vers ;
A mon cuer de mon conseil jette.
M'* Gautiers d'Argits, Pocs. MSS. avant 1300, T. 111, p. 1209.
C'est-à-dire a égaré mon cœur.
Consemblable, subst. musc. Le semblable, le
pareil. (Oudin, et Cotgrave, Dict.)
Consenc, subst. viasc. Cousin.
Qui feme fu le Camberlenc
De Tansqotvile, si consenc,
De qui il ot son fd Rabiel.
Ph. Mouskes, VIS. p 387.
Consence, subst. fém. Accord, intelligence ".
Aide, concours °. Condescendance, complaisance ^.
Conséquence °. Dans les trois premières acceptions,
ce mot vient du latin consentire, consensus.
* Ainsi l'on a dit dans le sens d'accord, d'intelli-
gence :
Par pais, et par bonne consence.
Ph. Mouskes, MS. p. 57.
Dans le sens de bonne volonté, de bon accord,
on disoit être de consente, pour être d'accord (3).
(Brant. sur les duels, t. H, p. 144.) On lit, en parlant
de la prise de Troyes par les Grecs :
Le chité à force prisent (prirent) ,
Mais ce fut aukes (uu peu) par consence.
l'h. Mouskes, MS. p. 3.
Ce fut aassi par intelligence.
^ C'est par une extension de cette acception qu'on
a dit conscence, pour concours, aide.
Par consence de leurs amis.
Ph. Mouskes, MS. p 477.
'^ On a dit encore conscence pour complaisance,
condescendance. Ph. Mouskes, parlant des trois rois
à qui Dieu avoit révélé sa naissance, s'exprime
ainsi :
Ki lor dénonça sa naissance.
Et son plaisir, et sa consence.
MS. p. 275.
Douce est d'amours la consence
Des dames aux chevaliers.
Gonliers, Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1048.
° Mais l'étymologie est dilîérenle, lorsque ce mot
signifie conséquence ; conscence n'en est propre-
ment que la contraction, et vient par conséquent de
conseijui ; dans ce sens on a dit :
-Adonques seoit, sans consence (i),
L'ernpereres devant Plaisance.
Ph. Mouskes, p. 818.
VARIANTES :
CONSENCE. Ph. Mouskes, MS. p. 58 ; ibid. p. 477.
CoNSENSSE. Fabl. MSS. du R, n» 7218, fol. 203, V» col. 2.
Conscence. Roufms de Corbie, Poës. MSS. av. 13(XI, t. III.
Consente. Raudoin des Autieu.x, ibid. t. II, p. 734.
CONSANTE. Parton. de Bl, MS. de S. G. fol. 158 , R° col. 2.
Cousent, subst. masc. Consentement* (5). Cons-
piration, complot °.
* Au premier sens, ce mot exprime l'action de
consentir :
Pour ce firent tous d'un commun consent.
Al. i:hjrtier, p. 580.
Les mots chaux en consentement, dans S. Bern.
semblent nommer le péché de celui qui est tombé
dans le cas de consentir à la tentation de la chair.
Brantôme a dit, en parlant dune révolte : « Il y
(1) Est-ce encor.- une allusion à Virgile mis dans ime corbeille par une femme, d'après le conte du raoyen-âge '.
Eust. Deschamps, Bail, de l'Empire des femmes.) (N. E.)
(2) Il faut écrire consclz. (N. E.)
(3) On lit dans Partonopex (v. 302) : « Si n'avoit pas consence as Gris. » (N. E.)
(4) Consence est ici pour bon sens ; la signification dérive des précédentes et l'étymologie reste la même. (N. e.)
(5) « Sans le gret et consent dou roi Phelippe de France. » (Froissart, IV, 136.) (n. e.)
(Voir
co
— 198
CO
" en avoitqui n'estoienl nullement de consent : qui
'< n'y consentoient pas. » (Branl. Cap. Fr. T. II,
p. 2-i8.)
° Dans le sens de conspiralion, complot, outre la
signillcalion de consentir, ce mot désigne la chose
même complotée. « Silost corn il furent prés des
« murs, cil qui esloieul de lor consent furent luit
" armés à la poslerne de la boucherie. » (Contin.de
G. de Tyr, Martene, l. V, col. 725.)
VARIANTES :
CONSENT.
Consentement. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 319.
Consent, adj. Consentant, participant. C'est en
ce sens ([u'on lit : « Il n'avoit jamais esté consent h
« la tiahison. » (Mém. de Montluc, t. I, p. 151.)
Montaigne raconte qu'une femme, devenue grosse
sans le savoir , <• fit déclarer au prône de
« son église, que qui seroit consent de ce fait, en
« l'avouant, elle promettoil de lui pardonner, et
« s'il le trouvoit bon, de l'épouser. » (Essais, t. II,
p. 17.)
Consent, 3' pers. du plur. indic. prés. Le
passage suivant semble indiquer qu'il faut lire
cousent, au lieu de consent. L'auteur dit, en parlant
des malheurs du gouvernement et de ceux qui les
causent ;
Nous sommes versez, el revers (renversez) ,
Et par vilains, et par convers (espèce de moines) ,
Chetive gent qui sont venuz
Cum à court mestres devenus :
Qui consent, rooignent, et taillent ;
Toutes bones coustumes faillent.
Hisl. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 285.
On dit encore familièrement en ce sens couper
et tailler, pour abuser de son autorité.
Consenteonr, suhst. masc. Consentant, parti-
cipant *. Complaisant, flatteur ^.
* On lit, au premier sens : « Li consenteonr si
« sont aussi bien pugnis, comme li maufeteur (1). »
(Ord. t. I, p. 133.)
^ Ce mot s'est aussi employé pour complaisant,
flatteur :
Cil cniiscntcnx ont honni maint enfant,
Desquelz ils ont plumé le pelisson (la pelisse) ,
Pour gré avoir du foui consentement.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. IG, col. 3.
VARIANTES :
COXSENTEOUR. Ord. t. I, p. 133.
CoNSENTEUR. Ord. t. I, p. 3.36.
CoNSENTEUx. Eust. Desc. Poës. MSS. fol. 16, col. 3.
Consentei", verbe. Terme de coutumes. Brilt.
distingue consenter de assenter ; suivant lui,
« Assenter est come ascun (quelqu'un qui) que
« n'ad nul droit de présenter, dit, après (après que)
« ceo que il aura mys desturbaunce, jeo me assente
« à ce présentement, sauve mes droits après ....
<> Consenter est, come ascun que est en seisine de
" avoison, consent al présentement celuy que ad
" plus de droit « (Britt. Loix d'Anglett. fol. 225.)
Consentir, verbe. Donner, accorder *. Etre
consentant ou conforme ^.
* Dans le premier sens, on a dit : «■ huy consentit
« la lieutenance générale en France (2). » (Brant.
Cap. fr. t. III. p. 21C.)
^,Le second sens subsiste encore, mais la construc-
tion est différente (3). Nous ne disons plus consentir
quelqu'un, et nous disons consentir à quelque chose,
pour consentir ù quelque choseet être d'accoid avec
quelqu'un. « Les consentirent, et louèrent, et
« approuvèrent du tout en tout. » (Chron. S. Denis,
t. III, fol. 41.) « Famés qui sont avec murtriers ,
« et avec larrons, et les consentent, si sont à
« ardoir. (Ord. t. I, p. 132.)
Junon consenlcra nostre bonne fortune.
Andromède. Trdg. de P. Corn, acte 5, scène 3.
Bien sont vos fais à vos douz viz (visage) contraire,
Cuer sans merci, et semblant débonnaire,
Et Dex porquoy ensemb'e les consent.
E'slace de Rains, Focs. MSS. av. 1300, t. II, p 596.
On disoit même s'y consentir, pour s'y résoudre.
Plustost mourrois que de m'y consentir.
Les Mars, de la Marg. fol. 370, R° ; Ibid. fol. 13 V'.
Dans le sens de conforme, on lit : Consentent a
raeson. (Rymer, t. I, p. 316.) On lit dans le même
titre, en latin : Consentaneum rationi.
Conjugaison.
Consentie, prêter. Consentit.
Onques Dex ne cria (créa) péchié
Et ne porquant (neantmoins) le consentie.
Vies des SS. MS. de Sorb. cli. LX. col. GS.
Consentu, partie. Consenti. (Villon, p. 146 (4);
Ord. t. m, p. 678.)
Consentue, partie, au fém. Consentie (Modus et
Bacio, MS. fol. 211.)
Counsaunt (soit), passé subj. Ait consenti. (Loix
Norm. art. 8.)
VARIANTES :
CONSENTIR ; Consantir (se). Perard, Hist. de Bourg,
p. 513. ; Consentir (se).
Consequeniinent, rtf/y. Ensuite, tout de suite.
« Mist en premier lieu le marquis, et consequem-
« ment les uns les autres en leur rang. » (Contes de
DesPerr. t. II, p. 203.) (5) Cette acception n'est plus
en usage.
Conséquence, subst. fém. Suite, effet. Ce mot,
qui subsiste en ce sens, ne s'employeroit plus cepen-
dant aujourd'hui de la manière qui suit :
Pour recevoir la cmisequencc
De ses maulx, et de ses mérites.
Eust. Desch. Pofs. MSS. fol. 433, col. 1.
(1) On lit dans la Thaumassière, d'après les Assises de Jérusalem (p. 469) : « Li receleur et l'aydeur et li consenteur sont
punis comme li seigneur. » (n. e.)
(2) « Je consentiray bien ce volaige et leur feray faire délivranche d'or et d'argent. » (Froissart, II, 35.) (N. E.)
(3) On trouve même la forme rétléchie ; « Li chevaliers s'i consentirent volontiers. » (Froissart, IV, 337.)
(4) Ce participe est dans Froissart (XVI, 194). (n. e.)
(5) On lit déjà dans Chastelain, d'après Dochez : « Consequemment au mois de mars mourut dame de Bar, comtesse de
Saint Pol. » (n. e.)
co
199 —
CO
On diso'û par conséquence, au lieu de par consé-
quent. (Voyez Contes d'Eutrap. p. 103 )
Conséquent, subst. masc. Ce qui suit. Ce mol
subsiste en ce sens ; mais on ne l'employé plus de
la même façon. On disoit Je conséquent, pour la
conséquence. " Considéré mesmement l'énormité
« du dit cas, et le conséquent qui en peull advenir. »
(Arr. Amor. p. 395.)
De conséquent signifie par conséquent dans ce
passage : « La loy qui regardoit la conservation de
.1 la religion catholique, apostolique, et romaine en
« ce roiaume, estoit la souveraine, qui avoit jellé
« les fondemens de sa grandeur et r.;voit fait
« reluire par dessus tous auti'es empires; de conse-
« quent, les autres loix lui doivent céder. » (Mém.
de Villeroy, t. VI, p. 380.)
Conserte, subst. fém. Conférence, dispute. Du
latin conserere, conserLum, entremêler, pris figuré-
ment. « Les consertes des catliolics , et héré-
« tiques. » (Lett. de Pasq. t. II, p. 624. )
Conservance , subst. fém. Privilège. « S'il
« advenoitqu'aucuujuirnavrast(blessast)oufrappast
« aucun chrestieu cierc, il doit estre puny par son
» temporel , . . . . et si autre que clerc féroit ,
« (frappoit) si l'amandcroit il por leur conservance. »
(Bout. Som. Rur. p. 700.)
Conservateur, subst. masc. Titre d'office *.
Commissaire pour la conservation d'un traité ^.
* Dans le premier sens, conservateur désignoil
celui qui éloit établi pour conserver les privilèges
decerlainscorpset pour être juges de leursdifférens.
(Laur. Gloss. du Dr. fr.) Il y avoit un conservateur
des privilèges de l'Université auquel Coquillart fait
allusion dans ces vers :
Faulte de sens, c'est le recteur ;
Trahison en est ung docteur,
Faulcoté en est le notaire.
Avarice est le conservateur.
Coquillart, p. 1t).
Le grand conservateur de l'ordre de Maltlie étoit
une dignité attachée à la Langue d'Aragon. (Voyez
le P. Menest. de la chev. p. 4'25.)
^ Conservateur, pris dans le second sens, signifioit
un commissaire ou officier préposé pour maintenir
et faireexécuter les articles d'un traité ou d'une trêve,
donner des sauf-conduits et juger les contestations
qui pouvoient nailre. Par la capitulation de Guise,
sous l'an 14'2'(, il fut arrêté que: « les dits de Guise, et
" chacun d'eux, en ayantbulletle, ou saufconduitdes
« conservateurs ordonnez sur l'entretenement de
« ce présent traiclé, etc. » (Monslr. vol. Il, fol. 17.)
On lit (ibid.) « Item nous, et lesdils de Guise avons
« esleu, et ordonné ensemble, d'un commun accord,
'< .... et par ces présentes eslisons, et ordonnons
« conservateurs de ce présent traité ; c'est àscavoir
« de nostre costé messire Daviod de Poix chevalier :
« et du costé de ceux de Guise, Collard de Poisy
« escuyer. auquel messire Daviod, ou à son commis,
« avons donné , et donnons plain pouvoir , et
« auctorité de huilier ausdits de Guise sauf conduits
» ou bulettes nécessaires, de connoistre , et de
« terminer de tous cas qui esloient approchez, qui
« tant d'une part comme d'autre se pourront
" mouvoir pendant la dicte composition. « Nous
lisons dans Al. Charlier, Hist. de Charles VI et VIT ,
p. 14, qu'à la conclusion de la paix entre les partis
des Bourguignons el des Orléanois, sous l'an 1408,
« fut le duc Guillaume coHSCrrrt^^'f/rdes deux parties,
« pour celle journée, tenant en sa main sa
« bannière. »
Conservation, sutist. fém. C'est une faute dans
le Coût. Gèn. t. II, p. 285. H faut lire conversation .
(Vovcz ce mot.)
Conserve, subst. fém Ce mot subsiste, mais on
ne dit plus conserve de four, pour pâtisserie. (Oud.
Dict. et Cur. fi'.) (I)
Conseulx. [Intercalez Conseulx, dans l'expres-
sion ntettre à conseulx, renvoyer à plus ample
informé, au Cartulaire du chap. de Chartres (Du
Cange, II, 552, col. 1) ] (n. e.)
Considérable, adj. Qui est à considérer. Le
mot et le sens subsistent. La construction suivante
n'est plus d'usage : « Il est considérable si, etc. »
(Négoc. de Jeann. t. I, p. 431.)
Considératif , adj. Attentif *. Circonspect ,
prudent ^.
*Dansle premier sens,ce moïse prenoit quelquefois
en mauvaise part: « Il vaudroi! mieux, disoil M. le
« connestahle, aller avec une haniuebuse, ou une
» pique à la main, que manquer à son devoir, ny
« que d'estre aussi considératif, et appréheusif de
« ses commoditez. » (Brant. Cap. fr. t. II, p. 125.) (2)
^ On disoit, au second sens : « C'estoit un acte
« d'un très vaillant et généreux simple capitaine, et
« soldat, mais non d'un général, uy d'un guerrier
« considératif, et politique. " (Brarit. Cap. fr. t. II,
p. 262.)
Considération, subst. fém. Considération,
signification subsistante*. Jugement, sentence ^.
Ce mol subsiste encore avec plusieurs acceptions
qui dérivent de sa signification propre, l'action de
considérer, d'examiner. Mais on ne dit plus d'une
consideracion, pour à dessein, dans le motif, comme
en ces vers :
Adoncq nature les assemble
D'une consideracion.
Pour faire géneracion.
Gacode la Bigrie, des Déduits, JIS. fol. 83, R".
Le passage suivant nous offre une construction
grammaticale irrégulière, à cause de l'ellipse qui
s'y trouve, et contraire à la règle subsistante en ce
(1) On lit au Ménayier (\l, 5) : « Mettez les noix boulir en miel, et illec les laissiez en conserve. » (N. E.)
(2) C'est un mot, du seizième siècle : « L'autre, lent et considecad/ comme un Fabius, opina hazardeusement. » (Lanoue,
651.) D'Aubigné (Hist., HI, 526) le prend en mauvaise part : « Le prince ennuie de voir les eaux entre son chemin et lui, et
le volant trop considératif pour passer. » (n. e.)
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— 200
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que ce mot y régit le datif. Au lieu de la considé-
ration aux vertus, e\c, r\o\i?> dirions atijourd'liui
considération faite des vertus, etc.
Pour ce, fay ma conclusion
Que, la i-oiisiilcrntin}i
Au.x vertuz et propiiétez
Que je tieuve des deux costez,
Que les chiens sont trop plus loyaulx,
Et plus nobles que les oyseaulx.
Gace de la Bigiie, des Déduits. IIS. fol. 76, V'.
° Ce mot a été pris dans le sens de jugement. On
lit dans la franchise des privilèges accordés aux
hommes du duc de Bourgogne ù Chàtillon-sur-
Seine : " Ce sara fait à la considération des quatre
« proudomes esleus. ■> (Perard, Hist. de Bourg.
p. 300, tit. de 1218.) Le même titre tst rapporté en
latin comme étant vidimé au IV' vol. desOrd. p. 403.
On y lit : « Hoc fiet ad considerationem quatuor
« eleclorum » L'éditeur explique coHS«f/«'fl<zo par
jugement et renvoyé au mot Considerare dans du
Cange.
VARIANTES :
CONSIDERATION. Ortli. snbsist.
CoNSiDERACioN. Gace de la Bigne, desDéd. MS. fol. 83, R».
Considéré. [Intercalez Considère ; joint à un
substantif, il est comme un ablatif absolu au sens
de « en considération » : « Consillierent li prince
» au roy, consideret les grosses besongnes qu'il
« avoit à faire, qu'il envoyast l'evesque de Lincolle
« à son serourge. » (Froissart, IV, 136.)] (n. e.)
Considérer. [Intercalez Considérer, montrer,
faire voir avec le datif de la personne et ïablatif
de la chose: <■ Ce fut une playe envolée de Dieu,
>• pour adviser et considérer au clergié du grand
" estât qu'ils tenoient et faisoient. » (Froissart,
XI, 251.)] (N. E.)
Consievir. [Intercalez Consievir, foi'me exten-
sive du consequi, au sens d'atteindre, frapper,
heurter: « Si voUoient saiettes à tous lés et il
'< meïsmes en fut consiewis et navrés. >■ (Froiss.
II, 17.) » Li chastiaus de la nef dou roy d'Engleterre
« consievi le chasliel de la nef espagnole par tele
" manière (iue li force dou mas se rompi (V, 251). »
>■ Begon consievi che Simon tellement que il li
« fendi toute le teste (II, -10(1). »] (n. e.)
Consievrance , subst. fém. Conservation ,
réserve, réticence. Le sens propre est conservation,
d'où, au figuré, réticence, réserve en soi-même. C'est
en ce sens iiu'il est employé au passsage suivant :
Moult a (j'ai) longuement
Fet graiit consievrance
De mauâ que je sent dire
Et regehir (déclarer) ;
Mais jes fas por ce que c'est grant vistance
De complaindre soi, etc.
OeJe de la Courroieric. Poos. MSS. avant 1300. t. II, p. 652.
(Voyez ci-après le mot Consievreb, d'oii vient celui
de C0.N.>IEVItAM;E.)
Consievrer, verbe. Conserver *. Dispenser ^.
Priver, sevrer '^. [Ce mot a aussi le sens de conso-
ler.] (n. e.)
"^ Consievrer esi interprété conserver dans le Gloss.
sur les Coût, de Beauvoisis, qui renvoyé au chap.
20 de Beaumanoir.
^ De là se consievrer, pour se dispenser, dans
Beauman. p. 207. •■ Ils ne se puent consievrer àes
« aezemens communs. » En parlant des nobles qui
ne peuvent se dispenser de contribuer aux dépenses
faites pour l'utilité publique, proprement se conser-
ver franc, se préserver.
On lit dans le même sens, en parlant des faveurs
des femmes :
Fox est qui y met s"entente (désir),
Puisqu'il s'en puet consieurrei:
Gobains deRains, Pora. MSS. av. 1300, T. II. p. 722.
^ Par uneextension de cette dernière signification,
on a employé consieurrer, pour priver, sevrer :
Se moi convient consieurrer
Des biens que seul savourrer.
Poos. MSS. du Vat. n- U90, fol. 37, R".
A quel dolor je m'en consir (console).
Gontiers, Po?5. MSS. avanl 1300, T. III, p. 1016.
Parlant de Charlemagne, qui ne peut se séparer
de ses lilles. Pli. Mouskès dit :
N'onques plus n'en vot marier,
Car ne s'en pooit consirer (1).
Ph. Mouskes, MS. p. 79.
Par dieu, amours, grief m'est à coi'sidvrier
J.r' grand soûlas, et la grant compaignie,
Et le déduit que me souloit monstrer
Celle qui m'iert (estoit), et ma dame et m'amie.
Le Cliastel. de Coucy, dans Borel et Fauch. p. 130, Lancf. et Poés. fr.
xNi Fauchet, ni Borel n'ont expliqué ce passage.
Il est évident que consuivrier est ici le même mot
que consievrer, puisqu'il en diffère si peu et qu'il
offre absolument le même sens : celui de se priver,
de se sevrer : « Il est dur de nie sevrer du plaisir
« qu'avoit coutume de me donner ma maîtresse. »
Il est aisé de voir que toutes les orthographes de
ce mot sortent du mot conserver (2) ou y rentrent,
de même toutes les significationsdu mot Consieuvrer
et de ses orthographes subsistantes, rappellent le
sens propre du mot conserver , plus ou moins
étendu ou détourné ; ainsi conserver amène l'idée
de préserver ; celle-ci, celle de dispenser, de sevrer,
priver, etc.
VARIANTES :
CONSIEVRER. Gl. sur les G. de Reauv. Reauman. p. 237.
CoNSiEUVREU. Poës. MSS. av. ISUO, p. 722, t. II.
CoNSUivniEH. Borel et Fauchet, p. 130.
CONSIURER. Le Ch. de Coucy, P. .\IS. av. 1300, t II, p. 539.
CoNSiURRER. Adans li Bocus, ibid. t. IV, p. 1398.
CONFIERRER.
CoNSiRRiER. Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 124, R» col. 2.
CONSIRRER. Alex, et .^rist. MS. de S. G. fol. 72, V° col. 2.
Consirer. Poës. MSS. av. 1300, t. I, p. 180.
CoNSiRE. Mouskes, MS. p. 146.
CoNCiRE. Blond, de Nesle, Poes. MS.av. 1300, t. II, p. 545.
Consir, subst. masc Reflexion, pensée *. Pensers
amoureux, désirs ^.
(1) Consirer vient de considerare, comme dnsirer de desiderare ; le sens est se consoler. (Voir plus bas). (N. E.)
(2) L'étymologie est cum plus separure et non conservare .•« Ne savez beste pour penser Miex ne s'en puisse consievrer.
(Ren., I, 87.) (n. e.)
co
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co
* Ce mot, formé de consirer, contraction du verbe
considérer (I), si?;nifie proprement pensée, ré-
flexion; delà, on l'a employé pour méditation, dans
ces vers où le poète fait la description du séjour de
l'abstinence :
Ne fu, puis le tens Abel,
Mesons si bêle, ne si nete,
Meson fu ; or est mesonete,
Comsires en fu charpentiers ;
Bien fu ses cuers fins et entiers
A la meson fonder, et fere.
Fabl. MSS. du P.. n- 7-218, fol. 3rj, V" col. 1.
Consirier est mis pour pensée daiis cet autre
passage : >■ Ordonne moy piteusement, et tous mes
" consiriers, et euvres, "et paroles, en ton plaisir. "
(Chasse de Gaston Phéb. ms. p. 370.)
^ Consirre a été particulièrement consacré aux
pensers amoureux, accompagnés de désir, et c'est
le sens que lui confirment tous les passages
suivans :
Lons consirs doble la desevrance.
M" Hughes de Bregi, Pots. MSS. av. 1300. T. lU, p. 9'.IS.
C'est-à-dire la séparation, la privation redouble
les désirs ou les regrets; de longs pensers, de longs
désirs doublent la privation :
Li lons consirs (2), et la grans volentés
D'avoir l'amors ke j'ai tant désirée,
Me destraint (m'oppresse) . etc.
Jehan de Trie, Pois. MSS. av. 1300, T. II. p. 909.
Û'un doue courir plain d'envie,
Me convient languir.
Monios, ibid. T. III, p. 1291.
C'est-à-dire d'un doux penser plein de désir, etc.
.... Aim niiex morir en doe (doux) consir,
Ke vivre iriés, et ma vie liair.
Li ChasKclaiiis. Po^s. MSS. avant 1300, T. III, p. 1172.
Biens doi dire mon couslre.
Dont sui pansaire,
Car servira, et jausire
Sui, et amaire.
Po. s. MSS. avant 1300. T. II, p. 901.
De li sont mi co»sirre,
Ne pans riens al (autre chose)
Qu'à la belle.
Gaces Brûlez, Ibid. t. I, p. 25.
On trouve cette même pièce attribuée à M" Mue-
risse de Creon (Ihid. t. III, p. 994.)
Bien doit dire son consire
Nus, nus ne s'en doit taire
A son mire (médecin) nui désire.
Pocs, MSS. av 1300. l. II, p. 905.
Miex aim soffrir ma doulour,
■Vivre, et atendre, et languir.
Qu'aie me puet bien merir (récompenser),
Mes maus, et ma consirée.
Chans. MSS. du C Tliib. p. 119.
VARIANTES :
CONSIR. Poës. MSS. av. 13(X), t. II, p. 860.
CONSIRE. Ibid. p. 901.
Consirre. Ibid. t. I, p. 477.
CoMsiRRE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 313, Y» col. I.
Consirier. Chasse de Gast. Pheb. MS. p. 379.
CoDSiRiER. Chasse de Gast. Pheb. MS. p. 408.
Consirée (3), subsl. fém. Chans MSS. du C" Thib. p. 119.
CONSIRRÉE, suh. fém. Fable MS. du R. n» 7218, f» 77 R"
Consirer, verôe. Considérer, examiner*. Regret-
ter, désirer^. Ce mot n'est proprement qu'une con-
traction de notre mol considérer. Ces contractions
sont fréquentes dans nos anciens auteurs; ainsi
disent-ils dcs/z^'cr pour désespérer, goiirner pour
gouverner, déhillcr pour déshabiller, ovine pour
origine, mccine pour médecine, hircté pour héré-
dité, forment pour fortement, etc. (Falconnet.)
* Le premier sens considérer, examiner, est le
sens propre.
Celle qui pas ne consire
Mon regart,
Com humbl -ment le regart.
Froissarl, Pors. MSS. p. 207.
^ La considération du mérite, de la valeur d'une
chose, excite le désir d'en jouir, ou le regret d'en
être privé ; de là, consirer, qui p; oprement signi-
fioit considérer, s'est pris pour regretter, dans ces
vers :
Si se maintienent il com sire,
Moult légiérement le rcmsire
Toz le pais, après sa mort ;
Et s'il est preudom, on remort (regrette)
La grant bonté de sa vaillance ;
Si plaint on moult sa défaillance.
Fahl. MSS. du R. n- 721S, fol, 128, R» col. 1.
Ce mot exprime le désir, dans les vers suivans :
Ains m'estuet de dolant cuer consirrer.
Chaos, fr. du xin* siècle, MS. de Bouhier, fol. 235, R'.
Je ne sai clerc, ne lai, ne prestre,
Qui de famé puist consirrer
Se il ne veult trop meserrer (pécher)
Envers Dieu, en maint manière, etc.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 193, V col. 1.
VARIAMES :
CONSIRER. Froissart, Poës. MSS. p. 267.
Consirrer. Part, de Bl. MS. de S. G. fol. 154, V col. 2.
Consirros, subst. masc. Pensif. Proprement
considéreux , par contraction consirreux . d'où
consirros. selon l'usage fréquent dans plusieurs de
nos anciens poètes de cette terminaison en os.
-Vinsi, dans le pa,ssage suivant, on trouve, non-
seulement consirros. mais amouros, joios. au lieu
d'amoureux, joyeux. On a dit de même hainos,
prox,, pour haineux, preux; même sos pour seul.
(Falconnet.)
Li roussignoles aurillons,
Cointes, et jolis (gai et joyaux)
Fait cuers anientis,
Amouros et joios,
En cascun pais.
Mais les fins amans consirros,
Fcrm, et estroit pris
N'esjoit beaus mais, ne chant dous.
Vill. li Viiiiers, Po6s. MSS. av. 1300. t. II, p. 819.
Consisant, Ce mot est employé dans ces vers :
Dieu pourvoye toy de roule (voile) suflsant
Ou ta beaulté se voit atapissant (cachant).
Se toy voyons, ne nous pourrons mouvoir :
Regarde, ça jus et si l'u co>isisanl.
Nous te attendons, vas appétissant.
Percef. vol. I, loi. 61, R" col. 2, et V- col. 1.
(1) De même désir est la forme verbale de désirer, fait sur desiderare. (n. e.)
(2) « Mes giendres et mes lons consirs. Mes plors, mes larmies, mes sospirs. » (Partounp v 47.39 ) (n e )
(3) La forme consirfie est aussi dans Partonopex, v. 7414 : « Qui voit dame tant d 's;ré ■ Do ' " ' '
IV.
Dont a fait si grant consirée. » (n. K.)
26
co
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CO
Consiste (il), ^'pers. indic. prés. 11 s'agit, il y
va. On a dil, en parlant des gages de bataille :
" Sup|)Osons iiiie un homme noble ayt plusieurs
« enfans, et ayt été fortuné (infortuné) que d'estre
.. déconlit eu champ clos, par gage de bataille;
« auquel cas il consiste la vie, les biens, l'honneur,
.. les armes, le nom, etc. » (01. de la Marche, Gag.
de Bat. fol. 29.)
Consistoire, siibsl. masc. Assemblée. Ce mot,
qui subsiste sous cette orthographe, avoit autrefois
une signification beaucoup plus étendue que celle
qu'il conserve. Il se disoit, en général, de toutes
sortes d'assemblées, soit de ville, soit du conseil,
etc., même de jeunes gens réunis pour se divertir.
On lit, dans une ordonnance concernant les privi-
lèges de la ville de Tournay : « Seront les eswar-
« deurs (inspecteurs) tenuz" de venir, et assembler
. en la halle, avecques les prevotz jurez, et esche-
« vins, tous les mardis, au son de la cloche, pour
« avoir ensemble avis, et conseil des choses, et
« besoignes touchans le corps de la ville, et ce qui,
» par ràccort des trois coiicistoires, sera ordonné
>. pour le, proufit et utilité de la ville, vaudra, et
u tendra. » (Ord. t. V, p. ;'.7a.) » Louis XU mectoit,
« de jour en autre, provision de conseil en ses
« affaires, jusques à soy trouver en personne sou-
« vi\n[ix\icunsistuire, etouyrl'oppinion dessages. »
(J. d'Auton, Ann. de Louis XII, fol. 118.)
Ce mot paroit désigner une assemblée de jeunes
gens, une société de plaisir, dans ce passage :
a Pour autant que caresme prenant s'approcboit,
« qui sont jours dédiez à resjouissance, et passe
« temps, madame commanda à tous, que chacun
« retournast le soir en suivant au consistoire. >■
(Nuicts de Strapar. t. I, préf. p. G.) On a dit haut
concitoire, pour l'assemblée des saints, le paradis,
la cour céleste, dans ces vers, ou nous lisons, en
parlant de la sainte Vierge :
Seule sans père, à cui s'acline (s'incline)
Li noblois de houl concitoive :
Bien se tient à ferme racine,
Jaraès ne charra (périra) ta mémoire :
Tu es fm de nostre ruine
Qui mors estions, c'est la voir (vérité).
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. I"i9, V° col. 1.
Ce mot, qui, comme aujourd'hui, a été employé
pour les ;issemblées du Pape dans l'Hist de Bertr.
du Guescl. par Mén. p. 291, a été aussi affecté aux
assemblées de religionnaires. Montluc nous en
donne l'époque, lorsqu'en parlant des troubles de
religion, vers l'an lôtiO, il dit : « Voyois aussi des
« noms étranges, de surveillans, diacres, synodes,
» consistoires , colloques , n'ayant jamais esté
« dejeusné (nourri) de telles viandes. » (Mém. t. II,
p. 3.) C'est, sans doute, par allusion à cet usage où
les prolestans éloient de qualifier de consistoires
leurs assemblées, que le parti catholique appela
concistoire le gibet auquel plusieurs piotestans
furent pendus en 1562. (Voyez Hisl. de Thou, t. IV,
liv. 33, p. 447.)
Le mot consistoire signifioit aussi le lieu où l'on
s'assembloit, et nous le disons encore, en ce sens.
de celui où le Pape convoque les cardinaux. On lit
dans l'acte de confirinalion de la foire de S' Ger-
main : > Voulons, et nous plaisl que, pour tenir la
« dite foire, les religieux, abbé et couvent de la
>' dite abbaye, puissent faire mettre sus, et dresser
<■ co)isistoire, édifier halles, estaux, el loges, etc. »
(Godefr. Observ. sur Charles VIll, p. 512.)
VARIANTES :
CONSISTOIRE. Orth. subsist.
Concistoire. De Thou, trad. t. IV, Uv. 33, p. 447.
Concitoire. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f° 173, V» col. 1.
Consistoriaiix, subst. masc. plur. Il y avoit
en Hollande, en 1592, une faction connue sous le
nom de jacobites et consistoriaiix. On peut voir
son origine dans l'Hist. de Thou, t. XI, livre 104,
page 562.
Consistoi'ier, verbe. Décider par la voie du
consistoire. (Voyez Oudin, Dict.)
Consobrine, subst. fém. Cousine. (Voyez Car-
tlieny, voyage du Ch" err. fol. 47.)
Consolation, subst. [cm. Joie, plaisir, réjouis-
sance. On a dit en ce sens : " En grant feste, et
« consolation. » (Traité delà Faucon, ms. du R.
n" 7921, fol. 1.) >' Plusieurs des mariez désiroientle
« départir, eu intencion de recevoir plus grande
« consolacion, la dance cessa, et s'en retourna
« chascun en son logis. » (Percef. vol. IV, fol. 9.)
Le mot de consolation, au jeu de l'ombre, s'est
conservé dans le sens de celui de réjouissance au
lansquenet.
VARIANTES :
CONSOLACION. Percef. vol. IV, fol. 9, V» col. 2.
CoNSOL.'VTioN. Orth. subsistante.
Consolatoire, adj. Qui console. (Clém. Marot,
page 707.)
Consoler, verbe. Réjouir. On disoit, en ce sens,
se consoler pour se réjouir. « Quant assez se
» furent consolez de ceste bonne adventure, chas-
« cun se partit d'illec, et s'en retourna en son
« lieu. .. (Percef. vol. VI, fol. 52.)
Remarquons sur la conjugaison de ce mot qu'on
a dit de six façons différentes, il console, à l'indica-
tif présent :
CoHsaull. 11 console. (Eust. Desch. Poës. fol. 78.)
Cousant. Il console. (Poës. mss. av. 1300, t. IV,
page 1541.)
Conseul. Il console. (Fabl. mss. du R. n» 7218.)
Consenlt. 11 console. (Lanc. du Lac, t. I, fol. 14.)
Consent. 11 console. (Poës. mss. Val. n' 1490.)
Consult. Il console. (Lanc. du Lac, t. I, fol. 134.)
Consoleur, subst. masc. Consolateur. (Gloss.
de Marot.)
Consolide, subst. fém. Sorte de plante. " Prê-
te nez de la racine d'une herbe appetlée symphiton,
« vulgairement consolide, etc. » (Fouilloux, Véne-
rie, fol. 84.)
Consommer, verbe. Terminer , décider. Ce
I mot subsiste ; mais on ne diroit plus : « la tierce
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— 203 -
CO
« raison qui lont consomme, est que, etc. » (Modus
et Racio, Ms. fol. 235.) Nous disons encore consom-
mer un mariage, dans un sens différent de celui
que présente ce passage : « Le dit mariage fut con-
« sommé en grande magnificence. » (Mém. de du
Bellay, livre IV, fol. 118.r
Consomption , suhst. fém. Consommation.
<> Sous liosteliers, cabaretiers, et semblables per-
" sonnes pourront arrester, el retenir leurs bostes,
« ou leurs effets, pour la despense, la consomption
" faite par eux, par leurs chevaux, ou bestiaux. »
(Coul. d'Yypre, Nouv. Coût. Gén. t. I, p. 898.)
Consonance, subst. fém. Fanfare *. Terme de
poétique^. Accord '=. Parité".
* Nous disons encore consonnance, pour l'accord
de deux sons dont l'union plait à l'oreille; mais
dans un sens moins précis, ce mot signifloil fan-
fare. 11 semble qu'il faille l'entendre ainsi dans ce
passage : « Iluetde Nantes, et le sire de Monmo-
« rency orent trop bonnes consonances, et bonnes
« voix, et bonnes manières et belles de parler à
« leurs chiens. » (Chasse de Gaston Phébus, iis.
page 223.)
^ Comme terme de poétique , consonnance
exprime la ressemblance de son, dans la terminai-
son des mots qui riment ensemble. Elle a lieu, sui-
vant Boissière, « quant eschet mesme termination
<' d'une ou plusieurs syllabes, en divers carmes. »
Cet auteur en distingué de cinq sortes. « la conson-
« îiftHfc équivoque, riche, syllabe, etdem.ie syllabe
« seule (qu'il appelle rime povre, p. 236), et syllabe
« demie équivoque à deux, ou plusieurs syllabes
«■ terminées en même son, à la fin desquelles la
« diction est par conjugation reprinse aux vers
0 symbolisans. >' (Poëtiq. page 253.) Il donne des
exemples de ces différentes consonances. (Ibid.
p. 236. — Voy. ci-après Consonancie.)
•^ De là, consonance, au figuré, s'est pris pour
accord, proportion, rapport : « Est entre prédesti-
« nacion, prescience de Dieu, et libérale humaine
» opération, telle consonance, que entre eulx n'est
« trouvée discordance. » (Modus et Racio, ms.)
° L'acception de parité est une extension des
acceptions précédentes : « .Souffrir , et vouloir
« n'est pas consonance ; car Dieu dissimule, et
•' souffre moult de choses qui ne sont mie faites de
" droit. » (Modus et Racio, ms. fol. 243.)
Consonancie, subst. fém. Terme de poétique.
On trouve consonantie dans Fauchet, nhi SH/)rà, où
cet auteur traite de la consonance, el de la lime
consonante, opposée à la rime léonine. Il dit que la
rime consonante est la même que la rime pauvre,
et qu'on appeloit léonine la rime riche. Consonan-
cie semble mise pour consonnance désagréable,
peut-être ce qu'on entendoit par la rime pauvre,
dans ces vers :
S'il i a conso7tanr!e.
Il ne m'en chaut qui mal en die,
Car ne puet pas plaisir à tous,
Consonanne. sanz bons moz.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. H, fol. 1«, V» col. 2.
VARI.\1NTES :
CONSONANCIE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, fol. 146.
C0NS0N.\NTiE. Fauch. Lang. et Poës. fr. p. 77, etc.
Consonant, adj. et subst. masc. Qui a le même
son*. Consonne^.
* On s'en servoit comme adjectif, au premier
sens, et l'on disoit rime consonant, au lieu de rime
consonante, par opposition, comme nous venons
de le dire, dans l'article précédent, à la rime
léonine. Léolime est une faute pour léonime, dans
ces vers :
l^ue Li vers soit mis en rime,
Ou consonant (1), ou leolime.
Boece, de la consolation, MS. du R.
• 7350.
Sur les rimes consonans, et sur les léonimes,
voy. les Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 39(1, col. 1 (2).
^ On emplovoit aussi ce mot comme substantif;
alors il signifibit consonne, comme dans ce passage
où l'on dit en parlant de la lettre I :
N'est petiz et cors,
Il se met pour g, quant li sief ,
Ou leu de connoncinl (3) s'assiet ;
J signifie joie vaine, etc.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 126, V- col. 2.
Consonnei*, verbe. Être d'accord. (Nicot et
Monet. Dict.) C'est le sens propre, en parlant de
l'accord des sons. De là, se consonner s'employoit
figurément pour s'accorder, se conformer : « Si
« l'adjournement ne se consonne, ou conforme à
« la demande, le deffendeur doit demander compa-
« riut et congé. » (Gr. Coût, de Fr. page 297.) « Ne
« vouloit pas se consonner à ceux qui adminis-
« troient mal. » (Godefr. Ann. sur l'Histoire de
Charles VI, p. 665.)
Consor, subst. fém. Associé *. Partisan ^. Mari
el femme '^. .luges, pairs °. (Voyez leGloss. de Marot
qui inlerpièle concitoyen ; les Dict. de Monet el de
Nicol.) Ce mol doit s'entendre, dans le sens le plus
générique, de celui qui participe avec un autre, en
quoi que ce soit ; de là ses acceptions particulières
que nous avons marquées.
* Au premier sens, pour associé au sort :
Et ainsi se mirent ensemble
En consors (4) de leur vray seigneur.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 573, col. 3.
^ Pour partisan. « Retourne à parler de Percefo-
(1) Nous dirions plutôt assonance. (N. E.)
(2) Daus rart de dilter et faire chansons : « Geste balade est moitié leonime et moitié sonant , si comme il appert par
monde, par onde ; par homme, par Romme, qui sont plaines syllabes et entières ; et les autres sonans tant seulement où
il n'a point entière sillabe, si comme clamer et ester, où il n'a que demie sillabe , ou si comme seroit présentement et
innocent ; st ainsi es cas semblables puet estre congneu qui est leonime ou sonnant. » (N. E.)
(S) « Quelz lettres senties voieulx, et queles les liquides et les consonans. > (E. Deschamps, ms., fol. 396.) (N. E.)
(4) On lit encore au Songe du Vergier, d'après Dochez : « Vous n'estes pas consors des tribulations et persécutions des
apostres. i> (n. e.)
co
- 204 -
CO
« rest, de Bruyant, etdesesconsors. « JPerceforest,
vol. 1, fol. 02, R".)
<= Four mari et femme, on lit dans les Ambass.
de Bassomp. t. l, page 72 : sa cher'.' consorle, pour
son épouse. Consorbe, pris en ce même sens, semble
une faute pour cnnsurle, dans Naudé (Coups d'Etat,
ch. I, p. 215.)
On a nommé consort, le raûle d'une tourterelle,
dans les vei^s suivans :
La tourterelle au bois en ceste sorte
Veufve gemist dessus la branche morte
S'adoulourant (se désolant) de son povre consorl.
Poes. de Jacq. Tahureau, p. 221 .
" Certains juges populaires, qu'on nommoit au-
trement ;jaj«î'os ou pairs, s'appeloient aussi, rela-
tivement à cette parité, consors ou cossors, dans
quelques anciennes coutumes. (La Thaum. Coût, de
Berri, p. 223.)
VARIANTES :
CONSOR. Poës. deJaq. Tahur. p. 221.
Consors, plur. Percef. vol. I, fol. (j2, R» col. 1.
Cossors, plm: Gloss. sur les Goût, de Beauvoisis.
CoNSORTE, .S-. /". .\mbass. de Rassomp, t. I, p. 72.
CONSORBE, s. f. Naudé, coups d'Etat, p. 215.
Consorce , subst. féin. Société. Proprement
parité, égalité de sort, du hlmconsorlitim. Montai-
gne, parlant de la philosophie dont les arg-umens
« vont à tous coups costoyans, et gauchissans la
•■ matière ■ , ajoute, au sujet de Zenon, « j'aime à
« voir ces âmes principales ne se pouvoir dépendre
« de noslre cortsojre; tant parfaits hommes qu'ils
« soient, ce sont tousjours bien lourdement des
« hommes. » (Ess. t. III. p. 85.)
Consorterie, subst. fém. Terme de coutumes.
La communauté du mari et de la femme. « Si aucun
« constitué en nécessité, est contraint vendre tous
« ses biens immeubles en bloc, pour ce que, sans
« ainsi le faire, ne trouve acheteur, ou bien s'il les
« vendoit par parcelles, n'en trouveroit la raison
« (juste prix) et desquels biens les aucuns sont de
« lignée, les autres de conqueste, et les autres en
« communauté, ou consorterie, eu ce cas, la pre-
» sentation de tous les dits biens en bloc, doit estre
« faite premièrement au consorl, et en son refuz,
« au plus prochain lignager. » (Coût, de Bayonne,
Coût. Gén. t. II, p. 704.)
Consouls, subst. inasc. plur. Consuls. Voyez
Ordonn. des l\. de Fr. ubi suprà. Conssous est un
mol du patois de Rouergue. (Voyez ci-dessous Con-
soles et Consul.)
VARIANTES :
CONSOULS. Ord. t. UI, p. 679.
CoNSEULs. Ord. t. m, p. Cfiô.
Conssous. Ord. t. V, p. 703 (1).
Conspiration, subst. fém. Emeute populaire.
Il s'en falloil beaucoup (lu'on donnât, autrefois, à
ce mot une signilication aussi étendue qu'aujour-
d'iiui. On peut en juger par le passage suivant, où
l'on distingue monopole, sédition et conjuration :
« Monopole est entre le peuple, et chose qui singu-
» lierement le regarde, eiconspiration (2) estassem-
« bler la gent pour chose qui a regard au prince,
» et toutes fois il ne touche pas au corps, n'a la vie
« du prince, comme faict sédition. .. (Bout. Som.
Rur. p. 172. — Voy. ci-après Conspirement.)
Conspii'ators, subst. masc. Conspirateur. On
trouve ce mot, dans une citation française rappor-
tée par Du Cange, Gl. lat. au mot Co;:spiratores[3).
Conspirement, subst. maso. Conspiration.
Quant voit leur fol conspirement,
Et leur malice desnuée.
GeolTr, de Paris, à la suite du Rom. de Fauvel, fol. ^t'A.
Conspirer, verbe. Inspirer, suggérer.
Desespoir malle mort me conspire :
Mais raison veult que lamente, et souspire.
.1. Maiol, page 247.
Constance, subst. fém. Certitude constante.
La constance (4)
De non morir, mais vivre en habondance.
Eusl. Desch. Poès. MSS. foL 172,001. 1.
Constancialité, subst. fém. Consubstantialion.
(Chron. S. Denis, t. I, fol. 18.)
Constans. On lit, au sujet d'une conteslatiou
élevée entre les François et les Anglois, pour la
restitution de Calais :
Guichars li Bruns, qui fut nez à Seclin,
Dist que cilz faiz, et (est) doubteux, et pesans.
Voire, et qu'Engles y pensent mal engin.
De retenir ce port, qui est co>istans...
Paix n'arez jà, s'ilz ne rendent Calays.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 113, col. 4.
Constant, adj. et subst. masc. Ferme, assuré*.
Fort^
* Xous disons encore constant, pour ferme dans
le malheur ; mais on ne s'en sert plus pour expri-
mer cette fermeté qui rend maître de l'émotion de
l'âme agitée par un amour violent. •> Adonc furent
" les deux amans si prins qu'il n'y eust si constant
" i\\n ne perdist toute contenance. " (Perceforest,
vol. VI, fol. 55.)
^ Ce mot, précédé de l'article le, s'employoit
(1) « Nous Jaques de Pereuse et Pierre Bourgois conssous de la ville et appartenances de Pereuse. » (.4n. 1368.) Voyez
aussi t. V, p. 706, au. 1368. (n. e.)
(2; On lit au Recueil de Tailliar CxiiF siècle, p. ;3-l7) : « Pour les outrages , les conspiralions et les aliances qu'il firent
encontre nostre chier fil Robert. » Dans une complainte sur la bataille de Poitiers (Bibl. de l'Ec. des Chartes , 3' série , II,
262. on lit aussi : « Il ont contre le roy fait conspiracion De li et ses enfans mettre à destruction. » (N. e.)
(3) C'est aux statuts d'Edouard I" d'Angleterre, 35« année du règne : « Conspiralors sont ceux queux se enlrelient par
serement, convenant, ou auter aLiance, que chescun aidra et sustiendra auters entreprise, de falceraent et maliciousement
enditer, ou falcement mover plees. » (Stanford, liv. III, ch. XII.) Conspirateur se trouve au xv siècle (Bibl. de l'Ëc. des
Chartes, 4" série, I, 4îi). (n. e.)
(4) Dans la ballade citée plus haut, on lit : (• Quand le roi se vit pris, si dit par grant constance : C'est Jehan de Valois,
non pas le roi de France. » (n. e.)
GO
205 —
co
substantivemenldans le sens où l'on dit îiujour-
d'hui le fort pour l'endroit le plus fort d'une chose.
-< Launay RafiUy mit aussi une estacade de mais
« de navires i\\i constant de la digue. ■• (Mém. de
Bassomp. t. III, p. 454.)
Remarquons cette expression : Paonr cnustani,
pour exprimer ce que les jurisconsultes appellent
mctus cailcns in constantem viriwu peur fondée.
« Stipulation faile par paour de mort, ou de tour-
« ment constant, ne fait à tenir. » (Bout. Som.
Rur. p. 31J.)
Constantinoble, suljst. masc. Constantin.
" Constantinoble l'emperers envoya seinte Hfleyne
« en Jérusalem pur quere (pour clierclier) la seinte
» croix. » (Ilisl. de la S'« Croix, ms. p. 10.)
Constiper, verbe. Condenser. En latin globare,
solider, selon le Gloss. du P. Labbe qui interprète
aussi eniuisseler. de luisseau, pelofon. Labbe sem-
ble n'avoir eu en vue que le sens propre du mol
latin conslip tre.
Je ne sais si nos anciens auteurs s'en sont ser\ is
en ce sens (1). Il ne subsiste au moins qu'au figuré.
Constitu, subst. masc. Arrêt, détermination.
Résoluliou prise sur une chose qui a été débattue.
De là, ce mot signilioil aussi le point principal ou
article essentiel d'un acle public. (Dict. de Rob.
Estienne et de Moiiet.)
VAlilANTEà :
CONSTITU. Nicot, Dict.
CONSTITUT. Oudin, Dict.
Constitué, /Jrt)7îC. Ce mot subsiste sous diffé-
rentes acceptions ; maison ne dit plus : » Constitué
« en diverses opinions, conslitué en grmdes solli-
« tudes. » (Voy. Tri. des IX Preux, p. 147. j
Constituteur, subst. masc. Constituant. Celui
qui constitue. (Dict. d'Oudin.)
Constitution, subst. /(■/«. Terme de rhétorique.
Nous passons sous silence les significations ordinai-
res sur ce mot. comme lerme de rhétorique. (Voyez
Fabri, Art. de Rhetoriq. liv. I,fol. 44.)
Coustraiguance, subst. féni. On lit dans la
règle de s. Benoit « petite rieule (règle) devisée de
" constraignance •■, traduit du latin iianc niinimam
inclioationis regutam. (Règle de S. Ben. lat. fr. .ms.
de Beauv. ch. 73.)
Constraignement. [Intercalez Constraigne-
ment, contrainte : « Je le voleil et otroy de me
« pure volunté et sans ('OHS^'Y//.(/;iÉ'H(('«^ » (Ch. de
1247 au Cart. 'il de Corbie.) 11 en est de même au
Cart. de S' Jean de Loudun (1205), l\. Chartres en
1300, enfin aux Ordonnances (III, 29i): « Constrai-
« gnement de faire paier. » Voyez aussi à la Chron.
des ducs de Normandie.] (n. e.)
Constraindable, adj. Contraignable. (Coût.
Gén. t. I, p. 825.)
Constraindre. [Intercalez Constraindre , au
sens de gêner, tourmenter, comme astraindre :
« Li rois englès avoit assegiet le bonne cité de
« Tournay et moult le constraindoit. « (ÎM-oissart,
II, 2'(8.) On lit aussi à la page 173: » !,i enghien
« cessèrent, qui trop les avoienl constrains et
« adaramaigiés. »] (n. e.)
Consti'aint, participe. Forcé*, Retenu, em-
barrassé^.
* On lit au premier sens : " Chemin;5t'0Hs//Y/;*t/
« pour venir audit Bresse, » c'est-à-dire qu'on ne
peut éviter, par leiiuel on est forcé de passer. »
iLett. de Louis XIl, t. III, p. 173.) ,? ' '
^De là, ce mot semble s'être dit pour embarrassé,
retenu, empêché, dans ce passage : « Sire du tout
« puissant ne t'abrive (fond, se précipile ) sur
« moy constraint ; où me muceray-je? qui me deli-
» vrera de tes mains. >■ (Chasse de Gast. Phéb. ms.
p. 393.)
Constrinction. subst. fém. L'action de serrer.
Du latin constringere, conslrictum. Nous lisons,
dans Ailcloque, î'auconneiie, fol. 93, V°, « que la
« constrinction du bec, et l'appuyer sur la poi-
■' trine, et l'abominalion de la viande augmente la
« podagre. »
Constupration, subst. fém. Fornication (2).
(Oud. Cotgrave, Dict.)
Gonstuprer , verbe. Commettre fornication.
(Oudin, Colgrave, Dicl.)
Consue, part, au fém. Remplie. ■■ L'eau noire,
« et pourrie, toute cousue et semée de crapaux ,
" sourds (espèce de bêle venimeuse) et couleuvres. »
(Contes d'Eutrap. p. 197.)
Consuers, subst. fém. plur. Ce mot, formé de
suer, sceur, s'esl dit pour filles et femmes associées
à la même confrairie, dans le sens où nous disons
confrère. (Voyez Gloss. de l'Hist. de Paris.)
Consuetude,si/ôs<. fém. Habitude, commerce,
fré(iiieutation. (Voyez Moyen de parvenir, p. 156,
du latin Consueludo.)
Consuir, verbe. Atteindre *. Obtenir, suivre °.
Ce mol, sous les orthographes employées par S.
Bern. répond au Minadipisci, consequi, impetrare
et olitinere. Ce sont les mêmes significations du
mot lalin Consequi.
* Ce mot signifie atteindre dans les trois passages
suivans ;
Celle mort donc, qui fait ainsi revivre,
Après mourir, pour resolution (conclusion)
N'est qu'un dormir, que chacun doit con.'<ùivre.
Clém. Marol, p. 731.
OÙ chacun doit atteindi'e, doit parvenir.
Si je puis coKsieviy
Le cherf qui se fait fuir.
Chans. MSS. du C" Thibaud, p. 9.
(1) Au XIV» siècle, d'après Modus et Racio (fol. 45), on avait la forme non savante costeve: : « Une autre maladie que les
chiens ont, qui sont costevez, et ne puent aler dehors. » (N. E.)
(2) Ce mot est employé par Scarron au chapitre II du Virgile travesti, (n. e.)
co
— 206
CO
Gérard de Nevers, l" P. p. 99, cite ce passade où
ou lit consuh'ir, au lieu de cousicvir : ■• Si l'espée
« n'eut coiisiiivii le comble de l'escu. » C'est-à-dire
n'eût atteint le liaut de l'écu. (Perceforest, vol. I,
fol. 08 U".)
^ Dans le sens d'obtenir, les mots latins de S.
Bernard suffisent pour prouver notre explication.
'^ Consuivre signifie suivre dans cet autre
passage :
Pitié fait roys et princes vivre,
En obéissance, et seureté ;
Et miséricorde consuivre
Loz, victoire, prospérité.
Vigiles de Charles VU, p. 25.
(Voy. AccoNsuivRF. ci-dessus.)
CONJUGAISON (1) :
Gonseu, partie. Atteint. (Fabl
Consevant, part. prés.
Mss. de S. G. f° 53.)
Poursuivant. (G. de Paris,
fol.
oz.
à la suite du R. de Fauv
Conseue, part.au féni. Atteinte. (Parton. deBlois,
fol. l/i5.)
Consavet, Obtienne. (S. Ber. S. fr. ms. p. 21.)
Consevit, prêter. Obtint(2). (S. Bern. Serm.fr. mss.
p. 379.)
Conseut, partie. Obtenu. (S. Bern. Serm. fr. mss.
p. 165. )
Conseut, obtient et obtienne. (S. Bern. Serm. fr.
MSS. p. 38.)
Conseuz, part, au plur. Atteints. (Parton. de Bl.
fol. 163.)
Consieus, part. Atteint, frappé, blessé. (Poës. .ms.
av. 1300, t. Il, p. 806.)
Consieut, ind. prés. Atteint, parvient. (Gontiers,
Poës. MSS. av. 1300, p. 1036.)
Consul, prêter. Atteignit, frappa. (Floire et Blan.
fol. 197.)
Consiut. subj. prés. Atteigne. (Fabl. mss. du R.
u» 7218, fol. 239.)
Consuirent, prêter. Atteignirent. (Geofr. de Paris,
fol. 48.)
Cousist, prêter. Lisez peut-être Consist, atteignit.
(Percef. vol. 1, fol. 82 R°.)
VARIANTES :
CONSUIR. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 66, V» col. ±
CONSEVRE. s. Bern. Serm. Ir. MSS. p. 170 et 298.
GONSUYR. Gace de la Bigne, Des Déduits, MS. fol. 13'2 R».
CoNsuiRE. Coiitiu. de G. de Tyr, Martene, t. V, col. 623.
CoNSiEVin. Chans. MSS. du G" Thib. p. 9.
CoNsuiviR. Nicot, Dict.
CoNsuYvin. Gace de la Bigne, Des Déduits, MS. fol. 76 V°.
CONSUYVRE.
Consuivre. Dict. d'Oudin.
CoNZEVRE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 62.
Consul, suhst. masc. (3) Conseiller *. Écbevin ^.
Administrateur '^.
* Bore! entend ce mot dans le sens générique de
conseiller, et Froissart l'employé avec celte signifi-
cation. (Liv. I, p. 13.)
^ C'êtoit aussi le nom donné aux échevins dans
quelques villes. (Voyez La Thaum. Coût, de Berry,
p. 22.) « Les consuls, c'est-à-dire les capitouls de
«' Toulouse vcstus de leurs babils royaux portoient
« le dais sous lequel étoit Charles VI , à son entrée
'< dans celte ville en 1398. » (Hist. de Louis 111, duc
de Bourbon, p. 270.) (4) Voy. ci-après les mots CoNsuLAZ
et CoNscLEs, qui paroissent avoir eu la même signi-
fication.
•^ On nommoit consul-^ d'une terre, ceux qui
administrèrent les affaires d'un pays, d'une terre.
Les seigneurs de la cour du roi Artus, le croyant
perdu, conviennent avec Couvain, à qui ils défèrent
la royauté : « S'il advient entre cy et la que nous
« n'en oyons aucunes bonnes nouvelles, nous nous
« tiendrons à vos co)isitl% de la terre, et de seigneur,
» si comme le vouldrez attourner (régler). » (Lanc.
du Lac, t. I, fol. 129.)
Consulat. [Intercalez Consulat., maison de
ville, au t. V des Ord., p. 706, an. 1368: « Pour ce
« que lesdis conssous ont à assembler souvent les
« conseilliers dudit consulat,... il aura un saint
« (sigunni) ou campane commune, qui sera au
« dedens de leur consulat. »] (n. e.)
Consulaz , suhst. masc. plur. Conseillers.
Officiers municipaux. Les consuls et conseillers de
Villeneuve dont il est parlé dans une ordonnance
au Recueil des Ord. t. V, p. 39 i, sont appelés coHS/fis
et consulaz, ibid. et plus bas consuls el conseillers.
Consules, subst. masc. plur. Officiers munici-
paux. Titre affecté aux magistrats de la ville de
Montpellier. (EustDesch. Poës. mss. fol. 114.)
Consultable, adj. Qu'on peut consulter. (Dict.
d'Oudin.)
Consulte, subst. fém. Consultation. (Du Gange,
au mot Consulta.) Ménage remarque que, de son
temps, il n'y avoil pas « plus de trente, ou quarente
<> ans qu'on disoit à Paris consulte de médecins, et
« consultation d'avocats: aujourdhuy on neditplus
« que consultation. » (Mén. Observ. sur la langue
fr. p. 385.) Lemotco?is!i/fe subsiste cependant encore
dans quelques provinces.
Consultement, adv. Prudemment, sagemenL
" Il s'humilie envers Dieu, et lui demande son aide,
« voire plus sûrement, et consultement que s'il se
« confioit en sa propre force, prudence, et bonnes
" œuvres. » (Les Tri. de la Koble Dame, fol. 336.)
Consulteur, subst. masc. Que l'on consulte.
(Dict. de Cotgrave.) Oudin traduit en espagnol Con-
sultor, avocat consultant.
(1) Le participe passé est dans la Chanson de Roland (v. 2372) : « Dés lure que nez fui Tresqu'à cest jur que ci sui
consunt. » La Cliron, des ducs de Normandie donne cou.'^vil et conseuz. (n, e.)
(2) Partonope.TC (v. 9863) donne consivi : « Deus par se pité le gari Que il en carnel consivi. » (N. E.)
(3) On Ut ilèjà daus l'Hist. occid. des Croisades (II, 413, \iw siècle) : « Et morut lluguelin consules des Pisans
d'Acre. » (m. e )
(i) Comparez édition Chazaud, p. 217 : « Les consuls de la ville vestus d'habits royaulx, portoient le paille au roy. » (N. E.)
co
— 207 —
CO
Consumer, verbe. Anéantir*. Inciter, exci-
ter « (I).
* La première signification subsiste, nous ne la
citons que pour en fixer l'époque. " M. de Vaugelas
« a décidé qu'il falloil dire consiinier, en la signifi-
« cation d'anéantir, e[ consommer e\^ la signification
« d'achever, et de perfectionner ; et il a remarqué
» que Malherbe en avoit toujours usé de la sorte. Je
« ne voudrois pourtant pas blâmer (dit Ménage)
" ceux qui se servent deconsommer pour consumer,
« comme .s'en est servi Gombaud. « (Mén. Observ.
sur Malh. p. '2'iO.)
° On disoit autrefois consumer, pour inciler.
exciter, animer ; à en juger par ce passage : « Elle,
" comme sage et vertueuse femme, les enhorloit,
« \esconsnmoit à fort vertueusement soustenir leurs
.. martires. - (Hist. delà Tois. d'Or, vol. Il, fol. iCi.)
Consumir, verbe. Consumer*. Consommer,
employer ^.
* Fesisl consumlr par feu. {^. Bern. Serm. fr.
Mss. p. IS. ) On lit dans le lalin jirœciperet Igné
consumi.
^ « Lai les moenrat li sole grâce, ensi k'il consu-
« meil en brief tems par aemplissement mainz
« tens. « On lit dans le latin: « Perducenteeos solà
" gralicà, uiconsummali m brevi expleant lemjjora
« multa. "
Consuniis, i)art. et ailj. Epuisé. Le P. Labbe,
Gloss. p. 500, interprèle évacuez, e.vhaustus. Ce Gl.
que nous citons souvent, parce qu'il contient bi-au-
coup de vieux mots, contient aussi une prodigieuse
quantité de fautes d'impression qui les défigurent.
On a dit figurément, en parlant du cerf : < S'il n'est
« parfaitement du tout desconfit, et ("ohs(oh//, quant
« le veneur l'aura failly, il demourra illec jusques
" à environ mienuyt. «'(Chasse de Gast. Phéb. MS.
p. 253.)
VARIANTES :
CONSUMIS. Gloss. du P. Labbe, p. 500.
CoNSUMiT. Chasse de Gast. Phebns, MS. p. 253.
Contadin, subst. masc. Ilabitans du comtat
d'Avignon *. Paysan ^.
* Ce mot est interprété dans le premier sens, par
Oudin, Dict.
^ On trouve contadin pour paysan italien, dans
Bouchet (Serées, Liv. II, p. 30), et pour paysan dans
Cotgrave, et les Ess. de Montaigne, t. I, p. 350. C'est
le double sens du mot italien cuntaduio, formé de
contado, campagne ou comté. On lit eomtadin dans
la Coût, de Bret. Ce mot y est pris pour paysan.
VARIANTES :
CONTADIN. Dict. d'Oudin et de Cotgrave.
GOMTADIN. Cout. de Bret. Nouv. Coût. Gén. r IV, p. 4<J9.
Contage, subst. masc. Contagion, mal conta-
gieux. « t'u entaint du contage de maselerce
« (lèpre.) » (Chron. ms. de Nangis, p. 3, an 1153.
Contagieux. [Intercalez Contagieux, infirme,
maladif; « .(ehannete femme Jehan Ferry, maladive
■> et contagieuse de pluseurs, diverses et grans
« maladies. » (.(J. 135, p. 20, an. 1388.) On lit'aussi
dans Eust. Deschamps (fol. 334) :
.... Vieille conlagieuse,
Voulez-vous donc gouverner la contrée
En beguinant faire la précieuse
Pour einpescher toute vie amoureuse '?] (N. E.)
Contak, subst. masc. Contestation. On lit en ce
sens : « Appeser eo)iteks, et accorder ceux qui sount
.' à descord. » (Britt. Loix d'Angl. foi. 134. j Britton
fait souvent us:ige de cette orthographe.
VARIANTES :
CONTAK. Carta magna, fol. 34 R°.
CONTEK. Uritt. Loix dWngl. passim.
CoNTEST. Du Gange, Gloss. lat. au mot Contestus.
Contaniinateur , subst. masc. Qui souille.
(Dict. d'Oudin.)
Coutaïuinalion, subst. fém. Souillure. (Monet,
Oudin, Dict.)
Contaminer, verbe. Souiller (2). (Nicot, Robert
Estienne, Oudin, .Monet et Cotgrave, Dict.)
Contaninens, subst. masc.plm'. Irrévérences.
Ce mot semble une abréviation de contamnement,
mépris, en général ; en particulier, irrévérence
commise dans l'église, comme il paroît par le
passage suivant : « Y devroient estre dévotement,
« etilzy fonttantdedissolucionsenco?i?a»;MC?îs, en
" rire, en parler, que c'est pitié. » (Doct. de Sapience,
fol. 33.)
Contaniperament, adv. Modérément, dune
fayon modérée. ^Dict. de Monet.)
Contant. « Le Jouvencel chevaucboit en la
« compagnie du roy Amidas, qui passoitpar devant
« une grosse ville ou estoit le lieutenant général
« du duc Dac, et de toute sa ligue contant. » (Le
Jouvenc. ms. p. 508.)
Contantion, subst. fém. Discord, dispute, con-
testation. « Vint entreulx contantion, discord. »
(Chron. S. Denis, l. Il, fol. 33.)
De là, on disoit à eontençon (3), pour à l'envi, se
disputant à qui feroit mieux. Ainsi, en parlant de
la famine qui régnoit à Acre, durant un siège, on a
dit:
Car (cliair) de ceval, et car d'asnon
I mangoit on à eontençon (à l'envi.)
Ph. llouskes, MS. p. 519.
VARIANTES :
CONTANTION. Chron. de S. Den. t. II, fol. 33, V».
Contention. Contred. de Songecr. fol. 89, R».
CoNTENÇON. Ph. Mouskes, MS. p. 49.
Contanz, subst. masc. plur. On trouve les
trois façons diflérentes d'un même mot, dans une
Ordonn. Rec. t. I, p. 279. L'éditeur semble avoir
(1) Dans Froissart (XVI, 59), il signifie mener un paiement à terme ; « Ce ne sont pas choses légères à consumer. » (n.
(2) « Afin que dorénavant elle ne contaminast les autres membres de J. G. » (Monstrel., II, ch. CV.) (n. e.)
(3) Voyez plus loin ce mot. (n. e.)
E.)
co
208 —
CO
raison de lire cateulx. (Ibid. noie fd). — Voy. le mol
Catklx, article Catel.)
VARIANTES :
COXTANZ, CoNTENS, CoxTEUz. Ord. t. I, p. 279, note (d.)
Contation, suh$t. fém. L'aclion de lemporiser.
C'esl le mol Cunc.tation, altéré dans le passage
suivant : « Fabius Maximus par sa contactioii, et son
« temporisenient. » (Brant. Cap. Estr. t. 1, p. lA.)
Conteckours, subsl. mnsc. Querelleur, chica-
neur. Homme processif, qui l'orme des procès injus-
tes. De CoNTEK ci-dessus sous l'article Contak. (Brill.
Loix d"Anglet. fol. 72.)
Contediez, participe au plur. Contestés. Peut-
être est-ce une faute pour contredits, en ce passage :
<■ Ce qui est escripl en tous les autres articles con-
0 leclip~,, et contrariez, est suffisamenl repondu
•■ par les articles couchez pour coutume. >• iCout.
de Troyes, Xouv. Coût. Cén. t. III, p. 285.)
Conteiii, siilist. masc. Le contenu. C'est Texpli-
calion de l'éditeur des Ordonnances. « Nous uy, et
>■ entendu le rapport qui nous a esté fait en uoslre
« conseil, par nos diz conseillers, du coutein en la
« dicte informacion. » (Ord. t. V, p. 721.;
Conteker, verhe. Disputer, contester, plaider.
Ce mot, formé deCoNTEK ci-dessus, se trouve dans le
passage suivant : ■ Si deux, oupluseurs contechcnt
" por un lenement (terre) à quel nul n"ad droit,
« etc. .. (Brilt. Loix d'Anglet. fol. H.)
variantes :
CONTEKER. Britt. Loi.x d'Angl. fol. M, R" et V°.
CONTECKER. Id. Ibid.
Contement, subst. masc. On a dit est7'e d'un
conlement, pour cire au même niveau, en parlant
de l'amour qui égale les conditions ;
Je sai de voir (au vrai) que raisons me deffent
Si baute amor, se vos ne l'outroiez ;
Mais haut et bas sont d'un cou louent,
Puis c'en les a à son talant jugiez :
Suens est li bas, qui [jar li est hauciez
El suons li haus, qui s'en est abaissiez ; .
A son voloir la monte, et la descenl.
Gaces Brullés. Poës. MSS. av. 1300, T. l, p. 160.
Contemnement, subst. masc. Mépris, dégoût.
Rabelais, eu parlant du dégoilt du monde, dit :
» Contemnemenl assuré de toutes choses fortuites,
« etc. (T. ÎV, p. 214.)
VARIANTES :
CONTEMNEMENT. Nicot, Dict. - Rab. t. I, p. 21't.
CONTAMNKMENT.
CoNTENNEMENT. Vigil. de Charles VII, t. I, p. 229.
Contemner, verbe. Mépriser. (Voyez nos
anciens Dictionnaires. — Gloss. des Arr. d'Amour
et de M:!rot, etc.)
VARIAMES :
CONTEMNER. Oiidin, Nicot, Dict.
CONTAMNEB.
CONTEMPNER. Ord. t. II, p. 564.
Contcmneur, subst. masc. Contempteur. Qui
méprise. ^Dict. de Colgrave.) » Contcmneur, et
» mespriseur. « (Nicot, Dict.)
VARIANTES :
CONTEM,\EUR. Dict. de Nicot.
CoNTEMPNEUR. .1. Marot, p. 197.
Contenipcieuse, adj. au fém. Contentieuse.
Le débat, et la nouvelle euvre,
Et la chose contenipcieuse,
Prinse comme largieuse
En nostre souveraine main.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 410, col. 4.
Conteniperation, subst. fém. Chaleur tempé-
rée. Nous n'avons point de mot pour rendre
celui-là. 11 signifie un degré tempéré de chaleur,
en parlant des vins; et nos mots tempérance, tem-
pérament, température, n'ont point ces acceptions.
On disoit : >> les vins que les chresliens avoyent
» et qui de Fouille et de Calabre leur venoient,
« esloyenl secs, et chauds, et hors de la contempé-
« ration (1; françoise, dont plusieurs les compa-
« rerent, car en Ùevre et en chaleur cheurent. «
(Froissart, liv. IV, p. 8'i.)
Contempérer , verbe. Tempérer , modérer.
(Monet, Oudin et Cotgr. Dict.)
VARI.ANTES :
CONTEMPÉRER, Contampérer.
Contemplation, subst. fém. Considération.
« A leurs pi ières, et contemplations. Wi, faisoient
•^ celle grâce, etc. » (Froissart, liv. Il, p. 159.) (2)
Contemple, sxibst. masc. On disoit adverbiale-
ment, eî?Ci'('o?i/c?H;)/c (3). pour alors, en ce temps-là.
« En ce contemple, couroit parmi le royaume de
« France, une très granl. etinnumérable multitude
« de peuple qui granl compengne (compagnie) se
« faisoieul appeller. » (Hist. àeB. du C.uescl. par
Mén. p. 109.)
On trouve el contenij'le, au même sens, dans ces
vers :
El couleiiiple de cesle chose.
Si comme en l'istoire lison,
Fu el pais, en traison,
Li roys de France empoisonnez.
G. Guiarl, MS. toi. 36, R*.
Contemplement , subst. masc. Contempla-
tion. (Colgrave et Rob. Est. Dict.)
Contempler. [Intercalez Contempler , faire
au gré de: » Vaillance et franchise list parler le
« conneslable, en contemplant aux Francbois qui
« moult desiroient la bataille. » (Froissart, XI, 170.)
Une variante donne pour complaire.'] (x. e.)
(1) M. Kervyn (XIV, 236) imprime complexion. » (n. e.)
(2) Comparez éd. Kervyn, IX, 461. On lit encore au t. XI, p. 2 : a .\ la requeste, contemplation et plaisance de messire
Guy de Chastillon. » (n. e.)
(3) Voy.-.: les Chroniques de S' Denis. (D. Bouquet, III. p. 202, VI, p. 1291. On lit encore au reg. J,I. 20i. p. 120, an 1474 :
« Lesquelx conipaignonscommancerenl à railler et jouer avec iceile iionnette liUe amoureuse, et en ce conlcinplc. arriva
ung nommé Pierre le Noir. » (N. E.)
co
— 209 -
CO
Contempleur, subst. masc. Contemplateur.
(Cotgrave et Oudin, Dicl.)
Contemporané, adj. Contemporain. (Voyez
Malad. d'amour, p. 15.)
Contenips, mbst. masc. Mépris, indignation.
(Gloss. de IHist. de Paris, et Dict. de Cotgrave.) On
a dit, en proverbe :
Trop grant familiarité
Nourrist, et engendre contemps,
Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 33G, col. 2.
Ce proverbe subsiste encore, avec peu de diffé-
rence dans les termes. 11 est rendu avec moins de
concision dans cet autre passage :
L'en dit, qui trop veult souffrir,
Quant on se repute trop mendre (moindre) :
Car familierité gendre (engendre)
En ce cas à humble contant.
Eust. Desch. l'ocs. MSS. fol. 556, col. 3.
V.\RI.4NTES :
CONTEMPS. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 336, col. 2.
CONTEMS. Chron. S. Den. t. II, fol. 226, V».
CoN'iEMPT. Froissart, livre III, p. 269.
Content. Monstrelet, vol. I, fol. 134, R".
Contant. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 556, col. 3.
Contemplé, participe. Contenté. On a dit con-
templé (le raison, pour payé de raison. Rabelais,
parlant des vainqueurs qui abusent de leurs victoi-
res, ajoute que souvent ils en ont perdu le fruit
« quand ils ne se sont contonptez de raison ; mais
« ont altempté de tout mettre à internecion. »(Rab.
t. I, p. -272.)
On disoit aussi le pis contemplé, pour le plus
mal satisfait, le plus mnl payé. (Histoire de B. du
Guescl. par Mén. p. 452.)
Contemptible, adj. Méprisable. (Cotgr. Oudin,
Dict. — Voyez Rab. t. 1, p. 211.)
Contenance, subst. fém. Attitude, posture*.
Maintien^. Continence*^ (1).
* Dans le premier sens, on a dit : « Le mantel
« estoit dung samit (espèce d'étoffe) de lleurs
« semencées d'oyseletz de plusieurs co?ifenawces. »
(Percef. vol. I, fol. 148.)
°Nous employons encore conlenance (2) pour
maintien; maison ne dit plus à peu sçavoye ma
conlenance, c'est-à-dire je ne savois qu'elle conte-
nance faire. (Percef. vol. 1, fol. 23.)
Nous disons aussi faire bonne contenance pour
monti'er de la fermeté ; mais l'expression mettre en
contenanche, pour alïermir, assurer, en parlantdes
choses, est tout-à-fait bors d'usage.
Chevauchiez parmi ma terre
Tout simplement, et sans desrois (désordre),
Sour le col de vo palefroi
Metés vo hiaume, en contenanche,
C'en ne vous faiche destourbance.
Fabl. MSS. du R. n- 1218, fol. 153. V- col. I.
'^ C'est de la confusion des mots contenance et
continence que naît l'acception attribuée au pre-
mier , dans le passage suivant , où contenance
signifie cette vertu qui consiste à contenir ses pas-
sions et à les réprimer :
N'avez vous toz voulu voer (faire vœu)
Povreté, et obédiance,
A Jehuscrist, et contenance ?
Vous vous voulez mal atorner (arranger),
Quant au siècle (monde) voulez torner.
Hist. de France, à ia suite du Rom. de Fauvçl, fol. 67.
VARIANTES :
CONTENANCE. Orth. subsistante.
Contenanche. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f« 153, V" col. 1.
Contenance, adj. Etudié, affecté. C'est en ce
sens qu'il est employé pour épithète de maintien,
par de la Porte. (Voyez Contena.ncer ci-après.)
Contenance!*, verbe. Minauder. Prendre des
attitudes, faire des gestes, des mines. (Dictionn. de
Cotgrave etd'Oudin.) De là, se contenancer, en ce
sens, dans le passage suivant, en parlant de Vénus :
Puis s'estant habillée, en beau lieu se plaça
Sus un placet faitis, et se contenance.
Tenant la teste droite, etc.
Œuv. de Baïf, fol. 1(10, R' et V'.
Contenante, adj. au fém. Modeste, décente.
« Comment, sire, dit la conteniinte pucelle Clere-
<> monde , allez vous au siège devant Falmar. »
/Percef. vol. II, fol. 33.)
Contencer, verbe. Combattre, résister. Nous
trouvons souvent ce mot employé, en ce sens, dans
G. Guiart. Nous ne citerons que deux passages pour
justifier son acception :
Devant Boves fu l'ost de France,
Qui contre les Flamanz contance.
G. Guiart, MS. fol. 21, R".
La galle est si assaillie.
De Flamens qui a li contancent
Qu'aucuns d'entr'eus dedans se lancent.
Ibid. MS. fol. 325, R'.
VARIANTES :
CONTENCER. G. Guiart, MS. fol. 288, V».
CONTANCER. G. Guiart, MS. fol. 21, R".
CONTANCIER. G. Guiart, MS. fol. 350, R».
CONTENCIER.
CoNTENTiER. Beaumanoir, C. B. p. 159.
Contençon. [Intercalez Contençon, dispute,
contestation ; le mol est fréquemment employé:
Et prist Danfront et Alençon
Et les garni par contençon.
Ph. Mouskes (Du Canje, III, 8G0, col. 2).] (n. e.)
Contendre, verbe. Tendre, aboutir *. Obtenir °.
Disputer, contester '^. Prétendre ° (3).
* Dans le premier sens : » pour luy dire la cause
" de sa venue, laquelle estoit contendant à toute
(1) Froissart l'emploie encore au sens de séjour :« Quant il eurent fait ung petit de contenance, il s'en retournèrent
arrière. » (XV, 26(3.) Au xvi' siècle, il signifie manchon (d'Aub., II, 376; : « L'entreprirent avec le conseil de la dame de
Retz de percer un cabinet, et de faire couler par la ruelle du lit, entre les contenances et le rideau, une sarbatane
d'aerin. » (n. e.)
(2) (I II li lisent révérence, tant qu'en contenanche, comme chil qui doubtoient perdre leurs amis. » (Froissart, III , 305.)
Ce sens est déjà dans la Chanson de Roland, (n. e.)
(3) 11 signifie encore 1" complaire ; « Pour h mieuLx enfourmer de vérité et contendre à ses gens. » (Froissart, VII, 281.)
2° Viser: « Et contendoil à ce que il en fust aidiés. » (IX, 464.) (n. e.)
IV. 27
co
— 210
co
« bonne fin. » (J. Le Fevre de S. Remy, Ilist. de
Charles VI, p. 54.)
° Conlcndre sigiiifioit atteindre, obtenir, selon le
Gloss. des Arr. d'Amour.
Telles douleurs ne sont que joyes,
A gens qui les sçavent contendre.
L'Amant rendu Cordelier, page 513.
.... L'on taschast à paix coïilendre (1).
Vigiles de Charles VII, p. 167, t. I.
"^ La signification la plus ordinaire étoit disputer,
contester, aller au contraire. (Voyez Dict. de Borel,
Gloss. de Marot, et Gloss. sur les Coul. de Beau-
voisis.)
Ces estrangers a icy transportez,
Non pour vouloir, contre vos preux, contendre.
Melin de S. Gelais, p. 10.
.... Beaux jardins, dont l'œuvre, et l'artifice
Semble contendre avecques la nature.
Ibid. p. liy ; ibid. p. 25.
Je ne sui pas con celé autre gent
Qui ont amé, puis i veulent contendre
Et dient mal, par vilain mautalent (inimitié).
Chans. MSS. du C" Thibaut, p. Tl.
° On employoit aussi ce mot pour prétendre (2),
qui n'étoit qu'une extension du sens précédent.
JuvenauLx (.luvenal) les mariez tance (3),
Et content qu'il n'est femme chaste,
S'on la poursuit, et s'on la haste.
Eust. Deschamps, Poes. MSS. fol. 50!t, col. 2.
Il est difficile de déterminer la signification de ce
mot, dans ce passage : « Sourdit une rumeur que le
« roy conlcmloU des choses qu'il avoil faictes, estant
" conclud prestement de retourner en Macedone. »
(Tri. des IX Preux, p. 164.)
On disoit en proverbe : « Contendre à plus fort
« que soy, est fait d'enraigé. Contendre h égal îi soy,
« est péril, et contendre à mendre de soy, est
« honte. » (Le Chev. de la Tour, Instr. à ses filles,
fol. 80.)
CONJUGAISON :
Contempt , ind. prés. Prétend Chacun
contempt d'estre seulz, et d'avoir le loz. (E. Desch.
Poës. MSS. fol. 367.)
Conlendy, prêter. Prélendit. (J. Le Fev. de S. Rem.
Hist. de Charles VI, p 136.)
Content, ind. prés. Prétend. (E. Desch. f° 509.)
VARIANTES :
CONTENDRE. Petit J. de Saintré, p. 42.
CONTANDRE.
Coiiteiieinent , subst. masc. Contenance ,
maintien *. Position ^. Capacité "^ (A).
* Ce mot s'employoit souvent dans le premier
sens : <• Quant le cruel tirant vit leur hardiesse, et
« leur lier contenement (5), etc. » (Chron. de S.
Denis, t. II, fol. 29.)
Par rire, et par biaus dis oir,
Et par joli conlenetnent,
Vient amours au coumencement.
Adans li Bocus, Poès. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1394.
^ Cette première acception s'appliquoit aussi à la
position d'une armée :
A lamiraus sa voie prise
Vers Zelande premièrement ;
Tant fist que le contenement
S'ot (sceut) des Flamens, puis retourna.
G. Guiart, MS. fol. 304, V.
'^.lene trouve contenement, pour contenance,
capacité d'un vaisseau , que dans les Dict. d'Oudin.
(Voyez CoNTiEN ci-après.)
VARIANTES :
CONTENEMENT. Fabl. MSS. du R. n° 7615, t. !, fol. 116.
CoNTENNEiMENT. Modus et Racio, MS. fol. 244 V».
CoNTiENNEMENT. Froissart, liv. III, p. 53 (G).
Conteneure, subst. fém. Contenu. On disoit
la conteneure de la lettre (7), pour le contenu, etc.
(Beauman. p. 188.)
Contenir (se), verbe. (8) Faire contenance, se
comporter, agir. Ce mot, dans S. Bernard, répond au
latin agere. On a dit se contenir, en ce sens, pour
se comporter. « Pristrent conseel comment ils se
« contcndroient. » (Villehard. p. 91.) Mot à mot,
quelle contenance ils feroient (dans les Chron. S.
Denis, t. II, fol. 17.) « Comment ils, se contindrenl, »
pour comment ils se comportèrent : qualiter se
habueriint, dans le latin de Rigord.
Sans nous arrêter aux acceptions subsistantes de
ce mot, nous remarquerons, en passant, que quoi-
qu'il signifie encore aujourd'hui renfermer, nous
ne pourrions cependant pas dire comme autrefois :
Comme J'aiy contenu
En ce chapitre, et maintenu.
Fontaines Guerin, Très, de Vénerie, MS. p. 50.
Conjugaison.
Contendra, futur. Contiendra. (Fabl. mss. du R.
ir 7615, t. II, fol. 178.)
Contendroient , imp. subj. Contiendroient , se
compoiteroient. (Villehard. p. 94.)
Contendront (se), pour se comporteront. (D. Mor.
Hist. de Bret. col. 972, tit. de 1259.)
Contigne, subj. prés. Contienne. (Fabl. mss. duR.
n» 7615, t. I, fol. 145.)
Contignet (se). 11 agisse , il se conduise. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 134, en lat. agat.)
Cuntandra, pour agira, se comportera. (Marbod.
col. 1656.)
(1) « Jehan de Ilanappes... pour l'affection désordonnée qu'il avoit ou contcndoil à avoir à ladite Marie. » (JJ. 121, p. 229,
an. 1382.) (N. E.)
(2) « Plusieurs contes de Hollande et de Haynnau du temps passé avoient contenait et clamé droit en l'éritage. »
(Froissart, XV, 270.) (n. e.)
(3) Juvénal (satire VI, v. 55 à v. 60). (N. E.)
(4) Il signifie encore revenu : « Guillemin Alexandre jeune homme non marié et de bien simple contenement ou affaire. »
(JJ. 164, p. 357, an. 1410.) (N. E.)
(5) '< C'estoit grant beaulté de veoir leur contenement. » (Froissart, XI, 176.) (n. e.)
(6) D'après l'édition Sauvage : « Pour aviser justement et clerement l'ordonnance et <
. ___ tconJiennemeiii des Espaignols. » (N. E.)
(7) Froissart écrit même : « Laquelle lettre contoioit ensi. » (VII, 291.) (N. E.)
(8) Conlcnir signifie encore insérer dans une lettre : « Il y avoit escript et conlenut véritablement l'arsin et le dommaigc
que ses pays avoit recheiit. » (Froissart, III, 173.) (n. e.)
co
— 211 —
co
Continclrent, prêter. Continrent, se comportèrent.
(Chron. S.Denis, t. il, fol. 17.)
VARIANTES ',
CONTENIR (se), S. Bern. Serm. fr'. MSS. p. 134 61140.
CUNTENIR (se). D'où le futur cunlendra, dans Marbod.
Contenir, subst. Continence. C'est proprement
le verbe contenir employé substantivement.
Absolument la loy argue (prétend),
Et commande qu'om se marie,
Pour contenir, et pour lignie
Avoir, sanz autre entencion.
Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 567, col. 3.
Content, subst. masc. (1) Contention, dispute,
querelle*. Procès^. Combat, dispute"^. Combat-
tans ".
* Ce mot est employé souvent dans le premier
sens: « FutdecolléM"PierreMarrette, [)Ouv]e contans
« qu'il avoit mis entre le dalphin, et le duc de Bour-
« gogne. » (Journ. de Paris, sous Charles VI et VII,
p. 201, an 1447.) « Entre ces juifs avoit eu grant
« contempt (2). « (Hist. de B. duGuesclin, par'Mén.
p. 214.)
Riottes mueuvent, et coiyitentps.
Eusl. Desch. Poes. MSS. fol. iO-t, col. 4.
Guerres, dissencions, haines.
Trahisons, conlens, ataines (débats).
Eust. Desch. PwJs. MSS. fol. 433, col. 2.
°Delà, pour procès. Nous lisons, en parlant de la
Normandie :
Bien croi que terre i est plus vuide
De grant contetis que ne soloit (avoit coutume).
Fabl. MSS. du R. n" 721«, fol. lOT, R- col. 2.
C'est dans ce sens de procès, contestation, que
contens se trouve fréquemment employé dans les
titres des xir et .xni' siècles (3).
^ On trouve aussi quelquefois content , pour
combat opiniâtre, dispute. « D'autre part commença
« grant content à lez (du costé) où les Bretons assai-
« loient. » (Hist. de B. du Guescl. parMén. p. 501.)
Et là firent si grant content,
Qu'on doit de leur valeur parler.
La Bataille de Liège, p. 376.
° Enfin ce mot a signifié combattant, adversaire,
champion.
Or sont li dui content ensamble
Venu au chaple des espées.
Fabl. MSS. du R. n° 7615, fol. 164, R- col. 2.
VARIANTES :
CONTENT. Froissart, liv. III, p. 33.
CoNTENDs. plar. Faifeu, p. 18 ; Clém. Marot, p. 37.
Contens, plur. Villehard. p. 24 ; Crétin, p. 198.
CONTANZ, plur. G. Guiart, MS. fol. 324 V".
Contans, plur. G. Guiart, MS. fol. 126 V".
CONTEas, plur. La Thaum. Cout. de Berri, p. 102.
CoNTEMPs, pfef. Jour, de Paris, sous Ch. VI et VII, p. 204.
CoMTEMPS, plur. Geofr. de Par. à la s. du R. de F. f» 47.
CoNTEMPT. Hist. de B. du Guescl. par Mén. p. 214.
CoNTEUz, plur. G. Guiart, MS. fol. 58 V".
CoNTENCE. D. Morice, Hist. de Bret. col. 940.
Contens. Hist. de Beauvais par un Bénédictin Pr. p. 273.
Content. Duchesne , Gén. des Chasteigniers, p. 27.
Contenz, au xing. Duchesne, Gén. des Chasteign. p. 28.
CONTEUX, CoNTEus. Rymer, t. I, p. 45.
Cuntent, Cuntenz. Duchesne, Gén. des Chast. p. 27.
Content, Argent comptant* (4). Ordonnances de
comptant °. Le contenu •=. Dans les deux premiers
sens, ce mot venoit de compter. Dans le troisième,
c'étoit le mot latin contentiim.
* La première acception se remarque dans Rabe-
lais, t. I , p. 213. « Le villaiu a du content, » c'est-
à-dire de l'argent comptant. De là, l'expression :
x Faire le content d'un créancier, >> pour le payer
comptant. (Cout. de Neufville, Cout. Gén. t. II,
p. 926.)
^ C'est aussi de là qu'on a dit le content, pour ce
que nous appelons le comptant : « les ordonnances
« de comptant (.5). » L'usage du mot et de la chose
semble s'être introduit du femps de Pasquier qui en
parle, en ces termes, dans ses lettres, f. I, p. 800 :
« Sur ce pied a été bastie la ruine de notre France,
« premièrement par je ne sçay quelle malheureuse
" invention de contents, qui ont rendu les gens de
« bien mal contents ; « et p. 803. « Il a promis, par
« aucunes lettres patentes, de n'user plus de con-
« tents. "
'^Co7ifent,du\a{\ncontentum,sis,mr]o\t\e contenu.
« Quand il l'eut ouverte (la lettre), il veit que le
« content des motz dedans escriptz disoient ainsi. »
(Percef. vol. V, fol. 15.)
Content, subst. Contentement. On a dit adver-
bialement son content, pour à son plaisir, à son
aise, etc. Cette expression subsiste encore dans quel-
ques provinces.
.... Il est entre deus rens mis,
Ains que tornois soit aramis (engagé),
Et il voit d'armes son content (6).
Fabl. MSS. du R. n- 7615, t. Il, fol. 164, R- col. 2.
Content, adj. Satisfait. Ce mot subsiste en ce
sens. Autrefois il fournissoit l'expression je suis
content, pour je veux, j'ai intention. « Autres innu-
« merables maux pourrois-je descouvrir, procedans
« de la crainte, desquels je suis contente me taire,
« quant à présent pour retourner à mes vrays
« amans. » (L'Am. ressusc. p. 157.) « A ce propos,
« je suis icy contente de vous faire un petit conte. »
(Ibid. p. 124 )
(1) C'est la forme verbale de contendere. Il n'est pas besoin de remontera contemptus, quand il signifie irritation : « Ces
paroles doulces amolièrent grandement l'empainte de l'yre et coîîïonp? que l'empereur avoit avant sa venue. » (Froissart,
XIII, 27.) (N. E.)
(2) « En che tamps s'esmut uns contens et uns mautalens entre les gros et les menus de Bruges. » (Froissart,
IX, 341.) (N. E.)
(3) On lit dans .loinville (éd. de Wailly, § 672) : « Et tandis que li contens en dura, li evesques me fist escommenier. » (n. e.)
(4) C'est là une mauvaise forme pour contant, (n. e.)
(5) Ou acquits de comptant. C'était des lettres patentes signées du roi et donnant l'ordre au garde du trésor royal de
payer à vue et au porteur la somme mentionnée dans ces lettres ; l'emploi n'en était pas indiqué et la Chambre des Comptes
ne devait pas le rechercher. Sous Louis XIV, ils se montaient à 10 millions ; sous Louis XV, en 1759 , à 17 millions ; sous
Louis XVI, en 1783, ils s'élevèrent jusqu'à 145 millions, (n. e.)
(6) On lit dans BasseUn (XXXIX) : < Nous avons pourtant Tout nostre content De mets pour nostre repas. » (n. e.)
1
co
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CO
Je suis content semble signifier je pardonne,
j'excuse, dans cet autre passage : « Je suis content
« pour cesie fois de voz mesus , moyennant la
« dedicion de voz armes, etliostages. » (Tri. des IX
Preux, p. 306.)
VARIANTES :
CONTENT. Orth. subsist.
CoNT.\NT. Le Jouvenc. MS. p. 597.
Contenta. Mot latin , employé comme terme
d'arrêt, et qui semble se rapporter au motCoNTExNTOR
ci-après.
Dieu le pare, au bas du plye souscript,
Registi-ala : le scel du sainct Esperit
Y fut posé, visa : le Filz imprime
Et coiiloita, approuvons tel rescript ;
Grâce planiére, abolissant tout crime.
CrelÎD, p. 6.
Contenté, adj. Ce mot semble une faute. Resti-
tuez conte , compté. « La somme de mille
« écus dor, que nos dits hommes, et femmes
« nous ont payé, et contenté reniement, et de fait. ■>
{La Thaum. Coût. deBerri, p. 125.)
Contenter, verbe. Satisfaire, faire excuse*.
Consoler °.
* On dit encore contenter, pour satisfaire. Cette
acception étoit autrefois plus étendue. « Le duc de
« Bourgogne envoya une notable emba^sade devers
« le roy de P'rance, et pour le contenter àe ce que
« son l'ils éloil ainsi venu à lui. » (Duclos, Preuves
de Louis XI, p. '228 )
De là, se ro/(/('«tfr pour être satisfait (1): " Gode-
« froy envoya ses messages au roy de Hongrie, pour
« apprendre la droitle vérité, laquelle sceue, ilz se
« en contentèrent du roy, et allèrent vers lui. » (Tri.
des IX Preux, p. 459.)
^ On disoit aussi se contenter, pour se consoler :
« 11 fut si dotant, et si courroucé, qu'il ne s"en
« povoit nullement contenter. » (Tri. des IX Preux,
p. 180.)
Contenteurs,s»/>s/. masc.jjlur. Qui se conten-
tent. C'est une femme qui parle dans les vers
suivans :
Les hommes ne sont que menteurs.
Promettant prou, mais rien ne tiennent :
De parolle nous entretiennent,
Et puis d'un rien sont contenteurs.
Recr. des Dev. amour, page 48.
Contentor, suhst. masc. Terme de pratique.
On l'emploie, à la lin des lettres de cliancellerie,
pour dire je suis content, je suis payé. On le trouve
aussi dans les chartes anciennes et dans les Ordon-
nances. (Voy. Ord. t. V, p. 2'2 et 99.) (2)
Contenu, suhst. masc. Qui n'est point divisé.
C'est proprement notre adjectif continu, employé
comme substantif. On disoit : » sont tout en un
« contenu » pour exprimer qu'ils se touchent ,
qu'ils ne sont pas divisés, qu'ils sont d'un même
tenant. Voyez dénombrement de la terre de Mont-
mort en I39(i. Ce terme s'emploie encore dans la
confection des terriers.
Contenz, subst. masc. Soin, attention. Il sem-
ble que ce soit le sens de ce mot, dans les vers sui-
vans, où on lit qu'un fou court tout nu dans la
prairie, sans avoir soin, sans s'embarrasser de se
couvrir :
Folie est ades forcenée :
Foux qui a la rage desvee
Et qeur (court) troui nuf aval la prée.
Que lui vestir ne met contenz.
Fabl. MSS. du R. n- leiô, 1. 1, fol. i09, V° col. 2.
Croui nuf semblent deux mots corrompus pour
tout nu.
Conteor, subst. masc. Avocat ou procureur *.
Faiseur de contes °. Ces deux acceptions si diffé-
rentes sortent de la même étymologie, conter.
*Un conteur étoit un avocat ou procureur, établi
en cour pour conter le fait aux juges. (Gloss. surles
Coût, de Beauvoisis et Laurière, Gloss. du Dr. fr.)
« Cil est appelle conteur que aucun establit à par-
«' 1er, et conter pour soy en court. » (Ane. Coût, de
Norm. ch. Ci, fol. 85 ) On trouve souvent conteurs, et
emparliers pour avocats dans les Mém. de Mézeray,
t. 1, p. 33.
^ On donnoit aussi ce mot de t'OfUco/* aux anciens
faiseurs de contes et de romans. (Borel, Corn. Dict.)
Fauchet, lang. et poës. fr. p. 12, ch. vni, tiaite cet
objet. On lit Ibid. p. 32 : <• Ce fut lors (ainsi que je
pense) qu'escrire en roman commença d'avoir
lieu, et que les conteor, et jugleor, ou jongleurs,
trouverres, et chanterres, coururent par les
couis de ces princes pour reciter, ou chanter
leurs contes sans ryme, chansons, et autres
inventions poétiques. •■
VARIAXTES :
CONTEOR. Fauch. Lang. et Poës. fr. p. 32.
CONTEOURS, pllir.
Conteur. A.nc. Coût, de Norm. fol. 85, V».
CONTERE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 345, V» col. 2.
CONTIERES, CONTIERS.
Contequieroit, 3' pers. de l'imp. suhj. Con-
viendroit, plairoit.A'ous ne trouvons ce verbe qu'en
ce seul passage :
Liquelz vous conlei/uieroil miex.
Poés. MSS. Vatican, n- 15-22, fol. 152, V col. 2.
Ce mot peut également être une corruption du
mot complaire ou du mot conquérir.
Conter, verbe. Ce mot subsiste ; mais on ne dit
plus conter des oraisons, pour réciter des prières.
Les orisons qu'il sieut (a coutume) conter
Commenche elmalage à canter.
Vies des SS. MS. de Sorb. chif. LVIII, col. ti.
Sans conter nouvcles signitioitsans s'amuser.
Cil de pié qui s'avancierent,
Sanz conter nouveles, s'y fièrent.
(i.Gui.irl,MS. fol. 20G. V».
Conter des vieux jusqu'aux nouveaux, conter
I
(1) Voyez Froissart (II, 57) : « De tout se contenta li contes et dist que il avoit moult bien fait. » (N. E.)
2) Voyez aussi le t. VII, p. 274 , an. 1389 : « De cartis priedictis, ut in audiencia expediantur et prosequentibus
deliberentur, tradetur le contentor per dictes commissarios vel deputatos. » (n. e.)
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CO
d'un bout à l'autre, dire tout ce qu'on sait. (Estai
de la Fr. sons François 11, par La Planche, p. 579.)
Le sens de ce mot nous paroit difficile à déterminer
dans ce passage : « Parquoy contemij \ouies choses
« à celle composition du corps, à la santé, au pro-
« fit, ou délit duquel auques (pour aussi ou pour
« un peu) toute nostre cure veille et s'atenl en
« pourreture et en vers. » (Chasse de Gaston Ph.
Ms. p. 390.)
Conjugaison :
Cont, (je), indic. prés. Je conte. « Jou su! chil ki
mot n'en cont. (Gonliers, Poës. mss. av, 1300, t. III,
page 10-i.)
Contei'iaux, mbst. masc. plur. Voici le pas-
sage où nous tioavons ce mot, peut-èlre le même
que cuteraux ci-après. (Voy. l'article Coter.m-x.)
L'estri (combat) en tel manière va,
Au départir les griés meriaus (graves coups)
Que (iesconfiz sont couleriaus (1).
G. Guiart, MS. fol. 18, V°.
Contesse, subst. fém. Comtesse. On écrit con-
fesse dans le Rec. des Poës. mss. avant 1300, t. III,
page 1239.
Conteste, SM&s^ fém. Contestation. (Du Cange,
au mot Contcstus.) Conteste est un ancien terme de
palais. Un huissier, dans Molière, dit :
La maison à présent, comme scavez de reste,
X\i bon monsieur Tartuffe appartient, sans conteste.
L'Imposleur, coniéd. de Molière, acte 5, se. 4 (2).
On écrit contreste dans le Rec. des Poës. mss.
av. 1300, t. III, p. 1039.
VARIANTES :
CONTESTE. Molière, Tartuffe, ac.t. 5, se. i.
CoNTREbTE. Gontiers, Poës. MSS. av. 1300, p. -1039.
Contester, verbe. Attester. C'est le sens propi'e
du mol latin co«f(?s/flr«. « Nous contestons ]e sou-
» verainjugeen conscience que, à nostre povoir,
« par pure amour, avons procuré les moyens de
" paix. » (.1. Le Fevre de S. Hemy, Ilist. de Charles
VI, page 81.)
Contexte, subst. masc. Contexture. (Diel. de
Cotgrave et de Rob. Estienne.)
Conthoral. [Intercalez Conthoral, épouse : « Il
« a pieu à monsieur le roy de France Charles à
« présent régnant et à madame la royne sa loyal
« conthoral. » (Contrat de mariage de 1400; Du
Cange, II, 568, col. 3.)] (n. e.)
Conticine, adj. au fém. De silence. On a dit
l'heure conticine, \)0\}v l'heure de la nuit, où tout
est eu silence, du latin conticinium. (Voyez J.
d'Auton, Ann. de Louis XII, ms. 15031505.)
Contien, subst. masc. Maintien, contenance *.
Soutien, appui ^. Bien, possession '^.
* On lit au premier sens :
Noble cuer don d'autre, n'est pas le tien ;
De tes parens, ne leur noble cmitien
Ne doubte point ; jà ne t'annobliront.
Conlred. de Songecreu.\, fol. 302, R" .
^ Au second sens, pour appui, soutien ; peut-être
aussi pour exemple, modèle;
.... De Darro l'en peult appercevoir
Qu'il fut boucher, puis du conseil miroir,
Et ccnitien de valleur.
ConlreJ. de Songecreux, fol. 0, V'.
"^ Il semble que ce mot se soit aussi employé
comme terme collectif de biens, du verbe contenir
pris dans l'acception subsistante :
Autres povres comme je tiens
Bien lassez
De contens sont de leurs contiens
Dont plus riches que les gros chiens
Gabassez.
Coniredil de Songecr. fol. 161, R*.
Contierre. Peut-être faut-il lire en deux mois
con tierre \^om' que terre ? On a vu ci-dessus cou
en ce sens pour que.
Li autre tout gete fors
Le preu de l'ame, pour le cors ;
Que plus rien ne veltent contierre (3)
Fors le cors honorer sur terre.
Fabl. MSS. du R n- 7015, T. I. fol. 5S, R» col. 1.
Continemnient, adv. Avec continence. (Dict.
de Cotgruve et d'Oudiu.) « Doué d'une singulière
i< beauté, et si excessive, que les yeux plus conti-
« neus ne pouvoienl en soulïiir l'éclat continem-
« ment. » (Ess. de Moulaigne, t. II, p. 727.)
Continence, subst. fém. Continence, modéra-
tion, retenue Ce mot subsiste dans un sens moral ;
mais on ne dit plus eonlinenee de chasteit, comme
on lit dans S. Bern. Serin, fr mss. page 240, qui
répond au latin eonlinentia caslitatis. On ne le
diroit pas aussi dans la signification générique de
modération. « En adversité patience, et en prospé-
« rite, continence, etc. » (Chasse de Gaston Phéb.
MS. page 371.)
Continent, adj. Célibataire. (Voyez S. Bern.
Serra, fr. mss. p. 132, dans le h\l. continentes.)
Continent, adj. Continu. « On pourroil dé-
« duire l'ancieuneté d icelles deux nalions ; en
« forme d'histoire prosécutive , et continente. ■>
(Mém. Du Bellay, prol. du 5' livre, fol 8.)
Contingentement , adverbe. Fortuitement.
On a dit, en parlant de la prescience de Dieu sur
toutes choses : ■■ La science qu'il a d'elles est en
.< luy, et parluy eslahlemenl nécessaire; il les scet
« nécessairement, par soy mesmes qui est néces-
« saire, telles qu'elles seront, et adviengnent con-
« tinyentement, par leur nature, qui de soy est
« variable, telles qu'elles sont. "(AI. Chart. l'Esp.
page 379.) C'est-ù-dire qu'elles peuvent arriver, et
n'arriver pas, .selon la définition que donne l'école
du futur contingent.
(1) Lisez plutôt couteriaus. (n. e.)
(2) Voyez aussi le Dépit Amoureux, II, 7 : c< Homme ou démon, veux-tu mentenJre sdiis conteste. » (n. e.)
(3; Lisez conquierre. (N. E.;
co
- 214
CO
Continual)leinent,a(/i'C)'if. Conlinuellement.
« Ayde, je te prie, sire, et de tout mal contiuitable-
« ment me délivre. » (Chasse de Gaston Phéb. ms.
page 358.)
Coiitinuance, subst. fém. Continuation (1). « Le
« duc Philippe de Bouigongne fut Philippe l'as-
« seuré; et en longue continuance d'e.\périment de
" ses mœurs, et vertus, il fut nommé le bon duc
<• Philippe, en nom, et en titre. » (Mém.d'Ol. de la
Marche, p. 49.)
Continue, subst. fém. Continuité (2). « Que de
(I leur force , et continue , vostre estomach en
" devienne pantois. » (Lettres de Pasquicr, t. 111,
pag-e 220.)
De là, on a dit proverbialement :
1° 0 La conllniie emporte l'homme. « On se perd,
on se ruine en continuant, etc. (Oud. Cur. fr.)
2° « A la continue l'eau cave la pierre. » (Dict.
de Cotgrave.) Cette expression est encore d'us;ige.
3" « Bailler de la continue, « pour se comporter
de la même façon, continuer sur le même ton. ■> Du
« cousté des Suizes, je suis adverty qu'ils baillent
« de la continue aux Trançois. •■ (Lettres de Louis
XII, t. IV, p. 91.)
Continué, partie. Suivi. Ce mot, qui subsiste,
n'est plus d'usage dans cette façon ancienne de
l'employer: « Le samedi co?ji/}t(/(3 (3) du mardi, du
« mercredi, et du vendredi « pour le samedi et
le mardi, merci-edi et vendredi suivans. (Ord. t. V,
page 316.)
On a dit aussi : « Au dixiesme jour de ce présent
« mois d'octobre, et depuis, c'est assavoir le mer-
« credy vingt deuxiesme jour du dit mois, continué
« et dépendant du dit dixiesme jour. » (Procès de
.lacq. Cuer, ms. p. 215.)
Continuellement, subst. maso. C'est une faute
pour contenement, contenance, état, situation dans
ce passage : « Lors demanda l'estre, e\.\econtinuel-
« lement du roy Artus. « (Lanc. du Lac. t. III,
fol. 33.)
Continuellement, adv. Conlinuement, sans
interruption, de suite. « Octroyé au diz Juys, et
« Juives, leurs enfanz, geuz, et mesnie (domestique)
» le retour, demorer, et habitation audit royaume,
« jusques à vint ans continuellement entresivans,
« à compter de la date de ces présentes. » (Ord.
t. III, p. 473.)
VARIANTES :
CONTINUELLEMENT. Ord. des R. de Fr. t. III, p. 473.
CONTINELLEMENT. Beauman. p. 16 (4).
Continuenté. [Intercalez Continuentê, conti-
nuité dans Pierre de Fontaines (ch. 21, art. 51):
" Nus ne soit, fait le lois, escusés ni escoutés, ki
« devise le continuenté de se querelle, et ki veut
« par l'avantage de bénéfise mener se querelle par
'< devant divers juges. »] (n. e.)
Contire, verbe. Etre contrit, se repentir.
Sanz contire, et sanz salifier (satisfaire).
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. -482, col. 1.
VARIANTES :
CONTIRE. Eust. Desch, Poës. MSS. foL 482, coL 1.
CoNTRiRE. Guilleville , Peller. de la vie hum. (Falconnet.)
Contor , suJ>st. masc. Comtes. La finale or
semble, dans le passage suivant, exprimer le pluriel.
On l'employoit aussi au singulier :
Roi et contor
et aumacor (amiraux).
Fabl. MSS. de S. G. fol. 14, V
col. 3.
N'apostole (pape), n'empereour.
Duc, roy, ne prince, ne contour.
Ph. Mouskes, MS. p. 719.
VARIANTES (5) :
CONTOR. Fabl. MSS. de S. G. fol. 14, V» col. 3.
Contour. Ph. Mouskes, MS. p. 719.
Contour, subst. masc. Enceinte *. Compagnie,
cercle ^ .
*Ce mot subsiste au premier sens, qui est le sens
propre; maison ne diroit plus : « 11 s'en revint aux
« contours de Paris, » c'est-à-dire aux environs de
Paris (6). (Mém. de Bassomp. t. IV, p. 15G.)
^ On employoit aussi contor au figuré, dans le
sens oii nous disons cercle, pour société, com-
pagnie :
Quar qui m'eust dcné d'argent plaine une ter,
Ne lusse-je remés (resté) quatre jors en lor contor.
FabL MSS. du R. n- 7218, fol. 3«, V col. 1.
VARIANTES :
CONTOUR. Orth. subsistante.
Contor. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 343, V° col. 1.
Contournable, adj. Flexible, qui se tourne
(1) Dans Froissart, il signifie continuité : « La poissance et la continuance des enghiens avoient abatii les tois des
tous. » (III, 177.) (N. E.)
(2) Il signifie encore fièvre continue: « Or avint ainsi que une contenue me prist, par quoy j'alai au lit. » (Toinville, § 416.)
On lit encore au reg. 97, p. 38, an. 1366: « Il saigna tant qu'il entra en une continue, et acoucha au lit malade. » De même
au reg. 191, p. 128, an. 1455 : « Au villaige de Maignielz le mal de contimte et de corson [ou coursson d'après le reg. 209,
p. 2'23, an. 1482] avoit esté et estoit. » (N. E.)
(3) On peut lire continue : « L'an de grâce mil .CCC. vint et sept le samedi continue du vendredi après la Trinité. »
(.1.1. 69, p. 133.) (N. E.)
(4) Dans Beaumanoir, il faut lire conlinuelment : « Et s'il n'i pot estre par aucune resnable cause continuelment , jors li
doit estre donnés. » (N. e.)
(5) Dans Roland, on trouve rioîfur (v. 850) ; dans Partonopex, V. 9469, V. 9912, la foi'me est contor. Dans Drun de la
Montagne (v. 3604 et non 360(3, comme l'indique le Glossaire), on lit encore : « Car tout noble contour, Y seront en brief
temps, de quoi .Ihesu aour. » D'après les Usages de Darcelone (Du Cange, sous Comitorcs), le whergeld du conitor était deux
fois plus fort que celui du vavasseur et deux fois plus faible que celui du vicomte. En Gévaudan , en Auvergne et en
Rouergue, ils étaient, vers le xr' siècle, inférieurs au vicomte, mais supérieurs aux autres seigneurs. Au reg. JJ. 152,
p. 68, an. 1397, contour est synonyme de marguillier: « A Pasques eust un an, le suppliant fust fait et ordonné contour ou
marreglier de l'egUse et paroisse de Cuercey. » (n. e.)
(6) Ce sens est déjà dans Froissart (III, 225) : « Si fu prise et arse [Orcies], car elle n'estoit point fermée, et Landas et Le
Celle et pluiseur bon village qui sont là en ce contour. » Voyez encore t. VI, p. 354. (n. e.)
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215 —
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aisément. (Dict. de Cotgrave.) « Nous avons une
« ame contournahle en soy mesme; elle se peut
« faire compaignie. » (Ess. de Montaigne , t. 1 ,
p. 379.) On lit, ibid. t. II, p. 376 : « Souple, con-
« tournable, et accommodable à toute ligure. "
Contournemant , siibst. masc. L'action de
tourner *. Contour, circuit ^ (1).
* Au premier sens, ce mot signifie proprement
l'action de tourner. (Dict. de Monet.) De là, au
figuré, l'action de tourner à droite, à gauche, de
s'agiter. (Dict. de Cotgrave). C'est dans celte signi-
fication figurée qu'on a dit, en parlant d'un sanglier
pressé par des chiens :
Finablement, non obstant ses secousses,
Contournemeniz, et cruelles secousses.
Il l'ont à force, acculé contre ung chesne.
De la chasse royale du saoplier discord, par Frani;ois 1", p. 25.
^ On employoit aussi ce mot pour contour,
circuit, selon Monet, Dict.
VARIANTES :
CONTOURNEMANT. Monet, Dict.
CoNTOURNEMENT. Dict. de Colgrave.
Contourner , verbe. Détourner *. Boule -
verser ° (2).
* Dans le premier sens, on a dit contourner à son
profit, pour détourner à son profit. (Bout. Som.
Rur. p. 588.) Les Parisiens révoltés, ayant fait au
roi une offre d'argent qui fut acceptée, « ordonne-
« rent un receveur qui recevoitla somme de llorins,
« toutes les semaines, mais l'argent ne devoit point
» estre coM^oi/j'jic (3) ailleurs, ne bougé de Paris,
« fors pour en payer gens d'armes, s'on les metloit
« en besongne. » (Froiss. liv. Il, p. 15-i, an 1381.)
° Contourner est aussi employé par Froissarl, dans
le sens de bouleverser: « Fut le \)a^\s, contourné (4)
« en telle violence qu'on disoit lors qu'en cent ans
« advenir, il ne seroit pas retourné au point que
<< les guerres l'avoient pris. ■> (Froissarl, liv. II,
p. 57, an 1379.)
Contrabout, subst masc. Appui. Proprement
contreboulanl. Le molcontrabout ne s'est dit qu'au
figuré, et désigne » un héritage qui appartient à
« un preneur, à cens, ou renie, et qu'il affecte, et
« hypothèque, outre la chose qui lui est accensée,
« pour la sûreté du payemenl de la rente, ou du
« cens. » (Laur. Gloss. du Dr. l'r.) << Héritage laissé
« à litre d'accensemenl, peul estre renoncé pour le
« cens, en payant les arriérages escheus, si le rete-
« neur ne s'est obligé que de la pièce accensée ;
« mais s'il y a adjoulé contrabout (5), ou s'esl obligé,
« et ses biens, à payer le dit cens, et entretenir'la
" chose accencée, n'y sera receu, si bon semble
« au laisseur, ou accenceur. » (Coût. d'Espiiial,
Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 1134.)
Contraccorder , verbe. Accorder , mettre
d'accord.
Cûiitraccordanl au gentil son
D'un lut (luth), d'un cistre, ou de guitterre.
POL'S. de Jacq. Tahureau, p. ili.
Contractante, subst. masc. Contrat. Le con-
tractante nuptial est mis pour contrat de mariage,
dans le passage suivant : » Après le décès du mary,
« ou de la femme, celuy qui reste, ou le survivant
» d'eux, prend la juste moitié des biens délaissez,
« comme des dettes, et charges ; et les héritiers du
« défuncl, soit en ligne directe , ou collatérale,
« l'autre moite, sans avoir esgard à la coustume du
« lieu où la personne est décédée, ny ou les biens
.' sont assis et silii.ez, s'il n'estoit autrement con-
« venu par le contractante nuptial. » (Coût, de
Meupoit, iS'ouv. Coût. Gén. t. I. p. 747.)
Contracte, adj. au fém. Retirée, rétrécie. « El
« de la langue contracte dedans la bouche fredon-
» noit joyeusement, tousjours regardant l'Anglois. »
(Rabelais, t. Il, p. 185. — Voyez'ci-après Coktret.)
Contracter, verbe. Acquérir. Nous le disons
encore au figuré : contracter amitié, contracter
habitude. On disoit de même aulrelois contracter
seigneurie ou domicile, pour acquérir domicile,
s'établir. (Cout. de Clermont, au Nouv. Coût Gén.
t. II, p. 871.)
Contracteur, subst. masc. Contractant. (Voyez
Bout. Som. Rur. p. 640.)
Contraction, suhst. fém. Contrainte, force,
violence *. Traité, paction ^ (G).
* Dans la première acception, ce substantif est
formé du verbe contraindre. C'est dans ce sens
qu'on dit : « taillers et subventions, impositions,
« contractions, ou exactions quelconques, etc. »
(Ord. t. I, p. 593, art. 22.)
^ Dans la seconde acception, contraction vient de
contracter, et signifie, par conséquent, paction,
traité , comme en ce passage : « Par telle contrac-
« lion que vous avez ouy,'rut la paix faicte entre
« Lyonnel et Troylus. » (Percef. vol. Il, fol. 109.)
Contratluction, sw&sf. fer». Investiture. Il sem-
ble que ce soit le sens de ce mot en ce passage (7) :
(4) Co)itoi())(e«ieH« est un geste, un mouvement dans Palissy (64) et dans Du Bellay (II, 6, recto): « .\vec une petite
maniera d'irrision et contoxtrnement de nez, je les adverty qu'ils n'attendent aucune response de moy. » (N. E.)
(2) On disait aussi « contourner en son tort », pour déclarer coupable, « et mena tellement le pape quel il coniou nièrent
la royne Ysabiel et la condempnerent en son tort. » (Froissart, II, 40.) (n. e.)
(3) Coîiîoio'oé n'a pas le sens défavorable de détourner: « Et estoient là contournées et enbutes toutes les rentes
d'Èngleterre. » (Froissart, III, 311.) Le sens est plutôt affecter à. (N. e.)
(4) Ici contourné s'oppose à retourné, employé plus bas ; mais le sens est mettre en mauvais état : « Si commanda que il
entrassent en le terre de Chimay et le contournassent tout en feu et en flamme. » (Froissart, III, 75.) Sous la forme réfléchie,
il signifie se diriger : « Se contourna tous U plus durs assaus à cel endroit. » (Id., III, 337.) (n. e.)
(5) « Par manière de about ou contrabout li dessusdit preneur ont obligié , aloyé et abouté as dis religieus... une
maison. » (Ch. de 13.^ au cart. de Royaulieu.) (n. e.)
(6) Au XIV" siècle, il a le sens d'impôt : « Impositions, contractions ou exactions. » (Ord., I, 593.) (n. e.)
(7) II faut lire contradiction, comme dans Loysel (757): « Cessation, contradiction et opposition valent trouble de
fait. » (N. E.)
co
- 216
CO
« Droicls de pure faculté, foy, et hommage du
o vassal envers son seigneur, et choses tenues entre
« parsonniers (participants copartageant) par indi-
« vis, et droicts seigneuriaux sur les subjects, sont
« de soy imprescriptibles ; si ce n'est du temps de
« la contraduction es droicts de la dite faculté. »
(Coût, de Lorraine, Coût. Gén. t. II, p. 1078.)
Contradveu, subst. masc. Déclaration. » En
« chose mohiliaire écliet adveu, et contradveu ; et
« qui en déchet, aprèsce qu'il est deuement appleigé,
« paye d'amende soixante sols. » (Coût, de Tours,
Coût. Gén. t. II, p. '25.)
Contragage , suhst. masc. Obligation, dette
contractée. (Du Cange, au mot Contragagiamen-
tian.)
Contrahaut, adj. Contractant *. Confédéré °.
* Le premier sens est le sens générique. (Dict. de
Cotgrave et dOudin.) " Est présumée la ditte fraude
« quand, dedans l'an, il y a rachat fait par l'un des
« coiUruhans du dit eschange. » (Cout.de Meleun,
Coût. Gén. 1. 1, p. 107.) On disoit, au p\\n'ie\, parties
contraliaiites (ibid. p. 108) et iiuelquetois parties
conlraiens. (Ord. t. III, p. 45.)
^ Dans une signification plus particulière, contra-
hant se disoit pour allié, confédéré, proprement
obligé par contrat d'alliance. « Y entrèrent les
« Genevois ; mais comme contralians , et non
» comme subjects de l'empereur. » (Mém. Du Bellay,
liv. I, fol. 105.)
VARIANTES :
CONTRAHANT. Coût. Gén. t. I, p. 107.
CoNTRAifENT. Mém. du Bellay, liv. IV, fol. 102 V».
CONTRAIENS, plur. Ord. des R. de Fr, t. III, p. 45.
Contraheus, flf/y. Ce mot semble une faute pour
CoNTRAMEus, contraire, opposé, dans ce passage. La
rime en seroit aussi plus régulière:
Quar n'afiert (convient) pas à roi d'empire
S'uns fols se mesle de mesdire,
Que por ce soit contraheus (1),
Ainz doit estre forment joieus
Perdonner, et per apaier.
Pabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 233, V" col. \.
(Voyez CoNTRALiox ci-après.)
Coutraicdicion, subst. fém. Contradiction.
(Ord. t. V, page Cil). ) On lit contradiction dans une
autre copie.
Coiitraict, sut/St. masc. Contrat. « Disoit ceste
« defîenderesse qu'il n'y avoit point eu de décep-
« tion au dict contraict. » (Arr. Amor. p. 48.)
Contraignement, subst. masc. Contrainte.
On lit: « Sans torche, et sans contraignement [2). »
(Beauman. p. 287.)
Contraigueur, subst. masc. Qui contraint.
(Dict. d'Oud.n.)
Contraille, subst. fem. Querelle. Delà, faire
contraille, pour chercher querelle.
Quar mainte fois me lait contraille.
Blanchardin, MS. de S. G. fol. 189, V col. 1 et 2.
Contraiiné, participe. Aimé, payé de retour.
Du malheureux amant qui n'est point contraimé.
Poe?. d'Aïuad. Jamin, p. 75.
VARIANTES :
CONTRAIMÉ. Poës. Jam. p. 75.
Contr'aimé. Gouj. Bibl. fr. t. XIII, p. 187.
Contrainct, arfj. Lié*. Roide, ferme ^. Fléchi'^.
Apprivoisé °.
* La première acception vient du latin cons-
tringere, lier, serrer. On disoit contraint (3), en ce
sens, selon Nicot , el de Vh l'expression figurée
mariage contrainct, pour mariage contracté. » Le
« mariage contrainct par chier Ois noble homme
<■ Honfroy, duc de Glocesliv, avecques chiere fille,
« etc. " (.Monstrelet, vol. II, fol. "23.)
^L'acception de contrainct, pour ferme, roide,
est aussi tirée du mot lalin constrinyere. De !à, le
sens figuré de ce mot employé comme épithèle de
courage, pour ferme, inébranlable. « S'il ne fust
>■ plus sage, et de courage plus contrainct que
» plusieurs autres, il luy en eust été du pis. »
(Percef. Vol. IV, fol. 65.)
^ L'idée du mot contrainct, pris dans le sens de
lié, considérée sous un rapport différent de celui
qui précède, s'appli((uoil aussi figurément aux per-
sonnes. Alors contraint signifiôit modéré, fléchi.
« Pour le miracle qu'elle veil, compta tout le fet à
« son Seigneur; quan il eut ouy la dame, il fut si
« contraint, que luy qui esloil devant aspre comme
« ung lyon, fut doulx et débonnaire comme ung
« aig'ue'l. •• (Doctr. de Sapience, fol. 10.)
° Et de là, apprivoisé ; on lit, en parlant des
chiens, que ce sont bestes coustraintes. (Modus et
Racio, MS. foL 35.)
VARIANTES :
CONTRAINCT. Jlonstrelet, vol. II, fol. 33 V».
Contraint. Orth. subsistante.
CousTRAiNT. Modus et Racio, MS. fol. 35 R».
Contralncte de cour, expression. C'est le
droit par lequel on force quelqu'un devenir plaider
dans sa juridiction : « Lesquels vassaux, à cause
« de leurs fiefs, n'ont aucun exercice de jurisdic-
•< tion, ne contrainte de cour, mais doivent, et sont
« tenus eux, et leurs hommes, et subjects, plaider
« par devant les juges de leurs seigneurs chastel-
1 lains; sinon que, par l'adveu, et dénombrement
« du vassal, fust contenu, et porté, par exprès, le
« dit droit d'avoir jurisdiction, et contraincte de
« cour. " (Coût, de Poictou, Coût. Gén. t. Il, p. 612.)
Contrainctement, adverbe. Par force, avec
contrainte. (Dict. de Cotgrave.) « Si fut vaincue na-
« ture en vainquant ses atïeclions par humilité de
« foy, et fut volontairement contraincte ad ce
(1) La forme contyaVwus est aux fables de Marie de France, (n. e.)
(2) Voyez plus haut coitslrairjnement. On lit aussi au t. III des Ord., p. 294: « C(mlraigne>nen! de faire paier. » (N. E.)
(3) On lit dans Beaumauoir (VI, 6) : « Tele pot aie estre que Jehans doie estre contrains au tenir. » (n. e.)
co
217 —
CO
« qu'elle vouloil contrainctement. « (Al. Chart.
l'Espér. p. 285.) « Les soupirs ne sont qu'une impé-
« tueuse saillie de la douleur contreintenient rete-
« niie. » (Pasq. Lett. t. 111, p. 220.)
VARIANTES :
CONTRAINCTEMENT. Al. Chartier, l'Espér. p. 286.
CONTREINCTEMENT. Pasquier, Lett. t. III, p. 220.
Contraindre, verbe. Atlendre. Cette acception
singulière du mot contraindre se trouve dans le
passage suivant : « Envoyèrent leurs espiez, et
« contraignirent Tost (armée) du roy de France,
X duquel ils avoient oy parler, et dire qu'il venoit. "
(Cliron. S. Denis, t. I, fol. 2(J2.) On lit dans le latin
de Suger : « Suas insidias miserunt contra, expec-
<■ tantes exercitum régis. »
Marbodus, parlant des vertus du Saphir, s'exprime
ainsi :
Porter se volt mult chiastement
Et garder mult honcstement
Et ki issi la gardera
La povertez ne 1' eustreimlrn (1).
Marbodus, col. 1044.
Cet exemple semble faire voir que le mol contrain-
dre doit s'expliquer par presser, serrer de près,
quoique cette signirication ne s'accorde pas avec le
passage latin.
CONJUGAISO.N.
Il y a plusieurs mots à recueillir de l'ancienne
conjugaison de ce verbe prisdans le sens qui subsiste.
Contraignast, iinp. subj. Contraignit. (Eust.
Desch. Poës. mss. fol. 121.)
Contraindirent, prêter. Contraignirent. (J. Le
Fevre de S. Rem. Ilist. de Charles VI, p. 31.)
Contraindrent , prêter. Contraignirent. (Chasse
de Gast. Ph. ms. p. 383.)
Contraingne, subj. prés. Contraigne. (Beauman.
page 10.)
Contrai nsissent, imp. subj. Contraignissent. (Ord.
t. II, p. 207.)
Contrainsist, imp. subj. Contraignît. (Ord. t. I,
page 619.) (2)
Contraint, prêter. Contraignit. (Eust. Desch.
Poës. MSS. fol. 540.) ^3)
Contraintisvenient. [Intercalez Contraintis-
vement, par abus, par contrainte, au reg. .IJ. 172,
p. 558, an. 1423: « L'appatiz ou composition
0 contraintisvement mis sur iœWe paroisse. ■•](n.e.)
1 . Contraire, subst. masc. Contradiction, peine,
dépit, chagrin*. Ennemi, adversaire^. Figure de
rhétorique^.
*Ce mot s'employoit autrefois très souvent, dans
le premier sens, pour chagrin dans ce vers:
Ce poise à moi, ire en ai et contraire.
Lamlcrl, Po5s. MSS. avant 1300, t. I, p. 295.
Pour peine :
Tant me plaist li déduis d'amor,
C'oubliée en ai la douleur et contraire.
Baude la Kakerie, Ibid. T. IH, p. 1279.
Plus en et joie que contraire.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 49. R» col. 1.
Pour contradiction :
S'est la pucele escriée;
Se li dist un mot par contrera:
Vilains, force Is me fist faire.
Fabl. MSS. du R. n- 721S, fol. 115. V- col. 1.
De là, on disoit porter contraire, pour porter
préjudice, faire de la peine. « Il pouvoit justement,
" et loyaumenlywrto- guerre et contraire (4) au dit
« Henry, et à ses Anglois. » (Monstr. vol. I, f" 94.)
On di'soit aussi porter contraire, pour être con-
traire. « Le bon Roy, et tous ceux qui là estoyent
« leur portaient contraire. » (Percef. vol. IV, f° 46.)
" Contraire est proprement le même mot que
adversaire (.5). 11 s'employoil dans ce même sens.
(Voy. Closs. de Marot.)
Et plaignoit mesmes la douleur
Que ses contraires pourchassoient (cherchoient).
Vig. de Charles Vil. I. 1, p. 178.
C'est-à-dire il plaignoit ses propres ennemis des
maux qu'ils soutfioieiil.
De Dieu li donna si grant grâce,
Que souvent, sanz joindre, fuioient
Li contraire qui la veoient.
G. Guiarl, MS. fol. 30, V».
'^ On a donné le nom de contraire h une figure de
rhétorique, dont le nom consacré chez les rîiéteurs
est oxymoron, mot grec. On en donne pour exem-
ple: Espoir désespéré, pitié dêpiteuse, mourir en vi-
vant (6), etc. (Falconnet.) Ces exemples sont beaucoup
plus propres à expliquer en quoi consistoit celte
figure, que le passage embrouillé de Fabri qui en
parle dans son Art de Rhétor. fol. 60, V% et 61, R".
On employoit aussi le mot contraire, comme
substantif, dans le sens que nous lui donnons. C'est,
à proprement parler, l'adjeclif contraire employé
substantivement. A'ous disons encore : Ne croyez
pas le contraire. Mais on construisoil, autrefois,
cette façon de parler avec tiue, en cette sorte :
« Ne croyez pas le contraire ijue la pucelle au cer-
« cle d'or ne fust par trop dolente, etc. » (Percef.
vol. VI, fol. 75.)
Contrere est vraisemblablement une faute pour
contere, faiseur de contes, dans ce passage :
Gautier, dist le contrere, moult vous voi debonaire.
Or alez en maison, sans ire, et sans contraire,
Et je remaindrai ci pensis de votre afaire.
Fabl. .MSS. du 11. n" 7218. fol. 340, R" col. 1.
(1) Cicsteindra s'explique par la chute de n dans constringeve , comme la forme provençale coslraigner. (Italien
costrignere.) (N. E.)
(2) Voyez aussi lîeaumanoir, IX, 5. (N. E.)
(3) « Par vraie amour qui l'enyvra [Jésus] Et qui le contraint à ce faire [la Passion] Pour nous et no vie refaire. » (n. e.)
(4) Ce sens est dans Roland (v. 290), dans Froissart (II, 35, 220, 386), qui emploie l'eiiîVo» coii^faire au sens de contrarier;
« Ces paroles vinrent moult av contraire à la royne (II, 92) » ; dans lirun de la iVIontagne (807): « Por ce qu'oy retraire La
dame en la forest le grief de son contraire. » (N. E.)
(5) « Les ennemis à N. S. et les contraires de le foi crestienne. » (Froissart, II, 199.) On lit aussi au reg. 100, p. 461, an.
1369 : « Loys Larcevesque chevalier, fllx du seigneur de Taillebourc nostre contraire, qui tousjours a tenu et tient encore
la partie de noz annemis et contraires. » (n. e.)
(6) C'est ce que nous nommons antithèse de mots. (N. E.)
IV. 28
co
— 218 —
CO
VARIANTES :
CONTRAIRE. Rlondel de Nêlle, Poi^s. MSS. av. 1300, t. II.
CoNTREHE. Fabl. MSS du R. d» 7218, fol. 225, R» col. 2.
CuiNTR.viRE. Marbodus, col. 1654.
CuNTRAiRE. Marbodus, col. 1670.
2. Conlriùre, adjecli f. Opposé. Le mot et le sens
subsislenl; nous le citons pour rapporter cette
expression : « Par contraire action de cominande-
« ment, » c'est selon Bouteilier : « Si comme
« demander les choses qu'aucun tiendroit obligées. »
(Som. Rur. p. 153.)
Nous trouvons celte même expression (l)^ar COM-
traire dans ces vers :
Qui des ciex cuide ouvrir la serre.
Comment peut tel dolor soulTerre
S'il a Dieu"? c'ert (ce sera) dont p(tr contraire.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 320, R- col. 1.
Citons les proverbes suivans ('2) :
1. De chose contraire,
Nul bien ne retraire,
Ce dit li vilains.
Prov. du C" de Brot. MS. de S. G. fol. 114, R* col. 3.
2. Car toujours, par chose contraire,
Fault maladie des corps traire (tirei-).
Eust. Desth. Poès. MSS. fol. 542, col. 3.
C'est le proverbe latin ; contraria contrariis
curantur.
VARIANTES :
CONTRAIRE.
CuNTRAlRE. Marbodus, col. 4642.
CuNTRARius. Marbodus, art. 46, col. 1672.
3. Contraire, î)er/^e. Punir, baïr. (Dict. deBorel,
1'" add.) iNous avons vu le substantif contraire
signifier peine. Comme verbe, ce mot a dû naturel-
lement signifier punir, et il est pris en ce sens,
dans les vers suivans :
Moult ai folenient parlé,
Et Dex m'en devroit contraire,
Comme fol désespéré.
Tlùéb. de Navarre, Poés. MSS. av. 1300, 1. 1, p. 228.
4. Contraire. [Intercalez Contraire, contracter,
au reg. .1.1. 102, p. 81, an. 1370: » Ledit Jehan
« savoit que durant la vie d'icelle Jehanne, il ne
« povoit bonnement contraire mariage avec autre
« femme que elle, selonc conscience."» On lit aussi
au reg. 112, p. 47, an. 1377: « Icellui exposant qui
« avoit grand désir de contraire mariage avec
« Jehannette suer de Jehan lloudin. »] (n. e".)
Conti'airenient, adverbe. Avec contrariété.
D'une manière opposée, contraire.
Au gré des passions contrairement poussé.
Œuv. de Pb. Desportes, p. 274.
Contrait. [Intercalez Contrait, contrefait,
difforme : « Uisins l'eumeiia , si trouvèrent un
" contrait, quant il furent issie de l'ost; et li rois
passa par devant lui, et li contrais li crie. » (Vies
des Saints ms.; Du Cange, II, 572, col. 3.) On lit
aussi au Roman de la Chanlepleure :
D'une vieille boçue
Et d'un vilain contrait.
Comment est l'ame belle,
Quant li cors est si lait ?] (n. e.)
Contraite, subst. fém. Contraction. C'est le
sens propre de ce mot. De là il s'est pris, figuré-
inent, pour débilité, l'effet de la contraction.
De maie rente m'a rente
Mes cuers, où tant truis (trouve) de contraite :
Phisicien, n'apoticaire
Ne me pueent doner santé.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 332, V col. 1.
Contraitié , participe. Contracté , convenu.
« Declairons, et déterminons que toutes les dittes
« lettres, et obligaç.ons desdiz Lombars usuriers, et
« de touz leurs facteurs, faites, ou conlraitiés
» soient du tout entièrement, dores en avant,
« comme cassés, vaines, nulles, et de nulle valeur. »
(Ord. t. III. p. 645.)
Contraitier, verhe. Obvier*. Disputer, résister,
combattre ^.
* L'article précédent annonce qu'on disoit aussi
contraitier, pour contracter. Alors ce mot venoit
du latin contrahere. Lorsque contraitier signifie
obvier, il dérive évidemment A&contraire{^]. On lit,
en ce sens, dans une ordonnance : " Desierranz la
" pais, et la tranquillilé de iioslre royaume, voul-
« lans pourveoir, et contraitier aux périls, qui
« pourroient damager, etc. » (Ord. 1. 1, p. 643.)
^ Sans changer d'étymologie, ce mot s'employoit
figurément pour disputer, combattre, résister, pro-
prement aller contre.
Mainte querele
Avoit jà dedenz Lyon fête :
La gent l'arcevesque f\i preste
Au contraitier ; si s'encontrerent
Sus le pont de Sone, et trouvèrent
Gascoins qui furent haut montez.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvcl, fol. 73.
Contraiture. [Intercalez Contraiture, con-
tracture des muscles : « Ele se senti alegiée et
« délivrée de celé contraiture et du braz et de la
" jambe et de la cuisse senestres. » (Miracles de
S' Louis, p. 4G0.)] (n. E.)
Contralie. [Intercalez Cojifraiie, contradiction:
Sors me dist par contralie :
Quant ireis vos outre meir?
Gaces de la Bigne, p. H.] f>i. E.)
Contralier, verbe. Contrarier, chagriner. Ce
mot, dans S. Bernard, répond au latin molestus
esse; mot formé de contre, préposition, et du verbe
aller (4).
Grant pechié fait qui contralie
Dame qui est d'amors marrie.
Pailon. de Bi. MS. de S. G. fol. 148, V".
(1) On trouve aussi dans Froissart la locution dire du contraire, pour contredire. (III, 376 ; XIII, 41.) (n. e.)
(2) Voyez Leroux de Lincy (II, 462). (N. e.)
(3) C'est dans les deux cas un dérivé de contractus. (N. E.)
(4) Contralier est pour contrarier, coir.me contralieus est pour contrarieus. Cette mutation de )■ en l est fréquente lorsque
r est groupé avec les consonnes b. v, t {Ckalle pour Cliartes, palier pour parler) ; on a pu prononcer coji()'aj-/ie)', cnntrallier,
contralier. Dans l'italien, où r se prononce avec la langue, le fait est plus fréquent. (N. e.)
co
— 219 -
CO
Ly uns vers l'autre est irascus :
Ly uns l'autre contralioit.
Rom. de Brut. MS. fol. 57, R" col. 1.
On ne me sai -je mais en qui fier,
Puiske celé ke j'aim me cmitralie.
M- Gantiers d'Argies, Poës. MSS. avant 1300, t. III, p. 1131.
De là, on disoit se contralier, pour être fâché,
être mortifié :
Qi son désir
Pert, sans son bon accomplir,
Plus durement se doit contralier,
Que chil qi a furni son desirier.
Poes. MSS. du Vatican, n" 1490, fol. 145, R°.
On lit conlrolier dans le Rom. de Rou, page 22.
C'est probablement une faute.
CONJUGAISON.
Contralit, indic. prés. Contrarié. (Rom. de Rou,
MS. page M.)
Contraloies, pour tu fâches. (S. Bern. Serm. fr.
MSS. page 238.)
VARIANTES (1) :
CONTRALIER. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1228.
CoNTRALYER. Hist. de B. du Gnescl. par Mén. p. 323.
CoNTRALOiER. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 238 (2).
CoNTROLiER. Rom. de Rou, MS. p. 22.
Contraliié, adj. Fâché, mortifié. Nous venons
de voir se contralier, dans le même sens.
Ki d'autrui se castie (corrige)
Il en doit estre liés (joyeux) ;
Mais qui fait le folie,
Dont autre est castiiés ,
Sovent est cunlraliiés.
Focs. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1305.
C'est-à-dire celui qui .se corrige par les fautes
d'autrui doit en être bien aise ; mais celui qui
tombe dans les fautes qui servent à en corriger un
autre, est souvent fâché, mortifié.
Contraliox , adj. Contraire , opposé , contra-
riant.
Un vileins ot femme a espouse ,
Qui moult estoit contraliouse (3).
Fabl. MSS. de S. G. fol. H, Vcol. 2.
On lit dans le Chevalier de la Tour, Instr. à ses
filles : « Yre, convoitise, et hastiveté sont moult
« contrarieuses à conseil. » (Fol. 77.)
De 15 on disoit: de toz biens contralieiise (4). »
(Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 229.)
VARIANTES '.
CONTRALIOX. Fabl. MSS. de S. G. fol. 15, R» col. 2.
CoNTRALious. Guill' li Vin. P. MSS. av. 1300, t. II. p. 820.
Contralieux. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 229, V» col. 1.
CoNTRARiEux. Instr. du Ch" de la Tour, à sesfiUes, f» 77.
Contralision. [Intercalez Contralision, con-
tradiction :
Et cis respont par contralision.
Aubri, p. 155, col. 1.] (N. E.)
Contramour, subst. masc. Amour mutuel,
retour *. Terme de poétique °.
* Voyez sur le premier sens, les Dict. de Monet,
de Nicot et de Cotgrave. Dans les poésies d'Amadis
Jamin, fol. 120, on trouve une pièce intitulée:
Amour trionfnnt du contramour, où l'on voit le
mot àfTfçcoi qui répond à celui de contramour.
^ Contr'amours signifioit aussi une espèce de
poésie, suivant Goujèt. (Bibl. fr. t. XIII, p. 193.)
Contraninier, verbe. Animer contre*. Animer
de plus en plus °.
* Monet, dans son Dict. l'explique, au premier
sens, animer au contraire.
^ La seconde acception se trouve dans les Dict.
de Nicot et de Cotgrave.
Contrapplegement, subst. masc. Terme de
droit. C'est l'opposition aux applegemens ou com-
plaintes de celui qui veut rentrer en possession
d'un héritage (5). (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
VARIANTES :
C0NTR.1PLEGEMENT. Laur. Gloss. du Dr. fr.
Contre -APLEGEMENT. Godefr. Obser. sur Ch. VIII, p. 224.
CoNTREPLEiGEMENT. Cotgrave, Dict.
Conti'appleger(se), verbe. S'opposer, former
opposition, en termes de droit. (Laur. Gloss. du Dr.
fr. — Voyez Appleger ci-dessus.)
Contrariable, adj. Contraire, opposé. « Chas-
" cun d'eux estant 6'OHirar/aWes, etc. » (LesTri.de
Pétr.)
VARIANTES :
CONTR.\RI.\BLE. Tri. de Pétrarque, trad. d'Oppéde, f» 88.
CONTRÉABLE. Dict. de Borel.
Contrai'iance, subst. fém. Contradiction.
Le compagnon fut de son alliance
Bientost prest estre, et sans contrariance,
S'en sont partys, sur chascun son cheval.
Faifeu, page 54.
Contrass-de-pincel. 11 faut probablement lire
con trais de pincel ; c'est-à-dire comme trait de
pinceau, tracé avec le pinceau. Voyez Con, pour
comme, sons l'article Com. On lit, dans le portrait
d'une femme, qui de belle étoit devenue laide :
Ele avoit front bien compassé.
Blanc, ouni, large, fenestrié (découvert) :
Or le voi cresté, et estroit.
Les sourcieus, par semblance, avoit
Enarcans, soutieus, et ligniés
De brun poil, contrass de pincel, ....
Or les vois espars et dreciés (hérissés).
Poes. MSS. Vat. n- 1490, fol. 132, V.
Contrasseger, verbe. Assiéger à son tour.
Assiéger ceux qui font un siège. « Fut le duc contre-
« assiégé, et ot siège sur siège devant Belleperche,
« ce que l'on ne veit oncques en ce royaume. >•
(Hist. de Loys III , duc de Bourbon , an 1369 ,
p. 102 (6).)
(1) On lit déjà dans Roland (v. 1741) : « Pur Deu vos pri, ne vos cuntralie:. » (N. e.)
(2) Voyez encore Aubri, p. 161, col. 1. (N. E.)
(3) On lit aussi dans Partonopex (v. 5423) : « Ahi mors ! con les desdeignouse ! Ahi con ies contraliouse. » (n. e.)
(4) On lit aussi dans Flore et Blancheflor (v. 751) : « lia mors, tant par es envieuse. De pute part contralieiise. « (N. E.)
(.5) C'est aussi la caution que fournit le défendeur. (Coutume de Poitou, art. 16, 385, 397 ; Coutume de Laon, c. 2, art. 13.
e. 37, art. 5.) (n. e.)
(6) M. Chazaud (p. 86) imprime contrassiégé. (n. e.)
co
— 220 -
CO
VARIANTES :
CONTRASSEGER. Le Jouvencel, fol. 87 R».
Contre -ASSIEGER. Hist. d'Artus, duc de Bret. p. 775.
CcNTRESiÉGER. Mém. d'Ol. de la Marche, p. 203.
Contrasseinblée , suhst. fém. Assemblée
opposée. Proprement assemblée d'un nombre des
habitans d'une ville, en opposition contre une
antre assemblée d'autres habitants de la même ville.
(Bout. Som. Rur. p. 79G.)
Contrast, verbe au prêter. Nous ne le trouvons
que sous ce temps, dans S. Bern. Serm. fr. mss.
p. 79, où il répond an latin contraxit, de rinfinitif
contraliere, éiréçir, resserrer, serrer, accourcir,
contracter. S. Bernard, parlantdeDieu, dit: « Ancor
« volt de plus tarant giore essaucir nostre enferme-
« teit, car celé maisteiz {majestas) se contrast por
« ajunnre à nostre limon enm la meillor chose
« qu'il avoit, c'est lei meismes ensi k'en nostre
« personne fussent auneit ensemble Deus, et li
« lums [lumen), li maisteiz et li enfermeleiz. »
(S. Bern. Serm. fr. mss. p. 79.)
Contraste, subst. masc. Dispute, contestation.
Pasquier lait observer que nous avions emprunté
des Italiens le moi contraste, au lieu de celui de
contention. (Itech. liv. Vlll,p. 002.)
Contraster, verfce. Débattre, disputer (1). (Dict.
de Jlonet.)
Contrateudre, verbe. Attendre. La préposition
contre, employée dans plusieurs motsci-dessus pour
exprimer l'opposition, semble être explélive dans
le verbe contr'atendre, attendre. « Le dit sire de
>' Talbot, en eontre-attendant (2) ses gens de pied, fit
« mettre un..' queue de vin debout pour faire boire
« ses gens. » (Berry, Chron. p. 469.)
VARIANTES :
CONTRJVTENDRE. Berry, Chron. p. 469.
CONTRE-ATTENDRE. Le Jouveiicel, fol. 66 R".
CoNTRE-ACTKNDRE. Le Jouvencel, MS. p. 227.
Contrault, subst. masc. Contrat. (Borel, Dict.)
Notaire faull qui entre mille
Soit saig-', et loyal pour garder
Tous instrumens, et les former
Des contraulx, par voie soutile.
Eusl. Desch. Poes. MSS. fol. 79, col. 3.
« Il y avoit un garde du scel royal établi aux
« contraulx de la pfevosié de Bourges. >^ (Voy. Proc.
de Jacq. Cuer, ms. p. 31.)
VARIANTES :
CONTHAULT. Ord. des R. de F. t. I, p. 485.
Contraulx, plur. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 79, col. 3.
CoNTRAUT. Ord. des R. de F. t. 4, p. 69, col. 2.
Coutravant, subst. masc. Gageure, pari. Pro-
prement gage ; en contravant, en gage.
Moult d'avoir, n'en sai la some,
Donna, et d'arrière, et devant,
 mainte gent, par contravant, etc.
Ph. Mouskes, MSS. p. C64.
Je ne sai pourquoi, ne coument,
A Valenciennos ensement (aussi)
Dounoit cil om (cet homme) teus (tels) contr-avans.
IbiJ. p. 6G2.
Contraventeur , subst. masc. Contrevenant,
qui est en contravention. (iNouv. Coût. Gén. t. I,
p. 12(50.)
Contraventoire, s'ibst. masc. Contrevenant,
contraire.
Contravouer , verbe. Contredire celui qui
réclame. Avouer se dit de celui qui déclare qu'une
chose lui appartient, qui la reclame ; contravouer,
de celui qui conlreditcettedéclaration et qui prêtent!
que la chose est à lui : « Aucun prétendant droit de
'< seigneurie en aucune chose meuble , le peut
« advouer en la présence d'un sergent du lieu où
« est ledit meuble, en baillant caution d'ester, etfour-
>' nira droict, et est lesergent, qui reçoit le dit adveu,
" tenu séquestrer incontinciit la chose advouée,
" nonobstant oppositions, ou appellations ; et les
« dits adveuz , et séquestrations faits, les doit
« notifier, et signifier à la partie dont il sera requis
« par l'advoiiant, et le sommer de contravouer, si
« faire le veut, etc. » (Coût, de la Rochelle, Coût.
Gén. t. II, p. 637.)
1. Contre, subst. masc. Terme de musique (3).
On a dit, en parlant des oiseaux :
.... Font joyeuse chanterie,
De contre, de chans, et teneurs.
Cbasse et départie d'Amours, p. 285, col. 1.
Ce mot est employé figurément dans ce pas-
sage :
Trois choses sont d'un accord,
L'église, la court, et la mort :
L'église prend du vif et du mort,
L'église fait la teneur sans droiture ;
Noblesse tient la contre (4), sans mesure ;
Labeur ne peut à la taille fournir,
Si le dessus ne vient à soustenir.
Apologie pour Hérodote, p. 624.
2. Contre, arfi». Autrement, par contre, de quel-
que autre façon. « Quant aucuns prent bos (bois) à
« essarter, ou vignes planter, à chertaine redevance,
« et se oblige, par plege, ou par foi, ou par contre, à
« cens d'hiretage, à paier les rentes dou lieu qu'il a
« pris, etc. .' (Ueauman. p. 124.)
Ce mot est employé dans le même sens au passage
suivant :
.... Quant il avoit déserté (ruiné)
Aucune grant beste royal,
Adonc quenoit le desloyal
Contre, pour autre destruire.
Eusl. Desch. Pois. MSS. fol. 483, col. 1.
(1) Il signifie encore i» accuser : « Après ce que il aura esté défendu et contrasté par aucun des champions. (Assises de
.Ter., I, 157.) 2» S'opposer ; « Pour contraster à leur mauvaise volonté. » (Ord., V. 483, an. 1372.) (n. e.)
(2) 11 en est de même dans Partonopex, v. 4288. (N. e.)
(3) On disait au xvii'" siècle, haule-contre, l>asse- contre. (N. E.)
(4) « Bien estoit l'accord qu'on allast à rencontre, Mais comte Petillane chantoit d'une aultre contre. » (J. Marot, V,
115.) (N. E.)
co
221 -
CO
Contre (1) paroit explétif dans ces vers :
Lance ot d'une verge pelée (écorcée),
S'ot entor soi contre une fonde.
Fabl. MSS. du I\. n' 7G10, t. II, fol. 10-2, V" col. 2.
3. Contre, prép. Coalie. près*. Vis-à-vis^.
Entre '=. Au delà °. Suivant ^. Environ ''. Vers °
Au-devant ". .\vec '. En comparaison ". Pour "-.
Au lieu de ". Au contraire ".
* Au premier sens, contre, encontre, à ['encontre
se disent pour près. (Robert Estienne, Grammaire
fr. p. 99.)
■ ^ Contre est mis pour vis-iVvis dans ce passa2:e :
« Si oste une granl dame son chapperon, et se
« humilie contre uns taillandier la dame
« resi)Onditqu"elle ainioit mieulx Tavoirosté contre
" luy, que à l'avoir baissé contre un genlilliomme. »
(Le Chev" de la Tour, Instr. à ses lilles, fol. 0.)
C'est le même sens dans ces vers :
Se les doit un avoir plus chiers,
Et essauchier (exalter) et honuourer,
Et se doit on cnnlre eus lever,
S'on les voit aler et venir.
Fabl. MS. du P.. n- 7-218, lui. loi, R" col. 2.
De là, on a dit contre regart Inimains, pour à la
vue de tout le inonde. (Gace de la Bigne, des Déd.
MS. fol. 123.)
*^ Contre s'est mis pour entre dans ces vers :
Pour ce convient il distinger
Contre chien mastin et lévrier.
Gace de la Bigne. des Déd. MS. fol. 85, Vv
° Contre signifie au-delà dans ce passage. On disoit
contre sa puissance pour au-delàde sesforces: » Dieu
<■ neveult miequeliomine face contre sa puissance,
» mais qu'il face, ce que faire pourra bonnement. »
(Modus et Racio, .ms. fol. 2'ii;.)
^ Contre a eu la signification de suivant, conformé-
ment, dans cette citation : « S'il advient que aucuns
<. facent contrefaire, ou graver aucun scel, ou seaux
« contre (2), et à re.vemplaire des empraintes
« d'autres sceaux, etc. » {Ord. t. lll, p. 312.)
C'est dans le même sens qu'on a dit :
Polixena au corps parfait.
Contre qui l'image etoit fet.
Froissart, Poi'S. MSS. p. ;U8.
■^ Contre signifie environ, dans les cilations
suivantes :
Malade a moull geu oan (3),
C 'litre la feste de s. ,Iohan.
Blanch. MS. de S. Gerra. fol. 189, V- col. 3.
» Contre la S. Rerai, et la Toussaincts voulontiers
« fait fort (rude) tems. " (Froiss. liv. lII, p. 359.) [i]
'^ Contre a le sens de vers, dans ces cilations :
Contre son moustier regarda,
Sire Costant vit devant soi.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 77, V" col. 2
" L'emmenèrent contre France, » pour vers la
France. (Mem. d'Ol. de la Marche, liv. 1, p. 293.)
" Contre A le sens de au-devant, à la rencontre.
Isabelle , reine d'Angleterre , venant en France
implorer le secours de Charles le Bel, son frère , ce
prince " \'\i\i contre elle, et la baisa. » (Froissart,
liv. 1, p. 4.) {•:<,)
' Contre signifie avec, dans le partageque fit Louis
Vin, du butin pris au siège d'Avignon.
. . . . Li clergiés à la mounoie
Partist à moitiet, contre lui.
l'h. Mouskes, MS. p. 70i.
« Boufllers est seigneur chastelain, pour un tiers
« de la seigneurie de Milly, partissantt!t/?ii/'éî le roy,
« pour les deux autres tiers. « (Coût, du comté de
Clermont, Coul. Gén. t. I, p. 376.)
" Contre signifie en comparaison, en proportion ;
« Elle est encores trop jeune un peu contre vostre
« aage. » (Froissart, liv III, p. 353.) (G)
Dame, contre ce qu'ele est,
Me peut tote trover presl ;
La laide me done sols cent,
Por ce que Taise sent :
Et la belle me donne mains (moinsV
Fabl. MSS. de S. G. fol. i8, V col. 3.
On disoit au même sens :
Contre ce qui est riches hom.
Fabl. MSS, du R. n» 7615, t. Il, fol. 16i, V col. 1.
C'est-à-dire à proportion des richesses d'un homme.
^ On a dit aussi contre dans le sens de pour.
Lancelot du Lac ayant sonné un cor pour appeler
un chevalier au combat, on lui crie : •< Tu cornes
" contre ta douleur. >■ (Lanc. du Lac, t. II, fol. 128.)
Ou \\i contre son ilestonrbier, pour son malheur,
dans le Rom. de Brut. MS. fol. 11. « Contre la venue
« de notre roy , » dans Percef. (vol. I, fol. 95.)
" Contre est mis pour au lieu de, dans ces vers :
Un dous baiser me fut si savo\irous.
Que je ne sai se mes cuers mes enblez (.volé)
Mes, contre inoy, s'en est en li entrez.
Gaces Brulle^, Poes. MSS. avant 1300, 1. II, p. 52fi.
" Enfin on trouve encontre, pour au contraire.
On a dit, en parlant d'Isabelle : ■ Quand elle avoil
« dit une parolle, c'étoit sans rappeller ; pour rien
0 elle ne iist encontre. » (Vied'Isab. à la suite de
Joinville, p. 172.) (7)
VARIANTES :
CONTRE. Rymer, t. I, p. 13, col. 2, titre de 12.56.
CuiNTRE. Marbodus, col. 1646 et 1654.
CuNTRE. Marbodus, col. 1G4<5, 1650, 1656 et 1674.
(1) Coyitre est là pour tout contre. (N. E.)
(2) Seaux contre signifie contre-sceau. (N. E.)
(3) Traduisez : est resté « longtemps au Ut cette année. » (N. E.)
(4) On lit encore dans Froissart (II, 262) : « Contre le mois de mai. » Ce sens est déjà dans Roland (v. 1431) : « Cuntre
midi ténèbres i a granz. » Ce sens s'applique à ce qui est dans l'espace comme à ce qui est dans le temps : « Cuntre dous
deiz l'ai de 1' furrer getée. » (Roland, v. 444.) (N. E.)
(5) De même au t. II, p. 26 : « C'.ii! de la cité vinrent contre lui moult révéramment » ; et dans Roland (v. 2822) : « Vient
curant cuntre lui. » Ce sens est dans Berte (78) et dans la Rose (v. 773.) (N. E.)
(6) M. Ivervyn imprime (XIII, 284) : « Elis est encoires trop jeunette ung petit contre vostre eage. » Roland donne aussi
(v. 1930) ; « Cuntre un de noz en truverat morz quinze. » (N. E.)
(7) Il signifie encore d'après : « Elle ajut d'un biau (ils qui eut à nom Jehans contre le duc .lehan de Brabant qui le tint
as fons. » (III, 202, Froissart.) (n. e.)
co
— 222 —
CO
Con(rc-à-cens, subst. masc. Terme de droit.
Ce inotparoît être le même queCoNTRARniTci dessus.
(Voyez ce mot.) « Chil qui rhiietno:e bailla à cens,
« ou îi louage, a seurté d'autre liirelage que Ten
« apele contre-à-cens. » (Beaumanoir (i), p. 201.)
Contre-accusation, subst. fém. Récrimina-
tion. Ce mot est répété plusieurs fois, dans lesMém.
Du Bellay (2), liv 9. fol. 280.
Conti'e-adveu. [Intercalez Contre-adveu, op-
position ù une demande ou complainte, d'oii
contrc-atlvoiier et contre -advnueur : -. Pour ce que
« Aymar Tison print et emporta dudit pré certaine
« quantilé de foing en herbe, Jehan ^[alasmas
« suppliant tist et forma sur ce par devant le
» sergent de la justice ung adveu à rencontre dud.
« Tison; lequel se contreadvoua: au moyen de
« quoy s'est meu et pend procès en la court de lad.
« justice entre led. .lehan Malasmas advoueur dune
» part, et ledit Tison contreadvoueur d'autre. Pour
« la nature desquelz adveu et contreadven, les
« fruiz dud. pré furent mis en la main de justice. -
(J.I. 194, p. 300, an. 1 i68.)] (n. e.)
Contre-aler, verbe. Passer outre. On a dit
contre, pour au-delà; d'oii s'est formé le verbe
contre-aler, passer outre, continuer son chemin.
Regarde sa mère, et voit
Qui li fet signe conlre-alast,
Et que de rien ne la parlast ;
Et quant il fu outre passez, etc.
Fabl. MSS. du R. n' 7-218, fol. 230, R' col. 2.
Contreangle, subst. fém. Ce mot, dans le
passage suivant, semble une faute pour contre-
ongle qui signilloit autrefois, en termes de chasse,
la même chose que contrepied : « S'il voit qu'il passe
0 par là, oîi il prendra son tour, son limier devant
« soi, il doit regarder si c'est de celluy cerf qu'il a
« destourné ; et s'il n'en voit bien à son ayse, il
- doit râler la contre-angle jusques à tant, etc. »
(Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 172. — Voyez ci-après
Contre-ongle.)
Contre-apoial. [Intercalez Contre-apoial ,
barre de porte dans la Chron. de S' Denis (D. Bou-
quet, m, 172) : « Il senti et s'aperçut que il portoit
» en sa main une verge de fer en lieu de baston
« d'autel, quantité comme le contreapoial d'un
•' huiz. »] (n. e.)
Contrearguer , verbe. Argumenter contre.
(Modus et Racio, ms. p. 20().)
Contreassaillii-, verbe. Attaquer à son tour.
« Je vous pourroy alléguer infinité d'exemples
« esquels plusieurs assaillis en leur pa'i's ontdiverty
« (détourné) l'ennemi, en le contre assaillant au
« sien.etsauvantleleur, ont acquis, et tenu celuy du
« dit ennemy. » (Mém. du Bellay, liv VI, fol. 194.)
Contre -avant. [Intercalez Contre -avant :
« AVarlain vint demander à icellui Sohier pour
« combien il lui vouldroit quitte ung contre-avant,
« qui est à dire ung agiie. » (JJ. 176, p. 344'
an. 1444.) (n. e.)
Contrebalance , subst. fém. Contrepoids.
(Monet, Oudin, Cotgrave et Mcot Dicl.)
Contrebander, verbe. Bander à l'opposite *.
Résister, contrarier ^. Se mutiner '^.
* Nous ne trouvons le premier sens que dans le
Dict. de Monet.
^ Monet el Oudin s'accordent sur le second sens.
C'est une acception figurée, émanée de la première,
qui est propre.
•= La troisième signification nous est donnée par
le passage suivant. C'est une extension de la
précédente. Se mutiner, c'est résister à l'autorité
d'un supérieur :
Gens de guerre jurent,
lllasphement, parjurent,
Mauldissent, conjurent,
Et se contrebandent.
Crétin, p. 167 el 168.
Contrebarcr. [Intercalez Contrebarer, ver-
rouiller: ■■ Et contrebarèrent les huis et les fe-
« neslres. » (Froissart, II, 408.) (n. e.)
Contrebarre, SH&sf. fém. Barre de porte. C'est
le sens qu'Oudin donne à ce mot, qui subsiste
d'ailleurs comme terme de blason.
Contrebas, adv
Monet, Oudin, Dict.
p. li.)
De là, on disoit :
1° l^ontrebas de
(Méi.:, du Bellay,
En bas, vers le bas. (Nicot,
- Voyez Poës. d'Amad. Jamin,
Pau , en descendant le Pau.
iv. X, fol. 318.) On lit fibid.
liv. lÀ, fol. 291) ': « Porter nos gens de pied, et artil-
«■ lerie contrebas l'eau. »
2" Pousser contrebas, faire tomber , précipiter.
« Vous verriez des plottes de neige que le vent
« pousse contrebas, etc. » (Mém. du Bellay, liv IX,
fol. 29G.)
Contrebas, subst. masc. Terme de musique.
« La troisième faisoit le contrebas de fleutes
c> doubles. « (Cartheny, Voyage du Chevalier errant,
fol. 45.)
Contrebasse, subst. fém. Basse contre. (Nicot,
Cotgrave et Oudin, Dict.)
Contrebatre, verbe. Disputer, contester* (3).
Faire une contrebatterie ^. Battre à contretemps '^.
* On remarque la première acception dans le
passage suivant : « Quand l'on s'est clamé d'autre,
« et celui de qui l'on s'est clamés a jour demandé,
« et l'autre l'a contrebatu, et court a esgardé, (jugé,
« prononcé) que il doit avoir jour, etc. » (Assis, de
Jérus. p. 41.)
^ et "^ Les deux autres acceptions : Faire une
contrebatterie et battre à contretems ne se trouvent
que dans le Dict. d'Oudin.
ir
(1) Beavimanoir donne aussi la forme contre-ceiis. (n. e.)
(2) « II court maintenant aux subterfuges de contre -accusation, disant. » (Ed. de i569, p. 493.) (n. e.)
(3) II signifle même défendre : « Je i sai bien men droit, pas ne m'en vois doublant ; Je le contrebatrai.
Seb., II, 832. (n. e.)
(Baudouin de
à
co
- 223 —
CO
VARIANTES :
CONTREBATRE. Assis, de Jéms. p. 40.
CON TREHATTRE. Oudin, Dict.
Contvehoive, verbe. Faire raison, répondre en
buvant h une santé qui nous a été portée. « Sur la
« fin du repas, je prins ma coupe d'or plene de
" vin, et après l'avoir présentée à la royne, qui en
« print le premier traict ; l'élevant à haute main,
« je donnay signe d'aller boire h tous, pour grau de
« mon départ'prest. Eux tous, d'autre part, mons-
« trans signe dejoye, conlrebeurent k moy avec
« fauste acclamation. » (Alect. Som. fol. GG.)
Contrebondir, verbe. Rebondir. (Nicot, Monet,
Oudin, Dict.)
Contrebote, subst. fém. Contrepartie.
Je ne rys plus, je ne rys plus, ma dame,
Car puisqu'il faiilt apprendre ceste game.
De dire adieu, rien n'entends à la note :
Mais un Dieu gard dira la coiilrebule,
Autant riant, quand te pourra revoir,
Que de pleurer maintenant fait devoir.
Les Marg. de la Marg. fol. BG3, V°.
Contrebouter, verbe. Arcbouter. Proprement
soutenir d'un contreboutant. (Oud. Cotgr. Dict.) Ce
mot n'est pas encore hors d'usage, au moins comme
terme d'art.
Contreçaingle. [Intercalez Conireçaingle ,
conlresanglon dans Froissart(ll, 153) : « Lors selles,
" peniaux, caiiigles et contreçalngles furent tous
« pourri. » De même dans Flore et Blancheflor
(v. 1191):
Les estrivieres et les çaingles
De soie avec les contreçaingles.] (N. E.)
Contrecarre, subst. fém. Opposition, résis-
tance. Proprement résistance en face; cart; signifie
face, comme on l'a vu : Montrer contrecarre à
fortune. (Machiavel, Disc, sur Tite-Live, p. 550.)
Ce mot entroit dans diverses façons de parler dont
nous allons donner le sens :
1° Donner pour contrecarre, mettre en opposition,
opposer. Deux conseillers du parlement de Paris
ayant été envoyés en Guienne, ausujetdes premiers
troubles de 15G0, M" de Burie fil venir deux conseil-
lers au parlement de Bordeaux, « afin de donner à
« ces commissaires pour contrecarre gens qui
« entendoientbien le chemin qu'il falloit prendre. >■
(Mém. de Montluc, t. II, p. 36.)
2° Mettre en contrecarre , mettre en parallèle,
comparer. « Si je metlois en contrecarre un simple
« gentilhomme ou seigneur avecque un prince du
« sang. >■ (Pasq. Recli. p. 506.)
S" Faire contrecarre, tenir tète, faire face. Ainsi
on a dit au figuré : « Je laisse une infinité d'autres
<■ beaux traits qui se trouvent espandus par ses
« oeuvi'es, lesquels /'o/U contrecarre à l'antiquité.»
(Pasq. Rech. p. 633.)
4° Tenir contrecarre, tenir tête, résister. « Us
« estoient gens pour leur tenir contrecarre. «
(Machiavel, Disc, sur Tite-Live, p. 382.)
5- Se faire contrecarre , se contrecarrer. » Se
« mettent à l'envy comme pour se faire teste, et
« contrecarre. » (Essais de Montaigne, t. III, p. 564.)
VARIANTES :
CONTECARRE. Oudin, Nicot, Dict.
CONTREQUARRE. Nicot, Dict. (1)
CoNTRE.'-QUARRE. Braut. sur les duels, p. 287.
CONTRESC.ARRE.
Contrecarrer (se), verbe. Se mettre en paral-
lèle. On a dit, en ce sens, en parlant des faux
nobles : « Ils semblent estre favorisez, et recognus
« par les vrayes nobles, avec lesquels ils se contre-
« carrent, au lieu qu'ils mériteroient, etc. » (Des
Ace. Bigar. fol. 14.)
Contrecause, subst. jém. Défense, réplique à
une cause. «Seront tantnosire dit advocat, que son
» substitut tenus, elobligés de tenir lidel et pertinent
» registre de tous causes, et contrecauses, etc. »
(Coût, de Haynaull, Nouv. Coul. Gén. t. II, p. 98.)
Contrecaution, subst. fcm. Garant d'une
caution. « Je vous bailleray le roy pour caution,
« qui ne fera point banquerouteje vous le promets,
« au moins s'il me laisse ménager ses revenus
« comme je l'entends, et je lui servirai encore de
« contrecaution, qui m'attends bien en le faisant
" riche, qu'il me fera tant de bien que je ne serai
« jamais réduit au salfran. ■> (Mém. de Sully, t. III,
p. 402.)
Contrecautionnenient, subst. mas. Caution-
nement, celui ciui fournil la parlie attai|uée qui se
défend. « Quiconque prétend quelque droit de
« propriété ou d'hérédité, ou encore de servitude,
» ou de franchise sur aucuns fonds, il est obligé de
« poursuivre son droit à l'ordinaire vierschare,
« (tribunal ) par cautionnement ; et la partie ,
« voulant venir en opposition contre cela, doit
« donner un cautionnement au greffe ; et le dit
« cautionnement, et contrecauLionnement , sont
« publiez, et insinuez par les ammans (greffiers). "
(Coût, de Furne, Nouv. Coût. Gén. t. I, p. 673.)
Coutrecedule, subst. fém. Contreleltre. (Oud.
Colgrave, Nicot, Monet et R. Estienne, Dict.)
VAIUANTES :
CONTRECEDULE. Oudin, Nicot, Dict.
CONTRESCEDDLE.
Contreceugle , subst. fém. Contresanglon (2).
Petite courroie où l'on attache les sangles. 11 paroit
que c'est le sens de ce mot, en ces vers :
En une selle à chevauchier,
Fault tousjours pannel, ou estrier,
Tasse boucle, espingle, ou mordant,
Contrecengle, etc.
Eust. Desch. Poi'S. MSS. fol. 252, col. 1.
Contrechange, subst. fém. Contr'échange.
« Le duc avoit faict porter parole de bailler à l'em-
(t) C'est l'orthographe dans le Pèlerin d'Amour (t. I, p. 97)
lui faire cund-equarie. » (N. E.)
(2) Voyez ci-dessus contreçaiyigle. (N. E.)
« Emportoit le prix des mieux disans, sans que pas un osast
co
224 -
CO
« pereur en contrechange (1) d'autres terres en
.. imiie. " (Mém. Du Rellay, liv. V, fol. 137.)
Contreclianger, verbe. Echanger (2). (Monet,
Colgrave, Oudin, Dicl.)
VARIANTES :
COMRECIIAXGER, Contreschanger. Nicot, Oudin, D.
Contrecharger, verbe. Coniraccuser, récrimi-
ner. ^Oudin, Cotgrave, Picl.)
Contrecharnie, subst. masc. Charme con-
traire, r.illel contre les cl;arnies, anuiletle. (Oudin,
Monet, liict.)
Contrechens, subst. masc. Surcens (3). (Gloss.
sur les Coût, de Beauvoisis.)
Contrecirconeision, subst. fém. C'est la
pratique opposée à la circoncision. (Charron, Sag.
page 240.)
Contreclain , subst. masc. Récrimination.
Plainte rendue contre une autre plainte : » Nous
« défendons bataille par tout nostre royaume, en
« toute querelle; mais n'osions mie les clains, les
« respcns, et eontreclains, ne tous les autres con-
'■ trevenans. " (Rech. de Pasij. p. 321.)
Contreclef, subst. fém. Fausse clef. (DuCange,
au mot Contraclavis.)
Contrecopiii", subst. masc. Plaque de chemi-
née*. Dédain, dégoût''.
* Ce mot subsiste sous la première orthographe,
dans ce premier sens.
^ On ne l'emploie plus dans la seconde acception
comme substantif. Autrefois on disoit :
Il fault que j'aye
Cimlrecueur, et que plus je haye
Celuy que sur tous plus amaye.
Al. Cliarlier, Pocs. p. 671.
Mais nous disons encorertt'o/rrt conlreccenrii). On
écrivoit autrefois ù contrccueur. (Oudin, Cur. fr.)
On ne dit jdus avoir contrccueur, employé souvent
dans le même sens. (Voyez Peicef. vol. VI, fol. 75.)
VARIANTES :
CONTRECŒUR. Nicot, Oudin, Dict.
CoNTRECUlîUR. Hist. du Th. fr. t. H, p. G7.
CONTRECUER. Fabl. IISS. du R. n" 7-218, fol. 292, V col. 1.
Contreconunun, adjectif. Extraordinaire.
<• Pour ses nouvelles, et contrecommunes inven-
« lions par luy introduites. » (Pasquier, Lett. t. II,
page 780.)
Contrecourber, verlic. Courber. Plier en sens
contraire. (Nicot, Mon. Cotgr. Dict.)
ContrecoinToiicer (se), verbe. Se courrou-
cer à son tour Se fâcher contre quelqu'un qui se
fâche. « Les femmes souvent se courroucent, afin que
" l'on secnutrecourrouce. •■ (Char. Sagesse, p. 139.)
Contrecréance, subst. fém. On appeloit /cf-
tres (Je eoutrecréance, des lettres contirmalives
d'autres lettres de créance. « Ce qui se peut véritier
» par lettres de contre créance rendues aux dicts
■•■ ambassadeurs. - (Mém. de Villeroy, t. VI, p. 2.)
Contrecreuser, verbe. Creuser. Du côté
opposé à celui où l'on a déjà creusé. « Où le voisin
<' auroil des auparavant creusé de son côté, le pro-
« priétaire d'autre costé ne pourvo'il contrecrc2;ser,
» etc. » (Coût, de Corze, Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 1090.)
Contrectei", verbe. Toucher. Du latin contrec-
tare. Peut-être aussi faut-il lire contrester, rés'isier,
dans ces vers :
Ne rien n'est qui cuntvecler l'ose,
Ne beste à qui paour ne face,
Quant elle regarde sa face
Faicte à la divine semblance.
Eust. Descl.. Po5s. MSS. fol. 47ti, col. 3.
Contrecui'ée, subst. fém. Pai tie d'une armure.
C'éloit la [lièce ou plastron qu'on meltoit sur le
venîre, pour se garantir des coups. « Se il [le che-
" valierj ne veaut gambison, il doit mettre devant
« son ventre une coiitrecvréc (5) de tele (toile)
« ou de coton, ou de boure delée (déliée, mince.) »
(Ass r'e Jérus. p. 8.i Du Cange, au mot Duellum (G),
cite le même passage. Curée, dans ce mot, est mis
pour cGi'urée, la place du cœur (Falconnet), ou pour
cou: :■: ;e, ceiuture.
Coiitredaigner, verbe. Dédaigner, négliger,
mépriser. On a dit : « Se homme laisse le suffrage
« d'oroison, il conlredaigne Dieu. » (Al. Charlier,
l'Espér. p. 373.)
Moult ont les Romains menaciez,
Et moult les ont co»tredaiijiiiez.
Rom. de Brul, MS. fol. 32, R" col. ».
VARIANTES :
CONTREDAIGNER. Al. Charlier, TEspér. p. 373.
CONTREDAiNGNER. G. Guiart, MS. fol. 29, R° (7).
CoNTREDAiGNiER. Rom. de Brut, MS. fol. 32, R".
Contredanse, subst. fém. Ce mot signifie
encore aujourd'hui une espèce de danse vive et
légère, où plusieurs personnes dansent ensemble;
peut-être la même que celles dont il est parlé dans
ce passage : « L'on eut un superbe balet que le duc
« dansa, et ensuite nous nous mîmes à danser des
» contredanses (8) jusqu'à quatre heures après
(1) « Sur la menacp de faire mourir en conirechaixjc ceux que teniez prisonniers. » (Sat. Ménippée, p. 146.) (n. E.)
(2) « Qui ne cnntreclHinge volontiers la santé à la gloire. » (Montaigne, I, 278.) (N. E.)
(3) Voyez coDireacens et contraboul. (N. E.)
(4) Froissart dit « avoir en contre-corciqc i^lX, 310) », où au xnr siècle on disait « avoir en contre cuer. » (Psautier,
folio 10.) (N. E.)
(h) Ed. Henschel, II, 951, col. 2, et sous Corata, id., 596, col. 3. (N. E.)
(6) L'édition Reugnot (p. 170) porte contrecuer, que M. Littré cite sous contrecœur, plaque de cheminée ; l'étymologie er
contre, plus corium, cuir, peau. (N. E.)
(7) On lit au v. 1112 (1(309) de l'édition : a Onques si filz n'I voudrent estre, Car nul tant ne le contredaingne. » (N. e.)
(8) H ne faut pas confondre cette contre-danse savante et polie avec le branle rustique qui vint d'Angleterre entre 1'
et 1723 et dont parle Falconnet : « Le bal ne fut pas trop bien ext^cuté, s'il faut parler ainsi, tant qu'on ne dansa que
danses sérieuses. Cependant il y avoit d'aussi bons danseurs et d'aussi belles danseuses qu'il y en eût au monde d
cette assemblée ; mais, comme le nombre n'en étoit pas grand , on quitta les danses françoises pour se mettre
contredanses. « (Hamilton, éd. de 1829, p. 143.) (N. E.)
co
225 —
CO
« minuit. » (Mém. de Bassompierre, t. III, p. 307,
an 1626.)
On pourroit dériver ce mot de l'angiois countrij-
dance, danse de campagne, de paysans(l). (Voy. note
de Falconnet.) Cette conjecture semble d'autant
plus vraisemblable qu'originairement les contre-
danses sont des danses de village. (Dict. de l'Acad.)
Contredigiier, verbe. Faire une digue. (Dict.
d'Oudin et de Colgr.) G'étoit aussi fortifier une digue.
Conti'edire, verbe. Défendre* (2). Confier^.
* Ce mot, au premier sens, s'éloigne peu de son
acception subsistante. Cependant on ne diroitplus:
Bien i parust rt'Odouart
Que il traistrent devers leur part,
Et cuidiijrent par un mariage :
Mes le roy des Frans en fu sage,
Qui au conte le coiitredist.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 68.
Contredist, dans S. Bern. Serm. fr. mss. p. 236,
répond au latin interdieet.
^ Contredire, dans la signification de confier,
paroit venir de coutradere, mot latin douteux :
« En ce temps furent peu mis de clercs en eves-
« chiez. Youlentiers contredist les églises à ceulx
« qui nouvellement estoient convertis en la foy. »
(Chron. S. Denis, t. I, fol. 55.)
Contredis, adj. Contredisant.
Quar il est fel, et conlrcdis
Quant jou de lui vois (je vais) escondis.
Ph. Mouskes, MS. p. 317.
Contredis, siibst. masc. plur. Sorte de poésie.
C'est le titre que portent dilTérentes pièces, dans le
Recueil des Poës. mss. av. 1300, t. 11, p. 910. C'est
proprement une complainte que l'on trouve ailleurs
sous le nom de descord ou diseord.
Contredisance, subst. fém. Contradiction.
(Oudin, Dict.)
Contrediseur, subst. masc. Contradicteur.
Celui qui contredit, qui s'oppose. (Voyez les Contr.
de Songecr. fol. 115.)
Contredist, subst. inasc. Dispute, obstacle,
défense*. A[)pel^. Terme de procédure '^.
* Ce mol subsiste sous la troisième orthographe
des variantes; mais son acception est 'moins
étendue, il ne s'emploie plus ligurément; autrefois
il exprimoit généralement toute fayon de s'opposer
h une chose, soit en disputant, soit en combattant (3),
ou autrement. On disoit faire contredit, pour
disputer.
Pourquoy feray- je contredit 9
Ma femme a esté à Valete (Valence'),
Elle scet tous les ars de Toulete (Tolède) :
Veez-vous comment elle argue (argumente).
Modus et Racio, MS. fol. 157, R'.
En bonne amour ne doit avoir
Ne mauvaislié ne contredit.
Fabl. MSS. du R. n- 7tH5, T. II, fol. 137, V" col. 1.
Ce mot signifie obstacle, dans ces vers :
Ainz que riens en soit trébuchiez
I metront contiediz et barres.
G. Guiart.MS. fol. 68, V'.
Contredit a le sens de difficulté dans ce passage :
" Quant le duc de Godefroy apperceut le contredict
» du passage, etc. » (Tri. des IX Preux, p. 466.)
On disoit aussi mettre contredit, pour se défen-
dre, s'opposer.
La dame qui moult l'ot chier
I mist un pou de contredit.
Fabl. MSS. du R. n- 7lM5, T. II, fol. 149, R' col. 2.
^ Appel 1er, en termes de procédure, c'est s'oppo-
ser à l'exécution d'un jugement ; de là contredit a
signifié appel dans cette expression : Ressortir par
contredit, c'est-à-dire par appel. Les ducs de Breta-
gne, parlant de Rennes et de ?^antes, ajoutent : « Ces
« deux principalles et capitidles villes de nostre
« duché ou toutes aultrcs juriditions resorlissent
« par contredit. « (Ord. des ducs de Bret. f" 366.)
'^ On dit encore contredits au pluriel, pour dési-
gner les reproches ou réfutation des pièces produi-
tes par la partie adverse. On le disoit au^si autrefois
des reproches ou réfutations contre les témoins
dont l'usage a été aboli par l'ordonnance de 1539,
suivant le Gr. Coût, de Fr. p. /i,33, à la marge. (Voy.
Laurière, Glossaire du Dr. Fr., et le Règlement qui
avoit été fait vers 1405, pour réformer les abus,
dans les Ord. des ducs de Bretagne, fol. 225.)
VARIANTES :
CONTREDIST. Hist. de Fr. à la s. du Rom. de Fauvel,f°89.
Contredict. Tri. des IX Preux, p. 46(3, col. 1, etc.
Contredit. Orth. subsist.
CoNTREDiz, plur. G. Guiart, MS. fol. 68, V°.
Contredit, partie. Disputé, défendu. Ce mol^
subsiste au propre ; mais il n'est plus d'usage au
figuré.
Ot, en la tourelle petite.
Pour estre asprement contredite,
Tiex (tels) serjanz mis qui la tendront
Tant que la mort dedanz prendront.
G Guiart, MS. fol. 279, R'.
Contredoulile, adj. Terme de banque. On voit
dansDuverdier : « Manière de tenir, et faire comptes
« par livres doubles , et contredoubles. » (Bibl.
p. 675. )
Contrée, subst. fém. Pays. Nous citons ce mot,
quisubsiste, pour rapporter les expressions suivantes
qui sont hors d'usage :
1° De povre contrée, de pauvre lieu, de pauvre
état. « Vous devez estre de povre contrée, veu que
« par les champs vous allez à pied a tout (avec) voz
« armes. » (Percef. vol. IV, fol. 30.)
2° Renouveller contrée, pour changer de pays :
.... Quant contrée renouvelle,
Je qruiers tousjours femme nouvelle.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 460, col. 4.
(1) Cette danse est décrite par Compan. (Dict. de la Danse, 1787, au mot Rond.) (n. e.)
(2) Ce sens est dans Froissart (III, 36) : « Car il ne trouvoient nuUui qui lor contredist le chemin. » II signifie encore
refuser : « Li rois ne li contredisait cose nulle que il volsist dire ne faire. » Ce sens est dans Roland (str. 2681. (N. E.)
(3) (I Alors entrèrent en ville sans gaires de contredit. » (Froissart, XIII, 72.) Ce sens est dans d'Aubigné (Hist., Il, 380) ;
« Ce chemin les mena sans contredit jusqu'à la contr'escarpe. » (N. E.)
IV. 29
co
^ 226 ^
CO
VARIANTES :
CONTRÉE.
CoNTKEiE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 43, en latin regio.
CuxTRÉE. Marbod. col. 1638(1).
Coiitre-écrire, verbe. Transcrire *. Ftéfuter ^.
* On lit au premier sens : « Il avoil preste, pour
« eontre-escripre , moyennant argent, le livre,
. etc. .. (Hist. de la Toison d'Or, vol. II, fol. 31.)
Monet dit que coHfî'C-e'cnre étoit « écrire par voie
« de controole, le même qu'un autre écrit. »
^ Conlre-écrire étoit aussi , selon Monet et
Nicot, « faire sur le même sujet un écrit contraire
« à l'écrit d'un autre, ou du sien même », propre-
ment écrire contre, ou écrire le contraire.
VARIANTES :
CONTRE-ÉCRIRE. Monet, Dict.
CoNTHESCRinE. Oudin, Nicot, Dict.
CONTREESCRiPRE. Al. Chartier, l'Espér. p. 297.
Contre-efforcément , adv. De toutes ses
forces. Le Closs. du P. Labbe, p. 510, IrMuil abu'ijcê.
Contre-embuscade, suhst. fém. Embuscade
opposée à une autre. (Voyez Mém.du duc deRohan,
t. l, p. 291.)
Contre-escus-ù-pistolet. (Voyez Du Tillot,
Hist. de la fesle des foux, p. 120.)
Contre-espée, suhst. fém. Epée de réserve, de
rechange. « Cliacun d'eulx aura , c'est assavoir
<> glaive, longue espée, contre-espée, et daigne. »
(Le Jouvencel, ms. p. 554.)
Contrefaçon, subst. fém. Déguisement, dissi-
mulation (2).
Beau dehors par la langue, et du reste à cœur joie ;
Quant à nioy, je dis fy de ces contrefaçons ;
Point de déguisement, etc.
Le Baron d'Albitrac, Thomas Corn, acle 5, scène 3, p. 85.
Contrefaicture, subst. fem. Déguisement,
changement de figure.
.... C'est laide chose en natui-e
Que de toute contrefaicture ;
Et 1rs bestes, qui nul sens n'ont.
Quant à ce, ne se contrefont.
Eust. Desc. Tofs. MSS. fol. 519, col. 1.
Genz ne sont pas celz qui nature
Deffont, por leur conirefaiture.
Hist. de Fr. à la suile du Rom. de Fauvel, fol. 76.
Le Chevalier de la Tour, dans ses Instructions à
ses filles, fol. 26, rapporte qu'un prédicateur, décla-
mant contre la nouvelle mode des coiffures des
femmes, avec de grandes cornes, disoit « que telles
« coinlises (parures) leUes contrefaictures, ettelles
« mignolises, ressembloient à l'yraigne qui fait ses
« reths pour prendre les mouches. »
VARIANTES :
CONTREFAICTURE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 519. c. 1.
CONTREFAITURE. Ibid. fol 57, COl. 1.
Contrefaire , verbe. Faire contre , faire le
contraire*. Faire de rechef ^. Peindre la ressem-
blance'^. Affecter, faire paroîlre °.
* Contrefaire a été employé pour faire le
contraire.
Sires est, et je suis chambrière ;
Ce qu'il faisoit par avant, contrefait (3) ;
Hurter ne veult plus à mon huis derrière.
Eust. Desch. Pol'S. MSS. fol. 230, col. 4.
^ Pour faire de rechef, refaire, recommencer.
Dans la lettre des fils du duc d'Orléans au roi,
contre le duc de Bourgogne qui avoit confessé le
meurtre de leur père, on lit : « Cela est moult cler,
« qu'après la dite confession ne convenoit, ne
« convient contrefaire autre solemnité, et negisoit
« (pour consistoit ou s'agissoit) la chose, ne gist
« aussi en autre examen de cognoissance de cause. »
(Monstrelet, vol. I, fol. 123.)
"^ Nous disons encore contrefaire pour imiter,
mais nous le prenons en mauvaise part. Autrefois
on employoit ce mot pour peindre la ressem-
blance.
Moult sauroit cil conter et faire
Qui sa beauté vorroit retraire (voudroit décrire) :
Por noient le commenceroit ,
Que nus ne la contreferoit.
Blanch. MSS. de S. G. fol. 176 V».
° De ceite acception nait la signification figurée
d'affecter, faire paroitre.
De pennes s'est bien atornée
La contesse, si a mandée
Toutes ses dames, sans eschars (sans exception) ,
Qu'eles viengnent dedenz les charz
Pour plus lebeuban (magnificence) conirefere.
FM. MSS. du R. n- 7218, fol. 75, V" col. 2
VARIANTES (4) :
CONTREFAIRE. Orth. subsistante.
CONTREFERE. Fabl. MSS. du R. n° 7218, fol. 75, V» col. 2.
Contrefaiseur , subst. masc. Imitateur ,
copiste. (Dict. de Monet et Du Gange, au mot contre-
factor (5).)
Conireiait, partie, et adjectif. Mal fait*. Faux,
imité °. Altéré, changé '^.
* Ce mot subsiste, au premier sens, en parlant
des personnes. Il s'appliquoit autrefois aux choses:
C'est li escuz à deus envers,
Qui resembloit un calevaz ;
C'iert (c'estoil) un escuz honteus, et maz,
Tort, et bocuz, et contrefez.
Fabl. MSS. duR. n- 7615, T. II, fol. 100, V' col. 1.
On appeloit, en parlant du cerf : « teste contre-
« faite celle qui a les perches boiteuses, et acoutées,
« et qui n'a mie la Iranchure belle. » (Mod. et Racio,
MS. fol. 18.)
^ On disoit, en parlant d'un homme dont le
portrait étoit peu ressemblant : « un tableau oii il
(1) Cette forme est déjà dans Roland (v. 3305). (n. e.)
(2) Ce mot a son sens industriel dès le xiii" siècle : « Se aucune euvre estoit trouvée vendant contrefaite à euvre de
elle seroit prise et arse. » {Livre des Métiers, 70.)
coural, dont raarchanz pourroient estre deceuz pour la contrefaçon ,
L'Académie n'adopta ce mot que dans l'édition de 1718. (n. e.)
(3) On Ut au fôl. 225 , avec le sens d'imiter : « Dame d'enfer, de tous biens amoureuse , Contrefaire voulez la
précieuse. » (n. e.)
(4) Le mot est au Roman de Brut (fol. 103) : « Mais il ne porent engin faire Que cil dedens ne contrefacent. y> (n. e.)
(5) Le mot est du xvr' siècle : « Mesmes l'un desquels estoit le contrefaiseur d'esprit. » (H. Estienne, d'après Raynouard,
sous Contrafazedor.) (N. E.)
co
— 227 —
CO
« est mal contrefait. » (Lett. de Louis XII, l. IV,
p. 339.) Son acception est plus générale dans ce
passage : " Fut fait une façon de tournois que je
« ne vis en ma vie qu'en ce lieu ; car le roy fit faire
« une ville contrefaite de bois, et tiroient à voilée
« par dessus la dite ville, comme si on y eut voullu
« faire batterie. » (Mém. de Rob. de la Marck, seig"'
de Fleur, ms. p. 340.)
'^ De là, ce mot signifioit changé, altéré. Une viie
contrefaite étoitune vue troublée. « As-tu la veue
« contrefaicte ? Non pas, par ma foy, car tu voys
« qu'elle a quatre piedz, et le poil roux pommelé. »
(Percef. vol. V, fol. 27.)
VARI.\NTES :
CONTREFAIT. Orth. subsistante.
CONTREF.ucT. Modus et Racio, fol. 8 V» et passim.
CoNTREFET. Fabl. MSS. du R. n° 7615, t. II, fol. 190, V».
CONTREFEZ. IlMd.
CuNTREFAiT. Marb. col. 1678.
Contrefeindre, verbe. Rendre, exprimer.
Si ne me suffiroient point
Les pleurs, les suspirs, le plaindre
A vivement contrefeindre
L'ennuy qui le cœur me poingt.
Œuv. de Joach. du Bellay, fol. 105, V».
Conircievme, subst. fém. Terme de procédure.
C'est une affirmation donnée contre une autre
affirmation. « Ferme, est venir par le défendeur,
« toucher à la main du bayle , en affirmant qu'il
« a bon droit. Contreferme est, par le demandeur,
» en mesme manière aussi qu'il a bon droit. »
(Coût. d'Acqs, citée par Du Cange, Gloss. latin, au mot
ferme de dret (1).) ■> La contreferme se faisoit quasi
« en toute interlocutoire, et en souloit (avoit cou-
" tume) prende le bayle, par chacune ferme, et
» contreferme , unze sols trois deniers, qui est
« aboly. » (Coût. d'Acqs, Coût. Gén. t. II, p. 085.)
Contrefermer, i!f î'&^. Affirmer contre, opposer
une affirmation à une autre. (Oudin et Cotgrave,
Dict.) » Faite' la ditte ferme, doit estre notifié à
« celuyqui aura fait faire la dilte main mise, lequel
« pareillement la doit contre fermer , ou conlre-
» piéger ; et faille la ditte ferme, ou contreferme,
« sont assignez à cour. " (Coût, de S. Sever, Coût.
Cén. t. II, p. 68(j ; ibid. p. 696.)
Contrefil (à), adv. A rebours. (Rabelais, liv. II,
p. 92.)
Contrefinesse, sub&t. fém. Ruse (2). Propre-
ment celle qu'on oppose à une autre ruse. (Monet,
Cotgr. et Oudin, Dict.)
Contreforcliier. [Intercalez Contre forch i er ,
résister : « Et se en ce faisant aucuns leur fait
« rescousse ou forche, ly devant dits religieux ou
« leurs commans ne porront contreforchier, ainz
<■ trairont au maieur et as jurés pour la forche
« oster. " (Cart. de Corbie, aii. 1296.)] (n. e.)
Contrefort, subst. mase. Contreboutant (3). Ce
mot subsiste, mais on ne diroit plus au figuré :
.... Il estoient contrefort.
C'est assavoir devers le fleble.
Hîst. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel. fol. 75.
Comment prendrai en moi confort ?
Que de mort me puisse deffendre :
N'en voi nul, tant ait grant effort.
Que des piex n'ost le contrefort :
Si fet le cors à terre estendre.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 332, V col. 1.
Contre-fossé, snbst. masc. Fossé, celui qui est
opposé a un autre. (Dict. d'Oudin, et Du Cange, au
mot Fossitm et UefossiDn.)
Contregage, snbst. masc. Droit seigneurial,
celui que les seigneurs prélendoient avoir d'arrêter
les effets de ceux qui avoieiit enlevé qucljue chose.
(Ord. t. III, p. 612, — et Du Cange au mot contra-
gagiamcntum.) Ce droit fut aboli par une ordon-
nance de Charles VII, en 1485, suivant l'éditeur
de Beaumanoir, p. 410.
VARIANTES :
CONTREGAGE. Laur. Gloss. du Dr. fr.
CONTREGAGEMENT. Beaumau. p. 171 (4).
Contregagner, verbe. User de représailles,
butiner à son tour sur l'ennemi. " Demandent les
« nobles qu'ils puissent user des armes, quand il
« leur plaira, comme par le passé, et qu'ils puissent
« gnerrcyer, ei contregagner {')). » (Cahier des Re-
montrancesdela province de Picardie,en 1815, art. 6.)
Contregaigier, verbe. Disputer. La significa-
tion de ce mot paroit tirée de celle de contregage, que
nous venons d'exposer ; arrêter les effets de ceux
qui nous enlèvent quelque chose (6). On trouve ce
sens, employé au figuré, dans les vers suivans:
L'un veult dormir, l'autre veillier.
L'un veult sa robe entourtillier
Pour le froit ; l'autre c ^ntregaige,
Et tire à soy ; lors vient buvraige
De mauvais vent qui fiert entre eulx.
Eusl. Desch. Poés. MSS. fol. 448, col. 3.
(1) Donné par la Chronique de Pierre IV d'Aragon, liv. III. ch. XII. (n. e,)
(2) « Qu'il emprunte d'Aristippus cette plaisante contrelinesse : « Pourquoy le deslierai-je, puisque tout lié il m'empesche. »
(Montaigne, I, 190.) (N. E.)
(3) Le sens que lui prêtent les cordonniers est au Livre des Métiers (228): « Nus cordouaniers ne puet ne ne doit mestre
bazane avecques cordouan en nule euvre qu'il face, se ce n'est en contrefort tant seulement. » (n. e.)
(4) (' Et por ce que c'estoit droitement mouvemest de guerre et de mortix haines, tix contrerjacjement sunt deffendu du
pooir et de l'auctorité du sovrain le roy de France. » (n. e.)
(5) Corrigez en contrerjarjer. (n. e.)
(6) C'est plutôt user de représailles : « Le procureur des doyen et chapitre de S. Estienne de Toul, accompagné du maieur
de leur ville de Voy, estoient venus en la ville de Bouée,... et avoient pris, battu, decouppé et emmené prisonniers en la
forteresse de Voy des hommes du S. de Ligny... Le presvost de Ligny envoya plusieurs fois par devers lesdits chapitre et
leurs gens, les requérant qu'ils meissent au délivre lesdis hommes et biens, et lui en feissent rendue ou recreance. Ils
repondirent qu'ils n'en feroient rendue ne recreance. Sur cette réponse , le prevost de Liney fut conseiUié qu'il feist
foiîfrcfyaiyier iceulx doyen et chapitre, comme l'en a accoustumé à faire au pais de Barrois à ceulx qui ne sont point
subgièz les uns aux autres, pour iceulx faire venir à raison. Pour ce ordonna ledit presvost que Hussenet et plusieurs
autres de laditte ville, tant à pié comme à cheval , alassent pour contregair/ier audit lieu de Bouée sur la terre desdis
dayen et chapitre. » (JJ. 138, p. 275, an. 1390.) (N. E.)
co
- 228 —
CO
Contregarde, suhst. fém. Ce qui garde, ce
qui préserve. (Monel et Oudin, Dict.) Ce'inot sub-
siste ea termes de fortifications.
Contregai'der, verbe. Garder, conserver,
préserver. (Monet, Cotgrave, Robert Estienne et
Oudin.) .< Contregarde l'oiseau, quand passeras les
« portes, et approcheras des murs, afin que, s'il se
« debatoit, qu'il ne se gastast , ou ses pennes. »
(Fouilloux, Faucon, fol. 69.)
Li rois va Gironne asségier :
Les tourbes (troupes) qui la conlregardent
A l'ariver, leurs fors bours ardent.
G. GuKirl, MS. fol. 212, R'.
Contregarder le lin fumant s'est dit proverbiale-
ment pour observer le feu sous la cendre, empê-
cher ou prévenir l'incendie au figuré. Mornay,
opposant la conduite du pape Adrien envers
Luther, et celle du papeClément envers Henry VIII,
à la conduite du pape Farnèse, dit, en parlant du
dernier : « Fut plus sage, mais trop tard, qui vou-
" lut lousjours bien espérer des hommes, Q\.contre-
« gardait le lin fumant tant qu'il pouvoit. » (Mém.
t. I, p. Gll.)(l)
Contregardeur, subst. mase. Conservateur.
(Monet, Oudin, Dict.)
Contl'eguetter. [Intercalez Contreguetter, se
mettre en gaide; « Icellui Saillant ne voult faire
« pai.K ne accort avec ledit Jehan le Comte ; et pour
« ce ledit Jehan le Comte, qui se coiitreguettoit, se
" tintsur sa garde. » (JJ.15j, p. 120, an. I îOO.)](n.e.)
Coutre-liastier, subst. mase. Ce mot subsiste
pour désigner une sorte de grands chenets de cui-
sine. De là Rabelais, t. III, page 205, appelle fol
contrehastier un homme qui s'aeagnardit auprès
du feu, qui est toujours près des contreluîtiers.
Coutrehaulte, subst. fém. Haute contre.
(Cotgr. Nicot, Monet, Dict.) Mcot dit que, •< selon
« l'énergie de la diction contre, dont ce mot est
« composé, il faudroit dire contre-haulte, comme
« conlremont; mais que l'usage a obtenu de pré-
« postérsr le mot. » Ainsi, dès le temps de Nicot,
on ne disoit plus contrehaulte.
VARIANTES :
CONTREHAULTE. Nicot, Dict.
CONTREHAUTE.
Contrehaut, adv. En haut. (Dict. d'Oudin.)
Contre-jengle , subst. fém. Réponse h un
dialogue. C'est le titre d'un fabliau ms. du Roy.
(Voyez n» 7218, fol. 214.) Comme ces dialogues se
chantoient, de là le mot jeng le, chanson, pour
dialogue.
Contreligiie, subst. fém. Ligue contraire.
Ligue opposée à une autre. (Mém. de Montluc, t. II,
page 175.)
Contrelouer, verbe. Louer réciproquement *.
Sous-louer °.
* Voyez, sur le premier sens, les Dict. de Cotgr.
Nicot, Monet et Oudin. En ce sens, contre-loiier
vient du latin laudare.
Mais rend leur la pareille, et fay que tu n'oublie
De les coiitrelouer, etc.
Œuv. de Joach. Du Bellay, fol. 319, V".
^ Ce mot est employé pour sous-louer, dans
Beaumanoir, et, pris en ce sens, il vient du verbe
latin locare. « Sechelui qui loue aucune chose par
« journée tient la chose contrelouée le volonté de
" chelui cui le chose est, etc. » (Beauman. p. 200.)
Il est clair que la chose contrelouée contre la
volonté de celui à qui elle est, n'est autre qu'une
chose sous-affermée.
Contre loy, express, culv. Contre les règles,
irrégulièrement. La même que Estre-loi ci-après.
Contre loy l'avoit espousée,
Sy s'en estoit moult vergondée (déshonoré).
Rom. de Brut, MS. fol. 100, V col. 2.
Contre lozenge, subst. mase. Espèce de vers.
Ils se lisoient dans un ordre bizarre. Le poète
Daniel d'Ancherres , « a fait , sur l'anagramme
« d'Anne de Montaud, doutant un asne; un sonnet
« en acrostiche, mesostiche, croix de S' André,
« contrelo-^enge, parsyllabes. »(Beauch. Rech. des
Th. t. II, p. 14.) Le eontrelo:ienge étoit une pièce
faite à l'instar an panégyrique de Constantin par
Publius Oplatianus Porphyrius, publié par Marc
Velser (Falconnet.)
Contrelumière, subst. fém. Contre-jour, ré-
verbération. (Dict. de Monet et d'Oudin.)
Contreluter, verbe. Lutter contre*. Disputer,
contester^.
* Le premier sens est le sens propre. (Oudin,
Cotgrave, Dict.)
^ On trouve l'acception figurée disputer, contes-
ter en justice, dans Britt. LÔix d'Anglet. fol. 188.
VARIANTES :
CONTRELUTER. Britt. Loix dAngl. fol. 188, R°.
CoNTRELUTTER. Oudin, Cotgrave, Dict.
Contremaire , subst. mase. Sous-maire.
" Gadifier Chartreuse maire, et contremaire de
« Bordeaux en 1451. « (J.Chartier, IIist.de Charles
VII, page 242.) Plus haut on lit sousmaire ^Ibid.),
comme contremaitre, et à peu près comme contre-
amiral.
Contremaud, subst. mase. Exception dilatoire,
délai*. Défenses^.
* En termes de pratique, contremaud est « une
« excuse proposée pour faiie remettre, ou différer
« une assignation. 11 y a cette difTérence entre con-
« tremand, et exoine. C'est que celui qui contre-
» mande remet l'ajournement à un jour certain,
« sans être obligé d'affirmer ; au lieu que l'exoine
« se propose sans jour certain, mais pour une
» cause certaine que l'on est obligé d'affirmer veri-
« table. " (Laui-. Gloss. du Dr. fr. — Voyez Gloss.
(1) Dans Flore et Blanchefleur (v. 2029) se contregarder signifie se garder : « Et quand il l'engien en saroit , Contregarder
miex s'en porroit. » De même dans Perceforest (t. VI, fol. 119) : « Et luy dist que le péril estoit de luy en cest an jusques
au mourir, s'il ne se conlregardo'U de plaisant regard qu'il pourroit faire sur aucunes créatures. » (n. e.)
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— 229 -
CO
sur les Coût, de Beauvoisis, Du Gange, an mot Con-
traniandare {\).) « Des exceptions dilatoires, y a
« diverses espèces, comme celles d'advis, d'absence,
« attente de conseil, de grâce de plaider par procu-
« reur, et autres semblables que mon ancien prac-
« licien appelle conlrcmans. « (Gr. Goût, de Fr.
liv. 111, notes, p. 317.)
De là, on disoit en général, dans le style ordi-
naire : contreniant, pour délai ; sans conh-emant,
sans délai, sur le champ.
Férue l'a
D'une raache en l'auherch blanc,
.Sans coniretiiant,
Emmi le champ portée l'a.
Huon d'Oisi, Poc's. MSS. av. 1300, t. Ul. p. l-2«4.
Je n'ose vous voir de peur qu'on n'en parle mal,
disoit un poëte à sa maîtresse; mais pendant ce
délai, ou vu ce délai, je vous envoie cette chanson.
Ains ira, pour contremant,
Cis cans (chant) jolis.
Adans li Bocus, Poés. MSS. Vatican, n' 1490, fol. «, V".
On lit par cojf^reman^, dans le Rec. desPoës. mss.
av. 1300, t. IV, p. 1387, où se trouve la même pièce.
^ On disoit aussi contremans, pour défenses :
Princes qui d'aler là se faint,
Considère les conlrcinmti:,
Saiges est ti dy, comme abstraint,
G'y renonce ; adieu les commans.
Eust. Descli. Poes. MSS. fol. 221, col. 3.
De là, cette expression :
Sanz paroles de coniremans.
G. Guiarl, MS. fol 28, R°.
G'est-à-dire sans refus, sans résistance. La signi-
fication de ce mol paroît plusdifhcile à délerminer
dans ce passage. Peut-être signilie-l-il ordre réitéré,
peut-être aussi coutr'ordre :
Lor envoia li quens de Flandres
A Furnes, ce dit li aprendres (la lettre),
Que par diz, que par coulreutauz,
Tant de Flamens, que d'Alemanz
Que, si comme aucuns hommes jurent,
Plus de LX.M. furent,
De trieves (trêves) prendre irréguliers.
G. Guiarl, MS. fol. 236, V.
(Voy. CONTREMANDEMEN'T Ct CoNTREMENDE Ci-aprèS.)
VARIANTE? :
CONTREMAND. Laur. Gloss. du Dr. fr.
CoNTREMANT. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 12S4.
CoNTREMANS, p/i(r. Gr. Coût, de Fr. liv. III, not. p. 317.
CoNTREMANZ, plur. G. Guiart. MS. fol. 236, V».
Contremandaut, subst. viusc Gelui qui pro-
pose le contremand. Celui qui remet l'assignation.
« Que tous coniremans, et essoines voluntaires, et
« qui ne seront causés de loyal , et nécessaire
« essoine, que li essonnans, bu contreniandans
« veullent jurer, soient osté, nonobstant cous-
« tume, ou"usage au contraire. » (Ordonn. t. III,
page 144.)
VARIANTES :
CONTREMANDANT. Ord. t. III, p. 144.
CONTREMANDERUES. Gl. sur Ips Cout. de Beauv.
Conti-emandement , subst. inasc. Délai *.
Coutr'ordre °.
* Au premier sens, c'est le même queCoNTREîiAND
ci-dessus. ■> Si que, par la malice, ou par le contre-
« mandement des hommes, ou dommage des par-
« lies, li jugement ne soient relardez » (Not. 30, 34.)
^ Sur la seconde accepLion, voyez les Dict. de
Gotgiave etd'Oudin, et Du Gange, au mot Contra-
mandatum. On expédioit des Ic'itves de eonlrenian-
dement, comme il paroît par le passage suivant :
« Il lui dépescha un chevaucheur d'escuirie avec
« lettres de contrentandement (2), et coulourant sa
« mutation d'advis, sur ce qu'il lui escrivoit avoir
« en main une entreprise. » (Mém. Du Bellay,
liv. Vil.)
Coati-emander, verbe. Proposer délai, diffé-
rer*. Mander en réponse^. Donner coutr'ordre'^.
Refuser ".
* Dans le premier sens, c'étoit un terme de bar-
reau, « faire savoir ([uo l'on ne peut comparoir au
« jour assiné. • (Gl. sur les Coul. de Beauvoisis.)
Faire proposer des excuses, pour se dispenser de
paroîlre au jour d'assignation. (Voyez Gr. Cout. de
Fr. p. 330.) On trouve dans Bouteiller, Som. Rur.
p. 21, un chapitre intitulé : " Ensuit comme on
« peut contvemander, ou exoinier à son jour. «
On se servoit aussi du mot eontre mander, avec
le même sens, dans le style urdinaire. Les comtes
de la Marche et de Bretagne, malgré la promesse
qu'ils avoient faite à S' Louis de l'aller trouver à
Chinon , ne vindrent , ne ne contvcmanderent.
(Ghron. S. Denis, t. II, fol. 50.) Le roi d'Angleterre
devant faire une descente en France, plusieurs
seigneurs allèrent pour le combattre, mais ils
furent trompés, car il ne vint ne ne contremanda.
(Chron. S.. Denis, t. Il, fol. 192.) De là, l'expression
sans contremander, sans délai, sans relard :
Tantost, sanz plus contremander,
Vint avarice demander
Que je nouvelles li deisse.
Fabl MSS. duR. n'7Gir>, t. I, fol. 116, R" col. 1.
^ Contremander, selon Nicot, a signifié mander
en réponse (3), en \t\[h\renuntiare. On disoit: « Il me
« manda qu'il n'en feroit rien, je Imcontremandai
'■ que, s'il ne venoit, etc. » (Mém. de Monlluc, t. II,
p. 192) " M' Bertran lui manda, par un sien hérault,
" et il lui eoiiterremanda, etc. » (Histoire de B. du
Guescl. par Mén. p. 482.)
"^ Contremander se prenoil dans le sens que nous
lui donnons encore pour donner contre-ordre.
(Oudin, Dict.) C'étoit, selon cette acception, que l'on
disoit contremander la trêve, pour rompre la trêve.
(1) Du Gange cite la Coutume d'Amiens (II, 574, col. 2 et 3). Le procureur chargé de présenter l'excuse était un
contremandere. (N. E.)
(2) L'édition de 1582 (p. 367) donne contrecomniandement. (N. E.)
(3) Ou répondre à un mandement: « Li arcevesques contremanda une foiz et autre et tierce foiz , et ot touz ses
contremanz ; et prolonja bien un an qu'onques ne respondi. » (Récits d'un Mén. de Reims, § 468.) De même dans Renart
(V. 17965) : « Mandé l'avez, bien un mois a ; Mes onques tant ne vos prisa , Qu'il vos daingnast contremander, Ne jor ne
respit demander. » (n. e.)
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- 230 —
CO
Des chevaliers ayant discontinué de combattre,
pour reprendre liaieine, l'un d'eux dit : « Je recon-
« gnois Sebille, et conlremande la trêve, trop
« avons tardé, mais gardez-vous de moy, car je
0 vous deffie » iPerceî'. vol. 1, fol. 114.) On lit con-
trevenir la Irève au même sens. (Ibid. fol. 1!G.)
VARIANTES :
CO.NTREMANDER. Ass. de Jérus. p. 27, 53 et 48.
CoNTEKREMANDER. Vie de B. du Guescl. par Mon. p. 482.
ContremaroUer, vevhe. Ecrire contre Marot.
(Gloss. de Marot.)
Contremarque, suhst. fêm. Marque, indice *.
Garantie ^. Heprésailles*^.
* Xous disons encore contremarque, dans le pre-
mier sens, comme Oudin.
^ Conirejnarque signifioit aussi garantie, sûreté,
caution. « La ville, lerre, et seigneurie de Noyers
« vous lient lieu decoiitremarque, pour la terre de
» .loux. » (Godefr. Observ. sur l'Hist. de Charles
VII, p. 848.)
'^ On disoit au pluriel, contremarques pour re-
présailles. « Les seigneurs hauts justiciers ayant
« leurs ofliciers prisonniers ne pourront user de
» contre-marque , pour appréhension d'aucuns
« d'officiers du seigneur l'ayant fait appréhender. ■>
(CouL de llayuaut, Nouv. CÔut. Gén. t. II, p. 01.)
Coutre-mejane, sub$t. fém. Espèce de voile.
La voile du perroquet du mât de misaine. C'est
celle qui est au-dessus de la voile, que l'on nomme
voile de misaine, du nom du mût qui la porte. On
nommoit autrefois celle-ci mejane, de l'espagnol
mesautt, ou de l'italien mez-i-aua. On nommoit
aussi, en espagnol, la voile supérieure à la misaine
couiramesana, d'où notre mot contremejane. (Voy.
Dict. d'Oudin.) Rabelais écrit méiane et contre-
meiane : « Feit mettre voile bas, meiane et contre-
« meiane, triou, maislralle, epagon, civadiere. »
(Rab. t. IV, p. 82.) « inse, inse auîx boulingues de
« contremelane. » (Ibid. p. 98.) C'est-à-dire hisse,
tire les cordes de la contremisaine
VARIANTES :
CONTREMEJANE. Oudin, Dict. fr. esp.
CoNTRE-MEiANE. Rabelais, t. IV, p. 82 et 93.
Contremende, subst. fém. Exception dilatoire.
11 semble que ce soit le sens de ce mol, pris figuré-
ment, dans ce passage :
Droiz dit: mar fu nez, qui me mande
Et qui wet mettre contremende
En droit faire, c'on doit amer.
Falil. .MSS. du R. n- 7(515, T. I. fol. 111, V' col. 2.
Contreinettre, verbe. Opposer. (Nicot, Robert
Estienne, Oudin et Gotgrave, Dicl.)
Contremire, subst. fém. Point de vue con-
traire. On nommoit mire le point où l'on vise. On a
dit contremire pour désigner un point opposé à
celui-là. C'est en ce sens qu'on a employé contre-
mire dans le passage suivant : « Ce que je viens
u d'alléguer n'est que pour vous donner une
« contremire aux imperfections de, etc. » (Contes
deCholières, fol. 118.)
Contremirer , verbe. Considérer en sens
opposé. On disoit remirer elco)itremirer, considérer
derechef et en tout sens. Un amant, à qui il étoit
arrivé un accident en présence de sa dame, dansun
tournoi , apostrophe la fortune en ces termes :
« Vous cuidez que les dames, elles damoiselles, les
« amans par amours, ayenl advis de remirer, et
« contremirer les adventures faiz en armes qui
« peuvent advenir à leurs amys. » (Percef. vol. I,
fol. 17)5.)
Contreinoiit, adv. En haut, en remontant. On
lit, dans S. Bernard (Serm. fr. mss. p. 15), Contre-
mont en hait, dans le latin in excelsum suprà.
(R. Estienne, Nicol, Monel. Oudin et Ménage, Dict.)
Ce mot subsiste en ce même sens ; mais on ne le
construit plus [l], comme autrefois, avec un régime.
On disoit : « Il courut le pluslost qu'il peut contre-
« ?)io»na monlaigne(2). » (Lanc.duLac, t.Ill, f°83.)
Mener contrcniont, signifie faire monter, dans ces
vers :
.... L'uis ouvri, sanz autre message ;
Son seigneur mena contremont,
Qu'ele amoit plus que rien au mont.
Fabl. MSS. du R. n' "615. T. II, fol. 1-25, R- col. 2.
L'usage de ce mot étoit fort commun. On s'en
servoil aussi en parlant des rivières, et l'on disoit :
« aller contremont la rivière (3), » pour aller contre
le fil de l'eau. (Nicot, Dict.)
Contremonter, verbe. Aller en haut, remonter.
(Gotgrave et Oudin, Dict.) « Ces deux grosses gale-
» re's n'eurent pas contremonté troiscens pas, qu'en
« approchant de Bade, furent tirées trois volées de
« canon, qui étoit le signal pour attaquer le fort. »
(Mém. de Bassouip. t. 1, p. 121.)
Ce mot, dans le passage suivant, paroît peu facile
à expliquer : » La traïson, et la conspiration que ils
« batissoienl contremontoit{A),el seurprenoit aussi
« comme chancres. » (Chroniques S. Denis, t. I,
fol. 107.) (5)
Sa signification n'est pas moins obscure dans
ces vers :
Est là Guillaume de Juliers,
Fils de la famé Gui le conte,
Qui bien set que ce contremonté (6) :
Tout ne l'en die on hu, ne han.
G. Guiarl, MS. fol, 236, V' (7).
Contreniunir , verbe. Fortifier. (Gotgrave ,
Oudin, Dict.)
Contrenaturer, verbe. Changer de nature. On
(1) C'est déjà un adverbe dans la Chanson de Roland : « Arabes ses mains en levât cuntrenuint (v. 419). » (n. e.)
(2) « Et montèrent contremont la montagne, où li Escot .avoient esté logiet. » (Froissart, II, 176.) (N. E.)
(3) « Ce qui montoit con/remont la rivière. » (Commines, I, 8.) (N. E.)
(i) Montait et s'étendait comme un ulcère (chancre). (N. E.)
(5) Dom Rouquet, VI, 152. (n. e.)
(6) Il signifie monter, valoir, (n. e.)
(7) Vers 4974 (13962) de l'édition, (n. e.)
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— 231
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a dit, en ce sens : » Ce seroit nous vouloir faire
« oisifs, et nous contrenaturcr, etc. » (Contes de
Chol. fol. 69.) On lit (ibid. fol. 230) : >• De gaillardes
« qu'elles sont de leur nature, les voilà conlrena-
« turées, en songeardes, mornes, et solitaires. »
Contrendroit, subat. inasc. Doublure. On lit
dans une citation de Du Cange : « 30 aunes de toile
« vermeîlle, à faire contrendroit. » (Gloss. lat. au
mot Miles (1).)
Contre-offrir, verbe. Opposer une offre ù une
autre. (Nicot, Colgrave et Oudin, Dict.)
Contreongle , subst. fém. et masc. Contre-
pied (2). Autrefois, en termes de vénerie, on disoit :
« Chacer le contreongle, c'est à dire le revers par où
« le cerf est allé. » (Modus et Racio, .ms. fol. 2i.) Ce
mot est souvent répété dans nos anciens auteurs de
vénerie : « Se les chiens boutent avant leurs roules,
« il peut descendre, et regarder s'ilz vont droit, ou
« la contreongle : si les chienz vont leur droit, ou
« plus yront avant, et plus crieront ; car ilz renou-
« velleront toujours leurs routes ; et s'ilz ont la
" contreongle, ilz feront tout le contraire. » (Chass.
de Gast. Phéb. ms. p. 2.71.)
Contreopposition (par) , Express, adverb.
Réciproquement. En latin vice versa. « Que tous
« les historiens se gardent bien de vouloir faire les
« scrutateurs des cœurs, en attribuant des afl'ec-
« tions vertueuses; et par contreopposition aussi,
« de vouloir imputer de méchantes intentions, etc. »
(Mém. de Sully, t. I, Avis au lecteur, p. 11.)
Contrepan,S!<isi. musc. Terme de coutume* (3).
Caution, assurance ^.
* Ce mot, formé de contre et du mot tudesque
pand, gage, s'est employé dans les anciennes
coutumes, dans une signification relative à son
étymologie : « L'ordinaire, è\, cowimmev contrejxin
« est l'estime du huitième denier de l'héritage
•< baillé à cens, ou rente, pour venir au rachat
« conventionel. » (Style des Cours séculières de
Liège, cité par Laur. Gloss. du Dr. fr.) « Gens spiri-
« tîiels, s'ils mettent, ou donnent par arrentemens
" aucuns héritages, retenans rente dessus, s'ils
« prennent arrière conirepan, la dite rente est à
« rachapt au denier vingt. » (Coût, de Nivelle, au
Nouv. Coût. Gén. t. I, p. 1202.) On lit « Gages,
« contrepans, et hypothèques. » (Ibid. t. II, p. 971.)
De là, on disoit héritages mis en contrepan, pour
héritages affectés, hypothéqués. (Laur. Glossaire
du Dr. fr.)
° Par extension de cette acception particulière,
cnotrepan signifioit, en général, dans le style ordi-
naire, assurance, caution. (Oudin, Dict.)
VARIANTES :
CONTREPAN. Laur. Gloss. du Dr. fr.
CONTREPAND.
Contre-paner, verbe. Compenser * Hypothé-
quer ^. Cautionner '^.
* Sur le premier sens, voyez Du Cange, au mol
Contropatio. « Selon le stille de cour laye, compen-
« sation, que les anciens appellent reconvention,
« elles ruraux l'appellent contre penner, (\n\ tout
« est un ; mais, selon les clercs , son droit nom est
« compensation, et ne se faict pour quelque lettre. »
(Bouteiller, Som. Rur. p. 323.) Il ajoute en marge
(Ibid) : « Ainsi le nomme mon vieil practicien, qui
« dict que le detteur peut contrepenner de sa
« dette. »
^ On disoit aussi contre ppanner, pour hypothé-
quer : rentes contrepannées snr héritages, pour
rentes hypothéquées sur héritage, « Que de cy en
« avant, pour toutes rentes dues, et contrepannées
« sur héritages, etc. » (Coût, de Mons, Coût. Gén.
t. I, p. 820. — Voyez Laur. Gloss. du Dr. fr.)
•^ Enfin, selon Oudin, contrepanner signifioit
aussi garantir, cautionner.
VARIA^'TES :
CONTRE-PANEB. Oudin, Dict.
CONTREPPANNER. Cout. Gén. t. I, p. 82G.
CoNTKEPENNER. BouteiUer, Som. Rur. p. 323.
Contrepanser , verbe. Imaginer à tort et à
travers. On a dit : Iiabits cnolrepunsés, chapeaux
frisés taillés à tort et à travers. (Voyez ci-après
CoNTREPENSER, daus le sens de rêver, imaginer.)
Contrepartie, sulist. fém. Copie*. Adverse
partie °.
* On a dit contrepartie, dans le premier sens, en
parlant d'une charte ou d'un contrat ; on lit la
contrepartie ou le double. (Mouv. Cout. Gén. t. I,
p. 390.)
° On a dit, dans un sens opposé, contrepartie,
pour partie adverse. « Quant l'une des parties colli-
« tigantes se rapporte de ses faits, ou d'aucuns
" d'iceux, ou serment de sa contrepartie , telle
« contrepartie doit purement, et simplement ieeux
" fais affermer, ou nier. » (Cout. de Tournay, Cout.
Gén. t. II, p. 954.1 » S'enlredonnerent moult de
« pesans coups ; mais tant estoit pesante la contre-
« partie de Pallides, qu'il convint Pallides tumber
« par terre. » (Percef. vol. IV, fol. 123.)
Contrepasser. [Intercalez Contrepasscr dans
G. Guiarl, t. Il, p. 144, v. 3709 (12693):
Cis rois, que mors contrepassa
Quant de ce siècle trespassa
Par le lancement de sa l'onde.] (n. e.)
Contrepensaiit, subst. musc II signifie celui
qui forme des projets opposés à ceux que l'on fait
contre lui. Ce mot est employé dans les deux
proverbes suivans :
1° Bon l'auroit le pensant, si ce n'estoit le contre-
pensant. C'est-à-dire celui qui projette auroit beau
(1) Du Gange, II, 400, col. i, d'après un Compte d'Etienne de La Fontaine (1351-1352) qui a été publié par M. Douëtd'Arcq.
(Comptes de lArgenterie, p. 80 et 199. (n. e.)
(2) D'Aubigné (Hist., III, 539) a dit au figuré : « Un seul bastimeut qu'il deffit pril le cimtr'oyigle de sa réputation. » (n. e.)
(3) Il est synonyme de conirabout et conlrecens : « Il doit mettre contrepanl si suffisant que joint avec le gage ou bien
principal, il puisse estre estimé le tiers meilleur que les biens heritables. » (Du Cange, II, 577, col. 1.) (N. E.)
co
— 232 —
CO
jeu, si celui rentre lequel il projette le laissoit faire.
(Froissart, liv. 111, p. 1I2.)(1)
2" Puur ce l'aumient les penseurs, se n'estoijent
les cou Irepe liseurs. C'est le même proverbe exprimé
d'une fat'on différente. Il a la même signification
que le précédent. (Froissarl, liv. IV, p. 35.) (2)
v.\r.iA>TEs :
CONTUEPENS.\NT. Froissart, liv. III, p. 113.
CONTREI'ENSELR. Ibid. liv. IV, J). 35.
1. Contrepenser, verbe. Rêver, imaginer.
(Mcol, Oudin, Cotgrave, Dicl.)
.\mours fait bien un home mieux valoir
Que nus (nuli fors li, ne porroit amender
Les granz désirs done dou douz voloir,
Tex (tels) que nus lions ne peut cn))lrcpcns-e>:
Chans. MS. du C." Thibault, p. 1)1.
« Adonc il pensa, et contrepcnsa assez, s'il se
« donroit donneroit) à congnoistre au chevalier. »
(Percef. vol. III, fol. 25.) (.3)
2. Contrepenser, suhst. niasc. Pensée opposée
à uue autre qui la détruit, en empêche l'effet, ce que
nous appelons réllexion :
.... Maintes gens sont reculez (détournez)
D'acomplir leur mauvais penser,
Perce que le conirepeiiser
Leur pensée, qui est senestre (mauvaise),
Ne leur delesse à fin mettre.
Hist. de Fr. à la suite du Rûiii. de Fauvcl. fol. 67.
Contrepeser, verbe. Contrebalancer *. Com-
parer °.
* Ce mot subsiste, au premier sens, et sous la
première orthographe. 11 se construisoit autrefois
avec le datif : ■> Voyant que, du commencement et
« l'ordre, despend l'issue, et le danger, et le prouffit:
» trouvant après que le prouffit ne eontrepoise
«' point au danger, etc. » (Mém. du Bellay, liv. VII,
fol. 207.)
^ La signification de ce mot devient active dans
le sens figuré de comparer. «< Contrepcsant nos
« foices avec celles de l'ennemy; nous les avons,
« quant au nombre, trop plus grosses. ■> (Mém. du
Bellay, liv. VI, fol. llt-'t.) (4)
V.^lUAXTES :
CONTREPESER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 350.
CoNTREPOiSER. Mém. Du Dellay, liv. Yll, fol. 207 V.
Coutrepeter, verbe. Contrefaire , parodier.
« Ce qu'à la vérité j'estimay estre plus propre pour
« rire entre telles gens, que de \ou\oir contrepeter,
« ou, par trop giande curiosité, regenner le deca-
« meron de Bocace. » (Des Ace. Escr. Dijonnais,
fol. A.) « De peur d'ouir le doucement mieleux, ou
« le mieleusement doux chant des sirennes, s'il
». m'est permis de pleiadiser, c'est à dire contre-
« peter (5) le langage de messieurs les poètes de la
« pléiade. » (Apol. pour Hérodote, p. 5G.)
Contrepèteries, subst. fém. pliir. Parodies.
C'est la vraie signification de contrepèterie, que
Des Ace. appelle improprement équivoques (G). (Dict.
Etym. de ilénage ) « De ceste inversion de mots,
« nos pères ont trouvé une ingénieuse, et subtile
>• invention que les courtisans anciennement
« appelloient des é'iuivoques; ne voulans user du
« mot, et jargon des bons compagnons qui les
« appelloient des contrepeteri.es; par exemple:
« un chapeau de roses, un rapeau de choses. »
(Des Accords, Bigarr. fol. 70.)
Contrepetit, subst. masc. Equivoque (7). On
disoit contrepefils de cour, et ce mot est mis avec
rébus dans l'Ait. Poët. de Sibilet, liv. II, p. 152.
Coulrepicquer, verbe. Coudre en arrière-
point. (Cotgr. et Oudin, Dict.) (8) C'est la signification
propre du mol espagnol pexpuntar, ou pespuntar,
par lequel Oudin rend notre ancien" mot coiitre-
piquer.
Contrepleder, verbe. Contester. Disputer en
justice. On a dit : contrepleder la garauntij pour
refuser d'être garant, nier qu'on soit tenu à la
garantie. (Britt. Loixd'Angl. fol. 199.)
Contrepleoe, subst. masc. Seconde caution*.
Second gage °.
*Au premier sens, c'est le répondant du répon-
dant. (Nicot, Monet, Oudin, Cotgrave, Laur. Gloss.
du Dr. fr. et Du Cange, au mot Contraplegii.)
^ï)e\h.coHtrepIege (9) s'est employé pour un gage
donné par surcroît, gage qui répond de celui qu'on
a déjà donné. <• Il faut que ce plege, ou fiance,
.' baille un contreplege qu'ils appellent arrière
« fiance. » (Apol. pour Hérodote, p. 240.)
vAisi.\-NTi:s :
CONTREPLEGE. Gloss. de Laur. .\pol. pourHérod. p. 240.
CoNTREPLEiGE. Oudiu, Nicot, Dict.
Contrepleger, verbe. Terme de coutumes.
Certifier pour la caution. On lit rapleger, au même
sens, dans ce passage : « Le rançonna depuis, de
" douze mille francs, dont il en paya quatre mille,
" et son fils François d'Auberthicourt, demoura en
« ostage pour le demourant, devers le duc de
" Bonrhon qmV avait raplegé. » (Froissart, liv. I,
(D Dans Kervyn (XI. 336) : « L'on dit à la fois, et vray est : « bon l'auroient 11 penseur, ne fussent \i cnntrepenseur. » (N. E.)
(2) Dans Kervyn (XIV, 97) ; « Pour ce Tauroient souvent bel les penseurs, se n'estoient les conlrepeuseurs. » (N. E.)
(3) Dans Froissart (IV, 371), il signifie réiléchir en sens contraire : « Aussi chil dou chastiel pour euls defïendre ,
coi)rfe;)ews()!eii/ à rencontre tousjours. » Au reg. 169, p. 217, an. 1416, il signifie seulement méditer: « Pour aucunes
conspirations, monopoles et conjuroisons longtemps apensées et contrepensêes. » (n. e.)
(i) On lit déjà dans Beaumanoir (XLV, 25) : « Et por ce pot on mètre à paine trop grant estimation en contrepeser le
daniace du servage à le feme. » (N. E.)
(5) Voyez le mot suivant, (n. e.)
(6) C'est une transposition de lettres qui, par un hasard de prononciation, forme un sens ridicule, par exemple : Trompez,
sonnettes, pour : soimez trompettes, (x. e.)
(7) Rapprochez du mot précédent. (N. E.)
(8) Amyot (Flamininus, 15) a dit au figuré : « Pour le conlrepicqucr d'un pareil traict de mocqueri >, il felsl une chanson
à l'imitation de la sienne. » (N. E.)
(9) Onioiinanees, IV, p. 71(!, an. VSCS. (n. e.)
co
— 233 -
CO
p. 406.) On lit à la marge: « Nousdisonsaujourdhuy
« contreplegé. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
VARIANTES :
CONTREPLEGER. Froissart, p. 406, et la marge.
CONTREPLEGIER. G. Guiart, MS. fol. 212, R».
CoNTREPLEiGER. Oudin, Dict.
Contrepoids, Contrepoiseï". [Intercalez
Contrepoids, Contrejwiser. On pesait autrefois les
enfants malades devant les tombeaux et les reliques
des saints; puis l'on rétablissait l'équilibre avec du
blé, du pain, des fromages qu'on oITrait au saint,
en y ajoutant de l'or ou de l'argent. Cette coutume
subsistait au xvn' s. en Belgique : « Le suppliant et
« Perrenet Mourin estans en l'église de S. Quentin,
« virent en une chapelle où l'en contrepoise les
« malades. » (JJ. 184, p. 1G5, an. 1451.) On lit
encore aux Comptes de la fabrique de S' Pierre de
Lille (xvi' siècle) : » Jeanne N. pour le contrepoids
« de son enfant, deux solz. »] (.n. e.)
Contrepoil, express, adv. A rebours. Nous
disons aujourd'hui à contrepoil (1), mais seulement
dans le sens propre.
Je floris quant il yverne (il est hiver),
Et quant il fet esté je rime,
Ainsi contrepoil rimuime.
Fabl. MSS. du R. n" 7-21R, fol. 01, V col. 1.
Contrepoinct, subst. nuise. Terme de musi-
que*. Obstacle, opposition ^.
* Le sens propre désigne un chant qui fait har-
monie avec un sujet donné. C'est en ce sens qu'il
est employé dans Rabelais, t. Il, p. 1C5, et dans le
Blason des Faulces amours, p. 208 ('2). Nous disons
encore contrepoint , avec cette signification.
L'étymologie se tire des points que l'on employoit
autrefois dans la musique, au lieu de notes. 'On
trouve dans Du Cange, cantus conlrapimctus, pour
contrepoint.
On disnit en ce sens :
1° Entendre son contrepoint, pour savoir sa
gamme, entendre sa partie :
Il estoit niiste, gent et sade
Il entendoit son contrepoint.
Villon, Rep. Franches, p. 19.
2° Faire le contrepoint, pour fredonner :
Hz n'ont d'argent, ne peu, ne point
Pour leurs vieulx houseauLx refaire :
Fringuer, faire le contre point,
C'est aux gentilz hommes afaire.
Coquillarl, p. 175- '
3° Deschanter un siliaut contrepoint, prendre un
ton si haut :
L'artillerie adonc ne faillit point
A deschanter ung si hault contrepoint,
Qu'on n'ouyt onc musique de la sorte.
Jean Marol, p. 32.
4" Chanter à contrepoint, pour chanter en partie.
C'est le sens propre de ce mot; mais, dans le passage
suivant, il paroît employé pour se réjouir en général :
Vivre autant que Mathussalé
Sans enveillir ; velà le point ;
Le galant seroit bien pelé,
Et puis chanter à contrepoint.
Coquillart, p. 166.
^ Comme le contrepoint étoit, en quelque sorte,
un chant opposé au sujet, on a dit. dans un sens
figuré, contrepoinct pour opposition, obstacle, et à
contrepoinct pour à l'opposite, au contraire, au
rebours.
Nostre mère nature a mys le contrepoinct
Des Alpes, pour closture, et limites à poinct.
Grelin, pa^e 127.
« L'hermite Braguibus vous ha faict jeusner par
« quatre jours; quatre jours serez icy à contre-
« poincts, sans cesser dé boire, et de repaistre. »
(Rabelais, t. V, p. 20.) « Si Dieu ne nous aide, nous
« aurons prou d'affaires; mais au contrepoinct, s'il
'< est pour nous, rien nous pourra nuire. » (Rab.
Pronost. t. V, p. 6.)
VARIANTES :
CONTREPOINCT. Crétin, p. 127. - Rab. t. II, p. 265.
Contrepoint. Orth. subsistante.
Contrepoincté, adj. Garni d'élofïe piquée*.
Cousu, piqué °.
* Le premier sens est figuré; les genoux contre-
pointes, pour les genoux garnis (\'é\oïïecontrepoin-
tée, cousue point "contre point. « Les couvreurs de
« maisons en Anjou ont les genoux con/reyjoiHto. »
(Rabelais, t. V, p. 127.)
^ Le sens propre est cousu, piqué. (Rabelais,
p. 130), dit que les cloches de l'isle des Esclotes
étoient faites de fin duvet contre-pointe, c'est-à-dire
piqué, cousu point contre point. Le même a dit,
dans un sens figuré (t. IV, page 42): « Par avarice,
" et convoilise d'avoir les escus dont elle estoit
« toute contre poinctée. « Nous dirions, en langue
vulgaire, dont elle étoit toute cousue.
Rabelais a dit encore contrepointé, pour piqué,
pris dans le sens de percé, criblé de coups. « De
« paour des coups, j'en ai la peau toute contre-
« poinctée. » (T. V, p. 29.) Et dans la Sagesse de
Charron, page 582, l'on dit du ciel qu'il est contre-
pointé de dianinns (3), pour signifier le nombre
d'étoiles dont il est couvert, comme d'une étoffe
piquée ou contrepointée, ou couverte de pointes.
Charron considère le ciel semé d'étoiles comme un
grand voile piqué de diamans.
VARIANTES :
CONTREPOINCTÉ. Rabelais, t. V, p. 127.
Contrepointé. Cliarron, Sagesse, p. 582.
Contrepointé, subst. fém. Partie de l'armure*.
Objection, opposition^. Antithèse"^.
* Dans le premier sens, c'éloit une espèce de ca-
misole piquée, garnie de coton ou autre matière,
que l'on metloit dessous la cuirasse ou la cotte de
maille. On fappeloit aussi aubergeon ou cotte
(1) On lit dans G. Chastelain, d'après Dochez : « Tout y aUoit ce dessus dessous.,
ongle. » (n. e.)
(2) « Il voulut commencer par un certain prélude. Plein de beaucoup de grâce et de beaucoup d'estude
contrepoints simples et figurez. De meslanges de sons vistes et modérez. » (n. e.)
(31 « La face de ce grand ciel azuré, paré et contrepointé de tant de beaux et reluisans diamants. » (n. e.)
IV. 30
tout y alloit contre poil et contre
D'excellents
co
- 234
CO
gamboisée (1). (Du Gange, au mol Alberc I e[Gam-
beso. — Voy. aussi Coitte i>ointe ci-dessus.) ('2)
^ Dans le sens figuré et tiré du mot contrepoint,
pris comme terme de musique, clianl opposé à un
autre chant, contrepointe signifioil objection, oppo-
sition. (Dict. de Monet et d'Oudin.)
'^ De là, ce mot a servi à désigner une tigure de
rliélori(iue qui consiste dans Topposilion de deu.\
choses contraires, soit par les pensées, soit par les
termes. « On trouve des pièces de vers intitulées
« en 1008 antithèses, ou contrepointes du ciel, et
« de la terre. » (Goujel, Bibl. fr. t. XV, p. 313.)
Contrepointer , verbe. Faire un accord *.
Contrecarrer °. Contrepointer '^.
* On dit encore contrepoint, en termes de musi-
que, pour accord de deux ou plusieurs chants;
mais on ne dit plus contrepointer pour former ces
accords, de là chanter harmonieusement. C'est le
sens de ce mot, dans ce passage : " Viennent aux
« Kyrie, lesquels, avec un bon ordre, ils contre-
■> pointent autant , et aussi dexlrement que si
« Adrian, Constans et Jacquet y esloient. » (Merlin
Cocaye, t. I, p. 235.) De là eonirepointer une clian-
son, "pour fredonner une chanson. (Contes de Des
Perr. t. II, p. 180.) (3)
^ Comme contrepointer éio'd accorder des chants
opposés; de l'idée de cette opposition nait l'accep-
tion figurée du verbe contrepointer, pour s'opposer,
contrecarrer. Il subsiste eu ce sens ; mais Cotgrave
écrit contre iioincter. (Voy. son Dictionnaire.)
^ Contrepointer se dit encore pour piquer une
étoffe, la coudre point contre point; alors ce mot
dérive de Contrepointe ci-dessus. On écrivoit autre-
fois contrepoinctier. (Dict. de Cotgrave.)
V.\RIANTES :
CONTREPOINTER. Contes de Des Perr. t. II, p. 180.
CoNTREPoiN'CTER, CONTREPOINCTIER. Dict. de Cotgrave.
Contrepois , subst. masc. Contrepoids. On
disoit inaretier à contrepoix, pour marcher en
équilibre. (Coquill. p. 109.)
On employoit encore ce terme de la manière sui-
vante : " Portoit sa hache près de luy, à contrepoix,
« pour assaillir, et pour delïeiKlre, duquel desdeux
» bouts, dont il verroit son advantage. » (Mém.
d'Ol. de la Marche, liv. I, p. 282.)
Et du costé de la venue
Dudit Talebot, et Angloys,
L'artillerie grosse, et menue.
Si fut tournée à coiitivpoys.
Vig, de Charles VU, t. II, p. 145.
VARIANTES :
CONTREPOIS. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1348.
Contrepoix. Coquillarl, p. 169.
CoNTREPOYS. Vig. de Charles VII, t. II, p. 145.
Contrepoison, snbst. fém. Nous disons contre-
poison au masculin ; mais autrefois poison et
contrepoison étoient féminins. (Voyez contrepoison
féminin, dans l'Apol. pour Hérodote, p. 214, et dans
J. Marot, p. 20.)
VARIANTES ".
CONTREPOISON. Orth. subsist.
CONTREPOYSON.
Contrepoisonnei", verbe. Opposer le contre-
poison. Opposer un antidote au poison.
Contvcpoisonne le venin
Du noyr danger de l'ignorance.
Poi s. de Jacq. Talpjr. fol. dlO.
Contreposition, subst. fém. Antithèse. (Voy.
Quintil, Censeur, p. 222.)
VARIANTES :
CONTREPOSITION, Contraposition.
Contrepousser, verbe. Ebranler. Proprement
pousser contre. On a dit, au figuré :
J'avois, irrésolu, d'un et d'autre costé,
Par diverses raisons, rna fov co)it repoussée.
Gouj. Bibl. fr. l. XIII, page 336.
Contreprendre, verbe. Prendre à son tour.
Par représailles. (Beaumau. p. 171.)
Contreprétention, subst. fém. Ce mol sem-
ble « avoir esté introduit vers 1070 dans lesdémes-
« lez enire la France, ell'Espagne, aux conférences
« qui suivirent la paix d'Aix-la-Cliapelle, pour
« régler la barrière. » (Peliss. Hist. de Louis XIV,
t. m, liv. VIII, p. 85.)
Contrepreuve, subst. fém. Preuve de la
preuve. « Pour ce que en plusieurs barres, et juri-
« dicions de nostre pais, en doule, et difficulté, si,
« en matières de rerpreuves. et contreprcuves, ne
c< despouilles, l'on doibt bailler, et adjuger res-
« sors. » (Ord. des ducs de Bret. à la suite de l'Aiic.
Coût. fol. 315.)
Contreprise, subst. fém. Représaille. Reprise,
en revanche de la prise qui avoit été faile. .Beaum.
page 171.)
Conti'epromesse, subst. fém. Contrelettre.
Acte annulant des promesses. (Dict. d'Oudin.)
Conti'erabat. [Intercalez Contrerabat, man-
teau de cheminée, au reg. JJ. 194, p. 184, an. 1405 :
« Laquelle chandelle alumée le suppliant attacha à
ung contre-rabat estant en leur chambre. »] (n. e.)
Contreraison, subst. fém. Réplique, raison
opposée à une autre. « A cela, respondit le bien
« apprins disciple, par une contreraison cornue, et
« bisaguc. "(Alect. Rom. fol. 37.) On disoit; « Pesas-
« sent, balançassent et sondassent avec un plein
« jugement les raisons, et contreraisons de toutes
« parts. » (Letl. de Pasq. t. III, p. 804.)
Contreramper , verbe. Glisser , couler , se
glisser en rampant, en latin obrepere, suivant le
Gloss. de Labbe, p. 510. C'est dans un sens figuré
(1) « Prajterea inveni in dictis bonis qui nque alberjons et unum alberc, et unam contrepointe. » (.IJ. 30, page 115*,
an. 1201;. (N. E.)
(2) C'est aussi une courte-pointe ; « Il vint à l'huys, il entra dedans et trouva une damoyselle qui se gisoit dedans ung
lict couvert d'une contrepoincte vermelle. » (Lancelot du Lac, t. II, fol. 5(5.) (n. e.)
(3) « Puis se recordant du moyen que feu son oncle lui avoit délaissé pour tromper ses ennuis, se mit à contrepointer
une chanson. « (n. e.)
co
— 235
CO
Que Tahureau, voulant exprimer à sa maîtresse la
constance de son amour, lui dit :
Plustost amont contrei-ampent les eaux,
Que je n'admire, et honore ta grâce.
Poos. p. 235.
VARIANTES :
CONTRERAMPER. Poës. de Jacq. Tahur. p. 2&5.
CONTREREMPIR. Gloss. de Labbe, p. 516.
Contreregez. Terme du droit provençal. (Voy.
le .Journ. des Sçav. avril 1752, p. 67G.)
Contreresponce, subst. fém. Réplique à une
réponse. (Poës. de Jacq. Tahur. p. 197.)
Contrerespondre, verbe. Répliquer.
La mort contrerespond, j'en ai fait mon devoir.
Œuv. de des P. p. 663.
Contrei'ime, subst. fém. Seconde rime. « Se
« gratter la teste, pour trouver la mémoire d'une
« contrerime. » (Du Verd. Bii)l. p. 690.)
Contreroler, verbe. Contrôler. Censurer.
' VARIANTES :
CONTREROLER. Enst. Desch. Poës. MSS. fol. 294, col. 3.
CONTREROLLER. Oudin, Nicot, Dict.
CONTREROOLER. Arr. Amor. p. 424.
CoNTREROULLER. Percef. vol. V, foL 3, V° col. 1.
CONTREROLLER. Contes d'Eutrap. p. 401.
Contreroleiir, subst. masc. Contrôleur, titre
d'office *. Cenceur critique ^. Ce mol subsiste
encore dans ces deux sens. Nous ne citerons que
peu d'exemples sur chacune de ces deux accep-
tions.
* Brantôme nomme le contrer ooleiir dumas (Cap.
Fr. t. III, p. 221) qui paroît avoir exercé son emploi
sur la Seine, à Paris. Eust. Deschamps fait mention
d'un contreroIe\r en titre d'office sous Charles VII,
Poës. MS5. fol. 310.
^Dans le sens de censeur (1\ on a dit: « Chacun a
« son juge, et contreroole près de soy. » (Eutrap.
Contes, p. 92.) « Ne veux apprendre mon mestier
<' de ces coutrerolles qui en parlent sous la chemi-
» née. loin des coups. » (Mém. de Moutluc, t. II,
p. 270.)
VARIANTES (2) :
CONTREROLEUR. Eust. Desch. Poiis. MSS. fol. 310, c. 1.
CoNTREROLLEUR. Nicot, Oudin, Cotgr. Dict.
CoNTREROOLEUR. Villon, p. 89.
CoNTREROOLLEUR. Brant. Cap. fr. t. III, p. 220 et 221.
CoNTREROULEUfi, CoNTROiiLEUR. Dict. de Rob. Estienne.
CoNTREROULERS. Carta magna, fol. 28 R».
CONTREROLLE. Mém. de Montluc, t. II, p. 270.
CoNTREROOLLE. Eutrap. Contes, p. 92.
COUNTEROULER. Britt. Loix d'Anglet. fol. 7 R».
Contrerj-A'ei*, verbe. Terme de fauconnerie. Il
est employé figurément dans ces vers :
Entre tant voila avarice ;
Mais de tant fist elle que nyoe ;
Car n'eust qui contrcnjverast,
Ne qui la rivière en passast.
Gace de la Bigne, des Déduils, MS. fol. 30, R".
Contresceust, 3' pers. de l'imp. subj. Peut-
être faudroit-il lire contresteut, de contrester,
contrarier, être contraire, faire obstacle, dans ces
vers :
Ne trouva puis qui li neust (nuisit).
Ne de riens li coniresceut.
Rom. de Brut, MS. fol. 1, V° col. 1.
Contrescript, subst. masc. Copie.
Tout ensi qu'il y ot escript.
Vous en véés le contrescript.
Froissarl, Poos. MSS. page 400, col. 1.
Contreseel,sw6s<. masc. Contrescel. Voyez sur
ce mot, le P. Menestrier (Ornem. des arm. p. 431.)
Il est employé, dansle passage suivant, danslesens
de droit de contrescel :
Maison Dieu y a gracieuse,
Maladerie, et'mesmement
Contreseaxdx, justice piteuse.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 36i, col. 1.
VARIANTES :
CONTRESEEL. Ord. t. V, p. G02.
CoNTRESEAULX, plur. E. Desch. Poës. MSS. p. 364, col. 1.
Contreseing, subst. masc. C'est la marque
particulière que les orfèvres ajoutoient aux lettres
initiales de leur nom, pour distinguer leur poinçon
de celui d'un autre maître. On l'appel ■> aujourd'hui
devise. (Ord. t. III, p. 11.)
Contresignai, subst. masc. Marque, signe *.
Ordre, commandement ^.
* La première signification est donnée par
Oudin.
^ La seconde, par Monet, Cotgrave, se trouve
attestée par divers passages des Mém. de Bellièvre
et Silleri.
VARIANTES ;
CONTRESIGNAL. Oudin, Dict.
Contresigne. Id. ibid.
Contresigné,
contresignet.
Contresign. Nicot, Dict.
Contresmarregliers. C'est une faute pour
coutres marregliers. (Voyez Coitre ci-après.)
Contresou, subst. masc. Retentissement.
On conte qu'AppoUon croupit, sept mois entiers,
Loing du ciel escarté, sous les flancs des rochers.
Soupirant son malheur : les tronches (tiges) aurillées
Des vieux chesnes branchus, les monts et les vallées
Larmoyèrent, transis dessous le contreson,
Et sous l'air mesuré de sa triste chanson.
Poês. de Rem. Belleau, t. I, fol. 32 V (3).
Contresonner , verbe. Sonner le contraire,
sonner au contraire. (Nicot, Cotgr. Oudin, Dict.)
Contresorcellerie, subst. fém. Charme con-
traire. (Bouch. Serées, liv. I, p. 105.) On a dit, dans
le même sens, contrecha.me. (Voyez ce mot.)
Contresoupirer, verbe. Rendre soupir pour
soupir.
Et pour prix des soupirs que j'ay sceu vous tirer.
Ecoutez, je commence à contresoupirer.
La Comtesse d'Orteil, Cora. de Th. Com. act. 4, se. 6.
(1) « Homme moult arrogant, malicieux et contreroleux. » (JJ. -155, p. 54, an. 1400.) (n. e.)
(2) Il est dans Froissart (XI, 87) : n C& contreroleur comptoit au conte de Fois parroUes et par Uvres escript, et ses
comptes laissoit par devers le dit conte. » Voyez aussi les Ord., t. V, p. 538. an. 1372.) (n. e.)
(3) On ht encore dans Carloix (VI, 25) : « Ils ne s'entrentendent parler à cause du contre-son que rendent les bois, nommé
par les poètes fabuleusement écho. » (N. E.)
co
- 236 -
CO
Contressayeur , subst. masc. Officier de la
monnoie. On dislinguoit » le gênerai essayeur, el
« conlrcssuijcur. •> (Ord. t. V, p. 402.)
Contrcstance, subst. féin. Opposition, résis-
tance, défense. On a dil, en ce sens :
.... Sanz force, et sanz contreslance.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 8*3.
Conti'estant, adv. Nonobstant. Du verbe con-
trester ci-après. Voyez ses diverses ortbograpbes,
et voyez aussi Dict de Borel. Le chancelier ne devoit
sceller nulles lettres, non contrestant (I). (Ord. t. I,
p. 65G.) Défense aux notaires d'employer cette clause.
(Ibid. p. 733.)
VARIANTES :
CONTREST.\NT. Ord. t. I, p. 656, etc.
CoNTRESTANG. Borel, Dict.
CoNTRAiTTANT. Ord. p. 316, art. 10.
CoNTRETANT. Ord. p. 427, art. 1.
CONTHISTANT. Ord. t. III, p. 384.
CoNTRisTEANT. Ten. de Littl. fol. 97, R», etc.
CoNTRiTEANT. Britt. Loix d'Anglet. p. 265.
Contrester, verbe. Résister, s'opposer. Le Glos.
de Labbe, p. 510, traduit obslare, renitl,(lcbellare.
On a dit : « Pour conlrcsler aux courses, et entre-
« prises d'iceux Anglois. « (Monstr. vol. I, fol. 149.)
Sui au cuer traîs et férus
D'un vairs ieu.x, fers (ferns), et agus,
Rians, pour mieus assener :
A ce ne peut contrestre haubers, ne escus.
Adans liBocus, Poos. MSS. av. 1300, t. IV. p. 1379.
Ce verbe régissoit quelquefois l'accusatif, comme
dans ces vers, à moins que les ne se soit dit autre-
fois pour leur ("i):
Le fossé, par force, passèrent
Maugré ceus qui les contretesterent.
G. Guiart, MS. fol. 210 V
CONJLGAISO' :
Contrestace, imp. subj. Résistât. » N'i a, ne fort,
0 ne fieble , qui à Rou contrestace. » (Rom. de Rou,
MS. p. 837.)
Contrestin, prêter. Je résistai. (Fabl. .mss. de S. G.
fol. 21.)
VARIANTES :
CONTRESTER. Monstrelet, vol. I, fol. 149 Ro.
CoN.^TRETER. Ord. t. III, p. 378 (3).
CONTRISTEH. Ibid. p. 194.
Contrestre. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1379.
Contret, adj. Estropié, contrefait, impotent.
Du mot lalin contractus, raccourci. C'est le sens
propre, applii|ué à la contraction des nerfs, ou de
quelque partie du corps d'oii naissent ordinairement
les défauts qui rendent un homme contrefait.
Miex volsisse estre contret.
Que ge t'eusse or ains creu.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 59, R° col. 2.
Les bras courts, et les mains coittraictes,
Les espaulles toutes bossues.
Villon, p. 31.
VARIANTES :
CONTRET. Fabl. MSS. de S. G. fol. 59, R" col. 2.
CoNTRAicT. Ord. de Chev. fol. 10 V».
Contrait. Du Cange, Gloss. lat. au mot Conlractus.
CONTRAIST. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 278, R» col. 1.
Contrais, plnr. Vies des SS. MS. de Sorbonne, col. 21.
Contres, plnr. Hist. des Trois Maries, MS. p. 456.
Contrez, plnr. Parton. de Blois, fol. 166.
Contraint, plnr. Ord. t. II, p. 565.
Conti'etaille, subst. fém. Taille qui sert de
vérificatiou *. Basse-taille ^.
* Selon Monet, la contvelaillc est une taille mar-
quée des mêmes coches qu'une autre taille. Elle
sert, en quelque sorte, de contrôle, de vérification.
(Coût. Gén. t. II, p. 95G (4).)
^ Contretaille a signifié aussi basse-taille, selon
Oudin ; J. Marot emploie ce mot, en ce sens :
Voyla com d'Alvian désiroit la bataille.
Pensant, en sa musique, faire la contretaille.
J. Marot, page 107.
Contretempeste. [Intercalez Contretevipeste,
ouragan, dans Martène LVmpl. Collect. I, col. 1473,
an. l'3G0) : « Lesqueiz mareschal et sire de Poyane
« furent destourbez sur leur passage de la mer par
« contretempeste de vent. ■>] (n. e.)
Contreteneur, subst. fém. Teneur, contenu*.
Terme de musique, haute-contre^.
* Au premier sens, la préposition contre, dont ce
mot est formé, pareil explélive et n'ajoute rien ù
sa signification :
Encor escrisi, la journée.
Unes lettres faittes en prose,
.*!. mon grand, et chier ami Rose ;
Comment je fis, et sus quel fourme
La contreteneur vous enfourme.
Froissait, Po;'S. MSS. p. 18li, col. 2.
^ Conlreteneur, en termes de musique, signifioit
le dessus, comme il pareil par ce passage ; « Les
« uns, pour la teneur, les autres, pour la basse-
« contre, dessus, ou contreteneur. » (Pasq. Rech.
p. 84.) « Les chançons naturelles sont délectables,
« et embolies par la mélodie, et les teneurs, trebles
» (triples ou tierces) et contreteneurs du chant de
« la musique artificielle. " (Eusi. Desch. Poës. mss.
fol. 395.)
Les plus grans chantent la teneur,
Les autres la contreteneur.
Gace de la Bielle, des Déduits, MS. fol. 102, V*.
On a dit : « Ténor, contratenor, concordans. »
(Hist. du Th. fr. l. II, p. 506.)
variantes :
CONTRETENEUR. Froissart, Poës. MSS. p. 186, col. 2.
Contratenor. Hist. du Théât. fr. t. II, p. 506.
Coiitretenlr, verbe. Résister, soutenir, arrê-
ter*. Défendre ^. Suspendre*^. (Nicol et Cotgrave,
Dictionnaire.)
(1) « Non contrestant quelconques autres alliances. » (Froissart, VI, 304, note.) (N. e.)
(2) II se construisait 1» avec à ; « Ils n'avoient pooir de contrester à sa poissance. » (Froissart, III, 452.) 2» Avec contre
(( Pour contrester contre les garnisons françoises. » (Id., 296.) (N. E.)
(3) Voyez encore t. V, p. 482 et 483, au. 1372. (n. e.)
(4) « Quant quelque personne fait demande de quelque somme de deniers à cause de quelconque sorte de marchandises
que ce soit livrée sur taille , et que le demandeur fait exhibition de sa taille , requérant que l'adjourné exhibe sa
contretaille. » (N. E.)
co
237 —
CO
* Dans le premier sens (1), on lit :
Dame vaillans, gracieuse, et jolie,
Conment se puet mes cuers coiilretenir
A vo biauté ? etc.
Adaiis li Bocus, Poiis. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1379.
« Yvain ratlai£;nit le premier, tcllemeiil qu'il lui
« penja son escu ; mais le liaulbert estoit fort et
" serré, qui coH<rf/JHZ le coup, que oncques mailles
n'en rompit. » (Lanc. du Lac, t. III, fol. 20.)
Comment se puet nus lions qui soit vivant
Conlretenir d'ùtre en votre prison ;
Car sanz raençon li miens i chei.
Gaces Brullés, Pocs. IISS. av. 1300. 1. 1, p. l.-,8.
^ Selon Nicot, on disoil : <■ Contrelenir une ville,
« une terre, contre quelqu'un, » pour les défendre.
Cette acception se trouve justifiée par les vers
suivans :
Metent lors labaie en cendre,
C'en cuidoit bien contrelenir.
G. Guiart, MS. fol. 233, V".
'^ Ce mot si^^nifie suspendre, dans ce passage :
La belle des nompers (sans pareilles) la flour,
Ne faites vostre pris mentir,
Par trop merci contrelenir.
Creslyen do Troyes, PoSs. .MSS. avant 1300, t 111, p. 1-26,1 (■!).
Contretenue, siihst. fcm. Résistance, défense.
Les genz de pié en fuie tournent,
Sanz parler de contretenue.
G. Guiart, MS. fol. 357, V".
Contreteste, sulist. fém. Partie adverse.
« Qui fait teste à un autre. « (.Monet, Cotgrave,
Oudin, Dict.) De là, on disoit/W/rc coniretcsU', pour
faire tête, résister. « Le royaume fut divizé en tant
« de ducs, et comtes, qui, depuis Charles le Simple,
« jusques bien avant sous la lignée de Hugues-
« Capet, faisaient contreteste à nos rois. » (Pasq.
Rech. p. 39.)
Contretonner , verbe. Ce mot est employé
dans les vers suivans :
Tien, tien ce lue (luth), ma mignone ;
Et le touchant, conirelonne,^
De ta ravissante voix,
Les oisillons de ce bois.
Pocs. de Jacq. Tahureau, p. 279.
Contretouche, suhsl. fém. Des Accords, qui a
intitulé un de ses livres des Touches, mot qui fait
allusion au terme dont se servent les escrimeurs,
pour désigner les marques qu'ils font sur le corps
de leurs adversaires, avec le bout du fleuret,
emploie celui de contretouche pour exprimer les
marques que fait à son tour celui qui en a déjà
reçu. (Voyez les Touches de Des Ace. fol. 1.)
Contretourner, verbe. Bouleverser. Retourner
sens dessus dessous.. » Telles espèces d'animaux
« fouillansla terre, pour y chercher nouriture, ne
« font petits dégâts es prairies, y contretournans,
« et renversans le gazon. » (Coût, de Bouillon,
Nouv. Coût. Gén. t. Il, p. 865.)
Contretouruoyer, verbe. Soutenir le tournoi.
Combattre contre quelqu'un dans le tournoi.
'< Cassel, et le Tors d'Escosse entre eulx contre-
« tournoijeiit au conte de Cai'leir, et à vingt cheva-
« liers de sa compaignie. « (Percef. vol. I, fol. 24.)
Contretraison, subst. fém. Trahison récipro-
que. " Se pourpenssa de moult grandes subtilitez,
« pour se garder delà con^rf<raîSOH (3). » (LeJouv.
MS. page 517.)
Contretrancher, verbe. Trancher. Ce mot
s'est dit d'un fanfaron. (Dictionnaire de Cotgrave.)
« Lorsque les bourgeois, pour contretrancher des
" nobles , commencèrent d"avoir permission de
'< posséder des fiefs. » ^Pasq. Rech. liv. II, p. J21.)
Conti''étrenne,Sî</^s<.fe'm.Etrenne réciproque.
Etienne rendue à celui de qui on en a reçu. Baïf,
ayant reçu en étrenues une piècede versde .Nicoles
Vegece, intitula contfétrenne la pièce par laquelle
il lui répondit. (Œuv. de Baïf, fol. H9.)
ContreuTe , subst. fém. Fable , mensonge ,
calomnie. (Borel, Corneille et Cotgrave, Dict. —
Voyez CoNTRovuRE ci-après.)
Par une exemple le preuve.
Qui n'est ne fable, ne contreuve.
Modus et Racio, MS. fol. 159, V.
Une dame, se plaignant de la fausseté et de l'in-
constance des amans, s'exprime ainsi :
Et s'ilz n'ont dames, ilz se vantent ;
S'ilz les ont, sans cause ilz les plantent.
Ou \).-r contreuve
Les blasraent, sans y trouver preuve.
AI. l.harlier, Pocs. p. (162.
VARIANTES :
CONTREUVE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 530, col. 3.
CONTRUEVE. Fabl. MSS. du R. n« 7218, r»266, V» col. 2.
Contrevairiet. [Intercalez Contrcvairiet, con-
trevairé, \air contre vair: « Les armes de Mau-
« riauméssontvairiet contrevairiet h deuxkievrons
« de guelles. » (Froissart, III, 257.)] {s. e.)
Contreval, adverbe. En bas. Par opposition à
contremont. (Dict. de Nicot, Monet, Oudin, et le
Gloss. de Marot.) >■ Lors descenl une lance devers
» le feste de la maison, tout contreval. •■ (Lanc. du
Lac, t H, fol. i.] « Il les faisoit loger contreval les
« beaux prés, selon la rivière, en lentes et trefs. »
(Froissart, liv. 1, p. 44) (4).
Au tens d été, que voi vergier florir.
Que l'erbe point (perce) contreval le rivage.
Robert Mauvoisin, PoëS. MSS. avant 1300, t. II, p. 724.
On disoit aussi aller contreval l'eau, pour aller
(1) On lit encore dans Martène (Ampl. CoUect., V, 684); « Quant li Sarrazins virent que li crestiens s'apareilloient de
monter le flun, si s'armèrent et allèrent sor la rive por contretenir qu'il n'arrivassent. » .Vu reg. J.I. 206 , p. 341 , an. 1479,
c'est plutôt contenir ; « Il convint aux gens, qui estoient en la taverne, contrelenir iceulx compaignons, afin d'eschever à
noise. » (n. e.)
(2) Comparez Laborde, chanson du Trésor, de Lille, p. 202. (N. E.)
(3) On lit aussi dans Bl. de Montluc (Comment., I, an. 1548) ; « Il vaut mieux aller attaquer une place pour la surprendre,
lorsque personne ne vous tient la main, que si quelque traislre la conduict ; car pour le moins estes vous asseuré qu'il
n'y a point de contre-trahison. » (N. e.)
(4) Edition Kervyn, II, 180 : « Et tous li os se loga contreval les prés. » (N. E.)
co
238 -
CO
"eau, descendre une rivière. (Dict.
cnntrcval pour dissiper,
selon le fil de
de Nicot.)
Façon de parler : uller
passer, cesser. Marbodus, parlantdes propriélés du
saphir, dit :
E de la langue destruit lu mal
Et fait aler tut cunti-cval.
Marb. art. 5, col. lG4i.
VARIANTES :
CONTREVAL.
CcsTREVAL. Marb. art. 5, col. IGM (1).
Contrevaloir, verhe. Valoir autant.
Quant feme velt torner à bien,
Ne la puet contrevaloir nen.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 7, R- col. 2 (2).
Contrevanche, subsl. fém. Revanche, ven-
geance. « Ce duc Jehan fut celuy qui, par contre-
<■< venge (3) d'emprise, lit tuer ù Paris le duc Louis
" d'Orléans, tierce personne de France, et l'avoua
" en plein conseil. » (Méni. d'Oliv. de la Marche,
page 47.)
VARIANTES '
CONTREVANCHE. Charles VII, Hist. de Godefrov, p. 346.
CoxTREVANGE. Ménî. de Comines, prpuv. t. III, p. 293.
CoNTREVENGE. Kroissart, livre II, p. 79.
CoNTREVEN'GEANCE Froissart, liv. IV, p. 139 (4).
CONTREVENJ.\NCE. Ord. t. III, p. 52(3.
Contrevenemeiit, subst. ??;asc. Contravention.
« Au cas du contrevenement h ces présentes. »
(Mém. de Comines, t. 111, preuv. p. 89.)
Çontrevengement, suh&t. masc. Revanche,
vengeance (5). (Voy. les autorités citées sur ces deux
orthographes, et l'article Contrevanche.)
VARIANTES :
ÇONTREVENGEMENT. Ord. t. III, p. 52i5.
CoNTREVANGEMENT. Bout. Som. Rur. p. 235.
Contrevenger, verbe. Prendre sa revanche.
Se venger (6). (Dict. d'Oudin et de Cotgr.)
Conti'evenii' (se), verbe. Se contredire. " A la
« vérité, qui voudra examiner ce propos, il sem-
« blera que César se contrevienne. >- (Pasq. Rech.
livre I, page 7.)
Contrevention, subst. fém. Contravention.
(Dict. d'Oudin.)
Contrevers, prép. Vers. « Il luy fut dit que le
<> roy Daire s'enfuyoit contrevers les Bactres. »
(Tri. des IX Preux, p. IGO.)
Contreviller, verbe. Ce mot semble une faute
pour contreuver. (Voy. Controuver ci-après.)
Contrcvirer, verbe. Tourner.
Devers la mer la proue on contrevire.
CEuv. dejoach. du Bellay, p. 257.
Contrevitre, subst. masc. Venteau, balcon,
fenêtre, contrevent. Oudin suppose ce mol mascu-
lin, comme nous l'avons marqué.
Contrhuiller, verbe. Frotter d'huile. C'étoit
un usage pour combattre à la lutte.
L'autre se forme à la luitte une adresse.
Se conlrhuillont au croc laborieux.
Poi'S. de Jacq. Tabiireau, p. 172.
Contriapinal, subst. masc. Il faudroit peut-
être lire contrapuiat\l).\\ semble que ce soit le fléau
ou la barre qui appuie une porte par derrière. « 11
« portoit une verge de fer en sa main, en lieu de
« baston, de une telle quantité (poids, pesanteur),
« comme le contriapinal d'ung huys. » (Chron.
S. Denis, t. I, fol. 13.)
Contribuer. [Intercalez Contribuer, dépenser:
<• Et encoires beaucoup de mises qui contribuées
» estoient en poursieuvant les procès de ceste
» plaidoirie. ■• (Froissart, XVI, 109.)] (n. e.)
Contributeur, subst. masc. Qui contribue *.
Garant ^.
* Sur le premier sens, voyez les Dict. de Cotgrave
et d'Oudin.
^ Ce mot signifioit aussi garant. Bouteiller, qui
cite un ancien pralicien, dit d'après lui « qu'il y a
« fkux sortes de garands ; l'un appelé formel, ou
« absolut, et legarand simple, ou contributeur, qui
« peulseulementestrereceuàsejoindreencause,et
« assister demandeur qui l'a sommé ; lequel a lieu
« aux actions personnelles. «(Bout. Som. Rur. p. 219.)
Contributif, adj. Sujet à contribution.
« Exempts, et non contributifs h aucun subcide. «
(Ane. Coût, de Bretagne, folio 229.)
Côntriction, subst. fém. Contrition. On trouve
l'acception de contrition dans l'Amant ressuscité,
p. 402. iNous n'osons déterminer sa signification
dans le passage suivant ; peut-être pourroit-on
l'expliquer par contraction. On lit, dans un fabliau
intitulé la Sénéflance de fA B C, en parlant de la
lettre, etc. :
Ceste lettre est en tel point fête,
S'elle estoit ostée, et defTete,
L'a b c petit poi vaudroit,
Si vous di que il n'i faudroit
Par li côntriction, ne moz.
Fabl. MSS. du R. n' 7-218, fol. 128, R" col. I.
(1) « I.i altre en vunt cuntreval flotant. » (Roland, v. 2472.) (N. E.)
(2) Fabliaux et contes , t. II, p. 106. Ce sens est déjà dans Roland (v. 1984): « Jamais n'iert hun ki tun cors
cuntreiHiillet. » (N. E.)
(3) On lit encore au reg. JJ. 207, p. 298, an. 1483 : « Jehan de Tinteville se tira devers le suppliant, et lui dist qu'il avoit
congié de nous de soy venger de l'oultrage et desplaisir que les habitans de la ville d'Avignon lui avoient fait ; mais qu'il
fist ladite conlrevcngc, hors de nostre royaume. » (N. E.)
(4> On lit dans Kervyn (III, 182): « Nous revenrons (car le matère le requert) as gherres de Haynnau et à le
contrcven<jeance que li roys de France i fist prendre par le duc Jehan de Normendie sen aisnet fils. » (n. e.)
(5) On lit dans une Ordonnance de 1348 : « Par vertu du gênerai commandement que nous aviens fait faire pour cause
de nos guerres, que aucun ne guerroiast, ne fît aucun contrevangement. » Le sens est guerre privée , vendetta comme au
reg. 121, p. 18, an. 1382 : « Ledit Hennequin... accompaigné d'aucuns de ses parens et amis, par manière de guerre et de
contrevenijameni ala es maisons et hoslelz d'aucuns des parents et amis dudit Mahieu. » (N. E.)
(6) C'est le sens dans Froissart (II, 119, 121); le complément de la personne se construit avec à ou sur. Voyez aussi les
Ord., V, p. 378, an. 1370, conircvenyuant. (n. e.)
(7) Voyez contre-apoial. (N. E.)
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— 239 —
CO
En ce sens, coniriction viendroil de conlvnhere,
contmctuni. et dérivei oit sa première signification
de eontererc, contritum.
Conti'iniitei', verbe. Contrefaire. (Nicol, Monet,
Cotgrave et Oudin. Dict.)
Contrise, suhst. fém. Contradiction. On lit, dans
un ancien fabliau intitulé le Tournoiement Anté-
christ, où tous les vicessont personnifiés, et où la con-
tradiction semble désignée sous le nom de contrise:
Mes, entre ices (parmi ceux-là), vi chevauchier,
Contrise, trop inignotement,
Que de totes fu la plus coiute (gentille) ;
Conliine qui d'orgeil s'acointe (s'approche) ,
Qui trébuche touz ses acointes (voisins).
Fabl. MSS. du R. n' 7015, t. II, fol. 190, R- col. 1.
Conti'iser, verbe. Battre, meurtrir de coups.
Au propre, briser. On lit, en parlant des femmes:
Cil que famé viaut joustiser (veut punir),
Chacun jor la puet contrise);
Et lendemain r'est lote sains (est de recheO,
Pour resoufrir autre tel poine.
Fabl. MSS. du R. n- "UIS, t. I, fol. 61, V- col. 3.
Contriuler, verbe. Ecra.ser. Avoit eontriulat et
contriuleit, dans S. Bern. Serm. fr. mss. p. 283,
répond au latin contriverat. Il est plus analogue à
VinWmlii contribuiare .
Conti'ival, subst. muse. Rival. (Voyez Prin-
temps d'Yver, fol. 40.) L'auteur se sert aussi du
mot CuRRivAL , dont nous ferons un arlicle ci-après.
Controbler, verbe. Troubler.
Dolent fu de sa terre, dont il fu émanez frustré)
Dolent fu de sez lions, qui li lu conlroblez.
Rom. de Rou, MS, p. S2.
VARIAMES :
CONTROBLER. Rom. de Rou, MS. p. 92.
CoNTBOUBLER. Rom. de Brut, MS. fol. 112, V" col. 2.
CoNTROL'BLiER. Ibid. MS. de Bombarde.
CoNTURBER. Ibid. fol. 63, V" col. 2.
Coutrœillader, verbe. Regarder îi son tour.
Rendre ojillade pour œillade.
Si la guignant (lorgnant), elle me contrœiUade ;
Tout ce qu'el dit, et bref un rien qu'el fait.
Plus que des Dieux me semble œuvre parfait.
Pois, de Jacq. Tabur. p. 301.
Controlleur, subst. musc. Voyez les ditlërentcs
espèces de eonlrolleuri. dans Laurière (Gloss. du
Droit fr.) On trouve controlleur de l'artillerie, au
siège de Gênes, par Louis Xll. (.f. d'Auton. Ann. de
Louis XH, p. 18'2.) Controlleur de l'Audience de
Paris. (Coût. Gén. t. L p. 51.) Controlleur de l'au-
diencier de France. (Miraumont, Traité de la Cbanc.
fol. 21. — Voyez ci-dessus Contrerolleur.)
Conti'onglé, adj. Qui est à rebours, qui est à
conirepied, dans le sens propre. On a dit au figuré :
« Il n'y avoit si contronylé et dur cœur qui ne se
» retirast, à la contemplation de la caducité, et
« vanité de ce monde. » (Contes d'Eulrap. p. 270.)
Controuver, verbe. Feindre, inventer, suppo-
ser *. Trouver ^.
* On dit encore conirouver, dans ce sens. Choses
controuvées, pour contre vérité(l). (Math, de Coucy,
Hist. de Charles VII, p. 728.) On lit eontreviller dans
une citation du Rom. d"Abladane, dans le P. Menés.
(Orn. des Arm. p. 3Ci.)
^ On disoit aussi autrefois coH/roi<[w pour trouver.
« Item si aucuns font traicles excessives, et volon-
« taires de plus grande somme que le deu, par
« lettres, ou debtos ù cognoistre, dont, par impuis-
« sance de pouvoir conirouver, [ilusieurs ont eu
« leurs biens exécutez, etc. » (Coût, de Haynault ;
Coût. Gén. t. I, p. 809.)
VARIANTES (2) :
CONTROUVER. Orthographe subsistante.
CoNTROVER. Chans. fr. du xiii« siée. MS. de Bouh. f» 179.
CoNTREUVER. Nuicts de Strapar. t. I, p. 248.
CONTRUEVER. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 134.
CoNTREVER. Fabl. MSS. du R. n» 7G15, t. I, fol. 59.
CoNTREViLLER. Menestr. Orn. Arm. p. 364.
Contre vaille, subst. fém Fable, mensonge.
Conlroveure , dans S. Bernard, répond au latin
adinventio, et vaines conlroveures, p. 295, répond
au latin vana superstitio. Le même que Contrecte
ci-dessus (3). (Cotgrave, Robert Eslienne et Borel ,
Dictionnaire.)
Mais ele tient mes dis à controvaille.
Et dist tosjors ke je la vol (veux) trair.
Chans. MSS. du G" Tbibaud, p. Ui.
Dites a toz, sanz coutroviire,
Que tenir vueil cort à droiture.
Fabl. MSS. du R. u" 7218, fol. 57, V" col. 1.
VARIANTES :
CONTROVAILLE. Rorel, Dict.
CoNTROVEURE. S. liern. Serm. fr. MSS. p. 272.
CoxTROUVAiLLE. Chanson du comte Thib. p. 5.
CONTROVURK. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 57.
CONTROUVEMENT, sub'jt. inusc. Nicot, Dict.
Controverse, adj. au fém. Disputée. Il est
employé comme épithète de difticulté, par M. de la
Porte ; on trouve disjiute conlrouverse, dans les
Dialog. d^ Tabur. fol. 13G. Le passage suivant
prouve plus clairement encore l'explication de ce
mot : « Feroit que le duc de Ferrare, touchant les
« clioses qu'il avoit controverses avecques elle, et
« le duc d'Urbin touchant le duché de Camarin, en
« transigeroient. »(Mém. Du Bellay, liv. VII, fol. 223.)
VARIANTES :
CONTROVERSE. Mém du Bellay, liv. VII, fol. 223 R».
CoNTROUVERSE Epith. de M. de la Porte.
Controverser, verbe. Mettre en controverse.
(Dict. d'Oudin.)
Controversie, subst. fém. et mase. Contro-
verse, dispute, débat, procès. (Xicot, R. Eslienne, et
Gloss. de l'Hist. de Bretagne.) « En ce temps
« estoient les gens de Bretaingne en grant conlro-
« versie (4) les uns contre les autres. » (Modus et
(1) On lit de même dans Froissart (II, 32i) : « Pluiseur jongleor ont chanté et rimet les guerres de Bretagne et corromput
par les chançons et les rimes co>i trouvées, le juste et vraie histoire. » (n. e)
(2) Voyez Renart, v. 643 ; La Rose. v. 7919, etc. (n. e.)
(3) Voyez plus haut controuver. (n. e.)
(4) On lit aussi dans Oresme (Ethique, 230): « Et disoit que toutes choses sont faites par la coiilmversie des elemens du
monde. >; On lit aussi dans Calvin (.Instit. Dédie); « C'est en ces points que gist nostre controversie. » (N. e.)
co
— 240 —
CO
Racio, Ms. fol. 325.) 11 est employé pour débat, procès
dans Duchcsne, Cén. de Bélliune, p. 145, Ul. de
1270, où il est masculin. « Le controverse ki estoit
X entre nous, etc. »
VAIil.-i.NTES :
CONTROVERSIE. Chron. S. Denis, t. II, p. 203.
Controverse (le). Duohesne, Gén. de Bethune, p. 145.
CoNTROVEHSiTE. Join\'ilIe, p. 27 (1).
CoNTROuvERCiTÉ. Crétin, p. 205.
CoNTROVERsiON. Ord. des R. de Fr. t. III, p. 604.
CoNTROVERTiON. Ord. des R. de Fr. t. IV, p. 706, an. 1368.
Contumacielle, adj. au fém. Présumée. Cet
adjectif est formé du substantif contumace, « qui
« fait présumer le fuit , lorsque l'accusé ne se
« présente pas pour se défendre, par vertu de
« vraye, ou coutumacielle recognoissance aura la
« cedule exécution. » (Coût. deLiége ; Coût. Gén.
t. II, p. 978.)
Coutuinacion, subst. fém. Contumace. (Ord.
1. V, p. i8.5 (2).)
Contuinax , adj. Anoganl. rebelle. (Monet,
Oudin, rvicot, Dicl.) » La loy de Moyse veut que la
« seule plainte du père faite devant le juge, sans
i< autre cognoissance de cause, le llls rebelle, et
« C0H/i()Hrt,c soit lapidé. " (Sag. de Charron, p. 189.)
Nous écrivons encore conlumax, mais nous ne
l'employons plus que comme terme de droit.
v.\RiANTES :
CONTUM.W. Orlh. subsistante.
CoNTL'MAS, CoNTUMATS, plui\ CliroH. S. Den. t. II, p. 189.
Contumélie , subst. fém. Outrage , injure.
(Monet, Cotgrave, Nicot, Oudin, Dict.) Du latin con-
tumclia. (Voyez Cbron. S. Denis, 1. 1, fol 32.)
Contumélieusement, «rfî>. Oulrageusemeut.
D'une façon injurieuse. (Colgr. Dict)
Contumelieux , adj. Injurieux. (Colgrave ,
Oudin, DicL)
Contuteiir, subst. masc. Tuteur associé, tuteur
avec un autre tuteur. (Coût. Gén. t. 1, p. 767.)
Convaincre , verbe. Vaincre, convaincre et
réfuter. « S'en alla assaillir l'empereur de Perse, et
« le convainquit, et chassa hors de son empire. »
(Joinville, p. 9;h.)
CONJUGAISON :
Convenkent, ind. prés. Réfutent. (S. Bern. Serm.
fr. Mss. p. Ii5, dans le latin confutantur.)
Convenkit, cond. prés. Réfuteroit. (S. Bern. Ser.
fr. MSS. p. 3ôl, dans le latin refelleret.)
Convincu, partie. Convaincu. (Ord. t. 1, f° 101.)
Convenciuz, partie. Convaincu. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 20, en lat. convictus.)
Couvent les accusors, pour réfutoit. (S. Bernard,
Serm. fr. mss. p. 351, répond au latin refellit
acctisatores.)
VARIANTES :
CONVAINCRE. Percef. vol. V, fol. 15, R» col. 1.
CoNVEiNCRE. Poës. MSS. av. 1300, t. I, p. 24(3.
CoNVENCRE. s. Bern. Serm. Ir. MSS. p. 20.
CoNVENKRE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 145.
Convainories. [Intercalez Convaineries, saisie
dans Martène, Anecdotes, 1, col. 1020, an. 1385:
« Item que toutes co>ivenairies qui sont faites par
" contumaces ou autrement d'un côté ou d'autre,
« de fiefs, de trelTons, de héritages, de franche
" rente, où qu'ils gisent, pour l'occasion des
" guerres de l'un convaincu sur l'autre. »] (n. e.)
Convalescence, SHisL fém. Santé. « Fut guéri,
« et réduit à sa première conca/esceuce. » (Rabelais,
t. II, p. 281.)
Convalescer , verbe. Se rétablir , venir en
convalescence. » La royne voyant le r(3yco)tî)^/p.sce)',
« et recouvrer santé. » (J. d'Auton, Ann. de Louis
XII, de 1503, 1505. fol. 125.) (3)
Convalider, verbe. Conlirmer, rendre valide.
(Dict. d'Oudin. — Voyez Convenanciie ci-après.)
1. Convant, subst. masc. Couvent (4), monas-
tère, abbaye.
variantes '.
ro.NVANT. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1140.
(io.N'v.ANZ. Perard, Hist. de Bourg, p. 502.
CoNVENS. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 132.
CoNVENT, pour abbaye. Duchesne, Gén. de Béth. p. 138.
Cov\NS. Perard, llist. de Bourg, p. 468.
Co\ i;ns. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 131.
CovENT. Perard, Hist. de Bourg, p. 502.
2. Convant, subst. masc. Promesse, condition,
accord *. Disposition, situation ^.
* On a dit convant (5), par contraction du mot con-
venant, d'où viennent également les autres ortho-
graphes rapportées. Nous disons encore quelquefois,
au premier sens, le convenant, pour ce qui est
convenu.
Ele me faut de convant.
Gantiers d'Argies. Poi'S. MSS. avant 1300, t. III, p. lUO.
Maternent m'a covent tenu.
Rich. dePurniv, Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. 690.
Tenir couvent signifie exiger (6), dans ce vers :
.... Sa prouesce tient co>n<ent, etc.
Fabl. MSS. du R. n" 7G15, t. II , fol. 10.5, R- col. 1.
1» On disoit aussi par convenant, pour sous
condition, par couvent ke, à condition que (7). (M"
Guesnes, Poës. mss. av. 1300, t. Ill, p. 981.)
I 2° Avoir en convenant, en covent, à convenant.
(1) Ce mot n'a point place au Glossaire de l'édition de Wailly. (n. e.)
(2) Voyez aussi Renart, p. 521, an. 1372. (n. e.)
(3) On trouve le prétérit cnnvalu de convaloir, au reg. J.I. 169, p. 285, an. 1416 : « Après aucuns jours icelle femme releva
et convahi aucunement. » (N. E.)
(4) Ce mot et le suivant sont mieux écrits et prononcés couuenf ou couejîJ, car le peuple ne tolérait pas le n devant
le V. (N. E.)
(p) Conveni, de conventum, s'est prononcé convant, quand les participes présents des trois dernières conjugaisons ont
été assimilés à ceux de la première, (n. e.)
(6) Ou tenir son engagement. (Froissart, II, 272.)
(7) Froissart (II, 291 ; VI, 29). (n. e.)
co
— 241 —
CO
pour promettre. (Histoire de Bertrand du Guesclin,
Froissart (1), etc.)
En covetU m'avez,
Que jaurai, etc.
Fabl. MSS. du R. n" 7-218, fol. 280, R" col. 1.
3° Dire par couvant, semble mis pour protester,
dans ces vers :
Devant le distrent par couvant,
Qu'aler ne pooient avant.
Fabl. MSS. du R. n- 721S, fol. 291, V col. 1.
On a dit proverbialement : Convenant mine loy (2).
(Assises de Jérus. p. 88.) C'est-à-dire la parole
donnée est au-dessus de la loi. (Voyez sous l'arlicle
CONVENANCHE.)
° Convenant ayant signifié accord, promesse,
arrangement, dans une signification particulière,
s'est employé généralement pour disposition ,
l'action d'arranger, de disposer, et de là, par
extension, pourétat, situation. Il signifiedisposition
dans les les passages suivans : ■> Si arrouterenl
" leurs vaisseaux, et les mirent en bon convenant,
o et vindrent assez près, etc. » (Froissart, liv. 1,
p. 40.) " Les besongnes sont maintenant en bon
« poinct, et en ferliie convenant. » ild. liv. Ill,
p. 91) "Le gentil seigneur, l'espée au poing, le
" visaige contre ses ennemis, et en aussi bon
« convenant qu'il esloif possible d'estre , fut
« prins prisonnier. » (.1. de S. Gelais, Histoire de
Louis XII, p. 62.) Froissart, parlant delà bataille de
Poitiers, dit : « La bataille du roy s'envenoit de bon
« convenant, « c'est-à-dire, enbonne disposition.
(Froissart, liv. 1, p. 192.) On trouve plus baut (ibid)
contiennanent mis commesynouyme de C07ivenan t.
(Voyez ci-après Convenir.)
Ce mot s'explique par état, situation, dans ces
autres passages :
Si je revieng en mon convent.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 213. V- col. 1.
C'est-à-dire dans un état qui me convienne.
Cil ki sevent mon convenant,
Me client bien, mes iex voyant,
Ke je languis, et vois morant.
Gonliers, Poès. MSS. avant 1300. T. 111, p. 1033.
On disoil :
Sire, com vos est convenant 9
Fabl. MSS. du R. n* 7615, t. II, fol. 175, V col. 1.
Littéralement, comme est votre état, comment
vous portez- vous ? (3)
VARIANTES :
CONVANT. Fabl. MSS. de S. G. fol. 55, Vo ool. I.
CovANT. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I, fol. 71, R° c. 2.
CovENT. Villehard. p. 19 ; Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. 690.
Couvent. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 13'i2.
Couvant. Fabl MSS. du R. n» 7218, fol. 291, V» col. 1.
CovENANT. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1221.
Covenaunt. Britt. Loix d'Anglet. f» 95 R».
CouvENANT. Chron. S. Denis, t. Il, fol. 18 R».
Convenant. Joinv. p. 95 ; Assises de Jérus. p. 89.
Convassal, subst. masc. Terme de fief. Associé
dans la vassalité. (Dict. de Cotgrave et d'Oudin.) On
lit : » Compagnons, ou convassaux tenans fiefs du
" dit seigneur. » (Coutumes de Chauny, Coût. Géii.
t. I, p. 660.)
Convenable, adj. Qui est comme il faut, qui
est séant, qui convient, qui est à propos. Ce mot,
dans S. Bernard, répond au latin cotigruua. Jor
convenable . dans la Thaumassièie, cité ci-dessus,
répond , dans le même litre , au latin (lies
comjruiis.
Ce mot subsiste sous la première orthographe ;
mais on ne dit plus : à dixtraiz- d'arc convenables,
pour à la distance raisonnable de dix traits d'arc.
(G. Guiart, ms. fol 292 : Sa significatin;!, dans le
passage.-uivant, s'éloigneencore plusdel'usage sub-
sistant : « .lacquesd'Arlevelle avoit un fils qui s'ap-
« pelloit Philippe, assez convenable, et gracieux. »
(Froissart, liv. H, p. 128. — Voyez Convenant et
CouviGNABLE ci-après.)
VARIANTES :
CONVENABLE. Orth. subsistante.
CovENABLE. Rvmer, t. I, p. 114, col. 2, titre de 1270.
Cou\-fNABLE. G. Guiart, MS. fol. 292.
CuNVENABLE. Marbodus, col. 1644.
CuvENABLE. Marbodus, MS. de S. Victor.
Convenable, subst. 7nasc. Homme à gages.
Proprement celui avec qui on a fait un marché,
une convenlion. On dit, du duc de Bourgogne qui
fil assassiner le duc d'Orléans, en 141 1 : ■ Nonobs-
« tant toutes choses promises, et devant dictes, il
« le feit tuer plus cruellement, et plus inhumaine-
» ment, fiu'oncijues ne fut veu homme, de quelque
« estât qu'il fut, de ses meurdriers convenables, et
« locatifs, etc. » (Monstrelet, vol l, fol. 119.)
Convenableté, subst. fém. Convenance. Ce
mot est rendu par aptitudo, dans le Glossaire du P.
Labbe, p. 588.
(1) 1» Promettre : « On lui eut en convent à faire double raenchon. » (Kervyn , II, 173.) 2" Certifier : « Et vous ay en
convent que y fîsent la mainte belle aperlise d'armes. » (IV, 71.) Voyez aussi Ord., 'V', 509, an. 1352.) (N. E.)
(2) En droit Romain, toute convention ne liait point les parties et ne devenait contrat que si elle était rédigée dans
certaines formes ; au cas contraire, c'était un pactum ntidum ne permettant point aux parties de se poursuivre l'une
l'autre. Au moyen âge, on ne fait plus cette distinction : « Totes convenanres sont à tenir, écrit Beaumanoir, et por ce
convenance loy vainc. » C'est le sens de Tadage populaire rapporté par Loysel (Inst. Coût, n» 357) : « On lie les bœufs par
les cornes et les hommes par les paroles. » La simple convention est devenue un contrat, et l'article 1134 du Code Civil
dit encore que les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Les rédacteurs du Code
ont sans doute traduit la variante : « Convenance loy vaut. » (N. E.)
(3) Convenant signifie donc 1° promesse , engagement : « Chacun en rala en son lieu sur convenant de revenir à
l'endemain. » (Froissart, III, 2U7.) La Fontaine a dit encore dans la Coupe : « Caliste eut liberté , selon le convenant. »
2° Ce qui a été promis : « Damoiselle, car prenez La çainture maintenant, Et le matin siraurez Trestout l'autre convenant. »
(Laborde, 173.) 3" Combat : « Nous arons huy, s'il plaist à Dieu et à Saint George, convenant d'armes, si volons , que vous
soyés chevaliers. » ^Froissart, IX, 207.) 4" Ordonnance d'un coips d'armée. Voyez les exemples cités et Froissart (11, 162):
« Quant li seigneur d'Engleterre veirent le convenant et l'ordonnanche as Escos. » 5» Intentions : « Frère vous avez bien
01 mon ■•(i/ii't'(i[i).(. » (P. Paris, Romancero, p. 33.) 6" Détails d'un récit : « Et demanda as chevaliers bretons qui là estoient
aucuns convenans de chiaux de l'host. » (Froissart, IV, 44.) (N. E.)
IV. 31
co
— 242
CO
Convenance, pftj'^ic. Accordé, convenu (l). ■■ 11
« nous faut adviser à trois clioses ; premièrement
« de tenir les uns aux autres ce qui a esté promis,
• et convenance, etc. » (Le Jouvencel, sis. p. 75.)
Convenanche, suhst. viasc. Accord, conven-
tion , promesse, faction*. Discrétion^. Espèce
d'acte'^ (2). iVoy. Convant ci-dessus.) Ce mot subsiste
sous la seconde des orthographes citées, mais non
dans le sens que nous exposons.
* On disoit convenances (3), comme promesses,
pactions. « Eurent promesses, et coHVCJirtnccs d'eux
« rendre le lendemain. » (l'roissart, liv. I, p. i)G.)
Certes je ne fais pas ansi
Cou cil (comme celui) qui sert sans covenance.
Baudoin des Autieus, l'oes. MSS. avanl 1300, t. U. p. 134.
C'est-à-dire comme celui qui sert sans pactions.
^ De Ui, le mol convenance a été appliqué à ce
que nous nommons aujourd'hui, en terme de jeu,
discrétion. •< Ay aujourdhuy gagné de luy , à la
« paulme, une convenance. » fGodefroy, Rem. sur
lllist. de Charles VII, p. 89G.)
"^On appeloit aussi convenance ou appointe-
vient (4), une espèce d'acte dont il est parié dans le
Nouveau Traité de diplomatie, t. I, p. 307.
Façon de parler : Avoir covent ou en covent, pour
promettre, convenir. (Duchesne, Gén. de Chastillon,
p. 45, titre de 123G.)
Nous citerons, sur ce mot, les proverbes suivans :
1. « Mieulx vault courtoysie de gré, que ne fait
« convenance. » Pour dire qu'une chose accordée
librement vaut mieux que celle qui est donnée en
vertu d'une paction. (Percef. vol. 5, fol. 32.)
2. « Convenancli e xAinc loi(5), » une promesse est
plus forte que la loi. (Beauman. p. 173.)
VARIANTES :
CONVENANCHE. Hist. de Beauvais, par un Bénéd. p. 273.
Convenance. Orth. subsist. ; Duch. Gén. de Chast. p. 14.
CoNVENCE. Perard, Hist. de Bourg, p. 460, lit. de 1246 (6).
CoNVENENCE. Contin. de G. de Tyr, Marlène, t. V, c. 723.
CouvENANCE. Poës. MSS. av. 130O, t. III, p. •1241.
Covenance. Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. 734.
CoNVEANCE. Ord. t. V, p. 495.
Couenence. Duchesne, Gén. de BéthunG, p. 373.
CoNVAN. Jurainv. Hist. du comté d'Aussonne, p. 27.
Convenant. Loix Norm. art. 27, en latin convenlio.
Covent. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 37, en latin ju«c(u»i.
Convenancher, verbe. Convenir, promettre,
être d'accord. (Robert Estienne, Nicot, Monet,
Oudin, Corel, Colgrave, Corneille, Dict. ; et le Gloss.
de l'Histoire de Paris.) « Y,s,{o\\.convenanciei:ci\Si\\{Y&
« cà ouvrer. » (Ord. t. III, p. 5t»l.) (7)
Tout vostre suy, je le vous convenance.
Kust. Descli. Po.'s. MSS. fol. 150, ool. 8.
Cil à cheval, et cil à pié,
Si comme il eurent convencié,
Tindrenl leur ère, et leur compas.
Rom. de Rou, MS. p. 317.
VARIANTES :
CONVENANCHER. Beauman. p. 248.
Convenancer. Joinv. p. 17 ; Farce de Path. p. 87.
CONVENANCIER. Ord. t. I, p. 445.
CoNVENENCiER. Modus et Racio, MS. fol. 225 R".
CONVENCER. Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. 688.
CoNVENCiER. Roman de Rou, MS. p. 317.
CONVENTEIR. s. Bern. Ser. fr. MS. p. 263, en lat. rondttxit.
CouvENCHEK. Beaunianoir, p. 30 et 31.
Convenanciers, adj. au plur. On appeloit
hommes convenanciers ceux qui tiennent des
domaines congéables et droits convenanciers, les
droits (lui leur appartiennent. Ainsi ce mol s'est
également appliqué à la personne qui possède le
droit et au droit même. Dans le premier sens, on
lit : '• Les seigneurs pourront faire exercer leur
« jurisdiction, et confection d inventaire, sur leurs
" hommes convenanciers, etc. » (Proc. verb. de la
Coul. de Brct. Coul. Gén. t. II. p. 837.)
Dans le second : « Les améliorations ([ue fait le
« détenteur, sont appellées édifices, ou superfices,
» et plus communément droils convenanciers, ou
« droits reparaloires : !e bailleur s'appelle seigneur
» foncier, et celuy qui reçoit domaiiier, convenan-
« cier, et superficiaire. » (Coût, de Bref. Nouveau
Coul. Gén. t. IV, p. 414. — Voyez ci-dessous droits
convenants, sous l'art. Convenant.)
Convenant, suhst. masc. Droit seigneurial.
« Usance particulière de quelques cantons de
Cl Bretagne. C'est proprement la prestation deue au
« seigneur par le roturier qui lient quelque chose
« de luy en domaine congeable (8). « iGloss. de
l'Hist. de Bret.)
Convenant (Voyez Conve.nable.), adj. On trouve
droits convenants dans la préface de l'Hist. deBret.
par D. Maurice, 23' Preuves, p. XVII. (Voyez l'article
précédent ;
Convenaulement, adv. Convenablement (0).
(S. Bern. Serm. fr. mss. p. 11. — Vov. Beaumanoir,
page 12.)
Convencii*, wr?;?. Mot dépravé Limer doux,
selon le Gloss. de Labbe, p. ."lOS. En latin frendere,
qui ne paroil avoir aucun rapport avec convencir.
Le Gloss. de Labbe est plein de fautes.
Convenenieut. [Intercalez Convenement, chi-
rographe , convention écrite : « Ly abbés et ly
(1) C'est le participe de convenancer ou de convcnanchier. (Voir plus bas.) (N. E.)
(2) Convencnces ou convenant signifiait aussi situation : « Et bien sçavoit plus que nul autre des convenences et all'aires
du duc de Glocester. » (Froissart, XVI, 13.) (n. e.)
(3) Avoir convenance à quelqu'un signifie être engagé : « Puisqu'il li avoit convenance de aidier. » (Froiss., IV, 66.) (N. E.)
(4) C'est une convention divisée en articles, en poî» (s sur lesquels on se mettait d'accord. Voy. plus haut CoruitHant. (N. E.)
(5) Loysel disait encore au xvi" siècle (Institutes Coutumiéres, 356) ; « Convenances rompent loi. » (Voir Convenant. (N. E.)
(6) Voyez aussi Ord., VI, p. 229, an. 1376 : « Seront les marchans tenus de baillier bons et souflisans pièges de païer et
accomplir leur niarchié et convences. » (N. E.)
(7) « Mais je vous créante et convenance que je en ferai mon pooir. » (Froissart, V, 213.) C'est aussi prendre un
engagement : « Li aucun payèrent, li autre se coywenencierent et s'aterminerent à payer. » (IV, 257.) (N. E.)
(H) On lit aux Lois de Guillaume (27) : « Si hom volt derainer couenant de terre vers soun seignor. » (N. E.)
(9) On lit dans l'édition Leroux de Linoy (527) : « Et ceu si avint molt convenaulement , et molt saigement l'ordinat li
sapience. » (n. e.)
co
— 243 —
CO
« convens m'ont bailliée des convenemens devant
<■ dis lettres scellées de leurs seaulx et cyrographes
0 à ces présentes lettres. « (Charte de 1262, Cart.
de 21 Corbie. »] (n. e.)
Convenience, subsl. (cm. Convenance, rap-
port. On lit, en ce sens : " qu'amour prend son
« origine, et naissance, de doulce convenience : de
" courage, et de haine procède hostilité. » (Tri. des
IX Preux, p. 264.)
Convenient, adj. Convenable, nécessaire. Ce
mol subsiste encore, à peu près en ce sens, sous la
deuxième orthographe. « Donne moy, très piteux
« père, ferme foy, convenient espérance, et conti-
0 nuel charité. >■ (Chasse de Gaston Phébus, ms.
page 370.) On disoit aussi faire au convenant, poui'
faire ce qui convient, ce qui est nécessaire. (Fabl.
Mss. du R. n- 7218, fol. 146.)
VAIiI.\NTES :
CONVENIENT. Contredit de Songecr. fol. 7 R».
Convenant. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 146, R» col. 2.
1. Convenir, verbe. S'assembler*. Terme de
procédure ^. Ordonner, disposer *=.
* Nous disons encore convenir dans un sens
différent de ceux (|ue nous venons de marquer.
Sous la première acception, ce mot signifie propre-
ment venir avec, se réunir, s'assembler. " Où le
« peuple comi?en;, et fréquente le plus. " (Dialog.
de Tahureau, f''132.) « Fut assigné jour pour ("OMye-
« nir ensemble assez près de Meulent. » (J. le Fev.
de S. Remy, Hist. de Charles VI, p. 153.) (1)
^ En termes de procédure, convenir signifioit
assigner, indiquer un jour pour venir en justice
avec le demandeur (2). « Lq convint z\x parlement de
« Paris, l'assigna, etc. » (Xaudé, Des coups d'Etat,
chap. I, p. 272.)
'^ Enfin ce mot s'est pris souvent pour ordonner,
disposer, prendre soin, d'où s'est formée l'acception
de couvant, convenant, pour disposition prise dans
le sens générique. « Lors vindrenl dames, etdamoi-
« selles veoir l'enfant, et convenir {?>), si comme la
« coustume esloit. » (Percef. vol. IV, f° 65.) En ce
sens, convenir régissoit plus souvent le génitif.
.... Laissiez les Dieux convenir
De les tous détruire, et pugnir.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 482.
« Laissez convenir du tout au Dieu souverain;
« car je tiens qu'après ceste trihulation, il viendra
« ung temps de paix. » (Percef. vol. IV, f- 72.)
« Quant li baillislesse convenir prévôts, etserjans,
« et la mesnie (domestiques) de son oslel plains de
« malice, che (ce) sont leus (loups) entre brebis. ■>
(Beaumanoir (4), p. 10.)
Convenir est pris substantivement, dans ce vers:
Mes du tiers soit au cnm^enir (5).
FabK MSS. du R. n" 721S, fol. 13. R' col. 2.
C'est-à-dire reste à disposer du troisième.
Conjugaison :
Convendra, futur. Conviendra. (Estrub. Fables,
page 87.)
ijonvenist, \m\-). subj. Convînt. (Gloss. de l'Hist.
de Paris.)
Conrenroit, imp. subj. Conviendroit. (Beauman.
page 13.)
Conviengnc, subj. prés. Convienne. (Eust. Desch.
folio 118)
Convienssit, imp. subj. Convint. (Gloss. de l'Hist.
de Paris.)
Convient, participe. Convenu. (Beauman. p. 233.)
Convismes, imp. subj. Convinsmes. (Perceforest,
vol. I, fol. 122 )
Convens, part. Convenu. (Gérard de Nevers ,
r° partie, page 20.)
VARIANTES :
CO.WEXIR. Orth. subeist. (Voyez Covenir ci-dessous.)
CouvENiR. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 319.
2. Convenir, vt'/"&e. Falloir, être nécessaire (6).
(S. Bern. Serm. fr. mss.)
Conjugaison :
Convanra. Il conviendra, il faudra. (Du Plessis,
Ilist. de Meaux, p. 127, tit. de 1231.)
Convenivet. Il convient. (S. Bern. Serm. français
MSS. p. 135.)
ronvnîffl. Il conviendra. (Duch.G. deChast. p. 14.)
Convent. Convenu. (Duch. Gén. de Bar, p. 32.)
Covendra. Conviendra. (Rymer, t. I, p. 114.)
Converat. Il faudra. (S. Bern. Serm. fr. p. 254.)
Convignet. Il est nécessaire. (Idem, p. 2.37.)
Covenist. Il faudroil. (Idem, p. 29.)
Covevrit. 11 est nécessaire. (Idem, p. .357.)
Covient II faut. (Idem, p. 6.)
Covient-il. Il convient. (Rymer, t. I, p. 13.)
Covignet. Il faille. (S. Bern. Serm. fr. p. .56.)
Cunvendra. Il conviendra. (Marbodus.)
Cuverait. Il faudra. (Loix Norm. art. 27.)
Convent (7), nubst. masc. Classe, ordre*. Festin,
assemblée ^. Conclave '^. Ordre de chevalerie °.
Paradis ^.
* Dans le premier sens, on a dit :
Trop sont de haut convent.
Monjot de Paris, Poès.
MSS. av. 1300, t. II, p. fi44.
(1) « Et s'en vint en sa ville de Mons en laquelle ville il fist assambler et convenir les trois estas de Haynnau. » (Froiss.,
XV, 277.) Laissier convenir signifie laisser faire (id., II, 118) : « Et encore en eiiissent plus ocis, qui les euïst layet convenir » ;
de même au t. IX, p. 222: « Tant faissieceiit ces felles gens comie>urque il furent signeurit et menet par iaulx. » C'est
l'équivalent de laisser ester. (N. E.)
(2) « Audoin repondoit qu'Oudin Malet avoit fait convenir par devant lui au Chastellet Richart de Vitry. » (.1,1. 138 , p. 98,
an. 1389.) (n. e.)
(3) C'est plutôt l'acception .\. (n. e.)
(4) Ed. Beugnot, p. 26. (N. E.)
(5) Il peut alors signifier hasard : « Unt mais tut mis au co>ivenir. » (Chr. des ducs de Norm.. v. 2085.) (n. e.)
(6) Le verbe est alors impersonnel : « Si les convint retraire en leurs hostels. » (Froiss., II, 116.) (N. E.)
(7) Rapprochez ce mot de <'o/i!'fr))i, dont il ne différait que par la prononciation; au xvi" siècle encore, il covient se
prononçait il coviant. (Palsgrave, p. 4.) (n. e.)
co
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CO
C'est-à-dire de trop hautparage.
^ Dans le second sens, ce molaéié employé pour
festin, ou autre assemblée, du verbe convenir,
s'assembler, se réunir ; il dérive ses différentes
acceptions de celle élymologie :
.... Telz noces, et tel conveni
Ne sont que coûts, et moquerie.
Eusl. Desch. Poos. MSS. fol. 498, col. 2.
^ De là, on a ûilcovant, pour conclave, assemblée
des cardinaux :
Si s'asenblent assés sovent
Et en chapitre, et en cuvant.
FM. MSS. du R. n' ICI j, l. I, fol. 08, V' col. 2.
" On s'est aussi servi de ce mol pour désigner un
ordre régulier de chevaliers assemblés et réunis en
corps pour vivre sous la uième règle. » Le maislre
« de l'ospital, frère Pierre de ViUebi'ide, qui celé
" treveavoit jurée au soudan de Dumas, se parti de
« Jaffé, à tout son conveni (1), et s'en ala en Acre. »
(Conlin. de G. de Tyr, Marlène, t. V, col. Tl'i.) On lit
plushiut, 1. V, col. 715: • Frère Garnier maistie de
" l'ospital de S. Johaii i avoit tout son conveni, et
« bien avoit en celui ost chevaliers, etc. »
^ EuOii on a dit conveni, pour le paradis, l'assem-
blée des saints. " Le petit entre les plus pelitz, sire
« Dieux, père de ma vie, et de ma vertu, confesse
« moy indigne d'entrer dans ton couvent (2). »
(Chasse de Gaston Phébus, .ms. p. 410.)
VARIANTES :
CONVENT. Poës. MSS. avant 1300, t. II, p. 645.
COVANT. Fabl.MSS. du R. n» 7615, t. I, f» 68.
Convention, subst. fém. Assemblée. Du verbe
Convenir ci-dessus , s'assembler. « En intention
« d'estre, et se trouver à la convenlion qui se devoil
" tenir par l'empereur, cl les autres princes pour
« faire résistance contre le Turc et les Infidelles. .-
(Math, de Coucy, Ilisl. de Charles VII, p. G97.)
Conventuel, adj. Nous lisons : « qu'un prieur
" esl oicl cunvenluel {3), quand il a avecquesluy,
« trois ou quatre frères qui chantent toutes les
« heures à notes, comme grand messe, matines. »
(Gr. Coût, de France, liv. UI, p. 289 )
Conventuels, s«&s^ mnsc. plur. On nommoit
ainsi les cordeliers (4), suivant La Pioque ^Origine
des noms, p. 249.)
Convenue, subst. fém. Aventure, bonne for-
tune. Peut-être aussi le même que cohwhh ci-après,
dessein, résolution.
Li bons moines aime la dame,....
Et s'il senst la convenue.
Que la dame l'amast si fort ;
Confortez fust de grant confort.
Fabl. MSS. du R. n' 1218. fol. 295, V col. 2.
1. Convers, siibsl. inasc. iilur. Lieux couverts.
Ce mot est mis ici pour couvert, et désigne soit des
bois épais, soit des antres, des retraites de bêtes.
Dans une description de la forêt d'Ardenne ,
on lit :
Ardane ert moult grant, à cel jor,
Et porprenoit (comprenoit) moult a son tor ;
Quar plus duroit donc li convers (5),
Sanz la merveilles (l'horreur) des desers,
Que or ne dure tôt Ardane.
Parlon. de Blois, MS. de S. G. fol. )25, V col 3 (6).
2. Convers, S!i/;sf. masc. Moine *. Homme con-
verti ^.
* On a nommé convers et conviers, du latin
conversus, un moine qui est entré dans la religion
dans un âge avancé. (Gloss. de l'Histoire de Paris.)
On a aussi employé ce mol pour ermites, gens de
piété qui sesonl retirés du monde. (Gloss. de l'Hist.
de Paris.) Nous le trouvons encore employé pour
une espèce de religieux particuliers, el même pour
toutes sortes de moines en général (7). [Xoy. Converti
el Converlere, pour se faire moine, dans le Gloss.
latin de Du Cange, et le mol Conversi, Ma.) On disoit
par opposition :
As gens du siècle, et as convers.
Fabl. MSS.de S. G. fol. 52, R- col. 2.
Ce mol subsiste dans un sens moins étendu. Il
désigne seulement les frères lais dans les monas-
tères. Nous disons aussi sœurs converses.
^ On nommoit autrefois convers el converse
homme el femme nouvellement convertis. (Nicot,
Dicl.) On lit : ■• Un couvcrs qui avoit esté sarrazin. »
(Chron. S. Denis, t. II, fol. 105.) ■■ Entre tandiz(dans
u ce temps-là) entra leenz une (WHie/'sc qui juifve
« avoit esté. » (Hist. de Bertrand du Guesclin, par
Ménard, p. 5.) (8)
VARIANTES :
CONVERS. Orth. subsistante.
Conviers. Ph. Mouskes, MS. p. 703 et 704.
Conversable, adjectif. De société, de com-
merce. Adjectif formé du substantif conversation
pris aussi en ce sens. Sully, ayant désigné M™' de
Verneuil, maîtresse du roi, qui s'étoil retirée du
moud.', pendant quelque temps, en 1004, dit :
« Enfin elle revint dans le monde conversable el ne
>< manqua pas de reprendre ses mesmes premières
Et l.à vint litaaistres dou Temple
(1) Convens est une variante orthographique de couvens, employé par Joinville (§ 512) :
et touz li cmwens, touz deschaus, parmi l'ost. » (n. e.)
(2) Conveni signifie société : « Il h dit qu'elle est nice et {elle, Dont tant deraore à la karole, Et dont ele hante si sovent
Des jolis valez le conveni. » (La Rose, 85()0.) (N. E.)
(3) Beaunianoir (XXIV, 16) écrit aussi : « Il convenroit prover que ce fu par le consentement de l'abbé et du convent , se
c'est religions conventuaus. » (n. e.)
(4) Ils n'ont pas adopté la réforme des observantins et possèdent des revenus annuels. (N. E.)
(5) On ht dans un bestiaire ras. (Du Cange, II, 584, col. 2) :« Quant il ont trouvé son convers Et très-bien avisé lors
mers. « (n. e.)
(6) Voyez v. 501, 518, 521, 5186, 5738 de rédition. Chr. des ducs de Norm., v. 2o305. (n. e.)
(7) On l'entendait comme nous au sens de frères lais , de laïques qui ont changé de vie {qui converlerunt vitam) :
« S'aucuns crestiens se soit ot'ers à nostre signor à servant à l'ospital S' .lulien, ne doit mie estre recheu en frère ni en
sereur, ains soit converse entre les frères et les sereurs et esprouvés par six mois. » (Tailliar, xiiF siècle, p. 68.) (n. e.)
(8) « Neantmonis aucuns chrestiens cofii'c'c.s, qui depuis ce que lesdits .hiifs commancerent à habiter en nostre dit
royaume, se sont convertis à la foy catholique et faits baptiser, u (Urd., V, 107, an. 1368.) (n. e.)
co
- 245 —
CO
• ruses et intrigues d'araouretles. » (Métn, t. VII,
p. 67.) Nous dirions dans le commerce du monde.
Conversation, sitbst. féin. Séjour*. Société,
commerce °. Conduite, vie ou manière de vivre,
maintien, contenance'^. Conversion" (1).
* Le premier sens se trouve dans le passage qui
suit : " Avons oclioié, et oclroions leur demeure,
« conversation et habitation, jusques à vingt ans
« entiers, et accomplis. » (Ordonn. pour les Juifs,
de 13(50, imprimée, Rec. des Ord. t. 111, p. 408.) On
lit dans le latin : moram in regno nostro
concedimiis.
° Conversation, pour société, commerce, a formé
l'adjectif conversable, dont nous avons parlé ci-
dessus. On disoit : >• Prudliomme, et loyaus de
" bonne conversation, et de bonne vie. » (Ordonn.
t. II, p. 583.) « Les mesiaux (lépreux) sont débouté
« de la conversation des autres gens. " (Beauman.
p. 240 (2).) C'est encore dans le sens de société qu'on
a dit :
Se béguine se marie,
C'est cn»vcrsacion.
Fabl. MSS. du R n' 7615, 1. 1. (ol. 70, R- col. 2.
•^DanslesensdecoHf/Hi/;? (3),on lit dans S. Bern.:
« Niant parfaite conversation » , dans le latin
imperfectio conversationis. (S. Bern. Serm. fr. .mss.
page 62.)
Dans le sens de maintien, contenance, on lit :
« Li façons est li conversations averte (comme
« nous dirions la physionomie , l'air ouvert.) •■
(S. Bernard, Serm. fr. mss. page 287.) Cette plirase,
dans le latin, répond à ces mots : est autetn faciès
quœ in facie est conversatio. Ce mol, paiioiit dans
S. Bernard (page 39, 3ii), répond toujours au latin
conversatio.
° Entîn, on a dit conversation pour conversion.
" Sainct Denis depuis sa conversation à la foy, fut
« evesque de Corinlhe. » (Hist. de la Toison "d'Or,
vol. II, fol. 147.) Peut-être est-ce une faute d'ortho-
graphe. Cependant, nous trouvons ce mot traduit
du latin conversio, dans la règle de S. Ben.
VARIA.NTES :
CONVEl^SATION. Onh. subsist.
CoNVERS.\ciON. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I, fol. 70.
Converse, subst. fém. Contraire.
La converse (4) est à entendre.
Coul. de Noi-iii. en vers, MS. fol. 38, R>.
C'est-à-dire le contraire, etc. Ce (lui répond à ce
passage mais il est autrement (dans le Gr. Coût, de
Norm. fol. 40.)
Converser, verbe. Habiter, fréquenter*. Agir,
se conduire ^. Ce mot, dans S. Bernard, répond
partout au latin conversari (5).
* Selon le sens du mot latin conversari. « La plus
« grande partie des Anglois conversoyent celle
« part. » (Froiss. livre I, p. 287 (()).) •< En celle forest
« converçoil moult de bestes sauvages. » (Chron.
S. Denis, t. I, fol. 128.)
Il n'est plus périlleux office
Aujourdhui, veu le temps qui court,
Que de trop converser à court,
Et d'exercer fait de justice.
Eust. 'Desch. Poès. MSS. fol. 274, col. 4.
De \l\, converser entour, pour environner.
Quant Tyois qui entour coiivorssent
Voient le dragon trebuchier, etc.
G. Guiart, MS. fol. 131, R'.
^ Dans le sens d'agir, se conduire, on lit : « Ju ne
.. doz mies à dire de cestui ki ensi converset k'il ne
« facet sa salveteit. » (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 191.)
On lit dans le latin : nec de eo qui sic conversatur
dubitent dicere quod S)uim ipsiussalutein opcretur.
VAIUANTES :
CONVERSER. Orth, subsist. - S. Bern. S. fr. MSS. p. 369.
Converger. Chron. S. Den. fol. 128, v».
CoNVERSEiR. S. Beru. Serm. fr. MSS. p. 7.
Conversion, subst. fém. Emeute, sédition.
« Ordonné par le roy de Fiance la garde de l'Ecluse,
« se partit avec ses oncles, et s'en vint à Paris ou,
.1 de nouvel, estoit sur ce une conversion, rébel-
» lion, et uuiimun; contre les nobles. « (Hist. de
Loys Hl, duc de Bourbon, p. 200.) (7)
Converte, subst. fém.
L'escliec li fist tel perte
Que pour prise, ne pour couverte,
L'eschec onques livrer ne pot.
Geofïr. de Paris, à la suite du Rom. de Fauvel. fol. 52.
Convertiiile, adjectif. Qui peut être changé. Ce
mot subsiste sous la première orthographe ; mais
on ne diroit plus chair convertil)te pour chair facile
à digérer, qui fait un bon chyle :
La chair d'oyseaulx volans
Est trop meiUeur, et plus plaisant,
Et plus saine, et plus digestible,
Plus sade, et plus converlible
Que nulles autres chairs ne sont.
Gace de la Bigne, des Déduits, MS. fol. 145, R».
VARIANTES :
CONVERTIBLE. Gace de la Big. des Déd. MS. fol. 139, R".
Co.wERsiBLE. Ibid. fol. 127, V».
(1> Il signifie enfin condition ; « Xe dévoient li dit coureur déporter homme ne femme, de quel conversation que il
fuissent. » (Froissart. VI, 76.) (n. e.)
(2) On lit dans l'édition Beugnot (XXXIX, 33) : « Mesiel ne doivent pas estre oï en tesmoignage ; car coustume s'acorde
qu'il soient débouté de la conversation d'autres gens. » (N. E.)
(3) « Humle est sa conversations. » (Benoît, II, 6191.) (N. E.)
(4) « Estre humble sans clergie vaut mieu.x que la converse ; Car quant li uns se drece, li autres tumbe et verse. » (J. de
Meung, Test., 1041.) (N. E.)
(5) Converser se dit d'animaux qui se retirent en convers : « Dedens se vit un grant serpent cresté. Bien i avoit .ce. anz
conversé. » (Agolant, v, 361.) (N. E.)
(0) On lit encore au t. II, p. 11 de l'édition Kervyn ; « Proece a cerchié ces royaumes et converse entre les habitans. »
Voyei aussi Berte, CVII ; la Rose. v. 10987. (n. e.)
(7) Comparez éd. Chazaud, p. 160. Dans Du Cange, II (5S4, col. 2), il signifie rapports, liaison : « Sainte Marie respondi :
Comment ert chou, car le me di, Ja ne n'eue jou onques baron, Ne vers homme cm^version. » (n. e.)
co
— 246 -
CO
1. Convertir, verbe. Tourner* (1). Faire réus-
sir^. Se faire religieux'^ (2).
* Le premier sens est le sens propre. On le ti'ouve
dans leGloss. de Marol. (Voyez Ord. l. 111, p. TiO.;
« Veu les grandes partialilcz, lesiinelles estoient
« au royaume de Xaples, il eusl esié contraint d'y
" convertir ses forces, pour garder ce dont il estoit
» en possession. » (Mémoire du Bellay, livre X,
f-S'iO.)
°Au figuré, convertir signifioit faire réussir,
tourner ii bonne fin. « Après avoir dévotement prié
i' Dieu de lui estro en ayde, et d".idresser (diriger)
« et convertir son voyage, il s'emimrqua. » (Mém.
du Bellay, liv. VUI, fol. '^37.)
'^ Se convertir, daui le sens subsistant (3), c'est
proprement se tourner vers Dieu, cbangerde vie. La
signification de ce mol éloit autrefois moins éten-
due. 11 sedisoit parliculièremenlde la vie religieuse,
tl'esl en ce sens qu'on lit seront convertis, en latin
convertunlur, embrasseroni la vie religieuse, se
tourneront à l'étal monastique. (Règle de S. Ben.
lai. fr. Ms. de Beauv. ch. 03.)
2. Convertir, verbe. Ecraser, briser. « Tuit sei
« aneinin neseiont mies t'OHCt'r//^. » (S. Bernard,
Serni. fr. mss. p. GG.)Onlildansle latin : ejus ininiici
non conlerentur. 11 peut y avoir faute dans le ms.,
sinon il faudra l'expliquer par retourner, renverser.
Conjugaison .
Converse, partie, au fém. Convertie. « A Dieu est
« vraiement converse. >> (Vies des SS. ms. de Sorb.
chif. L\i, col. 38.^
Convertoient, impart, ind. Convertissoient. (Hist.
de la S" Croix, ms. p. 18.)
3. Convertir, verbe. Se tourner et se convertir.
11 est employé dans ces deux sens dans S. Bernard,
Serm. fr. mss. p. 269. "■ Convertie- vos a mi en toi
« vostrecuer en jeune et en plora. » (S. Btjrnard,
Serm. fr. mss. p. 290, dans le latin t'o/iwr/tmirti ad.)
« Ne voil mies la mort del pecheor anz voit anzois
« k'il se c;o/u'('r//ss('/ et kil vivoit. » (Ibid. p. 269.)
Convertissenient, subst. Changement, con-
version. ^Voy. S. Anath. symbol. fr. 2' traduction.)
Convertoir, subst. masc- et fém. Couverture*.
Sorte de filet ^. Ce mot éloit presque toujouis mas-
culin ; cependant nous le trouvons au féminin, sous
l'orthographe couvertouer. (.Modus et Racio, ms.
fol. 188.) Il y a tout lieu de présumer que coiiver-
toire (Ibid. fol. 287) est du même genre. Couvertons
est visiblement une faute d'orthographe.
* On lit, au premier sens, convertoirs hermins,
dans Garin de Loherans, cité par Du Cange, au mot
Coopertorium.
Coûte (courtepointe) i a bonne, et linoeus chers
Riches velox, et oreillers ;
Bien est criez li covertnx.
Parton. de Blois. MS. de S. G. fol. Hi<, R- col. 1.
Ce mot signifioit aussi une pièce de drap, de toile,
elc, qui sert ordinairement à couvrir les chevaux.
« Estoient ses bannières, ses panons, et \e?>couver-
" toires de ses chevaux de mesmes. •■ (Modus et
Racio, MS. fol. 287.)
Enfin convertoir a désigné en général tout ce qui
sert à couvrir, couverlure, couvercle. Oudin l'a
même employé pour chapiteau de colonne ionique.
On dit encore, en Normandie, convertoir et
même couvretoir, pour couvercle, coubertoire en
patois d'Auvergne, en languedocien coubertoriro (4).
1 Voyez CouvEiiTciiE ci-après.)
^ C'étoit aussi une espèce de filet dont on fait
usage il la chasse aux alouettes, elc. On l'appeloit
ainsi, parce qu'on les couvroit avec ce filet pour les
prendre. « Uuanl l'ung des deux voit l'alouete, ou
« la perdris, ou ung autre oisel, il met son couver-
« toir dessus, et la prent. » (Modus et Racio, f° 92.)
De là, on a dit au figuré :
Fort sont li laz (lacets), et grant li couverlour
Ce n'est pas gas,
Enquelz cil est qui aime par amour.
Thib. de Nav., Focs. MSS. av. 1300, t. I, fol. 03.
VARIANTES :
CONVERTOIR. Du Gange, Gloss. lat. à Coopertorium.
CouvERTOiR. Joinville, p. 33.
CoirvERTOYR. Modus et Racio, MS. fol. 92, V».
CouvEHTOis. Eust. Desch. Poës. .MSS. fol. 418, col. 3.
Couvertons, jj/h)-. Modus et Racio, MS.
CouvERTOiRE. Modus et Racio, MS. fol. 287, R».
Couvertouer. Ibid. fol. 188, V".
COUVERTOUR. Borel, Dict.
Coverto.k. Parton. de Rlois, fol. 128.
Covretour. Chans. MSS. du C" Thib. p. 154.
Covretoir. Poës. MSS. av. 1300, l. II, p. 921.
Couvretoir.
Courertoire. Du Cange, Sloss. lat. à Ciibertoriiim.
Coubertoriro. Borel, Dict. au mot Couvcrtour.
Convexion, subst. fém. Convexité. (Dict. d'Oud.)
Convi, subst. masc. Invitation*. Festin^. Foule,
concours '^.
* On lit au premier sens: <■ Si vostre indignité
« vous retire, son gracieus convi vous i excite. »
(Les Tri. de la iNoble Dame, fol. 326.)
° Ce mot signifie festin dans cet autre passage :
» Cuidez vous, si elle se trouve en un convi,
« qu'elles facent semblant de tenir compte de la
« sumpluosité, et magnificence du banquet (5). »
(Dial. de Tahur. fol. 16.)
•= Il est mis pour foule, concours, dans ces vers :
Mais à coup l'en ouvrit les portes,
Dont If s Angloys en grant convy
Prindrent Francoys de toutes sortes.
Vigiles de Charles VII, t. II, p. 141.
( 1) Et se retourner : « Et abandonnèrent de tous poins leur seigneur, sans riens plus convertir ne aler devers lui. )i
(Froissart, II, 416.)(n. e.)
(2) Il signifie aussi métamorphoser : (I Areltruse... qui en eaue fut par plour convertie. » (E. Deschamps, mort de Du
Guesclin.) (n. e.)
(3) Il est déjà dans Roland (v. 3674). Voyez en outre Thomas de Cantorbery (29), la Rose (v. 12079.) (n. e.)
(4) Le provençal ancien disait coopertura, cubertura. (N. e.)
(5) On lit dans un bestiaire ms. (Du Cange, II, 58G, col. 1) : « Et feroit pour nous grant mangier, Et grans noces et grant
convi. 1) De même au reg. JJ. 182, p. 9, an. 1453 : « Icelini Portalier convia le suppliant à certain jour ensuivant pour le
vouloir festier en sa chambre... auquel convy ledit suppliant se trouva sans y penser à aucun mal. » (n. e.)
co
— 247 —
CO
VARIANTES :
CONVI. Tahur. Dial. fol. 16, V". - J. Marot.
CONVY. Crétin, p. 49. - Strap. t. I, p. 227.
CONVOY. Nioot, Dict.
CoNVEOis. Vig. de Charles VII, t. II, p. 31.
Conviée, sitbst. viasc. Injure, outrage. (Monet,
Colgrave, Oudin, Dict.) Du latin convichim.
Convicier, verbe. In'imiei' (1). (Dict. de Borel,
1'" add.)
Conviement, suhst. masc. Invitation. (Oudin,
Colgrave, Dict.)
VARIANTES :
CONVIEMENT. Oudin, Cotgrave, Dict.
CouviEMENT. Les Quinze Joyes du Mariage, p. 95.
1. Convier (2), verbe. Inviter. Ce mot subsiste
sous cette orthographe. A'ous trouvons la seconde
orthographe dans ce passage : » Fut très aise le pape
a du bon tour qu'il luy faisoil de le convoyer pour
<■ son compère, et envoya, en son lieu, tenir le daul-
« pliin, le duc Urbain son nepveu. » (Mém. de Rob.
de la Marck, seign' de Fleur, ms. page 337. — Voyez
convier, dans un autre sens, à l'article Convoyer.)
Ce verbe, dans le sens oîi nous le disons, fournit
dans son ancienne conjugaison :
Conviarent, prêter. Convièrent, invitèrent. (Rab.
t. l, p. 19.)
Couverra, futur. Conviera, invitera. (Eust.Descb.
Poës. Mss. f° 498.)
Cunveera, futur. Invitera.
VARIANTES :
CONVIER. Orth. subsistante.
Convoyer. Mém. de Rob. de la Marck. p. 337.
Convoiter. Percef. vol. I,, f» 115, V" col. 1.
2. Convier. [Intercalez Convier, festin, comme
convi : « Item est de cy en avant interdit et delfendu
« ausdits mayeur et echevins de faire diners ou
u conviers aux dépens de la ville. » (Stat. pour
S'-Omer, an. 1447, art. 22.)] (n. e.)
Convieur, subst. masc. Qui invite. (Dictionn.
d'Oudin.)
Convin, subst. masc. Assemblée , festin *.
Accord, paclion ".
*Ce mot, que nous aurions pu, ù quelques égards,
réunir à celui de convant, dont il n'est peut-être
qu'une altération, nous a paru cependant mériter un
article particulier, parce qu'il réunit les acceptions
de convant pris pour accord, et couvent \)v\s pour
assemblée, feslin.
C'est dans ce dernier sens, qu'en parlant de
l'élection des officiers municipaux de Liège, on dit
qu'elle se fera par le seigneur, sans festins ou
assemblée d'amis, de païens ou vassaux, si ce
n'est une fois l'année, au gré du seigneur :
De par le seigneur, sans convin.
Les Sentences de Liège, j'. 377, Journal de Paris, sous Cli. VI.
^ L'autre acception que ce mot a en commun avec
convant, est celle de paction, convention. C'est ainsi
qu'on a dit : » Vous n'avez pas prins Piètre au
« combalre, ainz l'avez attrapé par auti'e malice,
" et bien a esté trahy par faux convin i3). » (Hist.de
Bertrand du Guesclin, parMénard, p. 372.) C"est-iV
dire par fausse paclion, en ne tenant pas les con-
ventions.
VARIANTES :
CONVIN. Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 372.
CoviN. Tenur de Littl. f" 151 V».
CoiiviN. Mouskes, MS. p. 150-786, etc.
Coiwiacu, participe. Convaincu . (Ordonnances,
t. I, p. 101.)
Convine, subst. féni. Situation, conduite. (Voy.
Du Cange, au mot Covina ; Glossaire de Marlène,
t. V ; el surtout le Gloss. de Villehardouin, oîi l'on
rapporte divers passages qui ne laissent pas de
doute sur celte signilication de ce mot.) C'est aussi
celle que coniporteiU. les passages suivans : « An-
" glois sont diligens de seavoir la convine de leurs
« ennemis, plus que les François. » (Al. Chantier,
llist. de Charles VI et Vil, p. 99.) C'est-à-dire l'élal
des affaires, la position de leurs ennemis.
Normanz, pas espies (espions) qu'ils eurent,
Lour estre et leur convi>ie sourent (situation) (4).
Rom. de Rou, MS. p. 261.
Tant en i a, que n'en est contes ;
Et sevent tôt le covim; (la conduite)
Du vallet, et de la meschine (fille ou servante).
Pai'Ion. de Bl. MS. de S. G. fol. 142, R" col. 2.
Por ce dit que Cortois, et comme saige maistre,
Con cil qui bien savoit lor covine, et lor estre.
Chasiie Musarl. MS. de S. G. fol. 106, V" col. 3.
Feme sanble lion qui sa queue traine,
Por sa trace couvrir, c'on ne voit sa convine (conduite).
Chasiie Musarl, fol. 107, R" col. 2.
11 pareil donc que le sens propre de ce mot est
conduite, façon de se conduire, et, par conséquent,
situation, état des affaires. Dès lors, il est naturel
de dériver ce mot de convier, convoijer, conduire.
De là, on a fait également convine (5). convive, et
même convie, en supposant que celte dernière
orlhog:aphe ne soit pas une faute. Quawl ',\ convive,
on le trouve si souvent, tant dans les imprimés que
dans les mss. au même sens que convine, qu'on ne
peut s'empêcher de regarder ce mot non comme une
méprise de copiste (0), mais comme une variation
reçue du mol convine. •■ 11 avoil ses e.\ploratcurs,
" par lesquels il scavoitlacoHvii'fdeseseiinenr.s. »
(Hist. de la Toison d'or, f" 7G.)
Couvine, dans le passage suivant, paioit avoir
une signification ditférente de celle que nous
(1) On lit dans la Chr. des ducs de Norm. (v. '37194) : o Son frère despite convice. » (n. e.)
(2) Le verbe convier n'apparait qu'au xvi" siècle. Mais il était pris substantivement dés le xv siècle. (Voir le
suivant.) (N. E.)
(3) Dans Froissart, il est synonyme de convenant, situation (XVII, 8) : « Messires Hues le Despensier qui savoit tout le
conviti et le conduite de la dame. » (N. E.)
(4) « Nous chevaucerons si avant que nous sarons le convine des ennemis. » (Froissart, VII, 162.) (n. e.)
(5) C'est un substaniif verbal fait sur coiivenire. (N. E.)
(6) Ainsi dans Froissart (XIV, 200) le texte porte : « S'il est aie par de là esbatre à ung tel convine » ; une variante donne
convive. » (N. E.)
co
— 248
CO
venons de marquer ; peut-être la même que celle
de couvent ci-dessus, pour classe, ordre :
L'emperiere Othes (Othon) d'Alemaingne
0 lui gens de maintes couvines
Vninqui •!, es champs de lîouvines.
G. Guiarl. MS. fol. 7, Vv
VARIANTES :
CONVINE. Villehardouin, p. 49- 181, etc.
CoviNE. Parton. de Bl. MSS. de S. G. f» 142.
CouviNE. Froissart, liv. I, p. 433.
CouviGNE. Gace de la Bigne, des Déduits, MS. f» 55 V".
CONVIGNE. Poës. MSS. avant VMO. t. Il, p. 89(5.
COUVAI.NE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f" 325, V» col. 1.
COL'MINE (Lisez conviiie). E. Desch. Poës. f» 448.
Convive. Chron. fr. MS. de Nangis, an 1339.
Convie. Le Chev" de la Tour, f» 94.
Conviiitaille, suhst. fém. Convention, ce dont
on convient. « Toutes ces convenances furent
« jurées de tous les barons de l'osf, et du soudan,
« et des amiraus,et de conviiitaille ior rendi Biau-
« fort et la terre de Saiete et celle de Tabarie. »
(Conlin. de G. de ïyr, Martène, t. V, colonne 723.)
Convitieus, adj. Injurieux , du mot Convice
ci-dessus. iNous le trouvons pour épitliète de débat,
dans M. de F.a Porte, et nous lisons dans les Mém.
de Du Bellay : « Le découppa de toutes les sortes
" d'opprobres convitieuses qu'il est possible. »
(Livre VII, 1° 198.)
Coiivivans, subst. masc. pliir. Convives. « Ces
" nouvelles venues aux convivans avec Adomas
» chascun qui niieulx en sa maison, comme de leur
" feste n'eust rien esté. » (Triomphe des IX Preux,
page 76.)
Convive, snbst. nuise, cl fém. Festin, repas *.
Combat ^. Convive, dans S. Bernard, Serm. fr. mss.
p. SI, répond au latin conviviinii.
* Le premier sens est celui du mot latin convi-
viinn. « Platon deffend aux enfans de boire vin
« avant dix-huit ans, et avant quarante de s'enny-
'■ vrer ; mais ?i ceux qui ont passé les quarante, il
« pardonne de s'y plaire, et de mêler un peu large-
« ment en leurs convives (1) l'intluence du Dyoni-
sius. » (Essais de Montaigne, t. Il, p. 23.)
° Dans le second sens, ce mot avoit passé des
faits de lable aux faits d'armes, dans les fêtes mili-
taires. On disoit alors convive d'nrmes, et on
désignoit par là les combats qu'on appeloit fêtes.
Convivez, snbst. masc. plur. Convives.
Convocation, suhst. fém. Vocation *. Terme
de palais °.
* Dans le premier sens, on a dit : <■ En vous ne
« en autre n'a nulle bonne vertu se elle ne vient
« de Dieu ; si aiez tousjours le cueui' en Dieu, et
« en la vertu ; c'est assavoir en la convocation en
« quoy vous estes convoqué. •• (Le .louv. f- 77.)
^ Eu termes de palais, on disoit : convocation en
cas de rlcldiz. (Vovez le sUiede procéder au Parlem.
de Norm. f" 73.)
Convocquer , verbe. Aiipeler. Ce mot, qui
subsisie sous l'orthographe de convoquer, ne se dit
plus de ce mouvement inlérieur appelé vocation,
qui nous détermine pour un certain genre de vie.
On l'employoit autrefois en ce sens : » Ayez donc-
« ques tousjours lecueur à Dieu, et îi la vocacionà
» quoy vous estes convocqiié. » (Le Jouvencel, m.
page 264.)
vAHiANTF.s :
CONVOCQUER. Le Jouvencel, MS. p. 264.
Convoquer. Le Jouvencel, f» 77 V».
Convoier, verbe. Mener, conduire, accom-
pagner.
A tant se r'est mis à la voie,
Et li chevaliers le coiwoie,
Puis li a son chemin monstre.
Blanchardin, MS. de S. G. fol. m, R- col. ^.
On écrivoit convier en ce même sens : « Derrière
« le dict corps soient les pauvres bourgeois, pour
« convier le dit corps jusques à la dite fosse. »
(Bout. Soin. Rur. p. 74.)
Convoier une btste signifioit, en termes de chasse,
la suivre de l'œil : <■ Doit estre son arc si aisé, et si
« doulx qu'il se puisse tenir tout enlesé (tendu)
« longuement, et convoier la beste, tant qu'elle soit
<• un pou outre lui. » (Modus et Racio, ms. f° 74.) On
disoit, dans un sens détourné : Dijc huit ans vous
convoient, vous accompagnent, vous mènent, pour
vous avez dix-huit ans.
Dix huit ans, non pas plus, vous convoient.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 152, col. i.
(Voyez AcnoNvoYEB ci- dessus.) (2)
VARIANTES :
CONVOIER. Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1345.
Convoyer. Crétin, p. 156 ; Moliuet, p. 144.
Convoiter. E. Desch. Poës. MSS. f» 271, col. 4.
CoNVEiER. Tenur. de Littl. f" 6, R° 158.
Convier, Conviter, Couvover.
Convoital)le, adj. Désirable, séduisant. Propre-
ment (jui peut être convoité. Ce mot subsiste encore
sous la première oribograplie, mais il vieillit. On
employoit aussi convoitant dans un sens passif.
« L'entredeux des mameles se monstroit bel, et
" convoitant. « (Percef. vol. V, f° 44.)
variantes :
CONVOITABLE. Orth. subsistante.
Convoitant. Percef. vol. V, f» 44, V» col. 2.
Convoitenient, subst. viasc. Concupiscence,
désir. (Voyez Convoitise ci-après.)
variantes :
CONVOITEMENT. Colsrave et Robert Estienne, Dict.
Covoitement. J. de Renti, P. MS. av. 13(X), t. III. p. 1207.
Convoiter, verbe. Désirer ardemment. Ce mot
subsiste dans ce même sens, selon celte orthographe.
Costar, écrivant à Quillet au sujet du poëme latin
de cet auteur intitulé Henricias, lui mande : « Il
« me fâche que vous m'ayez pris ces mots de con-
« voiter et convoitise; car je m'en servois, le plus
" à propos" du monde, pour exprimer la passion
« que j'ai de voir la suite de voire divin poëme
(1) « Le filz du suppliant estoit séant à table à ung convive qui se faisoit en laditte ville d'Aire. » (JJ. 198 , p. 124,
an. 1461 ) (n. e.)
(.2) Dans Partonopex, v. 3733, en convoiant signifie au départ, au congé, (n. e.)
co
— 249 —
CO
« latin dont vous m'avez envoyé le commence-
« ment. »
On disoit proverbialement :
Cil qui tôt convoite, lot pert.
Fabl. MSS du R. n- 7615, I. II, toi. 171. R- col. 1 (1).
VARIANTES :
CONVOITER. Orth. subsistante.
CONVOITTIER. Chron. S. Den. t. I, p. 258.
CovoiTER. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1048.
CouvoiTER. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. f» 65.
CouvETER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 280, R° col. \.
Convoiteus , adj. Qui désire *. Désirable ^.
Ce mot, dans S. Bernard, répond au latin ambitio-
sus. Ainsi ce mol se prenoit activement et passi-
vement.
* Dans le premier sens, nous disons encore
convoiteux, qui vieillit beaucoup. Nous ne l'em-
ployons jamais qu'activement , et toujours en
mauvaise part, comme convoitise. Autrefois on
disoit couvoiteuse d'obéir. (Nuits de Strapar. t. I,
page 174.)
L'amour, comme tu scaiz, est un enfant gourmand ;
Et pour rassasier sa faim trop couvoitcune,
.le trouve des soupirs une viande creuse.
L'Amour ;t b mode. co[U. de Tli. Corn acl. 4, se. 7.
^ Convoiteux se prenoit aussi pour ce qui est à
désirer, à convoiter. « Vous me dictes merveilles,
■• et tant que le scavoir en doit eslre convoiteux,
» aux jeunes chevaliers. » (Percef. vol. VI.) Nous
ne trouvons convoitis, au féminin, que dans celle
seconde signilication : « Femmes desquelles com-
« pagnie e"st com'oj/î's. pour la jonesce, et pour la
" bia'uté. » (Beauman. p. 15.)
VARIANTES (2) :
CONVOITEUS. Monet, Colgrave. Dict.
CoNvoiTEuz. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, fol. 138.
Convoiteux. Orih. subsistante.
CouvoiTEUX. Nuits de Strapar. t. I, p. 174.
CovETTEUx, CovETEix. Borel et Corneille, Dict.
CovoiTOUs. Poes. MSS. av. 1300, t. III, p. 1031.
CovoTOUs. Villehardouin, p. 103.
CovoiTOs. M" Ouesnes, Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 981.
CONVOITOS.
CoNVOiTOSE, fém. Fabl. MSS. de S. G. fol. 6, R» col. 3.
Convoitis, fém. Beaumanoir, p. 15.
CoNvoiTOUs. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 33.
Convoitise, subst. fém. Désir, empressement.
Ce mol , sous les orthographes employées par
S. Bernard, répond au latin amhitio, concupiscentia
et cupido. On lit cuvise chantele. page 264, dans le
latin conciipiscentin carnalis et cuvise de pechiet,
p. 243, dans le latin concupiscentia peccati. Nous
disons encore convoitise, mais nous en avons res-
treint le sens à celui de concupiscence. Les anciens
appliquoient ce mot à tout désir en général. « Ils
« ne vouloient pas demeurer en la ville, pour C07i-
« voitise de trouver leurs seigneurs. » (Percefoi-.
vol. II, fol. 20.)
Roboani fut destruit, et perdit son royaume.
Pour sa grant couvoise.
Eust. Desch. Pot-s. MSS. fol. 339. col. 3.
Convoi, que l'on écrivoil aussi convoi, s'employoit
pour exprimer le désir d'un plaisir illicite. On a dit
des femmes :
Ne set pas son cuer drecier,
A bien panre, c'ele le voit ;
Ainz est touzjours en maint coiwois,
Dont ele ne se puet partir.
Fabl. MSS. du R. n" 7015, t. II, fol. 135, V' col. 2.
C'est l'acceplion actuelle de notre mot convoitise,
qui, pris en ce même sens, nous fournil les deux
proverbes (3) qui suivent :
1. Convoitise de moines blancs. (Prov. ù la suite
des Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1651.)
2. Gra7id convoitise, fait moult petit. (Froissart,
liv. I, p. 365.)
VARIANTES :
CONVOITISE. Orth. subsistante.
CoviSE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 167.
CouvoiTisE. Rec. des Poës. avant 1300, t. IV, page 1651.
CovoiTiE. M" Quesnes, Poës. MSS. av. 13;1"(, t. III, p. 985.
CoNvoisE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 33j, col. 3.
CcviSE, CuvissE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 24.
Convoi, s. m. Fabl. MSS. du R. n° 7989, fol. 51, V° col. 2.
Couvoi, s. m. Ibid. n» 7615, t. II, fol. 135, V" col. 2.
Convoitises (armes). C'est une faute pour
armes courtoises. (Voyez cette expression sous
l'article Arme.)
Convolante, subst. fém. Femme qui convole
en secondes noces. (Brant. Cap. fr. t. III, p. 28.)
Convoler, verbe. Passer de chose à autre.
C'est la signification générique de ce mol, suivant
le Dict. de Monet. Il signifie encore convoler en
secondes noces, mais on ne dit plus : « Convoler à
'< Testât de mariage, ou de religion. » (Coût. d'Ypre,
Nouv. Coût. Gén. l. I, p. 886.)^^
Convoy, subst. masc. L'action d'accompagner*.
Droit sur les navires ^ (4).
* Ce mot subsiste au premier sens, maison ne
diroit plus au ligure :
Mon salu vous envoi, comme a dame, et amie ;
Et pour faire convoi (5), ma complainte jolie
Dame vous i envoie, etc.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 27i, V" col. 1.
° Convoi se dit encore, en termes de marine, de
plusieurs vaisseaux qui en escortent d'autres ;
de là, peut être, ce mot employé pour désigner un
droit sur les navires que les états des Provinces-
Unies prétendirent lever sur le passage de la mer
de Zélande en 1608. (Voy. Negoc. de Jeannin, 1. 1,
(1) On Ut au xw siècle, dans Benoît de S' More (v. 9597) : « Mais li vilains dit plainement : Que qui tôt coveile tôt
pert. » (N. E.)
(2) On lit dans Th. de Cantorbery (137) : « As Gieus et Judas li coveitus (cupide) alez » (n e )
(3) Voyez aussi Leroux de Lincy, II, 227, 277, 278. (n. e.)
(4) Il signifiait encore : 1» Garde d'un otage : « Pour celle fois il se souffry pour tant qu'il aroit le chevalier anglois en
garde et en convo\i. » (.Froissart, XIV, 45.) 2» Soin : « Ne prenz convoi de l'àme plus que beste sauvage. » (Rom. de Rou ■
Du Cange, Vil, 106.) (N. e.)
(5) (i Les compaignons baillèrent à ladite femme, l'un deux solz parisis et l'autre un gros de Mes ; et puis la vouldrent
ramener en son hostel : mais elle ne volt point de convoy. » (JJ. 158, p. 142, an. 1403.) (N. e.)
lY. 32
co
- 250
CO
p. 674.) A Bordeaux, en 1614, on levoit un impôt (1)
sous le même nom. (Jeann. Œuv. Mesl. p. 602.)
VARIANTES *
CONVOY. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 360, col. i.
Convoi. Orth. subsistante.
Coohof. " S'en suivent ceux qui, pour debte
>• non cognus devant justice, ne sont arrestables en
" corps, ou biens en cette ville de S' Orner, sinon
" au coohof, seigneurie des contlans, où ctiacun
« peut estre arreslé. - (Nouv. Coût. Gén. t. I,
page 295.) Ce mot n'auroit-il pas quelque rapport
avec vercoopinglie. (Ibid. p. 303. — Voyez Lif coop
Ibid. p. 305.)
Coopschat , subst. masc. Marché convenu.
.Mot llamand qui doit s'écrire koopslach. (Falconn.)
« L'homme, ou femme, adhérilé en fief acquis
« durant leur mariage, retient seul la propriété, en
« rapportant, par luy, ou son hoir, à la première
'< moit, le prix, ou coopchat dudit fief, qui se par-
» tira comme autre biens meubles de la mai-son. »
(Coût, de Gorgue, iNouv. Coût. Gén. t. II, p. 1011.)
Cop, subst. masc. Coup. Ce mot n'est guères
remari[uable que par la diversité de ses orthogra-
phes, surtout dans son pluriel. Nous ne citerons
d'exemples que sur quelques-uns. Les indications
données aux variantes suffiront pour les autres.
La dame est trop avilie,
Qi au premier caup olrie (accorde).
Pois. MSS. Val. n" U90, fol. 130, \'.
On a dit de Charlemagne :
Trop baoit yvraice, et son cop.
Ph. Mouskes, MS. p. 301.
('Oji, en cet endroit, est pris pour coup l'i boire.
« Toutes les fois que le cop y escheoit, » que le
coup y tombe. (Gloss. de l'Histoire de Bret.) Nous
disons le cas y écheoit. « Le dernier cop de vespres
<' sonné. » (Ord. t. III, p. 372.) Nous disons le coup
de vêpres.
Nous nommons coups de langue, les médisances,
railleries, bons mots amers. On disoit simplement
cop ou bon cop.
Les cops li viegnent à main,
Ou en la bouche, ou en la mein.
Eles de Courtoisie, MS. de S. Gcrm. fol. 40, V' col. 3.
Pour ses dis, et pour ses boins cos.
Ph. Mouskes, MS. p. 684.
On a dit figurément, par allusion au coup donné
du plat de l'épée sur le col du chevalier qu'on
recevoit :
.... N'avoie sentu les cols (2)
Qu'amors done à ses chevaliers.
Fait MSS. du R. ir "218, fol. 355, V- toi. 1.
(Voyez CoLÉF, ci-dessus.)
1° Attendre l'ennemi à plein cop , se disoit
lorsqu'on le laissoit approcher assez pour pouvoir
frappera plein coup. (Chron. Fr. ms. de Nantis,
an 1249.)
2" Sans copjc rendre. Nous disons sans coup férir.
(Poës. MSS. av. 1300, t. I, p. 138.)
3° A cop. (Vig. de Charles VII, t. I, page 110, etc.)
Tout cop (Ilist. du Th. fr. t. Il, page 368), signifioit
sur le champ (3). Nous disons encore tout à coup.
3' bis. [Intercalez à ces cops, à ces mots (Froiss.
I.X, 408).] (n. e.)
3» ter. [Intercalez au cop, en une fois: « On les
" mandoit en la cambre dou conseil, un au cop,
» lesquels que on voloit. » (Froiss. X, 197.)] (.n. f..)
4° Cop à cop, pour coup sur coup. (Coquillarl,
page 139.)
5" Avent cop, pour auparavant. (Gantiers d'Ar-
gies, Poës. MSS. avant 1300, t. III, page 1131.) Nous
disons, en sens contraire, aprèscoup.
6° .1 tous coustz, pour à chaque fois, à tout coup.
« Celle bataille defaisoient les Turcs, àlous COHS/X-. •>
(Joinville, p. 54.)
7° Faire cop pour frapper.
Si doit on moult doubler tel coup,
Qu'à maint bon preudhomme a tait cop.
Gace de la Bigiie, Des Déduils, MS. fol. CO, R°.
8" Frapper de cops et de pis (4). (Histoire de B. Du
Guescl. par Mén. par 202.) Nous ne marquons ce
passage que pour avenir qu'il faut lire de corps,
comme à la page 233 du même ouvrage.
9" Geter les cops le Roi. Expression figurée qui
paroit empruntée du jeu des dez.
Comme vous getez les cops le Foi.
Fabl. MSS. n- 7218, fol. 178, V col. 1.
10° On disoit proverbialement, cox en aive ou
cops en eve, pour un coup dans l'eau.
Cox en aive ne pert (paroist).
Prov. du Vil. MS. de S. G. fol. 70, R' col. 3.
C'est-à-dire qu'un coup dans l'eau ne paroit point.
N'i part (il n'y paroist) ne que cops en eve.
Fabl. MSS. du R.n" 7218, fol. 207, V col. 1.
11 n'y paroit pas plus qu'un coup dans l'eau. Nous
disons encore : donner un coup d'épée dans l'eau,
pour désigner les opérations inutiles.
VARIANTES :
COP. Mouskes, MS. p. 301.
Caup. Poës. MSS. Vatican, n» 1490, loi. 96.
Cops, plur. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 297, V" col. I.
COPZ, plur. Crétin, p. 185.
COPX, plut: Poës. MSS. av. 1300, t. I, p. 138.
Cos, plur. Ph. Mouskes, MS. p. 684.
Cols, Colx, plue Borel, Dict.
Cox, plur. Estrub. Fabl. MSS. du R. n» 7996, p. 44.
Caus, plur. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 50, V» col. 1.
CousTz, plur. Joinville, p. 54.
Cous, plur. G. Guiart, MS. fol. 18, V".
Copaut, subst. inasc. Cocu (5). (Voyez, sur ce mot
et ses orthographes, les Dict. d'Oudin et de Nicot,
etc.) Nous avons déjà rapporté d'autres mots qui
(1) C'était un bureau du roi qui percevait les droits sur six ou sept marchandises, vins, eaux-de-vie, prunes, etc., quand
elles étaient transportées par mer. (n. e.)
(2) Cols vient de colaphus et colpus dans la loi salique. (n. e.)
(3) « Pluiseurs des leurs en estoient « cop navrés. » (Froissart, XI, 418.) .4 lout le cop a le même sens dans Flore et
.leanne, p. 26. (n. e.)
(4) Pis (pcctus) signifie poitrine. (N. E.)
(5) Voyez plus bas copere, copereau. (n. e.)
co
— 251
CO
servoient à désigner la môme chose. Voyez les arti-
cles Cocu et CouGOT. Nous avons rapporté ici les
diverses oritiograplies qui semblent être des altéra-
tions du mol coupeau, employé pour désigner le
mari dont la femme éloit infidèle. Quelques-uns
dérivent ce mot de copia. Mais on disoit coulpe , au
féminin, comme nous le disons plus bas. Ainsi il
paroîtroit plus naturel de le faire dériver de culpa,
coulpe, faute. Nous appelons : « Cocu un coupant,
" ou cornard. " (Leç. div. de Du Verdier, p. 499.)
« Qui appelle un homme coupault, en présence de
« sa femme, ou une femme putain, etc. » (Coût, de
ïroyes, Nouv. Coût. Gén. t. III, p. 274.)
J'escotnmeni toz les jalous
Qui de lor famés ne sont cous.
Fabl. MSS. du R, n" 7218. fol. Wi, R" col. 2.
On nommoit aussi cous celui à qui sa maîtresse
étoit infidèle. (Poës mss. du Vatican, numéro 1522,
folio 161.)
On disoit, au féminin, coulpe et couppe pour dési-
gner la femme à qui le mari avoit élé infidèle :
<i Ta femme t'a fait coux, ton mari fa fait coulpe. «
(Journal de Paris, sous Charles VI et VII, p. 112,
an 1427.)
VARIAÎSTES (1) :
COPAUT. Div. Leç. de Du Verdier, p. 499.
Coupault. Nouv. Coût. Gcn. t. III, p. 274, col. 2.
Coupeau. Très, des Chart. Reg. 135, pièce l'24.
CopAU. Des Ace. Bigarr. f" 5i V°.
CoupPAULT. Très, des Chart. Reg. 169, p" 132, an. 1416 (2).
Cop. Fabl MSS. du R. n» 7218, f» 147, V" col. 1.
Coup. Du Cange, au mot Recvedil.
Coupz, plu>: Très, des Chartes, Reg. 172, pièce 16.
Cous, plur. Poës. MSS. avant 1300, t. II, p. 651.
Cruous (Lisez cous), plvr. Fable MSS. du R. n<>7218, ^297.
Coux, plur. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 418.
Couz, plur. Du Cange, au mot Cm/us.
Cols, plur. Poës. MSS. Vat. n» 1490, f"4i.
Cos, }i/i()-. Laur. Gloss. du Droit fr.
Cox, plur. Fabl. MSS. de S. G. (■• 77, R» col. 2, etc.
Coulpe, subst. fém. Journ. de P. s. Ch. VI et VII, p. 112.
CouppE. E. Desch. Poës. MSS. f» 449, col. 1.
Copcion, subst. fém. Complexion. C'est une
contraction de ce mot. Nous avons souvent remar-
qué combien nos anciens poêles se doniioient de
licence à cet égard. Eustache Deschamps a dit, en
parlant des femmes :
Humble se faint, de copcion legière,
Au commencier ; n'en doublez mie :
Mais elle print quant prins a s'estrayere.
Dont est cilz toulz qui deux fois se marie.
Focs, MSS. f- 112, col. 2.
Cope. [Intercalez Cope. mesure pour le sel:
« Le suplianl ala acheter une cope de sel pour
« saler le potager. •> (JJ. 163, p. 262, an. 1409.) Le
reg. 166, p. 272, an. 1412, dit que « les six copes
« valent un bichot. » Voyez plus loin Coi'Pe.] (n. e.)
Copeau. [Intercalez Copeau, dérivation, dans
l'inv. des Chartes de Jaucourt (fol. 39, v°, an. 1392):
" Item un copeau de rivière d'Aube, qui puet
« valoir environ .xl. solz tournois. »] (n. e.)
Copelet, subst. masc. Gobelet. (Dict. de Borel,
au mot Gobeau, du latin Cupella.)
Copelle, subst. fém. Coupelle. Terme d'affineur.
On disoit flgurément :
1° ^1 répreuve de la copelle, pour à toute épreuve.
(Bouchet, Serées, liv. III, p. 290.)
2" Mettre quelqu'un à l'épreuve de la copelle, par
équivoque du mot couper, à celui de copelle, expri-
moit l'action de châtrer. ( Bouchet. Serées, liv. I.
page 312.)
3° Mettre à l'examen de la copelle, a la même
signification dans les Contes de Cholières, f" 103.
(Voyez Crepei.le ci-après.)
VARIANTES :
COPELLE. Bouches, Serées, liv. lïl, p. 303.
COUPELE (3).
Copené. [Intercalez Copené, componé en
blason : ■• Et s'armoit d'or à une fasse copenée de
« gueules •- (Froissait, IIl, 26.)] (n. e.)
1. Coper. [Intercalez Coper dans les deux
expressions suivantes: I» Coper les fermes, 3ià'jas,er
les redevances: » Ledit Henri avoit exigié des
« fermiers au temps de le delivranci_', que l'en dit
« coper les fermes, de la livre du pris que la ferme
" estoit mise, douze deniers tournois. •> (Arrêt de
1389, Ch. des Comptes de Paris; Du Cange, II, 588,
col. 3.) 2° Coper les harens, à la fin du carême,
quand on copait les fermes: « Comme le Jeudi
« absolu ledit Jehan et Andri Teste D'or fussent
« assemblez amiablcment ou marchié de la ville de
« Teraire (Tarare), pour jouer par compaignie, à
« un jeu, appelle audit pais coper les harens. «
(JJ. 97, p. 373, an. 1367.)] (n. e.)
2. Coper, verbe. Couper. On lit dans le portrait
d'un faucon parfait, qu'il doit « avoir les yeulx gros,
" et copés. » (Modus et Racio, ms. f- 109.)
On disoit vers coppés , par opposition à vers
entiers. (Eustache Deschamps, Poës. mss. f°399.)
Cauper gueule étoit réduire son adversaire au
silence. Nous disons, dans un sens un peu différent,
couper la parole :
Que trop savoir, pour cauper gcules.
Pois. MSS. aiant 1300. t. IV, p. 131:).
VARIANTES :
COPER. Cotgrave ; Villehardouin, p. 62, etc.
COPPER. Ord. t. I. p. 526, etc. ; Molinet, p. 162.
C.\UPER. Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1253.
Copere, Copereau. [Intercalez Copere, Co-
pereau, pour compère, compereau, mari complai-
sant : « Icellui Rousseloit appelloit le suppliant
« conppere, et faisoit chanter la chançon du copere
« devant son hostel. » (JJ. 187, p. 246, an. 1458.)
De même au reg. JJ. 149, page 96, an. 1395:
« L'exposant dist audit de Mez: Traistre, mauvais,
« batras- tu ainsi ma famme, ou paroles semblables ;
« et ou content de ce ledit de Mez lui dist : Coperau,
(1) On lit encore au reg. 138, p. 4, an. 1389 : « Jean Paulevé dit audit Bressant : « Dreux ait mal gré de tant de
coppaux. » (n. e.)
(2) « Laquelle femme appelloit son mary sanglant couppaull, et se vantoit de l'avoir acouppaudi. » (n. e.)
(3) Villon, d'après Dochez, a dit : « Je crois qu'homme n'est si rusé, Fust fin comme argent de coupelle Qui n'y laissast
linge et drapelle. » (n. e.)
co
- 252
CO
« en pnrole tu. » Cnuperean est au reg. 418, p. 303,
an. 1380; couppereau au reg. 111, page, 82, an.
1377.J (N. E.)
Copet, siibst. masc. Couperet, sorte de couteau
de boucherie. (Borel et Cotrave. Dict. — Voyez Cor-
BETz ci-après.)
Cope-teste. [Intercalez Cope-teste, bourreau.
(Frolssart, V, 205; VIII, 300.)] [n. e.)
Copiaus, sulist. masc. plur. Couplets. Il semble
que ce soit le sens de ce mot, dans ces vers :
Bien fait semblant à son revel
Poins (picqué) soit d'une amourette ;
Car, aveuc sa musette,
0 se vois notoit (avec sa voix chantoit) par copiam;
Ci va la la duri douriaus,
Ci va la la dureté.
Poès. MSS. Valican, n' IWO, fol. 110. R".
Ces vers sont attribués à Jehan de .Nueville, dans
les Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1400.
1. Copie, suhst. fém. Abondance*. Possession,
licence °. Raillerie, brocard '^. Les deu.\ premières
acceptions viennent du latin copia.
*Ce mot lalin signitie abondance (I), et l'on a dit
en ce sens: « GvÂnde coppie de monnuye, « pour
abondance d'argent. iChroiiique fr. .ms. de .Naiigis,
sous l'an 1338.)
° Copia, en latin, signitioit licence, permission
d'user, et de lu le mot copie employé pour posses-
sion, jouissance (2) :
De l'hôtesse avoit la coppie.
Cunuillart, p. H>7.
"^ L'idée de licence attachée à ce mot auroit pu le
faire employer pour raillerie, brocard ; mais nous
avons vu qu'on a dit cop, pour coup de langue,
raillerie, et de \h est venu copie (3), dans le même
sens. '< Voici qu'il y avoit une vieille accroupie au
u coin d'une muraille qui lui vint donner sa copie,
« en luy disant en son vieillois, etc. >■ (Contes de
Des Perriers, t. I, c. 28, p. 178.)
VARIANTES :
COPIE. Chron. fr. MS. de Nangis, on 1297.
Coppie. Coquillart, p. 167.
2. Copie, subst. fém. Ce mot subsiste pour signi-
fier un écrit transcrit d'après un autre (4). On a dit:
« Tenant per copie de court roole » , le même que
CoPiTENANDs ci-après. (Voyez Tenur de LittUon ,
folio 16.)
Copier, verbe. Railler, moquer. Nous venons
de voir copie pour raillerie ; de là copier pour
railler. » Faire grise mine, et mauvais racueil
" (réception) aux\lictes masques entrans en leurs
« dictes maisons, les venir copier, escouter, et
" interrompre es propos, les gaudir (railler) de
« leurs accouslremens. » 'Arr. Amor. p. 417.;
i' Nous avons parlé des copieux de la Flèche ; les-
« quels ont dit avoir été :^i terribles gaudisseursque
« jamais homme n'y passoitqui n'eût son lardon, je
« vous dirai d'un grand seigneur qui entreprintd'y
« passer, sans estre copié. » (Contes de Des Perr.
t. I, p. 177.)
Coppierv'ienl assez clairement de cop (5), coup de
langue , bon mot, plaisanterie, dans le passage
suivant :
Quant nous eusmes bien coppie,
Et bien lardé, et devisé, etc.
Coquillart, p. 158.
On trouve copier pour conloier, le même que
CoiNTER ci-dessus.
VARIANTES :
COPIER. Contes de Des Perr. t. I. p. 177.
CoppiER. Coquillart, p. 158.
CoupiER. Percef. vol. VI, f» 74, R" col. 1.
CoPOiEK. Eles de courtoisie, .MS. de S. G. f" 40 V».
Copieur, subst. masc. Railleur, moqueur,
plaisant. Voyez Cop, coup de langue, bon mol,
plaisanterie, d'oîi l'on a l'ait copier et copieur.
L'étymologie de Le Duchat, sur Rabelais, t. I,
p. 178, tirée de copier, coulrefaire, ne vaut rien du
tout. >< Copieux ont ils été nommés pour leurs
« gaudisseries. » (Contes de Des Perriers, t. K
p. 157.) - Mille, et mille autres petits contes faisoit
" ce copieux curé à ses paroissiens, affin de les
« engarder de dormir en ses sermons. » (,Ibid.
t. II, 'p. 184.)
On disoit, en proverbe. Copieu.i d'Angers. (Dict.
de Cotgrave.) Copieux de la Flèche. (Conte de Des
Perr. t.I, p. 177.)
VAIIIANTES :
COPIEUR.
CoppiEUR. Faifeu, p. 57.
Copieux. Coquillart, p. 159 ; Rabelais, etc., etc.
CouPOiERRES. Eles de courtoisie, MS. de S. G. f» 40, V».
CouPOiOR. Id. ibid.
Copieux, adj. Abondant. On a restreint la
signification de ce mot, autrefois plus étendue. On
ne diroit plus :
.... Visaige en bcaiilté copieux.
Tri. de Pélrarq. traduction du B. d'Oppede, f* M V".
Copiez. [Intercalez Copie:,, épithète des pieds
d'un cheval dans Roland: « Piez ad copiez [vers
1652). »] (n. e.)
Copitenauds, subst. masc. plur. Tenanciers.
Ceux qui n'ont d'autres litres de possession que les
copies des lùles de la cour. (Voyez Du Gange, Gloss.
latin, au mot Copitenauds (61.)
Copie, subst. masc. Couple. Terme de chasse.
Cueilliez ces copies, pour ces chiens retenir.
Rom. de Guariti, >1S. cité p.u Du Can je. au mol cupla i'.
(1) « Car cil de Mede et cil de Perse Qui des elepbans hont topa', Les mainnent en la chevauchie. » (Boece, Du Gange,
II, 590, col. 2. (N. E ) „ .. -
(2) « Compains il te faut laissier ceste fille ; car j'en veuil aussi bien avoir copje, comme tu len as. » (JJ. lia, p. /O,
an. 1379.) (N. E.)
(3) Copie vient encore de copia, au sens d'imitation moqueuse, (n. e.)
(4) « Quant vous ares vostre livre, si le gardés chierement ; car je n'en ai nulle copie. » (Macliault, p. 149.) (x. E.)
(5) Voyez copie (1) et note 3. (n. e.)
(6) NuUum aliud tenemenlorum suorumhabeant instrumentum, quam copias ro(i(to-iOîi cid'!»;, unde et tenantes « par
copie du roole de court i>, dicuntur. » (Voir Littleton, sect. 73, 75. (n. e.)
co
253 —
CO
Copier (se). [Intercalez top/c;;- (se), s'accoupler
dans Partoiiopex (v. 4832):
Bien l'a ses talens soportée
Quant à un garçon s'est copiée] (N. E.)
Copoier. [Intercalez Copoier et Copouier aux
Mir. de Notre-Dame (Du Gange, III. 805, col. 1) :
» Mais phiisors sont, ce n'est pas doute, qui des
« sains voelenl coupoier... qui copoie sor Nostre
« Dame. »] (n. e )
Copon, subst. ntasc. Coupon, morceau, partie
d'un tout (Du Cange, au mot Colpo.) On dit encore
co/w/i(l),dansle patois picard, pour coupon d'étoffe.
(Falconnct.)
Qui du mantel reoeut le don,
Duquel donna, à son propre, un copon.
Eusl. Desch. Poos. MSS fol. 233, col. 1.
Cette acception, qui subsiste, étoit autrefois plus
générale. Ce mot se disoit non seulement dos
étoffes, mais de la partie d'un tout en général. De
là, coppoit de lance, pour tronçon de lance, dans
Petit-Jean de Saintré, p. 328. Copon ou coupon de
blé, peut être pour gerbe de blé, dans les Ordonn.
t. III, p. 51(7 (2).
On nomme encore, dans quelques provinces,
copon de cire, de petites bo'agies. (Voyez Du Cange,
au mot Coponum (3) )
VABIANfES :
COPOX. E. Desch. Poës. MSS. f» 233, col. 1.
CoppoN. Petit-Jean de Saintré, p. 328.
1. Coppe, subst. fém. Sorte démesure* Coup^.
Coupe, vase '^. Coupe, action de couper °.
* Au premier sens, ku'o;«' étoit une mesure de
grain ou de sel. Comme mesure de grain : ■> En
« l'esmine de grain a deux bichols, ou (au) bicliot a
« deux quartaux, ou quartault a trois esminottes,
« en l'esminotle deux boisseaux, et au boisseau
" àeu\ coppes. » (Coût, de Bourgogne, Coût. Cén.
t. 1, p. 857.) ■• Le muid de grain contient douz (deux)
<' setiers, le setierdeu.<esmincs, l'esmine deux quar-
•> taux, le quartault deux moitons, le moiton deux
" mesures, ou trois boisseaux, la mesure trois
« coppes. » (.'vignay, Baill. de la montagne, ibid.
p. 858.) « Le bicbot (qui est semblable mesure que
■' celle de ïourney) contient quatre ((uartes, la
<• quarte deux boisseaux, le boisseau mm coppe et
-' demie, ou deux quarteranches. » (Brancion, Bail,
de Chalon, ibid. p. 859.) On lit (ibid.) : « Bicbot (qui
<■ est la plus grande mes'.ire) a deux mettres, ou (au)
" mettre deux quartes, en la quarte deux boisseaux,
' et au boisseau une coj)pe et demie. » (Cusery,
ibid. p. 859.)
Comme mesure de sel : ■ La quarte qui vaut
« quatre capes à la ditte mesure clermontoise. vaut,
" en assiette, deux sols. » (Procès verbal des Coût,
de Bourbon, Nouv. Coût. Gén. t. III, p. 1228. —
Voyez GorpE ci-après.) (4)
^ Coppe, selon Nicot, a signifié coup.
^ Selon Borel, cope siguilioit vase.
° Enfin, ce mot s'est employé pour coupe, action
de couper, dans ce passage ; » Commissaires députez
» sur la coppe. et prise desmonnoyes deffendues. »
(Ord. t. Il, p. 310.)
De là, on a dit coppe gurgée et cope gorgie, pour
gorge coupée. (Dict. de Cotgrave.)
VARIANTES :
GOUPPE. Coût, de Bourg., Coût. Gén. t. III. p. 857.
Cope. Nouv. Coul. Gén. t. III, p. 1228.
2. Coppe. [InlevcAlez Coppe, partie du bassinet:
' Comme le suppliant eust marchandé à un nommé
•t Bertbelot Tiphaine, demourant en nostre ville de
•■ Paris, de fourbir et lui faire deux mirouers
« d'acier, pour mettre sur le coppe d'un bacinet. »
(JJ. 152, p. III, an. 1.397.) Le coppe du bassinet
peut être la visière ou garde-vue, et les mirouers
deux pièces rapportées, aux ouvertures longitudi-
nales, pour les yeux.] (n. e.)
Coppées. [Intercalez Coppées , mesure pour
les grains (.1.1. 190, p. 172, an. 1400): " Cent à six
« vins coyv^f'es d'avoine, mesure de Mascon. »] (n.e.)
Coppegorge. [Intercalez Coppegorge, coutelas :
« L'ng grant coustel, appelle coppegorge, autrement
" ganivete. » (JJ. 187, p. 134, an. 1455.) A la pièce
214, on lit: « Une longue dague ou Cousteau
« appelle selon le commun langaige ung coppegor-
« gias. "] (x. e.)
Coppe-le-teste. [Intercalez l'expression avoir
Coppe-le-teste dans une cbarte de 1358 (Du Cange.
588, col. 2); « Jeban de la Mare pour plusieurs
" belles, compilations ou paroles sentans commo-
■• lion du pueple,... fu jugié à avoii' coppe- le-
» leste. »] (n. e.)
Coppes. Lisez cappe. (Jonrn. de Paris, sous
Gbaiies V! et VII, p. 110.)
Coppete. [Intercalez Coppete , petite coupe:
" Lesijuelz se levèrent de table en geltant les
» coppctes, potz et chandelles l'un à" l'autre. »
(.IJ. 206, p. .380, an. 1478.)] (n. e.)
Coppeter. [Intercalez Coppeter, copier, frapper
une cloche d'un seul côté avec le battant, comme
pour un glas: ■■ Une messe coppclée par trenle
« coups. " (Test, de Louis d'Orléans, 1403.)
« Laquelle messe se coppetera chascun jour trenle
(1) Le mot avait aussi le sens de copeau : « Baillons... aux habitans d'ioelle ledit coppon ou ladite pièce d'eaue. » (Cli. ilo
Mézières, 1387, Du Cange, II, 44i, col. 2.) (n. e.)
(2) « Li tierce part des ampotis doit estre laissée aux citoiens de Mascons du bled que il vendent. » Cette mesure était ta
moitié de la cop« ou co/ipe .« Les si.x copes valent un bichot ; les .xu. copons valent un bichot. » (JJ. 10(3, p. 272,
an. 1412.) (N. e.)
(3) On lit aussi dans un texte de 1282 (Du Cange, sous Copallus): « Dus coupons de candeille , teille que on le livre et
sceut livrer en l'ostel de Flandres. » Un texte de 1511 porte coppons. o (s. e.)
(4) C'est aussi 1» une sorte de péage : « Merchiers à taulette doit .i. coppe... le cent de fer doit. m. coppes. » (Ch. de Corbie,
an. 1348, Du Cange, II, 588, col. 2.) 2° Une mesure agraire (JJ. 172, p. Kl, an. 1423) : « Une rente héritière , annuelle et
perpétuelle... sur trois couppes de terre ou environ. » (n. e.)
co
254 —
CO
" coups par long Iraicl à la grosse cloche. » (dall.
Christ, t. XII, col. 204, an. 1472.)] (n. e.)
r.oppleige, subsl. maso. Terme de coutume.
Celui (|ui est caution avec un autre. (Voyez Coût,
de Corze, Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 1094.;
Coppuis. [Intercalez Co/Jiniis ou Coppuie:^ ,
droit de couper les rejets des arbres (.1.1. 144,
p. 303, an. 138.5); « Willaumes de Forest , dit
<■ .Malprivel, disoitii avoir... en sa terre et seignorie
" de Forest.... le coppuis ou coppuiez des re-
.. giez. "] (n. e.)
Copser, i^erlw. Prendre coup. (Dicl. de Borel,
1' add. — Voyez Cosser.)
Copton, subst. masc. Portion. Peut-être le même
que CopoN ci-dessus. « Se férirent sur François, à
« un copton de l'ost, moult fièrement. >■ (Ilist. de
Bertr. du Cuescl. par Mén. p. .MO.)
CopuIaire,rt(/yé'f///". Terme de droit. On appelle
action capillaire, Taction par laquelle on accouple,
on réunit, on assimile un payement à faire avec un
autre déjà fait, afin que celui-ci soit égal au pre-
mier. Elle a lieu « si comme quand aucun merce-
" naire a servy par longtemps aucun, pour prendre
<• loyer à traitte, ou à prendre loyer, et son maistre
<. l'avoil payé, pour un terme, de certain loyer, et
■• après ne iuy voulsist payer, pour les autres ter-
•< mes, scachez que, selon la loyescritte, il est tenu
'< à le payer d'autel (de pareil) loyer pour les autres
« termes que payé kiy a de l'an des termes. »
(Bout. Som. Rur. p. 159.) L'éditeur croit que ce mot
vient de copuler, louer son service, et se fonde sur
un vieux praticien ms., dans lequel on lit : « Home
« copule, qui s'est loué à un autre. » (Ibid. note,
p. 168.) Action populaire est une faute dans le Gr.
(-out. de Fr. p. 111. Il faut Vive copulaire.
Copulance, subst. fém Accouplement.
Et de charnele coptdcince.
Eust. rtesch. Poes. MSS. fol. 53i, col. 3.
Copulative, subst. fént. Conjonction.
Car logique sert de ceste euvre,
Et fait par argument sembler
Ce qui n'est pas, et ressembler
Une chose à l'autre opposite ;
Et fait, Je !a copulative.
Division estrangement.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 45", col. 3.
Copule, subst. fém. Accouplement. (Oudin,
Iiictionnaire.)
Copuler, verbe. Assembler, réunir. ■< Je vais
» en Flandres pour copuler les Etals. « (Moyen de
Parven. p. 339.)
De là, se copuler pour s'accoupler. « .l'aymerois
« autant un scavant, qu'un pendant, qu'un de ces
« doctes de lettres me fichant une cheville en l'oeil
" que me copuler amoureusement, tant leur con-
« suetude (pour fréquentation, société) est fade. »
(Moyen de Parv. p. 150.)
Coq, subst. masc. (1) Ce mot subsiste sous trois
des orthographes que nous donnons. On s'en sert
encore pour désigner le mâle de plusieurs oiseaux.
On disoit autrefois cox de cisne, pour cigne mâle.
(Bat. de (Juar. ms. de S. G. fol. 91.)
En termes de coutumes, coq s'employoit dans le
sens où nous disons vol du chapon. (Ordonn. l. I,
pi'éf. p. 21.)
On s'est aussi servi du mot cos pour désigner les
François ; sans doute par allusion au mot latin
gallus qui a l'une et l'autre signification.
Avecques eux emmenoient
Un que Roy des ros apeloient.
Geofr. à fa suite du Rom. de Fauv. fol. 52.
On dit encore en Touraine »»,/«!« (2), pour un coq.
Rapportons plusieurs anciennes expressions oi'i
ce mot est entré, et qui ne sont plus d'usage :
\° Coqs chantans, chant du coq; « l'heure de la
» nuit que l'en dit coqs cbantans [Galli cantus.) »
(Labbe, Gloss. page 504.) « Par nuyt endroit (vers,
« environ) les cocqs chantans. " (Chron. S. Den.
t. I, p. 190.)
2° Pierre de coq. Sorte de piei're appelée en latin
lapis alectorius. (Poës. de Rem. Belleau, t. p. 58.)
3° Coq au panier, dans le sens où nous disons
vulgairement coq en pâte. « Ils lui envoyoient mille
<' presens, comme gibiers ou flaccons de vin, et
« ses femmes lui faisoyent des maueadons et des
« camises ; il estoit traitté comme un petit coq au
« panier. « (Contes de Des Perr. l. Il, p. 22.)
4° On disoit, en parlant de quelqu'un qui tenteroit
inutilement une chose, « qu'il n'y feroit non plus
« que le coq sur les œufs. » (Contes d'Eutrapel (3).)
5" Entendre chanter le coq de quelqu'un, signi-
fioit entendre le bruit de quelqu'un qui arrive.
« Plusieurs s'estoient persuadez qu'on n'auroit pas
« mis le pied dans la Lorraine, que les cocqs des
« retires ne s'entendissent chanter. » (Disc, polit,
et railit. de la Noue, p. 745.)
5° bis. [Intercalez Coq de paroisse, au sens con-
temporain de seigneur de village : « Icellui
« Godeffroy dist au suppliant: Vous estes ung très
•i mauvais homme, et n'estes que ung pilleur de
« gens, et estes droilement un coq de paroisse. >■
(JJ. 194, p. 275, an. 14G7.) (n. e.)
6" Chanter le coq s'est dit d'une femme qui parle
plus haut que son mari. (Oud. Cur. fr.)
PROVERBES :
1. Molière (Fem. Sav. V, 3) a cité ce proverbe :
« La poule ne doit pas chanter devant le coq. »
Barlette, Serm.. de Caresme, feriâ vi, hebd. iv, de
amore conjugati, avoit cité ce même proverbe en
latin, d'après le dominicain Conrad de œsculo,
auteurdu xiv siècle : « Hœc domus non mihi placet
« ubi, gallo tacente, gallina cantal. » Les termes du
dominicain ne sont pas absolument les mêmes:
« Familia mihi displicet in quà Gallus , canente
« gallinà, lacet. » (Falconn.)
(1) Voyez plus haut Cuni. (n. e.)
(2) Voyez plus loin ce mot, qui siibsiste en Poitou. (Favre, Glossaire, 199.) (n. e.)
(3) Comparez Cotgrave. (n. e.)
co
— 255
CO
2. Les vers suivans semblent une sorte de pro-
verbe sur la discrétion des amans :
Cors qui désire amie
Doit estre son cos, en plus
Et li cuers rie.
Adans !i Bocus, Poès. MSS. avanl 13U0, t. IV, p. 1418.
VARIANTES :
COQ. Orlli. subsistante.
CocQ. Chron. S. Denis, t. I. fol. 190.
COG. Fabl. MSS. du R. n» 721«, fol. 175, V» col. 1.
CoK.. Hist. de la S'« Croix, MS. p. 20.
CoG. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 99.
Cox. Fabl. MSS. de S. G. fol. 56, R° col. i.
Cos. Fabl. MSS. du P.. n" 7615, t. II, fol. 135, V" col. 2.
Gaul, Jau.
Coq, adj. lîouge. Mot du patois breton. (Dict de
Borel, 2" add. au mot Coccitm.)
Coq-à-l'asiie, subst. masc. Satyre, sorte de
poésie. On a écrit ce mot selon toutes les orthogra-
phes du mot coq, que nous avons citées. Boissière
définit le co(j-à-l'as)ie une satyre, ou « composition
« de propos non liez, couverlement reprenant les
« vices d'un chacun. .. (Poët. page 254.) « Juvenal
n s'estant proposé d'escrire des satyres, lesquelles
'< n'ont autie but que de pic(iuer, reprendre, et
'< mesdire, sont comme libels diffamatoires, ce que
<■ nous desguisons du nom de Pasquiiis, ou de
« coq-à-l'asne. •• (S. .lui. Mesl. Historiq. page 551.)
On lit « satire en forme de coq-à-l'astie », dans
Pasq. Rech. p. 611.
Cette espèce de poésie avoit été inventée par
Clém. Marol, suivant Sibilet (Art. Poët. c. 9,
page 125.)
On disoit loiirner, saillir (I), ou sauter du coq à
l'asne, pour changer de propos, et c'est en ce sens
que l'expression coq à l'asne est demeurée en usage,
pour exprimer un propos sans aucune suite. Parmi
les bons mots d'Henri IV, à la suite de ses amours,
on lit « qu'un prélat luy parlant un jour de la
« guerre, et assez mal, il tourna, comme on dit du
>< coq à l'asne, et luy demanda de quel saint estoit
« l'office ce jour l;i dans son bréviaire. » (Am.
d'Henri IV, p. 42. i
Coq-basille , subst. musc. Basilic. On lit :
>< escu basilides, d'or à un coq-basile », dans Perc.
(vol. II, fol. 129.) Li cos-basiles, dans le Poman du
Renard de J. Gielée; basilisque, dans Ai. Charlier.
(Falconnet.)
Coq-marant, subst. masc. Cormoran. Corvus
aquaticus, dans Pline.
Ventre à soufl'elet, cuisses de coqmai-ant.
Hanches de buef, et jambes de héron.
Eusl. Desch. Poi-s. MSS. fol. 221, col. 4.
VARIAMES :
COQ-MARANT. Eust. Desch. Poës. MSS. fol, 221, col. 4.
COR.MARAN. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 488, col. 1 (2).
CORM.A.RENS, plur. Gace de la Bigne, des Ded. MS. f" 11, V".
CûURMARAN. Rabelais, t. II, p. 128.
CosM.\RAN. Eust. Desch, Poës. MSS. fol. 137 (3).
Coqnou , subst. masc. On appeloit jeu ds
coqnon (4), une espèce de jeu en usage dans la
sénéchaussée de Bigorre. (Très, des Chart. reg. 149,
pièce 150.)
Coqnaigne, sî//>s^ fém. Nom factice. Le pays
de Coquaigne est ce que nous appelons en langage
populaire pays de Cocagne. Ce mot vient du nom
que l'on donnoit aux pains ou pelottes de feuilles
de pastel mises en pâle avant que de les mettre en
poudre. On lit, dans Savary, que ces pains étoient
appelés cof s, d'où cocaiçine[a)\ comme de l'espèce de
pastel appelée bourq, on a fait Ijourdaiyne. Le pas-
tel, avanl la découverte de l'indigo, enrichissoit le
Languedoc; de là, cette province, et ensuite tous
les pays fertiles et riches furent nommés païs de
Cocagne. Boccace, nov. 73, se sert en ce sens du
mot eoccaynia. (Falconnet.)
Un pays imaginaire oii l'on trouvoit toutce qu'on
pouvoit souhaiter est désigné par le mol quoquai-
gne, dans un fabliau, ms. de la Bibl. du Roy, n°7615,
"fol. 147. On lit dans ce même ms. :
Li pais si a non coquaigne ;
Qui plus i dort, plus i gaaigne.
Fabl, MSS, du R. n» "615, l. II, fol, 187. V' col, 2,
L'usage de ce mot remontoit encore plus haut,
comme on le voit par les vers suivans qui sont plus
anciens :
Outrecuidier, et ma foie pensée
Me fait chanter ; las ! si ne sai porquoi.
Se por ce non, que je lai esgardée ;
Se je la vi, qu'en afiert-il à moi?
Donc auroie-je ijuoijiiaigne trovée.
S'il ière ensi tout mien quan que je voi.
Gilberl de Ber.ieville, Poès. MSS, av l.iOO. 1, I, p, 145,
On joua en 1631, une comédie intitulée: « Les
n fanfarres, et courvées abbadesqties de Roulle
« Bontemps, de la haute et basse coquaigne. »
(Beauch. Rech. des Th. t. II, p. 32.)
VARIANTES (6) :
COQUAIGNE. Fabl, MSS, du R. n» 7615, t. II, fol. 187.
QUOQUAIGNE. Poës, MSS, av, 1300, t. I, p. 145.
Coquart. [Intercalez Coquart : « Icellui Beruarl,
« dist audit "Duchesne :... Va-t-en hors de me
« maison, coquart; lequel Duchesne respondi audit
.' Bernart qu'il n'estoit point coquart, mais que
'< ledit Bernart estoit bien coq'iart, hernart et tous
" sos: car il n'estoit si mauvaise conardie que
« sotie. » (.1.1. 142, p. 20, an. 1391.)] (n. e.)
(1) On lit au xv*^ siècle, dans le Loyer des folles amours (p. 315) : « De moi vraiment Vous vous raillez ; Trop vous faiUez,
Car vous saillez Du coq en l'asne Evidemment. » L'anglais dit cock and a huit (taureau). Voyez l'origine probable de cette
expression dans le conte de Grimm, où le coq et X'àne voyagent en compagnie du chat. (n. e.)
(2) « De cornutrans ou de butors. Et d'autres semblables oyseaulx. » (N. E.)
(3> <i Contre l'aigle trop ont cuer chault. Quant prandre voient leur poulaille A breSiiers, à villenaille, A cosmarans qui so
font baux Pour l'aigle et ne sont que ribaux. » (N. E.)
(4) Lisez coqi'.tni (an, 1.395) : >< LesqueLx jouoient ensemble à un jeu, appelle le jeu de coquon. » Ce doit être le coclioimel.
(Voir même volume, p. 78, col. 1.) (n. e.) •
(5) Ce cocagne vient du grec noxxos, par. le latin coccus. (n. e.)
(6) Voyez même vol., p. 75, col. 1, Cocainrjne. (n. e.)
co
256 -
CO
Coqnassier, su)ist. masc. Coquetier*. Chau-
dioiiiiier^.
"Voyez sur le premier sens de coquetier, Rabe-
lais, t.V, pronostic, p. 12, et le Dict. de Cotgrave.
^ Outre celte première acception, Cotgrave lui
donne encore celle de chaudronnier, celui qui fait
ou vend des poêlons (1).
('oquatris, suhsi. wft.sc. Basilic ('i).(Voy. Monet,
Oudiii, Ménage et Du Cange, au mut Cocatrix.)
C'est un animal aijuatiqae. amphibie, dont on peut
voir Thisloire naturelle dans la i3r>' réponse du
livre de Sidrac. » Je trouvai un œuf de serpent,
« duquel froissé sortit un poulet bisilisc dict coqua-
« trix. « (Alect. Rom. fol. 53.)
VARIANTES :
COQUATRIS. Oudin, Nicot, Dict.
CoQUATRix. Rabelais, r. IV, p. 274.
CocATRis. Oudin, Dict.
COCATRICE.
Coque, subst . fém Bateau, canol*. Coquille^ (3).
*Ce mot est le même que conque, coquille, au pre-
mier sens. L'on appelle coque une espèce de barque,
:i cause de sa forme ou de sa petitesse. (Dict. d'Oud.)
Un lit dans .luvénal des Ursins l'i): « Les Anglois
.. deffendant UM'ivage delà mer contre les François
i' vaillamnienl allèrent a eux, les uns à batteaux, et
« les auties à petites coques. « (Hist. de Charles VI,
p. 175.) On trouve « dix huit barges, quinze gros-
<' ses nefs et deux cogites, « dans l'Histoire de B.
du Guesclin, par Ménard, p. W2. (Voyez, au même
sens, Coquet ci-après.;
^ On dit encore coque, pour coquille, en diverses
provinces maritimes.
A toiicher plus polie, et fine.
Que n'est une coqite marine.
Du Bellay, p. 31-!.
Ce mot est pris en ce sens, dans l'expression
suivante : » Coque pour coque, si l'un baille des
» pois, l'autre rend des febves. » (Div. Leçons de
Du Verdier, p. 500.) r<ous disons familièrement, au
même sens : Chou pour chou.
VARIANTES (5) :
COQUE. Juvénal des Ursins, Charles VI, p. 175.
CoGUE. Hist. de Bertr. du Guesclin, par Mén. p. 462 (6).
Coquebiii, s;<6s/. /«rtSf. Termed'injure. « Sœur
« Jeanne nous dit que je suis aise que ce gros
« coquebin (7) là est hors de céans. •> (Moyens de
parvenir, p. 87. )0n lit plusbaslibid.): « Coquebince
« que les Tourangeaux appellent ('0/i7i/c()7('. >■
VARIANTES (8) :
COQUEIIIN. Moyen de parvenir, p. 88.
CoNQi'EBiE. Ibid. p. 88.
Coquefague. subst. fém.
Bien ressemblez une coiiuefaguc
Barbe n'avez, et dient anquant (quelques-uns)
Que vous avez la teste si ague, etc.
Vois. MSS. d'Eust. Desch. fol. 521. col. i.
Coquefredouille, subst. Un bon sot. (Oudin,
Cotgrave, Dict.) En espagnol, vergaute, coyon (9).
Coquelet, subst. niasc. Coqueret, plante. Oudin
entend la même chose sous les noms de coqueret,
coquerette et coquerelle. 11 est probable que coquelet
désigne aussi la même plante. Dans la description
d'un jardin, « ordonné par quarraux », on lit: « En
" l'un estoitdela marjolaine, en l'autre des soucies,
« en l'autre des gyroflces, eu l'autre des coqueletz. >•
(Cartheny, Voyage du Chev«' errant, folio 50.)
VARIANTES :
COQUELET. Cartheny, Voy. du Chev" errant, f" ôO.
Coquerelle, si(6s(. f'éin. Oudin, Dict.
Coquerette suhst. fém.
Coquelicoc, subst. mase. Le chant du coq *.
Pavot sauvage °.
* Oudin distingue les deux mots coquelicoc et
coqid'ricoc, et donne le premier comme le nom du
pavol sauvage qui croît dans les blés, et le second
con.ine 'e chant du coq (10). Nicot et Monet attribuent
cette i' 'inière signification aux mêmes mots, aux-
quels i's appliquent aussi la première.
^ Nous disons encore coquelicoc pour pavot sau-
vage , et l'on prononce en quelques provinces
coquericoc (11).
VARIANTES :
COQUELICOC Monet, Dict.
CoQUELicoc'.Q. Nicot, Dict.
Coquericoc. Oudin, Dict.
Coquelinette, sh/)s/. fém. Ce mol s'est employé
dans le refrain d'une chanson :
Dieux j'oy la coqticlinelte,
Dieux j'oy la coqueluron.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 100. col. 2.
(1) Voyez même vol., p. 76, col. 1, Cocasse, (s. e.)
(2) Voyez Cocatrix, p. 76, col. 2, même volume. (N. E.)
(3) On lit dans un cartulaire de Corbie, an. 1426 : « Ui;g millier de cherchaux pour le provision de l'église , est assavoir
deux cens de renforchiés, deux cens à coques, et le remain keures. » Le sens est ici douteux, (n. e.)
(4) On lit aussi dans Eroissart (XII. 1) : « Plenté de naves, de gallées, de vaisseauls , de balleniers et de coqi'es pour
passer le roy, de France oultre en Angleterre. » Ces navires devaient être d'un fort tonnage, puisqu'ils venaient d'Allemagne
en Normandie : « Lesquelles denrées et marchandises chargiées... en la nef ou coqiw, nommée S. Esprit de Brisemberk en
Allemagne, et furent prises et robées en mer par certains escumeurs de mer de la coste de Normandie. » (Arrêts du Pari.,
vol. V.-an. 1371.) (N. E.)
(5) Le vol. VI des Arrêts, an. 1370, donne une variante : « Quandam navim, gaUice quoquc nuncupatam. » (n. e.)
(6) Voyez même vol., p. 187, note 2, où on lit coghe. (n. E.)
(7) « Sanglant villain, traittre, bigame, coquebin, puant. » (.IJ. 173, p. 393, an. ;426.)(N. E.)
(8) On trouve encore aux Miiacles de X. D. la forme coquebers : « Bien estoit roqncbers, par marne , Quant il guerroioit
N'ostre Dame. » (N. E.)
(9) On lit dans M°" de Deshoulières, d'après Bescherelles : « L'Espagnol, ce coquefredouille Va toujours à Técole et perd
toujours bredouille. » Au Dict. de Trévoux, on le retrouve : « C'était au temps où la France portait des hommes mâles et
non des coquefredouilles embéguinés. » (N. E,)
(10) Ce mot a d'abord désigné le coq qui se dresse pour chanter : « Un coquelicoq, tout droict sur ses piedz, dont le corps
est d'une coquile de perle. » (De Laborde. Einau.r. p. 223, xiv« siècle.) (N. E.)
(11) Ou les aura ainsi nommés parce qu'ils sont rouges et tremblants comme la crête du coq. (N*. E.)
I
co
— 257
CO
Coquelineux,a(iJ. Fol,ratier. » Picard, chantre,
« et maitreès arts ; quand ces trois bonnes qualitez
« sont en nn personnage, on ne doit pas s'éiner-
<i veiller s'il est un peu coquelineux (1). » (Contes
de Des Perriers, l.l, p.'il.)
Coquelle, subst. féin. Poi. (Corneille, Borel,
1" add. — Voyez ci-après Coqui>^e.)
Coqueloote. [Intercalez Coqueloote, pierre
blanche en forme d"œuf, qu'on met sous les poules
pour les accoutumer à couver. Ce doit être Torigine
de coquelourdc, qui a désigné l'oiseau ou le caillou :
« Icellui Villemet gelta au geron du suppliant une
<■ pierre blanche en façon d'un œuf, que l'on
« nomme une coqueloote, qui estoit à entendre,
" par ledit Maillart que ledit suppliant ressemtiloit
» à la geline couvice, qui est voulentiers longue-
i> ment sur ses œufs. » (JJ. 200, page 189, an.
l'iTS.)] {^. E.)
Coquelourde, (idj. au fém. Imbécile. Coque-
lourde, substantif, est une plante qui porte encore ce
nom. li'adjectif coquelourde n'a aucune affinité avec
cette plante. Le mot lourd, qui entre dans la compo-
sition de ce nom, a seul amené le sens qu'on lui
donne :
Là veez vous la lime sourde,
Qui pense plus qu'elle ne dit ;
Souventes fois s'esbat, et rit,
A planter une gente bourde,
Contrefaisant la coquelourde (2),
Soubz un malicieux habit.
La véez vous.
Chasse et Départie d' amours, p. 27'.), col. 2.
Coqueliichant , adj. Oui a la coqueluche,
sorte de rhume. Voyez l'article suivant.
Comme deçà on va coqueluchanl.
Grelin, p. 212.
C4oqueluclie, subst. fém. Espèce de rhume. Ce
rhume est accompagné d'une toux violente et
convulsive. Quelquefois c'est une maladie épidé-
mique. Monstrelet, vol. 1, f" 202, dit:» Adonc
» regnoit par toutes les parties du royaume de
« France, et en divers antres pais, une maladie
« générallequi selenoit en la teste, de laquelle mou-
" rurent plusieurs personnes, tant vieux que jeu nés,
« et se nommoit icelle la coqueluche. » Elle duroit
encore ù Paris, eu 1414, suivant Choisy, Vie de
Charles VI, p. 432. D'où l'on peutconclureque M. de
Thou et Pasquier se sont trompés, lorsqu'ils ont
placé la naissance de ce mot et de la maladie , l'un
en 1510 et l'autre en lr.57. Cette maladie régna à
Rorne du temps de Néron, qui en fut lui-même
attaqué. J. Le Fevre de S. Remy en parle sous le
nom de cocqueluee, da.is son Histoire de Charles
VI, p. 58 : ■• En ce temps regnoit une maladie qui
« tenoit en la teste, dont plusieursjosnes et vieulx
« mouroient , laquelle maladie on nommoit la
« cocqueluee (3). »
VABIANTES :
COQUELUCHE. Du Gange, à Quoqueht.ca, fjmquihnn (i).
CocQUELUCE. Le Fevrn S. Remy, Hist. de Ch. VI, p. 58.
Coqueluchers, subst. masc. plur. Espèce de
confrairie, partie religieuse et partie bouffonne. On
y substitua celle des" conards ou cornards. (Du
Cange, au mot Abbas cornardorum (5).)
Coqueluchonné , adj. Qui a un coquelu-
chon (0). (Dict. de Monet.)
Coqueluirie, subst. Terme d'injure.
Faisons donr.jues la départie (séparation) ;
Allez à Dieu, coqueluirie,
Trop de liourt, et barat sçavez
De ceux ne siiis ceste fie.
Eusl. Descli. Pocs. MSS. fol. iM. col. 3.
Coqiieluron, subst. inasc. C'est une espèce de
refrain de chanson dans les vers que nous avons
déjfi cités sous l'article Cooiiklinette.
Coqueniar, subst. masc. Ce mot, qui subsiste,
nous fournit un ancien proverbe (7) que nous rappor-
terons : » Voir de sou eau dans un coquemard de
» cuir bouilli. » (Histoire du Théâtre fraurais, t. IV,
page l'i2.)
Coquentin.rintercalezCof/!/(?H^i?tdansAgolant,
v. 1162:
Mais ne feroit por lui un coquentin
Plus het l'un l'autre que triade (thériaqiie) venin.] (n. e.)
Coqueplumectz , sul)St. masc. plur. Fous,
insensés. Les fous portoient autrefois des plumes
de coq à leurs bonnets ; de lit, ce mol pour signi-
fier fous en général :
Ces bagas (glorieux"), ces coqucplumeclz (8)
Transis d'amours, je les commetz (défie)
Pour s'i trouver, etc.
Œuvre de Roger de Collerye, p. 77.
Coquei' , verbe. Heurter , choquer. (Oudin,
Cotgrave, Dict.)
Couqerelle. [Intercalez Coquerelle, femme (jui
garde les chanoinesses de Remiremont depuis
i'exlrême-onction jusqu'à leur enterrement, dans
les Mémoires de la Houssaie (t. l, p. !)).] (n. e.)
Coquet, sul)st. masc. Bateau, canot. C'est le
diminutif de coque ci-dessus, espèce de barque. A
l'attaque de Sandwicli, par les François, » il n'y eut
« autre dommage sur les dits François, fors qu'en
(1) Cotgrave écrit : « C.oqitelincr un enfant. » (N. E.)
(2) Ch. d'Orléans avait écrit dans un rondeau : « Contrefaisant la coquelourde Soubz un malicieux abit. » (N. E.)
(3) Cette maladie était une sorte de grippe, et pour s'en guérir on se coiffait d'une coqueluche ou cipuchon. (n. e.)
(4) C'est aussi une coiffure ecclésiastique (.11. 168 , p. 37 , an. 1414) : « Le suppliant prinst... une aumusse ou
coqueluche. » (N. E.)
(5) Taillepied, dans ses antiquités et singularités de la ville de Rouen , écrit que les conards «. ont succédé aux
coijuehichers, il y a environ 50 ans [vers 1530] qui se presentoient les jours des rogations en diversitez d'habits. » (N. E.)
(6) M°"' de Sévigné (517) écrit encore ; « Elle déguisoit votre fils avec trois jupes si plaisamment cofjueluchonnées. » (n. e.)
(7) On le trouve au xiv» siècle (De Laborde, Emaux, p. 223): « Trois petits coqnemars à biberon, et au couvescle senties
armes de mons' le Dauphin. » (N. e.)
(8) On lit aussi dans la Sat. Ménippée . d'après Bescherelles : « Maints gentilshommes qui se montrent vaillants
coqueplumets sur le pavé de Paris. » (N. E.)
IV. 33
co
— 238 —
CO
« un cofiuet ou estoient douze hommes de guerre,
" lequel elîondra, et pour ce en noya neuf, qui fui
« ïrrand dommage. » (Al. Ctiarlièr, Histoire de
Charles Yl et VU, p. !24'2.) •• Fussent saillis du
« navire par le coquet, de paour de mourir de
« tempeste. » (Fabri, Art de Rhétor. liv. I, f" 44.)
Ains refait ses vessiaus hourder (radouber),
Dont il et là quoquez, et barges,
Et grans nez (navires) profondes, et larges.
Guil. Guiart, cilt; par Du Gange, Gloss. lat. au mot Cochetus (1).
C'éloit un usage à Bayencourt, paroisse de Res-
sens, lorsque queliiu'un se niarioit, de lui faire
donner le » coquet .... du vin, et viande pour aller
« boire, et esbatre. » (Très, des Chart. Reg. 1G7,
p. 18!).) Ces lettres de Cliarles VI sont adressées au
bailli de Vermandois (2).
VARIANTES :
COQUET. Fabri, Art de Rhét. liv. I, f« 41 V».
QUOQUEZ. Du Cange, au mot Cochetus (3).
Cochet (4).
Coqueter , verbe. Chanter comme le coq *.
Pondre °.
* Au premier sens, coqueter s'est dit du chant du
coq ou des poules et de l'imitation de ce chant.
(Dict. d'Oudin.) De h^i notre mot coqueter, suivant
Pasquier (Recherches, p. (>71.) Il dit : •< Coqueter des
« coqs et poulies est le langage dont ils nous rom-
« peut la teste, quand ils s'entrefont l'amour, dont
« nous avons formé, par une belle métaphore,
« caquetler , lorsque quelques babillards nous
« repaissent de paroUes vaines: et delà mesmes
« les medisans ont appelle le caquet des femmes ;
<> mesmesque l'on appelle une femme coquette qui
« parle beaucoup sans subjet. »
Le passage suivant paroîlroit indiquer l'époque
oh le raoicàqueter pritfaveur : « Les poulies cofywe-
« tans ou, si voulez qu'ainsi je le die, caquelans
» ensemble, etc. » (Lett. de Pasquier, t. I, p. 60(5.)
On a dit : coqueter à geulle ouverte, pour rire
avec éclats, imiter en riant le chant de la poule.
« Il ouyt jecter une grande risée de cachin, coque-
« tant à geulle ouverte, dont estimant, en riant
« ainsi, qu'il y eu.st là quelque personne cachée
« qui se mocquast de sa cheute, etc. » (.\lect. Rom.
f° 93. )
^ Selon Oudin (Dict.) , l'on a dit coqueter, pour
pondre.
Coquette, subst. fém. Poule*. Discoureuse,
impertinente °.
* Le premier sens est le sens propre. (Oudin,
Dictionnaire.)
^Le second est le sens figuré (5). (Oudin, Cur. fr.)
Coquibus, pron. Quicontiue. Ce mot semble
formé du lalinr»;». préposition, et du pronom veh\-
{i( qulbus.
Et par ainsi, mes jeunes filles,
Ne faictes fourbir vos coquilles
A seigneurs, ny à coquibus (6),
S'ilz ne vous baillent des quibus.
Œuv. de Rog. de CoUcrje, p. 50.
Coquillard, subst. masc. Cocu*. Coquetier^.
* iN'ous avons marqué quelques acceptions du mot
coquillard, sous le mot cocquart, auquel elles sont
communes. Outre cela, on disoit coquillard au pre-
mier sens pour cocu.
J'ay grand pitié de ce vieillard ;
Lui a desjà la peau moysie ;
Il a espousé jalousie ;
Sa femme le fait coquillard (7).
Recr. des Dev. amour, page 50.
^ Pour coquetier, petit vase, dont on se sert à
table pour porter un œuf à la coque. (Yoy. Celthell.
de Léon TrippauU, au mot Coque.)
Coquille, subst. fém. Espèce de coiffure*.
Terme obscène ^.
* Ce mol, sous l'orthographe subsistante, dési-
gnoit une ancienne coiffure à l'usage des femmes,
d'oiî est venu le nom de la rue Coquillière, à Paris.
(Dict. de Borel.) C'étoit un chaperon de drap ^8) ou de
velours affecté aux veuves, suivant Le Duchat sur
Rabelais (t. II, p. 69.)
° On employoit quelquefois coquille, dans un
sens obscène. (Œuv. de Rog. de CoUerye, pages 90,
188. — Voy. CoQi:iBi;s.)
On a dit dans le sens propre de ce mol :
1" Pour exprimer le peu de valeur d'une chose,
ou le peu de cas que l'on en faisoit :
Cou ne prise il deux cokiUes.
Pocs. MSS. avant 1300, I. IV, p. ISf».
2" Bailleur de coquilles, pour menteur, trom-
peur. (Oudin, Cur. fr.) De là, celle façon de parler
encore en usage, dans le style familier et popu-
laire : « A qui vens-tu tes coquilles (9). » (Pathelin,
Farce, p. 105.)
(1) On lit encore au reg. 124, p. 222, an. 1383 ; « Voulons que se aucune nef... demouroit sur l'ancre... et demourast
l'ancre, ou chaable, ou batel, ou coquet, ou autre appareil... celui qui le trouvera sera tenuz de le rendre. » (N. E.)
(2) Voyez cochel (même vol., p. 77, note 9). (n. e.)
(3) Sous Cogo. On y lit encore du même auteur : « Environ les nés n'a batel. Tant soit bien fermé à loquet , Petite barge
ne coquet. » (N. E.)
(4) Coquet désignait aussi une caque, un baril : « Ung tonnelet ou cocquel d'allés, iiu"" loyeux pour le cocquel, doit .uii.
den. » (Péage de Péronne, cart. 21 de Corbie, an. 1295.) (n. e.)
(5) On lit dans une moralité du xv siècle, citée par Dochez : « Coquette immonde et mal famée , Et de tout bon point
dégarnie. » (n. e.)
(6) Au reg. JJ. 141, p. 66, an. 1391, il a le sens de coqueluchon ; il nous paraît donc une variante de coquehin : « Le
suppliant print le quevrechief et le chappel, que lors estoit sur le chief de l'ymage Nostre-Dame en laditte église [de Laon]
avec certain coquibus, qui estoit sur le chief de Tymage de Dieu. Et ce fait , avecques lesdiz quevrechief , chappel et
coquibus se bouta dedans les aumaires estans dessoubz l'ostel devant ledit ymage. » (n. e.)
(7) « Le suppliant respondit à icellui Robitaille, quel co(7tMWart te fais-tu, te courousce-tu? » (,TJ. 176. p. 54, an. 1445.)
Voyez encore JJ. 183, p. 193, an. 1456. (N. e.)
(8) « Un chaperon de brun vert et une coquille freloquié. » (JJ. 171, p. 513, an. 1421.) (N. e.)
(9) On lit aussi dans un Rondeau de Charles d'Orléans : « A qui vendez-vous vos coquilles 9 Entre vous , amans ,
pèlerins ? » (n. e.)
CD
— 259 -
co
VARIANTES :
COQUILLE. Orth. subsistante.
COKiLLE. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1368.
Coquille, partie, et adjectif. Fait en forme de
coquille. (Du Gange, au mot Quoquillatm.) On a dit
figurément, en ce sens : » \Q\\\.ve coquille, blanc et
<■ poly. » (Alector, Rom. fol. r)4.) De celte forme
venoit sans doute le nom de pain coquille. (Cotgr.
Dict. — Voyez Coquiluer ci-après.) » La paste du
» pain coquille d'un denier doit pezer, huit onces
« deux estellins, et obole. ■■ (Urd. t. II, p. 35'2 bis.)
Coquilleux, adj. Rempli de coquilles. (Oudin,
Cotgr. Dict.)
Coquillier, adj. Qui a la forme d'une coquille.
(Cotgrave. Dict.) On a dit voûte eoquillière. (Epith.
de M. de la Porte.)
Coqiiillon , &ub&l. mase. Petite coquille *.
Docteur °.
* Ce mot, dans le premier sens, est le diminutif
de coquille. (Oudin, Dict.)
^ Dans le sens de docteur, eoquillon vient de
cucullio, « à cause du bonnet doctonil fait autre-
« fois en forme de capuchon. « (Le Duch. sur Rab.
t. II, p. 41.) On lit(Ibid. t. IV, p. 2'i(j.) « Ces gasto-
« latres coquillons. »
Coquimbei'l, suhst. mase. Jeu de dames. A ce
jeu, celui qui perd toutes ses dames gagne la partie.
(Le Duch. sur Rab. t. I, p. 138.)
1. Coquin, subst. masc. Gueux, mendiant.
C'étoiU'ancienne signification de ce mot qui depuis
est devenu un terme vague d'injure. (Voy.lesDict.de
Nicot et deBorel, au mot Coquine; Du Gange, aux
mois Cociones et Coquinus.) « Je pensois lors estre
>' le plus grand seigneur de la troupe, et à la fin je
« me trouvai le plus coquin (1), comme vous verrez,
« etc. » (Mém. de Monlluc, t. I, p. 48.) Une femme,
qui ruinoit son mari par sa dépense, « faisoit
« response qu'elle ne le feroit jamais cocu, mais
>' oui bien, coquin. « (Contes de la roinede Navarre,
t. II, p. 310.) " Encor faut-il estimer ces dames, qui
« élèvent ainsy leurs maris en biens, et ne les
« rendent cocquins , et cocus tout ensemble. »
(Brant. Dames Gall. t.I, p. 135.)
Le mot coquin n'avoit rien d'injurieux dans son
origine (2). On donna ce nom à des gens pieux dont
Lambert Bègue, instituteur des béguines, fonda une
congrégation à laquelle il donna des fonds et une
maison qui est appelée parChappeauville, liospitale
coquinarum. Il n'est, peut-être, devenu terme d'in-
jure qu'à l'occasion de la faction des mendians qui
commirent beaucoup de vols et de meurtres dans
le royaume en 1449, et dont plusieurs furent pen-
dus, comme on le voit dans J. Gbarlier. Histoire de
Charles VU, p. 137 et 138.
Il y avoit eu précédemment les coquins de Lan-
guedoc en 1 383 (3). Il en est parlé dans la vie de Clém .
Vu, pape à Avignon. (Voyez la note de Baluze,
p. 1300, et Du Gange, au mol Cocio.)
Nous avons vu, au mot Gagot, qu'on donnoit
aussi le nom de coquins aux ladres ou cagots, mais
c'étoit alors le même nom que cagots, caqueux,
caquins, etc.
Remarquons les expressions suivantes (4) :
1° On disoit faire coquin, pour rendre gueux,
ruiné. « Alors cet avocat tint ce langage au povre ;
" mon amy, vous vous deslruisez : ce n'est pas
« votre cas de mener un piocez contre un tel per-
« sonnage; il faut que vous accordiez avec luy, et
«' que vous luy quittiez l'bérilage, en recevant cent
" écus, autrement il est délibéré de vous faire
" coquin du tout. » (Apol. pour Hérodote, p. 42.)
2° Leprcvost des coquins étoit le chef d'une espèce
de troupe qui faisoit partie de la fête do la princi-
pauté de /'/«?'s«/(tv, ù Valenciennes, en 1548. « Il
« étoit monté sur un cheval dont la housse étoit
« [leinte de verges, de cartes, et de dez, et étoit
» suivi d'une troupe de coquins velus de casaques
« de canevas bandées de violet. « (Le P. Menestr.
delà Chev. p. 243.) {'ofyi///;, dans cette expression,
paroît s'être pris, selon l'acception actuelle, dans le
sens injurieux de fainéant et libertin.
variantes :
COQUIN. Orth. subsistante.
CocQuiN. Rabelais, t. IV, p. 208.
2. Coquin, adj. Familier*. Attrayant, sédui-
sant ^.
* On a dit coquin, pour familier, en parlant des
animaux ; pigeon, mouton coquin (5). (Oudin. Dict.)
C'est de ce mot, pris en ce sens, qu'on a formé le
vei'be accoquiner.
^ On a dit aussi t'ory;//?;, pour attrayant, séduisant:
Tantost eslendu, s'il luy plaist,
A l'ombre d'un vieil chesne il est
A l'envers sur Therbe coquine.
Œuv. de Baïf, fol. 90, V".
De là, cette expression : faire la jambe coquine,
pour agacer de la jambe. (Dicl. d'Oudin.) On a dit
d'une femme que la froideur de son mari rendoit
insensible à ses caresses : " Pour preuve de ce,
" employoit, pour toute production, œillades, et
^1) « Cnguùi, c'est un mendiant volontaire qui haleine ordinairement les cuisines que les Latins appellent coqninas. »
(Pasquier, Rech., VIII, p. 718.) (n. e.)
(2) Cependant on lit dans Garin, d'après Du Gange (II, 409, col. 3) : « Truans estoit, pautoniers et (■(w/»i».9. » Au reg. JJ.
107, p. Ii52, an. 1,375, on a la forme qi'0(juiii. \u reg. JI. 142, p. 297, an. 1392, on lit : « Un homme querant et demandant
l'aumosne, qui estoit vestuz d'un manteau tout plain de paleteaulx, comme un coquin ou calmant [quémander]. » Eust.
Deschamps voit en eux des habitués de la Cour des Miracles (fol. 342) : « Truans coquins qui par feinlise Faingent maulx
en mainte guise En ces moustiers, et font telle presse Qu'à peine y puet l'en oïr messe. » (n. e)
(3) Lisez iHchiiis. (Voyez le Religieux de S' Denis entre 1382 et 1385.) Ces nouveaux Jacques tuaient tous ceux qui
n'avaient pas les mains calleuses. (N. E.)
(4) Ajoutons les proverbes suivants ; « Proverbe commun qui dit qu'il n'est vie que de coquins, quand ils ont assemblé
leurs bribes. » (H. Estienne, Apol. d'Hérod., p. 358.) — « Jaloux de la gibecière comme un coquin de sa poche. » ^Desp.,
Contes, II, p. 107.) (n. e.)
(5) « Ou soit que ce petit coquin [son chat] Privé sautelast sur ma couche. )> (Du Bellay, VII, 40, verso.) (n. e.)
co
- 260 —
CO
« janibrs coquines el mille parolles de mignardise,
« el douceur par elle practiquées, sans que pailie
« adverse y avoit jamais preste que l'oreille
" sourde. » (Arr. Amor, liv. 111, p. 48i.)
Coquinaoe. [Intercalez Coquinage, amende
levée à Dun-le-Roi sur ceux qui se laissaient battre
par leurs femmes.] (n. e.)
Coquinaille, subsl. (cm. Canaille. Pasquier
dit ([u'autrefois ' à chacun combattant, il falloit
« dix chevaux de bagage, de frelin, de pages, et de
« valets : toute telle coquinaille qui ne sont bons
<■ qu'à détruire le peuple. » (Rech. p. 125; Voyez
J. Marot, p. 211 ; les Tri. de la Noble-Dame, f" 157.)
VARIANTKS :
COQUINAILLE. Eust. Desch. Potis. MSS. fol. 379, col. 1.
CocQUiNAiLLE. J. Marot, p. 19.
OuoQUiNAiLLE. Hist. (lu Th. fr. t. II, p. 344.
Coquine, subst. féin. Pot. Le même que
CoQUELLE ci-dessus. (Borel, Corneille, Dicl.)
Coquineau, subst. masc. Diminutif de coquin.
(Cotgrave, Oudin, Dict.)
Coquiner, verbe. Gueuser, mendier (1). (Monet,
Oudin, Cotgr. Dict.) SMulien dit: « L'instabilité de
« parler des courtisans quidejour à autre changent
>. leur manière de dire pour emprunter, ou plustost
" mendier des mots aulbeins [aubains], elcoquinev
« phrazes eslrangeres. » (Mesl. Ilistor. p. 593.)
Coqiiinei'ie. [\n\.evGi\\ezCoquinerie, mendicité,
au Pèlerin de Guigneville(Du Gange, 11,593, col. 3):
Geste mains chi, truanderie
Est nommée et coquinerie,
Hoguinelle par nom le clain
Et qui apelle mengue-pain.] (n. e.)
Coquon [Intercalez Coquon, jeu ; voir en note
sous coqno7i.] (n. e)
Coqusse. [Intercalez Coqusse, coqueluchon,
aumusse: •< Item le chief Saint Symeon en façon
» d'omme ancien... el à une coqusse d'argent sur
" la teste fermant à une viz esmailliée. " (Inv. de
la S"' Chapelle au xiv siècle, Du Gange, II, 592,
col. 2.)] (N. E.)
Coqiiu, subst. masc. Cocu. (Voyez Pasquier,
Rech. p. 752 et Apol. pour Hérodote, page 56.) On
disoil coquu marié, pour mari cocu. « S'il advient
" que nous venions au dessus de nostreentreprinse,
« vous des coquus mariez-, el porterez, an et jour,
« en tous les tournois qui se feront en la Grande
« Bretaigne, un escu noir, à ung chevalier armé
« d'ung haubert chevauché d'une damoiselle. »
(Percef. vol. IV, fol. 46. — Voyez Tétymologie du
mol Cocc ci-dessus, article cocu subst. oiseau, etc.)
Cor , particule. Maintenant , à [irésent *.
Pourquoi^.
* Au premier sens, il faut lii'e cor pour que or,
c'est-à-dire qu'à présent.
N'est mervoille se je m'ahir
Vers amors, qui tant m'a grevé :
Dex ! cor la peusse tenir
Un soûl jor à ma volenté !
Gaces Brûles, Poës. MSS. avant 1300, 1. 1, p. tl'J.
^ Celle particule, au second sens, ne fait qu'un
seul mol ; elle e^i interrogative, et paroU formée
du latin quare, pourquoi (2). (Voy. ci-dessus Car au
même sens.)
lia! fet l'oe (l'oieX lasse chaitive!
Cor sui née à plus maleheure.
Que ma conpaigne qui demeure ?
Fobl. MSS. du R. n- 1015, t. U. fol. 178, R- col. 1.
Cor, subst. masc. Cuir*. Corne^. Cornef^.
* Cor pour cuir. (Glossaire de l'Ilist. de Bret. du
\âVmcorium.) Delà les cors des pieds, cuir épaissi (3).
^ Cor pour corne, du latin cornu. (Diction, de
Monet.) On disoil a^'S de cor, pour arcs de corne.
(Ph. Mouskes, .Ms. p. 192(4).) Cor d'abondance, pour
corne (5) d'abondance. (Div. Ler. de Du Verdier.
page 478.)
Partout rouUent les fruits du plein cor d'abondance.
Œuv. de Baïf. fol. V6î. V'.
"^Nous trouvons aussi cor pour cornet, trompette,
dans Ph. Mouskes, ms. p. 195. Ix cor de corne étoit
une trompette de corne en usage à la guerre.
(Froissart, liv. 111, p. 341.)
Lors oist tentir araines
Qu'en fait par les deux oz sonner,
■fabours croistre, corz bourdonner
Flagiex piper, et trompes braire.
G. Guiarl, MS. fol. 313, Vv
De là, on disoit :
4" .4 cri et cor (6), pour bien haut et de toutes ma-
nières. Cette expression figurée est une allusion
tirée de la chasse. ^Gloss. de Marot.)
2^ Dague et cor signilioil tout , sans rien
excepter.
(1) « Icellui Regnault disl au suppliant que son père aloit coquinani aval la ville. » (JJ. 161, p. 386 , an. 1407.) De même
aux Poésies de Perrin (p. 10) ; i< Quand l'hiver fut vestu de neige et de bruine, EUe [cigale] vint du fourmi la prudence
louer, Et prés de son grenier à traicts d'ailes rouer, Flatant comme celui qui pour son pain coquine. » Charron écrit aussi
(Sagesse, p. 127) : « Coquiner envers toutes sortes de gens. » (n. e.)
(2) Il faut écrire c'or et entendre puisque aujourd'hui, (n. e.)
(3) « Si j'ay un cor qui me presse l'orteil, me voylà renfrougné, mal plaisant et inaccessible. » (Montaigne. II, 323.) (n. e.)
(4) « Une arbaleste fait de cor. » (Chron. des ducs de Norm., II, p. 450.) Convient là de cornum , cormier, qu'on trouve
dans la Chanson d'Antioche (VIII, 1080) ; « Plus de cinquante mile à lor ars de cormier. » (n. E.)
(5) Du sens de corne on passe facilement à celui d'extrémité : « Il y a deus grosses abbeyes séans l'une à l'un des cors
de le ville et l'aultre à l'aullre. » (Froiss., IV, 408.) De là les expressions : 1» CInef en cor, d'un bout à l'autre : « Il boutèrent
le feu et l'ardirent de chief en cor. » (Froissart, III, 101.) — « (Juant chil seignieur eurent chevauchiet de cliief en cor. »
(Id., 248) 2'' Au cor de, au bout de : « Vous en avés bien à faire avant que vous soyez au cor de vostre voiage. » (Froissart,
IV, 419.) Ce sens est dans Renart le Nouvel (t. IV, v. 1240) ; dans Partonopex (v. 265) : « Cil avoit en Troie une tor Sur une
maistre porte al cor » ; et au v. 7447 ; « Elle a son mantel deslacée Dont li cor li vinrent al pié... Li orlés est de Sebellins...,
Si duroient desci es cors. » (n. e.)
(6) CoquiUard (Monologue de la botte de foin) écrit ;« Elle m'a fait souvent monter A cheval, faire mes effors , Aller,
chevaucher, tempester. Et courir à cry el à cors. » Marot dit à son tour ; « Lors eux, cuidans que fusse en grand crédit,
M'ont appelle monsieur à cry et cor. » (N. E.)
co
— 261
CO
Seigneurs, je vous comment à Dieu,
Et se l'on vous vient demander,
Qu'est devenu le franc arciiier,
Dictes qu'il n'est pas mort encor.
Et qu'il emporte dague et cor.
Franc Arciiier de Bagnolel, p, 50-
3° De chief en cor, pour de reclief, esl peut-être
une faute pour (/(?c/u>/'t'u;o}' (1). On a vu ci-dessus
au chief del tor\ pour en Un de compte. « Si vous
» pri, chiers amis, aacois (avant) qu'il soit noient
" veus, ne escandalisiés, que vous le voeillez lire
« de cliief en cor, et parfettement viseter, et exa-
" miner. » (Froissart, Poës. mss. p. 211.)
Co)' semble une faute pour coe, queue,
vers :
La cor (i) de lor vesteure
Qui est si grant outre mesure.
Oui si le vait empasturant,
Et à la terre trainant,
Et muet une grande poudrière.
Fabl. MSS. du R. n- --21S, toi. 1-25. R-
dans ces
' col. 1.
V.\R1AN"TES ;
COR. Dict. de Borel.
KoR. Ph. Mouskes, MS.
p. 179, -180, etc.
Corabie. [Intercalez Corahlc, dans l'expression
(eur corabie, prix courant, aux Assises de Jéru-
salem (cil. 191) : « Se il le fonl labourer, que son
« labeur soit conté au feur corabie des laborans
« qui laborent de celui labour. »] (n. e.)
Corage,SHfef.??î«S(.'. Cœur, affection, volonté (3\
pensée. On a dit, dans le sens subsistant, avec une
sorte de pléonasme :
Ayez bon cuer, et bon coruye.
Fabl. MSS. du R. n- 71.11.5, T. II, fol. 1-2:., V» col. 1.
Maiscemot, qui ne se dit plusque pour exprimer
cette disposition de l'Ame qui fait mépriser le péril,
s'employoit autrefois pour exprimer dillérentes
affections du cojur, ses pensées secrètes, le cœur
même (4). Nous citerons plusieurs passages afin de
justifier l'étendue de son acception :
Amor de feme, bien le sai
N'est pas à touz jors hérité :
Tost ont lor corage.i mués,
Et sont plus légières que j'ai.
Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. Ii82.
Douce dame, car m'otroiés, por Dieu,
Que je vous die un pou de mon coraije.
Pois. MSS. av. 1300, T. IV, p. U35.
On a dit :
!° Gros couraigc, pour cœur dur :
Ne qu'elle eust si très gros couraige,
De vous veoir endurer domaige.
L'Amant rendu cordelier, p. 51t>.
2" Contre son courage, pour à contre-cœur, en
haine : « L'avoit grandement contre son courage. »
(Froissart, livre IV, p. [12.) Bernile coraige, pour
valeur, courage, dans le sens que nous le disons.
Dans S. Bernard, Serm. fr. .mss. p. 207, répond au
latin animus virilis.
VARIANTES :
CORAGE. Chans MSS. du G'« ïliibauU, p. 114.
Coraige. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 207.
CORRAGE. Rich. de Somilly, Poës. MSS. avant 1300, p. 606
Courage. Orth. subsistante.
Couraige. Crétin, p. 46 ; .1. Marot, p. 13, etc.
COURRAIGE. Eust. Desch. Poës. .\ISS. (•> 509.
Coraigeiis, adj. Irrité, fâché, qui a de la ran-
cune. Du mot CoHAiGK ci-dessus pris dans l'acception
générique de disposition du cœur :
Ne li serai coruigeux,
N'envieus, contralieus,
Ne ireus (irrité) n'angoisseus.
Poes. MSS. avant 1300, T. II, p. 8!».
Coraille, subst. fém. Entrailles (.">). C'est propre-
ment ce (jne nous nommons, dans les animaux, la
fressure, etque dans quelques provinces on nomme
encore la couri'uue {G). On lit, dans Percef. vol. n,
f° 1 io : » Féru d'une lance parmi le corps, si que la
" Corée lui en sailloit. ■■
Trestot l'a pourfendu desci qu'à la corce.
Faucli. Lang. et Pocs. fr. p. 112.
C'est-à-dire jusqu'aux entrailles. (Voyez Borel et
Du Cange. au mot Corallum 1.) Il cite ces vers :
L'escu li tranche, et aubère li failli ;
Que la coraille del cuer, qui desoz tint,
Bien le sachiez, li a trenchié parmi.
Rom. de Garin, MS.
Proverbe :
Bien a sens d'enfant
Cil qui bargeigna (marchanda) avant
La leigne, et puis la corée en gré prent.
Brcliax, Poës. MSS. du Vatican, n" 1400, fol. 1(Î6, R- c. -2.
VARIANTES :
CORAILLE. Rom. de Brut, MS. f» 65, R» col. 2.
CouRAiLLE. Eust. Desch. Poës. MSS. f 139, col. 2.
CoURADE. Borel, Dict.
CuuRÉE. Rom. d'Audigier, MS. de S. G. f» 68, V" col. 2.
CoRRÉE. Hist. de S" LéocMde, MS. de S. G. f^SO.
Corée. Perceforest, passim.
1. Coral, subst. masc. Espèce de bois. Peut-être
une espèce de cliéiie très dur, nommé en latin
robur[l). Peut-être aussi ce qu'on appelle le cœur du
bois. Ce mot se trouve dans un passage latin : « Pro
« unà pecià fustis de coral, pro laciendo unum
» sommeiiumad sustineiidum pontem. » (Du Cang.
au moi Sommerium (8).)
(1) Voyez la note sous Cor, extrémité. (N. e.)
(2) Voyez le note sous Cor, e.Ntrèmité. On lit au v. 10362 de Partonopex : « As quatre cors ot boutonés De quatre salirs
roondés. » (n. e.)
(3) Ce sens de volonté est dans Froissart (II, 493) : « Li roys savoit bien en partie le couraige et l'entention dou roy
d'Engleterre. " (N. e.)
(4) Corage, dérivé de cœur, a tous les sens du latin animus et rappelle l'allemand Gemïah. Dans Roland, il signifie
intention au v. 191, cœur au v. 56. (n. e.)
(5) « On li fendi le ventre, et U osta on le coer et toute le coraille. » (Froiss., Il, 88.) Dans Renart le Nouvel (v. 22532) on
lit aussi : « As leviiers a donné lor droit Et le pomon et la coraille. » (n. e.)
(6) On prononce maintenant courée. (N. E.)
(7) Au reg. JJ. 75, p. 227, an. 1343, on lit aussi: « Fustes dictorum hospiliorum erant grossée et magnse et de corallo , et
pro majori parte de castanherio. » Nous disons cœur de chêne. (N. E.)
(8) Dans ce compte des réparations faites à Carcassonne, en I'kSS, on lit encore : « Pro duabus quadrigatis fuslium de
corail, j) (N. E.)
co
— 262 —
CO
2. Coral et Corals , snbst. Corail (i). (Voy.
Maibod. art. 20, col. 165(5, où il est intitulé Corail)
3. Coral. [Intercalez Coral , sincère (Aubri ,
p. 175, col. 1) : « Il se démente et fait un dol
» coi'al. " (N. E.}
Coralment, adv. Cordialement, de tout son
cœur. (Dict. de Rorel.)
N'est pas à soy qui aime coralment.
Gaces Brullés, Poés. MSS. av. 1300, T. I. p. 321.
Le même vers se trouve répété dans les Ane.
Poës. Mss. Vat. n" l-WO, f" I3i ; seulement on lit
coreument au lieu de coralment.
Lequel des deux aime plus corelment.
Po.s. MSS. liu Vat. n- 1522. fol. lOS, R' c. 1.
VARIANTES :
COR.VLMENT. Poës. MSS. avant 1300, 1. 1, p. 324.
Corelment. Adans li Bocus, Poës. MSS. av. 1300, t. IV.
COURALE.MENT.
COLKELMENT. Poës. MSS. Vat. n» 1522, f» 150. V» col. 1.
CoBAUMENT. Fauchet, Lang. et Poës. fr. p. 15i.
CcRUAMMENT. Le Jouveiicel, MS. p. 569.
CoRiAUMENT. Poës. MSS. avant 13(XI, t. II. p. 627.
CORIEUMENT. Poës. MSS. Vat. n» 1522, f» 163, R» col. 1.
Coreument. Poës. MSS. Vat. n» 1490, f° 134, R» col. 1.
CouREUMENT. Poës. MSS. Vat. n» 1490, f" 169 R°.
Corames, subst. fém. plur. Cuirs.
Lis de parade, et covcnnrs dorez.
Œuv. de Joach. Du Bellay, fui. 489.
Corante (monnoye). participe. .Monnoie ayant
cours. " Monnoye coranlc de Nantes. » (D. Morice,
Hisl. de Bretagne, col. !)87, tit. de 1201.) » Monoe
« corante de Bretainne. » (I). Morice, Hist. de Bret.
col. 994, tit. de 1265.)
Coraval, subst. masc. Qui court aval. Nom
factice. « Gaston de Foix se divertissoit à donner
« ainsi des noms h ses domestiques, pour désigner
" leuis iiualilés. » (Voyez des Ace. Bigarr. f° 90.)
Coi'b. [Intercalez Corh, corbeau, de corvuni ;
voyez Raynouard, t. II, p. 479, col. 2.)] {n. e.)
Corbache, subst. masc. C'est le nom du nerf
de bœuf ou gourdin dont on bat les forçats sur les
galères . formé de l'espagnol corbacho. (Oudin ,
Dictionnaire.)
Corbaille, subst. fém. Corbeille, cotï. e. Ce mot,
qui subsiste, se trouve employé sous l'ortbographe
existante, dans un ancien fabliau (.ms. du Roy.) Le
poëte dit, en parlant de l'indiscrétion des femmes :
.... Aussi coye se taist de ce qu'on lui conseille,
Con cil qui va tant le vent et la corbeille (2).
FaW. MSS. du R. n» "(U.i, T. I, fol. 100, R- col. 1.
On peut l'expliiiuer par corbeille ou coffre , dans
Eust. Uescbamps, qui dit, en parlant de la nécessité
de faire circuler l'argent :
Mais ijuant il court, on vit plus largement,
Que de tenir repost en la corbaille.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 258. col. 1 .
VARIANTES :
CORBAILLE. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 258, col. 1.
CoRBOiLLE. Fabl. MSS. du R. nû 7615, t. II , t° 212, V» c. 2.
CoRHEiLLE. Orthographe subsistante.
Coi'bans. [Intercalez Corbans, dans l'expression
corbans et levans. pour couchans et levans (Ch.
des Comptes de Lille, an. 1289) : » Et parmi tant, li
■■ cités de Tournay ne puel ne ne doit, beurs de se
« justice, défendre les eorbans ne les levans de
« ledite cité. >■] (n. e.)
Corbaranz, subst. masc. Caisse, coffre, trésor.
Mot du patois du Daupliiné',3). Le rorioHfl de l'Evan-
gile. (Voyez Du Cange, au mot Corbona.)
Corbature, subst. fém. Courbature. (Dict. de
Cotgrave.)
Corbaii. [Intercalez Corbau, espèce de poisson
d'après le ms. 6836 c. de la B. N.: « Coracinum
« nostra Gallia Narbonensis per acopem appellat
•■ corp, alii durdo, alii vergo, alii corbau, Italia
« fere tota corvo. »] (n. e.)
Corbe, subst. fém. Courbe, enflure qui vient
aux jambes des cbevaux : « Un vendeur de chevaux
« n'est tenu de vices, excepté de morve, espousse,
» corbe, corbature, etc. ■> (Coût, de Bassigny, au
Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 1145.) La même disposi-
tion se trouve répétée dans la Coût, de Bourbonn.
Coût. Gén. t. II, p. 375.
Corbe, subst. masc. Corbeau. Budé dit qu'il est
possible " de leurrer et affaconner, pour lavollerie,
» le corbin qui mange les allouettes. « (Livre des
Oiseaux, f° 151.) On lit aussi que cet oiseau ne trou-
vant pas ses petits semblables à lui, lorsqu'ils
viennent d'éclorre, " car ils ne sont pas encore
« revestuz de leurs pennes, ne n'ont la couleur
<• noire, il les laisse, et habandonnejusques au 8''
« jour. » (Le Jouvencel, ms. p. 32.)
.... Là se logent tout au tour
Choes, cahuans, estourneaulx
Grands corbes, suettes, moyneaulx.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 325, col. 2.
On disoit proverbialement :
.... Plus noir que corbe.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 79, V- col. 3.
Selon Nicol, corbât signifioit aussi, en Dauphiné,
pêcheret, cormoran.
VARIANTES :
CORBE. Fabl. MSS. de S. G. f" 79, V col. 3.
CORBAT. Hist. de S" Léocade, MS. de S. G. f» 29, R» c. 1.
CORBEL. Chron. S. Denis, t. I, f" 136 V».
CORBiN. Epith. de M. de la Porte.
CORBON. Mouskes, MS. p. 402.
Corbeans, subst. masc. plur. Nom de peuple.
Peuple de la Picardie ou des environs : peut-être
les habitants de Corbie. « De par les Poihiers, et
« Corbeans, de par les Arlhisiens, et les Flamans,
(1) « As pies par devers le solel .Vvoit un rorul brun et vermel. » (Flore et Blanchetlor, 617.) Le pluriel était coraus : « Et
bons coraus et crisolites, Et diamans et ametistes. » (Romancero, p. 59.) On disait encore coral au temps de Régnier et de
Corneille : « Sa bouche est de coral ; Sur cet amas brillant de nacre et de coral , Qui sillonne les flots de ce mouvant
cristal. » (Corn., Tois. d'Or, II, 3.) (n. e.)
(2) On lit au Martyr de S' Etienne : « Je cuide, quant il l'appela, Qu'il faisoit ou vcn ou corbeille. » Il y a peut-être un jeu
de mots sur van, prononcé comme voit. Voyez aussi plus haut la note sur Virgille mis en corbeille, (n. e.)
(3) Hist. du Dauphiné, II, p. 386, col. 2, an. 1339. (n. e.)
co
— 263 —
CO
« etc. « (Citation du Glossaire lat. de Du Gange, au
mot Poheii (1).)
Corbeau, siihst. masc. Ge mot subsiste. On
dislinguoit autrefois le corbeau de nuit, des autres :
Budé le met au nombre des oiseaux nocturnes,
comme « le hibou cornu , hibou sans cornes ,
« ou chahuant, chevêche, huette, l'eiïraye, ou fre-
« saye, corbeau de nuit, faucon de nuit, ou chalcis,
<• et souris chauve. » (Budé, des Oiseaux, f" 1 lit.)
On a dit : le lendemain du corbeau, pour le jour
d'après, le lendemain, par allusion au mot latin
crus, et à l'ancien mot françois crus, corbeau,
employé allégoriquement dans le passage suivant,
pour désigner le pécheur ;
Donne congé, toy, qui es fin,
Au cheval qui vieillit, afin
Que pis encor ne luy advienne ;
Que songes-tu ? le lendemain
Du corbeau n'est pas en ta main.
(Euv. deJoacli. du Bellay, p. 300.
Coi'beil, suhst. masc. Nom de lieu. Nous re-
marquerons sur ce mot :
1» Que les oignons de Corbueil étoieni passés en
proverbe avant' laoo. (Poës. mss. t. IV, p. 1053 (2).)
2° De là, celle expression proverbiale :
Rouges comme oingnons de Corbueil (3).
Fabl. MSS. du R. u" 7-!i8, fol. 230, V" col. -1.
3° On disoit aussi prendre Paris pour Corbeil.
(Brant. Cap. fr. t. 111, p. 313.) M' d'Andelol et ses
reitres, forcés par M' le maréchal de S' André (i) de
lever le siège de Corbeil, vinrent faire celui de
Paris ; de là, peut-être l'origine de ce proverbe.
Celle de Cotgrave meparoitplus naturel!^-. Prendre
Paris pour Corbeil, selon lui, c'est se tromper gros-
sièrement dans une matière tout-à-fait claire et
sans difficulté ; commellre une erreur aussi grande
que celle d'un homme qui prendroil Corbeil pour
Paris, à cause de la proximité de ces deux villes.
VARIANTES :
CORBEIL. Dict. de Cotgrave.
Corbueil. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 230, V" col. 2.
Corbeiller, subst. masc. Corbeille, corbeillée.
" Fut composé à huit corbeillers de pain. « (J. Le
Fevre de S. Rémi, Hist. de Charles Yl, p. 8ti.)
Corbeillogneurs. [Intercalez Corbeillogneurs,
faiseurs de corbeilles, au Gloss. lat. 7684.] (n. e.)
Corbeillonnée. [Intercalez Corbeillonnée ,
corbeillée, au reg. JJ. lOij, p. 76, an. 1373: « Quant
« il auroit mis une corbeillonnée de blé, qu'il
« tenoit entre ses mains, en la tremuye du dit
» moulin. »] (n. e.)
Corbel, subst. masc. Corbeau (5). En termes de
maçonnerie, c'est une grosse pierre en saillie pour
soutenir une poutre. Ces pierres étoient, dans notre
architeclure gothique, taillées en formes bizarres
d'animaux, etc., et faisoient ornement. Peut-être
les confond-on avec les pierres saillantes qui for-
ment la corniche, dans la citation suivante :
Et la ter est quarrée et lée ;
De sus par est si bien ornée
La coverture, et li corbel
Furent moult orgueillox, et bel.
Blanch. MS. de S. Germ. fol. 178, R'col. 1.
Corbeiiic, subst. )nasc. Lieu saint. « Il y eut
« une bonne cité qu'ilz nommèrent, granl temps,
<■ Gallafar, pour l'honneur de leur seigneur ; mais
« elle fut depuis nommée Corbenic, qui vault autant
Il à dire, en nostre langage, comme lieu sain. >
(Percef. vol. YI. fol. 119.f
Corber, verbe. Renverser.
La prent, et la corbe (6), et l'embronche ;
Et celé dort toz jors, et fronche (rontleV
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 178, R- col. 2.
Coi'besson [Intercalez Corbesson , joug au
reg .1.1. 181, p. 27, an. 1451 : « Le suppliant d'un
■' corbesson ÛQ beufs... donna audit feu prestre un
" cop par la teste. ■>] (n. e.)
Corbet. [Intercalez Corôf f,serpe, au reg. JJ. 152,
p. 192, an. 1-397 : « Seurvint un nommé Wil Duflois
« tenant en sa main un hostil esmoulu, nommé fer-
« mantou corbet, dont il enteiidoit à couper bos. »
On trouve aussi courbet (JJ. liO, p. 158, an. 1390):
<• Icellui Hennequin getla après ledit larron un
« Courbet ou sarpe, dont on coppe les bois. »] (n. e.)
Corbetes. [Intercalez Corbetes, ornements de
selle (Du Gange, II, 597, col. 2): « Une selle de
« guerre,... la couverture de vcluel vert bordé de
« corbetes. »] (n. e.)
Coi'bettes, subst. Espèce de pirates. On appe-
loit ainsi, sur la côte de Normandie, les petits écu-
meurs ostendois , qui donnent la chasse aux
pêcheurs, selon le Dict. Etym. de Ménage. Nous
avons une sorte de petits navires que nous nom-
mons corvettes. (Voyez ce mot dans les Dictionnai-
res.! Les corbettes pirates ont pu fournir le nom de
ces bàtimens, dont peut-être ils se servoient.
Corbetz, subst. masc. plur. Ge mot paroit être
une altération de Copet ci-dessus, couteau de bou-
cherie, couperet.
De grans cousteaulx, et de corbetz Cl).
Molinet, p. 19.
(1) Ed. Henschel, V, p. 328, col. 3. (n. e.)
(2) D'après le Dit de TApostoile. (n. e.)
(3) Sur les pesches de Corbeil, voyez Leroux de Lincy, I, 339. (n. e.)
(4) Le maréchal de S' André n'ayant pu empêcher la jonction de l'amiral d'Andelot et du prince de Condé , se jeta dans
Coriieil, sachant que l'intention des huguenots «-tait de s'emparer de cette ville et de Paris par là. 11 ne faut pas confondre
ce proverbe « prendre Paris par Corbeil », connu de Pasquier en 1502, avec prendre Paris pour Corbeil, qu'on lit aux Contes
d'Eutrapcl, fol. 95, v» : « Je retourne chez mon hoste, lequel en riant dist que je m'estois lourdement mesconté , prena)il
Paris pour Corbeil. » (N. E.)
(5) « Il n'est loisible à un voisin mettre ou faire mettre et asseoir les poultres de sa maison dedans le mur moitoyen
d'entre luy et son voisin, sans y faire ou faire faire ou mettre jambes parpaignes ou chesnes et corbeaux suffisans de
pierre de taiUe pour porter les dittes poultres. » (Coul. gén., I, 35.) (n. e.)
(6) C'est notre verbe courber : « Corbés sui por le fes de mes péchiez. » (Psaut. du xii« siècle, fol. 47.) (n. e.)
(7) 'Voyez Corbet. (n. e.)
co
- 264 —
CO
Coi'bidas, sulist. juasc. Nom propre. On !il
dans Erherie, ms. de S. G. fol. 90 : » Maleiçoii don
<' Corhidas lejiiie fu maudiz, « pour malédiction
dont fut maudit le Juif Corbidas.
Corhiere, subst.fém. Du Cange, au mol Corbi-
laria, cite le passage suivant où ce mot se trouve ,
mais il ne l'explique point :
Beitian le choisi [vit] bien enimi une cnrhicyc (1).
Chron. MS. de B. du Guesct.
Ame, comte de Genève, s'empara d'une corbiere
sur le litiône en pavs de Gex. et y fait bâtir un châ-
teau vers 1280. (Gr.' Offic. de la Cour, t. II, p. lôOl.)
Corps bien, subst. mnsc. Espèce de jurement.
Il s'est formé, par contraction, de l'altération de ces
mots corps de Dieu. [Glossaire de Marot. — Voyez
CoRi'>-DE-DiEiJ ci-après.) >• Si mangerons de l'oye,
'• corbeiif, que ma femme, ne roustira poinct. »
(Rabelais, t. 111, page 163.) On trouve jiar le corjjs
bien dans J. Marot (2). p. 2'(8. (Voyez ci-dessous les
articles Cordé et Cuf.rhe.)
VARIANTES :
CORPS BIEU. J. Marot, p. 248.
CoRBlEU. Gloss. de Marot.
CoRBEU. Fabl. MSS. de S. G. fol. 5, V» col. 1.
CoRBEUF. Rabelais, t. III, p. 163.
Corbigeaii, subst. masc. Cormoran. Oiseau
marin, selon le Dict. de Cotgrave. Rabelais met le
cnrhigeau au nombre des oiseaux bons à manger.
^T. IV, p. -l'A) Alors ce mot pourroil signifier jeune
corbeau ; le même que Coniiiî;EAr ci-après.
Corbillat, subst. masc. Corbillard. (Cotgrave et
Oudin, Dict.) Ce nom de corbillat , selon Oudin (3),
sigiiilleroil, comme aujourd'hui corbillard, le petit
d un corbeau, et le coche d'eau qui mène à Corbeil.
(Dict. fr. esp.)
Corbille, subst. Ustensile de moulin. » Tout ce
« qui appartient au corps du moulin à vent, pour
" tourner, ou inouldre, sera tenu pour héritage.
« C'est assavoir tout ce qui tient ensemble; mais
« les corbilles, boiteaux (pour boisseaux), et hos-
•■ tieux (pour bottes ou pour outils) portatifs seront
« réputés pour meubles. » (Coût, de Haynault ,
Coût, Gén. t. 1, p. 810.)
Corbilliers, subst. masc. plur. On a donné ce
nom aux chanoines semi-prebcndiers de l'église
d'Angers. (Du Cange, au mot Corbillarios (4).) On les
appelle encore corbelliers.
Corbiii (os), subst. masc. Terme de chasse.
Nos anciens auteurs de vénerie ont souvent appelé
os corbin une partie du cerf. Le passage suivant
peut aider à la déterminer : « Faut lever le cymier,
« depuis le commencement des coslez, et de lon-
« gueur jusques au bout de la queue, en eslargis-
» sant sur les cuisses, jusques aux joints, laissant
« l'os-corbiit, tout franc, en luy donnant deux coups
« de couteau sur le haut dès deux costez, pour
« monsirer la venaison. » (Fouilloux , Vénerie,
fol. .">i ,.").) Les vers suivans semblent indiquer l'ély-
mologie de ce mot :
Encore vous dis-je que ceulx
Qui le cerf detïonl, doivent prendre
Un os du cerf qui, sans mesprendre,
Vox-coiinii, de son droit, se nomme ;
El d'ycel os-corbin, c'un homme
Le doit sur un arbre poser.
C'est le droit, au vray exposer,
Des corheau.i; qui, en toute place,
Signifient le hur (bonheur) de la chasse.
Coi'binage, subst. masc. Droit de coutume. Ce
droit varie, selon les coutumes différentes. •• Vers
" Mesle. en Poitou, c'est un droit en vertu duquel
« les curez prétendent avoir le lit des gentilshom-
" mes qui meurent en leurs paroisses. " (Laurière,
Gloss. du Dr. fr. ; kl. sur llagueneau.)
Corbineau, subst. masc. Diminutif de corbeau,
.leune corbeau. (Al. Chart. l'Espér. p. 373.)
Corbinei', verbe. Dérober, escamoter. (Monet,
Nieol, Oudin et Cotgrave, Dict.)
Corbineur, subst. masc. Trompeur, voleur.
(Monet, iNicot, Borel, Oudin et Cotgrave, Dict.)
Or cuydois-je estre sur tous le maistre
Des trompeurs d'icy, et d'ailleurs,
Des fors corhiiieni-s, et des bailleurs
De paroles, en jugement,
A rendre au jour du jugement.
Pathelin. Farce, p. 105,
Corbisier. [Intercalez Corbisier dans un reg,
de la Ch. des Comptes de Lille, an, r265: « Namur
" si a li cuens l'estalage de le haie des dras, des
« toiles, des corbisiers. » Voy. Corbeillogxeurs.] (n. e.)
Corbison, subst. inasc.
Les dens a Ions corn broqueriex.
Et si vous dit qu'ele a les iex
Ausi gros comme uns corhiso».^.
Et clers, ardans, comme uns tisons,
Kabl. MSS, du R, ir 7218, fol. ,ï7, R- col, S.
Corcelet, subst. masc. Espèce de cuirasse. *.
Soldats qui la porloient^
* On appeloit aussi celte espèce de cuirasse, hal-
lecret ou veste de mailles. Elle étoit à l'usage de
l'infanterie qui s'en servoit encore sous Louis XIII,
et les gardes-suisses la poiioienl sous Louis XIV.
(VoyezMil. Fr. du P. Daniel, l, I, p. 408.) Brantôme,
t. IV, p. 2'29, cite des gentilshommes, capitaines,
qui auparavant avoient porté , comme simples
soldats, l'un l'arquebuse, l'autre le corcelet.
M.ilgré l'autorité du P. Daniel, on voit que, dès
le temps de la Noue, l'infanterie avoit cessé d'en
faire usage. Il s'exprime ainsi dans ses Disc. Polit.
(l) Co/titit's parait synonyme de anm'yiies et désigne comme lui des montagnes aux flancs couverts par des taillis de
chênes verts et de châtaigniers sauvages, (n. e.)
(•2) Avaiit Marot, on lit dans l'Archer de Bagnolet : « Paf !e coi-ps hieti , c'est une robe. Plaine de quoy? Charbieu de
puiUe, « Au xiir siècle, on disait plutôt par le cuer heu. » (Ménestrel de Rains, éd. de WalÙy, § 414 a.) Voyez aussi d'autres
jurons moins respectueux au Glossaire de cette édition, p. 265, col. 2. (n. e.)
(3) c( Corbillat, grande barque dont on se sert pour aller en un lieu près Paris. « (x. e.)
(4) Sous Curbccula (II, 597, col. 2.) (N. E.)
(5) Comparez éd. Favre, fol. 42, verso, (n. e.)
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el Milit. p. 319 : » D'autant (lue les soldats ne veu-
« lent plus aujourdhuy porter de corcelets, etc. »
Il sembleroit qu'il y eût iiuelque différence entre
corselets el hallecrets, par ce passag'e : « Armés de
« corselets elhallecrets. » (Hist. de la Popelinière,
t. I, liv. I, fol. 30.)
Le corset paroît avoir été la même chose que le
corselet. (Voyez Du Gange, aux mots Corsetîts et
Cursetus.)
Mais, tout à coup, ung franc archier,
Qui Talebot ne congnoissoit
Le tua, et fit destrancher,
Pour avoir sa robbe, et corset.
Vig. de Charles VII, t. U, p. U'.
On lit corset blanc, avec la même signification,
dans une Ordonnance du duc de Bourgogne, en
1471. « Le coustillier de l'homme d'arme sera armé
« par devant le placipiait (pour plastron) blanc, à
« tout (avec) arrest, et le derrière sera de brigan-
« tine ; et s'il ne peut trouver le dit habillement se
« pou rvoye de corsf/ l)lmic{-i), à tout arrest, etc. »
(Etat des Offic. du d. de Bourg, p. 287.)
^ On nommoit aussi corcelets les soldats armés
de ces sortes de cuirasses ou vestes de mailles :
« Deux compagnies d'infanterie, les corce/e/s (2) en
« teste ; et les harquebusiers à costé. » (Brantôme,
Cap. fr. t. II, p. 27.) Dans le même régiment, les
piquiers portoient des corselets ; les arquebusiers
n'en portoient point.
VARI.iNTES :
CORCELET. La Noue, Disc. Polit, et Mil. p. 319.
Corselet. Mém. de Du Bellay, liv. X, fol. 325, V".
CouRSELET. Etat des Offic. du duo de Bourg, p. 277.
Corset. Vig. de Charles VII, t. II, p. 147.
Gorcesque, siibst. fém. Espèce d'arme. On
l'appeloit aussi zagaie, sorte de demi-pique ou de
javelot. (Oudin, Cotgrave, Dict.l Ce mot de corces-
que venoit peut-être de ce que dans la Corse on en
faisoit un usage particulier. On trouve : javeline à
la corsesgiie, dans le Dicl. de Monet.
Il y eut ù Lyon, ù l'entrée de Henry II dans cette
ville, un combat de gladiateurs, qui « combatirent
« premièrement à armes différentes, à scàvoir une
« eonsesque (lisez corsesque), ou zagaye, contre une
« espée à deux mains ; el combien que ce fust
'< armes longues, et qui requièrent lieu large, et
» spacieux, pour s'en ayder, etc. » (Brant. Cap. fr.
t. II, p. 13.)
VARIANTES :
GORCESQUE. Mém. de Du Bellay, liv. IX, f» 300.
Corsesque. Monot, Dict.
CoNSESQUE (Lisez corsesque). Brant. Cap. fr. t. II, p. 13.
CoRSECQUE. Rabelais, t. IV, p. 146.
Corcié. [Intercalez Corcié : 1°, Ecorché dans La
Thauraassière, p. 1467: « Qui enchiet de le danger
« et de ferir autre sans sanc et sans chaable, et à
« cinq sols d'amende, et cinq sols au corcié. »
2" Courroucé : « N'envers sa famé ne vers autrui
» cordés. " (Aubri, p. 162, col. 1.)] (n. e.)
Corcion. [Intercalez Cordon, enfant naturel :
Je suis Regnault, vous fils, de droit estracion,
Mais je croy bien qu'ayés eu plus d'un baron,
Car le duc de Dordonne m'a apellé corcion.
Enfants Aynion, v. 530.1 f**- *•)
Cordage , subst. masc. Arpentage , l'action
d'arpenter les terres avec une corde (3). » Seront les
» dits priseurs, et arpenteurs lenuz d'arresler. sur le
" lieu, et par chacune pièce de terre qu'ils priseront,
« et corderont, la quantité, et estimation d'icelle ;
« auparavant entrer au cordage, et estimation des
« autres terres qui seront ù priser. » (Procès
verbal de la Coutume de Bretagne, Coût. Gén. t. II,
page 815. )
Cordagée, adj. » Magie, cabale, Talmud, lan-
« ternerie cordagée, elc. » (Alector, Rom. f°35.)
Cordail , subst. masc. Cordage ou cordeau.
« Firent, ceux de dedans, une saillie ; mais ils
« estoient peu de gens : et la pluspart estoient à
« cheval, qui se mirent par le cordail (4) des pavil-
« Ions. >■ (Mém. deComines, p. 230.)
Cordance, subst. (ém. Conciliation.
Mes, riens plus que le fa au mi
N'a nul acort, ne cordance.
Hisl. de France, à la suite du Kom. de Fauvel, fol. 09.
(Voyez AccoRDANCE ci-dessus.)
Corde , subst. fém. Estrapade *. Sorte de
mesure °. Filet, rets '^.
* Au premier sens, c'est le nom d'un supplice,
proprement l'estrapade. (Diclionnaire de Monet.)
« Persista lousjours en ses dénégations, à raison de
x quoy il ordonna qu'il fut mis à la corde ; mais
s> plus on lui baiUoit la question forte, et cruelle,
» plus se rendoit opiniastie. ■> (iNuicls de Strapar.
t. II, p. 299.)
^ On nommoit aussi corde une mesure de corde
avec laquelle on arpentoit les terres, et qui varioit
suivant les lieux. « Chacune corde de vingt quatre
" pieds de roy, chacun pied de douze poulces,
« chacun poulce de douze ligues, ou grains. » (Proc.
verb. de la Coût, de Bretagne, Goût. Gén. t. II,
p. 815.) « La banlieue contient six vingt cordes,
" chacune corde de six vingt pieds. >' (Coutumes de
Bretagne, ibid. t. II, p. 778.) Suivant la Coutume de
Montargis, » la mesure de l'arpent est semblable,
-' tant en terres, prez, bois, vignes, que eaues, et
« contient cent cordes, et chacune corde, vingt
« pieds de roy, qui est douze poulces pour pied. »
(Ibid. t. I, p. 915.) « La lieue de Bourgogne contient
(1) On le nommait aussi coursai (Qulcherat , Cost., p. 306); c'est le début du corselet qui devait faire oublier la
bngandine. (n. e.)
(2) On lit dans d'iVubigné (Hist., II, 202): « Serbillon depescha Sallasar avec 600 harquebusiers, 200 mousquetaires et
autant de corselets. » (n. e.)
(3) C'est aussi un droit sur les tissus mesurés à la corde: « Et si a U quens au cordaige des toilles de Mons , de .xxxix.
aunes corder, une maille. » (Ch. des Comptes de Lille, an. 1265.) Cordage a le même sens dans une charte de 1274. (Du
Cango, II, 599, col. 2.) (n. e.)
(4) On trouve aussi cordaitles (JJ. 113, p. 243, an. 1378): u Comme se feussent meues certaines paroles... pour cause de
certains exploiz et cordailles de vaisseaux de mer ;... tandiz apploiz et cordailles. » (n. e.)
IV. 34
co
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CO
" cinquante portées de longueur, la portée douze
« cordes, la corde xu aulnes de Provins ; l'aulne
>i deux pieds et demy ; le pied, douze poulces ; les
« douze fo/'rfes (qui sont la portée) contiennent sept
« vingts quatre aulnes d"e Provins, de longueur. »
(Coût? de Bourgogne, ibid. p. 800.) « Contient vol
« de chapon huit vingt pas doubles, qui sont seize
« vingt pas simples : valent îi prendre ù la longueur
« des t'o/'(/fsd"un mesureur, ou cordeleur de terre. »
(Coût. d'Anjou, ibid. t. 11, p. 04.) (1)
^ Cordes, en ternies de chasse, signifioit les filets,
les rets dont on se sert pour prendre les loups et
autres animaux. » On les prent à force aux chiens,
« aux lévriers, aux laz, et aux cordes. « (Chasse de
Gast. Phébus, .ms. p. 72.)
On disoit autrefois :
1° Cordes d'arquebuse, pour mèche. « Le reste, je
« les renvoyay à Savillan, tousattachez avec cordes
a d'arquebouzes, de tant que les miens qui les
« menoient n'estoient si grand nombre qu'eux. »
(Mém. de Montluc, t. I, p. 119.) « Ils le prioient les
« vouloir secourir de poudres, plomb, etcorde, pour
« l'arquebuzerie. » (Ibid. p. 311.)
2^^ A cordes avallées , pour à la débandade ;
proprement à cordes relâchées. On a dit, au figuré:
" Discours efferiiinez, à bâtons rompus, et à cordes
« avalées, et si mal mis en œuvres. » (Mém. de
Villeroy, t. V, p. 203.)
3° Frères de la corde, pour cordeliers :
Senor sont apelé
Li frère de la corde.
Fabl. MSS. du R. n" 7015, t. 1, fol. 63. R- col. 1.
4° Se jouer es cordes des ceints s'est dit par allu-
sion à la corde ou cordon dont les religieux sont
ceints, et avec laquelle ils jouent entre eux. (Le
Duchat, sur Rabelais, t. IV, p. 139.)
5° Donner corde s'igmCioil donner liberté, pouvoir.
« Que Montaigne s'engouffre quant et la ruine
« publique, si besoin est, mais s'il n'est pas besoin,
« je sçauray bon gré à la fortune qu'il se sauve ; et
« autant que mon devoir me donne de corde, je
« l'employé â sa conservation. » (Essais de Mont.
t. III, page 0.)
0° Détendre sa corde, se relâcher, devenir plus
traitable :
Droiture obliez,
Et destendez vostre corde ;
Et viengne miséricorde
Por nos aidier.
Thiéb. de Navarre, Poës. MSS. av. 1300, t. I, p. 93.
7" Mettre à sa corde, pour engager dans son
parti :
.... Toz les a si atornez ;
La dame a touz >nis à sa corde ;
Chascuns dou tout à li sera.
Fabl. MSS. du R. n" 7615, 1. 11, fol. 150, R- col. 2.
8° Se traire à une corde, pour être d'accord :
Et uns et autre, et !i clergiés
Ki là furent aparilliés,
Se traisent tôt à une corde.
Ph. Mouskes. MS. p. 688.
Nous disons encore : tirer à une même corde,
pour agir de concert.
9° Etre d'une corde, être lié à une corde, pour
être réunis :
Et ceuls qui furent en discorde,
Sont tous liez à une corde.
Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 558, col. 3.
On disoit au même sens :
Hz sont liez tout d'une corde.
Gace de la Bigiie, des Déduits, IIS. fol. Î6, Y*.
Pitiez, et miséricode
Qui sont çaintes d'une corde.
Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. *37.
10° Descorder de la corde, pour se détacher ; au
figuré, se brouiller ;
.... Por mal, ne por descorde,
Ne vueil descorder de ta corde.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 322, V col. 2.
11" Rompre la corde, pour enfraindre un accord,
une convention :
Jacobins rompirent la corde,
Ne fu lors bien nostre créance ;
Et nostre loi en grant balance.
Fabl. MSS. du R. ii' 7218, fol. 325, R- col. 2.
12° Attraper à sa corde, traire à sa corde-, pour
faire tomber dans ses filets :
Le monde est le faux jardin
Où nous cueillons le périlleux roisin (raisin)
Dont l'ennemy nous atrape à sa corde.
Eust. Desch. Poes. JISS. fol. 123, col. 2.
Ja si ne fust feme anserrée (enfermée),
Qu'à su corde ne la traisist (tirast).
Fabl. MSS. de S. G. fol. 80, Y" col. 2.
13" Ouïr parler par dessus la corde, pour ou'ir
parler en l'air, à la volée. « Le S''Aërsens qui en a ouy
«1 parler par dessus la corde, etc. » (Négoc. de Jeann.
page 318.)
14° Etre au bout de sa corde, pour êlre au bout
de son rollet, comme on dit encore vulgairement.
Montaigne dit des médecins : « Quand ils sont au
» bout'de leur corde, etc. » (Essais de Montaigne,
t. II, p. 824.)
15° Se mettre la corde au col, expression
empruntée de l'usage ancien où éloient les sup-
pliants, et ceux qui se livroient à l'esclavage, de
détacher leur ceinture et de la mettre à leur col, en
signe de servitude. [Du Gange, au mot corrigiam
sibim collo ponere.) (2)
1. Cordé,subst. «rnsc. Espèce dejurement* (3).
Dieu °.
* Au premier sens, ce mol composé, de même que
CoRiiiEu ci-dessus, désignoit presque toujours un
jurement :
Le bourgeois jura cordé.
Gace de la Bi^ne, des Déd. MS. fol. 112, Y'.
(1) On lit au cart. de S' Denys, p. 376, col. 1, an. 1273 : « Soissante et dis arpens et .xxvn. cordes et demie de terre en
divers lieus. » (n. e.)
(2) On lit enlin dans Froissart (XII, 283) : « Or nous traions doncques sur elle [aile], et ainsi nous aurons deux cordes à
nostre arc. » (n. e.)
(3) Il est pour corps de Dieu. (N. E.)
co
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^ Oa l'employoit aussi quelquefois pour Dieu :
.... Les commanda au Cordé.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 80.
VARIANTES :
CORDÉ. Gace de la Bigne, des Déd. f" 112 V».
CORSDÉ. Hist. de Fr. à la suite du Rom. deFauvel, ["SO.
CoRDiu. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 154, R° col. 2.
2. Cordé. [Intercalez Cordé, grosse étoffe de
laine dans le Roi Guillaume, p. 167:
De gros aigniaux et de cordé.] (n. e.)
Cordeau, subst. musc. Petite corde. Ce mot
subsiste sous sa première orthographe. On s'en ser-
voit autrefois pour désigner le supplice de la corde :
Mais s'ilz vous ont, la grâce du cordeau
Vous aurez d'eu.x, n'en faictes double aucune.
J. Marot, p. 17.
VARIANTES (1) :
CORDEA.U. Orthographe subsistante.
CORDIAU. Modus et Racio MS. f» 168 V».
CoRDEL. Hist. d'Artus 111, duc de Bretagne, p. 771.
Cordée. [Intercalez Cordée dans l'expression
eschielle cordée, échelle de cordes (Froissart, IV,
148).] (N. E.)
Cordéis. [Intercalez Cordéis, sangles de lit
(Partonopex, v. 10325) :
Ot par desus le cordéis
Qui fu de soie lacéis. [N. E.)
Cordel. [Intercalez Cordel, cordon (Froissart,
XVI, 205) : « Ung double cordel de soye blanche h
« blanches houppes pendans. " On lit encore dans
Arthur de Richemont (p. 771) : « Furent amenez h
« Paris touz liés en un chariot et le cordel au
« col. »] (n. e.)
Cordeler, verbe. Faire des cordes, tortiller
comme une corde *. Lier, unir ^. Tramer '^.
* Le premier sens est le sens propre. (Voy. Oudin,
Dict.) Ce mot subsiste encore en ce sens, au moins
on le trouve dans quelques dictionnaires modernes.
° Au figuré, on disoit cordeller, pour unir :
Puisque bonne amour nous cordelle
Ensemble, par vray parentaige,
Donnez-moy une prebendelle.
Molinel, p. 188.
^ Unir, pris en mauvaise part, signifie tramer.
On disoit cordeler pour tramer (2) :
Cordeller grans discordes,
Pour païs descorder.
Molinet, p. 172.
VARIANTES :
CORDELER. Oudin, Dictionnaire.
Cordeller. Crétin, p. 219 ; MoUnet, p. 172.
Cordeler, subst. masc. Cordeller.
Trop auroient donc fait cil cordeler fou change
Qui toz jorz vont deschauz, et se frètent au lange,
S'il cuidoient avoir paradys, sans eschange.
Chaiitepleure, MSS. de S. G. fol. lOi, R' col. 1.
(Voyez CoRDELiER ci-après.)
Cordelette, subst. féni. Filet, lacet* (3).
Liseré °.
* Ce mot, qui subsiste et qui signifie proprement
la corde dont on se sert pour faire des filets, s'est
pris autrefois pour les filets mêmes. « On prend le
« loutre aux rivières à cordelettes, comme on fait
« les lièvres aux filets. » (Fouilloux , Vénerie ,
folio 108.) Voyez ci-après Cordelle, pour piège,
filets.
^ Au second sens. Cordelette semble mis pour
signifier une espèce de liseré dont on ornoit les
habits. « Tunique de riche damas d'or, et bordé à
« deux bords de deux cordelettes (4) de toile d'argent
« traict , et montrant forme de grosses perles. »
(Mém. Du Dellay, t. VI, p. 145.)
VARIANTES :
CORDELETE. Orthographe subsistante.
CoRDETTE. Apol. pour Hérodote, p. 653.
Cordelenr, subst. masc. Arpenteur. Du mot
Corde ci-dessus, pris pour mesure avec laquelle on
arpentoit les terres. On disoit : •< .Mesureur, ou
'< cordeleur de terre. » (Coût. d'iVnjou, Coût. Gén.
t. II. p. 64. — Voyez Cordeir.)
Cordeleus, adj. Propre à faire des cordes *.
Tortillé comme une corde ^. Plein de cordes '^.
* Ou a dit, au premier sens, chanvre cordeleur.
(Epith. de M. de la Porte.)
° e['^Cordeleux,se\on. Cotgrave, signifioit aussi
tortillé comme une corde, plein de cordes.
VARIANTES :
CORDELEUS. Epith. de M. de La Porte.
CoRDELEu.x. Dict. de Cotgrave.
Cordeller, subst. masc. Nom de religieux *.
Cordier ^.
*Le nom de cordelier, pour religieux, est an-
cien (5). Il fut donné, parmi nous, aux frères
mineurs, du temps de S' Louis. On trouve ce nom
employé dans un recueil des Poës. mss. av. 1300,
que nous citons souvent. On verra, par ce passage,
que la continence des cordeliers étoit autrefois si
renommée qu'elle passoit en proverbe :
Il n'est cordelier,
Tant çaigna la cordele,
Qui ne la vousist à son gré
Tenir seule.
Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1427.
° Cordelier signifioit aussi cordier. (Chron.
S. Denis, 1. 1, fol. 68.) De là, on disoit faire comme
les cordeliers, pour faire à rebours, comme font les
cordiers qui travaillent en marchant à reculons.
(Dict. d'Oudin.)
1. Cordelière, subst. fém. Ceinture*. Sorte de
galon ^. Chaîne'^. Nom d'un vaisseau °.
* Proprement, cordelière étoit la ceinture des
cordeliers. On employa ensuite ce nom à signifier
(1) Dans Roncisval^p. 134) on lit ; « Par la ventaille fait les cordais (tresses de la barbe) sacher. » (n. e.)
(2) 11 signifiait aussi tresser, au propre : « Bourdeille avec ses cheveux gris cordele:. » (D'Aubigné, Fœn., IV, 13.) (N. E.)
(3) « Sachet de toile pendu à une cordelette. » {Mcnagier, II, 5.) (n. e.)
(4) On lit encore aux Nuits de Straparole, II, 369 : « Le baston sur le quel les dames d'Italie , font à l'aiguille des
cordelettes et autres menus ouvrages. » (n. e.)
(5) On lit plus haut au Roman de la Chantepleure (nis. de Saint-Germain, fol. 104): « Cil cordeler... Qui tousjours vont
deschauz et se frètent au lange. » Voyez Leroux de Lincy (I, 8). (n. e.)
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CO
diverses espèces de ceiiUures ou chaînes. ' I.iiy
» avoil promis d'envoyer de la soye, de l'or deChi-
« pre, pour soy esbalre (amuser) à l'aire de belles
X bourses, et des surceincles, et des cordelières ii),
« et serolt tenue à en bailler de trois l'une. » (Arr.
Amor. p. 92.)
L'une y donna ung bréviaire,
Et l'autre ung calice à devis (fait à choix) ;
Et sa dame une cui-dfAiire,
Pour luy faire une troussouaire.
L'.\mant rendu Cordelier, p. 50tî.
On trouve : « ceinture ronde à mettre sur les
« habits », dans le liloss. des Arr. Amor.
^Ue là, ce nom passa à une espèce de galon ou
d'ornement qui se mettoit autour des étoffes.
« Cordelières de drap d'argent autour des bords de
» son accouslremenl, et de son caparasson. » (La
Colomb. Th. d'honn. t. I, p. 184.) Armé, accoustré
et bordé de satin broché d'argent, tant soyon que
bardes. (Ibid. p. 182.) « Une haqucaée blanche très
« richement accouslrée de bordure; c'est à scavoir
" de veloux cramoisy semé de cordelières. «
(P. Desrey, à la suite de Monstrelet fol. 103, R%
an 1501.)
•^ On nomma chaîne faite à cordelière (2), des
chaînes ou ceintures faites à nœuds ; de lu, on
appela cordelières les chaînes ou ceintures qui
sont autour des armoiries des veuves. Le ;iom de
cordelière fut même employé pour signifier cliaîne,
en parlant de montagne. « Une longue cordelière
« de monlaîgnes. » {Dict. de Colgrave.)
" Enfin cordelière a été le nom d'un vaisseau de
guerre, fameux par sa grandeur et sa magnificence.
C'étoit l'amiral de la fiotte de Louis XII. « Anne de
« Bretagne fist baslir, par une grande superbité,
« ce beau vaisseau, el grande masse de bois, qu'on
« ajipelloit la Cordelière, qui s'athKiua si furieuse-
« ment, en pleine mer, avec la Itégente d'Angle-
« terre, et s'accrocha si furieusement avec elle
« qu'ils se brusierent, et se périrent. «(Brantôme,
D" Illustr. p. 10.) Ce l'ail arriva en lôi2 (31, suivant
l'Hist. du Cli" Bayard, p. 342 (Voyez Mil. fr. du P.
Daniel, t. 11, p. 037.)
2. Cordelière, adj. au fém. On a dit chandèle
cordelière. (Epilh. de M. de la Porte.)
Cordelle, siihst. fém. Petite corde*. Cordelière,
religieuse^. Faction, parti ^. Piège, filels°.
*Au premier sens, c'est le diminutif de corde.
(Dictionn. de Monet, d'Oudin et Du Cange, au mot
Cordelia.)
.Siu ^ses; deus pies fist loer (lier) d'une cordele de lin.
Poo5. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1367.
^La corde ou cordelle dont les cordeliers étoient
ceints leur fit donner le nom de Frères de cordèle ,
et de là on nomma aussi cordelles les religieuses
cordelières. Ondisoit: « Le moustier des Cordel-
" /es, delez S'Clout, quel'on appelle Longchamps. »
(Chron. fr. .ms. de Nangis, an 1227, p. '2.f Frères des
cordèles, pour cordeliers, dans le Doctrin. ms. de
S. Germ. fol. 103(4).
•^ On disoil au figuré cordelle, pour parti, faction,
société ;
La mort cruelle
Qui de ceux-là ronip la cordelle (société)
Qui s'entraimoient uniquement.
Opusc. de r. Enoc, page 83
De là, l'expression être de la cordelle, pour être
de la société, du parli de quelqu'un.
Le pressa, et enhorta
D'estre de sa bende, et rordelle.
Vigiles de Cliarles VU, l. I, p. IJi.
On disoit aussi, dans le même sens, avoir en sa
cordelle. (Clém. Marot, page 288.) Traire à sa
cordelle {'•>). (Eust. Desch. Poës. mss. p. 493.) Tirera
sa cordelle. (Oud. Cur. fr. Cotgr. Dicl.) .ittirer à sa
cordelle. (Méiri. de Rob. de" la Marck. seig. de
Fleur. Ms. page h19.)
° Enfin co)v/e//t' se disoit pour piège, filets, pro-
prement la corde qu'on lâche pour laisser tomber
les filets. « Intention estoit d'attirer à sa ccr-
« délie un jeune escliolier, duquel elle estoilamou-
« reuse. » (Apol. pour Hérodote, p. 199.)
Se chasteté, la papelarde,
Avoit ainsi le monde duit (conduit),
Et à sa cordeUc séduit,
.Taraais ne seroit créature ;
Et ainsis défaulroit nature.
Eusl. Desch. Poos. ,MSS. fol. 5.î2, col. •!.
On disoit en ce sens, arrêter dans sa cordelle.
(Durant, à la suite de Bonnef. p. 15(>.)
VARIANTIÎf. :
CORDELLE. Crétin, p. 64
Cordèle. Coût. Gén. t. I, p. 370.
Cordeoii, siibst. masc. On lit. dans la tragédie
delà décollation de S. .'eau el de la fille d'Hero-
dias : » Icy commence à danser, el sonne le tabou-
« rin une entrée de morisi|ue ; puis cesse ung
« petit, et 1;! fille danse tousjours, cependant que
>• les seigneurs parlent, puis commence le tabourin
« d'ung co;*d('o?i. » (Ilîst. du Th. fr. t. 1, p. 250. —
Voyez ci-dessus Choro, Choron, Cordon.)
(1) Ces cordelières serrèrent la taille des robes au lieu des ceintures plates, au temps d'Anne de Bretagne. (Quicheral,
CostiDiie, p. 3.S9.) La cordelière était aussi un collier dont on entourait les armoiries des veuves et des tilles , par dévotion
à S' François d'Assise : « L'an 1470, Claude de Montagu ayant été tué au combat de liussy, Louise de la Tour d'Auvergne,
sa veuve, prit pour devise une corrfeitère à nœuds déliés et rompus, avec ces mots: j'ai le corps délié. » (Dict. des
ordres relig.) (N. E )
(2) « Quatre chaînes d'or, l'une faite à cordelière, l'autre à petites boucles pleines. » (Godefroy. Observ. sur Charles VIII,
p. 368.) (N. E.)
(3) Le combat eut lieu le 10 août 1512 , à la hauteur du cap Saint-Matthieu ; le capitaine français était Hervé de
Portzmoguer, dit Primauguct. Germain Rrice (Bricius) a célébré ce combat en un poème latin publié en ISS."). (N. E.)
(4) « Or me dites, por fiieu, se nos tuit nos rendons As frères des cordelen ou as autres maisons. » (N. E.)
(5) On lit déjà au Châtelain de Coucy (v. 4924) : « Mes se vos poés acointier Gobiert et traire h vo cordelle. » Dans
G. Giiiarl (v. 6129) : « Qu'il ont atrait à leur cordele. » Enfin dans Benart (v. 1015) ; « Fors pour moi mètre à sa cordiele. >>
Cette expression se rencontre aussi dans Froissart (VI, 61 ; XII, 2(53, 276) avec le verbe aliraire ou tourner, (n. e.)
co
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CO
Corder, verbe. Accorder , mettre d'accord *.
Terme de musùiue^ (I).
* Proprement corder est faire une corde. Nous le
disons encore en ce sens. Autrefois on le disoit au
figuré, pour accorder, mettre d'accurd.
Le corps qui discorde (sépare)
Ce que bonté corde (.2;,
Et ne se recorde
De paix, de concorde.
Molinel, page Hi.
'^Corder est employé dans le passage suivant
comme terme de musique : « Par ces six notes, qui
» sont appellées ut, re, mi, fa, sol. la; l'en puet
« apriindre à chanter, h corder, doubler, quinloier,
n tiercoier, etc. - (Eust. Descli Poës. .mss. f" 3'.»5.;
Cordés, adj. Qui est à nœuds. On disoit esche/Ze
cordée, pour échelle de corde à nœuds. . Froiss«rt,
liv. m, p. 281) (.3)
Portans licoz cordés à pommes,
Pour prendre Francoys es charettes.
Vig. de Charles VU, t. U, p. 114.
Cordeur , subst. masc. Mesureur de bois *.
Mesureur de terres^.
* Dans le premier sens, c"étoit celui qui corde du
bois. (Dict. d'Oudin.j Xous disons encore une corde
de bois, pour certaine quantité de boisdecliaulfage.
^Dans le second sens, celui qui mesure des terres
à la corde. (Dict. de liob. Est. et de Cotgrave. —
Voyez Corde, mesure de terres.)
Cordial, adj. Sincère * (4). Terme de chass.; ^.
* On disoit. au premier sens : « Par amour de
« cuer cordial. » (P. Desrey, à la suite de Monstr.
fol. 79.) >' La modestie, la recognoissance ardiale,
« et sérieuse de son peu est un bon témoigmipe de
« bon, et sain jugement. » (Sag de Charr. p. "233.
— Voy. Corel ci-dessous.)
^Eii termes de vénerie, rage cordial désignoit
une espèce de rage, autrement appelée raye de
cuer. On distingue « plusieuis rages, desquelles il
« n'en y a que deux qui soient mordans; desquelles
« deux'il en y a une qu'est appellée rage cordial,
« et n'est pas envenimée comme est l'autre, et
« n'enragent point ceulx qui sont mors (mordus.) »
(Modus et Racio, .ms. fol. CI.)
Cordialinent. [lutei calez Vordialment, qu'on
trouve dès le xiv siècle dans le Ménagier (I, 5) : « Et
« l'admoneslerent qu'elle amast cordiulniciil son
« mari. " Au .\m' siècle, on aurait dit corelnient
(J. de Meung, Test. 25'ij: « Por quoi je le devioie
« aimer trop corelnient. »] (n. e.)
Cordier, subst. masc. Celui qui fait ou vend de
la corde. Nous ne citons ce mot subsistant qu'en
faveur des expressions suivantes :
lo L'ordre du cordier, pour la corde, le gibet.
Cy est uns homs,
Voire deu.x meudriers, et larrons...
Donnez leur l'ordre du cordier.
Eust. Desch. Focs. MSS. W. 235, col. 3.
2° Desmarche de cordier, ou faire comme les
covdicrs, pour aller à reculons, gagner sa vie à
reculons. (Oud. Cur. fr.)
Cordille, subst. Espèce de jurement. (Voyez
Moyen de Parvenir, p. 393.)
Cordilloii, subst. masc. Diminutif de cordon.
Petite corde servant à allacher un morceau de voile
à un autre. (Dict. d'Oud. — Voy. Cordo>, ficelle.)
Cordiz, subst. masc. Barrières de cordes. " Le
« cliamp ordonné pour combatre estoit enclos de
« bons fossez. et cordiz, (5\ affin que n'y eut faveur
« d'ungcosté, ny d'autre. •■ (Percef. vol. III, f° 104.;
Cordoan, subst. masc. Cuir. Pe'iU de chèvre
passée au tan, suivant Monet, Dict. (Voy. Du Cange,
au mol Cordebisus.) Ce cuir se noinmoit cordoan,
de la ville de Cordoue, en Espagne, d'oi^i on le tiroit.
« Cordoen d'Espagne est le meilleur courroy des
« autres. » (Ord t. II, p. 306.) Cependant, ce 'nom
est devenu commun à toute espèce de cuir.
Du Cange. qui rend curdebisus par cordouan,
sembleioit indiquer que ces deux mots sont de
même origine; mais, dans le Du Cange augmenté (6),
corrobucum est rendu par corium buci. cuir de
bouc; cordebisus pourroit signifier cuir de bique,
de chèvre. Pour tout concilier, il faudroil regarder
cordebisus comme un mot composé, par corruplion
de cordouan et de bise, bique, de même origine que
bouc.
Le cordoan de Provence étoit passé en proverbe
avant 1300. (Prov. à la suite des Poës. ms-. I. IV.
page 1653.) (7)
On ne peut pas douter que cordouan ne vienne
de Cordoue. Le passage de Tiiéodulpbe, évéque
d'Orléans (8), qui vivoit au commencement du
IX' siècle, le démonire. .Ménage, Orig. est le premier
qui l'ail rapporté, et M. de Valois, notice, a raison
de dire qu'il y a plus de 800 ans que les cuirs de
Cordoue sont'en usage (9).
(1) Corder se dit aussi des moulures qui bordent une cloison, un parement : « Icellui Simon d'un gros frctail ou cordon
de bois, qu'il avoit osté de ladite cloison, et dont icelle cloison estoit cordée, frappa le suppliant tellement qu'il cuida
tumber à terre. » (JJ. 208, p. 66, an. 1480.) (N. E.)
(2) Le peuple dit encore : « Ces deux époux cordent bien. » C'est alors une apocope d'accorder. (N. E.)
(3) Voyez plus haut le mot Cordée, auquel on peut réunir le présent article. CoquiUart prend ce mot au figuré dans
l'Enquête de la simple et de la rusée : « Cordée comme une lamproye. » (N. E.)
(4) Au xii= siècle, on employait foro/ et non coff'iu/ ;« Chascun pleure sa terre et son pais, Quant il se part de ses
coraux .imis. » (,Couci, XXIV.) J. de Meung (Test., 382; emploie coreiix, venu de corel. par vocalisation de l. {s. E.)
(5) On trouve cordie dans la Coût, de Cambrai. (Du Cange, Corda, 5.) (N. E.)
(6) C'est une addition bénédictine. (N. E.)
(7) (Comparez Leroux de Lincy, I, p. 386. (n. e.)
(8) Poésies, Uv. I, p. 138; « Iste tuo dictas de nomine, Corduba, pelles, Hic niveas, alter protrahit inde rubras. » (n. e.)
(9) « La préparation du maroquin dont Babylone garda le secret pendant toute l'antiquité , avait été transportée en
Espagne par les Arabes. Dès le temps de Charlemagiie, Cordoue approvisionnait toutes les contrées occidentales de ce
cuir, qui servait à faire les cliaussures de luxe. » (Quicherat, Cosiume, p. 152.) (n. e.)
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~ 270 —
CO
VARIANTES :
COriDOAN. Fabl. MSS. de S. G. fol. 18, V» col. 2.
CûRDOEN. Ord. des R. de Fr. t. Il, p. 365.
CoRDOUEN. Ord. t. I, p. 6Ù0.
CoRDOUAN. And. de la Vigne, Voy. de Charles VllI, p. 143.
CoRDOUAM. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. 61, col. 4.
CoRDUAN. Lanc. du Lac, t. 1, fol. 8, V" col. i.
Coi'doanier, subst. mnac. Cordonnier. Du mol
conlouans, souliers.
Les vers suivons offrent l'origine de notre pro-
verlje : <- 11 n'est de si mal chaussés que les cor-
" donniers. »
Coi-dovaniers n'ot bon soler (soulier).
N'ainc (ni jamais) drapiers ne fut bien vestus.
Vill. li Viniers, l'oi-s. .MSS. avant 1300, t. Il, p. 816 (1).
Ils sont répétés dans les Ane. Poës. fr. mss. du
Val. n° M90, fol. 33, V".
VARIANTES :
CORDOANIER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 199, R" col. 1.
CoRDOUANNiER. Arr. .Amor. p. 359. — Faifeu, p. 913.
CoRDOUENNiER. ViUon, p. 6.
CORDEUANIER. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. 11, fol. 140, V».
Cordomaiues. (Voyez Villehardouin, p. 93.) ('2)
Cordon, s((&s^ ?H«sf. Ficelle (3). Celle qui servoit
ù faire des pannetières :
Panetière de cordon.
Thicb. do Blason. Pocs. MSS. avant 1300, t. II, p. 550.
Cordouannerie , subsl. fém. Cordonnerie.
(Dict. de Cotgrave.)
Cordouans, subst. masc. plur. Souliers. Du
mol cordoan, cuir dont on faisoitle dessus des sou-
liers. (.\icot, au mol Cordouan.) « Je voit mes cor-
« douans caucliier. » (Jeh.Erars, Poës. mss. av. 1300,
t. Il, p. 935.) (4)
Cordui'e, subst. [cm. Coulure. Mol provençal.
(Du Cange, au mol Cordura.)
Cordui'ier [Intercalez Cordurier, couturier au
reg. JJ. ICI», p. ^ITl, an. 141'2: « Item Ylaire Bernard
(' cordurier du lieu de S. Sypliorien tient. ■>] (n. e.)
Core. [Intercalez Core, peut-être assemblée des
échevins aux libertés de Calais ;.IJ. 69, p. 3(15, an.
1304): » Se aucuns est pourlraiz par la core de
c mellée, où il n'a mort ne mehaing, il doit
" amender au seigneur de .lx. soulz, et à celui à
« qui on a fait le fait de .x. soulz. Quiconques
" destourbera escheviiis ne eorenumz-, quant il
« siéent en banc et font conjure, il doit amender
<• au seigneur de .m. soulz. »] (m. e.)
Corecher , verbe. Courroucer *. Fâcher .
affliger °. (Voyez Glossaire de Marol, Borel, Cor-
neille, Cotgrave, Dict.; et le Gloss. des Arr. Amor.)
* Ce mot est pris dans le sens de couroucer eu
ce passage :
Mes en mile bone vaine (bonne humeur)
Ne la peut prendre merois,
Ens se coreche tout dis.
Will. 11 Viniers, Poes. MSS. avant 1300, t. III, p. 813.
^ Ce même mol est pris pour fâcher, affliger (5),
dans les passages suivans: « Nouvelles allèrent par
« le pays que le royesloit malade, si en lurent tous
« couroucés, et grans et petis. « (Chron. S. Denis,
t. II, f' 6-2.) « Si en fut moult dolent, et coiironcé. »
(Ibid.)
Et tant ni'ara corécliié
Madame, et désespéré,
Ke mar (nul homme) ne vi onques né.
Guios de Dijon, Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. C90.
C0N.IUGAISON.
Cotircissiés, imp. subj. Fâchassiez.
Couret {se), subj. prés. S'afflige. En latin, coHim-
tetur. (Régie de S. Benoit, latin et fr. ms. de Beauv.
chapitre iv.)
variantes (6) :
CORECHER. Poës. MSS. avant 1300, t. Il, p. 815,
CoRECiiiER. Poës. MSS. avant 1300, 1. 111, p. 1170.
CoRCHiER. Vies des SS. MS. de Sorb. chiffre xxvii, c. 2.
CouRECHiER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 153, V « col. 2.
CouRECHER. Ph. Mouskes, MS. p. 363.
CoRECER. Parton. de Blois, MS. de S. G. f» 132, R" col. 2.
CoRRESiER. Poës. MSS. avant 1300. t. IV, p. 1662.
CoRosoiER. Fabl. MSS. du R. n" 7989, f" 36, R" col. 2.
CouRCER. Clément Marot, p. 101.
C0UR.SER. Villon, p. 27 ; Coquillart, p. 32.
CouRCiER. Eust. Desch. Poës. MSS. f" 320, col. 4.
CouRECER. Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 339.
CouRESSER. Eust. Desch. Poésies MSS. f» 86, col. 1.
CouRRESCER. Eust. Dcsch. Poësies MSS. f" 2. col. 3.
CouRRESSER. Eust. Desch. Poësies MSS. f» 76, col. 4.
CouRREciER. Gloss. du P. Labbe, p. 508.
CoRL'CER. Histoire de la S'* Croix, MS. p. 20.
CoRUCiER. Chans. fr. du xiii= siècle, MSS. de Bouh. f" 246.
COROUCIER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f" 140, R» col. 1.
COROUCHIER. Poësies MSS. avant 1300, t. IV, p. 1380.
CouROUCiER. Beauraanoir, p. 8 ; id. p. 293.
CouROUSSER. Joinville, p. 80.
CouRROUSSER. Cyiiabalum mundi, p. 104.
Courroucer. Hist. de la Pucelle d'Orléans, p. 512.
Coredrecier, vet^be. Redesser, relever. On lit,
au sujet de la bataille de Guillaume le Bâtard contre
Harold :
.... Un armé (sscuyer) par la bataille
Heralt feri sor la ventaille (.visière),
A terre le fist tresbuchier ;
A ceu (au moment) qu'il se vout coredrecier.
Un chevalier le rabati.
Rom. de Rou, MS. page 371.
Corel, adj. Qui appartient au cœur, qui tient au
cœur. Marbodus (article 50, col. 1674 ), parlant des
propriétés de la perle, dit : « Cuntre gute corel est
« bone. >■
Corel, abj. Cordial, sincère (7). On a dit en ce
sens: amis coriuus, pour amis de cœur :
(1) Comparez Hist. litt. de la France, t. XXIII, p. 591. (n. e.)
(2) M. de Wailly (S 228) édite : « A l'aie de Dieu fu descouQz l'emperere Morchullex ; et dut estre pris ses cors domaines » ;
il traduit : « Il faillit être pris en personne. » (N. E.)
(3) Voyez aussi la note sous corder. (N. e.)
(4) « Nus et de chances deschauciez. Et de soulers et de cordouan. » (G. Guiart, an. 1202.) (N. e.)
(5) C'est le sens le plus commun : « Il estoit plus resjo'i que courrouchié. » (Froissart, XIV, 1.) (n. e.) ■
(6) Froissart offre les variantes rou)w/(it'c (II, 29), coid'i-Ziier (II, 102, 169; V, 208). Roland donne le participe curuçus
(V. 2164) et l'ind. curuciez (v. 469). (N. E.)
(7) Voyez la note sous cordial. Les Miracles de Notre-Dame donnent un adverbe fait sur corel : « Ne doit pas estre as
•luis douche, Car trop le heent coreumenl. » (N. e.)
co
271 -
CO
Chacun pleure sa terre, et son pays,
Quant il se part de ses coriaus amis.
Le Chastelain de Coucy, Poés. MSS. avant 1300, t. 11, p. 538.
VARI.iNTES :
COREL. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 123, R» col. 1.
COREX. Ern. la Vielle de Gastinois, Poës. MSS t. II, p. 880.
Coriaus, plut: Le Chastelain de Coucy, Poës. t. II, p. 538.
Corelaii'e, subst. masc Bonne mesure, sur-
croît de mesure, surplus. (Voyez Nicot, Monct, et
Borel, 1" add.) Boiel, dans la première partie de
son Dictionnaire, explique ce mol par loyer ; c'est
le mol latin corollaritinu pris dans le sens d'auctu-
rium. Boëce est le premier qui ait pris ce mot dans
le sens de consectorium, quieslcelui que notre mot
corollaire a conservé. (Falconnel.)
VARIANTES :
CORELAIRE, Correlaire.
Coren, subst. masc. Courant, l/endroit d'un
fleuve ou de la mer où l'eau court plus rapidement
d'un côté que de l'autre : « Fist faire uns? grand, et
« large fossé encontre le dit tertre, partant de la
<> mer, jusques ii l'autre coren de la mer. » (Triomp.
des IX Preux, p. 37c;,col. '2.— Voy. Coirans ci-après.)
Corent, 11 faut lire c'orcnt dans ce verc; du
roman des Sept Sages, cité par Borel :
Tantost corent osté la table.
Coreor. [Intercalez Coreor , coureurs, dans
Garin le Loherain (t. l, p. 165) :
Li ardeor se sunt par devant mis.
Les cureorc maine Isorés le gris.
Partonopex en fait un adjectif: « CeTal coreor
(v. 162G). >.] (n. e.)
Corel". [Intercalez Corer, dans une cliarle de
1404 (Du Gange, II, CO'2, col. 1): « Jehan Palardit...
« confesse tenir... à liommaige lige et à ung
« esparvier sor de devoir, à une longue de soye
« vermeille et à un corer d'argent doré du poix
" d'ung gros tournois de S. Loys, paier à muance
" de seigneur et d'omme. »] (n. e.)
Cores, subst. Courroie.
Les wans (gands) et la cainturele
Donroumes (nous donnerons) à Beatris,
Et nos trois corcs ait Guis
Gi nous cant, et kalemele (joue du chalumeau),
En la muse au grant bourdon.
Gileberl, Pois. MSS. du Vatican, n' U90, fol. 113, V.
11 me semble que Guis est un nom propre ; ainsi
l'on donneles gansetuneceinlureùBéatris età Guis,
trois cores (pour courroie), parce qu'il amuse par
ses chansons.
Corevesqiie, subst. masc. Chorevesque. Mot
grec, proprement évéque de campagne qui tient sa
mission de celui de ville. L'archidiacre fait aujour-
d'hui ces fonctions. Il a inspection sur l'archiprétre
et les doyens ruraux. (Falconnel.) Ainsi L^ Roque
dit mal îi propos que » c'étoient les corevesques (I)
« qui avoient soin de veiller sur les paroisses de la
" campagne, ausquels ont succédé lesarchiprétres,
» et les doyens ruraux. « (La Roque, sur la Noblesse,
page 357.)
Corex, subst. fém. Terme de tendresse.
Diex, Diex, ma doce corcx (2).
Ern. la Vielle de Uasiinois, Poos. MSS. avant 1300, T. II, p. 885.
Corfés (Il fafut lire cor- [es pour les corps faits^
subst. masc. jilur.
Chascun s'envoisa (s'égaya) ;
Li ami, et les amies,
Orent gans sousquanies (espèce de robe).
Et totes les haubergies,
Et corfes à dens pinciés.
Guill li Vigneres, Pocs. MSS. avant 1300, t. II, p. 74i.
Dans ces vers, corfes (3) signifie corps faits pour
être embrassés à deux pincées du pouce et de
l'index.
Corge. [Intercalez Corge au reg. JJ. 169, p. 483,
an. 1410: « Un certain baslon, appelé co?'(/e. »](n.e.'\
Corgie, subst. fém. Fouel, sangle ou lanière de
cuir propre à fouetter. Nous disons encore eseour-
géeen ce sens ; mais ce mot vieillit beaucoup. (Voy.
le Dictionnaire de Robert EsUenne, de Cotgrave, de
Monet, de Ménage, et celui de Borel, copié par
Corneille, où ont lit ce vers de Perceval) :
En sa main droite une corgie.
Et cet autre de Gauvain :
. . . . Li basions
Où la courgie étoit noée.
Ph. Mouskes, ms. p. 279, parlant de la flagellation
de J. Chrisl :
Batus de verges, et de plaiies
De cief en cief (de bout en bout), de grans coryies (4).
On trouve, dans Merlin Cocaie, t. II, p. 300 :
« Un fouet composé de cinq escorgées » ; dans le
Moyen de parvenir, p. 78 : •■ Jetler le manche après
'< les escourgées. » Les disciplines des flagellans
sont nommées courgies dans la Chron. fr.^s. de
Nangis, sous l'an 1349.
On a beaucoup varié sur l'étymologie de ce mot
escourgée. En remonlant à son ancienne orthogra-
phe corgie, on y aperçoit trop clairemenllemot fatin
corrigia, pour le pouvoir méconnoitre. Voyez
cependant Du Gange, Glossaire lalin, aux mots
Scoriata et Scorgiata.
VARIANTES :
CORGIE. Borel, Dicl. ; Ph. Mouskes, MS. p. 279.
Courgie. Chron. fr. JIS. de Nangis, an 1349.
CouRGÉE. Kroissart, liv. III, p. 41.
CoRGUE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 342, R« col. 2.
EsGORGiE. Froissart, Poës. MSS. p. 282, col. 1 (5).
(1) Ces chorévèques (;|fa>paf iniaxcrnoç) se nommaient en latin circuitores, visilatores. Ils disparaissent au x= siècle et
donnent naissance aux archiprêtres et archidiacres. (N. e.)
(2) C'o/-ei(se: est aussi pris en mauvais sens (Mir. de N. D.) : « N'est nule odour envers celui , Ne soit corcu.se , amere et
fade. » (N. E.)
(3) Lisez corsés, pour corsets. (Voyez Joinville, § 409.) (N. E.)
(4) 1 Dont fu Renaus Porqués de maintes pars saisis De corgies noées fu batu et laidis. » (Ch. d'Ant., V, 311.) (N. E.)
(5) On lit aussi dans les Chroniques (V, 274) ; « Et se batoient d'escorgies à bourdons et aguillons de fier. » Cette forme
est aussi dans Baudouin de Seb. (VI, 96) : « Et s'avoit cascun jor batu d^une escorgie La blanche char de lui que toute l'ot
sillie. » (N. E.)
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- 272
CO
EscouRGiE. Eust. nesch. Poos. MSS. f» 32, col. 4.
EscOHiiÈE. Percet. vol. VI, f" 87, V» col. 1.
EscouRGÈE. Orthographe subsistante.
COLRCET. s. m. Baïf, f" 74 V».
EscoRGiEU. s. m. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 174, c. 3.
Corgosson. [Intei'calez Corgnsso7i, calendre en
provençal (Gloss. prov. lai. B. N. 7057]. (n. e.)
1. CovUil, subst. masc. Chantre, choriste. Le roi
Kobert « alla à la grand messe à S. Denis, et luy
inesmetint cuenr, etlitrofllcedeco ï'a/ (l),avecques
» les religieux. ■• (Hist. de la Tois. d'or, vol. I.)
2. Corial, adj. De chœur. C'est en ce sens que M.
De la Porte s'en est servi pour épithète de chape.
Corias, «f// Coriace. Qui lient du cuir. (Nicot,
Monet, Colgrave, Dictionnaire. ) « Enveloppèrent
<' leurs escus d'une herbe qui porte fueilles, en
<■ manière de vis'iie, et qui a les rinceaulx longs, et
>' corias. « (Perceforest, vol. VI, f" 91)
Coricée, siibst fém. Espèce de jeu. « Jeu de
« paume à une pelote, pendant au bout d'une corde
« que les jouans batoient de la main, et poussoient
« les uns contre les autres. » (Dict. de Monet.)
Coi'idol, siibst. )uasc. Corridor, chemin couvert.
(Voyez Du Gange, aux mots Corritorium, Corrido-
rum et Curritorium.)
VARIANTES :
CORIDOL. Borel, Dict.
CORRIDOUR. Oudin, Dict.
COURRIDOUR. Oudin, Dict. (2)
CûftRiTon\E. Monet, Dict.
Corier. [Intercalez Corier, fabricant de cour-
roies : « Que nulz coricrs faice corroies estoffées de
" plonc d'estain, sur l'amende de la ville. » (Stat.
d'Abbev. Du Gange. II, (J(i3, col. 2.) On lit encore
au leg. 08, p. 480, an. 1305 : » Comme Willemet
" Coteiichi coj'jereust plusieurs choses et hostiz de
" son meslier de correrie, qui par justice avoient
« esté mises en garde à Esdin. ») (n. e.)
Corieux. Ce mot se trouve dans une ballade
inintelligible de Villon, p. HO.
Coriiia, subst. Le couchant. .Mot languedocien.
(Du Gange, au mot Corina.)
Corine, subst. fém. Plainte, querelle, rancune.
Du latin qua'rimonia. On lit, dans Beaumanoir,
p. 418: « Hayne, discention , corine, et male-
« voellance. »
Or me consaut (assiste) Diex lii tout set,
Mais ce me semble k'il me het (hait),
Et s'a vers moi gierre (guerre>, et corine.
Ph. Mouskes, MS. p. 244 (3).
Corion, subst. masc. Courroye *. Cordon ^.
* Voyez, sur le premier sens, les Dict. de Borel,
1"' add., de Corneille, de Nicot, de Monet, d'Oudin
et Du Gange sur Joinv. page 255. » Prindrent une
" grant coite (courte pointe) pesant la charge d'un
•> sommier, et la lancièrenl sur la dame, et lièrent
" les deux coites ensemble d'une corde et si pendi-
" l'eut à chacun co7TO« (coin) un mortier. » (Hist.
de B. du Guescl. par Mén. p. 16i.) « Faisoit porter
>< devant lui son peniion, plainemenl de France et
" d'Angleterre, et ventiloit au vent, par une
« manière estrange, car les carions (coins) en des-
" cendoyent presque h terre. » (Froissart, livre I,
page 200.)
On appeloit corions de souliers les petites cour-
roies ou attaches de cuir qui servoient à nouer les
souliei's. (Xicot, Dict.)
Dans la façon de parler suivante, corion est pris
pour courroie, et dans un sens figuré : ■• Il y tailla
" tel corion, pour telle courroye, tel morceau, il
« prit pour sa part. » (Poës. mss" avant 1300, t. IV,
page 1371.)
^ Ce même mot est pris pour cordon (4), dans ces
autres façons de p.irler : traire à coron, mettre à
coron; au figuré, mettre à fin (5).
Et principalement, pour yces (ces)
Fourfaitures à coron traire
Humblement je me voeil retraire
Vers la mer du Roy céleste.
Froissarl, Pocs. MSS. p. 419, col. 1.
Mes pour ce que je sui tous plains
D'ardour enflammés, et espris,
Si vous vodroie bien proiier (prier),
Que ci bellement (si bien) entre nous
Vous vo voeilliez tant entremettre,
Que de ce fu (feu) à coron mettre.
Ibid. p. 391,' col. 2.
VARIANTES :
CORION. Froissart, livre I, p. 206.
Coron. Fabl. MSS. du R. d« 7615, t. II, f» 1(>4, R» c. 2.
CoRROX. Hist. de Du Guesclin, par Ménard, p. 165.
COURON.
Corlier, subst. masc. Courrier.
Asclepiodas les assist (assiégea),
Et ses corliera par tout tramist (envoya) ;
Aux barons fist dire, et proier
Qui Iv viensînent au siège aidier.
Rom. de Brut, MS. fol. •'. " V col. 2, et 13, R» col. 1.
On lit messages, au lieu de coi/''''S, dans le ms.
de M'' de Bombarde.
VARIANTES :
CORLIER. Rom. de Brut, MS. fol. 42, V» col. 2.
CoRLiu. Ph. Mouskes, MS. p. 813.
CouRHU. Ph. Mouskes, MS. p. 675.
Corliu. [Intercalez Co?'/iM, pions au jeu d'échecs
(Chron. des ducs de Xormandie, H, 516, col. 2):
A cest mot traist son roi et sagement l'aliue
Entre roi et aufin [le fou] derrier la gent corliue.] (n. e.)
Corma, subst. fém. Bière. (Dict. de Borel.)
1. Corme, subst. On appeloit srtr/7îss à corme,
une espèce d'engins l'i pécher, dont il est parlé dans
une ordonnance concernant la pèche dans la rivière
(1) « .lehans Aies, que on dist estre corial et teneur en l'église de N. D. de Chartres. » (J,I. 189, p. 176, an. 1457.) (N. E.)
(2) D'Aubigné (Hist., II, 61) écrit aussi : « Il met en divers endroits sentinelles perdues, fournit le cotirridour de rondes,
et les rues de patrouilles. » (n. e.)
(3) Ailleurs on lit : » Par leur outrage et par corine S'en ala d'Audenarde Ernous. (n. e )
(4) Coron est un dérivé de cor, au sens d'extrémité, (n. e.)
(5) « Il pensoit que li dus le devist mètre à coron de tous ses inconvéniens. » (Froiss., II, 311.) On disait aussi venir à
coron pour en venir à bout (id., V, 178) ; estre à coron de ses pourvéanches (id., VI, 123). Voyez plus bas Coron, (n. e.)
co
273
CO
d'Yonne. « Nous deffendons toutes sarines à (WH/é",
" en foute saison. » (Ord. t. Il, p. 12.)
2. Corme, subst.féjH. Ondisoit: bailler la corme
verte, pour empoisonner ; comme on dit donner le
boucon. " Le moyne esloit soubconné qu'il avoit
» joué la fourbe à" M' le duc de Guyenne, et baillé
« la corme verte, et qu iceluy moyne feut cause de
« le mettre hors de la terre des vivans. « (L'hermite
des Soliers, cabinet du roy Louis XL à la suite de
Comines, t. IV, p. 218.)
3. Corme, adj. Calme.
Semble la mer assez tranquille
Et le vent caUe, fait il corme
Assez sur l'eaue?
Hist. du Th. fr. 1. 1, p. 222.
Corme, subst. masc. Sorte de boisson (1). On en
fait usage dans le Poitou, la Touraine, etc. Elle se
fait en jetant de l'eau sur des cormes. (Voyez Le
Duchat, sur Rab. t. II, p. 269.)
Cormelie, subst. fém. Peut-être est-ce un mot
corrompu, dans le passage suivant, où nous lisons,
en parlant du tombeau que .Jeanne 11, reine de
Sicile, fit faire dans l'église S.Jean de Carbonara à
Naples, pour elle et pour son frère Ladislas : » Le
« tombeau est sur le grand autel, et de beau et fin
i' marbre blanc : au bout de la sépulture est le dit
« Ladislaus, tout h cheval, couvert d'un manteau
" d'azur semé de fleurs de lys, une espée au poing,
« son cheval tout caparassonné de mesme; à ses
« pieds est escril en lettres dorées :
DivL's Ladislaus.
« Dessous cette statue, y a un très beau sépul-
« chre, et un Roy estendu,la face eu haut, avec
« force dames esplorées à l'entour, et deu.v petits
« enfants qui tiennent haussé un rideau, deçà et
» delà, dessous laquelle, il y a une cormelie avec
" des lettres d'or un peu mal lisibles, dont le com-
« mencement est tel :
IMPROBA mors FRATRIS ! HEU FRATER !
Ah ! mon frère, et meschante mort de mon frère.
« Et plus bas ledit Ladislaus, et,Ieanne sont assis
« en leurs sièges royaux, avec leurs sceptres en la
« main deçà eUlelà. » (Brant. D" 111. p. 402.)
Cormelie seroit-il là pour carmelie, pièce de vers,
du mot carme, qui signifioit vers autrefois?
Cormery, subst. masc. On disoil d'un partage
inégal, que c'étoit un partage de cormery (2), tout
d'un côté et rien de l'autre. (Favin, Th. d'honn. 1. 1,
page 317.) Nous disons, au même sens, partage de
Montgommery (3).
Cormorage. [Intercalez Cormorage, rendu par
alcedonia, temps calme, au Gloss. lat. 7692. Com-
parez Corme 3.] (n. e.)
Cornaboux, subst. masc. plur. Cornets à bou-
quin (4). (Le Duchat, sur Rab. t. V, p. 188.)
Cornage, subst. masc. Collectif de cornes,
droit sur les bœufs*. Servitude de fief ^.
* La première acception est attestée par Oudin,
Dict. Cornage, en termes de coutume, signifie un
droit qui se lève sur ceux qui ont des bœufs. (Gloss.
sur les Coût, de Beauvoisis; Laur. Gloss. du Dr. fi'. ;
le Dict. deCotgrave, et Du Gange, Glossaire lat. au
mot Cornagium (5).) « Sur chascun ayant bœufs ,
« quatre parisis, [lOurcoupledebaHifs, etse appelle
•< le dict droict de cornage. » (La Thaum. Coût, de
Troi en Berry, ch. 98, art. 5, p. 222.) En ce sens,
cornage vient de corne.
° Cornage, servitude de fief, vient de cor. " Tenir
" du Roy par cornage >>, est tenir un lief aux con-
ditions de sonner du cor pour avertir de la venue
de l'ennemi. ■ En le marches de Scotland, ascuns
" teignent (quelques-uns tiennent) de Roy per cor-
« nage, c'est à syavoir pur ventier(pour donner du
« vent, souffler, enfier un cornet) un cornu, pur
« garner (garnir, armer) homes de pais, quant ils
« oyent que les Scottes(6;, ou autres ennemies vei-
« gnoiit, ou voilent elitrer en Engleterre;quel ser-
" vice est graund serjeanlie, mes si ascun tenant
« tient d'ascun auler (de quelque autre) seignior
« que de Roy, par tiel service de cornage, ceo (ce)
« n'est pas graunde serjeanly ; mes service de chi-
« valer. » (Tenur. de Littl. fol. 35, Y". — Yoyez
Laur. Gloss. du Dr. fr.)
Cornagus, adjectif. Qui a les cornes pointues,
aiguës.
Faut il que ung sot covnagus, etc.
Crecin, page 220.
Coriiaille, s«/;s/. /"em. Corneille*. Collectif de
cornes °.
*0n lit, au premier sens de corneille, oiseau :
Escoufle, pie, ne cnrimiUe (7).
Eusl. Descliamps, Poës. MSS. fol. 319, col. 1.
Cent ducatz vous assignera,
Présent Michault, et Leporis,
Sur les cornaitles qu'on prendra
Sur la tour du Louvre à Paris.
Molinet, page 187,
^Cor/mZZe se disoit aussi comme le collectif de
cornes. C'est sur cette acception qu'est fondée
l'équivoque de cornaille, cornes, avec l'étain de
cornouaille, dans le passage suivant : « On le nie-
(1) Vin, peré, corme, bière. (Paré, III, 637.) (N. E.)
(2) « Partage qui est de Cormery, Tout de là et rien icy. » (Lerpux de Lincy, I, 340.) L'église de Cormenj (Indre-et-Loire)
est a Vune des extrémités de la ville; toutes les maisons sont donc d'un même côté. (s. e.)
(3) « Les anciennes coutumes de Normandie accordoient aux aines des Montgommery la plus grande partie des biens. >i
(Leroux de Lincy, H, 17.) (n. e.)
(4) 1 Voirs est; dou mouton fage un priestre, Et un abé d'un cornabu^. » (Renart, IV, v. 3073.) (N. e.)
(5) « De la recepte de froment et d'avoine de la Ferté sur .\ube, des cornarjes de ViJlers, de la ville d'Essoy, etc. tant de
boissels de bled et d'avoine. » (Du Gange, II, 605, col. 1.) (n. e.)
(6) Froissart (t. U, p. 131) nous fait le tableau de ces invasions, qui se continuèrent de siècle en siècle pour l'Angleterre
jusqu'à la défaite de Culloden (1746). Le parlement anglais confondit alors pour le costume les higlaitders et les lowlanders ;
mais l'Ecosse, avec l'entêtement des races celtiques
(7)
En tant com il se dementoit, Lieve sa tei
IV.
ques, a conservé sa langue et ses chants nationaux (piperbragh). (n.
ste et venir voit Une cornaille à la volée. » (Ren., v. 22841.) (n. e.)
E.)
35
co
— 274 —
CO
« naceoil que s'il se marioil en cette maison, qu'il
" seroil marié en une cornière de la ville, el que la
» vaisselle qu'on luy douneroit en ménage seroil
« de cornailles. » (Douch. Serées, livre I, page 285.
— Voyez ci-dessous l'expression envoyer en cor-
nouaùlc.)
VARIANTES :
CORNAILLE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 316, col. i.
CoRXAi-LE. Fabl. MSS. du R. n« 7615, t. I, f« 67, V» col. 2.
CORNOILE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 77, V» col. 1.
CoRNiLLE. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 130, R».
Cornant, ijarticipe. Qui sonne de la trompette.
On a dit, en ce sens : « Guette du dit Chastellet
1 corHrt»/ pour l'heure, ou celuy qui faisoit senti-
<■ nelle dans le Ciuislellet sonnoil de la trompette. "
(Ord. t. III, p. OO'J.) Ce mol semble aussi s'être em-
ployé comme épithète de cygne, peul-èlre dans le
sens ligure de cliantant.
Rosterent (ostèrenl) ung beau faulcon
Qui avoit prins, le jour devant
Près de Paris, cyne cornant.
Gace de la Bigne, des Déduits, MS. fol. 115, R".
Coi'nai'die, subst. fém. Sottise (1), stupidité,
folie. \Dict. de Borel.)
Quelque traict de la conardiac.
Œuv. de Rem. Belleau. l. II, p. 53.
VARIANTES :
CORNARDIE. Borel, Dict.
CoNARDiE. Path. Farce, p. 98 et 101.
CONARDISE.
Cornai'clise, siibst. fém. Cocuage. (Dictionn.
de Cotgi'ave.) « Le caractère de la cornardise est
« indélébile, à qui il est une fois attaché il l'est tou-
« jours. » (Ess. de Montaigne, t. III, p. 148.)
Cornards, suhst. mase. plur. Il y a eu autre-
fois une espèce de société burlesque de gens connus
sous le nom de couards ou cornards de Rouen. Ils
jouoienl des farces ou comédies. (Voyez Brant. Cap.
fr. l. II, page 21.) Leur chef s'app'eloil abbé des
conards ou cornards (2). (Du Cange, Gloss. lat. au mot
Abbas Cornadoruin. — Voy. aussi les Arr. d'Amour,
page 481.)
Quand se tairont ces deux criars
Qui ne font que japper, et braire ?
Faut il qu'un abbé des conars
Se mesle de les faire taire.
Œuv de Joach. du Bellay, f" 507, Vv
(Voyez CoR>it;YAu.K ci-après.)
VARIANTES :
CORXARDS. Arr. Amor. p. 481.
CoNARs. Du Bellay, fol. 507.
Cornai's, subsl. masc. Sot, fou*. Lâche ^ (3).
* Les fous, autrefois, poiioienl des cornes ; de \h
cornard, pour fou. (Voyez, sur ce mot, les Dict. de
Borel, au mot Conardie.)
Moult est uns clercs qui a bon bénéfice,
Dont il se puet seurement gouverner
Foui, et cornart, oultre cuidé, et nice.
Qui, mondains, veult au secle retourner.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 35", col. t.
° 6'0î'Ha?'d signifioil aussi lâche, comme dans ce
passage : « ^ie différeroit plus de combatre Alexan-
» dre qui se lapissoit, el muçoit aux deslrois,
« comme cornard, et paoureux de sa bonne, et
" grande puissance. » (Tri. des IXPreux^ page 125.)
Ce mol, en ce sens, n'est peul-èlre qu'une altération
du mot couard.
VARIANTES :
CORNARS. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 374, col. 1.
Cornart. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 8, R».
Cornard. Tri. des IX Preux, p. 125, col. 2.
COX.VRD.
Cornât, adj. Cornu. Qui a des cornes. Action
cornât. (Uab. t. V, page 175.)
Cornau, subst. inase. Quartier, canlon. Mot
gascon. (Du Cange, au mol Cornale.) ^ Quantitlous
«ceux qui ne sont d'un mesme cornau, comme en
« la baronnie de Pontone, es cornaux de Bar,
« Aruy, etc. » (Coût. d'Acs,Coul. Gén. t. II, p. 081.)
On lit à la marge : « Cornau semble eslre village
" ou paroisse. »
Cornay. [Intercalez Cornaii, peut-être cornage
dans un acte de 1328 (Du Cange, II, C05, col. 1 1 :
« Item deux sous parisis choscun an ou cornau de
" Tornus. >>] (x. e.)
Corne, subst. fém. Coin*. Terme de fortifica-
lion °. Orgueil ^. Coilfure de femme". Jeu ^. Corne-
muse, cornet''.
* On a dit, au premier sens : ' Bouter le feu au
« quatre cornes de l'église de Paris. » (Glossaire de
l'Hist. de Paris.) » Quarente mencaudées de bois
« vendues à Boidins à kieusir, auquel cor ke cil
« Boidins voira. >> (Duchesne, Gén. de Bélhune,
p. 104, lit. de 1240.) De même dans la Généal. de
Chasteigners, p. 27: « Dès la coinere dous vignes
« dès lo corn do cymelerre. "
^Pour terme de fortification : « Au travers du
» fossé delafo/'«<?(4). "(Mém.deBassompierre, t. II,
p. 324.) Nous disons ouvrage à cornes-
'^ On a d\t corne, pour orgueil (5). fierté. « Depuis
" quand avés-vous prins coî'HCS ? »(Rab.l.I,p. 179.)
De là, l'expression lever les cornes, pour désigner
la fierté.
Il va de jour en jour plus haut levant les cornes.
Giles l)uraiid, à la suite de Bonnef. page 213.
(1) Voyez co(juari en note ; « 11 n'estoit si mauvaise cornardie que sotie. » (n. e.)
(2; « Les conards ont leur confrairie à Notre Dame de Bonnes-Nouvelles où ils ont un bureau pour consulter de leurs
affaires... auxquels par choix et élection préside un abbé mitre, crosse et enrichi de perles, quand sollenneUement il est
trainé en un chariot à quatre chevaux le dimanche gras et autres jours de bachanales. » (.Du Cange, sous Abbas , d'après
Taillepied, antiquités et singularités de la ville de Rouen, 1587, p. 61.) Voyez Conards. (n. e.)
(3) Le sens de mari trompé est dans la Rose (v. 4825) : « S'est plus cornars qu'uns cers rames Riches bons qui cuide
estre amés. » De même au reg. JJ. 155, p. 132, an. 1400 : « Renoul dist audit Boursaut qu'il esloit un grant cornart, qui vault
autant à dire, selon la coustunie du pais, comme un grant coux. » (n. e.)
(4) On lit à la p. 234 : « Nous fismes une autre grande attaque en laquelle nous ecornasmes la moitié de la corne. » (n. e.)
(5) « Doncq quel proulit vient il à l'humain gendre Dessus son chief les corïies d'orgueil prendre ? » (Les Triomphes de
Pétrarque, trad. par d'Opéde, fol. 97.) (n. e.)
co
— 275 —
CO
"On a nommé cornes (1) une coiffure de femme
tloiit la mode s'introduisit vers la tin du xiv siècle,
temps où écrivait le Chev" de la Tour, qui parle
d'un sermon contre cette sorte de coiffure (2). (Instr.
à ses tilles, fol. '25.) Dans Juven. des Ursins, Histoire
de Charles VI, p. 330, on lit: » Lesdames, et damoi-
« selles menoient grands et excessifs estais, et
« cornes merveilleuses, hautes et larges, et avoient
» de chascun costé en lieu de bourleis deux grandes
« oreilles si larges, que quand elles vouloient
« passer l'huys d'une chambre, il falloit qu'elles
« se tournassent de costé et baissassent, ou elles
« n'eussent pu passer (3). » Dans le Journ. de Paris,
sous Charles VI et VII, page 120 : « Les femmes
« laissèrent leurs cornes, et leurs queues, et grant
» foison de leurs pompes. » (Voyez ci-après l'article
Hennin.)
^On appeloit corne une sorte de jeu qu'on nom-
moit aussi corne de bœuf. Rabelais, t. I, p. 142, cite
le jeu delà corne au nombre des jeux de Gargantua,
et i'Yoissart met au nombre des jeux de son enfance,
la corne de bœuf. (Froissart, Poës. mss. p. 87.)
■^ Enfin, ce mot semble employé pour cornemuse
ou cornet, dans ces vers :
Nos dona deners (denier.s)
Dont aca (j'acheterois) trois gasteles
Gaines, et coutelas,
Flausteles (tlûtes), et cornes,
Maçueles (masse) et pipes (pipeaux) :
Dix (Dieu) la garisse (bénisse.)
FaW. MSS. du K. n" 7989, fol. 78, R- col. 2.
Il y avoit, outre cela, diverses acceptions de ce
mot corne employé dans les expressions suivantes:
1" Corne de piège. On lit, en parlant de la manière
de tendre le las au faucon : « Premièrement la
» verlevelle qui est au maislre las, doit estre de
<i cor)ie de piéije. » (Modus et Racio, ms. fol. 100.)
2° Cornes d'abondance de verre noire. C'éloit un
ornement que les femmes portoient aux oreilles en
forme de pendants. (Brant. D"Gall. 1. 1, p. 140.)
3° Cornes d'armée, i»our les ailes d'une armée.
(Monet, Oud. Dict.)
4° Corne vuj de bas, semble une espèce d'excla-
mation ou de jurement, dans Rabelais, t. Il, p. 45 :
« Sainct Alipanlin corne rmj de bas : quelle
« civette ! »
5° Avoir ou bailler sur les cornes, répond à notre
façon de parler avoir ou donner sur les oreilles,
battre ou être battu.
Pour baller aux Anglois sur corne.
Vig. de Cliarles VII. I. II, p. 57.
Et eurent les Anglois sur corne.
Iliid. page 97.
0° Cornes abbaissées, dans le .sens où nous disons
tête basse. Lorsqu'on fut venu à bout, en 1412, de
réprimer les désordres et pilleries des Anglois ,
« Fut toute la terre, et frontièies des dits Anglois
« esmeute, et pleine de rumeurs, et tant qu'ils se
« retrahirent (retirèrent), toutes \eur cornes abais-
« sées, mais dedans brief temps recommencèrent. »
(Monstr. vol. I, fol. 149.)
7° Bouter en corne, pour se mettre en tête, ima-
giner, penser. « Salphione ma compaigne boute en
« corne, par son beau parler, que je ddibve senten-
« lier à son vouloir. » (Percef. vol. VI, fol. 83.)
8» Faire cornes, se disoit des maris qui font infi-
délité à leurs femmes : » Vos femmes sont si sages,
« et vous aiment tant, que, quand vous leur feriez
« cornes, aussi puissantes que celles d'un dain (4),
« encores se voudroient-elles persuader , et au
« monde aussi, que ce sont cbappeaux de rose. »
(Contes de la royne de Navar. t. I, p. 87.)
9" Esbalnj comme si les cornes luy fussent venues.
Cette façon de parler et autres semblables paroissent
avoir été mises à la mode par l'usage qu'en a fait
l'auteur du Roman de Perceforesl (vol. VI, fol. 22.)
VARIANTES :
CORNE.
Cor. Duchesne, Gén. de Rethune, p. -164.
Corn. Duchesne, Gén. de Chasteigners, p. 27.
Corneau, snhst. masc. Espèce de chien. On
appelle eliiens corneanx, " des chiens engendrez
a d'un mâtin, et d'une chienne courante, o\i d'une
^< mâtine et d'un chien courant. » (Salnove, Véne-
rie, p. 20.)
Corneaiilx, subst. masc. plur.
.... Qu'en ces grandes larges valées,...
Plus ne se voysent desduysant
Les aulruciers, ne taboiirant,
Mais en citez, et en cliasteaulx,
Où souvent sont lieux et corneaulx (5)
Voisent mener les espousées :
Par eulx doivent estre menées.
Gacede la Bigne, des Déduits, MS. fol. 12, R*.
Coi'ueVjaux, subst. masc. plur. Cornards. C'est
notre motcornard pris dans sa signification actuelle.
Certes de grant amour vous aim :
Lors la prent li homs prins à l'aim (araeçon),
Li cornebaux, li coquehus.
Eusl. Descli. Poës. MSS. fol. 515, col. 3.
Cornebers. [Intercalez Corncbers, outil de
tisserand. Voyez la citation sous cojioinonole.] (n. e.)
Cornecul, suljst. masc. Cocu. Proprement cocu
jusqu'au cul, selon la citation rapportée par Le
Duchat, dans sa note (18) p. 97, du iv T. de Rab.
Corne-de-cerf, subst. fém. Sorte d'herbe.
(1) Les mitres des évêques avaient alors des cornes : « Et y faut [manque] dessus les cornes de la mitre deux pierres de
verres perciez. » (Inv. de ta S'« Chapelle, en 1376 ; Du Gange, II, 60», col. 3.) (n. e.)
(2) Les dames portaient des coiffes de soie à cornes dés le xiiF siècle , et un chansonnier peu galant de l'Artois les
compare au ca( cofji», au chat-huant. Un évêque de Paris ayant inutilement prêché contre ces cornes accorda dix jours
d'indulgence en faveur de ceux qui crieraient aux dames par les rues ; « heurte , bélin », c'est-à-dire frappe , bélier.
(Quicherat, Costume, p. 189.) (N. E.)
(3) La reine même, vers 1417, dut faire agrandir les portes des appartements au château de Vincennes. Ces cornes se
nommaient aussi atours. (Voir ce mot.) (n. e.)
(4) On lit encore dans la 'i' Nouvelle : « Afm que, quand vos maris vous donneront les cornes de chevreuil, vous leur en
donniez de cerf. » (n. e.)
(5) Comparez Cornai. (N. E.)
co
27fi —
CO
•■ Vous notterezque l'herbe que le vulgaire appelle
" corite-ilc-cerf, ou toute dent de chien est souve-
" raine pour la raye. » (Fouiil. Vénerie, fol. 80. [[]
Cornée. [Intercalez Cornée. u.\trémité : • Et
« costierons ce bois où sonunes à présent tant (|ue
" nous serons sus l'autre curnce au lés delà. »
(Froissarl, IV, 262.)] (n. e.)
Cornôei". [Intercalez Cornéer, tympaniser:
« Le suppliant piesentant le vin à ,lehan de Mon-
•1 lagu, icellui de Montai^u lui dist:... (|ue il n'en
" prendroit point de sa main, car il lenloii cor néant,
•• qui est à dire qu'il lui avoit porté hayiie. »
(.IJ. 190, p. 128, an. l-'iGO.] (n. e.)
Corneguerre, sttbut. niasc. Sobriquet. Il signi-
fie proprement qui ne prêche que la guerre. .Mont-
iuc, parlant de lui-même, dit : « Me l'ut mandé par
« d'autres que l'on se mocquoit de moy an conseil,
» ei qu'on m'-dp\)e\\o\i cor ne(j lierre. » Mém. t. II,
page 180.)
Corneillart, adjectif. Qui tient de la corneille.
M. de la Porte s'en est servi pour épitlièle de gazouil-
lement.
Corneille, subst. féni. Terme de chasse.
Corneille étant le même que dancière, comme le
prouve le passage suivant, et dancière paroissant
formé de duntiers, testicules de cerf, il seroit natu-
rel de croire que corneille signilioit la peau qui
enveloppe les testicules. « Coupe premièrement la
« corneille, laquelle est appellée dancière; puis fais
« une petite sainte (lour, cerne) de ton coutel en la
« coule, et lahouteen ungfourchier(unefourche.) »
(Modus et Racio, fol. 14.)
Gorneis, subst. masc. Bruit de cornets ou
trompettes.
Grani tumulte, et grant corneis.
Ot, au premier encontreis.
Rom. de Brut, fol. 1", Vcol. 1.
Oyssiez grant commis,
Et de gresles (trompettes) grans sonneis.
Ibid. fol. 05, V" col. 2.
Cornel. [Intercalez Coriiel , créneau , dans
Jordan Fantosme, v. 1498:
Si s'pendi as corneis, lungeinent s'est tenuz.] (N. E.)
Cornelle, subst. fém. Diminutif de corde.
Bastons à cornelle.
Coût, de Norni. en vers, MSS. fol. 50, R'.
Cornemusard, subst. masc. Cornard. Rabelais
l'a employé en ce sens. (T. III, p. 240.)
Cornemusaresse. [Intercalez Cornemusa-
resse, joueuse de cornemuse au Gloss. lat. 768i,
où il traduit mima ] (n. e.)
Cornemuse, subst. fém. Instrument de ber-
gers. Ce mot subsiste sous la première orthographe.
Il semble qu'on ait fait usage de cet instrument à la
guerre. " Oyssiés cors sonner, trompes, buisines,
« cornemuses, naquaires , labours. » (Modus et
Racio, .Ms. fol. 282.)
Ce mot fournit aussi quelques expressions hors
d'usage (2).
1° Tenir à la cornemuse, c'étoil tenir sous le
bras, comme on tient une cornemuse. « Jean, duc
« de Bourgogne estoit enferré de trois lances de ses
» ennemis, tenu parla teste d'un quatriemequiluy
« tenoit la teste sous le bras, à la cornemuse, etc. »
(Mém. d'Ul. de la Marche, livre I, p. 315.) Euslache
Deschamps emploie ce mol, en un sens obscène.
(Pocs. MSS. fol. 329.)
2" Revenir la cornemuse au sac, façon de parler
proverbiale, empruntée des menestriers, pour dire
s'en revenir sans avoir rien fait ou gagné. « S'en
« reviennent rapporlans la cornemuse au sac. »
(Merlin Cocaie, t. I, p. 33.)
VARIANTES :
CORNEMUSE. Orth. subsist.
CoRNiMUSE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 100, coL -2.
Cornemu.ser. [Intercalez Cornemuser, jouer
de la cornemuse (Froissarl, VIII, 132).] (n. e )
Cornemusette , subst. fém. Diminutif de
cornemuse. (Voy. Vigil. de Charles VII, t. I, p. 8i.)
Corneniuseur, subst. masc. Joueur de corne-
muse. (Oudin, Cotgrave, R. Estienne, Dict.) (3)
Corneole, subst. fém. Cornaline. L'art. 22 de
Marbodus est intitulé Cornaline (4), col. 1058, « la-
« quelle est appellée 6W/iio/e. » (Ibid.)
Corner, verbe. Sonner * (5). Remuer les dés dans
le cornet^. Sentir mauvais*^.
* Corner a signifié donner du cor (6), sonner de la
trompette. (Voyez Gloss. de Jlarot, et Du Cange, aux
mots Cornare et Cornuare.)
Cornez ménestrels, faites bruit,
Resbaudissez (réjouissez) la compagnie.
Eusl. Desch. Poos. MSS. fol. 230, col. 3.
^ 11 a signifié aussi remuer les dés dans le cornet
et les jeter. Cornés est employé en ce sens, dans un
dialogue entre deux joueurs de dés. (Poës. mss.
d'Eust. Desch. fol. 375.)
'^On disoit aussi corner, pour sentir mauvais, se
corrompre, en parlant du poisson et du gibier.
Cette acception naît de l'usage de publier au son de
(1) Comparez éd. Favre, fol. 60, verso, (n. e.)
(2) « Jamais la cornemuse ne dit mot si elle n'a le ventre plein. » (Leroux de Lincy, II, 16i.) S'agit-il de l'instrument ou
du musicien? (N. e.)
(3) Au Gloss. lat. ÎG&i, il est rendu par mimtis. (n. e.)
(4) C'est le genêt des teinturiers: « Corneole ou chassebosse. » (0. de Serres, 618.) (n. e.)
(5) « Crois-tu en estre quite comme les moines de S. Vandrille en siflant. » Une charte de 1307 au Cart. de r.4.bbaye
(II, p. 1990) nous explique ce proverbe normand: « .\ tous ceux qui ce.s présentes lettres verront ou orront, Symon dit
Moleit, baillif de Rooni salu et bonne araor. Comme discort fust meu entre noble homme monseignor de Rooni d'une part,
et hommes religieux et honnestes l'abbé et le couvent de S. Vandrille d'autre, sur ceu que ledit seignor avoit fait arrester
le bac desdis religieux par le travers de Porvins, qui passoient à Mante par le travers dudit seignor, lesdis religieiL\ disans
et maintenans, que il devoent passer quites parmi ledit travers par corner en passant pjrmi ledit travers. » (N. E.)
(0) Ce sens est dans Roland ; « Ço dist Roland, cornerai l'olifant. » (Str. CXXVII.) (N. E.)
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la trompelle, le poisson que Ton avoil de la peine à
vendre. «' Je ne scay, si autrefois en Poiclou
« on n"a poinl vendu le poisson au son, cl cry de
» cornet, qui servoil de tintinnabule, dont usoient
« les (Jrecs, en la vente de leur poisson. Car on dit,
« en ce pais, que le poisson corne, quand il est
u gasté, puant et corrompu. » iBoucli. Ser. livre 1,
p. "231.) Ainsi corner ne signille pas absolument et
proprement, sentir mauvais, comme Oudin le fait
entendre. Il n'a eu celte signification que parce
qu'on a pris le signe pour la chose même, et c'est
de là que vient l'abus du mot corner, en parlant
du gibier qui se corrompt, quoi(iu'on en publiât
la vente à son de trompe. « Ils ne lrouv>)ient bon
» le gibier, sinon qu'il cornast un peu, c'est-à-dire,
« sans déguiser les matières, qu'il ne fut un peu
<• puant. » (Apol. pour Hérodote, p. 432.)
Ce mot fournit quantité d'anciennes expressions
que nous allons expliquer :
1° Corner l'assiette, pour sonner le couvert ou le
service de la table. Froissart dit, en parlant d'un
ambassadeur de Charles V, en 137!> : « Il tenoit
« grand estai, et estoffé de vaisselle d'or, et d'argent,
" courant parmy la salle aussi lai'gemenl que si ce
« fut un petit duc, aussi laissoit il corner l'assiette
» de son disner. » (Kroissart, liv. 11, p. 48.)
2" Corner la citasse, pour sonner la chasse :
Et puis une autre journée,
Sera la citasse cornée.
Eust. Desch. Pois. .\ISS. fol. -200, col. 3.
On dlsoit aussi, dans le même sens, corner de
chasse. (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 140.)
3° Corner pour chiens signilioit, en tenues de
chasse, les appeler. « Quant tu auras trouvé le cerf
« du limier, tu dois corner pour chiens, et dois
« corner un long mot. » (Modus et Racio , ms.
folio 27.)
4° Corner r eau ou l'eve, c'étoit sonner le laver des
mains, soit devant, soit après le repas :
Atant a-t-on l't'i't; cnniée (1) ;
Lèvent, si s'assient es dois (dais, table) , etc.
Fabl. MSS. de S. G. fol «. R"col. 3.
« L'on disnoit, et Veau estoit cornée, c'est-à-dire
" que le disner estant achevé, la trompette faisoit
« lever de table tout le monde, et alors chacun se
" lavoit les mains. » (La Colomb. Théâtre d'Iionn.
t. I, p. 41.)
5" Corner la guerre signifloit la déclarer. « La
>■ prudence fait mûrement délibérer, avant que
« corner la guerre. •> (Sag. de Char. p. 434.)
G° Corner la gueltc, pour sonner la garde. « Jus-
« qu'au jour, et guette tjule cornée en nostre dit
.. chûslelet. » (Ord. t. III, p. 070.)
7° Corner le jor (2) paioii avoir le même sens que
l'expression ci-dessus. ■< Si le fisl lever, et parlèrent
« tanlensembleque la guete corna le jor. « (Contin.
de G. de Tyr, Maitène, "t. V, col. 399.)
8» Corner prise. Façon de parler empruntée delà
chasse, pour signilîer qu'une alfaire est entièrement
terminée, parce que la chasse est finie lorsqu'on
sonne la prise de la bêle chassée (3). (Dict. de Cotgr.)
9" Corner la retraite , pour sonner la retraite.
(Ger. deXev. l" P. p. 101.)
10° Corner en gobelet. E.Kpression figurée, pour
dire boire, comme on dit populairement souffler.
On lit, en parlant d'un joueur de tambourin : « Après
« que il eut soufflé en lafluste, se meil à en corner
» en gobelet, et nettoyer la vaisselle. » (J. d'Authon,
Ann. de Louis XII, p. 222.)
11 Corner en l'eau, troubler l'eau avec son bois,
en parlant d'un cerL ■• Un cerf à cornes ramues (jui
« ne se daigna partir, ains priiit à corner en l'eau,
» tant qu'elle fut comme toute troublée. » (PerceL
vol. IV, f° 150.)
Gorneres, subst. masc. Qui donne du cor (4). Ce
mot s'est employé dans un sens détourné et
obscène. ;Fabl. .mss. de S. G. f" 55.)
Cornei'ie. [Intercalez Cornerie , sonnerie de
cor au reg. .1.1. 1 iS, p. 27, an. 1380 : » Pour cause du
« sonel, huerie et cornerie qu'il avoit l'ail. »] (n. e.)
Corners, subst. masc. plur. Quartiers. On a dit :
escude quatre corners, pour unécuécartelé, divisé en
quatre parties. Britt. Loix d'Aiigl. f" 42.) Ce mot, en
anglois, signifie coin, angle.
Cornet, subst. masc. Coin *. Aile d'armée ^.
Trompette ^. Droit de la juridiction des eaux et
forêts °. Insecte ^. Cornet à mettre de l'encre "^
Eleignoir ° (5).
* Cornet, diminutif de corne, a eu plusieurs de
ces acceptions : on a dit cornet (G\ pour coin. (Du
Csinge, nu mol Cornetum.) « Quant Sallian oy parler
» la benoiste dame des cielz, il se retraist en un
« cornet, et ot paour. » (Modus et Racio, ms.
folio 238. )
^ De même, on a dit cornet pour aile d'année.
Les Latins l'appeloienl cornu. On Ironve cornet, pris
en ce sens, dans l'Histoire de la Toison d'or,
vol. II, folio 42.
(1) « Quant tôt fu prest, si fu Veve cornée. » (Aubri, p. 102, col. 2.) De même au Chastelain de Coucy (v. 1899) : « .\dont
fîst-on Vaigue corner, Si vont communaumant laver, Et puis s'assient au manger. » (N. E.)
(2) « Quant il [Blondel] oï la guete corneir le jour, il se leva et ala au moastier prier Dieu qu'il U aidast. » (Récits d'un
Ménestrel de Reims, § 79.) — « Ne se pourront ouvrer que de la ytiete cornant au malin jusques à la nuit , sanz candele
tant seulement. » (Livre des Métiers, 92.) (N. E.)
(3) Voyez Gérard de Vienne, v. 350!^. (N. E.)
(4) C'est le cas sujet de corneur, qu'on trouve dans Blanche et Jehan (v. 4078) ; « Hors de sa nef est tost sallis. Au corneïtr
le cours en vient. » (N. E.)
(5) C'est aussi la tempe : « Le suppliant getta audit Clerel la serpe et du bout d'icelle nommé neron, chey sur le cornet
dextre de la leste dudit Cleret. a ^J.I. 161, p. 08, an. 1400.) (N. E.)
(0) « A Tun des cornets de la Gallice. » (Kroissart, XII, 90). — « Par les quatre cornets de l'eschaffault. » (Id., XVI, 207.)
Actes est traduit par « cornet de 1 uel » au Gloss. 7692 ; on lit « cornet de le rue de le Carterie » au Liv. Noir de S' Pierre
d'Abbeville ; « cornet ou canton de porte » au res. .IJ. 115, p. 179, an. 1379 ; cornet d'un poisle » dans l'Hist. de Charles VII
(an. 1461, p. 316). (n. e.)
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'^ Cornet s'est dit pour cor de chasse on iiislru-
meiilde musique (Ij, trompette, elc. : ' Si ne pourriez
« croire la grant mélodie qu'il y avoil de bussines,
« et defreliaux,de muses, etdet'or?i£';^. etc. » (Perc.
vol. II, 1° '(7.) Eu ce même sens, on disoit cornet
retors, pour trompette recourbée. Voyez des Ace.
Bigarr. f" 108, où nous lisons ce vers :
Du llageol, du rebec, et du cornet retors.
Il y avoit aussi les cornets à bouquin et zaque-
boutes{2) du roy, en IGl'i. (Voy. Eslats de 1614, par
Rapin, p. 511.)
° Cornet éloit aussi le nom d'un droit de la
juridiction des eaux et forêts, dont le cornet ou
cor de chasse pouvoil être le symbole naturel, ou
peut-être à cause des cornetles ou chaperons.
« Les officiers de la forest du dit ïournehem sont
« accoustumez, de tout temps, et peuvent adjour-
" ner , exécuter, et faire lous autres exploits
« de justice, tant en celle ville et chastellenie,
« qu'en tous autres lieux, en vertu de \euv cornets,
« et sans autres commissions, el ce pour le fait de
« la dite forest et garesnes du dit Tournehein. »
(Coût, de Tournehem, Coût. Gén. t. I, p. 458.)
^ On appeloit aussi cornet un insecte qui pique :
Li escharlioz mande ses es (aves) ;
N'i avoit nul malot remes,
Ne grosse mosche, ne nuiquet,
Ne vespe nuls, ne cornette,
Fabl. MSS. de S. G. fol 19, V col. 2.
^ Nous disons encore cornet, pour cornet à met-
tre de l'encre (3). Nous observerons seulement, au
sujet de celle signification, que dans une miniature
du folio 32 du Roman de la Rose en vers, ms. de la
bibliothèque du roi, iv 7307, on voit un auteur qui
écrit tenant une plume de sa main droite et un
espèce de petit couteau ou grattoir pour elTacer. On
remarque à côté de son fauteuil une petite corne pas-
sée commedans une courroie. C'étoit apparemment
son encrier, et c'est de là sans doute que vient notre
mot cornet. (Voyez Cornette ci-dessous.)
° Ce fut peut-éLre une corne qui servit de même
originairement d'éteignoir. De lu, on a dit cornet
pour éteignoir en général. Cornet de fer blanc
est mis pour éteignoir dans Monel, au mot Cierge.
Corneteau. [Intercalez Corncteau, même sens
que cornagc: » Item le corneteau receu audit lieu
'■ [de Chasteau Renart] la foire du pré passée,
» quand l'en vuell, dix et nuef deniers. » (JJ. 72,
p. 43, an. 1320.] (n. e.)
Corneteux, adj. M. de la Porte s'en est servi,
au féminin, pour épithète de ventouse.
Cornette, subsl. féin. Chaperon *. Etendart °.
Pointes de l'élendart des chevaliers faits banne-
rels '^. Compagnies de cavalerie °. Petites cornes ^.
Cornet à encre ''.
*Ce mot signifioit autrefois une coiffure à l'usage
des hommes et des femmes et dont la forme a
varié suivant les temps :
A chascun une grand cornette.
Pour pendre à leurs chappeaulx de feantres.
Villon, p. 54. — Voy. noie de l'éditeur.
On connoit femme à sa cornette,
S'elle ayme d'amour le déduit.
Coquillarl, p. 29.
(Voyez les Dictionn. de Borel, de Monet, Nicot,
Oudin, et Du Cange, au mot Corneta (4).)
On nommoil cornette de cliaj)eron[ô], la coiffure ou
le voile des dames en deuil. (îlonn. de la Cour, ms.
p. 08.) Il a été un temps où la cornette a été particu-
lièremenl affectée aux docteurs et aux magistrats (6).
Le iJuchat, sur Rabelais, t. III, p. 203, note 9,
remarque qu'autrefois on fit d'abord différents
tours de la cornette sur la tête, et qu'ensuite on la
porta autour du col du temps de Charles VII ; c'étoit
une espèce de voile de taffetas qui se mettoit sur
le haut du casque. (Daniel, Milice fr. 1. 1, p. 517.) Rabe-
lais, t. II, p. 200, a dit : » Un pourpoint de toile, tout
« déchiqueté comme la cornette d'un Albanois. »
^ Le mot cornette, pris pour etendart, n'est point
ancien dans notre langne (7). Le P. Daniel, qui
s'appuie de rautorilédeCaseneuve.enfait remonter
l'époque au règne de Charles VIII. (Milice fr. t. I,
p. 518.)
La distinction de cornette pour la cavalerie, et
d'enseigne pour l'infanterie, se trouvedansles Mém.
de Montluc, t. I, p. 580.
"^ Cornette se disoit aussi des pointes de l'élen-
dart des chevaliers que l'on coupoit lorsqu'ils
acquéroient la qualité de bannerets, que l'on nom-
moil chevaliers au drapeau quarré, à cause de la
forme de leur bannière. (Voyez le P. Ménestrier, de
la Chevalerie, p. 132.)
On nommoil chevaliers île la cornette ceux que
d'autres appeloienl chevaliers d'armes. (S. .lulien,
Me5l. p. 334.) « C'est ainsi que s'appeloient ceux,
« qui, le jour d'une bataille ou étant à la suite
" d'une armée , avoient été créés chevaliers. »
(Beloy, Origine de la chev. p. 114.)
° On nommoil cornette une compagnie de gens
de cheval dont l'élendart s'appeloit cornette (8) ; on
diso'ii cornette de gens d'armes, pour compagnie de
gens d'armes. (Mém. de Montluc, t. II, p. 361, vers
l'an 1570.) Cornette des Gititlons. Le même t. II,
(1) Bouchet (Serées, I, 148) semble confondre les cornets de noces avec les cornes des maris ; « Ayant disné à des nopces
où il n'y avoit gneres de violons, mais où estoit la grand bande des cornets. » (N. E.)
(2) Sai/ueboutles (trombones). (N. E.)
(3) « Un petit cornet d'argent blanc, à mettre encre. » (Laborde, Emaux, XIV siècle, p. 228.) (N. E.)
(4) licite le Roman du Richehommeet du Ladre: «Et si ont les longues conie/es , Et leurs soulers faits àblouquetes.» (n.e.)
(5) Voyez la note 1 sous Chaperon, t. III, p. 3S1. (N. E.)
(6) Dans la seconde moitié du XYi" siècle, cornette désignait une écharpe de soie noire, que les légistes et les médecins
portaient sur la robe, comme insigne du doctorat és-lois et en médecine, (n. e.)
(7) D'après Nicot, cette bande de taffetas portée en double au bout d'une lance , ralliait l'escorte du général en chef ,
comme le fanion des commandants de nos corps d'armée. On l'employait au xv« siècle, car Basselin (XIX) écrit : (v Pour
cornette ou guidon suivre plustost on doit Les branches d'hierre ou d'if qui monstrent où Ton boit. » (n. e.)
(8) Elle représentait le régiment, tandis que le guidon correspondait à l'escadron, (n. e.)
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p. 81, dit : « Baillay l'une des Iroupes au capilaine
« Monlluc mon fils, et Fontenilles avec la cornette
« des guidons, et me retins l'autre cornette des
« gens d'armes que M'' de Berdusan, séneschal de
« Basadois porloit. »
^ Cornette se prenoit dans lesens propre de petites
cornes, lorsqu'il sigiiifioil les andouillers d'un bois
de cerf. (Dict. d'Oudin) « Les cerfs à leurs tiers an
« doivent porter quatre, six, ou huict cornettes; à
« leur quar ans ils en portent huit ou dix, à leur
« cinquiesme an ils en portent dix ou douze. «
(Fouilioux, Vénerie, f° 11».) (1)
De même, lorsqu'on disoit cornettes d'un arc,
c'est-ù-dire les petites cornes qu'on metloit aux deux
bouts. (Uict. de Nicot.)
■^ Comète a signifié aussi cornet à mettre de
l'encre. (Voyez Cohnet ci-dessus.)
En rigles, ou en rigleoirs
Ou en lornetcs à mètre enque, etc.
Fal.l. MSS. du R. n» 7-218, fol. 17G, R" col. 2.
Nous n'osons déterminer sa signification dans ce
passage: « Une salle qui est leiidue, le planclier
» qui est de taffetas incarnat en cornettes de cou-
« leurs du roy. » (Mém. Du Bellay, t. Il, p. &!.)
Remarquons cette expression : parler à la
cornette de quelqu'un, pour parler à quelqu'un en
face et avec liauteur. >■ On parlera à lui, et à sa
» fOJ'HfWe avec les grosses dents (2).» (Conlesd'Eulr.
page 318.)
V.\RI.4iNTES :
CORNETTE. Orthograplie subsistante.
CoRNETE. Modus et Racio, MS. f» 39 V».
Cornetter, verbe. Appliquer les venluu.scs *.
Boire ^.
* Proprement, donner les cornets. On lit, en ce
sens : " Les Allemans ont de particulier de se faire
« généralement tous corneter, et ventouser, avec
« scarification, dans le bain. » (Ess. de Montaigne,
t. II, p. 810.)
^ Cotgrave, outre cette signification, lui donne
encore celle de boire. (Voyez ci-dessus corner au
gobelet, sous l'article Cormer.)
VARIANTES :
CORNETTER. Oudin, Dict.
Corneter. Dict. de Cotgrave.
Corniars, subst. viase. plur. On trouve ce mot
dans les vers suivans :
Il s'en vont droit fuiant à Chars,
Et ont gité lor corniars.
Pailon. de Blois, MS. de S. G. fol. 132, V col. 1.
Du Gange rapporte ces mêmes vers sous le mot
Corneta, qu'il rend par chaperon. Ce qui feroit
croire qu'il a vonlu donner à entendre que corniarz^
est pris dans le même sens. Ce mot ne signifieroit-
il pas plutôt un écu ou bouclier à quatre cornes
ou coins ? D'autant plus qu'un bouclier est
plus embarrassant dans une fuite qu'un bonnet,
(Voyez Corners ci-dessus.)
Corniat, subst. masc. Sirop de cornouilles.
(Oudin et Cotgrave, Dict.)
Cornice , subst. fém. Bordure de tableau*.
Sèche, poisson ^.
* Ce mot, qui subsiste sous l'orthographe corniclie
pour désigner un ornement d'architecture ou de
menuiserie, s'écrivoit aussi comice (3) dans le même
sens. Nous observerons encore que comicfie ne se
dit plus pour bordure d'un tableau. Il avoil autre-
fois cette signification, suivant Du Cange, au mot
Coron ix.
^ Selon Cotgrave, corniche signifloit aussi un
poisson ([u'on appelle sèche. ;Dict.)
VARIANTES (4) :
CORNICE. Cotgrave, Dict.
Corniche. Dict. d'Oudin.
Cornices, sul)st. [cm. plur. Cornier. Terme
d'architecture. C'étoit un mot nouveau du temps de
l'auteur des Contes d'Eulrapel. (Voyez page 480.)
Il ne se prenoit pas dans le sens de notre mot cor-
niche, mais dans le sens de corniers, encoignures.
(Nicot, Dict.)
Cornichon, s;/&sL 7nasc.(5) Boule qui servoitde
but. C'étoit une grosse boule que l'on jetoit la
première. De l;i, le jeu que l'on nommoit cornichon
va devant. >• Parmy tant d'admirables actions de
" Scipion l'ayeul il "n'est rien qui luy donne plus de
« grâce, que de le voir nonchalamment, et puérile-
« ment baguenaudant à amasser, et choisir des
« coquilles, et jouer à corniclion va devant, le long
« de la marine, avec Lœlius. » (Ess. de .Montaigne,
t. 111, p. ÔOO.) « Apercent ceste notable société qui
« aprochoit, mais assez lentement jouans à corni-
« chon va devant, courans les uns après les autres,
« folastrans, et s'enlrejettans des mottes, en ces
« belles, estendues, et rases campagnes. » (Contes
d'Eulrapel, p. 30."i.) « Je joueray souvent à cornichon
» va devant, j'aime ce jeu ; il n'est pas de grands
« frais, ny de grand peine. » (Bouchet, Serées,
livre 1, p. 285.)
Coi'nière, subst. fém. Coin, angle*. Femme de
mauvaise vie^. Pièce d'armoiries'^ (0).
(1) Edition Favre, fol. 15, verso, (n. e.)
(2) D'Aubigné écrit aussi (Hist., II, 269) : « Estant agacé de force caloinnies contre le roi de Navarre, il donna un
desmenti sous la cornetle, si bien que les chefs eurent grand peine à le sauver... que, pour le desmeiiti , il l'avoit donné
sous la cornetle, mais en maintenant l'honneur de celui à qui la corrœttc devoit honneur. » (N. E.)
(3) « Les pigeons se mettent sur le toict es cormces ou ceintures environnans le colombier. » (0. de Serres, 383.) (n. e.)
(4) On lit dans la Bibl. de VEc. des Chartes (4î' sér., III, p. 63) : « Moulleures, lozenges, frize et comise. » (N. E.)
(5) 6'o/'J!ii-'/io)î est proprement une petite corne , d'où ce passage de Lanoue (142): « J ouy dire une fois à un bon
gentil-homme qu'ils avoyent une propriété occulte à la génération des cornes : et je me doute que lui-mesme en avoit fait
l'expérience, car il portoit deux petits cornichons, cachez derrière l'oreille, qu'un autre du mestier lui avoil attachez. » (N. E.)
(6) Il est encore synonyme de cornette : « Lequel Charles print et empoigna la cornette ou cornière du chapperon d'icelle
Martine. » (JJ. 160, p. 289, an. 1406.) (N. E.)
co
280 —
co
*nn a (lit, an [)remier sens : •< .\e laissoieiitcoin,
" ne cornière (l)saiis chercher, visiler. et creuser. »
(Boiich. Serécs, liv. Il, p. D!) ; voyez Du Gange, au
mol Corncria.)
La place iledens est quarrée,
Vint piez de lonc, .XX. piez de lé,
Et .VI. piez de profondeté :
Aux angles des quatre cornières,
A poissons de quatre manières.
P.oni. de Brul, MS. fol "3, R" col. 1.
.< Il y avoit lors quatre seigneurs delà cour du
» Parlemenl qui lenoient les (lualre cornières, ou
» cornets du poisle. »(.). Chart.IIist. de Charles VII,
p. SlO.j Delà, on disoit [ouv corniere{'2\, pourtour h
angles, tour carrée. « Feil abatre de engins une
« tour cornière. ■> (Monstrelet, vol. lll, foi. 126.)
^ On nommoit aussi cornière une femme de mau-
vaise vie, à cause des coins ou lieux relii'és où ces
sortes de femmes élablissenl leur demeure. (Voyez
Oudin, Dict.) C'est à ce mot, pris dans cette signili-
cation, que Bouchel fait allusion dans le passage
suivant : « On le menaçoit que s'il se marioil en
» cette maison, qu'il seroit marié en une cornière
« de la ville, et que la vaisselle qu'on lui donnerolL
'■ en ménage seroil de cornaille. » (Bouch. Serées,
liv. I, p. 285.)
'^ Enfin cornière, terme de blason, signihe une
sorte d'anse, qui se trouve dans plusieurs écus. Ce
nom vient de ce que ces pièces représentent les
anses que l'on meltoii aux .mgles ou cornes des
autels portatifs, ou penl-ètre des colïres que les
seigneurs faisoient suivre à l'armée, et qui renfer-
moienl, ou leurs eflfets précieux, ou leurs archives;
usage qui a longtemps subsisté, même par rapport
aux archives de 11 couronne.
Coi*nies(3'.,«f/jt't'///'.Epilhète de terre. Guillaume
Ghanlil reconnoit avoir repris liegement du duc de
Bourgogne « ansamble les appartenances, an bois
« et en terres et en aiguës et en prez , an
<■ jostises, aussi en terres cornies, cum an descor-
'■ tinées, an l'accroissement de son fié, etc. » Cornie
vient peut être de l'allemand corn. Ainsi les terres
cornies seroient les terres amblavées, cultivées et
clescortinées, celles qui sont dépouillées ou non
cultivées.
Cornifistibulat , adj. Chagrin , aflligé. Mot
languedocien (4). (Voy. Le Duchat, sur Bab. t. III,
p. 19,'), note 7.)
Cornillart, snbst. inasc. Petit de la corneille.
On disoit proverbialement :
Crasse, ordre et noire com cornillart.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 358, col. 2.
VARIANTES :
CORNILLAfiT. Eust. Desch. Poës MSS. fol. X^. col. 2.
CoHNEiLLAUX, plnr. Merlin Cocaye, t. II, p. 144.
Cornillîit, subst. masc. Petite corne. (Oudin,
Dict. fr. esp.)
dornille, sulist. fém. Cornouille. Sorte de fruit.
V.VRIANTES :
CORMLLE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 246, V° col. 2 (.5).
CoRNOiLLE. Nicot, Cotgrave, Dict.
Corniller, verbe. Pousser de petites cornes.
(Oudin, Dict. ital. esp.)
Cornillier, subst. masc. Cornouiller.
v.vRiANTEs (6'i :
CORNILLIER. Nicot, Monet, Dict.'
Conxoii.LiER Nicot, Dict.
CORNOILLER. Oudin, Dict.
CoRNOLiER. Du Cange, Gloss. lat. à Cornolium.
Corniole, subst. fém. Le gavion , partie du
gosier. (Dict. d'Oudin.)
Cornioi'ilms. sulist. masc. Cornard. Mot forgé.
Trop ay fréquenté le mestier
Dont je suis de absentibus
.V présent corniorihii.i.
Eusl. Desch. Pors. MSS. fol. 332, col. 4.
Cornoille, subst. fém. Cornaline (7). (Diction.
d'Oudin.)
Cornouaille, subst. fém. Cornouiller*. Pro-
vince d'Angleterie °.
* Borel cite ce vers d'Ovide, ms. où cornouaille
semble le nom du bois dont est fait un chalumeau.
Li chalemel de cornouaille.
Alais qui empêche que ce ne soit le nom du pays,
d'où venoit le chalumeau, ou qui en avoit introduit
l'usage'^ Il est probabl(^que ce sont ces chalumeaux
qui sont nommés ci-après cornuieUe.
° Selon le même Borel, Cornouaille est aussi une
province d'Angleterre (8), et ce nom subsiste. On
disoit proverbialement:
Certes je nou (ne le) feroie
Pour l'or de Cornouaille.
FaU. MSS. du R. n' 7l"il5, t. II. fol. 178, V col. 1.
La ressemblance du nom de cette province avec
cornard, cocu, a donné lieu à cette façon de parler
où l'on équivoque sur ces deux noms : « Envoyer
« ou rt//tTC?trornoî<ft//;(?, faire cocu, devenir cocu. »
(Oud. Dict. et Cur. fr.)
Corns, subst. masc. Cor, cornet, trompette.
Cornu est purement latin. Les deux autres ortho-
graphes en dérivent. On disoit dans le sens propre
venlier un cornu, pour donner du cor, proprement
lui donner du vent. (Tenures de Litll. citées sous
l'expression tenir du roij par cornage ci-dessus.)
(1) « .lusques à la roitiiere de laditte maison, laquelle cornière est par devers la porte du seigneur de ladite ville. »
(.IJ. 49, p. 32, an. 1303.) (N. E.)
(2) « Les pionniers ou fossoeurs, qui ouvroient es fondemens d'une des tours cornières. » (.1.1. 158, p. 418, an. 1404.) (n. e.)
(3) Lisez corlitles ou rortillées, de cortil, courtil, jardin, verger. (N. E.)
(4) Ce doit être du latin macaronique. Jean de Sarisbery appelait cornificicn ceux qui abusaient en scolastique des
arguments cornus. (»v. e.)
(ri) Voyez aussi Paré (XVIII, 66). 0. de Serres donne cornoailles (237, 864). (N. E.)
(6) Paré donne cornalier (XXIV 49) et 0. de Serres cornoaillers (693^. (N. E.)
(7) D'après le Gloss. des Emaux, on disait cornelinc au xn'= siècle (p. 227) et cornalynes au xvi' siècle (id). (N. E.)
(8) C'est aussi le nom d'un des quatre évèchés bretonnants, dont le siège est Quimper Corentin. (n. e,)
co
— 'i81
co
« Le veneur doit estrele corn au col, l'espée ceinte
» au costé. " {Gliassede Gast. Phéb. ms. page 213.)
On di?oit figurémenl menée de corns et de bouche,
dans le sens de poursuite extraordinaire, poursuite
à cor et à cri. » Votons pur la pées (paix) meynte-
« nir, que toulz soient prestes de lez félons suer
« (poursuivre) et arester souloncqiies (suivant) les
» estatutesde Wyncesteren chescun félonie ovesque
« (avec) la menée de corns et de bouche de ville en
« ville. » {Brilt. I.oix d'Anglet. fol. 20.)
VARIANTES :
COUNS. Brilt. Loix d'Angl. fol. 20, R».
Corn. Chasse de Gast. Ph. MS. p. 213.
Cornu. Du Gange, Gloss. lat. à Cor/mr/iio/i.
Cornu, subst. et adj. Fou, extravagant, insensé*.
Honteux, dupe°. Paré*^. Fourcliu°. Uui a plusieurs
angles^. Ovale ''.
* Nous avons déjà remarqué sous l'article cornard
que les fojx porloient autrefois des cornes pour
les distinguer. De là cornu, qui a des cornes, s'est
dit au figuré pour fou, extravagant, insensé.
Je fu l'autrier (Tautre jour) trop mal venuz
Quant j'alay pour veir Calais,
J'entray dedans comme roriuis
Sanscongié; lors vint deux Anglols.
Eust. Desi-li. Pofs. MSS.fol. 230. col. i.
. Ce mot, employé ci-dessus comme substantif, est
adjectif dans les expressions suivantes :
Juger par leur di-ois cornus.
Hisl. de Fr. à la suite du Rom. de Fauve!, fol. 76.
■^ C'est en ce même sens qu'on lit arriumens
cornus (1) dans les Dial. de Taliur. folio 156.
Sophisme (2) cornu dans V:\r[on. de Btois, fol. 1G8.
Chançon cornue dans Pière Kins de la Goupele,
Poës. Mss. av. 1300, l. lit, page 1077. Lettres cornues
lians Coquiltarl, page 120 (3).'
fie là celle expression proverbiale, en bailler des
plus 6'0?'Hi;('s pour débiter, faii'c des contes ridicules,
extravagans. (Oudin, Dict. et Cur. fr.) On appeloit
aussi coi'na la pièce des échecs f|u'on nomme
aujourd'hui le fou (A).
Li paon d'emeraude verdde comme pré herbu,
Li autre de rubis vermaux comme ardent fu,
Rois, ferge, chevalier, roc, aufm et cornu.
Notice des vœux du Paon, fol. 45,
°De là, cette première acception s'est appliquée
au manque d'esprit, à cette simplicité qui nous
expose à être dupes. Ainsi cornu signitioit honteux,
dupe, ce que le peuple nomme penaul. « Lucafer
« demeura cornu avec sa truande (gueuse, coquine)
« de femme. » (Nuicls de Strap. t. 1, p. 2.VJ.)
Ces deux acceptions sont, comme on voil, dans
un sens figuré, et naissent de l'idée attachée aux
cornes comme symbole des foux ou des dupes.
"^Du mol corne pris pour coiffure, ajusteiuent,
parure de femme, s'est formé cornu pour paré.
Oui plus la guele (regarde) plus est fox ;
Or montrera poitrine et cox (col) ;
Or est liée (guaye), or est cornue.
Fabl. MSS. du R. n' 7615, 1. I, fol. 107, V' col. I.
"Une fouiche à deux dents représente en quelque
sorte deux cornes, et c'est par similitude qu'on a dit
cornu pour fourchu , en parlant de champions
armés, « appareillez en leurs cuyrées (pour cuira-
« ces) ou en leurs cotes avec leurs escus et leurs
« basions cornus. » (Ane. Coût, de Norm. fol. 89.)
^ Cornu, qui a des angles, dérive de Corne ci-dessus
employé dans cette même signification :
Ribauz ruent pierres cornues.
G. Guiart, MS. fol. 31, R' (5).
■^ C'est fort improprement qu'on a dit cornu pour
ovale. On a regardé comme des cornes les prolon-
gemens de l'ovale aux extrémités de son grand
diamètre. « Faire lonneaulx et autres vaisseaulx
« de certaines pièces longueur et grosseur , et
« aucune foiz^t'orH»s comme sont les baignoueres
« et autres vaisseaulx par contrainte de cercle. »
(E. Descb. Poës. mss. fol. 39'i.) •• Hn sel en cire rouge,
« lequel esl sain et entier, et est loncs cornus (6),
« pendent en lazde soye rouge. » (Ord, t. V, p. 513.)
Remarquons cette expression, s^r/'ft./7t», dans le
Très, des Charles, reg. 107, pièce 107.
Cornnda, subst. fém. On appelle, en patois
limousin, de la cornuda une espèce de gâteau. (Du
Gange, au mot corniita 2.)
Cornudeau. [Intercalez Cornudeau, échaudé,
au reg. .1.1. 163, p. 220. an. l'iOS: » Icelle Ysabeau,
•> demouranl à Montpelier,... de la feneslre de son
" hostel va appeller une fille... portant deux pains
« et deux eschaudez ou cornudecmx. »] (n. e.)
Cornue. [Intercalez Cornue, vase à deux anses,
comme la cornude des savonniers de Marseille:
« Le suppliant prinl en la forge de Thevenin son
'< maistre... une cornue, un gros martel à deux
« mains. ■. (.1.1. 160, p. 213, an. 1405.)] (n. e.)
Coniuel. [Intercalez Curnuel, bàlon, au reg.
.LI. 108, p. 23. an. 1375: « Ledit Bernart garni el
>' prémuni d'un grant baslon atTaitlié, 'appelle
" cornue t. »] (n. e.)
Cornuette, subst. fém. Squille, oignon qui
vient dans les lieux marécageux. (Oudin, Dictionn.
françois-espagnol.)
Cormiiaus, sulist. ]nasc. Nom factice. C'est
celui d'un mouton dans les vers suivans. Ce mot
signifie proprement qui a des cornes, cornu. (V'oy.
GoRNUYAux (7) ci-après.)
Hala ! ce dist li paslouriaux !
Par Dieu, sire, c'est coriniîmts,
Li beste à mont que plus amoie,
En no tropel (Irovipeau) n'avoit si coie.
Fabl. MSS. du R. n- 7!IS9, fol. 213, V" col. 1.
(l)ÎVoyez la note sous Cornifistibulat. (N. E.)
(2) '.Ces sophistes étaient dits rorniju-Àens. (N. E.)
(3) « Les rabbins des .Uiifs font une glose cornue sur ce passage. » fCalvin, 288.) (N. E.t
(4) C'est aufin qui désigne le fou ; cornu, qu'il vaut mieux lire corliu, désigne l'humble pion. (N. E.)
(5) «. Et les dames lor gietent mainte pierre cooiue. » (Chanson d'Antioche, VIII, 1138.) (N. E.)
(6) Ce doit être un sceau de dame ou d'ecclésiastique, (n. e.)
(7)ill signifie échaudé au reg. JJ. 183, p. 100, an. 145(5 : « Deux ou trois peUts pains blancs ou cornuyaux. (n. e.)
IV. . 36
co
— 282 —
CO
Cornuielle, subst. fém. Instrument de musi-
que. Peut-être le même ([ue la cornemuse.
Et il aura ma cornuielle,
La musette et la flachutelle (flûte.)
Froissarl. Pocs. MSS. p. 217, col. 1.
(Voyez CoBNouAiLLE ci-dessus.)
Cornure, subst. fém. Fanfare. Proprement
l'action de donner du cor, du mot Cohn ci-dessus
sous l'article Cor.ns.
.... Qui se fera ordonner
De justement et droit corner,
Les 14 coniures ditles, etc.
Font. Guér. Trës. de Vén. MS. p. 7.
Il y en avoit une qu'on appeloit :
D'apelde chieiïS la eornure.
Id. ibid.
Cornus, subst. inasc. plur. Sorte de monnoie.
Peut-être ainsi nommée à cause de sa forme ovale
ou irrégulière. Dans une ordonnance de 1314 ,
concernant les monnoies, on lit : » Que li doubles
« que l'en appelle corntiZ' feussent abatus de tous
« points (1). •> (Ord. t. I, p. 049.) « Nous abatons les
« gros tournois de sept deniers tournois, les doubles
« parisis, et les doubles tournois, que l'en appelle
« cornuz- Ci), que Guillaume le Flament fist faire,
" pour ce qu'ils sont, et ont esté contrefaits et
« apportez des fausses forges en nostre royaume. »
(Ordonn. t. l, p. GIO.) Cette ordonnance est de
1315. Par une autre ordonnance de 1332, il est
ordonné «■ que nulles mitiez (espèce de monnoie)
» doubles, coriiHz esterlinz, ne nulles autres mon-
« noyés faites hors de nostre royaume n'ayent nul
« cours fors au marc pour billon. » (Ord. t. II,
p. 87. — Voy. Du Gange, aux mots Mita% Multones.)
VARIANTES :
CORNUS. Ord. des R. de Fr. t. Il, p. 87.
CoRNUZ. Hist de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. f» 74.
Cornuyaux, subst. masc. plur. (3) On appeloit
cornuyaux de Douaij une espèce de société burles-
que connue à Douay, et dont il est fait mention dans
le P. Menestr. (de la Chev. p. 245.) G'est peut-être
la même que les Cornards de Rouen, ci-dessus,
qu'on nommoit à Dijon la Mère folle et ailleurs
Société du prince dessols. (Voyez Cornards ci-dessus,
dans le même sens.)
Coroie, subst. fem. Courroie, ceinture, bourse
de ceinture *. Enceinte ^. Terme de blason ^.
* Ce mot vient âecoriuvi, cuir. Ainsi on nommoit
également courroie la ceinture de cuir, et la bourse
de cuir qui y étoit attachée.
J'aurai à ces cjuaremiaus (quaresme)
Abit pour moi renouveller
Coriiie, espée et boqueler (bouclier).
Froisi-arr, Potis. MSS. p. 278.
Bien srai volentiers venra
Et aporlé o soi (avec lui) la cotroie (4)
Trestote plaine de monnoie.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 36. V' ccl. 3.
On a dit figurément, en parlant des Templiers:
Bien les tenait à sa corroie
Deable au gieu de boute en corroie.
Hlst. de Fr. à la suite du Roiii. de Fauvcl. fol. 76, R* col. I .
On a vu ci-dessus traire à sa corde ou cordelle,
dans ce même sens. (Voyez Bouter en corrote ,
ci-dessous.)
^ Par extension de l'idée, courroie, ceinture, on
a dit courroie pour enceinte :
.... Que Calais fut attrapé
N'est nul désirer ne le doye ;
Mais gains est de trop forte coxirroye.
Eust. Uesch. Poés. MSS. fol. m, col. 2.
^ En termes de blason, on disoit : « Sa bannière
« qui estoit saisie d'or et d'azur ù un chef patte, les
« deux courrotjes (5) couronnées degeronnesen uu
" escusson d'argent, emmy la moyenne. » (Froiss.
liv. I, p. 240.)
Le mot courroye entroit dans plusieurs expres-
sions qui ne sont plus d'usage, et que nous devons
rapporter.
\° S'en, aller corroies ointes, c'est-ti dire bourse
pleine. Expression figurée d'où vient peut-être
notre ra(;on de parler, s'en aller à sec; le contraire
d'ointes ci-dessus.
Vers moi ne se prist onques nus ;
Tant fust, ne si riches, ne cointes
Qui s'en alast coroies ointes ;
Et s'il me crut, isnel (sur le champ) le pas
Qu'il ne venist du trot au pas.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 219, V col. I.
2° Bouter en coroie, mettre en bourse. (Poës. mss.
Vatican, ir 1390, f" 43.)
De lîi, joiier à bouter en coroie, pour prendre,
piller :
Amours, se jou dire l'osoie,
C'est jus de boute en coroie.
Poes. MSS. Vatican, n- U90, f- 120 V*.
Estre de stable coroie, pour être constant.
Qui n'est soufrans et de stable coroie,
Il ne se doit entremttre d'amer.
Poes. MSS. Vatican, n- 1490, f- il R"
On disoit au contraire être ceinte de diverse
coroie, pour être variable, changeante, inégale :
Elle fait et menu et souvent
Soit maus, soit biens ce qu'ele entreprent
Tant est ceinte de diverse coroie.
Mathieu de Gant, Poes. MSS. avant 1300. t. II, p. 767.
Les expressions suivantes sont proverbiales :
l» .... On puet se coroie
Donner sans çou qui le peut (sans ce qui y pend.)
Poes. MSS. du Vatican, p. iU, n' 1400, fol. U2 R'.
Ce qui signifie qu'on peut accorder de légères
(1) Comparez Du Cange, IV, 572, col. 1. (n. e.)
(2) 11 est figuré dans l'essai sur la Monnaie parisis de M. de Barthélémy. (Mém. de la Soc. de l'Hist. de Paris, t. II, p. 161.)
.\u droit on voit : \ Piiilippus rex (Philippe -le-Bel). La croix est fleuronnée si grossièrement que chaque fleuron semble
une paire de cornes. Au revers on ht : f moneta duplex regalis. Les deux premiers mots sont en légende ; le troisième
est dans le champ sous une lleur de lis. (n. e.)
(3) Au reg. .1.1. 183, p. 160, an. 1456, on lit : « Deux ou trois petits pains blancs ou cornuyaux. » (n. e.)
(4) « Le suppliant portoit sur son cheval une bourse de cuir appellée courroie, en laquelle avoit la somme de vint et
quatre livres. » (JJ. 153, p. 301, an. 1398.) (N. e.)
(5) Cette lecture nous semble douteuse, (n. e.)
co
— 283
CO
laveurs sans en accorder de plus grandes ; donner
la courroiie, sans donner ce qui est allaché.
2° On ai dit de quelqu'un qui sort des bornes du
devoir, etc. :
Cil est bien hors du ploi de la corroie.
Pot-s. MSS. du Vatican, n" 1522, fol. 167, V" col. 2.
3° Donner d' autrui cuir, large corroie, pour être
libéral du bien d'autrui :
Maint home i a por prandre
N'oseroit riens despendre,
Ne faire lienor autrui.
Quant siéra autrui table
Si se fait connoistable
De doner entor lui
D'autrui cuir large corroie.
Prov. du Vil. MS. de S. G. fol. 76, V" col. 3.
La duchesse de Bretagne s'est servie, en {364, de
cette même expression : Faire du cuir d'autrui
/«)'f?ct'0!<ro«e(l), en parlant du partage delà Bretagne
arrêté par son mari avec le comte de Montfort.
(Voyez Choisy, Vie de Charles V, p. 50.)
4» Trop mieulx vault amy en voye
Que trésor en courroye (2).
Percef. vol. V, fol. 35, V col. 1.
V.\BIANTES :
COROIE. Froissart, Poës. MSS. p. 278.
Corroie. Fabl. MSS. de S. G. f» 50, R° col. 3.
CoRROis. S. Bern. Serra, fr. MSS. p. 200, en lat. corrigiœ.
Corroyé. Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1430.
CouROiE. Fabl. MSS. du R. n» 7G1.5, t. II, f° 139, V" col. I.
Courroie. Poës. MSS. Vatican, n» 1490, t« 104 R".
CouRROYE. Orth. subsistante.
CoURROis. Petit J. de Saintré, p, 196.
CoURRAYE. Rabelais, l. IV, p. 57. •
CouRAiE. Ane. Coût, de Bret. f» 77 R».
CoRRAYE. Dict. de Cotgrave.
CoRROE. Fabl. MSS. du R. n- 7615, t. II, f» 153, R° col. 2.
Corolle, subst. Instrument de musique. >■ Si te
■j- covient chauler en tabour et en corolle (3). »
(S' Ber. Sermons fr. mss. p. 308.) On lit, dans le
latin, i)i tympano et choro tibi psallendum est.
Corolli. verbe. Sauter, trépigner, mol breton.
« Battre avec les pieds l'aire d'une grange nouvelle,
« pour le rendre uni (-i). » (Du Gange, au mot
Coraulare.)
Corombaron, subst. masc. C'est ainsi qu'on
appelle dans quelques lieux de Picardie, la veille de
la fête de S' Sébastien. (Dictionnaire Etymologique
de Ménage.)
VARIANTES :
COROMB..iRON. Dict. Etym. de Ménage.
CORUMBARON Id. ibid.
Coron. [Intercalez CoroH ; 1° Au propre, coin:
« Ses esporons ahoka à la sarge au coron du lit. »
(Flore et Jeanne, p. 2.").) Dans la même pièce (JJ. 48,
p, 8, an. 13H), on écrit « quoron dou jardin >- et
>• coron de la rue. » Froissart, (X, 123) écrit: « Et
« y alacquerent l'aulre coroji de la corde. " 2° Au
figuré, extrémité, résultat : « Se il quidast estre
» venus à tel coron, il ne se fusl jà rendus pri-
« sonniers. » (Froissart, III, 330.) C'est un dérivé
de cor.] (n. e.)
Coronat, subst. masc. Sorte de monnoie. Elle
avoit cours sous Louis XII (5). (Voyez Le Blanc, sur
les Monnoyes, p. 2.)
On disoit/iwe de coronat. On trouve plusieurs
amendes exprimées en livres de coronat, à la fin de
la Coût, de Bueil. (Nouveau Coutumier Général,
t. II, p. 1243.)
Coronation, subst. fém. Couronnement. On
disoiten ce sens: » Hz consentirent à sa corona-
« tion « (Triomphe des IX Preux, p. 394.) <■ Sacre
" et coronation de Louis II de Sicile. « (Godefroy,
Annot. sur l'IIist. de Charles VI, p. .566.) « La cou-
» ronntion du rov de Portugal. » (Froissart ,
liv. III, p. 102.)
VARIANTES :
CORONATION. Froissart, Poës. MSS. p. 30". col. 1.
CoURONNATiON. Froissait, liv. III, p. 102.
Corone, subst. fém. Couronne *. Pioyaume ^.
Dignité'^. Tonsure".
* Voyez, sur la première acception, les Dict. de
Mcot. Monet, Cotgrave, etc. Le chapel à corone étoit
autrefois te nom d'une coilTurede femme, ainsi qu'il
paroit par ces vers :
Or est orguel, or est fiere
Or a cliapel à coro)ie
Or en droit sa face abandons
A voir, et pus la requevre (recouvre).
Fabl. MSS. du R. n- 7615, t. I, fol. 107, V' col. 1.
Nous lisons qu'en 1300, on mettoit une corone de
papier sur la tête des maquerelles qu'on exposoit
au pilori. ( Voyez Grand Coutumier de France ,
page 540.)
On remarque aussi qu'on donnoit des mitres de
papier aux criminels. (Voyez Mitre ci-après.)
^ On dit encore couronne pour souveraineté,
mais il ne signifie plus royaume, son étendue,
comme dans ces vers :
.... On ne savoit si bêle oissor (femme)
Ne si cortoise, ne si franche
Dedens la coro»e de France.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 3.")1, V col. 2.
Vuide tôt ma corone.
Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. II, fol. 172, V col. 2.
C'est-à-dire sors promptement de mon royaume.
"^ Corone se prenoil pour la dignité dont la cou-
(1) (' Madame, dit ma dame à la royne, vous taillez larges covrroies d'aulruy cuir. » (.leh. ds Saintré, ch. XXIV.) (N. E.)
(2) (1 Adès vaut miex amis en voie Que ne font deniers en corroies. » (La Rose, v. 4964.) Ce proverbe se retrouve dans
Baudouin de Seb., I, 1048 : « I*our ce dist uns proverbes : miex vaut trouver en voie Un boin certain ami , que denier en
coroie. » (n. e.)
(3) Lisez ccirole. C'est dans l'église Romane une galerie extérieure voûtée d'arête contournant le sanctuaire ou chevet
voûté en abside ; les processions, pour passer d'un bas-côté à l'autre, passaient sous la carole qui les continuait : « Mis es
temples comme carole. » (E. Deschamps, t. III de ce Dict., p. 245.) (N. E.)
(4) Il vaudrait mieux lire carolli. pour caroler, danser une carole. (Voyez ce mot.) (N. E.)
(5) Ces coronnats, ou sols corounats, étaient la monnaie de la Provence, qui eut pour comte Alphonse I", l'oi d'Aragon
(1166-1196). Voyez Du Cange, t. IV. p. 528, col. 1, et le type 118 de la planche 25. .\u champ du droit est une couronne
fleurdelisée entourée d'un grénetis, avec la légende : f R[ok'r(i(.s] 3u[enisu/cm] et SlciL[if] rex. Au champ du revers est
une croix fleuronnée, cantonnée de quatre lis avec la légende : comes prgvincie. (n. e.)
co
- 28i
CO
ronno L'ioil la niarque. C'est en ce sens qu'on a
nommé plées (/f/ t'orone les procès pour crime ou
offense contre la majesté royale. (Du Gange, au mol
Placita coronœ.)
° La tonsure est une sorte de couronne (1 ) et elle a
porté le nom de corone ou de coronne. (Glossaire
sur les Goût, de Beauvoisis.) Coronne et tonsure
mis ensemble forment donc un pléonasme dans le
passage suivant : •> Un clerc marié possédant co-
« ro/iW et tonsure. » (Grand Goût, de France, p. 518)
On peut expliquer corone en ce même sens, dans
ces vers :
Bien sai qu'est grans corone,
Mais je ne sai qu'est ordre.
Fabl. MS^. du R. n- 70)5, 1. 1, fol. M, V col. 1.
Xous n'entreprenons point de déterminer sa
signification dans le passage suivant :
Mors Irai ton cor et si le sone
A Proverai, et à Perone
Fai que lîenaz premer ainz l'oie
Que plus est près de sa corone (2),
Fabl. MSS. du R. n- 761,ï, t. I, fol. 10-2 bis. V» col. 1.
VARIA.NTF.S :
CORONE. Grand Coût, de France, p. 549.
Coronne. Poes. MSS. Vatican, n» 1490, f° 138.
Couronne. Orlh. subsist. ; le Jouvencel, MS. p. 504.
Coi'oné, adj. Tonsuré*. (Jiii a remporté le
prix ^. Heine '^. Terme de poétique °.
* Nous venons de voir corone pour tonsure. De
là corone, pris pour tonsuré (3j. On l'employoit quel-
quefois substantivement :
.... Engendrés fu d'un corone.
Fabl. M.SS. du R. n' 7-2iS, f* 11, R" col. 1.
^ On appeloit clianson coronée, celle qui avoit
gagné le prix dans les sociétés poétiques. (Voyez
Fauctiet, Langue et Poés. fr. p. 153.) Nous disons
encore eu ce sens poème couronné.
^ C'est comme reine que l'adjectif coronée est
employé ci-après substantivement :
Par la benoiste couronnée.
Pathelin, Farce p. G8.
C'est-à-dire par la S" Vierge. Voyez aussi Borel,
Dictionnaire.
.Sur tûtes choses est celé coronée
Que j'ai d'araors.
Le Chastel de Coucy, Pocs. MSS. avanl 1300, 1. I, p. 219.
On lit couronée dans la même pièce répétée.
<Poës. .MSS. du Vat. n" IWO, f° 13.)
Bele por cui sopir
La blonde coulorée (aliàs couronée)
Peut bien dire, et géhir
Que por li, sans mentir,
S'est amours moult hastée.
Ch.ins. MSS. du C" Thibaud, p. 12.
On croit que celle d'où ces vers sont tirés
est adressée à la reine Blancbe.
° Couronnée, comme terme de notre ancienne
poétique, se disoil des rimes et des ballades. « C'éloit
« (|uand les deux ou trois syllabes du vers estoient
" aussi dernières du mot précèdent au même vers, »
comme dans celui-ci :
Louange à Dieu aux saints cieux précieux.
l'OL'S. de Boissure, fol. 269.
Il y avoit la rime couronnée annexe couronnée.
(Art poët. de Sibilet, livre II, p. 149.)
VARIANTES :
CORONE. Borel, Dict.
CouRONÉ. Chans. MSS. du C" Thib. p. 12.
Couronné. Orthographe subsistante.
Coronemaiit , subst. masc. Couronnement.
(Dict. de Monet.)
VARIANTES :
CORONEMANT.
Coronnement. La Thaumass. Coût. d'Orléans, 466.
Corounement. Rymer, t. I, p. 60, tit. de 1260.
Col'ouer, suhst. masc. Sorte d'officier (4,. Prin-
cipal officie:- de justice dans les comtés. 11 y a un
chapitre intitulé: Des coroners, dans Brilt. Loix
d'Angleterre, folio 3. 11 fut défendu d'élire pour
remplir cette place des gens de bas état, comme on
avoit fait précédemment. Il fut ordonné de choisir
» des plus loyaux et sages chevaliers. » Les vicomtes
étoienl leurs inspecteurs ou contrôleurs. (Voyez
Garta magna, f° 27.)
Coronuez, adj. au plur. et siibst. Qui ont la
tonsure f5). Ce mol semble adjectif dans ces vers où
nous lisons, au sujet de Guillaume le Conquérant :
Six semaines malade jut ;
Fort fu le mal. L'enferté (in/irmUas) crut;
A evesques et as abez
Et as provoires coronnez.
Se fist de ses péchiez confez ;
Corpus doinini prist eniprez.
Rom. de Rou, MS. p. 387.
Il est employé substantivement dans cet autre
passage :
Quant Ode li bon corenne:
Qui de Baez cstoit sacrez, etc.
Ibid. p. 337.
VARIANTES :
CORONNEZ. Rom. de Rou, MS. p. 287.
Couronnez. Journ. de Paris, sous Ch. VI et VII, p. 154.
Courenez. La Thaumassière, Coût de Berry, p. 102.
CoRENNEZ. Rom. de Rou, MS. p. 337.
Corons, subst. jnasc. plur. Voici le passage où
nous trouvons ce mot :
Ne fet pas le cheval embler (aller l'amble) ;
Ains le broche (picque) des espérons :
Car cil n'out de tôt les corons (de tous costez)
Le tornoiement aproisemier (le tournoi approcher),
Si vait ferir le cop premier.
Fabl. MSS. du R. n- 701,5, t. 11, f- 101, R- col. 2.
Je croiroisque dans le passage cité, l'on pourroit
(1) La tonsure du clergé séculier et régulier ne ménageait pas la chevelure au moyen-âge et ne laissait autour de la tète
qu'une étroite couronne : « Renart respont hastiveraent : Aurez corone grant et lée , Ne mes que l'eve soit chauffée. »
(Renart, v. 1087.) Au xv siècle, on lit encore dans les Cent Nouvelles (LX) : « Un barbier secret fist aux damoiselles
chascune la couronne sur la teste. » (N. E.)
(2) 11 faut coroie pour la rime. (N. E.)
(3) 1 Et clerc et preste et moine coroiié. » (Gér. de Vienne, v. 3914.) (N. e.)
(4) De concert avec les jurés et douze voisins, il tait les enquêtes sur la cause des morts violentes, les trésors découverts
et les épaves, (n. e.)
(5) Voyez Corone. (N. E.)
J
co
285
CO
expliquer de tout les corons par celle autre expres-
sion il bride abattue, à loule bride, proprement à
toutes courioyes. ('o/o/iavoit aulrel'ois celte signifi-
cation. (Voyez ConiON ci-dessus (1), sous lequel il
faudra réunir cet article, si ma conjecture est
fondée.)
Corot, SHi's/. masc. (2) Courroux, peine, chagrin,
offense. Le mot corroz-, dans S. Bernard, répond au
latin ollensa ; et citrrm^, dans les Loix Normandes,
article U, au latin ira. Ce mol subsiste sous la
dernière ortlioi;raplie, maison ne dit plus coiirroiiz
de ciwr, pour cliagrin. (G. Guiart, ms. f° 273.)
On disoit aussi auti efois au courrow:, et au gieu
pour bon gré, mal gré. Il semble que ce soit le sens
de celle expression dans ces vers :
Li rois qui le retour convoite,
Laist là au court ouz et au giau.
De par lui Yinbert de Liiaugieii.
G. Guiarl, MS. fol. 152, R°.
Proverbes (3) :
1* On disoit:
Après graiit cnrouz., grant joie.
Fabl. MSS. du R. n- 7-218. fol. 357, V col. 2.
2« Plus coste un sol corroz d'ami
Que ne font cinq cens de mari.
Parlon. de Bl. MS. de S. G. fol. 143, R" col. 1.
VARIANTES :
COROT. Dict. de Borel et de Corneille.
Corroz. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 307 (4).
COROUS. Poës. MSS. Vatican, n" 1522, f» 1,05, Vo col. 2.
CoROUZ. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 357, V° col. 2.
COROUT. Contin. de G. de Tyr, Marténe, t. V.
COURROUZ. G. Guiart, MS. f- 132 R".
Courroux. Blason des Faulces amours, p. 221.
CuRRUZ. Loix Norm. art. 41 (5).
Coroyelte. [Intercalez Coroijette, pelite cour-
Deux
( Voyez
(par le
roie, au reg. JJ. 135, p. 1G5, an. 1388:
« petites verges et une coroyelte. »] (n. e.)
Corp. [Intercalez Corp, poisson.
CORBAU.)] (n. E.)
Corp- de -Dieu, Corps-de-Dieu
vray) (G). Espèce de jurement. Il est probable qu u
étoit très familier à M. de la Trimouille, et que
c'est de là qu'on lui donna le surnom de la vray
corps de Dieu. (Brant. sur les duels, p. 30!).)
Corpable, adj. Coupable. Voyez le Dictionn.
de Borel. On disoit se rendre corpaubles pour se
confesser coupable, faire l'aveu de sa faute :
Dame merci, confession requier ;
De mes péchiez me vueil corpaubles rendre
Vers vos dame cui cuidoie engignier.
Gautier d'Es[iinais, Poës. MSS. avant 1300, t. I, p. 172.
VARIANTES :
CORPARLE. Prov. du Vil. MS. de S. G. f" 76, V" col. 1 (7).
CoRP,\UBLE. Poës. MSS. avant 1300, t. I, p. 172.
CouPAULE. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis (8).
CouRPABLE. Ord. t. I, p. 226.
CouLPABLE. Monel, S. Gelais, p. 185; Cl. Marot, p. 123.
CoLPAULE ou CoLPAULES. S. liem. Serin, fr. MSS. 52.
Corpe. [Intercalez Corpe , faute, crime, de
culpa; de même «/;««/« a l'ail orme, remulcum,
remorque; celte permutation peu fréquente s'étend
aux noms de lieux: Ol)ia{Olina), On(^ (Normandie),
Vtnodns, Ornj (Moselle), Milmandra (Marmande).
Voyez Hisl. de France (D. Bouquet), l. VI, page
1.59.)] (n. e.)
Corpe-de-Ia-Galine. Espèce de jurement
burlesque, dans Rabelais, t. 111, p. 103. Comme qui
diroil par le corps d'une poule. Dans le même
endroit on jure par le corps d'un bœuf, corbeiif. Il
s'agil d'un repas de noces.
Corpel. [Intercalez Corpel, pommeau d'épée,
dérivé peut-être de corps, reliques des saints : " En
» Vovei puni asez i ad reliques. » (Roland, v.2o44.)
On le trouve an reg. J.J. !G0. p. 214, an. 1405 : ■■ Le
." suppliant avoil pris et emblé un corpel d'une
" dague d'argent. »] (n. e.)
Corper. [Intercalez forper, commettre un
crime : « Bernarz dist que il estoil tout prez de soi
« purgier, el de monslrer par son cors et par ses
" armes, selonc la coustume de Trance, que il
» n'avoit cor/^i's ou cas que on lui avoil mis sus. »
Voyez Hist. de France (D. Bouquet), t. VI, page
154.)] (N.E.)
1. Corporail, adj. Corporel. Diction. d'Oudin.
Fioissarl dit, en parlant ii l'Amour :
Tu es mon Dieu corporeus.
Poës. MSS. p. 119. col. 2.
(Voyez CoRPORAus ci-après.)
VARIANTES :
CORPORAIL. Dict. d'Oudin.
CoBPOREUs. Froissart, Poës. MSS. p. 119, col. 2.
2. Corporail, s»/;sL masc. Corporal (9). Voy. sur
la première oribographe, le Dictionnaire de Nicol,
sous le mot Corps. On dit encore eorporaux au
pluriel, el nous le citons que pour remaïquer cette
façon de parler : !)lieur de eorporaux, pour signifier
un dévot. Nous disons mangeur de saints au même
sens. « Les bommes mal vekus, quand ils seroienl
" plicurs de eorporaux, si sont ils à tous coups
" (irins pour espies. « (Contes de Des Perriers,
t. II, p. 110.)
(\) Voyez aussi Coroii (addit. de l'éditeur), (n. e.)
(2) Corrot est dans Renart (v. 22511) ; « Li pors qui tant curu avoit Que trestout aveglez estoit De lasseté et de corrot En
l'espié se feri debot. » (n. e.) '
(3) Leroux de Lincy écrit encore (Prov., t. II, p. 278) : « Courroux est vain sans forte main. » On lit aussi dans Thomas
de Cantorbery {xn= siècle, 38) : « Curuz de rei n'est pas gius de petit enfant. » (n. e.)
(4) On lit encore aux Macchabées (I, 2) : « Périrent les pecheors en lor ire e les félons en lor corroz. » Les récits d'un
Ménestrel de Reims donnent couroz (§ 334). (N. E.)
(5) « Qui tort eslevera, ou fans jugement fera par curruz. (n. e.)
(6) Voyez Cordé, (n. e.)
(7) « Tybers s'escuse moleraent, Que vers lui corpables se sent. » (Ren., v. 2204.1 - « Et se li corpables vient nor droit
avoir. » (Liv. de just., 113.) (N. E.) ^
(8) On lit au.?si au reg. J.I. 142, p. 86, an. 1391 : « Comme Jaques de Merlencourt eust esté souppeohonnàs estre couvanie^
de la mort de l'eu .lehan C;ippet. » (n. e.) ^
(9) a Le roy desiroit avoir le corporal sur quoy chantoit monseigneur sainct Pierre. » (Commines, VI, 10.) (n. e.)
co
286 -
CO
VARIANTES :
COnPORAIL. Nicot, Dict.
ConPORAUx, plin: Contes de Des Perr. t. II. p. 110.
Coi'poral, sîi/^s/ nutsc. Caporal (1). Il paroilroil,
par le passage suivant, que ce titi'e était autrefois
plus noble qu'aujourd'tiui: « Le rorporal qui com-
i. mandoit l'esiiuadre, etc. « (Brant. Dames Gai.
t. 11, p. G'20.)
Corporalement , adv. Corporellement, en
personne, en présence.
VARIANTES :
CORPORALEMENT. Du Bouchet (2), Gén.de Coligny, p. 5S.
CoRPOREAUMENT. Baluze, Géii. d'Auvergne, p. 92.
CORPORÉMENT. Perard, Hist. de Bourgogne, p. 460.
Coi'poraliter, snbst. masc. C'est une faute pour
corporaiier (3) dans l'Apol. pour Hérodote, p. 020.
Corporaus, adj. au plur. Temporels. On a dit
des gens d'église :
Ils ont tous les biens corporaus.
Poés. MSS. avant 1300, T. IV. p. «H.
Corporc , adj. Dépendant, qui fait corps ou
partie d'une chose. On lit dans un titre de 1325,
rapporté dans les notes sur Beaumanoir, p. 428 ;
" Toutes autres choses, meubles, et non meubles,
<' cor pore es et incorporées de noslre terre, justice
« et seigneurie. ■>
Corporel. Personnel, corporel et temporel ,
matériel (4). Ce mot, dans les orthographes employées
par S. Bernard, répond au latin Corporeus. On
eiUendoit par serinent corporel, le serment l'ait en
personne. » Suivant la capitulation confirmée si
» solemnellement \)'dvserment corporel, ei les cons-
« titutions de l'empire, comme aussi les Ordon-
« iiances des cercles. « (Mémoires de Villeroy ,
page 25.) On disoil de même possession corporelle
pour prise de possession faite eu personne. « Il
« avoit intention de passer oultre mer, avecques
« luy sa bonne femme, la belle Lyriope, pour se
<• mètire en possession^ corporelle de la silve Carbon -
« nière. » (Percef. vol. IV, f" 53.)
VARIANTES (5) :
CORPOREL.
CoRPORiEN' et CoRPONiEN. S. Bern. S. fr. MSS. p. 135.
Corporu, adj. Matériel, gros, fort. Ce mot s'est
dit tant des personnes que des choses.
N'avoit raie moult attendu
Quant il ouy, et dit ly fu.
Que uns geans moult coi-porus
Est devers Espaigne venus.
Rom. de Brut. MS. fol. SU, R' col. 1.
Du Bellay, parlant de navires, dit qu'ils sont plus
« eminens et plus corporus, etc. » (Mém. liv X,
folio 339.)
VARIANTES :
CORPORU. Nicot, Rob. Est. Oud Cotgrave (6).
Corporus. Rom. de Brut, MS. f» Sfi, R» col. 1.
Corporel. Percef. vol. IV, f» 36, R» col. t.
Corps, subst. masc. Personne *. Personne ser-
vile ^. Enterrement *^. Coin °.
* Ce mot se trouve souvent dans la première
acception. « Ainsi fut le comte de Bouguingam,
« logé en la cité de Vennes et son corps en l'hostèldu
« duc. » (Froissart, liv. Il, p. 108 (7).)
Ce sont les amis de fortune
Qui suient Testât et 1 avoir,
Non pas le corpn
Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 487, col. 4.
Ainsi l'on disoit amy de corps pour ami de la
personne. (Contred. de Songecr. fol. 129.)
Corps d homme pour homme. « Se veoit ung
« moult beau lict richement appareillé, et de toutes
« les richesses qui à corps dhomme convient. »
(Lancelot du Lac, t. II, fol. 5.) « On prétend que la
« char du chevrel de bois soit la plus saine à corps
.' d'omme, et la plus nutritive. » (Modus et Racio,
MS. fol. 40.)
Pet lors fei% de lors C07'ps dominées, c'est-à-dire
par leur foi jurée en personne. (D. Morice, Hist. de
Bret. col. 987, Ut. de 1263.)
Cors le roi ou le rei. (I.oix Norm. art. 28.) Dans le
latin corpus régis, c'est-à-dire la personne du roi.
Cors de roi, pour personne du roi. (Blanch. ms. de
S. G. fol. 178.) Le corps du seigneur, pour la per-
sonne du seigneur; le seigneur en personne. (Assis.
de Jérus. p. 149.) « Fut le seigneur de Bezançon
« second sommelier du corps du dit seigneur (de
« l'empereur) >■. (Mém. du Bellay, liv. IV, fol. 97.)
Sur la foij son corps, pour sur sa foi, sur son ser-
ment. (Duplessis, Histoire de Meaux, page 135,
tit. de 1235.)
Oudin explique corps de cheval, la personne du
cheval. (Dict.) Mon corps s'est dit pour moi (8). « El
« s'ils me veulent croire ilz n'auront ja pis que mon
« corps. » (Percef. vol. I, fol. 39.) Corps de my a le
même sens dans ce vers :
Dame que j'am plus que le corps de my (9).
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 185. col. 1.
en Voyez ce mot, t. III, p. 224, note 1. H. Estienno y tenait plus qu'à caporal : « Et en peu de temps après, la place de ce
corporal'qui estoit natif du pays, fut baillée à cet estrange caporal. » (N. E.)
(2) Corporelemeut est dans Beaumanoir (XLVI, 12). (N. E.)
(3) C'est la bourse aux corporaux : « Parement d'aube et amict de drap d'or vermeil. Item un coi-pornlicr de mesme. »
(Hist. de liourgogne, t. III, p. 217, col. 2, an. 14(.)3.) C'est peut-être un ciboire dans l'inv. des joyaux du duc de Berri (1416) :
(I Item im corporalUer d'yvoire, le couvercle de la passion à images d'esoaille. » (N. E.)
(4) Dans Perceforest (t. V, fol. 30) il signifie avoir du corps : « Il est grant et corporel, par quoy il en est d'autant plus
pesant. » (N. E.)
(5) On trouve coi-pnral vie dans Thomas le Martyr (166). (N. E.)
(6) « Icelluy Thierry, qui estoit homme grant, corporu, fort, hardy. » (IJ. 19.5, p. 1016 , an. 1473.) On lit aussi dans un
bestiaire ms. (Du Cange, II, 616, col. 1) : o L'oliphant est moult corporu. » (n. e.)
(7) Comparez éd. Kervyn, XIII, 90. Co)-;« équivaut aussi à position ou qualité personnelle; « Notable de corps, de
chavance et d'ancesserie. » (Iri., V, 203.)
(8) Ce mot sert donc à tourner en périphrase un nom de personne ou un pronom personnel. (N. E.)
(9) a Et puisqu'il est ensique H cors de mi n'i puet aler. » (Froiss., II, 199.) (N. e.)
co
— 287 —
CO
On disoit de même rostre corps pour vous :
Frère, vous m'amiés autretant
Com vostre cors (1).
Pb. Mouskes, MS.p. S39.
Son corps pour elle (2).
Je n'ose dire, dont je m'esmay,
A madame, ma douleur qui trop dure.
Ne les pensers qu'à so>i très donlz corps ay.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. U2. col. i.
Leurs corps pour eux. « Si y vindrenl aucuns
u chevaliers de Cambresis et d'Artois de leurs vou-
« lontés pour leurs corps avancer. » (Froiss. liv. I,
page 14.) (3)
Celte façon de parler est très fréquente dans nos
anciens auteurs. On l'ajoutoit souvent au pronom
//. Alors elle avoit le même effet que notre expres-
sion en personne. « F^e dévoient servir hors du
<> royaume et là proprement où il son cors ou son (ils
" seroit. » (Contin.de G. deTyr, Xlart. t. V, col. 747.)
Jour après autre quéroit
Tant que il ses cors i seroit.
G. Guiart. MS. fol. 303, V.
^ On employoit aussi quelquefois le mot corps
pour désigner la condition servile ; ainsi Ton disoit
corps de femme pour femme serve ou de condition
servile ; hommes de cors pour serfs (4). (La Thaum.
Coût. d'Orl. p.4()G, Ut. de 1180), ethoms lige de cors
pour vassal, lié de sa personne. (Perard, Histoire
de Dourg. p. 520, tit. de 1209.) On lit au sujet des
enfants nés hors du mariage, et dont les biens
retournent au seigneur de la" femme :
S'il acquiert terre, et il se muert.
Celle terre aux amis esluert (se détourne)
Et est au seigneur de la femme.
Eust. Desch. Pous. MSS. fol. 551, col. 4.
On lit (Ibid) quelques vers plus bas :
Que sa femme soit de corps.
Et gens de corsage sous le mot Corsage ci-après.
(Voyez le Dict. de Cotgrave.)
•^ Cors (5) signifie enterrement dans les passages
suivans :
Lors a congié d'aler en ville.
Au marchié, au corps (6), aux nopces.
Eust. Descli. Pot-s. MSS. fol. 513, col. i.
Our va aux nopces, or au corps,
Or aux estuves, et puis dehors.
Ibld. fol. 514, col. 1.
On disoit en ce même sens cors général (7j, pour
convoi, pompe funèbre. (Du Cange, aux molsf «hc-
rarium, Armarierius.)
° Enfin ou a dit corps pour coin, et alors ce mot
ne vient pa& du latin corpus, comme dans les signi-
fications précédentes, mais du latin cornu, corne
qui signifie angle, coin. Il auroit fallu écrire corn
ou du moins cor ; mais on a confondu aisément les
deux orthographes. Rien n'est si ordinaire que ces
confusions, de la part des copistes peu instruits des
étymologies; de là les confusions des significations.
Nous remarquerons en passant que ces exemples
font sentir la nécessité de conserver dans notre
orthographe les lettres mêmes inutiles à la pronon-
ciation. Elles sont comme les sauvegardes des
étymologies, et par conséquent des significations
propres. Faute d'attention on a doncdit corps pour
cor, corn ou coin dans les passages suivans : « Les
« quatre corps et le moillon, les quatre corps et le
« milieu, » en parlant d'une maison. (Bout. Sora.
page 891 .) « Si chevauchèrent le duc et la duchesse
« devers la cité de Besances ; c'est à l'un des corps (8)
« de Galice, la dernière bonne ville au lez devers
« le royaume de Portugal. » (Froissart, liv. 111,
p. 173.) « Y avoit mises trente deux tables, dont les
» premiers cornetz estoient tournez par devers la
« franche table qui estoit à la ronde du palais, et
« les autres estoient tournées au travers, si que les
« moindres corps se rapportoient au tarant pillier,
" etc. » (Peicef. vol. Il, fol. 129.)
Passons aux anciennes expressions que fournit
le mot dont il est question en cet article :
1 ' Corps sans ame. Cette expression se trouve
dans Charron (Sag. p. 442.) Il en est vraisemblable-
ment le premier auteur.
2° Etre en bon corps se disoit, en termes de
chasse , en parlant des chiens courans à qui ,
lorsqu'ils maigrissent, « il faut donner du laicl
« venant du py de la vache jusques à ce qu'ils
« soient en bon corps. « (Salnove, Vénerie, p. 257.)
On lit Ibid. p. 254, les tenir en bon corps pour les
bien nourrir, en avoir soin.
3° Présenter corj)S et avoir, offrir de servir de sa
personne et de son argent. (Hist. de B. du Guescl.
par Ménard, p. 289.) De là cette expression, ami de
corps et d'avoir pour ami prêt à servir de sa per-
sonne et de son argent. (Ibid. p. 228.)
4° L'autre corps signifie la taille dans le passage
suivant : <■ Elle regarde si voit que il a le visage
« moult beau et moult bien séant, et tout Vautre
« corps moult advenant, et tous les membres. »
(Lanc. du Lac, t. I, fol. 98.)
(1) « S'entour vo genl corps repairier Me voient, il en parleront. » (Chart. de Goucy, v. 1970.) (n. e.)
(2) « Et commanda que il obéissent à lui comme ('( so/î propre tocjos nieysme. » (Id., II, 463.) — « Us avoient proposé
pluiseurs articles et raisons Au corps doudit roy. » (Id., VII, 304.) (N. E.)
(3) « Avancer leur corps » signifie se pousser, taire leur chemin : « Li vaillant homme traveillent leurs membres en
armes pour avaticier loirs corps et acroistre leur honneur. » (Ed. Kervyn, t. II , p. 9.) Faire remplace avancer (II, 195) :
« Ce fust uns hom qui list en son temps, par sens et par proece, le corps et la cavance. » (n. e,)
(4) Voyez la Coût, de Vilry, art. 145. (n. e.)
(5) Corps naturel est le cadavre (Hist. de Charles VII par Jlatth. de Coucy, p. 783) : « Un chariot de cuir bouilly, dans
lequel estoit le corps naturel dudit feu roy, bien enoint et embausmé. » (N. E.)
(6) C'est plutôt le repas qui accompagnait les funérailles (JJ. 125, p. 258, an. 1384) : « Après ce que l'exposant et son père
orent soupe au corps de feu gilet Morelet. » La pièce 250 bis donne une variante : « Il estoit venuz à la table où il disnoitj(à
la feste d'un corps. » (n, e.)
(7) « In omnibus funerariis generalibus, vulgo cors gênerai Muncupatis, armarierius sedis accipiat sex cereos magnos. »
(Conc. d'Espagne, IV, p. i94.) Aux Ord., VIH, p. 340 (an. 1387), robe de corps signifie linceul, (n. e.)
(8) Dans l'éd. Kervyn (XII, 95) on lit cornet, (n. e.)
co
— 288
CO
ô" Corps de moij dinme. Espèce de jurement.
(Moyen de Parvenir, p. 'iM.)
fi" A corps perdu. Cesl une altération de l'expres-
sioii à conps perdus, qu'on trouve dans les Mém. de
Montluc, t. I, p. 111).
7" Cor;is de chastellenic. Suivant la coutume du
Maine, on entend par . le corps de la chastellenie
" ]:\ principalle ville, ou le principal bourg' d'icelle;
« et les brandies sont les autres lieux où l'on a
« accousturiié d'ancienneté mettre et asseoir la bil-
« letle en autres lieux hors la principale ville, ou
.. bourg. .. (Coût. Gén. t. II, p. 123.)
8° Corps de cotte, corps de juiie. [Oud. Dict.)
9° Corps de cuirasse, cors d'acier, pour corseletsi 1).
(Dict. d'Oudin.) On trouve deux cors d'acier dans
une citation du Glossaire lat. de Du Gange, au mot
Ariiiatura (2).
iO" Corps t!e garde. Expression subsistanle, mais
sur laquelle nous remarquerons que l'usage n'en
est pas ancien. « Dans les livres de la discipline
" militaire de Guillaume de Langey vous ne trou-
« verez ny corps de garde, ni sentinelle : ains au
" lieu du premier il l'appelle guet, et le .second
■ estre aux escoutes. » 'Pasquier, Rech. p. 662.)
1 1° ('or/;sr/'/(os<e/, pour corps de logis (3). (L'A niant
ressusc. p. 524.)
Vl° Fief de corps est un lief dont le possesseur
doit service de sa personne à son seigneur. (Du
(îange, au mot Feudum corporale.)
VARIANTES :
CORPS. Orih. subsist. ; Duplessis, Hist. de Meaux, p. 135.
Cors. Froissart, liv. I, p. i'M.
CORT. Perard, Hist. de Bourg, p. 450, tit. de 1241.
Corpulant, adj. Qui a de la corpulence.
YAtilANTES :
CORPUL.\.NT.
Corpulent. Oudin, Nicot, Dict.
Corpus, subst. masc. Hostie. Mot purement
latin : le corps par excellence, le corps de N. S.
(Oudin, Dict.) (4) C'est ainsi qu'on a dit dans le même
sens, corpus Cliristi ou Doniini pour le Saint-Sacre-
ment, l'hostie et la communion. « Li provoir (les
•> prestres) portoient corpus Ijomini sur lor chiés
« (leurs testes) ». (Gontin. de G. de Tvr Martene,
I. V. eol. 615.1
Rechut (reçut) corpus Doinini.
Vies des SS. MS. de Sorb. ch. LXi,
;ol. M.
On disoit aussi :
Au lever corpus Dnmiiii.
Fabl. MSS. du R. n-
1218, fol. lai, V col. 2.
C'est-à-dire à l'élévation.
Coi'ratafje, sul)st. viase. Courtage. Le courtage
est le métier qu'exercent ceux qui s'entremettent
de faire vendre des marchandises, ou de tout autre
négoce. On trouve dans les Ord. t. 111, page 520 ;
« Le courratageàes monnoyes (5). « Amyot, cité par
Nicol, a employé le mot cotirretage i[)onr macquerel-
lage. Nous nommons aussi courtage le droit que
percevoient ceux qui exer^oient ce métier. On le
nommoit autrefois couletage. (Voyez ce mot.)
Cependant on disoit également courretier et cou-
letier.
VARIANTES (6) :
CORR.VTAGE. OrJ. des R de Fr. t. I. p. 770. art. 8, notes.
CORRATAIGE. Ord. des R. de Fr. t. III, p. 65fi.
CouRRATAGE. Ord. des R. de Fr. t. III, p. 520.
COURRETAGE. NicOt, Dict.
CORRATERIE, S. f.
CouRRATERiE, S. f. Oudin. - Eust. Desch. Poës. MSS.
CouRRETERiE, S. f. Ord. t. I, p. 701, an. 1321 (7).
Corratier. subst. masc. Courtier, messager. Ce
mot n'est remarquable que par la mulliplicité de
ses orthographes. Nous nous contentons de ren-
voyer aux autorités que nous indiquons. Il est aisé
de démêler, dans ces orthographes, quece mot vient
de courre ou courir : « Pour ce que telles gens
» courent tantôt à l'une des parties, tantôt à l'autre
« pour moyenner, » comme dit Nicot.
On lil, dans le voyage de Charles VIII à Naples,
par André de la Vigne : ■' Charretiers, piétons,
«■ laquais, avanturiers, corretiers, et autres moin-
<i dres gens. » Dans un marché fait à Tournay en
1383 : - l'ait par le conseil des couletiers sermen-
» tez d'icelle ville de Tournay. " (Bout. Som. Rur.
page 892.)
Jà ne s'en ira escondis,
Ne raarcheans, ne couletiers (8).
Froissart, Poôs. MSS. pa^e 341, col. 1.
Un de nos anciens poêles, se plaignant de la cor-
ruption de nos mœurs en 1300, s'exprime ainsi :
France est tornée en serveté (servitude)
Car François n'i sont escouté,
Qui sont nez de la droite raere.
Ils sont aujourdhui rais arrière.
En France n'i a que corretiers.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 70.
On disoit :
\« Couretier (Vitifer, soit pour homme qui court
en enfer, soit pour un suppôt, un agent de l'enfer,
ce qui s'accorde mieux avec le sens de ce mot.
(Poës. MSS. av. 1300, t IV, p. 1317.)
2° Courtier ou courtière de chair humaine pour
(1) » Un corps de fer, un pourpoinct contrepointé, afin de tenir le corps droit et menu. » (Paré, Introd., I.) (M. E.)
(2) Ed. Henschel, II, 398, col. 3. (N. E.)
(3) « Ce feu estoit au corps d'iioslcl de devant. « (n. e.)
(4) (' Les exposans trouvèrent un jeune homme couchié sur l'autel de la .Magdalaine , où l'on chante et célèbre
continuelement le Corps Notre Seir/uenr. » (,IJ. 115, p. 241, an. 1379.) (N. E.)
(5) Courratage est au Lii'. des Met., p. IGO ; « Li mesureur ne doivent prendre ne deinander, par leur seremens , de la
some mesurée que un denier, de la demi some obole, et de mains noyant , ne pour courratage ne pour autre chose, u
Carrelage est au v. 11881 de la Rose. (N. E )
(6) .\joutez peut-être cor âge, d'après un registre de 1310 (Du Gange, II, 590, col. 1) : « Item le vieustrage, corrage et roage
de .lansy. » (n. e.)
(7) (( Et leur soit deffendu... sur peine d'estre bannis de la aiHi'refei-ii; à tousjours niés, que ils ne fassent nuls faux
contracts. » (N. E.)
(8) Voyez Ùoletier, même vol., p. 99. (n. e.)
co
- 289 —
CO
maquereau et maquerelle. (Oudin,Cur. fr. et Borel,
Dictionnaire.)
Une courtière, ou maquerelle,
A proprement dire son nom.
Coquillart, p. 45.
■i" Courtier de geolerie, dans la Chron. scaiid. de
liOuis XI, p. 287. « Martin Goris, courtier de geoie-
« rie, » peut-être liuissier, proprement le courtier
des prisons (1).
VARIANTES :
CORR.\TIER. Nicot, Dict.
CoRATiEB. Petit J. de Saintré. p. 150.
CORRETiER. André de la Vigne, Voy. de Ch. VII à Naples.
CouRATiER. Du Gange, au mot Corraterius.
COURRATIER. Laup. Gloss. du Droit fr.
COURATEUR. Ord. des R. de Fr. t. III, p. 485.
COURRETIER. NicOt, DiCt.
CouRETiER. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1317. *
CuRRATiER. Poës. MSS. avant 1300, t. II, p. 938.
CURATIER.
CuRTiER. Du Gange, Gloss. lat. à Prozenetarius.
CouLETiER. Laur. Gloss. du Dr. fr.
CouLTiEK. Nouv. Goût. Gcn. t. I, p. 391, col. 2.
1. Corre, subst. masc. et fém. Courroux*.
Arbre°.
* Dans le premier sens, on lit :
Grant fu lire et le corre est grant
Que li roiz out envers Normant.
Rom. do Rou, MS. p. 2G:i.
° Corre (2) etoit aussi une espèced'arbre, peut-être
le cormier; alors il étoit féminin. On disoit prover-
bialement la faille d'une corre, poursigiiifierrien.
Ne onques pour li roi d'asorre
N'en fist la foille d'une rorre.
Pli. Mouskes, MS. p. 50i.
L'art de la tonaire de corre, dans le langage de
Marseille, signifie l'art de pêcher avec un engin
appelé tonaire de corre. (Voyez Du Gange, Gloss.
lai. à Tonaïra [3].)
2. Corre, verbe. {i)Co\ir\r. » QuantleRoy vitqu'il
<■• estoit navré, il en fut courroucé; lors cueurt sur
» le chevalier, etc. " (Percef. vol. 1, fol. 28.1
Et mort arrogant
Pren tout mon argeant
Et me laisse queurre.
Moyen de Pai venir, page 430.
De \h,s'avant corre pour s"engager, s'avancer trop.
Rompus est li chevestre, qui de mon cuer est maire.
Si sui avant curuz, que ne m'en puis retraire.
Fabl. MSS. du R. n" "alS. fol. 346, R- col. 2.
On disoil figurémeiit corre sor pour persécuter,
au propre poursuivre. (Fahl. mss. du H. n° 761,"),
t.I, fol. GO.)
Remarquons quelques autres expressions :
1" Coire as étoiles, pour naviguer, faire roule à
la clartédes étoiles.
Toutes nuit rcureni as estoiles.
Vies des SS. MS. de Sorb. chif. LXI, col. 7.
2° Corre la ville, se disoit des adultères que l'on
conduisoit nus par la ville. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
3° Laissier corre en serment, déférer le sermenti
s'en rapporter au serment de quelqu'un : " Se il
'■ avenoil que il deist, je ne vous sui de rien pleige
« (caution), et m'en deffent bien, et en feré ce que
» je devré, si li puet l'eu esgarder que se il ose
« jurer seur sainz de sa main i]ue il ne soit son
« plege, si en sera quittes, se il le veut laissier
« corre a en sonserement. >■ (Ord. t. l, p. 207.)
4° .1 coi qu'il cort, dans le sens oi!i nous disons :
quoi qu'il en arrive.
Jure Dieu, à coi qu'il cort,
Ne laira qu'il ne voist acort.
Fabl. MSS. du R. n' TfiiS, I. Il, fol 182, R- col. 2.
Conjugaison.
Ceurent, indic. prés. Gourent. (Poës. mss. av. 1300.
t. I, p. 1317; Mousk. ms p. 29.)
Coeurt, indic. prés Court. (Percef. vol. I, f° 29.)
Conro'nt,h\\\n\ Gourronl. (Chans. niss. du C'Thib.
page 85.)
Corronl, futur. (Pourront. (Signes du Jugement,
Ms. de S. Germ.)
Cort, indic. prés. Court, (i-'abl. mss. du R. u" 7218,
fol. 33,1.)
Cort, subj. pr. Courre. (I"'abl. mss. du R. n» 7615,
t. H, fol. 182.)
Corui, préler. .Je courus. (Fabl. mss. du R. n''7218,
fol. 201.)
Cuercnt, ind. prés. Courent. (Ord. t. 1. p. 484.)
Cuert, indic. prés. Court. (Chasse de Gasl. Phéb.
MS. page 55.)
Cururent, prêter. Coururent. (Fabl. mss. du R.
ir 7989, fol. 79.)
Cuvre, subj. prés. Courre. (Gace de la Digne, des
Déduits, MS. fol. 137.1
Qneur, impér. Cours. (Fabl. mss. de S. G.)
Queure, subj. prés. Courre. (1^'. Desch. Poës. mss.)
Queurrent, indic. prés. Courrent. (IFist. du Th.
fr. t. II, p. 140.^
Queurs, partie- Couru. (Eust. Desch. Poës. mss.)
Qucurs, indic. prés. Tu cours. (Eust. Deschamps,
Poës. MSS.)
Queurt, indic. prés. Il court. (Chron. S. Denis,
t. I, fol. 62. \
VARIANTES (!)) :
CORRE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I, fol. 101, bis, V».
CoiRE. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1068.
CuEURRE. Percef. vol. I, f» 28, V» col. 1.
QuEURBE. Moyen de Parvenir, p. 436.
t-orreau, subst. masc. Barre de porte (6). Monet
(1) Enfin dans un poème de .Tean de Condé contre les Dominicains (Du Gange, II, p. 617, col. 3), on lit: « De mainte
marcié sont couruticr Encore plus il sont cvraticr De mariages. » On y confond à dessein un dérivé de extra et un dérivé de
currere. (N. E.)
(2) Corre, comme courroil, signifie verrou (Renart, v. 12295) : « Lors s'en vint droit à la fenestre... Apoiée fu d'une corre,
La nuit fut obliée à clorre. » (N. K.)
(3) Dans une pièce de 1479 (Archives des pêcheurs de Marseille) on lit encore : « Piscari ad tonairas dictas vulgariter de
corre... cum dicto ingénie « las toiiniras de corre. » G'est un filet qu'on nomme aujourd'hui corre ou corret. (N. E.)
(4) Voyez Raynouard, II, p. 489, col. 1.)
(5) Renard (v. 20668) donne : « Que trop par est ma pance plaine ; Au core me faudroit l'alaine. » (.n. e.)
(6) C'était autrefois une allège pour décharger les navires. (N. e.)
IV. 37
co
— 290 —
CO
dit : « Barre coulisse el Iraversanle de poi'te. >■
Nicol : « Courreatix de quoy on lerme les portes ■>
et il cite Amyol. On trouvé le coitriail de riiiins
dans Rabelais, t. IV, p. 25.
Le coraill de noslre porte
Qui l'autre jour fu adiré (égaré) ,
Je cornant qu'il soit bien gardé.
Fabl. MSS Ju R. n" "61.5, l. II, fol. 117, R' col. 2,
On dit encore lecourraij de la porte pour le ver-
rouil. Il y a lieu de croire que ce mot vient de eonr-
royes. Celle élyniologie me paroît plus naturelle
que celle de Ménage, qui la tire de rouler, aussi
l)ien ((ue celle de verrouil (1).
VAIilANTES :
CORRE.\U. iMonet, Dict.
CouHREAU. Oudin. — Clém. Marot, p. G91.
CouRHAiL. Rabelais, t. IV, p. 25.
Coraill. Fabl MSS. du R. n» 7615, t. II, f« 147, R» col. 2.
CORRUT, CORTEIL.
Correct, adv. Correctement. C'est en ce sens
qu'on a dit parler correct. (Rab. t. V, p. 88.)
Correction, si//jsL féni. Punition, châtiment,
réprimande ('2). Nous disons encore correetioii dans
ces mêmes sens, avec cette dillVrence cependant
qu'on ne remploie que pour désigner les cbàtimens
légers el plus ordinairement les réprimandes (3). On
né diroil plus : « En ferez faire punition eicorvep-
« tion (4) criminelle en les faisant mettre en 4 quar-
» tiers. » (Lett. du duc de Bourgoane, au s' Dufay,
p. 360.) Sa signification se rapproclie davantage de
celle que ce mol conserve dans la Règle de S. Ben.
lat. fr. Ms. de Beauvais, ch. 33, où l'on trouve sou-
gisse à correction, en lalin correplloni subjaccat.
On disoit autrefois à correction ou correction (5),
soubs correction, comme nous disons sauf correc-
tion, sauf votre meilleur avis. « Aulcuns l'attri-
« buent à magnanimité, et il semble, ou correction,
« que le fait l'ut directement à magnanimité con-
« traire. ■■ iliist. de la Toison d'Or, vol. I, fol. 97.)
On lit à correction dans les Lett. de Louis XII, t. I,
page 12. Sous correction dans Froissart, liv. I,
page 151 (6).
VARIANTES :
CORRECTIO.N. Orlh. subsistante.
CoRREPCioN. Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. "137, col. 2.
CoRREPTioN. Règle de S. Ren. MS. ch. 33.
Corredier, subst. masc. Maitre d'hôtel. (Voyez
Gloss. du P. Marlene, t. V.)
Corrélativement, adv. D'une manière corré-
lative. (Dict. d'Oudin.)
Corrente, subst. masc. Détroit. (Dict. de Nicot,
au mol Estroit.)
Correr, verbe. Couler. On dit dans Yillehard.
p. 46 : « Un s'écrianl se lait correr contrcval de la
« nefenlabargef'j. » Borel,quicilele même auteur,
au lieu de correr, a lu mal corrorqu'il e.cplique par
tomber, du latin corruere.
De là s'en correr pour s'écouler, dans ces vers :
L'eve gete desous la sole
De la chambre, si qu'ele s'en corl
Résous la sole en mie la cort.
Fabl. MSS. du R. n" 1218. fol. 234. R' col. 2.
Corrigeards, subst. masc. plur. Correcteurs,
censeurs. (Voy. Pnsq. Rech. p. 210 )
Corriyenient, subst. masc. Correction (8).
Des mauvais fait corrigement,
Et contre eux te tieng roidement.
Geofr. de Paris, U la suile du Roin. de Fauv. fol. 54.
VARIANTES :
CORRIGEMENT. Geofr. de Paris, à la suite du R. de Fauv.
CoRRUGEMENT. Modus et Racio, MS. fol. 332, R».
CoiM'iyer, verbe. Corriger, punir*. Ordonner^.
Exhorter, encourager '^.
*Ce mot subsiste au premier sens (9), sous la pre-
mière orthographe. Ses ditîérentes signitlcalions
naissent de l'acception propre du mot latin dont il
lire son étymologie. Corrlgere signifie proprement
dresser, relever ; et de là, corriger, punir.
^ Oidonner une chose, c'est en dresser le plan,
marquera un autre ce ([u'il doit faire. Ainsi l'on
trouve corriiier, choriqer pour ordonner dans le
Celthell. deL. Trippauft.
■^ Corriger s'est dit aussi pour exliorter, encoura-
ger, propremenl relever le courage. « Retourna
« sauvement en son lieu embandissanl cl corri-
« gant les cbevaliei'S à bien faire. » (Tri. des I.\"
Preux, p. 458.)
Corriger semble une faute pour co?77';j(?r, du lalin
corripere, saisir, prendre dans ce passage ; « Passe-
« lion fut moult joyeux du beau coffre et se seist
« au plus près, puis commença à vouloir comj/fr
«' à tout les doigts à la serrure pour l'ouvrir; et
« quant il veit qu'il n'en povoil venir à chef, adonc
« il commença fort à se courroucer. » (Percef.
vol. IV, fol. 36.)
VARIANTES :
CORRIGER. Orth. subsistante.
CORRIGIER. Ord. des R. de Fr. t. III. p. 587.
Choriger. Cellhell. de L. Trippault.
CORREGER. Assis, de Jérus. préf. p. 3. — Ibid. p. 214.
CoRRUGER. Modus et Racio, MS. fol. 88, R».
(1) Au reg. ,TJ I9i, p. 345, an. 1471, on lit : « Icellui Guionnet de toute sa force frappa audit huys, tellement qu'il rompit
le courr'iil d'icellui et se ouvrist ledist huys. » Au reg. JJ. 490, p. \Q, an. 1459, on lit verroul ou c.foil, d'où dérive le verbe
crouiller, encore usité dans la vallée de Chevreuse (Seine-et-Oise). (N. E.)
(2) Il sig]iilie aussi menace : « Par le inhibition et correctinit dou pape. » (Froissart, 'V, 275.) (n. e.)
(3) « Aulrenient, qui y fust trouvés, estoit de con-cclion ou point de perdre la teste. » (Froiss., X, 72.) (N. E.)
(4) Corri:))tion vient plutôt de corripere que de corrigera, (n. e.)
(.5) Il avait en eflet le sens de rectification (Froiss., V, 44) : « Sire, volentiers, puisque vous le commandés, et ce sera par
l'amendement et correction de mes compagnons. » Entendez sauf rectification de la part de mes compagnons, (n. e.)
(6) « Sire, dist Estonné, je vous diray f.0Kbs la correction de vous et de Dagon. (Perceforest, t. I, fol. 98.) (N. E.)
(7) M. d.' Wallly. § 122, édite : « Et uns serjanz se lait correr... » C'est la leçon du ms. de 4972. Les cinq autres , 2137,
•12204, 12203, 2i2I0 et 15100 portent couler. (N. E.)
(8) « Jehan du Tôt dist audit Fresquet par manière de corrigement. » (,].I. 100, p. 3CA, an. 1369.) (n. e.)
(9) Comme pour correction, le sens n'était pas affaibli au xiv» siècle ; « Il est temps que il soient pugni et corrigiel de
lors mesfais. » (Froiss., II, 83.) )n. e.)
co
291 -
CO
pCorrival, siibsl. masc. Rival d'un autre* (1).
Qui jouit en commun d'un ruisseau ^.
*l>ans le premier sens, Pasquier dit : « Entre
" plusieurs rivaux que nous appelions coJviiiaMj;. »
(Pas(i. Recli. p. CSi.)
^ Corrivul, en termes de ooulume, est celui qui
jouit d'un ruisseau en commun avec son voisin,
(jui conduit l'eau dans ses terres par un même
canal que son voisin.
Cori'oboraiion, subst. féni. Nouvelle preuve,
confirmation. (Gloss. des Arr. d'Amour.)
Corrodes, si(bs^ jnasc. Espèce d'oblats.
Corroi. [Intercalez Corroi, pour conroi, dans
Agolant (v. 70 'i) :
L'autre con-oi sunt à cent mil nombre.] (.N. E.)
Corroie. [Intercnlez Corroie, corvée (comparez
coroH'ée au Rec. de Tailliar, p. 83, xnr siècle) :
» Lidiz messires Gauchiers a acensi ans gens de
« ladite communauté une coustume, c'en dit les
« corroies, chascune corroie par douze deniers de
« cens. " (J.f. 59, p. 190, an. 1298.)] (n. e.)
Corronipable, adjectif. Qui peut corrompre.
Au llgiiré, capable de séduire. De là don corriDH-
pahie, emplové en ce sens dans les Ordonn. des d.
de Bret. fol. 19 i Ci).
VARIANTES :
CORROMP.\DLE. Gloss. de Marot. - Oad. Dict.
CORRUMPABLE. Chron. s. Den. t. II, fol. .55.
CoRRHMP.iuLES. S. Bcm. Scrm. fr. MSS. p. 89, répond au
latin corriiplibiles.
Corrompeniant, subst. masc. Corruption (3).
vAF.iA.NTEs :
CORROMPEiI.\NT. Dict. de Nicot.
GoRROMPEMENT. Oudin, Dict.
Corrompeur, subst. masc. Corrupteur. iDicl.
de Rob. Est. etd'Oudin.)
Corrompeuse, subst. fém. Corruptrice. (Dict.
d,'Oudin et de Cotgrave.)
VARIANTES :
CORROMPEUSE, Corromperesse. Oudin, Dict.
Corrompre, îi«"?/c. Changer, déroger*. Trans-
gresser °. Empêcher , s'opposer ^. Vaincre ,
surmonter °.
* Ce mot subsiste sous cette orthographe. Sa
signification propre est ctianger la nature d'une
chose. De là corrompre une ordonnance s'est dit,
au figuré, pour la changer, y déroger. « Nostre
« ent'encion n'est pas que par cesle ordenance,
« l'ordennance que nous avonsdaiTerement(derniè-
" rement) faicle sur les dons que nous pourrions
» faire ou. temps avenir, soit en riens corrompue. »
(Ord. t. m, p. 177.)
° Déroger à une ordonnance , c'est la trans-
gresser en quelque sorte. Delà corrompre a signifié
transgresser en général. « Corrompirent \e premier
c< commandement de la loy. » (Modus et Racio, ms.
folio 238.)
'^Corrompre, dans le sens d'empêcher, s'opposer,
paroit êlre le même que rompre, employé figuré-
ment. F^a première syllabe seroit augmentalive.
« Affin qu'il ,'f)rrom/j/s/ le con.seil que Architopeldon-
« neioit à Absalon, etc. » (Tri. des IX Preux, p. 64.)
° En étendant cette dernière signification, ce mot
s'est dit pour vaincre, surmonter. Il paroit que c'est
le sens de ce mot dans ce passage : « Arrivant à la
" Novalaise, on luy fit entendre que la tourmente
" estoit sur la montagne. Ce nonobstant on ne luy
« aceut dissuader de passer ce jour là , pensant
« corrompre le temps, contre l'opinion de ceux qui
« cognoissent les tourmentes (lempestcs, orages),
a de la montagne, comme font les mariniers celles
« de la mer. » (Mém. Du Bellay, livre IX, l'olio29t>.)
VARIANTES :
CORROMPRE. Orth. subsistante.
Corrumpre. Gace de la Bigne, des Déduits, MS. f" 87 R».
Corromption, subst. fém. Corruption.
VARIANTES :
CORROMPTION. Borel et Corneille, Dict.
CoRRic.iûN. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. I, f« 73, V» col. 1.
Corrompu , adj. et partie. Expérimenté *.
Défloré ".
* Corrompu, pris en bonne part, est l'augmentatif
de rompu. Nous disons encore rompu dans les
alfaires, en ce sens. « Fin, délié, rinquant, rompu
• et corrompu, autant pour son scavoir que pour
« sa pratii|ue. » (Brantôme, Capitaines français,
t. Il, folio 296.)
^ On a dit corrompue pour déflorée. « S'il adve-
•• noit que aucun print par mariage veufve, et il
« fust trouvé que icelle fust encore pucelle, et ne
>■ fust point co/TO?H/«/é^ ('), etc. » (Bouteiller, Som.
Rur. p. 720.)
Corror, verbe. Borel a lu mal corror, au lieu
de correr, dans Villehardouin. (Voyez son Dictionn.
celui de Corneille, et le mot Coi!I\e:i ci-dessus.)
Corrosé, adj. Rongé, du latin corrosus. On a
dit figurémenl : Isle corrosée. (Epithètes de M. de
La Porte.)
Corrosiveté,S!ràs/. fém Corrosion. (Dictionn.
de Cotgrave (5).)
Corrot. [Intercalez Corrot , comme Corot,
courroux:
Oue trestot aveglez estoit
De lasseté et de corrot.
Renard, v. 22310.] (N. E.)
(1) D'après le supplément au Dict. de l'Académie, Montaigne serait l'inventeur de ce mot. (n. e.)
(2) 0 Par nature estrS corruDipables. » (,La Rose, v. 4424.) On lit aussi dans E. Deschamps (Poés., mss., fol. 145) : « Le
corps nepuet aumonde demourer, Qu'à certain temps ne le faille pourer ; Corronipable est ; si le faut retourner, Corrupcion
et cendre devenir. » (n. e.)
(3) « Icelle Perrote doublant le deshonneur, vitupère et corrtimpement de la virginité de son corps. » (,IJ. 127, p. 91 bis,
an. 1385:) (N. e.)
(4) Voyez au reg. J.I. 183, p. 127, an. 1456, l'expression corrompre nature. Voyez aussi la note sous corrompemenl. (n. e.)
(5) 'I Et là ou corrosivelé aucune se trouvera en ma tractation non agréable à chascun, que icelle vuellent plus imputer à
la nature du temps qu'à la perverse et oblique intencion de l'aucteur. » (G. Ctiastell., Expos, sur vérité mal prise. » (n. e.)
co
292 —
CO
Corroiiceusement, rt(/i>. Furieusement, avec
fureur.
Ce sont as autres alïrontez
Ausi com corroKcciiseineiil.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. ~3.
Coi'poz. [Intercalez Coiroz-, corrompu, du latin
corruptUR : » Icellui suppliant a congneu que sesdiz
■< tesmoings il avoit induis et corro::> et leur avoit
" promis de donner le vin, mais qu'ilz déposassent
X à son enlention. » (J.I. 141, p. 226, an. 1391.)] (n.e.)
Corrude, subst. fém. Asperge sauvage. (Dict.
U'Oudin.)
Comiyation, subst. fém. L'action de se rider,
de froncer le sourcil. " Si mouvement propre est
« indice certain decliose animée, à bon droict Platon
« le nomme animal, recognoissant en luy mouve-
" mens propres de corrugutloru de indignation. »
(Rabelais, t. III, p. 177.)
Corrugier, verbe. Froncer le sourcil, gronder,
faire mauvaise mine, du latin corrugare.
.... Cil a moult autre vie
Qui jalousie queurt sus (poursuit).
Qui désire ce que nulz
N'ait o luy part et le veult corrvfiier (I),
Plus a d'amours en luy, à droit jugier.
Pots. MSS. Val. n- lôiS, fol. Ifil, R- col. 2.
Corruniptible, adj. Corruptible.
.... Toute chair est corrumplihle.
Gace de la Digne, Des Déduits, .MS. fol. 88, V'.
CoiTuiigier, yc?'6(3. Ronger. En \aUncorrodere,
suivant le Gloss. de Labbe, p. 496.
Cori'up , adj. Corrompu , gâté (2). On a dit, au
figuré :
Ceuls qui conquirent le plus
Sarrazin, Juif et Crestien
Ils sont mis en pouldre, corrups,
Soufflez ; nostre vie n'est rien.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 144.
On disoit corrupte au féminin. Corupte avarice.
(Histoire de la Toison d'or, vol. II, f° 63.) Corrnps et
corriipz, au pluriel, se disoient des édifices ruinés,
dégradés. (Voy Poës. mss. d'Eust. Descb. folio 324. n
GoiTuptele, subst. fém. Corruption *. Abus ^.
* Le premier sens est celui que donnent Monet,
Oudin, Cotgrave.
^ Ce mot est pris au second sens, dans le passage
suivant : « Lesquelles coustumes et privilèges, si
" aucuns en avoient, avons aboly et abolissons
« comme corruptele. » (Coût, de Haynaut, Nouveau
Coût. Gén. t. II, p. 60.)
VARIA.NTES :
CORRUPTELE. Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 60.
CORRUPTELLE. Oudin, Dict.
Corrupter. [Intercalez Corrupter, violer, au
reg. JJ. 105, p. 581, an. 1374.] (n. e.)
Corruptible, adj. qui corrompt. Ce mot ne se
dit aujourd'hui que dans une signilication passive :
" Fit serment au roy de non prendre dons corrup-
« tibles, iiy robbes ny pensions d'aucun seigneur
« ou dame. •> (Miraum. Cours Souver. p. 70. — Voy.
CORRUMPAULE Ci-dCSSUS.)
Corruption, subst. fém. Fracture, rupture *.
Prévarication °.
* Au premier sens : « Une lampe de voirre qui
■< devant la tombe ardoit, cheil d'avanture sur le
» pavement .sans nulle corruption. » (Chroniques,
S. Denis, t. I, f" 36.)
^ Dans la seconde acception ; « Ne faczent (fassent),
« ne commettent fraude, ne corruption. » (Ord. des
ducs de Biet. 1° 206.) De là, on disoit crime de
corruption, et on en donnoit pour exemple: « Si
« comme quand aucun officier de justice, sous
« ombre de son office, par corruption ou autre-
« ment, juge autre à mort sans cause, et laisse
« celuy qui a deservy (mérité) mort. >• (Bouteillier,
Som. Rur. p. 173.) (3)
Corruptueux, subst. masc. Corrupteurs. " Cor-
" ruptueux plustot que coi'ruteiws. » 'Essais de
Montaigne, t. Ill, p. 599.)
Corruscation, subst. fém. Eclair.
Gresles, esclairs, bruitz, inimdations
Fiers boufïemens (vents), et coniscations.
Crétin, p. 233.
VARIANTES :
CORRUSCA.TION. Chron. fr. MS. de Nangis, an 1334.
CORUSCATiON. Crétin, p. 223 ; Molinet, p. 135.
Corriision, subst. fém. Ce mot, expliqué par
corruption, en marge du passage suivant, semble
plutôt une altération de l'orthographe corrosion. On
lit : « L'original des dites lettres sain et entier sans
» aucune corrusion. » (Ord. t. V, p. 515, an. 1372.)
Corrusquer, verbe. Briller, éclater, du latin
coruscare.
Le feu cornisque en l'aer, la fumée obumbroye.
J. Marot, p. 142.
Cors, subst. masc. Corps *. Corne ^. Coin •=.
Cornet, trompette". Cours ^. Course ''. Cour de
justice °. Cuir". Nous avons déjà donné quelque
chose des significations du mot Cors à l'article
Corps qu'on peut voir. Car on a confondu les signi-
fications de ces deux mots comme leurs orthogra-
plies. Voyez ce que nous avons remarqué à ce sujet.
* C'est par une suite de cette confusion que l'on
a dit cors pour corps, du latin corpus. (Voyez Du
Cange, au mot Corpus.)
M'ame et mon cors doins (je donne) à celi
Dont ma chançons moet (procède) et commence.
Roulin de Corbie, Poës. MSS. av 1300. t. 111, p. 1240.
^On a employé cors (4) comme dérivé du latin
(1) Lisez pliitct courugier, corriger comme au reg. JJ. 71, p. 387, an. 1340: « Se clerc meffait où il soit enregistré en la
halle à telle amende, dont un homme lay seroit courrugié. » (N. E.)
(2) Voyez Corroz. (N. E.)
(3) On lit encore dans une lettre de rémission du xiv» siècle (Bibl. de l'Ec. des Ch., 4= série, t. II, p. 59) : « Avec ce fut
faitte la ditte délivrance par le dit Jehan pour coi-mplion de deniers qu'il en ot. » (n. e.)
(4) On lit dans E Deschampis (ms., fol. 16) : « Trente deux ans ara le cerf volant Des grans forests de Gaule et de
Bourbon, Au chief léger et au corps remuant ; .\ huit cors jà fera craindre son nom. Et à vint cors sera de tel renom , Qu'il
destruira, ce dit la lettre escripte, L'isle aux geans et l'asne, veuille ou non ; Tele est de lui la prophecie dite. » (n. e.)
co
— 293 -
CO
cornu, et on lui a fait signifier corne. Baïf, en par-
lant de Jupiter changé en taureau, dit :
De son front les deux cors étinceloyent.
Œuv. ileBaif, fol. 252 R».
"^ C'est encore comme dérivé de cornu qu'il a
signifié coin, comme nous l'avons déjà dit an mot
Corps.
.... Mesire Mahius de Trie
De soufler onkes ne détrie (jamais ne cesse)
Il puet en sans aviron
Cerkier en tour et environ
Et entr.'S tous les quatre cors,
Jà ne sera moilliés ses cors.
F'ois. MSS. avant 1300. l. IV, p. 133fi.
° Cors, pour cornet, trompette, est une acception
qui suit de la même étymologie, cornu, corn, cor,
cors. On disoit doue cors sarrasinois, pour cornet
ou trompette à l'usage des Sarrasins, instrument de
guerre. « Les menestriers se misrent tous devans
« sonuans trompes, clairons, et cors sarrasinois (1),
» cimballes, et labours. « (Perceforest, volume 1,
folio 105.)
Plourez harpes et cors sarasinois
La mort Machaut le noble rethorique.
Eust. Desch. Pofs. MSS. fol. 28, col. :).
(Voyez Du Gange, au mot Calamella.)
^ Cors s'est écrit pour cours !2). La prononciation
varioit selon ((ue Vo étoit prononcé d'un son plus
, ou moins obscur, et les copistes varioient selon la
prononciation. Ainsi l'on écrivoit cors comme l'on
prononçoit cors pour cours. Le peuple de Paris dit
norice pour nourrice. On trouve dans les '> -donn.
t. I, p. 772 et suivantes : « Les monnoyes à qui nous
« donnons cors. »
''Cors se disoit de même, au lieu de cours, du
latin cursus, course. Tout le cors, pour a toute
course, tout courant. On a dit, en parlant de
l'arrière-gardede l'armée de Charlemagne accablée
par la multitude des Sarrasins :
Ha 1 Diex qu'or ne s' pooit oïr
Li rois ! pour aus à resgoïr
Y fat revenus tout le cors
Si leur euist fait gent secors.
Ph. Mouskcs. MS. p. 18Î.
° Pris dans le sens de cour de justice, ce mot vient
du latin curia.
Quant ele ot fait çou que le quist (demandoit)
Et ot oï que li cors dit,
Congié demande et prent del roi.
Fabl. MSS. du R. n- TJ89, fol. i:9, V' col. 1.
" Cors s'est aussi formé de coriuin, mot latin qui
signifie cuir ; et on a dit cors pour cuir. •> Un psau-
u tier dont les aiz sont à yinagez, couvert de cors,
« et garni d'argent. » (Invent, des liv. de Charl. V,
MS. article 894.)
On disoit cors d'acier, et en ce sens cors renlroit
dans sa première signification, celle du latin corpus.
Nous parlons des cors d'acier dans l'article Corps.
Nous ne pouvons démêler la signification de ce
mot dans le passage suivant:
Leaus refuis (loyal refuge), sequre cors.
Noble recet (retraite"», gentil secors.
FabL MSS. du R. n" 7âl8, fol. 142. R- col. I.
VARIANTES :
CORS.
KORS. Carpentier, Hist. de Cainbray, p. 18, tit. de 1133.
Corsablement, adv. Couramment, ordinaire-
ment. (Glossaire sur les Coût, de Beauvoisis ; voyez
Ass. de Jérus. p. 164.) (3)
Corsage, subst. masc. La taille *. Servitude ^ \4).
* Ménage dit sur ce mot pris dans le premier
sens : » Ce mot est vieux, mais il est beau, et je ne
« scay pourquoy on ne s'en sert plus. Voiture a dit
« dans un de ses rondeaux, rien n'est si droit que
« son corsage (5), mais ses rondeaux sont écrits en
>• vieux slile. » (Ménage, sur Malh. p. 423.)
"Corsage .s'est aussi employé pour servitude, du
mot Corps ci-dessus, personne servile. « Ne sur
« iceulx exiger aucun droit, ou devoir, à cause de
« la personne, et du corsaige d'iceulx manans et
« habltans. ■■ (La Tliaum. Gout.de Berry, p. 313.)
De là, on a dit gens de corps ou do corsage, pour
gens de servile condition et de main-morte. » Sont
« les hommes ou femmes de servile condition et
» main-morlables envers leur seigneur, qu'en
« aucuns lieux l'on appelle gens de corsage. »
(Coût, de Berry, citée par Laur. Gloss. du Dr. fr.)
V.\R1ANTES :
CORS.^GE. Laur. Gloss. du Dr. fr.
CoRS.\iGE. Farce de Path. p. 12.
Corsaire, subst. musc. Cheval *. Pirate °. Ce
mot, dans les deux significations, vient de course
que l'on écrivoit aussi corse.
*« Coursier ou corsaire est un cheval de lance
« sur lequel on court la lance. » (J. Charlier, Hist.
de Charles VII, page 256.) A la marge, on lit ; « Au
« baron appartient l'espave du faucon, et du des-
.< trier; et est entendu destrier un grand cheval de
« guerre apjiellé coursier, ou cheval de service. »
(Goût, du Maine au Coût. Gén. t. II, p. 123.) Au lieu
de clieval de service, ou Ml cheval de lance, dans la
même disposition. (Coût. d'Anjou, ibid. page 65.)
Coursier s'est dit aussi pour cheval de chasse.
(Percef. vol. II, fol. 9. — Du Gange, Gloss. lat. aux
mots Corsarius, Cursor et Equi curatoricii.)
On nommoit quelquefois coursier du royaume,
un cheval napolitain. (Rab. 1. 1, p. 204. j En Italie le
(1) « La noise que il menoient de lour nacaires et de lour cors sarrazinois, estoit espouentable à escouter. » (Joinville,
S148.)(N. E.)
(2) Voyez Raynouard, t. 11, p. 489, col. 2. (n. e.)
(3) « Car il est bien seure chose convenablement ou corsablement et plusiors fois est avenu. » (Ch. CCX.KXVL) Un peu
plus bas on lit coursablement. (n. e.)
\i) Dans les Rois (59) il est synonyme de corps : « Respundi nostre sire : N'esguarder pas à sa cliiére ne à sun corsu^,;. >i
Il en est de même dans la Consolation de Boèce (Du Cange, I, 406, col. 3) : « Arpes sont oysiaus de corsage, Et sont pucelles
de visage. » (n. e.)
(5) « Le quens de Flandres lereconit premier Au grant corsage et au vis qu'il ont cler. » (.Vubri, p. 160, col. 2.) Yoye?.
Cor sus. (N. E.)
co
294 —
CO
roiiaume regno désigne le royaume de Xaples. 'Le
Huchat, sur Rab. au lieu cité.)
^>ous disons encore corsaire pour pirate (1). Il
semble que co mol soit employé comme adjectif
par .1. Maiol, dans ce vers :
Escumeurs coursairrs.
i. Macol, page 59.
Ou disoit proverbialement : « De corsaire à ror-
« saire il n'y a rien à aagner que les barils des
« forçats. -"(le proverbe se trouve dans Hrantome
(Cap.fr. t. Il, p. '>r>)("2), où il iiarle de Barberoussect
d'André Doria, qui se ménageoientqnebiuel'ois Tun
l'autre, et sert i^i exprimer le motif de ces ménage-
ments réciproques. C'est le même proverlte répété
dans le Dict. de Cotgrave, avec quelque différence
dans les termes : » De corsaire à corsaire n'y prend
" ou que barriques rompues. »
VARI.VNTF.S :
CORSAIRE. Orth. subsistante.
CoURS-\iRE. 3. .Marot, p. .59.
CouRCiER. Gace de la 13igne. des Déd. MS. fol. I.ï4.
douR^iER. Orth. subsistante.
Corsai, subst. masc. Corsaire. « Prégian corsai
•■ de mer esl cnmi)arut avec plusieurs galées en
■■ allant devers .lennes (Gènes.) » (Leit. de Louis
XII, t. III, p. 285.)
Corset, subst. masc. Sorte d'habillement. Ce
mol subsiste encore pour signifier un petit corps
de toile piquée sans baleine a l'usage des femmes.
C'étoit autrefois une espèce de déshabillé. « Madame
<' Monsire est venu, doncques saillit sus (arriva) la
« royne, si comme elle feust etîrée, et vesli un
■• corset (3). " (Modus et Racio, ms. fol. 278. — Voyez
OoRf.ELET ci-dessus.)
v.\ni.\NTEs :
CORSET. Orth. subsistante.
C0RSI.A.US. plut: Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, fol. 144.
Corset, adj. Petit, mignon. Peut-être le diminu-
tif de cors, court. (Voyez Court ci-après.)
Le mcscine au cors cofset (jeune fiQe)
Qui .nvoit le poil blondet.
Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. 18, P." col. -2.
Corsetiere. [Intercalez Corsetiere, peut-être
bourse ou ceinlure se rattachant au corset: « Comme
'. Guillaumes Noël marchant changeur eust receu
« une corsetiere de toile, en laquelle il avoit en
<■ inonnoie blanche. » (.1.1. OO, p. lil, an. 1308.)] (n, e.)
Corsieres, snljsl. féin. ptur. Terme de fortifi-
cation. Galeries couvertes," le long des murs d'une
place, pour aller d'une tour à l'autre, à peu près
comme ce qu'on nomme le chemin des rondes. (Du
Gange, au mot Corseria (4).)
Corsif. [Intercalez Corsif, de course, dans
Garin (1, 159) :
Et fut reines entre les Sarrasins
Devant Bordellp, en un challant corsif.] (n. e.)
Corson. [Intercalez Corson, cours de ventre:
" A\\ village de .Maignelz le mal de continue et de
" corson avoit esté et estoit. » (J.l. 191, p. 128,
an. Liôr..) Au reg. .M. 209, p. 22:5, an. 1 'i82, on lit
coiirsson.] (n. e.)
Corser, ailj. Coulant. On a dit /«;i corsor pour
nœud coulant (5). De là, l'expression iigiivée prendre
au la% corsor, pouT- duper.
Ne l'acompaigne <à tricheor (trompeur)
Qu'il ne te prangne au la: corsor (Ci).
Fabl. .MSS. de S. G. fol. 3. R" col. 3.
Corssin. [Intercfflez Corssin, Corsiii banquier,
et voyez G.iorcin.] (n. e.)
Corsu, adj. Qui a du corps. Gros, gras. (Dict. de
Colgrave.) On disoit « choses grosses corsues et
» matériels. » (Brilt. Loix d'Angi. fol. 142.)
NembroUi granl fut seigneur prémerain
Grant et rorsii (^7), de toute fierté plain.
Eusl. Desch. Poos. MSS. fol. 250, col. 1.
Cort, adj. Court. Tenir cort est peut-être em-
ployé dans le sens où nous disons tenir court, atta-
cher, asservir, dans ce vers :
Xe dont si cor me puist tenir.
Monios, Poi-s. MSS. av. 1300. t. III, p. 1050.
-^ Cort (se), 3° pers. de l'ind. prés. S'accourcit.
C'est le sens propre. De là, pour se prive, se retran-
che. Se priver de quelque chose, c'est pour ainsi
dire accourcir, resserrer ses désirs.
Certain, suhst. masc. Il semble que ce mot ait
été le nom de l'épée d'Ogiers-le-Danois et de plu-
sieurs autres chevaliers ou héros. Ph. Mouskes, en
parlant de la bataille de Roncevaux. dit :
Si n'orcnt lance, ne espée.
Qui ne fust froisiùe u copée
Fors que Durendal, et Corlaiii
Dont Ogiers se combat à plain ;
Sor batailles brise et destire.
Ph. Mouskes. MS. p. 193 et 19i.
Courlain, l'espée Ogier.
Clmsse et départie d'Amours, p. 242, col. 2.
On appeloit courtein et cnrtein l'épée de
S. Edouard que l'on pnrtoit au sacre des rois d'An-
(1> On lit déjà dans une lettre d'aliolilion de Louis XI (Bibl. de l'Ec. des Chartes, 2» série, t. III, p. Ci): « Certaines
gallées cotirsnires du roy d'.\rragon noslre ennemy et adversaire estoient presque toujours sur la mer illec environ. » (N. E.)
(2) « Mesmes se soubçonna on qu'il avoit quelque sourde intelligence avec Barberousse , comme corsaire à
corsaire. » (n. e.)
(3) C'est une cotte, une robe de dessous. (Voyez Quicherat, Costume, fig. de la p. 335.) Cet habit était aussi à l'usage des
hommes et moins ample que la cotte : « Et lor m'envoia querre li roys pour mangier avec li ; et je y alai à tout le corcel
que l'on m'avoit fait en la prison des rongneures de mon couverteoure. » (.loinv., § 409.) (N. E.")
(4) « .luxta rualam vocatam /es cori-icres de la ville (p. de 1404>.» On appelait coiirsicre, dans la marine à rames, un passage
de la proue à la poupe, entre les bancs des galériens. Aujourd'hui, c'est un couloir entre les soutes ou la machine et la
muraille du navire. (>:. E.)
(5) « Des cordes fil un la: corsor ; A son col le mist tôt entor. » (Chr. des ducs de Norm., v. 21505.) (N. E.)
(()) « .Amors. Pris m'avois à lais corsour. » (Jocelin de Bruges. Wackern, p. 79. (n. e.)
(7) « Ung grant vilain entr'eus eslurent. Le plus ossu de quant qu'ils furent. Le plus corsu et le greignor : Si le fireïit
prince et seignor. » (.lean de Meung, la Rose.) Voyez aussi Partonopex, v. 7627, v. 7763. (N. E.)
co
— 295 -
CO
gleterre(l). (Du Gange, au mol Curtana.) On lit'Jbid.)
cortu el courthi dans des vers qui y sont cités (2).
VARIANTES :
CORTAIN. Ph. Mouskes, MS. p. 194.
CouRTAiN. Chasse et Dép. d'am. p. '242, col. 2.
CouRTiN. Du Cange, au mol Curlana.
CURTEIN, Cl'Rteen, Corto. Id. Ibid.
Corte-Iaingue. [Intercalez Corte - lalngue .
Languedoc, dans Joinville, § 578: « Il vint à
<• mousignoui' Olivier de Tarmes el à ces autres
■> chieveteins de la corte laingue. "] (n. e.)
Cortietis, adjectif. Courtois. Mes cortieits étoit
une expression de tendresse ou d'amitié. Un de nos
anciens poêles, parlant à la mort qui lui avoit
enlevé un de ses amis, dit :
Mors toUi m'as, et m'enble, et me veche.
Et mes roi-ticus, tes les mes as ravis
J. Erars, Poos. MSS. av. 1300, t. HI, [i. 1093.
Cortil, subst. ma&c. Jardin. Le P. Labbe traduit
courtil par ortvs, p. 517; il est évident qu'il faut
lire IturlHS, jardin. Celle faute est répétée dans la
Règle de S. Ben. lat. fr. où l'on trouve courtier qui
répond au mot latin ortus.
En son coflil avoit des chox (choux)
Et en son bergil (bergerie) des brebis.
Fabl. iflSS. do S. G. fol. 51, F.' col. 3.
On lit dans la description de Jérusalem :
D'autre part si est 11 cortius (3).
Ph. i\Iousk(>s, MS. p. 27S.
De l'un d'iceul.x au bout d'un jardinaige,
Par les courtie\(x fu .\iilioche prise.
Eusl. Dcsch. PuL-s. MSS. fo!. U5. col ;.
Il y a nn vieux axiome de droit qui dit que
« cil est assez présent qui esi es courtils. Coût.
Som. rur. p. 790.) Un cas où il a lieu, c'est lorsque
des règ'lemens passés de l'avis des deux tiers d'une
ville assemblée sont contestés par l'auti'e tiers, et
qu'il refuse de s'y soumettre, soas prétexte d'igno-
rance ou parce qu'il n'y a pas consenti. Cette
excuse n'est point admise (4).
vAniANTEs :
C01\TIL. F.ibl. MSS. de S. G. fol. 51, R" col. 3.
Courtil. Rabelais, t. III, p. 93.
CuuTiL. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 84, col. 3.
C.ORTis. CeUh. de L. Tripp.
CouRTiLZ. Hist. de B. du Guescl. par Mén. p. 412.
CORTIEX. Poës. MSS. Vatican, n" 1522, fol. 158.
CouRTiEX. Du Gange, au mot Ciirlicii!ai-ius.
CouRTiEUx. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 145, col. 2.
CoupTiEus. Pocs. MSS. Vatican, n» 1490, fol. 150, V».
CoRTius. Ph. Mouskes, MS. p. 278.
CuRTis. Perard, Hist. de Bourg, p. 480.
Cortillage, nubst. masc. Jardin*. Fruits d'un
jardin^.
*La première acception est la plus ordinaire.
« Item que nuls nefacent en aoust, neaulretemps.
« autruy dommage eu ses abaus (labourages), en
« ses courtilliiges, etc. ■> (Coût, de Mous, Coût.
Gén. t. I, p. 831.) » Les autres dient qu'il s'entend
.c de riiostel avec le pourpris qui est le courlilluge,
« el bnstimeut servant audit bostel. >• (Pi'oc. verb.
de la Coût, de Bourbonnois, Nouv. Coût. Gén. t. IIF,
page 1313.1
Si n'yray plus seulette au ioiirtiïlarje:
Par les cottrlieux fu Antioche prise.
Pocs. WbS. d'Eusl. Desch. fol. 145, col. 2.
^ Coiirti linge (T}) est mis pour les fruits mêmes du
jardin, comme légumes, dans le passage suivant :
Foin, avoine, sel, courlUInge;
Porrée, lart, oingnons, porreaulx.
Chambres, tapis, carreaulx d'ouvraige.
Eust. Desch. Poôs. MSS. fol. 412, col. 3.
Ciirtiltaiges semble pris pour légumes dans ce
passage : « Cils qui fera doinaige de la closon de la
« vile, et de la cloison descurtiz et des curtillcdges,
« et des fruilz eldes ai'brcs, se il le l'ait à esciant,
« il doit amender le domaigc à sa loi, ([ui monte
« trois sols s'd est jors, se il est nuiz soixante cinq
« sols. . (Perard, Hist. de Bourg, p. 413, titre de
1229.) On lit an même titre, sous Jurain. Histoire
du C" d'Ausso!ine, p. 2i, courtilaiges (6).
VARIA.NTES :
CORTILLAGE. Ord. t. II, p. 308.
CouRTiLLAGE. G. Guiart, MS. fol. 256, V".
CouRTiLAOE. Du Cange, au mot Cortilmjium.
CoURTiL.\iGE. Du Cange, au mot Credenlia.
CURTILAIGE. Perard, Hist. de Bourg, p. 412.
Cortiiie, subst. fém. Courtine*. Oracle^ (7).
*Dans le |)remier sens, c'est un terme defortili-
calion, la partiedu rempart qui s'étend d'un bastion
à un autre. (Xicot, Dicl.) Ce mot est fort ancien (8).
Les Giecs disoient eu ce sens KoQxiua; ils l'avoient
emprunté des Latins. On le trouve dans l'Alexiade
d'Anne Comnène, liv. XL (Voyez le Glossaire du
P. Poussines sur ï'Alexiade.)
^ Cortine, pour oracle, est le mot latin cortlna
emplové dans ce sens par '^'irgiie et Horace. Virgile
dit au' VI' livre de l'Enéide, v. 347, nec te Phœbi
cortina fefeliit. Servius et les autres commentateurs
(1) Gladium qui vocatur ckrtens portavit cornes Lancastriœ. » (Rymer, III, p. 63. an. 1308.) (n. e.)
(2) Voici ces vers, extraits du Triomphe de Henri IV (éd. Henschel, II, 722, col. 1) : « Ces lames de Damas , ces coutelas
chantez. Ce branc que nos guerriers portoient à Ipurs cosîez. Sous des titres pompeux bruient dedans l'histoire; Mais
.Toyeuse, Corto, Flamberge, Dordonnois, Rompié, Durandal et Courlii) le Danois, Cèdent à son taillant et bien plus à sa
gloire. ); (N. E.)
(3) Au Livre des Métiern (247) on a coitrtiuz : « Nus chapeliers de fleurs ne doit ne ne puet cueillir ne fere cueillir au jour
de diemenche en ses courtiuz nules herbes, nules fleurs à chapiaus fere. » (N. E.)
(4) On lit encore dans Basselin (Vau de Vire, 17) : c Toutes fois moy el mon jardin. Nous dilTerons en une chose : Je me
vueil abreuvi-r de vin, Et d'eau nostre courlU s'arroze. » (N. E.)
(5) « Courtilloge, c'est à savoir toute manière de porées , pois noviauz , fèves novelles en cosse vert. » (Livre des
Métiers, 276.) (N. E.)
(6) Il signifie jardin, comme dans G. Guiart (an. 129S) : « Et s'espendirent fols et sages çà et là par les courliUages. » Ce
sont les terres où les chevaux ne peuvent labourer « terres à guesdes et corliUages. » (Ord., II, 368, an. 1350.) (N. E.)
(7) Cortine, comme corliiia, dans Isidore de Séville, Signifie tapisserie : « .\menoient une cliarete Qui enclose ert d'un(>
corline. » (Ren., v. 9977.) « Trai en sus ung poi la cortine. Qui les reliques encortine. » (La Rose, v. 21805.) (.N. E.)
(8) Il n'a eu ce sens qu'au xvi" siècle : « La seconde chose que l'expérience fait approuver à beaucoup de gens, c'est d^
destac'her les bastions des courtines, mesmes de les porter outre le fossé. » (Lanoue, 337.) (n. e.)
co
— 296 -
CO
entendent par ce mot cortinn le trépied sur lequel
on rendoil les oracles; d'où le mot cortina a été
employé pour l'oracle même. C'est en ce sens
qu'on a dit :
C'est lui qui de fureur m'échautTe la poitrine
Qui est mon seul laurier, mon oracle et cnrlinc.
Poes». (t'Ariiad. .laiiiin, fol. 13, R".
(Voyez Courtine ci-après.)
Cortiner. [Intercalez Cortiner, orner de ta-
pisseries: o Coustume est, quand l'an doit faire la
X teste de la dcdication d'une iglise, que l'an
» cortine et l'an aorne. » (Ms. de S' Victor, xiv
siècle, bu Gange, 111, 803, col. 1.)] (n. e.)
Cortoie, subsl. féin. Courtoisie. (Voyez le
suivant.)
.... Autre chose a soz la corlnie,
Si con je cuit (comme je crois)
N'est pas tôt or quanque (tout ce qui) reluit.
Fabl. MSS. du R. n- WU,, t. I, fol. "(1, R- col. 1.
doi'toier. [Intercalez Cortoier, venir i^i la cour,
courtiser :
Puis t'envoiai à Paris corinier
A quatre cens, sans point de mensongier.
Raoul de Cambrai, 45.
Et li dites
Qu'il vaingne aprendre à cortoier
Sans achaison querre ne Ejile.
' Renart, v. 181140.] fN. f..)
Cortoisien. [Intercalez Cortoisicn, terme in-
jurieux, d'après le reg. J.J. '204, p. 110, an. \\'\:
<■ Le suppliant chaussetier, demeurant à Grenoble,
t dist i^i icellni Robert; Tu m'as appelle cortoisien;
« pour laquelle injure... »] (n. e.)
Corvage , Corvaige. [Intercalez ces deux
foimes , au sens de droit d'exiger une corvée:
<■ ttem leseiitTensfeu Aveline,... etsonlliditenffens
• à corvagc et de mainmorte. » (Ghart. de Jaucourt,
an. 1392, fol. 33, v°.) <• Item a le sire lu moitié de
<■ com'vages; et appelle l'en courvages que cil qui
■ a beste traiant doit pour chacune beste traiant
< .1111. sols et cil qui point n'en a ne doit que .ii.
. sols. » (Du Gange, II. 630, col. 2.)] (n. e.)
Corvals, siihst. inasc. plur. Espèce de troupes.
C'est le nom que les Vénitiens donnoienl à leur
cavalerie légère. Brantôme, parlant des Albanois qui
avoient introduit l'usage de la cavalerie légère et
leur manière de faire la guerre , dit que » les
« Vénitiens appelloieiil les leurs estradiotz , qui
« nous donnèrent de la fatigue à Fornoue : ils les
" ai)pelloient aussi corvals. » (Capitaines français,
t. 1, p. 116.)
Corvayeur, subst. niasc. Qui doit la corvée, qui
est sujet aux corvées. >■ S'ensuit les bianneurs
» èi corvayeum qui me doivent le bian à plesser,
' ;palissader, faire des palisses) et bayer mes bayes
« en garenne. » (Charte de 1473. citée par Du Gange,
Gloss. lat. au mot l'Icisseicium.)
Corvéable', adj. .Sujet à la corvée *. De
corvée ^.
* On trouve, au premiei' sens : ("i&wscorvé.ablesà
volonté (i), dans Laurière, Gloss. du Droit françois.
(Voyez (ioutumier Général, t. 1, p. 879 ; et le Dict.
de Gotgrave.)
° Au second sens, on disoit redevance corvéable ,
pour redevance de corvée. (Contes de Cholières,
folio 263. )
VARIANTES :
CORVEABLE. Dict. de Gotgrave.
COURVEABLE. Cout. Géii. t. I, p. 846.
Corvée, subst. fém. Redevance corporelle*.
Travaux extraordinaires ^.
* Nous disons encore corvée au premier sens.
Nicot écrit courvée (2), et conrouée se trouve dans la
Coutume de Hesdin. (Coutumier Général, tome II,
pasje 886. )
^ Ce mol s'est aussi appliqué aux travaux pénibles
et extraordinaires faits par des troupes (dans les
Mémoires de Bassompierre, t. II, p. 169) ; à une
marche forcée de soldats (dans les Mémoires de
Montluc, t. I, p. 683) ; et même ù une course préci-
pitée qu'avoit faite le roi de Navarre (dans les
Mémoires de Sully, t. II, p. 261.)
VARIANTES :
CORVÉE. Ortli. subsistante.
CounvÊE. Borel, 2" add. ; Nicot, Oudin, Dict.
Cour.ouÉE. Cout. Gén. t. II, p. 886.
Corvesier, subst. viasc. Savetier. (Voyez Du
Gange, Gloss. lat. au mot Corvesarii.)
VARIANTES :
CORVESIER. Du Gange, Gloss. lat. au mot Corveaarii.
COURVAISIER, GORVOISIER (3), COURVOLSIER.
Corvoiserie. [Intercalez Corvoiserie, métier
ûe corvesier : « Guillaume Mauguyn, povre varlet
<• servant du mestier de corvoiserie. » (,1J. 105,
p. 361, an. 1374.)] (is. e.)
Corybantier, verbe. Dormir les yeux ouverts.
(Dict. de Borel et de Corneille.) « Cas estrange, tra-
« vailloitrien ne faisant : rien ne faisoit, travaillant :
« eorybantioit, dormant : dormoit, corybantiant,
" les oeilz ouverts comme font les lièvres de
« Cbampaigne. » (Rabelais, t. IV, p. 138.) C'étoit la
signilication du mol grec xoçvHàt>zt(iv. ( Pline ,
liv. XI, cap. 37.)
Coryledon (Peut-être Cotylédon), subst. niasc.
Espèce'de plante. La même qn'acetabule, nombril
de Vénus. (Dict. de Cotgr.)
Cos, subst. masc.plur. Cols (4). (Dictionnaire de
Borel, l''«' add.)
(1) « Les tenanciers sont corvéables à miséricorde, mais les cours supcrieures ont accoustumé de les réduire à douze
par années, i (Loysel, Inst..coust., liv. VI, tit. 6.) (k. e.)
(2) Voyez Coroée, oii nous relevons la forme coroivée ; Du Gange, dans une charte de 1406, remarque croivée. » (II, 630,
col. 2.) (N. E.)
(3) « Les corvoisiers [sueurs de vieil] qui vendent soulers ou marchié , doivent chascun obole. » (Du Gange , II , 630 ,
col. 3.) (N. E.)
(4) Au \i\" siècle, cos est le pluriel de coup : « Incepit reus se defendere et ictus defensales , videlicet cos feudans et
critissiés... facere. » (JJ. 126, p. 179, an. 1385.) (N. E.)
co
— 297
CO
Coscosson. siihst. rnasc. Espèce de ragoûl.
Sorte de mets à l'usage des Maures. Le Duchat croit
que c'est le couscoussoii des Provençaux. (Voyez sa
note (g) sur Rab. t. 1, p. '239 el 240.)
VARIANTES :
COSCOSSON, Rabelais, t. I, p. 239.
COUSCOUSON.
CouBCOUssoN. Le Duchat, sur Rab. t. I, p. 238.
CoscOTON. Rabelais, t. III, p. 91.
Coscoter, iierbc. Former en grains, anondir,
du mot CnscoTON ci-dessus. « Ung beau chapelet de
« fines esmeraudes marcquées d'ambre gris cos-
.. coté. » (Rab. t. II, p. 198.)
Cose. [Intercalez la locution « pour cose que »,
(luoique : « Si yawe entra à grand randon dedens,
" ne pour cose que on ente'ndesist à l'espuisier,
« point nedemoroitqueelle[la nef] n'appesandesist
« toutdis. » (Froissart, V, 263.)] (s. e.)
Cosel, siihst. masc. Paysan. Peut-être le même
que CoTiER ci-après :
Quar donc est li termes pleniers,
Que porrois estre chevaliers,
Adonc, à primes, à henor.
Vos porrai eslire à seignor ;
Quar ne lor seroit bon ne bel
Que m'offrisse à prendre un cosel (1).
Parton. MS. cité par Du Gange, Gloss. lat. au mol Cosce:i.
Coser. [Intercalez Coser, blâmer, gronder:
Sa femme l'ot, moult fort le cose,
Car ele estoit moult saine cose.
Vie ras. de i. G. (Du Gange, H, 2ô7. col. 2.)] (N. E.)
Cosi-Cosi(2). Mot italien que nous avons adopté
et que nous écrivons comme on le prononce, couci-
cottci.
.... Escoutez donc, beau père,
Je pretens estre noble, et non pas Dieu mercy,
De ceux qui seulement le sont cosi-cusi.
Bertr. de Gigaral com. de Th. Corn. act. 4, se. i.
Cosiiiage, subst. masc. Cousinage, parenté *.
Excommunication ^.
* Dans le premier sens, qui est le sens propre, ce
mot désigne assemblage de cousins, de parens,
parenté. (Voyez Brilt. Loix d'Angleterre, chap. 29,
intitulé de cosinage, f° 220.) On trouve Brefe de
cosinage{\b\t\. fol. 181.) Driefde aijle [txyeuVj ou de
cosinage. (Tenur de Littl. fol. f)2.)Medledecosinaije
et plée de cosinage. (Britton, Loix d'Angleterre,
folio 181.)
° Comme les mariages au degré prohibé étoient
iecas le plus ordinaire des excommunications, ou a
employé pour excommunication le mo\.âe cosinage;
le nom de la cause a été transporté à l'effet. » Se
« purra le tenaunt eyder (aider) par excepcions
« encontre la personne de pleintyfe, si comme par
« excepcion de cosinage. Carcosinage est autaunt à
" dire com home est hors de comune pur lèpre de
1 aime (ame), si come mesel (lépreux) pur lèpre de
>> cors, et tauntost come ascun (quelqu'un) est de
" cosinage, il ne doit comrauner (communiquer
« avec) ove nul home, ne nul home ove luy, ne
>. ceux ne sounten nul plée responables (respon-
" sables\ si come sera dit eu le plée de droit. »
(Britt. Loix d'Angiet. folio 125.)
1. Cosme, subst. jém. Chevelure. Du latin coma.
(Borel et Corneille, Dicl.)
Et se la teste est derrier desnuée,
Et vous avez devant cheveleure,
La cosme doit derrier estre menée (tirée).
Eust. Desch. Toës. 11SS. fol. 226, col. 2.
2. Cosme, subst. masc Nom d'un saint. Il y avoit
un jeu qu'on nommait : Cosme, je viens t'adorer.
« Vouloit gager que c'estoit un ramoneur de chemi-
'< née du pays d'Auvergne, ou bien que c'étoitquel-
u qu'un qui avoit joué à S. Cosme je viens
« Vadorer (3). » (Bouchet, Serées, liv. III, p. 124. ^
Cossains, sub&t. masc. Noiu d'homme. On disoit
piaffe de Cossains, façon de parler à laquelle donna
lieu M. de Cossains, gentilhomme piémontois. «Il
'< commandoit de bonne façon car il avoit le geste
« bon, et la parole de mesme ; aussi di?oit-on piaffe
" de Cossains. 11 l'avoit de vray, mais c'estoit en
» tout qu'il estoit piaffeur et en gestes, et en faits,
" et en paroles. » (Mémoires de' Brantôme, t. IV,
page 584. )
Cossats, subst. masc. plur. Cosses (4). Gousses
qui enveloppent les pois, les fèves et autres légumes.
(Dict. dOudin el de Cotgrave.)
Çosse, subst. fém. Balle (5). Ce mot subsiste en-
core pour la gousse qui seit d'enveloppe à plusieurs
légumes ; mais il ne signifie plus la gousse ou
capsule qui enveloppe le blé lorsqu'il est en épi.
C'est ce qu'on appelle la balle. « Quant . . . nous
« venons du labour, nous avons de la porée, des
» chous, et de bon pain bis à tout (avec) sa cosse,
« etc. » (Modus et Racio, ms. f- 273.) Ailleurs on lit
crousse. Peut-être de l'italien crusca, son.
Cosse-de-geneste. C'étoit le nom d'un ordre
de chevaliers institué par S. Louis, en 1234. lors
de son maiiage avec ilarguerite de Provence. La
devise de cet ordre éioil exaltât luimiles. « Le
« collier de l'ordre étoit composé de cosses de
" geneste, enirelassées de fleurs de lis d'or renfer-
" mées dans des lozanges clechés, au bout duquel
pendoit une croix fleurdelisée. » (Dictionnaire de
Corneille , copié mot-à-mot par le Dictionnaire
Universel.)
Cosser, verbe. Ecosser *. Heurter °. Irriter '^.
* Le premier sens se trouve dans le Dict. fr. esp.
d'Oudiii,qui rend le mot cosser par le mot espagnol
Desliollejar.
^ Le sens ordinaire est heurter de la tète comme
(1) Lisez tosel, jeune garçon, et voyez Raynouard, t. V, p. 388, col. 1. (n. e.)
(2) Cosi vient de ciim plus •<;ir. (N. E.)
(3) ( Heurter à la boutique de Saint Cosme, c'était avoir besoin du médecin. » (Oudin, Cur. françaises, p, 49i.) (n. e.)
(4) «: Cossats et pailles de fèves. » (0. de Serres, 101.) (N. E.)
(5) On écossait les pois comme aujourd'hui on cueille le mûrier, au milieu des réjouissances : « Lors a congié d'aller en
ville, .^.u niarchié, au corps, aux nopces, Aux poys, aux fèves et aux cosses , Au moustier, aux testes . aux champs. »
(E. Deschamps, ms., fol. 513.) (n. e.)
IV. 38
co
- 298 -
CO
les moulons. Il se trouve encore en ce sens dans
nos diclionnaires modernes (I).
*= C'csl sans doute de là que Dorel tire la signifi-
cation d'irriter, ((u'il donne à ce mot, sans citer
d'autoiilé, et celle de prendre coup, qu'il lui donne
aussi comme à copser. {['" add. au mot Copser ) H ne
cite aucune autorité.
Cosset, subst. masc. Cosson. Sorte d'iusecle.
dans le patois breton. (Voyez Du Gange, au mot
Cossi.)
Cosseui", adj. Qui lieurte de la tête. Formé de
GossER ci-dessus. De La Porte s'en est servi pour
épithète de bélier.
Cosson, subst. masc. Petite cosse. On a dit un
cosson de febve. (Merl. Gocaie, t. II, p. 379.)
Cossonnerie (2), subst. fcni. Marché aux gibiers
et aux cochons. (Dict. d'Oudin et de Gotgr.)
Cossou, subst, masc. Pâturage. Au pays d'Arles,
ce sont des portions de pâturages dans la Crau, où
chacun peut faire paître ses brebis en hiver (3).
vAniAîsTEs :
COSSOU. Du Gange, au mot CursoHiim.
Coussou.
Cossous. [Intercalez Cossous , maquignons ,
dans Du Gange (II, G17, col. 2): « Marcheans
" et vendeurs de chevaus , soient cossous ou
« autres. "] (n. e.)
Cossul, subst. masc. Nom donné à des magis-
trats populaires appelés aussi CoissoRs. (Voyez .ce
mot et les autorités qu'on y indique.)
Cost, subst. masc. Sorte de plante. Autrement
nommé baume. (Fouilloux, Faucona. f" 72.)
Costages. [Intercalez Costaycs, frais, dépens :
« Et resquit entre les chanoines â ses costages
« demeines. » (Du Gange, II, 729, col. 2.)] (n. e.)
1. Costal, prépos. Auprès, à côté. (Dictionnaire
de Borel. — Voyez Gostei. ci-après.)
2. Costal, subst. masc. Coteau.
Un piii (mont) descendent, et un val ;
En la descensse (descente) d'un costal
Un pèlerin ont encontre.
Floire et Blancli. iMS. de S. Germ. fol. 193, R- col. 2.
Costarez , subst. masc. Espèce de mesure.
Sorte de vaisseau ou mesure de liquide. On trouve
ce mot dans une citation latine, au Gloss. latin de
Du Gange, aux mots Sauma^Coslore^, elCosterez {A].
(Voy. Gosterel, mesure de vin, ci-après.)
Costayer, vei'be. Gôtoyer (5), accoster, accompa-
gner, suivre de près. On a dit : « Les chevaux qui
« seront à costéer (6) le Roy. » (Assis, de Jérusalem,
p. 19-i.) « Le prevost de Paris en 1539, à l'entrée de
<< Gharlequint, estoit monté sur un cheval caparas-
« sonné de noir, et cos^oyj de quatre laquais vestus
>• de veloux escartellez de ses couleurs. » (Mém.
du Bellay, t. VI, p. 428.)
L'ung cuide avoir gaigné le pris,
L'autre survient qui le coslaye.
Et fait un sault dessus la haye,
Par ainsi le galand est pris.
Œuv. de Rof . do CoUerye, p. 58.
Costoyer, dans le passagesuivant, signifie propre-
ment être assis à côté : « Il n'osoit parler â la
« damoyselle pour Zelland qui seoit devant elle, et
« pour Neryon qui la costoyoit. » (Percef. vol. III.
fol. 159.)
On a dit au figuré : « Le Roy d'Angleterre atloil
<■ ainsi cottiant"\a rivière de Somme. » (J. le Fèvre
de S. Rémi, Hist. de Gharles VI, p. 80.)
Ce mot, dans le passage suivant, paroit difficile à
expliquer.
Le bon vin b!anc de Poitiers
Qui n'a cure de charretiers,
C'est cil qui toute gent acroche
Par la froidure de sa roche,
Tant est fort que par son orgueil
Se fau cûstoier (7) au soleil.
Fabl.MSS. du R. n" 7218, fol. 232. R- col. 2.
VARIANTES :
COSTAYER. Œuv. de Rog. do CoUerye, p. 58.
CosTOYER. Pasq. Rech. p. 730.
CosTOiER. G. Guiart, MS. fol. 332, V».
CousTOYER. Hist. de B. du Guescl. par Mén. p. 396.
Costéer. Assis, de Jérus. p. 194.
CosTiER. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1311 (8).
Cottier. J. Le Fevre de S. Remy, H. de Charles VI, p. IK.
1. Coste, subst. fém Côte*. Nid, panier de
pigeons^. C'est par ressemblance avec le mot côte,
partie du corps (9), que l'on a nommé coste d'arba-
leste la partie de l'arbalète, étendue en longueur el
arrondie en forme d'arc (10). Oudin , Dict. Ital.
traduit costa, arco, et Dict. Espag. arco seulement.
° C'est encore par similitude qu'Oudin, Dict. Ital.,
explique ce mot, nid, panier de pigeons (H), parce
que sa forme représente celle d'une côte.
2. Coste, subst. fém. Côté. On,trouve souvent ce
(1) « [Ce faon] saute à l'entour de moy, et de sa corne essaye , De casser brusquement mon mastin qui l'abbave. >
(Ronsard, 718.) (N. E.)
(2) Une rue du quartier des Halles, à Paris, porte encore ce nom. (n. e.)
(3) Ces troupeaux passent l'été dans les Alpes dn Dauphiné. Les bergers se nomment bayles. (N. E.)
(4) D'après une charte de Richard, roi d'Angleterre : « Et foagium de Maumine, et unam saumam mellis, cura vasis, qxae
dicuntur costarez. » (N. E.)
(5) Dans Roland (str. CCX), costeir signifie mettre à son côté : « Li emperere fait Rolant costeir. » (n. e.)
(6) Doit le participe cosieaiH : « Une petite place que les religieux Carmes de Rouen ont faisant le bout de leur église et
costéant leur dite église prés de la rue de Grand Pont. » (,1J. 87, p. 216, an. 1359.) ^N. E.)
(7) Un adage du xvi' siècle dit encore (Leroux de Lincy, I, 383) : « Le vin est si frais ,à Poictiers qu'il esteindroit le feu
d'enfer. » Il voos force donc de vous accoto' au soleil. (N, E.)
(8) Coslier est aussi dans Froissart (II, 289, et V, 423.) (N. E.)
(9) K Liquels estoit issus de la droite coste dou roy de France. » (Froissart, II, 486.) (N. E.)
(10) On lit encore dens .\lebrant (fol. 57) : « .le mengue cosles de laitues, porce qu'elles ini font dormir. » (n. e.)
(11) C'est aussi un panier ordinaire : « IceUe exposant alla en une vigne, où elle cuilli une coste de raisins ou boissellée,
que elle emporta en sa maison. » (J.l. 115, p. 268, an. 1379.) (n. e.)
co
— 299 —
CO
mot, en ce sens, dans les coutumes. De costc et
ligne, et de cotte et Hune, pour du même côté, de
la même ligne, en parlant de parenté (I). On disoit
aussi : « Tiendront nature de patrimoine, cote et
" civil du chef qu"elles seront faites. ■> (Coût, de
Langle, Nouv. Coût. Gén. 1. 1, p. 30G.)
Coste, pour côté, s'est employé aussi adverbiale-
ment dans les façons de parler suivantes :
\' Coste et coste. Nous disons côte à côte. « Le
« S' Cornelio et le comte de Gayas armez, et la
« pique sur le col coste et costc, etc. » (Mém. de
Montluc, t. I, p. 49-2.)
'2° En devant et en coste, de tous côtés. {Fabl.
Mss du R. ir 7015, t. 11, fol. 143.1
3" De coste de lui, pour à côté de lui. » L'empe-
» rerix sa famé de coste de lui, qui ère (estoit très-
. belle) mult belle, etc. » (Villehard. page 73.) On
disoit. au même sens, en coste pour à côté. (Fabl.
.MSS. du R. n»7989. fol. 241.)
4» Par d'en coste mi, signifie à côté de moi, dans
ces vers :
C'est à Jonece mon ami
Qui estoit par d'en cosic mi.
Froissart. Pocs. MSS. p. 368.
5'^ On supprimoit quelquefois l'article de ou la
préposition en, et l'on disoit par ellipse coste ou
couste moi pour à côté de moi. Coste devenoit alors
préposition. (.\l. Chartier, l'Espér. p. 277.)
Si trouvay amour costc moi
Qui dit : regardez que je voy.
Gace de la Bigne, des Déduils, MS. fol. -29, R- (2).
(Voyez Costal ci-dessus.)
VARIANTES :
COSTE. Cout. Gén. t. I, p. 608.
CosTEiT. S. Dern. Serm. fr. MSS. p. 133, en latin latus.
Cote. Cout. Gén. t. I, p. 306, col. 2.
Cotte. Ibid. p. 608.
Couste. Joiuv. p. 15.
Ko-STET. Carpentier, Hist. de Cambray, p. 18.
3. Coste. [Intercalez Coste, colle, dans Frois-
sart (X, 159) et dans les Ordonnances (IV, p. 67,
an. 1351): « Un escuyer armé en coste de ses
" a'rmes. «j (n. e.)
Costé, subst. masc. Côté. Il s'écrit encore costé.
Nous avons conseï vé même l'expression ne scavoir
de quel côté tourner, qui se trouve dans le Jouvenc.
MS. page 393.
Mais on ne diroit plus adverbialement de costé,
pour de quelque part. « Ils ne se confioient que
- trop sur ces Bretons de Vantadour. Car nous
« avons de costé (3) ouy dire des nouvelles qu'ils ne
' savent pas. " (Froiss". livre IV, p. 34.1 On lit plus
bas : » 11 a oui nouvelles à senestre qui pas ne luy
« plaisent. » (Ibid.)
Nous rapporterons ce proverbe qu'on trouve dans
Percef. vol. V. fol. 44 : « Trop a souvent le corps
" las et travaillé, qui continuellement se gist (se
" tient couché) sur ung cos^e. »
On trouve doubles coste::, dans la Coutume d'As-
senede, en parlant de bois qui croissent d'eux-
mêmes aux lisières des forêts ou taillis : « Le
« fermier ne peut chasser (mener devant soy) ny
« laisser aller dans les bois, ses chevaux, ses vaches
» et autres bestiaux jusqu'au temps que les rejets
« soient agez de trois ans, de mesme qu'il ne peut
" non plus déraciner, ou défiicher aucun bois, ou
" doubles coslez- et en faire terre à labour
« sans le consentement du maislre. « (Nouv. Cout.
Gén. 1. 1, p. 808.) (4)
VARIANTES :
COSTÉ. Orth. subsistante.
CoTTÉ. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 54. V» col. 2.
CousTÉ. Le Jouvenc. MS. p. 393.
Costeax, subst. masc. plur. Couteaux.
Si sai tant d'enging et d'art ;
Ge sai joer des basteax,
Et si sai joer des cosleax
Et de la corde, et de la fonde,
Et de toz les beax giex du monde.
Fabl. MSS. de S. G. fol. "0, V col. 2.
Costées, adj. au masc. phir. Collatéraux. On
disoit heirs ou hoirs costées ou costéers, pour héri-
tiers collatéraux.
VARIANTES 1
COSTÉES. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis.
Costéers. Ass. de Jérus. p. 139 et 182 (5).
Costel, subst. masc. Côté* Ligne, parenté^.
*Le premier sens est le sens propre :
La chose gist sur tel costel.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, t. I, fol. 101, V' col. 2.
C'est-à-dire l'affaire est en tel état.
^Ce mot se prenoit aussi pour ligne de parenté.
Cotel maternel et paternel, costel et ligne se trou-
vent dans l'Ane. Cout. de Troyes, Nouv. Cout. Gén.
t. 111, p. 273.
Et si dubt avoir sur costel
Ce roy anglois dont nous parlons.
Du roi des Frans trois millions.
Eust. Desch. Po5s. MSS, fol. 517, col. 1.
L'expression sur costel paroît employée au figuré
comme pour outre cela, hors d'œuvre, outre la
ligne de compte.
VARIANTES :
COSTEL. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 511.
COTTEL.
Costelé, adjectif. Qui a des côtes. Delà esguille
(1) « Plus n'en ay [d'héritier] de ceste coste. » (Froiss., XVI, 99.) (n. e.)
(2) On disait aussi en coste pour de côté ; « Quand cil joli valet passoient. Et je's veoie passer Qui me regardoient en
coste, Et jadis furent mi chier hoste. » (La Rose, v. 13055.) E. Deschamps (fol. 142) emploie de coste : « Quant j'apperçoy que
veoir ne me daigne. Fors que de coste et trop eslrangement. » (n. e.)
(3) De costé signifie par voie indirecte, comme au t. III, p. 37'7 : « Li contes de Monlfort entendi de costé par ses amis que
messires Charles de Blois se nommoit et escripvoit dus de Bretagne. » Cette locution signilie encore de plus : « Sans les
grans coustages et frés qui lui venoienl de costé à tenir ces seigneurs d'Alemagne à amour. » (Id , II, 377.) (n. e.)
(4) Remarquons encore deux locutions : 1» Sour costet, de flanc : « Les saiettes qui saur costet leur venoient. « (Froissart,
III, 228.) 2» i»ou co5(é, auprès de : « Li rois fist seoir dou costé li et à sa table tous les chevaUers prisonniers. i> (Id.,
V, 249.) (N. e.)
(5) c Ma feme, laquel ne m'a heirs prochains ne costéers, ne lontains, à qui le fié puisse ne doie écheoir. » (N. E.)
co
— 300
co
coslelée pour ;ii<;uille carrée ou tle forme Iriangu-
laire comme est une csguille de pelletier. (Morius
et Hacio, Ms. fol. \'d'2:) (1)
VARIANTES :
COSTELÉ. Modus et Racio, MS. fol. 133, V».
CosTELLÉ. Modus et Racio, fol. 71, V».
Costement, subst. masc. Coùl, dépense.
VARIANTES :
COSTEME.VT. Villehard. p. 77.
CousTEMANT. Kabl. MSS. du R. n» 7(315, t. I, fol. 72.
CousTE.MENT. Ord. t. I, p. 182, et passim.
Costent. [Intercalez Costent , mesure, pour
costeret ou coslerel (Ord. IV, p. 170, an. 1347):
« Chacun liabilant de ladille ville [de Poitiers] aura
•< et tendra ii son liuys eaues en vessetz, qui
« liengnent un cosleiit d'eaue au moins. »] (n. e.)
Costentin, siilnH. masc. Le Cotantin. Partie de
la Basse-Normandie. Henri 1", roi de France, ayant
été renversé dans une l)alailleconlre les Normands,
où il combaltoit en faveur de Guillaume-le-Bàtard,
contre lequel ils s'éloient révoltés :
De ce distrent li paisan
Et dient encore en gabant.
De Cnstenlin jessi la lance
Qui abatit le roy de France.
Rom. de Rou, MS. p. ■ii.
Coster, verbe. Couler. Ce mot subsiste avec
une légère diflerence dans l'oithographe.
Que cher lor cosle.
Les Marg. de la Jlarg. fol. 333, Vv
On a dit familièrement : « Coups de haquebuttes
« ne cousioient rien, car il en avoit qui voulloit. »
(Méin. de Rob. de la Marck. seig" de Fleur, ms.
page 262.)
On disoit aussi coule et vaille, pour quoiqu'il
m'en coûte, vaille ce (lu'il pourra , suivant Le
Duchat, sur Uab. t. 111, p. 74.
Nous observerons encore que les temps compo-
sés de ce verbe se formoienl quelquefois avec le
verbe être au lieu de l'auxiliaire avoir, comme dans
ce passage : ■■ Je poyeray cequ'ils escriprontqu'elle
« soit constée. » (Lett. de Louis XII, t. IV, p. 24'2.)
On diroit aujourd'hui ce qu'elle aura coûté.
VARIANTES :
COUSTER. Mém. de Rob. de la Marck. MS. p. 262.
CosïER. Ord. 1. 1, p. 741, notes, col. 2 (2).
Costereau, snbst. masc. Voisin. Proprement
celui qui est à côté. « Je ne dys pas que les juges
« aujourdhuy se dorment en siège, ou s'i'.z y vei!-
" lent, iiz ne font que parler à leurs costereaulx. »
(Conlred. de Songecr. fol. 87.) (3)
Costerel, subst. masc. Mesure de vin. On a dil,
en parlant des exactions des sergents : " Exigent
« de noz ditz subgeclz à vendenges le costerel,
« ou le jalon de vin, etc. " (Ord. des ducs de Bret.
fol. 195.) « Est à noter que le tonneau vault et doit
« contenir deux poinsous, le poinson cinq coterets,
« le coleret quarante huit pintes mesure de
« Nevers. » (Coût, de Nivernois, Coût. Gén. l. f.
p. 905. — Voy. CosTAREz ci-dessus.) (4)
VARIANTES :
COSTEREL. Ord. des d. de Bret. fol. 195, V'.
COTERET.
CouTRET. FouUloux, Vénerie, fol. 34, V".
Costeresse. adj. fém. Ternie de chasse. Ce mot,
formé de costé de même queCosTEisEAr ci-dessus, se
trouve explii]ué par le i)assiige suivant, où nous,
lisonsque pour chasser le loup avec des lévriers, il
faut « avoir pour le moins sept laisses de grands
« lévriers pour les lascher en queue ;.... après cela
« y aura trois laisses de chascun costé du cours qui
« se seront nommées costeresses, dont les deux pre-
« mières ([ui seront vis à vis l'un de l'autre lasche-
« ront à l'espaule, si le loup est entre les deux
" autres. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 119.)(^)
Gosterez, subst. masc. Ce mot semble un nom
de lieu (li). Ainsi l'on appeloil bucJies de Costerez le
bois qu'on liroilde cet endroit. (Ord. t. 1, p. 600. —
Voy. CoTHEREZ ci-après.)
Costei'ie. [Inlercalez Costerie, charge de tré-
sorier dans une église: « A telle condition que
« donnerois aux siens deux fils en l'église de
" S.Lambert, deux préijeudes, et au plus grand
" d'eage donnerois deux autres prébendes en tous
•■ autres monastères, et au surplus la costerie
« après le décès et le trespas du seigneur Wason
« coslre. » (Traduction d'une charte lai. de 1096.
Du Cange, II, 725, col. l.J (n. e.)
Gostet. [Intercalez Costet : » Ung manche ou
" costet de civière de bois. « (JJ. 196, p. 363,
an. 1471.1] (n. e.)
Gostier, adj. Qui est à côté. (Monet, Oud. Colgr.
Dict.; Ess. deMonl. t. II. p. 47'<.^
(1) « Prenez des aguilles qui sont faictes pour entrer les pennes d'oyseaulx, et sont pointues aux deux bouz et costetéex
comme une aguiUe à peletier. » (n. e.)
(^2) On lit aussi dans Partonopex (v. 3275) : « Tôt li a fait le vis sainglent Et as iols li cos(c forment. » (n. k.)
(3) Les rolei-caiix, brabançons et routiers, annoncent aux xiF et xilF siècles les Grandes Compagnies du xiv» siècle et
les Écorcheurs du xv ; « En celle année furent occis en la contrée de Bourges en Bery sept mille hommes et plus, appelles
costefeau.c. que aucuns gens appellent brigans. Tels gens comme cûslerean.i\ brigans, gens de compagnies, pillars, robeurs,
larrons, c'est tout un ; et sont genz infâmes et dissolus et excommuniez. Ils ardoient les monastères et les églises , où le
peuple se retraeoit, et tourmentoient les prestres et les religieux , les appelloient cantatours , par desrision , et leur
Sisoient quand ils les battoient ; catilataur.^, cantez. n (Du Cange, II, 638, col. 1.) (N. E.)
(4) Le mot s'employait aussi comme adjectif : « Pierre Canin avoit baillé à tiltre de loier audit Demia certains instrumens
ou estorcmens, appeliez basues coslerfs on hottes à vendangier. » (.1.1. 151, p. 518, an. 1399.) Conteret dérive alors de cosle,
panier, comme dans une ch. de 1295 (Du Cange, II, C>35, col. 1) : « Chacune mande de merlanc ou poisson doit deux deniers,
et s'ils sont en costerés, chac\in coslerct doit deux deniers. » (Du Cange, II, 636, col. 1.) (N. E.)
(5) Ed. Favre, fol. 86, verso. (N. E.)
(C) (^e sont des coîrefs, fagots minces et courts ;« En Grève, un cent de costevez de Bourgogne. » (Ménagier, II, 4.)
Cosleicl ou coustcret est aussi un vase à vin, peut-être une jarre garnie d'osier : « Le suppliant prist pour son vivre un
cousleret de vin, qui valoit environ dix sols par. » (JJ. 140, p. 237. an. 1394.) (n. e.)
00
301 —
co
VARIANTES :
COSTIER. Oudin, Dict.
COTIER.
CousTiER. Rabelais, t. IV, p. "218.
Costière, siibst. fém. Côle*. Côlé^ (1).
*Ce mol se preiioil , noii-seulemenl pour côte
marilime, la côte de l'i ance, mais aussi pour côte en
particulier, montagne, coteau. «Il assit ses garnisons
" du long de la costière ûe l'rancep). » (Mém. d'OI.
de la Marche, liv. I, p. 77.) « 11 apperçeut qu'ilz
montoient une costière. » (Percef. vol. 111, fol. IH.)
Tout est détruit en pleine, et en costière.
Eusl. Desch. Pois. MSS fol. ii», col. 3.
Vers la costière de midy.
Ph. Mouskes, MS. p. 274.
^On disoit aussi costière, à costière, de costière,
sur costière (3), pour à côté, vers le côté.
Si se tirèrent à costière.
Gace de la Bigne, des Déduils, MS. fol. 97. V.
Il regarde ung peu sur cousiierç.
Ibid fol. 51, R'.
De inéme au coutiere de la grève, ailleurs, le
lonn du uravier, (Jaiis André de la Visriie. Voy. de
CtiarlesVllI àNaples, p. Iô7.)
VAUIANTES (4) :
COSTIÈRE. Pli. Mouskes, MS. p. 274.
CousTiÈRE. Ger. de Nevers, i' part. p. 53.
CouTiÈRE. .indré de la Vigne, voy. de Charles VIII, p. 157.
Costiz. [Intercalez Costiz, coteau, dans la Chr.
des ducs de .Xormandie, v. '28497:
En un graut parc, lés un costiz.] (n. e.)
Costoier, verbe. Cultiver. Ce mot est employ i
figurément dans ces vers, où l'on dit en p:Miniit
d'une femme galante :
Ja n'ert (ne ser,i) bien sa terre costoié
Tant com el n'ait c'un bnef (bœuf) à sa karue.
Kievre de Raiiis, l'oûs. MSS. av. 1300, t. III, p. 1167.
1. Costve, sitbst. masc. Couteau (5).
Mais ge dout qu'aucune racine
N'i remaigne, se nel cjuisine
Or test un contre m'eschaulTer
Por les racines qui.-^iner (cuire, bri^der.)
Fabl. MSS. «le S. Germ. fol. 45, R- col. 1.
2. Costi'e. [Inlei'calez Costre, trésorier d'une
église (voyez Costerie et plus loin Cousteur):
Li costre i sonerent les sains.
Parlonopex, v. 107fi6.] |N. E.)
Costume, subst. masc. Terme de peinture. Il est
emprunté des Italiens. 11 paroit que Félibien (6) est
un des premiers luii en a introduit Tusage, puisqu'il
en donne TexpUcalion. 'Vovez son Enlrelien, t. V,
page 190.) (7)
Costumel. [Intercalez Costuniel , redevance
payée de temps immémorial .• ■■ Item huit deniers
" pour un cosliimel, que doivent cliascun an li
■ lioiis Pierre Sesille. » (.1.1. 74, page 429, an.
1338.)] (n. e.)
Costuté, adj. Constipé. Il y a un chapitre inti-
tulé : ■• Cy-devise comment l'en fait les chiens vui-
« dier qui sont oonstute^. » (Modus et Racio, ms.
fol. (il.)
Cot. Terminaison ancienne qui signifie maison-
nette (8 , d'où cotereuiLV, noms qui s'en sont formés.
(Voy. le P. Menestr. des Arm. p. 470.)
Cotane , sitbst. masc. Tenement en roture.
Censive tenue par ceux qu'on appeloit cotiers et
qui payoient le cens appelé cens ijuotage. On lit :
" mencaiidéi^s de terre tenues en cotteries qui
« ont été amorties. » (Duchesne, Gén. deBéthiine,
p. 383, til. de it>70.) (9)
VARIAMES :
COTAGE. Laur. Gloss. du Dr. fr.
CoTTERiE. Ducliesne, Gén. de Béthune, p. 383.
QuoTAGE. Du Cange, au mot Coiagium.
Cotaifje. [Intercalez Colaige, dans la locution
cens colaige: ■• Ftaoul Roussel et Agnès sa famé
« en non de assainemeni des .lx. sous par. de
" annuel et perpétuel cens colaige. » (Ch. de
Ponloise, en 133t>, Du Cange, II, 27."». col. 1.) On
disait aussi cens gnotage (J.l 47, p. 14, an. 4310) et
cens cotier [Ch. de 1-05 et Beauman. ch. 23).] (n. e.-
Cotai, siibst. masc. Il est employé comme terme
obscène, dans Rabelais, t. III, p. 150. C'est l'italien
cotale. On le trouve pour épiihète de fol. (Ibid.
page 205.)
(^.otai'die. Voyez, l'i l'article Cotte ci-après,
l'expression cotte Itardie.
'1. Cote, subst. fém Pierre à aiguiser. Ce mot
répond au latin cos vieiUciiialis. {y.Aihodus, art. 30,
col. 1006.) On lit coce. (Ibid. art. 32, col. ICCi.)
C'est une faute pour cote.
VARIANTES :
COT, CocE, Cote.
2. Cote, snbsl. fèm. On appeloit gens de cote
ceux qui tiennent en cotage ou roture. (Du Gange.
aux mots Collaterii el Cotmanni.) (10)
Coteaux, subst. masc. plnr. On a désigné sous
rexpression les trois coteau.K M'' de S. Evremond,
le comte d'Olonne et le niaïquis de Boisdaupliin, à
cause de leur délicatesse el de leur goût sur le choix
(1) « Les espondes furent rt'ivorie El les rusticres ensement. » (Part., v. 10304.) (N. E.)
(2) « Et s'en vinrent par les costieres de Flandre, devers Calais. » (Froissart, VI, 203.) (N. E.)
(3) Il Torigni est uns petis vdlages enmi les camps, et est sus costière entre Saint-()uentin et Pieronne. " (,Id., VI , i:>j.)
Comparez l'italien da custiero. (n. e.)
(4) La Chron. des ducs de Norm. donne costère, v. 1285. (N. E.)
(5) C'est plutôt un coin ; « Incontinent que le suppliant fut dedans la maison, avecques ung costre à fendre boys leva la
claveure d'un coffre. » (,.M. 187, p. 274, an. 1457.) (N. E.)
(6) Et son ami Poussin. (N. E.)
(7) Il est au Dictionnaire de l'Académie depuis 1740 ; une note supprimée en 1760 dit qu'il se prononce costuritê ,
c'est-à-dire à l'italienne. (N. E.)
(8) Cola en bas-latin. (N. E.)
(9) L'Angl.iis conserve la forme cottage, (n. e.)
(10) Voyez aussi CoterrI':. (n. e.)
co
302 -
CO
des mets et du vin. (Vovez Histoire Ju Tli. fr. l. IX.
page 338.;
1. Cotel, sitbst. masc. {\]
Venra trestous chargié.s
L)'or et d'argent en son colet.
Falil. MSS. du R. n- 7015, t. II, fol. 127, V col. 1.
2. Cotel, subst. Couteau. Mot languedocien
sous la première orthograplie. (Dictionn. de Borel.)
Coutele semble avoir l;i même signification dans ce
passage :
Nos dona deners (deniers)
Dont aca trois gasteles (gasteaux).
Gaines et routeles (petits couteaux),
Flausteles et cornes (tlutes et cornemuses),
Maçueles et pipes (petites masses)
Dix le garisse.
Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. 78, R» col. 2.
VARIANTES :
COSTELLE. Dict. de Borel.
Cotel. S. Bern. Sertn. fr. MSS. p. 172, en latin culter.
Coutele. Fabl. MSS. du R. n» 7989, f» 78, R» col 2.
CoUTEL. S. Bern. Scrm. Ir. MSS. p. 220, en latin entier.
Cotelle. [Intercalez Co/f//e, petile cotte: « Le
■■ ^.uppliant print une cottelle à usaige de femme
<• yvcc unes manches. » (J.I. 174, p. 187, an. 4428.)
Au reg. JJ. 111, p. 28ô, an. 1377, on lit encore:
« Pierre print la cotellc, et la osta et geta de dessus
« son cheval,... hors ledit Bouchier print ladite
« cotelle, et sur une charrette où il estoit s'en
» envelopa les jambes pour les mouches. » Enfin
une vie ms. de Jésus-Christ donne une variante
(Du Cange, II, G3G, col. 2) :
Quant sains Pieres oi iiommer
Jhesu, plus n'i vault demorer,
Sa cotiellc chainst plus en haut,
Et en la mer a fait un saut.
Voyez encore Froissart (XV, 331).] (n. e.)
Cotellette, suhst. fém. (2) Ce mot subsiste avec
peu de ditïérence dans son orthographe, et nous ne
le rapportons que pour dire qu'on a nommé cotel-
lettes (le porc un droit seigneurial connu en Breta-
gne. 'Voy. Morice, Hist. de Bret. préf. p. 15.)
Coteraux. siibst. masc. plur. Espèce de bri-
gands. On appela ainsi des paysans (3) armés qui,
comme des brigands, infestèrent le royaume dans le
XII' siècle, et qui depuis formèrent des corps de
troupes d'infanterie irrégulière. (Voyez les Dict. de
Nicot, de Borel, de Corneille, de Cotgrave, de
Ménage, le Glossaire latin de Du Cange, aux mots
Cùstolai'iits et Coterelli, et Laurière, Glossaire du
Dr. fr. ; voyez aussi Fauchet, des Oiig. liv. I, p. 79,
et le P. Daiiiel, Mil. fr. t. I, p. 140.) Fauchet dérive
li'ui- nom de cotcrct, espèce d'arme. Il pourroit
également venir de cotte. C'étoient des troupes
mal vêtues, comme les Jacquiers prirent leur nom
de la simplicité de leurs habits appelés Jacques.
VARIANTES :
COTERAUX, COTTEREAUX, COTERIAUX, COSTEREAULS.
COSTEREAUX, COSTEREAX, COTERELS, COTTERELS.
Cotereax, suhst. )nasc. p/i/?-. Diminutif de cotte.
Sorte d'habillemenl.
Tondent les berbis
Si en font lor blans cotereax.
Fabl. MSS. de S. G. fol. al, R- otI. 3.
Coteret, subst. masc. Sorte d'arme (4). Celle que
portoient les coieraux. Fauchet croit qu'ils en ont
tiré leur nom. (Orig. livre II, page 104.) On écrivoit
aussi coteret au même sens.
Si li covient armer.
Pour la terre garder
Coterei et haunet (espèce d'arme)
Et maçue et guilet.
PaU. MSS. du R. n- 761,-), t. II, fol. 212, V* col. 1 (5).
VARIANTES :
COTERET. Fauch. Orig. liv. II, p. 140.
COTEREL. Fabl. MSS. du R. n<'7615, t. II, fol. 212, V" col. 1.
Coterie. [Intercalez Coterie, synonyme de
cotage : « Item .xxxvi. mencaudées "de terre ou
« environ, tenues en coterie du seigneur de la
« Falesque. « (JJ. 109, p. 417, an. 1376.) Voyez
aussi JJ. ICI, p. 14, an. 1406.] (n. e.)
Cotherez, subst. masc. plur. Coterets. (Voyez
Coquillart, p. 155 (6).)
Cothurnez, adj. au plur. Tragiques. On a dit
en ce sens vers cotiiurnez. (Epith. de M. de la Porte.)
Cotidien, subst. masc. Séjour, résidence (7). Il
est pris ligurément dans une ballade qui a pour
titre : Pour vivre liement en ce monde, et où l'on
trouve des principes de conduite et de morale :
N'ait en toy ton cotidien.
Eust. Descli. Pois. MSS. fol. 231, col. 2.
(Voy. QioTiDiEN ci-après.)
Cotidieniieinent, adverbe. Journellement (8).
(Voyez Godefr. Obscrv. sur Charles VIII, p. 474.)
Cotin, subst. masc. Cabane, chaumière, cahute.
Les Normands ayant battu les François, Hues prit
la fuite :
.\ un pastour s'acompaingna.
En son colin o lui entra,
Dez dras au pastor s'afluba
De poures bardes se vesti.
Rom. de Rou, MS. p. 182.
Cotir. [Intercalez Cotir, meurtrir : « Et maintes
(1) Voyez Cotelle. (N. e.)
d) On lit au sens de cotelle (JJ. 154, p. 439, an. 1499) : « Une cotellette à femme. » (n. e.)
(3) Il ne faut pas confondre les mercenaires brabançons avec les Chaperons blancs, qui les combattirent. (Voyez Chaperon
et Cnstereau.) (N. E.)
(4) Dans le Châtelain de Coucy, v. 1258, c'est un fer de lance. (N. e.)
(5) L'oustillemeni au villain. (Voir Revue historique de l'anc. langue franc., n" 2.) (N. E.)
(6) On lit au Monologue du Puits : « Bref c'est un gentil compaignon ; Et si a ung très-beau maintien ; Par mon ame, c'est
grand dommaige Qu'il n'est porteur de cotherez. » (n. e.)
(7) Cotidien est aussi ce qui sert tous les jours; « Un cothidian de chapelle garni de chazuble à un orfroy de brodeure à
apostres, de fronticr, doussier, estole, phanon, parement d'aube et amict . de drap d'or vermeil. » (Hist. de Bourgogne,
preuves, III, 217, col. 2.) (n. e.)
(8) On lit dans une chartre de 1403 (Du Cange, II, 639, col. 1) : « Emportèrent cinq lampiers d'argent, qui estoient pendens
et servoient cotidianneinent en la nef lie la sainte Cliapelle. » (N. E.)
co
303 —
CO
fois lanl i rôtissent [les flots] Que tout en mer
« l'ensevelissent. » (Là Kose, v. 0951.) De même au
reg. JJ. Ml, p. 2!0 bis, un. 1377: « En procédant
« de paroles à lait, feri ledit Lorrain et coti la teste
» au mur... Ledit Lorrain dist pourquoy il l'avoit
» féru et coti la teste au mur. >' A Loudéac
(Côles-du-Nord), cotir se dit pour fêler, casser.
Peut-être faut-il remonlei' au primitif de per-
cutere.j (n. e.)
Cotis, suhsl. maso. pluv. Espèce de mais ou de
viande. « A l'endroitdii lieutenant, l'on metun
" bon jambon, des andouilles.descofis (F;, des poix
« au lard, etc. " (Des Ace. Escr. Dijon, fol. 24.)
Cotisses, subst.fém. pltir. Colices. (Voyez Petit
J. de S.iintré, p. 4il (ti).) En termes deblason, ce sont
des bandes qui nonl que le tiers de la largeur de la
bande ordinaire.
Coton, siibst. niasc. Ce mol, qui subsiste sous la
première orthographe, nous donne lieu de l'emar-
quer que la partie de l'armure appelée autrefois
coton, tiroit celle dénomination du coton même
dont on se servoit pour la garnir, ainsi on disoil :
Les fait sortir arrière
.lusqu'aus communes de l'emperiere.
Où moult ot acier et colon.
G. Guiarl, MS. fol. Ii7, V'.
Le passage suivant justifie encore plus clairement
ce que nous venons de dire : « Berlran le fery sur
« son escu, en telle manière qu'il le perça et le
« haubert aussi tant qu'il entra au coulon (3) du
« pourpoint. » (HistoiredeBertrandduGuesclm.par
Ménard, p. 42.)
VARIANTES (4) :
COTON. Orlh. subsistante.
CouTO.M. Hist. de Du Guescl. par Mén. p. 4'2.
CouTTON. Rabelais, t. II, p. 47.
Cottage, subst. masc. Cotté. On a dit, en ce
sens, papiers tous d'un cottage. (Nouv. Coût. Gén.
t. I, p. 189, col. n.)
Cotte, subst. fém. Sorte d'habillement, soit
d'homme ou de femme. Ce mot, assez générique, a
signifié le plus communément l'habillement par
dessus lequel se melloit le manteau, autrement dit
la chape. Quelquefois on nommoil cotte (5) le pour-
point, la veste ou autre vêlement de dessous sur
lequel on avoit un sercot ou surcot et un manteau.
Aujourd'hui cotte signifie encore jupon, cotillon.
(Voyez Du Cange, aux mois Coccinium elCota.)
Nous allons rassembler divers passages sur les-
quels on pourra se faire quelque idée des divers
habillemens qu'on a désignés par le mot cotte :
" Adonc, dist Busardan au roy, sire puisque
" vostre cotte ((3) est ensanglantée du sang desche-
■' vreaulx, faictesqu'cllesoitpendue prèsde l'espée :
« car il ne fault riens porter hors du sacrifice ; et
« ainsi que Busardan conseilla au roy, il le fist, car
« il devestit sa robe el la pendit par devant l'ymage
" de Mars. » (Perceforest, vol. I, f" 103.) C'est en ce
sens que le mot foii' est traduit /»;;;t'fl, danslelJloss.
de Labbe, p. 531. Cette traduction est conforme à
celle du même mot lalin expliqué p'dv cote dans la
Règle de S. Benoit, lat. et fr. .vs de Beauv. chap. 55,
où nouslisons: « la cule, la t'ofé", licauchon, «expri-
més en lalin par cucntla, tunica, pedules.
Que drap est cecy ? Vrayeraent,
Tant plus le voy, el plus m'assote (étonne),
Il m'en fault avoir une coi.ie
Brief, el à ma femme de mesme.
Palhelin, Farce, p. 15.
•' Le roy passa par devant vestu d'une cutte
» vermeille, et si avoit à son col pendu ung mantel
<i de vert samyt semé de oyselelz d'or. » (Percef.
vol. Il, 1'" 3.) « A la ferir Chandoz d'un glaive en
" poussant, et tellement l'empainl J'enl'oncei et de
« si grant force à la peine qu'il y meist, que par
•■ dessoubz la poitrine lui perça le jaque, la cote, et
« le pourpoint à armer, et lui boula le fer du dit
« glaive dedenz le corps. » (Ilist. de B. du Guescl.
par Ménard, p. 480.) Le créancier peut tenir son
débiteur " com esclaf (esclave) et il li doit douer à
" manger, et à boire suffisament, au main (au
•' moins) pain et aiguë (eau), et à vestir unerobe (7)
« l'yver et une cote l'été, et deux chemises ^8). » (As.
de Jérus. p. 91.) » La bru de Pylagoras disoit que la
» femme qui se couche avec un homme doit, avec
■' sa cotte, laisser quant et quant la houle, el la
« reprendre avec sa coï/(? (9;. » (Ess. de Montaisne.
t. I, p. 120.)
On disoit aussi cot au féminin.
.... Se li tola on sa cot et son chimis (chemise.)
Fabl. MSS.du R. n° 7-21S, fol. l'.iO, R° col. !>.
Cote , habillement des gens pauvres. Dans le
testament du comle de Blois, de l'an 1208, ce mot
est souvent énoncé comme habillement des gens
pauvres, en faveur desquels il fait plusieurs legs.
(Duchesne, Gén. de Ch.istillon, p. GO, lit. de 1268.)
Rapporlons les différentes expressions dans la
composition desquelles entre le moi cotte :
(1) Ce sont des fruits meurtris comme les poires tapées. (N. e.)
(2) « Le conte de Sanserre a une bande à deux cotisses d'or potencées. » (}ch. de Saintré, 58.) (\. E.)
(3) On lit aux Assises de Jérusalem (I, 170) : « H peut mètre devant son pis et devant son ventre un conlrecuer de teille
et de coton. » (N. E.)
(4) Voyez Villehardouin (§ 541) et Joinville ^.§ 94) de l'éd. de Wailly. (n. e.)
(5) Dans le costume masculin du xin« siècle el du xiv" siècle jusqu'en IS40, la colle est la robe de dessous , 1 ancien
f/iatj(sc, qui recouvre le .5i(/'fo( autrefois nommé fc/in»/^ .• u Le roys sailli de son lit touz deschaus (car nuis estoit), une
cote, sanz plus, vestue. » (Joinv., § 39.) Si l'on se couchait en cotte, c'est qu'on ne portail pas chemise. (N. e.)
(6) « Si estoient les pucelles vestnes de cottes parties d'ung vermeil samys encontre ung blanc, et les jouvenceaux
estoient aussy vestus de cottes, mais elles estoient parties d'ung samys jaulne encontre ung azuré. » (Perceforest , II ,
fol. 117.) (N. E.)
(7) Robe a ici le sens de swcol. (n. e.)
(8) Cette citation nous reporte à la fin du xiif siècle el même avi xiv« siècle, où le linge de corps est passé en
habitude. (N. e.)
(9) « Madame se mit en cotle simple, et print son .itour de nuit. » (Louis XI, 34' Nouvelle.) Voyez note 5. (n. e.)
co
30! —
co
l iin a a\i\)e\ècotleil'a7'mes,colletracier{l), cotte
de fi'i; cotte de mailles, une espèce de cuirasse
iégère ou de dieniise de mailles. (Voyez Ménage,
Dict. élym. ; Nicot, Hob. E.^lionne, Dict ; DuC-arige.
Gloss. lai. aux mots ro/ff/î7/n/?'('selfo/(/Cft, etc., etc. 1
Brautômeditque le mot cotte d'armes éioit nouveau
et employé au lieu de .jaquette. (Cap. fr. 1. 1, p. 10. i
Maison le trouve dans Froissart, Percefoiest, Comi-
nes , Eust. Descliamps , etc. L'us;ige des cottes
d'armes cessa sous Charles Vil, suivant Daniel,
(Mil. fr. t. 1, p. 492.) Pour concilier Brantôme avec
les autorités que nous venons de citer, on peut dire
que de son temps, ce mot étoil nouveau par rapport
à la signification (]u'on lui donnoit.
2" Cotte à armer, cotte d'armes, col le aplaties '2j,
étoil une lunique on casaque qui se mettoit par
dessus l'armure. (Du Gange, Glossaire latin, au mol
Cotœ.) <' N'eut pas longuement ainsi couru que la
«■ cotte à armer (3) que Estonne avoit vestue fut si
« descliirée, qu'il n"y eut ronce par où il avoil passé
" qui n'en eut sa pièce paninoy en peu d'iieure il
•• n'en eut sur luy dont il en pèu.st lier son doy. •>
(Percef. vol. II, Fl3.) « Le vent ([ui frappoit en la
« coste d'armes du chevalier luy va lever le pan de
" devant (jui destaché estoit de celuy de derrière a
0 la jouste, el le porte hors du col an chevalier. «
(Id. vol. I, M47.)
La cotte à parer semble avoir eu la même signi-
lication, comme servant d'ornemenl à l'armure
qu'elle couvroit. (Percef. vol. II, f° 98 )
â'Quottelilanche éloitnnehaire, un ciliée. « Lors
» vint le preudhomme à luy, et luy dist, sire, voez
'< cy (voyey ici, pour voici) une qiiotte blanche que
" vousveslirezen lieu de chemise, ce sera signe de
» pénitence et vauldra ung chaslyemenlàlachair. »
(L:inc. du Lac, l. III, f° 97.)
4° Cotte hardie, qu'on écrivoit aussi cote hardie [i],
cocte hardie el en u!i seul mot cotardie, étoil une
espèce de casaque, lioqueton ou mantelet à l'usage
des deux sexes. (Voy. Du Gange, au mol Co//«î'rfî'«.) On
lit (id. ibid.) sous le mol Miles, dans une citation de
Du Gange: « Pour le sacre du roy une cotehardie
" d'escuirie. » Il est mention « d'une cotte hardie
« d'uneescarlatte vermeille, » parmi les habitsdont
étoil revêtu le loi Charles V, à l'entrée de l'empe-
reur dans Paris, en 1377. (Chroniques S. Denis,
t. 111, f»5'i.)
Une bonne rote Itaniie,
Me donna de vint florins d'or.
Froiisarl, Pois. MSS. p. S83, col. i.
Et s'une trouvez si hardie
Qu'elle vous reqaist de rassouldre
Ou laisser sa cotte hardie.
L'Amant rendu Cordelier, p. 59.
5° Coste à clievaiicher. Habillement pour monter
à cheval, à l'usage des femmes. (Percef. vol. II,
folio ."). )
6''' Cotte gamboisée, c'est-à-dire garnie de ganbis-
son. (Voyez Gamiîoiske el un Inventaire d'armures,
cité par Du Gange, au nvA Armatura{'S].) On écrivoit
aussi cote yambesie ou gambaisie. fG. Guiart, ms.
folio 31 i.)
7° Cotte juste. Espèce de vêlement el court serré
qui se porloit sous les armes comme une camisole ou
gilet. « Si commande Glandas que l'en luy osle le
« haulberl du dos el les chausses, el lors saillent
« varlelz qui le desarment el demoure seulement
« vestu d'une petite cotte juste. ■• (Lanc. du Lac,
t. 1, f° 27.)
8° Cotte simple semble mis pour simple jupon.
« Il luy feit le jambet (donna le croc en jambe)
« tellement que ceste povre femme cheul à terre et
« que sa cotte simple fut mouillée et gastée dedans
«■ la rivièiv. » (.\rr. Amor. p. 126.) On lit (ibid.
p. 195) : » Regarder par les crevasses de l'hijys, s'il
« l'a verroit point en son corset, ou en sa cotte
« simple. »
9» Cotte mal taillée (6). Terme d'armoirie. » Portoit
« pour armes d'or ù une manche, ou cotte mal
« taillée de gueules. « (La Colomb. Théàt d'honn.
t. I, p. I i4.) C'est par allusion à ce mot que nous
disons en parlant d un compte que l'on arrête sans
l'examiner trop rigoureusement de pari et d'autre,
faire une cotte mal taillée. On disoil autrefois :
' Pour en demeurer quitte par une cotte mote
« tailleei'), .îeanne luy cedeet Iransporlelavilleet
" comtat d'Avignon. » (Pasq.Rech. p. 544.)
lO" Donner la cotle rouge, expression obscène qui
se trouve dans les Contes de la royne de Navarre (8),
t. II. p. 169.)
11° On disoit aussi, dans une signification libre
1 1» « Escu lui fault, espée et lance, Cotte d'acier et garde-bras. » (Deschamps, fol. 504.) (n. e.)
(2) Au Cdmple d'Etienne de La Fontaine (1351) : « Pour deiix aunes de Camocas de Lusques à or à faire autres cottes à
plates. » (N. E.)
(3) i> Et ceste chose ramenti-je le père le roy qui orendroit est [Philippe-le-BelJ, pour les cotes brodées à armer, que on
fait hul et le jour ; et il disoie que onques en la voie d'outre mer là où je fu, je n'i vi cottes brodées , ne lès roy ne lès
autrui. » (n. e.)
(4) On lit aussi dans Eust. Deschamps (fol. 497) ; « Selon l'esté elles yvers Et la saison des temps divers, Fault chances
et cotle hardie, Courlelette afin que l'on die : Vez la biaii pié et faiticet. » Voyez encore le compte d'Etienne de La Fontaine
en 1351 et Christine de Pis m (Trésor de la cité des Dames, II, ch. XI) : « Comptoit lauti-e jour un taillandier de robes de
Paris, qu'il avoit fait pour une dame simple, qui demeure en Gastinois, une cote hardie , où il y a mis cinq aunes à la
mesure de Paris de drap Bruxelles à la grand moison, et traine bien par terre trois quartiers de queue, et aux manches à
bombardes qui vont jusques aux pieds. » A partir de 1240, la cotardie est un deuxième surcot qui recouvre le premier. (N. E.)
(5) a Et chascun deit aveir cote à armer et ganbisson se il viaut. » (.\ssis. de Jér., I, 170.) C'est une cotte doublée, flottante
et sans manches, qui recouvre le haubert, et est d'ordinaire décorée des armoiries du chevalier, (n. e.)
(6) Co»e vient alors de quota dans quota pars, et non d'un radical allemand ou celtique. Les créanciers anciens imitaient
les boulangers modernes, et des coches à un morceau de bois indiquaient les sommes à payer, (n. e.)
(7; Ou plutôt comme dans d'Aubigné (Hi.5t., Il, 290): <i Cela fit faire une cotte >no taillée de capitulation. » (K. E.)
(><i On lit dans la 44' Nouv,: « Aussi .lacques, au lieu de baisser la otte verte à s'amie, lui baissa la cotte rouge. » (N. E.)
I
co
- 305 ~
CO
et peu honnête, bailler la cotte, ou cotte verte (1).
(Gloss, des Arr. Amor. — Coules de la Royne de
Nav. t. II, p. I(i9, etc., etc.)
On a employé le proverbe suivant pour dire que
les seigneurs de la cour doivent être magnifiques et
ne renvoyer personne sans quelque présent (2) :
Tex est la costume qui cort,
Et c'est la droite riuUe (règle) à cort,
Que de mainte gent ait curie (ceinture) ;
Qui n'a cosle, si ait cuiriée (ceinture).
Clés de courloisie, MS. de S. G. fol. 40. R" col. 2.
VARIANTES :
COTTE. Orthographe subsistante.
Cote. Ord. t. 1, p. 74.
CosTE. Fabl MSS. du R. n» 7218, f» 178.
CoCTE. JoinviUe, p. 104 : Crétin, p. 178.
OuOTE. Colgrave, Dict.
QuOTTE. Laiic. du Lac, t. III, p. 97, R» col. 2.
COUTE. Ovide da Arte, MS. de S. G. f» 96 V°.
Coite. Le Songe du Verger, dans Borel.
COT. Fabl. MSS. du R. n» 7218, 1" 190, V» col. 2.
GOST. Fabl. MSS. de S. G. f» 37, R» col. 4.
Cottelette, suhst. fém. Habillement d'homme
ou de femme. C'est le diminutif de totte. (Voyez ce
mol.) Le P. Labbe (Gloss. p. 531) rend ce mot en
latin par tunicella. « Ils tolloyenl (ostoienl) aux
« chevaliers etescuyers tout ce qu'ils avoient et les
« meltoyent en une povre cotelle (3). » (Froissart,
livre IV," p. 257.)
.... Lui faire ou robe ou coctelelle.
Faifeu, page 7i.
On nommoit cotelle juste une sorte de deshabillé
à l'usage des dames. « Allèrent en la chambre du
« dit (iac de Cleves en cotelles justes de draps
« d'orfaverie et de soye. » (Math, de Coucy, Hist. de
Charles Vil, p. 710.) On lit (ibid) : « Dansèrent avec
« justes cotelles. « (Voyez Cotte juste ci-dessus.)
VARIANTES :
COTTELETTE, Côtelette.
COCTELETTE. Faifeu, p. 74.
Cotelete. Poës. MSS. Vatican, n» 1490, f» 112, V» col. 2.
Cotelle. Froissart, livre IV, p. 257.
Cottelle. Contredit de Songecreux, f" 142 V°.
COTELE. Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. 637 ; ibid. 668.
Coutele. Ibid. t. IV, p. 1543.
Cotter, verbe. Marquer, indiquer, remarquer,
« S'il esloil eu ma puissance vous pouvoir co<i(;r, ou
« le mois, ou la semaine, ou le jour de mou retour,
« jevousleco^/crois. » (L'Amant ressuscité, p. 470.)
Crétin dit, en parlant dé la muse Uranie, p. 65 :
Puis quant elle eut ses notables co^e: (maximes).
Vers Jupiter adressa son regard, etc.
Cotteret, subst. masc. Marchepied (4).
Le cotleret dessus les piedz.
L'Amant rendu Cordelier, page .53^.
Cotterie, subst. fém. Terme de coutume *.
Nom d'une société de paysans révoltés ^.
* Dans le premier sens, c'est la même chose que
cotage, un tènemenl en roture. (Voyez ce mot)
^ Dans le second sens, ce fut le nom donné à
cette société de paysans révoltés (|ue l'un nomma
cotereanx. (Voyez leur article et les Dict. de Borel
et de Corneille.)
Cottes-d'ai'ines, subst. masc. plur. Ceux qui
portoientdes cottes d'armes. Ainsi on a ditcorselets
et salades pour ceux qui en étoient armés. « Il avoit
» perdu trente et trois cottes irarmes de son
« lignage. ■■ (Froissart, liv. IV, p. '24t2 (5).) « Furent
» trouvez morts de la part des Arminaz bien 2375
" cottes d'armes. » (.Journal de Paris, sous Charles
VIel VII, p. 101.)
Cotteiir-de-droit, subst. masc. Jurisconsulte^,
commentateur du droit. (Rab. t. V, p. 84.)
1. Cottier, subst. masc. Homme qui tient un
héritage roturier * ((5). Tènemenl roturier ^.
* Dans le premier sens, un cottier est celui qui
tient un héritage pur cotterie, c'est-à-iiire par rede-
vance roturière. fVoyez Cotterie et Cottage. — Voy.
aussi Laur. Gloss. du Dr. fr.) On trouve francs
colliers dans la Coutume d'Amiens. (Du Gange, aux
mois cotarius et collaterii.)
^ On disoit aussi cottier pour signifier le tène-
menl roturier , la terre tenue en cotterie par
redevance roturière.
VARIANTES :
COTTIER. Cout. Gén. t. I, p. 624.
COTIER.
2. Cottier, adj. Qui concerne le tènemenl en
cotterie.
On disoit en ce sens :
1° Juges cottiers, pour les juges qui connoissent
et décident des matières concernant les terres ou
héritages tenus en cotage ou cotterie, roture ou
censive.
2° Cens cottier, pour cens roturier, autrement
appelé cens Iruant. (Du Gange , aux mots Census et
Colagius (7).)
VARIANTES :
COTTIER. Laur. Gloss. du Dr. fr.
Costier. Beauman. p. 126.
Cotier.
Cottièrement , adv. Roturièrement. Tenir
cottièrement un héritage, c'étoit le tenir en cotage
ou colerie, en roture ou censive. (Laur. Glossaire
du Droit fr.)
Cottits, subst. masc. Roture ou censive. Le
(1) u Que de plaisir de voir sous la nuit brune, Quand le soleil a fait place à la lune, Au fond des bois les nymphes
s'assembler, Monstrer au vent leur gorge descouverte. Danser, sauter, se dotiner colti- verte, Et sous leurs pas tout l'herbage
trembler. » (Desportes. Œuvres, p. 587.) On se jette dans l'herbe fraîche qui déteint sur les robes blanches. CoUerye dit
« tailler verte coite à l'envers. » (N. E.)
(2) On lit aussi dans E. Deschamps (fol. 63) : « .\ chascun doit souffire, quoiqu'on dye. Vivre, une chambre, une cotle, un
cheval. » (N. E.)
(3) Voyez ce mot et Froissart (XV, 331). (n. e.)
(4) Voyez ce mot et les suivants écrits par un seul l. (n. e.)
(5) Comparez édition Kervyn, XV, 286. (N. E.)
(6) Leur condition, comme celle des bordiers, était Intermédiaire entre la liberté et le servage, (n. e.)
(7) D'après Beaumanoir, ch. XXIII. C'est le croit de cens, le cens payé au villain qui a sous-Ioué sa terre, (n. e.)
IV. 3»
co
306 —
CO
même que cotage ou cotterie ci-dessus. » Quand
» aucun a dioict de lerrage, et (\ue le dit fonds est
a tenud'aulreseigneur, soiten fiefsou co////s, etc. »
(Coût, de Ponlhieu, Coul. f.én. t. I, p. 678.)
Coltonner, verbe. Garnir de coton. C'est le
sens propre. De là, cette fa(jon de parler figurée :
Coltonner le moule du pourpoint, pour manger
beaucoup, emplir son ventre. (Oudin , Cur. t'r.)
Nous disons encore, dans le langage trivial, te
bourrer.
Cotu, adj. Raboteux. Du Gange, au mot Cotu-
losus campus.)
Cotusae, snbst. (ém. On a dit proverbialement :
En la terre au père Audiger,
C'est en la terre de Cocusse
Ou Audigers chie en s'aumusse.
Fabl. MSS. du H. n" 1013, t. 1, fol. 72, R- col. 1.
Cotuteui", subsl. musc. Celui qui est tuteur
avec un autre. (Coût. Gén. t. II, p. 1020.)
Çou, pronom. Ce, cela, celui. On disoit: « Cu ne
» m'eustes vos en covenl, » pour ne me promiles
vous pas cela. (I<"abl. mss. du R. n" 7989, folio 71 )
Çou temps s'est employé absolument pour en ce
temps, dans le Rom. de Hou, ms. p. 20-2. Estes vous
çou signilie est-ce vous, dans le vers suivant:
Estes vous cou, dites le moi ?
Fabl. MSS. du R. n' 798'J, Toi. 53, V col. 1.
On disoit aussi çou ne (joi, dans le sens où nous
disons ni quoi ni qu'est-ce :
Cil ne li dist ne foit ne <io'i.
Fabl. MSS. du R. n" 7089, fol. 90, R" col. 1.
Çoii devant derrière, pour tout îi rebours ; littéra-
lement c'en devant derrière :
.... Çou devant derrière
Parlés' à guise d'enfant
Pocs. MSS. Valican, n' l-iOû, fol. 142, V'.
VARIANTES :
COU. Poës. MSS. Valican. n» 1490, f" 142, V».
Çu. Fabl. MSS. du R. n" 7989, f" 75, R» col. 2.
Couage. [Intercalez Couage, peut-être pour
louage aux preuves de l'Histoire de Bretagne
(I, col. 780; : « Une neff se frette à Bourdeaux'ou
« ailleurs, et vient à sa droite descharge et font
» chartre-partie; couages et petits locmans sont
« sur les marchants. »] (n. e.)
Couailler, verbe. Remuer la queue. (Dictionn.
d'Oudin.) Couaver semble avoir !a même significa-
tion dans ce passage : « Le cheval ayant senti lair
" de sa naissance, un peu haussant le museau,
« couavé, gambadé et ruade à son plaisir, s'en alla
« droit à l'eslable. » (Contes d'Eutrap. p. 95.)
VARIANTES :
COUAILLER. Die. d'Oudin.
Couaver. Contes d'Eutrapel, p. 95.
Couane. [Intercalez Couane, couenne dans un
bestiaire manuscrit, oti l'on dit du crocodile :
De sa couane seulement
Soloit on faire un ongement,
Les vielles femmes s'an ognoieiit ;
Par tel ongement s'estendoient
Les fronces dou vis et dou front,
Et pluiseurs encore le font ;
Mais puis que la sueur lor vient,
Sachiés que nul preu ne lor tient.
DuCange, 421, col. t.] (n. t.)
Couard. [Intercalez Couard, et voyez Coar,
même volume, p. 73.] (n. e.)
Couardement, adv. Lâchement. D'une manière
lâche et timide. (Dict. de R. Estienne, d'Oudin, de
Cotgrave.) Ce inotn'exprimeque la timidité dans ce
passage : » Dites, dist la royne, ce que vous avez
« empensé ; doncques dist le pèlerin moult <:oî<a/'-
« dément (i), ma très chière dame, etc. » (Modus et
Racio, MS. f" 277.)
Couardie , subst. (ém. (2) Poltronnerie, lâ-
cheté *. Sottise ^.
* Voyez, sur le premier sens, les Dict. de Cotgr.
de R. Estienne, et le Gloss. sur les Coût, de Beauv.
« La cruauté vient et est tille de la couardise. »
(Sagesse, de Charron, p. 144.) « Tant se tourmenter
« de la mort, c'est premièrement grande foiblesse
» et couardise. « (IlJid. p. 358.)
.... Couardise à reculons
Vet (va) tojors en lariere garde.
Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. Il, fol. 193 R-, col. I.
^ Le mot couardise s'est pris aussi pour sotte
timidité :
Je per par cohardie bone amour.
Poi-s. MSS. av. 1300, T. I, p. 512.
De là, pour sottise en général. Le renard vantant
le plumage et la voix du corbeau :
Le corbeau par sa couardie,
Oyant son chant ainsi vanter
Si ouvrit le bec pour chanter.
Palh. Farce, p. 31.
VARIANTES :
COUARDIE. Pathelin, Farce, p, 31.
CouHARDiE. Le Duchat, sur Rabelais, t. IV, p. 281.
Couardise. Charron, Sagesse, p. 564, etc.
CoARDiE. Chans. du xiii« siècle, MS. de Bouh. t" 214, V».
Cohardie. Poës. MSS. avant 1.300, t. I, p. 512.
CoARDiA. Borel, Dict.
CouARDiA. Id. ibid.
Couartée, subst fém. Mesurede terre contenant
lequartd'un arpent. (Du Gange, au motCartalatn^à).
— Voyez QuARTELEE DE TERRE ci-après.)
Couarz. [Intercalez Couar:i, classe de censi-
taires, dans un registre des fiefs de Vieuxpont
(an. 13(16, Du Gange, 11,252, col. 1) : « Les hommes
« que l'en appelle les couarz. •■] (n. e.)
Coubdée, subst. fem. Coudée. Cette mesure est
d'un pied et demi de roi. On disoit autrefois : •> Avec
" distance d'une coubdée et demie. » (Rab. t. Il,
p. 184.) On trouve cotée, au même sens, du mot
coule encore usité parmi le peuple, en Normandie,
(1) On lit aussi dans Thibaut de Champagne (II, p. 25) : « Mais jà dame ne saura mon penser. Nus qui soit nés, fors vous
cui je le dis, Couardement. à paours à doutance. » (N. E.)
(2) Voyez Coardie, même vol., p. 74. (N. E.)
(3) « On fait prendre, lever et emporter toutes les dismes des ablaiz crueues en sept couartées de une pièce de terre
contenant .x. joiirneux. » (Cart. de b' Jean d'Amiens.) (n. e.)
co
307 —
CO
pour coude. " Lur est avis qu'il est plus longes
« (loing) de deus cotées. » (Hist. de la S" Croix, ms.
p. iG. — Voyez Coide ci-après (1).)
VARIANTES :
COUBDÉE. Rabelais, t. II, p. 187.
CouLDÉE. Dict. de Cotgiave.
CoTÉK. Hist. de la S" Croix, MS. p. 16.
Couben, subst. masc. Couvent. Mot du patois
de Cahors. (Diot. de Borel, au mot Glouper.)
Couble. [Intercalez Coiihle, d'après une pièce
de 1310 (layelles du Tiésor des Chartes; Poitou):
« Item de tous les barilliers, une couble. »] ik. e.)
Coubrer. [Intercalez Coubrer, saisir :
Par le nasal dou hiaume l'ait couhré.
Gérard de Vienne, v. 700.
Tout maintenant eûst RoUan rouhré
A ses deus poinz, voiant tôt le barné.
Id.. V. 2598.
On trouve aussi coftjwdansParlonopex, v. 7612,
el dans Garin (Du Cange, II, 407, col 2) :
El destrier monte : si a l'escu cohré.
Et combrer (même volume, p. 113, et Agolanl,
V. 621) :
Estreint la çengle, s'a la renne cambrée.} (n. e.)
Coucade , mbst. fém. Mesure de terre. Ce
terme est usité dans la généralité de Montauban.
Coucba, 3' pers. du prétérit. Se coucha semble
une faute pour se coucha , s'avilit , dans ce
passage :
.... L'enperes Constantin
Ot eu sa famé tel ontage (honte)
Qu'il se coucha par son folage,
En une si laide figure
C'on le voit en maint escripture.
Fabl. MSS. du R. u" 7G15, t. U. fol. 153, V- col, 1.
Coucliable, adj. Propre à coucher, où l'on
peut coucher. Lit couchable. (Epilhètes de M. de
La Porte.)
Coucbage, subst. masc. Terme de coutume. Il
signifie le droit de laisser paitre ses bêtes, la nuit,
dans les forêts.
VARIANTES .'
COUCHAGE. Du Cange, au mot Couquacium.
COUQUAGE. Id. Ibid.
Couchant-et-levant, sub.-st. masc. Domicilié.
Cette expression, prise comme substantif, a signifié
le domicile, soit par rapport au seigneur (2) dont le
domicile roturier relève, soil par rapport au juge
sous la juridiction duquel il est situé. (Gloss.sur les
Coût, de Beauvoisis.) •< Si tu es adjourné devant
« aucun juge, et tu ne sois ne son couchant, ne
■' son levant, el on t'y faict demande, respondre
« n'y dois. » (Bout. Som. Rur. p. 74.)
Couchant-levant, adv. Nuit et jour. Perpé-
tuellement.
Et à languir couchant levant.
Parton, de El. MS. de S. G. fol. 139, V col. 3.
Couche, subst. fém. Lit*. Litière °. Repaire '^.
Terme de boulangerie °. L'action de baisser la
lance ^. Terme de jeu ''.
* Dans le premier sens , nous disons encore
couche pour lit (3). Autrefois ce mot a signifié quel-
quefois lit en général. (L'Amant ressuscité, p. 342.)
Nous observerons cependant qu'anciennement un
lit n'étoit appelé couche que lorsqu'il avoil dix ou
douze pieds de long sur autant de large (4). (Voyez
Choisy, Vie de Charles VI, p. 110.)
Quelquefois on entendoil par lit ce que nous appe-
lons le coucher, comme dans les passages suivans :
« Ses gens ne lui avoient rien appareillé commode
« rohhes. Ut, cousche, ne autre bien (.">). » (Joinville,
p. 79.) Quelquefois on écrivoit conche en ce sens:
N'ot point de couche apnareiUié.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. :it8, V- col. 1.
On disoit être en couche, pour être alité. On lit,
en parlant d'un homme qui avoit reçu une
blessure, qu'il eu fut en couche. (Vig. deCharl. VII,
t. II, p. 129.)
° On appliquoit aussi ce mot à la litière sur
laquelle couchent les chevaux. 11 paroit que c'est
en ce sens que l'orthographe coHf/ic est employée
dans ce passage : « Après faut qu'ils regardent si
« leurs chevaux sont bien ferrez, et bien enconclie,
« en leur donnant de favoine,.... ce fait, s'en iront
« coucher. » (Fouilloux, Vénerie, f" 38.) (G)
'^ De là, au lieu oîi se retirent le loup et autres
bêtes malfaisantes, ce qu'on nomme repaire. Un
chasseur « doit suyvre son limier jusques à ce qu'il
" le lance, et trouve la couche du loup sur laquel
u il doit fort tlatter son limier. » (Fouill. Vénerie,
folio 113.) (7)
° Comme terme de boulangerie, ce mot désignoit
un morceau de grosse toile sur laquelle on couche
le pain avant de le mettre dans le four :
Ne tornez, ne sor couclies assis
En auront plus de trente six.
Fabl. MSS. du R, n* 7-218, fol. 175, V° col. 1.
^ On disoit coucher la lance pour la baisser. De
là couche s'est pris pour l'action de baisser la lance,
pour frapper son adversaire :
Mes Diex le fist à une couche.
Fabl MSS. du R. n"76l5, I. II, f 187, R- col. 2 et V- col. 1.
■^ Enfin couche, comme terme de jeu, signifioit
proprement l'enjeu. On dit encore en ce sens la
couche pour désigner ce qu'on a mis sur une carte
au lansquenet. Rabelais l'a employé figurémenten
ce sens, dans cette expression : «Bien boire; moi-
(1) Voyez Code, ci-avant, (x. e.)
(2) « Et s'il ne le trueve d'aventure , il doivent aler fere lor semonce à lor ostel oii il est couquans et levans. »
(Beaumanoir, 50.) (n. e.)
(3) On lit déjà aux Rois (Hl) : « Il de terre levad, e sur une culche s'assiet. » (n. e.)
(4) On ht cependant : « Porté fu le roy de sa couche en son ht. » (Christ, de Pisan, ch. 'V, III, ch. LXXI.) « Et douce main
pour remuer Le pacient et le ruer Doucement en ht ou en couche. » (E. Deschamps, fol. 420.) (N. E.)
(5) M. de WaiUy édite (§ 403) : « Il ne trouva onques que sa gent li eussent riens appareilhé, ne lit, ne robes. » (n. ë.)
(6) Comparez édition Favre, fol. 31, recto, (n. e.)
(7) Comparez édition Favre, fol. 83, verso, (n. e.)
co
G08 —
CO
<i tié au per, moilic à la couche. » (Rab. l. V, p. 20.) (1)
LeDucluil, noie 12, tlil que « c'est une métaphore
« enipiunlée des jeux où ou parie une somme
'< au delà d'une autre qu'où couche sur la carte. »
Dans le passage suivant, ce mot ne paroil pas
substantif, mais impératif du verbe coucher, et il
équivaut à notre mot tope.
A II coups ay perdu six frans ;
Pour autre six voulez-vous bien ?
Couciie, je ne refuse rien.
Or va va : vous l'avez perdu.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 375, col. 1.
On appeloit bombnj'des à deux couches, peut-être
les doubles bombardes ou bombardes à deux
canons.
Si furent faits de grans aprouches
De fossez, minnes et tranchées,
Bombardes jettans à deux couches
Dont les tours furent esbauchées.
Vigiles de Charles VII, t. Il, p. 111.
VARIANTES :
COUCHE. Orth. subsistante.
CouscHE. Faifeu, p. 109 ; Joinv. p. 79.
Cocue. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. I, f» 73, R»col. 2.
CoNc.HE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f 318, V° col. 1.
Couché, adj. Horizontal*. Garni, orné°.
*Dans le premier sens, on a dii ligne couchée
pour ligne horizontale, transversale, collatérale,
opposée par conséquent à debout, directe, perpen-
diculaire. « La seconde espèce d'amitié pour le
« regard des personnes est en ligne couchée et col-
« latérale entre pareils, ou presque pareils. » (Sag.
de Charron, p. 481.)
^Couché, pour garni, orné, semble venir de jon-
ché, semé.
C'est en ce sens que l'emploie Saintré, dans ce
passage : » Si en ay ung aullre de damas noir, dont
« l'ouvrage est tout po'urlillé de fil d'argent et le
« champl" tout empli de boulpes couchées de plu-
« mes d'autrusse. « (P. J. de Saintré, p. 189.)
Couchement , subst. masc. L'action d'être
couché et de se coucher. (Rob.EstienneelColgrave,
Dict.) L'action de coucher ensemble. •■ LeurcoMC/(c-
« ment et amour. ■> (Bout. Som. Rur. p. 613.) « Li
» naissemenz del soloil, et li couchemens. »
(S. Bern. Serm. Ir. mss. p. 87.)
Coucheore, adj. au fém. On disoit hore cou-
cheore pour l'heure de se coucher, dans le langage
vulgaire Vheure couchatoire.
A nuit, dit il, emprés (après) celle bore
Que l'en appelle coucheore.
Rom. de Brut. MS. fol. 3, V* col. 2.
Coucher, verbe. Coucher, dormir*. Mettre au
jeu^. Donner, prodiguer'^. Ecrire" (2).
* .Nous disons encore coucher dans le premier
sens. Du Gange, dans son Gloss. lat. et M' Valois,
dans le Valesiana, p. 73, dérivent le mot couclier de
collocare (3). On pourroit peut-être appuyer encore
cette étymologie par un passage de la Règle lat. et
fr. de s' Benoit, ms. de Beauv. ch. 43. On y trouve
couceroit traduit du mot latin recollocet. Cei>endan{
il seroil aussi naturel de le faire venir de esconser.
On litdiins quelques >i^s. : Le soleil escouchant,
alias escunchanl, pour le soleil couchant.
On disoit en ce sens :
1° Couclier à la françoise pour dormir, au figuré
demeurer tranquille, sans se mettieeu g.'irde contre
les hasards de la guerre. (Mém. de Montluc, t. I,
page 173.)
2" Se coucher en chapon, se couclier de bonne
heure. (Oudin, Dict. elCur. fr.) (4) On dit encore vul-
gairement, se coucher comme les poules.
3° Couclier à l'enseigner de restoiUe, pour cou-
cher à la belle étoile. (Contes d'Eulrap. p. 208.)
4° Se coucher dormir signilioit par ellipse se cou-
cher pour dormir ; nous évitons ce pléonasme, en
donnant au mot coucher l'une et l'autre significa-
tion : « Quant il avoient soupe, si se couchoïenl
" dormir. » (Gontin, de G. de Tyr, Martène, t. V,
col. 620.)
^Co;/c/(fr se prend encore pour mettre au jeu (5);
on disoit aussi autrefois en ce sens :
Je ne vueil mie couchier trop ;
Je ne tendrai cest premier cop.
Fabl. MSS. du K. n° 721S, fol. 235, V col. I.
4° Coucher de sa vie, pour mettre sa vie en jeu,
la risquer, l'exposer. (Sag. de Charr. p. 36-5.)
2° Couclier de flamme, pour hasarder l'aveu de
son amour. (Th. Corn. Berg. Extiavag. act. 2, se. 2.;(6)
On a vu à l'article Coiche que l'on disoil couche, à
l'impératif, pour tope, mets au jeu ; j'y consens ; je
le tiens.
'^ Par extension de cette acception, coucher a
signifié donner, prodiguer, hasarder la récompense
de sa générosité en donnant inconsidérément et
sans choix.
Si l'or a le roy tout coucliié.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. O'J.
"Enfin l'on a dit couclier pour écrire, coucher
par écrit en parlant du style ; •> Lettre mal escrite
» et encore plus mal couchée. « (Voyag. di Petrode
la Valle, Paris, 1670, in-4% p. 115.)
Nous remarquerons encore quelques expressions
où ce mot entre (7) :
1° Coucher de minlma, pour appeler d'un juge
inférieur au supérieur. « Articule nouveaux faits,
« et couche de mininia. » (Pasq. Rech. p. 865.)
(1) Voyez aussi J. Marot, t. V, p. 108. (n. e.)
(2) Froissarl dit au sens d'abattre : « Il chouchierent grant foison d'arbres et de bois. » (II, 2G8.) (n. e.)
(3) Ce sens est dans Suétone (Caligula, 24) : « Plenoque convivio singulas infra se vicissim coUocahat. » (n. e.)
(4) Au débat de folie et d'amour (p. 99), le proverbe est plus complet ; « Se coucher en cliapon, le morceau au bec. » ^N. E.)
(5) « Après ce coup là veïssiez Autres coups aUer et tenir, Et Qourins aller et venir ; L'un couchait de seize tous francs. »
(E. Desch., fol. 392.) (N. e.)
(6) Pierre Corneille dit aussi dans le Menteur (III, 5) ; « Vous couchez d'imposture et vous osez jurer ! » (n. k.)
(7) Coucher une affaire, c'est la régler : « Et quoique là en fust parlementé et regardé cornent on poroit couchier les
coses et yaus apaisier. » (Froissart, VI, 31(5.) Se couchier d'une affaire, c'est s'en rapporter à autrui : « U estoit content de
s'en mettre et concilier à la pure ordonnance du visconte de Rohen. » (Id., XV, 208.) (n. e.)
co
309 —
CO
2° Se couchier en droit, se mettre en droit, pour
commencer une instance. (Beauman. p. 75.)
3° Couclier ou couchier lance fl), la baisser, la tenir
en arrétdans rattilude de frapper. » 11 dresse le bras
>• dextre à tout la lance au poing... et quant il fut
« tempsdefOi/d(('/% il coucha toutdroitbonne/«»C(3,
« et tourne sur son ennemi. » (Percef. vol. V, f" 6.)
On disoil aussi, en ce sens, couchier basions :
Car quant vint aux basions vuiiclùer,
Peu sçavoient le tour de la lance.
Vig. de Charles Vil, 1. Il, p. 115.
VAHIAOTES (2) :
COUCHEB. Orthographe subsistante.
Couchier. Path. Farce, p. G7.
CoscHER. Fabl. MSS. de S. d. fol. 49, R» col. 3.
CoucER. Fabl. MSS. du R. n» 7989, f» 89, V» col. 2.
CouciER. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1285, t. IV, p. 1341.
Coiiclieteur, subst. niasc. Ce mot paroit dési-
gner un métier, une profession, dans une pièce de
•1357, citée piéf. du 3' vol. des Ordonn. p. 72. On y
trouve Colard le coucheteur. C'est peut-être une
faute pour souclieteur, terme des eaux et forêts
pour signifier expert au souclietage ou à la visite
des souches.
Couciaus, subst. masc. plur. Conseil, assis-
tance, consolation.
Car nous dounes les couciaus.
Poés. MSS. Vatican, n- 1490, fol. ^0, V-.
Coucuol. [Intercalez Coucuol, mari trompé :
« Tu ne es sinon uiig coucuol, que je t'ai fait. »
(JJ. 185, p. I.j2, an. 1451.) Au leg. JJ. 11)8, p. :?29,
an. 14G2, on trouve couquiol: « Icellui sergent
« appelia le suppliant coquart, coqu , couqui)l,
" autant t'o«ç(uo/ qu'il n'estoil pas digne de nresidre
" l'eaue benoiste. »] (,n. e.)
Coucuvuche, subst. fém. Sommité, pointe. Mot
languedocien formé de coqueluche, coqueluchon,
qu'on met sur la tête. (Du Cange, au mot Quoquilum.)
Coude, subst. masc. Coude. Nous disons encore
coude en ce sens; mais nous ne disons plus estre à
coudes et à genoux pour être prosterné. (Chron.
S. Den. t.l, f°2.53.)(3) Encore moins venir à couldes
et à genoux, expression figurée pour crier merci.
(Percef. vol. IV, fol. 153.) On disoit aussi aller à
coûtes pour marcher sur les coudes. (Part.de Blois,
m. de S. G. fol. 155.) (4) L'usage de ce mot dans le
vers suivant mérite d'être remarqué :
Je n'aira pas mon mari del cuer plus que del coûte.
Fahl. WSS. du R. n" "218, fol,338, V- col. 2.
On disoit le couldc du bras pour le coude. (Petit
J. de Saintré, p. 300.) Comme si on eut voulu dis-
tinguer le coude du bras du coude du pied. Celte
expression peut servir à appuyer l'opinion de ceux
qui prétendent que coude pied, vient non de cou de
pied, maisde coude du pied (5).
Le coude de Vespaule, en parlant des bêtes, dési-
gne la partie du corps qui se joint à la jambe de
devant. « Les lieux par où une bcste peut mourir
« plus tost, si est par les longes, et par les costez,
« espéciaument bas orès du coude de respaule. »
(Chasse de Gast. Phéb. jis. p. 328.)
VARIA.NTES :
COUDE. Orthographe subsistante.
CouLDE. Percef. vol. IV, fol. 153, V» col. 2.
CouuDE. Cotgrave, Dict.
CoUBTE. Ibid. Rab. t. III, prol. p. 8, t. IV, p. 67.
CcuLTE. Percef. vol. IV, fol. 4, R» col. 1.
CousTE. Eust. Desch. Poésies IISS. 1° 421, col. 2.
COUTE. Villon, Rep. fr. p. 36 (6).
CouTTE. Lanc. du Lac, t. I, fol. 28, V» col. 1.
Keute. Ph. Jlouskes, MS. p. 296.
Coiidé,adj. kp\myé'J]. Canon coudé, dansOaàin,
Dict. Esp. Canon acodado. .ïe ne sais cependant si
le mot acodado, qui signifie également s'accouder,
s'appuyer sur le coude, et couder, plier en coude,
ne doit pas se prendre ici dans le second sens. En
ce cas, le mot roudé n'auroit riendanscette expres-
sion qui différât du sens que nous lui donnons
encore. Dans le premier sens, canon coudé seroit
un canon en batterie; dans le second, un tuyau
courbé.
Coudée. [Intercalez Coudée, poignée, au t. Il
de rHist. de Bretagne (Preuves, col. 485) : « Prin-
« drent du feu, de la chandelle et une coudée de
« paille. •' De même co(;;e signifiait main (Roncisv.
p. 115) : » Par som le coûte lui fu du cors
» partie. » (n. e.)
Coudées, subst. fém. plur. Coups de coude.
' Dieu sçait s'il est bien empestré, et s'il a de bon-
« nés coudées, et bons respons. » (Les Quinze
Joyes du Mariage, p. 125.) L'éditeur croit que l'au-
teur équivoque de coudées et respons à gaudés et
respons.
Couderc, subst. masc. Pâturage. Champ à pâ-
turer, dans le patois ilu Puy-en-Velay. (Voyez Du
Cange, au mot Coudercum.) (8)
Coudiere (9), subst. fém. Accoudoir. (Dict. de
Monet et d'Oudin. — Vov. Accoudoir et Accoudiere.)
(1) Par suite on a dit : « Le coup fu bel et bien couchié. » (Froissant, XIV, 129.) (n. e.)
(2) On lit dans Roland : « Sur un perron de marbre bloi se culche. » (Str. II. 1 (N. E.)
(3) « Vindrent à l'église où il avoit fait espier le conte, et vint par derrière si comme le conte estait à coudes et à yenoulc
sur le pavement. » (n. e.)
(4) On lit aussi dans Berte (48) : « A. genous et à coûtes va la terre incliner. » (n. e.)
(5) On lit dans Thomas de Cantorbery (50) : « Uns grans soUers aveit, ke uns frères li porta ; Entur le col del pié à nuals
les laça. » (n. e.)
(6) C'est aussi la forme du xii'" siècle (n. e.)
(7) On Ut encore au t. I des Preuves de l'Histoire de Bretagne (col. 789) : « Une nefî est en ung couvert lieu coudée et
amarrée. » (N. e.)
(8) Le mot subsiste comme nom de lieu' Couderc (Aveyron), le Couderc (Lot), le Coudère (Corrèze) , le Couderl
(Haute-Vienne), (n. e.)
(9) Les coudieres sont aussi deux lanières d'étoffe continuant les demi -manches des j.iquettes et pendant jusqu'au jarret :
« Une fillette commune vestue d'une houppelande longue à grans coudieres notées au poing. » (JJ. :57, p. 40, an. Ii0£.) Ce
sont aussi des boites de fer qui protègent les coudes depuis le temps de Philippe-le-Bel. (N. e.)
co
— 310
co
Coudretc, subst. fcm. Coudraye. Lieu planlé
de coudres.
Trouvai souz une cowlrele.
Pocs. MSS. avant 1300, t. IV, p. 150>l
VARIANTES (1] :
COUDRETE. Poésies MSS. avant 1300, t. IV, p. 1508.
CouLDREïTE. Gloss. de Marot.
CouLDRAV. Percer, vol. V, foi. 43, R° col. 2.
Coudrier, subsl masc. « Oue nulz ne nulle
<' ne melle en euvre plume pourrie que l'en appelle
« coudrier {'!), ne faucin, se l'eu ue met à par soy
« (séparémenl). >> (Ord. t. V, p. 547, an. i;i'il.)
Coudurier, subst. vuisr. Tailleur. Mot du patois
des Donibes. (Du Cauge, au mot C0(lurerius.]On dit
encore, en Normandie, couturier dans le même
sens. (S'oyez Cousturier.)
Coueigne. [Intercalez Coueigne, chignon, dans
Henart, v. -20341 :
Et celé creste et cel coucigttc] (n. £.■)
Coueillon, suhst. masc. Couille, couillon. Ce
mol subsiste avec une légère altération d'ortho-
graphe. ' Fay à ton coutel deux fentes sur les deux
'- coueillons{?>). •< (Modus et Racio, ms. f» 49.) Il est
parlé dans rilist. de la Popelinière(l. I, liv. 2, f°ôO),
d'une espèce de fortification « ressemblant un coul-
« Ion, en forme d'éperon. » Peut-être la même que
le couillon ci-après, pour bastion. (Voy. ce mot.)
VARIANTES :
COUEILLON. Modus et Racio, MS. f» 49, R°.
CouLLON. Hist. delà Popelinière, t. I, liv. 2, f" 50, R°.
Couenaille, subst. fém. Canaille. Dictionn. de
Boxel, 1'" add. du mol coue, queue, d'où s'est aussi
formé l'adjectif couard.
Couers. [Intercalez Couers, mari complaisant :
« Tais-toy, tu es couers; qui vuelt autant dire,
« comme' cellui qui couche les autres avec sa
c femme. » (.IJ. l'2C, p. Cl, an. 1384.)] (n. e.)
Couetés. Charlemagne, montrant au Sarrasin
Angolan les principaux de sa cour assis à sa table,
lui'dit :
Et cil a ses dras fieretés
Partis en voissiez cotielés.
Ph. Mouskcs, MS. p. 145.
Couf (ju). Ce mot paroît devoir signifier je con-
ffsse, j'avoue ou j'ai confiance, jespère. Peut-être
je convoite. « \oscoufju et si désir que vos ades
"" moigniez en benison. » (S. Bern. Serm. fr. mss.
p. 313.) On lit, dans le latin : opta iwbis benedic-
tionem manere semper.
Couffal, subst. masc. Coup. .Mot usité ù Mon-
lauban. (Voyez Dicl. de Corel, au mol Horion, et
l'article Coife ci-dessus.)
Couffin, s»/>sL masc. Recoin. Mot languedocien
pour signifier un lieu propre à mettre des choses
de peu de conséquence; il vient de cophinus ,
panier de jonc. 'Dict. de Borel, au mol Copiiin. —
Voyez l'article Coffin ci-dessus.)
Coufiens. Peut-être est-ce un mot corrompu
dans ce passage :
Mais ils auront service de mestiers
Ou chascun va mettre sou fiens
La ne sera pas li boires trop chiers
C'est pour mal neu dont je suis coufiens.
Eusl. Desch. Poês. MSS. fol. «1 1, col. 3.
Cougot, sulist. masc. Cocu. Mot languedocien.
(Du Cange, au mot Cugus.)
VARIANTES :
COUGOT. I1u Cange, au mot Cugus.
CouYOUL. Id. ibid.
Cougourde. [\nierca\ez Cougourde, Couhourde,
courge au Gloss. lat.-fr. 7C8î. On lit encore dans
un Cari, de Corbie: « Ilem ungz homs qui porte
« couiiourdes, doit .i. den. »] (n. e.)
Couhart, subst. masc Nous avons trouvé ce
mot dans plusieurs titres en faveur de la commune
de Monlbard, rapportés à la suite d'un mémoire
pour celte ville. Il semble qu'il ait eu une signifi-
cation particulière. Le couhart de la ville désigiioit
peut-être une place où l'on s'assembloil, peut-
être un marché, comme cohue, d'où couhart paraît
être formé.
Coulierces, subst. plur. Espèce de serpent ou
autre bête venimeuse. (Voyez Rab. t. IV. p. '274.)
Couillard, subst. masc. Machine de guerre. On
s'en servoil pour lancer des pierres. (Borèl, 1''" add.
et Corneille, Dicl.j On trouve couillars au pluriel,
avec cette signification , dans le Jouvencel , ms.
p. 289. C'étoit aussi le nom des pièces de grosse
artillerie. (Voyez BouUainvill. Ess. sur la Noblesse,
Table, p. 99, etc.) (4)
Il y avoil « un maistre des engins nommez cou-
« lars. » (Etal des Officiers des ducs de Bourgogne,
p. 241.) On lit : canons, coullars, et autres engins.
(Juvénàl des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 172,
année 1405. )
VARIANTES ;
COUILLA.RD. Le Jouvencel, MS. p. 289.
CoiLART. Le .Touvencel, MS. p. 289 (5).
CouLLART. .luvénal des Urs. Hist. de Charles VI, p. 172.
CouLAR. Etat des ofliciers des ducs de Bourg, p. 241.
Couillasse, subst. fém. Terme d'injure. (Rab.
t. III, p. 129.)
Couillaud, sh6s/. masc. Cemolavoit plusieurs
significations. Rabelais l'a employé comme terme
d'amilié (l. 1, p. G33. Voyez la note de Le Duchat.
ibid.) Oudin . dans son Dicl. l'explique par bon
compagnon. Il s'est aussi pris dans un sens plus
(1) On disait aussi coudreiz, Chron. des ducs de Norm., v. 25334, et coudroie (Romancero, p. 677). (n. e.)
(2) Il faut lire poudrier. i;Du Cange, II, 641, col. 1.) (N. E.)
(3) Dans Froiss. vXI, 368), on lit : « Laissiés venir ces François ; par Dieu, il n'en retournera jamais c... en France. » (n. e.)
(4) On lit dans le Fèvre de S' Remy (an. 1415) : « Laquelle [ville de Mortain] les François délibèrent d'assiéger : et dé faict
y mirent le siège, et y assortirent canons et fo»//((rs et autres engins;... et si endonimageoient fort ceux de dedans les
coullars. par où on jettoit grosses pierres et pesantes. « (N. E.)
(5) On lit aussi dans une pièce de 1391 (Da Cange, II, 641, col. 3) : « Pour la feczon des dous angins , un angin et un
coitlart (plus bas couUarl) pour la delïense doudit chastel. » (N. E.)
co
311
co
libre. (Contes d'Eutrapel, p. 295.) Selon Ménage,
on appelle couillauds, « dans Téglise callicdrale
« d'Angers, les valets des chanoines qui servent à
« l'église. » (Dict. Elym.)
VARIANTES ;
COUILLA.UD. Oudin, Dict.
CouiLLAUST. Rabelais, t. I, p. 263.
COUILLAUT.
Couille, subst. fém. Ce mot subsiste sous cette
orthographe. Nous nous bornerons h citer les
expressions suivantes :
i° Avoir couille et moulle. Façon de parler usitée
en Poitou, pour dire être courageux, avoir de la
valeur. (Le Duchat, sur Rab. t. l, p. 207.)
2° Jouer à la couille de bélier. Espèce de jeu,
comme celui du ballon. (Rabelais, 1. 1, p. 143.— Voy.
aussi Coi LÉE iiELÉE ci-après.)
3° On disoit couille de bélier ou beimière pour
bourse. » Une couille de bélier pleine de carolus
« nouvellement forgez. « (Rab. t. III, p. Vil.)Couille
beliniere. (Ibid. p. 92.)
40 On nommoit couille à l'evesque une sorte
d'herbe à salade , celle que nous appelons des
mâches. •• Salhides cent diversités, de cresson, de
« obelon, de la couille à l'evesque, de responses,
.- etc. » (Rab. t. IV, p. 253.)
VARIANTES :
COUILLE. Ortliographe subsistante.
CcuLLE. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. H, f° 167.
Coule. Modus el Racio, f» 14, V».
Collinettes. [^Intercalez Couillettcs , dans la
locution coustel a couillettes (JJ, 13'J, page 224,
an. 1390). On trouve aussi coustel à coulletles
(JJ. 120, p. 320, an. 1382).] (n. e.)
Couillon, suhst. ?Hflsc. Rastion. On le nommoit
ainsi à c;iuse de sa figure. (Voyez l'IIist. de M. de
Thou, t. XII, liv. 107, p. 3, et Coueillon ci-dessus.)
Co....iiinous, adjectif. Semble pris pour émer-
veillés. On lit, dans S. Bernard, au 1" sermon de
l'Avent: « Tôt aprimierl'eswardez ensemble l'Apos-
« tle, ki de cest avènement est toz enbaiz et
« co....uillous cum granz soit cist qui vient a nos. »
(S. Dern. Sermon fr. siss. p. 723.) Dans le latin :
primo igilur loco cum aposlolo slupente et admi-
rante i)itueamini et vos, quaiiUis sit iste qui
ingreditur.
Couinne, subst. fém. Couenne. (Dict. de Cotgr.)
On a dit couine, au figuré, pour complexion :
.... Molt ert (étoit) d'amoureus couiue (1)
Et plus velu qu'une esclavine.
Fal)l. MSS. de S. G. fol. ■/!), Vcol. 3.
Couionnade, subst. fém. Poltronnerie, lâcheté.
VARIANTES :
COUIONNADE. Dict. de Cotgrave.
CoYONNADE. Oudiu, Dict.
Couir, verbe. Dans le premier passsage que nous
allons citer, ce mot semble une faute pour covrir,
couvrir :
.le ne sai cornent
Coiiir mon coraige.
Gonliers, Poès. MSS. avant 1300, l. III, p. 1047.
Le second paroit indiquer qu'il faut lire corir,
courir, au lieu de couir. » Fut son cheval tel
« atourné (tellement exercé) de cou ir et de tracasser
« aval (le long) la forest, qti'ilz cheureiit tous deux
>• en ung mont (tas). >■ (Percef vol. III, (« 56.)
Coul, subsl. masc. On a dit eoiil du pied pour
coudepied. (Petit J. de Saintré, p. 309 )
Goulable, adj. Volage, inconstant. ■< La fortune
« moins coulable. » (Poës. de Loys le Caron , f° 39.
— Voyez CoiLANT.)
Coulac, subst. Alose. Mot gascon. (Dictionn. de
Cotgrave.) (2)
Coulant, acij. Inconstant *. Courant ^.
* Le sens propre est fluide, propre à couler, d'oi^i
l'on a lire le sens figuré inconstant, volage, qui
coule el échappe aisément :
Plus que pithou merveilleux à oultrage,
Cuer plus cou.lu.nt que couleuvre en marage (marécage).
Escorpion qui seult poindre les nus.
Eusl. Desch. Pws. MSS. fol. 38.
^ La signification de courant, donnée au mot
coulant, approche plus du sens propre. On a dit
coulant de rivière, pour courant de rivière. (Dict.
d'Oudin.) « Le mena près le coulant d'un certain
" neuve. » (Nuicts de Stiap. t. II, p. 311.) (3)
Coulantinie, adj. au superlatif. Mot factice. Il
est formé de coulant, pris ici dans un sens figuré,
qui subsiste :
De tes doux vers le style cnulanlimi:.
Œuv de Joach. du Bellaj, f" :M. V*.
Coule, adj. el. partie. Couché. On a dit, dans le
patois languedocien, soulel coule, pour soleil cou-
ché. (Du Cange, au mot Collocare.)
Coulca, verbe. Coucher. Mot languedocien. (Du
Cange, au mot Collocare.)
Coulcé, subsl. masc. Lit de plume. Le même
que couette, dans le patois languedocien. (Dict. de
Borel, au mot .Xcoleié.)
CouUlier, adj. Qui est à la hauteur du coude (4).
" Nains et piginées qui est à dire couldiers et de la
« hauteur du coulde. » (Bouch. Ser. liv. II, p. 210.)
Couldre , subst. masc. Coudre , arbre. « Les
«I cerfs en février et mars , vont au viandis, aux
« chatons des sin\\es ei courdes, etc. • (Fouilloux,
Vénerie, f" 28.) Courdes, dans ce passage, n'est
peut-être qu'une faute pour coudres. On trouve
l'orthographe coudrais dans les vers suivans :
(1) Lisez covine, dérivé de coin'cnire : « Et sevent jà tôt le covine Del valet et de la roïne. » (Partonopex, v. 4815.) (N. E.)
(2) Dans un traité ras. sur les poissons (B. N. lat. 6838. c, cap. 14) on lit : « Alosara , gall. alose Burclegalenses votant
coulai, Massilienses halachia. Romani laccia, Uispani saboga . » (N. E.)
(3) On a dit aussi portes coulans, pour portes à coulisses. (La Rose, v. 3839.) (n. e.)
(4) Voyez aussi Couldieres. (N. E.)
co
— 312
CO
Mais puisqu'il furent sor monté
Et aux coudroi.s furent jousté
Autressi (autant) furent asseur
Comme s'il tussent clos de mur.
Rom. de Brut, >1S. fol. M. P.- col. i.
v,\mANTr.s :
GOULDRE. Percef. vol [V, f" 126, R" col. 2.
CornDi:. Kouilloux, Vénorie, f» 28, R".
CoroROis. jy/w: Rom. de Rrut, MS. f« 36, R" col. 1.
Couldre. verbe. Coudre. Nous remarquerons
l'acception figurée de co mot dans les verssuivans :
Li garrot cmpené d'airain
Lessenl leur lieus, de ce me vent,
Quant entre flamens se vont coiiirc (ficher')
Quatre ou cinq en percent tout outre.
G. Gui.irl, MS. fol. :H3, H".
On disoit aussi figtirément couldre et tailler,
bomme nous disons couper et tailler, disposer d'une
chose à sa volonté :
Et de mes biens tnille>-as et couhlnis.
Les Triomphes de la Nob. Dame, fol. \'M , V'.
VAlil.\KTHS :
COULDRE. Les Tri. de la Noble Dame, f° 131, V».
CouLTRE. Contredit de Sougecreux, f» H, R».
CouTRE. G. Guiart, MS. fol. 313, R".
Coulé, partie. Ce mot subsiste sous la première
ortliographe, mais les vers suivans semblent nous
rappeler un usage qui n'a plus lieu par rapport aux
■ bains, et que nous devons remarquer :
Demain ferai un baing tout froiz
Qui sera coulez (1) quatre fois.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 2fi7, R- col. 1.
On disoit figurément, en termes de coutume:
procès coulé en droit, peut-être pour procès dont
l'instance est commencée : « Estans les procès par
« !oy instruits, el couler en droit aussi collatiez,
" etc. " (Coul. de Mons, Nouv. Coût. Gén. t. II,
p. 191.) Au chapitre intitulé : Comment l'on doit
faire jugement, on lit: « Mis en droit et coulé en
« jugement, » ce qui semble pris dans le même
sens. (Voyez Coixhieu en droit et Coiller.)
VARIANTES :
COULÉ. Orth. subsistante.
Coulez. Fabl. MSS. du R. n™ 7218, f» 267, R° coL 1.
Coule-à-lny. Cri de chasse où le verbe couler,
glisser, est mis à l'impératif. On s'en sert pour
enhardir les bassets à entrer dans les terriers:
•> En criant coule-à-luij basset, cuule-à-lui , hou,
<■■ prenez, prenez. » (Fouill. Vénerie, fol. 7!. —
Voyez CouLLEft.)
Coulée, subst. fém. Lacet, colet à prendre les
lièvres. (Dict. d'Oudin.)
Coulée-belée , subst. fém. Espèce de jeu.
Peut-être le même que la eouille de bélier ci-
dessus. Froissart dit, en parlant des jeux de son
enfance :
Juens nous (nous jouions) au roy qui ne ment.
Puis à la coulée bctee
Qu'on fait d'une carolle lée.
Froissarl, Poes. MSS. p. 86, coi. i.
Couleice. [Intercalez Couleice, dans l'expres-
sion porte couleice, herse à coulisses (Froissarl,
III, 2'2C.. 3i4) :
Et raangoniaus de plusieurs guises.
Et bonnes portes conleices.
Reiiart, d'après Du Gange, II. 437. col. 2.
Dans G. Guiart (v. 3-233), on lit encore:
Pont leveiz d'euvre faitice
Et porte à barre couleice.] (N. E.)
Couleis. [Intercalez Couleis, coulis, au Chas-
telain de Coucy, v. SOO'i :
Qu'il se paine efforciement
D'un couleis si atourner
Que or. ni sache qu'amender
De gelines et de chapons.] (n. e.)
Coulenche, subst. fém.Tevme de fortification.
La herse des portes d'une ville. « Si firent tantost
» emparer leur ville, fermer leurs portes et avaler
« leurs coulenches, puis sonnèrent la cloche de la
« commune. » (Hist. de Bertrand du Guesclin, par
Ménard, p. lOC.)
Couletage, subst. masc. Droit de courtage. Le
droit de coulelage est le droit levé sur la vente des
marchandises. (Laur. (iloss. du Dr. fr.) Suivant la
coutume de Lille : » Pour venditions, droit de coule-
« laigc n'est deu. « (Coul. Gén. t. I, p. 7(îl>.) On lit
à la marge : « C'est une collecte d'un denier ou
« obole qui se prend sur toute marchandise que
» l'on vend ou achepte. « On disoit autrefois
courretage en parlant du métier de courtage, l
coulelage en parlant du droit. Nous employons
aujourd'hui le nom de courtage pour l'un et
l'autre.
VARIANTES :
COULETAGE, Couletaige.
Couletier. [Intercalez Couletier, courtier, au
reg. J.l. 81, p. 394, au 1351 : « Comme donné nous
" l'ust à entendre que Locas dele Longhecourl fust
•> souspeçonnez de y estre couletiers el marchans
« de fausse monnaie. "] (n. e.)
Couleur , snhsf. 7nasc. et fém. Couleur *.
Livrée ^. Prétexte *^. Ornement °. Rime ^ C2).
*Ce mot, aujourd'hui féminin, étoit jadis quelque-
fois employé comme masculin. On lit : les couleurs
blanc et bleu, dans Rab. t. 1, p. 58.
On prenoit ce mot dans les mêmes sens qu'à
présent, soit au propre, soil au ligure. Au propre,
on disoit :
1" Couleur à feu, pour couleur de feu. « Les pois-
>• sons plus noirs que meures, qui avoienl les testes
« serpentines et de couleur à feu. " (Perceforest,
vol. IV, f°22,)
2" Couleur d'Allemagne, propre à mettre l'or en
couleur. (Dicl. d'Oudin.)
3° Couleur de cheveux, qui a la couleur des
cheveux, peut-être cendré. En italien cavellino.
(Dict. d'Oudin.)
■'e Couleur de prince ou de ro\j. Couleur de
minime clair. (Dict. d'Oudin.)
(,1) On y coulera peut-être de la lessive, (n. e.)
(.2) Couleur signifiait aussi faveur : « Li sires de Cliçon porta grant couleur au connestable. » (Froiss., VIII, 302.) (n. e.)
co
— 313
CO
On trouvera les noms anciens de beaucoup
d'autres couleurs dans le Dict. de Nicot.
5° Couleur à Venns à Divine sont des termes
de chimie que l'on trouve dans les Contredits de
Songecreux, f° 19, V".
G" On disoit de quelqu'un qu'il étoit couleur de
M. (le Yendosmc, pour signilier invisible. (Oudin,
Cur. françaises.) Voyez Ffeury de Bellingen, p. 53.
7- Avoir couleur, pour rougir : " Commença fort
« Ji changer et avoir couleur. » (Fauch. Lang. et
Poës. fr. p. 127.)
^ Les couleurs distinguent les livrées ; de là.
couleurs signifié livrée, dansce passage: » Menoient
« les princes et cappitaines chacun dix ou douze
« hommes d'armes avec eulx habillez de leurs
« couleurs. » (Mém. de Rob. de la Marck , ms.
p. 384.)
^ Au sens figuré , couleur signifioit , comme
aujourd'hui, apparence, prétexte (1), occasion. (Du
Cange, au mot Coloi'.) On disoit en ce sens : « Tous
« ceux qui aucune chose leur devront, ou pourront
« devoir, à quelque cause, ou couleur que ce soit. »
(J. Charlier, Hisl. de Charles VII, p. '22!).) » Ne
u demandoit que d'aller à Paris et d'avoir occasion
« et coulleur de faire assemblée de gens d'armes. »
(J. Le Fevre de S. Remy, Hist. de Ch'. VI, p. 52.)
1' De là, cette expression : couleur sans figure,
pour apparence sans réalité. « Sauf la grâce de la
« pucelle, et l'honneur du chevalier du(iuel la cause
« ellesoustient, et toutes leurs raisons, pour ce que
" peu valent. Car elles n'ont fors (hormis) couleur
'< sans figure , ils ont petitement regardé leurs
» causes. » (Percef. vol. VI, f° 80.)
'•2° Couleur palliée, pour prétexte. « Combien que
« ce fut une couleur palliée plustot que vive
« raison. » (Mém. de Du Bellay, liv. I, f° 17.)
3' Coucher ses couleurs, façon de parler empruntée
de la peinture, pour dire couvrir, colorer ses pré-
textes. " Délibéra en soy mesme gaigner ses bonnes
« grâces, maisil luy advint autrement d'autantqu'il
« ne peutsi bien coucher ses couleurs qu'il en avoit
« le dessein. » (Nuicts de Slrapar. t. II, p. 221.)
4» Retenir la couleur du péché, pour retenir l'oc-
casion du péché, s'exposer à une rechute. « Celui
« qui retient la couleur de ses pécher, il relient les
« mauvaises manières qu'il avoit devant, comme en
■> parler, en regarder, en suivre maulvaises compa-
« gnies, etc. » (Doctr. de Sapience, f" 43.)
5» Perdre feuille cl couleur. Cette expression,
empruntée des pierres fausses dont l'éclat dispa-
roît auprès du diamant, s'est employée figurément
pour exprimer la foiblesse d'un raisonnement qui
n'est que spécieux, contre un raisonnement solide.
« Icelles raisons, du commencement proposées, et
» après mises en parangon (parallèle) des autres
« perdirent leur feuille et couleur, si comme pour
« effacer pierres faulces, on eut mis en jeu de iines
« et orientales. » (Mém. du Bellay, liv. IX, f° 285.)
° Couleur de rhétoriquesigm^xoW, ornement, fleur
de rhétorique. (Dict. de Nicot.) « Or convient-il
<i parler des exornations, ou figures que l'on dict
" couleurs de rhétorique, lesquelles, se ils sont
« entremeslées dedans la proposition comme riche
" co!//f»r, ils enluminent toute l'oraison. » (Fabri,
Art de Rhétorique, f" 84.)
De là, donner couleur à la raison, pour l'orner,
l'embellir :
Car mentir aucune seson
Done bien cnlor à reson.
FaLl. MSS. du R. n° 7218, fol. 280, R- col. 2.
Conter sans couleur, dans un sens opposé, signi-
fioit conter sans gi'àces :
Ma paine métrai et m'entente (application)
A conter un fabliau par rime
Sanz cotouf et sanz leonime.
Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, fol. lif., V» col. 2.
° Fauchet semble entendre coulour par rime.
(Lang. et Poës. fr. p. 77.)
On a dit color (2) pour le teint d'une femme. (Voy.
ce mot.)
VARIANTES :
COULEUR. Orth. subistante.
Coulleur. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. II, f» 146, V» col. 2.
COLEUR. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 281, R» roi. 2.
CoLOUR. Eust. Desch. Poës. MsS. f» 28, col. 2.
Color. Fabl. MSS. du R. n° 7218, f» 280, R» col. 2.
CoULOR. Hi.st. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. f» 69.
Cur.EUR et CuLUR. Marbodus, col. 1638-1666.
Couleiire, subst. fém. Infusion. « Soit la dicte
« yaue coulée, et en la dicle couleure soit dissoult
" deux dragmes d'agarit. » (Chasse de Gast. Phéb.
MS. page 109.)
Couleuvre (herbe de), subst. fém. Sorte de
plante. « Le tronc de Yherbe de couleuvre, autre-
« ment nommée tinthimale àl'ellël du chou, » pour
redresser les plumes du faucon, lorsqu'elles sont
rompues. (Fouilloux, Fauconnerie, fol. (J4.) On
trouve erbe à la couleuvre, dans .Modus et Racio,
MS. fol. 132.
Couleuvre, adjectif. Qui porte des couleuvres*.
Tortueux ^.
* On a dit au premier sens furie couleuvrée.
(Epith. de la Porte. — Voy. ENcouLEuvr.E ci-dessous.)
^ Ce mot signifioit aussi figurément tortueux.
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) De là, on a dit tren-
chées couleuvrées, et "plus improprement encore
couronne couleuvrée. (Epith. de la Porte.)
Couleuvreus, adj. Tortueux. Proprement qui
tient de la couleuvre. On a dit, au figuré, crin cou-
leuvreus. (Epith. de la Porte.)
VARIANTES :
COULEUVREUS. Epith. de M. de la Porte.
CouLEUVRiN. Dict. de Cotgrave et d'Oudin.
Coulevreau, subst. masc. Le petit d'une cou-
leuvre.
Comme un faucon perdu dedans les cieux.
Pour ses appas va poursuivant des yeux
Le coulevreau dessus l'herbe menue, etc.
Berger, de Rem. Belleau, t. I, p. 53.
(1) « Sus le couleur ossi pour remonstrer à ses gens le despit qui li Escot li avoient fait. » (Froissart, IV, 122.) (n. e.)
[%) Même volume, p. 108. (n. e.)
IV. 40
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CO
VARIANTES :
COULEVREAU, Coleuvreau.
COULEUVREAU. Oudii), Dict.
Coulevrer, verbe. Serpenter. Proprement ser-
penter comme la couleuvre. On a dit au ligurë :
Comme le lierre
En coulevrant se serre
De maint et maint retour
Tout à lenteur, etc.
Bergeries de Reiii. Bell. t. I, fol. 78, R".
VARIANTES :
COULEVRF.R. Berger, de R. Belleau, t. I, fol. 134, V'.
COULEUVRER.
Coulevrine, subst. fém. Le mot de eoiilevrine,
qui est encore en usage pour signifier une certaine
pièce d'artillerie, se trouve employé en ce sens dès
l'an 1429, dans la Pucelle d'Orléans, p. 516, et dans
les passages suivans : « LesAngiois tii'enl une sor-
« tie sur le chemin de la chaussée, en laquelle ils
" pensèrent gangner des eoulevrines, et ribaïuie-
« quins (pièces d'artillerie) qui estoyent rangez
« sur la dite chaussée. » (Ilist. d'.VrturlII, connêst.
de Kr. page 777 ; voyez Monslr. vol. III, fol. 38; Du
Cange, au mot Colubrina.) On distinguoit diverses
sortes de eoulevrines.
1» Coulevrine bastarde (1). La même qui conserve
encore ce nom, et qu'on a appelé serpentine. (Le
Duchat, sur Rab. t. 1, p. 185.) « Quatre coullevri-
« nés bastardes^ neuf moyennes. « (J. d'Aut. Ann.
de Louis XII, p. 182.)
2° Couleuvrine à chevalet. Vraisemblablement
une coulevrine qui s'alfùtoil sur un chevalet, et qui
étoit plus légère que la coulevrine à roiie ci-après.
" Avint que les Alemans avoyent afusté une coule-
« vrine à chevalet. « (Mém. dOl. de la Marche,
liv. I, p. 232.)
3° Coulevrine à roue. Différente et plus grosse
que la coulevrine à chevalet. Elle ne se mettoit
que sur de grands affûts à roue. « Feitr descharger
« son artillerie dont il avoit grosses eoulevrines à
" roue, et canons serpentins. » (J. d'Auton. Ann.
de Louis XII, p. 293.)
4" Il y avoit de doubles grandes eoulevrines. « En
« avoit l'Angiois douze de ce calibre portant le bou-
X let de canon, et nommées du nom des douze
" apôtres. » (Mém. Du Bellay, liv. 1, fol. 2.)
5° Coulevrine à main s'est dit aussi d'une arme
à feu chargée ù plomb, que l'on portoit à la main
comme nos mousquets ou qui se mettoit sur de
petits affûts. (Le P. Daniel, Mil. fr. t. I, page 443.)
Suivant Fauchet (Orig. p. 122), elles étoient longues
de trois fi quatre pieds et furent appelées depuis
huquebutes et harquebuses (2).
Ces couleuvrines à main se nommoienl aussi
\.ou\,sim\)]emenl coulenvrines. (Lussan, Histoire de
Louis XI, t. V, p. 221 (3).) Les passages suivans ne
peuvent s'entendre non plus que des eoulevrines à
?H«n;. Monstrelet, parlant de la bataille de Rippe-
moiide entre le duc de Bourgogne et les Gantois
rebelles, dit : « La commença fière bataille et
" mortelle ; Gantois à tirer de eoulevrines , et
« Picards ii traire flesches, tant et si roidemenlque
« leurs ennemis ne les peurent plus soulfrir, ains
« tournèrent le dos. >> (Monstrelet, vol. III, fol. 44.)
» Il fut frappé d'une coulevrine d'un si grand coup,
« qu'elle perça son pavois, et entra la plombée
« entre les deux os de sa jambe, qui depuis en fut
" tirée. » (Berry, Chron. de 1402-1461, an 1451,
page 465.)
Nous remarquerons qu'on donnoit le nom de
eoulevrines aux soldats qui en étoient armés, selon
l'usage fréquent autrefois de donner aux soldats le
nom de leurs armes. Ainsi, Comines dit : » Les dits
" alliez pouvoient bien eslre trente et un mille
» hommes de pied, bien choisis et bien armez :
« c'est à sçavoir onze mille picques, dix mille
« hallebardes, dix mille coi//('i(i'n/u's et quatre mille
« hommes de cheval (4). » (Mém. p. 340. — Voy. Cou-
LEVRiNiER ci-après.)
VARIANTES :
COULEVRINE. Orth. subsist.
Couleuvrine. J. Marot, p. 85.
CouiLLEVRiNE. Rabelais, t. II, p. 149, et note 6.
Coleuvrine, Coleuvine.
CoLouvRiNE. Oudin, Nicot, Dict.
Couleubvre. Journ. de P. sous Charles VI et VII, p. 162.
Couleuvre. Mathieu de Coucy.
Coulevriner, verbe. Tirer un coup de coule-
vrine*. Serpenter^. Se tapir '^.
* Oudin nous fournit le premier sens. Alors ce
mot vient de coulevrine, arme à feu.
^ Il est formé de couleuvre dans le sens de serpen-
ter, couler en se repliant comme les couleuvres, en
faisant de longs circuits. (Dict. de Cotgrave.)
■^ Couleuvriner ou coulevriner conserve la même
étymologie dans l'acception figurée se tapir, se
cacher. (Dict. de Cotgrave.)
VARIANTES :
COULEVRINER. Oudin, Cotgrave, Dict.
Couleuvriner. Dict. de Cotgrave.
Coulevi'inier, subst. masc. Espèce de soldai.
Proprement celui qui portoit une coulevrine ^Voyez
(1) « A la fin du xv!"- siècle, les pièces d'artillerie de bronze étaient divisées en légitime.^ et en bâtardes. Lés légitimes
présentaient les variétés suivantes ; le dragon ou double coulevrine, envoyant 40 livres de balles de fer et portant à 1364
pas de 2 pieds et demi, de but en blanc ; la coulevrifie légitime, dite ordinaire, envoyant 20 livres de balles de fer et portant
à 1200 pas ; la demi-coulevrine, envoyant 10 livres de balles de fer el portant à 900 pas; ; le sacre ou quart de coulevrine,
envoyant 5 livres de balles de fer el portant à 700 pas ; le fauconneau ou huitième de coulevrine, envoyant deux hvres et
demie de balles de fer et portant à 568 pas. Les pièces bâtardes comprenaient : le dragon volant ou double coulevrine
ea;<mo(rf»mire, envoyant 32 livres de balle à 1276 pas ; le passe mur, le passe jjotaîtf , etc.. (Viollet le Duc, Dictionnaire
d'Architecture, t. V, p. 259, 260.) (n. e.)
(2) La hacquebute apparaît en 1475, à la défense de Nancy, (n. e.)
(3) Louis XI, en rétabUssant la garde bourgeoise de Paris (,1467) laissa aux hommes qui en feraient partie la faculté de
s'armer de vouges, de longues lances ou de couleuvrines... Le nom de la couleuvrine vient de la longueur du canon de cette
arme et de sa monture sur un bois, qui la firent assimiler à la couleuvrine d'artillerie. La plus ancienne représentation de
couleuvriiic est dans un ms. de 1473. (Quicherat, Cost., p. 305.) (n. e.)
(4) Les Suisses, à Morat, avaient dix mille cmtleuvriniers et pas d'archers, (n. e.)
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CO
ce mol.) Suivant les Ordonnances des ducs de
Bourgogne de l'«71 (I), l'homme d'arme qui compo-
soit les compagnies de cinquante hommes d'armes
appelées lances garnies, devoil avoir avec lui,
» outre son couslillier, et paige à cheval, trois
« archers à cheval, un crennequinier, un coulevri-
(■ 7iier et un picquenaire. » Ces dispositions ont
quelquefois varié selon les temps. (Mém. d'Ol. de la
Marche, liv. II, p. 504.) Outre ces coiilevriniers, il
y en avoil encore qui eomposoientdes corps entiers
de soldats nrmés égn\cmenl de couleuvrines à main.
« Incontinent qu'il fut passé, les dits Suisses qui
« n'étoient que environ de quatre à six mille coule-
" vriniers, et tout à pied, qui se prindrent à tirer
« et bouter le feu dedans leurs basions (armes),
« dont ils firent tel et si bon bruit, que les chefs de
« l'avant garde du duc de Bourgogne y furent tous
« tuez. » '(Chron. scand. de Louis XI, an 1475,
p. 255.) Il y av oil des cou le vvi ni ers qm composoient
la suite de l'entrée de Charles VIII, à Naples, p. 1 1 8.
On nommoit aussi ces soldats coulevri)ies. (Voyez à
l'article Coulevrine, un passage qui le prouve.)
1. Coulis, subst. masc. Bouillon. Bouillon pour
les malades. iDict. d'Oudin.) Nicot dit que c'éloit :
« Une espraincte de chapon ou autre chair bouillie
« à perfection, coulée avec le bouillon, qu'on don-
« noit aux malades. »
Une esculée de bons coulis
Seroit ce point bonne viande
Pour moy ?
Pathel. Teslain. page 130.
Ce mot, qui vient de couler, filtrer, parce que le
coulis se filtre, se dit aujourd'hui en général des
jus qui entrent dans nos ragoûts. Nos anciens con-
noissoient aussi, quoi qu'en dise Nicot, les coulis
pour d'autres usages que pour les malades (2). Ils
avoient par exemple le coulis de chapon, au sucre,
sorte de gelée ou de blanc manger, suivant l'édi-
teur des Quinze Joyes du Mariage, p. 41,
2. Coulis. [Intercalez Coulis, conduite d'eau
pour le fossé d'une fortification : « Et volons que si
« il avenoit que lidit fossés keist en foursch pour
« defaule d'iaue, on s'enterasl par coulis ou par
« ravois. « (JJ. 53, p. 53, an. 1313.) On lit encore
dans un Cart. de Corbie (an. 1448) : « Très souvent
« les coulis pleines et eslavasses redondoient et
<■ cheoienl es fossez d'icelle ville. «] (n. e.)
Coulisse, subst. fém. Barre, barrière qui
coule*. Herse, grille déporte^. Rainure*^.
*Sur le premier sens, voyez la Jaille, du Champ
de Bataille, fol. 37, et la Colomb. Th. d'honn. t. II,
page 75.
Bretesches, portes et coleiccs
De fer vestues et chaucies.
Fal)l. MSS. du R. n» 1615, t. U, fol. 187, V col. 2.
(Voyez Coulissé, adjectif, ci-après.)
° Coulisse signifioit herse, grille de porte, suivant
Monet et Oudin. (Voyez Froissart, liv. II, p. 296.)
'^ La coulisse d'arbaleste étoit la rainure dans
laquelle on mettoit le trait qui servoit à le diriger.
Oudin la nomme en espagnol canal, conduit.
VARIANTES :
COULISSE. Orth. subsistante.
CouLiCE. Lanc. du Lac, t. I, fol. 112, V» col. 2.
CoLissE. Chron. fr. MS. de Nangis.
CoLEiCE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, f» 187, V° coL 2.
CouLAissE. Chron. S. Denis, t. III, fol. 36, V».
Coulisse, adj. au fém. Coulante (3). On disoiten
ce sens barrière couleisse pour coulisse barrière.
(Le .louv. MS. page 638.) « Porte à barre couleice. »
(G. Guiart, ms. 'fol. 62.^. Herse coulisse. (Mém. de
Sully, t. I, p. 105.)
VARIANTES :
COULISSE. Mém. de Sully, t. I, p. 105.
COULICE.
Couleisse. Le .Touvencel, MS. p. 638.
Couleice. G. Guiart, MS. fol. 62, V°.
Couliz, subst. masc. L'action de couler, de
glisser. C'est le sens propre.
,Te la voulois atoucher en cacheté
Par le couli: d'une secrète main
Dedans son lit, etc.
Œuv. ineslées de Pasq. page 377.
De là, on a dit au figuré [aire coulice pour s'insi-
nuer :
Font leurs coulices
Lasches et nices,
Comme l'on dit.
Le Blason des Faulces Amours, p. 208.
VARIANTES ;
COULIZ. Pasquier, Œuvr. meslées, p. 377.
Coulis. Oudin, MÔnet, Dict.
Coulice, s. f. Le Blason des Faulces Amours, p. 298.
Coulisse, s. f.
Coullage. [Intercalez Coullage , et voyez
Coillage.] (n. e.)
Coulle, subst. fém. Coule, vêtement (4). Ce mot
subsiste encore pour désigner certaines lohes dont
se servent les Bernardins et les Bénédictins. Suivant
la Règle de S. Benoît, ces religieux doivent avoir
« une culc et une cote ki soit en iver velue, et en
« esté tenuene (mince, déliée) et vies, et les scapu-
« laires pour les œuvres. » (Règle de S. Ben. lat.
fr. MS. de Beauv. ch. 55.) L'auteur de l'Apologie de
l'empereur Henry IV, distinguoit deux sortes de
coules: l'une qui étoit proprement une robe à capu-
chon, d'où elle tiroit ce nom de coule, le mot latin
de capuchon étant cucullus. L'autre habillement ne
(1) Les premiers Suisses que Louis XI prit à son service étaient divisés en coulevriniers , piquiers et hallebardiers. Ils
étaient parfois armés de la hacquebutte et marchaient à la tête des bandes, coiffés de la salade, ceints de la dague, le buste
serré dans l'écrevisse de fer dite hallccret. (n. e.)
(9) Voyez Couleis. « Coulis d'un poulet : cuisiez le poulet tant que.... » (Ménagier, II, 5.) (N. E.)
(3) Voyez Coleice et Couleice. (N. E.)
(4) On lit au Roman de Rou (Du Caage, II, 692, col. 1) : « Du chef de son braier une clef deffermerent, Et cole et estamine,
et un froc en estèrent. » C'est une robe à larges manches et capuchon. (Voyez la gravure de la page 169 dans Quicherat,
Cos(ume.) « Au treizième siècle cot(/e et froc étaient sans cesse confondus. Le pape Clément V décida, en 1312, qu'on
entendrait par coule la robe de moine fendue sur les côtés, et par froc la robe à larges manches. » (Id., p. 225.) (n. e.)
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couvroit que la lète el les épaules; aiusi cétoit
proprement un capuclion, et h ce titre il méritoit
encore mieux le nom découle.
On prend communément le motdecoH/e, dans nos
anciens liistoriens, pour la robe de moine (1), dans
le sens sénérique où nous disons le froc. " De moine
« lui firent veslir une .^oh/<'. » (Ch. S' Denis, t. I,
f* 172.) Dans le \a[in pullûindtttum veste. L'abbé de
Jumièges, ne voulant encore recevoir moine Guil-
laume, duc de Normandie, ce prince, •■ fit tant qu'il
« emporta une(/o;//(%eluneeslamine. » (Ibid. f°205.)
On lit plus bas : » La goule et Testamine dont il eût
« été vestu en Tabbaye de Jumiege. » (Fol. 206.)
On appeloit goules'on gules du peliyon, la partie
du manteau qui couvroit la tète et les épaules.
(Voy. les citations rapportées par Uu Gange, au mot
Cula mantelli (2). Voy. aussi Ibid. au.x moh Cuculla,
Cucullus, Culla et les Dicl. de Ménage, de Nicot,
d'Oudin, etc.) Ge que le Glossaire de l'Hist. de Paris
dit de coulle est fort peu exact.
VARIANTES :
COULLE. Gloss. de IHist. de Paris.
Coule. Orlh. subsistante.
CoLE. Rom. de Rou, MS. p. 7L
Goule. Rom. d'Auberv, cité par Du Gange.
GuLE. Rom. du Renard. Ibid.
CuLE. Règle de S. Ben. lat. fr. MS. de Beauvais, ch. 55.
CWL. CWLF.
CouGOUL (mot breton). Du Gange, Gl. lat. au mot Culla.
Couller, verbe. Glisser*. Faire glisser, pencher,
incliner^. Courir*^.
*Ge mot subsiste. On dit
autrefois :
Entre le lit et la messière (muraille)
Est coulez, etc.
Fabl. MSS. du R. n- 7G15, t. Il, fol. 149, V- col. t.
Mais on ne l'emploie plus comme dans ce pas-
sage : " Atant il haussa son coustel et en ferit le
« premier que il Irova, en telle manière que il luy
« coiilla Fallu melle (lame) (3) au travers du corps. »
(Percef. vol. IV, fol. 28.) (4)
^De là couler, pris dans une signification neutre,
pour pencher, incliner, proprement glisser le long
de la pente tracée :
De celé part qu'il se coulait.
Hist. de Fr. .î la suite du Rom. de Fauvel, fol. 85.
C'est le même sens dans cette expression : >< Se
« laisser couler aux prières , » pour s'y laisser
aller. (Petit ,1. de Saintré, p. 569.)
"^ Couler signifioit aussi courir, comme le passage
suivant semble le prouver :
François qui par le païs coulent.
Embrasent viles, et blez foulent.
G. Guiart.MS. fol.SM, V.
encore, comme
Gependant, on pourroit croire que le poète s" est
servi du mot couler au figuré pour exprimer l'ir-
ruption d'une armée qui , comme un torrent ,
inonde un pays.
VARIANTES :
COULLER. Rabelais, t. I, p. 163.
Couler. Orth. subsistante.
CoLEn. Fabl. MSS. du R. n» 7015, t. II, fol. 149, V» col. 2.
Coullettes, s;^/>s<. fém.plur. Boyaux de pois-
son. On trouve ce mot dans une citation latine de
Du Gange, au mot Melletus (5).
Coulombage. [Intercalez Coulombuge, dans
l'expression bois à coulombage, poutres bonnes à
faire les jambages d'une porte: » Guillaume le
« Royer avoit marchandé faire de son mestier de
" sayeur de bois cent toises de reparlaige, partie à
« chevrons à maison et partie à coulombage. »
(JJ. 207, p. 54, an. 1480.)
Coulombe. [Intercalez Coulombe, jambage, et
voyez CoLOMiiEi..] (n. e.)
Coulombier, svbsl. maso. Colombier. (Cotgr.
et Oudin, Dict., etLaur. Gloss. du Dr. fr.) Ce mot,
employé avec une terminaison féminine, n'est
peut-être qu'une licence que le poëte s'est permise
en faveur de la rime :
Blereaux, foynes, chatz sauvaiges
Regnars, loutres.... grans dommaiges
Font en estanz et en rivières
Et en garennes couluntbieres.
Gace de la Bigne, des Déduits, MS. fol. 136, R'.
VARIANTES :
COULOMBIER. Laur. Gloss. du Dr. fr.
Coullombier. Vig. de Charles VII, 1. 1, p. 133.
CouLU.MBiERE. GacB de la Bigne, des Déd. MS. fol. 136.
Coulomnieus. On a dit en parlant du pape
Boniface :
Les couloiiDiieus efface.
Et loF abati lor chatiax,
Et déposa de cardiniax.
Ainsi régna comme Lyon.
Hist. de Fr. a la suite du Rom. de Fauvel, fol. H.
Coulon. [Intercalez Coulon, pigeon :
S'ot (Franchise) les chevous et blons et Ions,
Et fu simple comme ims coulons.
La Rose, v. 1201.
" Li Sarrazin envolèrent au soudanc par coulons
« messagiers par trois foiz , que li roys esloit
« arrivez. « (.loinviUe, § 163.) Avant la bataille de
Hoosebeke, « quant li orillamble fu desploye et li
>< bruine chey, [on vil] un blanc coulon voler et
» faire plusieurs vols par dessus la bataille dou
« roy. » (Froissart, X, 169.) Au w siècle, on lit
dans Louis XI (88' Nouv.): « Notre bonne bour-
" geoise abandonna son mari en ce colombier.
(1) Dans l'ordre de Cileaux, la coule tient lieu du froc ; dans l'ordre de S' Dominique , c'est proprement un froc sang
ampleur, (n. e.)
(2) « Li sans en fille, que forment est maumis , Si que les goules de son pelison gris En sont mouillies. » (Roman
d'Aubery). Du Gange cite encore Renart : « Et tenoit un rous peliçon Dont les gules estoient d'os. Et li mettoit par force el
dos. » (N. E.)
(3) Il vaut mieux lire la lamelle. (N. E.)
(4) On lit déjà dans Thomas de Cantorbery (150): « Sur l'espaule senestre l'espéeli cif/a, Li maiitel e les dras tresqu'à
1' cuir eiicisa. » (N. e.)
(5) « De quibus melletis (melles) capiunt et à nobis detrahunt interiora, scilicet les coulleltes, gallice. » Ne sont-ce pas
des nèfles ou melles, dont on ote les noyaux pierreux ? Aujourd'hui, coulelles, dérivé de couler, est le nom d'un filet. (N. E.)
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« et le laissa roucouler toute la nuit avec les
» coulons. »] (n. e.)
Couloris, subst. mnsc. Coloris. (Pict. de Monet
et (i"Oudin.)
Coulot. [Intercalez Coiilot, dérivé de couler:
« Par le moien d'un petit coulot ou conduit fait en
« icelle terre. » (JJ. 170, p. 46, an. 144i.)] (n. e.)
Couloii (1), s»/.si. Ce mol s'est peut-étredit pour
chouloil, mot breton ((ui signifie chandelle. (Du
Gange, au mot Lucibrum.)
Couloueré, adj. Qui est à coulisse. Ce mot
vient de coukmoir ci-après, et l'un et l'autre du
verbe couler. Dans le Mystère des actes des Apôtres,
on lit : " Soit sainct André descendu de la croix, et
« Maximilla, Tyion, Sydrac, Exosus et Anne! le
« doyvent mettre en ung tombeau en sépulture,
« sur une trappe coulouerée ('2). où il puisse aller
'• par dessoubz terre. » (Hist. du Th. fr. t. Il, p. 438.)
CoHiouoir , subst. masc. Canal. Du verbe
couler. •> Pantagruel vouloit redoubler au couloir
« (de la vessie) frapper de nouveau en cet endroit. »
(Rabelais, t. Il, p. '212.)
Coiilouré, adj. Coloré. On disoit dans le sens
propre conlouré comme cendre, pour de couleur de
cendre. (Molinet, p. 175.) «■ Visage bien couloré (3). »
(Apol. pour Hérodote, préf. p. 4.)
On le disoit aussi au figuré, dans le même sens
qu'aujourd'hui, pour spécieux, apparent. « Leur fit
• remonsUer tant de si belles raisons coulourées. «
(Froissart, liv. 1, p. 402.) (4)
VARI.\NTES :
COULOURÉ. Molinet, p. 175.
CoiiLORÉ. Villon, p. 104.
Coulourer , verbe. Colorer*. Donner du
lustre^. Rougir'^.
* Donner de la couleur. (Oudin, Nicol, etc.) C'est
le sens propre.
^Au figuré, donner du lustre, de la faveur, du
crédit. On lit au sujet du schisme entre les papes
Urbain et Clément, en 1379, que « ce que le roy de
« France creul en Clément, couloura{ô) gvanàemenl
» son fait, car le royaume de France est la fontaine
« de créance et d'excellence pour les nobles églises
« qui y sont, et les hautes prelalions (prelatur'es). »
(Froissart, liv. II, p. 53.)
'^Coulourer, actif dans ces deux premières signi-
fications, devient neutre dans le sens de rougir :
L'un coulourer, l'autre blanchir.
G. Guiart, MS. fol. 324, R*.
VARIANTES :
COULOURER. Nicot, Oudin, R. Estienne, Dict.
CouLORER. Monet, Dict.
CuLURER. Marbotlus, col. 1674.
Coulpe, subst. fém. Faute*. Coupe, vase^.
* Nous nous servons encore du mot coulpe, dans
le premier sens, en termes de dévotion. C'est le
sens vrai. Celui de cou/je ne lui a été attribué que
par une confusion d'orthographe qui a fait confon-
dre deux mots fort ditîérens. Voyez, sur le mot
coulpe pris dans le premier sens, les Dict. de Nicot,
de Monet, de Rob. Estienne, le Gloss. de l'Hist. de
Paris, Gloss. de Marot et Gloss. sur les Coût, de
Beauvoisis. « Un petit outre raison ne vous veuil-
» lez pas ennuyer, car ce ne sera pas ma coulpe de
" brief exploiter, si je puis : mais la coulpe de ceux,
« ausquels j'aurai à faire. » (Froiss. liv. IV, p. 123.)
Ce mot a été employé par Froissart pour dire : la
faute en est que, ou bien comme par la faute du
hasard ou par vice de nature, de tempérament. Un
médecin habile, nommé Ilarselly, voulant expli-
quer la cause de la démence de Charles VI, dit :
« (car il cuidoit assez congnoislre la complexion
« du Roy) cesle lualadie est venue au Roy de coulpe,
» il tient trop de la moiteur de la mère. » (Froiss.
liv. IV, p. 150.1 On lit pUis bas : « Veit bien et con-
« gneul que la maladie estoit curable, et que le
« Roy l'avoit prise et i;on(;ue par foiblesse de cuenr
" et incidence de coulpe. >■ (Ibid.)
Dans ce sens de coulpe pour faute, on disoit :
l" Moie coupe, par ma faute.
Moie coupe, je m'en repent.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 200, R" col. 1.
2° Battre, ou rendre, ou frapper sa coulpe, pour
faire l'aveu de sa faute, s'en repentir en l'avouant.
" Le publicain estant loing, n'osoit lever les ieus
<■ vers le ciel, et en kappnulsacoulpe, disoit : mon
>■ Dieu, te plaise estre propice et misericors t^i moi
» pauvre pécheur. » (Les> Tri. de la Noble Dame,
fol. 288.)
11 clot ses iex et reni .sa coupe:
En Dieu met s'espérance toute.
Fabl. MSS. du R. n* 1218, fol. 5, V" col. 1.
Et l'en veit l'en battre sa coulpe.
L'Amanl rendu Cordelier. p. 560 et 570.
Quant devant lui li renl se coupe.
Poés. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1319.
3° Demander la coulpe pour imputer la faute.
« Sire, dist adonc (alors) Sorence, vous n'estes pas
« bien courtois, qui la coulpe en demander à moy,
« ne aux autres, car sachez que c'est à ton, mais
« demande^.- en la coulpe à Zephir vostre maislre
« qui vous porte et raporte à vostre vouloir. »
(Percef. vol. II, fol. 31.)
Jou ne sai qi los coupes demander.
Poés. MSS. Vatican, n" litlO. fol. 76, V°.
La coupe en demande: autrui.
Baudel de la Quarrière, Pois. MSS. av. 1300. t. II, p. 1Î07.
4° Trébucher en maux de coulpes pour tomber en
(1) On prononce aujourd'hui goulou. (N. E.)
(2) On trouve couloueres au xiv» siècle ; « Et fineront, pour la sale, de deux ou trois couloueres pour gecter le gros relief
comme souppes, pain trenchié ou brisié. » (Laborde, Emaux, p. 230.) (n. e.)
(3) Plus anciennement on employait coulorie : « Blanche char ot comme flors espanie ; Face vermelle com rose coulorie. »
(Raoul de Cambrai, 143.) On lit encore dans la Chanson d'Antioche (VIII, 977> : « Si compaignon fièrent de lor brans
coloris. » (N. E.)
(4) Comparez éd. Kervyn, V, 150. (N. E.)
(5) Le sens est plutôt donner apparence de droit, comme au t. XIII, p. 19, de l'éd. Kervyn ; « Et pour coidourer son fait
et mettre raison à sa demande. » (n. e.)
co
— 318
CO
faute : « En quels maux de coulpes je suy trebu-
'■ chié. » (Chasse de Gnst. Phéb. ms. p. 387.)
^On ;i dil couliie pour coupe, vase ù boire, parce
(|uon a coiilondu les oiihosraplios de ces deux
mots. Ainsi on écrivoil couiie pour coitipe et réci-
proqueuienl t'OH/y^c pour (Vjh/)<?. Nous verrons de
nouvelles preuves de cetle réciprocité au mol
Coupe. Nous avons rapport(' divers passages où le
mot coulpc, faute, est écrit coupe. En voici oîi le
mot coupe, vase à boire, est écrit coH/pe :
Lasi ce n'est pas à coidpe dorée.
liusl. Descli. Pocs. MSS. fol. *21, col. 2.
Il y a un endroit dans Joinville, p. 83, où on lit
couppe pour coulpe. Ce passage mérite quelques
réflexions, parce que Du Gange paroît l'avoir mal
entendu. 11 suppose que couppe y signilie le trésor
du roi. (Observ. p. 86.) Voici le passage où S. Louis
répond à ceux qui lui avoient conseillé de quitter
la Terre sainte : « Pourtant ay-je regardé que je
» suis cy venu pour garder le royaume de .lerusa-
■' lem que j'ay conquis, et non pas pour le laisser
« perdre. Ainsi, seigneurs, je vous dy, et à tous les
" autres qui vouldront demeurer avccques moy,
" que le dicz liaidiement, et vous promets que je
'< vous donneray tant, que la couppe ne sera pas
« mienne, maisvostre(l). Ceux qui ne vouldront pas
■• demeurer de par Dieu soit. « Il est clair que le
prince veut dire qu'il donnera tant à ceux qui res-
teront avec lui, que s'il ne vient à bout de conser-
ver le royaume de Jérusalem, la couppe, la faute
ne sera pas sienne.
Le mot couppe pareil pris dans le même sens en
ce passage d'Alain Cliartier, où il est question
d'Aniiibal :
D'ung Cousteau portant à ses mains
Pourtant se tua par sa couppe.
Pocs. d'Al. Charlier, p. 720.
A moins qu'on ne voulût exprimer ici le mot
couppe par l'action de se tuer, de couper le fil de
ses jours.
VARIANTES (2) :
COULPE. Orth. subsistante.
CuLPE. Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 82, col. 1.
COLPE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 21, en latin culpa.
CoPE. Chans, MSS. du C" Tliil). p. 3.
CooPE. Beaumanoir, p. 192.
Coupe. Ord. t. I, p. 74, col. 2.
Couppe. Joinv. p. 83.
Coulte (faute). Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 19, col. 3.
Courpe. Fahl. MSS. du R. n" 7218, fol. 362, R» col. 1.
CoRPE. Chans. MSS. du C"' Thib. p. 3.
Coulper, verbe. Accuser, imputer une faute.
On \\\. incul pare dans le même sens, au Glossaire de
Du Gange. <> Se par leur faulte en advenoit chose
<■ qui desplust, elle les en acoulperoit. « (Percef.
vol. V, fol. 99.)
Por ce ne doit nus hom blasmer
Autrui affaire, n'cncolper.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 18, V.
On disoit : « sedécoulper, sans co!i//jer autruy. »
(Mém. du Bellay, liv. IX, fol. 281.)
VARIAÎS'TES :
COULPER. Oudin, Nicot. etc., Dict.
Acour.PKR. Monet, au mot Ancuulper.
.\NCOULPER. Monet, Dict.
Encoulper. Ord. t. III, p. 425.
Encolper. Fabl. MSS. de S. G. f» 18, V col. 1.
Encoper. Poës. MSS. avant 1300. t. III, p. 1155.
Encouper. Poës. MSS. avant 131)0, t. II, p. 707.
Coulte, subst. fém. Espèce de matelas (3). On
ébranloit autrefois les murs des villes, et on les
renversoil avec des machines de différeTiles figures,
comme les béliers, les moutons, etc. Pour in em-
pêcher l'effet, Végèce veut que les assiégés « ayent
« coultes avaliez contre le mur au droit (à l'endroit)
« ou le tréfila poutre, le bélier) doit venir, et pour
« la molete (molesse) de la chose les coups seront
« rompus. » (Le .louvencel, ms. page 297. — Voyez
Coite ci-dessus.)
Coiiltrei'ie. [Intercalez Coultreric, office de
coutre (voyez ce mot): » Les chappellains dirent au
« suppliant qu'il estoit venus bien ù point pour
" e?[re coullre et clerc de leur paroisse... Le dit
" suppliant qui savoit bien lire, escrire et chanter
« et estoit bien habile à Va^'û^q coultreric exercer. •■
(,IJ. 15Ô, p. 273, an. liOO.)] (n. e.)
Coulus.
Propriété à chascun est donnée
Des planettes nommées cy -dessus
Se bien ou mal en cliascune contrée
Par les climats, es signes coulus
EiaIz conjoingnans, lune moins, l'autre plus.
Eusl. Desch. Pots. MSS. fol. 125. col. 2.
Coulz, suhst. masc. plur. Cols. » Hz abandon-
■' nerent leurs corps, et leurs coulz en la volonté
« du Roy. .. (Chron. S. Denis, t. I, fol. 23G.) Nous
disons abandonner sa tête.
Coiimandere (4), subst. masc. Gouverneur. Qui
commande.
De par mon père
Qui de l'empire est commandere.
Ph. Mouskes, MS. p. 537.
Coume. adv. Comme. [Voyez Ord. t. I, p. 17.)
Coument, adv. Comment. (Beaum. p. 1.)
Coument, subst. masc. Sujet, serviteur. Nous
avons vu que le mot command, en termes de cou-
tumes, désignoit celui qui avoit commission d'un
autre. On écrivoit aussi en ce sens comment,
cornant, etc. On a de même dit dans l'usage ordi-
naire, coument, conmenl pour celui qui reçoit les
ordres d'un autre, qui est commandé par lui, qui
est son sujet, son serviteur :
Deffendez-moi con voz coument.
Ilist. de S" LéocaJe, MS. de S. G. fol. 33, V col. 1 et 2.
VARIANTES :
COUMENT. Hist de S" Léocade, MS. de S. G. f» 33.
CoNMENT. Blanch. MS. de S. G. t» 190, R» col. 1.
(1) M. de Wailly imprime (§ 437) : « Et je vous donrai tant, que la coiilpe n'iert pas moie, mais vostre, se vous ne voulez
demeurer. » (n. e.)
(2) S" Eulalie donne colpes et Roland cnlpes. (n. e.)
(3) Coulte vient de culcita ptuicta, comme coûte pointe (courte-pointe), (m. e.;
(4) C'est le cas sujet de commandeur, (n. e.)
co
— 31fl —
co
Counaude, subst. fém. 11 est pris en un sens
obscène, dans le Moyen de Parvenir, p. CO.
Councellour, subst. viasc. Chancelier. (Voyez
Carta magna, fol. 21)
Counilleau, subst. masc. Lapereau. (Cotgrave
etOudin, Dicl.) (1)
Counseil, adj. au fém. Desservie. Ils'agil dans
le passage suivant d'une église en vacance, et dont
le siège est à remplir. « Si purra respondre qu'il
« ne doit point présenter, sinon en temps de
« vacance e^ l'église est pleyn et counseil, par
■' quoy il ne doit ne piut ore pur mesmes presen-
» ter. Et si le pleynlif die que ele est voyde, de ceo
« soit la court certifiée par l'ordinary. » ^Brilton,
Loix d'Anglel. fol. 234. — Voyez Descou.nseillée
ci-après.)
Coiinte, subst. masc. Compote. .On disoit par
counte countauiit, par compte comptant, en exami-
nant. Cette espèce de réduplication de la même
idée donnoit plus de force à l'expression, et dési-
gnoit un compte plus détaillé, plus discuté. Les
langues anciennes offrent des exemples d'usages
semblables. Ils sont rares dans la nôtre. « De plus
« procheineté, cesle accion soulement detrie en
- counte countaunt la plus procheineté des heires
" quant à la succession del héritage. >^ (Critlon,
Loix d'Anglet. fol. 268.) « Solonc "ceo que sera
« trové pav counte countaunt âe\np\iisçvoc[:('\neté
« des frères se fra le jugement. » (Ibid. fol. •2G'J.)
» Et de tielx choses de qeux home poit aver un
" manuel occupation, possession, ou resceite, si
" come de terres, tenements et hujus modi, la
» home dit fieu cou)it countaunt, et en plée ple-
« dant que un tiel fuit seisi en son demesne de
" fée. " (Tenur. de Littl. fol. 3.)
Conntoiw, sul)St. masc. (2) Officier de justice.
Officier subordonné au premier juge. Peut-être le
rapporteur ; peut-être aussi est-ce un officier pré-
posé dans les provinces pour faire rendre compte
aux receveurs et fermiers du roi. (Voyez Carta
magna, fol. 134, V» fol. 89.)
Coup, subst. masc. Plaie, blessure. Nous avons
rapporté à l'article Coi' les anciennes orthographes
de ce mot. Il nous reste à exposer ici les usages
anciens de ce même mot écrit selon l'orthographe
actuelle. Pris dans le sens de plaie, blessure, il
nous offre une acception trop différente de celles
qu'il conserve pour ne la pas distinguer des expres-
sions dans lesquelles il s'employoit autrefois d'une
manière qui n'est plus d'usage, quoique la significa-
tion soit la même que celle qui subsiste. « Ayant
" fait bander sa playe par Filidonio, reprint le cbe-
« min duquel il s'estoit désiré, et vint loger en un
" monastère assés près de Londres, où un religieux
« de Leans visita son coup, etc. « (Dom. Florès de
Grèce, fol. 161.) On disoit aussi /e coup de la playe,
dans le même sens. « Là fut soudainement féru en
•' la face d'une lance, si n'en tint compti', pour ce
■> que le coup de la playe étoit petit. » (Chron. S.
Denis, t. 1, fol. 2'<7.)
Nous observerons, avant de passer aux façons de
parler de notre mot coup, que colebns et colpus se
trouvent au même sensdansle Gloss. de Du Gange.
1° Coup de hacbe ou d'éjiée signifioit autrefois
simplement en donner des coups sans blesser du
tranchant ou de la pointe. « A pied les eussent
» combattus de haches et d'espées, de coups seule-
« ment, tant que l'ung party, ou l'autre fut par la
« terre, ou faict perdre leurs basions. » (Petit .). de
Saintré, p. 389.)
2° Nous disons encore coup pour fois dans quel-
ques expressions. L'usage de cette acception étoit
autrefois plus étendu. On disoit : <■ Il tant donc
« beaucoup mieux mourir un coup que mourir
« tous les jours. » (Des Ace. Bigarr. p. 41.) « Si à
« l'entrée (outre le prix convenu) avoit esté donné
« une somme certaine pour un coup, advenant le
« resilement du successeur, et qu'il s'y trouva
« recevable, seroit il tenu restituer icelle à la por-
" tion et au prorata des années restantes. » (Coût.
d'Espinal, Nouv. Coul. Gén. t. II, p. 1133.) « Il peut
« vendre son dit héritage un cent au coup , >
c'est-iVdire à la fois. i,CouL de l'Alleu, Nouv. Coût.
Gén. t. I, p. 375.)
On lit (Ibid.) au même sens, p. 377, col. 1 : .. A
« charge de pouvoir vendre un cent à la fois par le
« survivant. » (Voy. Goul, Gén. t. VIII, p. 894.)
3° A coup, tout à coup, en même temps, à ce
moment, coup sur coup, souvent, promptement.
(Dict. de Monet et Gloss. de Marol.)
Pou à coup les faire tuer.
Vigiles de Charles VII, t. I, p. 29.
.... Faictes paix là
,4 cotq), qu'on entende à voz dictz.
Coquillart, p. 70.
On lit dans Joinville, p. 100 : « Qui volontiers, et
« à coup juve, souvent il se parjure, » dans Bouch.
(Serées, liv. II, page 27.) « Les LUicenses tan(;oient
« (reprochoient à) Galon de ce qu'il mangeoit
" à coup et des deux coslez. » (Voy. A coup.)
4° À coup, à coup, pour coup sur coup.
Si trappe à l'huys à coup à coup.
Goquillarl, p. 161.
5° A tous les coups, tous coups, souvent.
Pour beUe femme l'on visite
A tous les coups un laid mary.
Clém. Marot, p. 190.
Le roy tous coups se présente à la lice.
J. Marol, p. 97.
6° Par coups, parfois.
Puis les servans par coups leurs dames baisent.
Clém. Marot, p. 63.
7° Coup à quille, pour incontinent, lout de suite.
" A son réveil elle fut trouvée avoir perdu le sens,
" car elle tenoit des propos impudiques contre sa
" nature et coustume, changeans et muables coup
(1) Voyez même vol., p. 185. (N. E.)
(2) "Voyez Contor. (n. e.)
co
— 320 -
CO
■' M quille et s'entrctenans comme arène sans
« chaulx. •> (Alector, Pom. toi. 27.)
8° Coup fotirré , coup réciproque. Expression
encore en usage aujourd'iiui. Dranlnme semble en
désigner l'époque, en parlant d'un combat entre
deux capitaines et à la balaille de Cerisoles :
<• S'estant transpercez les visages par coitjis fourrez
« 'comme en ce temps là on usoit de ces mots. »
(Brant. Cap. Estr. t. I, p. 303.)
9° Frapper ses coups, en matière d'abornage,
« signifie l'action des parties qui en faisant leur
" désignalion frappent \i\ terre, ou des flecbes de
<' l'arpenteui', on de leurs bâtons. >■ An cbapilre
intitulé : De eerquepiaiiarje et ahoruage, on lit :
« Estans les parties sni' le lieu, désigneront ei frap-
" feront leurs coups, après serment par elles preste
» en forme de droit, ou leurs procureurs ù ce
" espécialement antborisés, et plaideront la matière
" sur le champ, ou en tel autre lieu que leur sera
" désigné par les conseillers commissaires. »
Coul. de Ilaynaut , Nouv. Coût. Gén. tome H,
p. 79.)(1)
10° Coup (le main, pour coup donné avec la main,
par opposition :\ coup hors de main, jet .soit de
pierres ou de traits. » .Je y ay reçu plus de trois
'■ cens coups de main, el beaucoup plus de traict,
' et basions sans queue. » (Alector, Rom. fol. 9.)
« Des autres coups hors main, et venans de loing,
« comme pierres, traictzet dardz, ilz n'estoient pas
'• lousjours à droict assenez (adressez, ajustez,
" portez), par la remuante legiéreté de l'escuier,
« sur lequel on ne pouvoil asseoir juste visée sinon
< à l'adventure. >• (Ibid. fol. 11.)
11° Couj) (le la main, c'est l'action de frapper
dans la main, pour la conclusion d'un marché.
« Chacun est recevable pour rehausser, ou renche-
« rir les biens, jusqu'à ce que le coup île la main,
■■ ou de la palmée en sera donné. « (Coût, de
ÏSourbourg, iNouv. Coût. Gén. 1. 1, p. 49'2.)
J2'' A coup perdu, pour à corps perdu, qui en est
peut-être une corruption. « Se jettans à coup
» perdu. » (Mém. de Moniluc, 1. 1, p. 119.)
i3° Coup orbe, coup sombre, pour coups qui font
bosse et contusion, mais dont il ne sort pas de sang.
(Du Gange, au mot Ictus orbus.)
ii° De coup d'aventure, pour fortuitement, par
hasard. (Nef des Dames, fol. 82.)
15° Coup de baston, coup de la verge (2), terme de
pratique usité pour les enchères. ■■ Par la dernière
'■ publication à l'affiche , il sera déclaré qu'au
■-' prochain jour de plaid l'on y vend les dites
« maisons, et biens immi?ubles par le coup de bas-
<■ ton. " (Coul. d'Audenarde, Nouv. Coût. Gén. t.I,
p. J074.) « L'on est accoustumé de vendre tous les
<■ arbres croissans appartenant aux veuves, et aux
< mineurs, après une publication à l'église au plus
>■ offrant, par trois coups de la venje, à la fin de
« la messe, et cela par le pralei-. » (Coutumes de
Renaix, ibid. p. 1150.)
Ifio De coup de mesctief , par malheur, par acci-
dent. « Il vacheoirsur las p'iedz de coup de mesctief,
« et fondit jusques à terre. » (Percef. volume I,
folio 28.)
17' Coup de masse. Nous disons encore, au même
sens, coup de hache. .M. de ViHeroy, parlant à Henri
IV, lui dit : « Dieu veuille (|u'on ne dise point
" [)armi nous, comme on fait déjà parmi vos enne-
" mis, (|u'il y a de la folblesse d'esprit ; et que cette
« débililé de cerveau est encore un elfet de ce coup
» de masse que reçut votre ayeul le comte de
« Cleimont fils puiné de S. Louis. ■• (Mém. de Vill.
t. IV, p. 280 )
18° Coup d'artillerie s'est dit pour décharge
d'artillerie. « M. de Nemours marchoit tousjours,
« et vint donner trois grands coups d'artillerie
« dedans celle gendarmerie qui leur fit du mal
» assez. .. (Mém' de Rob. de la .Mark, ms. p. 128.)
19° Coup de poing de liançaiiles. Façon de parler
faisant allusion à l'usage des fiançailles. » Ce qui
" fut si tost fait, que nostre patient fut touteslonné
« qu'on luy demanda la livrée, tellement qu'après
« les coups de poings de [iançaittes, à la mode du
>■ pa'is (le Poitoul Gabriel changea le dueil de son
•■ père, pour les joyes d'un nouveau mesnage. »
(Printemps d'Yver, i" 190.)
20» Tenir coup, pour résister. » Le chevalier du
« dragon rentonlra le centaure dans l'escu, qu'il
« luy fanlça de part en autre, demourant le fer de
" la liiTice contre lestâmes de son haubert, lesquel-
« les tindrent coup, car elles estoient toutes de tin
« acier. « (D. Florès de Grèce, f" 15C.)
21" Appercevoir son coup, comme nous disons
voir sa belle, trouver l'occasion favorable. « Quant
» il apperceut son coup, il alla baiser son doid de
» si grant voulenlé que la doulceur luy en descendit
« jusques au coeur. >> (Percef. vol. II, f" 99.)
22° S'ajipuyer sur le coup, pour s'abandonner en
portant le coup. « Lors le roy mist la lance en
" l'arrest, et se afficha (appuya) du tout sur les
« estriers, puis s'appuija sur te coup, pour le cheva-
« lier tuer. » (Percef. vol. 1. f°28.)
23° On disoit aussi proverbialement : « Chargez,
" compaignons, chargez vos ennemys , et com-
<■ mencez'le hust ; car le premier coup'vim[ deux, »
pour signifier que celui qui frappe le premier a
toujours l'avantage. (.1. d'Auton, Ann. de Louis XII,
f° 74. — Voyez Cor ci-dessus.)
Coup (devant et apn's). On lit : « Se pais est faitte
« de bataille, sans meultre et sans larrecin, devant
■> COU]) et aj)rcs coup, ge en airay trente deux sols
« et demy, >■ dans l'affianchissement des habitans
de Pontarlier et leurs coutumes rapportées par
Perard, Histoire de Bourgogne, p. 486, Ut. de 1257.
Suivant ce passage, ces mots devant coup et apivs
(1) On lit encore à la même page ; « Procedans sur lieu [pour et ablir des limites de possessions], si l'une des parties
frapoit aucuns cot/p.s à un ou plusieurs cailloux, maintenant estre bornes. » (n. e.)
(2^ Cette verge et ce bâton remplaçaient le marteau îles comraissaires-priseurs : « Je m'appelle Loyal, natif de Normandie,
l^t suis huissier à verge en dépit de l'envie. » (N. E.)
co
321 -
CO
coup, qui répondent à ceux de avant et après main
ou la main, qu'il me semble avoir vu ailleurs pour
devant et ap- es, auront été formés de l'usage des
Images de baiailles judiciaires , et auront pu ensuite
former le mot maintenant, pour présentemeni ,
actuellement, qui aura pu signifier l'instant auquel
les parties se donnoient la main ; c'est-à-dire le
moment qui précédoit les coups et celui qui devoit
s'ensuivre (1).
Coupable, udj. Ce mol signitie encore atteint
d'un crime, mais ou ne diroit plus coupable de
(lonîe, pour atteint, saisi de crainte.
De greveuses doutes cnupables
Gietent les cris espoveiitables.
G. Guiart, MS. fol. 323, R'.
(ioiipant, suhst. >nasc. Sorte d'instrument. On
se sert à la chasse ■■ du coupant acéré pourcoupper
« les racines. « (Fouilloux, Vénerie, f" 7().) ('2)
Coupautler, verbe. Faire cocu. <■ Souhaitoil
" pluslost une laide femme qu'uue belle, sur ce
>■ qu'il eslnit asseuré qu'elle ne le coupaudjroit (3)
'■ pas. » (Contes de Cbolières, p. 217. — Voyez
AcoupiR ci-dessus.)
1 . Coupe, suhsL féni. Coupe, vase à boire(4\ On
trouve cupa, au même sens, dans Du Gange. .\ous
avons déjà vu au mot Couli'E iju'on avoit confondu
les signiliciitious de coulpe et de coupe, comme on
avoit' confondu leurs orthographes ; eu voici un
nouvel exemple :
Las ce n'est pas à coulpe dorée
A tasse, au voirre, mais au pot
Boivent Peruches et Chariot.
Eusl. Desch. l'oês. MSS.fol. i91, col. 2.
Vouppe étoil distingué de tasse qui étoit un vase
plus petit, et de gobelet couvert, comme on le voit
dans le passage suivant (5) : « 11 faut que le gobelet
>■ couvert, ou une t'Oi//JjO(; soit sur la table, et une
>< tasse auprès, pour faire l'essay à la couppe, et
« faut que le dit goubelet soit au grand bout de la
" table. » (Honn. de la Cour, mss. p. 73.)
Tonsjours vont les gens par écuelles,
A. tous grans plas tous plains de souppes
Les echauçoiis à tous leurs cutippes.
Eust. Deschanips, Poes. MSS. fol. 378, col. i.
On disoit, en proverbe, coupes d'argent de Tors
iTours). (Proverbes à la suite des Poës. mss. avant
1300, t. IV, p. 1G5-2.)
COUPE. Oudin, Dict.
Couppe. Eust. Desch.
Coulpe. Eust. Desch.
VARIANTES :
Poës. MSS. (0 378, col. 4.
Poës. MSS. f» 421,. col. 2.
2. Coupe, subst. fém. Sorte de monnoie*. Sorte
de mesure ^. Bassin de balance '^. Ventouse ".
Coupure ^.
* Au premier sens, c'étoit le nom d'une monnoie.
« Les menus cens foilis, seigneuriaux, et très fon-
« ciers qui se comptent et payent en marcs, livres,
« sols, deniers, oncle, coupe, forlis se réduiront et
" payeront à la valleur de l'ancien patart de
« Biabant. » (Coût, de f.iége , Coût. l'en. f. ÎI,
p. 974.) Coupe, en ce sens, venoit de couper.
° Coupe ou couppe étoit une sorte de mesure^C), et
en ce sens ce mot venoit de coupe, vase. « Tous
« grains de mesure à la mesure brivadoise, c'est à
« sçavoir à raison de huict cartons des dites mesu-
» res faisant le septier de bled , et le c irlon quatre
" couppes. '• (Proc. verb. de la Coût. d'Auvergne,
Coût. Gén. t. 11, p. 498 ) « Un lerrage estimé à
« quatre muis de blé, et quatre muis cî'avaine par
« an. Item six capons. Item deux petits tournois,
« et deux coupes d'avaine, etc. » (Ordonnances,
t. II, p. 2.5. — Voy. Coi po.N ci-après et ci-dessus Coppe.)
"^ On disoit coMpe et couppe de balance pour le
bassin d'une balance. (Dict. de Cotgrave.) Le bassin
de la balance étoit une sorte de vase de couppe.
° C'est encore par similitude avec le mot coupe,
vase, qu'on a nommé coupe une ventouse, petit
vaisseau de ve. re , de cuivre ou d'argent, etc.
" Premièrement soient gelées ventouses que on
« nppeWe coupes ou boetes sus la playe pour traire
« le venin dehors. » (Chasse de Gaston Phébus,
iMs. page iOO.)
^ Euiincoupe signiHoit coupure, fente, ouverture,
et venoit alois, comme an premier sens, du verbe
couper (7). « Mancbesdécoupéesen telle façon que la
» chemise paroissoit, et estoient ces co^joes toutes
" assemblées avec un grand ruban. » (Godefroy,
Observ. sur Ch. VIll, p. 710.)
Expressions à remarquer :
l'on disoit bois de coupe ou de couppe, pour bois
taillis. (Dict. de .Monel.) » Quand au loi et partage
« de le ditte veuve, eschet aucun boys de couppe,
« elle ne le peut dessoler (arrarber) , ne faire
« abatre, sinon par couppes, et tontures ordinaires,
• etc. » (Coût. d'Amiens, Coût. Gén. t. I p. 597.)
(Ij Relevons encore les expressions suivantes ; 1» (.'<.»p «ppa)'eji(, par opposition à coup o)-?;e.- « Si autre que chevalier
donnoit cmtp apparent à un chevalier, et eu estoit atteint, il perdr(5it le point dextre, pour l'onnor et la liautesse que li
chevalipr a. » (Assises de .Térusalem, ch. CVIU.) 2° Coups le i-o;;, locution rel.ntive'à la preuve par bataille (Ord , IV, p. 297,
an. 1354); « Se aucun desdiz habitans estient en gaige de bataille ;... ou cas que li prcinier coup en seroient donnei , que
l'en dit /e.s coi/ps /e i-oy, encor s'em puent départir et oster de péril parmi dix livres d'.imemle. » 3» Cop volant, coup de
taille : « Duquel fait ledit .Michiel perdi le poiog et fu mehaingnié d'un pié d'aventure d'un cop volant d'espée. » (N. E.)
(2) Voyez la figure dans l'éd. Favre, fol. 58, recto. (N. E.)
(3) « Laquelle femme appelloit son mary sanglant couppciK/?, et se vantoit de l'avoir acoiipaudi. » (JJ. 109, p. 132,
an. 1416 ) (N. E.)
(4) C'est encore un ciboire (Inv. ms., de Uiffi) : « [tem une couppe d'argent doré à porter le corps Nostre Seigneur. » (N. E.)
(5> La coupe avait aussi un couvercle : « Une coupe couverte, dorée et esmailliée, et au fonds de la ditte coupe a une
.ymage de saint Martin. Une autre couppe où il a par dedans une fleur de lys enlevée, et est le couvescle semé, d'esmaulx
a un clncber par dessus. » (Laborde, Emau.x, p. 230.) (N. E.)
(6) Ce peut élre une mesure de surface : « Une rente héritière, annuelle et perpétuelle... sur trois couppes de terre ou
environ » (.1.1. 172, p. 387, an, 1423.^1 (N. E.)
(7) Voyez t. III, p. 103, note 1. (n. e.)
IV. 41
co
— 322 -
CO
2" On nomrnoit coupr, ou couppe féminine 1). le
repos, la césure ou élision qui se fait dans le [ire-
mier héniisticlie du vers, lorsque le mol ([ui le
forme, se lenuiiuuit par un e leminin, l'ait élision
avec le mol qui suit. (Pas(iuier, Recherches, p. 018. j
« Nos poêles, dit Goujel. dans sa Bibliothèque,
« faisoient assez .souvent tomber le repos du vers
« sur un e' féminin. Jean Le Maireful le premierqui
» remarqua le mauvais elfet de cet e ainsi p'acé. Il
« en avertit Clément Marol. » (Goujel, Bibliolh. fr.
t. X, p. 89.)
Le mol coupe est pris, non-seulement pour le
repos du premier hémistiche, mais aussi pour la
dernière syllabe du second hémistiche, soit dans les
vers masculins ou féminins, est appelé coupe fémi-
nine et coupe masculine. (Fabri, Art de Rhélhor.
liv. II, f" V.)
3" Coupe el couppe aureilk' ou oreille. Couteau,
espèce d'arme. (Uict. de Colgrave.) <■ Il s'en falloit
" par adventure l'espesseur d'ung ongle, ou au
» plus, que je ne mente, d'ung doz decescouteaul.x
« qu'on ap\)ki\\e couppe aurcille. » (Rab. t. II, p. 239.)
4° Coupe cul et coupe queue, c'est-à-dire sans
plus jouer, sans revanche. (Dict.de Colgrave; Oud.
Dict. elCur. fr.) Delîi, couper cul en jouant i^I), pour
quitter le jeu avant que le compagnon ait perdu
tout son argent. (Oudin, Dict. et Cur. fr.)
5" Baufrer à couppe bonnet, pour manger exces-
sivement , sans modération. Nous disons encore
vulgairement: s'en donner pardessus les bretelles.
L'auteur, censurant la conduite des chrétiens qui,
pour se disposer à faire le carême, se livrent aux
plus grands excès de la gourmandise, pendant le
carnaval, dit : « C'est alors qu'ils haufrentà coupe
« bonnet, elc. » (Div. Lee. de Du Verdier, p. 123.)
6° Couppe lestée signifie tète coupée, dans Rab.
LU, p. 245.
7° Coupes basions. Cette expression se trouve
dans une partie de la prière que réciloient les
tlagellans. Peut-être faut-il lire coups et basions :
Diex nous estuit coujies bastotjs.
Chron. fr. MS. de Nangis, an 1349.
VAKIA.NTES :
COUPE. Cout. Gén. t. II, p. 974.
Couppe. Cout. d'Auvergne, ibid. p. 499.
Coupeau, subst. masc. Sommet *. Morceau °.
* Dans le premier sens, ce mol désigne le faite,
le sommet, solides montagnes (3), soil d'arbres (4),
soil de bàlimens, soil de la léle. « Ne luy avoit pas
" encores Proserpine oslé du coupeau de la teste le
« jaune cheveu de la vie. » (L'Amant ressuscité,
p. 243.) » Le chevalier pillart met le feu aux ville.s
•' ellesabr>ise (embrase) et brusle ious \e&coupeaux
" et haultesses des édifices d'icelles. " (Nefs des
fols, f° GO.) " Couppel de la tour. » (Percef. vol. IV ,
f" 40.) On dil encore coupe t (5) en Normandie, où la
plupart des noms terminés en eau se terminent en
el, selon la prononciation ancienne, qui s'est con-
servée parmi le petit peuple de celle province. Il
se prononce aussi dansquelques endroits coupet{(>),
comme dans ce passage : » Son armel au couuel
« duquel il fit attacher un grand panache noir (7). »
(Peler. d'Amour, t. I, p. 320.)
Regardez moy la vigne d'un ormeau
Son bras l'estrainl du pié jusqu'au coupeau.
Pocs. d'Aïuadis Janiin, p. 91.
^ On disoit aussi coupeau pour morceau, frag-
ment. « Vous n'en eussiez donné un coupeau
» d'oignon. » (Rab. t. I, Préface, p. xi.i.) En ce sens,
coupeau dérivoil de couper.
VARIANTES :
COUPEAir. Orth. subsistante.
CouPEL. Modus et Racio, MS. f« 185, V".
Couppel. Percef. vol. IV, f" 40^ V°.
CoUPET. Oudin, Pèlcr. d'am.t. I, p. 32t3.
Couplet. Modus et Racio, MS. {%)
CouPERON. Modus et Racio, MS.
Coupe-gorge, sul)sl. masc. Nom d'une épée *.
Personnage allégorique ^. Ce mot, sous celte
orthographe, désigne encore un lieu où l'on vole
et assassine (9).
* C'est le nom particulier d'une épée dans ces
vers :
L'espée avoit non coupe-gorge.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, t. Il, fol. 101, V° col. 1
^ C'est un personnage allégorique dans cet autre
passage :
Pardevant cruauté venras
Droit à Cope-Gorcje t'avoie (t'achemine)
Et diluée si te ravoie, etc (de là te ramène).
Fabl. MSS. du R. n- 7615. t. I, fol. 117, V col. â.
VARIANTES :
COUPE-GORGE. Eabl. MSS. du R. n" 7615, t. II, f» i£M.
CoPE-GORGE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I, f» 117 (10).
(1) On lit dans Du Bellay (p. 31) : « Le vers françois lié et enchaîné est contraint de se rendre en ceste estroite prison de
rithme sous la garde le plus .-souvent d'une couppe fetniiunc, fâcheux et rude gf'olier et incogneu des autres vulgaires. » (n. e.)
(2) On lit dans Richelet : « Le roi Henri IV, ayant pris Mantes, voulant se divertir, joua une partie de paulme contre des
boulangers de la ville, qui lui gagnèrent son argent, et ne voulurent lui donner sa revanche , parce que , disoient-ils , il.«
avoient joué à coupe-cii en trois parties. » (N. e.)
(3) On aura assimilé le sommet d'une montagne à une coupole ; une montagne basaltique du Vivarais se nomme encore
la Coupe. (N. e.)
(4) « Quant le suppliant eust amassé sa hachete, remonta oudit arbre jusques au caupel d'icellui , et lui estant audit
arbre demanda à ladille Collette s'elle vouloil que ledit suppliant tranchast les branches, ou qu'il le escoupelast. » (JJ. ISl.
p. 151, an. 1452.) (N. E.)
(5) « Si que de la curune le cupel amporta », d'un coup d'épée donné sur la tète. (Th. de Cant., 150.) (n. e.)
(6) C'est la prononciation actuelle en Picardie et en Normandie, (n. e.)
(7) « Car par tropeaulx... couvristes les coppeaulx des heaulmes. » (A. Chartier, Livre des 4 Dames.) (n. e.)
(8) « Bouchier li couru encore sus à tout un grant coustel et Ten feri tellement, qu'il le profendi du couplet de la teste
jusques au front. » (JJ. 211, p. 285, an. 1377.) (n. e.)
(9) On lit dans notre Dictionnaire sous Fuerre : « Coupe-gorqe qui n'ist du fuerre, Fors quand larrecin vet en fuerre. i>
(Fabl. mss., n» 7015, t. II, fol. 191.) Dans la Rose (v. 12298) on'le définit : « Ung bien trenchant rasoer d'acier. » (n. b.)
(10) Voyez Coppe-gwge. (n. e.)
co
323 —
CO
Coupelaiid , stibst. masc. Coupelle. De là,
l'expression figurée : au coiipelaud, pour à l'exa-
men, à l'épreuve, proprement à la coupelle. (Rab.
t. I, p. 80 et la note 9.)
Coupemeiit, subst masc. Coupure. L'action
lie couper. (Monet, Cotgr;ive, Rob. Estienne et
Oudin, Dict.)
Couper, verbe. Ce mot subsiste. On disoit
proverbialement couper broche, pour cesser, mettre
fin à une chose (1). (Oudin, Cur. fr. — Voyez Broche
ci-dessus.)
Coupereau, subst. masc. Terme d'injure. Vrai-
semblablement le même que coupeau, cocu. (Voyez
ce mot à son article Copau.) On lit dans des lettres
de Charles VI du mois d'août 1414, adressées au
bailli de S. Pierre-le-Mouslier , « dist plusieurs
" parolles injurieuses, et entre les autres, devant
« plusieurs personnes, eust appelé le dit l'errin
» trois ou quatre fois couper eau. » (Reg. 107,
pièce 309.)
Coiiperie , subst. fém. L'action de couper.
Couperie de bourse, l'action de celui qui vole en
coupant la bourse. (Voy. Britt. Loixd'Anglel. f" 23.)
Coiiperon. [Inteicalez Couperon, coupeau,
dans la Chron. de S- Denis (U. Bouquet, V, 280):
« Lors fu li cors de H trouvez par aventure tous
« desfroissiez sor le couperon d'un saut. »] (n. e.)
Couperose!', verbe. Rendre couperosé. « Il ne
» faudra (ju'un hàle qui basannera, ou noircira
« vosti'e femme comme une moresaue, qu'un vent
« qui vous la gersera, qu'une jaunisse qui vous la
« pallira, qu'une chaleur maligne qui la vous
couperosera. » (Contes de Chol. fol. 159.)
Coupet, subst. masc. Toupet (2). Coupet de
cheveux pour toupet de cheveux. Cop paroit avoir la
même signification dans ces vers :
Céans est, ni^ sçai qui, venus
Qui tle ma famé m'a fait cop.
El la dame parmi le cop
Saisi Aloul el par la pueule.
Fabl. MSS. du R. n' 7ilx, f- 1 i:>, K' col. 1.
VARI.\NTF.S :
COUPET. Diot. de Cotgrave et d'Oudin.
Cop. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 145, R» col. 1.
Coupe- teste, s;t/js<. masc. Bourreau. « Adonc
« guigna (fit signe du coin de l'œill le Roy; el dit :
« soit fait venir le coupe-teste. Ceux de Calais ont
" fait mourii- tant de mes hommes, qu'il convient
« ceux cy mourir aussy. ^ (Troiss. liv. I, p. 109.)
Coupeur, subst. masc. Celui qui coupe. On
disoit : 1" Coupeur de monnaye (3) pour ouvrier
chargé de couper les monnoies qui dévoient être
défendues. (Du Cange, au mot Copalor.)
2° Coupeur de pendans pour coupeur de bour-
ses (4). (Contes de lies l'crr. t. Il, p. 100.)
Coupier, subst. masc. Echanson *. Extrémité
des arbres^.
* Dans le premier sens, ce mot se disoit, au mas-
culin el au féminin, coupier et coupièrc, celui ou
celle qui verse à boire. En celte acception, coupier
vient de coupe, vase (5).
Le beau couppier Troyen qui verse à boire aux dieux.
(Euv. de Joach. Du Bellay, p. 408.
« Madame de Nevers très vertueuse et belle prin-
« cesse, et pour telle tenue en France, et en Espa-
« gne où elle avoit esté nourrie quelque temps
« avec la reyne Elisabeth de France estant sa cou-
<> piere, luv donnant à boire, etc. » (Brantôme,
D" Call. t. il, p. 495.)
^Dans le second sens, coupier ne se disoit qu'au
masculin et venoil du verbe couper. 11 désignoit la
tonturedes arbres qu'on avoit coutume d'ébi'ancher,
el qu'on appelle têtards dans quelques pays, les
extrémités des arbres, les branches cou liées ou à
couper. (Du Cange, au mot Cupariu.) » La douairière
» ne peut demander aucune portion aus dits arbres
« ainsi coupez par l'héritier, si non aux couppiers. »
(Goût, de Boullenoys, Coût. Gén. 1. 1, p. 093.) On lit
à la marge : « Arbres coupiers sont arbres qu'on
« a accoustumé détailler, ou couper. « Dans Bout.
Som. Rur. page 505 : « Item est estimé un ballot
« à coupier un denier par an. »
v.\RiA.NTEs :
COUPIER. Nicot, Oudin, Dict.
CouppiER. Rabelais, t. IV, p. 273.
COUPPIERE, s. f.
CouPiERE, s. f. Brant. D« Gall. p. 495.
Goupillons, subst. masc. plur. Mesure. On
disoit clerc des coupillons pour inspecteur des
mesures. On a viu'0!(jOC, mesure, ci-dessus. » Quant
" aux grains, est ordonné que, par chacun mois,
« sera faict rapport à juslicede la valeur commune
« des. dits grains, selon le cours du marché qui
« aura esté le mois précèdent par les mesureurs,
" et quartiers de cesle ville, ausquels quartiers est
« enjoint de commettre deux d'entre eux qui en
« ayent la cha:ge par loiir, pour faire lidel rapport
« de la valeur, et estimation commune chacun
« mois, sur peine de privation, ou suspension de
« leurs estais , el d'amende arbitraire , duquel
» rapport en sera fait registre par le clerc des cou-
« pillons pour v avoir recours quand besoin sera. "
(Coût, de Melz,'Cout. Gén. l. I, p. 1159.)
(1) Chastelain écrit aussi dans ses Chroniques (I, ch. LIV) : « Et à tant je coupe le compte de che chevalier, jusques cy
après c|ue j'en releveray le remannant. » (n. e.)
(2) CoKpe( a aussi le sens de coupeau: « En une cité se mist , qui est outre l'iaue de Gironde, sour le coupet d'une
raontaipiie haute. » (D. Bouquet, III, 249.) (N. e.)
(S) « Item, nous avons osté et rappelle,... tous coupeurs de monnayes ; mais toutes voyes nous pourverrons par bon
conseil comment nulles autres monnoyes que les nostres n'ayent cours en noslre royaume et que le billon ne soit porté
hors de noslre royaume. » (Ord., III, p. 27, an. 1355.) (N. E.)
(4) « Il n'y a pas mestier au monde qui ail besoin de plus grande habileté, que celui des coupeurs de bourses , coupeurs
lin pendatis. o Desperiers les nomme aussi coupeurs de cuir. (n. e.)
(5) Dans Flore et Blancê-flor (v. 491) c'est la coupe même : « Li coupiers ert ciers et vaillans, D'escarboucles resplendissans ...
D'or avoit deseure un oisel. i> (n. e.)
co
32'.
CO
Coupiz, suhst. masc. Taille. On a dit bois de
coupiz; etc., pour bois- taillis ou bois i» couper
ou noiivelloineiit coupé. • En bois de coupiz, et de
« vendue l'on ne doit pasturer, etc. » (Coul. de
Bourgogne, Coût. Gén. t. I, p. 848. | « S'en part et
« chevauche las et travaillé jusques a basses vespres
'■ tant (lu'il est venu àung couppeis. « (Lancelol du
Lac, t. 1, fol. 1G2.)
VAR1.\NTES :
COUPIZ. Coût. Gén. t. I, p. 848.
Couppeis. Lanc. du Lac, t. I, p. 162, R° col. i.
COPEIS, COPEIZ, COPPEIS.
Coiiplel. [Intercalez Couplel, dans la charte de
commune de Ham : » Nus sergans li seigneur, ne
a li castellain de Ham ne prenge couplel ne corde
•' au mai'quié. >'] (n. e.)
Coupler. [Intercalez se coupler, lutter corps à
corps: " Ledit bouchier saillis jus de ladilte
« charrette, et vint hurler et .soy coujs/e?' sur ledit
» Pierre, tant que il le geta contre terre. » (JJ. 111,
p. 285, an. 1377.) On lit a'ussi dansla Rose(v. 15817):
Li uns se lie à l'autre et copie ;
One en estor ne vit tel copie.] (n. e.)
Couplet. [Intercalez CoM/;/gi, charnière: « Icellui
« Gallipaud ïiiist son arbaleste au devant, qui
X retint et receut le coup; et dudit coup fisl
" descharner les coH7;Ze<;j ou charnières de la dite
« arbaleste. » (JJ. 179, p. 49, an. 1477.) De même
au reg. 185, p. 305, an. 1453, on lit encore: « Le
<■ suppliant print icelle boete et arracha avec les
« mains le clou, qui tient la charnière ou couplet
" du couvercle de la dite boete. »] (n. e.)
Coupon. [Intercalez Coupon : 1" Mesure de
blé (voyez copon) : « La tierce part des coupons
» doit estre laissée aux citoiens de Mascon du bled
" qu'il vendent. » (Ord. II, page 349, an. 134G.)
2° Espèce de cierge : « Dus coupons de candelle,
« teille que on le livre et sceut livrer en lostel de
« Flandres. « (Du Gange, II, page 588, col. 2,
an. 1282.)] (n. E.)
Couppeau. [Intercalez Couppeau, gâteau de
miel, au reg. JJ. 190, p. (J9, an. 1460 : « Le suppliant
« et Colin Valée trouvèrent une bezane d'abeulles,
« la levèrent, et en prirent tout le couppeau et
■< miel de dedans. >-] (n. e.)
Couppiers. [Intercalez Couppiers , au ww
siècle co»/;ertH, ramure des arbres: « Et doibvent
« avoir les couppiers des quesnes, qu'on fera
« abalre audit bos. » (Cart. de Corbie, an. 1415;
Du Cange, II, 589, col. 3.) (n. e.)
Coupple. [Intercalez Coupple, bijoux ornant un
chapeau, an reg. JJ. 141, p. 228, an. 1391 : « Un
« cliappel h coupples d'argent esmaillié. >■] (n. e.)
Coupples. [Intercalez Coupples, droit d'amar-
rage, dans une charte de 1339 (Du Cange, II, 592,
col. i): » Le chargage et barrage, la chaucie.
" l'avalage et coupples. »] (n. e.)
Couppure, suhst. fém. .Syncope. Le même que
conlision. (Dolet, des Accens franc, p. 289.)
Couquiol. [Intercalez Couquiol et voyez
COQUART.] (N. E.)
Cour, subst. fém. Cour de maison, maison
entière*. Cour, résidence des princes ou des sei-
gneurs^. Juridiction'^. Si on écrit coiir, on peul
faire venir ce mot de curia ; au contraire, court ou
cort viendra de 6'H)/is(i),qui dans la basse latinité
s'est dit dans le même sens.
* Nous nommons cour un espace de terrain
renfermé et à découvert, qui fait partie d'une habi-
tation. On l'appeloit aussi court et cori. (Dicl. de
Nicot.) De là, cette espèce de proverbe :
Bien a son court close
Qui ses voisins aime.
Prov. du Vil. MS. de 3. G. fol. 74, R» col. l.
On disoil aussi figurémenl :
Povres hons qui plaidoie
N'a pas bien sn corl close.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, t. II, fol. UI, V col. S.
Mais on appliquoit aussi ce mot de cour à la mai-
son entière avec son jardin , à une possession
entière. (Meneslrier. Orii. des Arin. page 453.)
Geofroy de Vendôme (Epit. 25, du livre 5') se sert
du mot curia, pour désigner la maison d'un sei-
gneur particulier. Comme cette maison entière et
complète, avec ses bâtiments et dépendances, étoit
le lieu où lous les vassaux et sujets d'une seigneu-
rie se réunissoient, le nsot de cour s'est dit, non-
seulement du chef-lieu et du domiciled'un chevalier
ou autre seigneur, aussi bien que de la demeure
des princes et des souverains, mais il s'est dit encore
des assemblées de justice et de solennité qui se fai-
soienl dans la maison d'un seigneur particulier on
chevalier, et même de sa suite et de son domestique.
C'est en ce sens qu'on lit, en parlant d'un comte :
Veut moult haute airt tenir
De ces barons, et de ses gens.
Fabl. .MSS. du R. n- VAb, t. II, fol. 175, V col.
Celte expression tenir cort, affectée aux seigneurs
particuliers qui assembloienl leurs vassaux, devinl
générale et s'employo;t en parlant d'un simple
bourgeois comme dans ce vers :
.... Tos jors voloit cort tenir.
Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. 8«, R" cul. 2.
Nous disons aujourd'hui dans ce sens , tenir
maison, bonne table (2).
° Ce mot, (|ui subsiste pour désigner le lieu où le
souverain fait son séjour, ii'avoit point celte signi-
fication du temps de François I". Selon Brantôme,
il ne se disoit que du lieu <le ia résidence de la
reine, à cause des dames qui l'accompagnoienl.
(Cap. fr. t. I, arl. de François 1*^, p. 281.) Mais nous
le trouvons uniquement pris en ce sens dans l'Hisl.
<1) Curtis est la seule élymologie; c'est au xiv" siècle qu'on a songé à curia. (N. E.)
(2) Dans un château féodal, l'acafif-couc, 6asse-t'0!(>- ou 6oi//(,' est la cour des ouvrages extérioui-s ; on y disposait les
écuries et les communs et on y admettait les paysans en temps de guerre. La cour proprement dite est séparée de la bail)t>
par un mur avec fossé ; sur une motte s'y dresse le donjon entouré lui-même d'une chemise et d'un fossé. (N. E.)
co
3-25 —
CO
de Boucicaul. ■■ Boucicaul relenu de Ihôlel du duc
» de Bourbon, cousin du roy, esl l'ail depuis de la
.< cour du Roy. » fHisloiie de J. Boucicaul, 10-4",
Paris, IG'20, liv. I, p. 58.)
II n'avoil point encore eu cette acception exclu-
sive au temps d'Euslaclie Descliamps. Il se sert de
ce mol pour le duc de Beny, et même pour les
prélats :
Servi à court de prêtas et de roys.
Eusl. Descli. Poès. MSS. fol. W, col. 1.
A Nelle où le duc tenoit sa conrl.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. ;)(>!, col. 1.
On lit ciien, au pluriel, pour cours, dans ce
passage :
Quant j'ay bien tout considéré
Les Etals du monde présent,
Et les ciiers ou j'ay demeuré, etc.
IbW. fol. 55, col. 3.
On a dit cort en ce même sens : « Mult sembla
« bien cort al riche prince. » {ViUehard. p. 85.)
Chançon Phelippe à mon ami correz
Puisque il s'est dedanz la cort boutez.
Thicb. de Navarre, Poés. MSS. av. 1300, t. 1, p. M.
\ la cort Dieu est lues sachiez.
Lues à la pain, lues à la cort.
HUl. de S" Léoc. MS. de S. Germ. fol. 28. R° col. 1.
Nous disons encore Va cour céleste pour le paradis.
Cort avoil autrefois la même signiflcation.
La dame des anges
Qui moût bien est de cort.
Fabl. .«SS. du R. n- 7ei5, t. II, f 115, R- cl t.
•^L'usage de ce mot étoit encore bien plus iVé-
quent dans le sens de juridiction (1). ■< Le mnitre di^s
" arbalestriers de son droit à toute la cour, gaiiie,
» et administration, avec la connoissance des gens
• de pied étant en l'ost, ou chevauche le Roy. »
Le P. Daniel, qui cite ce passage d'un ancien registre,
explique le mot coifr par juridiction. (Mil. Ir. t. I,
page 192.)
Ce mol de cour, dans le sens de juridiction, s'est
entendu d'un tribunal souverain. Lorsque Henri
second, en 1551, érigea la chambre des monnoies
en juridiclion souveraine, elle acquit le titre de
cour. (Voyez Miraum. des Cours souver. page 634.)
Dans un arrêt de 138'.), la juridiction des aides est
qualifiée du nom de cour. ,ld. Ibid. p. 578.) •
Cependant la signification du mot cour, pour
juridiction souveraine, n'étoil pas si absolument
reçue qu'on ne trouve la court du Chastelet et la
court de la ville de Paris pour la juridiction de
l'une et de l'autre. (Voyez court du Chastelet, dans
Monslrel. vol. 111, loi. 02.) On lit (Ibid. vol. Il, f° 77,
an 1431), au sujet de ceux qui allèrent recevoir le
roi d'Angleterre, soi-disant roi de France, à son
entrée dans Paris : •■ Le chevalier du guet et le
" prevost des marchands, avec eux tous les officiers
» de court, tous vestus de pers, et chapperons vei-
« meils, le parlement et les autres cours. »
On nommoil cort major ce que nous nommerions
cour supérieure. (Laur. Closs. du Dr. fr. — Voyez
Courte ci-après.)
On a dit aussi cour pour désigner les juges ou
officiers du seigneur. » Le dit livre au trésor de la
■ mère ylise de Nicossie, dedans une huche en la
» garde de quatre hommes liges scellée de lors
« sceaux, l'un en leuc (au lieu) dou seignor, et les
« autres trois com court. ■> (Assis, de Jérus. prêt,
page 2.) C'est-à-dire l'un des trois représentant le
seigneur, et les trois auties en qualité de sa cour,
de "ses officiers. De même le seigneur « le doit
« semondie par le banier, ou par troisde ses homes,
« com fwH7'/, (lue il viegne maintenant en la court. »
(Ass. de Jérus. p. 28.) C'est-à-dire par Irois de ses
hommes agissant en cette partie comme officiers de
la juridiclion du seigneur. Quand on apporte un
homme meurtri devant la maison du seigneur,
" il doit y envoyer trois de ses hommes, l'un en son
« leuc (à sa place), et les deus comme court. •>
(Ibid. p. 65.) L'un repiésentaiit le seigneur et les
deux autres ses officiers (2).
Le mot f'OHC ou cour/ fournil un grand nombre
d'expressions :
1° Court d'amour éloil une société de galanterie
ainsi nommée. (Nature d'amour, fol. 16)
2° Court d'Àleaume.
3" Court de barojiie. Juridiction (|ue les barons
ont sur les chevaliers et gentilshommes qui tien-
nent d'eux. iOrd. l. I, p. 107.) (3)
4° Court de borgés. Cour de bourgeoisie, juridic-
lion subalterne où les bourgeois étoient jugés.
<■ Ci dilcoinenl le duc Godefroi eslabli deux cours
« séculières, l'une ci est la haute court de que
>. (dont; il fu governor, et justicier, et l'autre ci est
•< la court des borgés. laquelle esl appollce, la court
« du visconte. « (Assis, de Jérus. p. 14.)
5° Cour chrestienne ou de chrétienté, cour
d'église, officialité. (Du Cange, au mot Cmia chris-
tianitatis.)
G' Court des danses. Peut-être une faute pour
cour des dames , la même que court d'amour
ci-dessus. (Vov- Nat. d'amour, fol. I.)
7° Cour de France. Le Parlement de la cour des
Pairs. (Du Cange, au mol Curia franciœ.) (4)
8" Cour des mortes inains. Juridiction inférieure
où se jugeoient les causes des main-morlables.
» Item, que ennostredite cour, que l'on dit la cour
>. des mortes mains, sortissans par appel en la cour
« à .Mous, se tiendront les plaids par nostre rece-
" veur général des mortes mains commis de par
» nous. " (Coût, de Hayn. Coût. Gén. t. I. p. 804.)
(1) On disait en manière de proverbe, au xiii" siècle : « En la cour laie pren un pou d'espérance ; En cort des clercs n'aie
jà jor fiance ; En nus prelas nule bone attendance. » (Prov. ruraux et vulgaus.) (n. e.)
(2) Pour rendre Je service de cour et plaid. (N. E.>
(3) Le roi parle ainsi dans le traité liritton, chap. XXVII, écrit vers 1272 : « En countés avons-nous double court, une des
plées de noslre peas, lequel tiennent nos coronnes et les suters, et dount les coroners seulement ont record. Et si avons
court comme court Je baron, et dont les suters sont chargez de jugement, et n'ont point de records hors de leur court.
Voyez plus loin record de court, (n. e.)
(4) Dans certains actes, cour de France désigne le parlement de Paris. (N. E.)
co
326 —
CO
y Court du visconle. La même que (a court de
bovfjés. (Voy. n" 4.)
10» Court basse. Juridiction inférieure. (Du Gange,
an mot Curia inferior.)
11" Court (loiiource. Ou litdaus une ordonnance :
" Payeront Tamendc pour la court demourée. »
(Ord. t. V, page '247.) L'ckliteur croit que cela veut
dire " payeront l'amende pour n'avoir pas pour-
" suivi en justice, l'assignation qu'ils avoieut
-• donnée. »
l'2° Court enforcée. Assemblée, cour nombreuse.
" Lendemain dist le Roy qu'il tiendroit court cnfor-
" cée, en la rocbe mesmes, pour l'amour de Lance-
« lot, si la tint haute, et riche, el plantureuse
« (abondante). >• (Lanc. du Lac, t. 1, fol. 114 )
13" Court renforcée. (Voyez Coût, de Haynaut,
Nouv. Coût. Gén. t. II, page 44.) Suivant l'éditeur,
" c'est l'assemblée des deux chambres du conseil,
- et des prélats, pairs, nobles, et autres féodaux de
» la Provence ; mais comme il n'est pas possible
<• de rassembler tant de personnes, ces assemblées
« àe cour renforcée sont rares; et de là il arrive
<■ que l'on ne voit presque jamais la décision des
« procès ([ui sont mis en renforcement de cour. »
(Ibid. note b.)
14" Cour feudale. La cour du roi ou des seigneurs.
(Laur. Gloss. du Dr. fr.)
15° Cour foncière. Dasse justice pour les droits
fonciers. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
16° Haute cour. Cour supérieure. » Tous les
•1 autres homes dou chief seignor dou royaume
< pavent estre jugés par les homes de la haulte
' court dou royaume. » (.\ssis. de Jérus. p. 217.)
il' Cour laije. C'est l'auditoire des juges séculiers.
;Laur. Gloss. du Dr. fr. ; voyez Gloss. sur les Coût.
de Beauvoisis.) « Celle cour est appellée laye qui
" est tenue par seigneur temporel. »
18- Cour inajour. Cour supérieure. (Lnur. Gloss.
du Dr. fr.) lNous avons vu ci-dessus cort major dans
le même sens.
19" Cour ouverte, c'est-à-dire •■ oîi l'on traite
tous ceux qui se présentent. » lOudin, Dictionn.
et Cur. fr.) <• Le banquet seroit fait à tous veuans,
« et comme cour ouverte. » (.1. Chartier, Hist. de
Charles Vil, page 304.) On a dit aussi cour dans le
sens de cour ouverte. (Voy. Hom. de Rou, ms. p. 92.)
20° Cour jicrso)tnelle. » Juridiction en laquelle
« les parties liligantes doivent comparoir, et pro-
' céder en personne et non par procureur. » (Laur.
Gloss. du Dr. fr.)
21" Cour petite. Juridiction inférieure, opposée à
cour majeure en laquelle elle ressorlissoit. C'étoit
la juridiction des bailcs et maires, i Voyez Coût, de
.Marsan, Nouv. Coul. Gén. t. IV, p. 907.)
22° Courplainiére, plenière ou planière (1 ). C'étoit
une assemblée nombreuse et magnifique, soit d'un
roi ou d'un prince particulier. « Meuestrier aveugle
•' joue de la harpe à la cour plainière d'Artus' «
(Tri. des IX Preux, p. 412.)
Et toute sa vaisselle face amener droit là.
Pour ce fi;if> mur plai> iére, en dit. tenir voudra.
Chron de B. du Giiescl. cilée par Du Gange, au mot Curia plenaria.
23° Cour royalle, pour cour souveraine. « Selon
« la coustumc et usage de cour royalte (2) qui est
" cour souveraine en pais coustumier. » (Bout.
.Som. Rur. p. SO;».;
24° Cour subjette ou sujette. Justice dont il y a
appel, opposée à cour de Parlement ou royal ordi-
naire (Bout. Som. Rur. page 618.) « Quand le plus
» prochain a fait adjouruer le dit aciiuereur en
« cour suhjettc, l'on surçerra (surseoira) de cour
« suhjectc , mais si le plus prochain avoit fait
" bailler adjourncmenl eu cour subjecte, et les plus
' lointains en cour suzeraine, il ne sera cessée en
« cour subjccte du procès du plus prochain, car il
<• est toujours préféré avant les autres. » (Coût, du
Maine, Coût. Gén. t. Il, p. 154.)
20" Cour su'.:craine. Cour souveraine. « Si aucun
« fait denoncement criminel en la cour suzeraine,
« jamais le vassal n'en aura la cour, ou le renvoy,
« mais en aura la cour, et la punition celuy qui a
« prévenu en la cognoissance. » (Coût, du Maine,
Coût. Gén. t. U, p. 125.)
26* Juge en court vestue. Juge revêtu des habits
de magistrat. « Se bature est fêle devant juge en
« court vestiie, l'amande est à la voleiité dou
« seigneur. » (Beaum. p. 150.)
'il" Contrefaire la court, contrefaire les courti-
sans ou les gens de la cour, se donner pour tels.
Dans un arrêt d'amour contre les masques, on lit :
« Disoit en oultre, que les dictz masqués abusent
« encores autrement du dict privileige par eulx
« prétendu ; car ilz supposent souvent le nom
» d'autruy, se disenl princes, si contrefont la cou7't,
« qui est un entregent (procédé, conduite, manœu-
« vre) abusif, et vray crime de faulx en matière
« d'amours. " (Arr. Amor. p. 407.)
28" Etre en cour avec le roij éloit une expression
dont on se servoit en parlant des ambassadeurs.
« L'ambassadeur de l'empereur qui estoit en cour
« avec le roij de France, etc. » C'est-à-dire qui
étoit auprès du roi. (.Mém. de Rob. de la Marck,
seig. de Fleur, ms. p. 398.)
"29' Poser sur court , terme de pratique. « Qui
« veaul fuit par la première fuite principau de plait
« qui n'est pas bêle, si responde audit requereoren
« paroles si vaut son dit le plus prez que il pora, et
» au poser sur court ne saerde pas ù lui d'esgard
« tant com il poi'a eschiversaus la querelle perdre
« ou estre attaiut de ce qu'on li met sus, mais die
« au poser sur court autre chose que celle que son
« aversaire aura dite el mete soy en esgart dou
« sien sans plus. •■
30" Ravoir In cour. Obtenir le renvoi d'une cause.
(Laur. Gloss. du Dr. fr.)
31" Rendre la court se dit du renvoi fait par le
seigneur supérieur à la justice du seigneur infé-
rieur d'une cause dont il avoit pris connoissance,
(1) On lit encore dans E. Deschamps (fol. 13i) ; « De tous poissons ot illeo [à un repas] cours pl&iiere. » (N. E
(2) « A la cnrt le roi, chascuns y est pour soi. » (Leroux de Lincy. Prov., 11, p. 75.) (n. e.)
co
— 327
CO
en lui lestituant le droit d'en juger. Beaumanoir,
page 53, chap. X, inliliilé : « Des cas desquiex
« (desquels) li quens de Clermont n'est pas tenus
« à rendre le court à ses liommes, aincbois li en
« demeure la connoissaiice por le raison de souve-
« raineté, etc. »
S-l" liequiérir sa court, c'est réclamer ses juges
naturels. « Si comme quant aucun des lioumes
« re(iuiert sa court de aucun cas dont il ne la doit
" mie ravoir, etc. " (Beau m. p. 15.)
33° Droit de cour. L'iionorairedù au bailli et aux
autres juges et greflier pour cliaque cause jugée.
Il n'en éloil pas payé aux assemblées faites au nom
du seigneur. (Coût, de Termonde, Nouv.Cout. Gén.
1. 1, p.'llSi.)
34° Eau benoisle de cour. Eau bénite de cour (I),
comme nous le disons aujourd'Ilui. (Molin. p. TiG.)
35° Fait de court. Acte judiciaire. » A un fait de
« court, ou reconnoissance, il n'est exécutoire dix
« ans après les termes passez et esclieus. »
C'est-à-dire à un jugement ou contrat. (C.out. de
Péronne, Nouv. Coût.' Gén. t. II, p. G33.)
3(3° Homme de cour. Homme de llef. ■ Leseigneur
" de fief qui a un homme de fief, que l'on dit com-
« niuncment de court, ou plusieurs bomnies de fief,
« que l'on dit pleine court, il a justice de vicomte ;
« et s'il n'a qu'un homme de fief, il peut emprunter
" hommes pour faire ses jugemens. » (Coût, de
Beauquesiie, ciiée par Du Cange, au mot furia
plenaria.) On lit commencement de court, dans le
même passage de celte coutume. (Coût. Gén. t. I,
p. 611) et c'est effectivement ainsi qu'il faut lire :
un seul vassal étoit commencement de cour; le
seigneur avoil dès lors juridiction.
37° Recort de court. Reconnoissance d'un fait ou
d'un usage, dans une cour de justice. « Et se le
« seignor, ou autre, dit que le recort de partie des
» homes de la court n'est, ne ne peut estre porté
" corn recort de court ou l'on a recort de court que
« de chose qui a esté faite en court, et que court
« n'est où le seignor ou home que il ait eslabli en
« son leuc (ù sa place) et deus de ses homes ou plus
« ne sont ensemble là oîi les choses ontesté faites,
» et que court ou hommes de court le recordent,
" mais quant le seignor ou home que il ait eslabli
« en son leuc, et deus homes dou seignor ou plus
" sont ensemble ce est couri, et ce qui est fait
« devant eaus peut on recoi'der comme recort de
« court el autre chose non. » (Assis, de .lérus.
p. 11!).) On peut voir dans la suite plusieurs détails
servant à expliquer ce que signifient court eirecort
de court. Mais ce mot recort de court, que nous
disons recorddecour, est assez connu pour un terme
de barreau.
3&° Renforcement de cour. Le même que cour
renforcée ci-dessus. (Voyez n° 13.)
39° Service de cour. C'est l'assistance due par le
vassal on homme de fief, à la justice de son sei-
gneur. « Le seigneur peut faire saisir le fief de son
.' vassal par faute de service de cour, et de plaids,
> c'est à scavoir quand commandement a esté fait
'< au dit vassal, de comparoir à certain jour, et
" assister aux plaids de la seigneurie dont son fief
« est mouvant, avec ses pairs, compaignons, et
<> vassaux pai' devant le bailly, ou garde de justice
» du dit seigneur féodal. » (Coût, de S. Quentin, au
Coût. Gén. t. I, p. .538.)
40" Savoir ou apprendre sa cour ou sa court. Être
bon courtisan, eu apprendre le métier, les manières.
(Oud. Cur fr. ; Arr. Amor. p. 413.)
41° On disoil autrefois être bien de court, poiu'
être bien à la cour.
Chanibli qui lors iert (estoit) bien de court
S'i retint, si fist Harecourt.
G. Guiarl. MS. fol. 344, V".
4*2° Nef de cour est une faute pour nef de course.
ou de cours (car on disoit l'un comme l'autre),
navire propre à la course. •■ Le duc de Bourbon se
« partit de Gennes, et vint en son armée ou esloient
« les vingt deux gallécs, et dix huict nefs, tant de
« guerre que de cour (2). » (Hist. de Lovs III. duc de
Bourbon, p 286.)
43° Souffrir la court semble une faute pour souf-
frir l'estour, soutenir le combat. « Encores en
« y eust il eu assez plus de prins se n'eust esté
« Claudin et Esclamor qui les avoient ce jour
« garantis trop merveilleusement. Iceulx deux
« avoient tant sou/fert la court, et tant faict de
« prouesse, voyant tous ceulx du royaulme de
« Logres, que Couvain et Hector les en louèrent
« moult. » (Lanc. du Lac, t. III, fol. 4-4.)
VARIANTES :
COUR. Orthographe subsistante.
Cor. Du Bouchet, Gén. de Coligny, p. 58.
Court. Assis, de Jérus. préf. p. 2, etc.
CoRT. Villehard. p. 85.
CoRTE. Loix Norm. art. 16, dans le latin cnria.
Court. Cartul. Chambre des comptes de Nevers, vol. I.
CuRT. Loi.x Norm. art. G, 7 et passim.
CuERS, plui\ Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 55.
Tour pour cour. Perard, Hist. de Bourg, p. 486.
Coiirable, adjectif. Qui accourt*. Léger à la
course^. Qui a cours '^.
* Le premier sens de ce mot se trouve dans
l'exhortation à prendre le mariage spirituel.
Soions donc à cellui coai-able
.luenes et vieulx, vierges et non.
Eusl. Desch. Poi-s. MSS- fol. 542, col. 4.
^Courable pour léger à la course.
Les chevriaulx, les ours et lévriers courahles.
Eust. Desch. Pues. MSS. fol. 13<J:
*^0n disoit, au figuré, monnoije courable pour
monnoie ayant cours. (Histoire de Fr. à la suite du
Rom. de Fauv. ms. du R. n° 6812, fol. 82, - Voyez
CouRSABLE ci-après.)
Couradillos, subst. Les entrailles. (Borel,
Dictionnaire.)
(1) On lit dans CoquiUart (Droits nouveaux) : i Au chevet du lit pour tous jeux, Pend un benoistier qui est gourd ,
un asperyes joyeiilx. Tout plain d'eaue benoiste de cour. » (N. E.)
(2) M. Chazaud imprime cours (p, 229). (n. e.)
.\vee
co
- 328 —
CO
(loni'afje, sul/st. inasc. Cliivur, société (1).
En leui- sacré roui-arje.
Le Tri. des Muscs, cnnire amour, p. 339.
Courage, adjectif. Courageux. « On est par
« iiiiliire plus fort et mieux co/n'ai/e'î'il en assaillant
« qu'on est delTeinlant. » (Im'oîss. liv. 111, p. 52.)
Couraçjei", verbe. Encourager. » Lors retourna
' le ciievâlier i^i ses uuiistres, et leur compta
« i-es |iaroles qui grandement les couragerent. »
(Froissart, liv. 111, p. 153.)
V.-VRIANTES :
COURAGER. Froissart, liv. I, p. 153.
COLIRAIGIER. Vig. de Charles VII, t. I, p. 182.
Courageusement, «r/fi. Jusqu'au cœur. ■' Qui
- vous meut à présent d'esire. si couvagemement
< courroucé envers luy. » (l'roiss. liv. III, p. 197.)
Couraigeux, adjectif. Courageux (3). (Rabelais,
I. H, p. t220.)
Courail, antisl, ma>ic. Corail (4). (Giles Durant, à
la suite de Bonnet' p. 121.)
Coural, subst. masc. Au pluriel, cOHvaulx. (Voy,
15 loyes du mariage, p. I'i5.!
Conranee, sulist. fcm. Flux de venlre (5). Le
peuple dit encore la couirnile. On trouve la cvit-
rance,en ce sens, dans les Jlém. d'Ol delà Marche,
édit. de !0I(> que nous citons d'ordinaire. « Ne
■ maugeoient les pouresgensijue prunes et fruictz,
■ car s'esloit la saison ; dont la courance se preit
■ dans l'ost (armée) et y mourureni beaucoup de
i iiosgens. » (Mém. d'Ol. delà Marche, liv. 11, p. 105.)
Courans , subsl. masc. plur.. Arrérages de
rentes *. lîuisseaux °.
* Le premier sens, que nous citons, est le sens
ti^uré. Les courans, qui éloient proprement les
arrérages non encore exigibles, éloient distingués
des cannons qui étoienl les arrérages échus. « Tant
>■ eu fait des rédemptions, radiais, exlinclioiis, et
desliguemeiis des cens et renies, que du paye-
■ menidcs cannons et courans, etc. >• (Coutumes
de Liège, au Coût. Cén. t. 11, p. 975. — Voy. Cours
ci-après pour arrérages.)
^ Courans éloit employé au sen.s propre, lorsqu'il
.signitioit ruisseaux Ou dit encore, en ce sens, un
courant d'eau » Héritages contigus aux chemins,
i co«raHs, et lillels d'eau. » (Nouv. Coût. Général,
t. I, p. 38.)
Courant, odj. Qui coule*. Qui fait son cours ^.
Coureur '^. Coulé, lié °. Qui est d'usage ^ (G).
* Dans le premier sens, le mot courant se dit de
lout mouvement rapide, et sert souvent à exprimer
le niouvcmenl des eaux. On dit le courant d'une
rivière. On disoil autrefois rivières courans. (Li
droit de Cliampagne, à la suite de la Coutume de
Troyes, par Pitliou, p. A'il.]
^ Un t)aclie!icr courant est un bachelier qui fait
son cours en courant les mes (Le Duchat, surRab.
t. V, p. 124, noie 5.) Kquivo lue entre courir, faire
son cours et courii- les rues, perdre son temps.
"^ Cheval courant étoit ce que nous nommons
coureur. On le dislingiioit du destrier, du roussin
et aulres espèces de montures (Hist. de Bertrand
du Cnesc. par Mén. p. 430.) Cependant nous lisons
destrier coirnnl dans ce passage :
Li destrier sos ciel n'a si bel
Ne mix cniranl, ni plus isncl (léger à la course).
Fabl. .MSS. du R. n- T.IS'J, fol. 67, V col. 2.
°0n t]i)mmo\i lettre courant l'écriture liée et cou-
lée (lue nous apelons encore écriture courant(? (7).
« L'n livre en l'rançois esciit de lettre courant. «
(Inv. des livres de J. de France, duc de Berry, par
Le Laboureur.) Cet inventaire se trouve avant t'ilisl.
de Charles VI, par,!. Le FevredeS.Remi, p. 81. (Voy.
ci-après Lettre de cocrt.)
^ On a dit vaisselle courant, pour la vaisselle
dont on se sert ordinairement. (Oliv. de la Marche,
cilé par S..lul, Mesl.Hisl. p. 3(j.) Ce mot se dit encore
(|uelquefois en ce sens.
VARIANTES :
COURANT. Pilhou, Coût, de Troyes, p. 4i7.
Cni'uRANT. S. .Jul. Mesl. Hislor. p. 36.
CoH.VNT. Ord. l. 1, p. 5i9.
Con\ANT. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 67.
Courante, subst. fém. Courant *. Sorte de
danse ^.
* On lit, au premier sens : « 11 y a une espèce de
« navires particulières en forme plus longue que
« ronde, et plus estroitte beaucoup t|ue lesgalleres
« pour mieux se régir (gouverner) et commander
> aux courantes (\m sont ordinaires en cette mer. "
(Mém. du Bellay, liv. X, f° 340.) (8)
^ Nous appelons encore aujourd'hui courante
une espèce de danse grave, dilférenle sans doute de
la courante mise au nombre des danses dissolues,
suivant Boachet (Ser. liv. !, p. 133) (9). Les sorciers
l'avoient apportée d'Italie, suivant le même auteur.
(Ibid. p. 136.)
Couratiere, sut)st. fém. Entremetteuse. C'est
proprement le féminin de courratier ou corratier.
(i) Voyez C'oci((/e. Ce mot avait aussi le sens de dignité MJ. 164 ou 165, p. 329, an. 1412;: « Le suppliant dist à icellui
lluval; .1 tu m'as bouté et je suis clerc ; j'en appelle à mon courage. » (n. e.)
(2) Il a aussi le sens d'irrité : « Le supplinnt temple de l'ennemi (du diable) et aussi mal conraigc de ce que son père ne
l'avoit voulu marier. » (.1.1. 206, p. 5, an. 1478.) (N. E )
(3) 11 signifiait aussi orgueilleux : « Jacotm Blanquemains, homme couraijeu.c et plain de oultrageuse volonté. » (if. 164,
p. 171, an, 1409.) (N. E.)
(4) Voyez Corat ; on trouve aussi cottraii. (JJ. 138, p. 145, an. 1389.) (N. E )
(5) U signifie aussi courant d'eau au reg. .1,1. 192, p. 10, an 14^50 : « Lesquelles femmes accordèrent qu'elles se rendroient
el assembli-roient en une courance d'eaue. » (n. e.)
(6) On disait un nœud courant pour un nœud coulant. (Montaigne, III, 152 ; Amyot, Pyrriuts, 62.) (N. E.)
(7) La cursive. (N. E.)
(8) On lit encore à la page 597 de l'éd. de 1582 ; « A la faveur de la mer qui estoit calme, sans vent ne fureur de courante. »
Hegnier dit aussi (sat. Vil): « An gouffre du plaisir la courante m'emporte. » (N. E.)
(9) Il Danser la volte, la courante, la fissaye et autres danses dissolues. « Voyez au,ssi J. Marot, V, 212. (N. E.)
co
- 329
CO
Voyez ce moi sous cette dernière orthograplie. Mais
courratiere n'a pas cxaclemcnl la même signitlca-
tion, car les courratiers ou courtiers exeryoient
une profession dans laquelle on a'admettoit point les
femmes, lîabelais s'est servi de ce mol courratiere
pour désigner des fonctions à peu près semblables
à celles de courtier. « Hélène courrutière des
" chambrières, » (T. Il, p. "iôO.) (|ui se méloil de
leurs intrigues. Peul-élre emploie-t-il ce mot pour
revendeuses, lorsqu'il dit ailleurs: « .Jusques es
« bonnes femmes lavandières, couratieres, rousli-
» cieres, etc. ■> (Ibid. p. HHi.)
VAHIANTES :
COURATIERE. Rabelais, t. II, p. 106.
C.OURR.\TIERE. Ibid. p. 2Û6.
Couraii, suhst. masc. .Sorte de bateau plat. On
s'en sert encore sur les rivières de Gascogne.
Engins r'ont de part et d'autre
De fust (bois) parfais et achevez.
En nez (navire.sl et en couruux levez
Des quie.x grosses pierres eschappenl.
G Guiarl. MS. fol. 223, V".
Du Cange rapporte ce passage. Glossaire lalin, au
mol Cursoriœ. De là : « Le tirage du courau ou
» galupe. » (Coût, de -Marsan, Xouv. Coût. Général,
t. iV. p. 911.) Voyez rédilion de celle même cou-
tume imprimée îi Bordeaux, en ]700. L'éditeur
ajoute en marge : couicau et galu/ic sont des noms
de certaine espèce de b:iteau (11.
V.\RIANTES :
COîJRAU. Du Cange, Gloss. latin, au mot cursoriœ.
CouREAU. Nouv. Coût. Gén. t. IV, p. 911, col. 1.
Courbasse, adj. Courbe, voûté. (Diclionn. de
Cotgrave.? M. de La I^orte s'en est servi pour épi-
ttiète de vieille.
Courbatu , adj. Surmené *. Assommé de
coups ^.
*Dans le premier sens, ce mot est formé de cour-
bature, maladie d'un cheval outré de faiigue. On
s'est servi du motco;;; batu pourépithèlede mari ('2).
(Dict. de t'.otgrave.;
^Rabelais emploie ce mot dans le second sens,
qui peut-être ne doit être regardé que comme une
extension du premier (Hah. \. IV, p. 63.)
Courbe, adjectif. Courbé, boiteux. Ce mot ne
subsiste pins que dans le sens propre. On disoit
autrefois au figuré les droits cl les courlies, pour
signifier tous. (G. Guiarl, .ms. f" 73, R.)
Destriers chieent. destriers afondent (tombent).
Le plus droit i devient courht:
G. Guiarl. MS. fol. 256, V".
(Voyez COURVE.)
VARIANTES :
COURBE. Orth. subsistante.
CORBE. Fabl. MSS. du R. n» 7-218, fol. 126, R« col. 2.
Courbet, subst. masc. Espèce d'outil. Oulil
tranchant et recourbé, comme la serpe. « Les petits
« fagots mariolels de raspe de deux pieds et demy
" de long et deulx pieds trois poulces un quart de
» grosseur, esloffez de pels les uns taillez à la
» happe, etdeu.'cau courbet [?A. depureleigneezpin-
« cée aussi longues que les dits pels, sans autre
« fourure. » (Côut. de Hainault, Nouveau Coul.
Gén. t. II, p. liO. — Voyez Curketz ci-dessus pour
couteau.)
VARIANTES :
COURBES, CouRVEZ, Courbet.
Courbette, subst. féin. Sorte de faucille *. Air
de ballet à cheval ^. Terme de manège '^.
* Dans le premier sens, c'est la même chose que
Courbet. On trouve dans le Dictionnaire dOudin :
courbette rahalue, pour faux ou faucille.
^Dans le second sens, on nomma courbette l'air
d'un ballet dansé ti cheval ; en parlant de celui qui
fut dansé au carrousel de Louis Xill, on dit : « L'air
« des courbettes est un air de monveinens à demy
« élevez, mais doucemeni en avanf. en arrière,
« par voltes, et par demy voiles sur les costez,
•< faisant son mouvement courbe, ce qui faildonner
« le nom de courbette hcei air. » (Le P. Mene.strier,
des Tournois, p. 172 i
^ Courbette est un ternie de manège usité encore
aujourd'hui et qui semble, selon le passage que
nous allons citer, avoir souffert quelque interrup-
tion nu avoir eu quel(|u'autre acception. On lit, au
sujet de la réception faite ù Naples au grand prieur,
après la mort du pape Paul IV : " Il monl-i sur un
« cheval d'Espagne, le plus beau que j'aye veu de
« longtemps, que depuis le vice roy luy donna, et
" se manioit très bien, et faisoit de très belles coî/r-
« bettes, ainsi qu'on parloit de ce tcms, luy qui
« estoit un très bon homme de cheval, et aussi bon
« que de mer. » (Brantôme, Dames Gallantes,
t. Il, p. 298.) Le mot courbette, pris en ce sens,
étoit employé au figuré dans celle expression :
Manier une personne à courbettes, c'esl-ù-dire la
maîtriser, la manier à sa volonlé. Oudiii, Diclionn.
et Cur. fr.)
Courbillon, subst. masc. Corbillon (4), petite
corbeille. Ce mol semble avoir désigné une mesure
de sel. - Et de reditibus iiostris, qui palerno jure
« nobis succedunl, ceutumsolidos pictavinos, et 30
« guerbiliones salis in villa qua;' dicitur Salies. -
M. de Maica traduit gurbiliones salis par courlril-
Ions de sel. (Du Congé, au mot Gurbilio.]
Courb-ne/, subst. masc. G'étoit le surnom de
Guillaume quequeiques-unsont éciitniai-à-propos,
au court-nez, suivant le Dict. de Borel, au mot
(1) On donne encore ce nom aux allèges, (n. e.)
(2) Les arexla amcniin. p. 414. parlent de ceux qui servent mal leurs femmes : « La requeste des maris urabrageux ,
coinbitliis, boucquineux. farouches, trop tristes, ppiisifs et désolés. » (Du Verdier, Bibl., p. 2118 ) (N. E.)
(^3) c Une selle de guerre.... lacouverture de veluel vert bordée de corbetrs. » (Compte de Robert de Serres, 1351. > Corbetes
ne pe\it être un outil comme antrliet au reg. .1.1. 140. p. 148, an. 1390; « Icellui Hennequin getta apiès ledit larron un courhct
ou sarpe, dont on coppe les bois. » (N. E.)
(4) On lit au Liv. des .Métiers (310) : « Se pain est aportés à col de la vile de Paris en marchié ou en autres jours, il porr.'i
.ivoir tant de rorhillons comme il li plaira. >> N E.i
IV. 42
ço
— 33o
i.,<J
I>rue. Ce mol coiaposé signifioil nez courbr, nez
aquiliD.
Courcelie, sh/^s/. féiii Diniinulifde cour. Saint
Julien dit niit-: ^Courcellesesl un motancien duquel
« la signidcalion n'est plus de nous connue: neaul-
u moins les lieux qui en portent le nom sont fort
" fréquens. » ;Mesl. llistor. p. 404.) Ces noms de
lieu, en trnnrois cuitrcelles, portent ordinairement,
en latin, le nom de curliculœ, diminutif de curtis,
qui sis;'nilioit cour (1). Ce qui justitie notre inter-
prétation du mot CoFRCELLK. iVoy. Valois, Notice,
p. 16G.)
Courcerelles, subst. fcm. plur. Je croirois qu'il
faudroil lire tourterelles, dans ces vers :
.Miibi comme deux courcerelles :
Beau pied, beau becq, bien amassez,
Bien taillez, et bien coulorrez.
Gace de la Bignc, des Déduits MS. fol. 121'., R'.
Courcet. [Intercalez Courcel, sorte de coiffure,
au reg. JJ. 143, p. 193, an. 139'2: « Un courcet,
« dont la suppliante devoit couvrir sa teste. »
Voyez plus bas Cocrcier.] (n. e.)
Gourceiir, suhst. mase. Homme colère. Aisé
à courroucer.
Convoiteux, courceurs remuables (légers).
Eusl. Desch. Poés. MSS. fol. 461. col. 2.
Courcibot, suhst. masc. Homme gros et court.
(Oudin, Dicl. et Cur. fr.) Ce mot semble avoir
quelque analogie avec celui de Courtiban ou Cour-
TiBAU ci -a près.
VARIANTES :
COURCIBOT. Oudin, Cur. fr.
COURSIBOK. Id. Dict.
Coui'cie, subst. fém. Galère. « Passage, voie
" planchée de proue ù pouppe dans un vaisseau de
« mer. » (Monet, ubi suprà.) Vaisseau de mer pour
aller en course. C'est en ce sens qu'on lit canon de
courcie{'2). (Brantôme, D" Gall. t. H, p.296.-Voy.
Coursier ci- après.'»
N. B. Canon de' conrcie pareil signifier le canon
qui est sous le coursier (raccourcie) et dont la bou-
che sort par la proue.
variantes :
COURCIE. Monet, Dict., sous Accoiirsie.
COUBSIE.
Courcier, verbe. Retrousser. Voici le passage
où nous trouvons ce mot : " Doncques veissiez
« femmes se courcier et leur testes de louaillons,
u lier et prendre cros, hâves, etc.... si alerent à la
« meslée. » (Modus et Racio, jis. fol. 297.) On lit
alias escourchiev leurs robes , alias courrecier ,
courreier, lier, attacher avec une courroie, confor-
nvr-'^enl, à l'élymolosic que paroit indiquer celle
orthographe. (Jn écrivoit même courser, courser
son boHuel. le retrousser. (Moyen de Parvenir,
page 18i.
VARIANTES :
COURCIER. -Modus et Racio, MS p. -297, R".
Courser. Moyen de l'arven. p. 184.
Coui'ciers , subst. tncisc. plur. Coureurs.
Batteurs d'estrade. GuideNamur, après avoir défait
les François à Couriray, « manda à ses courciersei
'< fourriers à queuillier (f;;ire le butin) les proies. »
(Chron. fr. ms. de Nangis, sous l'an 13U'2.;;
Gourées, adj. au fém. plur. Courroyées. yVoy.
Ord. t. III, p. 373.) (3)
Coureeurs, subst. viasc. plur. Courroyeurs.
On trouve courréeurs de cordouen, dans lo Table
des Métiers de Minière, p. 30. Le cordouen éloit le
cuir dont on faisoit les souliers. (Voyez ce mot.)
Coiireïs. [hitercalez Coureïs, course: « En
« celle cace, là eut bon coureis. « (Froissart, III.
290.;] (n. e.)
Coiirement, subsl. mase. Course. (Diclionn.
de Cotgrave et de Rob. Esiienne) i'ourrement de
bagues pour course de bagues, dans Brantôme,
D" Illustr. p. 78. (Voy. Accolrrement.)
VARIA -TES :
COU REMENT. Cotgrave, Rob. Estienne.
CoLRREMENT. Hraut. D" 111. p. 78.
Coureur, subst. masc. Ce mot subsiste avec
différentes acceptions(4). On appelle encore coirt't'«/'s
des cavaliers détachés pour aller à la découverte
et pour faire la petite guerre. Il semble qu'on ait
mis autrefois quelque différence enlre ceu.x qui
étoient pour la découverte et les autres. Nous
lisons : « En tant que louche une bataille à cheval,
» vous scavez bien qu'il faut dts coureurs de pays,
« après il faut des coureurs des ennemis. « (Le
Jouvenc. ms. p. 275.) Les coureurs des ennemis
étoient vraisemblablement ■ pour garder l'ost com-
« mis, et pour regarder la convine (conduite ou
>< estât) des ennemis. » En ce sens on les nommoit
aussi ijardigeurs, et l'on enlendoit par coureurs
depaijs ceux qui » courent pays pour aller au gaing.
u et non pour combattre, sinon sur eulx detîen-
« dant. » ;Le Jouvenc. sis. p. 137.) (5)
VARIANTES :
COUREUR. Orth. subsistante.
CouRREUR. Le Jouvenc. MS. p. 137.
CouREEUR. G. Guiart, MS. fol. 3153, V».
CORREUR. Hist. de Bertr. du Guescl. par Mén. p. aSl-iW.
CouREUx. Vig. de Charles VII, t. I, p. 112 et 135.
CouREOUR. Poës. MSS. Vat. n" 149U, fol. 6, R".
COREOR. Dict. de Borel, et Gloss. de Villehard.
ri) Ce nom de lieu se retrouve sous les formes suivantes: Courceau.v (Yonne). Cotircelles (Somme, Seine), Corcellea
(Nièvre), et les diminutifs suivants : Courcheletles (Nord), Courcelette (Somme), Cowcelotle (Cote-d'Or). (N. E.)
(2) « Recommença sa salue aussi belle et furieuse que devant, des canons de courcie de seize galères et des autres pièces
d'arquebusade, si que tout estoit en feu. » C'est ce que nous nommons canons de chasse, (n. e.)
(:)) Couréi.'x signilie aussi entrailles au Roman d'Athis ; u Le fer qu'il ot en son trenchant Lui mist parmi le jaserant , Ou
corps lui Irenche la cource. » (N. E.)
(i) « Quant il furent oultre et sur les camps, il ordonnèrent 11 seigneur... à estre coureur et descouvreur et chevauchier
jusques as tentes des Liégeois françois. » (Froissart, III, '2i)4.) (N. E.)
(5) Au fol. 81 on lit : « Il est de nécessité qu'il y ait coiireurs et les mettre voulentiers fors , affm qu'ilz reboutent le.s
coureurs des ennemis. » (N. E.)
co
331
CO
Courge, subst. fém. Gourde. Espèce de cale-
basse, de courge qu'on a sécliéc pour en faire un
vase léger dont on so sert, pour porter de quoi
boire. On le nomme dans (jnelques provinces
courle-bouteille. On poric ce vase au bout d'un
bâton, et de là peut-être ces bâtons avoient aussi
pris le nom de courges, qui a passé aux bâtons
qu'on metloil sur les épaules pour porter les
sceaux à la rivière. Nicot croit cependant que ces
bâtons s'appeloient courges [l], au lieu de courbes,
parce qu'ils étoient courbés.
Item à maistre .Tehans Laurens
Qui a les povres yeulx si rouges,
Par le péché de ses parens,
Qui beurent en Itarilz, et cnurges.
Villon, p. co.
On fait usage « de la poudre d'escorce de chesne,
■ ou de courge pour lesplayesdu faucon. » (Fouill.
Fauconn. fol. 79.) On se sert aussi " de semences
>• de courges, ou de concombres lorsqu'il a la
" fièvre {'!). » iBudé, des Oiseaux, fol. 120.^
Les Languedociens emploient le mot courge pour
.signifier un sot, un bébété. (Dict. de Borel.^. Nous
disons cruche dans le même sens. La courge ou
gourde étoit une sorte de crucbe.
VARIANTES :
COURGE. Orth, subsistante.
GOURLE. Le Duchat, sur Rabelais, t. I, p. 77.
Courgée. [Intercalez Courgée. chai'ge d'une
courge, au reg. JJ. 120, p. 248, an. 1382: « Les
« supplians aient esté consentans... à prendre et
<' emporter de nuit une nef estant au port des
« crochez [à Meaux], chargée de vin, environ une
« courgée de vin en deux seaux. »] (n. e.)
Courgiion, subst. masc. Engin à pêclier. Il y a
une ordonnance concernant la pêcbe dans "la
rivière d'Yonne, qui défend lecourguonel plusieurs
autres engins à pêcher. On y lit : « Li courgiion des
« clices que l'on dit bourroiche ne courra point en
'< nulles saisons. » (Res. du Tr. des Ch. 65, p. 69,
an. 1327.) (3)
Courir, verbe. Chasser*. Ravager, piller^.
Tendre, aller '^. Employer". Découlei'^.
*0n dit encore courir le cerf, pour le chasser,
le poursuivre ; mnh courir se dit plus absolument
pour chasser, comme dans ces vers :
Certes nenny, que, sans courir,
On ne peult bien la chose ouyr.
Gacede la Bigne. des Doduils, MS. fol. iS), V.
^Ce mot est pris pour piller, ravager, dans les
passages suivans : • Finablement ils furent prins
» par force et la ville courue et arse, et occis le
« greigaeur (la plus part) partie des soudoyers. »
(Froissart, livre I, page 135.) (4) » Fut conclud qu'ilz
« iroienl contre une grosse ville qui n'esfoit point
'< cloze ; le .Jouvencel fist ceste entreprise, et
>> appoincta (convint, promit) de l'aller courir. »
(Le .fouv. MS. p. 337.1
•^On a dit aussi courir pour tendre, aller vers
quelque but :
De rien ki court à garison.
Will. li Viniers, Poès. MSS. .nvant 1300, t. III, p lâl".
De là, on a pu dire d'une chose qui tend à nous
déshonorer qu'elle court à hontage. [G. Cuiart. ms.
fol. 150.)
° On s'est aussi servi du mol courir, pour
employer, consommer. « Mont grand (très-grande)
« pa. '.:e de l'émolument des dites subsides est aie,
« et couru esdiles gaiges. » (Ordonn. des R. de Fr.
t. 111, p. 522.)
^Courir se dit encore du mouvement des choses
fluides, découler; maison nediroit plus au figuré :
« L'arbre de miséricorde ûonl \i court oilte (huile)
« de vie. » (Hist. de la S" Croix, ms. p. 8.) (5) Ce mot,
dans l'acception propre et subsistante, nous fournit
d'ailleurs plusieurs expressions que nous allons
remarquer :
i° Courir les champs en pourpoinc! . pour extra-
vaguer, être fou. (Rabelais, t. 111, page 53.) Nous
disons aujourd'hui courir les champs, comme dans
ces vers :
Sa débile raison fist place à la furie.
Bref ilcotinit les champs du mal qui l'agittoit.
Œuv, de Despories, p. 402.
2" Courir l'éguilette, pour se prostituer (6). (Voyez
chapitre 35 des Rech. de Pasquier, intitulé t'oww
l'éguilette.) Cet auteur pense que cette façon de
parler est venue des anciens réglemens qui obli-
geoient les femmes de mauvaise vie à porter une
éguilletle sur l'épaule, pour pouvoir les distinguer.
« Coutume que j'ay veu (dit-il) encore se pratiquer
« dedans Tholose par celles qui avoient confiné
« leurs vies au chastel verd qui est le bordeau de
« la ville. « (P. 704.)
Je recherche une jeune fillette
Experte dès longtemps à courir CèguillcUe.
Regn. Salyre XM.
CONJUGAISON :
Courage, subj. Courre. (Britton, Loix d'Anglel.
fol. 29.)
Courge, subj. prés. Courre. (Id. Ibid. fol. 13.)
Courgeiit, subj. prés Coiirrent. (Id. Ibid. fol. 5.)
Courismes, prêter. Courûmes, (.loinv. p. 39.)
Courra, prêter. Courut. (Le Blanc, Traité des
monu. p. 46.)
Courrerent, prêter. Coururent. (Preuv. sur le
meurtr. du duc de Bourg, p. 288.)
Courlonge. [Intercalez Courlonge , droit de
(1) Co»)-ge peut venir d'une forme cjo'iiiiKji, t'i(>-((ii<i/i, ciov'i'iif, courge ■ «Pour deux seaulx et une courge ferrez, pour
porter l'eaue es chambres de madame Ysabel et madame .lehanne de France. » (Laborde, Emaux, xiv siècle, p. 230.) (N. E.)
(2) La forme ancienne (''tait couhnurden, cnounic, de cucurhiUi. (n. e.)
(3) Comparez le t. II des Ord., p. 12, où bourroiche, bourriclie est écrit bourrache, (n. e.)
(4) Voyez éd. Kervyn (IV, 63) : « Si fu la ville de Garlande violée et courue et toute robée. » (N. E.)
(5) Courir signifie encore : 1" avoir cours : « Il dist que, se Diau le pooil aidier, elle Ua gabelle) ne courrait jà en son
pays. » (Froissart, V, .'(56.) 2" Durer : « Les jours courans que. » (Id., IV, 321.) (N. E.)
(6) Voyez Leroux de Lincy. Proverbes (II, 1.52). (n. e.)
eo
332
co
gite: " Item envire-i .\. livres de menues censives,
« eiisaiTiblo autres rentes denes fi plusieurs joiir-
" iii'cs, appellées gisles cl cuuiiunges. » (liiv. des
Cliarles du ciiàleau de Jaucourl, an. l.%9, fol. '20,
verso.] (n. k.)
Counnaader, verbe. Gourmander. (Celtliell.
de L. Trippault.)
Couronne, subst. fétu. Ornement de tète*.
Tonsuie^. Sonimei de moiitaiiue'^. Ternie de
cliasse °. Terme de charpentier ^. Ceinture "".
Collier*^. Frange de l'iuipériale d'un carosse".
.Nom d'un vaisseau'. Sorte de monnoye".
Ce mot semble mis au masculin dans ce vers.
Police règne en triumphant couronne.
S. Marot, p. 43.
Cependant, il faut se rappeler fjue nos anciens
poètes se doniioient la licence de retrancher lèse
féminins, soit dans les noms, soit dans les verbes,
soit dans les adverl)es, sans que cela tirât à consé-
quence.
'•Couronne, ornement de tête, n'a pas toujours
désigné une mari|uede dignité; cétoit quelquefois
une sorte d'ornement d'or ou d'argent qui se met-
toit sur la tète, et qui étoit fort commun, non-seu-
lement parmi les gens de qualité, mais encore
parmi le peuple. Suivant un statut de TiS.'î (1), cité
par Du Cange, au mol Coronœ, il fut défendu aux
bourgeois et bourgeoises d'en porte.". La couronne
étoil spécialement l'ornement des fenmies qui le
jour de leur mariags la portoient sui' leur tète, les
cheveux épars ; elle faisoit partie des effets que la
veuve répétoit sur la succession de son mari ,
comme étant comprise parmi ses bijou.K. (Voyez
Bout. Som. Kur. p. 43'«, 468; Ord. t. II, p. 320.)
° Counnuie signifie encore tonsure ; mais on ne
diroit plus ceux à la couronne, pour désigner les
prêtres, les moines, etc.
Roan estoit d'antiquité
La plus orgueilleuse cité...
Leans ot sanz ceus à couronnes
Hien Lx. m. personnes.
G. Guiarl, IIS. fol 8j, V".
'^Couronne s'est dit aussi d'une petite montagne
qui est au-dessus d'une plus grande. (Voyez La
Salade, fol. 21.)
°De là, vraisemblablement, ce mot signifioit en
termes de chasse un espace de tei'rain élevé en
forme de petite montagne et garni de bois tout
à l'enlour. « Il y a des forests de diverses sortes,
» les unes sont fortes de boussieres (pour bayes)
" les autres ont par le milieu des couronnes de
« brandes (bruyères). • iFouilloux, Vénerie, f° 33.)
" S'il arrive à trouver quelques petites coi/roi/iics,
" ou tailles desrobées là oh le cerf auroil fait sa
" nuit, etc. » (Ibid. fol. 31.)
^Couronne semble un terme de charpentier, dans
le passage que nous allons transcrire. Charles VI,
voulani faire une descente en Angleterre en I38<),
« le couneslable de Fiance faisoii l'aire ouvre!', et
« cbarpenter en Bretaigne l'enclosture (l'enclos,
« l'enceinte) d'une ville, toute de bon bois, et gros
« merrien i^bois de charpente) pour asseoir en
« Angleterre là on il leur plairoit, quant ils auroyent
« pris terre, pour les seigneurs loger et retraire
« (retirer), pour echever (éviter) les périls des
« reveillemens et pour dormir plus aise et mieux à
« seur : et quant on se délogeroit d'une place, et
« on irnit en autre, celle ville esloil tellement
« ouvrée, ordonnée et charpentée, qu'on la pouvoit
« deffaire par travées 2), ainsi qu'une couronne, et
« rasseoir membre à membre, et y avoit grand
« foison de charpentiers et d'ouvriers, c|ui l'avoient
« composée et ouvrée, et savoyent comment elie
•• devoit aller : et de ce ustoyent ils retenus (gagez)
" et avoyent grans gages. '•• (Froissarl, livrelll,
page 121.) (3^
•^ Couronne a signifié ceiiiture. Guillaunii; de
Nangis, dans la vie de S. Louis, p. 3()7, dit que ce
prince portoit un cilice sur sa chair, ad carnem
ciliciosus : son confesseur le lui ayant défendu, ci'
prince quelquefois encore , pendant le carême .
loco cillcii quadani :jma sive fa^eia de cilicio ne
cingebat. Les Chroniques de S. Denis, qui rendent
ce passage littéralement, s'expriment ainsi :
« Longtemps il porta la ^; :re contre sa chair toute
« nue; mais il ne la lai-sa par le commandement
« de son confesseur, el pour ce qu'elle luy estoil
« trop grève, il porta une couronne de haire. ■
(Chron. S. Denis, t. 11, fol, 79.)
°Ce mol a aussi signifié collier; car, parlant du
cerf volant que i'.harles V! prit pour sa devise, on
dit : « Cerf volant t'owroHHc d'or au col. « (Juvenal
des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 10.)
" On a dit couronne lie carosse, en italien gallcto.
(Dict. d'Oudin.j C'est la frange qui orne l'impériale
en dedans, comme l'explique le même Oudiii, dans
son Dict. espagnol.
'Couronne à été le nom donné à l'un des plus
gros vaisseaux que fil construire le cardinal de
Bichelieu. 11 étoil de 72 pièces de canon. On en
trouve la description dans !e P. Daniel (Mil. fr t. il.
page 678.)
"On a nommé couronitc une sorte de monnoie, à
cause de la couronne qui yétoit empreinte sur l'un
des côtés. L'époc|ue de cette monnoie remonte au
moins au règne de Pbilippe-le-Hardy. (Voyez Le
Blanc, sur les inonn. p. 178 et 207.)
Dans une ordonnance de 3346, citée dans le Rec.
des Ord. t. Il, page 2M, on voit que la couronne ne
valoit que (|uinze sols six deniers. P. de Fennin,
dans le Mém. de Charles VI, p. 4t)4, dit qu'en hil^
on en fabriqua qui d'abo d ne valurent que dix-huil
(1) « Nul bourgeois ne bourgeoise ne portera verd ne gris, ne ermine, et se délivreront de ceux qu'il ont de Pasques
prochain en un an, et ne porteront et ne pourront porter or, ne pierres précieuses . ne ceinture d'or ne à perles , ne
couronnes d'or ne d'argent. » (N. E.)
(2) D'autres mmss. donnent jui/'oes ou carnières. (N. E.)
(3) Edition Kervyn, t. IX, p. 359, 360. (n. e.)
co
— 333
CO
sols; qu'ensuite, petit à petit, elles nioiilèrenl jus-
qu'à neuf francs, et se soutinrent à celte valeur
jusqiren \il\ ; mais qu'elles furent remises à leur
juste valeur en IWi. Celle monnoie eut iliirérenles
dénominations et dilTérentes valeurs. Nous nous
contenterons de les indiquer et de renvoyer aux
auteurs qui en ont parlé plus amplement. 6'0!;)'0«hc'
de France. lilaiis à la couronne. Itcnicrs blans à la
couronne. Deniers d'or fin ù la couronne. Deniers
d'argent ù la couronne. Crans blans à la courimne.
Gros deniers à la couronne. Ecus à la couronne.
On les appeloit aussi écus d'or, ils valurent 25 s
En 138i, Charles VI lit l)altre des couronnes d'or.
(Voy. monnoye en 13110; — Choisy, vie de Charles VI,
p. 168 et 109.) '-'il disoit couronnes d'or pour écus
d'or, sous Charles IX. -Voyez Gouj. Bibl. fr. t. XIV,
p. 09.) Le duc de Berry ayant demandé dix mille
francs à ses trésoriers, » les thresoriers se conclu -
" rent et appareillèrent tout l'argent en couronnes
« d'or, et en Francs de France ; et fut mise la
•> finance en quatre sommiers. " (Froissart,liv. IV.
p. 3i.) On lit, an sujet des présens que fit la ville
de Paris au roi Charles VI, à la reine et à M™' de
Touraine, à leur bienvenue : « Or considérez la
« grand valeur des presens, et aussi la puissance
« des Parisiens : Ciir il fut dit à moy acteur de ceste
" hisloire, qui tous les presens vei, (|u'ils avoient
« cousté plus de soixante mille couronnes d'or. »
(Ibid. p. 7.1 (I) L'éditeur l'entend part'f;/, couronne.
Le même auteur dit, en parlant des ambassadeurs
du roi d'Angleterre, «■ qu'il fut ordonné par le roy
« que tous les jours qu'ils seroient sejournans
« à Paris, on leui- delivreroit deux cens couronnes
« de France pour leurs menus frais et coustages
<« d'eux, et de leurs chevaux. « (Ibid. page 20.5. —
Voyez CoRONET ci-dessus.)
On disoit :
1° Lettre de couronne {'i'. C'étoi tu ne espèce de vase
à boire, suivant le Dict. de Cotgrave. C'est vraisem-
blablement en ce sens qu'il faut l'entendre dans ce
passage : « On ne trouve guerres de ladres sans
« baril, et sans Icllres de couronne, avec le petit
« entonnoir, combien que Paré dit que l'on baille
» des barils el les cli(iuettes afin de les connoitre. »
(Bouchet, Serées, liv. III, p. 308.)
2° S'advouer de sa couronne, pour réclamer le
privilège, le droit de sa cléricature ou tonsure. » Si
« lost que le juge luy par(;oit(s'aper(,'oit, voit) qu'as-
» seurément assurance seureté) est requis devant
« luy sur prestre, el il &'advoue de sa couronne, le
« juge lay par sa main a ceste auctorité en ceste
« partie sur le presire, etc. «(Bout. Som. P.ur. p.2.33.)
Nous avons vu couronne ci-dessus pour tonsure.
3° Faire des couronnes rouges à des prêtres se
disoit proverbialement pour les tuer. (Le Bœuf,
Hist. civ. d'Auxerre, p. 216.)
V.^UIANTES :
COURON.NE.
CoRONE. Rymer, t. I, p. 114, col. 2, lit. de li70.
CoKOUNE. Loix Norm. art. 2, al corune.
CoRUNE ou coroune. Loi.x Norm. art. 2.
Couronné, ndj. Mot subsistant. Nous avons
maïqué son ancienne orlhograpiie au mot coronné.
(Voyez cet article., .Nous nous bornerons dans
celui-ci à rapporlei' diver.-^es expressions où ce mot
entroit autrefois selon l'orthographe qui! a
conservée.
1° Teste couronnée se di?oit en termes de chasse
" lorsque les espois (pour andouillers) qui sont
« plantez en la sommité de la pei'che sont rengez
" en forme de couronne. ■■ rouilloux, \'énerie
folio 20.)
2° Couronné un lion. SorSede monnoie des comtes
de Flandres el les ducs de Bourgogne. On lesdistin-
guoil sous les dénominations suivantes : Couronne:.-
au grand escu. Couronne-^ augustins. Couronnex- à
iaignelet. Couronne-^ à la trangmnué. Couronnex
à la croix S. .indrieu. Couronnex à la droite croix.
(Voyez Du Cange. au mot Leones:
3" Lijon couronné est un animal fantastique dont
il est mention dans Lancelol du Lac. " Si avoil
» celluyjonr Lyonnel esté nouveau chevallier, et
» celluyjonr se esloil combaln un L'ion couronné
'< de Libe que l'en amena à la court du roy Artus.
■' Car onques mais Lijon couromié n'avoit esté veu
" en la terre de Bretaignc, si l'occist celluy joui-
>■ Lyonnel par sa pioesse, et donna à messireVvain
« la peau du lyon à quant (pour le tems que) il
" seroitvenn ;1 court pour mettre sur son escu. »
(Lcinc. du Lac. t. I, loi. L48.)
'i" Cour couronnée. Cour plénièie, ainsi qualiliée
parce que nos rois y présidoient. la couronne sur
la tête et revêtus des habits royaux. (Du Cange.
Dissert, sur Joinv. p. 86.; (3)
ô" Sloi couronné. L'auteur, en se .^ervant de celte
expression, a voulu faire allusion au roy des trou-
vères, jongleui'S ou mcneslriers qui portoient une
couronne sur la lète, ou aux poêles dont la récom-
pense ordinaire êloil une coui'onne , lorsqu'ils
remportoient le prix.
Bien sul fins roi courunnés.
M" Pierre, Po.'s. IISS. Vatican, u- 1490, f" 23, P.".
0° Couronné d'oignons. Façon de parler nouvelle
et ridicule, en usage du lemps de Molière. ■■ Une
« souppe à bouillon perlé, soustenue d'un jeune
' gros dindon cantonné de pig. onnaux, et cou-
« ronné d'oignonsh\imc&, mnviez avec la chicorée. '
(Bourg. Gentilh. act. 't, se. I.
Couronner, verbe. Nous ne citons ce mot qui
subsiste que pour remaniuer que l'on disoit autre-
fois >■ couronner un l'aucon du chapperon, » pour
lui mettre le chapperon. (Fouilloux, Fauconnerie.
(n Edition Kervyn (XIV, 20). (n. e.)
(i) La lettre de couronne était donnée par l'évêque en témoignage de cléricature : » En Taisaiit apparoir au suppliant de
une lettre de couronne ou tonsure, » (.TJ. 155, p. 255, an. -1400.) On lit encore au reg. .U. 204, p, 92, an, 1474 : < Jehan de Berry
dist au suppliant qu'il avoit emblé une robe à Gyen et la lettre de couronne de son maistre. « (n. e.)
(3) Edition Henschel, t. II, partie II, p. 20. (n. e.)
co
— 334 -
CO
l'o!. 17.; Couronner, en ce sens, vient de couronne
qui (ir'signe encore ;iujoarcl'liiii le tluvet qui cou-
ronne le l)eç de roisenu ;i l'endroit où il se joint à
l;i tcte.
(^oui'oiineiiro, snbst. fém. Terme de cliasse.
Il se dit de sept ou liuit menus cors qui forment
iint^ espèce de couronne au haut de la léte du cerf.
• Les andouillieis jusques à la couronne ure, pau-
« meure, ou trouclieui'e se doivent nommer cors,
« ou clievilleures. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 2(».)
V.^RIANTES :
COURONNEURE. Fouilloux, Vénerie, fol. 20, V".
CorKRONXEURE. Chasse de Gast. Pliéb. MS. p. 160.
t'.ORONNUBE. Dict. de ilonet.
Couronnier, ndjeetif. Propre ti faii'e une cou-
ronne.
Laurier, te puis-je donner ;
De la branche conronniern
Méritant me couronner
Œuv. de Baïf, fol. 25, V.
(kiiirpe. [Intercalez Coiirpc. dérivé de eolpus,
coup, au reg.J.I. 7>'.\. p. '29-2, an. 131!» : » Par laquelle
' baleure et eoni/je doudit Jehan , icelle Agnès
' ;ivoitestédedenz quinzejoursaprès morte. "](n.e.)
Courracteui', siihst. niasc. Correcteur. Rabe-
l;iis. parlant de la Chambre des Comptes, se sert du
mol courracleur pour correcteur.
1. Courre, suhst. masc. et fém.Cours'^. Terme
de chasse^ (1).
* Au premier sens, ce mot est masculin.
Laisse son courre rivière.
Fabl, MSS. du R. n" TOI.-., t. II, fol. 170, R» co!. I.
I*e là, on disoit tigurcment :
Sanc saut de plaies au miex courre.
G.Giiiart. MS. fol. 270, R'.
^Ce mot subsiste comme terme de chasse; c'est
le lieu où l'on met les lévriers pour prendre le
loup ou autre hèle, etc. En ce sens, il étoit toujours
féminin. On l'emploie aujourd'hui en l'un et l'autre
sens. « Pour les sangliers les deffenses se doivent
■< mettre comme pour loup, et vostre courre
a aussi de mesme, y placer vos lévriers, sinon
» qu'il la l'aul faire plus courte, et plus estroile. »
iSalnove, Vénerie, p. 302.)
2. Courre, verbe. Courir et couler (-2). Cette
ancienne orthographe se conserve encore en termes
de chasse. Un disoit autrefois :
1 Courre et corner emicinble. (Les Quinze Joyes
du Mariage, p. 11 S.) C'est-à-dire qu'on ne peut faire
à la l'ois deux choses contraires. On dit encore en
ce sens : « Sonner les cloches et aller à la pro-
■• cession. »
1° Laisser courre, pour négliger, laisseraller, par
allusion au terme de cliasse , laisser-courre.
» Femme doit tenir les héritages, et choses immeu-
« blés de son douaire en bon estai, comme les
" maisons, vignes et toutes autres ciioses; et si elle
« laisse courre les vignes, ou partie d'icelles de
« tailler, et bescher, par l'espace de deux années
" continuelles, elle perd .son douaire. » (Coul. du
Maine, Coul. Cén. t. Il, p, I4(>.)
Fartons de parler : L'an qui corroit pour l'année
courante. '.Perard, Histoire de Bourg, p. 473, titre
de 1252.) (3) L'an de nostrc seigneur qui coroit per,
etc., pour 1 année courante, etc. (Formule de date
dans Du Douchel, Gén. de Coligny, p. 58, litre de
1268), et l'an qui corroit per mil dous cens, etc.,
pour l'année courante mil deux cens, etc. (Perard,
Hist. de Bourg, p. 474, litre de 1253.)
C0N,U)r.AlS0N.
Correil, pou:- il court. (S. Bern. S. fr. Mis. p. 35,)
Correiz-, pour courrés. (S. Bern. Serin, fr. mss.
p. 60, dans le latin currile.)
Corressiens, pour (pourrons. (S. Bern. Serm. fr.
.MSS. p. 331, dans le latin curramus.)
Corroil, pour courroil. (Du Bouchet, Gén. de
Coligny, p. 63, lil. de 1246.)
CorI, pour il court. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 51
et 191. dans le latin currit.)
Corl ades aval (dans S. Bernard, Serm. fr. mss.
p. 230.)
VARIANTES :
COURRF..
CORRE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 343, en latin discurrerc .
Coiirreil. [Intercalez Courreil, verrou, devenu
C7'0il, d'où crouil'er, encore employé dans Seine-et-
Oise: « [cellui Guionnet de toute sa force frappa
<' audit huys, tellement qu'il rompit le courreil
« d'iccllui èl se ouvrit ledit huvs. •> (.I.J. 18'i, p. 345,
an. 1471.)] (n. e.)
Courrements, subst. masc. plur. Coureurs.
« Le chevelain qui souffre dommaiges par embus-
« ches qui l'ont surprins ne se peut excuser de
« faulte, car il s'en eusl peu bien garder, s'il eust
« envoyé de devant des courrements, congnoes-
" seurs en telles hesongnes. » (Instr. de chev. et
exercile de guerre, ms. fol. 8.)
Courreries, subst. fém. plur. Courses (4). Prises
faites en pays ennemi. (Voyez Lelt. de Louis XII,
t. IV, p. 183.)
Courreseiisement. [Intercalez cel adverbe
d'après le reg. .IJ. 146, p. 339, an. 1.394: « Le
« suppliant lui respondi courreseusement que,
■' sauve sa grâce, il lui devoit son argent.. »] (n. e.)
(1) C'est aussi ; 1» Un câble: « Lequel Jelian brisast une courre, à laquelle esloit estachié une nef. » (J.L 98, p. 257.
.m. i;^i.) 2» Un tournoi : « Sans courre de lance de fresne Fist un an entier à Riauquesne. » ifi. Guiart, Du Gange. IV, 22,
col. 2) (N. E.)
(2) « On doit courre au devant des fraudes et des bares qui sont fêtes par marciés. « (Beaum., XXXIV, 47.) (n. e.)
i3; Elle osl surtout fréquente dans les chartes lorraines: « Se fui fat en l'an que li milliares corroit par mil et dous cens
>.^t sexante neuf ans, en mois d'avril. » (Bonnardot, rapport sur une mission en Lorraine, Arch. des Missions, 1873,
p. 273.) (N. E.)
(4) Comme le bastarl de S. Pierre feust allé en coitrceW'; avec plusieurs autres ;... en laquelle connwie eussent esté
;-;angiiez trois chevaulx. » (.IJ. -170, p. 6.5. an. U17.) (n. e.)
co
335 —
Lo
1. Courrier, Sit&s/. »iasc. Huissier * (1). i[es-
sager °.
* Ce mot, très souvent employé, désigne dans
un mystère un sergent ou tiul^sier eavoyé par
Pilate pour lui amener J. Christ.
Quelques-uns prétendent qu'il a signifié aussi un
procureur, un intendant chargé des affaires de
quelqu'un, avec une espèce de juridiction ou de
droit, pour faire arrêter lesdélinquans et faireexécu-
ter les sentences. (Du Cange.au mot CorrerariKS ('2).
— Laur. (iloss. du IJr. fr. etc.) Le procureur de la
Grande Chartreuse se nomme encore aujourd'hui
Courrier.
" Le vrai sens de courrier (3), et celui qui lui est
resté, est messager. En ce sens, on disoit:
1° Le muitre dea courriers, pour le directeur de
la poste. « Vous verrez par la lettre d'Orlandin,
« mailre des courriers de Lyon, que je vous envoie,
« etc. « (Mém. de Bellievre et de Sillery, p. 2G5.)
2° Major courrier, peut-être pour le maître des
postes. « Le S' de la Varenne fut choisy par le roy
■' (contre voslre opinion) seulement sous couleur
« d'aller comme de luy mesme, et sans charges, ny
" lettres du roy, travailler à quelque règlement des
« postes des frontières pour lesquelles il y avoit
" quelque dispute avec le courrier major d'Espa-
« gne. » (Mém. de Sully, t. II, p. 73.)
2. Courrier, adj. Qui court. Ce mot se trouve en
ce sens , dans Charron : Messagers courriers.
(Sag. p. 121.)
Gourrillé, adjectif. Barré, fermé comme au
courrait ou correau. (Voyez ce mot.) « Nous avons
« tenu noslre lioslellerie, par l'espace de trois ans,
« devant la porte de paradis, avec fort peu de gai ng;
» car les portes estoient tousjours cadenacées et
'■ couritlées, et toutes moisies pour n'estre souvent
« remuées. » (Merlin Coca'ie, t. Il, p. 259.)
Courrocier , verbe. Ternie de fauconnerie.
« Diex comme c'est beau déduit de veoir prendre
« une alouete à l'escource à ung espervier. Quant
" ung bon espervier a chassé une aloe bas et hault,
« et il l'a laisse si hault qu'on peut regarder, et ung
« autre espervier l'a couverte, et courrocie, et on
« la laisse aller, si la requerre en volant contre-
" mont que belle chose est a regarder. » (Modus et
Racio, fol. 70.)
VARIANTES :
COURROCIER.
CoRRECER. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 25.
Courroubio, subst. masc. Sorte de fruit, ainsi
nommé dans le Languedoc. (Dictionnaire de Borel,
au mot Cenelle.)
Courroiiçalîle, adj. Triste, colère. (Gloss. sur
les Coul. de Beauvoisis.)
N'estoit ioyeu.x, ne •yiurmitçable.
Vij. de Charles vu, p. 37.1. i.
VARIANTES :
COURROUÇABLE. Vig. de Charles VU, t. I, p. 37.
COURBOUSSABLE. Fabri, Art de Rhét. liv. I, i" 40, Y".
CouRSAULE. Eust. Desch. Poës. MSS. f" 83.
Courroucer. [Intercalez Courroucer, au sens
de maltraiter: » Alez vous en; se je vouloye, je
« vous cofO'/'Oîiwroyt^ tout maintenant, et se, vous
» me ferez, je vous courroucerai. » (JJ. 138, an.
1300.) Ou lit encore au reg. JJ. 103, page 308,
an. 140i): « Le suppliant dist à icelle Jehanne que
« si feroit, ou elle en seroit courrouciée; et ladite
" Jehanne lui dist qu'elle le feroit si bien courrou-
» cier. >> Dans Froissarl, il signifie plutôt pousser
au chagrin qu'il la colère: « 11 estoit plus resjoï
" que courrouchié (XIV, 1). »] (n. e.)
Courrouceux , adj. Fâcheux *. Fâché ^.
Colère =.
* Au premier sens, ce mol a une signification
active. « Non point avec parole tant aigre, necoar-
« rouceuse. » (Lelt. de Louis XII, t. II, p. 190.)
^ Dans le sens passif, il signilioit fâché :
Iriez en sui, et corocos.
Parlon. de Bl. MS. de S. Germ. fol. 131, V" eu!. \,
Je ne fui pas coroucos.
Le Conle de la Marche, Focs. MSS. avant 13Û0. T. 11. p. "SI.
"^ De là, courrouceux a passé à la signification de
colère, l'habitude d'être lâché. » On(|ues ne f)it
« prince moins courrouceux. ■ Tlisl. de la Toison
d'or, vol. I, f"l-29.)
VARIANTES :
COURROUCEUX. Lett. de Louis -N^II, t. II, p. 190.
COROUCEUS. FaW. MSS. du R. n» 7'218, f« 0-2, R» col. 2.
CoROUCOus. Fabl MSS du R. n» 7218, f> 344, V» col. 2.
CoROUco-s. Poës. MSS avant 13a), t. H, p. 7,51.
Corocos. Parton. de Rlois, MS. de S. G. f» 137, V» coi. 1.
Courroyette,SH/;.sf. /■<'?«. Diminutif de courroie.
Petite ceinture. ■■ Si les suyvoient douze damoyselles
« veslucsdecanises sceinctes dessusde courroyettes
•' estroictes, gentes de corps, et si bien taillées que
" ce esloit img deduvt à regarder. » (Perceforest.
vol. II. f° 117, V" col. i. - Voyez ibid. f" 118.)
Cours, subsl. masc. Arrérages *. Redevance ^.
Temps fixé pour les études '^. Livres nécessaires au
cours d'études °. Corps de logis ^. Course ''. Terme
de chasse °. Dimension " (4).
* Dans le premier sens, cours répond à la signifi-
cation du verbe courir en parlant des rentes. On
appeloil cours, les arrérages échus ou à écheoir.
" Renies achettées au des.s'ousdu juste prix sont de
« nulle valeur et le vendeur sera quitte en
'< restituant les deniers capitaux et néanmoins le
« cours, s'il en a payé quelqu'un, en sera déduit. »
(Coût, de Bouchante, .Xouv. Coût. Gén. t. I, p. 789.)
« L'héritier de l'usufruitier, ny du premier décédé
(1) C'est aussi le prêtre qui chante le cursun, l'office divin ; « ,lehan Girard clerc courrier et habitué en l'église collégiale
de S' .luhen de Beaune. » (.1.1. 187, p. 321, an. 1458.) (N. E.)
(2) « Criée fust laicte au lieu de Dommainne de par le cnttrrier d'icellui lieu, que ung chacun alast curer et nettoyer le
bealaige de la rivière dudit lieu. » (JJ. 204, p. 136, an. 1470.) Voyez aussi Ord., III, p. 269.) (N. E.)
(3) Plus anciennement on employait corlieu.it, corliu ; voyez ces mots. (N. E.)
(4) Il signifie encore service de table ; « Et se doit la largesse crier quand ils sont à disner, quand le segont cmirs et
entremais sont servis. » (Office du Héraut sous Henri VI.) (N. e.)
C(.)
336 -
co
• ii'ii point de ilroil au cours des rentes, etc. «
r.oiit. de GaïKl, ihid. p. 10! 7. — Voyez CniiiANs
ci-dessus dans ie mèmL- sens.'
° Cours . comme redevance, vient de cour de
inéiiaije, ou ba^^e cour. •■ Dans ie pays de Bresse
■ (irdinairemenl le siiMUgei' doit à son mailre
• vini;l ceuls par (loule, six poulets, six clnipons,
' lanl de beurre et de IVomaiie par vacbe. et iuy
" doit encore nourrir un pourceau, et cela s'appelle
" lesfOMî's, c'esl-à-diiela basse-courdu t;rangeage. "
(I.aur. (doss du Dr. iv.] il cite .M. îfevel , sui' les
slaliits deDre^seel liugcy. Dans les baux des métai-
ries en Touraim^ , on nomme ces l'edevances droits
lie cour on profils de cour, ce ciui confirme cette
étymologie.
'^ Cours vient de parcourir, lorsqu'il se dit de
l'i spacedu temps lixcpourcerlaines études (1). « Les
• escolliersiiui vuellenl estre licentiés en médecine
" doivent oïi' en la dite science par cinquante six
- mois, ou par six ans à ordinaire et à cours ,
non comptées les vacations d'eiiire Saint Père et
« la Sainle Ci-ois. » (Ord. de î3oi, dans les Urd.
des FiOis de Trauce, l. Il, (i. 70.
° On a aussi nommé ro«rs les livres qui servoient
aux écoliers pour l'aire leur coin-s d"éludes. « Entre
■• les clercs mariés, le principal coni'sàe leurs livres
" doit demeurer au principal boir du clerc. ■•
fD'Argentré, Cout.de Drel. p. l'.HO.) i/édileur entend
par la « les Pandectes, le Code, et autres livres de
<• droit pour les.inrisconsultes ; les livres de Galien,
'• ITypocrate, ei autres pour les médecins. » Au
lieudi' cours de livres, il y a dans le lai in : prœci-
pua librorunt corpora. 11 falloit donc dire corps de
livres, mais la ressemblance de cours et de corps,
jointe à l'usage de ces livres pour le cours des
éludes, a fait substituer cours à corps.
^ C'est piobablemenl par une semblable confu-
sion des mots corps et cours qu'on a dit cours de
iimison, pour corps de losis. Au reste, nous avons
\u roî/?' signilier maison et partie de maison, ijuoi
qu'il en soit, celte expression est en usage à Aix,
en Provence, où j'ai vu plusieurs afllciies portant
c'inrs de maisons ù louer.
'' Cours s'est employé pour course, l'action de
courir, de galoper, en parlant des cbevaux. On
écrivoil aussi cors en ce sens :
Gardez vous del trot, ou del cors.
Fabl. MSS.du R. n- 721H, fol. 130, P.- col. 1.
<»n disoit ù cours de cheval, an galop. (Proissart.
Iiv. I, p \)-}..) Venir le cors, venir en courant. (Fabl.
M-s. du R. n" "'J18, f° 130.) Le grunt cors, précipi-
tamment :
Le ijraul
6 monta les desgrez.
Fabl. MSS. du R. n" 7218. fol. 23M. R" col. 2.
I.nfin ce mol. précédé seulement de l'article/^,
s'employoit absolument et comme adverbe :
... Va les quérir le cour.i (vite) ,
Et leur Jiz que sans nul delay, etc.
Gace de la Digne, des Deduils, MS. fol. 53, R".
.Nous ajouterons encore quelques expressions
bors d'usage :
Cours de lance, dans Monsirelet, vol. III. fol. 5'.
.Hier en cours, c'est-à-dire en course, en parlant
de galères. (Brant. Cap. Ir. t. Il, p. 387.)
Uefraindre de son cours, pour ralentir sa course.
(Percef. vol. Il, fi.)
On disoit aussi proverbialement : le pas ou le
cours, pour sigiiilier de toutes les façons :
D'autre part le pas ii le cimr.i
Mandoient en France soucors (secours),
A lor amis, partout, cascun.
Ph. Mouskes, MS. p. 610.
° On appelle encore le courre, en termes de
chasse, le lieu où l'on mettes lévriers pour prendre
le loup, etc. C'esl-ù-dire le lieu d'où ils doivent
partir pour courre sus. Cours paroit avoir le même
sens dans ce passage : » Heste à déduire comme on
doit asseoir le cours pour les dits lévriers. >•
(Fouilloux, Vénerie, f" 118.) On lil(ibid) coui'S àe,
lévriers, f» 112. (Voyez Coirre ci-dessus.)
" Enfin cours a signifié et même signifie encore en
terme d'arts dimension, » pour congnoislre, selon
" les espaces des cbarpenteries, à veoir les cours
'• des toiz, par un descours seulement, quans
« milliers de clou, et de latte, et de lieuUe (tuile) il
« aura ?ur un toit. » (Eust Descb.Poës. mss. f''39î.)
C'est eui irc dans le sens de dimension qu'on lit :
t\>ur|ioins do drap d'or, longs au rours.
Coquillart, p. 173.
On a dit (2) :
I" fXinse à cours, pour désigner certaine espèce
de danse, peut-être la courante. » Les dames de la
" cour de Milan ne dansoient alors que les rfa?;sfs
" à cours. '■ (Math, de Coucy, Cb. VII, p. 719.)
2" Leitres de cours. Lettres courantes ou écri-
ture courante. •■ C'étoil l'écriture usitée dans les
•' plaidoieries et alT.ires leniporelles. etqui deman-
" doit moins d'atlention, ■ suivant M. Le Beuf, qui
l'oppose à lellre de forme, dans son Recueil de
divers écrits pour servir, etc. (T. 11, p. 261.) 11 est
fait mention de ces lellres de cours ou court dans
l'Invenf.iire des livres de .lean de France, duc de
Beiry. (Voyez son Jlisl. par Le Laboureur, p. 76.)
On a vu ci-dessus Lettre courante, au même sens.
3° Tout le cou7's ; toute la vie, tout le cours de
la vie :
El ainsi femme lotit le cours.
Puisqu'elle a une lois changié,
N'en sera nul homme pstrangié.
Eust. Dosch. Poi-s. MSS fol. 499, col. *.
Il semble qu'on ait employé cours comme féminin
dans un .sens où nous l'employons encore : « La
<■ cours et la valeur de nos monnoyes, » pour le
(Il Voyez un certificat d'études d'un Barbiste en 1535. (Qiiicheral. liist. de S" Barbe, I, 324.) (N. E.)
(2) .\joutez 1° co-ir.s (If. ue.nire, diarrliée ; « Et en y moru de la boche et de cours ou llus de ventre plus de vingt mille
pers'onni-s. » (Froissart, XI, 293.) 2».S« coi(/-s, en courant, au Chaslelain de Coucy, V. l.'iOG : « Que hiraut mainiient grant
lintin, Par rues vont criant le cours : Or, sus, chevaliers, i est jours. » De même dans r,. Guiart (v. 12471) : « S'en va toute
!.• cours fuiant. >i (N. E.)
co
31^7 —
CO
coui'S et la valeur. (Oïd. l. 111, p. 69.) Mais il y a
tout lieu de croire que c'est utie faute.
JVARIANTI-S :
COURS. Orthographe subsistante.
Cors Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 320, R" col. 2.
Courts. D. Morice, Hist. de Bret. col. 971.
Cosîi'sable, adj. Qui a cours. On tlisoil, en ce
sens : monnniie coursahle (1). (Voyez Gloss. de l'Hist.
de Paris ; Ord. des R. de Fr. l. I, p. 482.)
Coiir.sault, siibsl. masc. Sorle de danse. On
lait allusion à cette danse dans les vers suivans :
Là vous aprendray à dancer
Au coiirsaud et faire mains tours.
Eiist. Desch. Po^-s. .MSS. fui. 310, col. 4.
V.-iRI.iNTES :
COURSE. Ortliographe subsistante.
Courge. Le Jouvencel, p. 351.
CORCE. Fabl. MSS. du R. ii» 7015, t. U, t« 127, R'col. 2.
Corse. Fabl. MSS. du R. no 7615, t. il, fol. 208, V" col. 2.
Course, subst. féin. L'action de courir*. Cours,
vogue°. Chant, terme de poëlique'^.
* Au premier sens, ce mot suhsisle; maison ne
dit plus de course, pour en courant, au galop.
M' de Nemours, un mardi -gras, dans une partie de
masque à clieval, « monta de course ^car ainsy le
■' faloil) par le grand degré du p.'dais à Paris. »
(Brant. Cap. fr. t. Il, p. 400.)
Si s'en acort toute In corre.
Fabl. MSS du R. n- 'Bl."), I.II, M. 1-27 i2j.
G'est-ù-dire à toutes jambes. Cette ellip.se, qui se
taisoit par le retranciiement d'une préposition ou
d'un article, comme dans le vers que nous venons
de citer, étoil autrefois 1res fréquente.
°Nous disons encore d'une cliose en vogue qu'elle
a cours. Course a eu la même signification figurée.
Fabliaux sont or moult en corse.
Fanch. Lang. et Poi'S. fr. p. 170.
De môme, en parlant des monnoies :
Pour moy n'a%-ez rien fait eucor.
Et s'espeiuchiez si l'argent,
Hz sont de bon or, et de gent.
Du coing du Rov, et ont leur course.
'Eusi. Desch. rocs. MSS. fol. 373, cul. i.
'^Composer un poème, c'est, suivant une niéta-
piiore empruntée des Latins, fournir une carrière,
la parcourir. De là, te mot courses employé figuré-
ment pour désigner les clianls d un poème épi(iiie.
Yoy. Goujet, Dibl. fr. t. XUI, p. 1ÎI9.)
Coursée, [intercalez Coursée, évolutions ù
cheval, dans l'roissart , YllI , 330: . Et lisent
« leur monslie et leur coursée devant les bar-
« lieres.»] (n. e.)
Coursel. [Intercalez Course! , tombereau ,
brouette : « Les supplians firent mener nng coursel
« à deux roës, chargé de pierres. >' (JJ. 187, p. 109,
an. 1455.)] (n. e.)
Courserot, suhst.jnasc. Diminutif decoursier*.
Diminutif de cors.tire".
* Dans le premier sens, on a dit « un petit roîtr-
« serot bay qui est fort adroit. » (lîisloire du
cbev. Bayard, p. 31)
^Oudin explique aussi courserot par petit cor-
saire. (Dict. d'Oudin.)
Courseuse, suhsC féni. Sorte de jeu. L'auteur,
parlant à la .Mortel regrettant une jeune personne
qu'elle avoit enlevée, dit :
Tu joues à la courseuse
Orrible, laide et hideuse,
Fuy t'en, je te proy.
Eusl. Dcsoli. Pocs. MSS. fol. 193, col. 3.
i. Coursier, subst. nuise. Courrier*. Sorte de
canon ^ (3).
*Au premier sens, ce mit vient de course. On lit
« messagier en manière de coursier. » (Chron. fr.
Ms. de Nangis, an 929. —Voyez Chron. de S. Denis,
t. i, fol. 133.)
^ Nous avons vu courcie pour galère ; de là on a
nommé coursiers les canons dont on se servoit
pour les armer (4). « Les galères se disposent à écar-
.' ter l'ennemi avec ces grosses pièces d'artillerie à
« qui l'on a donné le nom de coursiers. » (Histoire
de Louis XIV, par Peliss. t. l, liv. II, p. 208.)
2. Coursier, adj. et subst. Qui est propre à la
course. Nous avons vu que coursier signifioit che-
val (au mot corsaire). On se servoit aussi de ce mot
pour épithète de cheval (5).
Estoit sus un corder cheval.
Hist. de Fr. à la sui:e Ju Rom. de Fauvel, fol. Sh.
Coursiére étoit aussi épithèle de jument. Jument
coursière. (Hist. du chev. Bayard, page 278.) Mule
coursiére. (Dict. de Cotgr.) Oii disoit encore galère
coursiére. » Et avoyent nefs coursieres qui cou-
« roient sur les bandes de Normandie pour avoir
'< des nouvelles. - (i'roiss. liv. II, p. 281.)
varia>;tes :
COURSIER. Brant. D" Gall. t. II, p. 457.
CORCIER. Hist. de Fr. à la suite du Kom. de Fauv. f- 85.
Coursif, adjectif. Gonranl. On a dit lettres
coursives, pour lellres courantes, écr-iture cou-
rante, par opposition aux versâtes pour majuscules,
(habelais, t. II, page 129 et note 29. - Voy. Dict. de
Cotgrave.)
Courson, subst. niasc. En général. t;o(/rsoM est
une branche d'arbre de l'année précédente, coupée
au-dessous du trois ou quatrième œil. Nicol dit que
" c'est un sarment à deux yeux, ou trois duquel.
(1) « Ils ordonnèrent à faire forgier une monnoie coursniile en trois pays. » (Froissart, III, 216.) (N. E.)
(2) On lit dans G. Guiarl (v, •1250(5) : .< S'en vont enti'eus fuiant la roui-se. » (N. E.)
(3) C'est aussi une sorte de bâtiment léger ; « Quant nostre marinier nous orent ramenez dou bras dou fium là où ils
nous orent en batus, nous trouvâmes les courriers le roy, que ii roys nous avoit establiz pour nos mallades deffendre, qui
s'en venoient fuyant vers Damietle. >< (.loinville, S 315.) (N. e.)
(i) C'^ canon, placé sous le coursier, serait au.jourd'hui un canon de chasse. (N. E.)
(5) « Trois manières sont de chevau.K qui sont Pour la.jouste, les uns nommés destriers, Haulz et puissans et qui très
grand force ont ; Et les moyens sont appeliez coursiers. Ceulx vont plus tost pour guerre et sont legiers ; Et les devrains
sont ronçins, et plus bas Clîevaulx communs qui trop font de debas, Au labour vont, c'est du genre villain. » (E. Deschamps,
fol. 234.) (N, E.)
IV. 'lo
co
338 —
CO
" (liKinJ est sorti du liois portant fruit, tout ce qui
" est vieil saruient au dessus estcoupi'. "C'est pro-
preuieut ce iiu'Oudiu appelle coursoii de vigne. On
disoil aussi, selon \e même OucWn, cow'son de rave
pour tronçon de rave.
Courso)i de ventre pour llux de ventre, cours de
ventre, se disoit en ('quivonuant du mol cours au
mot courson (I). (Uict. de Borel, 1'" add.) 11 ne cite
aucune autorité, mais rien n'est si commun que
ces métonymies fondées sur de pareilles équivo-
ques, dans nos anciens auteurs.
(^oiirsouoii", subst. nuise. Coursier. Terme de
marine. (Voy. Uab. t. lY, p. '208.)
1. Court, subst. masc. Restant dû. » Celuy, ou
« ceux ayans vendu rentes sur fief, ou alloet (àlleu)
<i excédant lors le revenu annuel dudil fief ou
•< alloet, seront sujects de faire réassignalion du
« court sur leurs autres biens , et payer les
•■ arriérâmes. » (Coût, de Haynaut, Nouv. Coul.
Gén. t. II, p. 120.)
2. Court, adj. C'est une faute pour couart, dans
le Rom. de Rou, ms. p. 60. (Voyez Coar ci-dessus.)
3 Court, adj. Ce mot subsiste sous cette ortho-
graphe. On trouve les autres sous les cilalions que
nous indiquons.
Ne soit trop cors, ou trop Ions.
Fabl. MSS. du R. n" "015, t. I, fol. 1 13, R- col. I .
Cet article n'est inlére.ssant que par la variété
des expressions que fournit ce mot. On disoit :
1" Court baron. (Voyez Sldnn. voc. forens. Expos,
au mot Hélinot.)
2° Court balon pour gourdin. (Oudin, Dictionn.
et Cur. fr.)
3" Le court bâton étoil une espèce de jeu. (Rab.
t. I, p. 147.) Peut-être le bâtonnet.
4" Tirer au court baston. Nous disons encore
tirer à la courle-paille. On trouve l'origine de l'une
et l'autre façon de parler, dans le .lourn. de Verdun,
cet. 1750, p. 208.
5° Court /'('S/H, dans le sens où nous disons
courte-paille. (Colgr. et Ménage, Dict.) « Trois dames
« jouent au court festu à qui d'elles aura Bouci-
« quaut. » (Voyez le chev. de la Tour, luslr. à ses
filles, fol. 1-i.)
6° Aune courte, distinguée de l'aune françoise,
dans la Thauni. Coût, de Berry, p. 129.
7" Courte balle pour courte paume. « Ballet de
« joueurs de courtes baies dansé par M. le comte
» de Palet, le mercredy douze février. » (Beauch.
Rech. des Th. t. 111, p. 03.)
8° Courte rubbe. Nous disons robe courte. Lieii-
teuant de courte robbe. (Coût. Gén. t. 1, p. 552.)
9° Monnoye courte, pour monnoie rognée ou
légère. \Oudin , Cur. fr.) « Tesmoignage de ta
« foiblesse et insuffisance humaine, qui à' faute de
" bonne monnoye, employé la courte, et la fausse. »
(Sag. de Charr. page 220.)
10° Courtes fesses ou Courte heuse. Ce dernier
étoit le surnom de Robert, fils de GuilIaume-le-Con-
quérant. (Voy. Itict. Elym de Ménage.) (2)
On dit encore courte botte pour signifie)' pelit,
un nain.
11° Sujet aux courley. chausses se disoit d'un
homme de complexion amoureuse. « Philippe 2%
« duc de Bourgogne aima tant sa troisième femme
« Isabelle de Portugal qu'il fist serment de n'en
« avoir jamais, quoiqu'il fust fort sujet aux courtes
» chausses (que nous disons à Paris estre d'amou-
« reuse manière) et coustuinierd'allerau change. »
(Favin, Th. d'honn. t. Il, p. 937.) S. Julien, parlant
de Charles-le-Chauve, dit qu'il étoit « aussi subjel
» aux courtes chausses queLoys son père. » (Mesl.
histor. p. 46. 1
12° Répondre courte messe, pour répondre briève-
ment.
A tels chanteurs rcimndez couvIk messe.
Eusl. Dcsdi. Poés. MSS. fol. -lîi, col. 9.
13° On disoil au méine sens tenir cort de nou-
velles.
Cele part son chemin torna
Des novellett le tint moult eorl.
Fabl. MSS. du R. n" 'rllS, fol. 230. R' col. 2.
14° Tenir de court ou tenir court, serrer de près,
presser (3). Cette façon de parler, empruntée des com-
bats en champ clos, subsiste encore. Mais on remar-
que da/!s les passages suivans quelque ditTérence
entre l'ancien usage de celte expression et celui
qu'on en fait aujourd'hui. On ne diroit plus : • Le
« chevalier la tint si court qu'elle ne pouvoit
« entendre que à luy. ■> (Percef. vol. III. fol. 130.) (4)
Que moult le voudra tenir cort.
Fabl. JISS. du R. n- 721S, fol. :>26, V- col. i.
Il)' Jetter la courte paille, manière de tirer au
sort usitée pour les parlagesdes successions. (Nouv.
Coût. Gén. t. 1, p. 717.)
10" Savoir le court et le long (5) d'une affaire, la
connoitre à fond, en savoir les détails et les dépen-
dances. ^Oud. Dict. et Cur. fr.)
17° Estre à son court, dans lesensoù nous disons
rester court, au figuré être attrapé.
L'hôtesse /"))( bien o so» court.
\'illon, Rep. Franches, p. 2*3.
18° On disoit adverbialement de court, pour
promplemeut, sans délai.
Si envoya à eulx de court,
Pour ralver, etc.
Vigiles de Charles VU. t. 1. p. 169.
19° Court et plat, pour absolument et en peu de
(1) Voyez Corson. (N. E.)
(2) Voyez Du Gange, sous Brevisocrea. (N. E.)
(3) On lit dans Froissait (II, l.")5) :« Toutes autres coses lor estoient si chieros et si court tenues que il n'en pooient
recouvrer. » Voyez antérieurement Récits d'un Ménestrel de Reiras, § 260, (N. E.»
(4) On lit encore au fol. 4.5 ; « Pour ce ne laissent pas qu'ilz ne se mettent à la voye par devers la vieille que la jeune
demoiselle et ses deux chamberieres tenoient toute courte ; car elle s'en vouloyt fuyr. » (n. e.)
(5) On lit aussi dans l'Amant Ressuscité (p. 486) ; « .\yant un désir importun de mon retour, pour en si,avoir moy mesmes,
comme on dit, le court et le long. » (N. E.)
co
— 339 —
CG
temps. " Vous estes en péril Je vous voir court et
» plat desconfit. » (Lelt. de Pasq. t. III, p. 62'2.) (1)
On disoit proverbialement :
Corte folie est plus saine
Que longue.
Fabl. MSS. du P.. n" 7-218, fol. 23G, V» col. 1.
Nous disons encore dans le même sens : Les plus
courtes folies sont les meilleures.
VARIANTES :
COURT. Orth. subsistante.
CORT. Fauch Lang. et Poës. fr. p. t32.
Cors. Dict. de Borel et de Corneille.
CiiEURT. Dict. de Borel.
Courtages, subst. masc. ptur. Complimens de
cour. Honneurs et respects h la manière des gens
de cour. (Florel et Corneille, Dict.)
Su lille de chambre est leans
Qui la sert de menus suffrages,
Elle a sa vieille aux yeulx rian»
Qui ne la sert que de coiirtitgcs.
Coquillari, Droits nouv. p. 2'3.
(lourtaiilt , sithst. masc. Cheval de taille
courte*. Animai dont on a coupé la queue elles
oreilles". Pièce d'artillerie'^.
*Au premier sens, ce mot est interprété par
Nicol, cbeval de service. C'éloit un olieval de taille
courte dont on se servoit pour l'usage ordinaire,
distingué des grands chevaux dont on se servoit îi
la guerre. « La pluspart de ce qui demoura n'esloit
<' monté que sur fOi(r^«»/,r, car leurs grands chc-
" vaul.K estoient mors de pauvreté. » (Mém. du
Bellay, livre H, fol. 58.) Sa taille lui faisoit donner
ce nom decourtaul.
C'est sans fondement que Borel confond le cour-
taut avec le destrier et le coursier. (Voyez son Dict.
»u moi Deatrler.) On trouve dans les Mém. de Du
Bellay (liv. 111, fol. 88) les courtaulx dislingués des
roussinots. H y avoit aussi les doubles courtaux
qu'on appeloil » cavallins, doubles courtaux (2) ou
« chevLiux de légère taille, •> peut-èlre les mêmes
que roussinots ci-dessus. (Voyez Hist. de la Popel.
t. I, liv. 1, fol. 3t}.)
^On noinmoit aussi courtaul un animal à qui on
avoit cou|)é les oreilles et la queue. (Voyez Nicot,
Ménage et Oudin, Diclionn.)f///('H courtaut est pris
dans le dernier sens, dans liai), t. l. On lit dans le
•lourna! de Paris, p. I8"i, sons Charles VI et VII,
i|u'en I '(38, » la vigille S. Martin un loup l'ut chassé
" tenibie et orrihie... et icellui jour fut prins et
« n'avoil point de queue, et pour ce fut nommé
« courtdult, et parloit on autant de lui comme on
" fait du lariou,... et disoit on au,\ gens qui alloient
" aux champs: gardez vous de fO(n'^««//. >■
En gcnéral, le nom de courtault étoit [iroprcment
un adjectif qu'on employoit comme substantif, et il
signitioit gros et court ou écourlé.
'^ Probablement c'éloit de cette forme grosse et
courte que tiroit son nom la pièce d'artillerie appelée
courtaut ou courtault. C'éloil une espèce de petit
canon, comme il est expliqué en marge dans les
Lett. de Louis XII, t. IV, p. 257 (3).
Le courlauts de France, dont il est parle dans les
Serées, deBouchet, liv. I, p. 427, étoient sans doute
la même chose (\\\e courtaulx doni \\ est question
dans la Chron. S. Denis. Il s'agit d'une flotle de
Maures qui revenoient de Corse ; il est dit qu'un de
leurs vaisseaux « fut pris avec .v. cents courtaulx,
<• et plusqu'ilsenmenoient. » (T.l, 1^123.) Eginhard,
qui rapporte le même fait, dit qu'on leur enleva
plus de 500 prisonniers.
On a dit le courtau dans un sens obscène et
figuré. (Dictionnaire d'Oudin. — Voyez Des Accords,
Bigarrures, p. 25.)
VARIANTES :
COURTAULT. Journ. de Paris, etc., p. 182.
Courtaut. Fouilloux, Vénerie, fol. 38.
Courtaulx. plur. Mém. du Bellay, liv. Itl, fol. 88, R».
Coiirtcaillet. [Intercalez Courtcaillel, piège à
cailles (Du Cange, sous qualea.)'] (n. e.)
Courte, subst. fém. Juridiction, cour de jus-
tice. " Volons auxi que en courtes huinîres, et en
« courtes de chescun fraunck tenaiint soient
« courtes tenues par les sulers. » (Britlon , Loix
d'Angleterre, fol. 3.)
Courtelas, subst. 7nasc. Coutelas. Sorte d'épée
ou de sabre. « Le centaure sentit telle angoisse, que
« desespéré de sa vie, et voulant venger sa mort,
« jelta son escu par terre, et print son courtelas à
« deux mains pour fouklroyer tout ce qu'il rencon-
" treroit. » (D. Florès de Grèce, fol. 157.)
VARIANTES :
COURTEL.\S. D. Florès de Grèce, fol. 157.
CousTELAS. Epitb. de La Porte.
CouTELASSE. Perrin, f» 81, R".
CouTELACE. Amadis .lamin, p. '248.
Coui'telette, adj. au fém. Diminutif de courte.
Selon l'esté et les yvers,
Et la saison des temps divers,
Fault chauces, et cotte hardie (espèce de robbe)
Coiirtelelte, afin que l'en die :
Vez là biau piet et faiticel (fait à plaisir).
Eust Desch. Pocs. MSS. fol. 407, col 4.
Courtement, adv. Brièvement. l'Dicl. d'Oudin
et de P>ob. Estienne.) Peut-être faut-il renleniire en
ce sens dans ces vers :
Pour ce, soit cliascune avisée
Personne, à faire amendement
En ce non assez courlement
En sera ramende levée.
Geofr. Je Paris, à la suite du Rom. de Fauv. fol. 53.
Courtepinte, subst. fém. Espèce de droit. Droit
qui se pertjoil sur le pain et le viu à Clamecy.
VARIANTES :
CONTREPINTE. Le Roeuf, Hist. civ. d'Auxerre, p. 236.
CouRTEPENTE (Lisez courtepinte). Ibid.
(1) Il dit aussi, t. II, p. 89 : « .Vvons esté conlraiiits de retournei", je n'oseray dire, avecques notre courte honte ; car elle
n'a esté que irop grande. » (n. e.)
(2) « Roussins de Prusse, et doubles courtaux de Dannemark. » (Carloix, V, 8.) (n. e.)
(3) Ou lit dans d'Aubignô (Hist., I, 285): « Leur artillerie estoit de six courtaux, deux couleuvrines et deux
moyennes. » (n. e.)
co
340 —
co
Coiis'teressc, sithst. [cm. Insolvabilito. Défaut
de biens ou d'arseiil siiriitfaiU pour aciiiiiltei' des
délies o'j achever un payonieiil ; ce qu'on appelle
le court dans d'autres coutumes. (Voyez Coi rt
ci-dessus.) » Apr^s le payement de la debte, le sur-
" plus devrai esiro restitué au dél)iteur, et en cas
« de courtere^se i\n créditeur (Usez dëbiieur) ledit
" sergeaiit vendiat, etc. " (Coût, de Brusselles,
Nouv" Coût. Gén. t. l, p. VIM.) « Tous les dils
« meubles, b.:s;ucs cl joyaux seront vendus pour
>' être l'éparlisau payement des debtes liquides, sur
« caution de rendre ce (|ui pourroit estre plus
" receu, en cas de courteresse. " (Nouv. Coût. Gén.
t. I, p. Wl.)
Courteresse, dans le Nouveau Coutumier Général,
t. I, p. 301», col. "1, est employé pour ce qui m-inque
à une mesure.
VARIANTES :
COURTERESSE. Nouv. Coût Gén. t. I, p. 1247, col. 2.
CouRTRESSE. Ibid. t. I, p. 3U9 ; Coût. Gén. t. II, p. 855.
Courtes, subst. féni. plur. Sorte d'oiseaux.
" Quelcdues douzaines île ramiers, d'oiseaulx de
« rivière, de cercelles, butors, courtes, pluviers. »
(Rab. t. I, [). 'i38.) Ne i",iudroil-il point lire tourte,
qui se disoit aulrefois pour lourlerelle ''
Coui'tibun, suhst. musc. Vêtement ecclésias-
tique *. Vêlement royal °.
* Dans le premier sens, c'étoil une tunique ou
chasuble coui'le que poi'loienl autrefois les diacres
et sous- diacres eu olliciant. Ce mol est encore en
usage dans le Berri, la Touraine et la Xainlonge.
l'Du Cange, aux mots Corahella el Cortiballus.)
^ Dans le second sens, c'éloit un vêlemenl royal.
une colle d'armes, un hoqueton, un habit militaire
que porloienl les généraux. (Rob. Eslienne, Oudin,
Nicol, Dicl.)
VARIANTES :
COURTIBA-N , CouRTiBAU , Coumibault.
CoURTiriAUT, Coutibau.
'1. Courtier, verbe. Flatter, faire le courtisan.
Amours ne fu pas faite pour courtier.
Poi-s. MSS.du Vatican, n- 15», fol. lia.R» col. 3.
2. Courtier, suhsl. masc. Courlaut. Sorle de
cheval. C'est probablement une faute dans les Vig.
de Charles Vil, où il est mis pour coursier.
Gourtilieus . su!)St. masc. plur. Officiers de
justice. « L'incarnai se porte par gens amoureux et
" gaillards, el principalement par coi/r///<c«s, gens
« qui usent de la plume. » (Sicile. Blasons" des
couleurs, fol. 30.)
On a dil curial dans le même sens.
Courtiller, subst. masc. Jardinier. (Voyez Du
Cange, au mot CorlUarius.) Il cite le CathoUcum
parvuiu, où l'on trouve ortUio interprété ortelain,
courtillenr. Olitor, rendu par cduiiiller dans le
Gloss. lat. fi', cilé par le même au mol Articula ; il
s'appuye encore de l'auloiiU' du Gloss. Int. fr. qui
traduit ce mot par courteller , explication qui lui
es! commune avec le mol latin Ortilio. expliqué de
même par De La Porte. Voyez Du Cange, au mot
Orliiio.) Courtillers est aussi employé comme syno-
nyme de jardiniers, et Or////ifr.s% dans l'Hisl.'des
Trois Maries, en vers, .mss. p. 177.
VARIANTES :
COURTILLER. Lahbe, Gloss p. 517.
CoURTiLLiER. Gloss. sur les Cent, de Beauvoisis.
CoUHTlLLELiR. Dii Cange, au mot Curticulaiius.
Courteller. Du Cange, au mot Ortilin.
Courtilles, subst. j'ém. plur. Anciens jardins
champêtres. Ce mot esl encore en usage en Picardie
danslemêmesens.d'où vientce proverbe: Vindeia
courtille [i), poui' mauvais vin, parce que les treilles
des jardins n'en produisent jamais de bon. (La Mare,
Traité de la Police, liv. 1, t. VI, chap. 4, p. 75.)
Courtillet, subst. masc. Petil jardin. Uiininulir
àecourtil. (Vovez Denombi'. delà terre de Monl-
mor, en isgo.)"
Courtillier, subst. inasc. Terme de couiume.
Celui qui possède une terre sujette au droit de
lerrage ou charapart, qui se prend sur les terres
labourables. (Voyez Du Cange, au mot Curticula-
rius.) Ce mot est formé de courlis ci-après, terre
sujette au ferrage. (Voyez aussi Coirtilli.^.j (2)
Courtillier, verbe. Cultiver
Si seray chetis, et meschans
Mieux me vaulslst fuir mes champs
Et mon courtil courlillier.
Eusl. Desch. Tocs. MSS. fol. 3"4, col. 2.
VARIANTES :
COURTILLIER. Eusl. Dssch. Poës. MSS. f» 374, col. 2.
Courtiller. Oudin, Dict.
Courtillis, subst. masc. plur. Terres à cultiver,
terres à courlilUr. (Dict. d'Oudin.)
Courtin, subst. masc. Terme de fortification.
(Voyez Mém. de Bellievre el de Sillery, sous l'an
1598, p. 424.) On lit plus bas courtine,' mot subsis-
tant, et plus bas encore courijuin, (|ui n'est évidem-
ment qu'une faute d'orthographe.
Courtinage, subsl. masc. Terme collectif de
courtine. On s'en servoil pour signifier les rideaux
qu'on met à l'enlour des lits. (Dicl. dOudin. — Voy.
CouRTi.NE ci-après.)
Courtine, subst. j'ém. Pente, rideau de lil,
couverture *. Tapisserie, tenture °.
* Ce mol se dil encore au premier sens, mais il
vieillit. » .laneton entendant que c'estoit son mary
(1) Il s'agit de la Cuurlille, située près du faubourg du Temple, à Paris, et dont le vin valait celui de Suresnes : « Vigne
qui est de la Courlillc, Aussi bien que femme ou fille. Belle montre et peu de rapport ; Qui s'y fie a très-grand tort. »(n. e.)
(2) Dans les chartes de Corbie (1283), ce mot doit désigner le tenancier d'un courtil ; « Li dis abbé et li couvens disoient
ke 11 dis mesire Willames mes pères m'avoit donné une partie do le terre, que il tenoit d'ans à Mainieres en courtilage,
par lequel cose il voloient que je fuisse leur cnurtillier.'!, et fesisse en toutes cosos aussi comme li autres courtillier, tant
de venir à leur plais, ne faire reseandise, de carier les tarages, et du tertier. et de toutes autres redevanches , ke leur
courlillier leur doivent. » (N. E.)
co
— 341 —
CO
« fit coucher Nerin sur le lit, ayant abfitu les
« coiirlines. »
Car je scay qu'antre deux courliiies
Est tout le bien, toute la joye
D'amours, de soûlas, et la voie.
Eust. Desch. Pofs. MSS. fol. 563, col. -J.
^ On disoit aussi courtine pour tapisserie, lenlure :
.... Fet coper une corline
Qui la meson toute encortine (enveloppe).
F,ibl. MSS. du P.. n- 7218. fol. 291, V- col. -2.
On iiommoil funèbre courtine un drai» mortuaire.
(Voyez Crétin, p. Cti.)
On dislinguoit les courtines siinplenient dites des
courtines Iraversiiines. ;Honn. de la Cour, sis.
p. 3i!-33.) Voyez aussi Percel'. vol. 11, fol. 42, où le
mol courtine eal pris pour rideaux qu'on met autour
des autels
On disoit aussi courtyne de muraille et courtine
de terrasse, pour le parement d'une muraille et
d'une lerrasse, d'où le mot (■o«)'//»(?, terme de furti-
iicatioii qui subsiste."
Expressions à remarquer :
4° Sous la courtine. Nous disons sous le rideau,
en secret. (Voyez Cotgr. et Oudin, Dict. et Cur. fr.)
2° Vin lion à faire courtines. Le Laboureur, après
avoir parlé de l'éciiiquier écliiquettë de différentes
couleurs, dit que les buveurs ont emprunté celte
façon déparier » de la couleur du vin verd et aspre,
« parce qu'estant rouge ou blanc en couleur, verd
« et revescbe en saveur, il ressembloit en quelque
« manière aux courtines et tapisseries dos anciens
« qui étoient ainsi bigarrées. » (Le Lab iir. Oiig.
des Armes, p. 19G.)
VARIANTES :
COURTINE. Froissart, Poës. MSS. f» 375, col. 1.
CORTINE. J. Marot, p. 35.
CouRDiNE. Froissart, Poës. MSS. p. 71, col. 2.
Courtiner, verbe. Entourer de rideaux ou de
tapisseries *. Entourer, en général ^.
* Le premier sens, ((ui est le propre, se trouve
attesté par Nicot, Cotgrave, et le Gloss. de Marot, au
mol Encourtiner. Èngourdincr est peut-être une
faute d'orthographe. Un lit incortinare, au même
sens, dans le Glossaire latin de Du Gange : » Les
" bourgeois de Paris courtinêrent la ville de riches
« diaps de diverses couleurs. »
On encoiiinii une rue ,
Pour niiex plaire, quant rois vient à Arras.
Po-s ,MSS. Vatican, ])• 15K, f ifi5, R".
° Au figuré, ('«(;o((?"//Hi'r s'est dit pour entourer
en général. £/;fOH/'//H<';' île murs, pour entourer de
murs. « Celuy qui otcouiilim de murs les bour-
« gades. » (Pasq. Kech. p. 897.)
VAIUANTES :
COURTLN'ER Petit J. de Saintré, p. 322.
Encortiner. Clément Marot, p. 28.
Encourtiner. Cartheny, Voyage du Chev" err. f» 7(3, V".
Coin'tis, subst. masc. Terre sujette au terrage.
(Du Gange, à Curlicularius.) (1)
VARIANTES :
COURTIS, COLRTIEX.
i. Courtisan, suhst. ni. Homme de cour. Ce mot
subsiste. Ou Irouvedaus Du C:ïnge, lesmotsf «?'/2SrtM<
et curiates pris dans le même sens. Les mots de cour-
tisan et de courtoisie étoient des mots nouveaux
substitués aux mois curial et curiatité, suivant la
lettre de M'Belly à l'éditeur des (xnivresd'.\. Ghariier,
p. 2. Cependant le mot de courtisan se trouve em-
ployé dans le livre de la .laille, des Champs de
Bataille, et dans celui d'Ol. de la Marche, des Gages de
Bataille, f° 39. On écrivoit quelquefois courtissain.
Qu'est-ce d'entre nous conrtis.sain.'i'}
lHal. de Malcpaye, à la suite de Villon, p. 58.
On disoit :
1° Jardin des courtisans pour désigner la cour.
M' de Sully, fàclié contre llenri IV, dit à un des
auteurs de ses mémoires : • Par Dieu, ce n'est pas
" sans cause si l'on dit qu'il se cueille plus d'espines
" quede roses a uj(( /•(//« des courtisans et que pour
" un verre cassé, auprès des rois et des princes,
« bien souvent vingt anni'es de service demeurent
« bien égarées. » (.Méni. de >ully, t. 111, p. 73.)
2" Lunyaije courtisan. Par celle expression, Boret
entend le langage ([u'on appeloit autrefois roman,
formé sur le îalin, et l'oppose au Tudesque Roman,
composé d'allemand et de latin, qu'il croit être le
valon. (Diclionn. de Borel, i"' add. au molRomans.)
Les passages suivans feront voir que Borel se
mé|)renoil sur la véritable signification de ce mot.
Le tangage courtisan n'éloit autre chose qu'un lan-
gage affecté. Il cnnsistoit principalement à emprun-
ter des mots des étrangers; il paroit que c'étoit
surtout des mois italiens pour faire la cour à
Catherine de Mt'dicis. Dans ce langage on changeoit
en (' la prouonci.ilion de Va et de Vol, comme trop
rude à l'oreille et obligeant d'ouvrir une grande
bouche. Ou subsliluoit encore \'r au lieu de l's et
du :;■, et récipioquement i's et le ; au lieu de l'r.
« Le vulgaire de Bourgongiie lequel tient plus des
« façons de faire, et est trop plus conser\ aleur du
« vieil langagedes anciens Gaulois, qu'il nes'arresle
« à l'instabilité du parler des courtisautz; qui de
« jour à autre changent leur manière de dire, peur
» emprunter, ou plus tost mendier des mots aul-
>■ beins (estrangers) et coquiuer (mendier) phrases
« eslrangeres, est eu coustiime d'appeller ses
'■ seigneurs ses gentils, mot qu'il eslend aussi en
" faveur de tous geulilshonimes. >■ (S. Jul. Mesl.
Hislor. page 392.) ■• (in a veu une secte de certains
» (îontrefaiseurs de petite bouche qui faisans
« couscience de dire françois. anglois, disoyent
« francés, angles ;2j ; et encore pour le jourd'buy se
. (l) Ed. Henschel, II, ti27, col. 1. (N. E.)
(2) 0(, qui vient en français d'un e long ou d'un i bref latins, a d'abord été et puis oi, que l'on prononçait au xvi« siècle
oé, oué à la cour, et oa dans le peuple. Cette prononciation en oui: dura à Versailles jusqu'à la Révolution. A la cour de
Louis XIV, on prononçait ùnéreo», /oia', /oiié. Boileau t'ait encore rimer F,ançois (Françoué.-;) avec lûU {loués), dans son
Art Poétique. La Fayette, qui avait conservé les traditions de Tancieime cour, prononçait encore, en 1830, le roi , le roué.
La prononciation en oim prit le dessus à la Révolution, par l'influence des clubs et des réunions populaires, (x. E.')
co
342 —
CO
« tiouvent des courtisans qui ;i(Tecteiit celte pro-
'■ noiiciatioii, s'accomodiins en cela à ciiielqnes
« mi£;ii;irdes. et non ii la raison. Car il est certain
<• que ceci est venu premièrement des femmes qni
c avoyent peur d"ouvrir trop la bouche en disant
« françois et anglois. Comment qu'il eu soit, je ne
>' pense point que ni elles, ni les hommes (|ui les
•' ensuivent, puissent rendre aucune raison de
" cesle prononciation, non plus que la damoiselle
« savoysienne eust peu remlre raison de son chan-
« ter iiingtiifiquel , qu'elle disoit pour chanter
» maonijicat, pensant éviter le. vice de son lan-
» gage naturel, (] ni est de mettre «au lieu de c, etc. »
(Apol. pour Hérodote, p. 43!). j « Comme ainsy soit
<■ que nostre langage symbolise ordinairemeni avec
" nos mœurs, aussi le courtisan, au milieu des
<• biens et de la grandeur , estant nourry à la
<■ molesse, vous voyez qu'il a transformé la pureté
<' de nostre langage en une grammaire toute etTe-
" minée, quand au lieu de roinc, alloil, ternit et
<■ venoil, il dicl maintenant reine, u/lct, tenet
.. et venet- » (Letl. de Pasq. t. 1, p. 102.) (I)
l,a pièce intitulée : l'iunant desiiourveu de son
esprit escrivant à sa mie, voulant parler le eour-
lisun, commence ainsi :
Madame je vourayme tan ;
May ne le dite pa pourtan :
Les musaillcs on derozeiUes.
CIcra. Marol, p. 212.
11 est remaniuable que cette prononciation
vicieuse a passé et s'est conservée cbez les paysans
des environs de Tours.
3" Le courtisan du pais, pour le langage natui^el,
le patois du pays. Cette expression est singulière,
l.e langage courtisan, pour langage affecté à la cour,
a donné lieu d'employer le mot même de courtisan
pour exprimer un langage particulier quelconque.
" Je ne m'amuserny ici à vous faire les autres
- contes des Poitevins lesquels, sanspointde faute,
<' sont fort plaisans, mais il faudroit scavoir le
" courtisan du jniïs pour les faire trouver tels, et
« puis la grâce de prononcer vault mieux ((ue
" tout. " (Contes de Des Perr. t. 11, p. 7'2.)
VA[U.\NTES :
COURTIS.W. Orth. subsistante.
CouRTiss-M.v:. niai, de Malepaye, à la suite de Vill. p. .^S.
2. Courtisan, flf// Qui appaitient h la cour. On
disoit en.vie courtisanne ("i). (Nuiclsde Straparole,
t. I, p. "298.; Vanités conytisannes. (Sag.de Charron,
page 14.)
Coni'tisanesqite, udj. Arlillcieux. On disoit
conseils courtisanesi/ues pour conseils artificieux,
proprement de courlisan. « Se donner de garde du
» venin qui est caché sous le miel de vos beaux
«■ conseils courtisanesques. « (Mém. de Villerov,
t. III, p. 70.)
Courtisanifié, participe. Devenu courlisan.
On disoit langage corn llsunipé, comme langage
courtisan, pour langage affecté et précieux. (Voyez
Moyen de Parv. p. 7, et Courtisan ci-dessus.)
Coiirlisaniie , suhst. fém. Dame de cour*.
Femme publique ^.
*Dans le premier sens, femme qui fait sa cour,
qui vit ù la cour d'un prince. (Dicl. de Nicot.)
^Au second sens, femme que l'on courtise, h. qui
tout le monde fait la cour, femme galante, débau-
chée. On voit curia, au même sens, dans le Gloss.
lat. de Du Cange. Telle est l'étymologie qu'on
pourroit donner de ces deux acceptions difi'érentes.
-Mais ce mot de courtisanne, appliqué à un autre
moins honnête, » a pris son origine delà cour de
« Homme (suivant Henry Estienne, qui en étoit
" l'ennemi déclaré) fi scavoir des premières dévotes
« (|ui fréquentoienl plus que très familièrement
>' jour et nuit avec les prélats de Romme. » (Apol.
pour Hérodote, p. 570.)
VARIA.NTES :
CUUTISAXN'E. Orth. subsistante.
CouRTisEN.NE. .1. Marot, p. 198.
Goiirtisanneaii , subst. masc. Diminutif de
courtisan. (Dict. de Cotgrave.)
Courtisannerie, sul)^t. fém. Flatterie. Com-
plaisance de courtisan. (Dict. de Cotgrave.) » Ostez
« de vostre teste celte courlisanie que je vois estre
« pratiquée par quelques uns, qui ne se veulent
« charger de cause contre les grands, pour ne leur
'• desplaire. » (Pasq. Letl. t. I, p. 536.)
VARIANTES :
COURTISANNERIE. Alect. Rom. fol. 35, V" et 36, R« (3).
CouRTisANiE. Pasq Lett. t. I, p. 536.
COURTIZANIE. Id. Reoh. p. 669.
Coin'tisement, subst maso. Action de courti-
ser. (Du Verd. Bibl. p. 290.) (4)
Coui'tiser, verbe. Flatter. Faire la cour à quel-
qu'un. >i Le premier ou j'ay leu courli'^er est dans
« la poésie d'Olivier de Magny(5) parole qui nous est
« pour le jourdhuy familière. » (Pasauier. P.ech.
page 062.) '
VARIANTES :
COURTISER. Oudin, Nicot, Dict.
COURTIZER. Pasq. Rech. p. 662.
Courtiseur, subst. nuise. Flatteur. (Epith de
M. de la Porte.)
Courtois, adj. Courtisan*. Civil, poli°. Gai,
agréable"^. Doux, praticable". Familier, aisé à
(1) En Normandie, ei s'assourdit au contraire en (■, d'où la prononciation de e pour oi dans les imparfaits {allait, venait),
prononciation qu'au xviiF siècle Voltaire (après Nicolas Rérain et plusieurs autres) exprima par l'orthographe ai. (n. e.)
(2) « La pauvre reyiie était patiente, suportant constamment les assauts de l'envie courtisan ne. » (N. E.)
(3) « Maquerellage, llatlerie, parasiterie, crocqueterie, coKc/i.vadei'ie , menterie , diablerie, damnerie , et toutes telles
sciences et praticques desguisantes ou destruisantes vérité. » (N. E.)
(4) « [On voit les courtisans] De mesme façon morguer Et de mesrae harenguer Partout en tout n'ayant qu'un Geste et
jargon pour chacini, Selon que differement S'offre à leur coitrlisemenl... » (n. e.)
(.")) On lit déj.i dans Olivier llasselin (XXX.): « D'amour je laisserai faire Et les dames Ciinrliser, Il ne me faut plus qu'à
boire D'autant et me reposer. •■! Plus anciennement on aurait dit cai-tnicr. (N. E.)
co
— 343
CO
dresser^. Qui ne peut nuire''. Favorable °. Com-
mode".
*Ce mol vienL de cour fiu'ou l'crivoit court, d'où
courtisan. i\u&s\ liouve-t-oii en \al'm curialis, au
même sens, d;>ns le Gloss. de Labbe. iia^e 4'J7, et le
Glossali-e lat. de Du Gange. On opposoii en ce sens
courtois à vilain ; habilanl de la cour, au paysan.
Et li coriois et li vilain,
Et tuit li fol, et tuil li saige.
Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 164, V" col. 3.
On joignait aussi quelquefois ces deu.\ mois et
l'on appeloil vilain cortois un homme à travers la
politesse duquel on dëméloit un manque de senti-
ment. On a dit de l'amour :
Si comme cil vilain cortois :
N'est pas amors, ains est folie.
Fabl. MSS. du R. ir 7!I89, fol. 51, R" col. 2.
° La cour étant le centre de la politesse, le mot
courtois devintsynonymede poli, civif. La politesse
naturelle aux François donna lieu au proverbe
rapporté par Fauchel (Orig. liv. 1, p. 88.)
Qui fit François, il fit coitriois.
On disoit aussi proverbiulement :
Bien sai que por l'amor des dames
Deviennent li vilains, coriois.
Fabl. .MSS. du R. n- 7218, fol. 192. V- col. 1.
^ De là, ce mol signifloit gai, agréable.
Or vous dirai d'une borgoise
Une aventure assez cortoise.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. ira, R- col. 1.
" De ces deux dernières acceptions, nail la sif;ui-
fication générale de facile, doux, praticable, même
en parlant des choses inanimées. « Eurent un peu
« plus courtois passage le mercredy, que n'eurent
« ceux qui passèrent le mardy. » (Froiss. livre I,
page 313.) (1)
On disoit prison courtoise pour prison douce, où
l'onéloit peu resserré. » Courtoise el large prison. »
(Bout. Som. Rur. p. '129.)
On a dit même courtois en pariant d'un ruisseau
dont le cours est tranquille et (|ui est aisé à traver-
ser. « Le mendre coui's d'eaue courtois; si comme
« rieux (ruisseau) de fontaine si est, et doit estrede
<' trois pieds et demy de large. •• (Bouleiller, .Som.
Piur. page 'cl').) « Il les fil tous descendre à pié, el
« donner leurs chevaux h leurs varlels, et adonc
<■ (alors) les mena outre l'eau (lui moult esloil
« courtoise. » (Froiss. liv. I, p. 2'il.) (2)
^ Courtois, en termes de fauconnerie, signilioil
familier, facile ù apprivoiser, et celle signincalion
ne diffère de la précédente que par son àpplicalion
à une chose animée, en parlant du faucon :
Toutes fois est l'ung plus courtois
Que l'autre n'est, en tous endrois.
Gace de la ïiigne, des Déduils, MS. fol. 'J-l, V".
'' Nous venons de voir courtois pour facile, doux.
Delà, par extension, ce mol servit dépitliète aux
armes qui ne pouvoient nuire, dont la pointe ou le
tranchant éloient émoussés Les artnes courtoises
éloient opposées à celles qu'on appeloit armes à
outrance. (Voyez Le P. Daniel, Mil. fr. t. I, p. 124.)
Uo<iuets courtois se Irouve au même sens, dans 01.
de la Marche, livre L page il'2. Fêles armigères ou
co;/r/o/s<;,s éloient les l'êtes célébrées par des tour-
nois, dans une citation du Gloss. lat. de Du Gange,
col. 1100, sous le mot Ileraldus.
" Une ordonnance courtoise étoit une ordonnance
favorable. (Ord. t. 1, p. 370, notes, col. 2.)
" Une chambre courtoise éloit ce que nous nom-
mons garde-robe, latrine, privé, la même chose (|ue
chambre coie ou chambre aisée ci-dessus. Cour-
toise signilioil commode dans celle expression :
" La lil jeUer dans unechainbre courtoise (3).» (Chr.
S. Denis, l. Il, fol. "20.) G'est la traduction du latin
de Higord in cloacam profiinilam. Dans une ordon-
nance concernant » leslat des vuidangeurs, appel-
« lez maisli es li li », on lit, arl. :>i : « Pour ce que
» grande nécessité esl d'avoir plus d'ouvriers es
>■ chambres basses (que \'oniï\lcoiirloises) qu'il n'a
« à présent en la ville de Paris, etc. » (Ord. t. II,
page 377. - Voyez Diclionn. de Golgrave.) Chambre
courtoise pourroit s'expliquer au même sens, dans
ce passage :
Puis fu par lui mise à granl noise (bruit)
Dedenz une chainljre courtoise.
G. Guiart, MS. fol. 37, V.
Courtois auroit signifié brave, hardi, s'il falloit lire
courtois dans le passage suivant :
Moult fut hardis, moult fu courtois (4).
Rom. de Brul. MS. fol. 83, V" col. t.
Mais, dans le .m», de M. de Bombarde, on lit :
« Moult fut certains , » bien assuré , plein de
confiance.
Itabelais emploie le mot courtois pour libéral, si
nousen croyons Le Diichat, t. IV, p. KiO, mais il se
trompe Ge mol, en cel endroit , signifie seulement
doux, bon, favorable.
Piemarquons celte expression : on disoit de quel-
qu'un qu'il éloit de courtois litjuage, pour signifier
qu'il éloit né d'honnêtes gens qui n'éloient pas
nobles. (G, Guiarl, .ms. f° 358.)
VARIANTES :
COURTOIS. Orth. subsistante.
COURTOVS.
Cortois. Part, de P.lois, MS. de S. G. t» 1(54, Y» col. 3.
CuRTEis. Marbodus, col. 1G58.
Courtoise. [Intercalez Courtoise, courloisie,
dans Froissart, XV, 357 : « Ils avoient entendu que
« il avoit plus de doulceurs el de courtoises que
" nul des autres prisonniers. »] (n. e.)
(1) Edition Kervyn, VII, 158. Froissart écrit même (XIV, 40) : « Entre Boulongne et Calais n'a que sept lieues bien
courtoises. » (N. E.)
(2) On lit dans l'éd. Kervyn, VI, 145 : « Et puis entrèrent en l'aiguë, qui pour l'eure estoit moult plate et courtoise. Il écrit
aussi du vent : « Li vens fu si bons et si courtois sus mer. » (VIII, 207.) L'hiver, à son tour, « quoiqu'il fust moult av;int ,
estoit si courtois que riens de fioit n'y f.3isoit, mes ossi souef que en wain. » (IX, 108.) (N. E.)
(3) « Adonc sali li rois Henriz, et prist un l'rain : et s'en ala ans cluunljres courtoises touz desespereiz , et pleins de
l'anemi ; et si s'estraingla des i esnes don frain. « (Mén. de Pieims, § 25.) (n. e.)
(4) Cependant on lit déjà dans Roland (str. XLII) : « Et Oliviers li preux et li corteis. » (N. E.)
co
— 344 —
CO
Courloiscincnt, ndv. l'oliment.rivilementi 1).
D'une m;iriii'i'e lioiiiu;le. En laliii curialilcr, dans
le f;ioss. lut. de liu (l.inse. Je ne sais si ce mot
prend une siiinilienlion différente dans ce passage :
" ("este jon\le luy enibia moult cnurloiscme.nl. »
(Gér. de Nev. '2" part. p. 103.) C'est-à-dire, suivant
l'éditeur : <■ Luy déroba .vdroitenient l'Iionneur de
» celte joule. » Quoi ((u'il eu soit, celte auceplion
ne seroit qu'une extension de la première (2).
VAIUANTI-S ;
rOURTOISEMENT. Gér. de Nev. 2» part. p. 103.
CORTOISEJIENT. Rabelais, t. II, p. 258.
Courtoisie, suhst. féin. Politesse, honnêteté *.
Présent , gralilkalion , pot de vin ^. ''acilité ,
commodité '^. Douceur , modération °. Sorte de
droit ^.
* Ce mot est pris dans le premier sens par Enst.
Deschamps, qui rapporte les complimens que les
f'i^nimes se font entr'elles :
Passez, paissez linrdioinent. —
C'est doiicques par commandement '? —
Certes non est ; mais courtoisie.
Poès. MSS. f- 512. col. 3.
Ses coiirtisit:.? li easaint (enseigne)
Et as tournoiemeris le maint (mené).
Rom. do Rou, MS. p. 30ft.
° Courtoisie a signifié pot de vin, gratification,
présent donné pour un marciié conclu ou ])Our
autre chose. « Sans pouvoir stipuler aucun pot de
■ vin, ou courloisie (3). » (Nouv. Coût. Gén. t. 1,
p. 945.) " .laçoit ce que (quoique^ aucun preste à son
< amy aucune chose, sans dii^e que tant en aura de
<• .gain par usure, mais toutes fois il en prent bien
» courtoisie, envois (présens envoyez), et dons late-
« raux (indirects, détournez;, toutes telles cour-
« toisies sont usures. » (Bout. Som. Rur. p. 754.)
>• Encores souffre assez la loy escrite , si fout
•■■ plusieurs sages, que de l'argent des pupilles, ou
» en peut lever, et prendre courloisie, comme du
" cent dix, et en dessus, aliu que le pupille puisse
" eslre sulistenté du sien sans l'amoindrir, lors du
'< moins que l'on peut. » (Ibid. p. GO.) (4)
'^ On a Chicourloisic pourfacilité, couinieon a dit
courtois jiour facile. On a vu ci-dessus passage
courtois, pour passage facile, praticable. On a dit de
même : « 11 vnuloii liieii que les compaignies pre-
>■ nissent un aulre chemin, qiie parmi Navarre. Le
" prince elles autres seigneursqiii veoient leur che-
min, et leur adrece plus promple parmi Navarre,
'< que sur les marches d'.\rragon , ne voulurent
« mie renoncer à ceste courtoisie. •■ (Froissart,
liv. I, p. 331.) C'est en ce sens qu'on a dit : » Mieux
' vaut co^r/oys/t' de gré (faveur) que ne fait con-
•■ venance. ■■ (Percef. vol. V, 1» 3-2 )
To;(/7o/s/c, pour douceur, modération. « Cour-
'< loijsic et mesure est une mesme chose, beau filz ;
« à tous les faitz adjouste manière, et mesure, si
• auras en loy moult belle vertu. » fPerceforest,
vol. Il, f" 147.)
^ On nommoil aussi courtoisie et curtesie un
droit en usage en Angleterre, par lequel un homme
veuf a l'usufruit des" fiefs ou terres de sa femme
dontil a eu des enfants qui sont morts, soit devant,
soit après le décès de leur mère. (Voyez Du Cange,
Gloss. lat. au mot Curialitas Angliœ et Scoti(e.){5)
Litlleton, au [\lve Curtesie d'IïiHilelerre, dit : «En
' liel cas, après la mort de la femme, il aura
» niesmes les tenements par le Curtesie d'Emjle-
" terre, et autrement neiiny. >■ (Tenur. chap. 4,
fol. 7.) De là, t£ner par curtesie. (Ibid. fol. 58.— Voy.
sur ce sujet, le Mercure de septembre1733, p. 1909.
— Voyez aussi une autre explication de la Courtoisie
dWngleterre, pris pour un droit des veuves de
qualité, dans l'Estal abrégé de la Grande Bretagne
imprimé en 1757.)
On disoit :
]o f,.,(i,. courtoisie , pour prier son ennemi de ne
pas exiger de lui qu'il demandai la vie. (Voy. Peler.
d'Amour, t. IL p. TH.)
ti° Courtoysie des lionneurs acquerre. Prouesses
faites pour obtenir l'honneur ou le jirix du tournoi.
« Ouant la journée du louruoy, et les courloijsies
" des honneurs acquerre seront passées, etc. ■>
(Percef. vol. IV, f^S.)
3" Vous dictes voti'e courtoysie. ( Perceforest ,
vol. 1, fol. 192.) Façon de parler familière à l'auteur
de ce roman, pour : « Votre courtoisie vous fait
« ainsi parler. »
VARIANTES :
COURTOISIE. Orthographe subsistante.
CouHTOYSiE. Percef. vol. IV, f» 3, V° col. 1.
Cop.TOisiE. .Marc, et Salem. iMS. de S. G. f° 117, R».
CouRTisiE. Rom. de Rou, MS. p. 399.
Curtesie. Tenur. de Litll. f° 10, V».
CoRTAissE. Borel, Dict.
CuRTEisiE > t Curtksie. Marboflu.s, col. 1638.
Coin'lre, sul)St. Couverture de lit 6). (Glossaire
des Arr. d'Amour.)
Coui'ttourner , verl)e. Terme de manège.
Tourner court. On a dit, eu parlant d'un cheval:
« Le faire conrttourner en ung cercle tant à dexire
« comme à senest.e. » (Rab. t. I, p. 102.)
Couru , parlic. Poursuivi. Du verbe courir
ci-dessus, poursuivre. Delà on disoit, au figuré:
(1) On lit dé)à dans Roland (v. 11G4) : n Si lur ad dit un mot cwiniscmcnt. » (s. E.)
(2) Dans Froissart, il signifie doucement, sans se presser : « Si retray ses gens au plus courtniseineiif qu'il peut. »
(VI, 103 ) — « Chevauçoient cnui-toiseme»! sans yaus trop lasser. » (VIII, 25.)
(3) On lit encore au Lio. rf«.v Métieis, 389 : « Nul mestre ne le doit prendre pour mains de vingt sols parisis , et prendre
boin gage et boin argent, ne ne li est tenus de rien faire à rofliiif:ip. » (Liv. des Méiiers, 389.) (N. E)
(4) On lit au sens de pourboire (reg. .I.t. 120, p. 270, an. 1382) : « Lambelot entra en l'ostel d'un sien voisin, nommé Pierrot
r.illar, demour.int audit Chanvre, lequel iccllui jour avoit fiancée ou donnée par mariage sa fille à un homme de Farges, et
demanda sa partie de la courloisie desdiles fiançailles, ainsi comme au pais est de coustume. » (N. E.)
('51 II cite le Monasticon .\nglic. (H, 6i5) : « Lequel Sire .lean (despenssr) engendra sur ly un fis ou une fille, que mourust,
is.^i ke après la morl Jeanne, Sire Jean le Despenser tint le maner du C.hastel per la ciirhinsii; de Engleterre. » (N, E.)
(G) Ce mot vient plutôt de rulcilra que de culcita. (N. F..>
co
- 345 —
CO
« Sous peine d'estre coiiruz, et d'estre mis à finance,
« comme rebelles et désobéïssnns. » (Le Jouvence!,
BIS. page G34.)
Courvage, subst. niase. Droit seigneurial. Droit
de courvage (1). Le droit d'exiger des corvées. (Du
Cange, Gloss. lat. au mot Curvala.)
1. Courve, subst. féin. Courbe. Maladie du
cheval. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Tuba.)
2. Courve, adj. Courbe. (Dict. d'Oudin.)
1. Cour\éo, subst. féin. Espècedejeu. ■■ Comme
« par manière de jeu et esbatement l'en ait acous-
« tumé de faire au dehors et près des murs d'icelle
« ville nn jeu appelle la courvéc, chaseun jour de
« feste deux foiz le jour, l'un après disner et l'autre
<■ après souper... Lequel jeu communément s'en-
« commence par enfanz et aucunel'oiz se pnifait
« pargenz bien aagiez et puissans de corps, babiles
« audit jeu , privez et estranges, en .gettant les uns
» contre les autres pierres grosses et menues au
« plus elforciément qu'iiz peuent, cbascun en
•■ espérance de rebouter sa partie, telement que
« aucunefoiz sont navrez et bleciez;.,. et se il
« avient (]ue aucun d'eulx preigne autre de sa
« partie adverse, le preneur a accoustuméde oster
« le chaperon de son prisonnier, et mettre eu la
" taverne, et lui rançonner d'une pinte de vin, et
« vont boire ensemble en faisant paix comme
« devant. » (Voyez Très, des Chart. reg. 131, pièce
20, des lettres accordées par Charles VI, en 1387,
pour un meurtre commis à celte sorte de jeu dans
la ville de Langres.)
2. Courvée. [Intercalez Courvée , mesure
agraire, dans une pièce de 141)7 (Du Gange, II, G'20,
col. 2) : « El premier trois courvées, dont l'une est
« appellée la courvéc de la bergerie, qui contient
<' environ cinquante jour de terre, et l'ail le bout
« d'icelle courvéc au haut du chemin. »] (n'. !•.)
Courzos Un ancien poète, faisant la description
du pays de Cocagne, dit :
De bars, de saumons, et d'aloses
I sont toutes les niesons closes :
Li chevron i sont d'esUirgeons,
Les couvertures de bacons,
Et les laies sont des saucises
Moult a ou païs de denices
Car de hastes et de courzos
I sont trestuit li blé enclos.
Fabl. MSS. du R. n- 761:., t. II, f' 147, V col. 2.
Couscoilles , subst. fém. plur. Gousses de
fèves. C'est ainsi qu'on les appelle dans le Haut-
Languedoc , suivant Le Duchat , sur Itabelais ,
t. m, p. 126.
Cousel. [Intercalez Cousel, tenure en coterie,
au reg. .ÎJ. 56, p. 120, an. 1317: « Plusieurs
'< héritages et possessions, tenuz en partie en fié,
« el eu partie en cousel. «] (n. e.)
Cousin, subst. masc. Terme de parenté*. Terme
d'amitié °. Terme d'honneur '=. Chaiileau °.
* On trouve cnsinus, au premier sens, dans le
Gloss. lat de Du Cange; mais cusinus n'est point
l'étymologie de ce mot, il en est la traduction.
Cousin\ienl(\e consenc (2), contraction de consan-
guin. (Voy. CoNSE.Nc ci-dessus). Quant a l'orthographe
conrin, c'est une prononciation vicieuse des Pari-
siens pour cousin. (Celthell. de L. Trippaull). En
Touraine, les paysans substituent, dans une grande
partie des mots, Vr à l's.
Ce mol, comme terme de parenté, avoit autrefois
une signilicalion plus étendue que celle qu'il
conserve. Il sianifioil parent eu quelque degré que
ce fût (3). (Voyez Percef. vol. II, fol. 33.) Il se disoit
quelquefois pour neveu. La mère de Itoland étoit
soi'ur de Charlemagne, el Roland, p u' conséquent,
étoit s )n neveu. Cependant Ph. Mouskes , après
l'avoir appelé en plusieurs endroils, niés, neveu
de Charlemagne, le qualilie, dans d'ai/ies, de cou-
sin du même prince. (Voyez Ph. Mouskes, ms.
p. 218, elc.)
Nous devons aussi remarquer ifue le duc de
Bourbon esl apiielé oncle du roi Charles VI, à la
liage 33 de l'IIist. du maréchal de Boucicaut , édit.
de Godefroy , el son cousin à la page 58. Louis XI,
après avoir appelé mon frère le connétable, traite
le duc de Bourbon « de mon très cher, et très amé
" frère el cousin. " fOuclos, Preuves de l'Hist. de
Louis XI, p. 361.)
D'ailleurs, les termes dont on se servoit autrefois
pour désigner les degrés de parenté ne sont plus
les mêmes.
Cosins et germain sont distingués l'un de l'autre,
etrépondent au latin consanguimus eiconsobrimis.
(Voyez Rymer, t. I, p. 116, lit. de 1270.)
Le titre de cosi7i esl donné par le roi de France
au ioi d'Angleterre ù qui il écrit ainsi : « A noble
« prince seigneur el a sun cosin 1res cher sire par
« la grâce de Deu. » (Voyez Rymer, t. I, col. 105,
dans trois titres de 1266.)
On disoit (4) :
l" Cousin après germain, pour cousin issu de
germain. « Monseigneur Charles d'Anjou frère du
« roy en loy, et son cousin après germain. «
(Berry, Chron. depuis 1402-1161, p. 410.)
2° Petit cousin, pour fils de cousin. (Oud. Dict.)
On se servoit peut-être de celte expression pour
désigner les cousins du 3' ou 4' degré.
3" Cousins entiers, dans le sens de entier sang.
(1) Voyez Co)'ra(/e. On lit au ms. anc. 8.312. 5, fol. 103, v» : « Item a le sires la moitié de courvages ; et appelle l'en
courvarjes que cil qui a beste traiant .un. sols, et cil qui point n'en a, ne doit que .li. sols. » (n. e.)
(2) Il vient de consobnmis, devenu cossofrouif:, dans un Glossaire du vu' siècle. (N. E.)
(3) « Nos appelons coif:i,)s toz cez que la loi apele parenz de par père ou de par mère. » (Liv. de Justice, 231.) (n. e.)
(4) 1» Cousin fraireur, pour cousin germain (J,l. 142, p. 2, an. 1391) : « Robine vesve de feu Pierre Moisson prestre filz
de ladille femme et cousin fraireur d'icellui suppliant. » 2° Cousit) ru outre ou second , pour cousin issu de germain :
« Gilliart le coq cousin en autre à Griffon du Casteler. » (J.J. 135, p. 234, an. 1389.) - « Cebille . fille de feu Pierre''del Bals
cousine seconde du suppliant. » (.IJ. 148, p. 50, an. 1395.1 Enfin cousin en tiers est cousin au troisième degré. » (JJ. 13(3, p. 54,
an. 1389.) (N. E.) ë y , v ,
IT. 44
co
— 346 -
CO
parenté complète, en parlant des enfans de même
père et de nièiiie mère.
De vous, ains vos voit volenti' rs,
Trop plus que ses cousins entiers.
Froissart, Pofs. MSS. p. 134, m1. 1.
4» Cousin (le lignafje et armes, pour cousin de la
même souclieel portant les mêmes armes. ■• Messiie
« Espagnolet d'Espaigne, aisnélllsde messirelîoger
« d'Espaigne, cousin de lignayeel d'armes au comte
K de Foix. " (Froissarl. liv. 111, p. 46.)
à' Cousin (jervais remué d'une busche de inouïe
étoit une plaisanterie sur le mot de cousin remué
de germain. Elle s'employoil en parlant •> d'un cou-
« sin de si loin, que comme on |)arle, il s'en falloit
« un cent de fagots ([u'ils ne fussent de même
« branche. » <■ liiroit-on à voir la chère et grâce
« de ces beaux mespriseurs de toutes choses qu'ils
0 sont cousins germains de quelque grosse souche
« de bois. » (Dial. de Tahur. fol. 45.)
^Cousin étoit aussi un terme d'amitié et de fami-
liarité. On disoit ils sont grands cousins, pour
intimes amis. (Oudin, Dictionnaire, etCur. fr.) Celte
expression subsisleencoredans le style familier (1),
mais on ne dit plus ils sont cousins germains pour
ils sont amis. (Fabl. .viss. du R. n" 7218, fol. 3'i3.)
C'est en ce même sens que Du Bellay fait dire aux
ambassadeurs de France, à la Diette de 1544 : « Que
« restera-t-il aux misérables François vos cousins,
« sinon, etc. » (Mém. t. V, p. 417.) C'est-à-dire vos
amis, vos alliés.
"= Comme terme d'honneur, ce mot a été employé
par les rois, en parlant des gens constitués en
dignité et de la première distinction; ancienne-
ment ils n'appeloient cousin que leurs parents seu-
lement, suivant Le Laboureur. Calmet, qui confirme
cette opinion, dit que Louis XI a été le premier
qui ait donné le litre de cousin au comte de Dam-
martin : « Cousin du roi, ce titre n'estoit donné
« qu'à ceux qui l'estoient, jusqu'en 1540, temps où
•• les rois ont commencé de le donner aux grandes
>> charges. » ['!" add. au Mém. de la maison de
Chabannes, p. 44.) .Mais ce titre a été donné anté-
rieurement par le roi Charles V, en 1366, au comte
de Sarrebrucb. En parlant du connétable de Fienne,
il le qualifie notre cousin de Fienne. (Voyez l'Hist.
de Berlr. du Cucscl. par Mén. page 400.) Dans des
temps bien postérieurs, Henry IV en usa de même
à l'égard de M' de Villars, amiral de France et gou-
verneur de Rouen, et le roi d'Angleterre à l'égard
de M' de Rosni. Cliarles-Quint fut le premier des
souverains qui donna ce titre de cousin aux cardi-
naux, suivant La Roque. Le roi le donna au légat
en 1598 (.Mém. de Bellievre et de Sillery), et la
même année il traita de frère l'archiducqu'il n'avoit
traité jusipi alors que de cousin. (Ibid.)
Suivant Mouslrelel, vol. II, fol. 166, .1. de Luxem-
bourg, écrivant aux gens du conseil des ducs de
Bourgogne en 143!», les qualifie de ■■ très révérends
" pères en Dieu, très chiers et très amés cousins,
« et très espéciaux amis. ■■
"Enfin cousin a signifié le chanteau de pain béni
réservé pour les parens et amis, d'où lui vient
peut-être cette dénomination. De là aussi, cette
expression envoyer du cousin, dans le Rom. Bourg.
(liv. I, p. 135.) C'est-à-dire envoyer à chacun de ses
parens et amis un part du chanteau. Celle cérémo-
nie se pratique encore dans quelques provinces.
(Voy. Eust. Desch. Poës. .mss. fol. 301.)
Passons à quelques expressions (lue nous fournit
ce mot :
1° Aider à quelqu'un comme à son cousin ger-
main, c'est-à-dire faire tout pour lui. (Beaum. p. 23.)
1° Le cousin germain esl le plus proche parent en
ligne collatérale. De là, on a dit au figuré :
Tout bonheur soit mon cousin germain.
Froissarl, Pois. MSS. p. 413, col. 2.
•3o Le cousin de l'arc en ciel. Peul-êlre le beau
temps. Cette expression de Régnier et de Du Lorens
se trouve dans Goujat, Bibl. fi\ t. XVI, p. 245.
PnOVERBE :
Gardes lui donc de prester :
Car à l'emprunter
Cousin germain,
A rendre fils de P...
lns.iil.Cout. de Loisel, 1. 1, p, 191.
VARIAXTIiS :
COUSIN. Orthographe subsistante.
CouziN. Ph. Mouskes, MS. p. 218.
CouciN. Rom. de Brut, MS. f" 90, V» col. 1.
CosiN. Villebardouin, p. 130.
CoisiN. Fabl. MSS. du R. n" 7C15, t [I, f» 129, R" col. 2.
CoYSiNE. subsl. fém. S. Bernard, Serm. fr. MSS. p. 218.
CusiN. Itymer, t. I, p. 50, tit. de 1259.
CouRiN. Celthell. de L. Trippault.
KouESiNS. Carpentier, Hist. de Cambray, p. 23.
KousiNS. Carpentier, Hist. de Cambray, p. 18.
Cousinaye, snbst. uiasc. Affinité (2). On a dit ti-
gurément; ■> Ainsi y a-l-il un grand voisinage et coh-
«■ sinage entre l'homme, et les antres animaux. «
(Sag. de Charron, page 54.) « L'ouye et la parole se
.. respondent, et rapportent l'une à l'autre, ont un
« grand cousinage ensemble, l'un n'est rien sans
« l'autre. » (Ibid. p. 84.)
Cousine, suhst. fém. Terme de parenté (3). 11 est
relatif et se dit de ceux qui sont issus de deux frè-
res. On trouve cousine née de germain, pour cou-
sine issue de germain, dans Joinville, page 64. 11
sembleroit que cousine se soit pris aussi pour nièce,
peut-être nièce à la mode de Bretagne. Du moins
ces deux mots sont-ils employés indistinctement
l'un pour l'aulre, dans Percef. (vol. V, folio 3.) C'est
vraisemblablement comme terme d'amitié que ce
mot se trouve réuni quelquefois avec celui de sœur.
(Ibid. vol. II, fol. 06.)
(1) Louis XI (19» Nouv.) l'emploie même au sens de dupe : « Son mari lui rendit la chose comme elle lui bailla , combien
qu'il en demourast toujours le cousin. » (n. e.)
(2) Voyez Cosmage. (n. e.)
(3) Cousi)ies a le sens de filles de joie dans Louis XI (.58» Nouvelle) ; « Nous ferons venir à nostre logis deux jeunes filles
de nos cousines. » (N. e.)
co
347
CO
On disoil estrange, ne cosine pour signifier per-
sonne.
Que estrange ne cosine
Ne sache riens de vostre affaire.
Fabl. MSS. du R. n" 1615, l. II, fol. 135, V" col. l.
Remarquons celle autre façon de parler : « Faire
« comme celui qui épouse cousine, et puis en
« demande dispensation », demander permission
défaire une cliose déjà faite. (Petit .1. de Saintré,
page 235.)
VARIANTES :
COUSINE. Orth. subsistante.
CosiNE. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. II, fol. 190, V» col. 1.
CousiNÉE. .Toinv. p. 64.
Cousoil. [Intercalez Cousoil, dans la locution
dire à cousoil, dire en secret :
A cousoil li dist : Belle amie,
Alez tost, ne vous ennuil mie.
B. N. anc. 7615, fol. 210, R', col. 1.) fN. E.)
Cousser, verbe. Cesser. (Dict. de Cotgrave et de
Nicol.)
Coussinet, sm'js^. masc. Diminutif de coussin.
On disoil chcvancheurs de coussinets, pour désigner
des hommes mous et lâches qui n'aiment que le lit.
Brantôme, parlant de M' de Biion, dit: « J'ay veu
■> plusieurs s'eslonner de luy, que luy, qui n'avoil
« jamais traité grandes affaires avec pays estran-
« gers, ny moins esté ambassadeur pour le mieux
« entendre, comme un monsieur de Lansac de
» Rambouillet, et le mareschal de Rets, et autres
« chevauchcurs de coussinets {l), il en scavoit plus
« que tous eux, et leur en eut fait leçon. » (Brant.
Cap. Fr. t. III, p, 357.)
Coussineus, adj. Propre îi faire des coussins*.
Garni de coussins^. Dénature de coussin'^.
*M. de la Porte s'est servi de ce mot, au premier
sens, pour épilhèté de duvet.
^On a dit aussi chevet coussineus, \wur chevet
garni de coussins. (Epith. de M. de la Porte.)
'^Coussi lieux, selon Cotgrave, signifioit encore
qui a la douceur, la mollesse d'un coussin.
VARIANTES 1
COUSSINEUS. Epith. de M. de la Porte.
CoussiNEUX. Dict. de Cotgrave.
Coussioys, subst. masc. Nom d'un pays. Le
pays de Coucy.
En la terre chiérie
De Coussioys et de la baronnie
Où. les chasteauls sont de si grant façon.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 3S3, col. i.
Coiisson , subst. masc. Gousset de chemise.
Pour la chemise de Gargantua i feurent levées neuf
« cents aulnes de toile de Chasleleraud, et deux
« cents pour les coussons en sorte de carreaulx,
» lesquels on meit soubz les esselles. » (Rabelais,
t. 1, page 40.)
Coust, subst. 7nasc. Dépense, frais. (Voy. Gloss.
de Marot et celui du P. Martène.) (2) On a dit :
A mains de cnusl là serai.
Fabl. MSS. du R. u- 1989, fol. 9i, R" col. 1.
Qui fait vignes II cok.b est grans.
Eust. Desch. Pois. MSS. fol. 363, col. i.
Il n'y aura fors d'anui coust.
Ph. Mouskes, MS. p. 713.
C'est-à-dire il n'y aura que dépense d'ennui, il n'y
aura que de l'ennui.
VARIANTES :
COUST. Fabl. MSS. du R. n" 7989, fol. 91, R» col. 1.
CouT. Froiss. Poës. MSS. p. 16, col. 1.
Coux. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 363, col. 4.
Cous, pluv. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 164.
Cos, plur. Ph. Mouskes, MS. p. 852.
CosT. Perard, Hist. de Bourg, p. 412.
Coust. Jurain, Hist. du comté d'Aussonne, p. 24.
Coustable, adjectif. Cher, préjudiciable*. Cher,
précieux^.
*iNous di.sons cher, aujourd'hui, dans l'un et
l'autre sens. Le premier pàroit être le sens propre
de coutable. employé llgurément dans le passage
qui suit : « Me lairray-je euclorre en une de mes
« villes? et endemenliers (pendant ce temps-là)
.< on ardera et exillera (ravagera, désolera) mon
« pais"? Ce me seroit trop coutable. » (Froissart,
liv. III, p. 318.) (3)
^ Coustable signifie cher, précieux, dans ces vers :
Et si vous dy bien que ma huve (i)
Est vieille et de pouvre fasson.
Je sçay tel femme de niasson
Qui n'est pas à moy comparable
Qui meilleur l'a, et plus coustable
un fois, que la mienne n'est.
Eust. Desch. Poos. MSS. fol. i96, col. 3.
VARIANTES :
COUSTABLE. Eust. Desch. Poës. MSS. f" 496, col. 3.
Coutable. Froiss. hv. III, p. 318.
Coustage, subst. masc. Frais, dépense. » Par
« la mesme voye ferons porter nostre artillerie et
« bagage qui par l'autre chemin seroit chose de
« trop grande coustance. » (Mém.du Bellay, liv. VI,
fol. I%.) " Devoit mettre le chastel de Cherbourg
>> entre les mains du roy d'Angleterre qui le devoit
•> à ses coustaqes faire garder trois ans. » (Froiss.
liv. II, p. 24.) (5)
VARIANTES 1
COUSTAGE. Froissart, liv. III, p. 108.
CousTAiGE. Crétin, p. 124.
Co.STAGE. Du Cange^ Gl. 1. au mot Coslarjium.
CusTAGE. Gloss. de l'Hist. de Bret.
CousTANGE, s. f. Mém. Du Bellay, liv. VII, fol. 207, R».
COUSTENGE, COUTANGE, S. f. (6)
CouTANCE, S. /'. Mém. de Rob. de la Marck. MS. p. 374.
(1) On lit dans une chanson de Charles d'Orléans : « Mieux amassent à gogo Gésir sur molz coussinés. » (n. e.)
(2) « Et les avoient li borgois amenet dedens leur ville à leur coust. « (Froiss., II, 181.) (N. e.)
(3) On lit encore au t. IV de l'édit. Kervyn, p. 155: « Geste guerre as Escos leur estoit trop coustable et à nul
prouffit. » (N. E.)
(4) Voilette empesée qui enserrait la tête des daimes et retombait tout autour en plis gracieux. (Voir la figure dans
Quicherat, Costume, p. 243.) (n. e.)
(5) « On lit encore édition Kervyn (III, 234) : « Car il ne édefient pas maison de grant coustage. » (n. e.)
(6) Froissart (X, 285) : « Et furent delivret de tous cousteivjes et frais. » On trouve aussi coustoigue. » (Châtelain de
Couci, V. 8031.) (N. E.)
co
— 3i8
CO
Coiistangé, participe. Constitué en dépens.
On lit cl;iiis une ordonnance : » Plusieurs person-
« nés IVéquonlans les dictes foires en pourroient
« eslre fuustanye:^, et endommagez. » (Ord. t. 11,
p. 31.'i, an. 134D.)
VARIANTES :
COUSTANGÉ. Ord. t. II, p. .314.
CousTENGiÈ. Ibid. t. m, p. 144 et 681 (1).
Coustaiigeus, adj. Coûteux. (Voy. Cotgrave et
Monet, Diclionn.) M. de la Porte s'en est servi pour
épitlièle de procès :
Despense oultrageuse,
Charge coutanijeusn.
Al. Cbart. Pots. p. 5U.
VARIANTES :
COUST.\NGEUS. Epilh. de M. de la Porte.
CoUTANGEUX. W. CUart. Poës. p. 544.
Coiiste. [Intercalez Coitste: 1° Couette: » Mar-
« clians et vendeurs de cousticerie, soient cousti-
« ciers ou autres, paieront pour une couste vendue
« au pris de .xx. solz cl au dessous, .i. denier. »
(Du Gange, II, 643, col. 2.) I' Coude :
A coustea, à génois aloit
Ouerant erbes dont il sopoit.
Parlonopex, v. 85il.] (N. E.)
Cousteau, siibst. masc. Arme offensive. Ce mol
conserve encore son acception propre et primitive
sous rortliographecouleau. Nous renvoyons à la lin
de l'article les façons de parler auxquelles il a donné
lieu dans ce sens, et nous expliquerons d'abord
quelle étoit sa signification moins connue. Le cou-
teau, considéré comme arme olïensive, étoit, selon
Faucliet, une sorte d'épée courte, ainsi nommée
soit parce qu'elle ressembloit à un couteau, soit
parce qu'on la portoit au côté. (Orig. liv. II, p. 115.)
Cette épée étoit tranchante, depuis la garde jusqu'à
la pointe, et à trois faces. C'est ainsi que cette arme
est désignée dans un passage des Chroniques de
S. Denis", où nous lisons qu'à la bataille de Bovines
« les ennemis du Koy usoienl d'une manière
« d'armes qui, au temps de lors, n'avoient oncques
« mes esté veues; car ils avoienl coustcaux gros
« et longs à trois quarres, tranchants de la pointe
« jus(iu''au manche. » (Chron. S. Den. l. II, fol. Al.)
On apiieloit aussi coustel de plattes une sorte
d'épée qui se porloit sur la cuisse ; les plattes ou
lames de fer dont la cuisse estoil garnie donnèrent
lieu vraisemblablement à cette dénomination coustel
de ptattes. (Hist.deB.du Guescl. parMénard, p.,YJ.)
On trouve couteau de guerre, dans Joinville, p. il.
Le coutiau à pointe paroit employé pour une
arme de jet dans ces vers :
Aucuns ruent coiitiauii à publies
Qui bruienl comme au voler éer.
G. Guiarl, MS. fol. 291, V°.
(Voyez C0USTILI.E ci-après.) Il nous reste à remar-
quer les expressions et proverbes dans lesquels
entre ce mol, pris dans l'acception subsistante (2).
r Le: couteaux galoijs éloient des couteaux
fabriqués au pays de Galles. (Percef. vol. 1, f° 28.)
■i" Un en faisoit aussi dans le Périgord (jui étoient
fort renommés, d'où viennent les coûteux de IHerre-
(jort, passés en uroverbe avant 1300. (Poës. .mss.
t. IV, p. Itirri.)
3° Le coustet saragossan tiroit vraisemblablement
son nom de Saragosse, parce qu'il y avoit été
fabriqué. (Voyez Très, des Chart. Reg. 100,
pièce 360, an. liOO.) (3)
4° Le Cousteau de Poréc étoit un ustensile de
ménage. (Voyez Coût, de Valanc. ÎSouv. Coût. Gén.
t. II, p. 257.)
5° Couteau de tripière, c'est-à-dire tranchant des
deux côtés. On l'a employé figurément pour dési-
gner une méchante langue. (Oud. Dict. et Cur. fr.)
6° Oudin traduit couteau à imprimer les toiles
des peintres, par le mot italien Spadoleta.
7° Couteau , pris dans un sens obscène et figuré,
a donné lieu a cette expression : jouer des couteaux.
(Arr. Amor. p. il2.) (4)
8° Le couteau à croix se nommoil autrement
miséricorde. (Voyez Miséricorde ci-après.) (5)
9° On disoit proverbialement : Trouver coustel à
sagaîne, comme nous disons familièrement trouver
chaussure à son pied, faire une bonne trouvaille,
un bon coup. Celui qui lit prisonnier Pierre le
Cruel •' bien avoit trouvécoi/s/^Z à sa gaine. » (Hist.
de B. du Guescl. par Mén. p. 372.)
10" Les couteaux à Jean Cotet, l'un vaut l'autre.
La chose est égale. (Oud. Cur. fr. add.)
VARIANTES :
COUSTEAU. FouiUoux, Vénerie, fol. 80.
CouLTEAU. Bore), Dict. [""' adJ.
Coutiau. Poës. .MSS. Vat. n» 1490, fol. 132, V».
Couteau. Orth. subsist.
CouTEL. Poës. MSS. Vat. n» 1522, fol. 152, R» col. 1.
CouLTEL. Nicot, Dict.
Coustel. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. Il, f»120, V» col. 1.
CouTiEX, plw: Modus et Racio, MS. fol. 90, R".
Coutil. Percef. vol. V, fol. lOi), R» col. 2.
CouLTRE. Du Cange, Gl. 1. au mot CulteUus.
CosTRE. Fabl. JISS. de S. G. fol. 45, R» col. I.
Coustée, subst. fém. Paillasse. On trouve sou-
(1) Reg. T.I. 102, p. 84, an. 1^69 ; « Parquoy les dites parties pourroient eslre fraiez et cousloujie-. » (n. e.)
(2) Ajoutez 1° amsici baxtarl ou has!ai-deau : « Icellui prestre tira un rouslel bastart, qu'il avoit en sa sainture. » (JJ. 169,
p. 447, an. 1416.) - « Il tira un petit coustel, appelé baslardeau. » (.IJ. 159,.p. 317, an. 1405.) 2" Coustel à cluu , à coulleltes.
(Voyez ces mots ) 3» « Co!(.s^eoi(( d'Aleniaigne, garni de six cousteaulx , une lyme et ung poisson, et d'une forsetes. »
(De Laborde, i"»iaî(.T;, p. 231.)4'> « C'o»;i«i(/.c de bouchier c'on dist roKs.stf... de quoy qu'ils escourchent les bestes qu'on
appelle rousses. » 5" « Icellui Guillaume courut sus audit Jehan tenant le poing clos, en icellui un coiisltil buschc-greffe , ou
autre chose invasible. » (,IJ. 105, p. 487, an. 1374.1 6» « Un cousiel draprier à taillier pain. i> (J.I. 90, p. 122, an. 1359.) 7° « De
quodam parvo cutello, vocato à un mot, solo ictu percussit. » (J.I. 84, p. 348, an. 1355.) 8» Couteau parpaiii. (Ane. 9484.2.,
fol. 492, V".) 9" Un petit causleau pragois. (JJ. 183, p. 145, an. 1456.) 10° Coustel de plaiii poing , poignard , au reg. JJ. 158 ,
p. 461, an. 1404. (M. E.)
(3) Il y avait aussi des couteaux de Toulouse. (,TJ. 120, an. 1381, p. 35 ; JJ. 155, p. 15, an. 1400.) (n. e.)
(4) « Comme l'exposant et Oudinet eussent joué ensemble au jeu, appelle au plus prés du coustel. » (JJ. 145, p. 4M,
an. 1393.) (N. E.)
(5) « Un grand coustel à croiz resamblant à espée, lors que il n'estoit pas si très lonc. » (JJ. 90, p. 119, an. 1358.) (n. e.)
co
— 349 —
CO
vent ce mot dans les Etats de la chambre des
comptes, concernant les gages et fournitures que
doivent avoir divers ul'liciers du roi. « Ara en lu
« fourrière huicl coustées. » (Miraum. de la Clianc.
folio 14.) « Ara trois coustées et feurre à l'ave-
« nant. » (Ibid. fol. 5-i.) - Prendront en la fourrière
<• deux coustées et deux bottes de feurre. » (Ibid.
folio 1)0.) « Prendront chacun trois proveiides
« d'avoine, et trente deux deniers de gages, chacun
" pour leurs varlets, et pour touttes autres choses,
« fors que chacun aura trois coustées et feurre à
« l'avenant. » (Id. des Cours souver. p. 124. — Voy.
Coite ci-dessus ) (1)
Coustelesse. [Intercalez Coustelesse, coutelas
(JJ. îG-2, p. oOr», an. 1 i08j : « Lequel Benoit se mist
« à detTense à tout une grant cousleiesse qu'il
« portoit. »] (n. e.)
Coustelet, subst. masc Itiminutif de couteau.
Il partage les deux acceptions du mot dont il est
formé. (Voyez CorsTEAu ci-dessus.) (2)
V.\RIANTES :
COUSTELET, Coutelet.
CoUTELAiT. Ph. Mouskes, iMS. p. 537.
Coiisteleux, adj. Garni d'uu couteau. (Dict. de
Cotgrave. )
Coiistelier, adj. De couteau. On a dit en ce
sens, lame coustelière.
Coustement. [Intercalez Coustemenl, tout ce
qui est nécessaire à une exploitation, dans une
pièce de 1203: » Si promet que je ledit molin de
« touz coustemenz ferai apareillier. »] (n. e.)
Coustepointe. [Intercalez Coustepointe, sorte
de torture (JJ. lit», p. 124, an. 1381): .' Jehanne
<' Dupont... après ce qu'elle ot une fois esté mise
" en la gehyiie en la coustepointe seulement, ..
« confessa ledit larrecin. — Après ledit (kiilhiume
« la fist mettre en la coustepointe, et pour lui faire
« paour, list apporter du feu et tist semblant de lui
» mettre soubz les pies , mais point n'y fust
« mis. »] (N. E.)
Coustepointier, subst. masc. Tapissier. On
lit, dans un compte cité par Du Gange, Gl. lat. au
mot.S'/t'toI : " Pour deniers payez aux vallelscous-
« tepolntiers qui tirent et tendirent au commande-
« ment du roy les encourlinements mis et tendus à
" S. Ouin en la noble maison, [lour cause de la
« teste de l'esloille, faite illec ou mois de janvier
« l'an 1351. »
Couster, verbe. On a dit, en termes de procé-
dure, couster à droit, pour ester à droit. « Il
« vouloit le conlraiiidre, sur la matière de son
« divorce, ou d'aller en personne à Romme, ou d'y
" envoyer homme avecques procuration expresse
" pour couster à droict. « (Mémoires de Du Bellay,
liv. IV, fol. 99.)
Gousterie, suvsl. fcm. L'art de faire des lits,
des matelas. Du mot couste, lit, matelas. (Ordonn.
t. IV, p. 13G (3). — Voyez CousTiEn ci-après.)
Cousteur. [Intercalez Cousteur, contre, sa-
cristain d'une église: « Il avoit la garde des
« aournemens et autres choses d'une chapelle. >•
(Reg. du Trésor des Chartes à l'an. 1317, page 122.)
'< Inconlin.int sordit langaige entre Jehan 5Jelet et
« le suppliant touchant le fait de la cousturerie de
« l'église dudil lieu de Cistot. A quoy le suppliant
« dist: Jehan, vous fustes autrelîois cousteur de
« l'église de ceste parroisse, et vous vy venir servir
« à l'autel le prestr,', nulz piez et nues jambes. »
(.IJ. 200, p. 20, an. 1407.)] (n. e.)
Colistier (4), subst. masc. Matelassier. Qui fait
des matelas, du mot couste. C'est ainsi que l'explique
rédileur des Ordonnances, dans un règlement pour
les colistiers de Paris, en 1372. (Vovez Ordonn.
t. V, p. 547.)
Coustille, subst. fém. Sorte d'arme offensive.
G'étoituue épée dont quelques soldais françois se
servoienl au xv siècle. Elle ne diîïéroil de celle
que l'on iijjpeloit couteau que parce qu'elle étoit
plus longue et beaucoup plus menue. (Dict. univ.)
variantes (5) :
COUSTILLE. Du Cange, G. L. au mot Cidlellu^.
CousTiLE. Dict. de Corneille.
CouTiLLE. Hist. de B. du Guescl. par lîén. p. 237.
1. Goustiller, subst. masc. Ecuyer*. Espèce de
soldat ^. On peut attribuer la variété des orthogra-
phes de ce mot à la dilTérence de ses élymologies.
(Voyez, sur son origine, le Dict. de Robert Estienne;
l'éditeur d'Al, Charlier, Ilist. de Charl. VII, p. 206 ;
et Mil. fr. du P. Daniel, 1. 1, p. 2!2.)
* Au premier sens, si l'on fait venir cousliller de
couste, côlé, sa signification propre se:a qui est à
côté, qui marche à côté, d'où l'on auroit pu dire le
cousletier de Jupiter, pour désigner l'aigle qui
l'accompagne. On trouve eouslilliers et valets de
gens d'armes, dans l'ilist de la Popelinièi^e (tome 1,
liv. I, fol. 30.) Ces gens d'armes s'appeloieut aussi
lances ou lances fournies. Lors de leur institution,
on leur donna à cliacun un coustiller armé et à
cheval. (Voyez une Ordonnance de Charles VU, en
1444, citée dans les Mém. d'Ol. de la Marche, liv. I,
p. 240 ; Du Gange, G. L. au moi cultellarii. ; Laur.
Gloss. du Dr. fr. ; r'auchet, des Orig. liv. II, p. ll.-i,
etc., etc.) On pourroit aussi faire venir cous<i//tT du
mot coustille, sorte d'épée à l'usage des écuyers ;
et Du Cange, qui explique cultellarii dans ce sens.
favorise celle étymologie ; mais il est vrai de dire
qu'elle n'est pas plus naturelle en ce sens que la
première.
(1) Voyez aussi Couste. (n. e.)
(2) « Le suppliant frappa iceUui Jaquet d'un pel'd coustelet pavle coul auprès de la gaviete. » (JJ. 167, p. SOS, an. 1413.) (n. e.)
(3) « Les coustiers et coustieres de la ville de Paris nous ont fait raonstrer... que les droiz, libertez et franchises de leur
mest'.er de cousterie. » (N. E.)
(4) Voyez Cou^ticiers. (N. E.)
(5) Voyez aussi Froiss., X, 171. « Garni et prémuni... d'une grani coM(iHe ou miséricorde. » (JJ. 108, p. 288, an. 1375.) (n. e.)
co
— 350
CO
^ Au contraire, dans la signification de soldat,
couslillcr se forme de coitstille, et signifie propre-
ment armé d'une coustille. (Voyez le P. Daniel,
t. Il, p. \-2Ti.] 11 paroil, par le pnssage suivant, que
les coHstillers éloieul niieespèce de ti'oupes légères :
" Envoya le capilainc de Crathor, avec cinquante
» lances, droit à Crallior, devant grand foison de
« tous/;7/ers, et gens desarmez pour descouvrir le
« pais. •' (Le Jouvencel, ms. p. 346.)
VAKIANTKS :
COUSTILLER. Le .Touvencel, MS. p. il.
COUSTILIER, COUSTILLIER.
CousTELLiEn. Hist. de la Popel, t. I, liv. I, f" 30, R".
Coutelier, Coutiller, Coustilleur.
coustilleux, coustrili.eu.x.
2. Coustiller, verbe. Combattre avec la cous-
tille. (Dict. d'Oudin.)
Coustioné, parlic. Cautionné. « Il ne pourroil
« emprisonner les bourgeois d'icelle ville, pour ce
<■ que d'eux mesme, et par la fr.-incbise du dit bour-
« gaae ils seront comlioné. » (Coul. de Pernes,
Nouv. Coût. Gén. 1. 1, p. 387.)
Coiistiver. [Intercalez Coustiver, cultiver, au
reg. .1.1. 50, p. 35, an. 1309: « Lequel bois avoit
« esté planté etcouslivé. « On trouve aussi coutiver
dans une pièce de 1285 (Du Gange , Il , 095 ,
col. 2.)] (n. e.)
Goustoii, subst. masc. Terme de marine. Ce
sont des morceaux de bois qu'on attache (1) aux an-
tennes d'un navire, pour empêcher que l'éclat ne se
fasse plus grand. (Oudin , Dictionnaire ital. au
mot Lampaze.)
Coustoiiné, adj. Terme de marine. Du mot
CoisTON ci-dessus.
1. Coustre, subst. mflsc. Bedeau (2). On pourroit
expliquer par ce nom les mois eiistos et citstos
altaris, du Gl. lat. de Du Gange. Ménage, dans son
Dictionn. étymologique, le rend par clerc de paroisse,
sacristain. On appelle encore en Normandie coîf^res,
les bedeaux de paroisses. « Il ne vonluljamais payer
« à ceux qui avoient enterré sa femme, et quand le
« curé, ies coultres et le fosseyeur luy deman-
« doient de l'argent pour l'enterrage, il lèurdisoit,
« en se fâchant, voulez-vous avoir le corps et les
" biens. » (Bouchet, Serées, liv. III, p. 182.)
0 collèges, chanoines et curez
Moines, prieurs, abbesses et abbez
Tous mendiens, charlroux et celestins
Coulres, patrons es villes et citez, etc.
Eusl. Descli. Pot's. MSS. fol. 33, col. i.
Nous trouvons les mots de coustres, coustres et
marguilliers, répétés souvent comme des qualifica-
tions, à la suite des noms de plusieurs particuliers,
dans la Coût, de Vermandois. (Coutumier Général,
1. 1, p. 555.)
VARI.4NTF.S :
COUSTRE. Coût, de Vermandois, Coût. Gén. t. I, p. 555.
Cori.Tiu;. lioucbet, Serées, liv. III, p. 182.
CdUïUK. Eust. Desch. Poes. MSS. f^ 333.
2. Coustre (a). 11 faut lire acoustré en un seul
mol, dans le Ilecueil des statuts de la Bazoche,
page 10.
Coustreinent, subst. masc. Ce mot n'est peut-
être (|u'une faute pour coustement. frais faits pour
l'amélioration d'une terre. Voici le passage :
« Sauves nos honors, et porchaceron que tous les
" coustreiueiis que vous avés mis en la terre dont
« le roi mesiaus vous misl Barut en. gages, que
« vous le raurés. » (Cout. de G. de Tyr, Martène,
t. V, col. 595.)
Coustrets, s;//;s/. masc. plur. Cotterets (3).
(Rabel. tome I, p. 2.)
Coustumable. [Intercalez CoustumnbW , sa-
vant dans les coutumes : " Comme Ilennequin
« deust estre seigneur propriétaire et à bon filtre
« de certaine terre tenue en fief de feu Pierre frère
« .leban, advocat en court laye et homme coustu-
« mable... » (.IJ. 152, p. 298, an. 1397.) (n. k.)
Coiistumance , subst. fém. Contumace. Le
pape releva les sujets de l'empereur Frédéric « du
i> serment de fidélité pour ce que la peine doit
« croistre selon ce que la coustuviance croît. »
(Chron. S. Denis, t. Il, fol. 33.) On lit, dans Rigord,
crescente contumaciâ.
Coiisîume, subst. fém. Coutume *. Redevance
seigiiei;riale ^. Aide, impôt '^(4). Ce mot, qui dansS.
Bernard, répond au latin consuetudo, subsiste sous
les trois acceptions que nous venons d'indiquer. Il
est employé comme masculin, le costume, dans Du
Chesne, Gén. de Guines, p. 290 et 291, titre de
126i. Il se dit encore d'une suite d'actions qui,
répétées souvent, donnent l'habitude de les faire ;
mais il nous fournit, en ce sens, quelques anciens
proverbes que nous rapporterons li la fin de
l'iirlicle.
* Comme le mot coutume signifie proprement
l'usage de faire une chose, de là l'application parti-
culièrede cette signification aux usages ayant acquis
force de loi. « A ce qui a esté gardé d'ancienneté,
" loué des princes, et gardé du peuple qui divise
« (partage, distribue) à qui chascune chose doibt
« estre et ce qui appartient à chascun. » (Ane. Cout.
de Norm. fol. 21.)
On distinguoit autrefois la coutume privée de la
coutume notoire. (Grand Cout. de Fr. p. 103 ; ibid.
Notes, p. lOi. — Bout. Soin. Rur. p. 5 et 6.)
On trouve aussi, dans Beaumanoir, p. 122 : « La
« dilférence qui est entre coustume et usage ; si est
« que toutes coustumes si sont à tenir; mes il y a
« de tex (tels) usage que, qui vourroit plaidier
(1) Cette attac':e est faite de cousions, filaments courts qui restent après que l'on a passé le chanvre écru. (n. e.)
<2) Voyez Cotisteur, Custre. (N. E.)
(.3) Voyez Cosleret. (N. E.)
(4) Coiiatitme signifie encore corporation : « Oyé la complainte qui nous a esté fait par la coustume des tisserans de la
ville de Moustierviller. » (JJ. 74, p. 60, an. 1343.) (n. e.)
co
351 -
CO
•■ encontre, et mener dusques (jusqu'au) au juge-
» ment, l'usage si seroit de nule valeur. »
^Dans le sens de redevance seigneuriale, c'étoil
l'usage de percevoir îi droit de llêfune espèce de
péage sur les marchandises. Ce droit s'appeloit la
grande et petite coutume. « Les prévôtés, ou gran-
« descouslumes " éloient les redevances féodales
les plus considérables. Suivant la Coût. d'Anjou,
« s'aucun seigneur prenoil droit de prevoslé, ou
« grand couslume il n'avoitla petite. » (Coul. Gén.
t. Il, p. 6-2. — Voy DuCange, Gloss. lat. au motPra'-
positi, col. 7(j5.) On percevoit la petite coutume (1)
ou levage sur la venle des denrées et des bêtes,
dans l'étendue du lief même ; elle comprenoit même
les droits de bannalité du four et du moulin. (Coût.
d'Anjou, au Coût. Gén. l. II, p. 02.)
On disoit aussi Irespas ou couslume pour signifier
un droit qui se payoit pour le passage sur la terre
d'un seigneur. fContes d'Eutrapel, p. 482.) Dans le
dénombrement de la terre de Montmort, ms. en 139(),
il est fait mention d'un droit appelé couslume de
Noël,i\ù h la seigneurie de Montmor. Cette dénomi-
nation vient sans doute de ce qu'il se payoil au
terme de Noël [2.)
On appeloil tenir un héritage en coutume,
c'esl-à-dire à charge d'un droit approchant du
bourdelage, suivant le Gloss. des Coul. de lîeauvoi-
sis. (Voyez La Tbaum. Coût, de Berry, p. 222.) (3)
'^Eadn eouluvie a signifié aide, impôt perçu au
profit du roi. S' Louis, dans une ordonnance rap-
portée par Joinville, s'exprime en ces termes :
« A'ous ne voulons qu'il soit levé aucunes exactions
« tailles, ne couslunies nouvelles. » (Joinville,
page 123.) Le même auteur, parlant de ce prince,
page 124, dit « qu'il flst abolir toutes mauvaises
>> coustumes dont le povre peuple étoit grevé
« auparavant. »
Le droit de liallebie sur le poisson de mer est
appelé couslume dans une ordonnance de 1325.
(T. I, des Ord. p. 792.)
Ce mot est encore employé pour le droit levé au
profit du roi sur les marchandises, dans l'Ane. Coût.
d'Orléans, à la suite de Beaum. p. 471. (Voy. Bout.
Som. Rur. p. 404.)
On m maies costumes (4) pour impositions abu-
sives, injustes. (Perard, Ilist. de Bourg, page 486,
titre de 1257.)
Couslume auroit aussi signifié une espèce de
maladie s'il ne falloit pas lire poslume dans ces
vers :
AmoiToydes, aguillons
Couslume et fièvre quartaine...
Vous doint Dieux et sanglante estraine.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 211, col. 1.
PROVERBES :
i" On disoit ai'02?' la couslume au vaincu, pour
être condamné, ayant droit de se plaindre, propre-
ment être battu et payer l'amende, par allusion à
un ancien usage établi, suivant lequel le pleige
d'un combattant en gage de bataille, s'il étoit vaincu,
payoit une amende.
Il ot la couslume au vaincu
Qui son baston et son escu
.Jeté enmi le cliamp por peur.
Fahl. MSS. du R. n" 721S, fol. 77, R° col. 1.
2° Couslume rend maislre, et devient nature.
(Le Jouvencel, fol. 79.)
3° u Qui croiroit combien est grande et impe-
" rieuse l'authorité de la couslume qui la dit estre
« une autre nature ne l'a pas assez exprimé ; car
.' elle fait plus que nature, elle combat nature. »
(Sag. de Cbarr. page 336.)
4° Gasteau et mauvaise coustume se doivent
rompre. Proverbe Bouriiuignon, dans S. Julien,
Mesl. Histor. p. 194. (Voy. Dict. de Colgr.)
5° Usaige fait la couslume.
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 560, col. 1.
VARIANTES :
COUSTUME. La Thaumass. Coût. d'Orl. p. 465.
Costume. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 23.
Coustumé, adj. Ordinaire (5).
Coustuiiiéement, adv. Ordinairement, habi-
tuellement. « Entra leans le coulomb qui en son
» bec uug enconsier d'or, et il se lança en la cham-
« bre où il eiitroil coustuméement (6). « (Lanc. du
Lac, l. m, fol. 21.)
Coustumemeiit , subsl. masc. Habitude.
« Examinons donc la seconde condicion que Tulles
" me\,î\u"\\i\\i\)iè\\e coustumement [1). C'est assavoir
« qui sont ils et quels sont ils (jui se consentent à
« ce conseil, et à ta voulenté, et te conseillent à
(1) « Donnons et octroions... les deux deniers oboles nègres, appelés la co»s(»»)ie de Roian , qui est une partie de la
petile couslumii cuyilie et levée... dedens le chastel de l'Onibriere de Bourdeaux sur chascun tonneau de vin. » (Ch. de 1452,
Du Cange, 11, 359, col. 1.) (n. e.)
(2) « Livra dampt Kegnier le Cal procureur à .Jacques le Waite le couslume le comte à goir depuis la nuit de le S. Mathieu
vespres sonnant, jusques à la nuit monsieur S. Fremin ensuivant vespres sonnant. » (Ch. de Corbie, an. 1423.) (N. E.)
(3) On disait aussi crier cousnone, pour réclamer une dette : « Icelle femme dist au suppliant qu'il alast crier coustume
sur Godefroy Baudement chaussetier, qui là estoit, pour un denier ou autre chose que ledit Godefroy devoit à laditte
femme. A quoy le suppliant obtempéra,... et de fait le voult exécuter pour l'amende de la dilte couslume, qui estoit d'une
pinte de vin, » (,J,I. 106, p. 250, an. 1412.) (N. E.)
(4) 11 y avait aussi de fausses coutumes (Beaumanoir, ch. XXV) : « Bien puet chelui qui tient en baronnie donner une
fausse couslume un an ou deux ou trois, selonc che que mestiers en est, por amender et pour faire bons les chemins qui
sont convenables à le communeté dou pais et aus marchissans estrangers. Mes à tousjours ne puet il establir tele costume
nouvele ; se che n'est par l'octroi dou roy. » On lit dans CuveUer : « Toute fausse couslume vous sera abaissée. » (n. e.)
(5) On lit dans un bestiaire (Du Cange, 'il, 557, col. 3) ; « Tousjours est par couslumeiuenl En une place solement. » (n. e.)
(6) « Et est assavoir que ceuls qui par plusieurs fois et coustuméement y ont esté, perdront tous leurs muebles. » (Reg.
de la Ch. des Comptes, Du Cange, II, 5.57, col. 2.) (N. E.)
(7) « Icelkii suppliant ne forga, ne ne fist forgier monnoye, qui onques fust couslumée. » (JJ. 146, p. 185, an. 1394.) Dans
Froissart, il sisnilie expert en : « Chil Alement estoient droite gens d'armes et bien usé et coustumé de tels besongnes. »
(III, 254.) (N. E.)
co
352
CO
« faii'e iiueiTe. » fLe Cbev. de la Tour, înstr. à ses
niles, fol. 78.)
Coustiimeuçou, ,s;//^s/. fém. Coutume. On lit,
en parlant d'un faucon qu'on veut dresser :
En faisoil la cciishiinetiçon
Et le manger saigement, etc.
Gacc de la Bicnc. des Déduits, MS. fol. 89, V'.
• Coiistuiner. ^Intercalez se coustumer, payer
les droits, dans Froissart, V, -l'il : » Et se venroient
« ces tnùs marceandises coustumer à Calais et
« feroient Iti le quai et le havane. >>] (n. e.)
Coiistuinerie , siibst. fém. Terme de cou-
tume ;î). C'est le lieu où l'on exige le péage. (Laur.
Gloss. du Droit fr.) » Si aucun marchant, ou autre
« trespasse aucun péage sans acquitter, et il retourne
<■ pai' la coustuDwrie i|u'il a trespassée, le seigneur
" d'icelle le peut contraindre à payer soixante sols
« tournois d'amende, et la conslume. » (Coût, du
Mayne, Coût. Cén. t. il, p. VIA.) On Vii coustiimicre
dans la Coût. d'Anjou (Ibid. page (i7>) et à la marge
coustumière, c'est-à-dire péagière ou prcvosté.
VAin.V.NTF.S:
COUSTUMEHIE. Coût. (lén. t. II, p. 1-23.
Coustumière. Ibid. p. U.j.
CoustiimiauY , subst. masc. Tyran. Ce mot
s'est dit proprement d'un prince qui vexe ses sujets
pour les coustumes on impôts dont il les surcharge.
Un ancien poëte, parlant de Jiomitien, s'exprime
ainsi :
Grans griefs a fait et trop de maulx,
Parjures est, et coustumaux :
N'est pas noz sires natureu.x
Ains règne comme adventurevix.
Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 391.
VARIANTES :
COUSTUMIAUX.
CousTUMAU.x. Hist. des Trois Maries, MS. p. 391.
Coustumier, subst. masc. et adj. Celui qui a
coutume*. Qui doit la coutume^. Qui sait la cou-
tume'^.
* Le premier sens est le sens propre ('2). (Voyez le
Dict. d'Oudin, le Gloss. de Marol, et celui de l'Hist.
de Paris.) On disoil autrefois bon coîistumicr, dans
la signification de notre expression figurée vieux
routier.
Le sage liraconnier
Doit savoir con bon costuinier
S'il a chien qui se prenne garde
Du change, etc.
Font. Guér. Très, de Ven. MS. p. i'i.
^CojfS^H/HÉ' a signifié péage, redevance seigneu-
riale, e!c. De l;"i, coustumier s'est dit pour vassal,
sujet à ces droils. Ce mot signifioii en général serf,
non noble, le mémeiiue cottier ou borne de poesté.
Bouteiller, usantdu terme lioinmes de poesté. ajoute
qu'on les " appelle au pays de là coustumiers. «
(Som. Rur. p. 460.) Comme l'auteur a écrit au delà
de la Somme, il sembleroit que bomme de poesté
auroit été un mot particulier à ce pays, et celui de
coii.stumier (3) au pays d'en deçà la Somme.
Quelquefois ce molétoit adjectif, comme dans ce
passage : « Bourse, femme, fille, personne coustu-
» mière. aides coustumiers, emendes coustu-
•' mieves. ■• (Voy. Laur. Gloss. du Dr. fr. et le Gloss.
sur les Cont. de Beauvoisis.; (4)
'^ Enfin coustumier signifioit jurisconsulte versé
dans la i'oniioissance des coutumes (5). " xN'ul ne soit
" receu à jurer l'assise s'il n'est suffisant coustu-
« mier, ou licencié en l'un des droiz civilz, ou
u canons. •> (Ord. des ducs de Bref. fol. ±1'2.) « A la
•' mort de la royne de Tsavarre, sœur germaine du
« roy de France murinurations s'élevèrent
« entre les sages et coustumiers de la comté
" d'Evreux qui sied en Normandie, etc. » (Froiss.
liv. II. p. 18.) (6)
Il semble que les avocats et coustumiers soient
distingués dans une Ordonn. des ducs de Bret.
folio 'il. 5.
VARIANTES :
COI^STUMIER. Fabl. MSS du R. n° 7218, fol. 116, V» col. 1.
Costumier. Font. Guer. Très, de Vénerie, p. 13.
t'oustiimièrement , adv. Habituellement*.
Rolurièi'ement ^. ;,
* l.e i)ieinier sens est le sens propre (7). (Voy. Dict.
de Monet, l'Amant ressusc. p. 49.)
^Au figuré, ce mot signifioit roturièrement, par
opposition à noblement. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
Cousturage, subst. masc. Métier de tailleur.
(Contes de Des Perr. t. II, p. 92. — Voyez Cousturier
ci-après.)
Cousture, subst. fém. Couture*. Terme de
blason''. Culture'^. Champ cullivé".
* Ce mol subsiste au premier sens, sous la seconde
orthographe (8). 11 signifioit autrefois, comme au-
jourd'liui, les cicatrices que les plaies laissent sur la
peau. On a dit figurémenl dans ces vers :
Espurge moi, si que n'i père
Ne la plaie ne la coiisliire.
Fahl. MSS. du R. n' "SIS. fol. 186, R* col. 2.
Nous disons aujourd'hui sutu;e du front, au lieu
de costure que l'on trouve dans le passage suivant :
(1> Coustumerip, comme costumai, signifie encore impôt : « Le suppliant pour aider à Jean Ermenier à cuillir et lever
certaine couf:t}nnfvie.... laquelle icellui Ermenier tient a ferme. » (,T.I. 105, p. 1145, an. 1474.) (N. E.)
(2) L'habitude fait l'habileté : « Encore fu il ordonné que tout seigneur mesissent cure de estruire et aprendre leurs
enfans la langhe françoise, par quoy il fussent plus able et plus couslumier en leurs gherres. » (Froissart, II, 419.) (N. E.)
(3) « Se gentis femme prent home vilain cuiistumier. » (Establ. de S' Louis.) — « Lesquelz pillarts prenoient femmes par
force, tant nobles que coustutnievcs. » (JJ. 168, p. 327, an. 1415.) (n. e.)
(4) C'est aussi le collecteur de coutumes. (Voyez Ord., V, p. 318, an. 1343 ) (N. e.)
(5) C'est aussi celui qui garde les statuts et coutumes d'une corporation. Voyez les statuts des talem-^liers de l'an 1300
(Du Cange, II, 558, col. 1). (N. e.)
(6) Edition Kervyn, IX, 4o. Voyez encore t. II, p. 104. (N. e.)
(7) « Il se levé par chascun jour coulnmierement moult matin. » (Bouciq., IV. 11.) (x. e.)
(S) On appelait aussi cotis(ures les joints des bordages : « L'une nef à l'autr.^ hurter, Et mats cheoir et traverser, Covslure
froissier et bois fendre ; Port ne rive ne puent prendre. » (Roman du Brut, p. 33.) (N. e.)
co
— 353 —
CO
Il l'asene hait h mont
Parmi la custiire du front.
Parton. de Blois. MS. de S. G. fol. 1G3. V- cul. 2.
° Comme terme de blason, coi/s/?/7'^ est opposé à
bateure; vraisemblablement, on entendoit par escu
de consture, les armoiries qui étoient cousues et
non appliquées. « Vouit (voulut) el ordonna avoir,
« le jour de son dit grand obseque, quaire cbevaux,
« dont les deux seront couverts, c'est assavoir un
« pour la guerre couvert, et dessus un escuyer
« armé à cotte d'armes du dit testateur, el l'escu de
« eousturc. Item l'autre cheval, et un autre homme
« dessus par semblable manière, pour le tournoy,
» et la cotte, et tout de batcitrc les selles des
« dits deux chevaux, l'une sera pour la guerre
« armoyée de 6'oi/s<H7'e; et l'autre pour le tournoy
ce armée de bateure ; et porteront les dits deux
« genlilshommes chacun une bannière, c'est à sca-
« voir, celuy à la selle de guerre, la bannière de
" guerre de consture, et celuy de à la selle de tour-
« noy, la bannière de tournoy de bateure ; et
« seront les dites bannières, c'est assavoir celle de
« la guerre de consture, et celle du tournoy de
« bateure, comme dit est. » (Godefroy, Annot. sur
Charles VI, p. 735.) On trouve dans un inventaire
d'armures, cité par Du Cange, Glossaire lat. au mot
Armatura : « 18 banieres batues des armes de
« France et de Navarre, et 4 de couture. »
"^ Ce mot s'employoit aussi pour culture ; alors il
vient du latin cultura, etc. (Voy. Du Gange, Gl. lat.
aux mois Cordura, Costura et Cultura, les Dict. de
Borel el de Nicot.)
°De là, couture s'est pris pour champ cultivé,
champ propre à recevoir la culture. Couture de
terre pour pièce de terre, dans Beauman. p. 42.
N'i a beuf, ne charue, ne villain en arée
Ne vigne provignie, ne coulure semée.
Rom. de Koii, MS. p. 37.
C'est dans cette même signification qu'on dit
encore à Pai-is la culture S" Catherine (1).
VARIANTES :
COUSÏURE. Fabl. MSS. du R. n" 7218, f» 186, R° col. 2.
Couture. Orth. subsistante.
COULTURE.
CosTURE. Part, de Bl. MS. de S, G. î« 163, V» col. 3.
CusTURE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 372.
Cousturerie. [Intercalez Cousturerie et voyez
COUSTEUR.] (n. e.)
Coiisturier, S!/?*sL masc. Tailleur*. Joueur de
flûte^. Ecuyer, page*^.
* On dit encore quelquefois couturier, au pre-
mier sens, mais il n'est plus guères d'usage qu'en
parlant des tailleurs de village et de ceux qui tra-
vaillent dans les villes sans être maîtres. Il sedisoit
autrefois des maîtres comme de ceux qui ne l'étoient
pas. (Voyez Rob. Estienne, Nicol, Monet et Ménage,
Dicl.) « Adonc Engioiz, par leur grant orgueil, et
« outrecuidance, se assirent dessus le pré en croi-
" sant leurs jambes l'une sur l'autre en guise de
» cousturier. » (Hist. de B. du Guesclin, par Mén.
p. r>28. — Voyez Du Cange, aux mots Cordurerius,
Costorarias, Coudureritis, Custurarius.)
° Contre, qu'on verra ci-après, a signifié ancienne-
ment une espèce de flûte, d'où cousturier pour
joueur de flûte. C'est en ce sens qu'on lit « mestier
« de cousturier et sonneur de flustes. » (Contes
d'Eutrapel, p. 469.)
^Cousturier semble aussi s'êlre pris pourécuyer,
page. Alors ce mol n'est qu'une variation de l'or-
thographe ('0)/s<î7/('r ci-dessus. On lit, au sujet du
roi lorsqu'il va en voyage :
Et petis cousturiers avant
Qui sont les movetes de la mer.
r.ontred. de Songecreux, fol. 110, R".
VARIANTES :
COUSTURIER. Nuits de Strapar. t. II, p. 421.
Couturier. Gouj. Bibl. Fr. t. XIV, p. 163.
Cousu, participe. Gravé*. Attaché °. Percé ^.
Ces diverses significations du mot cousu, pris au
figuré, ne sont plus d'usage. Nous allons citer des
exemples de la façon dont on les employoit
autrefois :
* On lit, au premier sens : « Seigneurs, j'ay une
« voulenté, et ung désir au cueur cousu (gravé dans
" mon cœur.) » (Percef. vol. I, fol. !)7.)
^ On disoit, au second sens : « Lettres cousues
« aux portes, » pour attachées, affichées. (Gloss.
de l'Hist. de Bref.)
De là, nous lisons : « Si apperceut que les deux
" premiers chevaliers esloient cousux- d'une lance
« sur leurs chevaulx, qui entroit en la poiclriiîe du
« cheval, el yssoit hors parmy le corps du cheva-
» lier en passant parmy l'archon de ]a seule
« devant. » (Percef. vol. VI, fol. 14.) ro!/s«, dans ce
passage, signifie attaché. Nous dirions aujourd'hui
cloué, pris également au figuré.
'^ Cousu signifie percé dans cet autre passage, où
on lit, au sujet de la bataille de Juberoth des Portu-
gais et de quelques Auglois, conire les Castillans et
quelques François : « Que ce qu'il y avoit d'archers
« d'Angleterre, tiroyent si roidement, et si tostque
« leurs chevaux en esloyent tous f(?((Si<s des sajettes
« et mehaignés (estropiés). » (Froissarl, livi'C III,
p. 58.) Nous dirions criblés de coups, expression
figurée correspondante qui a remplacé celle que
nous venons de citer.
On a dit aussi :
1° Cheval cousu, pour cheval effianqué. (Dictionn.
d'Oudin.) Expression figurée où le mot cousu est
pris dans le sens propre. Car on entend par cheval
cousu, un cheval dont les fiancs semblent se loucher
comme s'ils étoient cousus l'un à l'autre. Cousu
s'employoit encore, au même sens, en parlant des
chiens iiui ont la rage ef/lanchée. (Chasse, de Gast.
Phéb. MS. p. 97.)
2° De là , cette autre expression : habit cousu,
pour habit trop étroit. (Oudin, Dict. et Cur. fr.) Au
(1) On a aussi l'église de La Coulure au Mans ; ce nom se retrouve dans la Charente , le Loir-et-Cher, le Pas-de-Calais,
la Vendée ; la CoMhire-Boussey (Eure), la Coi((«)v-d'Argenson (Deux-Sévres). On l'emploie sous la forme Coutures, dans la
Dordogne, Gironde, Maine-et-Loire, Meurthe, Seine-et-Marne, Tarn-et-Garonne. (n. e.)
IV. 45
co
- 354 —
CO
reste, ces deux façons de parler ne se trouvent que
dans le Dicl. d'Oudin, qui a souvent recueilli des
locutions vicieuses et triviales.
VABIANTES :
cousu. Orthographe subsistante.
Cosu. Gloss. de l'Hi.st. de Paris.
Coiisiire, subst. fém. Couture. (Dictionnaire de
Robert Estienne.)
1 . Coiit, s!//)S^ Pierre à aiguiser. Ce motse trouve,
en ce sens, dans un fragment d'une pièce de vers
languedociens de la Croix de Realmont, cité au mot
Marelle, dans le Dict. de Borel, qui traduit coût par
qiiciLV, pierre à aiguiser. « Les faucheurs ont une
« grosse gaine de bois où ils mettent rafraîchir leur
« coiix. » (Moyen de parvenir, p. 7G.)
VARIANTES :
COUT. Borel, Dict.
Coux. Moyen de parvenir, p. 76.
Queux. Borel, Dict.
2. Coût. Il faut peut-être lire cour, dans le passage
suivant : » Vous qui entre lesgalans scavez mieux
" vostre coiit, j'ay pen,sé dire, comme nos docteurs
« votre entregènte. » (Moyen de parvenir, p. 17.)
Conta , verbe. Appuyer. Mot Languedocien.
(Dict. de Borel, au mot Co'bler.)
Coutage, subst. masc. Droit seigneurial. Ce
droit est en usage en Bretagne. (Voyez Morice, Ilist.
de Bref. Préf. p. 1.5.) (1)
Coutances, subst. Nom propre d'une ville de
Normandie. Ou disoit en proverbe :
1° Clesches (clefs) de Coutances (2). (Poës. mss.
avant 1300, t. IV, p. 1653.)
2° Li sorcuidié de Coutances, c'est-à-dire les
téméraires, les présomptueux de Coutances. (Poës.
MSS. avant 1300, t. IV, p. 1051.)
1 . Conte, subst. fém. Sorte de mesure. La même
que coubdée ci-dessus, pour coudée. » Les peiluis
« doivent avoir de large deux coûtes et quatre coules
« de bault. » (Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 304. "i
Ce mot a la même signification dans ce passage :
» Avons assigné à deliverer les eslendars (modèles
« de poids et mesures) à toutz ceux que aver les
o vodront, dount la livre peise xx. s. en deners
« countenauntz le aune, de deux coules espro-
« vées. » (Bintt. Loixd'Angi. f° 75.)
2. Conte. [Intercalez Coule: 1° Couve.iurc de
matelas : « Li contes de Flandre se bouta entre la
« coule et l'estrain de ce povre literon. » (Froiss.
X, 37.) A la page 30, on lit : « Une povre ceute de
« vièle toille enfumée. » 2° Le matelas ou la
couette: « Ce m'en suis bien aperceue, La coûte
« ne fut pas meue, La plume n'est pas remuée. »
(Du Gange, II, 639, col. 3.) 3° Sorte de prestation
tenant au droit de prise et de chevauchée. On lit
dans une charte de Corbie sur les droits de l'abbé :
1 Item pluisour de ledite ville li doivent coules ii
■' court, quand il en sont semons. " Dans une Ord.
de 1355 (III, p. 28), on lit encore: « Notre très
« chiere compaigne et nostredit filz allanz par
« chemin par nosire royaume, noz maistre d'oslel
« pour nous, pourront hors bonnes villes, faire
« prendre par la justice des liens, fourmes, tables,
» cousles, cousins, feurres, etc. »] (n. e.)
Couteau, subst. masc. Terme de fauconnerie.
Ce mot subsiste encore comme terme de fauconne-
rie, pour signilier la première penne des ailes aux
oiseaux de poing (3). Arteloque dit, eu parlant du
faucon, que le « hérissement des plumes sur le col
" et extrême débilitalion de couteaux, signifient
» grande et oulrageuse chaleur. « (Artel. l'aucon-
nerie, folio 93.)
Autrefois, couteau s'appliquoil, en ce sens, aux
oiseaux de basse-cour. « Item les chappons de
« herbegaigesont prisez les deux, pour un chappon
« de rente ; et doit avoir le chappon de rente cou-
« teaulx suffisans, el si n'estoit suffisans, on rabat
« chascunco;i/(YnKleux deniers tournois, si c'est des
« souverains (grands, supérieurs) couteaulx, el si
« c'est des petits, lors en rabat on pour\e couteau un
« denier tournois, el si le chappon avoit esté moins
« suffisant chapponné, on en rabat trois deniers
'< tournois. » (Bout. Som. Rur. p. 504.)
VARIANTES :
COUTEA.U. Bout. Som. Rur. p. 504.
CouTTEAU. FouiUoux, Fauconnerie, î" 74, V».
Couteeur. subst. masc. Peut-être faut-il lire
écouteur, le même que escoute ci-après, le garde
d'un champ clos. Voici le passage : ^' Se la querelle
« est à plus de cinq sols, et il ni ast que il ne se
« fust mis en la pleuvine (garentie), si comme il est
« dit dessus, li autres liporroitchaiangier (disputer,
« conlester) par un champde bataille cors à cors, ou
« par deus autres champions; et cil qui seroit vaincus,
« rendroit à l'autre ses coûts, que il auroit donnés
« i^i son champion, et au couteeurs du jour, et feroit
« ;i la justice soixante sols d'amende, se il esloit
» coutumiers. » (Ordonnances, 1. 1, p. 207. — Voyez
la noie (k) où l'éditeur semble l'avoir entendu diffé-
remment.)
Coutel, subst. wasc. Partie d'un habit religieux.
Peul-êlre la manche, comme semlile l'indiquer le
mol latin braeJiile (4), qui répond à ce mot dans la
Règle de S. Ben. lat. el fr. ms. deBeauvais, chap. 55.
On y lit: ■■ La cuUe, le cote, li cauchon .... licof//^/,
« les graifes, etc. » En latin : « Cuculla, tunica,
« pedules .... brachile, grajiliium. » On trouve
même dans ce mol brachile une raison pour croire
que coutel, en ce sens, pourroit s'êlre formé de
coûte, coude.
(1) Voyez Coustage. (n. e.)
(2) Leroux de Lincy (I, 341) imprime sec/ifis de Cous(a>!c"/iÊs et traduit seiches de Coutances; faisait-il de Coulantes un
port de mer voisin des pieuvres? (N. e.)
(3) On lit dans Renart-le-Nouvel (t. V, v. 1892) ; k Un tel cop que il li départ Jus les maistres coutiaus de l'ele. » (N. E.)
(4) Brachile signifie braies, (n. e.)
co
— 355 -
CO
Coiitelasse, subst. fém. Balafre (1). Proprement
coup de coutelas. (Dict. de Colgrave.) On a dit mer
grandes coutellades, pour frapper de grands coups
de coutelas , de sabre. ( Mémoires de Montluc ,
1. 1, page 224.)
VARIANTES :
COUTELASSE. Dict. de Corneille, au mot Couslile.
CouTELLADE. Mém. de Montluc, t. I, p. 224.
COUTILLADE, COUSTILLADE.
Coutelasser, verbe. Frapper du coutelas. (Dict.
d'Oudin et de Cotgrave.)
Contelé , adj. Qui est en forme de couteau (2).
(Dict. de Monet.)
Couteleiire , subst. fém. Coupure. Entaille
faite avec le couteau (3). (Dict. d'Oudin.)
Coutelier, subst. mase. Ce mot subsiste. On
distinguoit, autrefois, deux sortes de couteliers.
Ceux qu'on appeloit fevres couteliers fabriquoient
les lames des couteaux, et les couteliers, simplement
dits, faisoient les manches. (Voyez la Table des
Mestiers de Paris, ms. de Meiniere, p. 9.)
Coutelière, subst. fém. Gaîne, étui propre à
mettre un couteau (4). II semble que ce soit le sens
de ce mot dans ces vers :
Et soUers à noiaux
Et chauces, et housiaux (chausses et bottes)
Coutel et coutelière,
Courroie et aumonière.
Fabl. JISS. duR. n'7G15, t. II, fol. 213, R" col. 1,
Coutellé, adjectif. Garni de gousses.
Nous sommes légiers comme biclies,
Rebondis comme belles miches.
Et frayzés comme beaulx ongnons,
Aussi contenez comme chiches (5).
Dialog. de Malepayc, à la suite de Villon, p. 57.
Coutelo , subst. mase. Long couteau. Mot
languedocien. (Dict. de Borel, au mot Coustille.)
Coutement. [Intercalez Coutement, dépenses,
dans une cbarte de 1247 (Du Gange, II, 729, col. 3):
« Et se i le navre d'arme esmolue il paiera .lx.
« solz ; et au navré .xx. solz, et les coutemen% por
« la plaie garir. >■] (n. e.)
Couteus, adj. Goûteux *. Fàcbeux ^.
* On a dit au premier sens :
.... Si ne sui pas trop coustex.
Fabl. .MSS. du R. n- T218, fol. 2G8, V° col. 1.
C'est-à-dire je coûte peu à nourir. (Dictionnaire
de Colgrave. )
° Au figuré, ce mot signifioit fikheux, qui coûte
des peines, des chagrins :
Cil grieve cuer, cil dels costos (deuil fâcheux)
Est au Soudan si revelox (rebel)
Ne 1' lait (ne le laisse) dormir ne reposer.
Parton. de Bl. MSS. de S. G. fol 103. V'col. 2.
VARIANTES :
COUTEUS, CousTEUX.
CousTEx. Fabl. MSS. du R. n" 7218, f» 268, V» col. 1.
CosTO.s. Parton. de Bl. MS. de S. G. f« 163, V" col. 2.
Coûtez, subst. fém.plur. Caparaçons. Couver-
tures de chevaux. Coûtez (G) est une faute, il fautlire
coûtes, dans le passage suivant : « Partans de leurs
« hostelz à cheval, eulx , et leurs chevaulx houssez
« de coute:iel paremens de leurs armes, les visières
« baissées, les glayves es poings, les espées et
« dagues sainctos, etc. » (La Salade, f" 47.)
Coutial, subst. mase. Gaîne. Ce mot se trouve
en ce sens, dans une pièce de vers languedociens
de la Croix de Realmont, cité par Borel. (Dict. au
mot Marelle.)
Coutiaux, subst. mase. plur.
Routine avant (nombril avancé) et rains voutices
Que manche d'yvuire entaiUiés
A ces coutiaus a damoiselle.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 251, R- col. 2.
On lit, au même sens, dans cet autre passage :
A ces coutiaux a demiselles
Plate banque (hanche) et ronde ganhete.
Pocs. MSS. du Vatican, n» 1490, fol. 132 V.
VARIANTES :
COUTIAUX. Poës. MSS. Vat. n» 1490, f" 132, V".
Coutiaus. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 251, R» col. 2.
Coutille. [Intercalez foî<?/Z/c, comme coustille:
« Entre ces Englès avoit pillars et ribaus gallois et
« cornillois qui portoient grandes coutilles. »
(Froissart, V, 65) (n. e.)
Coutiller, subst. mase. Il est traduit, dans le
Gloss.duP. Labbe, p. 49 i, par le mot VAWnceparia.
Mais ce Glossaire est rempli de tant de fautes, qu'on
ne peut guère compter sur les mois qui y sont
rapportés, méconnoissables pour la plupart.
Coutinaut, suiist. mase. Beau. Mot du patois
toulousain. (Dict. de Borel.) Il pourroit être, en ce
sens, un diminutif de Gointe ci-dessus.
Coutivé, partie. Cultivé. C'est le sens propre.
De là, figurément, pour cultivé, révéré. « Coutivé
« et honoré pour angre. » (Chron. fr. Ms.de Nangis,
sous l'an 1236.) On lit, dans la Chronique latine :
" Pro angelo eolebatur. « Coutivé, qui se trouve
en ce sens dans le Rom. de Brut, ms. de M. de Bom-
barde, est remplacé par cultivé dans le ms. que nous
avons coutume de citer.
S'ert (aussi éloit) l'imaige bien cultivée.
Rom. de Brut. MS. fol. 5, V" col. 2.
Coutiver, verbe. Cultiver*. Honorer^.
* Sur le premier sens de cultiver, voyez Borel,
Dictionnaire.
Ronne est la terre à coutiver.
Rom. de Brut, fol. 6, R* col. l.
(1) Coutelasse signifie encore coutelas au reg. J.I. 164, p. 182, an. 1410 : « Icellui Relie s'efforça de prendre une coutelasse,
que le suppUant avoit pendue à sa sainture. » Dans .Tamin (p. 248) on Ut encore : « En tous endroits s'estend la dure
coulelace; Le fer n'épargne aucun, et les temples sacrés Sont enivrez du sang des hommes massacrés. » (N. E.)
(2) Ou endommagé par le couteau du raégissier. (n. e.)
(3) Dans le parchemin, (n. e.)
(4) « Le suppUant sacha de la coutelière dudit Hennequin un coutel. » (JJ. 95, p. 191, an. 1364.) (N. e.)
(5) Ayant des côtes comme les pois chiches. (n. e.)
(6) Z remplace souvent s à la fin des mots, comme signe de pluriel. (N". e.)
co
- 356 -
CO
° Nous disons encoie, au figuré, cultiver un ami.
Coutiver avoil à peu près celle siguificalion ; elle
éloit iikiséleudue. On le disoit pour honorer, rendre
un culte.
Diex ! comme est aperte folie,
En tel oeuvre mètre sa vie.
Et coutii'cr comme une image
Son cors.
Fabl. MSS. du R. n° 7218, fol. 125, R" col. 1.
VARIANTES (1) :
COUTIVER. Rom. de Brut, MS. fol. 6, R» col. 1.
COYTiVER. Rom. de Brut. Ibid.
Coutouffle. [Intercalez Coulouf/le, bouteille,
au reg. J.I. 131, p. 36, an. 1387^: « Ledit .Jaquel
« priiîl un coHio/(/'/;<?devoirre, ou il avoil du vin ;...
« et de fait en but. »] (n. e.)
Coiitoyer, verbe. Se carrer. Lisez contoyer. On
trouve coiitoijanl soy dans P. J. de Saintré, f" 656,
et l'éditeur l'explique par se carrer avec les coudes,
mais il faut lire contoyant soy, eiii\ors ce mot est le
verbe contoyer dont nous avons donné la significa-
tion à l'article Cointer (2).
\. Coutre, subst. masc. Soc de charrue*. Sorte
de flûte ^.
* Ce mot subsiste au premier sens ; il nous four-
nit cet ancien proverbe :
Peu vaut l'affairés sans le coiilre.
Ph. Mouskes. MS.p. "96.
C'esl-à-dire qu'une armée ne sert de rien si elle
n'est commandée par un bon général, comme la
charrue ne sert de rien sans le soc. Remarquez
aussi qu'il faut lire Varaires au lieu de Yaffaires.
'^Contre est mis pour flûte dans ce passage :
« Les premiers quarante ans de ce vieillard Macé
0 furent employez au meslier de cousturier, et
« sonneur de flusles qu'il appelloil un coutre ; sont
« ces flusles qu'on a fait à crouteles larges par le
« milieu et à deux accords. » (Contes d'Eutrap.
p. 469.)
2. Contre (se). [Intercalez se coutre , se
frapper, dans G. Guiart (II, v. 18545) :
Li garot empené d'airain,...
Quant entre Flament se vont contre.^ (n. e.)
Coiituiiiauce, subst. féni. Coutume. Loi d'un
pays. (Voy. Ord. t. I, p. 592.)
Coiiyade, subst. féin. Couvée*. Lieu de sûreté °.
*ColgTave et Rob Eslienne expliquent ce mol an
premier sens. C'estracceplion propre, empruntéedu
verbe couver pris dans le sens subsistant. Couvaye
s'est dit figurément dans le Moyen de Parven. p. 327.
^Couvade signifioit aussi lieu de sûreté, demeure
dans l'enceinte et couvert de son parc. Dictionn.
de Monet.) D'où vient l'expression faire couvude
pour » se tenir à couvert dans son parc, dans une
» asseurée retraite. » (Monet et Rob. Eslienne ,
Dict.) « Se cacher, se tenir aux aguets. » (Dict. de
Colgrave.) Proprement se baisser , s'accroupir ,
comme une poule qui couve, afin de voir ce qui se
passe, sans se hasarder. C'est l'explication naturelle
que semble indiquer Colgrave. Monet et Rob. Est.
paroissent faire venir couvade du verbe couver, qui
s'est dit autrefois pour couvrir, mettre à l'abri, à
couvert. (Voy. ci-dessus Cover.)
VARIANTES :
COUVADE. Dict. de Monet.
Couv.4^YE. Moyen de Parvenir, p. 327.
Couve cendre, subst. fém. Ce mot, composé
de cendre et du verbe couver, renferme une espèce
d'injure en parlant d'une femme qui, pour se garan-
tir du froid, a toujours du feu sous elle, qui reste
toujours auprès du feu sans rien faire (3). (Dictionn.
de Colgrave.)
Couvée, sh/>s/. fém. Ce mot subsiste; mais il
ne se dit plus figurément pour multitude, comme
dans ce passage : « 11 viendra d'estrange terre par
« mer une grande couvée de fortes el merveilleuses
« gens en la grant Brelaigne qui toute la terre met-
<i Ira en sa subgeclion. » (Percef. vol. V, fol. 97.)
Nous dirions aujourd'hui nuée dans le même sens.
Couveis, adjectif. Couvi. On trouve ués (œufs)
couvei:i en ce sens, dans le Rom. d'Audigier, ms. de
S. Germ. fol. 67.
Quant l'en un oef couveis prent,
Ne n'est pas couvez à son terme,
S'il est Ijrisiez, l'en voit le germe.
Fabl. .MSS. du R. n° 7218, fol. 359, \" col. 2.
Couveitise, subst. fém. Il faut lire cuvertise
qu'on verra ci-après. Le copiste du ms. de M. de
Bombarde, n'entendant pas ce mol, y a substitué
celui de cuveitise qui signifleroil convoitise, mais
qui n'entre pas dans le sens du texte. On lit cuver-
lie dans le ms. que nous avons coutume de citer.
Wortigen fu de grant faintise
Bien sot couvrir sa cuverlie.
Rom. doBiut, MS. fol. 51, R°.
Couvement, subst. masc. L'action de couver.
(Colgrave, Oudin et Rob. Eslienne, Dict.)
Couven, subst. masc. Sorte de boisson. Dans le
Dauphiné, on appelle coHi'e» ou fo«y/n cette boisson
que nous nommons piquette.
VARIANTES :
COUVEN, Couvix. Ord. des R. de Fr. t. III, p. 275.
Couvenaus, subst. masc. plur. On a dit en
parlant de la femme :
Famé est enfer qui tout reçoit,
Toz dis a soif et loz (tousjours) dis bois;
Famé a non treize convenons,
Famé fet fére les meslées.
Et trere coutiaus et espées.
Falil. MSS. du R. n- 7218, fol. 193, R" col. 1.
1 . Couvent, adverbe. Souvent. Nos . anciens
auteurs ont souvent employé le c pour s.
Loiautés et droiture
Vont couvent à malaventure.
Et fausetés et decevance
Portent escu et hiaiuine et lance.
Ph. Mouskes, MS.p. 0.
(1) Voyez Coiliver et Coustiver. (N. E.)
(2) T. IV,p. 9-2, col. I. (N. E.)
(3) .\ussi disait-on ; Au chat cendreux jamais ne tombe rien en gueule, (n. e.)
co
357
CO
2. Couvent, subst. musc. Un homme, sachant
que des voleurs ont aperçu son cochon, ajoute :
Veu m'on souvent,
Li bacons a fait son couvent.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 52, V col. 3.
Couventure, subst. fém. Prétexte. Peut-être
est-ce une faute pour couverture, qui a eu celte
signification : ■• Prend cliascun s'excusation el
« couventure que c'est pour cause du dit affoibli-
« ment que telz chiertez outrageusesel inraisonna-
« blés sont. » (Ord. t. Il, p. 5(50.)
Convenue, subst. fé))i. Résolution. Il semble
que ce soit le sens de ce mot dans ce passage où il
s'agit de S" Marie Egyptienne (|ui, pressée parle
désir du repentir, demande à la Sainte Vierge,
devant l'image de laquelle elle est pi'osternée, la
grâce de sa conversion :
Devant l'ymage est revenue
Derechisl dist sa. convenue.
Comment ele se contendra.
Si demande que devendra.
Fabl. MSS. du R. n' "-218. fol. 31S, R' col. 2.
Couver, verbe. Couver comme les poules* (1).
Croupir^.
* Ce mot se dit encore en parlant des oiseaux ;
on Fappliquoit autrefois à touies sortes de bêtes,
qui couchent(2) avec leurs pclils pour les échauffer.
Du Fouilloux prétend que la femelle du chevreuil
vafaonner loin du mâle, « carie inasle tueroit le
« faon, s'il le couvolt. » (Vénerie, fol. 1)9.)
On lit aussi que •• les lorlues et les auliiiclies
« couvent leurs œufs de la seule vue. » (Monl. F.ss.
1. 1, p 13i.) De là vient vraisemblablement noLrr ex-
pression couver des yeux. On disoil proverbialement
d'un homme mal né, d'une origine tlétrie et désho-
norée, qu'il étoil couvé de iiiauvnise pie. (D" de Colg.)
^ Couver est mis pour croupir dans ce vers :
Qui te retient, disoy je, ainsy lard endormie?
Tu ne dois si longtemps en paresse couver ;
La femme d'un vieillard matin se doit lever.
Œuv. de Des Perr. p. 324.
La signification de ce mot est obscure dans ce
passage :
Por pape, ainsinc convint couver
Toute S" Yglise à meschiet.
Hisl. de Fr. ù la suite du Rom. de Faiivel, fol. li.
Couvercean, subst. masc. Couvercle, couver-
ture. (Voyez le Dict. de Borel et Du Gange, au mot
Cubrecellum.) Coquillart, comparant l'amour au
laboratoire d'un apothicaire, s'exprime ainsi :
Le mortier, c'est je veux complaire;
Le pillon, c'est vous n'aurez rien.
Le couverceau, vous me faschez,
La fiole, vous me plaisez.
Coquillart, p. 51.
On lit couvrechel d'une bière ou d'un coffre, dans
rilist. des Trois Maries en vers, ms. p. 443.
Leur lit, leur habitacion
Estoit soubz arbres, ly raimsel (rameaux)
Fut leur toit et couversel.
Eust. Descli. Poès. MSS. fol. 387, col. 3 et 4.
VARIANTES :
COUVERCEAU. Coquillart, p. 51.
Couversel. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 387, col. 3 et 4.
Couvrechel. Hist. des Trois Maries en vers, MS. p. 443.
Couvereau, subst. masc. Espèce d'alose. (Dict.
d'Oudin.)
Couveresse, adj. au fém. Qui couve. Poule
cotiveresse se disoit pour la poule qui couve. (Dict.
de Cotgrave.)
1 . Couvert, subst. masc. Lieu couvert de bois *.
Abri ^. Prétexte '^. Droit des princes °.
*En termes de vénerie, couvert se dit pour
exprimer un lieu couvert de bois et par opposition
à rase campagne. C'est en ce sens qu'on lit : <> Pour
<■ les besles mordanz la fosse doit estre au couvert,
« et pour les besles doulces en cler pays. » (Chasse
de Gast. Phéb. ms. p. 311.)
De l:'i, on a dit au figuré en couvert, pour en
secret, par opposition ù en appert. (Ordonii. t. III,
p. 179.) (3) Et par extension l'on a dit aussi en
couvert, pour en maison particulière. (Ibid. t. V,
page 253 et note )
^ C'est encore, dans un sens analogue à celle
signification que le mot couvert s'est pris pour
abri. Dans un sens moins général , il désigne
l'endroit d'un bois où les oiseaux se retirent et se
mettent à l'abri. « Pour amorcer le faisan, pren du
» blé de tourment en une pouchetle (diminutif de
" poche) el en ces sentes où lu aras trouvé leurs
« couvers, osle l'herbe et la feuille, etc. » (Modus
et Racio, ms. f° 175.) On lit couvers dans l'imprimé,
mais il y a tout lieu de présumer que c'est une
faute et qu'il faut lire couvers, comme dans le ms.
De là, on a dit se retirer sous le couvert, pour
se mettre à couvert, à l'abri.
*= Dans un sens fort différent, on a dit couvert
pour prétexte, ce qui couvre le vrai motif. « 0 com-
« bien de biens faits omis, et de méchancetez ce
" commettent sous le couvert des formes, lesquels
" l'on ne sent pas. » (Charron, Sagesse, p. 43.)
° Enfin couvert a signifié le droit particulier des
princes el princesses d'être servis avec la lasse ou
le gobelet garnis de leur couvercle, quand on leur
présente à boire ; d'être servis d'épices couvertes
d'une serviette; d'avoir sur leur table unesalièrecou-
verle (-4). Au festin que le duc de Bourgogne donna,
en 14()8, à M-' d'Yorck , « ne voulut point madame
« la duches.se la mère, pour celui jour, eslre servie
» à couvert, mais laissa l'honneur à sa belle-fille. »
(Méra. d'Ol. de la Marche, livre II, p .5t>9.) La dau-
phine étoit servie à couvert (5) et la duchesse de
(1) Froissart a écrit au neutre et au figuré (V, 310) : « Si se couva ceste haynne un grant temps. » (n. e.)
(2) « Madame Hersent la love. Qui ses loviax norrist et cove. » (Renart, v. 361.) (N. E.)
(3; Voyez aussi Ass. de Jérusalem, I, 192 ; Ord., V, p. 432, an. 1371. On disait aussi : « A la couverte du pays , sans être
aperçu du pays. >> (Froiss., XIII, 208.) « Si chevaucha li si:-es de Mauvir à le couverte de-seure Valenchienes. » (III, 39.) (n. e.)
(4) C'était une sorte de garantie contre l'empoisonnement, (n. e.)
<5) Voyez de Laborde {Emaux, p. 232) : « Quand madame la duchesse mangeoit là où monsieur le Dauphin estoit, l'on ne
la servait point d couvert, et ne faisait on pas d'essay devant elle, mais bcuvoit en sa coupe, sans couvrir. » (n. e.)
co
- 358 —
CO
Bourgogne ne l'étoit point, lorsqu'elles mangeoienl
ensemble. (Honneurs de la Cour, ms. p. 2-2.) (1)
VARIA.NTES :
COUVERT. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 311.
OoNVERS, plni-. Modus et Racio, MS. f» 85, V.
2. Couvert, flrf;. Chargé*. Relire^. Mis à l'abri '=.
Prescrit". Fermé^ Caché ^ Faii\°. Subordonné".
Toutes ces diverses significations du molcouvert,
adjectif ou participe, sortent de la signification
propre et subsistante du verbe couvrir. Chevaux
coverz; dans^ymer, I. I, p. 13, titre de 125G, est dit
des chevaux chargés de leur bagage, puisque dans
le même titre, parlant de la cavalerie qui s'enfuit à
l'approche des ennemis, on lit : •> Il descnverirent
« leur cbevaus. »
* Ainsi l'on a dit un héritage couvert, pour une
terre chargée de fruits, couverte de fruits. C'est le
sens propre du mot. (Urd. t. V, p. 3m.) Des clicvaux
couverts, pour des chevaux bardés, chargés de leur
armure, couverts de fer. (Froissart, liv. IV, p. 252.)
C'est encore le sens propre du mot couvert.
° Ce même mot, au figuré, s'est employé pour
retiré, mis à couvert ; ainsi l'on a dit : « Se il avient
<' que aucuns mesiaus (lépreux) ou aucuns couvers
« de maladerie , ou de ostelerie (hôpital) soit de
:■ mauvese conversation (fréquentation) (Beauraan.
p. 290.) CoHiv';-s désigne évidemment, en cet endroit,
les gens retirés dans les maladrerics ou hôtelleries.
'^ L'idée de mis à couvert est presque la même
que celle de mis à l'abri. Le mol couvert a été pris
en ce dernier sens, et l'on a dit d'une amende que
l'on estoit dispensé de payer, en remplissant quel-
que formalité , que celte amende étoit couverte.
« Toutes fois en dépriant au seigneur chastellain,
« en l'absence du seigneur censier, est l'amende
<■' couverte. » (La Thaum. Coût, de Berry, p. 451.)
° De là, on a appliqué le mot couvert pour dési-
gner les droits prescrits « pour recevoir par le
« seigneur censier le cens de nouvel acquéreur, ne
<■ sontles profitsdes lods et venies^couverts. « (Coût.
deMonlargis, Coût. Gén. t. I, p. 916.)
^ C'est encore selon celte analogie, que l'on a dit
de la régale qu'elle étoit couverte, pour exprimer
qu'elle étoit fermée. (Lett. de Louis XII, t. I, p. 17.)
" En remontant h la signification propre du mot
couvert, nous y démêlerons aisément le sens de
caché qu'on lui a donné. Ce '\m est couvert est
caché. (Voyez l'éditeur de Gérard de Nevers, 2' partie,
p. 118, Note.) On a dit aussi :
Praing congié honteus et couvers.
Fabl. MSS. du R. n- 721R, fol. 60, V col. 2.
Proprement, se cachant le visage en signe de
honte.
° Caché, pris pour dissimulé (2), entraîne l'idée de
faux. De là, on a dit couvert pour faux, ami couvert
pour faux ami.
Et veulz-tu congnoistre en appert
Vray amy, aussi le couvert 9
Eusl. Desch. Poi"s. MSS. fol. 487, col. 2.
"Enfin couvrir, pris pour mettre à l'abri, emporte
l'idée de protection. Ainsi couvert a signifié protégé,
subordonné. De là, on a dit femme couverte, pour
femme en puissance de mari. (Du Gange, au mot
Coopertura 3. — Voyez Coverte ci-dessus.)
VARIANTES :
COUVERT. Orthocraphe subsistante.
CovERT. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. II , fol. 187, V" col. 2.
Couverte , subst. fém. Couverture *. Abri ^.
Trahison <=. Terme de fauconnerie ° (3).
* Ce mol, au premier sens, est pris absolument
et signifie une couverture de lit :
Fismes nn lict sans plume, ne couverte.
Du Fouilloux, vénerie, fol. 92, V'.
Il s'est dit aussi dans le sens où nous employons
couverture, ce qui sert à couvrir un cheval, un
mulet, etc.
Donne mon père la couverte
Qui est sus mon cheval morel.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 151, R" col. 1.
^ Par extension de la première acception, cou-
verte s'est pris, en général, pour abri. Il semble
qu'il faille l'entendre ainsi dans ce passage : « Si
^< vous ne pouvez donner couverte à vostre faucon,
« ou autour, faites que vous luy mettez le soleil à
« la queue. » (Artel. Fauconnerie, fol. 92.) De là,
on a dit : « A la couverte d'une espoisse muraille. »
(Mém. de Montluc, t. I, p. -449.) « A la couverte du
« bois. » (Froissart, livre I, p. 124.)
^ Couverte, dans le sens de trahison, paroît être
le même que Cuvertise ci-après (4). Voici le passage:
,Te croi que ce fu par couverte,
Encor n'en est la chose ouverte.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 74.
° On nomme encore, en terme de fauconnerie,
couverte les deux grandes pennes du milieu de la
queue. « L'espervier qui a la couverte noire et pen-
« nage de travers roux est des meilleurs qui se
« trouvent, et sont appeliez blancs noirs. >> (Artel.
Fauconnerie, fol. 88.)
Couverteinent, adv. Secrètement, en cachette.
(Dict. de Cotgrave, de Rob. Estienne etd'Oudin.)
.... Plus amour tenois couverlement
Plus, en mon cœur, le sentois vivement (5).
Les Marg. de la Marg. fol. 304, V".
Couvertiz. [Intercalez Couvertiz, droit d'éta-
lage sous un marché couvert (Ch. de 1289, Du
Ca'nge, II, 587, col. 1): » Nous dison... que les
(1) Ajoutez les sens suivants : 1» d'après Pithou (Coutume de Troyes, 535) : « Ce que les veneurs en leurs termes appellent
couvert, Popposans à la campagne. » '2» Hangar : « Un grand couvert comme baie de blé. » (0. de Serres, 21.) (N. e.)
(2) « Englès sont couvert et orgueilleus. » (Froissart, II, 17.)(n. e.)
(3) On disait aussi à le couverte, pour à la dérobée (II, 488) : « Si chevaucha li sires de Mauni à le coverte deseiu'e
Valenchiennes. » Au t. XIII, p. 208, on lit : « A la coverte du pays », sans être aperçu du pays. (n. e.)
(4) On trouve au sens de ruse, dans le livre du bon .Tehan (v. 2950) : « Pour ce convint que il jurast ; S'il ne l'eust fait ,
il estoit inast ; Mais il joua d'une couverte, El se sauva de plus grant perte. » (N. E.)
(5) On lit dans la Rose (19): « Car li plusor songent de nuit Maintes choses couverlement Que l'on voit puis
apertement. » (n. e.)
co
— 359
CO
« talemeliets et les bouchiers et les sueurs de la
« terre S. Nicolas , sont tenuz de nous poïer
« chacun juedy en Tan leuvcoiivertix-, c'est assavoir
« chacun taiemelier vendant pain ou marchié
« maille ; et chacun bouchier un denier; et chacun
« sueur un denier. »] (n. e.)
Couvertou, subst. mase. Sorle de vèfemenl.
On lit, dans une citation de Du Gange, aux mots
Cyclas et miles : « 11 sera amendé (pour accommodé,
» ajusté, paréjcesl assavoir avec un coitverlon d'or
'< appelle sigieton. » Ceniot, dans ce passage, semble
signifier plutôt une couverture ou couvrepied. Du
Gange fait observer que le mot Cijclas s'est entendu
d'une pièce d'étoffe précieuse (1).
Couverture, subst. fém. Rideau de lit *. Cotte
d'arme^. Enveloppe*^. Voile °. Prétexte, feinte^.
Ce mot subsiste au premier sens. I! exprime géné-
ralement lout ce qui sert à couvrir, elles acceptions
particulières indiquées sont des modifications de
l'acception générale (2).
* On lit, au premier sens, closes les couvertures,
pour les rideaux tirés, dans Petil-Jean de Saintré,
page 526.
^ Couverture semble mis pour cotte d'armes dans
ce passage : « Prindrent leurs armes pour jouster
« plus seurement, et les ungs ne prindrent sinon
« couvertures, et escus, car bien se fyoient en leur
« prouesse. » (Lanc. du Lac, t. III, fol. 08.) Les
vers suivans désignent plus clairement ce que l'on
entendoit par ce mot couverture, pris en ce sens :
Là veissiez esciiz tenir
Serjanz ensemble atropeler (atrouper),
Et couvertures freteler (voltiger)
Sus blans baubers brunis à mailles.
G. Guiarl, MS. fol. 122, V'.
Couvertures de fer. Le comte de Guines, dans son
testament, dit : « J'ay donci a Robert d'Achiol mon
« grant palefroi e mon haubergli, et mes cauches
i> de toclenet(peul-étre lonnelet)"eunes coi(vt;/'<!<;'es
« de fer. » (Du Chesne, Gén. de Guines, p. 283,
titre de 1241.)
'^ Ce mot signifioit aussi fenveloppe d'une lettre.
(Dict. d'Oudin.) On lit : « Lettre adressée à M. de
« Peaux, c'est-à-dire sous sa coHi't'/'iiire. » (Néa'oc.
deJannin, t. I, p. 93G.)
"Onl'employoil quelquefois pour voile, ce qui sert
à cacher le visage :
De Marie vit la figure
Apertement, sans covreture.
Vies des SS. MS. de Sorb. chif. LXi.
^ De là, au figuré, pour feinte (3;, prétexte, vrnis-
semblance:
Céans ki servent por giller (tromper)
Et aiment par covreture.
Gontiers, Poës. MSS. avant 1300, l. III, p. 1036.
De là aussi celle expression : tirer une chose en
couverture, pour lui donner de la vraisemblance.
Pasquier dit, en pailanl des chirurgiens : « Je veux
" examiner quand fut, et par qui là première insti-
« tution de leur collège. Leur commune voix est
« que ce fut le roy S. Louis, le tirant en couver-
« ture de l'appointé qui fut fait entre maistre
>• Françoys Fromond, et Robert de Langres, chirur-
•■ giens du roy jurez du Chastelet d'une pari, et
>' maistre François de Troyes prevost d'autre. "
(Pasq.Rech. t. IX, p. 821.)
On trouve par couverture, sous couverture, pour
sous prétexte, dans Oudin, Cur. fr. ; Id. Dict.
VAniANTES :
COUVERTURE. Orth. subsistante.
Covreture. Poës. MSS. avant 1300, t. III, p. 981.
Couvescle, subst. masc. Ce mot subsiste sous
la première orthographe ; mais on ne dit plus :
Boucliers fendent, et escartelent
Qui aus visages sont couverclex.
G. Guiarl, MS. fol. 360, R".
C'esl-à-dire qui garantissent, qui parent le visage,
et le mellent à l'abri des coups.
On écrivoit aussi couvescle dans le sens de notre
mot couvercle. « Couppe d'or garnie de pierrerie,
« ou pié, et ou couvescle (4). » (Chron. fr. ms. de
Nangis, an 1377.)
VARI.VNTES :
COUVERCLE. Orth. subsistante.
Couvescle. Hist. de Charles V, par Choisy, p. 529.
Couvet. [Intercalez Couvet, d'après le reg.
JJ. 197, p. 69, an. 1468: « Auquel Jehan priiit
« taulent de laschier ung pou de ventosilé, lascha
" c'est assavoir ung couvet. »] (s. e.)
Couvetz. [Intercalez Ct/H!'f/x> d'après le nis. lat.
de la B. i\. 6017, fol. 2, verso: « item unum
« carlonem de couvetx- pro ([uadam plalea, in qua
« solebat esse quœdam nucx- sive nugeir. »] (n. e.)
Couveulx , subst. masc. Receleur. Du verbe
couver, qui a signifié couvrir, cacher. (Voyez Cover
ci-dessus.) Joseph d'Arimalhie dit aux satellites qui
le saisissoient :
Larron ne suis, ne couveulx.
Hisl. du Th. fr. 1. 1, p. 436.
Couvice. [Intercalez Couvice, couveuse. Voyez
la citalion sous coqueloote.'] (.n. e.)
Couviyuable, adjectif. Convenable (5).
Une couvignable ordenance.
Froissart, Poos. MSS. p. H, col. I.
(1) On trouve aussi ; 1" couverleur, pour couverture de lit et couvercle d'un coffre , au reg. JJ. 181 ,
2» Co?a'e/Vûir, au même sens, dans les Chartes de Corbie. (Du Cange, II, 589, col. 3.) 3° Couvcriour
p. 181 , an.
Fort sont
1452,
li lac
et grant li couverlour, Ce n'est pas gas, Enquelz cil est ki aime par amours. » (Poës., mss. avant 1300, t. I, fol. 63.) (N. E.)
(2) On a dit au figuré (100, 446) : « Por ce ke il puist ferire et ocire les dévotes pensées, s'atapist il desor la covreture de
delor. » (N. E.)
(3) On lit dans Froissart (II, 40i) : » Et li soummier commenchierent à aprochier et jà en y avoit entré en le ville, ne say
.X. ou .XII., et s'ensonnioient moult et par couverture à l'entrée de le porte. » (N. E.J
(4) On lit aussi dans la Résurrection de J. C. (xv siècle) : « Ha hay ! qui puet avoir osté Du monument et descouvert Le
couvescle et entrouvert? » (N. E.)
(5) On lit aussi dans un ms. de S' Victor (Du Gange, II, 579, col. 3): « Couvignable chose fu que... li granz fisiciens vint,
quant par toul le monde estoit et gisoit la grant desattiez. » (N. E.)
co
- 360 -
CO
Coiivignableinent , adv. Convenablemenl.
Froissait, comparant un amant à une liorloge, dit :
Pour ce poet (peut) bien caste roe première
Segnefier très L\nivirjnableine>it
Le vrai désir qui le coer d'ommp esprent.
Froissai!. Pois. MSS. p. 53.
Coiivin , subst. nia.'ic. Ou disoit, en parlant
d'animaux, qu'ils éloicnl d"un coiivin, pour expri-
mer qu'ils étoienl d'une même esp<';ce.
Herminettes, livre (lièvres) et connin (lapins)
Et besteleltes d'un coitcin
En paix soiiés (ayez coutume) en vo gardin (jardins)
l'eslre, et brouter.
Froissarl, Poi's. MSS. p. 20i. col. 2.
Couvine,SH/;s/./'t'»i.(l) Compagnie, suite, train,
i. Les commères, les voisines, la chambrière, dont
» il y en avoit aucunes qui n'avoient riens sceu de
« la'besongne. seront doresnavant de la couvine
" de la femme, et luy aideront à faire ses beson-
« gnes. » (Les Quinze Joyes du Mariage, p. 199.)
Les escuyers, la tourbe des chevaulx
Qui sont à court, et bs divers confines.
Eust. Deschanips, Pois. MSS. fol 12i, col. -2.
Couvir (se), verbe. Devenir couvi. Se gâter, se
pourrir, en parlant d'un œuf. (Dict. d'Oudin.)
Couviver, verbe. Flatter. Borel, qui l'explique
ainsi, renvoieau Rom.de la Rose. yDict. deCorneille.)
Couvoir, siibst. masc. Nid de poule*. Chauffe-
rette ^ (-2).
* On trouve le premier sens de nid de poule,
dans les Dict. d'Oudin et de Cotgr.
^ Au ligure, ce mot sigaifioit aussi chaufferette,
suivant le Dict. d'Oudin.
Couvraine, subst. fém. » Quand les propriétai-
< res, ou ocupeurs des manoirs du dit villaige de
« Saulty, et Gombermcz chargés de courovées de
« brach (bras) ou de chevaulx, en doibvent trois
" par an, pour chacun manoir, qu'ils sont tenus
' faire au dit sieur, son fermier, ou commis,
« à scavoir l'une en mars, la seconde au temps et
<. saison de Pasquiere.etla troisième en fOî/i'ra/HC, à
» tels jours qu'ils sont sommez de faire lesditescou-
« rovées par publication à l'Eglise, ou autrement. «
(Coût, de Saully, Nouv. Coût. Gén. t. I, page -406.)
Couvrauce. [Intercalez Coiivmnce , acquisi-
tion, dans une pièce de 1270 (Du Gange, II, G 12,
col. 1): « Les aumosnes, les couvrances, les con-
« questes, soient par don, par eschaugé... »] (n. e.)
Couvre-chef. [Intercalez Couvre-chef, \o\\Me
et tissu de fil très fin qui sert à la confectionner.
Reims eut une renommée européenne pour ces
tissus que recherchaient les dames nobles d'.Vngle-
terre et d'Italie :
S'il vuet à s'aniie novele
Donner ciievre-chief ou cotele.
La Rose, v. 9308.
On lit encore au Livre des Métiers (99): « Qui-
« conques veut estre tisserandes de queuvrechiers
« de soie à Paris. « Ce sens de voilette est celui du
moyen-âge, et se retiouve dans Montaigne et dans
S' Simon. Cependant on lit déjà dans Jean d'Auton
(Annales de Louis XII, ms. fol. 27) : « J'ayme mieulx
« mourir l'espée au poing à la deffense de la
« muraille pour le service du roy, que languir en
« mon lict le couvrecliief en\a teste, pournaturelle
» mort attendre. -] (n. e.)
Couvre cœur , subst. masc. Le péricarde.
Terme de chirurgie. (Cotgrave et Oudin, Dict.)
Couvrefeu, subst. masc. Heure du soir.
L'heure â laquelle on sonnoit , particulièrement
dans K'S temps de trouble, pour avertir les habitans
de Paris et autres villes de se retirer dans leurs
maisons et de couvrir leur feu. C'étoit à sept heures
du soir. Voyez le Gloss. de Du Gange, aux mots
Angélus et Ignetegium, où ce sujet est traité. Nous
lisons dans la Thaumassière que « tout homme qui
« est trouvé en taverne, après quevrefeu sonné,
« est amendable. « (Goût, de Berry, p. 338.) « Tout
« homme qui est trouvé de nuyt par la ville, à port
« d'armes, après quevrefeu sonné, est amendable,
" et le harnoiz (arme ou habit de guerre) confisqué,
« s'il n'y a clarté avec luy; car la clarté le sauve. »
(Ibid. page 339.) « Yceux taverniers, depuis que
« couvrefeu sera sonné en l'église Paris, ne pour-
« rontassoire, ne traire vins en leurs maisons àbeu-
« veurs, sur paine de l'amende de soixante sols. »
(Ord. t. II. p. 355. — Voy.MelindeS. Gelais, p. 168.)
Selon Pasquier, ce "mot, sous l'orthographe de
carfou, est un mot corrompu. Borel, dans son Dict ,
croit, avec moins de raison, que c'est comme qui
diroit garefou, pour avertir les voleurs et les ban-
dits de se retirer, de crainte d'être pris par le guet.
Il ajoute qu'en Languedoc on appelle ce signal le
chasse ribaud. iDict.Elym. de Ménage.)
On nommoit curfu-bell la cloche qui sonnoit le
couvrefeu. (Du Gange, au mot Ignitegium.)
Le Pardon, qu'on sonne à sept heures du soir dans
l'église Notre-Dame de Paris, est encore appelé
vulgairement le couvrefeu des chanoines, suivant
le Recueil des cloches imprimé en 1750.
vAni.\>TEs :
COUVREFEU. Ord. t. II, p. 355.
COVERFU (3).
ClEUVREFEU. Ord. t. II, p. 80.
CiHVREFEL!. Hist. des ïrois Jlaries en vers, MS. p. 463.
QuEUVREFEU. La Thaum. Coût, de Berri, p. 338.
CouRFEU. Dict. de Borel, Pasq. Rech. p. '705.
GuAREFEU. .tourn. de Paris sous Charles VI et VII, p. 58.
Carrefeu. Ord. t. VI, p. 668 et 669.
Carfou. Pasq. Rech. p. 705.
Couvreinent, subst. masc. L'action de couvrir.
(Cotgrave, Oudia et Rob. Estienne, Dict.)
(1) Voyez Coviiie. (N. E.)
(2) Il y a aussi des couvoirs dans les jardins : « La hauteur de la couche appellée couvoir montera jusqu'à deux ou trois
pieds sur terre... au couvoir, en telle maniera dressé et accommodé, sera semée la graine de melon. » (OUivier de Serres,
543.) (N. E.) , .
(3) On trouve aussi cuevrefu (Recueil de TaiUiar, p. 398) : « S'il ne portent lanterne et cand.'lle ardant, puis ke li cloke de
cuevrefu ara soné... » (n. e.)
co
364
CO
Couvreuse, adjectif au fém. Peut-être faut-il
Uc&courreuse, précipitée, empressée, danscesvers :
Très pacient, plus que S'« Cristine
Et plus que Marthe en vos faiz cuiii'reuse.
Eust. Desch. Tocs. MSS. fol. 205, col. 4.
Couvreveue, siibst. fém. Espèce d'auvent,
il semble que ce soit le sens de ce mot dans le pas-
sage suivant ; » Si le fond du voisin, seroit (étoil)
« plus haut que le sien et que, par ainsy, la fenes-
« tre, ou fenestres vers le fond de son voisin,
(■ n'auroit que trois ou quatre pieds de hauteur, en
» ce cas, la partie intéressée y pourra metlre une
o raisonn-Me couvreveue ; mais celte couvreveue
« ne pouri'a estre mise, si la dite fenestre surpasse
« le plus liant fond de quatre pieds. » (Coût, de
Brusselles, Nouv. Coût. Gén. t. I, p. 1208.)
Couvrir, verbe. Cacher, feindre*. Metlre à cou-
vert^. Servir sur table '^. Terme de fauconnerie".
Ce mot, dans les orlhographes employées par
S. Bernard, répond au latin operire, cooperire et
tegere.
*Ona dilcouvi'irpour cacher (!), dissimuler, par
opposition à découvrir qui s'employoit au figuré,
dans le même sens où nous prenons aujourd'hui le
mot s'ouvrir. « Vos covre% vos peciiiez lai ou vos
« atroveiz les alli'ui. ■■ (S. Bernard, Serm. fr. mss.
page 355, en lai. dissimulatis.)
Mon cuer, dont je vous ai encouragie,
Car je ne pourroie adonc couvrir
Coument que ma proiere en fust onie.
Adans li Bocus, Pocs. MSS. avanl 1300, t. IV, p. 13T.1.
» Le comte de Foix entra lors en imagination,
« et se couvrit (dissimula) jusqu'à l'heure du
>■ disner. » (Froissart, liv. III, p. 31.) (2)
^On disoit aussi couvrir pour metlre à couvert.
De là, l'expression couvrir le fief pour mettre le
fief à couvert de la saisie, en rendant la foi et hom-
mage, en oITranl de la l'endre. (Du Gange, au mot
Aperire. -- Voyez ci-après le mot Fut.)
^Le mot couvrir s'employoit autrefois pour
exprimer servir sur Inble. Ainsi l'on disoil : « On
« avoit couvert pour le souper. » (L'Amanl ressusc.
p. 201.) " L'on commençoil déjà à couvrir, et .se
« mirent à table. » (.Nuits de Strapar. t.II, p. li.)(3)
° On trouve aussi ce mol employé comme terme
de fauconnei'ie, dans ce passage : « Dieux comme
n c'est beau desduit de veoir prendre une alouette
« à l'escource (pour à la recousse) à ung esper-
» vier, quant ung bon espervier a chassé une aloe
« bas et haull et il l'a laissé si hault qu'on peull
« regarder, et ung aullre espervier l'a couverte, et
« courrocié (agacé) et on la laisse aller, si la
« requerre si roidement en volant contremont que
« belle chose est a regarder. » (Modus et Racio, f" 70.)
Les diverses significations du mot couvrir ont
produit les expressions suivantes :
1° Couvrir une muraille pour la recrépir. (Dicl.
d'Oudin.)
2° Couvrir un lit pour l'arranger, afin de faire
coucher, quelqu'un. « Noblesse, et paresse me
« couvrirent un Ut, et me couchèrent entre deux
" blancz drapz. » (Cartheny, voyage du Ghev.
Errant, fol. 3!).) (4)
3° On dit encore, en termes de chasse, quand les
chiens chassent ensemble, qu'on \escouvriroil d'un
drap. Cette expression s'appliquoit autrefois même
à un corps de troupes. » j'ay veu que, quant gens
« venoient pour assembler avecq leurs ennemis,
« que on disoil qu'il les faisoit beau voir couvers
» tous d'un drap. " (Le .louvencel, ms. page 582.)
On lit plus bas, en parlant d'une brigade : « Vous
« l'eussiez couverte toute d'un drap. » (Ibid.)
■'i° Couvrir s'est dit simplement de l'action de servir
quelqu'un à table avec le gobelet couvert, selon
rétiquette des princes et princesses. (Voy. Couvert
ci-dessus.) >■ Le dauphin étant à la cour de Bourgo-
" gne, quand la duchesse mangeoil avec lui, on ne la
«. servoit point à couvert, et ne faisi it-on point
« d'essai devant elle ; mais elle buvoil en sa coupe
» sans couvrir [~j). » (Ilonneurs de la Cour, ms. p. 26.)
5" Couvrir le feu de son jinatier. Lisez de son
fivatier. Le mot feu est peut-être ici pour fief, et
iUi Gange semble s'être trompé, lors(|u'en cilaiit
cette expiession dans son Gloss. lat. au mot Culver-
lagium, il a traduit feu par iijnem. « On couvre le
» feu du fivatier, en signe du ban, saisie, et main
« mise du seigneur de iief, quand son sujet ne luy
» paye pas ses droits et devoirs ; comme aussi l'on
" al'lige (applique, attache) un panonceau (espèce
" de drapeau) l'on met un bandon, ou une croix en
« signe de saisie. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
0° Couvrir le gage de bataille, signifioit accepter
le défi d'un combat, accepter le gage. » Les paroles
•> qui furent par moy proposées en jettant le gage,
« et les réponses faites en le couvrant. » (La
Colomb. Th. d'honn. t. II, p. 95.)
COiNJUGAlSO.N.
Couverra, futur. Couvrira. (Eust. Desch. Poës.
jiss. fol. 498.)
Couverrent, prêter. Couvrirent. (Eust. Desch.
Poës. MS. fol. 498.)
Cuevret, pour couvre, à l'indic. et au subjonctif.
(S. Bern. Serm. fr. mss. p. 339, dans le latin operit.
Id. p. 21, dans le latin coopieriat.)
VARIANTES :
COUVRIR.
CovRER. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 355 (dissimiilare.)
CUEVRER. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 21.
Lors chant por ma dolor courir. » (Hist. lilt., t. XXIII,
Chil doi baron se couvrirent moult bien devers lui de
(1) « Quant voii ces oisiaus esjoïr Por la douçor de la saison
p. 749.) (N. E.)
(2) Edition Kervyn, XI, 94. On lit encore au t. III, p. 389 : c
dire. » (N. E.)
(3) Froissart et Louis XI (Cent Nouvelles) emploient cette expression, (n. e.)
(4) On lit déjà dans Berte (XIII) : « .\u lit au roi Pépin fait sa lille covrir. » De même dans la XXX= Nouvelle
boutèrent en une chambre au plus près où elles avoient fait cuuorir chacune son lit. » (N. E.)
(5) Voyez Couvert. (N. E.)
IV.
Elles se
46
co
— 362 -
CO
Couvrors, suhst. musc. plur. Couvreurs (1).
Mandent plastriers, et maçons,
Et couvrofti, et charpentiers.
Fabl. MSS. du R. n' 7-2t>!, f- 2«3, R- col. 1.
Cou.v, adj. « Peut èlre celuy est coux qui nour-
" rit autruy enfans », en latin cîOTMca. (Gloss. de
Labbe, p. 497.)
Couytiba, verbe. Gulliver. Mot languedocien.
(Borel,àu mot Coyliver.)
Covant, Covens, Couvent. [Intercalez ces
trois formes et voyez couvent, accord.
Por la bataille ke il ait en covant.
Gérard de Vienne, v. 1953.) (N. E.)
Covenir, verbe. Convenir. On a dit, à l'imper-
sonnel , covient pour il est à propos , il est
expédient :
Helas ! il m"en covient foir (2) (fuir)
De mon pais en autre terre.
Fabl. MSS. duR. n' 1fil5, t. U, f 151, K° col. 1.
Cover, verbe. Couvrir, cacber *. Recouvrer °.
Couver '^.
* On a dit, dans le sens propre :
.... Me cave desoz ces dras (3).
Fabl. MSS. du R. n- 1615, t. I, f» 103, R' col, 1.
Au ligure :
Le fait fu ataint, et prouvé
Que a grant pièce avoit couvé.
Hisl. de France, à la suite du Rora. de Fauvel, fol. 83.
^ Dans le sens de recouvrer, c'est l'ancien verbe
employé avec une signification réduplicative et
figurée :
Ce que jà ne couveras.
Fabl. MSS. du R. n» 1615, t. II. fol. ni, R° col. 1.
•^Nous disons encore couver dans le sens neutre et
actif. Cover est neutre dans cette espèce de proverbe :
Con plus cove li feus, plus art (brûle).
Fabl. MSS. du R. n- 7015, t. II, f" 70, V° col. 1.
(Voyez Couver ci-après.)
VARIANTES (4) :
COVER. Villehardouin, p. 58.
Couver. Orth. subsistante.
CovEhER. Britt. Loix d'Angl. f» 47, V».
CovBER. Fabl. MSS. du R. n» 7989, f» 55, R» col. 2.
Covert, adj. Qui est sous la protection, sous la
puissance. On disoit, en ce sens, femme covert ou
Ouverte de baron , pour femme en puissance de
mari. « La feme nequedent (cependant, néanmoins)
« à félon pourra dire, que tout savoit de la mauve-
« seté son baron (mari), pour ceo ne le poet (cela
« ne le pouvoit) ele mye encuser, ne devoit, taunt
« ele fuit de luy coverte. » (Britt. Loix d'Angleterre,
f° 47.) « Femme coverte de baron » (Ibid. f° 67.)
« Femme covert de baron » (Ten. de Littl. f° 59. —
Voyez CovERTURE ci après.)
Govertors. [Intercalez Covertors, couverture,
dans Partonopex (v. 1071) :
Bien est orlés li covertors.] (n. e.)
Coverture, subst. fém. Mariage. " Home ne
« poit garanler, ne doner ses tenements à sa feme,
« durant la coverture, pur ceo i|ue sa feme et luy
>i ne sont forsque un person en luv. » (Tenures de
Littl. f" 37.)
Coveter. [Intercalez Coveter, convoiter :
Mais li vilains dit plainement:
Que qui tôt coveite, tôt pers.
Benoit de S' More, t. I, y. (1537.
Le wallon emploie encore la forme coweter.} (n. e.)
Covine, subst. fém. Diminutif de queue, et au
figuré suite de personnes. Borel, Corneille, DicL
et Gloss. du P. Marlène.)
Coviiis, subst. musc. plur. Cbnriotsde combat.
Espèce de chariots sur lesquels on combattoit.
(Voyez Borel, Corneille, Dict. ; et le Gloss. du P.
Martène, t. V.) Peut-être ce mot vient-il de cophi-
nits, comme cabas, carabas, banne et bennon ont
pris leurs noms des paniers que l'on appeloil ainsi.
Covir, verbe. Désirer, convoiter. On lit, en
ce sens :
Par bel parler moult le blandie (carresse)
Car moult l'a en son cuer covie.
Vies des SS. MSS. de Sorb. ch. LX, col. 8.
Peut-être faut-il lire encovi, en un seul mot, dans
ce passage :
N'en sai preu que jugier toz nos a en covi.
Parton. de Blois, MS. de S. G. f" 170, R" col. 1.
(Voyez Encovi ci-après.)
Covoisin, subst. masc. Voisin. On appelle, en
termes de coutume, covoisins ceux qui ont des
maisons contiguës l'une à l'autre. » Pourveu que
« le voisin qui travaille le premier, ou en après
<i affranchisse son covoisin de dommage, etc. »
(Coût, de Bailleul, Aouv Coût. Gén. t. I, p. 974.)
Covreciaus. [Intercalez Covreciaus , patène,
au Gloss. lat-fr. 4120, an. 1352, sous patena.] (n.e.)
Covrir, verbe. Couvrir, cacher. Celer, déguiser,
au figuré.
Ne puis mon coraige covrir
De ço ke plus voil et désir.
Gontiers, Poès. MSS. avant 1300, t. III, p. 1040.
Cowiii, subst. masc. Peste, contagion. Mol du
patois breton. (Du Gange, au mol Cowirannus.)
Cox, adjectif. Illégitime. Il semble que ce soit le
sens de ce mot dans ces vers :
Plorer doit l'en péchié, quant l'en le sait grevo.x.
Si doivent bien plorer enfant folez et cox
Quant de pein ou de vin ou d'el sont soufroito.x.
Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 173, V- col. i.
Goycin, subst. masc. Coussin, oreiller.
Ivlans draps, mol lit, doulz coijcin (5)
Où ilz vont dormir le soir.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 78, col. 2,
On trouve « coissin couvert, et en fouillé d'un riche
" drap d'or frisé. » (Mém. du Bellay, t. VI, page 145.)
(1) Le cas sujet couvrere est dans Tailliar (p. 225), et le cas régime couvreur au Liv. des Métiers,
(2) On lit déjà dans Roland (st. XIII) : « Dient Franceis : il nous 1 cuvent guarde. » (N. E.)
(3) « Et ma dame Hersent la love, Qui ses loviax norrist et cove. » (Renart, 361.) (N. e.)
(4) Cnvcr subsiste en wallon. 'N. E.)
(5) On lit coiiyte au reg. JJ. 181, p. 181, an. 1452. (n. e.)
p. 104. (N. E.)
co
363
CR
VARIANTES :
COYCIN. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 78, col. 2.
COYSSIN. Eust. De.sch. Poës. MSS. f» 76.
CoissiN. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 425, col. 4.
CuissiN. Cotgrave, Nicot, Monet, Rob. Est. Dict.
1. Coyer, subst. masc. Cahier. (Voj;. Coût.
d'Artois et de S. Omer, au Nouv. Coût. Gén. t. I,
pages 253 et 289.) On disoit coyed, dans le même
sens, en patois picard. (Voy. Nicot et Cotgrave.)
VARIANTES :
COYER, QuOYER.
Coyed. Nicot, Cotgrave, Dict.
2. Coyer. [Intercalez Coyer, attacher, au reg.
JJ. 170, p. 1, an. 1415: •> Icellui maislre cnyera ou
« fera coyer, c'est assavoir fermer une luine au cul
« du batel pour le retenir, se meslier est. «] (n. e.)
Coyere (S"), subst. fém. C'est le nom qu'on
donne' à la fête de S. Pierre-aux-liens, dans le diocèse
de Chàlons, en Champagne. On en trouve l'origine
dans une lettre de M. Le Bœuf.
VARIANTES :
COYERE (S'»). Journal de Verdun, avril 1751, p. 278.
CoHiERE. Journ. de Verdun, juillet 1751, p. 25.
Coyeté, subst. fém. Paix, repos, tranquillité.
« La simplesse, et la coyeté du lieu leur amplyoit
" (accroissoit) leur dévotion. » (Percef. vol. 111,
folio 120.)
Gisant en lict paisible,
Querant sa coyeté.
Molinet, p. 150.
VARIANTES :
COYETÉ. Dict. d'Oudin.
QUOVETÉ.
Coye-vérité. [Intercalez Coye-vm^e, jugement
rendu sans enquête préparatoire et sai.s défense
de l'accusé: « Quod in criminibus, ubi miijus
« versatur periculum, absque cilalionis edicto, nec
« partis defensione audita, indifferenler processum
« intolerabilem coye-vérité, vulgariter nuncu-
« patum, rccipit et admittit. » (Ch. de r2t»G aux
Olim, reg. 2, fol. 12, recto.)] (n. e.)
Coyplie, subst. fém. (Voyez Rabelais, 1. 1, p. 83.)
L'acception de ce mot n'est point déterminée par le
passage. Nous ne pouvons assurer que liabehiis ait
entendu parler d'une coilïe. Ainsi nous n'avons
point porté ce mot à l'article coife, n'ayant rien qui
nous prouve que ce soit une des orthographes de
ce mot.
Coyraul, adj. Ce mol est mis pour épithète d'un
mol obscène. (Rab. t. III. p. 145.)
VARIANTES :
COYRAUL, COYRAULT.
Coys. [Intercalez Coys , droit d'échouage ou
d'ancrage dans une charte bretonne de 1422 : «' Ports
« de mer, coys et pecoys, et ce que la mer cuevre
« et descuevre. »] (n. e.)
Coyster , vei'be. Sa signification est obscène
dans Villon, p. 3.
Cozine, subst. fém. Contestation, dispute. Du
verbe co%er, reprendre, accuser. (Voyez Choser
ci-dessus.)
Ensi par cette dame sote
Commença cozine et rihote (querelle).
Ph. Mouskes, MS. cilé par Du Gange, au root Cocinare.
Craanter. [Intercalez Craanter, promettre,
dans Garin (fol. 458) :
Est craantc:, et li jors est assis.
On lit aussi dans Gérard de Vienne (p. 173, col. 1):
Molt doucement li craanic et otroie.J (n. e.)
Craliacier, verbe. Détruire, abattre *. Tomber,
s'écrouler °.
* Au premier sens de détruire, abattre, ce verbe
est actif :
Par le pais queurent (courent) et tracent.
Maisons ardent, viles crnhacenl.
G. Guiart, MS. fol. 40. V", an. H9I.
^ Pris dans une signiTication neutre, crabacier
signiHoit tomber, s'écrouler. Il sedisoil des person-
nes et des choses :
Par les granz cops qu'aucuns deslacent (lâchent)
Chevaliers et serianz cralmcent.
G. Guiart, MS. fol. i!31, V".
Le font cheoir et crabaciec.
G. Guiart, MS. fol. 70, R".
VARIANTES :
CRA.BACIER. G. Guiart, MS. fol. 70, R".
Crabacer. Ibid. MS. Ici. 40, V».
Crabate, subst. masc. Grabat. (Dict. d'Oudin et
de Cotgrave.)
VARIANTES :
CRABATE, Cr.\bbat.
Crabe, subst. fém. Chèvre*. Insecte ^ (1).
* Au premier sens de chèvre, ce mot n'est qu'une
variation de l'orthographe chèvre. (Laur. Gloss. du
Droit fr.)
^Dans le patois gascon, c'est le nom d'un insecte
qui ronge la vigne au printemps. 11 est appelé li%et
ou liwt en Bourgogne, et gilbers en Anjou.
VARIANTES :
CRADE. .Tourn. de Verd. mars 1739.
Cabre.
Cracet, subst. ?»rtsc. Espèce de lampe (2). On dit
en Picardie yrrtfc/, el on lit dans le Diction, breton
creuseul, gallice, croissol, lumière de nuit, suivant
Du Cange,'Gloss. lat. au mot Crucibulum.
Se tient Derengiers pour fol
Quant il i vint sans le craissel ;
Au retorner arrier se met ;
Au feu en va, etc.
Fabl. MSS. dn R. n" 7218, fol. 147, V col. 2.
Dans la Coût, de Valenciennes, on trouve au
nombre des ustensiles d'un ménage, un crasset et
palete. (Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 257. — Voyez
Crezieu. )
variantes :
CRACET.
Crasset. Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 257.
Craisset. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 147, V» col. 2.
Graissés, lUur. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 148.
1) On lit aussi au xiV« siècle, dans H. de MondeviUe, fol. 97 : « Le chancre de mer, dit en françois crabe. » (n. e
2) Voyez plus haut Cliareil et Chuleil. Au Gloss. lat. 521, on lit : « Lucubrum, crasset, gallice. » (n. e.)
CR
— 3G4 —
CR
CniCHET. Loix normandes, art. liO.
Gracet. Mot picard.
Gra-ssot. Falil. MSS. du R. n" 7015, t. II, f» 212, V° col. t.
Creuseul. Du Gange, Gloss. lat. à Cnicibuluni.
Croissol. Id. ibid.
Crachable, adjectif. Qui se crache, qui est à
cracher. (Dicl. de Monet.)
Craeliard, subst. masc. Crachat. On trouve
craciiere, dans Eust. Desch.
VARIANTES I
Crachard. Dict. de Cotgrave.
Crachere. Eust. Desch. Poes. MSS. fol. 85, col. 3.
Crache, subst. fém. Mangeoire *. Elable, écu-
rie °. Lit, couche '^.
* On lit, au premier sens : « Se mussa sous la
« crcche d'une escuyerie. « (Peler, d'amour, t. II,
p. 531.) On a dil, en parlant de la naissance de J.C. :
« Qu'il voulut naislre en povre lieu, en une vieille
« hasle, place comune, et mis sur le foing: en la
« cracite du beuf elde l'asne. « (Hist. de la Toison
d'or, vol. T, fol. 13.)
En Belleni (Bethléem) si est la crêpe (1).
Ph. Mouskes, p. 275.
^ Par extension, ce mot a signifié étable, écurie.
En yglises, comme en vie.\. craches
Metoient les buez et les vaches.
G. Guiail, MS. fol. S9, V-, an. 1207.
On [roiwe crache ('l) e% beit fs, au même sens, dans
niist. du Th. fr. t. II. p. 498.
•= Enlin crèche s'est pris figurément pour lil,
alcôve, lit en formed'alcôve, signification empruntée
de son étymologie, qu'on peut faire venir de crêpa,
mis pour crypta (3), voûte, dans Du Gange, au mot
Crêpa.
Mieulx vault conjunclion
De marier, qu'avoir à crèche
Femme sanz loy ou chascun pèche.
Eusl. Desc. Poi'S. MSS. fol. 500, Cû\. 1.
De là, cette expression figurée se tenir à crèche,
pour se tenir en repos, resfer tranquille.
Par doutance (crainte) leur lieu guerpirent
Sanz eus plus là tenir à crèche
lert fort l'assaut et la breteche (résistance).
G. Guiarl, VS. fol. 29», R°.
VARIANTES (4) :
CRACHE. Hist. du Th. fr. t. II, p. 498.
Crèche. Rabelais, t. I, p. 18.
Creiche, Cresche.
Crêpe. Ph. Mouskes, MS. p. 275.
Cracher, verbe. Craquer. Ce mot subsiste et
s'écrit craquer. Borel, d;ins la préface de son Dict.,
p. 31, le dérive du mot languedocien crac, pour
roche.
variantes :
CRACHER. Vales. p. 73.
Cracql'KR. Borel, Dict.
Cradot, subst. masc. .Sorte de poisson. « Uou-
« geons, barbues, cradots, carpes. » (Rabelais, t. IV,
p. 204.) C'est un fort petit poisson qui se prend dans
la mer, et qui porte ce nom sur les côtes de Nor-
mandie (5).
Craeire. [Intercalez Craeire, droit payé au
seigneur pour extraire de la craie » (Du Gange, II,
645, col. 1.)] (n. e.)
Crafl'er. [Intercalez Cra/fer, écailler, aux Mi-
racles de Xolfe-Daine mmss., t. II :
Tout en plorant de l'erbe saine,
El nom le haut seignor de gloire,
.\u grief mesel dona à boire :
Tout maintenant qu'il l'a beue,
Tout aussitost si est keue
Sa puans roffée, s'orde creffe,
Com à poissons, quant on les craffe.] (n. e.)
Crai. Ce mot semble corrompu dans le passage
suivant :
Or verrai que mesdisant
Seront mot et esbahi.
Quant celé que j'aime tant
M'aura mie cnii.
Raoul de Di.iuvés, Pors. MSS. avant l:',00. I. H. p. 671.
Peut-être faut-il lire l'écrai, l'écrit, au lieu de le
crai dans cet autre passage :
Et com h i aloit le crai.
Et eut l'aventure contée
Sur le tombeau cai (tomba) pasmée.
Fabl. MSS. du R. n' 7989, fol. 47, V° col. 2.
Craïers, subst. masc. plur. Espèce de bateau.
En nave (navire), en galée, en craiers (6)
N'est aujourdhuy pires venins
Que sont partout les maroniers.
Eust. Desdi. Poi-s. MSS. fol. 3ôfi, col. 1.
Craig (7), subst. Pierre. (Dict. de Borel.)
Craille, subst. (cm. Ce mot, en Champagne, se
dit d'une ouverture dans un bois, d'une fente dans
un mur et autre chose semblable.
Craindre, verbe. Ce mot subsiste. On disoit
autrefois, se craindre, pour craindre. « Me craignant
« de quelque surprise. » (Voyez Garasse, Rech. des
Hech. p. 437.) On réunissoit souvent les mots
craindre et aimer, pour exprimer les sentiments
(1) Dans une vie ms. de Jésus-Christ, on lit : « Aies, dist-il en Belleant, Illueques trouvères l'enfant , Jouste le mur en
une crèhe. » (Du Gange, II, 644, col. 2.) (N. E.)
(2) « Dou toriel loent la biauté ; Sor lui n'a ordure ne tache ; N'a pas esté norri en crache. » (Roman de Mahommet ,
V. 1553.)(N. E.)
(3) La racine est le haut allemand krippu. (n. e.)
(4) On trouve aussi greche dans Rutebeuf , 6 : « Depuis que fu nez en la ijreche Diex de Marie, ne fu mes telle
espouserie. » (n. e.)
(5) C'est le nom vulgaire de la brème. (N. E.)
(6) (( Comme .Ii'han Bonne de la ville de l'Eure, nostre maronnier, eust armé , appareiUié et avitaillié un craier à ses
propres coux, fiais et despens, appelle la Mahière , garni de quarente cinq compaignons , pour aler en mer sur nos
ennemis. » (.IJ. 1)9, p. 260, an. 1366.) On trouve encore les formes créer et croijer : « Régnant d'Amiens , jadis bourgois de
Dieppe, capitaine au temps des dites guerres d'un vaissel ou nef , que on dit créer, lequel estoit au roy de France. »■
(JJ. 66, p. 1373, an. 1334.) - '( Le suppliant estant en un croijcren la mer... dist aux compaignons et mariniers, qui estoient
audit croyer, qui s'alassent couchier. » (JJ. 146, p. 403, an. 1394.) (n. e.)
(7) Ce mot gaulois se retrouve dans la plaine de la Craii, les Alpes Grées, le Grée (Morbihan), la Grave (Gironde), Gravelle
(Seine), la Gravelle (Lot-et-Garonne), Gravelotle (Moselle). Près d'Angoulême on trouve les Chaumes de Crage. (n. e.)
CR
— 365 —
CR
d'un amanl(l). Par un idiotisme usité dans l'ancien
langage, ce verbe se prenoit aussi subslantivement
pour crainte. On disoit ce craindre là. pour celte
crainte là. (Les Marg. desMarg. p. 22.)
COiNJUGAISON :
Craind, ind. prés. Craint. (Apol. pour Hérodote,
page 95. )
Craindant, p;irl. prés. Craignant. (Lett. de Louis
XII, t. L p. 70.)
Craiiident, ind. prés. Craignent. (G. de la Bigne.)
Craingnoit, imparf. Craignoit. (Gacede la Bigne.)
Crainistrent. prêter. Craignirent. (Rom. de Brut.)
Crenient, prélér?Craignirent. (Roui, de Brut, ms.)
Cricn, pour craint. (Marbodus, col. 1608.)
VARIANTES (2) :
CRAINDRE.
Creindre. Marbodus, col. -1652.
Crainte, subst. fém. Envie. C'est le sens que lui
donne l'éditeur dans ce passa.ge, où il faut lire
detrainte au lieu de crainte. « Madame qui de ce
<■ nouvel l'eu damours avoit son cueur enflammé,
« toute nuyt ne- cessa de soy plaindre, gémir et
« souspirer, tant de crainte esloit de revoir damp
« abbez, eldebien deviser à luy (converser, discou-
« rir avec lui. » (P. J. de Sninlré, p. r»73.)
Craliitise, subst. fém. Crainte. (Chasse et Dép.
d'amours, p. bO.)
Crainail , subst. masc. Engin à pêcher. On
trouve : " Buchieres que l'en dit cramait [lisez
« tramail~\ ti fouller, ne courra point my may cl my
« avril », dans les Ord. t. Il, p. 12, an. 1327.
Ci'aniaillere, subst. fém. Crémaillèi-e.
Crarnilliée de fer
Et grassot (lampe) en yver.
Fabl. MSS. du R, n- 7G15, t. H, fol. 212, V col. I.
VARIANTES :
CRAMAILLERE. Du Gange, à Cainasale et Crainacnlus.
Cramaliere. Rob. Est. Coiifor. du Fr. avec le Gr.
Cremalière. Du Gange, au mot Cremalleria.
Cre.maillée. Gotgrave et Oudin, Dict.
Cremillée. Oudm, Cur. fr.
Cramillée. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. II, fol. 21-2.
Cramillié. Eust. Desch. Poës. MSS. f° .S29, col. 4.
Crameille. Coût. Gén. t. II, p. 2.57.
Cramaulx, subst. masc. ptur. Cremaillons.
C'est le sens de ce mot dans ces vers :
Cratnaulx, rostiers, et sautherons
Broches de fer, etc.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. V.i'i.
Crame, subst. Chresme (lui sert au baptême.
(Voy. S. Bern. Serm. fr. mss. page 28."), dans le latin
ctirisina)
Crainignolle , subst. fém. Sorte de bonnet
[c'est plutôt une loque]. Le même que Incoquet,
dont l'auteur de la Chron. scand. de Louis .XI s'est
servi, quelques lignes plus haut, au lieu de
cramignoHe qu'on trouve dans ce passage de
Monstrelet (fol. 16, verso) : » Tous lesquels vingt
" hommes d'armes avoient belles chesnes d'or
« autour du col, et en leurs testes eramignolles
>< de veloux noir a grosses houppes de fil d'or
■< de Chipre dessus. " (.\n 1465, p. 82.)
Il portoit une cmmicpioUe.
Vig. do Charles VII, I. II, r- 7.ï,
Cramoisi, adj. Honorable, distingué. Comme
le cramoisi étoit une couleur distinguée, on a
employé ce mot pour désigner les choses distin-
guées ou honorables ; de là on a Cnl jjarotes de soye
"cramoisie, pour fayous de parler honorable, distin-
guée. « Grégoire de Tours parle à Chilperic en
<' paroles de soye cramoide , c'est-à-diie avec
« l'honneur, et révérence que l'on doit à son roy. •>
(Favin, Th. d'honn. t. i. page 478.) De là aussi celle
expression populaire, eneramoisy, pour dire d'une
façon distinguée, supérieurement. (Rabe'ais, t. V,
page 215.) (3)
Cramoisine,«'/7. au fém. Cramoisie*. Sublime,
élégante °.
* On disoit, au premier sens, soiic cramoisine.
(Rab. t. V, p. 165.)
^ Dans la seconde acception, on a dit « rhetori-
>' que armoisine et cramoisine « pour poésie, vers
sublimes, élégans. (Hab. t. V, prol. p. 12, note 23.)
Ce sens est fondé sur l'acception que nous avons
assignée ci-dessus au mot cramoisi.
Cramper, verbe. Grimper. Voici le passage où
l'on trouve ce mot. Il y est pris, figurément, en
parlant des riches :
Lor tient ades es mains la crampe
Qui jusqu'au cuer lor monte et crampr.
Fabl. .\1SS. du R. n- ■1218, fol. 127, V- col. 1.
Crampi, adject. et partie. Courbé, contre-
fait* (4). Arrondi^.
* Proprement ce mot signifie i]ui a la crampe, la
goutte, crampe. Commecetle goutte occasionne une
contraction de nerfs, qui rend les nieinbies contre-
faits, on a dit cram/ni de yonte pour attaqué, con-
trefait par la goutte. « Gens malades, et crampus
.. de goule. » (Brill. Loix d'Angl. fol. 36.) De là
crampi pour courbé pris dans un sens générique.
Quant nous serons tuit (tous) venu
Li plus court vois>^nt (aillent) estendu
Et li plus ionc voisent crampi.
Fabl. ,\ISS. du R. n' 7218, fol. 277, V col. 2.
^ Par extension de l'acception courbé, ce mot
a signifié arrondi. Il paroit que c'esl le sens de ce
mol dans ces vers où l'on dit, en parlant de 1»
lettre T.
Du T vous dirai la manière :
En cropant porte sa banière;
Une lettre est corte et crampie.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 127, R- col. 2.
(1) « Ja pour mes dit, barat ne jenglerie. Ne cesserai de vous craindre et amer De plus en plus, cliiere dame sans per. >>
(E. Deschamps, Poës., mss., fol. 141.) (n. e.)
(2) On lit déjà dans Roland (str. XVIII) : « Je me creindreie que vous vous meslissiez. » (.v. E.)
(3) Scarron écrivait encore (Virgile travesti , liv. IV) : « Voudriez-vous bien quitter Carthage ? Vous seriez folle en.
cramoisi. » (N. E.)
(4) On Ut dans Renart (v. 1373) : « L'un pié cranpi et l'autre droit. » (n. e.)
CR
- 366 —
CR
VARIANTES :
CRAMPI. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 127, V" col. 1.
Crampu. Britt. Loix cVAnglct. fol. 36, R».
(Irampir, verbe. On vient de voir erampi pour
arrondi. De là evamplv, nu même sens, dans cet
autre passage où le pocle parle toujours de la
lettre T :
Bien doit avoir l'nschiiio fraite (rompue)
Et si crampisl, et tient ensamble ;
Une maie beste (serpent) resamble.
Fabl. MSS. ilii R. n" 7-2IS, fol. 127. V' col. 1-
Cranis, stihst. manc. plur. C'est une faute pour
crains, crins, cheveux, dans le Dict. de Borel.
1. Cran, stibst. masc. Dégât, dommage. Entaille
dans le sens propre, brèche. On disoit autrefois
ligurément : « Il convient qu'ils s'en voisent
« (aillent) vers Neufchatel-sur-Thyn, et passent la
» rivière, et entrent en l'évèché de Durham, ardant
« (brûlant et ravageant) et exilant le pais. Us feront
« bien grand cran [l) en Angleterre, avant que nos
« ennemis soyeiU pourveus. « (Froissart, livre lU,
p. 330.) On lit à la marge grand degast.
Dont le crime fait trop périlleux cran.
Eust. Descli. Poi's, MSS. fol. 323, col. .1.
2. Cran, subst.masc. Promesse, serment*. Obli-
gation ^. Sûreté , assurance '^. Crédit °. Plaisir ,
volonté^.
*Au premier sens, ce mot vient de CnEANTEn
ci-dessous, promettre. C'est l'acception propre et
générale. « Le duc pria tant l'Empereor qu'il s'en
« mist (pour s'en chargea, s'en lit fort) sor li, et
« sor les deux cardinaus, et jura sor saint, que ce
« qu'il en feroit, il tendroit, et en fist bien le
« créant. •> (Contin. de G. de Tyr, Martène, t. V,
col. 700.) De là, créant de service, en termes de
coutume, signifioit promesse d'acquitter le service
qui est dû pour un lief. (Voyez Laur. Gloss. du Dr.
fr.) « Créant de service, se peut faire pour terre
« féodale, en la main du bailly d'aucun seigneur,
« mais non pas les foy et hommage qui se doivent
« reserver au seigneur. » (Coût, de Chaulmout en
Bassigny, Coût. Gén. t. I, page 438) L'éditeur, qui
renvoie à raguean, ajoute en marge qu'il croit que
c'est la même chose que crand ou sûrelé.
C'est-à-dire assurance ou promesse du devoir
féodal. Cette même disposition se trouve répétée
dans la même coutume au .Nouv. Coût. Gén. l, III,
page 376.
^Cran, promesse verbale, signifioit aussi obliga-
tion, promesse par écril. C'est en ce sens que nous
trouvons souvent ce mol pour obligation en garan-
tie dans plusieurs coutumes. « Les c?y/»s des dettes,
« cedules et obligations pour simple deble en vertu
" desquelles lescreanliers pourront faire demande,
« et action. » (Coût, de Metz, Coût. Gén. l. I,
p. ll,"')fl.) <> Il est deffendu à tous manans et habi-
>' tans de cette ville et pays messin, de quelque
<' (jualité et condilion qu'ils soient, de passer
" eranis, obligations, testamens, codicilles, ou
« antres dispositions de dernière volonté, qu'ils ne
« soient mis en arche d'amant (coll're de greffier). »
(Coût. Gén. t. I, p. 1150; Ord. du Pays messin. —
Voyez Coût, de Haynault, Ibid. p. 8(t7 et 807, où le
mot crand est interprété par l'éditeur, dans le sens
d'assurance ou sûreté.)
*^ De là ce mot s'est pris pour exprimer la sûreté (2)
qui nail de ces sortes d'obligations. « Que nulz
>' marchands presteurs ne puissent faire obligation
« pour ('rawi des deniers qu'ils presteront. >• (Ord.
t. II, p. 205.)
"On retrouve encore dans le mot crant, mis
pour crédit, l'idée de promesse. Faire crédit, c'est
prêter sous promesse de rendre par le débiteur.
Amis, sans le creu.nl de toi
Comment che puist (cela pust) estre ne voi.
Vies des SS. MS. de Sorb. cliif. LX, col. 38.
^De la confusion des lettres C et G, nail l'ac-
ception de créant pour plaisir, volonté, qu'il
emprunte du verbe greanter , convenir, agréer,
qu'on écrivoit aussi creanter.
Quant tôt ot fait à son créant.
Fabl. MSS. du R. n- 7089, fol. 59, R" col. 1.
S'il n'en prendoit bien son créant.
Falil. MSS. du R. n" 7218, fol. 219, V» col. 2.
VARIANTES (3) :
Ga.\N. Cout. de Metz, Coût. Gén. t. I, p, 1150.
Grand. Cout. de Hainaut, Ibid. p. 807.
Cr.vnt. Cout. Gén. t. I, p. llôO.
Creand.
Créant. Cont. de G. de Tyr, Martene, t. V, col. 700.
Crean. Cout. de Tournay, Cout. Gén. t. II, p. 943.
Crance, siibst. fém. Eust. Deschamps, décla-
mant contre la réforme de la maison du roi où l'on
ne s'étoit pas occupé des grands objets de dépense
tandis (lu'on la faisoit porter uniquement sur des
minuties, s'exprime ainsi :
Fors purée, poys, cresson, mais la crance
Sont ceulx dehors, s'il est qui y prant regarde.
Eust. Deschamps, Poês. MSS, fol. 50, col, 1.
Cranequin, snbst. masc. Espèce d'instrument
de fer*. Arbalète ^
*Au premier sens, « c'est l'instrument, ou ban-
« dage pour armer les arbaiestes, dit autrement
" un pied de biche ■• (Dict. de Borel, cité dans le
Gloss. de l'Hist. de Bret ) On lit creveqni)i dans
le même Dict. au mot jaseron , mais c'est une
faute. Faucbet, parlant de cranequiniers , dit:
« Je ne scai s'ils éloient ainsi nommez pour le
« bandage de fer qu'ils portoient à leur ceinture,
« par nous encore nommé craneqnin ('<) ; et les arba -
« lestes au haut de l'arbre avoienl un fer en façon
« d'estrier, pour, en mettant la pointe du pied
(1) M. Kervyn (t. XIII, p. 207) donne au texte eschart et en variantes trau et dcsrmj. (n. E.)
(2) On lit aussi dans Froissart (IV, 231)) : « Il en baillierent sis bourgois de leur ville en crant et en hostage. » Au t. II,
396, on lit aussi : « Et li en fu bailliet en crand et en plege le ville et castellerie de Goudron. » (N. E.)
(3) Voyez aussi Ord., t. V, an. 1231 : « Par le crant et le los del devant dit duc. » (N. E.)
(4) « Icellui Bauduin prist une arbalestre, nommée cranequin et la monta. » (.1.1, 172, p, 55, an, 1422.) A la pièce 118 on
lit : « Bande ton crcnncijuin, qui est dire arbalestre à pié. » Dans une pièce de 1473 on trouve « petit grenequin fourny. »
Voyez dans M. Quicherat {Custumc), la gravure de la page 269. (n. e.)
CR
— 367 —
CR
« dedans, eu tirant à mont (en haut) le pied de
« chèvre (pied de biche dans une citation ci-après
« au mot Craneouimer, ainsi appelle-t-il le bout du
« bandage encorne) plus aisément bander l'arc. »
(Fauch. Orig. p. 121.) Ce mot est expliqué par
machine à enfoncer les murailles et les portes des
villes, dans l'Eloge de Charles VII, p. 11. On trouve
à la vérité dans sa vie, par Baudot (préface, p. 11),
cranequiniêre en ce sens; mais je crois que le cra-
nequin étoit proprement le cri ou ressort servant à
tendre l'arbalète. (Voyez CR.\>EQiiMÉru-: ci-après.)
^De là, ce mot s'est pris pour l'arbalète même.
" Portoient leurs cranequins bandez, et le trait
« dessus. » (Mém. d'Ol. de la Marche, liv.I, p. 215.)
On voit plus bas. au sujet A'un crunequin bandé,
que le vireton (trait, tièclie) etoit sur la corde.
(Ibid. p. 107.)
VARIANTES :
CRANEQUIN. Fauch. Orig. p. 121.
Crennequin. Coquillart, p. 18.
Crenequin. Cotgrave, Dict. - Rabelais, t. IV, p. 133.
Crevequin. Borel, Dict.
Ci'auequinier , siibst. inasc. Qui porte un
cranequin. On appeloit ainsi certains arbalétriers à
pied el à cheval, mais plus souvent à cheval.
(Borel, Cotgrave, Nicot, Oudin et Uu Cange, au mot
crenlùnarii.) » Les crancquiniers, estoient arba-
« lestriers qui bandoyent leurs arbalestes, avec un
« bandage, nommé iranequin, autrement pié de
« biche (pied de chèvre dans une citation ci-dessus
« au mot Craneql'i.n), suivant l'éditeur de Froissart,
liv. IV, page 241, à la marge. « Je croiroi bien que
« cranequin fut mot alleman (1), car volontiers les
« gens de cheval arbalestriers, que l'on appelloil
» craneqtiiniers estoient tirez d'Allemagne, etc. »
(Faucb. Orig. liv. II, p. l2l.)Lecra)iuequinier éloil
un des hommes qui composoient la bmce garnie
que l'on appeloit homme d'armes. ■> Lance g'arnie,
« chacune lance six personnes, assavoir trois
« archers k cheval, un crennequinier, uncoulevri-
« nier et un piquenaire. » (Etat des Offic. des ducs
de Bourg, p. 285.)
VARIANTES :
CRANEQUINIER. Froissart, liv. IV, p. 241, à la marge.
Crannequinier, Crenequinmer, Cr.\nequigneuh.
Crennequinier. Tri. des IX Preux, p. 524, col. 2.
Cranequinièi-e , subst. féni. Machine de
guerre. Peut-être ainsi nommée du cranequin ou
ressort dont on se servoit pour la tendre. « Les
« sièges se faisoient sous Charles Vi, avec des ma-
« chines de guerre à peu près pareilles aux béliers
« des Romains, et qu'on appelloit('r«;ié?(7(//n('^r(?s. »
(Hist. de Charles VI, par Baudot, préf. p. 12.)
Cranocolaptes , subst. maso. plur. Espèce
d'animaux. On ne trouve leur nom que dans Rab.
(t. IV, p. 274.)
Craon, subst. masc. Crayon. (Voyez Mém. de
Montluc, t. I, épit. p. 5.)
Crapaud, subst, nuise. Ce mol subsiste (2). On a
dit proverbialement, pour exprimer le défaut de
subordination dans le gouvernement, que « comme
'< en la danse des crapauds, chascun veut estre
« maistre. » (S. Jul. Mesl. llistor. page 145.) Cette
expression, selon Oudin, s'appliquoil'à un gouver-
nement où l'on supporte les méchans. (Cur. fr. —
Voy. Crapailt ci-après.)
Crapaudaille. [Intercalez Crapaudaille, syno-
nyme de ribaudaiUe, dans Froissart (éd. Buchon,
liv. II, m, 44): « Allez en Angleterre, orde
« crapaudaille, que jamais pied n'en puisse re-
« tourner. »] (n. e.)
Crapaudeaii, subst. masc. Diminutif de cra-
paud*. Pièce d'artillerie °.
* Au pi'emier sens, on écrivoit erapoudel, crapo-
dean, etc. Il est employé llgiirément, comme teme
d'injure, dans ces vers où l'auteur se plaint que
l'argent fait tout dans l'église :
Avoir fait bien, par S. Fiacre,
Trésorier, et arcediacre,
D'un erapoudel, d'un limeçon (limaçon)
Qui ne set lire une leçon.
Hisl. de S" Léuc. JIS. de S. Gsrni. fol. 28, V« col. 3.
On trouve crapaudeaii, au sens propre, dans le
Dict. d'Oudin.
^On appeloit aussi crapaudeaii ou crapaiidin,
une pièce d'artillerie. On distinguoit bombardes,
■' veuglaires, crapaudeaux, etc. » (Math, de Coucv,
Hist. de Charles VU, p. 625.)
CouUars, crapaudins, serpentins
Pour aballre murs, tours, el gardes (remparts).
Vig. de Charles VII, 1. U, p III.
VARIA.NTES ;
CRAPAUDEAU. Dict. d'Oudin.
Cr^paudin. Vig. de Charles VI, t. H, p. 111.
Crapodin. Chasse et dép. dam. p. 1.54.
Crapoudel. Hist de S" Léocade, MS. de S. G. f» 28.
Crapaudine , subst. fém. Pièce d'artillerie.
" Le roy avoil le plus grand nombre de gi-osses
<• bombardes, gros canons, veuglaires, serpentines
« cra/iaiulines , couleuvrines et ribaudetiuins. »
(J. Chart. Hist. de Charles Vil, p. 216.)
Crapault, subst. masc. Terme d'injure ou de
mépris *. Espèce de jeu ° (3).
*Au premier sens, c'est le même que crapaud
ci-dessus. On disoil, au figuré, crapault pelé dans
une signification injurieuse et pleine de mépris.
(Voyez Lettres de lienry, roy de Fr. et d'Anglet.
(juin 1423); Très, des Chart. Reg. 172, p. 21)0.)' Les
étrangers ont aussi nommé crapaux les François,
peut-être à cause de la ressemblance des fleurs de
lis des armoiries de France avec les crapauds.
Peut-être aussi tout simplement par mépris. •> Quel-
•> que chose qu'il soit de ces armoiries, diadesmes.
(1) Le treuil qui sert à monter l'arbalète ressemble à une grue, kra'iieken en bas-allemand, (n. e.)
(2) Les crapauds servaient à conjurer le sort (,IJ. 1 Ity, p. 147, an. 1379) ; « Lesquelles femmes portèrent secondement un
gros crapot, comme dessus, pour deffaire ledit sort ; et ce fait la fille tantost après fu aussi comme toute garie. » (N E )
(3) C'est aussi un guichet (J.[. 188, p. 189, an. 1459) : a Le suppliant envoya quérir la clef du crapault d'icelle porte (de
Bordaux) que les coustumiers de la viUe gardoient. >i (N. E.)
CR
— 368 —
CR
» ou crapaudines ; les Flamans, et ceux du pays
o bas, par dcilain, et pour cestc cause, nous appel-
« lent crapaux franclios. » (l-'auchet, Orig. livre I,
pase DO.)
°C'étoit aussi une espÈ-ce de jeu. On lit dans Rab.
1. 1, page 150. - A colin maillard, à mire limofle, ù
» mouscliart, au craïutull (1), à la crosse. »
variantes:
CRAP.\ULT. Très, lics Ch;irtp.-, reg. 172, pièce 296.
Crapaux, phn-. Favin, Th. dhonn. t. I, p. 129.
Crapoux, ptur. Modus et Racio, MS. fol. 285, R".
Crape, suMt. fém. Grappe.
C'est 11 crape de la vigne nourrie.
Poés. MSS. Vatican, n- 1490, fol. 127. R'.
Craper, verbe. « En Paradis vont cil viel pres-
« Ire et cil viel clop (boiteux) et cil manke (man-
« cbots) que lole jor et tote nuit crapent devant ces
« aulex (autels). » (Fabl. mss. du R. n° 7080, f' 73.)
Crapin. [Intercalez Cr«/j/». criblures: « Saint
« Pierre de Lille n'a riens au ûvoil crapln qui chiet
» du van. » (Du Gange, II, 6i6, col. 1.)] (n. e.)
Crapois, s(.''(S/. inasc. Sorte de poisson (2). « Le
" f)'fly;o2s nouviau, le cent (payoit) troissols quatre
« deniers. Crupoij viel, le cent vingt deniers. "
(Lelt. de l'an 131'., Ordonii. t. I, p. 600.) « Morues,
'■ saluions fraiz, et salez, sèches, aies de mer, moul-
les, oistres, hanons pourpois, crapois, payeront six
■' deniers pour livre. ■■ ;Ord. de 1351, Ibid. t. II,
p. 424.) « Morues, saumons fraiz et salez, sèches,
» aies de mer, moules, oistres, bavons pourpoir et
•' ijrapois paveront (juatre deniers pour livre. "
(Ord. de 1340," Ibid. t. II, p. 310. — Voyez Craspois
ci-dessous.)
variantes :
CRAPOIS. Ord. t. Il, p. 424.
Crapoy. Ibid. t. I, p. im.
Grapois. Ibid. t. II, p. 319.
Crapovidine, subst. fém. Grapaudine. Sorte de
pierre précieuse.
Tanpaus (topases), et crapoud'mes (3)
Avoit en l'aimant asises.
Fabl. MSS. du R. n- 7015, t. II, f- 180, V" col. 2.
Grappe, siibst.fc'm. Lie (4). (Voyez Du Gange, au
mot Crappa.)
Craquelin. "Intercalez Craquelin, échaudé, au
reg. JJ. 171, pT 28-2, an. 1420: « .lelian Gailliet
<' requis au suppliant que il vousisl eslre à un
« esbatemenl,... pour gaingnier un craquelin et
« tonnelet plaiu de composte Lombarde. "] (îs-. e.)
Craqueter, verbe. Glaiiuer. On a dit : « Faisoit
<< craqueter un fouet aussi bien que chartier de
<' France. » (Ess. de Montaigne, t. 1, p. 144.)
Craquetis, subst. nuise. Glaquement. (Dict. de
Nicot et de Cotgrave.) On disoit craquetis ou claque-
tis de dents. (Pasq. Rech. p. 671.)
1. Cras, adj. Gras. (Voy. Dict. de Borel.) Nous
avons déjù vu plusieurs exemples du G mis pour G.
On trouve, dans les vers suivans, une façon de
parler encore subsistante (."ï) :
Sur un cheval estcil montée,
Si cras c'en (qu'on) li peust conter
Les costes tôt sanz mesconter.
Fabl. MSS. du R. n- 7lil5, l. II, fol. 101, V" col. 2.
Voyez Rom. de Brut, ms. de Bombarde, où l'on
trouve gj'as an lieu de cras (6), dans ces vers du
même roman :
Furent de noble contenance.
De belles armes, de beaux draps (habits)
De beaux lorains, de chevaux r/ras.
Rom de Brut. MS. fol. 79, R* col. 1.
On lit /(" jour du cras dimanche pour le diman-
che gras, dans .1. Le Fèvre de S. Rémi, Histoire de
Gharles VI, p. 101. (Voy. Creses ci-après.)
2. Cras, adv. Demain. G'esl le mot latin cras. On
disoit en françois Jusqu'à cras, jusqu'à demain.
(Faifeu, p. 37.) De la cette expression : avoir son
cardinal ou son cras , en parlant des règles des
femmes, peut-être parce que dans celte circonstance,
elles remettent leurs plaisirs au lendemain.
La conformité de ce mot avec le latin cras,
demain, a aussi donné lieu à S. Athanase et à d'au-
tres, d'en faire une allusion au pêcheur qui re-.-'iet
toujours au lendemain.
3. Cras, subst. niasc. Gri du corbeau. En ce
sens, n'as est un son imitatif.
4. Cras, subst. feni. Graie. (Dict. de Gotgr.) On
dit encore en plusieurs endroits, surtout à la cam-
pagne, cras dans ce sens.
variantes :
CRAS, Crage.
Crasir, verbe. Ecraser, broyer ou casser, rom-
pre. Il semble que ce soit le sens de cq mot dans
ce vers :
Sans dépecier, et sans crasir.
Fabl. MSS. du R. n' 7989, fol. o2, R° col. 2.
Craspois , subst. masc. Quelle que soit la
signilication de ce mol, dans les passages suivans,
elle pareil différente de celle de crapois ci-dessus.
Auroit on sans dangier (difficulté)
Burre (beurre), ou sain huile, ou craspois (7)
Assez à amender (engraisser) ses pois.
Fabl. MSS. du R. o- 7218, fol. 17H, R' col. î.
Veus-tu c'om doinst poivre porpois.
Et grosses pierres por craspois.
Lus pour harens, prunes por pomme.
Ibid. fol. 269, R- col. 2.
(1) C'est aujourd'hui le jeu du tonneau, (n. e.)
(2) C'est la baleine que mangeaient les Français du xiv siècle, comme les Esquimaux d'aujourd'hui. (N. E.)
(3) « Une crapaudiiic assize en un anel. » (Laborde, Emaux, p. 232.) On croyait cette pierre cachée dans la tête du
crapaud ; c'est la dent pétrifiée du loup marin. » (N. E.)
(4) C'est la graisse de la meule du moulin. Voyez Crapi». (n. e.)
(5) En Hainaut, dans la Flandre wallonne, en Picardie. (N. E.)
(6) On lit aussi dans Froissart (II, 176) : « Cinq cens grosses bestes et crasses. » Il signifie encore : 1» Fertile : « Pays cras
et drus. » (III, 20.) 2» Bourbeux : « t.'rrt.s mares plains de bourbe. » (II, 144.) (N. E.)
(7) C'est la baleine : « Michelet Tranchant, messagier envoie d'illeo porter lettres à Paris à Colin Brun pour avoir du
craspois pour la dépense de l'ostel. » (R. N. fr. 6740, fol. 8 a.) (N. E.)
CR
369
CR
VARIANTES :
CRASPOIS. Fabl. MSS. du R. n« 721S, fol. 2G9, R° col. 2.
Cr.\pois. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 246, R» col. 2.
Crasser, verbe. Craclier. On lit en ce sens :
« Mettoient des croix dessus les murs et crassoient
« dessus. •• (Tri. des IX Preux, p. 485.) Craisieres[
employé substantivement dans le passage suivant.
Quand on créoit un chevalier du bain, le chevalier
devoit commencer « la table des chevaliers, et
« seront assiz entour luy les chevaliers ; et il sera
» servy, si comme les autres, mais il ne mangera,
« ne bevera (boira) à la table, ne se mouvera
V (remuera) ne ne regardera, ne deçà ne delà, non
« plus que une nouvelle mariée : Et ce fait, ung de
« ces gouverneurs aura un cuervercher (linge) en
« sa niain, qu'il tendra par devant le visage, quant
« il sera besoin, pour le craisier. « (Mil. fr. du P.
Daniel, t. I, p. 104.)
VARIANTES :
CRASSER. Tri. des IX Preux, p. 485, col. 1.
Craisieh. Mil. fr. du P. Daniel, t. I, p. 104.
Craquer. Valesiana, p. 73.
Crassier. [Intercalez Crassier, marchand de
graisse, auregTJJ. 190, p. 396, an. 1463: « Zegre
» Dumay CT'ass/er, natif de la ville de Gand,... fut
» en la compaignie d'autres dudit mestier de
« crasserie boire en ung cabaret. »] (n. e.)
Crassitie, suhst. fém. Grosseur, épaisseur.
(Dict. de Cotgrave et d'Oudin.)
VARIANTES :
CR.iSSITIE, Crassitude.
Crassus, subst. masc. .Nom propre. Ce mot, dont
Voltaire s'est servi , dans son Temple du goût,
pour désigner un homme orgueilleux de l'opulence
dans laquelle il s'endort , paroit avoir la même
signification dans ce passage :
Trop sont prélat vilein et rude
As clers qui vienent de l'estude.
S'un de cax (ceux) vient qui estudient,
Con ge connois, qui s'umelient,
Crassus qui dort sur les roisoles
Hist. de S" Léocade, MS. de S. G.
Crastiii. [Intercalez Crastin, lendemain de fête :
» Pour un pain et un denier de rente pir an, à
« paier... à nous et à noz hoirs ou crastin de la
« Nativité. •■ (Pièce de 1-286, Du Gange, II, 647,
col. 3.) On trouve aussi crastine: <> Le lendemain
« et crastine du jour de feste S. Pierre entrant
« Aoust. » (JJ. 133, p. 17-2, an. 1388.)] (n. e.)
Craii, subst. masc. Nom de lieu. Petit pays delà
Provence; proprement champ pierreux, du mot
craig ci-dessus; pierre, suivant le Dict. de Borel. Ce
champ de six ou sept lieues de long est situé entre
Marseille et Narbonne (1). (Voyez Du Gange, au mot
Cotulosus.)
Craupon, subst. masc. Suivant une disposition
de la Coutume de Langle, » celui de inhabilant qui
« fera faire et cuire bricques au dit pays, est tenu
« payer, au prouffit du dit pays, de chacun cent
« mille, un mille de bonnes bricques ; et l'eslranger
» faisant faire aussi bricques, est tenu payer, au
« prolTit du dit pays, de chacun cinquante mille,
a un mille de bonnes bricques, et respectivement
u laisser le craupon appelle entiers Her-ventel ,
" pour être employé aux trous des rues. « (iS'ouv.
Goût. Gén. t. I, p. 306.)
Cravant, subst. niase. Petite oie. (Monet, Gotgr.
et Oudin, Dict.) On lit dans Rabelais, t. I, p. t>38 :
« Quelcques douzaines de ramiers, d'oiseaulx de
« rivière, de cercelles, butors, courtes (tourtes),
« pluviers, francolys, cravans, etc. »
Cravanter, verbe. Ecraser, ruiner, renverser(2).
On trouve s'escravanter pour se briser, s'écraser,
dans le Dict. de Cotgrave. On disoit, avec impréca-
tion : Dieu vous puist cravanter. (Hist. de Bertrand
du Guesclin, par Ménard, p. 288.) > Si tant le cuida
« la faulce fortune, dont vient ce que le géant ne
« Vacravanta de sa pesante massue, etc. « (Percef.
vol. II, fol. 92.) « Les abbayes roboie; l etardoient,
" les chasteaulx cravantoient. » (Chron. S. Denis,
t. I, fol. 96.)
VARIANTES :
CRAVANTER. Molinet, p. 155.
Craventer. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f" 94, R» ool. 2.
Gravanter. Rom. de P>rut, MS. de Bombarde.
Graventer. Dict. de Cotgrave.
Grevanter. Id. ibid.
Acravanter. Dict. de Cotgrave.
ACER.WANTER. Dict. de Cotgrave ef de Nicot.
Accrevanter. Dict. de Monet.
Escravanter. Dict. d'Oudin et de Cotgrave.
Esc.\rv.vnter. Rom. de Brut, MS.
Escarventer. Dict. d'Oudin.
EsCALVENTRER. Dict. d'Oudin.
Cravate, S!</)s^ fém. Ge mot se dit encore d'une
partie de l'ajustement des hommes. Les femmes ont
aussi porté des cravates. C'étoit une parure attachée
à leurs robes, et qui faisoit le tour de leur sein et
de leurs épaules. (Voyez Lettres de Mad'deSévigné,
t. Il, p. 117.) (3)
Ce mot nous fournit d'ailleurs quelques expres-
sions que nous allons remarquer. On disoit :
i" [testraindre la cravate , pour élraiigler ; au
figuré, serrer :
Falotes restraii^dre sa cravate.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 382, col. 3,
2° Pousser à la cravalte , pour serrer de près,
presser. » M' le prince croyant que ce fut toute
" l'armée qui se retiroit en desordre dit aux S"" de
« Tavannes,etde Lenquede ;wî«ser à la cravalte [i.)
« avec son régiment, pour tacher d'engager quel-
« que combat. » (Mém. deTavannes, p. 201.)
Graver, verbe. Briser, écraser. Ge mot semble
(1) Cette plaine, d'origine marine, a été couverte de cailloux, aux temps antédiluviens, par le Rhône et la Durance. Au
nord des Alpines, plus près de la Durance, est la Crau d'Orgon. (n. e.)
(2) On lit dans Gérard de Vienne (v. 1733) : « Ville, ne marche, ne tor, ne fermeté, Kià le terre ne soit jus craventé. » (n. e.)
(3) Le mot apparaît dés 1656. (N. E.)
(4) C'est-à-dire en éclaireurs, comme la cavalerie légère des Croates, (n. e.)
lY. 47
CR
370
CR
une conlraolion Je cravanler. On lit, dans le sens
propre :
. . . Une escoufle (chouette) vinoit volant de vers de mer
Qui me voloit mes ces (yeux) de me teste craver.
Poés. MSS. avanl IMU. T. IV. p. 1365.
Au fi j;' a ré :
Humiliiez est tant creue
C'orguex (orguein corne la recrue (retraite),
Orguex s'en va, Uiex (Dieu) le cravaiU.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. ;«, R" col. 2.
Remarquons celle espèce de serment :
A foi, li cors Diu me craveiit.
Poës. MSS. avant 1300.
Craye, subst. /'c'/h. Maladiedela pierre, en pariant
des oiseaux. « Les signes de la pierre, autrement
« nommée crcnje sont, etc. » ( Du Fouilloux,
Fauconu. folio 83. )
VARIA.NTES :
CRAYE. Du Fouilloux, Fauconnerie, f» 83, R".
Croye. Id. ibid. fol. 23, V".
Crayer, verbe. Fi'otter de craie. (Cotgr. et Oud.)
Creable , adj. Croyable , sur qui l'on peut
compter, à qui Ton peut se lier (1). (Cotgr. Oudin,
Nicot, Monet, etc.)
Miracles une finité.
Que cil de sa voisineté
Qui furent creable et preudomme,
Proverent à la cort de Romme.
Fabl. MSS. du R. ir li\». fol. 28:., R- col. 1.
De là, faucon creable, en termes de fauconnerie,
pour signifier un faucon dont on éloit sûr. (.Modus
et Racio, f' 77.)
On disoit aussi lettres creables, pour lettres sur
lesquelles on peut compter, auxquelles on peut
ajouter foi.
Par letres creables, leur mande.
G. Guiarl, MS. fol. 216, V".
VARIANTES :
CREABLE. Eust. Poës. MSS. fol. 3.
.Crédible. Bouch. Serées, liv. I, p. 418.
Creaule. Beaumanoir, p. 337.
Crole. Gloss. du P. Martcne, t. V.
Créablement, adv. D'une façon croyable. » A
" celle fin que ces nouvelles fussent affermées, et
« certifiées en l'hoslel d'Espaigne mieux, et plus
" créablement par luy, que par paroUes vollans,
« etc. » (Froissart, liv. ni, p. 301.)
Creac, suhst. masc. Esturgeon (2). » Le poisson
« accipenser, que les François appellent esturgeon,
«'et ceux de Bordeaux, créai, ne se servoit jamais
" à la table des Romains sans une grande pompe. »
(Boucliet, Serées, liv. 1, p. 219.)
VARIANTES :
CREAC. Monet, Cotgrave, Dict.
Creal. Boucbet, Serées, liv. I, p. 219.
Creacion, subst. fém. Amusement, divertisse-
ment. C'est le sens de ce mot, dans ce passage :
« Haa ! comment Dieu nostre seigneur list grant
« creacion à nature humaine, quant il voult ordon-
« ner les déduis des chiens, et des oiseaulx ■>
(Modus et Racio, .ms. folio 144.) C'est vraisembla-
blement une faute. On lit, aliàs, recréation.
1. Créance, subst. fém. Foi, confiance, assu-
rance *. Ordre religieux ". Education '^. Crédit °.
Ternie de fauconnerie ^. Mode''.
* Le sens propre de ce mot est foi, confiance, du
latin credere. ■> Le roy qui de cette fraulde ne se
" gaidoit, procédant de bonne rrcaHCC. >' (Histoire
de la Toison d"or, vol. 1, folio 3.) C'est-à-dire de
bonne foi.
Moult à mauvaise crea)ice.
Gonliers de Scignies, l'oi-s. MSS. av. l.'.OO, t. II, p. ft82.
Quelle preuve, ou qu'elle foy,
Vous puis-je donner de moy ?
Qui ces créances efface.
Œuvre de Desporlcs, fol. 521, R' et V.
Les chasseurs se sont aussi servis du mot
créance pour désigner les chevaux o'j les chiens
dont ils étoient sûrs, chevaux ou chiens de créance,
de confiance. (Charles IX, de la Chasse, p. 54.)
« Pour dompter les chevaux, les rendre doux, pai-
» sibles et de créance. » (Bouchet, Serées, liv. 1,
page 401). ) On disoit, en parlant des chiens : les
mettre en bonne créance, leur apprendre à estre
de bonne créance, pour les former, les rendre sûrs.
(Chasse de Cast. Théb. ms. p. 210.)
On dit encore lettres de creance[o) ou de creaunce,
comme on disoit autrefois lettres de credence, lettres
qui constatent le degré de confiance qu'on doit
donner à quelqu'un. (Rymer, t, I, p. 105 ; trois
titres de 1200, oîi on lit créance.) Le mot créance se
trouve employé seul, avec la même signification,
dans le Jouvencel, ms. p. 330. Dans le même sens,
des témoins de credence étoient des témoins dignes
de foi. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) Un hommede légère
credence éloit celui sur qui on pouvoit difficilement
compter. (Crétin, p. 119.] Au contraire, un homme
de foy et de credence éloit un homme de poids el
d'autorité. (Ger. deNevers, 2" Part. p. 45.) " Il avoil
« en Rome grande rt'(''f/f?;r6' (grande autorité), - on
avoit en lui toute confiance. (Percef. vol. Ill, f" 102.)
^ Chaque ordre religieux a sa façon de croire, de
penser ; de là, créance pour désigner l'ordre des
Templiers :
.... Osté à ceste créance
Nostre roy Philippe de France,
Et le pape le quint Clymant (Clément).
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 76, R" col. I.
"^ Comme l'idée de confiance est nécessairement
attachée à celle de l'éducation que reçoivent les
enfans de la part des instituteurs auxquels ils sont
confiés, les Italiens se servent du mot creanza pour
signifier éducation, et nos pères disoient aussi
créance dans le même sens. « L'atliffet (parure) des
« damoiselles, première et plus importante pièce
« de leur embellissement, c'est l'inslilution de la
« belle créance, ou nourriture d'une fille de grande
« maison. ■• (Tit. d'un des liv. de Guillaume de la
Taissonniere, cité par Duverdier, Bibl. p. 510.)
(1) Voyez Froissart (11, 124) et Ord., V, p. tîijl, an. 1372. (N. e.)
(2) On le nomme encore crat. (n. e.)
(3) Froissart (II, 355). On lit aussi au t. 1\, p. 10 : « Li rois prist les lettres et les lisi et porloient créance. » (n. e.)
CR
371 -
CR
° Le crédit est un acte de confiance ; de là ,
créance a signifié crédit, comme dans Claude Jurain,
du comlé d'Aussonne, p. 24, titre de 1229. Dans les
15 Joyes du mariage, p. 25, on lit : « Vient prendre
« le drap, et la penne (fourrure) à créance, et s'en
« obligeaux marchans. » Delà encore, on a nommé
droit de créance, dans certaines coutumes, le droit
de prendre à crédit, que les seigneurs se réser-
voient enafïrancliissant leurs hommes. (La Thaum.
Coût, de Berry, p. 425. — Du Cange , au mot
Credentia(i.)(\) On lit, dans LaThaum.(ihid. p. 37):
« Pour l'ordinaire, les seigneurs en affranchissant
« leurs hommes, se reservoienl le droit qu'ils appel-
» loient crediloris, que la version de l'ancienne
« coutume de Meun appelle créance, qui éloit le
« droit de prendre à crédit du pain, de la viande,
« des victuailles, et denrées nécessaires pour la
« fourniture de leurs maisons, avec terme certain
« d'en payer le prix à une ou plusieurs fois. "
°A"ous ne trouvons point d'exemples du mot cré-
dence, pris en ces deux derniers sens, auxquels
cependant ce mot pourroit s'entendre aussi bien
que créance. Car ces deux mots sont évidemment
les mêmes, dérivés tous deux du même mot latin,
et ne dilTèrenl que par la variation survenue dans
la prononciation plus adoucie dans créance. Nous
trouvons l'une et l'autre orthographes pour dési-
gner l'essai du vin et des viandes.
Si je foste le soupçon
Que ta viande est sans poison,
Et afin qu'elle ne t'offense,
Moy mesme j'en fais la créance.
Les Touches de Des Ace. fol. 41. R" ei V.
Dans les Honneurs de la Cour, ms. p. 72, en par-
lant de la façon dont on doit couvrir la table d'un
prince ou d'une princesse, on dit : « Y faut deux
« petites escuelles d'argent au pied de la salière,
» dessous la serviette, oîi seront mis les essays,
« tout tranchez, de pain, pour faire la credence,
« à chascun plat de viande, quant ils seront posés
« sur la table. »
^ Créance, comme terme de fauconnerie, conserve
la même étymologie. C'est la petite ficelle avec
laquelle on retient, on s'assure du faucon qui n'est
pas dressé, ou, comme on disoit, qui n'est pas
creable. (Voy. ce mot.) On nommoit faucon creable,
celui dont on étoit sûr, sans être olMigé de le tenir
attaché ii la créance. (Modus etRacio, ms. fol. 14i.)
« Si lu vois qu'il soit bien loerré (leurré, fait au
« leurre), et qu'il ne redoubte ne gens, ne chevaux,
c( si lui oste la créance. » (Modus et Racio, ms.
fol. 117.)
"^ Mais créance pour mode, ne doit point se con-
fondre avec credence. L'étymologie n'est plus la
même. Créance alors vient du latin crcare, créer,
inventer. On lit dans Eust. Deschamps, en parlant
des voyageurs étonnés des diversités que leur
offrent les nations différentes :
Maint seroient esbahis
De la créance des habis.
Des vivres, des divers Estas,
Des bestes, des merveilleux cas,
Des poissons, oiseau.x, etc., etc.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 356. col. 2.
VARIANTES :
CREANCE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 311, V" col. 2.
Creadnce (Lettres de). Ryiner, t. I, p. lOô.
Credence. Percef. vol. III, fol. 102, V° col. l.
2. Créance, subst. Consentement, agrément (2).
VARIANTES :
CRE.iiNCE.
CRE.4.NCEMENT. Duchesne, Gén. de Guines, p. 284.
Créance, iiarticipe. Rançonné. On lit dans ce
sens : « Conduysoienl en leurs courses très sage-
« ment : et s'aventuroyent pour gaigner par
« bonne façon, voire jusqu'à gaigner, et emmener
" de nos gens et pris et créances jusques auprès
" des portes d'Arlon : où éloit le duc en per-
« sonne. » (Mém.d'Ol. delà Marche, livreL P- 214.)
Creancér, verbe. Consentir, agréer. (Duchesne,
Gén. de Guines, p. 284, lit. de 1241.)
Créancier , snbsl. masc. Débiteur. Ce mot
subsiste dans le sens contraire. « Le.s ent'ans
« venus en aage parfaicl ne peuvent demander les
« meubles, ne les debtes qui estoyent dues à leur
'< père, ou mère, et n'en auront aucune action à
« rencontre des créanciers vivant leur gardien, et
<' aussi ne seroyent tenus les dicts créanciers de
« leur en respondre en aucune manière, sans autre
« filtre, ou autre qualité.» (Gr. Coul. de Fr. p. 209.)
1. Créant, adj. et subst. masc. hciif. Qui fait, qui
crée. On a dit, en parlant des deux principes de la
nature : « Deux substances sont, l'une esl créant,
" et l'autre créé. » (Modus et Racio, ms. fol. 236.)
Ce mot s'employoit aussi substantivement avec
l'article. « Le créant, c'est le créateur de toute
« créature créé par luy. » (Ibid.)
2. Créant, adjectif. Digne de foi, affidé, sûr*.
Croyant fidèle ^.
* On lit au premier sens (3) :
Maint bon chevalier y demeure
Qui du bien garder sont créanz.
G. Guiarl, MS. fol. 65, R'.
De là, créant message, pourhommede confiance.
Peut-être assurance, sûreté, garantie. •< Cilli creança
« que il le garderoit en sa main, fresque (jusqu'à
« ce que) adonc que il aroit créant messages, ou
« ses lettres pendanz. » (Villebard. p. 124.)
^On remarque la seconde acception dans les
vers suivans :
A bricf termine,
Jesir soloit (avoit coutume) en la vermine
Or n'est mais bon (honore) qui ne l'encline ,
N'e vien creans,
Ains est bougres (hérétiques), et mescréans
Ses aversaires.
Fabl. MSS. du R. n- 7G15, 1. 1, fol. 69, V- col. 2.
(1) Du Cange cite la charte d'.Auxonne. (N. e.)
(2) Lisez plutôt créante, comme dans une pièce de 1257 : « Et toutes ceulz choses sont faites par lou lous et par lo créante
de Madame Gaudine sa famé. » (Du Cange, II, 649, col. 1.) (N. E.)
(3) Froissart (XVI, 213) : « Quant les créantes nouvelles leur furent venues. » (n. e.)
CR
— 372
CR
3. Créant. [Intercale:; Créant, promesse, ga-
rantie, donila forme contracte est crant:
Au roi liient : Ostages somes,
Par Roonel contre lox homes,
Dist U rois : Bien estes créans.
Renarl, -v. 24031 .
Froissart (II, 482) écrit aussi : » Et les tist se-
« nionre sur leur créant qu"il venissent saiis nul
« délai. »] (n. e.)
Créantement, subst. masc. Obligation, con-
trat. De là, fere créantement, pour contracter,
dans ce passage : •■ Se chil qui (celui qui") fet son
« teslameiil fait fiancer (promettre) à les hoirs qui
" sont soubz aage (mineurs), ou qui sont en aage,
« mes ils sont en sa mainburnie (tutèle, garde),
» que il tiendront l'ordonnance de son testament,
« et après ce, cbil qui fist le testament contre droit;
« li creantemens ne leur doit pas nuire, car li
>' soubz aagiez se pueenl (peuvent) aidier de che
« que il n'èstoit pas en aage de fere (faire) créante-
« ment, ne convenanche (convention, traité). »
(Beauman. p. 69.)
Creanter, verbe. Promettre, assurer *. Consen-
tir, agréer, accepter^.
* Ce mol, au premier sens, paroit venir du latin
credere (1). (Voy. Borel, Ménage, etc.) « Il leur a
« créante que si feroil-il. » (Ilisloire de Berir. du
Guescl. par Ménard, p. 101.) « Cil li creança que il
« le garderoit en sa main. >■ (Villehard. page 124.)
« Le menoit par respil, ne chose (lu'il lor crean-
« çast. ne tenoit. » (Id. p. 84.)
Hé bêle, un baisier vos demant,
Et se je l'ai, je vos o-eani,
Xe m'en porroit nul mal venir.
Poës. MSS. avant 1300, t.
^Creanter signifioit aussi consentir, agréer,
accepter; alors il paroit formé de gratus. Nos
anciens auteurs Tout confondu avec grcanter (2)
qu'on verra ci-apriî'S.
Orgueilleus ne puet creanter
Kenus (nulle) par bonté li soit per.
Vies des SS. WS. de Sorb. LX, col. H.
De là, on a dit :
Je créant bien ceste parole,
Dit la pucele, et si le croy.
Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. U, fol. 184. V- col. 1.
C'est-à-dire je conviens bien de ce que vous
dites, etc. {^)
Conjugaison.
Crant, indic. prés. Je promets. (Fabl. >iss. du H.
n" 7218, fol. 152.)
Crant, indic. prés. Promet. (G. Guiart, ms. f"l4G.)
Crentey, prêter. Promit, assura. (Ord. t. V, p. 550.)
VARIANTES :
CRE.\NTER. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 164.
Creancer. Duchesne, Gen. de Béthune, p. 164.
Cre.\ntier. Beauraanoir, p. 191.
Cranter. Coût. Gén. t. I, p. 1150.
Crenter. Ord. des R. de Fr. t. V, p. 510.
Creancer. Fabl. MSS du R. n» 7615, t. I, f» 113, R» col. 2.
Creanz. [Intercalez Creanz, criblures, comme
crapin et crieu. (Ch. de 1283, D. C. 11,-646,
col. 2.)] (N. E.)
Création, subst. féni Créature*. Extraction,
naissance °.
*Au premier sens, ce mot est employé comme
terme collectif de créature. Il sigiiilie proprement
tout ce qui est créé. Un ancien poète, parlant de
l'assomption de la S" Vierge, dit que ce fut sa
septième allégresse :
La septime, l'acension.
Quant en ame, et en cors assise (placée)
Fus seur toute créacion.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 180, R* col. 2.
^ Ce mot signille extraction, naissance, dans cet
autre passage :
Chascuns me fuit, ne nulz ne me parente,
Les riches voy trop bien emporentez :
Ceulx ont indignacion
De moy veoir, de qui création
Je sui estraiz ; si sui plus bas que biers
Quant je me voy de tous maulx personners.
Eusl. Desch. Pois. .MSS fol. 21 :t. col. 4.
(Voyez Creoiso.n' ci-après.)
variantes :
CREATION. Orlh. subsistante.
Créacion. Fabl. MSS. du R. n° 7218, f» 180, R» col. 2.
Créature, siibst fém. Personne*. Serviteur ^.
Courtisane '^.
*Ce mot est encore en usage dans le premier
sens, en langage vulgaire.
Li dis, doulce crealurc,
Endurés les dous maus d'amer;
Plus jovenete de vos les endure.
Jeh. de Nocville, Poés. MSS. av. 1300, t. III, p. 1206.
On employoil l'expression douce créature, même
en parlant de Dieu. C'étoit une sorte d'exclamation.
« Hé Dix! fait-il, douce créature, se je me laisse
« caïr ^tomber), je briserai le col. >■ ^Fabl. .mss. du
R. n°7989. fol. 72.) (4)
^ Ce mot signifioit aussi serviteur, homme atla-
ciié. 11 semble que l'usage de celle acception soit
nouveau du temps de Montluc, car, parlant des
courtisans et de ceux qui s'attachent à leur
fortune, il dit : « Leur honneur est d'avoir des ser-
« viteurs qu'ils appellent créatures. » (Mém. t. II,
p. 448 ) Cependant, on voit, dans les lettres d'Yves
de Chartres, ces mots : > Ilubertus Sylvanectensis
« Epicopus fr^fl^/o veslra ", où le mol creatio est
pris dans le môme sens. ;Epitre244. Voy. Du Cange,
au mot Criacio.) Delîi, cette expression créature de
Dieu, pour désigner une personne servant bien
Dieu. On lit dans l'IIist. delà Pucelle d'Orléans,
p. 513, que c'estoit une créature de Dieu.
(1) On lit dans Beaumanoir (ch. LIX) : « Cil qui est en autre pooste ne puet mie me creanter convenant que une cose si
soit après la mort à celui en cui pooste U est. » De même dans Froissart (V, 213) : « Mes je vous créante et convenance que
je en ferai mon pooir. » (N. E.)
(2) Ces formes et graanler, granter, d'où l'anglais to grani, sont comme creanter, des dérivés de créant, (n. e.)
(3) Il sigiiilie aussi relâcher sur parole (.Froissart, III, 128) ; a Depuis qu'il fu créantes prisons, fu il occis. » (N. E.)
(4) On lit encore dans les Poésies mss. de Froissart (p. 317) ; « J'ay tout veu, quant j'ay veu madame... J'ay tout veu , à
parler par droiture. Quant j'ay veu si gente créature. » (n. e.)
CR
373 -
CR
'^Créature est encore aujourd'hui un terme de
mépris. Autrefois, d;ms un sens plus déterminé, ce
mot signiiloil courtisane. S" Marie Egyptienne
dit, en parlant d'elle-même :
Jou ne li os (je ne lui ose) torner mon vis
Ne li os torner me failure (ma taille),
Car je sui une créuture.
Vies des SS. MS. de Sorb. chif. CXI, col. 21.
Le peuple, eu Normandie, s'en sert encore dans
ce sens.
VARIANTES :
CRE.VTURE. Orth subsistante.
Criature. Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1507.
Creaule, adjectif. Croyable. (S.Bern. Serm. fr.
MSS. p. 193, en lalin eredibilis.) (1)
Créaument, adverbe. D'une façon croyable.
Creauraenl, dans S. Bern. Serm. fr. mss. page 212,
répond au lalin fiducialiter.
Creauiisour, siibst. masc. Ci-fîancier. ^Britt.
Loix d'Angiet. fol. tJ2.)
Crebecaos , subst. masc. plur. Panier. On
appelle en provençal crebecaos de viagaigne, les
paniers des femmes. (Voyez le Maiidem. de i'Arcli.
d'Arles, du 5 septembre 1732.)
Crécelle, subst. fém. (Voyez les Antiq. du
C" de Caylus, Antiq. rom. p. 20^.)
Grecque, subst. fém. Fruit du crequier [voyez
plus loin ce mot]. Prune sauvage. Ce mol est
fréquent en Normandie et en Picardie. (Dicl. de
Borel.)
VARIANTES :
GRECQUE, Creque.
Credence. [Intercalez Credence, forme savante
de créance, au sens de: 1° Crédit: « Ils lui
« envoioient un cl.evalierd'honneur et de credence
« en ambassade. » (Froissart, XV, ^i').) 2° Con-
fiance (Malb. de Coucy, p. 700) : « Le seigneur de
" Prie , en qui le roy adjoustoit grande foy et
« credence. » 3"Temoinsdecm/<'»f(' (I*ii Cange, II,
651, col. 1): « Fide digni, in stylo normannic'o, qui
» simpliciteracnudèdeponunlseitacredere.»](N.E.)
Credencial, adj. De créance. On a dit brefcre-
dentiat, pour bref de créance. « Le vingtième jour
« de ce présent mois, vint la réponse du pape à
« l'ambassadeur d'Ecosse, de la manière que s'en-
« suit : assavoir ung brief du pape responsif aux
>' lettres que le l'oy luy avoil escripl, et estoit à la
« fin de credencial sur le dit ambassadeur d'Es-
» cosse. •' (Lett. de Louis XII, t. II, p. 273.)
Credentier, subst. masc. Créancier *. Som-
melier, buiït'lier ^. Ce mol, dans l'un et l'autre sens,
emprunte ses significations de créance, essai, crédit,
le même que credence, dont il est formé. Ils ont
tous deux la môme étymologie. (Voyez ce mot.)
* Au premier sens, on opposoit crederentier,
créancier, à débirentier, débiteur. (Coût, de Chimay,
Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 271.)
^ Credentier signilioil aussi sommelier, butfelier,
proprement celui qui fait la credence, l'essai des
viandes. (Dict. d'Oudin.) C'est en ce sens qu'on
lit: « Eschansons, escuyers Iranchans, couppiers,
« credentiers » (tîab. t. IV, p. 273.)
VARIANTES :
CREDENTIER. Oiidin, Dict.; Rab. t. IV, p. 273.
Crederentier. Coût. Gén. t. II, p. 271.
Crédirentier.
Credier, nubst. masc. Cardeur. Du mol creder,
qui s'est conservé en Normandie, dans les manu-
factures, pour carder la laine.
Crediers, tondeurs, tout laboureur
Servent Dieu toute la sepmaine.
>Comredit de Songecr. fol. 11, V'.
Crédit, subst. masc. Créance *. Droit seigneu-
rial °. Aveu, confession '^ (2).
* Sur le premier sens , voyez Du Cange, au mot
CredcHlia 0. " Homme et femme conjoincls par
» mariage sont uns, el communs en biens, meubles,
« debtes, el crédits Faits, tan! devant leur maiiage,
•< que durant, el constant iccluy, et les conquests
« immeublesfaitsduraiil, et constant ledit mariage.
« Les crédites, et deliles conjoints sont divisées,
» après le trespasde l'un d'eux, entre le survivant
« et héritiers du trespassé. » (Gout.de Monlargis,
Coût. Gén. t. 1, p. 919.)
^i^rci//; s'est pris aussi pourle droitqu'avoientles
seigneurs de prendre sur leurs sujets à crédit, et sans
payer sur le champ, les choses nécessaires pour leur
nourriture. Ce créditduroit quarante jours, au bout
desquels les seigneurs ne jouissoient plus de leurs
droits. (Du Cange, au mol Credentia G, et Jus
credentiœ. ; la Tables des Matières du 3' et V vol.
des Ord. au mol Crédit.) L'éditeur soupçonne qu'il
y a eu des citoyens d'une même bourgeoisie qui
jouissoient de ce droit les uns sur les autres, suivant
l'article 17 d'une Ordonn. de lo(J8, au 5' vol. des
Ord. p. lOL (Voyez Laur. Gloss, du Dr. fr.)
"^ Enfin crédit, comme terme de pratique, se disoit
pour confession, aveu. Les responses par crédit
vel non, c'est-à-dire par oui ou non, par confession
ou négation, furent abrogées dans la procédure par
l'Ordonance de 13.':9, article 36, suivant l'éditeur de
la Som. Rur. de Bout. p. 188.
Crédite, subst. fém. Créance. (La Thaum.Coul.
de Berry, p. 385, etc. ; Coût. Gén. l. Il, p. 2C0.)
Créditeur, subst. masc. Créancier. (Cotgrave.
Monet, Dictionnaire.) (3)
VARIANTES :
CREDITEUR. Orthographe subsistante.
Credeteur. Ord. t. II, p. 143.
Credition , subst. fém. Droit seigneurial, li
consisloit ù prendre à crédit certaines choses chez
(1) Preudomes creaules. (Martène, Anec, I, 1235, an. 1290.) (N. E.)
(2) Crédit a le sens d'autorité dans Gommines (I, 2) ; « Deux chevaliers qui avoient grant cn-dil avecques ledit conte de
Charolois. » (n. e.)
(3) « Monsieur, mon bon ami, j'estois icy à mesme pour payer ma debte ; mais j'ay trouvé un bon credlleur qui me l'a
remise. » (Montaigne, IV, 333.) (n. e.)
CR
374
CR
les vassaux. (Laur. Gloss. du Dr. fr. et Du Cnnge,
au mol Credcntia (>.)
Credo , subsl. nuise. Crédit. Mot purement
latin dont on faisoil usage dans les expressions
suivantes :
[" Sur credo, à crédii. >• Il vous plaise nousenvoyer
<> i[uelque peu d'argent, pour nous povoir eutrete-
« uir jusiiuesà la venue de nostre dit maistrc, car,
" Madame, nons n'avons plus que fi-ire, synon sur
« credo. >• (Lett. de Louis XII, t. 111, p. 173.)
'2° Faire credo, faire crédit. (Colgrave, Oudin,
Dicl. et Cur. fr.)
3" Prendre à credo, pour prendre à crédit :
Prendre à credo, les marchans font ung groing
Mesgre et plus sec qu'un viel boyteau (botte) de foing.
Œuv. de Pio^LT du Collerye, p. 175.
Le peuple, dans quelques endroits de la Nor-
mandie, se sert encore de ces deux dernières façons
de parler.
Credo-dé, subst. masc. Credo, le symbole des
apôtres, proprement je crois Dieu. Nous trouvons
ce mot composé dans les vers suivans :
Par vraie amitié l'a baisié,
Ele li quiert (le prie) le credndé
Que il die por l'amor Dé.
Vies des SS. MS. de Sorbonne, chif. LXI, col. 29.
Crédulité, subst. fém. Affirmalion. Jurer de
crédulité signiPioit, en termes de coutume, affirmer
et en être cru sur son serment : « Les dicts parois-
<c siens, ou héritiers, et successeurs d'iceulx, et
« ceulx, ou celuy auquel appartiendra l'aignau
" acliepté, ou les aignaux, pourront jHrcr de crédu-
» llté yï) que les dicts aignaux ainsi acheptés au
« dessoubs des dicts terines, autrement eussent
» esté décimés. » (La Thaum. Coût, de Berry,
p. 247.) On lit plus bas, en parlant des mêmes :
« Seront creus ii leur serment. « Ce mot, qui
sub.siste pour désigner trop de facilité à croire, en
exprimoit autrefois la nécessité, comme on vientde
le voir par ce passage.
Crée, subst. fém. Craie.
VAPIANTES :
CRÉE. Nicot, Oudin, Cotgrave, Dict.
Croie. Monet, Celthell. de L. Trippault.
CnoYE. Ord. t. III, p. 12 ; Crétin, p. 108.
Créé, partie, et adj. Créé *. Elevé, insti uit °.
* Ce mot subsiste au premier sens ; nous remar-
querons seulement qu'il s'est employé comme
subslantif dans ce passage : « Jugez par tous siècles
« les plus vertueux des crées. » (Triomphe des IX
Preux, p. 316.)
^ Au second sens, créé ne se mettoit jamais seul.
Son usage étoit le même que celui de notre mot né.
On disoil bien créé, mal créé, pour bien né, mal
né, grossier, bi utal , comme dans ces passages :
" Certes il falloit bien que ces bonnestes gens, et
« bien créés, qui représentent si gentiment ce
■• combat eussent bien appris leurs leçons. •• (Brant.
Cap. Fr. t. II, p. 17.) Le même auteur, dans un sens
contraire, dit. en parlant de la bataille de Pavie, où
François I" fut fait prisonnier : « N'y avoit inso-
« lences que le soldai mal créé ne fasse. » (Brant.
Cap. Fr. t. I, p. '298.) « Soldats mal créez » (Id.
Cap. Estr. t. II, p. 20.'}.) " Gens indiscrets, et mal
>' créés. » (Id. Cap. l'r. t. III, p. 400. — Voyez
l'article Chkance ci-dessus, pris dans le sens d'édu-
cation. )
1 . Créer, verbe. Croire. (Ord. 1. 1, p. 38.5. art. 4.)
On disoit « Cree~^ vos Dé? » (Blanch. fol. 188.) C'est-
à-dire crovez-vous en Dieu ?
•
Co.NjuGAisoN :
Crée, indic. prés. Vous croiez. (^Fabl. mss. du R.
11° 761.-), t. II, fol. 129.)
Crei, ind. prés. .Je crois. (Adans li Bocus, Poës.
MSS. avant 1300, t. IV, p. 1397.)
Crei, prétérit. Il crut. (Ph. Mouskes, mss. p. 177.)
Creis, ind. prés. Je crois. (Boman de Brut.)
Creist, prêter. Il crut. (Fabl. mss. de S. G. f" 7.)
Créâmes, ind. prés. Nous croyons. (Ph. Mouskes.)
Ci-eommes, ind. prés. Nous croyons. (G. Guiart.)
Creon, indic. prés. Il faut lire cre-on pour croit-
on. (G. Guiart, ms. fol. 88.)
Kerra, futur. Croira. (Ph. Mouskes, mss. p. 376.)
Kerrai, futur. Croirai. (Poës. mss. avant 1300,
t. m, p. 988.)
Kerront, futur. Croiront. (Chans. mss. du Comte
Thibaud, p. 91.)
Krerrai, futur. Croirai. (Poës. mss. avant 1300,
t. III, p. 988.)
Queroit, imparf. Croyoit. (Ph. Mouskes.)
Querrai-jé, futur. Croirai-je. (Am. et Jalous. ms.
des. Li. foi. 111.)
Querriez; imparf. subj. Croiriez. (Fabl. mss. de
S. G. fol. 47. )
Querroit, imp. subj. Croiroit. (Poës. mss. Vatican,
numéro 1490. )
Querroi:,, imparf. subj. Croiriez. (Parton. de Bl.
ms. de S. G. fol. 140.)
2. Créer, verbe. Orthographe subsistante. Créer,
dans la signification subsistante.
Conjugaison :
Creeit (je ai). S. (Bern. Serm. fr. mss. p. 381.)
Crez; pour créé. (S. Athan. symb. fr. 2' traduct.)
Cria, pour créa. (S. Athan. symb. fr. 2' traduct.)
Criez, pour créé. (S. Athanase, symb. fr. id.)
Creeres, subst. masc. Créateur (2).
Remembre (ressouviens) toy, filz, de ce corps
Dont ly créeres, te mist hors.
Rom. de Brut, MS. fol. 21, R» col. 2.
Crier paroîl avoir le même sens, dans cet autre
passage :
Sire estiiez de tout crier ;
Por vo saint non rengenerer
Fastes apelez chrestiens.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 105, R- col. 2.
(Voyez ci-après Criator.)
(1) Voyez léDwitis de crédence. (N. E.)
(2) C'est le cas sujet, tandis que crénteur est le cas régime. (N. E.)
CR
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CR
VARIANTES :
CREERES. Rom. de Frut, MS. fol. 21.
Creeires. s. Bern, Serm. fr. MSS. p. 151.
Crier. Fabl. MSS. du R. n» 7218, loi. 105.
Créeresse, subst. [ém. Créalrice. Les flagellans,
dans leurs prières à la Vierge, s'expriment ainsi ;
0 créeresse, de créature
Qui oncques ne fusles créez,
Deffen nous de grief morsure.
Cliron. fr. MS. de Nangis, aii l;'.49.
Greffe. [Intercalez Creffe, écaille, et voyez
Ckaffeii.] {^. !•;.)
Greffe- Dieu (par la), Espèce tle jurement qui
se remar(|ue dans le passage suivant : <■ Ainsi que
" nous estions là gardans le poncel, le bon conte
« de Soissons, quant nous estions retournez de
« courir après ces villains, se railloit avecques moy,
» et me disoit : Sennescbal, lessons crier et braire
« ceste quenaille : et par la crejJc-Dieu, ainsi qu'il
« juroit, encores parlerons nous vous et moy de
« ceste journée en cbanibre devant les dames (I). ■•
(Joinv. iiist. de S. Louis, p. 47.)
Creil, subst. Claie. En latin, craies. (Glossaire
du P. Labbe, p. 49(5. — Du Gange, au mot Cleia.)
1 . Creiine, subst. fém. Farinegrossière. (Borel.)
2. Creinie, subst. fem. Crainte. Ce mot, sous
l'orthographe crievi, paroît-étre du genre mascu-
lin ; mais il est natui'el de croire que c'est la même
que crieme (2) dont on a retranché la voyelle finale,
à cause de l'élision :
Emperere, tant com vivras
Les hommes deslraindre (contraindre) porras,
Ou par le criem, ou parl'amor.
Vies des SS. MS. de Sorboniie, chif. Lx, col. 33.
Nous citerons encore quelques passages pour
justifier les autres orthographes :
N'est pas amis qui sa dame ne crient
Car li crieme de très grant amor vient.
PoÉs. MSS. du Vatican, n" 1480, fol. 138.
Moult le héent Franchoiz, et bien dient de quoy ;
Par lui est toute France en crime et en effroi.
Rom. de Roo, MS. p. '.17.
VARIANTES :
CRIEME. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 327, R» col. 2.
Cri p'^mf'
Criem. Vie des SS. MS. de Sorb. chif. lx, col. 33.
Crime. Rom. de Rou, MS. p. 97.
Creimme. Rom. de Rou, MS. p. 44.
Creinte. Ord. t. I, p. 18(3, note, col. 1.
Creinte. Rom. de Brut, .MS. de Bombarde.
Creissance, subst. fém. Accroissement.
VARIANTES :
CREISSANCE. Assis, de Jérus. p. 35.
Cressance.
Croissance. Ord. t. Il, p. 560.
Grêler, verbe. On a dit creler barguigne, pour
disputer, chercher querelle (3). (Ord. t. V, p . 512,
an. dS.-iS.
Grelincoiitant, partie, prés. Dandinant. On
disoit, dans le patois poitevin, aller crelineoutaiit,
pour aller lenlemenl, en dandinant. « Tu vas bien
" crelincoutant, ce dit-il à son bœuf. >■ (Contes de
Des Perr. 1. II, p. (19.)
Gremable, «(/). Effroyable. Pioprement, quiest
à craindre :
Li quars signes ert (estoit) moult doutables
Plus angoisseus, et plus creinables,
Quar la lune, qui tant ert bêle.
Sera muée en vermeil sane.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 112. V" col. 2.
Gremail. [Inierciilez Cremai l , au Carlulaire de
S' Victor de Marseille (Du Cnnge, II, 648, col. Il):
•< Consangnineinoslriacceperunl prohacdonatione
" unum optimum asinum et unam trojam, cum
" quinque porcellis, et unum cremail. »] (n. e.)
Gremanche, subst. fém. Crainte. On trouve ce
mol, en ce sens, dans les Ane. Poës. mss. du Vatican,
n" 1490, l'ol. 149 (Voyez Cremeuk et Crieme ci-après.)
Grênie , subst. masc. Evêché , diocèse.
Proprement le saint-chréme dont on se sert dans
l'adminislralionde plusieurs sacremens. Comme un
évèquene peut conférer, sans permission, les sacre-
mens à d'autres qu'ù ses diocésains, de là le mot
crème s'est pris, en terme de jurisprudence, pour
désigner l'étendue de la juridiction spirituelled'un
évêque dans son diocèse. (Laur. Gloss. du Dr. fr.
et Du Gange, au mot t'/uvsj«a.) •■ L'homme estrange
« estceluy qui est d'un auliediocese, ou d'un autre
« crème. « (Ord. t. I, p. 170, note A.) On lit, au
même sens : cresme de Bourges. (Coût. Général,
t. II, p. 57. )
On a dit figurément : homme de bon cresme, pour
homme de bonne foi, simple, crédule. (Les 15 .Joies
du Mai'iage, p. 04 et notes.)
variantes :
CRÈME. Ord. t. I, p. 176, note (a).
Cresme. Coût. Gén. t. II, p. 57 et 58.
Gremeaii, subst. masc. Béguin, coifle (4). C'est
proprement le bonnet qu'on met sur la tète de l'en-
fant après qu'il a reçu le bapléme. (Cotgr. etOudin,
Dict.) Au baptême du fils de Charles Vlll, en 1491,
« Madame l'admirale, veuve de feu messire Louis
« bastard de Bourbon, porloil le eremean auquel y
« avoil une grosse escarboucle et autres pierres de
« grande valeur. » (Godefr. Observ. sur Charles
VIII, p. 028.)
(1) M. de Wailly édite (§ 242) : « Li bons cuens de Soissons, en ce point là où nous estiens , se moquoit à moy et me
disoit: « Seuescliaus, lessons huer ceste chiennaille ; que par la (Jiioife Dinu ! (ainsi comme il juroit), encore en
parlerons-nous, entre vous et moi, de ceste journée es chambres des dames. » (n. e.)
(2) C'est la forme verbale de cremir : « Cumencement de sapience , la crieme de nostre segnor. » (Lib psalmor
p. 172.) (N. E.) ■'
(3) C'est plutôt passer un contrat, une convention : « Quiconque crelera vargaiyne en la chité, il doit venir pardevant le
maieur d'Arras et les esquevins et jurez sur sains, qui le cèlera (crelera) loyaulnient. » Creler est là pour quereller, (n. e.)
(4) C'est aussi le vase où se conservent les saintes huiles ; « Ung cresmeau à trois tournelles, dont le pie est en façon de
boette pour mettre pain à chanter. » (Pièce de 1492 ; Du Cange, II, 339, col. 2.) En 1416 on trouve: « Item un rîesmier
d'argent veré à trois estuiz pour mettre le S. Cresme. » (n. e.)
CR
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CR
VAHIANTES :
CREMEAU. Codpfr. Observ. sur Charles VIII, p. 628.
Cresmeau.
Cronientei", verbe. Brûler. C'est le sens propre.
Ondisoii. au i\ç!:uvé, se creincnter pour s'enllani-
mer, brûler d'iinpaliciice, du latin cremari.
Dont se crcmoiie, dont s'ocsit ;
Ne sait que fait, ne sait que dit.
Fabl. MhS. du R. n- 7989. fol. G4, R° col. 1.
Cremetar, snhst. (cm. Crainte. Peut-être est-ce
un verbe avec une terminaison langnedocienne ou
provençale employé subslaïUivement dansées vers:
,)o reis i vent d'antre part, Eya
l'ir la dame destorbar, Eya
Que il est en croncinr, Eya
Que on ne li vuelle emblar
La regine aureillouse.
Poos. MSS. av. 1300, t. IV, p. 165".
Cremeteus, adj. Craintif, timide *. Terrible,
qui est ù craindre °.
* I^e premier sens est le sens propre de cremir
ci-après, craindre (1). De là ce mot s'est pris, en
bonne part, pour soumis, docile.
Peuples soit toujours cretneleux.
Eusl. Desch. Pofs. MSS. fol. 336, col. 4.
Prodomes et cremelp.ux.
Ibid. fol. 95, col. 4.
De Dieu soyez en tous temps cremeteus.
Ibid. fol. 23, col. 1.
(Voyez aussi Froissart, Poës. mss. p. 25, col. 2 , et
le Dict. de Borel, au moi Cre mer.)
^ Ce mot, au second sens, se disoit de ce qui
imprime la crainte, de ce qui est redoutable. « Cre-
'< mcleux créateur et tout puissant, je te beneis de
» tout mon corps, et de toutes mes entrailles (2). »
(Chasse de Gast. Phëb. ms, p. 403.) Nous ne trouvons
cvemetilleux qu'en ce dernier sens :
Par cremeliUeiises issues
Cil qui leur lances ont rompues....
Commencent à férir d'espées.
G. Guiarl, MS.fol. 18, R'.
(Voyez Criminel ci-après.)
VARIANTES :
CREMETEUS. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 201, V» col. 2.
Cremeteux. Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 94.
Cremktou.s. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 306, en lat. timidus.
Cremeus. Hist. desSS. MS. deSorb. MS. chif. lxi, col. 22 (3).
Cre.metilleux. g. Guiart, MS. fol. 18, R°.
Cremeteusement. adverbe. Avec crainte. On
disoil :
Servir Dieu cremeteusemeul.
Froissart, Poës. MSS. p. 33, col. 2.
Greineur, snhst. fëm. Crainte. « Si s'en esmeu-
« rent ( s'e.vcitèrent j plusieurs rumeurs, mais
« llnablement les Parisiens, pour la cremeur du roy
•< d'Angleterre n'en osoient monstrer semblant de
» nulle désobéissance. » (J. Le Fevre de S. Remy,
Hist. deCh. VI, p. ICI.)
A le garder a grant cremeur.
Gace do la Bigiie. des Déd. MS. fol. 42, R-
Crenieur, qui semble une faute d'orthographe
dans J. Le Fèvie de S. Rémi, Hist de Charles VI,
p. 30 et 38, se trouve encore dans Ph. Mouskes. Ces
deux auteurs employoient cremeur et crenieur
indistinctement. Nous croyons donc que cette diffé-
rence d'orthographes unit de celle du verbe dontce
mot lire son origine. On disoit cremir et crienbrer,
d'où vient peut-être la variation de l'orthographe
crenieur.
VARIANTES (i):
CREMEUR. Règle de S. Benoît, chap. 70.
Cremour. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 372.
Cemor. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f- 327, V» col. 2.
Crie.mecr.
Crenieuïv. j. Le Fevre de S. Rémi, Hist. de Ch. VI, p. 36.
Crimor ou Crimors. s. Bern. Serm. fr. p. 16.
Cremir, verbe. Craindre Ce verbe n'est intéres-
sant que par la variété de ses orthographes. Nous
citerons seulement quelques passages qui serviront
à les juslifiei' :
.... Amours est coutumiere
Des vrais amans mener jusqu'au morir :
Si douce mort ne veu jou ja cremir.
Ane. Pool. MSS. Valican, n- 1490, f" ICI, R'.
Prince, pour Dieu, vueillies bien advertir
En tous estas, d'amer Dieu, et cremir.
Pots. MSS. d'Eust. Desch. fol. 263, col. 2.
Dieux fut devant leurs yeulx mis,
Amez fut d'eulx, et cremis.
Ibid. fol. 77, col. 2.
Cremir est employé substantivement en ce pas-
sage. " Par cremir vient on en amour. » (Chasse
de Gast. Phéb. ms. p. 375.) (5)
Passons maintenant à la conjugaison de ce verbe
qui est des plus irrégulières :
Craiment, ind. prés. Craignent. (G. Guiart, ms. (6)
folio 31. )
Creims, ind. prés. Craint. ;Ord. t. HI, p. 125.) (7)
Creing, ind. prés. Je crains. (Fabl. mss. de S. G.
folio 57. )
Vrem, ind. prés. Je crains, (.\dans li Bocus, Poës.
MSS. avant 1300, t. IV, p. 1380.)
Crenians, part. prés. Craignant. (Fabl. mss. du R.
ir 7218, fol. 349.)
Crement, part. prés. Craignant. (Fabl. mss. du R.
n° 7989, fol. 63.)
Cremi, prêter. Craignit. (Fabl. mss. du R. n»7218,
folio 50. )
(1) On trouve aussi cremereu.v en ce sens : « L'exposant qui est simple laboureur et cremereux bonis. » (JJ. 107 , p. 326,
an. 1375.) ^N. e.)
(2) On lit aussi dans Froissart (III, 412) : « Che siège durant devant Nantes qui plentureus estoit pour ciaux dehors et
cremeleu'i pour ciaux dedans. » (n. e.)
(3) Au sens de redoutable, on Ut au reg. .IJ. 156, p. 427, an. 1401 : « Perrin qui estoit homme cremeu, rigoreux et acquerans
debas et riotes. » (n. e.)
(i) Voyez aussi Froissart (éd. Kervyn), II, 411 ; III, 342 ; VIII, 105. (n. e.)
(5) Sous la forme réfléchie, il signilie avoir peur : « La nature des Englès est telle que tousjours il se criement à estre
decheii. » (Froiss., II, 237.) (n. e.) .. ■
(6) Vers 1223 : « Roys que tous bons crestiens aiment Et que Turs et Sarrazins craiment. » (n. e.)
(7) On trouve aussi crient: « Une grosse tour qui ne crient nul assaut d'enghiens. » (Froissart, II, 294.) (n. e.)
CR
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CR
Cremiroie. imp. subj. Craindrois. (Fabl. mss. du
R. ir 7258, f° 258.)
Cremoie, imparf. iiid. Craignois. (Fabl. mss. du R.
ir 7208, fol. 200.)
Creniu, pari. Craint. (Chasse de Gast. Phébus,
Ms. page 373.) (1)
Cremus, part. Craint. (Fabl. mss. du R. n° 7218,
folio 34G. )
Crenieu, part. {Visez creiiieii), pour craint. (.1. Le
Fev. de S. Rémi. Hisl. de Ch. VI, p. 38.)
Cremoient, imp. ind. (lisez crenoient), pour crai-
gnoient. (Ibid. p. 108.)
Criens, ind. prés. Je crains. (Chans. fr. du xnr
siècle, MS. de Bouh. cbap. 71, fol. 119.)
Criembroie, imp. subj. Je craindrois. (Fabl. mss.
du R. n» 7218, fol. 189.)
Criement , ind. prés. Craignent. (Fabl. mss. du R.
n°72l8, fol. 15'i.)
Crieiig, ind. prés. Je crains. (Chans. fr. du xur
siècle, MS. de Bouh. chap. 1G8, fol. 177.)
Crient, ind. prés. Je crains. (Gontiers, Poës. mss.
av. 1300, t. m, p. 1041.)
Crient, ind. prés. Il craint. (Fabl. mss. du R.
n" 7989. fol. 213.)
Croims, partie, plur. Craints. (Ord. t. III, p. 125 )
Cne7n (lisez criem], indic. prés. Je crains. (Fabl.
MSS. du R. n« 7989, fol. GO.)
VARIANTES :
CREMIR. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. I, fol. 102.
Craimir. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 146, col. 1.
Cremoir. Fabl. MSS. de S. G. fol. 14. V» col. 2.
Cbemer. Ph. Mouskes, MS. p. 642.
Creimer. Rom. de Rou, MS. p. 100.
Criemer.
Criembrer. Fabl. MSS. de S. G. fol. 1, R» col. 1.
Criemrre. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 185, R» col. 1.
Crienbrer. Sign. du Jug. MS. de S. G. fol. 25, V» col. 1.
Grincer. Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 140, col. 1.
Cremis. Voici le passage où nous trouvons ce
mot :
Mes cuer espoir a mis
Jà en t'amor avoir,
Et je sui entremis
Certes du recevoir.
Mes du mont nus cremis
Ne me puist décevoir.
Fabl. MSS. du R. n" 7-218. fol. 170, V col. 2.
Cvennn, subs! . [cm Sorte de voiture. « Nous
« appelions une creuaii une espèce de chaise ou de
« caresse de .M^ de Crenan, gentilhomme Bas-
« Breton qui eut le don de celte sorte de voiture. »
(Dicl. Elym. de Ménage.)
Crené, adjectif. Crénelé. (Dict. de Cotgrave.)
Ce mot s"est pris pour épithète de germandrée et
de frange, par M. de la Porte.
Crenelenre, S!//'s^ fém. Créneau. On lit en ce
sens :
Au plus haut des neupleures.
G. Guiarl, MS. fol. 35, V".
Crénelle. [Intercalez Crénelle, sorte de vais-
seau de guerre: « Le suppliant estant contremaistie
« et bouVsier pour Jehan Dourdoignede la crénelle
« de Touque... print un pescheur d'Angleterre. »
(JJ. 189, p. 1G7, an. 1457.)] (n. e.)
Creiiet, subst. masc. Créneau. Ce mot subsiste
avec une très légère altération de la seconde ortho-
graphe. On trouve la première dans ce passage :
« En cest chaslel avoit une haute tor, sus chacun
« crenet (2) avoit deus homes tous blans vestus. »
(Cont. de G. de Tyr, Martene. t. V, col. G50.)
VARIANTES :
CRENET. Contin. de G. de Tyr. Martene, t. V, col. 650.
Creniau. G. Guiart, MS. fol. 33, R".
Creneui'e, subst. fém. Crénelure *. F'enle ,
ouverture ^.
* Au premier sens, c'est une manière de denture
faite i\ créneaux. (Dict. de Nicot, de Corn, et de Cotgr.)
^De là, ce mot yemble s'être mis pour fente,
ouverture, dans le passage suivant : « Si ne se
» peurent tenir de vestir leurs pelices, et venir
« guetter par la creneiire d'une fenesire pour veoir
' que ce povoit estre. » (Percef. vol. IV, fol. 33.)
Crenqiienier, subst. masc. Ofhcier qui peut
faire exécution. (Laurière, Gloss. du Dr. fr.) Ils
étoient ainsi appelés de l'arbalète qu'ils portoient,
laquelle se nommoit crenequin. JDu Cange, au mot
Crenkinarii .)
Crenter, subst. fém. Rondeur. C'est le sens de
ce mot dans le patois breton. De là, il a passé à la
signification même de chose ronde.
VARIANTES :
CRENTER. Du Cange, Gloss. lat. au mot Cranter.
Crender.
Grenu. [Intercalez Crenu, à crinière :
Dix lues puet courre un destrier crenu.
Gér. de Vierniû. v. 32R3.
Vovez aussi Chronique des ducs de Normandie,
v. 1488 et 21814.] (N. E.)
Creoison, subst. fém. Création*. .Créature^.
* et ^ On trouve ce mot avec ces deux acceptions
dans les Dictionn. de Borel et de Corneille. (Voyez
Création ci-dessus.)
Creon, subst. masc. Crayon. On lit au figuré :
« La beauté n'a estre qu'en tant que nous alignons
u les traits d'une beauté sur le patron, tabletâu, ou
" creon de la chose que nous affectionnons. «
(Contes de Cholières, fol. 141.) (3)
Crêpe, subst. masc. Crêpe. Espèce d'étoffe claire
et déliée. Ce mot est pris en ce sens dans les vers qui
suivent. L'auteur, parlant de la Nat. de J. C., dit :
Sainement adont l'enveloppe
De drapeaux qui pas ne sont creppe,
Et puis en la crèche le couche.
Car point n'avoit ne biens, ne couche.
Hist. des Trois Maries, en vers. MS. ]). 88.
(1) On trouve aussi cremeu (Froiss., IV, 320) et cremut : « Et estoient si cremut et redoubtet au pays. » (Id, IV, 33.) (N. E.)
(2) Il vaut mieux lire crenel, comme au Romancero de M. P. Paris (p. 70) : « En haute tour se siet bêle Isabel, Son beau
chief blon mist fors par un crenel. » (N. E.)
(3) On lit aussi au fol. 82 : « Dites moi pourquoi c'est qu'on vous représente, vous autres messieurs les avocats, sous le
creo)) des harpies ; cela ne nous certifie chose autre, sinon que vous aimez fort la grippe. » (n. e.)
IV. 48
CR
378 —
CR
" lirnp de fin couvrechief de crespe{i) (pour linge
« de crespe) empesé. » On en mettoil deux sur les
couvertures du lit. (Voyez Honneurs de la Cour,
us. page 34.)
VARIANTES ".
CREP?:. Gloss. lat. de Du Gange, à Crippa.
Cbeppe. Hist. des Trois Maries en vers, MSS. p. 88.
Crespe. Honneurs de la Cour, MS. p. 34.
Crepelet, adj. Diminutif de crépu.
Le gentil corps, et le chief crespelet.
Poès. MSS. d'Eusl. Descli. fol. 207, col. 2.
VAHIANTES :
CREPELET. Dict. de Monet, d'Oudin , de Cotgrave.
Crespelet. Eust. Desch. Foës. MSS. f" 207, col. 2.
Crespelu.
Crepelu. Clément Marot, p. 501.
Crepelle, subst. fém. Coupelle. C'est le sens
de ce mot dans les vers suivans, où il faut lire
coupe lie :
Fust fin comme argent de crepelle.
Villon, p. 39.
Crepelure, subst. fém. Qualité d'être crépu.
« La chaleur de ceste terre lybique peut causer la
" frizure, et la crespeleure de ces Mores ayans le
» poil ridé, et réplique par une siciuité, et chaleur
» efficiente. .. (Bouchel, Serées, liv. 111, page 129.)
Crespellement se trouve, au même sens, dans les
Poës. de Loys le Caron, fol. 22.
VARIANTES :
CREPELURE. Dict. de Monet et d'Oudin.
Crespeleure. Boucliet, Serées, livre III, p. 129.
Crespellement, s. m. Poës. de Loys le Caron, fol. 22.
Crêper, verbe. Agiter, remuer. Du latin cris-
pare dont Virgile a l'ait usage dans ce sens figuré.
Mais qu'en me façonnant comme un soldat pratique,
J'eusse appris à crisper le long bois d'une pique, ■
A piquer un cheval, le manier en rond.
Berger, de Rem. Belleau, fol. 3. R".
Ce verbe est neutre dans ce vers :
Et crêpe, et crie et sautele.
Momol de Paris | arnil les Poes. fr. MSS. av. 1300, l. II, p. 612.
VARIANTES :
CREPER. Poës. fr. MSS. av. 13U0, t. II, p. 642.
Cbespeh. Berger, do Rémi Belleau, fol. 3, R".
Crepet, subst. fém. Espèce de beignet. Sorte de
gâteau fait à la poêle.
VARIANTES :
CREPET. Dict. de Monet.
Crespe
Crêpez, Crespez, Crespets, plur. Rab. t. IV, p. 252.
Crepiere, subst. fém. Croupière. On lit dans le
sens propre :
Qui escus, qui espée, qui heaume, qui crepiere
Ne fu mie la perte à restorer (réparer) legiere.
Rom. deRou, MS. p. 121.
Ce mot est employé figurémenl dans les vers qui
suivent :
Ne vaudroil une eschaloingne
Fasne, s'ele n'avoil tesniere
Mise prés de la rreponiere.
Fabl. MSS. du K. n- 7218, fol. 170, R" col. 2.
VAR1A^TES :
CREPIERE. Rom. de Rou, MS. p. 121.
Creponiere. Fabl. MSS. du R. n» 7218. f" 170, R» col. 2.
Crepiller, verbe. Crêper, friser, plisser. (Dicl.
d'Oudin, de Colgr. et de Monet.)
VARIANTES :
CREPILLER, Crespiller, Crespillonner.
Crepillon , subst. masc. Frison. Boucle de
cheveux (2).
Et par les blonds crcpillons
De ces beaux passe filions.
Giles Durand, à la suite de Bonnefons. p. 121.
Les crcspilloiis frisez do ses beaux cheveux blons.
Berger, de Rem. Belleau, fol. 04, V".
VARIANTES :
CREPILLON. Giles Durand, à la suite de Bonnef. p. 121.
Crespillon. Berger, de R. Belleau, fol. 9i, V».
Crepin. [Intercalez Crephi, gaufre, en latin
lagana, au Gloss. 4120, an. 1352 C'est un diminutif
de crespe (Voir le Ménagier, t. Il, p. 5).] (n. e.)
Crépitation, subst. fém. Craquement, bruit.
(Dicl. de Colgr. et d'Oudin.) Du latin crepiture.
1. Crépon, subst. Hi«sc. Croupion*. Croupe ^.
*Ce mot, au premier sens, désigne l'extrémité du
bas de l'échiné de l'homme.
A gras crépon (3) ou trouasse que prendre.
Anon. parmi les Poës. fr. MSS. av. 1300, l. 1, p. 4t!3.
^ Crepon s'est aussi employé pour croupe, en
parlant du cheval. (Voy. notice du Rom. d'Alexaud.
fol. 4.) Il se prenoit même pour signifier la partie
de derrière de l'àne (4), du bœuf, clu mouloii, etc.
(Voy. Fabl. mss. du li. ir 7218, fol. 48.)
N'i acatai c'un seul mouton
Mais chiex a moult cras le crépon.
Ibid. n' 7980, fol. 210, V' col. 2.
VARIANTES :
CREPON. Poës. fr. MSS. av. 1300, p. 463.
Crespon. Rom. d'Alexand. loi. 4.
2. Crepon. [Intercalez Crépon, crépi d'un mur,
dans une Ch. de Coibie, an. 1421 : ■■ Couvrir et
" parfaire le grange de Waigny, aveuc le crepon de
<• ledile grange. >■] (n. e.)
Crepiile, subst. fém. Crapule. Ce mot subsiste
avec une légère différence d'orlliograplie. Les vers
suivans font l'éloge des fauconniers :
Il meet tousjours contre luxure
Contenance, et contre crepule
Abstinence.
Gace de la Bigne, des Déduits, MS.S. fol. 23, V".
Crequier, subst. Hirtsf. Pruniersauvage(5). «La
« maison ûe Crequi porte un criquer dans son
« ecu. » (Fauchel, des Orig. liv. I. p. 92.)
(1) On lit dans Froissart (XIV, 18): « El estoit la litière couverte d'un ciel fait d'un délié crespe de soie. » (N. E.)
(2) C'est aussi le repas où l'on mange des crêpes (,U. 154, p. 494, au. 1399) : « Comme ''exposant eust esté à unes noces
avec plusieurs autres compaignons, lesquelz sefeussent partis après cequilz orentesté au crepillon \o\\ien&evab\e. » (N. E.)
(3) On lit daus Fierabras (157, col. 2) ; « Et li pristrent à batre le dos et le crepon. » (N. E.)
(4) « Cil point l'asne del aguillon Par derrière sor le crapon. » (Renart, v. 221.) (N. e.)
(5) C'est le nom du prunellier en Basse Picardie. On lit dans un traité ms. do l'Office des hérauts et poursuivants rédigé
sous Henri IV : « Crè(]itiers sont arbres qui ont poy de feuilles et ont foison de picans, et en fait on volentiers clôture , car
ils croissent communément en hayes. » (N. e.)
CR
— 379 —
CR
VARIANTES :
GREQUIER. Dict, de Borel, 2" addit.
Criquer. Fauchet, dos Origines, livre I, p. 92.
Crescent, subst. niasc. Croissant [c'est encore
la forme anglaise]. (Diclionn. deNicot, de CotgTave
et d'Oudin.)
Creses, adj. fém. phir. S'est dit pour grasses
dans le sens de crasseuses, malpropres. Il paroît
que c'est le sens de ce mot dans ce passage : « Cil
« a des vies capes creses, et a des vies larteréles
« vestues. « (Fabl. mss. du R. n» 7989, fol. 73.)
T-resme, stibst. fém. Crème. On appeloiL autre-
fois cresme battue (1) ce que nous nommons mainte-
nant crème fouettée , et celle expression, prise
métapliori(|uement , désignoil aussi (comme celle
qu'on lui a substituée), une. chose de peu de valeur.
(Dict. d'Oudin.) (2)
Cresmé, adj. Fait avec de la crème. C'est en ce
sens que ce moi est pris pour épitlièle de fromage,
dans les Epilh. de M. de La Porte. (Voyez Chf.s.meus
ci-après. )
Cresmeler, verbe. Confirmer, donner la con-
lirmalion. Propi'ement oindre du saint chrême.
(Dict. d'Oudin.) On se servoit de celle huile sacrée
dans l'adminislralion de plusieurs sacremens. De
là, enliiiiler signifioit aussi donner l'extrême-
onction. Cresmeler semble mis pour confirmer,
dans le passage suivant. L'auteur parle du baptême
de Hasting, chef des Normands :
Li evesque le cresmela.
Li evesque li sermona,
Li evesque le priseigna,
Li evesque le ijaptiza,
Rom. de Rou, MS. p. 10.
VARIANTES :
CRESMELER. Rom. de Rou, MS. p. IG.
Cresmer.
Cresmeus , adj. Qui est de crème *. Doux
comme la crème ^.
* Ce mol est pris dans le sens propre, lorsqu'il est
employé comme épiihète de fromage.
° 11 signifioit, au figuré, doux comme la crème.
Cresmiei'. [Intercalez Cresmier, sorte d'arbre,
dans Flore et BÎanceflor (v. 521) :
Et d'autre part ot un cre^miev
Et à senestre un balsamier...
Car de l'un basnies decouroit
Et de l'autre cresmes caoit.] (N. E.)
Creson, sul)St. îk. Cresson. Ce mot subsiste sous
la seconde orthographe. Il n'a rien de remarquable
que les expressions figurées auxquelles il a donné
lieu. On disoit :
1" Cueuillie le cressonmal assoiivere. par opposi-
tion à cueillir le bon fruit, ce que nous rendrions
aujourd'hui, en parlant des faveurs d'une femme,
par ces façons de parler: cueillir la fleur et cueillir
le fruit. (Voyez Percef. vol. VI, fol. 96.)
2° Planter le c?'esson est pris dans un sens obscène
en ce passage :
Tu ne veis onc mieux piauler le cresson
Pour le plaisir d'une jeune fillette.
Clom. Marol, p. 22.5.
VARIANTES :
CRESON. Percef. vol. VI. fol. 96, V» col. 2.
Cresson. Orthographe subsistante.
Crespé, adj. Crespé, frisé *. Resserré ".
* Nous ne citons la première orthographe que
pour faire voir l'ancienneté de son usage :
Si crin sembloit reluisant
D'or crespé c\eT et bien luisant.
Fabl. MSS. du R. n" 7!!18, fol. 251, R- col. 1.
OnVdcrespe{ii), au féminin, dans les vers suivans:
.... Tant par estoient crespé et blonde,
Tant de si biaus n'avoit al monde.
Iliid. fol. 291, R- col. 1 fi).
Crespé s'est mis dans le sens oîi nous disons
crépu. (Voyez Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 61.) Ce
mot s'appliqiioil aussi aux étoffes, et l'on disoit,
comme aujourd'hui : « Le gris cstoit crespé
« dehors et le poil qui passe en haut et en bas
« le gris est osté. » (Ilonn. de la Cour, .ms. p. 68.)
Crespé s'est même employé en parlant « d'une
« herbe qui est appelée vernieilleuse, en médecine
« filage et est charnue et crespé de feuilles. » (Mod.
et Racio , ms. folio 132.) C'est-îi-dire garnie de
feuilles.
^ On trouve la seconde acception de crespé dans
cette expression tenir crespé et court, en parlant
des oiseaux renfermés en cage :
Ils sont tenus crespes et court.
Eust. Descli. Poës. MSS. fol. 19, col. 1 .
(Voyez Crepu ci-après.)
VARIANTES :
CRESPÉ. Orthographe subsistante.
Crespé. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 57, V" col. 2.
Crespelet, subst. masc. Nom d'un cuisinier,
dans Rabelais, t. IV, p. 109. Sans doute du mot
crespé , beignet [voyez crepin^. Du mot crepei
ci-dessus, es'ijèce de baignel. (Rab. t. IV, p. 169.)
Crespenient, adv. A la façon d'un crêpe :
Sur qui flotte un long poil crespemenl espandu.
Des Accords, Digamires, fol. 140, V°.
Crespillonné, adj. Frisé. C'est en ce sens qu'il
est mis pour épiihète de cheveux et de passeflllons,
dans les Epith. de M. de La Poile.
Crespin. Nom propre. Crépin. C'est le nom d'un
saint. On a dit proverbialement Saint Crespin (5).
Crespiiie, suhst. fém. Ornement de femme.
(1) On lit dans Rutebeuf (8) : « De ce puis bien dire mon esme : De poisson autant que cresme aura ma famé. » (n. e.)
(2) On trouve encore dans Oudin ce calembourg : « Sa coiffure est de cresme ; elle couvre le lait [lait ou laid]. » (n. e.)
_ (3) Cependant on lit dans Rutebeuf : « Ces cheveux si crespes et si biaux Fist coper sainte Elysabiaus. » Amyot(Cimon,9)
écrit encore: « II estoit de belle taille, ayant les cheveux crespes et espez. » (n. e.)
(4) Rutebeuf, II, 202. (n. e.)
(5) Dans la locution « porter tout son sawt crespiri. » C'est le sac aux outils d'un cordonnier, c'est là tout son bien et
toute sa science; par suite, la locution s'applique aux gens qui, comme Bias, « omnia socum parlant. » On disait encore:
« Saint Crespin, la mort aux mouches », celte fête tomljant en automne, le 23 octobre. >; (N. e.)
CR
380 —
CR
(Dict. de Borel, de Corneille el de Cotgrave.) Ce mot,
formé de C)ï';«//tir ci- dessus, plisser, semble desi-
gner une espèce de collerelle dont les femmes se
servoient autrefois pour couvrir leur gorge :
Sor lor cols metent lor joiaus,
Et lor crespines (\).
Fabl. MSS. du 11. n" 7218, fol. 237, R° col. 1.
Crespiiiete, suhst. [ém. Petite crespine. (Yoy.
Crespine ci-dessus.) Borel, sur ce mot, cite ces vers
du Rom. de la Rose :
Et par dessos la crespiiielo ,
Une couronne d'or ponrtraite.
Crespinier, s(/bs^ )nasc. Qui fait des ci'espines.
11 paroitroil (lue ces artisans ont fait autrefois un
corps de métier. On lit crespiniers de fil de soije,
dans la Table des métiers de Paris, (ms. de Meiniere,
page 13.) (-2)
Crespioii, siibst. masc. Sorte de poisson. On
lit, dans Rabelais (t. IV, p. 254) : « Crespions, gou-
« geons, barbues. »
Crespii". [Intercalez Crespir, crêper, au Gloss.
latin 7692: « Calamislrum, esclice à crespir les
« cheveus. »] (^. e.)
Crespiseors, subst. masc. Il n"est pas aisé d'as-
surer quelle est la véritable signification de ce mot
dans le passage suivant, peut-être celle de fers à
friser. Un marchand, faisant le détail de différentes
choses nécessaires à l'ajustement des femmes, dit
qu'il a :
Escuretes et furgeores
Et bendeax, et crespiseors,
Traineax, pignes, mii'sors
Eve rose dont se forbissent.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 42, V- col. 3.
Crespisois, subst. masc. Monnoie de Crespi.
« A Londres en Angleterre un esterlins, .... a Dijon
« un dijonnois, a Soissons un soissonnois, a Crespi
" un crespisois. » (Erberie, ms. de S. G. fol. 90. )
Crespissoinent, subst. masc. Crépissure. (Dict.
de Cotgrave et d'Oudin.)
Crespu, abj. Frisé *. Fardé, plâtré ^. Ridé ^.
*Nous ne trouvons ce mot, au premier sens, que
sous l'orthographe crcs/ty. On lit, dans la Chron. de
S. Denis, t. I, fol. 230, les crespij, en latin calamis-
trati, dans le latin de Suger.
° Crépi, en termes de maçonnerie, signifie enduit
de mortier, en parlant d'une muraille. On a dit
autrefois, au ligure, femme crépie de couleur, dans le
sens où nous disons encore visage plâtré, couvert,
enduit de rouge. (Dict. de Cotgr.)
'^On appelle aussi cuir crépi un cuir auquel on a
fait venir le grain. De là crépi et crépu, pris figuré-
ment pour ridé, dans les passages suivans : « Un
" front ridé, les yeux de travers, pleurans, si rouges
« qu'ils ressembloientescarlalte, lesJouesc)'es;«iÉ's,
" les lèvres renversées, etc. » (Nuicts de Strapar.
t. I, p. 337.) » 11 regarda au rays de la lune son
« visaige qu'elle avoit jaulne vieil et crespy, les
<■ joues pendant aval. » (Percef. vol. Il, fol. 30.)
VARIA.NTES :
CRESPU. Nuicts de Strapar. t. I, p. 337.
Crespy. Percef. vol. II, fol. 30.
Crespi. Dict. de Cotgrave.
Cresse , suljst. fém. Graisse * (3). Fleur de
farine °.
* Ce mot est pris au premier sens, dans les vers
qui suivent :
Car les larrons, soubz leur chemise,
Sont bien nourris, et plains de cresse.
Poès. MSS. d'Eust. Desch. fol. 342, col. 4.
La cresse de char par usaige
En chaleur ne se puet celer.
Ibid. fol. 285, col. 4.
On disoitfig'urément faire cresse, pour s'engrais-
ser, se remplir, être plein :
.... Congnoissance cesse
Qui de tous cuers moult deust estre chérie
Parce que tuit fout d'avarice cresse.
Ibid. fol. C, col. 2.
^Oii a nommé aussi cresse la pure tleur defaiine
dont l'on fait \esoibles, ador en lalin. ( Glossaire du
P. Labbe, p. 480.)
Cressemens. [Intercalez Cressemens , bois
taillis, dans une pièce de 1298: « Item les griages
« de la chasteleiie de Meullent, excepté les cresse-
" mens, qui se estent es fiez et es arrerefiez. »
(Du Gange, II, 055, col. 1.)] (n. e.)
Cresser, verbe. Croître. On disoit autrefois en
cressant, pour signifier dès l'enfance. C'est en ce
sens qu'on lit :
.Je coramensai en cresscnit a moi trair
Si ne fais fors crestre, etc.
Chaos, fr. du XIII" siècle, MS. de Doubler, ch. 142, fol. l.ïO, F,".
VARIANTES ;
CRESSER. Ten. de Littl. fol. 46, V°.
Crestke. Chans. MS. du xni« siècle, MS. de Bouh. t" 159.
Cressissunt, adj. Qui rend un son aigu ; pro-
prement qui imite le bruit de la cresselle ou le cri
perçant d'un oiseau de ce nom. Ce mot est mis pour
épithèle de gresillon dans les Epith. de M. de la
Porte. Couds cressiuans. (Id. Ibid.)
VARIANTES :
CRESSISS,VNT. Epith. de M. de la Porte.
Cressinan't. Id. Ibid.
Cressol. [Intercalez Crcssol, tombereau: « Les
« supplians aVoient fait porter certaine quantité de
« pierres avecques leur crcssol et paire de beufz. »
(,!,(. 188, p. 191, an. 1455.) (n. e.)
(1) C'est une résille qui, au xur et au xiv« siècles, recouvre la coiffe de soie enfermant les cheveux des dames ; au-dessus
des oreilles sont les cornes ; autour du cou est la touailte rattachée par des épingles aux cornes pour couvrir le cou et le
menton. Amyot écrit encore au xvi' siècle (Moral., IV, 198) : « Il contraignoit les jennes garçons à porter cheveux longs
comme filles et des crispities et autres affiquets d'or par dessus. » (N. E.)
(2) « Quiconques veult estre crespî(î(e/'s à Paris de fil et de soie, c'est assavoir ouvrier de coiffes à dame, et toies à
orilliers^et de paveillons que on met par dessus les autels, que on fait à l'aguille et au mestier, estre le puet. » (n. e.)
(3) Au tib. psatmor. (p. 80, xii" siècle) on a craisse ; dans un psautier du xiii" siècle (fol. 76) on lit cresse,. (n. e.)
CR
— 381
CR
Cressonnière , subst. fém. Marchande de
cresson (1).
Dido vendoit des mousserons,
Penthasilée cstoit cressonnière.
Rabelais, l. II, \\ 2511.
Crestal, subst. maso. Cristal. Ce mot, qui
subsiste au pluriel sous la dernière ortliograplie,
est employé comme singulier dans ces vers, où le
poëîe dit, en parlant des yeux de sa maîtresse :
Cristaux semble avec saur
A l'entrouvrir.
Adans li Bocus parmi les Poès. fr. MSS. av. 1300. 1. IV, p. 1.H2.
Moult estoit beax li damoiseax
Plus estoit blans que nus erilax.
Flore el Blancli. MS. de S. Germ. fol. 193, V col. 3.
On lit crital en ce sens, dans les Ordonnances
des P.. de Fr. vol. 111, p. 11.
VARIANTES :
CRESTAL. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 360, R" col. 2.
Crital. Ordonn. t. III, p. 11.
Crita.x, p/. Flore et Blanchef. MS. de S. G. f» 193.
Cristaux, pi. Poës. MSS. av. 1300, t IV, p. 1412.
Creste , subst. fém. Aigrette *. Partie d'un
armel ^. Hauteur, élévation de terre *^. Inégalité ° (2).
*Ce mot, qui subsiste sous la première orthogra-
phe pour signifier une excroissance de chair rouge
et dentelée que les coqs ont sur la tète, conserve
encore plusieurs significations qui dérivent de cette
acception propre eî primitive, ainsi que celles que
nous avons marquées. C'étoit par ressemblance
qu'il se prenoit autrefois pour aigrette comme en
ce passage : « Ladamoiselie si futdegrant beaulté,
" et s'en vient devant le Roy bien appoiaclée
" (ajustée) et eut cotte et manteau d'un drap moult
« riche de soye a pennes (fourrures) d'ermines, et
" elle fut à un las de soy veullée à une creste, la
« creste fut grosse et longue et luysant. et clere....
« quant elle vint devant le Roy, si osta la guimple
« (voile) de son chef dont elle estoit envelopée, et
« la gecta devant luy à terre. " (Lancelot du Lac,
t. I, fol. 117.)
^ Par la même raison, creste désignoil une pièce
de fer élevée en forme de crête sur le haut d'un
armet ou d'un morion. (Dictionnaire de Monet.)
« Le chevalier du dragon le prévint, et luy donna
« autre tel (semblable) coup sur la creste de l'armet
" qu'il la luy entama, et le test si avant que force
■■ luy fut cheoir à la renverse. » (D. Florès de Grèce,
fol. 133.)
"^Par extension de ces acceptions particulières,
ce mot s'est pris pour hauteur, élévation de terre.
« La nature du lieu où il arriva estoit telle que
« droit sur la marne estoient crêtes ou mnntai-
<• gnes si droitées, etc. » (Triomphe des IX Preux,
p. 33*2.) De là nous disons encore crête de fossé (3;.
° Enfin ce mot a signifié généralement tout ce
qui empèclioit une chose d'êli'e égale et unie. C'est
en ce sens que l'on a dit :
Maçons pierres areondissent,
Poi i lessent boce, ne creste.
G. Guiart, MS. fol. 03, R'.
VARIANTES :
CRESTE. D. Florès de Grèce, fol. 133, V».
Crète. Triomphe des IX Preux, p. 332, col. 2.
Cresteau, SHte^ masc. Créneau. (Glossaire de
Du Gange, au mol Quarnellus.) Fauchet, des Orig.
livre 11, page 107, le dérive de creste. On lit en ce
sens :
Haute tor (tour) faite a crestiaus.
Falil. .MSS. du R. n» 7218, fol. 241, R" col. I.
VAIUANTES :
CRESTEAU. Tri. des IX Preux, p. 486, col. 2.
Crestiau. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 241, R° col. 1 (4).
Crestelé, adjectif. Crénelé*. Dentelé, garni de
pointes^. Frisé, plissé'^.
* Sur le premier sens de crénelé, voir les Dict.
d'Oudin el de Cotgrave. Ce mot, dans cette signifi-
cation, s'est formé de cresteau ci-dessus, et dérive
de creste dans ses différentes acceptions.
^ De là, ce mot s'est dit pour dentelé, garni de
pointes, dans les passages suivants : « Receul un
« coup sur la teste d'une mace crestelée , et fut
« :djalu de son cheval au milieu de la presse, et
« receul plusieurs coups. » (SIém. d'Ol. de la Mar-
che, liv. I, p. 352.) On lit (Ibid. page 402) : « Furent
« durement recueillis de picqiies, et de masses
» crestelées (5) par les dits Gandois. »
'^Crestelé, pris pour frisé, plissé, n'est qu'une
variation d'orthographe du mot creté ci-après; ils
ont tous deux le même sens. •■ Les poucelettes
« avoienl les cbeveulx liés plus jaulnes que les
« jouvenceaulx, et si avoient enlour leurs careces
« estroïles guimplettes crestetées, dont les cordons
« leur gisoi'ent (toraboient, étoient couchés) sur les
« espaules derrier, et estoit ce qui donnoit a con-
« gnoislre les pucelles entre les jouvenceaulx. •'
(Percef. vol. 11, fol. H7.)
VARIANTES :
CRESTELÉ. Percef. vol. II, fol. 117, V col. 1.
Cretelé.
Crestor, verbe. Lever la crèle, se dresser, s'éle-
ver*. Friser, plisser^.
*Ce mot s'est dit au premier sens, en parlant des
lions qui, lorsqu'ils sont en fureur, hérissent et
secouent leur crinière. « Quant leurs lances furent
.' faillies, si allèrent aux espoiz et bonnes espéeset
« tellement se ferirentque on leur fist place comme
« à une troppe de lyons qui les verroit bien
(1) C'est aussi une mare ; « Une petite mare ou cressonnière. (JJ. 197, p. 86, an. 1469.) (n. e.)
(2) Creste désigne aussi les lattes qui recouvrent les chevrons du toit : « Pour un millier de vergne ou creste
parisis. » (Cart. de Corbie, an. 1423.) (N. E.)
.un. solz
(3) On lit déjà dans Renart (v. 811G) : « Renart ne fait pas grand sejor, Ains saut sur la en
(4) On lit dans Martène (Ampl. Coll., t. I, col. 1410, an. 1303) : « Pour faire voies et alées entour les murs as cresiiaux, as
Froissart (III , 90) donne aussi :
■este del for. » (n. e.)
intour les murs as cr
« Chil de dedans ne s'osoient apparoir as
tours et as deffenses de ledite ville.
crestiaiix. » (N. E.)
(5) On lit aussi au registre JJ. 165, p. 70, an. 1410 : « Le supphant fery icellui Jacque de la vireuUe d'un plançon crestelé
qu'il portoit, comme l'en fait communément au pays, qui est pays de frontière. » (n. e.)
CR
382 —
CR
« crester[\). « (Hist. de B. du (]uesi;lin parMénard.
page 203.) De là on disoit se Cfcster, dyns un sens
figure pour s'élever, se dresser.
Li poiiS [lestent, vers lui se cnisle.
l'arlon. de RI. MS. de S. G. fol. 1G3. V col. 3.
Garde nous d'anemis que vers nous ne ^e crête.
Fahl. MSS. du R, 11' im. fol. 2i7, R- col. 1.
°La seconde acceplion seremaniue dans les vers
suivans :
Elle avoit front bien compassé
Blanc, ouni, large, fenet^trié,
Or le voi crélc et estroit.
Ane. Poës. fr. MSS. du Vatican, n- l-iflO, fol. 132, V-.
Ce mot est employé avec le second sens, dans le
passage qui suit. [în mari jaloux, repiocliani à sa
femme les agaceries qu'elle fait aux galans, lui dit :
Ouy pardieu car vous les temptez
Ti'u'ng tas de souhaits ci-cctcs
Et voz yeux eu font les poursuictes.
Œuv. de Rog;. de Collerye, p. .iG.
VAniANTKS :
CRESTER. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 227, R" col. I.
Creter. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. ISO, R» col. 2.
Cretter. Poës. MSS. de Froissart, p. 204, col. 1.
Crester (se) , S'irriter , s'animer *. Friser ,
plisser^.
'■Crête se dit encore figurément pour orgueil,
fierté. On disoit de même sr' crester, proprement
dresser la crête, pour s'irriter, s'animer.
^ La seconde acception se remarque dans ce vers :
Lor dras (habits) font creter, et tailler.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol.
, R' col. 2.
(Voyez Crester ci-dessus.)
VARIANTES :
CRESTER (SE). Fabl. MSS. du R. n» 7218, f" 227, R" col. 1.
Creter. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 180, R" col. 2.
Cretter. Poës. MSS. de Froissart. p. 204, col. 1.
Crestiennement. [Intercalez Crestiennement,
baptême, au reg. .1.1. H8, p. 219, an. 139.'): « Ainsi
« que le suppliant venoit... du crestiennement
» d'un enfant. »] )n. e.)
Crestienner (se). [Intercalez se crcstienner,
recevoir le baptême, dans Froissart, éd. Kervyn, II,
p. 341.] (n. e)
Crestieiineté. [Intercalez Crestienneté, bap-
tême (.I.J. 1(J2, p. 23G, an. 1408): « Les exposans
« mirent l'enfant sur un estai au devant de la
« maiso!) Dieu d'Amiens,... et assez près dudit
« enfant misdreiU du sel, en signe de ce qu'il
« n'estoit pas baptisié;... lequel enfant reçeut
« crestiennelé et balesme. »] (n. e.)
Grestil, stibst masc. Crête de mur. Mot langue-
docien. (Dict. de Borel, au mot Cresteaiix.)
Crestin , subst. musc. Espèce d'ustensile de
ménage. (Nouv. Coût. Gén. t. Il, p. 258.) C'est peut-
être le même que crétin, panier ci-après.
Crestine. [Intercalez Crestine, débordement:
" En celle année (584) fu si grant crestines em
« Bourgoigne, que les yaues des flueves issirent
« borsdeschanes. •• (Dom Bouquet, III. p. 2.")4.) On
trouve aussi crétine au reg. .M. 05 bis, p. 4, an.
1328 : .( Et se y a noeries ou crétine d'yaue y venoit
« en cas periUous, li religieux le porroient torner
« à aler enli'e leur dous portes pour leur dommage
" eschiver. »] (n. e.)
Creston, subst. masc. Chevreau. Ce mot a cette
signification dans le l'or de Navarre, til. 28, art. 40.
(Laiir. Gloss. du Droit fr.)
Cresvis , subst. masc. Rupture , effraction.
(Gloss. de l'IIist. de Bref) Le ci-esvis de maison est
mis au rang de plusieurs sortes de crimes, comme
meurtre, rapt, dans une citation de Du Cange, Gloss.
lat. au mol Hoboria sous Robai^l).
Cret, sul)st. masc. Plége, caution. Mot breton.
(Du Cange, au mot Creanlure.) Ce mol cret est
peut-être une faule pour alecret (casque) (3)dans le
jiassage suivant lire d'une Ordonnance des ducs de
Bourg, de 1471. On lit : •■ Les coulevriniers, arba-
>' Icstriers, et picquenaires(piquiers) seront de pied,
« et auront les habillemens tels qui s'ensuivent,
« assavoir le coulevrinier (armé d'arquebuse) un
« haubergeon (espèce de pourpoini), l'arbalestrier
« un haubergeon et le cret, et le picquenaire un
« Jacques (espèce de casaque) , ou haubergeon
« le quel qu'il voudra, et-s'il choisit le haubergeon,
" il aura avec un glaçon, et auront habillement de
« teste, chascun selon son cas. » (Etat des Officiers
du duc de Bourgogne, p. 288.)
Crète. [Intercalez Crète, friche ou broussailles,
au reg. .M. 01, p. 150, an. 1321: » Pour une crête
« de laquelle l'en li souloit rendre sis deniers de
« cenz. »] (n. E.)
Creté, adj. Coquet*. Plissé^. Ridé'^.
*Ce mot, au premier sens, signifie proprement
(pli a une crête. De là pris pour coquet dans un
passage oîi un mari jaloux reproche à sa femme ses
agaceries.
Peut-être ce mot est-il mis dans le sens propre,
en cet autre passage dans lequel le poêle a voulu
imiter Catulle, par ses regrets sur la mort d'un
moineau. On peut Cependant l'entendre aussi dans
la signification de coquet :
Et cretc, plein d'allégresse,
S'en venoit vers sa maîtresse.
Gilles Durant, à la suite de Ronnef. pa^e 173.
^ On a vu crester ci-dessus pour plisser. Nous
trouvons cretis, au même sens, d;ins ces vers. Le
poëte parle d'une fête de bergers :
Jupes et grêles nretis
Y avoit moult, et de soye.
Pocs. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1480 ; Ibid. t. III, p. i08S.
'^De creté, plissé, naît l'acception figurée déridé.
(1) Crester est là poiu- le vulgaire peigner comme au reg. J.T. 15i, p. 754, an. 1399 : « Je te crestcrai si bien la teste, que tu
ne trouvas oncques ribaut, qui si bien la te cretitat. » (N. E.)
(2) « Seront et demourront quittes et paisibles de tous cas, crimes, maléfices, multres, crcsois de maisons, ravissemens
de femmes, pilleries, roberies. » (D. Lobineau, t. II, col. G25, an. 1381.) (n. e.
(3) Hallecret, écrevisse de fer, est le nom de la cuirasse des couleuvriniers au temps de Charles VIII et de Louis XII. (N. E.)
CR
383 —
CR
VARIANTES :
CRETE. Poës. MSS. Vatican, n° 1490, fol. 13'2, V».
Crecté. Œuv. de Roger de Collerye, p 46.
Creti. Poës. MSS. av. 13()0,t. IV, p. 1380; Ib. t. III, p. 1088.
Cretelete, subst. {ém. Petite crête. (Dictionn.
de Monet.)
Cretiaus, &ubst. masc. plur. Quoi qu'il soit
difficile de fixer le sens de ce mol dans le passage
suivant, il y a cependant toute apparence qu'il y
signifie hommes en général, ou plutôt damoiseaux,
gàlans, que l'on auroit ainsi nommés peut-être par
allusion de leur allure fière et assurée, ;^ celle des
coqs qui vont la crête levée. On trouve au sujet des
femmes infidèles ù leurs maris :
Saciés raalement se desvoie (s'égare)
Feme qui a cretiaus se loie (lie)
Anon. parmi les Pois. fr. MSS. atant 1300, t. IV, p. i'iît:
Crétin, subst. masc. Corbeille, panier. (Dict.
Elym.deMéiiage.)(l) » Avoil pareillement, parmy les
« tables, auires personnages d'hommes et de fem-
« mes richement etofez, dont il y avoit les aucuns
.< deux à deux, portant une civière : autres portans
« crétins, et paniers sur leurs testes, autres por-
" tans panniers en leurs mains. » (Mém. d'Olivier
de la Marche, liv. II, p. 583.) Ce mot étoit aussi
employé dans cette expression métaphorique : Tater
des biens du crétin, explitiuée par ces mots : fouiller
dans la paanetiere de sa maîtresse, que l'on a vus
plus haut pour lui mettre la main dans la gorge.
(Voy. Fabri, Art de Rhétor. liv. 11, fol. il. — Voyez
Cretixe ci- après, dans le même sens.)
Crétine, sulist. {ém. Panier, corbeille *. Piège,
filet ^. Débordement , inondation '^. AUuvion ,
accroissement °.
* Dans le premier sens, crétine signifie corbeille,
panier, ainsi que le mot Crétin ci-dessus.
Cuilliers grandes, cuiUers petites
Creti»c pour les lesehefrites.
Pots. MSS. d'Eusl. Desch. fol. iO", col. 2.
^ Crétine désigne des pièges ou filets à prendre
les bêtes, dans la comparaison d'Esaû et .lacob :
Ses las lendoit, et ses crétines
Pour les prandre, et o l'arc aussi.
Poës. MSS. d'Eusl. Descli. fol. 538, col. i.
'^ Ce mot signifie débordement, inondation [c'est
encore le sens aux environs de Caen ; voyez
Crestine], crue d'eau, dans le passage suivant :
Cele islete qui s'en esseve
Est fi haute au dessus de l'eve.
Que Saine, par nule crétine
N'a povoir d'i faire atine.
Guill. Guiarl, sous l'an liOi, cité par I)u Gange, G. L. au mot Mia.
On dit encore sur les bords de la Loire, des prés
crétines, pour désigner des près dont l'herbe est
gâtée par des inondations.
" Enfin on a pris le mol crétine pour alluvion,
accroissement. (Laur. Closs. du Dr. fr.)
Cretir, verbe. Voyez, sur ce mot, le Dict. Etym.
de Ménage et l'origine qu'il lui attribue.
Creton, subst. inasc. Espèce de mets. Ce mets
ètoit fait de graisse de cochon. Il est encore connu
dans quelques provinces. (Dict. d'Oud. etile Cotgr ) (2)
On lit dans le passage suivant, en parlant des
chiens : ■■ Quand vous les verrez maigrir leur don-
" ner du potage fait avec sein de cochon, et du
» creton que l'on prend chez les bouchers. » (Sain.
Vénerie, p. 237.)
Cretonart, subst. musc. Sorte de plante. (Dict.
d'Oud in et de Cotgrave.)
Crettes, subst. {ém. plur. C'est une faute. On
lit ailleurs coetes\}0\n- coites. (Voyez Villon, p. 56.)
Cretu, adj. Fort, crèté. (.Dict. de Monet.) (3)
Creu, adj. et partie. .\ccrédité, qui a du crédit*.
Accru, augmenté °.
* On a dit , au premier sens : « Après que le roy
« Edouard eut fait faire ces deux grans justices, il
" priai nouveaux conseillers des plus sages, et des
" mieux creus de tout son royaume. » (Froissart,
liv. 1, p. 28.) « Ce bourgeois faisoil toutes les pour-
" veaiices de la comtesse de Moutfort en la ville de
i< Jugoi!, et autre part, et estoit moult aimé, eicreu
« dans la dite ville il estoit tant creu en la ville
« qu'il en gardoitles clefs. » (Ibid. p. 100.) [Edition
Kervyn, IV', 113.] Remarquez que ce mot est adjectif
avec cette signification.
^ Creu se 'trouve pour accru, augmenté, dans le
passage suivant , oii il est participe du verbe
crestre. Au sujet de poids et mesures, on trouve :
<■ Yceulx pois ne seront creuz ne amenusiez (dimi-
«■ nues.) » (Ordonn. des R. de Fr. t. III, p. 576. —
Voyez Crieux ci- après.)
Creiie, subst. {ém. Augm,entation , accroisse-
ment *. Recrue °.
* Au premier sens, ce mot s'est dit pour désigner
tout accroissement en général, ou augmentation
d'impôts, de monnoies, de dépenses, de troupes, etc.
(Laur. Closs. du Dr. fr.i (4)
Ce mot s'est dit aussi, dans le même sens, de
l'augmentation des mets aux services d'une table.
En parlant du duc de Bourgogne, on dit : « Arriva
« à Yalenciennes où il trouva la duchesse, et se fit
.. hors la dite ville un tournoy pour sa joyeuse
« venue, et y eut creiie par tous les offices. »
(Citron, depuis 1/100-1476, au IV' t de Louis XI, de
Theod. (iodefroi, p. 387.,, C'est-à-dire il y eut aug-
mentation de plats à chaque service, et ces plats
(1) On lit aussi dans Froissart (II, 492) : « Grans crétins plas, là où ces femmes qui vont au marchiet mettent bures, oefs
et fromages. » C'est un dérivé de l'ancien baut-allemand cretto, aujouru'hui kratte. (x. E.)
(2) On'lit au Gloss. lat. 4120 : « Cremium dicitur sacrificium ; dicitur etiam gaUice creton, quod fit ex carnibus
assatis. » (n. e.)
(3) Cretu a aussi le sens de crestelé : « L'un des compaignons avoit ung espie\i , l'autre ung cretu. » (.1.1. 189, p. 354 ,
an. 1459.) Au reg. .IJ. 195, p. 915, an. 1473, on lit de même : « Ung baston, appelle crclu. » (N. E.)
(4) On lit dans Carloix (IV, 5) ; « .loinct les ordinaires commissions des creiies et reci eues, que l'on distribue par toutes
les provinces, causées sur levées des deniers, pour la subvention de ses affaires. i> — « Qui du marchié le denier à Dieu
prent, écrit Charles d'Orléans, Il n'y peut mettre ne rabat ne creue. » (n. e.)
CR
— 384
CR
d'augmentation s'appeloient plal de creiie ou crue.
(Voyez iliid. page 370. )
Ou a dit : président île la nouvelle crue (Contes
d'Kulrapel, p. Ci, pour siguilier président de la
nouvelle création, de la nouvelle augmenlation.
^ On a particularisé cette acception, et ce mot
s'est pris pour recrue, augmentation de troupes.
« L'empereur liastoil cependant sa creue de Uius-
<■ quenets en toute dilig-ence. » (Mém. de Du Bellay,
liv. Y, fol. 145.)
V.iVRIANTI-.S (i):
CREUE. Ord. des R. Ue Fr. t. IIl", p. 18.
Crue. Mém. de SuUy, t. V, p. 109.
Creuler, verbe. Nous ne déterminons pas la
signilicalion précise de ce mot, dont le sens s'aper-
çoit assez aisément dans le passage suivant, où un
homme qui, à cause do sa dilloi-mité, avoit craint
longtemps de prendre des engagemens avec des
femmes, dit qu'il avoit enfin surmonté cette crainte
et s'étoit résolu d'aimer :
Je me hardy, et grant vouloir creulay
U'ainours servir, de dames honorer,
Et moy même en tous biens engendrer
Parquoy laydeur m'en list mins d'ennuvté.
Percef. vol. I, fol. 78, R- col. 2.
Créunient. [Intercalez Créument, cruellement,
dans la Chr. des ducs de Norm., v, 13584.] (n. e.)
Creus, adj. Vide. Il semble que ce soit le sens
de ce mol, dans le passage suivant où il est employé
figurément. Le pape Boniface VIII ayant convoqué
un concile en 1300, le roi défendit au clergé de
France de s'y rendre :
Les prelas n'en furent pas lié (aises),
Au Roy trestouz, obéirent,
La charrue devant les beus,
Com de Dieu, et de leur foy creus
Et au temporel se retindrent.
Hist. de Fr. à la suite du Rora. de Fauv. fol. G5.
Creusement, subst. mase. Action de creuser.
(Dict. d'Oudin.)
Creusequin. [Intercalez Creusequin, sorte de
coupe, aux preuves de l'Hist. de Bourgogne (t. lll,
p. C3, an. 1382): ■ Ung creusequin d'or... avec le
» couvercle. " Dans un inventaire de lilô, on lit:
« Item deux petits creusequins d'or lermans en
« uianiered'une boette, pour tenir œufs à menger. »
Dans un inventaire de 1410, on lit aussi : « Item un
« grant creusequin de madré couvert, les bours
« garni d'argent doré. — Item un autre creusequin
« de madré non garni. •■] (n. e.)
Creute, subst. fém. Caverne, souterrain. Ce
mot a celle signification en ((uelques pays. (Du
Cange, au mol Cruta. — Voyez Crot ci-après.)
Creva, 3'pers. du prêter, de l'indic. Au lieu de
ce mot, il faut peut-être lire greva, c'est-à-dire
vexa, tourmenta, dans le passage suivant. Le pape
ayant accordé des dîmes à Pbilippe-le-Hardi, ce
prince les fit percevoir avec tant de douceur,
Qu'ome. ne famé ne rreva.
Hisl. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 86.
Crevace, subst. fém. Ouverture. C'est le sens
de ce mot dans le passuge qui suit ; « Le vent qui
« f'rappoit en la eosle d'armes du chevalier hiy va
« lever le pan de devant qui destaclié estoitde celuy
« de derrière a la jousle, et la porte hors du col du
« chevalier par la crevace qui grande estoit. »
(Percer, vol. I. fol. 147.)
Il est difficile de déterminer le sens de ce mot
dans ces vers. L'auteur dit, en parlant du jeu
des dés :
Qui oncques vit plus maleureus
Que je suis, j'ay getté un deux
Et un as par ceste crevace (2).
Poi^s. MSS. d'Eust. Dcscll. fol. 2!13. col. 1.
Crevaine, subst. fém. liepas où l'on mange
beaucoup, jusqu'à être prêt à en crever. On dit
encore, en ce sens crevaille (3), mais ce mot n'est
que du style familier.
Miex vault le cheval Bertran
Qui souvent menjue (mange) avaine
Que cil qui fait la crevaine.
Ane. Poc's. fr. MSS. du Vatican, n" 1190. fol. M8, V°.
Crevassière,s^/bs^/■e'H^. Crevasse. (Dict. d'Oud.)
Crevé, partie. Ouvert *. Mort ^.
* On peut dire que ce mot subsiste encore au
premier sens. Il diffère cependant par l'idée d'effort
et de violence qu'il exprime. Aujourd'hui on ne
diroit plus :
Chascun devant son tref (tente) se gist, guele baée,
Et reçoit le serain (soir) qui cliiet a la vesperée
11 n'y a chevalier qui n'ait bouche crevée.
Notice du Rom. d'Alex, fol. 5i.
^ Il semble que crevé signifie mort dans les vers
suivans :
Autrement eust esté crevé
Charles, s'il ne fust relevé (4).
Hist. de Fr. .î la suite du Rora. de Fauv. fol. S8.
Le peuple dit encore : crever comme un mous-
quet ou simplement crever, pour signifier mourir
d'indigestion, d'apoplexie ou de quelque autre mort
semblable.
Crevecoeur, subst. masc. Espèce de pertui-
sane (5), suivant le Dicl. de Borel, au mot Jaseron,
où il met le mot de crcvequin au lieu de crenequin.
Il croit que crevecœur est la même chose, mais
crenequin signifie arbalète.
Crevement, s«/^s/. masc. L'action de crever.
(Dict. d'Oudin.)
Crevequiii, subst. masc. Voyez, sur ce mot, le
Dict. de Borel, au mot Jaseron. Il paroit que c'est
une faule ])Ouv crenequin ci-dessus.
Crever, verbe. Crever, faire crever'. Poindre^.
* Ce mol, qui subsiste sous la première ortho-
(ll On lit déjà dans .Toinville (^ 1S8) ; « Ne ne sait l'on dont celle creae vient, mais que de la volentei Dieu. » (N. E.)
(2i C'est aussi une maladie dtis chevaux. (Du Cange. Il, <i.ô6, col. 2, sous Crepatiœ.) (ti. E.)
C?) « Estitnant qu'en iceluv pavs festin on nomniast crcvailla. » (Rabelais, V, 17.)
(i) On lit dans Renart (v. 14370) : « En ort leu m'orent ostelé ; De poor dui estre crevez. » (N. E.)
(.")) On lit dans Partonopex . d'après Dochez : « Mais corrox qu'en a de s'amie. Cil corroz a nom crwvecuer. « (N. E.)
CR
- 385 -
CR
graphe, nous fournit une remarque sur l'usage ufon
en a fait, au premier sens, dans les vers ([ui suivent:
Por le vilain crever d'envie,
Chanterai de cuer liement.
Fabl. MSS. du R. n- 1218, fol. îKi, K» col. 2.
C'étoit un supplice assez ordinaire , sous la
seconde race de nos rois, de crever les yeux aux
criminels. C'est peut-être par allusion à ce supplice
que le poëte dit, dans le passage suivant :
Médisans grevé m'ont.
Diex leur pait l'iir dete,
Si leur criel les ieus du front :
Adonc en pais seront amoretes.
Chaos. Fr. du Xlll* siôcle, HS. de Bouli. cli. C.S, fol. HT, V.
Ce verbe est actif dans les passages que nous
venons de citer. Il s'employoit aussi comme neutre
dans le sens subsistant de crever, mais nous ne lui
trouvons celle signillcalion que sous l'orlhographe
criever.
° On disoit crever et criever, au second sens, en
parlantde l'aurore lorsqu'elle commence à paroitre
et cju'elle perce, pour ainsi dire, l'épaisseur de
l'obscurité (1). Nous nous servons du mol poindre
dans celle s'gnilicalion.
Lues leva sus que creva l'aube.
HisU de S" Léoc. MS. de S. G. fol. 28, V- col. 1.
Se vont reposer et doi'mir
Jusqu'au malin que l'aube rrieve.
Fabl. MSS. du R. n- "615, l. II, fol. 125, V" col. 1.
La signification de ce mot, dans le passage sui-
vant, paroil diflicile ù déterminer. Auroit-on voulu
désigner par cette expression terres à crever les
terres propres à élre labourées, parce que labourer
la terre c'est l'ouvrir avec le soc de la charrue :
« Terres qui sont a cens rémanent (demeurent)
« a cens, se ils sont raisonnables, et les terres qui
« sont algier (pour friche) rémanent algier, et les
« terres qui sont à crever, il les poent crever
i algier. » (Coût, de Berry, p. 103.)
V.\R1.\NTKS :
CREVER. Orth. subsiFilanle.
Criever. Loix \orni. art. '21. [« Si alcuns cricve l'oil à
l'allre. »]
Crevesangle (à), express, adverbiale. Exces-
sivement. On a dit manger à crevesangle, pour
manger excessivement, jusqu'à en rompre sa cein-
ture. ;Oudin, Curios. franc.)
Creveure, subst. fém. Crevasse, fenle*. Abou-
tissemenl°.
* On lit au premier sens : « Mist son cief parmi
« une creveure de la lor qui vielle estoit . et
" ancienne, si vi .\ucassinqui la dedans pleuroit. »
(Fabl. MSS. du R. n' 7989, fol. 72.)
^ Dans la seconde acception, on disoit creveure
d'apostheinc, en latin crepatttra. (Vovez Du Gange,
Gloss. lat.)
Crevice, siihst. fém. Ecrevisse. (Eust. Desdi.
fol. 'i86.) (2)
variantes:
CREVICE. Eust. Desch Poës. MSS. fol. 480, col. 1.
Crevisse. Molinet, p. 194.
Greviciaul.x, subsl. masc. plur. Petites écre-
visses. (Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 1:38.)
Crezé , subst. masc. Espèce d'étoffe. C'est
peut-être celle que nous appelons croisé. Nous
trouvons ce mot dans le passage qui suit : « Bien-
« tôt se présenta mon dit seigneur le baslard sur
» un cheval couvert do drap d'or cramosy, a une
•' bordure découpée do cre:i4 blanc. >■ (Mém. d'Ol.
de la Marche, liv. Il, p. .5!ï8.) On trouve croi:ié de
Flandre, espèce d'élolfe dans le Dict. d'Oudin.
Crezieu, subst. masc. Lampe. Ce mot, qui vient
de creux, comme creuset, cruche, etc., a élé souvent
employé pour désigner une lampe. (Duchal, sur
Kab. t. H, p. 54, note 20.) « Il avoit aussi préparé
" une sallade composée de plusieurs sortes d'her-
« bes. y jetlant un peu de sel dessus, eldu vinaigre,
« et quelques gouttes d'Iiuile tirées du crezieu
« lequel il reservoil pour seulement rendre ses
'< salades plushoiiorables pour ceuxqui levenoient
" veoir. » (Merlin Cocaie, t. 1. p. 43.) Dans le pas-
sage suivant, l'auteur parle des savans :
Qui au cruifiel tote nuit veille.
Hist. de S" I.éocade. JIS. de S. G. fol. 30, R* col. î.
VARIANTES :
CREZIEU. Merlin Cocaie, t. I, p. 43.
Creziou, Creziu, Grisou. Crizou.
Croisel. Poës. d'Al. Chart. p. 592.
Cruisel. Hist. de S" Léoc. M3. de S. G. fol. 30, R» col. .3.
Cruzeui. [on trouve aussi la forme creuseul].
Cri, subst. masc. Bruil, renom, réputation*.
Chanta
* Ce mot subsiste sous la première orlhograplie.
mais il ne s'emploie plus dans les significations que
nous venons de marquer (3). On disoit cri pour
renom, réputation, soit en bonne, soit en mauvaise
part.
Peu vaut amours dont est noise, ne rris.
Poés.MSS av. 1300, t. III, p. ^^M.
Vous dictes bien, mais j'aroy lors le rri
Que je mescroy ma femme aucunement.
'Poès. MSS. d'Eust. Desch. fol. 233, col. 1.
° Cri est pris pour chant dans le vers suivant :
L'aloé ch.ant a doux rris.
Anonyme parmi les Pocs. fr. MSS. avant 1300, t. IV. p. I.".02.
Ce mot cri se trouve employé dans plusieurs
expressions en usage autrefois :
1° Cri de paon étoit une sorte d'injuie.
Orgueil de serf, ueil de larron,
Langue de leu, cri de paon.
Parton. de Bl. MS. de S. Gonn. fol. 164, H- col. 1.
2° On nommoit cri d'armes, ou simplement cri
(1) On lit encore dans Froissart (VII, 396) : « Chils débas dura dou point dou jour que li aube crieuxce jusques à nonne. >■
Comparez l'anglais break of day. (N. E.)
(2) Dans son nntable eiiseirjnement : « Crecices que on cuit en vin. » On lit aussi dans l'hist. occid. des Croisades (I, 584) :
« Ce sinne que l'en claimme crevice. » C'est aussi le nom de l'armure dite liallecrel : « Icellui Aubry se arma d'une crevisse,
d'un arc, de cinq flèches et d'un braquemart. » (.1,1. 207, p. 291, an. 1482.) (N. E.)
(3) On lit encore au Roman de Rou, ms.. p. f>5 : « Li quens Ernouf en ont de traïson grant cri, Mais onques por le blasme
le chastel ne guerpi. » (n. e.)
IV. 49
CR
— 386 -
CR
la devise, les mots qu"on crioit dans les armées
pour faire recoiinoitre le seigneur qui commandoit
ou an nom de- qui on commandoit. (Mil. Fr. du P.
Daniel, t. I, page 335. — Voyez Ckier dans le même
sens ci-après.)
3° Cri de l'église (1) se disoil pour publication l'aile
dans ré2;lise et même pour étendue d'une paroisse,
dans l'église de laquelle se font les publications.
C'est en ce second sens qu'il est pris dans le pas-
sage suivant : » N'est que le demandeur fut estran-
>' ger, et demour;int liors des cris de reylisc du dit
« Commines, (jue lors a toute beure on administre
•' a iceux estrangers justice a tels jours qu'ils le
" requièrent. » (Coût, de Commines, au Coût. (;én.
t. II, p. 1)27.)
4° Cri des fesles pour l'annonce ou publication
des fêles. « Les cris des fesles appartiennent aux
« bauts justiciers, et quand nostre dit seigneur est
" baut justicier avec autres hauts justiciers, le
'< sergent du dit seigneur duc en fait les criées, et
-' se nomme le dit seigneur duc le premier, et les
" autres après luy : et neantmoins, si la seigneurie
" est indivisée, se fera le cry par le sergent ordi-
« naire d'icelle, lequel nommera Monseigneur le
« premier, et les autres sieurs après. » (Coût, de
Bar, au Coût. Cén. t. II, p. 1033.)
5° Ciy du peron désigne peut-êlre les publications
qui se faisoient sur le perron qui étoit ordinaire-
ment devant les églises et les cbàleaux. « Pour
" avoir bonne expédition es enquestes, et causes
« criminelles qui se dresseront par devant les deux
" membres de la loy, et de la franchise, sera par
« nous estably un greffier especial, expert et fldel,
" et qui ne vacquera ù autre charge, ou office que
" des dites causes qui s'esmouveront par loy, et
" par franchise, et commencera son exercice" dez
" au cri du peron et enqueste, et durera jusques
« aux sentences et exécution d'icelles inclusive-
« ment. » (Cont. de Liège, au Coût. Gén. tome II,
page 980.)
(j" Cri de la terre. Nous trouvons cette expression
figurée dans le passage suivant, où le mot cry sem-
ble expiimer ce sentiment intérieur et naturel que
fait nailre le danger de nos compatriotes exposés
dans un pays élranger ; « Li cuens deBelhune qui
« estoil demoré en Conslantiuople, et un cardinal
" mandèrent tous les Latins qui estoient lors a
" Constantinople, et les firent assembler por com-
" mande que cbascun fust appareillié pour soi def-
' fendre, si veoit que mestier l'en fust, car a chascun
« Latins qui estoient lors a Constantinople estoient
« il lors C Grisons, et si avoit le cri de la terre. »
(Contin. de G. de Tyr, Marlène, t. Y, col. 072.)
1° Cry ou jeu semble signifier annonce ou affi-
che d'une pièce de théàlreque dévoient représenter
les gens de la Bazoche. « Après avoir veu par la
« coui' le cry. ou le jeu présenté à icelle par les
« receveurs de la Bazoche pour jouer jeudv pro-
" cbain. » Dans un arrêt du Parlement de 1538.
rapporté dans l'IIist. du Th. fr. t. M, p. 110, note,
Ibid. p. 117, on voit plusieurs de ces cris, annon-
ces ou affiches, p. 204.
8° Cry de ta nuit signilioit le mot du guet. (Mil.
fr. du P. Daniel, t. I, p. 192.) « Us savoiênt le cry
« de la nuit, quant ilz oyrent leurs gens, ils deman-
" derenl qui vive, et ilz respondirent S. Michel
« Parvencbieres qui esloit le (Tî/ delà nuit. « (Le
Jouvencel, .ms. p. 213.)
9° Cry de feu et de meurtre. L'action de crier au
feu et au meurtre. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
10^ .'l cri et cor est « une allusion tirée de la
« cliasse pour dire bien haut, et de toutes maniè-
« res. » (Gloss. de Marot.) .Nous disons encore, au
même sens, appeler à cor et ù cri (2).
il" Avoir ne cri ne nom. C'est n'avoir rien du
tout.
Que vos aurez ne cri, ne nom.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 88, R' col. 3.
12° Vivre a cri et cor signifioit. dans un sens
figuré, avoir beaucoup de célébrité. (Contredits de
Songecr. fol. 18.)
VARI.\NTES :
CRI. Poës. MSS. (JEust. Desch. fol. 233, col. 1.
Cry. Coût, de Liège, au Coût. Gén. t. II, p. 980.
Cri. Loix Norm. art. 33, dans le latin clamor.
Crit. s. B. Serai, fr. MSS. p. 219, enlat. vagitus et clanwr.
Criage, stibst. masc. Criée, proclamation (3). (Du
Cange, Gloss. lat. aux mots Cridagium et Crida.)
« Les peut tous faire vendre maintenant, l'un après
» l'autre, au criage audit criour, et dire les trois
" mots, et livrer. » (Assis, de Jérusalem, p. 9C. —
Voyez une citation rapportée par Du Cange, au mot
Bulicularius.)
Criai. [Intercalez Criai, cruel (Cbron. des ducs
de Norm., v. 020).] (>-. e.)
Criart, adj. Qui crie. Ce mot est pris pour qui
hennit, dans le vers suivant :
Aux champs fuz criart.
Clém. Marot, p. 23 el 2i.
Ci'iator, subst. masc. Créateur.
A Dieu pri-ge le verrai (vrai) cria!or.
Anonjme parmi les Poéà. fr, MSS. av. 1300, t. IV, p. iri37.
Cribelle, subst. fém. Crête. (Borel).
Criblage, subst. masc. Criblure. (Oudin, Dict.j
Cribleux, adj. Fier, hautain. Ce mot vient peut-
être de celui de Ckibelle, crête, ci-dessus. On le trouve
(1) On lit aussi dans Froissart (II, 127) : « Si fu fais, de par le roi, uns bans et uns cris. » (N. E.)
(2) On lit déjà dans Coquillart (Monol. de la botte de foin) : « Elle m'a faict souvent monter A cheval, faire mes efforts ,
.\Uer, chevaucher, tempester, Et courir à cry et à cor>:. » (n. e.)
(3) Ce mot a deux autres sens ; i" Office de crieur public : « Jehan Giraut crye de Gengay... à cause de mon office de
criage, ay et tiens... sur le prieurté de S" Maurice de Gençay huit deniers de rente, pour appeller et faire venir les gens au
service de saint église, le Jeudi, le Vendredi et le Samedi de la sepinaine sainte. » (Du Cange, II, 661, col. 1, an. 1403.) 2» Le
droit dû pour la publication du vin vendu au détail : « Chacun tavernier de la devant dite terre S. Nicolas est tenu de nous
rendre et poier chascun an, pour chascun tonneau que il vent en l'an, maille pour criage et nous sommes tenuz de faire
crier leur vin à leur requeste. » (Du Cange, II. 600, col. 1, an. 1289.) (n. e.)
CR
— 387 —
CR
dans le passage suivant: « C'est un gentilliomme
Cl qui a bien de quoi, et n'est h croire que, pour espe-
« rancede profit, il se mita faire telles entreprises;
« il est connu pour personnage cribleux, et résolu,
« haut et hardi à la main : c'est celui qui lua le
« sieur de Mouy parmi toutes ses troupes. » (Mém.
de Villeroy, t. Vil, p. 180.)
Gribre, subst. masc. Crible. On a dit le paijn
cnbre pour désigner peut-être le pain fait avec du
blé passé au crible. « Le payn de Treyt peise u gas-
" telz, le payn de toutz blées peise deux coketz , le
« payn cribre peise un gastel et demy. <• (Britt. des
Lois d'Angl. fol. 74.)
Cribunel. [Intercalez Cribunel, dans Renart,
V. 20541 :
Puis le prent par le cribunel.] (N. E.)
Cricet, subst. masc. Petit cric. Le cric est une
espèce de machine cl soulever desfardeau.x. ■• Machi-
« nés, grues, capestans, singes, moufles, chèvres,
« moutons, guindals. ericet, manivelles, charriots,
« etc. » (Mém. de Sully, t. XI, p. 483.)
Crichet, subst. masc. Petit cheval. Nous disons
criquet dans le style familier : •• Dous sunt perce-
« ners (deux sont possesseurs en commun) d'un
« crichet, e est l'un eraplaidé (en procès, ajourné)
« sans l'altre, e per sa folie si pert, etc. » (Loix de
Gudlaume le Bâtard, citées par Du Gange, au mot
hnpiacitare, sous Placitum.)
Cricilasie, subst. fém. Jet de cercle de cuivre
à jouer et exercice de tel jeu. (Dict. de Monet.)
Cricon-criqiiette, sut}st. fém. On a dit autre-
fois dans un sens obscène faire lacricon criquette.
(Oudin, Curies, franc.)
Cridat, 3' pers. de Vind. prés. Crie. C'est la
signification de ce mot dans le patois de Cahors.
(Borel, au mot Glouper)
Cridex. Voici le passage où nous trouvons
ce mot :
Si monta sor son destrier
Et prent l'escu, et l'espiel (espée)
Me garda cridex. Ses pies
, Bien li tissent cstriers.
Kabl. MSS. du R. n" TÏ«S, fol. 7i, V' col. 1.
Crie, subst. fém. Criée, publication *. Crieur
public ^.
* Dans le premier sens, on a dit : <■ En suhhas-
« tacion d'aulcuns hérilaiges, fault que la dicle
» subhastacion se face solempnelment par justice,
" et par crie solempnelle par les carrefours de la
<■ ville. » (La Thaumass. Coût, de Berry, p. '297.) On
ap[>eloit la pierre de la crie la pierre sûr lariuelle on
faisoit les criées ou publications. (Laurière , Gloss.
du Droit fr. )
^ Il est plus singulier qu'on ait dit la crie, pour
désigner le crieur public : » Ouant aucune chose
» imnieublo est exposée vénale les cri sont faits a
« son de trompe, et par la crie de ladite ville appelé
« un sergent qui après que la trompette a sonné lit
" de mot a mot la forme du cry accoustumé en la
« dite ville, et la dite crie le prononce et profère a
<■ haute voix. » (Cout.de Bayonnc, au Coût. Gén.
t. Il, p. 715.) On lit à la marge : « La crie est
" autant que prœco. » On lit ce mot dans le même
sens, ibid. plus bas. (Voyez Laurière, Glossaire
du Droit fr. )
Criée, subst. fém. Henommée *. Clameurs,
cris^ (1). Voyez, sur ce mot. Du Cange, G. 1. au mot
Crida ; les Ordonn. des R. de Fr. t. I, p. -iGB.
* On a ditme'^pour renommée, réputation, dans
le passage suivant : ■■ L'Engloiz avoil signint criée,
« que chacun luy donnoit l'onneur. » (llisl. de B.
du Guescl. par Ménard, p. 232.)
^ Criée signifie clameurs, cris, en cet endroit de
Froissart où , parlant des masques habillés en
sauvages, qui furent brûlés par accident dans un
bal, en 1392, il dit : « Tel mechef, douleur &[ criée
« avoit en la salle qu'on ne savoit auquel
« entendre. » (Froissart, liv. IV, p. 172.)
Dont recommença la criée,
Flora li rois, plora sa suer (sœur).
Ph. Mouskes, MS. p. 240.
Ce mot se prenoit aussi en bonne part, pour cri
de joie, de victoire : « Beriran le rencontra de si
« grande puissance qu'il luy porta le heaume (cas-
« que) par terre plus de 12 piez loingz, de ce coup
« fut grand cryée par les heraulx. » (Tri. des IX
Preux, p. 501.)
VARIANTES :
CRIÉE. Hist. de B. du Guescl. par Ménard, p. 232.
Cryée.
Criement, subst. masc. Cri, clameur, publi-
cation.
VARIANTES :
CRIEMENT. Chron. fr. MS. de Nangis, sous l'an 1227.
Criemant. Dict. de Monet.
. Crien. [Intercalez Crien, droit au grain tombé
des gerbes jiour le charroi de la dime (Cartulaire
de S' Martin de Pontoise, an. 1330) : >< Comme
« Pierres Daniel et .lehannin Dardel... disoient
« qu'eulz et leurs prédécesseurs eussent ou aient
« accoustumé et de lonc temps à prendre, à avoir
« et à recevoir les trois partis du crien, qui estoit
« fait du grain venant à la grange demeresse du
« terrouoir de Menouville, duquel grain l'en eust
« acoustumé à faire crien; lequel crien les gens
« de^diz escuiers eussent fait ou fesoient aucune
« foys outrages et en excessive quantité amenui-
« sant les parties de le disme. »] (n. e.)
Crier, verbe. Orthographe subsistante. Publier,
divulguer*. Hennir ^. Voyez Oudin, Curios. fr. et
Du Cange, Glossaire latin, au mot Criare et au mot
Inclamare (2).
* Ce mot subsiste avec plusieurs acceptions ; il
(1) u signifie encore indice, marque : « Philippol... prist un baston à terre, qui ilec estoit gisant, et qui faisoit criée et
passe de leur jeu. » (JJ. 122, p. 337, an. 1383.) (n. e.)
(2) On lit aussi dans la not. du roman d'Alexandre en prose (ms. de S' Germain) ; « La terre trembla à S' Maixent en 1.^12
tellement que les soleaux et autres bois des maisons criaient en leurs mortaises. » (n. e.)
CR
- 388
CR
signifie encore publier solennellement une eliose à
haule voix, ù son (le trompe ou ;nUrement ; niiiis
on ne diroil plus : 1° Fit crier son [ils réfient, pour
le lit pioclumer. (!.e Jouvencel, ms. p. '(70). 2' Crier
les fûtes, pour les annoncer, les publier. « Aucto-
" rite de crier les fêtes parrochiales, permettre les
•• dances, elles jeux apiiarlieunent rcE,uliere-
•• ment aux bauls jusiiciers. » (Coût, de Lorr. au
Coût. Cén. I. Il, p. 10G;{.) L'usai;e de ce mot, dans
le passade suivant, ne mérite pas moins d'être
remarqué : « Droit à Compiens;ne s'en alla pour
" tenir le parlement ([u'il avoit l'ait crier. » (Chron.
S. Denis, I. 1, fol. 1G5.) Sa signilicati.ui, dans les
expressions que nous venons de rapporter, est une
signilicalion particulière ; en la généralisant, ce
mot se prenoil pourdivulguer, rendre public. Alors
il emporte avec soi l'idée d'indiscrétion, comme
dans le passage suivant :
Li biens d'amours j^i doivent estre eniblez (dérobés)
Que nus (nul) ne sache; et quant il sont crié
Dame enquert blasrae et joie en amende (diminuée),
Et sius amis i'pert sa seigneurie.
Ane. Poès. fr. JISS. du Val. fol. "5, V.
^ Crier , dans le sens propre et subsistant ,
exprime l'action d'élever la voix avec force, et l'on
doit par conséquent regarder la précédente accep-
tion comme une extension de celle-ci. Ce mot se dit
encore de quebiues animaux ou oiseaux , mais il
n'est plus d'usage en parlant d'un cbeval. « Com-
« manda que chascun Iciisit (tinst) la bride de son
" cheval, et que on gardast bien que nul cheval ne
" hannysl, ne criast. « (Le Jouv. ms. p. 393.)
Les expressions suivantes sont remarquables :
1° Crier à liante teste, pour crier à haute voix,
comme on dit vulgairement à tue-tête (Leçons de
Du Verdier, p. 350.)
2° Faire crier de main en main, pour faire dire
de bouche en bouche. (Mém. deMontluc, 1. 1, p. 00.)
3° Crier à la mort, pour crier au meurtre. (Ord.
des R. de Fr. t. III, p. C.r.l). — 'V'oy. Crti de feu et de
meurtre ci-dessus sous le mot Cry.)
4° Crier merci signifie demander une grâce dans
ce vers :
Si vous en viieil rriei- merci....
Kabl. MSS. du R. n° 7218, fol. 266, V' i:ol. 2.
Ti" Crier llosni, crier Valeri, c'éloil porter pour
cri d'armes (îiifos;)/', Valeri. Suivant l'ancien usage
de la guerre, on crioil dans l'action le nom ou la
devise du seigneur qui commandoit ses vassaux. De
là, l'expression que nous venons de rapporter. Wans
une longue lislc où plusieurs seigneurs sont nom-
més, lin lit: » Le seigneur de Hosny d'or à deux
■ faisses de gueulles et crie Rosny.' « Les autres
seigneurs y sont désignés de la même façon. (Petit
Jehan de Saintré, chap. 58.) Qui Valeri crie, c'est-
à-dire seigneur de Valeri. (l'auchet, Lang. et Poës.
fr. page 237.) (2)
6° Crier quelqu'un, pour le quereller, le gronder.
(Du Cange, Gl. lai. au mot Clamare.) [Voyez plus
haut l'expression crier cuustume.]
Ci'ieres , subsl. masc. Crieur. (3n a dit crieres
de vins, pour crieur de vins. (Voyez Annonyme
parmi les Poës. fr. mss. av. 1300, t. IV, p. 1348.)
Ci'ierie et lye, expression. Espèce d'impôt. En
latin crieriu et lia. Espèce d'impôt à Auxerre dans
les litres de 1228. (Le Bœuf, Hist. civile d'Auxerre.
p. 150.) Espèce de droit dû au comte d'Auxerre
dans le xiu° siècle. (Voyez ibid. p. 171.) C'étoit peut-
être un droit sur le cri ou annonce du vin à vendre
et sur la lie.
Criet, suhst. masc. (irillon. C'est une espèce
d'insecte. Les Normands appellent criquet un gril-
lon, et les Lionnois le nomment grillet. (Dictionn.
Etym. de Ménage.)
VARIANTKS :
CRIET, Criquet, Grillet.
Ci'ieur, suhst. masc. (3) Ce mot subsiste, mais
on ne dit plus c)'/e;(?"(/^ chapes, pour fripia-, crieur
d'habits.
Plus de peine ay que le crieur des chapes (4).
Eust. Desch. Pots. MSS. fol. 229, col. i.
Gi'ieux, participe au plur. Accrus, augmentés.
On lit en ce sens :
On ahane (laboure) et serae.
Pour ce que ses biens soit criatx.
Poés. MSS. Valican, n- 1522, ^ 158, V col. 1.
VARIANTES :
CRIEUX. Poës. MSS. Vat. n» 1522, fol. 158, V» col. 1.
Crius. Poës. MSS. Vat. n" 1490, fol. 155. V°.
Cbeus. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 238, Y- col. 2.
Grievecuer, sh/>s<. masc. Crevecœur, chagrin.
Il est pris en ce sens dans ce vers :
Cil corroz a non criececuer.
Parlon. de Bl. MS. de S. G. fol. U;;i. V- col. -2.
Criez, subst. musc. Cri. Ondisoil à /loidecrieiz,
pour sans faire de bruit.
Met aux haiz du Uourdeiz
Le feu à pot de crieiz.
Et plustost qu'il peut s'en départ.
G. Guiarl, MS. fol. 70. \''.
.. Li Comain corrent (courrenl) Irosque a (justiu'à'
« lor paveillons, et li criez^ lieué, et ils corrent as
« armes. » (Villehard. p. 147.)
VARIANTES :
CRIEZ. Villehard. p. 147.
Crieiz. g. Guiart, MS. fol. 270, V".
(1) Voyez Du Cange, XI" dissertation sur Joinville, de l'usage du cri d'aones; il die la Clu-on. de Cuvelier; « Ghasciiii
crie s'enseigne, sans estre recreans. » (N. e.)
(2) Guillebert de Berneville écrit dan.s une de ses chansons: « Va sans t'arrester Erard saluer. Qui Valenj crie. »
Ph. Mouskes nous dit dans sa vie de Charlemagne : « Et Ruen escrieni li Normant, Bretagne huçent li Breton, Bourdeau.\ et
Rlaves li Gascon. » (N. E.)
(3) On trouve aussi crieour (Robert le Diable dans Du Cange, II, 051, col. 2) : « Lor sont mandé li crieows. Et li raaislre
deviseours. Chou qu'il doit crier li aprendent. » Le cas sujet cri^irres est dans la Coutume d'Amiens (Du Cange , H . 69,
col. 1) : « Et dira li <:rierrcs, oies, oies, de par le roy de Franche. » (N. E.)
(4) i< Cil qui crjt'iîf par la vile la cote et la chape ont achaté le mestier de frepere en la maniera desus devises. » (Livre
des Métiers. 200.) (N. E.)
CR
389 -
CR
Crigiîe, Si/6s/. fém. Chevelure, crinière. >• Avoil
« le dit coursier la c}'ein<jnc le toupet, et la queue
» tout lie lit lier. » (Mém. d'OI. de la Jlarche,
liv. 1, page 251.) Il est mis pour clievelure dans ce
passage :
Famé n'est pas de péchié monde
Qui a sa ct-inc (\) noire, ou blonde
.Selonc nature.
l'abl. MSS du P.. n" 7218, fol. 2:i7, R' col. 1.
VAlilANTES :
CRIGNE. Fabl. MSS. du R. n« 7989, f" 73, R° col. 2 (2).
Cbeigne.
Craigne. Percef. vol. II, fol. 9, V col, 2.
CiiEiNGNE. Mém. d<01. de la Marche, liv. I, p. 251.
Crine. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1149.
Crime, subsL. masc. Ce mot subsiste. On distin-
guoit auti'efois crivw criminel d'avec le crime civil.
(Bout. Som. lUir. page (îiti. — Voyez Criminamté
ci-après.)
Ci'imer, verbe. Accuser d'un crime. En deman-
der justice. On lil, au sujet de l'altention qu'on doit
apporter au.\ affaires criminelles : « Pour ce doit
« l'en savoir la cause clerement, car elle doit estre
'■ plus clere que estoile qui est au ciel, dont iiomme
" est condamne à mort; et pour ce, ceulx (|iii ont
« justice a gouverner, espéciallement en tel cas,
" doivent tenir leurs termes (pour Irilmnaux, justi-
'< ces, plaids) en suflisans lieux et appeller de ceux
« qui servent les droiz, et les coustumes par quoy
« l'on y puisse trouver malice, faveur ou igno-
» rance, et que autre justice ne trouve que repren-
« dre, car nulle justice ne devroit autre crimer
« delà ou partie devroit avoir respons par arlion
« civille , si partie ne s'entre assurent dont la
« bataille peust et deusl estre jugée entre euix. »
(Ane. Coût, de Bret. fol. 53.)
Ci*i minai, adj. Criminel. On trouve crimineux
dans .Juvenal des Ursins (Histoire de Charles Yl,
page '2i7, etc.) Ce mot étoit déjà vieux du temps de
Pasquier. Garasse (Rech. des Itech. p. 554) lui repro-
che d'eu avoir fait usage, dans ses Lett. t. III, p. 914.
(Voy. Criminax ci-après.)
variantes :
CRIMINAL. Contred. de Songecr. fol. 119, R-.
Crimineus. Tri. de la Noble Dame, fol. 71, V".
Crimineux. Des Ace. Higarr. liv. IV, p. 17.
Criminaliser, verbe. Faire un crime*. Décla-
rer coupable °.
*Ce mot est pris ■•\n premier sens en ce passage :
» Le vouloit criminaliser de ce qu'il, etc. » (Mém.
du d. de Rohan, t. I, p. 78.)
° Ce mol est employé dans la seconde significa-
tion en ces autres endroits : « Criminalise les
<• absous par déclarations vérifiées au parlement. »
(Mém. de Sully, t. Xll, page 353.) Criminaliser une
assemblée, .se disoit pour déclarer qu'elle a été
faile contre les loix, en faire un crime d'Etal,
fibid. p. 375.)
Criminalité, subsl. fém. Terme de procédure.
On distingue dans un procès en crime, la crimina-
lité, c'est-à-dire la peine afiliclive et la civilité qui
doit s'entendre des iulérèts, de la peine civile ou
pécuniaire. Delà, on disoit " vuiderla criminalité
« avant (lue toucher à la civilité. » (Dict. de Rob.
Est. au mot Crime. — Voyez Cotgrave, Oudin et
Monet.)
variantes :
CRIMINALITÉ. Dict. de Rob. Est. au mot Crime.
Cri.minauté.
Crimination , subsl. fém. Accusation d'un
crime*. Crime ^.
*0n trouve le premier sens dans Oudin et Colgr.
^ Outre cette acception, ce mol signifioil crime,
suivant Cotgrave.
Criminatoire, ailj. Qui accuse. Qui déjiose
contre. (Oudin et Colgr. Dict.)
Criminax, adj. au plur. Ca|iitaux. On a dit
pecliiex^ erimiau.t dans le sens où nous disons
péchés capitaux. (Voyez Cbautepleure. .ms. de S. G.
fol. 103. j Du ii\oi crime, crime capital, parce qu'il
donne la mort à notre âme.
Criminel, arfjrt;/?/". Cruel, terrible, dangereuy.(3).
De crime ci-dessus, crainle. (N'oyez Crif.me.) Le sens
propre de criminel, relativement à son étymologie,
est dangereux, qui est à craindre, comme en ce
passage : « Sire chevalier venez vous seoir au plus
' près de moy ; car je veulx avoir paix avec vous
« deux; vos rencontres sont trop criminelles à la
" jousle. '■ (Percef. vol.l, fol. \-l\.)\)e\h criminelle
bataille, pour combat terrible cl cruel. « Jamais
■' n'avoienl vu si criminelle bataille, ne deux plus
" aspres champions. » (Percef. vol. I, fol. 105. —
Voyez Cre-meteux ci-dessus.)
VARIANTES *
CRIMINEL. Tri. des IX Preux, p. 376, col. 2.
Cry.minel, Percef. vol. III, foi. 22, R° col. I.
Crimineur, subst. masc. Coupable. ■■ Entrepri-
" ses des crimineurs, séditieux et infracteurs de la
« paix. >■ (Preuv. sur le meurtre du duc de Bourg.
page 301.)
Crimnier, verbe. Peut-être faut-il lire cumuler
pour amasser dans ces vers :
On dit qu'il faut dissimuler,
El que saiges est qui dissimule.
Et qui veult avoir crinnilev.
En dissimulant la criimt/e.
Eusl. Dtsch. Pois. WSS. M. 2'22, col. 4.
Je crois qu'on peut lire cumuler et acumule.
Crin, subst. masc. Cheveu*. Son qui imite celui
d'un crin qui se rompt ^.
(1) Ou lit dans une vie ms. de J. C; « Andoi estoient vieilles gens, Cascuns avoient plus de cent ans, Plus avoient blanche
la crine, Que Uours de lis ne piaus d'erraine. » (n. E.)
(2) On atcriyiiel dans Roland (st. 204) « Trait ses crignels pleines ses mains ams dons. » La stance 113 donne « crignetc
jalne o au sens de crinière. Enfin on lit dans Flore et Rlanchcfleur, v. 735 : « Sa cngne , son cief , son visage » ; et dans
Garin : « Bien fu veslue d'une propre roée, A un fil d'or a sa cngne galonnée. » (N. E.)
(3) « Lequel Soinbret estoit fort et puissant, dangereux et criminel de la main. » (IJ. 206, p. 906, an. 1482.) Nous disons
encore avoir la main malheureuse, (n. e.)
CR
390
CR
* Sur le premier sens de cheveu, voyez Borel.
La tousete (bergère) ot les crina blois.
Huc'tdcS. Quenlin, Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1252.
Miroir, pigne à pignier le crin.
Eusl. Desch. l'ocs. Mis. fol. 442, col. 3.
" Ce mot se trouve employé avec un autre sens
dans une ballade contre ceux qui se marient en
secondes noces.
Mais seuls homs est trop plus que beste enclin
A son malheur, et sa fin derrenière.
Quand il ne fuit de la serpent le cHtt
Dont souffert a la poison droituriere.
Eust. Descli. Po6e. MSS. fol. 112, col. 2.
«'lin en ce sens est un son imilatif du sifflement
du serpent ou de tout autre bruit clair et aia;u, d'où
crin-crin ci-après pour instrument propre à rendre
un son semblable.
Crin-crin , subst. masc. Sorte d'instrument.
Instrument dont le son est aigu.
Monsieur ce sont des masques
Qui portent des crin-rrih.s et des tambours de basque.
Les Fach. comëii. de Molière, act. 3, se. 6.
Grinchon. [iniercalez Crinchon, barbe d'épi
(.M. 90, p. 157, an. 1308): « Le bled bien vanné et
« appareillé de paille et de crinchon. »] (n. e.)
Crincier, verbe. Rendre un son aigu, comme
celui que rend un crin (lui se casse, de crin
ci-dessus. On a dit en ce sens : « Un limas posé sur
» le feu lequel sentant la clialeur du feu crainse. »
(Boucliet, Serées, liv. II, p. 187.) On s'en est servi
aussi pour exprimer le bruit des feuilles doucement
agitées par le vent.
Qu'onques foeillette n'en péri,
Ele n'en faisoient que crincier.
Froissarl. Poi-s. MSS. p. 357, col. 1.
(Voyez ci-après Crisner et Crisser.)
V.\RIANTES :
CRINCIER. Poës. MSS. de Froissart, p. 357, col. 1.
Crainser. Bouch. Serées, liv. II, p. 187.
Crinete, subst. fém. Diminutif de crine. (Voyez
CmuNE ci-dessus.) Chevelure, crinière; c'est en ce
dernier sens qu'on a dit, en parlant d'un cheval :
A la crinete blonde [voyez la note sous criqne].
Pa.l. de Bl. MS. de S. G. f.il. 173, R- col. 1.
Crineiis, adj. Chevelu. (Cotgrave et Oudin.)
De la Porte s'en est servi pour épilhèle de chef, de
ruban de tête. C'est aussi l'épithète de Bérénice et
de Vénus. (Id. Ibid.)
Crinture, subst. fém. Ce mot, dans le passage
suivant, paroit signifier accroissement :
Et d'autres aiguës (rivières) ont crinture.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol 257, V col. 2.
(k'inu, adj. Qui a une crinière.
Le grand Polinice à qui la rouse peau
D'un fer (fier) lyon crinu- servoit de long manteau.
Poës. d'Aniadis-lamin, p, 20.
Ci'ioreaus. [Intercalez Crioreaus. dans Par-
tonopex. v. 10117:
A lor menues barelelles
Rentendoient ces damoiselles,
De guimples et de crioreaus
De ridoires et de freseaus.] (n. e.)
CiMoui", s«/;s/. masc. Crieur public. Piéconiseur.
(Voy. Clo.'^s sur les Coût, de Beauv.) [Voy. Criei:r.]
(h'ippens, partie, prés. phir. C'est une faute
pour trijipens, dansans; du verbe Triper ci-après.
.... L'en ne veult que gens sains
Et qui soient puissans et vertueux,
Juenes, jolis, de toute joye plains
Crippens, saillans comme est une estuveux.
Eusl. Desch. Poos. MSS. fol. 217, col. 1.
Cripsinien, sulist. 7nasc. On donne un sens
obscène au mot cripsitncn, dans lesCur. fr. d'Oud.
Crique. [Intercalez Crique, havre, aux Ordon.
t. IV, p. 427, an. ISO'i: «■ Nous volons... que il
«■ soit tait en la crique de l'Eure et devant la ville
« de Harefleu port et hable. »] (n. e.)
Criquemant, subst. masc. Craquement. (Monet
et Cotgrave, Uict.)
VARIANTES :
CRIQUEMANT. Monet, Dict.
Criquement. Dict. de Cotgrave.
Criquet. [Intercalez Criquet, bâton servant de
but au jeu de boule, comme criée: « Le suppliant
o arriva en ung lieu où on jouoit à la bouUe, près
« d'une atacheou criquet. » (JJ. 205, p. 189, an.
1478.) Ce jeu devait être analogue au crocke!
anglais.] (n. e.)
Cririe, subst. fém. Crierie (1). (Dict. de Robert
Eslienne. )
Cris, sxihst. masc. Le Christ.
Par celé lettre est nommez cris (chrétien)
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 127, V col. I .
Crise, subst. masc. Crésus. Nom propre.
Plus saiges est que Salemon,
Et plus riche que ne fut Crise.
Eust. Desch. Poés. MSS. toi. 6fi, col. 4.
Crisme, subst. masc. Grime. « Honneste chose
" et bonne est auque il ne sueffre mie que famé soit
« mise en prison pour faulx accusement, ny pour
« nul cas, se n'est pour cas de cnejwe. » (Beaum.
page 15. )
VARIANTES :
CRISME. Ph. Mouskes, MS. p. 44.
Criesme. Ord. t. V, p. 205.
Crieme. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 203, V» col. 2.
Criem. Ord. t. V, p. 703.
Crème. Chron. fr. MS. de Nangls, sous l'an 1303.
Crisner, verbe. Craquer. Rendre un son aigu.
Le même que Crincier ci-dessus. Ils paroissent avoir
la même étymologie.
.... Alous se retourne, et ot (entend)
Que li Ilst croist (le lit craque) et crisne et tramble.
Kabl. MSS. du R. n- 7218, fol. U5, R' col. I .
(Voyez aussi Crisser ci-dessous.)
Crispin, adjectif. Crépu, frisé.
Pour la cheveleure crispine
Aront chauve teste sans crine.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 532fc«l. 1
(1) Celte forme est dans Froissart (III, 349) : « Si eut en la ville grant cririe et grant plorie.
Barbazan (II, 376), une pièce de xiir siècle est intitulée : « Les crieries de Paris. » (n. e.)
Dans les Fabliaux de
CR
— 391 -
CR
Crissement, subst. 7uasc. Craquement. (Dict.
de Cotgrave.)
Crisser, verbe. Craquer. (Cotgrave, Oudin et
Monet, Dictionnaires.)
Crissii, adj. Cru, accru.
De tant mVst plaissance crissuë
Que je voeil faire ains ma rissue (sortie).
Froissarl, Toos. MSS. p. 148, col. I.
Crist. Nom du sauveur, Jésus-Christ (1).
VARIANTES :
CRlST. s. Bern. Serai, fr. MSS. p. 42, en latin Chr'istus.
Criz. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 8.
Cristalin , subst. masc. Cristal. On disoil en ce
sens vaisseau de erijstallin. (Rabelais, tome V,
p. 192 et 207.) Nous lisons dans André de la Vigne
(|u'ii la prise du Chateauneuf de la ville de Naples
par Charles VIII, an 1190. on lit un butin très riche :
■' qu'il y avoit des eristulins de Venise, tant en
« couppes, en bassins, eguieres qu'autres choses
« somptueuses ouvrées de toutes couleurs. •>
(Voyage de Charles VIII à Naples, p. 14-1.)
VARIA.NTE? :
CRISTALIN. André de la Vigne, p. IW.
Chvstallin. Rabelais, t. V, p. 192 et 207.
Cristîilliers, subst. masc. plur. (Voyez la Table
des Métiers, m.->. de Meiniere, p. 12.) (2)
Cristals, subst. Cristal (3).
VARIANTES :
CRISTALS. Marbodus, MS. de S. Victor.
CiSTALS. Marbodus, col. 1642, faute pour cristals.
Cristere, subst. masc. Clistère. Cette proiion-
ciation cristire se conserve encore inrnii le
peuple.
Par sirops, et par leurs cristeres.
Eusl. Desch. Poës. MSS. loi. 41i, col. I.
VARIANTES :
CRISTERE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 474.
Cristoibe. Journ. de Paris, sous Charles VI et VII, p. 155.
Critiquer, verbe. S'affoiblir. Ce mol s'est dit,
en ce sens, d'une maladie et d'un orage. (Cotgrave,
Dictionnaire.) •> L'oraige me semble critiquer, et
<i finir en bonne heure. » (Rab. t. IV, p. 99.)
Cro, subst. masc. Creux. Du Cange, Gl. lat. au
mot Apicularii , rappoite le passage suivant :
« Borel et Chrestien du Burau ont l'aurillerie par
'< lote la forest de Bui^ai et de Cloipas ; et ont chas-
" cun doze mansais (pour deniers du Mans, Man-
" ceaux) ou premier pasuage (pour pâturage dans
" lesbois),etpoent(peuvent!prendrelesées(àbeillesi
" en cette manière. Se les ées sont en crous de
» chesne. ou d'autre arbre, l'aurilleor poent escrou-
« ser (creuser) l'arbre ou eies seront. » On trouve
cro dans Eust. Desch. Poës. mss. fol. 4.58, pour
pertuis. fosse ; mots dont il s'est servi plus haut.
VARIAMES (l) :
CRO. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 458, col. 1.
Crous. Du Cange, Gl. lat. au mot Apicularii.
Crues. Fabl. MSS. de S. G. fol. 22, R« col. 3.
Croac, subst. masc. Croassement, cri des cor-
beaux et des grenouilles.
VARIANTES :
CROAC Dict. de Cotgrave.
Cboaillement. Dict. d'Oudin.
Croaceiis, adj. Qui croasse. (Voyez Dictionn.
de Cotgrave. Il est employé comme épilhète de
corbeau par de La Porte.
VARIANTES :
CROACEUS, Croceus, Croailleus.
Croailler, verbe. Croasser. [« Ils crouaillent
comme corbeaux (Paré, .\niin. 25). »]
VARIANTES :
CROAILLER. Dict. d'Oudin.
Croaquer. Dict. de Cotgrave.
Crob, subst. masc. Cachot. Mot en usage dans
le Màconnois. (Du Cange, Gl. lat. au mot Scroba.)
Croljes, subst. On appelle ainsi en Bourgogne
les copeaux des feuillettes.
Croc, subst. masc. Peson. romaine *. Croix ^.
Potence '^. Espèce d'arme °.
* La signification propre et primitive de ce mot
subsiste. Celles que nous venons d'indiquer et, qui
ne sont plus d'usage n'en soat que des applications
particulières. On lit au premier sens : » Pareille-
« ment a esté ordonné que l'on use par tout le pais
" et duché d'un mesme pois, et croc de quoy la
• livre contienne six onces. « (Ord. des ducs de
Bret. fol. 208.)
^ L'usage du croc (.5) pour suspendre différentes
choses, a fait appli(iuer ce mot à la croix où J. C.
fut attaché, au gibet où l'on pend les criminels. ]l
est mis pour croix dans ces vers :
SIggneur or escoutés que Dix vos sot (soit) amis
Vanrai de S'« Glore (Gloire^ qui en de croc fou mis.
Poës. .MSS. avant 1300, l. IV, p. 130:1.
Siggneur por amor Diu qui en croc fut pelé.
Ibid.p. 1364.
*^Ce motest employé pour gibet, potence, dans cet
autre passage :
.le vueil gaigner mon pain en toute place
Sans ressongnier (craindre) justice, ne ses cros.
Eusl. Desch. Pots. MSS. fol. 23ti.
"C'étoil aussi une espèce d'arme, sans doute, en
forme de crochet et dont l'usage étoit défendu dans
les gages de bataille. ^Voyez le Dict. de Borel et le
(1) La forme kiist est dans la Cantiléne de S'« Eulalifi. (N. E.)
(2) « Des crislallicrs et des pierriers des pierres naturelles. Il peut estre cristalUer à Paris qui veult , c'est assavoir
ouvTier de pierres de cristal et de toutes autres manières de pierres natureux. » (x. e.)
(3) On lit déjà dans Roland (v. 1364) : « D'or est li helz, et de cristal li punz. » ka Mystère d'.^dam, p. 21 , on lit encore :
« 'Tu ies fieblette et tendre chose, E es plus fresche que n'est rose ; Tu es plus blanche que cristal. Que nief qui cheil sor
glace en val. » (N. E.)
(4) On lit au sens de silo dans le reg. J.I. 103, p. 289, an. 1372 : s Le suppliant et son compaignon prinrenl en ung crot
dedanz terre, environ quatre sextiers de seigle. » On trouve aussi cros (.IJ. 132, p. 37, an. 1387) : « Le suppliant bouta de lui
Pierre Benoit, duquel boutement il chey oudit cros ou fosse, qui estoit derrière lui. » (N. E.)
(ôi II faut hrc croi et non croc, comme dans Berte (XXIV) : « Dame Dieu, qui en •■roi fu pour nous estendus. » (N. e.)
CK
- 392 —
CR
Gl. lai. de Du Cangc, au mot Crca., On lit, d;iiis les
Lettres d'armes de" 1 '((i'2, adressées à Henri IV, roi
d'Arigiele: re, par Louis d'Orléans : ■< Que les com-
>■ baiians auront basions accoustumez ; c'est à
" sçavoir lance, hache, espéc, et dague ; et chacun
» de tel adventage comme uiestier et besoins: luy
1 sera pour sa seurlé, et pour s'en ayder ; sans
•« avoir alcsnes. ne crocs, broches, poinsons, fers
« barbe'.ez, aguilles, pointes enverimées, ne rasoirs,
u comme pourra estrc advisé par gens en ce
•• cognoissans, ordonnez, tant d'une p:irt comme
" d'autre. ■■ (Monstrelet, vol. 1, fol. 8.) On retrouve
ces lettres dans La Colomb. Théâtre d'honn. t. II,
p. '243. De là celte expression :
Tirer, lutter, jouslcr au crni/.
Coquillart, p. 127.
Onseservoilautrefoisd'arbalctes(l)etari|uebuses
iicroc. C'étoit des arniesplus pesanlesqueles armes
ordinaires. On'Ies tiroit sur une l'ourchelte ou par
les petites ouve.lures d'une muraille. Elles s'appe-
loient ainsi parce (|ue le fût étoit recourbé (2). (Dict.
de Trevou.x.) On lit dans les Mém. de Du Bellay,
iiv. vil, fol. '210 : « narrèrent les portes, mirent
« les gens autour de la muraille, et aux deffen-
« ses , par ce peu qu'il y avoit de flanc des
« arquebuses à croq, secrets passevolans, et autres
« petites pièces. »
Remarquons quelques façons de parler. On
disoit :
l» De croc et de hanche, de toutes manières, de
quelque façon que ce soit :
Bergères franches
De croc et hanches,
Les yeulx ouvers
Cueiilez pervanclies.
Crétin, p. 160.
« Il pressa de l:i en avant le sauvage qui l'avoit
<■ pressé, et quant et quant luy donna de croc
« et hanche si bien qu'il le mit tout plat sus
c. l'herbe. » (D. Flor. de Grèce, fol. 120.) On lit :
« Maintenant de croc et de hanche, que toutes
» voyes estoient licites contre les Luthériens, tant
« fussent elles eslranges. » (Est. de la France ,
sous François 11, par La Planche, p. 140.)
2" Croc in ?«;«/«',• pour croc en jambe. (Mémoires
de Montluc, t. I, p. 351.)
'à' Croc ou crocq madame , jeu du trou madame
auquel Boucicauts'exerçoildans son enfance. (Hist.
de Boncic. in-quarto, Paris, 1G20, Iiv. 1, \>. 2(5. —
Voyez Pab. t. 1, p. lAA.)
i» L'arl delapinse etducroq. C'étoit l'art d'escro-
quei" ou plutôt l'art de critiquer en mordant, comme
semble l'indiquer ce passage : ■< Touchant le jargon.
« je le laisse à corriger et exposer aux successeurs
« de Villon eu l'arl de la pinse et du crofj. <> (Clém.
Marol, préf. de Villon, p. 5.)
V.MUANTKS :
CROC. Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. 3a3.
Crocq. Coquill. p. 127 ; Le Jouvenc. MS. p. 291.
Croq. Clém. Marot. Préf. de Villon, p. 5.
Crûs, pliii: Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 2.36. col. 1.
Cvoce, snbst. fém. Crosse*. Crochet^. Espèce
d'arme, partie d'armui'e'^. Sorte de jeu". Entail-
lure, coche ^.
* Ce mol subsiste, au premier sens, avec une
légère altération d'orthographe. Le peuple prononce
encore en Normandie, croche (3), comme dans ces
vers, où nous lisons au sujet du pape Clément V :
Sus touz ama il argent.
Et por l'argent, par maintes fois.
Donna il et croches, et crois.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, f-jl. 73.
° Croche, pris pour crochet, se rapproche davan-
tage de sa siguilication propre, qu'il emprunte de
t;;Y<c ci-dessus. •■ Le cordeau aiidessus la ray doit
» estre attaché aux croches des deux giesles, et
" celuy doit estre ataclié au revel de la forme
" à .11.' croclielz, endroit les deux crocbetz des deux
•■ giesles. » (Modus et Uacio, fol. 82.)
•^On a dit aussi croce pour espèce d'arme, la
même, sans doute, que croc ci-dessus. (Voy. Monstr.
vol. 11, fol. lltO.) Elle tiroit vraisemblablement cette
dénomination de sa forme, comme l'on a dûeroclie
pour désigner la partie courbe, l'arc d'une arbalète.
11 pareil que c'est le sens de ce mol dans ce vers :
Au partir de chacune croche.
G. Guiarl, MS. fol. 69, V.
Un bouclier avec la croche semble s'être dil pour
un bouclier garni de ses courroies pour l'accrocher,
l'atlaclier au bras.
Ma dague vous sera donnée,
Et mon bouclier à (avec) tout la croche.
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 237, col. 3.
° Croce signifioil encore une sorte de jeu (4), peut-
être le même que celui de la boule qu'on joue dans
quelques provinces avec un bâton recourbé :
K'il veut c'on jut au brionel
Et à la croce (5), par raison.
Poos. MSS. avant 1300, t. IV, p. l'.ilW.
^ Enlin croche s'est dil pour coche, l'entaillure
d'une arbalèle. ■• Tu dois ferrer la sayetle (flèche)
« en telle manière que le barbil du fer (pour pointe
« de l'er^ respoigne ; reponde, s'aligne) et soit endroit
» la croche de la sayetle. ■■ (Modus et Racio, ms.
fol. 72.) Peut-être est-ce une faute d'orthographe.
On lit alias coche. (Ibid.)
(1) Le croc- servait à bander l'arbalète ;« Une arbalestre avecques son engin, appelle croc, à quoy se bandoit la dite
arbaleste. » (.1.1. 204, p. 88, an. 1474.) ^. ,,..-,
(2) Ces arquebuses datent du milieu du W siècle et font la transition entre les armes portatives et les bouches a teu ;
un croc adapté au canon maintient l'arme sur le chevalet au moment du tir. (n. e.)
(3) flans la vallée d'Yères, c'est la perche qui maintient les claies d'un parc à bestiaux. (N. E.)
(4) Voyez C/io»»e et (;/(Oî(/c)-; « Comme le premier jour de Janvier... plusieurs jeunes gens de la ville et paroisse de
la Chelle's en Reauvoisis feussent assemblés pour Chouler à la crosse les uns contre les autres. » (JJ. 120, p. 129,
an. 1381.) (N. e.) „ . . .u ■ r. , ■., .
(5) Villon (Petit testament) écrit aussi ; « Item plus, je adjoins à la crosse Celle de la rue Sainct Anthoine, l".n ung DUlart
iie quoy on crosse. » (N. e.)
CR
393
CR
VARIANTES :
CROCE. Du Gange, Gl. 1. au mot Crnchia.
Crochic. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 342.
Crocé, adjectif. De couleur de safran. Du latin
croceus. (Voy. Borel et Corneille, Dict)
Ci'oceainours ou Crociainon, ^ttbst. masc.
Mot factice. C'est le nom de l'épée de César (|ui fui
mise sur la tombe de l'Anglois Nennius. (Voyez
Rom. de Brut, ms. 1° 32.) Elle est appelée crociamon
dans le ms. de SP de Bombarde.
Crocer, verbe. Jouer à la croce. Du mot croce
ci-dessus. « 11 faisoil si très froit que personne ne
» faisoil cjuelque labour que soulier (jouer à la
« soulc), (TOt'r/'(l). jouer à la pel^lle, ou autres jeux
» pour soy eschauffer. » (.Fourn. de Paris, sous
Charles VI et Vil, p. 91. — Voyez le Dicl. de Mcot.)
Croceron, subst. masc. Houlette. Petite crosse.
Un sien petit aignelet
Feril de son croceroii.
Colart li Boulillers, Pots. MSS. avant 1300, t. II, p. 720.
Ci'ocete, subst. fém. Petite crosse*. Espèce de
maillet ^.
*Au premier sens, ce mot désignoit un bâton de
vieillard, une béquille en forme de crosse. <■ Des
" gens ancions portent communément un^ crocete,
« ou unir baston, pour eulx plus aysement sousle-
« nir. "'fllisl. de la Tois. dOr, vol. Il, fol. 86.)
^C"est aussi une espèce de maillet dont on se sert
eu quelques provinces pour enfoncer les échalats
des vignes Ci). (Dict. d'Oudin.)
VARIANTES :
CROCETE. Hist. de la Tois. dOr; vol. II, fol. 86, V".
Crocette. Dict. d'Oudin.
1. Croche, adj. Crochu, recourbé. (Glossaire de
IHarol.) On a dil ongles croches. (Rab. t. V, p. 72.)
2. Croche. [Intercalez C?"oc/u; : 1" Boutures de
vignes, couisoif: « Le suppliant et icellui Mauclerc
" eurent débat ensemble pour cause de certaine
« vigne à croches, esquelles crocbes ledil Mauclerc
" avoil gelté certaines pierres. » (.1.1. lOti, p. 173,
an. Iil2.) 2° Mesure pour le sel : « Cinq croches de
<' sel ou la valeur à présent estimez trois deniers
'< le croche. » (Du Cange, II, 665, col. 3.)] (n. e.)
Croche, adj. Terme de chasse. Peut-être fau-
droit-il lire dans le passage suivant teste trocliée,
en parlant du cerf, c'est-à-dire tête qui n'a que trois
ou quatre épois, qu'on appeloit troeheures.» Celle
« qui est appellée teste rengée, c'est une leste qui
" n'est mie crocliée, et est une leste baulle et large
« enarchée (formée en arc) ». (Modus et Racio. f°8.
— Voy. Crochure ci-après.)
Crocher, verbe. Accrocher, friponner*. Terme
de chasse °.
* Nous disons encore figurément accrocher, pour
friponner. Crocher paroil avoir la même significa-
tion dans ce passage :
Pour seulement avoir argent ;
En cruche l'en bien souvent,
Sans l'avoir.
ContreJ. de Songecreux, fol. 1G2, R".
°Ce mot, comme terme de chasse, semble formé
de croc pris dans le sens de croix, d'où crocher
pour croiser, barrer le passage. Ainsi faire crocher
les archers, dans le passage suivant, signifieroit les
disposer de manière qu'ils croisent le" passage du
cerf, lorsqu'on le fait bondir : » Comme on fait les
« bayes (bordures, enceintes) du laz (lacets, tilets),
« on doit fjire baye d'archiers, et est liés bon de
» faire lousjours croclier les crochiers au bout. »
(Modns et Racio. fol. 50.) >■ Les deffenses doivent ■
« clorre le buisson tout au travers, par bien loing,
" au dessus du vent où les besles sont, en crochant
» vers les bayes où les lalz sont tendus de l'autre
•• part. » (Modus et Racio, fol. 34.)
VARIANTES :
CROCHER. Contred. de Songecr. fol. 1(32, R».
Crochier. Modus et Uacio, MS. fol. 73, V».
Crochere. [Intercalez Crochere, ^Dvle de joug,
comme co>-besson , employé plus haut: ■■ ' Ung
« instrument, nommé crochere, sans lequel les
<• beufz estans à la charrette, ne pourroient
" chai'i'oier. » (.1,1. 177, p. 226, an. 14'(6.)] (n. e.)
Crochet, subst. masc. Espèce de crochet de
fer*. Terme de chasse^. Bras, sorte de chandelier'^.
Arme", llone^.
*Ce mot, qui subsiste sous différentes acceptions,
s'esl pris aussi dans le sens où nous disons crocliets
de retraite. Ce sont, dans l'alTût du canon (3), des
fers crochus qui servent à tirer une pièced'arlillerie.
De là cette expression, mettre et mener au crochet
dans les passages suivans : >■ Je dis au lieutenant
» de l'artillerie, que M. le maréchal luicommandoit
« de mettre deux bâtardes (espèces de pièces d'ar-
« lillerie) au crochet, et les mener au trot à M.
.' Praslin. » (Mém. de Bassomp. t. 11, p. 36.) « iNous
.< avançâmes avec six pièces de canon de six livres
» de balle, mene.%au crochet pour forcer les harri-
" cades. » (Ibid. t. IV, p. 9.
^On nomme encore aujourd'hui crochets, en ter-
mes de chasse, ce qui sert à attacher en bas une des
cordes qui sont aux toiles. On écrivoit autrefois
croches au pluriel. ■• Le cordel de dessus la roys
>- (rets, lilels) doit estre attachié au revel de la
" forme à deux croches. •> (Mod et Racio, ms. f° 170.)
'^ On appeloit crochets ce que nous entendons par
bras, espèce de chandeliers qui s'attachent contre
une muraille. La bobèche qui est à l'extrémité ou
pointe de fer qui entre dans la base du cierge
forme le crochet. Il y avoit pour le service solennel
du duc de Bourgogne en 1419 ■> plus de vingt pièces
(1) « Ainsi que les diz enfanzcroissoie«< ensemble, icelluy suppliant frappa ledit Jehan d'une grosse ou masselote qu'il
tenoit. » (,n. 152, p. 25.i, an. 1397.) (n. e.) ^
(2) C'est plutôt la bouture de vigne nommée courson ou croche : « Planter les margoutes et les crossetles. » (Olivier de
Serres, 15.) (,n. e.) ^
(3) Ces crocliets entrent dans un anneau fixé au moyeu de la roue et s'adaptent à une corde que le servant tire car une
bandoulière, (n. e.) r -i ^
»'• 50
CR
394
CR
K de bois empilées (pour employées) autour du
» cliœur de l'église S. Vaast, pour sur icelles
« asseoir plalteaux et croches pour mettre cliaii-
« délies de cire. » (Preuv. sur le meurtr. du duc
de Bourg, p. 311.)
"C'est encore par similitude que ce mol a signifié
une espèce d'arme, comme le croc ci-dessus.
A crachez, et asthqueboutes (aux arquebuses)
Le trébuchent contre leur roules (troupes).
G. Guiarl, MS. fol. 121, Vv
^ Enfin crochet désignoil un instrument de fer
large et recourbé, propre à remuer la terre. Rob.
Estienne, dans son Dict. au mot crochet à houer la
terre, dit que c'est un boyau, une boue.
On disoit au figuré jù(ie à crochet, pour juge
retors qui sait les ruses, les finesses de son métier.
« Or dites donc greffier, interloquoit le maistre
>' jufic à crochet qu'il confesse avoir esté ;^ telle
« volerie qu'il donna le coup de mort, et emporta
« la bourse. » (Contes d'Eutrap. p. 192.) (1)
VARIANTES :
CROCHET. Orih. subsistante.
Croches. Modus et Racio, MS. fol. 170, R".
Crochez. g. Guiart, MS. fol. 127, V».
Crocheter, verbe. Ouvrir par artifice *. Accro-
cher, attraper, enlever, emporter °.
* Ce mot subsiste, au premier sens, en parlant
d'une porte ou serrure; mais on ne dit plus : « De
« peur que les pacquels ne fussent crochetez-, et
« ouverts. » (Lett. de Rab. p. 17. — Voyez Ess. de
Mont. t. II, p. 55.) Crocheter une bouteille, pour la
déboucher. (Dict. d'0udin.)('2) Cette signification est
visiblement tirée de la façon d'ouvrir les serrures
avec un crochet, d'oîi s'est formé crocheter (;h).
^On employoit aussi ce mot, figurément et en
général, pour accrocher, attraper, escroquer.
« Quelques uns voulurent, de fois à autres, croche-
« ter telles charges. « (Pasq. Rech. p. 70.) « Ne faut
<i fureter ni crocheter les secrets des princes. »
(Sag. de Charr. p. 411.) C'est encore en mauvaise
part (ju'oii a dit crocheter un bénéfice, pour l'obte-
nir par souplesse, par adresse. (Apol. pourllérod.
p. 328.) Mais cette même idée d'adresse est prise en
bonne part, dans l'expression crocheter une bague,
pour emporter avec la pointe d'une lance une
bague suspendue ù une potence, en courant à toute
bride. « N'y ayant bague qu'il ne crochetast, ny
« lance qu'il ne rompist. » (Mém. d'Angoulême,
page 28.)
Crocheterie, s(//;s^ fm. L'action de crocheter
une serrure*. Tromperie, friponnerie^.
*Le premier sens est le sens propre du verbe
crocheter ci-dessus. » Sous le nom de moyenne
<■ justice, le dit prevost a, et peut avoir cognois-
« sance de larcin commis en furt (secret, à la déro-
« bée) sans autre circonstance aggravant, comme
« crocheterie, ou antre effort. » (Coût, de Senlis,
Coul. Gén. t. 1, p. 308.)
^De là, ce mot pris figurément dans un sens
générique, pour tromperie, friponnerie.
Telz compaignons pour leur crocheterie.
Conlred. de Songecreux, fol. 19, V^.
Crocheteur, subst. masc. Qui crochette
portes*. Qui porte des fardeaux^.
*Sur le premier sens, on lit ce proverbe :
des
Bon crocheteur toutes portes crocheté.
Faifeu. p.
IG.
^ Ce mot est d'usage dans le second sens. On le
regardoit comme terme d'injure. L'auteur de la
défense pour Etienne Pasquier, page 342, accuse
Garasse de l'Musseté pour avoir imputé mal à propos
à Pasquier d'avoir appelé, dans ses Recherches, les
jésuites croclieleurs.
De ce que les crocheleurs portoient des fardeaux
pesans, on disoit faire quelqu'un crocheteur, pour
le bien battre, le charger de coups : « Pensans que
« ces charretiers se voulussent mocquer d'eux,
« commencèrent à lescharger d'apointeinenl (équi-
» voque à pointes d'aiguillon) et prenans leurs
« éguillons , les firent croclieteitrs. » (Bouchet ,
Serées, liv. 111, p. 278.)
Crochu, adj. Courbé. En forme de crosse. » il
« avoit le visage romain, long, et le chef gros et
« crot'/î», la bouche derrière. » (Percefor. vol. IV,
fol. 65.)
Crochuement, subst. masc. Courbure. On
àiso'd crocJiuement de dents pour expi'imer la dif-
formité causée par une dent qui avance et rend la
bouche difforme. (Dict. de Cotgrave, Rob. Estienne
et Oudin. — Voy. CnociiuRE ci-après.)
Crochuer, verbe. Recourber. Rendre crochu.
(Dict. d'Oudin.)
Crochiire, subst. fém. Courbure*. Terme de
chasse ^.
* Au premier sens, c'est la même signification que
crochuement ci-dessus, selon les mêmes auleurs.
^ On appeloit crochure, en termes de chasse, les
(1) Crochet désigne encore : 1° Un joug comme crochere : « Le charretier prist un baston qui pendoit à corde aus chevilles
de sa charrete, appelé le croichet, dont l'en lie la charrette. » (.IJ. 113, p. 87, an. 1378.) 2» Une èchasse : « Icellui Jehannin
prist une esohace, appelle crochet. » (JJ 168, p. 85, an. 1414.) 3» Une houlette : « Lequel bergier haussa un croquet , qu'il
tenoit en sa main, dont il rachassoit ses brebis. » (.JJ. 153, p. 405, an. 1398.) » 4° Un instrument de cuisine : « [tl faut en
cuisine] crochet, havet ; car se ne fust, L'en s'ardist la main à saichier La char du pot sans l'acrochier. » (E. Deschamps,
ms., fol. 497) 5» Un croc-en-jambes : « Gommes les supplians feussent passez par la ville de Montcharnot oii il avoit feste, et
illec eussent trouvé pluseurs personnes de ladilte ville et autres, qui dançoient à une dance , que on appelle au pays
chanoyer, à laquelle dance l'en joue du o'OK/iet des jambes, par telle manière que souvent l'en chiet à terre. » (JJ. 91,
p. 98, an. 1361.) 6° Peut-être recette d'un impôt dans une pièce de 1423 (Du Cange, II, 465, col. 2) : « Dominus J. de Puligny
miles , auteà et de novo ordinalus in officio pontrarotulatoris et crochet pedagii revse , et cartularii S. Johannis de
Losne. » (n. e.)
(2) D'après Rabelais (Garg., prologue) : « Crochetastes vous oncques bouteilles? » (n. e.)
(3) « Aucuns larrons et gens de mauvaise vie que on appelle communément crocheteurs, ont en nostre pays de Languedoc
crocheté plusieurs églises et autres lieux. » (JJ. 199, p. 473, an. 1464.) (n. e.)
CR
— 395 —
CR
trois ou qualre épois qui sont au sommet de la lèle
d'un cerf. Peut-être est-ce une faute pour trochitre.
(Voyez Croche ci-dessus.) « Par la crochwe qui est
« droictc laisseront ils les branches, etc. » (Modus
et Racio, fol. 4.)
Crociter, verbe. Croasser. » Le corbeau qui
" esfoit sur mon chef ne se vouloit départir sinon
» à force de la chasser ù coups de bras, et mains,
« tant qu'il fut conlrainct de s'enlever en criant, et
« crnciUnit par manière de menace mortelle. "
(Alect. Rom.fol. 102.)
VARIANTES :
CROCITER. Alect. Rom. fol. 102, V».
Croqueter. Alect. Rom. fol. 102, R°.
Crociteur, subst. masc. Crocheteur. Qui cro-
chète des porles ou serrures. (Dicl. de Colgrave.)
Crocodilée, subst. fém. Sorte de médecine
ainsi nommée parce qu'il y entre du crocodile.
(Colgrave et Oudin, Dict.) (1)
Crocodillé, udj. Feint. M. de la Porte s'en est
servi pour épilhèle de larme. Ce sens figuré est tiré
de ce qu'on dit des crocodiles, qu'ils font des cris
semblables à ceux d'un enfant pour attirer au
secours quelques femmes qu'ils dévorent ("2).
Croçon. [Intercalez Croçon, croisette, alphabet:
« Ma mère moi fist faire cresliene, que je eslois
« encores ou croçon. » (Du Cange, II, 0C8,
col. 2.)] (n. e.)
Crocquer. verbe. Claquer. Il paroît que c'est le
sens de ce mot dans ces vers :
Il s'en moque
Peu s'en faut que je ne lui crocqxie
De ma main sur son chaperon.
llisl. du Th. fr. p. 370.
Crocqueterie, subst. fém. Gourmandise. On
lit : " Parasiterie , crocqueterie, courtisanerie ,
» menterie, diablerie, etc. » (Rom. d'Alect. fol. 35.)
Crocqiie-teste, subst. masc. Sorte de jeu.
C'est le jeu de coupe-têle [il ressemble au jeu de
saute-moulon]. (Yoy Hab. t. I, p. 153 et la noie.)
Ci'ocqueur, subst. masc. Glouton, grand man-
geur. On disoit proverbialement : « Il n'est couraige
« que de crocqueurs de pies. » (Rabelais, tome iV,
anc. prolog. p. 12. — Voyez ci-après l'expression
croquer la pie.)
Crocquigiiolle, subst. fém. Croquignole.
Rabelais '•\ppe\oit crocquignolle des curés, les' légè-
res pénitences qu'ils imposent. (Rab. t. II. page 58;
Ibid. noie 39.)
Croe, subst. fém. Terme de fauconnerie.
Je voy faucon, quant il gette sa croe
Et l'anneret qiie pluseurs sont si raos (mois)
Qu'il faillent bien, car le temps les esbloe (éblouit).
Eusl. Descliamps, Poès. MSS. fol 2i9, col. 2.
Croer, verbe. Accrocher. Il paroit que c'est le
sens de ce mot dans ce passage : » Sert li faulx de
» deux choses, l'une si est de le tirer àsoy qu'il ne
» croe en l'arbre ; l'autre si est que s'il estoit pris
« par les deus pies, et il esloit encroé, il pourroit
>• estendre, et ouvrir le las, et s'en aler, se le faulx
« las n'estoit qui eslraint le maistre las. » (Modus
et Racio, ms. fol. -KiS.)
Croi, adj. Terme d'injure. Ce mot est employé
fréquemment en ce sens par les poètes provençaux :
De legier l'entrepris,
Amoureus de cuer croi
De tel mal soi espris ;
Drois est, faire le doi.
Jtii. Erars.Pons. MSS. Valican, n" 1490, fol. lOi, V°.
Croicer, verbe. Tourmenter. Du \aiin cruciare,
suivant le Dict. de Borel.
VARIANTES :
CROICER, Croiser.
Ci'oicir, verbe. Augmenter, croître (3). (Gloss. de
rilist. de Paris )
Croie, subst. fém. Ce mol semble une contrac-
tion de coroie dans ces vers :
Un peliçon (pelisse) a endossé
Qui est tout blans à tout la croie (ceinture).
Esirub. Fabl. MS. du R. n- 790n, p. 78.
1. Croler, verbe. Marquer avec de la craie (4).
(Dict. de Monet.)
VARIANTES :
CROIER, CROraE.
2. Croier, verbe. Créer. On lit, dans le sens
propre :
Devant celny qui la crio.
Hist. de S" Leoc. MS. de S. Gerra. fol. 33, V- col. 2.
De là, ce mot s'est pris figurément, en parlant
des institutions des hommesque l'on nomme abusi-
vement créations. On trouve « chevaliers faits, et
» n'ï'e:; de nos prédécesseui's rois. » (Beaumanoir,
page 415.)
De là, il paroit qu'on a dit criais pour crée.
VARIANTES :
CROIER. Ordonn. des d. de Bret. fol. 220, R°.
Crier, Dict, de Borel,
Croieus, adj. De craie. Qui ressemble à la
craie (5). Ce mot se trouve pour épilhèle de blancheur
et delà Champagne, dans les Epilh. de M. de la Porte.
(1) « On fait un médicament du crocodile, nommé crocodillée, contre les suffusions et cataractes des yeux. » (Paré ,
Monstr, app., I.) (N. E.)
(2) Ce conte est au Livre des Merveilles de Mandeville (xiv" siècle) : « Ces animaux féroces sont pourveus d'une sensibilité
exquises, et à ce point que souventes fois les ai moi mesme ouys geignants ou se lamentants es rozeaux , poussants des
sanglots qui semblent mugissement de bœufs, et versants, ainsi qu'il m'a esté assuré, larmes qui jaillissent du pertuis de
leurs yeux, comme de pommes d'arrosoirs. » (N. e.)
(3) On lit dans THistoire de Bretagne (Preuves, t. I, col. 1189, an. 1309) : « Et vueil que mes exécuteurs... puissent croicir
à ceux qui m'ont servi, se il voient que bon soit. » (N. E.)
(4) C'est un dérivé de craie (Berte, X.KXIII) :« Car ele ert aussi blanche comme croie qu'on houe. » On Ut dans une
Ordonnance de 1487 : « Ne puisse tailler draps... qui aura trace de croxje en taiUe de robe ou autre garnement... sans avoir
congié du maistre qui paravaut aura croyé ou taillé ledit habillement. >> (N. E.)
(,ï) On disait au xiiF siècle : « Les terres creouses et sablenoses, » (Bibl. des Chartes, 2' série, t, II, p, 135.) (N, e.)
CR
— 396
CR
Ci'oil. [Intercalez Croil, verrou, crouillct dans
le luilois lie la Sarthe ; voyez le reg. Jl. ItJO, p. l'i,
an. loOô.] IN. E.)
Croin, siibst. masc. On disoil proverbialement
deable de croin pour une sorte d'injure (1) :
Ventre deabh; de croin.
Pait.de m. MSS. de S. G. fol l(i4, R'col. âet 3.
1. L.ro\re., verbe. Avoir foi, se confier*. Prêter,
faire crédit ^.
*Ce verbe subsiste encore dans la première
acception.
CroUe dons en Deu. (S. Bernard, Serm. fr. m.ss.
p. 103, dans le latin crede enjote Deo.) Mais on ne
dit plus comme autrefois dont je me eroy, pour que
je crois. Pasq. Rech. p. 739, use souvent de celle
expression. En particularisant l'acception propre
et générique de ce mot, il exprimoit aussi celte
espèce de conliance ([ui nait de l'amitié, comme
dans ces vers :
Ancien sont de gi-ant aage
Li uns croil l'autre durement ('2).
Fabl. MSS. du R. n" laiS, fol. 350, V" col. 1.
Il semble mis pour être rendu. Seroit-ce par
allusion au sens [iropre de croire, se rendre à
l'évidence.
Jà me verres morir, et croire.
Fabl. MSS. du R. n' "SIS, fol. 278, R" col. 2.
On disoil proverbialement : le croire est une
courtoisie. (Garasse, Rech. des Rocli. p. 806.)
Legier eroice fait décevoir;
Il faut congnoistre avant que aymer.
L'Amant rendu Cordelier, p. 514.
^ On disoil aussi erolre pour prêter, faire crédit (3).
(Dict. de Borel.) Il se trouve en ce sens dans l'Hist.
deBeauvais, par un bénédictin, [lage 279, titre de
1182. On lit dans le lit. latin « credlderlt\e\ accom-
« modaveril pecuniam », ce qui répond dans le
frangois aux mots croira ne preslera sa pecune.
Et pour ce, a vous bien confesser me doy
De croire ainsy, dont j'ay grant ropentance.
Quant on n'a pas renvoyé devers moy
Un prest que je fis
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 343, col. 4.
De là, nous lisons : > Si le rentier altent, et croit
u sa rente plus de trois, si la rente est à un terme,
« et s'elle est à plusieurs termes, et il y ayl plus de
« trois rentes non payées, il n'en peut intenter, ne
" faire demande plus que de trois, et plus n'y
«• cbeenl de loix, si comme dient les coustumiers
" que le (îelteur est quille pour payer tes trois
« renies, et trois loix, ne de plus n'en doit estre
» tenu. » (Bout. Som. Rur. page 818.) C'est en ce
même sens que le mot croire est employé dans le
passage suivant : " Ou cas où il fera chessiou (ces-
" sion) que de là en avant il ne soit o'is en nulles
•< dell'euces en celle querelle : et soit l'abandonne-
" ineiit crié eu plaine audience, pourquoy il ne
<i puisl plus décevoir les gens eu crorrt' follement. »
(Ord. t. 1, p. 7i2, art. 14.) C'est-à-dire décevoir les
î^en& i\ni croient, qui prêtent follement Croire à
/■«SHrca peut-éire signifié prêtera usure, et l'on
aura dit au ligure :
Moult est maie celle pointure (picqure)
Qui fait rame croire à «.sure.
Fabl. MSS. du R. u' 7GI5, t. I, fol. 105, R-
col. ).
C(inji;gaison.
CresetX; ind. prés. Croyez. (Borel.)
Cresl, ind. prés. Je crois. (Ibid.)
Creu. prêter. (Ord. t. III, p. 518.)
Croc, ind. prés. Je crois. (Poës. mss. avant 1300,
t. IV, p. 1367.)
Crol, ind. prés. Je crois. (Jeh. l'Escur. fo!. 58.)
Crui, prêter. Je crus. (Chans. mss. du C'Thib.
page 32.)
Crolrenl, prêter. Crurent. (Vies des SS. ms. de
Sorb. cbif. lx, col. 39.)
Cnnj, prêter. Je crus. (Eust. Desch. Poës. mss.
fol. 245.)
2. Croire, verbe. Croire. Orlb. subs. 3Vs en croire
niles pour ne les en crois pas, en latin noll credere
(dans S. Bern. Serm. fr. mss. page 72.).' Preudomme
» qui soit de croire. •• (Perard, Hisl. de Bourg,
p. 486, tit. de 1257.) Comme nous dirions un homme
digne de foi.
CONJUGAISON :
Creient, pour croient. (Marb. col. 1678.)
Creiet, pour croie. (S. Athan. symb. 1" trad.)
Créons. (S. Bernard, Serm. fr. m.îs. p. 3, en latin
credanius.)
Creums. (S. Alhan. Symb. en lat. credamus.)
Crocent. (S. Bern. Serm. fr. p. 193, en latin
credant)
Crocet. (Id. p. 74,)
Croces, pour croyez. (Id. p. 319.)
Crociens. (Id. p. 226, en latin credamus.)
Crolces. (kl. p. 366, en latin credas.)
Croient, pour croyoient. (Id. p. 193.)
Crult, pour cru, participe. (Id. p. 81.)
Crul:i, pour cru. ild. p. 82, en latin creditum.)
1. Crois, i Intercalez Crois ; 1" Dans l'expression
crois don front (Gérard de Vienne, p. 166, col. 2) :
.. Gérard en liert parmi la crois don fron. Si li
» sanglante la bouche et le menton. » 2" Croisade:
« En ce lempore que ceste crois estoit en si gi'anl
« tleur de renommée. » (Froissart, II, 321.)] (.n. e.)
2. Crois, subst. masc. Craquement, du verbe
(1) Crahin, bélier, est employé comme injure dans l'Ane. Th. Fr. (III, 336). On lit aussi dans les Chansons du xv« siècle
p. p. G. Paris (p. 119, v. 20) ; « .l'o feray porta las cornes Con fan los nostres crains. » (N. E.)
(2) On lit aux Proverbes du comte de Bretagne (ms. de S' Germain, fol. 114) : « Bien fait qui seporvoit En croire ce qu'il
doit. Ce d!t li vilains. » (N. E.)
(3) On lit dans Cortois d'Artois (Man. de S' Germain, fol. 83) : « Çà est li bons vins de Soissons ; Sor Terbe vert et sor les
jons Fait bon boirre à henap d'argent ; Caiens croit l'en toute la gent ; Caiens boivent fol et saige. » Ce sens se coutinue au
xiv siècle : « Pour ce que icellui Michiel lui respoiidi que en vérité il ne lui pooit ce croire, et que paier lui convenoit aus
gens à qui il devoit ce que lesdis complices et bastard avoient despendu. » (.1.1. 105, p. 274, an. 1374.) Froissart écrit aussi
(II, 448): « Quant il voloit dire que argent li failloit, ou l'en créoit. » (n. e.)
CR
397 —
CR
croissir, craquer. ^Rom. de Brut, ms. de Bombarde).
On lit cas, au lieu de crois, dans celui que nous
avons coutume de citer :
Les hantes (fiits de lance) donnoient grans cas
Bien hault voloient les esclas.
Rom. do Brat, MS. fol. 96, R° col. 1.
Croisade , subsl. fém. Croisée *. Signe de
croix ^.
* Au premier sens, c'est le travers que l'orment
les deux bras d'une église bàlie en croix [ce que
nous appelons le carré ou la croisée du transept],
(bu Cange, Gl. I. au mol Critx.)
^ On lit dans la seconde signification : .■ Par une
<■ lies, croisades iiui se font sur rtioslie, etc. » (Apol.
pour Hérodote, p. 5Ô5.) Nous ne parlons point de
l'acceplion subsistante du mot croisade (1).
Croisadeur, siibst. masc. Qui fait des signes
de croix. (Dicl. de Cotgr. et l'Apol. pour Hérodote,
page 555. )
Croisaige. [Intercalez Croisaige, conlribulions
payées aux grandes compagnies sous prétexte de
croisade: « Le suppliant et ung autre homme de
« guerre... alerent courir une parroise du paùs
« juré, tenant le party de nos anciens ennemis et
<■ adversaires les Anglais, pour l'appaliz ou
- croisaige, que les habitans de ladite parroisse
« estoient tenuz paier à la sarnison de Sainte
« Suzanne. « (JJ. 178, p. 216, an. 1447.)] (n. e.)
Croisant, siibst. masc. Partie de la cuirasse.
C'étoit le gousset de la cuirasse, la partie qui étoit
sous les aisselles. « Commença le seigneur de Ter-
« nant à charger, et ti quérir (rechercher) son
» compagnon de la pointe de l'espée par le dessous
■< de l'armet, tirant à la gorge, sous les essèles à
>■ l'entourdn croisant de'la cuirasse. >■ (Mémoires
d'Ol. de La Marche, liv. 1, p.'253.)« L'Auglois frappa
« de sa lance le dit Louis tout dedans, et au travers,
>• scavoir au dessous du bras, et au vif de son har-
« nois, par faute et manque d'y avoir un croissant,
«■ ou gouchet, il fut si douloureusement blessé,
« qu'assez peu de tems aprez il en mourut (2). ■>
(Math, de Coucy, Hisl. de Ch. VU, p. 560.)
VARl.\NTi:S :
CROISANT. Mém. d'Ol. de la Marche, liv. I, p. 253.
Croissant. Math, de Coucy, Ilist. de Ch. VII, p. 560.
Croisbet. [Inleicalez Crolsbet , coup donné
sous le menton : « Machery fery le suppliant par le
« menton et lui fist le croisbet. » (JJ. 154, p. 6'2,
an. 1398.)] (n. e.)
Croisé, adj. Marqué d'une croix *. tioupé ,
interrompu °.
* Ces deux significations sont figurées. On a dit,
au premier sens, une )naiso)i croisée, pour une
maison marquée d'une croix, en signe d'abandon.
« En ce temps touttes gens qui avoient maisons y
« renonçoient, puisqu'elles estoient chargées de
.< renies : car nuls des censiers ne vouloient rien
« laisser de leurs rentes, et amoient mieulx tout
» perdre que faire humanité (faire grâce, traiter
" humainemenl) à ceulx (lui leur dévoient rente;
« tant estoit la foy petite ; et pour celle defi'aulte de
<■ foy, on eust trouvé à Paris des iiiaisons vuideset
« croisées, saines et entières plus de cinquante
•> milliers ou nulli ne habiloit. » (Journ. de Paris,
sous Ch. VI et VII, p. 90, ann. 142-2.)
^ On a dit aussi rimes croisées ou vers croisés,
pour exprimer que la suite des rimes ou des vers
de même espèce éloit coupée, interrompue par
d'autres rimes ou d'autres vers. (Voyez Fabri, Art
de rhétorique, liv. Il, fol. 15.)
Croisée, subst. fém. Lustie de bois *. Partie de
l'épée °. Partie d'un armet '^. Partie d'un moulin à
vent °. Croisement ^. Croisade ''. Ce mol subsiste
avec plusieuis acceptions. Nous n'indiquons ([ue
celles qui sont hors d'usage. Sa signification propre
et générique est de désigner toute chose mise en
traVers sur une autre, de mai.ière qu'en la iraver-
saiitou Ci-iupant, ellerepréseiile la ligured'unecroix.
*Delà, f/o/st% pour signifier une espèce de lustre
de bois dont les branches éloienl disposées en forme
de croix. » Chandeliers pendans que l'on appelle
« croisées. » (La Colombière, Théâtre d'honneur,
tome 1, page 79.)
^ Cétoil aussi par similitude que ce mot s'étoit
pris pour une partie de la garde d'une épée. (Dict.
d'Oudin.i Braiilùme dit, en parlant du chevalier
Bayard : « qu'aussitôt qu'il se senlit frappé il s'es-
« cria, ah ! mon Dieu : je suis mort. Si prist son
« espée par la poignée et en baisa la croisée, en
« signe de la croix de noslre seigneur, et dit tout
« haut miserere mei Deus. » (Cap. fr. l. I, p. 85. —
Voyez Choisie.)
■^ Ce mot a signifié la partie de l'armet ou d'un
casque, la partie supérieure qui éloit en forme de
croix. « A la neufieme, et dernière course le cheva-
lier atleindil (alleignit) sur le bord de la croisée de
» l'armet de l'escuyer, et futratleinle si grande,
« (lue la dite coiffe fut enfoncée jusques à la teste et
« si le coup fut descendu, aussi bien qu'il monta. ■■
(Mém. dOl. de la Marche, liv. 1, p. 322.)
" Ce mol s'est dit pour partie d'un moulin à vent,
la mémeque croix de moulin. « La croisée, es\acbe,
" giâsaut, belfroy, arbre, gayolie, maison, pierre,
« nieulle, et tout ce qui est édifié sur moulin tantù
« vent comme à eau, est réputé héritage. - (Coût,
de Bapeaume, Nouv. Coul. Cén. t. 1, p. 332.) La
même disposition se trouve répétée au Coût. Gén.
(t. I, p. 761, et t. H, p. 882.) On lit dans le passage
suivant : « Icelui duc le fit aussi pendre sur son
" chemin avec deux autres qui esloient du party
« de la ville de Gand, à 1 1 croisée d'un moulin à
" vent, etc. » (Math, de Coucy, Hisl. de Ch. Vil,
p. 05i.) Ces ditïércntes significations sont propres.
(1) C'est aussi une pénitence monastique axxx statuts manuscrits des bénédictines de Casai (ch. XX'V) : « Et si pour cela
elles ne s'amendent, on leur fera faire des croisades au meilleu dudit chœur. » (N. E.)
(2) Ce sont les gardes des bras. Voyez dans le Costume de M. Quicherat la planche de la p. 269. On lit aussi dans
Partonopex, au sens actuel (v. 855) : « Soleil et lune et ans et jors. Et les croisans et les décors. » (.\. e.)
CR
— 398 —
CR
^ On disoil, au llguré, croisée pour croiseinent,
ternies donl se serveiil les mailres d'armes pour
exprimer l'aclioii de uiettre son épée en l'orme de
croix sur celle de son adversaire. Ainsi, on lit dans
ce même sens : « A ladix neullemefeirenl tousdeux
» alteiiile en croisée. » (Mém. d'Ol. de la Marche,
liv. 1, p. 'i(>'.).) « Lances leur l'urenl baillées, et là
« de première course ne liront point d'aleinle; à la
« seconde tirent une rude croisée. » (Ibid. p. 32-2.)
» Venir en croissée. » (Ibid liv. 1, p. 'iO'i.)
'' On appeloit aussi croi-'iées les croisades, les
guerres entreprises contre les infidèles ou contre les
îiérctiques. Elles tiroienl cette dénomination des
croix de différentes couleurs que ceux qui avoient
dessein d'y aller placoient sur leurs babils. « Une
« croisée \)Ouv aller sur les Turcs et iutldelles de
« nostre foy. « (Matb. de Coucy, Ilist. de Charl. VU,
p. 702.) On lit à la marge une croix ou croisade[\).
(Voyez Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, et Du
Gange, Gl. lat. au mot Crucem assumere.) Remar-
quons celte expression : croisée de l'esclii'ne, pour
signifier le dos ou les reins. « Un autre aleman luy
" Vua (jeta) une balebardesur la teste de telle force
» que jusques à la croisée de l'escliine le fouldroya. "
(.lean d'Auton, Ann. de Louis XII, p. 1G8.)
VARIANTES :
CROISÉE. Percef. vol. IV, fol. 37.
Croissée. Mém. d'Ol. de la Marche, liv. I, p. 202.
Croisement, subsl. masc. Terme de coutume.
Croix mises en signe de saisie féodale [voyez plus
haut croisé, adjectif]. Quand on saisissoit féodale-
ment les héritages, on désignoit ces héritages
saisis par des croix que l'on y metloit, et cela
s'appeloit croisement. « Les justices des seigneurs
" peuvent contraindre les subjects et porleriens
« (pour fermiers) par croisement d'héritages, ou
« autre exécution réelles pour le payement des
>■ droictiu^es, et redevances seigneuriales bien
" cogneues, el poursuivre la réunion de l'héritage
<' affecte à la droiclure. « (Coût, de Metz, Nouveau
Coût. Gén. t. II, p. 307.) Ci)
Ci'oiser, verbe. Faire des signes de croix *.
Meltre des croix en signe de saisie ^. Mettre en
croix, en travers*^, liaturer". Appareiller^. Croître,
augmenter "^ (3).
* On a dit dans le premier sens : « Tous à bon
« visage et joeusemenl marchèrent en faisant le
.. signe de la croix en eulx, regardant (pour recom-
c( mandant ou adressant) à Dieu, et les Anglois à
0 leurcoustume, C)'o/sfl/ii la terre etbaisanticelle >>
(Lettres du duc de Bourgogne au S' Dufey, p. 302.)
° On meltoit des croix sur les héritages en signe
de saisie féodale, et on appeloit cela croiser, comme
dans ce passage : » C'est auxexerceans la basse, ou
" foncière justice, à croiser [voyez croisé (adj.) el
« croisement], saisir, et emhaunir (pour confisquer)
» les heiilages, faire iceux mettre en criées, par
« leui's doyen, ou scigeut, faute de cens payez. »
(Coût, de Gorze, Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 1077.)
■^ Ces deux premières acceptions sont figurées, et
se tirent de l'acception propre mettre en croix, en
travers(4). Onlitencesens: « Alector n'ayant de quoy
« se detfendre, luy présenta l'eseu, el s'advisant de
« la sagelle qu'il avoit croisée h son baudrier, la
» saisit promptcment, etc. » (Alect. Rom. f» 140.)
De là. on a dit des chevaux qui, dans une joute,
se rencontrent et heurtent l'un contre l'autre, qu'ils
se croisent. « Les deuxesperonnerent les chevaux :
« et puis abaissèrent les glaives : et s'en vindrent
« l'un contre l'autre de grand voulonté : mais le
« premier coup ils faillirent ; car les chevaux croi-
« serent donl ils furent moult courroucés. »
(Froissart, liv. IV, p. 53.)
° On disoil encore, au figuré, croisier pour effa-
cer, raturer, ce qui se fait assez souvent en tirant
sur l'écriture des signes de gauche à droite et de
droite à gauche qui se traversent et représentent
des espèces de croix. (Voy Bout. Som Rur. p. 113. )(5)
^ Croiser semble avoir aussi signifié figurément
mettre la voile en croix sur les niAls, ap'pareiller.
« Quand ils eurent vent à gré pour partir, ils croi-
« serent leurs nefs el entrèrent en leurs nefs et
« entrèrent en leurs vaisseaux; et partirent [éd.
« Kervyn, IX, 214]. » (Froissart, hv. II, p. 75.) Le
même auteur, parlant d'un projet de descente en
Angleterre par Charles VI, en 1386, ajoute: « Jà
« plusieurs jeunes seigneurs du sang royal qui se
'< desiroyent avancer, "a.voyent croisé (C) leurs nefs,
>' et boutées avant en la mer , en signifiant et
« disant: je seray des premiers qui arriveray en
« Angleterre, si nuly va. » (Livre III, page 150.)
'' On a dit aussi croiser pour croître. Au
moins a-t-on dit croise pour croisse, augmente.
« On a entendu que la valeur de la terre croise
« tousjours par son sagement maintenir. » (Beaum.
page 10.)
VARI.^NTES :
CROISER. Orth. subsistante.
Croisier. Bout. Som. Rur. p. 113.
Croiserée,SHbs/. /"(j'/h. Croisade. Ces différentes
orthographes ont toules la même étymologie qui est
le mot croix. On nommoit ainsi les guerres entre-
(1) « Comme .xx. et .vi. ans a ou environ que nostre saint père le pape donna la croisée encontre les compaignies , lors
estant en nostre royaume. » (.1.1. 140, p. 100, an. 1390.) (n. e.)
(2) Ce mot signifié aussi croisade ; « Ce fLit aussi comme une prophecie de la grant foison de gens qui moururent en ces
dons ccoi'.soiioi.s. )i (.loinville, S 69.) (n. e.)
(3) On Ut aussi dans le sens de prendre la croix (Quesnes, Romaiwern, p. 97) : « Ne remainrai avecques ces tirans Qui
sont croisai; à loier Pour disraer clers et borjois et sergens ; Plus en croisa envie qu'encreance. » ^n. e.)
(4) (f Li Flament ont tellement croisict de grans mairiens et d'estaques parmy les gistes dou pont que impossible seroil
de passer ne nef ne nacelle. » (Froiss., X, 121.) (n. e.)
(o) Bouteillier écrit à la page 18R, tit. 30 : « Et dois savoir que si croix y a. « (N. E.)
(6) « Et se tinrent li rois et lors gens en lor vaissiaus tous croissics sus la mer, atendans les Espagnols » (Froissart ,
V, 286.) On lit aussi dans le Ménestrel de Reims (§ 06) : « Si vous dirons dou conte de Blois qui monta sour meir ; et en
venoit à Marseilles, voile croisié. » (n. e.)
CR
- 399 -
CR
prises pour la conquête de la Terre-Sainte, parce
que ceux qui faisoienl vœu d'y aller prenoient une
croix sur leurs habits. « Le premier haut homme de
» cele croiserie qui passa fu le roy de Honguerde
» qui mult de £;ens mena. » (Conliu. de G. de Tyr,
Martène, t. V, col. G8t.)
Cil ala outremer avoec la croiserie.
Et tant i demora qu'il i perdi la vie.
Fabl. MSS. du P.. n' 7218, fol. 269, V- col. 2.
(Voyez Croisie ci- après.)
VAEIIANTES :
CROISERÉE. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. f» 80.
Croisehie. Poës. MSS. V:ilican, n» 1522, fol. 163 (.!)•
Croizerie. g. Guiart, MS. fol. 209, R».
Croises , subst. fém. pluriel. Arrérages *.
Coquille ^.
*Au premier sens, ce mot vient àecroire, prêter,
faire crédit, donner délai. (Voyez Croire ci-dessus.)
On lit dans le passage suivant : « Si un débiteur de
" renie fait apparoir par quittances, ou autres
" docLimens légales qu'il a payé trois années de
» suite la rente qu'il doit, lors sont prsumées
« d'estre payées les croises antérieures, etc. » (Coût.
de Brusselles, Nouv. Coût. Gén. t. I, p. I'2i8.)
^ Dans la seconde signiflcalion , on disoit croises
de noix, pour coquilles de noix, que l'on appelle
encore aujourd'hui creuses dans quelques pro-
vinces :
Et es croises de nois feu mistrent
0 (avec) li feu firent ens repondre.
Rom. de Brut. MS. fol. 103, V" col. 1 el 2.
Croisés, subst. masc. plur. Ce mot subsiste
sous celle orthographe, et l'on trouve dans La
Thaum. Coul. de Berry, p. GO, ce que les anciens
auteurs et les anciennes chartes appellent les privi-
lèges des croisés. (Voyez Laur. Gloss. du Dr. fr.) (2)
Il y auroit beaucoup de choses à dire sur les croisés
et les croisades, mais nous ne devons parler de nos
anciens usages qu'autant qu'ils sei'vent à expliquer
les mots qui ne sont plus d'usage . et les mots de
croisade et de croisés subsistent encore. Ce dernier
pareil cependant signifier autre chose que ce que
nous entendons ordinairement par ce mot. C'éloient
peut-être des pèlerins ou religieux ainsi nommés à
cause d'une croix qu'ils portoient au bout de leurs
bâtons.
Par la ville fait demander
Les cevaliers mal aaisiés (chevaliers pauvres),
Et les prisons, et les croisiés (prisonniers).
Fabl. MSS. du R. n- T.I89, fol. 67, V° col. S.
vAr,i.\NTES :
CROISÉS. Orth. subsistante.
(Croisiés. Joinville, p. 16 ; Beauraan. p. 14.
Croisette, subst. fém. Petite croix*. Espèce
d'herbe « (3).
*Au premier sens, on nommoit escus à la petite
croix ou à la croisette une sorte de monuoie sur
laquelle éloit empreinte une petite croix. (DuCange,
Gl. lai. au mot Moneta' aureœ Reg. franc.)
^Ce mol signifioit aussi une espèce d'herbe dont
on se sert dans certains remèdes pour les chiens.
" Prenez une poignée d'Iierbe nommée la c'roist^//^?,
« ou cruciale, une poignée de rue, etc. >• (Salnove,
Vénerie, p. 333.)
Croiseule. [Intercalez Croiseule , cruche :
« Encore lisent faire un engien les Gantois et
" asseoir devant la ville, qui jeloit vint croiseules
" de cuivre tout boulant. » (Froissirt, V, GO.) On
trouve croisuel (Miracles de Notre-Dame) et croi-
sieu : « Après que icelle Marguerite eut alumé un
« chareil ou croisieu. « (,l.l. 185, p. 310, an. 145G.)
De même creuseul, croissol, crusset, crasset,
comme le moderne creuset, nous mènent au latin
crucibulmn.'] (n. e )
Croiseur, subst. masc. Marqueur de monnoie.
(Dirt. de Monet.) Vraisemblablement celui qui met-
toit à la monnoie l'empreinte d'une croix ou croi-
sette. (Voyez ce mot.)
Croiseure, subst. fém. L'action de se croiser.
De croiser ci-dessus, se rencontrer, se choquer; en
parlant des chevaux dans une joute. (Froissart,
liv. IV, p. 39.)
Croisie, subst. fém. Cotte d'écriture *. Croi-
sade^. Partie de la garde d'une épée*^. Partie d'un
moulin à veut" (4).
*0n marquoit autrefois les pièces d'écritures
d'une petite croix ; de là croisie pour cotte. (Laur.
Gloss. du Dr. fr.)
(■1) Croiserie est aussi dans Froissart (X, 207). On lit aussi dans une Chronique de S' Magloire (Du Cange, I|, 680, col. 3) :
« L'an mil deux cens soixante quatre S'alla Charles li rois combatre. En PuiUe encontre Mainfroy. Alors fu une croiserie,
Dont on portoit la crois partie. Les crois furent, si come semble. De blanc et de vermeil ensemble. » (N. E.)
(2) « Ouiconques est ci-oisié de crois d'outremer, il n est tenus à respondre en nule cort laie. » (Beaumauoir, XI , 8.) Ils
pouvaient aussi plaider devant les cours ecclésiastiques (fortiiu ecclesiasiicuiit) , soit comme demandeurs, soit comme
défendeurs, sauf en matière féodale (Ord. de Philippe-Auguste, 1214), et d'après Beaumanoir, en matière de propriété et
d'héritage. Le bras séculier les réclamait encore, quand ils étalent pris en flagrant délit enlraîmnt mort ou mutilation.
S' Louis leur aciorda un délai de cinq ans pour payer leurs dettes ; enfin, ils avaient un délai d'un an et un jour, après
leur rentrée en France, pour intenter les procès et les actions suspendus pendant leur absence, liais ces privilèges
nuisaient autant aux croisés qu'à leurs débiteurs et à leurs créanciers. On introduit donc dans la pratique une clause de
renonciation au privilège de croix prise ou. à prendre, confirmée par une ordonnance de 1303. (Philippe-le-Bel.) Cette clause
persistait au xvf siècle, dans le dispositif des chartes et le protocole des notaires , alors qu'il n'y avait plus de
croisades, (n. e.)
(3) C'est aussi une espèce de jeu (JJ. 195, p. 339, an. 1469): « Lesquelz compaignons jouent aux croisettes. » On disait
aussi : « Comme fexposant et Gielfroy Buglart eussent Jo»é aux croe: les foiriées de Noël. » (.)J. 138, p. 189, an. 1390.) Ce
doit être le jeu de plie ou face, qu'on nommait alors pile ou croix. (N. E.)
(4) Ce mot a un autre sens ; Rues de l'ancien Paris , se continuant comme grand'routes au dehors : « Richart de
Flacourt officier sur le fait des réparations des chau.jsèes de nostre ville et banlieue de Paris confesse... avoir emplolez
ou fait emploier nos carreaulx et grez es terres d'aucuns seigneurs hors de la croisie de Paris , dont la réparation des
chaucées n'appartient point estre faitle à nos dépens. » (JJ. 138, p. 82, an. 1389.) La rue S' Martin était réputée croisie. »
(Arrêts du parlement, t. VIII, 10 avril 1391.) (n. e.)
CR
400
CR
° f.es croisés porloient des croix sur leurs habits,
d'oîi croisic, croisade, pour signifier ces goerres
pour la coïKiuèle de l;i Terre S;iinle. " Le duc Gode-
" froy vendit sa duclié de Buiilon ù l'cvesi^ue du
« Liège pour nier en la cvoinie [voyez aussi Matli.
" de Coucy (Charles VIII, p. 71 ii]. •■ (Tri. des IX
Preux, page 'i58.)
'^On appeloit aussi croisie une partie de la garde
d'une cpée. C'est la petite l)rani'he qui sépare la
poignée do la coquille, en formant uiie espèce de
croix. Croisie (le l'ex/iéeii). (L-j Colomb. Th. d'honn.
t. I, p. 07. — \oy. CnnisLE ci-dessus et l'art. Croix.'
"Enlln i;c motdésignoit une partie d'un moulin
à vent, la même que croisée ci- dessus. (Coul. Cén.
1. 1, p. 7jO.)
Croisie, adj. et /larticipi'. Qui est en croix, en
travers*. Qui a une croix ^.
* Le premier sens est le sens propre. De là, on
disoit lance croisie pour lance en bandoulière.
Cil ont leur lances tendues
A pointes luisanz et nioisies,
Et a l'enviroii d'eus craisies.
G. Guiail, MS. fol. 271. V.
^ Les croix font encore parlie de la parure des
femmes, et c'est en ce sens qu'on a dit croisie, qui
a une croix, qui porte une croix.
Les dames furent ofTrisiés (parées d'orfroi)
Drut perlées, et bien cfoisiéx (2).
Fro;ssart. Pocs. MSS. p. 16, col 1.
VARIANTES I
CROISIE. Froissart. Poës. MSS. p. 16, col. 1.
Croisi. g. Guiart, MS. fol. 271, V'.
Croisier (se), verbe. Entreprendre une croi-
sade. Proprement prendre une croix sur son habit,
eu signe de celte entreprise. Mouskes, p. 579, dit
en parlant de Philippe-Auguste :
Si se sont croisté faiisement.
VARIANTES (3) :
CROISI'ÎR (SE).
Creisek, d'où Creisés, Croisez. Rvmer, t. I,p. 116.
Croizier. Ph. Mouskes, MS p. 579."
Croissier. Dict. de Borel et de Corneille.
Croisière, sitbst.fém. Butte d'une mine. (Oud.
rticlionnaire.i
Croisiers, siilisl. niasc.plur. Carrefours [voyez
aussi la note sous croisie]. Lieux où deux chemins
se croisent. « Pour avoir fait faire plusieurs laignes
" de coques, et de laignes de quesne devant la
» forest , sur les croisiers venants au pont de
« Sassegmez , et venants à Guillebert Mamsoil ,
« jusques à l'aulnoye de Gillechon Carton, et
« revenant es amettes (limites) et à la pierre aux
■ aulels fi l'un des costez et l'autre, etc. » (Coût, de
Landrochies, .Nouv. Coût Gén. t. II, p. '209.)
Croisille, sitbsi. fcni. Croix Croix mise sur un
chemin. (Du Cange, Gl. I. au mot Crucil'œ.)
<>r()ison. [Intercalez Croi.'^on, comme croisie {e) :
« Hegiiault feri icelui Ligier du croison dudit
.< espie un tout seul cop sur le col. » (J,I. L3-2,
p. l.Vi, an. 1387.)] 'n. e.)
Croissant, subst. masc. Ouvrage de fortifica-
tion*. Ordre de chevaleiie °. Croit*^.
* Dans le premier sens, croissant est le nom de
certaines fortificalions nouvelles dans les places de
guerre. (Peliss. Leit. Hist. t. III, p. 329.)('()
^L'ordre du croissant é\.o\[. un ordredechevalerie
dont la marque éloit un croissant, et la devise ces
mots : los en croissant. Le roi d'armes de cet ordre
avoit le nom de Ins et le poursuivant celui de crois-
sant. (Voy. La Colomb Th. d'Honn. t. 1, p. 117.)
'^ FA\\]n' croissant, en termesdecoutume, désignoil
le croit, l'augmentation du produit d'une lerre
pendant une année, relativement aune autre, et
ilcscroissinit la diminulion du même produit.
(Dénombr. de la terre de Montmor fait en 1.396. —
Voy. ci-après Croist )
Croissanz, subst. masc. Nom propre. Peut-être
Crassus.
Plus larges, et poissanz
Ne fu Cesarres et croissanz (5).
Fabl. MSS. de S. G. fol. 63. V col. 1.
Croisseiz, subst. mnsc. Cliquetis. Le bruit des
laices qui se croisent ou se croissent, qui se brisent
avec bruit, du verbe croisser ci-après.
Et de lances les croiseh.
Rom. de Rou, MS. p. 242. Ibid. p. 33j.
Croissemence, subst. fém. Croissance.
Mes maie vite croissemence.
Fahl. MSS. du R. n- 1-218, fol. 358, V' col. 1.
Croissement, subst. ntasc. Accroissement ((»).
Ce mot signilioit dans le sens propre augmentation,
accroissement sous toutes ses orthographes. On l'a
employé particulièrementsous celles de croisement
et cro'issement pour désigner les enchères d'une
livre en sus de chaque dizaine de livres, dans cer-
taines enchères publiques. « Se prend le tier-
X cernent sur la somme première et principale de
« l'enchère; le moiliement sur l'une et l'autre
» joints ensemble; le croisement de chacun dix,
» un (comme pour exemple), si la mise est vingt
« frans, le tiercement sera de dix, le moitiement
(1) « Ledit .lehannot fu feruz... d'une espie ou de la crnisié d'icellui espie. » ^.1J. 132, p. 152, an. 1387.) (n. E.)
(2) Voyez plus haut crezé, étoffe croisée ou couverte de dessins croisés : « Une pièce de ruban croisetée d'or et de soie. »
(Bibl. de l'Ecole des Chartes, 1874, p. 519.) (N. E.)
(3) Voyez Croiser. On trouve aussi cruisier (Thomas de Cantorbery, 115) : « Mais se volez la terre et le règne laissier Pur
le servise Deu, e vus voilliez cruisier. » (N. E.)
(4) « Ces ouvrages inconnus jusques ici dans notre fortification se nomment des flèches à cause de leur figure, et sont,
à rég,nrd de ces angles saillants, ce qu'est une contre-garde à l'égard d'un bastion ; il y a aussi, entre les deux, d'autres
petits ouvrages qu'ils nomment croissants ; et tout cela palissade, quoique de lerre simplement, se défend assez bien l'un
l'autre, quand on beaucoup de monde et beaucoup de feu. » (N. E.)
(5) La conjonction et qui précède croissan: le relie à poissait: ; c'est le participe présent de croître, (n. e.)
(6) On Ut déjà dans Thomas de Cantorbery (157) : « Li parreins fu ocis et gist en Orient ; Car sainte iglise estait idunc en
crcissernent. n (N. e.)
CR
— 401 —
CR
» de trente, el le croisement de six, que font en
« somme une totale, soixante six. » (Coût, de Lor-
raine, Coût. Gén. t. Il, p. 1068.)
VARIANTF.S :
CROISSEMENT, Creissement, Cressement.
Croisement. Coût, de Lorraine, Coût. Gén. t. II, p. 1068.
Groisser, verbe. Craquer, faire du bruit, reten-
tir*. Ecraser avec bruit ^ (1).
* Au premier sens, ce verbe est neutre et signifie
craquer, faire du bruit. « Rontloil du nez en si
« grant yre (colère, fureur) ainsi comme un cheval,
0 et estraingnoit (serroili les dens ensemble, si
t' quelles ero/sso/>Hi moultdurement (fortement). »
(Lanc. du Lac, t. 1, fol. 10.)
On s'est même servi de ce mot pour exprimer le
bruit des tambours.
Tabours crnissent, trompes bondonnent.
G. Guiarl, MS. fol. 330. V'.
° Pris dans une signiOcation active, crolsser s'est
dit pour écraser, faire craquer en écrasant. Le
comte de Foix, voulant détourner les chevaliers
d'aller l'i la guerre d'Espagne, leur disoit : « Vous
" retournerez si povres, et si nus que les poux
<> vous estrangleront, et les croisserez entre vos
« ongles. « (Froissart, livre III, page 47. — Voyez
Croissir ci-après.)
Croisserece, sitbst. féni. Cliquetis. Bruit d'ar-
mes qui se rompent ou se croisent. (Voy. Croisseiz.)
La veissiez lances brissier,
Jà ne se set nus conseillier,
Là Dissiez tiel croisserece,
Et sor heaumes tiel tinterece, etc.
Rom. de la guerre de Troye, MS. cilé par Du Gange, à Tinniilus.
Croisset, subst. masc. Grenouille. (Dictionnaire
d'Oudin.)
Croissir, verbe. Craquer, faire du bruit, reten-
tir *. Secouer ^. Ces deux mots, malgré leur diffé-
rence d'orthographe, on tu ne identité de signilication
qui ne pei met pas de les distinguer.
* Au premier sens, ce sont les mêmes que croisser
ci-dessus, croissir. en latin stridere, craquer, faire
du bruit, selon le Gloss. de Labbe, p. 527 (2). Le pas-
sage suivant contu-me cette acception :
Les cottes li fist croissir.
Rom. du Brul, MS. fol. 9, V'col. 1.
On disoit croistre nu même sens :
Tout le lit en fet croisire.
Eslrub. Fabl. MSS. dn R. n- 7906, p. 86.
On l'appliquoit même au bruit des tambours, de
même que croisser :
Tabours croistre (3), corz bondonner.
G. Guiart, MS. fol. 313, V°.
^En remontant de l'effet à la cause, croissir et
croistre signifioient, dans un sens actif et obscène,
secouer, faire craquer en secouant :
Vostre famé la duchoise
Qui est debonaire et cortoise
Croissi-je anuit xiii fois.
Rsiruli. Fabl. MSS. du R. n- 7990, p. 29.
On lit dans un autre endroit :
Trubert la comence à croistre
Si que tout le lit en fet croistre.
Ibid. page 86.
C'est en ce même sens que croistre est employé
substantivement dans ces vers :
Amis du croistre. vous taisiez,
Et gardez que plus n'en pleidiez (parliez).
Ibid. page 6.
VARIANTES :
CnOISSIR. Parton. de Bl. MS. de S. G. f« 153, V» col. 3.
Croistre. G. Guiart, MS. fol. 322, V».
Croissoeres, subst. plur. Il n'est pas aisé de
déterminer le sens de ce mot, qu'on trouve dans le
détail des marchandises que vend un mercier et
que nous n'avons point rencontré ailleurs :
.l'ai buleteax à bolanger
J'ai croissoeres à gastea.x, etc.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 42, V-.
Croisson, sul)St. fém. Croissance, criî. « Fem-
« mes qui font les enfans sur terre v.-.i mauvaise
« croisson et de puteur (pour puanteur au figuré),
« et quant elles se voyent délivrés de mauvais
« fruict, souventes fois, par leur malices, elles le
<■ changent en ung bon. » (Percef. vol. 111, f" 158.)
On a'dit aussi inns de toute creussoii, pour vins
de tout criî. (Cartheny, Voyage du chev. err. f- 130.N
VARIANTES :
CROISSON. Percef. vol. III, fol. 158, V».
Creusson. Cartheny, Voyage du chev. err. fol. 1.30, R».
Croist. [Intercalez Croist: 1° Revenus végétaux
d'un lief ou censive : « Et se aucuns tient en fié
« franc, la garde de l'enfant et des choses sont ou
" pooir au plus près, et sunt tuit li croiz des fruiz
« et dou fié à celi qui l'a en garde. » (Livre de
Justice, 58.) 2° Nouveaux nés des animaux baillés
en cheptel: « Un agneau que le suppliant a\'Oit
« baillié ea croiz- et en chatel à Guiot Choppart. »
(JJ. 128, p. 132, an. 1385.) 3° Intérêts d'une somme:
« Mors fait laissier usure et crois. « (Helinaud,
vers sur la mort.) 4° C7mst de cens, surcens ou
second cens : intérêts payés au seigneur par le
censier pour un capital prêté, ou redevance payée
au censier pour la tenure qu'il sous-loue. 5° Source
d'un fleuve: « Alla loger au mont S' Martin, en une
" abbaye au dessous de Beaurevoir, ou croist de
« l'Escaut. » (Du Bellay, 1. I, fol. 25.)] (n. e.)
VARIANTES :
CROIST. Ord. t. I, p. 777.
Croix. Ibid. p. 447.
Croys. Britt. Loix d'Anglet. fol. 86, R».
Crois. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 77, col. 3.
Croiz. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I, fol. 103, Y" col. 2.
(1) On a aussi dit croisser pour crosser : « .\insi que les diz enfans croissaient ensemble , icelluy suppliant frappa ledit
Jelian d'une grosse ou masselote qu'il tenoit. » (.1,1. 152, p. 253, an. 1397.) (N. E.)
(2) On lit déjà dans la Chanson de Roland (v 3485): « Ces escuz sur ces helmes cruisir. » De même aux Annales du règne
de S< Louis (p. 227) « La nef le roy se feri à plain voile en une havaire de terre endurcie , si fort que elle en croissi
toute. » (N. E.)
(3) « Lequel arbre commença à croistre, et lors le suppliant commença à dire et crier à haulte voix par deux fois : ledit
arbre s'en va,... et tantost après ledit arbre cheu. » (,IJ. 181, p. 151, an. 1452.) (n. e.)
IV. 51
CR
- 402 -
CR
Croistre, verbe. Augmenter, accroître. Ce mot,
qui subsiste comme verbe neutre, étoit actif autre-
fois. " Il pounoientcj'Oîs/re la gabelle, selon ce que
» bon leur semblera. » (Ordonii. 1. 111, page 25.)
« Donnons povoir de mander, et assamble'r gens
« d'armes et de pié, de les croistre et amenuiser
« (diminuer) toutes et quantes fois que bon vous
<• semblera. » (Ibid. p. 160.) On disoit aussi croistre
son alleure, pourhàter le pas, ledoubler, aller plus
vite : <■ Quant les chevaliers l'apercoyvent, ilz crois-
« sent leur alleure, et vont plus tost qu'ilz ne
« souloient (avoient coutume). » (Lancelot du Lac,
tome 1, folio 10.) (1)
Se croistre, pour s'accroître, s'agrandir, faire de
nouvelles acquisitions dans une terre. (Voy.Perard,
cité plus haut.)
Conjugaison.
Graisset, dans S. Bern. Serm. fr. mss. p. 257,
répond au latin crescat.
Craistre , d'où craisset , dans la conjugaison
ci-après.
Crestre, d'où le futur crestra. (Perard, Hist. de
Bourg, p. 518.)
Graisser. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 257.)
Grusirent, prêter. S'accrurent. (Hist. de la Sainte
Croix, Ms. p. 4.)
Craissoit, pour croissent. (S. Bern. Serm. fr. mss.
p. 90, dans le lai. crescnnt.)
Graisseraient, pour augmenteroient. (S. Bern.
Serm. fr. .mss. p. 129, dans le lat. proficiant.)
Graisset, pour croist, au subj. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 257, dans le latin crescat.)
Grast, pour accroist, augmente. (S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 28b, dans le latin augetur et crescit.)
Greisent, pour croissent. (Marbod. col. 1642.)
Greissant, pour croissant. (Marbodus, col. 1668.)
Greisl, pour croist. (Marbod. col. 1642 et 1658.)
Crest. pour croist. (S. Bern. Serm. fr. mss, p. 284.)
Crestra, pour accroistra, augmentera. (Perard,
cité plus haut.)
C/Mii (fut), pour crût. (S. Bern. Sermons franc.
mss. page 176.)
VARIANTES :
CROISTRE. Orth. subsistante.
Creistre. D. Morice, Hist. de Bret. col. 263.
Croisure , siibst. fém. Croisade *. Terme de
poétique ^ (2).
* Au premier sens, on disoit croisure pour croi-
sade. (Joinville, p. 125. — Voyez Choisie et Croisi£
ci-dessus avec la même signification.)
^ Groisure s'est dit aussi d'une pièce de poésie
dont les vers se croisent, dont la rime est coupée,
interrompue. « La diversité de la mesure, et de la
•' croisure des vers que j'y ay meslez. »
Croix, snbst. fém. Signe de croix et croisade
dont la croix étoit le signal*. Procession ^(3). Argent
monnoyé*^. Borne, limite". Partie de la garde d'une
épée^. Partie d'un moulin''. Ce mot subsiste, et c'est
de son acception propre que se sont formées les ac-
ceptions particulières que nous venons de marquer.
* Au premier sens, il exprimoit le mouvement de
la main droite par lequel on représente la ligure
d'une croix. •< Il flst comme ung bon chrestien de
« la Bannerole, la croix. » (J. de Saintré , p. 331.)
Lors s'escrient à haute voix,
Et en firent plus de cent crois.
Fabl. MSS. du R. n- 7615, t. Il, f 129, V.
Comme la croix étoit le signe de la croisade
entreprise, on le trouve en ce sens sous les ortho-
graphes croez, crois, croix et croiz. « Privilège de
« croe% prise et a prendre. » (D. Morice, Histoire
de Bret. Pr. col. 994, lit. de 1295.) « Privilège de
« tTOiS et de chevalerie. » (Baluze, Mais. d'Auverg.
92, lit. de 1258.) Vou de la croix, pour vœu de la
croisade. (Duchesne, Généalogie de Montmorency ,
p. 386, tit. de 1265.)
^ On portoit anciennement, comme aujourd'hui,
des croix aux processions ; de là, ce mot s'est pris
pour signiTier les processions mêmes. On disoit, en
ce sens, croix noires, pour désigner la procession
« qui se fait le jour de S. Marc, à cause qu'on cou-
« vre les autels et les croix de noir, en ce jour-là (4). »
(Voyez Uu Cange, sur Joinville (5), p. 43 ; id. Gl. L.
aux mots Cruces nigrœ.)
^ Nos monnoies avoient autrefois une croix
empreinte sur le revers (6); de là , ces expressions
encore subsistantes : n'avoir ni croix, ni pile, jouer
à la croix, ou pile; mais nous ne disons plus croix
pour argent, comme dans ce passage :
Cure n'a de ceux qui n'ont croix.
Eusl. Deschainps, Poês. MSS. fol. 205, col. 3.
On ajoutoit quelquefois au mot o'ozs celui de pille
[pille est là pour pile'] et ces deux mots réunis
avoient la même signification :
Je crois la cause du concile
Ke por atraire crois et pille (7).
Hist. de Fr. a la suite du Rom. de Fauv. fol. 70-
(1) Croître signifie encore : 1° Naître : « Se besoings vous croist. » (Froissart, II, 93.) 2° Arriver : « Tous les jours leur
croissaient gens d'armes ensi qu'ils aloient avant. » (Id. II, 72.) 3" Enchérir ; « Afin que chascun soit engrant De croistre, et
que au plus offrant. » (E. Desch. ms., fol. 407.) 4» Faire des recrues: « Donnons povoir de mander et assembler gens
d'armes et de pié, de les croistre et amenuiser. » (Ord., III, 60.) (n. e.)
(2) On a dit aussi croisure pour carrure (G. Chastelain, Eloge de Philippe-le-Bon) : « Estoitgent en corsage plus qu'autre ;
droict comme un jonc ; fort d'eschine et de bras, et de bonne croisure. » (n. e.)
(3) « Jehan Dourderon... la vigile de l'Ascension Nostre Seigneur portast un confanon ou baniere de l'église de
Landricourt aus processions et crois, en la compaignie du curé et des gens d'icelle ville. » (JJ. 105, p. 458, an. 1374.) (N. E.)
(4) « Celi jour porte l'on croix en procession en moût de lieus, et en France les appelle l'on les croiz noires. » (Ed. de
Wailly, § 69.) On lit encore dans le ms. de S' Victor, 28, fol. 118, v" col. 2 : « La première letanie en trois manières est
apelée : au première letanie gregnour ; au secont est dite processions de sept fourmes ; au tierz est dite croix noires. » (N. e.)
(5) Ed. Henschel, t. VIT, p. 347. Les autels et les croix étaient voilés de noir en souvenir d'une peste qui ravagea Rome
sous le pontificat de Saint-(3régoire-le-Grand. (n. e.)
(6) Cette croix est encore au revers des louis d'or frappés en 1718. (N. e.)
(7) Louis le Débonnaire introduisit en Gaule le type de la monnaie de Milan ; c'était un fronton de temple païen , porté
CR
— 403 —
CR
Le Jouvencel , faisant allusion îi cette croix
empreinte sur la monnoie, dit que « l'on ne va
« plus à la court pour la croLr d"or et d'argent que
« pour l'amour de celle de cèdre, et de cyprès, où
« Dieu souffrit mort. » (Le Jouvenc. fol. 15.)
° L'usage de planter des croix, pour distinguer les
juridictions les unes des autres et marquer les
limites des héritages, a fait employer le mot croix
dans le sens générique de borne, limite. « Dans les
« terres de C'hateauneuf, Beauvoir et S. Julien sont
« tous serfs fors et excepté seulement les
« bourgeois de la ville et fauxbourgs du dit Chateau-
« neuf demeurans en , et au dedans des quatre
« croix, et bornes de leur affranchissement. » (La
Thaum. Coût, de Berry, p. 177.) On appeloit croix
de la franchise les croix servant à marquer l'étendue
et les limites des lieux qui jouissoient de ce droit.
(Ibid. p. 17.)
^ On a vu ci-dessus croisée et croisie pour partie
de la garde d'une épée. Croix a la même signifi-
cation dans ce vers :
Lors trait l'espée, et la croiz baise.
G. Guiart, MS. fol. 356, V.
'' Enfin, c'est aussi dans le même sens de croisie
et croisée ci-dessus, qu'on trouve croix du moulin,
pour désigner le fer sur lequel tourne la meuled'un
moulin, selon Du Gange, Gl. L. au mot Ferramen-
lum de molino.
On nommoît aussi croix les pièces de charpente
mises en croix ou en travers sur une autre pièce de
bois debout qui porte la cage ou le bâtiment du
moulin, suivant ce passage : >■ Le moulin ù vent,
« et tout ce qui se meut et tourne, à celuy moulin
« est meuble ; et tout ce qui ne se tourne, c'est à
« scavoir lestache du moulin, l'estanfique, et croix
« qui le porte, tout ce est héritage [c'est-ù-dire
« immeuble]. » (Bouteiller, Som. Rur. p. 431.)
Avant de passer aux expressions que nous fournit
le mot croix, nous remarquerons deux anciens
usages dont il nous rappelle l'idée :
Le premier consistoit à mettre des croix sur les
héritages saisis, pour avertir qu'ils étoient dans la
main de la justice. » S'il est requis faire mettre le
« ban sur fruicts pendans, ou chose immeuble, le
« dit sergent doit mettre une, ou plusieurs croix,
« ou enseigne du dit ban, ou y mettre pannonceaux
« (pour banderolles) ou autre signe, >• (Coût, de
Bayonne, Goût. Gén. t. II, p. 714.)
L'autre usage regardoit les fous que l'on avoit
coutume de raser, de tondre en forme de croix,
pour les mieux reconnoître, comme l'indique le
passage suivant :
.... Il n'est fol en croix tondu,
Selon le myen entendement,
Qui eust aussi saigement.
Gace delà Bigne, des Déd. MS. fol. tl6, V°.
Façons de parler :
1" Vendredi de la croix aoiirée. C'est le Vendredi
saint. (Chron. S. Denis, t. I, fol. 197.)
[1" bis. « Lequel Jehan Lestourmi lui respondi
« qu'il renioit Dieu et la croix de Beleen , s'il
« mouroitjà parautres mains que par les siennes. »
(JJ. 151, p. 22, an. 1396.)] (n. e.)
2° La S" Croix en may ou de may. C'est la fête
qu'on appelle aujourd'hui l'Invention de la Sainte
Croix (l),et qui se célèbre dans le mois de mai. (Mod.
et Racio, fol. 1.)
3° La S" Croix en sejitemhre. C'est l'exaltation de
la S" Croix. » Saison de chasser les cerfs est entre la
« S" Croix de may , et la S" Croix en septembre. »
(Modus et Racio, toi. 1.)
4° Croix de Rhodes. (Voyez Invent, de Charles V,
à la suite de son Hist. par Choisy, p. 534.)
5° Privilèges de la croix [voy. ia note sous croisé].
C'étoient les privilèges accordés à ceux qui se croi-
soient. « Si quelqu'un renonce dans une obligation
« au privilège rf'os^ (armée), de croix, de bastide
« (forteresse) nouvelle, et de quinquennelles ou de
« rcpit de cinqans, il ne pourra plus s'en aider. »
(Ord. t. I, p. 397.) On trouve : « Privilège de croiz
prise, ou à prendre, « dans les Ord. t. II, p. 343.
[5° bis. La croix était considérée comme un lieu
d'asile (Ane. Coutume de Normandie, ch. 23): « Si
« comme il advient de ceux qui sont fuitifs pour
« aucun crime, ou qui sont en cbartre, ou en
« lieux, qui eschappent et s'enfuient en l'Eglise,
« ou ils embrassent une croix. » De même au
chap. 82: » Se aucun damné ou fuitif s'enfuit à
« l'église ou en cymetiere, ou en lieu saint, où il
« s'aert à une croix qui soit fichée en terre, la
« justice loye le doit laisser en paix par le privilège
« de l'Eglise. >'] (n. e.)
G- Les deniers d'or à la double croix étoient une
sorte de monnoie dont il est parlé dans les
Ord. 1. 1, p. 479.
7" Escus à la petite croix. Autre monnoie sur
laquelle on peut consulter Du Gange, Gl. L. sous le
mot Monetœ aureœ reg. Franc (2).
8" Croix de cerf. C'est le nom d'un os qui se
trouve dans le cœur du cerf. (Dict. d'Oud et de Gotgr.)
9" Sonnet en croix de S. André. Sonnet ainsi
nommé dans Beauch. (Rech. des Théâtres, t. II,
p. 14.) Le sonnet de Jacques Gordoan sur Marie
Chaluet (cité ibid. p. 196) pourroit donner l'idée de
celte espèce de sonnet. Ce sont deux sonnets dont
lesslrophessont placées les unes vis-à-vis des autres.
sur quatre colonnes, dont le soubassement est deux marches ; une croix surmonte le faîte et le transforme en basilique.
Ce type fut adopté par le monastère de S' Martin de Tours, qui s'établit dans la ville même à la fin du x" siècle. Mais les
dessinateurs altèrent la basilique, transforment une marche en un bâton à tête, réunissent l'autre à 2 colonnes pour en
faire une pince, que surmontent trois pois et un triangle avec croix au sommet. Le triangle ressemblait aux tombeaux
romains dits « san-asinois » ; on le nomma comme eux, pHe. Le revers était une croix ; de là pile ou croix: Quand la tète
royale prit la place de la pile, on aurait dû dire, « face ou croix. » (n. e.)
(1) Voyez les dictons qu'on range sous cette fête dans rAnnuaire de la soc, de l'hist. de France (t8i8). (n. e.)
(2) Par suite, on a écrit dans le Jouvencel (fol. 25) : « Quant à moy, je croy qu'on va plus à la court pour la croix d'or et
d'argent que pour l'amour de celle de cèdre et de cyprès où Dieu souffri mort. » (n. e.)
CR
— 404 -
CR
Dans l'un, les lettres des mots Marie de Chaliiet
sont les initiales de chaque vers, et les lettres de
Jacques Cordoan se trouvent placées séparément
et comme en liiiiie diagonale dans chaque vers de
la pièce. Dans l'autre sonnet, les lettres du nom de
l'auteur sont les initiales de chaque vers, et celles
des mots de Marie de Chaîne t sont mises dans les
vers comme en ligne diagonale. Les premiers vers
de ces sonnets conlirmeront cette explication :
MarJe dont les yeu.'c
A ceu.K qii'.-l vos beautés
Ralumés par Ces vers
Jamais vainO\ieur on n'est
Etant privé de Fous.
Dedans ces liens mon coEur
Et mes tristes penser.S
Influent mille a.Vours
.\llumerent leur fl.4me,
Ces amours paii votre ame
Qu'on ne va/nque toujours
Vous formEz mes discours
Encor De vous s'enflame
Sans £"sperer, Madame, etc.
10'' Baiserses poulees en croix. Croiserses pouces
pour les baiser. Acte de dévotion auquel fait allu-
sion Rabelais, t. IV, p. "228. (Voyez la note de
l'éditeur ibid. note n.) (1)
11° Mettre quelqu'un à la croix de par Dieu. Lui
faire recommencer tout ce qu'il a fait. « Le roy eut
« nouvelles de l'empereur qu'il avoit fait refreschir
« ceulx de la dicte ville de Xuz,etd'icelle avoit mis
« hors tous les navrez et malades , et les avoit
» avitaillez pour un an anlier, et mis gens tous
« nouveaulx, et partant niist le dit de Bourgongne
" à sa croix de par Dieu. » (Chron. scandaleuse
de Louis XI, p. 228.)
12° .Vt' sçavoir ne croix ne pille, signifioit ne
savoir absolument rien. (Coquillart, p. I7i.)
13° Faire de croix, pile. Celte expression est
figurée dans ces vers, pour tromper, en imposer
d'une layon grossière :
De vissie vous font lanterne
Gels qui à destre et à senestre
Sont entor vous, et l'erbe psstre
Sire, vous font, et de crois, pile (2).
Hist. de France, à la suile du Rom. de Fauvel, fol. 70.
\A° Prendre croix ou pile, façon de parler
empruntée du jeu qu'on nomme croix ou pile. Elle
est employée figurément dans ces vers pourdire de
quelque côté qu'ils se tournent :
Gomment qu'il prenrjnent croiz ou pile
Morz en sont plus de xni mille.
G. Guiarl, MS. fol. 222, R».
V.\R1ANTES :
GROIX. Orth. subsistante.
GnoEz. D. Morice, Hist. de Bret. Pr. col. 994.
Ckoiz. g. Guiart, MS. fol. 356, V».
Crois. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 222.
Ci'okier. [Intercalez CroJiier : 1° Accrocher et
non faire eau, comme le dit M. Scheler dans le
Glossaire de l'édition Kervyn : « De cet encontre
« fu la nef don roy si estonnée, que elle fu crokie,
« et faisoil aiguë. » (Froissart, V, 2G1.) Au même
paragraphe, on lit encore : >< Acrokiés ma nef à
» ceste, car je le voeil avoir. » 2° Donner un croc
en jambes: " .le gagerai à toy un pot de vin que je
« te abatray dedens trois fois, mais que tu me
« laisses hanchier ou croquier à chascune foiz. »
(JJ. 151, p. 3G8, an. 1397.)] (n. e.)
Croie, subst. masc. Secousse. On lit dans G. de
Tyr, Martene : « Qu'en mcciaix fu un grant croie en
» Ilermenie qui fondi un chastiaus, et tiois abbaies
« de Ermins. » (Conlin. t. V, col. 743.) De là, crol-
les de terre pour tremblement de terre. (Chron.
S. Den. t. I, fol. 116.) (3) On disoit même, dans une
signification plus étendue, en parlant d'un homme
qui n'est pas ferme sur son cheval :
Onques nule beste ne poez chevauchier
Qui puisse desos vous amender ou frouchier
C'est tout par vostre croUe, et par votre hochier.
Fabl. MSS. du R. n- 721H, f" 312, V- col. 1 (4).
VARIANTES :
CROLE. Gont. de G. de Tyr, Martene, t. V, col. 743.
Grolle. Chron. S. Den. t. I, fol. 116, V».
Croler, verbe. \Sva\\\qv, secouer, remuer* (5).
Trembler, avoir une secousse^. Crouler'^. Dépérir,
devenir caduc". Crosler, dans S. Bern. répond au
latin vacillare.
* Ce mot, au premier sens, a une signification
active et d'un usage très étendu. Croler exprimoit
en général toute sorte de mouvement, soit du corps,
soit de la tête ou de toute autre chose. ■■ On connoit
« le faucon avoir vers au corps, quant il fait tout
« un jour esnieut (excrément) vert et jaune, et
« tremble trois ou quatre fois l'une après l'autre,
« sans trop croller le corps, en regardant tousjours
« à terre. » (Fouilloux, Fauconn. fol. 82.)
Iréement (avec colère) le chief cvolla (G).
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 200, V" col. 1.
Dans ce vers, croler s'est dit du mouvemeni
qu'imprime au front l'action de froncer le sourcil.
Croler le front, et qu'il ait a un lez (a costez).
Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 201, col. 1.
(1) On mettait aussi les bras en croix dans les grands dangers. Le navire de S' Louis ayant tait côte devant Chypre , le
roi ci; sailli de son Ut touz deschauz (car nuls esloit), une cote, sans plus, vestue, et se ala mettre en croiz devant le cors
Nostre Signour, comme cil qui n'atendoit que la mort. » (Joinville, g 39.) (N. E.)
(2) La pile, dont l'origine est expliquée plus haut, ne disparut que sous le règne de Jeau-le-Bon. Nos monnaies altérées
n'étalent plus recherchées, comme autrefois, par toute l'Europe ; elles n'avaient plus besoin d'être distinguées. La pince
placée sous la pile passait alors pour les menottes portées par S' Louis pendant sa captivité. (N. E.)
(3) Au t. III de dom Bouquet, p. 176, on lit ; « En ce tens fu crolles et esmovemement de ten'e. » Au t. VI, p. liïl , on lit
croules. Aux Annales du régne d.- S' Louis (p. 229, an. 1205), on a crolleys. (N. E.)
(4) Fiait Renart de Dammartin, Jubinal, t. II, p. 24. (N. E.)
(5) « Icelle femme en courant vint hurler audit Guillaume, lequel la hurta du bras, sens ce que il semblast que li uns
feist mal à l'autre, ne que l'un ne l'autre en crolast ou cheust. » (.)J. I4i, p. 220, an. 1392. Crouler (cuni rotulare) est devenu
{/rouiller chez Molière (Misaiilhrope) ; » Elle grouille aussi peu qu'une pièce de bois. » (N. E.)
(6) « Icelluy Houcy en demonstranl qu'il avoit voulenté de mal faire au suppliant , crosla la teste. » (JJ. 158, p. 230,
an. -1403.) (n. e.)
CR
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CR
Il s'employoit aussi pour signifier le mouvement
que le rire produit sur le visage.
Alexandre sorrist, et croule son visage.
Notice du Hoin. d'Alex, fol. 16.
On disoit crosler les de:,, pour les rouler, les
agiter, les remuer avec le cornet.
Croslez les dés.
Rora de Brut. MS. fol. 80, R- col. 2.
° Dans le sens neutre, ce verbe signifioil trembler,
en parlant de la terre, éprouver une secousse :
Tant fort crollura la terre.
Fabl. iMSS. du R. n" 7218, fol. 113, R" col. 1.
*^Par extension, ce mol signifioit crouler,
s'écrouler.
Frappe tel coup contre un portai barre
Qu'il fait croler les tours du lieu inlame.
Cléra. Marot, p. 38.
"Enfin, dans un sens plus étendu, croler s'est dit
pour tomber, dépérir, au propre et au figuré (I).
Mauvnis arbre ne puet florir,
Ains sèche tous, et va craiilatu.
Chans. MSS. du G" Thibaut, p. 107.
On lit au figuré, en parlant des hommes :
Et li vielle viellart crollant.
Poes. MSS. av. 1300, t. IV. p. 1312.
C'est eucore dans le sens de dépéri, exténué ou
foulé, brisé, qu'on trouve crulez en ce vers :
Et par maie femme milez.
Eust. Dcsch. Pot-s. MSS. fol. 421, col. 1.
VABlANTBS :
CROLER. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 261, col. 1.
Croller. Poës. MS>;. av, 13130. t. IV, p. 1312.
Crosler. Rom. de Brut, MS. fol. 80.
Crauler. Chans. MSS. du C» Thib. p. 107.
Crouler. Fabl. MSS. du R. n° 7989, i» 89, V» col. 2.
Crouller. Rabelais, t. I, p. 186.
Crousler.
Cruler. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 424, col. 1.
Escroler. Dlas. des Faulces amours, p. 288.
EscROULLER. Essais de Montaigne, t. II, p. 773.
Escrouser. Du Cange, Gloss. lat. à ApicularU.
EscROUSSER. Rabelais, t. III, p. 93.
Croliere, siibst. férn. Fondrière. De croler ci-
dessus, s'écrouler. (Voy. Borei, Cotgrave et Oudin.)
« A l'autre costé sont toutes fontaines, et mares-
« cage bien de six lieues de largeur, et par devers
>' nous sont tous viviers et crolieres (\m durent
« jusqu'au chastel. » (Perceforest, vol. 1, fol. 101.]
" Estonné ne regarda l'heure que son cheval entra
« en une crolUere jusques au ventre. » (Ibid.
vol. Il, vol. 30.)
VARIANTES :
CROLIERE. Percef. vol. I, fol, 101, R» col. 2.
Crolliere. Ibid. vol. II, fol. 30, R° col. 1.
Croulliere. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 15.
Crouliere. Froissart, liv. IV, p. 236 (2).
Crouillière. Du Cange, Gloss. lat. au mot Groa.
Crollement, snbst. niasc. Tremblement, se-
cousse, mouvement. Onadil: « crolleinens{3), et si
« grans esmouvemens de terre furent que i\ peu
« (peu s'en fallut) que le palais, &t Se trésor ne
« cheiretit. » (Ghron. S. Den. t. 1, fol. 167.)
VARIANTES :
CROLLEMENT. Chron. S. Denis, t. I, fol. 107, V°.
Croslement. Tri. des IX Preux, p. 194, col. 1.
Ci'olois, subst. masc. Fondrière. « Sur le rivage
< de la mer il y avoil foison de fossés, de crolois, et
.< (le marets, et n'y avoit sur le chemin qu'un seul
« pont par où l'on sceusl passer. » (Froiss. liv. I,
p. 1G6. — Voy. Croliere ci-dessus )
Ci'onibe. [Intercalez Crombe , infirme, au
pèlerin de Guigneville (Du Cange, II, 045, col. 2) :
Crombe et impolcns te ferai
Des grans cops que je te donrai.
Il n'est plus adjectif, mais substantif au passage
suivant, que je ne puis expliquer (Ch. de 13i9, id.):
>< Nous avons hcut et receut par la main Colars
« Deffranoy clerc, le rouviaiit des crombes d'ou-
« tremer, que nous aviens prestei à nostre chier
« oncle... Henry... evesque de Verdun. »] (n. e.)
Ci'omorne, subst. niasc. Basson. Ménage définit
ce mot en ce sens: « Un iiislrumentde musique ser-
« vaut de basse aux hauboisetqui pour cette raison
« est appelle presentemi-'ut basson. ■» (Dict. Etym.)
« Les trompettes, tanibouis, lymbales, clairons,
« nacaires attabales, cornets, limbes, cimbales,
« dulcines, hautbois, crumonies (i), fifres, flûtes tra-
<> versieres sont les inst ru mens les plus propres pour
<■ celte harmonie guerrière. » (Le P. Menestr. p. 169.)
Ci'oinpados, sulist. masc. pUir. Ac(|uéreurs.
Mot béarnois. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
Grone, subst. Diasc. Terme de pèche. On appelle
crône un endroit au fond de l'eau, garni de racines
d'arbre, de grands herbiers, etc., dans lequel les
poissons se retirent. (Ménage.) [C'est ;iussi une
machine pour charger et décharger les navires.]
Ci'Oîiifiques, subst. masc. plur. Colifichets. Il
pai'oit que c'est le sens de ce mot dans ces vers :
.loyaux, alTiques,
Teiz croiu/iijHes.
Le Blason des Faulces .Amours, p. 2C9 et 270.
Croniquei", verbe. Ecrire l'histoire. Froissart,
après avoir établi une distinction entre cronique et
bisloire, liv. 111, p. r,t2, confond ensuite (Ibid.) les
mots croniquer et bistorle)' (ô).
(1) « Se nostre foy n'eûst esté si fort confermée en la grâce du Saint-Esprit, elle eiist été crostée et branslée. » (Froissart,
XI, 251.)(N. E.)
(2) « Et s'en vint sur ung mares entre rosiaux et crolieres. » (Ed. Kervyn, III, 256.) (n. e.)
(3) On trouve aussi crollc et crolleijs : « C'est tout par vostre crolle et par vostre hociiier. » (Plait Renart de Dammartin,
.lubinal, II, 24.) — « En icel an meismes (1255), el mois de septembre, fu crolleijs de terre en la cité de Roume. » (Ann. du
règne de S< Louis, p. 229.) Voyez Croler. (n. e.)
(4) L'origine est l'allemand Krummhoni {kruinm, courbe, et Horn, cor, corne). (N. E.)
(5) « Si je disoie ; « Ainsi et ainsi advint en ce temps », sans ouvrir, ne déclairer la matière qui fut grande , grosse et
horrible et bien tailliée pour en venir ung grant inconvénient, ce seroit cronique et non pas histoire ; et si m'en passeroie
très-bien, se passer m'en vouloie. Or ne m'en vueil je mie passer que je ne déclaire tout le fait ou cas que Dieu m'en a
donné le sens, le temps, la mémoire et le loisir de croniquier et liislorier au long de la matière. » (Edition Kervyn ,
XII, 153.) (N. E.)
CR
— 406 -
CR
VARIANTES :
CRONIQUER. Froissart, Hist. liv. III, p. 192.
Chroniqukr. Al. Chart. Charles. VII, p. 293.
CRONisEn. Froissait, liv. III, p. 42 (1).
Ci'onisieres. [Iiilercalez Cronisieres, chroni-
queur: " Se je Froissars, acleres et cronisieres
« de ces croniques, puis avoir le temps, l'espace
« et le loisir dou faire. » (Ed. Kervyn, IV, 328.)] (n. e.)
Cronologien, subst. musc. Clironologiste.
Crope , subst. fém. Croupe *. Sommet ^.
Troussis'^.
* Ce mot subsiste sous la dernière orthographe,
avec la première siguification. On écrivoit autrefois
crupe de cheval. (P'h. Mouskes, ms. p. 191.)
Ce torean qui porte en crope
La sidonienne Europe.
Œuv . de Rem. Belleau, fol. 19. V- col. 2.
Nous rapporterons à cette acception propre les
expressions figurées qui suivent. On disoil :
|o p(>yii' (fc la crupe. Façon de parler obscène.
2' Demeurer en croupe, pour rester en arrière.
Alexandre, dans un dialogue avec Rabelais, dit :
« Après tant de travaux et fatigues, tu me contes
» qu'un chacun Ht eschantillon (entaille, brèche)
« de mon empire à son profit, et que tous mes
o parens demeurèrent non seulement e)i crouppe,
« mais aussi furent misérablement muertris par
« ceux que j'avoiseslevez. » (Rech. dePasq.p. 90'2.)
3° Laisser en croupe pour laisser en arrière, né-
gliger. « Us eussent fait leurs affaires, sans se
o mesler de celles d'autruy, ains les laisser en
» croupe. « ;Brant. Cap. Fr. t. II, p. 342.)
^On dit encore croupe, pour le sommet d'une
montagne , à cause de sa forme ordinairement
arrondie et qui représente une croupe. On l'em-
ployoit autrefois comme aujourd'hui , non-seule-
ment en ce sens , mais aussi comme terme
d'architecture. (Voyez Clém. Marot, p. GIO; Rab.
t. in, p. 90, et Croperie ci-après.) Il se disoit même
de toute élévation terminée en figure ronde, comme
l'on voit par ce passage : « Portoit ledit escuyer
« sur un baston, le harnois de leste du Roy, et sur
« ledit harnois une couronne d'or, et au milieu sur
« \a crouppe, une s:ros&e fleur de lys d'or. » (Al.
Chart. Hist. de Charles VI et VII, p. 107.)
'^ C'est par métonymie que le mol croppe a dési-
gné le troussis de la robe d'une femme. Ce troussis
étoit précisément au-dessus du derrière, de la
croupe comme l'on dit encore dans un sens ironi-
que. « Ces villains chiens la conchioient toute, et
« compissoient tous ses habillemens, tant qu'un
« grand lévrier luy pissa sur la teste, les aultres
« aux manches, les autres à la croppe, les petits
« pissoient sur ses patins. » (Rab. t. II, p. 202.)
VARIANTES '.
CROPE. Œuv. de Rem. Belleau, fol. 19.
Croppe. M. de S. Gelais, p. 273.
Crupe. Ph. Mouskes, MS. p. 191 (2).
Cruppe. Modus et Racio, MS. fol. 220, V".
Crouppe. Al. Chartier, Hist. de Charles VI et VII, p. 107.
Croupe. Chron. de IJerry, depuis 1402-1416, p. 398.
Croperie, subst. fém. Terme d'architecture. Le
même que croupe, encore en usage pour désigner
la partie d'un pavillon, coupée obliquement et cou-
verte en penchant comme le reste du comble.
« Lorsqu'il y a quelques maisons entre héritiers,
« et usufruitiers, et qu'il vienne à manquer quelque
« chose touchant la massonnerie , charpenlerie,
« croperie, toits ou semblables, etc. " (Coût, de
Brusselles, Nouv. Coût. Gén. 1. 1, p. 1273.)
Cropet. [Intercalez Cropet, nabot : " Revendiez
<■ vous, vous tairiez vous battre à cestui cropet. «
(.JJ. 195, p. 171, an. 1473.)] (n. e.)
Cropie, subst. fém. Accroupissement. Propre-
ment la posture d'un homme qui est accroupi. Delà,
faille la croupie, pour se tenir accroupi. (Dict. de
Monet.) C'est assez ordinairement l'attitude d'un
homme à l'affùl, d'où l'on a dit à la cropie, pour
à l'affût :
Ou vous tenir par nuit à la cropie (3).
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 439, col. 3.
On chasse les lièvres et les loups à la croupie.
(Chasse de Gast. Phéb. .ms. p. 345.)
VARIANTES :
CROPIE. Gace de la Digne, des Déd. MS. fol. 114, V».
Croupie. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 345.
Cropion, subst. inasc. Croupion. (Voyez Nicot.
Rob. Est. Mouet; Villon, p. 47, et Rab. t. Il, p. 226.)
Cropir, verbe. S'accroupir *. Croupir °.
* On disoit cropir et croupir, au premier sens,
avec cette dilTérence (lue notre mot s'accroupir ne
se dit qu'en parlant des hommes, au lieu que se
croupir s'appliquoil aussi aux animaux, comme
dans ce passage où il s'agit du lièvre : « Quant il
« s'en yra à son giste se croupira, et lavera, et
« limera ses piez, son visaige et ses oreilles. »
(Chasse de Gast. Phéb. ms. p. "588.) Nous trouvons
cropir, employé figurément sans le pronom, pour
exprimer le contour, la ligure de la lettre T :
Du T vous dirai la manière,
En cropant porte sa bannière (sa teste)
Une lettre est corte et crampie (crochue), etc.
Fabl. MSS. du R. n" 7-218, fol. ^i^, R° col. 2.
^ Dans le sens de croupir, ce mot subsiste sous la
seconde orthographe. On l'écrivoit aussi cropir.
(Eust. Desch. Poës. mss. fol. 511.) Son acception
figurée éloit très étendue. Les passages que nous
citerons, pour en marquer les nuances différentes,
serviront en même temps pour indiquer l'anomalie
de la conjugaison de ce verbe.
Crout, iud. prés. Demeure, séjourne, croupit (4):
A Dieu tuit nous humilions :
Péchiez trop en nostre hostel crout.
Eust. Desch. Pois. MSS. fol. 346, col. 3.
(1) « Ou temps que j'escripsy et cronisay ces présentes croniques. » (Ed. Kervyn, XI, 251.) (n. e.)
(2) « Curte la quisse et la crupe bien large. » (Roland, v. 1653.) (N. E.)
(3) « Le seigneur de Montgoubert affermoit qu'il avoit droit de chacer au lièvre et au goupiU et de tendre à la croupie et
à la revenue, et de mettre en toutes sesons ses pors en pasture en nostre forest de Rest. » (.IJ. 143, p. 63, an. 1328.) (N. E.)
(4) On trouve aussi crot : « Si a veu trestot debot Renart qui seur un angle crot. » (Renart, v. 23447.) (N. E.)
CR
407 -
CR
Foulz est à court, qui trop s'i tient, et ct-out.
Ibid. fol. 352, col. 3.
A court pas en vain ne .sa croul,
Un coup vendra qui paiera tout.
Ibid. fol. 50. col. i.
Se ta femme crout en maison,
Et garde le leu et les cendres.
Elle en vault pis.
Eust. Desc. Poès. MSS. fol. 511, col. 2.
.... C'est un cornart,
Un maleureux par Nostre Dame,
Qui toudiz (toujours) crout delez sa femme.
Ibid. fol. 519, col. 4.
VARIANTES :
CROPIR. Fabl. MSS. du R. n» 7'2i8, fol. 127, R» col. 2.
Croupir. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 258.
Croppetons (à) , adv. Dans une situation
accroupie :
Ainsi le bon temps regretons
Entre nous, pauvres vieilles sottes,
Assises bas à croppetons (1),
Tout en ung tas, comme pelottes.
Ci'oquans, sitbst. masc. pliir. On donna ce
nom à des paysans qui se révoltèrent en 1594. » Les
« crocquans et paysans mutinez de Xainctonge ,
0 Angoulmois, Limousin et Poictou s'avancèrent
« jusques à Blanc en Berry. » (Mém. de Bassomp.
t. IV, p. 218, an 162G.) On a étendu cette significa-
tion particulière et Ton a dit croquant, en général,
pour paysan (Fable 12, liv. II de La Fontaine), pour
vilain, gueux. (Oudin, Dict. et Cur. fr.)
VARIANTES :
CROQUANS. Mém. de Guise, p. 275 et 276.
Cbocquants. Hist. de Thou, Trad. t. XII, p. 72 (2).
Croquant, adj. Croassant. Il paroil que c'est le
sens de ce mot dans ce vers :
Au corbeau sale, à la croquante voix.
Perrin, Poës. fol. 17, V°.
Croquart. [Intercalez Croqiiart, croquant, dans
Froissart, éd. Buchon, liv. I, ch. 325: » Ce croquart
• chevauclioit une fois un jeune coursier. »] (n. e.)
Croqué, partie. Nous citons ce mot pour rap-
porter le no:.T d'un ancien jeu, dont parle Oudin,
dans son Diclionn., et qu'il appelle « qui t'acroqué
<• mon compagnon. ■>
Croque-lardon , subst. masc. Gourmand ,
écornifleur. (Cotgrave, Oudin, Cur. fr.) (3)
Croque moutons. C'étoil le nom d'une
espèce d'arquebusiers à clieval. « La cavalerie
« légère d'Henri IV pouvoit estre de 500 chevaux
« et 500 arquebusiers que l'on appelloit croque
« moutons (Mém. d'Angoulesme, p. 38). »
Croque notaire, subst. masc. Ce mot se
trouve dans Rabelais. Il l'emploie comme une
turlupinade contre les protonotaires. (Rabelais ,
t. II, Prol. p. 6.)
Croquepoys, subst. masc. Sorte d'arme (4).
De haiche à martel qui confont.
De croquepois, de fer de lance
Eusl. Dcsch. Poés. MSS. fol. 350, col. 1.
De croquepoys, de masses de Surie.
Ibid. fol. 201, col. 4.
(Voyez Haussepied ci- après.)
VARIANTES :
CROQUEPOIS. Eust, Desch. Poës. MSS. fol. 350, col. 1.
Croquepoys. Ibid. fol. 204, col. 4.
Croquer, verbe. Ce mot subsiste. On disoit
proverbialement croquer la pie, pour boire large-
ment.
VARIANTES l
CROQUER, Orth. subsistante.
Crocquer. Cotgrave, Oudin, Cur. fr.
Croques , subst. masc. plur. Cirques. C'est
peut-être une faute dans ce passage : " En ce temps
« fist le roy Chilperic establir à Paris, et à Soissons
« manière dejeux qui sont appeliez crofyiu's (5), enla
» manière que les Romains souloient faire ancien-
« nement. Si vault autant à dire comme cerne qui
<i est fuit à la ronde, en une large place, dedans
« laquelle les chevaux courroient sans issir des
<■ bournes qui y sont mises. » (Chron. S. Denis,
t. I, fol. 51.)
Croquet. [Intercalez Croquet, crochet, bâton à
crochet : « Lesquelz [vendengeurs] mistrent leurs
a hottes à terre, et de leurs croqués, dont ils
« apuyoient leurs hottes ou d'autres basions,...
« escarmoucherent plusieurs cops l'un contre
« l'autre. » (JJ. 152, p. 195, an. 1397,)] (n. e.)
Croqueter, verbe. Gloutonner. Manger goulû-
ment, avec avidité. (Monet, >;icot, Cotgrave et
Oudin.)
Croqueterie, subst. fém. Gloutonnerie, gour-
mandise. (Dict. de Cotgrave et de Monet.)
Croqueteur, siibst. masc. Gourmand, glouton.
(Monet, Oudin, Cotgrave, Dict.)
Croquiner, verbe. Croquer, manger. « Lors
« descendit sur son heaulme l'espervier pourveu
« d'une allouette qu'il pluma, puis la vint laver en
« la fontaine, et en fisl sa gorge (pour la mangea) ;
» et quant la teste deust croquiner, une verge d'or
« a une verde esmeraude cheut d'adventure en la
>< main de Bennucq, car l'alouette l'avoit autour
(1) « Or resgardez, ils veulent pondre. Veez comme ilz sont à croupetons. » (Mart. de S. P. et S. Paul. » (n. e.)
(2) D'après Palma Cayet, « du commencement, on appela ce peuple mutiné les tard avisez , parce que l'on disoit qu'ils
s'avisoient trop tard de prendre les armes, vu que chacun n'aspiroit plus qu'à la pai.K ; et ce peuple appeloit la noblesse
O'Ofyuaji.s, disant qu'ils ne demandoient qu'à croquer le peuple ; mais la noblesse tourna ce sobriquet croquant sur ce
peuple mutiné, à qui le nom de croquaitts demeura. » D'après d'Aubigné (Hist., III, 382), « la petite guerre des croquans,
ainsi nommez pour ce que la première bande qui prit les armes fut d'une paroisse nommée Croc de Limousin. (Creuse,
Arr. d'Aubusson. » (N. E.)
(3) On lit aux contes d'Eutrapel, d'après Dochez : « S'il n'y avoit que les enfans ou femme à la maison, lorsqu'il alloit en
queste, il estoit si subtil et affecté croquelardon qu'il en avoit cuisse ou aile. » (n. e.)
(4) a Lorens Davy,.. donna audit Guillaume d'un grant planchon ou croquepois par la cuisse. » (JJ. 108, p. 63, an. 1375.)
Ce doit être un échalas pour faire grimper les pois, pour les accrocher. On trouve aussi cro(iuebois : « Icellui Guillaume feri
ledit Raoul d'un baston nommé croquebois en la joe. » (JJ. 119, p. 332, an. 1381.) (N. e.)
(5) M. P. Paris imprime cirques (t. I, p. 205). (N. e.)
CR
- 408 —
CR
« son col liés (lu'elle (depuis qu'elle estoit née)
» esloil en vie. •■ (Percef. vol. IV, fol. 1 i").)
Gros (en) , r.rprcss. adv. En gros [cros est
encore la forme picarde]. On tlisoil : « Vendre vin
« a broiche, ou ch n'os,'pouren gros » et en détail.
(Ordonnances des Rois de Krance, t. Ill, p. G61.)
Crosei'ie, snbst. fém. Signe de la croix.
D'e sa dextre main elle a fait une croserie,
A Dieu père de glore sointe meie s'amie.
Pocs. MSS. avant 13U0, 1. IV, p. 1366.
Croslis. [Intercalez CrosUs , comme CroUère
(Froissart, XV, 270): » Fourme d'isles, de croslis et
« de marescages. »] (.n. k.)
Crosse, siibst. fém. Evêque, archevêque*.
Abi)aye ^. Souveraineté, dignité, puissance '^ (1).
* Ce mol subsiste, mais on ne le dit plus pour
désigner celui qui la porte, soit évèque, soit arcbe-
vôque. « Le long de la procession de l'église, il y
" avoit treize crosses dont l'archevesquè de Bor-
" deaux faisoit le bout du costé dextre. » (Math, de
Coucy, Hist. de Charles Vil, p. 734.) (2)
° Le droit de porter la crosse étoit attaché aux
abbayes. De là, ou a dit, par la même ligure, crosse
pour abbaye ; il pareil que c'est le sens de ce mot
dans ce vers :
Deux ci-osses, collège ensement [dans la ville de Vertus].
Eusl. Dcscli. Poos. MSS. fol. 364, col. i.
'^ Comme la crosse est une marque d'autorité et
de dignité tout h la fois, on s'est servi de ce mot
dans'le sens générique de souveraineté, puissance,
dignité, comme le prouvent les passages suivans :
" Le duc de Bourgogne étoit retourné en son pais,
« et avoit le cœur "très élevé pour cette duché, et
'■ qu'il avoit jointe à sa crosse. >■ (Mém. de Comin.
p. 247.) « Si Miniiti président à Tholose n'eust pas
>■ joint à sa crosse la gloire et sijperhe qui est assez
» familière à celte qualité , il n'eust pas ouy
» l'arrest qui luy fut prononcé. » (Contes d'Eulrap.
page 114.)
Tous biens mondains et toute crosse aroye (j'aurois)
El lors seroit mon cuer assevi (assouvi),
Se ma tristesce estoit tourné en joye.
Eust. Desch. Pocs.WSS. fol. 188, col. 3.
Crosser. [Intercalez Crosser: 1° Courber:
« Duquel baston icellui Jehan donna au suppliant
« pluseurs cops et collées, tant ([u'il list ploier et
>' crosser le fer dudil baston. » (J.J. 176, p. 236,
an. 1444.) 2° Jouer à la crosse, à la soûle (voyez
chauler et croce). 3° Jouer au billard, ou plutôt du
billard, synonyme de crosse (Pelit testament de
Villon) ;
Item plus, je adjoinctz à la crosse
Celle de la rue Sainct-Anthoine
Et ung billart de quoy on crosse] (N. E.)
Ci'ossisseinent, S(//)S^ masc. Craquement. Du
verbe Cnoissm ci-dessus. « Le corps s'estandant
" roidement avec croississement de nerfz, tomba
« mort tout à plat sur le plan du marbre rouge et
« noir. » (Alect. P.om. fol. 42.)
Ci'osson, suhst. masc. Partie d'une crosse. La
partie recourbée de la crosse.
VAni.\NTES :
CROSSON. s. Julien Mesl. Hist. p. 568.
Crosseron. Dict. Etym. de Ménage.
Croster. [Intercalez Croster, encroûter, dans
la Chr. des ducs de >'ormandie (v. 1728) :
Dune vint l'iver od ses glaçons,
Od ses niefs e od ses gelées
Qui les terres ont si crostées.] (N. E.)
Ci'Oi,subst ?»flsc. Antre, fosse*. Anse, porl^.
* Ce mol a été employé, dans le premier sens,
sous ses diverses orthographes. 11 signilie creux,
fosse dans une déposition rapportée à la page 28 du
Mém. des reliques prétendues de S. Germain d'Aux.
C'est dans ce même sens qu'on lit, au singulier,
crotz, avec l'article féminin. Peut-être n'est ce
qu'une faute d'orthographe dans ce vers où il s'agit
de la descente de J. Ch. aux limbes :
Li cors remest en la crotz mis.
Fabl. MSS. du R. n* 7615, t. I. fol. 73, V col. I.
(Voyez Croto ci-après et Crotte.)
^ Dans le second sens, on a dit le crot de leure ou
du hable, pour l'anse, le port de l'Eure et du
Havre. « Nous voulons que les marchandises et
» biens que les marchans et gens dessus diz auront,
" et deschargeronl en Saine, et dedenz le court de
« l'Eure ou le Hable qui vint de Harefleu, seyant
" baillé par compte aux batelilis. » (Ordonn. t. HI,
p. 576.) On lit dans le Registre 80: « le cro/ de l'Eure
u ou de Hable ». suivant la noteQ de l'éditeur. (Ib.)
Le Havre est h présent un port fortifié; l'Eure
n'est qu'une anse à une demi-lieue au-delà, en
remontant la Seine vers Harfleur.
VARIANTES (3) :
CROT C4).
Crotz. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I, fol. 73, V" col. 1.
Croton. Apol. pour Hérodote, p. 603.
CORTON.
1. Ci'ote. [Intercalez Crote, grotte, du latin
grupta pour crypta, dans une charte de 1287 (voy.
Du Cange). Les l'ormes successives sont: 1° Crute:
Ad ApoUin en curent en une crule.
Roland, v. 1653
(1) La crosse sert au jeu de boule. (Voir C/jow?er.) On relève aussi dans d'Aubigné les expressions suivantes (Hist., I,
288) : « Le sergent de qui Goas avoit tiré promesse de ne tirer que le bourre n'entrast, et de rompre croce sur cap , passe
plus de la moitié du champ. — Les uns levèrent la croce en haut. » On manœuvre ici la crosse de Tarquebuse à la manière
des Allemands dans la dernière guerre. D'Aubigné écrit encore jouer de la crosse (Hist., III, 405), et tourne en périphrase
le verbe épauler (III, '260) : « N'aprocherent point la crosse de demi-pied du menton. » (N. E.)
(2) Nous conservons encore la crosse de S' Rémi (VF siècle) en forme de T ; mais c'est au xii' siècle que la crosse devient
l'attribut indispensable des évêques. (N. E.)
(.3) On trouve aussi la forme cros (,IJ. 132, p. 37, an. 1387) ; « Le suppliant bouta de lui Pierre Benoît, duquel boutement il
chei oudit cros ou fosse, qui estoit derrière lui. » (N. E.)
(4) « Le suppliant et son compaignon prinreut en ung crot dedanz terre, environ quatre sexliers de seigle. » (JJ. 103,
p. 289, an. 1372.) De même au reg. ,1.1. 163, p. 137, an. 1410 : « Le supphant feist ou celier de l'ostel... un crot ou une fosse,
et V enterrast et couvrit sa vaisselle d'argent. « (n. e.)
CR
409 -
CR
2* Croûte:
El moustier n'a autel ne croule beneie
Que lor palefroi n'ait ordée et conccte.
Chanson d'Anlioche, I, 820.
« El mist en embuscade douze hommes d'armes
» de ses gens en une vieille croûte. » (Froissait,
XIV, 199.)
3° Croie:
Li destrier sont leans el soiisterrin,
En une croie que firent Sarrazin.
Roman de Garin (Du Caiige, II, 6G9, col S).
Voyez plus bas Crotte.] (n. e.)
2. Crote. [Intercalez Crote, cave ou cellier, au
reg. JJ. 151, p. 177, an. 1445: « Item une chambre
« et deux petites crûtes, assises en la cité de
« Viviers, au carrefour de Magibosa. »] (x. e.)
3. Crote, siibst.fém. Ce mot subsiste cncoredans
le sens de boue, fange des rues. Il se dit aussi,
comme autrefois, en termes de chasse, de la lienle
des lièvres et connils. Nous ne le citons donc que
pour remarquer son usage dans ces vers : " Et
« boire eau maintz soirs et. matins, Que je ne
« crains pas trois O'0/?fs. » (Villon, p. 11.)
Nous disons vulgairement, que je ne crains non
plus que rien, « non plus que la boue de mes
« souliers. »
On disoit aussi proverbialement :
1° Crote d'Esmials, de Mials. Peut-être de la ville
de Meaux. (Prov. à la suite des Poës. mss av. 1300,
t. IV. p. 1651.) [Leroux de Lincy, I, 363].
'1" Vérole de llouen et crottes de Paris (1) ne s'en
vont jamais qu'avec la pièce. (Le Duchat, sur Rab.
t. V, p. 98, note 4.)
VARIANTES :
CROTE. G. Guiart, MSS. fol. 71, V».
Crotte. Orth. subsistante.
Crotée. [Intercalez Crotée, dans l'expression
soupe crotée, croûte au pot : » Les compagnons
« d'icelles nopces portèrent le cochet, autrement
« dit le plat de l'espousée, en une taverne, où ilz
« firent plein plat de souppes crotées. » (.1.1. 195,
p. 806, an. 1472.)] (n. e.)
Grotesque, adj. et subst. masc. Grotesque.
(Dict. de Cotgrave.)
Ci'oteuse, subst. féni. " Si mêlez un poi de
« sain (graisse) de marmote. Et de l'eslront de la
« linote. Et si mêlez de l'eslront à la charrée (pour
« cendre de lessive) de Troies Et de l'eslront à la
« crotensede Ligni, Nel (ne le) mêlez en oubli. »
(Erber. ms. de S.'g. fol. 89.)
Croteux, adjectif. Qui crote*. Croté^.
* Ce mot, au premier sens, a une signification
active. M. de la Porte s'en est servi pour épithèie de
fange.
^Dans le sens passif, ce mot signifioit crotté.
(Rab. t. L p. 128 et la note 19.)
Croto, subst. masc. Cave, souterrain. Mot pro-
vençal. (Du Cange, Gl. 1. au motCro^o, 3.)
Croton. [Intercalez Crofon, diminutif de crot,
cachot. Voyez Du Cange sous scroba.^ (x. e.)
Crotte, subst. [cm. Antre, caverne, souterrain,
fosse. On a désigné la S" Vierge sous le nom de
« Nostre Dame des crottes, no"n pas qu'elle soit
« crotée; mais parce qu'elle est en quelque creux
" sous terre fait en façon de cave; car ce mot crote
« en cette signification vient du grec xçiurr^. „
(Apol. pour Hérodote, p. 603.)
Dehors les murs d'antiquité
Trouva une croitsie soubz terre ;
Là se tourna pour la mort querre
Et dit que jamais n'en istra,
Mais la dedans de duel mourra.
Rom. d'Alhis, MS. cite par Du Cange, au mot Crola, 2.
Le sens du mot croûte, dans le passage suivant
paroit peu clair; cependant, il semble qu'on puisse
l'expliquer par chapelle souterraine. « S'en paradis
» ne vont foi s tex gens (que telles gens"» con je vos
■' dirai, il i vont, el cil viel prestre,"et cil viej clop
" (boiteux) et cil raaiike (manchots) que lote jor et
<■ lote nuit crapeni (pour crachenl) devant lesautex
« (autels), et en ces vies croutes{2), etc. » (Fabl. mss
du R. ir 7989, fol. 73. — Voy. Croupte ci-après.) "
VARIANTES :
CROTTE Apol. pour Hérodote, p. 603.
Crote. G. Guiart, MS. fol. 81, R».
Croûte. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 70. V» col "
Croutte. Chron. S. Den. t. 1, fol. 221, V».
Crouste. Du Cange, Gloss. lat. au mot Crotci.
Crou, subst. masc. Parc. Du Cange, au mot,
Cofj'era, cite le catholicon armoricum, où on lit •
" Crou, an devet, gallicè: bergerie ou clais où cou-
•' chenl les brebis aux champs. Lai : caula, ovile
.' Crou an gueffr Caprile. Crou an moch..
« hara, crou an hoven, boslar » Ce mot, comme
l'on voit par ce passage, étoil un terme générique
pour désigner un clos, un lieu où l'on renfermoit
soit des moutons, soit des chèvres, soit des che-
vaux, etc. (Voyez Croi:fte ci-après.)
Crouaz, subst. masc. plur. Croates. C'est ainsi
que nous écrivons aujourd'hui ce nom. Les Crouaz
étoient des troupes au service de la République de
Venise en 1510, qu'on a appelées depuis cravates
(Voyez Lelt. de Louis XII, t. I, page 246 ; Ibid. à la
marge, et enfin citâtes.) ■• Les'dits Crouaz sont
« cruels à la guerre, car ils tuent tout ce qu'ils
« peuvent, et ne prennent jamais prisonniers,
•< aussi on leur a fait de tel pain soupes. » (Ibid'.
p. 247.) C'est-à-dire on leur rend la pareille.
Croiibe, adj. Courbé. (Borel copié par Corneille )
On y trouve cette citation du Rom. de la Rose.
Car moult crotibes, et moult crochues
Avoit les mains icelle image.
Croucit. [Intercalez Croucit, sorte de croc, au
reg. .JJ. 151, p. 287, an. 1397 : « QuiBonilus tenebal
« tune in manu sua qucmdam baculum, vocatum
« gayar sive croucit, cum quo Irahitur fenum de
« fenario pro animalibus, quando fenum est nimis
« conlassatum. »] (n. e.)
(1) Aussi appelait-on les écoliers « les crote: de Paris. » (Leroux de Lincy, I, 379.) (n. e.)
(2) Il s'agit des cryptes, confessions s'étendant sous plusieurs autels, (n. e.)
iV.
52
GR
- 410 -
CR
Croue, .S!/f;s^ fém. Ecrou ou écroue. On disoit
la crotie d'un pressoir. (Rab. t. V, p. 74 ; Dictionn.
de Colgrave.)
Croufte, subst. fém. Clos, enclos. Il paroîl que
c'est le sens de ce mol dans ce passage: « Roger
a demanda des autres (luele fu celé place que on
« apela le trésor de Mortimer; et li fut dist que ce
« {ai une croufte joignant à l'abeye, assez bonne
<i terre et large, et à 'merveille bien fructitiante. »
(Du Gange, au mot Cvoflum.) (1)
Croug, verbe. Pendre, suspendre. Mot breton.
VARIANTES :
CROUG. Du Gange, Gl. lat. au mot Cmxalis pœna (2).
Crug, Crouga. Id. il)id.
Croughet, adj. Suspendu, pendu. Mot breton.
(Du Gange, Gl. lat. ù Cruxulis pœna.)
Crouiller, verbe. Verrouiller. Du mot crau,
crou, etc., verrouil. On dit encore crouiller, en ce
sens, dans le Maine et l'Anjou (3). (Ménage.)
Crouillet, subst. masc. Verrouil. Ce mot est
encore en usage en ce sens, dans l'Anjou et le
Maine (4). (îMénage.)
Crouissi , verbe. Cra(|uer en rompant. Mot
languedocien. Le même que croissir ci-dessus.
(Dict. de Borel, au moi Crotsair.)
Croulis, subst. masc. Roulis *. Agitation de
l'air '.
* On a dit croler, crouler, etc., pour agiter, être
agité; de là, croulis s'est appliqué dans une signifi-
cation particulière à l'agitation d'un vaisseau qui
penche tantôt d'un bord, tantôt de l'autre; ce qu'on
appelle roulis en termes de marine. ■■ Parle croulis
» des navires plusieurs malades et blessez mouru-
« renl la dedans et furent jetiez en mer. » (J. d'An-
ton, Ann. de Louis Xll, de 1499-1501, p. 312.)
^ De là, ce mot a été employé figurément pour
exprimer le mouvement de l'air agité par une tem-
pête. Cette agitation forme une espèce de flux et
reflux. " Un 'tourbillon de vent veint tant impétueu-
« sèment heurter, que par le croulis{b) de l'oraige
« feut la fenestre entrouverte. » (J. d'Anton, Ann.
de Louis Xll, p. 129.)
Croupe, adj. Epais. (Dorel et Corneille.) Propre-
ment qui a une large croupe.
Croupisses, «(//. fém. plur. On a dit eaux crou-
pisses, pour eaux croupies ou croupissantes. (Œuv.
deBaïf, p. 11.)
Crouppe , subst. fém. Sorte d'étoffe. C'est
ainsi que l'explique Borel, au mot Pannes, où il
cite ces vers de i'atbelin :
Prenez en, ou de menlenettes (manches)
Des ci-oupi:n, ou des penillieres (brayettes).
Croupte, subst. fém. Chapelle souterraine ((5).
Voyez Du Gange, Gloss. lat. au mot Crijptw. sous
Crypta, qui paroit l'élymologie primordiale. L'ély-
mologie imniédiale semble être le mot crot, pris
pour antre, souterrain. (Voy. Crot ci-dessus.)
Crous, adj. Creux*. Evidé, maigre, élancé^.
* Le premier sens est le sens propre de ce mol
sous l'une et l'autre oilbographe, quoique nous ne
le Irouvion.s avec celle signilicalion que sous celle
de ci'oes.
Car il esloil tout croes parmi,
Beaus, et foellus, ombrus et vers.
Froissart, Poes. MSS. page 394, col. I.
^ On a dit crous, au figuré, pour évidé, maigre,
élancé.
Son corps est un petit trop crous.
Froissarl, Poës. MSS. p. 201, col. 1
VARIANTES :
CROUS. Froissart, Poës. MSS. p. 297, col. 1.
Cboes. Id. Ibid. p. 384, col. 1 (7).
Croustele, subst. fém. Diminutif de croûte.
Lors si me gete une croustele
Qui est plus dure d'une astele (broche de fer).
Si qu'à peine la puis raengier.
F.ibl. MSS. du K. n" 7218, fol. 168. V* col. 2.
Crousteau, subst. masc. Croûte*. Gale sèche^.
Rayon de miel '=.
* Oudin l'explique, au premier sens, morceau de
croûte. (Dict. fr. ilal.)
^ Ce mot signifioit aussi gale sèche, selon Cotgr.
Dict. On dit encore croûte, en ce sens.
<= Enfin crousteau s'est pris pour rayon de miel.
(Dict. de Colgrave et d'Oudin.) C'est en ce sens qu'il
faut entendre crouteau dans ces passages : « Les
« abeilles ont acoustumé de se tenir dessus leurs
« ruches ou esseins , quand elles mangent, ce
« qui abonde de leur crouteau, connoissans, par
« instinct naturel, que si elles nefaisoient ainsi, les
« yragnes (araignées) s'y mêleroient, qui les feroient
« mourir. » (Div. Leç. de P. Messie, fol. 355.) •• Us
« mettent trois remparts au-devanl de leurs crou-
X teaux : car la première croule est aniaire, une
« autre plus douce, et une autre plus grosse qui est
« la plus prochaine de leur viande, et là est le fon-
« dément de leur deffense. » (Ibid. fol. 357.)
VARIANTES 1
CROUSTEAU. Oudin et Cotgrave, Dict.
Crouteau. Id. Ibid.
(4) Les formes latine et française sont extraites du Monasticon Anglicanum. Dans l'anglais moderne, croft est un petit
clos touchant à une maison, (n. e.)
(2) Ed. Henschel, II, G81, col. 3. (N. e.) c ■ , ^- . , ■.
(3) Et même dans le pays de Hurepoix (Ile-de-France) ; il est fort usité dans la vallt e de Chevreuse (Seme-et-Oise). (n. e.)
(4) Dépiirtsment de la Sarthe ; « Dans le hangar, M. D... a poussé lecrouillet du milieu de la porte. » (Gaz. des Tribunaux,
7 sept. 1873, p. 871,4» col.) (N.E.)
(5) Voyez Crolle et Crollcr : « Si granz croules et si granz movemenz de terre, o (D. Bouquet, VI, c. la, p. 151.) (N. E.)
(6) C'est là uiie forme provinciale remontant à 3»i(p(a. On dit aussi (--/-oiUe et crouste : « Et aveuc che ressartironl [les
massons] en le crouste de l'église, partout là où il appartenra. » (Cart. de Corbie, an. 1426.) Les formes crot, croie, crotte,
croupie pourraient être réunies sous un seul article. (N. E.)
(7) Froissart donne aussi tfiie.s, prononcé creiti-, comme ;rtife»e prononcé meute: « Et y pooit avoir entre lun bauch
(poutre) et l'autre environ demi piet de crues et d'ouverture. » (Ed. Kervyn, III, 25.)(N. E.)
CR
- 411
CR
Croustelevé, adj. Couvert de e;ale *. Vérole °.
* Voyez, sur le premier sens de couvert de gale,
les Dict. d'Oudin et de Cotçcr.
° Par extension, ce mol a signifié vérole. (Oudin
et Cotgrave.) ■■ Infecté du mal de Naples. » (Le
Diichat, sur Rabelais, t. 1, p. 318.)
VARIANTES :
CROUSTELEVÉ. Dict. d'Oudin et de Cotgrave.
Crostelevez. Fabl. MSS. du R. ii" 7615, t. II, f» 192.
Crousteleveiire , snbst. fém. Gale sèche,
vérole. On trouve ce mot, avec l'une et l'autre signi-
fication, dans les Dict. d'Oudin etde Cotgrave. (Voy.
Crousteleve ci-dessus.)
Grouster, verbe. Enduire. Proprement encroû-
ter, couvrircomme d'une croûte. « Le lychneumon,
« quand il doit venir aux prises avec le crocodile,
« munit son corps, l'enduit, et le croiiste tout à
a l'entour de limon bien serré, et bien paistry comme
« d'une cuirasse. » (Ess. de Montaigne, t. II, p. 221.)
Crousteuse , adjectif au féni. Sèche. Galle
crousteuse, pour gale sèche. (M. de La Porte.) C'est-
à-dire qui forme une croûte (1).
Croustillant, adj. Bouffon, plaisant [ou plutôt
graveleux]. (Voyez Lett. chois, impr. en 4751, p. '280,
où ce mot est employé comme épithète de chanson.)
Le peuple dit encore crouslUleux dans ce sens (2).
Croutat, adjectif. Voûté. Mot provençal. (Du
Gange, Gl. L. au motrro/ft3.)ll pareil formé de crot
ou Groto ci-dessus, qui signifie cave, souterrain.
1 . Croûte, siibst. fém. Ge mot subsiste; on disoit
autrefois :
Tu le rendras en croule, ou en mye.
Coniredit de Songecreux. fol. 97. R".
C'est-à-dire de façon ou d'autre.
Crote ou mie étoil aussi une façon de parler qui
s'employoit avec une négation, pour signifier rien,
quoi que ce soil, comme dans ce vers :
Souffrir ne veult qu'il en ait crote, o:i mie.
' Eusl. Desch. Pol's. MSS fol. 44, col. 2.
Proverbe :
Oui plus esfraint (mange) croule que mie
En saulce, parest trop destraint.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 8«, V col. 1.,
VARIANTES (3) :
CROUTE. Orth. subsistante.
Crote. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 44, col. 2.
2. Croûte, suhst. fém. Peut-être le même que
Croi'pe ci-dessus, partie d'un toit. (Voyez Crope.) On
trouve ce mot dans la fable du Colon et du Goupi%,
c'est-à-dire du Renard et du Pigeon :
D'un colon conte qui jadis
Estoit sur une croule assis.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 19, R- col. 2.
Crouté, adjectif. Crotté. Au pluriel, croute%.
(Chron. fr. ms. de Nangis, an 1315.) On lit crotez
dans le même passage de la Chron. S. Denis.
Ca'outeille. [Intercalez Crouteille, gâteau, en
latin cripiscula au Glossaire latin-français 4120
(an. 13.V2).] (n. e.)
Croutelle, subst. fém. Roseau ou paille. « Le
« mari fit faire un grand berceau à croutelles. »
(Bouchet, Serées, liv. I, p. 95.) « Ils ont toujours de
« rargent frais ; car pour en avoir il est aisé à
« lever leur boutique, il ne faut qu'un petit mou-
" choir, et le barril dessus, et en une des mains un
« aiguillier de croutelles. » (Ibid. liv. III, p. 309.)(4)
Crovée, S(//;s/. fém. Corvée*. Pièce de terre ^.
*0n trouve ce mot, au premier sens, dans Rabe-
lais, t. I, p. 3'i, note 2 de Le Duchat. On dit prover-
bialement en Lorraine: « On ne peut être ensemble
« de garde, et de crovée, <• pour signifier qu'on ne
peut faire deux choses à la fois. (Les Quinze .loyes
du Mariage, p. 118, noie de l'éditeur.)
° De ]h^ crovée semble s'être pris pour mesure ou
pièce de terre qu'un vassal étoil obligé de labourer
pour acquitter ses corvées. « Item l'autre crovée
" est en .louchery vers le ban de Saulx contenant
« environ cinquante jours. » (Citât, de Du Gange,
au mol Croada.) (5)
Crovière. [Intercalez Crovière, dans Partonop.
V. 10.587 :
Cascuns oiseaus, ens la crouiére,
Fait cant u crie en sa manière.] (N. E.)
Crovisiez, subst. masc. plur. Nous ne pouvons
déterminer la signification de ce mol. Peut-être
est-ce une espèce de plante marine. Peut-êlre aussi
faut-il entendre par cror/s/^v ou croH/s/f;^ certaines
planches de bois, faites en formes de coquilles,
dont les chasse-marées couvrent leurs paniers de
poissons. » Nous avons oixlené, que nul ne mette
« en paniers rouges crovisiez-, ne en nulle autre,
(1) » Lors il advient rongne et gratele croiileuse. » (Paré, Introd., 6.)(n. e.)
(2) De Caillières (1690) voit là un terme bas ; il est devenu familier. (N. E.)
(3) On trouve aussi crusire (Raoul de C, 286) : « Ne pain, ne vin, ne nulle croxlre grosse. » (N. E.) '
(4) Croutelle ne signifie point roseau ou paille. C'est le nom d'un bourg situé près de Poitiers, où l'on fabriquait une
grande quantité d'ouvrages en bois. Guillaume Bouchet, auteur des Serées, était né à Poitiers, en 1526 ; en parlant d'un
grand berceau, il dit que « le mari le lit faire à Croutelles. » Ce n'était pas un berceau en roseau ou en paille, mais fait dans
le bourg de Croutelles. U en est ainsi pour l'Aiguiller de Croutelles cité dans le même article. Un auteur poitevin, .lacques
Contant, dans ses commentaires sur Dioscoride, dit : « On fait d'excellens ouvrages en bouys (buis) au fameux, excellent
« et renommé bourg de Croustelles, près Poicliers, auquel lieu habite la perle de tous les tourueurs, à faire toute sorte de
(( menu mesnage, utenciles (ustensiles) de boys pour faire une ceconomie et service de maison. ."Vussy il s'y fait des instru-
« mens de musique percés à jour, comme cornets à bouquin, haut-bois, cornemuses, chèvres sourdes, flageols, piffres
« (fifres) et flustes, dont le bois, qui est excellent et qui rend l'harmonie et le son plus mélodieux, est le buys. Il se fait
« aussi audit lieu de Croustelles diverses sortes de jeux de buys, comme quilles et boulles ; et, en outre, ils fabriquent
« industrieusement des Jeux de quille avec la boule, faits d'ivoire, qui ne pèsent les neuf quilles, la pirouette et la IJoëte
« qu'un grain de froment, chose quasi incroyable qui ne le verroit. » Il est donc certain que G. Bouchet, dans ses Serées,
parlait de Croutelles comme bourg, et non comme signifiant roseau ou paille. Croutelle est un mot poitevin qui tire son
origine de Croutay, Ci-outelai. rendre inégal, raboteux. Le bourg de Croutelle est sur un coteau raboteux. (N. E.)
(5) D'après un ms. de Commercy : c Déclaration des heritagesde l'eghse nostre Dame de Sommiere de l'an 1497 par Colia
la Heyre, notaire. » (N. e.)
CR
il2
CR
« pescaillc, suit fresclie, ou salée, ne corde pour
•> estraindre (serrer) le pannier, sur peine dei'our-
" faiie le pannier. >• (Ord. t. V, p. 2M.) L'éditeur,
noie g, avoue qu'il n'entend pas ce mot.
Croyablenient, adverbe. Vraisemblablement.
(Oudin et Cotgrave, Dicl.)
V,voye, siibst. féni. On disoit: Prendre fer et croije.
Le Psalmiste m'abandonna
Son ouvrouer (atelier), et tous ses ouvrages
De Saiuct Hieiosme et d'autres sages
J'ay prins partout et fer, et crmje,
Puis j'ay fait d'autruy cuyr courroye.
Coniredîl de Songecr. fol. 4. R".
Croyeur, suhst. masc. Dupé. Homme crédule.
! Voyez .\pol. pour Hérodote, Préf. fol. 1.)
Croyser (ù). C'étoit un des jeux de Gargantua.
(Rabelais, t. I, p. 152.) Peut-être le jeu de ban-es.
Crozats. [Intercalez C?'oxafs, monnaie du Midi:
>' L'an 13G3.aultre provision fust faicte de quatorze
« mil sestiers de bled, où est faicte mention de
.< certaine monuoie, appelle cro^^ats. « (Chron. de
Montpellier, B. N. ms. fr. anc. 46.%.)] (n. e.)
Cru, suhst. masc. Ce mot subsiste pour cru,
fonds de terre, en latin cresccntia et crementum.
(Gloss. lat. de Du Gange.) On a dit lierbe du cru,
sorte de plante autrement nommée hellébore noire.
(Fouilloux. Vénerie, fol. 80.)
Crualité , subst. fém. Cruauté , rigueur *.
Horreur ^ (1).
* Dans le premier sens, on lit : « Avoit presché
« devant le roy le ministre des Mathurins, très
<> bonne personne; et monstra la crualité que ils
" faisoient par deffault de bon conseil, disant qu'il
" falloil qu'il y eust des traîtres en ce royaulme;
« dont ung prélat nommé le cardinal de Bar qui
<• estoit au dit sermon ledesraenty, etnomma villain
« chien , dont il fut moult hay de l'Université et du
« commun. >> (Journ. de Paris, sous Charles VI et
VH, p. 3 et 4, an 1409.) « Or oiez se cest genz (en-
« tendez si ces gens) devroient terre tenir, ne perdre
" (posséder)qui si gvanl crualteZ' faisoient li undes
" autres. » (Villeh. p. 112.) [Edition de Wailly,
§271.] Le sire de Laval voulant détourner le diic
de Bretagne de faire assassiner le connétable de
Clisson, le duc lui répondit [éd. Kervyn, t. XII,
p. 168] : .' Laissez moy faire ma voulenté, car
« Clisson m'a tant de fois courroucé, que maintenant
« il est heure que je luy monstre: et partez vous
" d'ici. Je ne vous demande riens: laissez-moi
" faire ma cruauté: car je vueil qu'il meure. »
(Froissart, livre III, page 198.)
On a même appliqué ce mot aux tributs ou impo-
sitions dont on surcharge le peuple sans aucun
ménagement. (Le Jouv. fol. 31.) (2)
C'est dans un sens moral et figuré qu'on Yûcrueté
de la discipline, traduit du laliu correpcio, dans la
Hègle de S. Ben. lat. et fr. .ms. de Beauv. chap. 64.
On dit encore sainte rigueur, dans ce sens, en
termes ascétiques.
° On trouve aussi ce mol pour horreur, ou ce qui
en inspire. (Percef. vol. IV, fol. 73, col. 1.) (3)
VARIANTES :
CRUALITÉ. Jour, de Paris, sous Charles VI et VII, p. 3 et i.
CnuALTÉ. Villehardouin, p. 112 (4).
Cruaulté. Le Jouvencel, MS. fol. 31, R''.
Cruauté. Orth. subsistante.
Crauté.
Crueuté. Poës. IISS. Vat. n» U90, fol. 78. V».
Crueté. Règle de S. Ben. lat. fr. MS. de lieauv. ch. 64.
Crudeliïé. Les Marg. de la Marg. fol. 29 (û).
Cruaiideresse, subst. fém. Ilfaul lire truan-
deresse, féminin de truant, mendiant, gueux, dans
ce passage: » Item que un ban soit fait devant
« aoustquetousceux qui seront II ouvez hors heures
« aux champs es biens d'autruy, moissonnans
« soient à deux sols blancs de loix (peii e, amende),
« et une crnanderesse h douze deniers blancs. ->
(Coût, de Mons, Coût. Gén. t. I, p. 831. — Voyez
Truand elTnL'AXDE ci-après.)
Crubaran, 3' pers. plur. del'ind. futur. Recou-
vreront. Ce mot est du patois de Béarn. (Laurière.
Gloss. du Ur. fr.)
Cruble, subst. Engin à pêcher. C'est certaine-
ment une faute pour truble. (Voyez ce mot.)
0 crubles et o forches lez fièrent maintenant.
Roni.de Roii, MS. p. 111.
Crue, subst. musc. Croc, crochet. « Je vous le
« grapperay au crue. » (Rabelais, t. 111, p. 65.)
Crucalles, subst plur. Sorte d'insecte :
Lit de colon pour gésir (coucher) ,
Pour couvrir, sçarder des crucalles.
Eusl. Desch. Pocs. iMSS. fol. 486, col. i.
Cruce, subst. fem. Nous ne citons ce mot, qui
subsiste sons l'orthographe cruche, que pour remar-
quer l'ancien usage de mettre du vin en réserve
pour les charités. Le vase dans lequel on le metloil
s'appeloit la cruche à l'aumône. (Kabl. mss. du R.
n" 7218, .folio 338.)
VARIANTES :
CRUCE. Tri. des IX Preux, p. 486, col. 2.
Crusse. Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 524.
Cruche. Orth. subsistante (6).
Crucefier (se), verbe. Faire le signe de la
croix *. Etendre les bras en croix ^.
(1) Il signifie aussi souffrance (Froissart, poésies, mss.) ; « Et encores par tel folie As-tu hui fais regrés et plains ; Tu es
un jeune homme tout plains De cruaulés. » (N. E.)
(2) « Et prendrons tribus et apatissemens sur nos adversaires le plus que nous pourrons ; et sur ceulx de noslre parti
ferons aucune ct-naulté la moindre et la plus douce que faire se pourra. » (n. e.)
(3) Il Quant la dame se fust aucun peu advisée et qu'elle eust fort regardé le fondement du temple et la cruauté d«s
lances qui y apparoient. » (N.E.)
(4) Cruche au roman de la guerre de Troie : « Culvert, cornant avez pansé. Que feistes tiel cruelle ? » (n. e.)
(5) « Le suppliant doublant la crudelité dudit Ridel, fery icellui d un baston que il portoit par la teste. » (JJ. 98, p. 743,
an. 1365.) (n. e.)
(6) On lit dans le Chevalier de la Tour Landry (fol. 33): « Pour ce est bien dit que tant va la cruche à i'eaue que le cul y
demeure. » (n. e.)
CR
- 413 —
CR
* On lit, au premier sens de faire le signe de la
croix :
Et par le champ se cruce fient.
G. Guiarl.MS. fol. 1-23, V-.
° On trouve la seconde acception dans le vers
suivant [voyez croisade] :
Les la dame se crucefie.
Fabl. MSS. duR. n" 7218. fol. :WI, T.- col. I.
De là, se crucefier pour se prosternai' les bras
étendus en croix. Le poëte s'adresse à la S" Vierge
dans ce vers :
Dame en cui nous nous flons,
Devant vos nos crucefions.
Dame, par Dieu merchi prions,
Et vos crions. Vierge saintisme...
Eni. la Vielle de Galinois, Poés. MSS. av. 1300, t. Il, p. 872.
Crucefis, suhst. viase. Crucifix *. Christ °.
Argent ''.
* Le sens propre est crucifix ou la figurede Jésus
Cil. en croix. On ;i dit croix à crucifix , pour dési-
gner une croix chargée de la figure de .lésus Christ
crucifié. (Godefr. Observ. sur Ch. YIll, p. 308.)
^On a quekiuefois appliqué le mot crucifix pour
désigner J. Ch. même après sa résurrection, comme
en ce passage : « Sur un crucefx peint dans ses
" heures sortant d'un sépulchre. » lŒuv. de Rem.
Belleau, t. II, p. îUO.) Crétin a même dit, page \(i7> :
" Prions le benoist crucifx. >' C'est en ce même
sens qu'on lit patremoine au crucefi, pour le patri-
moine de J. Ch. dans ce vers :
Le patrernoine au crncefi.
Fabl. MSS. du R. u- 7615, 1. 1, fol. «8, V i..l. 1
^ Enfin, comme nos monnoies ont été s.iuveiit
chargées de croix, on s'est servi du mot cruccfix
pour signifier de l'argent. Eustache Deschamps se
plaint de manquer de tout, dans une ballade dont
voici le refrain :
Le crucefis et je nont que deux crois.
Poès. MSS. fol. 222, col. 1.
On disoit proverbialement :
1° Crucefis de Limoges. {Prov. à la suite des Poës.
MSS. av. 1300, t. IV, p. 1652.)
■2" Manger les crucefis, en parlant des dévols
outrés.
Quel devotieux ypocrite
Qui faisiez semblant de manger
Les cnicefix et estre hermite.
LWmant rendu Cordeliep, p. 532.
Coquillart, p. 30, a dit dans le même sens ronger
les crucifix.
3° Enfin on trouve cette autre expression aussi
proverbiale :
Il est en luy trop mieux séant
Qu'un crucifix en un monstier.
Farce de Pathelin, p. 52.
VARIANTES '
CRUCEFIS. Poës. MSS. av. 1300, t. IV. p. 1652.
Crucefi.x. Apol. pour Hérodote, p. 57.
Crucefi. Fabl MSS. du R. n» 7615. t. I, fol. 101.
Crucefiz. Estrub. Fabl. MSS. du R. n» 7996, p. 31.
Crucifis. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 222, col. I.
Crocefiz. Hist. de S" Léoc. MS. de S. G. fol. 27.
Cruche, subst.fém. Ecaille. Cruche de l'oistre,
en latin ostra, suivani le Closs. de Labhe, p. 517.
Ecaille ou coquille d'huitre, comme on a vu ci-
dessus croises de mis, pour co(iuilles de noix.
Crucher (se) , verbe. S'enfoncer dans un
creux.
Comme un nouvel essain
Au retour du printemps qui se jette, et se cruche
Dans un arbre feuillu, au sortir de la ruche.
Pots, de Rem. BcIIlmu, t I. p. 21.
Cruchete, subst. fém. Diminutif de cruche.
(Monet, Cotgrave, Oudin, Dict.)
VARIANTES :
CRUCHETE, Cruchette.
Cruchon. [Intercalez Cruchon, sorte de rede-
vance, au reg. JJ. 40, p. 't, an. 1311 : « Assignamus
« tenore pra^senlium leddilus nostros, quos in
<i villa Vernonis habemus et percipimus. vocatos le
«' cruchon , cum omnibus suis pertinenliis et
•' emolumentis, ad valorem seu summam sex
« viginli quinque librarum turona'stimatos.»](N.E.)
Cruciale, subst. fém. Sorte de plante. On la
nommoit indistinclemenl croisette ou cruciate.
(Salnove, Vénerie, p. 333.)
Crucier, verbe. Tourmenter. Crucicoet, dans
S. Bernard, Serm. fr. .mss. p. "240, répond au latin
Irucidabal. [Nicol, Monet, Colgrave et Oudin, Dict.)
" De quel tourment de paour estimez vous qu'il fut
•• crucié. » (L'Am. ressusc. p. 157 )
Crucifier, verbe. Crucifier. (Orth. subsist. ;
S. Bern. Serm. fr. p. 311.)
Crucifis, partie. Crucifié.
0 mon sauveur pour nioy mort crucifix.
Les .Marg. de la Marg. p. 19.
En ce saint jour où Dieu fut crucefis.
Eust. Desch. Pues. MSS. fol. lU, col. 3.
VARIANTES :
CRUCIFIS. Eust. Desch. Poës. .MSS. fol. 301, col. 3.
Crucifix. Les Marc, de la .Marg. p. 19.
Cruckfis. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 328, col. I.
Cruçon , subst. nuise. Accroissement, crois-
sance. On a dit au propre :
La florette en un lieu cruçon prent
Ou nourie est d'un si floult élément.
Kroissarl, Poës. .MSS. p. "I, col. 1.
Au figuré, on a dit :
Mar cruchon et essaucement.
Hisl. des Trois .Maries, en vers, MSS. p. 338.
VARIANTES :
CRUÇON. Froissart, Poës. MSS. p. 71, col. 1.
Cruchon. Hisl. des Trois Maries, en vers, MS. p. 338.
Crud, adj. Nu*. Sans art^. Simple'^. Difficile à
digérer ° (l).
* Dans le premier sens, l'on a dit et on dit encore
botter à crud, pour mettre les jambes nues dans ses
bottes. Oud. Cur. (r.)Ar7né à crud, pour armé sans
avoir de vêlement sous son armure. (Mém. d'An-
gouléme, p. 83.) Armé de pied en cap, comme sem-
ble l'indiquer l'expression armeure à cru, pour
(1) On disait aussi à une rude température : « Il faisoit si crut temps et si plouvieux que il hostoyoient à trop grant
malai.se. » (Froissart, IV, 194.) De même au t. III, p. i15 : ' Il faisoit dur et crut et froit à hostoyer. « (N. E.)
CR
— 414 —
CR
annnre qui couvre son homme de pied en cap.
(Dict. lie Monel.)
^Itans le second sens, un discours crud est un
discours sans art, sans fard. (Oud. Car. fr., (1)
'^ Par une extension de celte dernière sis;nifiuation,
l'on a nommé délies crues les dettes simples, en
les opposant aux dettes hypotliéquces. « Seront
« payez au sol la livre, comme aussi toutes les det-
« tes reconnues en justice, sansipie néanmoins de
« ce qui est dit cy-devant , il soit préjudicié aux
« créanciersquiontnncliypotlier|ue particulière, .■••
>< et toutes les autres dettes et actions qui sont
« tenues, et réputées pour dettes crues, seront
« payées les précédentes an sol, ou au marc. »
(Nouv. Coût. Cén. t. I, p. 015.) On WUle-ttes crues et
volantes. (Ibid. p. 752.)
"Enfin CJ'ii signifie encore difficile à digérer, an
propre et au figuré. Mais on ne diroit plus comme
autrefois, en parlant du divorce de Charles VIT, que
le pape Clément Vil le trouva si eru, qu'il le con-
damna comme inique. (Hist. de la Popelinière, t. I,
liv. 111, fol. 70.)
On peut rapporter à cette signification cette façon
de parler proverbiale : vous vie la baillez crue.
(Les Marg. de la Marg. t. I, fol. 90.) Nous disons
aujourd'hui: vous me la donnez belle, au même sens.
On trouve crue, faute pour que, dans ces vers :
Belle crue je n'os (que je n'ose) nommer.
Moniol de Paris, Poês. MSS. av. 1300. t. II, p. 639.
VARIANTES I
CRUD. Oudin, Cur. fr.
Crc. Orlh. subsist.
Crue, subst. fém. Augmentation *. Recrue ^.
*0n a dit au premier sens crue pour augmenta-
tion en général. « J'espère que le Roy me permettra
« enfin de décharger votre généralité sur la crue
» extraordinaire de quelque trente cinq mille
« livres. » (Mém. de Sully, t. I.\, p. 282.)
^De là. pour recrue, augmentation de troupes.
» Avons avisé de faire fournir à la compagnie de
» M' de Boesse, je veux dire à sa crue, du pain
« pour lui donner moyen de vivre en attendant
" qu.'elle soit payée. » (Mém. de Sully, t. V, p. 10t>.)
Cruel, adj. Intrépide, fier. Ce mot subsiste, mais
il est toujours pris eii mauvaise part. On le prenoit
autrefois en bonne part et alors il désignoit le cou-
rage, la noble fierté. « Le prince de Galles qui
« estoit courageux, et cruel comme un lyon, ce
>' jour print grand plaisir à combattre, et chacer
« ses ennemis. >• (Froissart, liv. I, p, 195.)
Le mot cruel avoit le même sens qui subsiste
encore, dans cet ancien proverbe : ah cruel et
deviy. Diantôme, parlant du maréchal de Chatillon,
colonel général, à qui on avoit donné le surnom de
très cruel, dit : « Avant cette guerre, il apprit aux
« Anglois un proverbe ah ! cruel et demij, ou bien
" du tout, car ils estoient si cruels à nos François,
" et l'avoient tant esté qu'ils n'en pouvoient
« desapprendre, t:inl ils l'avoient pris en habitude. »
(Cap. fr. t. IV, p. '>!?,.)
Crueliser, verbe. Tyranniser. >. Un notable
« précepteur de lyrannié tient pour maxime et
« fondement, que la multiplicité et nombre d'offi-
« ces et chicaneurs, est un gros appuy pour asser-
« vir crueliser, et esclaver ses sujets. » (Contes
d'Eutr. p. 32.)
Cruelle, subst. fém. Sorte de fruit sauvage.
Peut-être celui que l'on nomme encore gruelle
dans quelques endroits de la Normandie. « La pi-
« pée du soir est bonne quant les oyseaulx quierent
« (cherchent) l'abri et laissent les bayes, et vont au
« bois, et ainsi quant il y a bien à menger au bois
« de prunelles, de cruelles, de graines, de pommes,
« et de telles choses qui menguent (qu'ils mangent)
« voulentieis. » (Modus et Racio, fol. 90.)
Cruesié, adjectif. Creusé (2).
La roideur si grant. et la rive cniesiée
Il ne s'ose mètre enz (dedens) tant fort l'a redoutée.
Parlon. de Blois. MSS. de S. G. fol. 172. R" col. 1.
Crueté, subst. fém. Crudité. (Dictionn. de Rob.
Estienne.)
Cruetet, subst. fém. Cruauté.
Et commanda par cruetet,
Qu'on l'euist del royaume ostet.
Ph. Mouskes, MS. p. 778.
VARIANTES :
CRUETET.
Crugerteiz. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 213.
Crueus, adjectif. Cruel, inhumain, barbare*.
Courageux, brave ^. Ce mot se prenoit en bonne et
en maiivaise part, comme le mot crMe/ qui subsiste,
mais en mauvaise part seulement.
"^Crueus, pris en mauvaise part sous toutes ses or-
thographes, signifloit barbare, inhumain [« Crueuses
" batailles (Froissart, 11, 7^ »]. On lit dans la Chron.
fr. MS. de Nangis, an 895 :" » François vaut
« autant à dire comme (■(■(/(^HJ' en langue Greioise. »
Tout homme armé doit estre, par effect,
Crueulx devant ; piteux après victoire.
Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol. 109, col. 1.
Ne soies crxieuse, ne fiere
Vers moi, ki plus vous aim
Poês. MSS. Vatican, n- 1190, fol. 21, Rv
^Crueus, pris en bonne part, signifioit courageux,
brave, fier (3). Robert, fils de Richard, duc de Nor-
mandie :
Bons cevaliers fu, et crueus
Larges, sages, visites et preus (prompt).
Pb. Mouskes, MS. p. 412.
Ce mot semble exprimer, dans le vers suivant,
cette fierté noble et louable qui naît du courage, de
la sagesse, etc. Peut-être aussi la dureté qui accom-
pagne la vertu trop austère :
Se sage il est, et s'en monstre crueulx.
Contrcd. de Songecr. fol. 154, R*.
(1) On disait au xiiF siècle, au sens de non apprêté : « Et quan qu'il i aura de cuirier cru es charrettes. » {Livre des
Métier.f, 280.) De même dans Froissart (II, 169) : « Ains faisoient solers de quir, tout crus atout le poil. » (n. e.)
(2) On lit dans Grégoire le Grand (p. 93) : « E la roche est ensi crusée Cum une maison bien ovrée. » (n. e.)
(3) On lit dans Roncisvals (p. 20) : « Cruez hom est Rolant. » (N. e.)
CR
— 415 -
eu
VARIANTES :
CRUEUS. Ph. Mouskes, MS. p. 412.
Crueux. Coquillart, p. 183.
Crueulx. Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 109, col. 1.
Cruieus. Jeh. de l'Escur. Rom. de Fauv. fol. 62.
Crieux. Gloss. sxir les Coût, de Beauvoisis.
Creus. Poës. MSS. Vatican, n" 1490, fol. 7G, R".
Cruex. Beauman. p. 8.
Cruiex. Sig. du Jugem. MS. de S. G. fol. 25, R°.
Crueusement, adverbe. Durement •■ Philippe
<■ de Valois a monstre sa felo:iielropt'i/rù;j<SÉîmeK/. ■■
(Foi.ssarl, livre I, p. 117.) On lit à la marge:
« Peut-être qu'il y (•Antcriteuscnient (1) : duquel mot
■< les anciens usent souvent pour cruellement.
« Toutesfois La Chaux dit cruellement. »
Por ce que me moquoie avant
Fu navrez plus creunemait
Fabl. MSS. du R. n- IHH, fol. 355. V" col. 1.
VARIANTES :
CRUEUSEMENT. Labbe, Gloss. p. 490.
Creusement. Fabl. MSS. du R n» 7218. fol. 361, V" col. 1.
Crukument. Chans. Fr. du X1I1« siècle, ch. 352, fol. 283.
Croieusement. Borel, Gloss. de Beauvois.
Cruyerement. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 291.
Curieusement. Fioissart, liv. 1, p. 117.
Cruis, i" pei's. du prêter, intl. .(e trouvai.
Crujon, subst. masc. Petite cruche (2). C'est le
sens propre de ce mot, et l'on dit encore en Norman-
die cruchon dans ce sens. Comme nous nous servons
encore du mot cruche pour désigner un sot, un
imbécile, un homme qui a la léle mal faite, dans un
sens figuré ; de même, » quand les Poitevins veu-
« lent exprimer une tête mal faite (dans le sens
« propre) ilsse servent du mol cruJon{3). ■■■ (LcîUich.
sur Rah. t. I, p. 58, noie ir> ) C'est encore ilaiis ce
sens qu'on lit: « 11 y a prooez indécis qui tourmente
« bien les juges, d'un qui a dit à son voisin qu'il
« avoit la tête faite comme une fourche ; se delîen-
« dant, il jure l'avoir dit ainsy qu'on parle commu-
« nement, quand on reproche à quelqu'un qu'il a
« la teste faille comme un crujon, ou comme une
« courge, ou comme une boulée. » (Bouch. Serées,
liv. 1, p. 298.)
Ce mol, selon Cotgrave, se disoit d'une .chose
ronde, et p;irliculièrement du crâne de la tête.
VARIANTES (4) :
CRU.ION. Bouchet, Serées, liv. 1, p. 298.
Cruon. Rab. t. III, p. 46, et la note 12, p. 47.
Crulure. [Intercalez Crulure , criblures, au
reg. JJ. 109, p. 3i7, an. 1376: « Jehan Thomas
« tantost prist do la crulure el hauton de son blé
« el le gela en ladite entremye dudil molin, pour
« le faire moldre avec le ble de Jehan Garlet.»](N.E.)
Cruppée, subst. fém. Coup sur le dos. Propre-
ment sur la croupe.
Et aux bardeaux portans espées
Comme terribles applicquans
De nuyt trois ou quatre rriippées (5) ;
S'oii les trouve par les clicquans.
MoliiKl, Testam. p. 192 et 193.
Crustemenies, adj. fém. plur. On disoit poires
eliiommes crustemenies, pour poires el pommes de
bon chrétien. ' Vous mangerez poires et pommes
» crustemenies, berguamottes , etc. » (Rabelais,
t. III, p. 73. Voyez note Pi, ibid.)
Crux, adj. Cru, en latin crudus. (Glossaire de
Labbe, p. 497.)
Gruyse. rinlercalez Cruyse, tessons de cruche
{cruye): « Encloez le en une chartre bien obscure,
■' et li mêliez cruiises fort agues, et ses piez li
•> encloez en un fiist, et soit eslendus sur les
>' crutjses. « (Du Cange, II, 072, col. 3.) (n. e.)
Guauldre. [Intercalez Cuauldre, recueillir, aux
preuves de l'Histoire d'Auxerre (p. 111, col I,
an. 1305): « Tous les blez el vins que ils cuaut-
« droient en tous leurs héritages. "] (n. e.)
Cubarie. [Intercalez Cubarie, cellier, au reg.
JJ. 12;;, p. 181, an. i;^83: « Lequel Choucial s'enfouy
« en la cubarie dudil liostel et par la court, en
« cuidant s'en aler dehors. »] (n. e.)
Cubel, sulist. masc. Tonneau. Mot du patois
d'Auvergne, (Du Cange, Gl. L. au mot Cubellmn.)
Nous l'avons déjà remarqué, le b et le v sont lettres
de même organe. De là, Cubel pour cuvel, petite
cuve.
Cubiculaire, adject. Où l'on couche. Lit cubi-
culaire. (M. de La Porte.)
Cubiculaire , suhst. masc. Chambellan. Du
latin cubiculum, chambre. (Chroniques fiançoises
MS. de Nangis, an 1345.) On lit chambellan, au
même passage, dans la Chron. S. Denis. Rob. Est.
dans' son Di'ct. rexpli(iue par valet de chambre,
conformément à son élymologie latine.
Cubie, subst. fém. Sorte de plante ou de fruil.
Peut-èlre la cubébe, fruit des Indes. On lit, en par-
lant de l'ile S. Thomas :
Là croist li pritre (la pyrite) et la cubie
Le gingenbres et la turmie.
Kabl. MSS. de S. G. fol. 6i, R" col. 3.
Cubinens, adj. Convoilable. Mot gascon. Louis-
le-Jeune reprochoit à Eléonore de Guienne, sa
femme, qu'elle étoit :
Malostruge (malotrue) et non cubinens.
Ph. Mouskes, MS. p. Ifli.
Vostre amors m'ataing,
Tant est cubiuenle.
Pots. MSS. av. 1300, t. 11. p. 902.
(1) i( Li rois regarda sus euls moult crueusement. » (Id., V, 214.) De même au reg JJ. 161, p. 161 , an. 1406: « Tous les
trois frères ensemble le bâtirent et navrèrent moult crueusement. » (N. E.)
(2) C'est un diminutif de cruye (.)J. 187, p. 328, an. 1458) : « Icelle .lehanne print sa cntije ou bouteille, pour aler à l'eaue
en une fontaine. » (N. e.)
(3) On peut lire ceuioM, comme d'Aubigné. (Baron de Fœneste, III, 3). Le Poitevin emploie cnigoti et cnjon. (Favre,
Glossaire.) (N. E.)
(4) On trouve aïissi crwjeon (.IJ. 199, p. 519, an. 1464) : « Denis du Vergier vint quérir de l'uylle... et en s'en retournant
ung crugeon d'uylle en un sac à son col. » (N. E.)
(5) « Le suppliant dist à icellui Perceval, que s'il aloit à lui, il lui donroit une cruppée d'un baston moyte qu'il tenoit. »
(JJ. 189, p. 492, an. 14œ.)(N. E.)
eu
— 416 -
eu
Cubite, siibst. féin. Coudée. Josué défendit aux
Isrtiëlitcs >' d'api)roL'.lier de l'arche à plus de 'idO
« cnhites d'espace. » (Tri. des IX Preux, p. 5.)
Cucé. [Intercalez Cucc, caclié, dans la Cliron.
des ducs de iNorniandie (v. lO'ît'/):
Repost e curé e mucié.] (n. e.)
Cuchoii, suhst. maso. Les paysans de Bresse se
servent de ce mot pour sisinitier un tas, un monceau
de foin, une meule. (Du Gange, Gloss. Lat. au mot
Vucho.)
Cucuaiilt. [Intercalez Cucimult, mari complai-
sant (.1.1. HK), p. '203, an. 14(53) : « Cardin Tholomer,
« en appelant le suppliant ciiviiaitlt , et lui disant
« qu'il alast garder sa femme. »] (.n. e.)
Ciicube, subst. [cm Sorte de plante. La lor-
telle ou le velar. (Dict. d'Oudin.)
Cuciicie, siihst. fém. Viol ou rapt (1). (Du Cange,
(;i. L. au mot Ciicucia, sous le mot Ciigus.)
Cucule, suhst. fém. Cape*. ï'Yoc^. Capuchon'^.
Femme de mauvaise vie °.
* Au premier sens, ce mot désigne un habille-
ment ancien, fait en forme de cape. L'usage de
porter des habits rebordés sur le cou et sur les
manches de peaux rouges, teintes de gueules, avoit
fait nommer cette espèce de cape c;/(;((/c, du latin
cusculium, graine d'écarlate ('2). (Dict. Univ.)
^ Dans la suite, on appliqua le nom de cucule h
la chape, au froc des moines. (Dict. Univ.) Les
religieuses portoient aussi des cucules. « Sœur
» Vénérande, qui estoil la plus âgée de toutes, se
" mit au milieu de la place, et tirant de sa cuculle
» une petite esguille de Damas, laquelle y estoit
<■' attiichée, levasses robbes. » (Nuicts de Slrapar.
t. II, p. 52.)
■^ On remarque plusd'analogie entre l'étymologie
de ce mol et sa signillcation, lorsqu'il désigne le
capuchon rouge que les cardinaux portent sous
leur chapeau. " A l'entrée de Charle-Quint dans
« Paris en 153'.J, les cardinaux esloient vestus de
« leurs cucules, et chapeaux rouges sur mulles
« houssées de mesmes. " (Mém Du Bell, t. VI, p. 436.)
° Enfin cuculle, dans le sens de femme de mau-
vaise vie, paroit venir de C!/f((, orthographe de cocu.
(Voyez ce mot.) « Juvenal dit que quand homme
" paist une cuculle, ou meretrice (3), la femme paist
<' une nouveau paillarl, et aussi est ce la nature du
<' coucou, quand il treuve le nid des autres oyseaulx
<• garnis d'œufs, et l'oyseau n'y est point, il se assiet
« dessus et les couve. » (Nef des folz, f° 47.)
VARIANTES :
CUCULE. Nef des fols, fol. 45, V».
Cuculle. Nuits de Slrapar. t. V, p. 5.
Cucnl-puyon, suhst. masc. Espèce d'oiseau.
Peut-être le coucou.
.... .le ne semble pas l'oysel
Que l'on clame cticul-puyon tel
Gace de la Bigne, des Déduits, US. fol. lOil, V.
Cucuser. [Intercalez Cucuser, débaucher une
femme (.1.1. Ml, p. 38, an. 1377): « Pierre le Duc
>' disl à ses quatre compaignons, qu'il tray à part,
« ces paroles ou semblables: celui Boyu qui s'en
« va, est cil qui m'a cucusé de celle meschine que
« vous savez. »] (n. e.)
Cude, suhst. fém. Enceinte *. Ceinture ^.
* On trouve cuda, synonyme de fossatum, fossé,
dans le C.l. L. de Du Cange. D'où l'on a dit cude
d'une ville pour signifier son enceinte, proprement
les fossés qui l'environnent. Du moins semble-t-il
qu'il faille l'entendre en ce sens, dans ce passage :
i< Les sergens, et messaigiers des dis conssous
« (consuls) pourront lever, du mandement des
« dis conssous, les lailles, et communs imposez, et
« imposer aux habitans des dis chastels et ville par
« les dis conssous ; et pourront crier et faii'e crier
» par la cude [lisez cride ou crie (voy. Criage)] de
« la dicte ville, de leur propre auclorité, sans
« autre requerre , ne demander, les choses et
" causes appartenant à leur consulat, et pour les
« réparacions des dis chastel et ville. » (Ord. t. V,
p. 70.'î.) L'éditeur ajoute : " Peut-être les cris ei
« proclamations publiques se faisoient-elles sur le
« rempart autour de la ville. »
^De là, vraisemblablement, c!/de, au figuré, pour
ceinture. <> Avec un petit présent d'une ceinture
« que les fi leurs de soye nomment une cude, elle
« reporta la fourchette au bon père, luy disant
" qu'elle étoit bien tenue à luy. » (Moyen de parv.
page 334.)
Cue, suhst. fém. Queue (4). Vaisseau à mettre du
vin. Sa mesure varie suivant les lieux. (Dictionn.
de Monet.)
variantes :
cue, cueue.
Cueillante, suhst. fém. Récolte. Il paroit que
c'est le sens de ce mot dans ce vers : ■
Car il fu de maie cueillante.
Geofr. de Paris, à la suite du Rom. de Fauv. fol. 54.
Cneillette, suhst. fém. Récolte *. Collecte ^.
Recrue '^.
* Ce mot, dans sa signification propre et générale,
désigne l'action de cueillir, ramasser ; levée, d'où
cuillete pour récolte, levée de grains (5). « En quel
« temps sera la euil'ete ? à my-juillet, respondit le
« laboureur. » (Rabelais, t. IV, p. 190.) Cueilette
subsiste encore dans ce sens.
(1) C'est un mot espagnol. (Du Cange, II, 689, col. 3.) (n. e.)
(2> L'étymologie est le latin cuculliis, employé par Martial (XI, 99, 10) : « Non te cncullis asseret caput tectum, » et par
Juvénal (VllI, "141) : « Tempora Santonico vêlas adoperta cucullo. » Ces vêtements, empruntés à l'Illyrie , furent donc
fabriqués en Gaule, (n. e.)
(3) Est-ce une aUusion à Messaline « Ausa Palatino tegetem prœferre cubill , Sumere nocturnes meretrix .Vugusta
cucvUos. ;> (VI, 118.) (N. E.)
(4) C'est aussi l'orthographe au sens propre : « Blanche la cxte, et la crignete jalne. » (Roland, v. 1655.) (n. e.)
(5) On dit aussi du vin (JJ. 100, p. 279, an. 1369) : « Les vignes du finage de Brines en Berry estoient à vendenger, les
fruiz d'icelles venuz à meurté et presque en état de cueillete. » Beaumanoir (XLIV, 34) donne coilloite. n. e.)
eu
- 417 —
eu
° Ce mot a élé employé pour collecte, levée de
deniers, suivanl la Coût, de Bretagne, citée par
Laurière. « Le seigneur de tlef peut contraindre ses
« sujets solvables à la faire; ils doivent repondre
« des deniers. » (Gloss. du Dr. fr.)(I)
^ Enfin cueillette a signifié recrue, levée de trou-
pes. « Le jeune sire de Gommegnies qui se desiroit
» avancer (luy revenu en Haynault) lit une cueil-
« lette (2) d'aucuns compagnons : et se boutèrent
» plusieurs hommes d'armes en sa roule (compa-
>< gnie), et dessous son pennon. » (Proissart, liv. 1,
p. 237. — Voyez ci-dessus Acculite )
VARIANTES :
CUEILLETTE. Coût, de Bret. cité par Laur. GL du Dr. fr.
Ceillaitte et Cuilliaite. La Thaura. Coût. d'OrL p. 467.
CuEiLLETE. Le .louv. MS. p. 78.
CuEiLLAiTTE. Anc. Cout. d'OrL Beauman. p. 467.
CuEiLLOiTE. FabL MSS. du B. n» 7'21S, foL 62, V° coL 1.
CuELLETTE. Ord. des R. de Fr. i. I, p. 73.
CuiLLETE. Rabelais, t. IV, p. 190.
CuiLLAiTE. Cout. de Bret. citée par Laur. GL du Dr. fr.
Cuilliaite. La Thaum. Cout. d'Ôrl. p. 467, tit. de H83.
Ceillaitte. Cout. Anc. d'Orl. Beaumann. p. 467.
Cueilîeur, sh/^s/. jhasc. Collecteur (3). Celui qui
fait la cueillette ou collecle des droits d'une foire
ou marché ; » Les cueilleurs du lieu des halles
« n'en pourront rien louer, hors des couvertures
« des halles au poisson : et s'ils font le contraire,
» ils doivent payer cinq sols d'amende, toutes les
" fois qu'ils en seront atleints. » (Ord. t. II, p. 358.)
On disoit, au même sens, cueilleurs de pecune,
pour collecteur des impôts. (Chron. fr. mss. de
ISangis, an 1292.) (4)
Cueilli, ;ja?'<ic. Arrangé, ajusté. Ce molsubsiste
dans le sens propre. On lit, au figuré : « Elle .sera
« toujours coincle (pour propre), jolie, et bien
« cueillie (ô). » (Arr. Amor. p. 241.)
Cueilliere, subst. fém. Terme de coutume. Il
signifioil proprement une certaine mesure de grain
qui se cueilluit, qui se prenoit sur les grains appor-
tés dans un marché. " Lequel cens se comprend
« d'une certaine cueilliere, ou mesure de tout le
" grain q\ii se vend en la dite ville. » iMémoires
tie Bassonipierre. t. 1, p. 5.) » Pour la part démon
« trisayeul, échurent les terres de Rosières, Puli-
<■' gny , etc avec la cueilliere Ae la mesure,
» comme au l'eingrafï échut la bague ; et au
i' seigneur de Crouy le gobelet. » (Ibid'. p. G.)
On trouve dans le Coul. Gén. (t. I, page 1251)
l'exemption de la culliere à la halle aux bleds, au
figuré varioient presque
nombre des privilèges accordés aux liabitans de
Bruxelles.
VAWANTES :
CUEILLIERE. Mém. de Rassomp. t. I, p. 5.
Culliere. Nouv. Cout. Gén. t. I, p. 1251, col. t.
Cueillir, verbe. Cueillir, recueillir, prendre, re-
lever* (6). Plisser, plier^. Assembler"^. S'amasser°.
* Ce mol subsiste dans le premier sens, qui est le
sens propre. On disoit autrefois :
Pour çou (ce) que j'ai bone amor
Keudrai la violete au jour.
Baude de ia Keierie, Poos. MSS.
Nous rassemblerons à la fin de l'article les ano-
malies de ce verbe. 11 conserve encore quelques
acceptions figurées , m;iis on ne dit plus :
Quant désir en regart queil
Durlé vient dont je me meiL
Eusl. Desch. Poës. MSS.
Les nuances de ce sens
à l'infini. On disoit :
1° Cueillir les napes et ramasser, pour desservir.
(Percef. vol. I, fol. 13î.i (7)
2° Cueillir ses draps entour soy, pour s'envelopper
dedans. (Percef. vol. I, fol. 135.)
3» Cueillir du plaisir pour s'amuser, prendre
plaisir." Livres esquelson peut cueillir quelque
« plaisir. » (Nuicts de Strapar. t. I, épit. p. 2.)
4° Cueillir de l'orgueil, pour prendre de l'orgueil,
s'enorgueillir. « Si grant orgueil cueillit que" trop
« estoit baude et hardie. » fChron. S. Denis, t. I,
fol. 36.)
5° Cueillir cueur et hardement, force et harde-
ment. pour prendre courage, s'enhardir. // cueilly
force et hardement. (Histoire de B. du Guescl. par
Mén. p. 232.) « Depuis luy envoyastes-vous l'escu
» au chef de géant, là ou vôstre figure est au dessus,
« qui l'a gardé de touz perilz, car la cucilloit cneuv
« et hardement en touz ses faitz. » (Percef. vol. II,
fol. 82.)
6° Cueillir un chemin, pour prendre un chemin.
Si a colti son cemin (chemin)
Très parmi le baus foilli (bois feuillu).
Fabl. MSS. du R. n» 7980.
7° De là, cueillir une voix, au figuré, pour pren-
dre un parti, se déterminer. « Le floy demoura
« fort pensant comment il pourroit savoir la vérité
» toutes fois cucillc-'û une voix, etc. >■ (Pei'ceforesl,
vol. V. fol. 100.)
8° Cueillir venaison, pour devenir gias, prendre,
ou, comme l'on dit en ternies de chasse, charger sa
venaison, en parlant du cerf. « Les chevreuils ne
(1) Voyez aussi les Ord., V, p. 495, an. 1360. Un reg. de la Chambre des Comptes avait pour titre ; « La miemUeile de
10000 pans, que la ville de Paris paye pour la chevalerie du roy Loys, fils le roy Philippe le Bel, l'an 1313. » (n. e )
(2) On trouve plutôt cueilloile (éd. Kervyn, III, 2i) ; » Et se mist un jour en le compagnie et cueiiloile de pluiseurs bons
chevaliers desquels Jehans de Hainnau estoit li chies. » On trouve quellmte correspondant à qucuillette : « Ces saudovers
quant il orent fait lor quelloite, ils misent ensamble bien deus cens bestes. » (IH, 254.) (N. e.) '
(3> Le reg. JJ. 133, p. 123, an. 1388, donne citeUteleur, et le cart. 23 de Corbie. an. 1391, cuelieur. (n. e.)
(4) On disait proverbialement pour gens mal vêtus cueiUcur de pommes (Rabelais, PaïUagrue!, III, prol.) et ci'eilleur
prunes (Desperiers, 70' Conte) : « Il s'en alioit par les rues, tantost habillé en marinier, tanto.st en magister, tantost
cueilleur de prune-^, et toujours en fou. » (N. E.)
(5) Ce sens se retrouve dans Perceforest (t. I. fol. 21): « Veslus de toile blanche et déliés , cueillie à l'entour d'eux si
mignotement que c'esloit merieilles à veoir la beaulté de leur vesture. » (N. e.)
(6) Et même accueillir : « Uns toiermens (tourm.-nte) le prist et ctwilla sus mer. » (Froiss., IV, 211.) (n. e.)
(7) <r Adonc fut temps de n.nppes oster ; si les cueillu-ent escuyers et sergens : après se levèrent dames et damoiselles et
chevaliers. » (n. e.)
de
en
rv.
53
eu
418 —
eu
« cueillent pas trop grand venaison, si ce n'est par
« dedans. » (Fouilloux, Vénerie, fol. !)9.)
9° Cueillir le vent, pour prendre l'air, respirer.
X Osta son heauline et abbatit sa ventaille pour
« mieux cueillir le vent, car il avoit eu trop de
« chault. » (Lanc. du Lac, t 111, fol. 18.)
10" Cueillir quelqu'un en haine, pour le prendre
en haine, le h;iïr. •• Les François avaient cueilli
« en grande liaine Perchemme. » (Chron. S.Denis,
t. I, fol.30,\°.)(l)
11" Cueillir l'eau, pour prendre, puiser leau.
« Ceux du chastel faisoient souvent de grosses
« escharinouches aux Poiclevins, et spéciallement
« à celle heure que ceux du chasleau cueillaient
« leans (lisez l'eaue) pour eux et leurs chevaux, qui
« n"en avoienl point s'ils ne la prenoient à la
" rivière. » (Hist. de Louis 111, duc de Bourbon,
page 169.) [Edition Chazaud, p. 138.]
12° Cueillir sa robe, pour la retrousser, la rele-
ver. " Faites votre robbe cueillir. » (Petit J. de
Saintré, p. 88 ) « En passant, attaindit la chemise
« de la pucelle aux deux dragons, et la cueillit de
« ses cornes. » (Percef. vol. VI, fol. 57.)
Cueillir est aussi mis pour relever dans ce pas-
sage : « Quant ce vint à l'approcher, Lionnel baisse
« sa lance, et va cueillir la ventaille du heaulme,
" et luy rompt le laz, et emporte son heaulme
« emmy le camp. » (Percef. vol. I, fol. 108.)
On dit encore relever une chose, pour la prendre
en mauvaise part C'est en ce sens qu'il faut enten-
dre le mot cueillir dans la Jaille du Champ de Bat.
fol. 59, où, à propos d'un jeune homme qui avoit
jeté le gage de bataille imprudemment, ses parens
prient "le prince de cueillir ce cas légèrement
advenu d'abresec, de juger que ce cas est arrivé
par l'imprudence d'un jeune homme, et de ne pas
le relever trop vivement.
13° ?\"ous disons aussi cueillir une taille. On
disoit autrefois cueillir des debtes, pour les faire
rentrer, en exiger le payement. (Ord. t. 111, p. 471.)
Les autres slgnilicalions de ce mot ne sont que
des applications plus marquées de son acception
propre.
^ Ce mot semble mis pour plisser, dans les passa-
ges suivans: « Vestus de toille blanche, et déliée,
» cueillie à l'entour d'eulx si mignotement que
" c'estoit merveilles à veoir la beauté de leur ves-
■< lure. •> (Percef. vol. I, fol. 21.) [Voyez plus haut
Cueillie.]
Il est employé pour plier dans cet autre endroit :
« Et le chevalier qui tant avoit aydé à monseigneur
« Yvair, dit qu'il ne laissera devant qu'il soit
« guary ; et si fait cueillir le pavillon à son neveu,
" et une coutle pointe bien riche: car il pense bien
» ([ue meslier il aura du pavillon, se gésir (coucher)
« le convient hors de la ville. » (Lanc. du Lac, 1. 1,
fol. 149.)
'^Cueillir signifioit aussi assembler. Il paroit que
c'est le sens de ce mot dans ce passage : « L'office
'• de ceux qui sont establi pour le guect cuillir (2),
" serasouppendu, et autres. " (Ord. t. I, p. 253.)
"Delà, enfin, ce mot est pris pour s'amasser,
dans une signification absolue et toujours figurée :
■■' Les mousches en sont tant friandes que merveil-
« les, et se y cueilliroyent facillement, et y feroient
« leur oidure. >• (Kab. t. II, p. 149.) On lit da!;s ce
même sens : « .Nous firent venir de l'ost (l'armée)
" de la viande à menger ; c'est assavoir des
« bignetz de fromage roustiz au souleil, afin que
» les vers n'y cuillissent. » [Joinv. p. 75.)
Co.NJUGAISON :
Cueil, impér. Cueille. (Eust. Desch. Poës. mss.)
Cueildras, futur. Cueilleras. (Chron. S. Den. 1. 1.)
Cucitlus. part. Cueilli. (E. Desch. Poës. wss. f°277.)
Keue, ind. prés. Je cueille. (Poës. mss. Vatican,
n°1490.)
Kielt, ind. prés. Il cueille. (Ch. mss. du C" Thib.)
Kieudra, futur. Cueillera. (Chans. mss. du C" Thib.)
(Jueil, indic. prés. Je cueille. (Eust. Deschamps.)
Quell, indic. prés. Il cueille. (Poës. mss. Vatican,
n° 1490, fol. 75.)
Queudra, fut. Cueillera. (Poës. mss. Vat. n» 1490.)
Queudront, futur. Cueilleront. (Eust. Deschamps.)
Queult, indic. prés. 11 cueille. (Eust. Deschamps.)
Queul, indic. prés. Il cueille. (Thib. de Navarre.)
VARIANTES :
CUEILLIR. Crétin, p. 255 ; Borel, Dict.
CuELLiR. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 212, R» col. 2.
Cuillir. Joinville, p. 75.
CoiLLiR. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. I, fol. 119, V» col. 2.
QuEiLLiK. Eust. Desch. Poës. MSS.
OUELLIR. Poës. MSS. av. 1300.
QuEUDRE. Ord. t. I, p. 601; Chans. MSS. du C» Thibaut.
QuEULDRE. Eust. Desch. Poës. MSS.
Keudre. Poës. MSS. Vat. n° 1490.
KiEUDRE. Chans. MSS. du C" Thib.
Oueulder. Froiss. liv. III, p. 48 ; Rab. t. I, p. 176.
QUEDER.
Cueirier. [Intercalez Cueirier, échevins, juges
des affaires civiles (Ord. IX, p. 585, an. 1410):
« Seront faiz et créez de par nous jusques à vint
" quatre eschevins et encriers pour le gouverne-
« meut d'icelle nostre chaslellenle. » Le tribunal
était dit euere et les justiciables cuerfreres et
cuerseiirs.] (n. e.)
Cuellée , subst. fém. Assemblée séditieuse ,
émeute. Du verbe cueillir ci-dessus, assembler. On
lit dans le CI. lat. de Du Gange, au mot Collecta, 4 :
« Cil amendera pour tous les laids (injures) et pour
« tous les forfais, pour la cuellée qui aura esté
« faite (3). •• On dit aujourd'hui levée de bouclier, à
peu près dans ce même sens.
(1) On lit aussi dans Froissart (l.K, 53) ; « Si ne fu mies li rois de Navarre trop resjoys de ces nouvelles et en queilla en
flm/i( /laiyjîe le roy de France. (N. E.) . o.n v r^ ,,
(2) « Anisi qu'on chasseroit ung foucq de bestes qui sont cueillies devant une place. » (Froissart, XIV, 312.) On 1 emploie
aussi au moyen : « Si se cueiUièrenl secrètement tant quil furent bien cinq cens armeiires de fier. » (Id., III, 76.) (N. E.)
(3) Coutume d'Amiens Au sens de rassemblement , Froissart écrit : « Ces gens darmes fisent lor '/twlloite de
compagnons, n (III, 17.) (n. e.)
eu
— 419
eu
Ciier, siibst. masc. Cœur*. Ame, sentimens^.
Confidence, intimilé *=. Favori, coiificlent, ami °.
Esprit, entendement, mémoire^- Cliœur''. Cuer el
cuers, dans S. Bernard, répondent aux mots cor,
animus, anima el mens.
*Ce mot, qui subsiste au premier sens, sous l'or-
thographe cœur, diffère cependant par l'usage qu'on
en faisoit, dans grand nombre d'expressions qu'on
peut voir f> la fin de l'article. Nous disons encore
avoi7' à cœur une ctiose pour la désirer, et c'est en
ce même sens qu'on lit ;
Hons que femme a en cuer, cornent aroit mesaise ?
Fabl. MSS. du R. n» 1015, t. I, fol. 99, V» col. 2.
Quoiqu'on s'en serve aussi pour signifier le sein,
cependant on ne pourroit plus dire: « Dieu con-
(' forta nature d'onime quant il entra ou cuer de
« Vierge Marie. » (Modus et Racio, ms. fol. 70.)
Cœur se dit encore, au figuré, du milieu de cha-
que chose. Mais les façons "de parler suivantes, où
ce mot a cette signification, sont tout à fait hors
d'usage : En droit cuer de saison, pour au milieu
de la saison. (Chasse de Gast. Phéb. .ms. page 18.)
On disoit aussi au cueur de saison. (Gace de la
Bigne, des Déd. .ms. fol. 100.) Cuer de haije, pour le
milieu d'une haye, peut-être ce qu'on appelle
le fourré. (Modus et Racio, ms. fol. 03.) En cuer
d'yver, pour au milieu de l'hiver. (Eustache Descli.
Poës. MSS. fol. '203.) Ou fin cueur, pour au milieu,
au beau milieu, comme l'on dit encore vulgaire-
ment. « Le chastel de Montlehery qui est ou fin
« cueur de la France. » (Joinville, page 10.) De là,
l'expression cuer d'un château, peut-être le château
même, étant ordinairement placé au milieu de la
terre qui en est dépendante. « Se li bers (baron)
« fet semondre ses hons li prevos les doivent
« amener de chacun ostel au commandement leur
« seigneur el cuer du chastel, et puis s'en doivent
« retourner. » (Ord. t. I, p. 152.)
"Le cœur reçoit l'impression des passions de
l'âme ; de là, ce mot pris encore aujourd'hui pour
signifier l'âme même; mais il n'exprime plus,
comme autrefois, ses différentes affections d'une
manière aussi générale el aussi absolue. H s'em-
ployoit pour tendresse, amour, haine, dépit, joie,
chagrin, désir, intention, volonté, crainte, cons-
cience (1), etc. C'est en ce dernier sens qu'on lit :
De çou que li cuers se remort (se reproche).
Fabl. MSS. du R. n- 761.5, t. I, f 104, V° col. 2.
Ce mot est mis pour crainte, pressentiment en
général. » 11 avoit plusieurs l'ois commandé que
<' l'en fist celé feneslre freillier (griller), pour les
<• enfans, car le cuer li disoit qu'eîe feroit damage. »
(Gonlin. de G. de Tyr, Martene, t. V, col. C45.) « Le
" CMei/r luy jugeoit que c'etoit le chevalier à l'es-
« pervier qu'elle aimoit si parfaitement, et d'autre
« part elle doubtoit, etc. » (Percef. vol. lil, fol. 7.)
On a employé CMer pour désir, volonté, intention,
comme dans les passages suivans :
Certes, fait il, par malves (mauvais) cuer
Avons gité nos bacons (nos lards) puer.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 53. V» col. 3.
Celi qui me gardoit de fors,
Mais autre cuer avoit ou cors.
Fabl. MSS. du R n- 7615, fol. 69, R- col. 1.
.< Avant que nous départons, on verra ce qu'ils
» ont sur le cueur, etc. » C'est-à-dire qu'elle est
leur intention. (Le Jouvencel, fol. .58.) « Il vous a
« dist, et bien montré ce qu'il avoit sur le cueur et
« a dit qu'il est délibéré, etc. » (Le .Jouvencel,
MS. p. 171.)
Les chevaliers faisoient autrefois des vœux à la
veille des batailles et des tournois. Un, entre autres,
fui celui d'accomplir les ordres que lui donneroient
douze demoiselles, et s'engagea de gagner, à force
d'armes, ce qui feroit l'objet des désirs de chacune
d'elles dans le tournoi, « d'avoir à toutes douzes
» leurs cœurs accomplis, el leurs désirs. » (La
Colomb. Th. d'honn. t. T, p. 188.)
Cuer a été mis pour chagrin, peine. De \k, couvrir
son cuer pour cacher sa peine. « Quant .lohan
« d'Ibelin aperçut ces choses, il n'en fi-t semblant,
« ains couvri son cuer. » (Contin. de G. de Tyr,
Martène, t. VI, col. 712.)
On disoit aussi de cuer noir (2), avec peine, avec
chagrin.
Et si ne vous puis veoir
Fors d'iex (les veux) clos et de co'ur noir.
Chans. MSS. du G" Thibaud, p. 59.
Cueur a signifié joie, comme dans celle expres-
sion, à cueur, avec joie, de bon cœur. « Là se
« rencontrèrent ses ennemis, el luy,.... et s'esver-
« tuèrent et employèrent les archiers « cueur par
« telle façon, etc. « (Le Jouv. f° 33.) Le peuple dit
encore, en ce sens, à cœur joye.
Ce mot a été mis pour dépit, haine, envie. Il
semble qu'il faille enlendre le mot cuer, en ce
dernier sens, dans ces vers :
Mes il a de citer sens chargié,
Il ne veut pas ce que je vueil.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 350, V- col. 1.
Il exprime la haine, le dépit, dans les expres-
sions suivantes :
Els passer, le cuer en lor l'entre.
Hisl. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 70, V".
Si eurent les Anglois gros cueur
A cause de ceste journée.
Vig. de Charles Vil, 1. 1, p. 94.
Avoir le cœur gros contre quelqu'un signifioit,
comme aujourd'hui, être irrité, être en colère. « Il
« n'osoil parler au prince pour ce que le dit
« prince avoit le cueur si gros encontre luy. »
(Hist. de B. du Guesclin, parMénard, p. 278.) Cœur,
en ce dernier sens, est pris dans le sens propre.
Enfin ce mol s'est pris pour tendresse, amour,
inclination. C'est en ce sens qu'on lit : « Se com-
(1) Et même force : « Cest dur aurez à vostre part que il est bon à cuer tenir (Renart, v. 21448), c'est-à-dire donner de la
force. (N. E.)
(2) Au même sens, on disait sor cuer : « En duel, en poverte, en deshet, Sor cuer tos jors et en aguet. » (Partonopex,
V. (169). (N. E.)
eu
420 —
eu
« plaignoit Bathides a elle que le roy son père ne
« l'avoitsoulTert marier à une damoiselle qu'il avoil
« amenée d'eslrange terre ; mais la royne le clias-
« tioil (corrigeoil, reprenoil) de paroles, en disant,
« beau nepveu, qui son cuciir cioyt, k toute heuie
« aucunement ne peult eslre ([u'il nefoUie. » (Perc.
vol. IV, fol. 9.)
.... James ne vous diroie
Mon cuer fors que par chansons.
Adans li Bucus, l'ocs. fr. MSS. aTanl 1300, l. IV, p. (39K.
Que chascuns disl son cuer sans trecherie,
Chou doivent faire et amis et amie.
Poês. MSS. Vatican, n- 1490, fol. 1 U!, V'.
'^ Le mot cœur s'élant pris pour inclination (1), a
pu signifier aussi la confiance qu'elle produit entre
deux' personnes qui s'aiment; et, de lu, pour con-
fidence :
Car el n'esloit pas de leur cuer,
N"au secré conseil apelee.
Hist. de Fr à la suite du Rom. de Fauv. fol. 83.
° De là, aussi, ce mot s'est appliqué à l'objet
même de notre amour, attachement ou affection et
de notre confiance, el l'on a dit cueiir pour favori,
ami, confident (2). « Le comte d'Angles estoit,
« pour celuy temps, le cueur et tout le conseil du
« roy : et le roy n'avoit homme en tjui il eust par-
« faille fiance fors en luy. » (Froissart, livre II,
p. 301.) « Le comte de Foix eul un beau fils, qui
« estoit tout le cueur du père et du pa'is. » (Id.
liv. m, p. 23.)
^ En supposant, comme l'on a fait, que les prin-
cipales parties de l'esprit résidoient au cœur, ce mot
s'est pris souvent pour l'esprit même, entendement,
jugement, mémoire. « Celuy qui souhaitoit que
« nous eussions une feneslre au cœur, pour mani-
« fesler l'intérieur de nos pensées, eslimoit que là
» estoit la resseance (la résidence, le siège), de
« nostre esprit ; comme aussi les passages de l'es-
« criture qui dienl in corde cogltationes. semblent
» nous enseigner le semblable, et quant les Latins
« usèrent de'ce mot recordari, qui vient de cor, et
« ïiosVvanço'xsidh'eniappreiidrelei^ choses par cœur,
« ils ne furent pas grandement eslongnez de cesle
« opinion, car en cedisanl, ils sembloyenl establir
« le sie^e de la mémoire au cœur. » (Leti. de Pasq.
L I, p. 582.)
Ce mot s'est dit pour jugement, intelligence :
Tex cuide avoir le cuer moult fin
Oui l'a moult povre à la besoigne.
Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. 240, V col. 1.
Cuer signifie esprit, réflexion, dans cet autre
passage :
Seignor, oiez une merveille
Que je vous veus dire el conter.
Or nietez cuer à Tescouter.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 281, V col. 1.
De Ih, cette expression lui tomba au cœur, lui
vint à l'esprit. ^ Soudain lu\j tomba au cueur que
« c'estoient ils (eux). » (D. Florès de Grèce, f" 163.)
On lit au même sens, tantost luy client au cœur,
etc. (Percef. vol. II, fol. 47.)
On disoit aussi, dans le même sens : se tuer le
cœur el le corps, pour s'épuiser le corps et l'esprit.
(Nuicts de Strapar. t. 11. p. 38(i.) C'est noire expres-
sion se tuer le corps et l'àme.
"^ Enfin cœur, cour n^ cuer ont été écrits pour
chœur ; alors il est formé du latin chorus. On lit, au
sujet des désordres des ecclésiastiques :
Ge connois tel qui a tel cuer (goût),
Plus chante au bois ne fait en cuer.
Hist. de S" Léoc. MS. de S. Gerra. fol. 29, V col. 3.
Rabelais appelle, au ^\g\iré, moulons du bas cœur,
les moutons de la plus petite espèce, et dont la
voix est la moins bonne ; par ce qu'il fait dire à
Panurge, en parlant de moulons qu'il veut acheter :
» Je trouve lîue depuis le moindre jusqu'au plus
« gros, tous chantent plustosl qu'ils ne bêlent,
" mais de grâce, vendez m'en un, fut-il des plus
« petits , el de ceux dont la voix est moins
« bonne. » (Le Duchal, note 10 , sur Kabelais,
t. IV, p. 24.) (3)
Expressions remarquables :
I» On disoit cuer dou.i; [voyez plus haut cuer fils
de ?'o/], teime de tendresse, mon cœur :
Si je vos pert, biau fm cuer donz.
Comment porrai sanz vos durer ?
Clians. fr. du xiif S. MS. de Bouli. ch. 225, fol. 210.
)i' Cuers d'orne, pour personne, pris négati-
vement :
En rendra chascun tel guerredon (récompense)
Que cuers d'orne nel poroit esprisier (apprécier).
Hues de S. Uuenlin, Po.s. .\iSS. avant 1300, t. 111 p. 1251.
3° Cuer de serpent, pour brave cœ'ur, courageux.
i> Quant le ducl'oy ainsi parler, il disl au chevalier
<i que c'estoit un fier vassal , el qu'il avoit en son
« cuer un (lvo\l cuer de serpent et grant merveille
" ot (eut) de ce qu'il avoit ainsi respondu. » (Hist.
« de B. du Cuescl. par Ménard, p. 37.)
4° Cuer de poupée se disoit ligurément pour cœur
lâche. (G. Guiarl, f» ilO.)
5» Cœur failly , pour àme basse el vile. « Voyant
« qu'ils avoieal le coc;/r /'«/'//f/. ne les voullut plus
« avoir en sa compagnie. " ^.Mém. de l'.ob. de la
Marck, ms. p. 442.)
6° N'avoir point de cueur au ventre, pour être
poltron, sans cœur. (Le Jouvcnc. ms. p. 401.)
7° Cuer à cuer on cueur à cueur signifioit adver-
bialement de gré à gré, volontairement, sous seing
privé, debonne foi. » Vente peulestre faicle par trois
" voies sur héritage : c'est assavoir, par marché fait
« cueur à cueur entre parties, ou par obligacion,
« ou parjugemenldecourtou par condemnalion. »
(Ane. Coùt.'de Bret. fol. 19.) ■• Quiconques achatera
(1) Par suite on a dit : \« De cuer. volontaireinent : « Par Dieu, qui de ciœr veut morir, Ne U pues pas longes guencir. »
(Flores et Blancetlor, v. 775.) 2» En coer, cordialement : « Ossi li plus grant partie de tous ses chevaliers estoieut en coer
englès. » (Froissart, II, 481.) Et par suHe prendre en coer, pour prendre à cœur : « Li jones contes de Ilaynau avoit si pris
en cuer ceste guerre. » (III, 225.) (N. e.)
(2i « Si li a dil : lils cuers de roi. » (Renart, v. 20503.) (N. E.)
(3) Cuer signifie aussi santé (Nuits de Slraparole, 1, p. 258) : :< Estant allé à Bergame, U trouva son maistre qu'il salua
joyeusement ; et le maistre luy rendit le salut en disant : « Que ii 1 True ? (n. e.)
eu
- 421 —
eu
<' doresenavant héritage, ou rente à vie, ou à liéri-
>' lage, partie à autre, cuer à citer, à poyer (payer)
« une foyz. ou à pluseuis, saiiz terme, ou ù termes,
" un ou piuseurs, se il adverioit que mulation de
<■ monoie lusl entre le temps de l'achat, elle temps
•' du poyemenl (payement) réal et de fait, radiateur
« sera tenuz poier au vendeur la somme que il
i> devra, à la monnoye courante ou temps du con-
« Iraut, si elle a cours au temps du dit payement,
" et sinon à la monoye lors coursable (courante). »
(Ord. t. II, p. 2rL}
8" .4 ciieiir jeun, en cueur jcung, se disoit aussi
adverbialement, pour à jeun, sans avoir mangé.
(Percef. vol. VI, fol. 127.) « Or passa le conte dOs-
« tervant en un jeudi, et s'en vint ù Cantorbie, et
" le vendredy alla veoir Saincl Thomas, a cueur
« jeun ; et y lit offrande belle et riche. « (Froiss.
liv. IV, p. 9-2.;
9" A cœur saoul, pour à l'excès, avec excès. « Le
« but de telles gens ne tend qu'à lascber la bride
" aux affeclions corporelles, pour se vautrer à
« cœur saoul, comme on dit, dans la volupté. »
(Disc, polit, et milit. de la Noue, p. G03.)
10" Aijnier jusqncs au cucr crever, pour aimer à
l'excès. •• Se vous in aijniie^jusques au cuer crever,
» si ne pourriez vous advenir à moy en nulle
" manière, car j'ayme par amours ung clievalier
« vers qui je ne faulsaroye pour riens ma foi. »
(Lanc. du Lac, fol. 119.)
11° Porter son cœur au froni . Nous disons au même
sensavoirlecœursur leslèvres.(Sag. deCh. p. 400.)
12° Avoir le cœur en bon et hault lieu répond à
notre façon de parler avoir le cœur bien placé.
(L'Amant ressuscité, p. 105.)
io" Connoitre sou cœur est mis dans le passage
suivant pour reconnoilre son erreur, sa témérité.
•< Cognent, mais trop tard, son cueur d'avoir voulu
« entreprendre de garder le pas d'une rivière contre
« une armée l'rançoise venant en sa première
« furie. " (.Mém. du Bellay, liv. II, fol. 53.)
14" Faire esclavrcir le cœur de quelqu'un, c'étoit
le tirer d'inquiétude. " l'our Dieu, si vous sçavez
« nulles nouvelles de Boort, si nousen faites nostre
« cueur esclaircir, car nous ne sçavons qu'il est
« devenu. » iLanc. du Lac, t. III, fol. 18 )
15° Faire le cueur clerc à quelqu'un, pour le
distraire, l'égayé:-. » Brief je lui en feroq son cueur
« clerc, et luy mectray hors de la marencolie. ■■
(Le Jouvenc. .ms. p. 592.)
16° Soupirer au cuer desmentir, pour jusqu'à se
trouver mal. - Soup'wer au cuer desmentir. » (G.
Guiart, ms. fol. 241, R°.)
16 bis. Le cueur d'or à larmes étoit une espèce
d'ornement que portoienl les amans par galanterie.
« Cueur d'or fait à larmes qu'il portoit pour l'amour
" d'elle, entre la chemise et la chair, affui demons-
« trer par cela sa possession, et aussi laccointance
» qu'il avoit eue avec elle. « (Arr. Anior. p. 145.)
17» On disoit aussi proverbialement : Son cueur
commence à rire au ventre de jotje, pour il ressent
une joie vive. (Percef. vol. I, fol. 107.)
IS° Le cœur leur devint foije, pour ils perdirent
courage. " Après avoir connu la fureur de la bat-
« terie, le cœur leur devint fuye, et se rendirent,
" leurs vies sauves. » (Mémoires de Du Bellay,
liv. II, fol. 46 )
19° .1 juijer de mon cueur l'autruy , comine nous
disons à juger des autres par nous-mêmes. (Apol.
pour Hérodote, p. 487.)
Proverbes :
1. Mais or, n'argent en grosses sommes
Ne vaull tant que les cners des hommes :
Car chascuns peut et doit sçavoir
Qui a les cuers, il a l'avoir (1).
2° Qui s' éloigne de l'œil, s'éloigne du cueur. (L'Ahk
ressusc. p. 122.)
3° Cueur n'est seur qui de haulte amour est
énamouré. C'est-à-dire qu'un cœur agité d'une
passion violente change souvent de résolution.
(Percef. vol. VI, fol. 91.')
4° Cueur délicat se plainct de leste saine. (J.
Marot, p. 43.) C'est-à-dire que les amans délicats
et sensibles se plaignent souvent sans sujet.
5. Ung cueur piteux en larmes se délite.
CoquiUarl, p. lix.
6 Le sage pieça (a coutume) dire seult
Qui a oeil voit, au cuer ne deult (lasche).
Jlodus el Racio, MS. fol. 151. R».
7. Le cueur fait l'œuvre, non juis long jour. Ce
proverbe se trouve expliqué pai' le passage suivant :
et Se dame vieillesse vous atïoyblist les membres
» tellement (ju'ilz ne pevenl faire ce que autresfois
.. ont fail, faceuL de bon cueur aussi avant (autant
■< que) qu'ilz pevent. el puis ayez le cueur tel qu'il
« parface (achève) le remenant (le reste) ; car en
■' dicl ja pieça le cueur fait l'œuvre, non pas long
« jour. » (Peicef. vol. IV. fol. 71.)
8. Là où est le cueur, là est l'œil reposé. C'est-à-
dire qu'on ne voit que l'ohjet qu'on aime; qu'on est
tout entier à ce qui nous est cher. (Percef. vol. V,
fol. 43.) C'est en ce même sens qu'on lit : « Là ou
« tel trésor est, là est ton cueur, el tes pensées. »
(Ibid. fol. 44.)
9. On dit communément •• qu'on rit par la rate,
" qu'on se courrouce par le fiel, qu'on aime par le
« l'oie, et qu'on sent par le cueur. » ;Tri. de la
Noble Dame, fol. 102.)
Voyez d'autres proverbes el façons de parler dans
le Dict. de Cotgrave (2) et Oudin, Cur fr.
VARIANTES :
CUER. Fabl. MSS. du R. n° 7Gt5, t. II, fol. 137.
CuEHS. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. .tI.
Coeur. Joinv. p. 6 ; J. Marot, p. 197.
CuOR. Marbodus, col. 1660.
Cour. Dnehesne, Gén. de Cha<iteigner.?, p. 27.
CuRAGGE. Marbodus, col. 1638.
(1) On Ut dans Machault, p. 111 : « Tu semblés loisel de proie , Qui vuet le cuer tant seulement ; Si le cuer bas tant
seulement, Aras le corps et la chavance. » (N. E.)
(2> Belle chère (visage) et cœur arrière (Cotgrave). (n. e.)
eu
— 422
eu
Cuerl)ille, sitbst. fém. Corbeille.
Et cucrliilln. et rastierfi. et mait (coffre à farine). (1)
Pocii. MSS. avant 1300, t. IV, p. 1340.
C-ucrdé, subst. masc. Espèce de jurement.
Comme qui iliroil par le cœur de Dieu.
Quant Gauteron l'a eiitendii
Par le cimy de>f. fit-il, i put (il pue).
Fabl. IISS. du II. n- TIÎId. I. II, (* 208, IC col. 2.
Ou chaiiijtoit encore le d eu //,d'où vient cuerbé,
etc. « Os par le cuerbé iiorqiioi cautaioi-je por
c vos, sine ineseoit. » (Fabl. .Mss.dii F!. n"7989, f°78.)
On disoil atissi i)Or le saint cuerbu. (Fabl. imss. du
R. Il" 7-218, fol. 239.)
VAHIANTES :
CUERDÉ. Fabl. MSS. du R. n« 7fil.5, t. II, f» 177, V» col. 2.
CUEUDEU. Fabl. MSS. du R. n» 701.^ t. II, l» 208, R» col. 2.
CuERUiu. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 91, R" col. 1.
CUERBIEU. Estrub. Fabl. MSS. du R. n» 7996, p. 44.
Cuerbu. Fabl. MSS. du R. n»721.S, fol. 239, V» col. 2.
Cuerbé. Fabl. MSS. du R n» 7989, fol. 78, R» col. 2.
Cuern, subst. mase. Gabier. (Voyez Du Ca'nge,
Gl. I. au mo[ Quatcrnio.) (2)
Cuei'oise. Ce mot « pourroit bien s'estre dit
» pour courenseoucouritHie, puisque le lieu appelle
« pojis arcus currentis est le pont de l'arcbe
« cueroise. » (Valois, notice, p. 453.)
Cuerre, subst. masc. C'est une faute pour euer
ou cueur, cœur, dans ce passage : « ^Nous desirons
« de tout notre cuerre. » (Ord. l. III, p. 95.)
Cuesso, sidtst. masc. Petite mesure de blé. Mot
provençal. (Du Cange, Gl. I. au mol Cossa, 1.)
Cueu, subst. jnasc. Cuisinier. On lit dans Du
Cange, Gloss. lat. au mol Soliardus : « Item les dits
» religieux, abbé et convent... auront un seul
« quenchou cuisinier qui aura ung serviteur appelle
» souUart [comparez souillon] (valet ou garçon de
<> cuisine) ù gaiges. »
A tant fut li mangers tost aprestez,
Trois escouflps (chouettes) i ot de viez salez,
Que li qiiex li avoit appareillez.
Rom. d'Audi-. MS. de S. Germ. fol. 69, R° col. 1.
Il sçait blâmer le bouteiller,
Le ijueiix, le maistre, et la maîtresse
S'ilz ne font bien appareillier.
Eusl. Desch. Poi-s. MSS. fol. 224, col. 4.
Ja qniejis en cuisine estans
N'ert de souper desirans.
Poëi. MSS. Vaticin, n" 1490, fol. IIT, R".
On disoit en ce sens le grand cueux, dignité con-
sidérable de la cour de France. (Du Cange, Gl. lat.
aux mots Carnifex et Coquus.) " Le grand queux
« de France avoit la surintendance sur tous les
Il ofliciers de la maison du Roy, et étoit sous le
« Grand Mailre de France. « (l.a'ur. Gl. du Dr. fr.)
On trouve maislre lieu et sonbkeu, dans une cita-
tion du Gloss. lat. de Du Cange, au mol Sergentiœ
parva'. On lit (Ibid. au mot Miles, col. 738 et 739)
quelles étoient les fonctions du maistre queux à la
réception d'un chevalier du Bain. (Voyez Id. aux
mots aiagister coquinœ et Maqister coquus.) Rabe-
lais, t. IV, page lliG, fait « Putiphar maistre quieux
" des cuisines de Pbaraon. ■>
Queux étoit aussi le nom du chef de cuisine dont
la chaige éloit béréditaire et même féodale dans les
monastères. (Voyez Le Beuf, Histoire du diocèse de
Paris, à l'article d'.\rgenteuil, oii il parle d'une
charte de 1200.)
On se servoit autrefois de l'expression crier aux
queux, pour désigner la manière d'avertir les cui-
siniers qu'il est temps de servir. « Le Roy dit,
« allons disner, car j'ay ouy maistre Almiot le
« médecin qui dit qu'il est temps de crier aux
« queux, c'est à dire que chascun se lieve. « (Le
Jouvenc. fol. 31.)
VARIANTES :
CUEU, CuEus, QuEus.
Queux. Le ,Iouv. fol. 31, V»; Rabelais, t. IV, p. 108, etc.
QuEuz. Ordonn. t. HI, p. 392.
Queulx. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 376, col. 4.
QuEU. Rob. Est. Gram. fr. p. 106.
QuiKus. Poës MSS. Vatican, n» 1490, fol. 377, R».
Qui II. Fabl. MSS. de S. G.
QuE.\. Rom. d'Audigier, MS. de S. G. fol. 69, R» col. t.
CuEZ. Du Cange, Gloss. lat. au mot Coquus (3).
Ceu.
Keu. Poës. MSS. Vatican, n° 1522, fol. 156, R» col. 1.
KEU.S. Ph. Mouskes, MS. p. 182.
Keux.
Kiu. Duchesne, Gén. de Guines, p. 284. tit. de 1241.
QuENCH. Du Cange, Gl. lat. au mot Soliardus.
GuEU. Dict. de Cotgrave.
Gueux. Le Duch. sur Rabelais, p. 208.
C'.ieiîs, subst. fém. Pierre à aiguiser. Le Labou-
reur l'explique au même sens par pierre affiloire,
du latin cos. (Orig. des Armes, p. 128.)
Ou disoit au figuré : « Faut confesser que
« l'amour est la plus parfaite vertu des vertus con-
" templatives, pour ce que c'est la vraye queu pour
« aiguiser les cogitations spirituelles. «(Printemps
d'Yver, fol. 229.) Un de nos anciens poètes dit, en
parlant de la jalousie, que c'est
Queux où l'amour aiguise, et trempe son mallieur.
Poès. d'Amadis Jarain. p. 186.
On a dit cueux de plomb dans le sens oîi nous
disons saumon de plomb, grosse pièce ou gros
morceau de plomb. (Dict. d'Oudin.) <• Aristote escrit
« que les cueux de plomb se fondent et coulent de
« froid et de la rigueur de l'hiver aussi tost que
« l'on approche l'eau d'elles, et l'air serrant et
« pressant les corps par la froideur, les casse elles
« rompt. » (Morales dePlutarq. trad. d'Amyot, t. II,
page U'6.)
VARIANTES (4) :
CUEUS.
Queux. Mor. de Plutarq. trad. d'Amyot, t. I, p. 351.
(^UEU. Oudin, Monet, Nicot, Dict.
Queu. Printemps d'Yver, fol. 229, V".
Queue.
Cl) On lit dans la bataille d'AIeschans (v. 3956) : «. Une corbille trova merveilles grant ; Plus de cent pains i a mis
maintenant. » (N. E.)
(2) C'est un mot espagnol extrait de la Chronique de Pierre IV d'Aragon. (Liv. III, ch. XXX.) (n. e.)
(3) Il cite Cuvelier : « Cuez de cuisine plus de quarante cinq. » (N. E.)
(4) On trouve aussi au Gloss. lat. 7684 ; « Cos, couz pour aguiser. Cotella, cotula, petite couz » ; et au reg. JJ. 144, p. 367,
an. 1393 : « Cue\vx de pierre à aguisier faulx ou couteaulx. » (N. e.)
eu
— 423
eu
Gueux, subst. masc. Affliclion. Mot breton. (Du
Cange, Gl. 1. au mot Manganus.) [Ed. Ilenschel, IV,
228, col. 2.]
VARIANTES :
GUEUX, Keus.
1 . Cuevre. Peut-être est-ce une faute pour coure
dans une ordonnance de 13-iO, concernant la pèche.
On y lit : ■■ Que l'on ne baie aux arlbes, ni au gros
« aux halles et que vruye chance, arbre, ne cuevre
« et que l'on v adjoigne boisse et dépens. » (Ord.
1. 1, page 793.) Cette citation, toutù lait défectueuse,
pareil pouvoir être rectifiée par le mémo passage,
tel qu'on le lit dans le Gr. Coût, de Fr. p. 28. .. Que
.< l'on ne batte aux arches, ne aux herbes, et que
.< braye h chance ne coure que Ton n'y adjoigne
« bousset espais. ■•
2. Cuevre. [Intercalez Cuevre, carquois, dans
la Chron. des ducs de Normandie (t. 11, p.4r)0, col. 2):
Et un cuevre plain de quarriaus.] (N. E.)
Cuevi'ii', verbe. Couvrir, cacher*. Dissimuler,
feindre^. Prétexter, s'excuser'^.
* Ce mot est pris au premier sens, dans cet ancien
proverbe :
Mal se cuevre cui le cul pert (paroît).
Prov. du Vilain. MS. de S. G. fol. "j. R" col. 3.
^On disoit au figuré se couvrir, pour se cacher,
dissimuler, feindre.
Il .se cuevre, mener tendant
Que n'estoit riens que tant amast.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 86, V" col. 3 et 87, R" col. 1.
"^Par une extension du sens figuré que nous
venons d'exposer, on disoit se ciievrer pour pré-
texter, s'excuser. « Se i avient que li un sont un
« an majeur (pour maire) ou jurés, ou recheveur
« (receveur) en autre année après, si les font de
« leurs frères, ou de leurs neveu s, ou de leurs pro-
« cheins pareils, si que en dix ans, ou en douze,
a luit li riche houme (pour nobles hommes ou pour
-' riches , puissans, ont les aminislrations des
<> bonnes villes, et après che, quant li quemun (la
« commune) vient avoir conte, il se cucvrcnt que
<> il ontconlé les uns as autres. » ^Beauman. p.2Cl).)
VARIANTES :
CUEVRIR. Fabl. MSS. du R n» 7218, fol. 131, V» col. 1.
CuEUVRiR. Moilus et Racio, fol. 87, V".
Cufarde, subst. féni. Hypocrisie. Du mot cafard.
Por cou qu'en li n'a point ne barat ne cufarde.
Poés. MSS. av. 1300, l. IV, p. 1333.
Cuffere. [Intercalez Cuffere , festin de rele-
vailles : « L'exposant oy dire que icelle femme avoit
« esté il une gessine, autrement nommée au pays
« [Coutanoes]" fM//cre. » (JJ. 167, page 359. an.
1414.)] (N. K.)
Cuffet. [Intercalez Cwjff/, coiiïe ou petit béguin:
« Lequel Vidal prinst ledit Guilart par le culfet. »
(JJ. 146, p. 191, an. 1394.)] (n. e.)
Cugue, subst. fém. Queue. En latin cauda, sui-
vant le Gloss. de Labbe, p. 494.
Cugnet. [Intercalez Cuymt , coin de teri'e:
« Item encore ung c?/(/«t'i contenant environ ung
■• quartier. » (Ch. d'Abbeville de 1497.)] (n. e.)
Cugniete. [Intercalez Cugniele, petite cognée:
« Pierre de Waloncapelle... tourna vers Jehan
>> d'Esclimen escuier, et getta contre lui un ou
■< deux cops dune cugniele que ledit escuier receut
u sur sa taloche. » [ii. 211, p. 7, an. 1382.) On
trouve aussi cuigniete (JJ. 109, p. 310, an. 1376),
queugniete (JJ. 100, p. 209, an. 1:569.)] (.n. e.)
Cui, prou, relatif. Qui*. Que^. Ce mot qui, dans
les S. fr. .MSS. de S. 13. est employé pour qtù comme
nous le disons et répond au latin eujus, quam, quem,
quod, quibus, qnos (1 ). On lit a cui avènement pour à
l'avénemenl de qui, dans S. Alhanase (Symb.
2' traduction.)
*Ce mot, de tous genres et de tous nombres,
comme notre pronom, qui étoil aussi autrefois de
tous les cas sans être précédé d'aucune préposition,
ni d'aucun article. 11 avoit beaucoup de rapport
avec le cui des llaliens. On disoit, dans une signifi-
cation absolue, cui cis avoir pouvii qui appartient,
etc. (Fabl. mss. du R. n^ 7989, fol. 210.)
Jlolt m'enquist et demanda
Cui fis biaus avoirs pooit eslre.
Fabl. MSS. du R. n- 7080, fol. 213, V- col. 1.
(Voyez Borel, Dicl; Ord. t. I, p. 314 ; Ibid. t. lit,
p. 612; Villehard. p. 49, etc., etc.)
^Au second sens, c'étoil notreque, inlerrogalif et
relatif. Cui caut signifie qu'importe dans ces vers :
Ne sai que voil aler trader (chercher).
Car ne sai voie, ne sentier ;
Cui caut '? ce ne me giieve rien (ne me fait rien).
Amors m'avoiera moult bien (conduira).
Fabl. MSS. du R. n" 7080. fol. Gl, R» col. 1.
Ceos cui nos veons, pour ceux que nous voyons,
dans S. Bern. Serin, fr. .mss. p. 1, et plusieurs autres
exemples semblables.
variantes :
CUI
Cu\. s. B. Serm. fr. MSS. passim.
Cui bono. Mots latins qui signifient à quoi bon
et qui ont passé dans notre langue qui lésa emprun-
tés des jurisconsultes latins. « Toutes vos pré-
« somptions seroientvaines, si elles n'aboulissoient
« au cui bono de l'ancien jurisconsulte Cassius ;
« voulant dire qu'il n'i falloit pas aisément présu-
.< mer qu'un homme se fil meschant à crédit. »
(Lett. de Pasq. t. 1, p. 7.58.)
Cuiçon, subst. fém. Cuisson*. Acidité^.
*Au premier sens, ce mot ne diffère que par la
manière de l'écrire, il vient du latin coctio. (Valois,
notice, p. 599.)
° Cuiçon, fiu figuré, signifioit acidité, l'effet des
acides étant d'exciter une espèce de cuisson.
L'une est trop dure, l'autre a cuifnii.
Fabl. MSS du R. n» 7218, fol. 217, R" col. 2.
Cuicte, subst. fém. Cuisson (2). (Rabelais, t. I,
p. 248.) Ce mot semble formé du latin coctura.
(1) 11 correspond surtout aux cas obliques comme le cui latin, (n. e.)
(2) « Il inventa les horologes et quadrans pour entendre le temps de la cuycte de pain. » (Pant., IV, 61.) (N. E.)
eu
- 424
eu
Ciiidaiice, sw/'S/. féni. Croyance, iinaoination,
présomption. F,e Closs. de Lab'be. p. 500. rend ce
mot par c.rislimiiHo. Ce sens est justillé par les
passages snivans : « Mous devons liumilier nos
« ciiûinnces ; les sutimettre, et assiijeclir aux déler-
« minations de la Sainte Ei^lise apostolique et
« romaine, croire que Jésus Christ n'est pas men-
" leur, r, (S. Jul. Mesl. Ilist. p. '203.; Quelque pré-
« somptueuse cuideric que puisse avoir prince
<' riche, puissant, et orgueilleux, tous ses fais
" seront devant le jugement divin mis en balence
" d'équité. » (Hist. de la Tois. d'Or, vol. II, f" 175.)
Orgueilleuse semblance
Monstre folle ciiidmice.
Dict. de Coli;r.ive.
(Voyez SoRcuiDANCE et Outrecuidance ci-après.)
VARIANTES :
CUIDANCE. Poës. MSS. avant 1300, t. IV, p. ia53.
CciDERiE. Al. Chart. l'Espér. p. 310.
CrvDERiE. Hist. de la Tois. dOr, vol. II, fol. 175, V".
Cuider, verbe. Cvoive''. Présumer^. Tâcher '=.
Ce mot, sous ses didcrentes oi'thographes, dans
S. Bernard, répond au latin arbilrare, autiiniare,
pulare, reputare et pra'sumere.
*l.e verbe cuidev siguilie croire, dans le passage
suivant :
James merchi ne vos i/uidai crier.
Hughes de Brcgi, Poos. MSS. avant 1300, t. III, p. 999.
C'esl-à-dire, jamais je ne crus être dans le cas de
vous crier merci, de vous demander grâce.
^ Ce mol signifie présumer, imaginer dans ces
autres passages :
Dames, certes ne devés pas (juUUer,
Mais bien savoir ke trop vous ai amée.
Chans. MSS. du C" Thib. p. 1.
Vous ne devez pas seulement présumer, mais
être sûre que je vous ai aimée.
Sans quidier, sai bien que je morrai.
Cardons de Croisilles, Poi-s. MSS. avant 1300, t. III, p. 12U.
C'est-à-dire, sans m'abuser par de vaines imagi-
nations, de vaines présomptions. Ce mol est encore
employé absolument et sans régime, dans le vers
suivant où cuider exprime la présomption qui naît
de trop de cou fiance :
.... Je ticng por fol cil qui cnidc.
Hi=l. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 74.
'^ Cuider s'est dit aussi pour lâcher, dans le pas-
sage suivant : " 11 ci(?''/« emprunter de l'argent. »
(Hisl. d'Artus 111, connest. de Fr. p. 768.)
Conjugaison :
Cude, ind. prés. Croit.
Cuidet, ind. pr. Il croit (S. De: n. Serm. fr. p. 55.)
fiiic, ind. prés. .Je crois. (Rom. de BruL.)
Cîiidie^<, part. Qui croit, persuadé. En lat. riiliis.
(Closs. de Labbe, p. 5'21.)
Cnidiinunes, ind. prés. Nous croyons. (G. Guiart,
Ms. fol. -iOO.)
Cuist, p'uir crût. (S. Bernard, Serm. fr. page 10.)
Bépond au latin repiitet til pricsuniat.
Cuit. ind. prés. Je crois. (iSom. de Brut, f" 83.)
Cuiz: ind. prés. Je crois. (S. Bern. S. fr. p. 3.)
r«s, ind. prés. Je crois. (Hist. de Fr. à la suiledu
Boni, de Fauv. fol. 71.)
Cut, ind prés. Je présume. (Poës. mss. av. 1300,
t. IV, p. UiO'i.)
Cuijdesses, pour croiriez-vous. (S. B. Serm. fr.
page 108.)
Cuijdievct, pour on croiroit. (S. Bern. Serm. fr.
page '203.)
Cuis (je), ind. prés. Je crois. (S. Bern. Serm. fr.
page 108.)
Qui-je, ind. prés. Crois-je. (Poës. mss. av. 1300,
t. III, p. 1-275.)
Qnic, ind. prés. Je crois. fLi Vid. Chartres, Poës.)
Quit, ind. prés. Je crois. (Rom. de Brut, fol. 81.)
VARIANTES (1) :
GUIDER, s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 10.
CUYDER. Percef. Vol. VI, fol. 76.
CUYDIER. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 91.
OuiiDER. Rymer, t. I, p. 45, tit de 1259.
Quidier. Chans. MSS. du C" Thib. p. 63.
CuiDiER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 205.
Klider. Ciirpentier, Hist. de Cambray, p. 18, tit. de 1133.
KuiDiER. Poës. MSS. Vat. n° 1490, fol. 8, R».
Cuier. Al. Chart. TEsper. p. 3.51.
EscLiDiER. Jeu parti de Grieviler, MS. du Vatic. n» 1522.
Reclider. Duclos, preuv. de Louis XI, p. 258.
Recuyder. Lanc. du Lac, t. I, fol. 154, V» col. 1.
CuUler, snbst. mnsc. Présomption, confiance (2).
C'e^l proprement le verbe cuider ci-dessus, dé-
pouillé de l'affirmation essentielle aux verbes.
Comme les infinitifs ne peuvent nier une chose, ni
l'affirmer, de là l'usage i|u'on en fait pour de vrais
substantifs.
Ce ciajdcr là semble un mal si petit.
Que ce n'est rien, mais petit à petit
Se tait si grand, que l'on congnoit à l'œil
Que c'est le chef de tout péclié qu'orgueil :
Par ce cuyder estre vierges parfaites.
En s'eslongnant de moy, se sont défaites.
Les Marg. de la Marg. fol. 259. V'.
On disoit au même sens être en son cuidier. pour
être dans son humeur présomptueuse. (Histoire de
Bertr. du Guescl. par Mén. p. 427.)
PnovERREs :
1. Cuyder déçoit, c'est-à-dire que trop de con-
fiance nuit, qu'on se trompe par trop de présomp-
tion. (Percef. vol. 111, fol AQ.)
2. Ouir dire va par ville : et en mni de cuider,
n'y a point plein poing (plein la main) de sçavoir.
(Loisel, Instit. Coul. t 11, p. '238.) C'est-à-dire où il y
a beaucoup de confiance, il y a peu de savoir (3).
(1) Ce verbe est dans Roland sous les formes gtdd (150), qitidel (2733), (piiet (395), quident (2121 "l, quias (764), quiad.
(:i50C). (N. E.)
(2» 11 signifie encore : 1» Illusions de la jeunesse : « Son fils qui estoit jeune et en ses cuidiers. » (Froissart , XII, 183.)
S" Espérances ; « Et remaindront plus de vos cuidiers qtie ils ne s'en achèveront. « (XIII, 34.) tN. E.)
(3) Dans l'appréciation des témoignages, on distinguait les témoins qui avaient entendu (de auditu) et ceux qui avaient
vu (de vint). « Cil qui sont baillié auditeurs et enquesteurs, doibvent considérer si le tesmoin sçait , croit ou ciiide. » Le
témoignage de ces derniers ne vaut pas en certaines causes ; de là le proverbe de Loisel. On Ut encore au Roman de
Cli^oniadès (Lerou.x de Lincy, II, 4«9) ; « Mais on dist : cuidiers fu un ses. » (N. E.)
eu
— 425 —
eu
'Â.Cuider n'est pas juste mesure. (Diclionn. de
Colgi^ave.)
VARIANTES :
GUIDER. Tri. dps IX Preux, p. 5il, col. 1.
CuYDER. Percef. vol. I, fol. 127, V» col. i.
GuiDiER. llist. de Bertr. du Guescl. par Mén. p. 427.
Cuidereaii, suhsl. masc. Présomptueux, témé-
raire. On a mal expliqué ce mot par amant, dans
les Dict. de Borel et de Corneille.
A servans, et fiUes mignottes (mignonnes)
Perlant surcotz, et justes cottes,
A cuidereaulx d'amours transis
(~:haiissans sans meshaing fauves bottes,
.le crye à toutes gens raerciz.
Villon, p. 90.
(Voy. CuiDEim ci-après.)
V.\BIAKTES :
CtJIDEREAU.
GuYDEREAU. Conlred. de Songecr. fol. 101, V".
CUIDERIAU.
CuiDERiAULX, pi. Eust. Desch. Poës. MSS. f» 290, col. 2.
CuYDEREAULX, pi. Rog. de Collerye, p. 142.
Cuidereaulx, pi. Villon, p. 90.
Cuideur , subst masc. Celui qui croit une
chose. « Madame vous avez tort qui enquerez de
« moy. Cny (leurs sont aulcune foiz deceuz : ne
« croyez de moy chose qui ne soit vrave. » (Percef.
vol. VI, fol. 53.)
Et Grardin le kijere.
Poés. anon. MSS. avant 1300.
A';7«'^, dansce vers, paroilsigni fier présomptueux,
plein de confiance. liahelais appelle ciihlcurs de
vendange ceux qui « cuidants peter se con-
.. cliienl. » (T. I, p. 176.) Voy. Ibid note 5, où l'édi-
teur dit que « celte plaisanterie est fondée sur la
« qualité laxalive du raisin nommé par celle raison
« foirard. »
VARIANTES :
GUIDEUR.
Ctn'DEUR. Percef. vol. VI, fol. 53, V" col. 1.
Kijere. Poës. MSS. av. 1300.
Cuidiaus. [Intercalez Ciddiaus, oulil de pèche,
dans un reg. de la Ch. des Comptes, an. is-Hi (Du
Cange, II, «88, col. 3): » Quant aus cuidiaus, les
" chauces seront au molle d'un parisis de plat
<• aisiemenl. «] (n. e.)
Cuiese.
Si del tôt m'escondisoit
Autres mesages qui feroit ?
Nus ne fera si la cose
Gamoil cuiese quant il ose.
Quel part le cuides-tu trover ?
Fabl. MSS. du R. n' 7989, fol. CO, V" col. 2.
Guignât. [Intercalez Guignât [cognatns] et
Cuignate [cognata], beau-frère, belle- sœur, d'après
Montfaucon (Antiquités, IX, 102).] (n. e.)
Cuignet, subst. masc. Sorte de pain*. Petit
coin °.
* Les Picards appellent cuignet une sorte de pain
à plusieurs cornes, fait avec la farine la plus fine
et des œufs. Les Flamands le nomment quenicux.
Ils ont coutume d'en distribuer aux eafans, surtout
le jour de la Nativité de N. S. (!)
^On trouve le mo\euigiiet, employé comme dimi-
nutif de coin, dans les Kpilli. de la Porte; mais cette
acception ne se rencontre point ailleurs et ne
s'étend point à l'orlliographe quenieux. La Porte
étoit un grand forgeur de mots (2).
VARIANTES :
GUIGNET. Epith. de M. de la Porte.
Quenieux. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cuneus, 2 (3).
Cuignie-virolé, subst. masc. Espèce de mar-
teau. Nous ne jugeons de la signilicalion de ce mot
que par le sens que semble présenter le passage
suivant : « Se li Hois mandoitson airiereban en ost
« (armée), le dit evesque seroit tenus d'y aler, ou
« envoler pour lui ; el lors la communal iè des pain-
« très, et des escuchiers (faiseurs ou peintres de
» boucliers) d'Amiens seront tenus de trouver audit
- evesque bon et suffisant escu : el la communauté
" des iià\'ve?,\ç cuignie-virolé (i),elpessonsde tentes
« de l'evesque, et toutes autres choses faites de fer.
(Citât, du Gloss. lat. de Du Gange, au mot Hostis.)
Cuille, subst. Ce mot se trouve dans les Loix
Norm. art. 10; il est traduit dans le lat. testicule.
Cuillère, subst. fém. Le culeron. Partie du
harnois d'un cheval. (Du Cange, (il. lat. aux mots
Postella et Subtela.) Ce mot subsiste encore en ce
sens dans quelques provinces. « Le cheval avoit la
« cullière toute sanglante. >• (Joinv. p. 77.)
Q'opieres bones, et cuillères,
Moult bien taillées et legieres.
Parlon. de Bl. MS. de S. G. fol. 119, R-.
On a dit aussi cuillère, au figuré, dans un sens
obscène. (Eust. Desch. Poës. mss' fol. 230.)
VARIANTES :
CUILLERE. Part, de Bl, MS. de S. G. fol. 149.
Cuillière. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 252. col 2
Gulière. Part, de Bl. fol. 135.
GuLLiERE. Joinville, p. 52.
Cuillier, suiist. masc.
Tu pers ton pris :
Dont ne seras-tu pour riens mis
Ne por fuisel, ne por cuillier (5),
Non mie por un aiguillier.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 2r.8. V col. 2.
(I) Traduit de Du Gange (cofHorfa). « Le dimenclie d'après Noël... iceulx compaignons vindrent soupper et menser leur
cwynelavec leur cure. » (J,T. 195, p. 21, an. 1467.) Ce gâteau se prépare encore en Bretagne : « Avant leur départ, ils" avaient
Pi?P"'^''S>''';''^"','\®°'''® '''^ë*'®^"'^'^™^"^S6'^''èsS0ûtédans nos campagnes bretonnes. » (Gaz. des Trib., 12-13 cet.
1o74, p. 980, 4' col.){N. E.)
e même
essaies à
(2) Cependant on lit au reg JJ. 5, fol. 3, an. 1344 : « Et en chascun cutgnet desdites arçonnieres un angelot. » D
au reg. .IJ. lt)l, p. Ibd, an. 1^06; « Lesquelx se logèrent en un cuignet des bergeries, où il avoit un tas d'e
brebis. » (n. e.)
(3) On y trouve (jiiiijnet (J,I. iW, p. 298, an. 1391) et cwjgriié (Liv. Noir d'Abbeville) : « Une eschache qui va en maizniere
(Je cuygnic. » (N. e.) ' -i s ^ ^
(4) Il s'agit là d'une cognée au manche renforcé d'auneaux et viroles, (n. e.)
(o) C'est une cuiller comme dans la bataille d'Aleschans (v. 3886) : « Il s'abaissa, si a pris un cuillier » (n. E )
"■ 54
eu
426 -
eu
Cuingnée, subst f. Coignée. On demande « si
« comme qiianl aucun est prouvés de murdre, oude
« liomecide, ou de liaison, ou de empoisonnement,
« oudefemmeefforcicr, pourlesquiex casse maison
« doit eslre arse , ou abalue 'f se cliil qui melTet
« a poi (peu) de partie en le meson,... encelcas ne
« doit l'en faire l'exéculion de le justice par feu,
« mais abalreà cuingniées, ou à martiaux leparlie
« du melîeleiir tant seulement. » (Beaum. p. 178.)
VARIANTES (1) :
CUINGNÉE.
CuGNiEiE. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 318.
Ciiinziine, adj. de nombre. Quinzième.
Cuiqu'une, adj. de nombre. Cinquième. C'est
une faute. 11 faut lire chiquime, dans ce passage :
« S'en ala à Salahadin li cuiqu'une ses frères ; il les
" récent bel, etc. » (Contin. de G. de Tyr, Martène,
t. V, col. 6'i7.)
Cuir, subst. maso. Peau *. Courroies ^. Armes
défensives '^.
* Ce mot se disoil, non seulement des peaux que
nous désignons encore par le nom d'un cuir, mais
de toutes peaux en général. « Lanceiot luy arracha
» le beaulmede sa leste si felonneusementqu'illuy
" arracha tout le cuyr du visage, et du nez. » (Lanc.
du Lac, t. III, fol. 25.) (2)
Philippe-Auguste, quitlanllaTerre Sainte, allégua
pour sa justilication l'état où l'avoil mis le poison
qu'on lui avoit donné :
A tant li a monstre ses dois,
Et son cors ki tant fu destrois (alfligé)
Qu'il ni avoit ongle remés (resté)
Et del cors fu li qiiirs esté.
Ph. Mouskes.
Ce mot, pris dans le sens subsistant, désignoilles
peaux dont on servoit pour couvrir les machines de
guerre et les garantir du feu :
Si garnissiez si vos chasteax
De perrieres, de mangoneax ;
Si faites cutr et verge atraire
Fer et merrien por encîins faire.
Parton. de Bi: MS. de S. Germ. fol. 168, R- col. 2.
^ Comme les courroies se faisoient ordinairement
de cuir, ce qui lenoit lieu de ces courroies porta
aussi le nom de cuir ; de là, on disoil courroijes de
cuir de soye, pour courroie de soie. « Lors s'afficha
« es estriers dont les courroyes estoienl de cuir de
" soye. » (Percef. vol. II, fol. 46.)
•^ Enfin comme les boucliers , cuirasses , etc.
étoient originairement de cuir , on a donné ce
nom aux armes défensives, comme le bouclier, la
cuirasse :
Enyois que cest oévre soit faite,
Sera mainte aime de cors traite (arrachée).
Et cuir percié (3).
Blanch. MS. de S. G. fol. 187, R- col. 3.
On nommoit cuyrs figurés des cuirs peints, peut-
être, comme nos cuirs dorés. Il y avoit des cuir.s
figurez parmi les présens que le roi d'Plspagne fit,
en J38G, au ducde Bourbon. (Hist. de Louis ill,duc
de Bouibon, p. 13i.) [Ed. Chazaud, p. 111.]
On disoit proverbialement :
1° D'autrui cuir, large çainture, pour largesses
aux dépens d'autrui. (Froiss. Poës. .mss. p. 327.)
2° Donner d'autrui large courroye a la même
signification dans les Prov. du Vil (4).
3° Le cuir d'Irlande étoit passé en proverbe avant
1300. (Poës. MSS. t. IV, p. 1653.)
Qui cuir voit tailler,
Courroies demande.
Prov. du Vil. MS. de S. G. fol. 74, R- col. â.
C'est-à-dire que quand on voit faire bonne chère
aux autres, on voudroil en avoir sa part.
VARIANTES '.
CUIR. Orth. subsistante.
Cuyr. Percef. vol. V, fol. 31, R» col. 2.
Qliir. Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 168.
CuER. Du Cange, Gl. L. au mot Viridis.
Cuiracete, subst. fém. Petite cuirasse. <■ Per-
« fidie usitée dans les duels ou l'on portoit deux ou
« trois pistoles, et pistolets dans la poche de ses
« chausses, et des cuirassines, ou jaques de maille
« sous son habillement (5), contre des ennemis qui
" n'avoient que le pourpoint découpé à jour. »
(Monbourcher, Des gages de batailles, fol. 19.)
VARIANTES :
CUIRACETE. Dict. de Monet, d'Oudin et de Cotgrave.
CuiRACiNE. Moiil:iourcher, Gages de Bat. fol. 24.
CuiRASsiNE. Théàt. d'honn. par la Colomb, t. II, p. 175.
CuYRASsiNE. Brant. sur les duels, p. 116.
Cuii'ache,Si/bs<. fém. Cuirasse (6). On trouve ce
mot, avec la première orthographe, dans le passage
qui suit : » Item que, de tous Irespassans possedans
" fiefs lièges (liges), sera prins et levé par les sei-
« gneurs, ou leurs baillifs dont iceux fiefs lièges
•' seront tenuz, le meilleur cheval, à son choix, à
(1) On trouve dans Froissart les formes coingne , coingnié , coingniée dans l'espace de trois pages (XllI , 68 à 71);
ruignie (111, 180) et ijuignwes (ms. de Rome). (N. E.)
(2) On lit aussi dans Eust. Deschamps (fol. 238) : « Jamais mestier aprendre ne voudray, Car ces ouvriers ont trop courbes
les dos ; Je voy qu'ils n'ont que le cuir et les os. » (N. E.)
(3) On lit aux Èmau.x: de de Laborde (xir" siècle, p. 339) : « Un cuir boli a en son dos gité , Par desore ot un clavain
afautré. » Il en était de même pour l'armure du cheval : « Son poitral li liça qui fa de cuir bolis. » (Chanson d'Antioche,
IV, 189.) (N. E.)
(4) On lit aussi dans un ms. de l'Arsenal (c'est li mariages des filles au dyable) : « D'autrui ewir font large corroie. » (N. E.)
(5) On lit aussi dans une lettre de Henri IV à M. de Miossens (1576, t. 1, p. 81) : « Nous sommes presque tousjours prestz
à nous couper la gorge les uns aux aultres ; nous portons dagues, jaques de mailles et bien souvent la cuirassine soubz
la cape. » (n. e.)
(6) C'est là une forme du xvi« siècle ; au xuv siècle, on nomme cuirie un plastron de cuir couvrant la poitrine sous la
tunique et le haubert : « Qui lors veist d'une part et d'autre haubers rouleir, glaives enferreir, pourpoinz et cuiries et escuz
enarmeir... » (Ménestrel de Raims, § 123.) L'armure en fer battu adoptée sous les Valois rappela la cuirasse délaissée
depuis les temps Carolingiens ; Cuvelier (V. 16186) écrit :« Mais li haubert sont fort, ne puent entamer; Les poictrines
d'acier ne puent empirer. » Froissart (IX, 491) la nomme pièce : « Li bon fier de Bourdiaulx entrèrent ens et les [escus]
pertruisierent et passèrent le pieche d'achier, les plates et t&utes les armeure, jusques en cheir. » (n. e.)
eu
427
eu
« eux appartenant, avec leurs armures d'iceux
« trespassans telles que la cuirache, et l'almelte,
« s'elies y sont, n (Coût, de Haynault, au Coutum.
Gén. t. I, p. 803.) Le mot cuirache ou cuirasse est
venu de ce que « les guerriers premièrement se
« couvrirent de cuir. » (Pauchet, des Origines,
livre II, page 111.)
On écrit encore cuirasse, mais on ne dit plus
comme autrefois, un lieutenant de cuirasse (\), pour
lieutenant de cuirassiers. (Mémoires du duc de
Guise, p. 511.)
VARIANTES !
CUIRACHE.
Cuirasse. Orth. subsistante.
CuRASbE. Joinville, p. 50.
Cuiracier, suhst. masc. Faiseur de cuirasses.
(Du Gange, Gl. L. au mot Corra^arii.)
Cuirain, suhst. masc. Cuir, peau. « Aucun ne
" peut estre freppier (frippier) dans la banlieue de
« Paris, c'est a savoir vendeurs, ne acheteurs de
« robhes vieilles, linges ou langes (draps de laine),
« ne d'aucune espèce de cuirain, vieux, ou neuf,
« s'il n'achette le dit meslier du i oy. » (Du Tillot,
Recueil des Rois de France, p. 297.)
L'en me desrompt le cuirien.
Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 32i, col. 3.
Dame blanche comme tlores (fleur)
Tendre de cio-ien délié.
Po.5. MSS. av. 1300, t. 1, p. 317
VARIANTES :
CUIRAIN. Du TiUot, Rec. des R. de Fr. p. 297.
Cuirien. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 249.
CURIEN. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 212.
Cuirassier, adj. Qui appartient i> la cuirasse.
(Dict. d'Oudin.) Ce mot n'est plus en usage que pour
désigner un soldat armé d'une cuirasse.
Cuire, verbe. Brûler*. Faire des préparatifs ^(2).
Ce mot, dans les orthographes employées par S.
Bernard, répond au latin adurere, coqu'ere et deco-
quere. Le mot cuire subsiste dans le sens propre.
Nous ne citons que les sens figurés.
*0n trouve cuire, pour brûler (3), dans les pas-
sages suivants :
Leurs manoirs n'y demourra grange
Que je n'arde tout et cnise.
Pocs. MSS. d'Eust. Desch. fol. 4G8, col. 4.
C'est aussi en ce sens qu'on a dit :
Les chasteaulx prins par maléfice,
Dont maint pais ont esté cuis.
Pocs. MSS. d'Eust. Desch. fol. 2fl9.
On prenoit cuire , pour brûler, dans ces pro-
verbes:
l" Avoir tes jarrets cuitz, avoir les pied% cuitX;
pour signifier être en prison. « On conseilla
« que l'enfant eût les Jarrets cuits, et fût gardé en
« prison a toujours mais. » (Chron. S. Denis, t. I,
folio 207.) 0)
2» A grant peine peut fupr celluy qui a les piedz
cuijctx:, ou bien aller ne s'en pcult qui les pied% a
cuix,. Ces deux proverbes vouloient dire qu'on ne
peut fuire son malheui'. « Atant (alors) ilz com-
« mandèrent à leurs gens qu'ilz allassent devant à
•< Déserte annoncer leur venue en ce soir, car ilz
« y arriveroient, mais non firent : car grandement
« leur mescheut ; et pour ce dit vray le proverbe
« queo grant peine peult fuyr celluij'qui a Icspiedz
•< cuyct:i. Si eult mieulx valu que Estonneeustcreu
« le conseil du Tors son cousin combien que, quant
« Dieu a ordonné une chose, il faut qu'elle sortisse
« son effect. » (Perceforest, vol. IV, fol. 22.)
3° Qui trop gratte Irien se peut cuire. (Hist. de Fr.
à la suite du Rom. de Fauv. fol. 74.) Nous avons
substitué à ce proverbe celui de trop gratter cuit.
^ On a aussi employé cuire pour faire des prépa-
ratifs, prendre des mesures. « Sa majesté a été
« conseillée d'en déclarer quelque chose à l'ambas-
« sadeur des archiducs, afin liue ses maîtres ne
« meUenlcuire sur cela (ne prennent des mesures,
" ne fassent des préparatifs en conséquence). »
(Négot. de Jeannin, t. I, p. 680.)
De là, ces expressions proverbiales :
1° Avoir tout cuijt, et moulu, pour dire avoir pris
son parti, être préparé à tout événement. Un galant,
sur le point d'être surpris par un mari fâcheux qui
en arrivant chez lui gronde tout son monde, s'ex-
prime ainsi :
J'avoije tout cuyt et moulu.
Coquiilart, Monol. de la Botte de foing, p. 147.
2° On dit encore dans le langage familier : avoir
cuit son pain rie jeunesse, avoir fait ses arrange-
hiens de bonne heure. Eust. Deschamps employé
ce proverbe dans ses Poës. mss. fol. 71 (5).
Conjugaison :
Coit, pour cuit, brûle. (Marbodus, col. 1G50.)
Coysent, pour cuisent. (S. Bernard, Senn. franc.
Ms. page 130.)
Cuisiex:, impér. Brûlez. (Fabl. mss. du R. n° 7615,
t. II, fol. 177.)
Cuist, pour brûle. (S. Bern. Serm. fr. p. 75.)
VARIANTES :
CUIRE. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 468.
CoiR, d'où le présent coit. Marbodus, col. 1650.
COYRE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 130.
QuiRE. Ph. Mouskes, MS. p. 374.
Cuirée, subst. fém. Curée *. Régal ^ (6).
* iNous écrivons aujourd'hui curée. La curée des
(1) D'Aubigné écrit souvent cuirasses pour cuirassiers, (llist., I, p. 311, 315.) (n. e.)
(2) Il signifie aussi causer des remords (Froissart, XVI, 26) : « Toutes ces choses vous seront si renouvelées qu'elles
vous cuiront lorsque remédier n'y sçaurés. » (N. E.(
(3) « Veuillent au roy monstrer que je suis cuis ; Il m'aidera par leur bonne raison De trois cens frans ; d'autre chose ne
mis. » (E. Desch., fol. 223.) (n. e.)
(4) On lit aussi dans la Chanson d'Antioche (V. 340) : « Les bras li ont loiés et les pies environ, Les garés li ont quis à
fu et à charbon, k soufre tout ardant, et puis après à pion. » (N. E.l
(5) Villon écrit aussi : « Vente, «resle, gelle, j'ai mon pain cuict ; Je suis paillard, la paills.rde me duit. » (n. e.)
(6) Ce mot a encore le sens de chasse (JJ. 157, p. 62, an. 1402) : >( Lequel veneur pria audit Symon qu'il lui voulsist aler
quérir un cheval... pour faire la cuirée aux loups, ausqueLx loups iceUui veneur avoit entention de chacier. » (N. E.)
eu
428 —
eu
chiens de chasse est ainsi nommée parce qu'elle se
fail dans le cuir des bêtes. [Horel, Colgrave.)
On nominoit curées froides celles qui se font au
logis. (Fouilloux, Yen. fol. 5").) On lit plus haut que
■■ les curées chaudes, et soudainement faites sont
•< meilleures, sans comparaison, que celles qui se
>. l'ont au logis, et mettent bien plus tôt et mieux
■< les chiens a la chair. »
Ce mot se disoit aussi en termes de fauconnerie.
" S'il preiit le herou, tu luy feras sa cuiréc, en
• la manière qui s'en suit, donne luy premièrement
« le cuer, etc. » (Modus et Racio, fol. 122.)
^Du régal des cliieus désigné par le mol cuirée,
on a pris occasion de l'employer pour régal, festin
en général. Ainsi, en parlant des libéralités usitées
dans la chevalerie, on a dit :
Que de mainte gent ait curie ;
Qui n'a coste, si ait cuiriée.
Eleni. de Courtoisie, MS. de S. G. fol. 40, R- col. 2.
VARIA.NTES :
CUIRÉE. Font. Guér. Très, de Vén. MS. p. 52.
CuiKiÈE. Eles de Courtoisie, MS. de S. G. fol. 40, R" col. 2.
QuEURÈE. D'Authon, Ann. de Louis XII, p. 4.
CuiRiE. [•"roissart, Poës. MSS. p. 389.
Curie. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 124, V°.
CURYE. Gace de la Digne, des Déd. MS. fol. 91, V".
Curriêe. Chasse de Gast. Phéb MS. p. 300.
Curbée. Modus et Racio, MS. fol. 32, V».
Curée. Orth. subsistante.
Keuz. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 139.
Cuivel, suhst. masc. Petit morceau de cuir (1). Ce
mot, employé en ce sens dans les passages suivans,
désigne une petite bourse de cuir;
Quinze livres d'estrelins blans
E.stoient en un ruirel cousus.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 50, R- roi. 2.
Cuii'ie, subst.fém. Colletde buffle*. Cuirasse^.
[Voyez la note sous cuirache.] Bride de cheval =•
* Ce mot qui signilioit, selon son élymologie, ce
qui étoit fait de cuir, étoil particulièrement em-
ployé pour désigner le collet de bul'lle qui se mettoit
par dessus le haubert (2). (Favin, Théàt. d'honn. 1. 1,
p. 9i.) 11 paroil que ce mot est employé en ce sens,
dans le passage qui suit :
N'en aporte lance, n'escu.
Haubert, ne hiaume, ne cuirio.
Eslrub. Fabl. .MSS. du R. n" "9%, p. 7-2.
^Commeles cuirasses étoient aussi originaire-
ment de cuir, on a dit quelquefois cuiriee pour
cuirasse. « Appareillez en leurs cutjrées. ou en
« leurs coles avec leurs escus. » (Ane. Coût, de
Norm. fol. 89.)
Bien sont armées les mesniées (troupes)
De cotereax, et de cuii-iées.
Blanch. MS. de S. G. fol. ITJ, R« col. 1.
■= On a dit aussi cuiriée {'A) pour la partie qui est de
cuir dans la bride d'un cheval :
Et ne reraaint por la cuiriée
Que trosque denz li brans ne fiere.
Pari, de Bl. MSS. de S. G. fol. 135.
V.\RIA.NTF,S :
CUIRIE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, fol. 167.
CuiRiE. Kom. de Rou, MS. p. 105.
Curie.
CuYRÉE. Ane. Coût, de Normandie, fol. 89, R'.
QiiiRÉE. Gloss. lat. de Du Gange, à Quirée (4).
Cuiriée. Rom. de Rou, MS. p. 305.
1. Cuirier. [Intercalez f-'H/ricr, garnir de cuir
un chat (vineu). galerie de charpenle'pour l'attaque
d'une place : ■• Dont lisl Hues d'Aire faire un cat, et
« le list bien cuirier et acesmer. » (Villehardouin,
g (J7i.) D'oi^i le participe cuirié : « Et esloit [li
« berfrois] liretekiés et cuiriés pour le trait trop
« malement fort. » (Froissart, V, 376.)] (n. e.) .
2. Cuirier, suhst. masc. Armure de cuir. (Voyez
le Roman de Rou, ms. page 120.) Ce mot s'est pris
dans les mûmes sens que le subsl.fém.c(f»7f, dont
il ne dilfère que par l'orthographe et le genre. (Voy.
Clirie.)
Giiisage, subsl. )nasc. Cuisson. « Lesuject n'est
<' doresnavant plus tenu d'aller cuire à son four,
•■ ne moudre :i son moulin, jusciues a ce (|ue le
« seigneur leur aura fait amender (réparer) par son
« fournier, ou son meusnier le dommage qui sera
« trouvé que, par leur mauvaiscM/srtift^(5), ou mau-
« vais moulage (action de moudre), auront eu. »
(Bout. Som. Rur, p. 904.^
Ciiisançon,s«te/./(/?H. Soin. Chagrin cuisant(C).
Dépit. Borel, copié par Corneille, interprète mal ce
mot par danger et fâcherie. La significalion que
nous lui donnons est celle qu'indique son élymolo-
gie et que justifient les passages suivans :
Cilz qui trop a n'est tondis en un point,
Tousjours doubto du sien perdre, et gaster ;
Cuisançon l'art (ardel), avarice le point.
Et envie luy fait le sien oster.
Poos. MSS. d'Eust. Desch fol. 51, col. 2.
« Il l'alegist des solicitudes, et cusanrions qu'il a
'< louchant la province. " Hist. de la Toison d'or,
vol. II, fol. 23((.)
Quant tu aura, et fille, et fil,
Lors te croistra fusaiico».
Poos. MSS. d'Eusl. Desch. fol. 502, col. 2.
Cusation semble avoir le même sens, dans ce
passage : » Le roy Daire estoit triste, et ennuyé
" des cusat.io)is, et sollicitudes survenues. " (Tri.
des IX Preux, page 121.) Peut-être est-ce une faate
pour cusanUon. Voy. ci-après Guyture dans le même
sens.
Ce mot me paroit moins formé de cuisson, cha-
grin cuisant, (|ue du latin cura qu'on a dit curantia
avec la négative seulement no)i curantia. \\ répond,
dans S. Bern. Serm. fr. en Min cura, soliicitudo.
[ïl 9" . , Gange (II, 690, col. 1) : « Cuirst vero dicitur pellis abrasa, sed aluta nondum concinnata. » (n. e.)
(Z) G est un plastron de cuir serré entre le gambeson et le haubert, (n. e )
(5) G est aussi une courroie dans Renart, v. 24077. (n. e.)
(4) Il cite le formulaire de Madox (p. 424) : « Legavit... palefridum cum armis, Scialicet loricà, quirée , capello de ferro ,
gladio, carcanbus. » (n. E.) ° r > . m . r >
^^ l^lT"^^"^' f ^ '" ^™'^ '^"^^ demandé à l'exposant l'argent pour le cui.iage de sept hostiaux de pain. » (,IJ. 123, p. 221,
(6) On lit aussi dans Froiss. (IV, 24) : « Il furent toute la nuit en grant (/uisançon de ce que la dame ne revenoit. » (n. e.)
eu
- 429 -
eu
zelus, circumspectio. On y lit aussi ferait ciisen:ioii
p. 248, dans le latin darct opcram.
VARIANTES :
CUISANÇ.ON. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 97.
CusENÇON et CusENZON. S. Bern. Serm. fr. p. 361 et 74.
CuiSANgON. Poës. MSS. d'Enst. Desch. fol. 51, col. 2.
CuiSENçox. Estrub. Fabl. jMSS. du R. n» 7'J96, p. 45
QuiSENçoN. Froiss. l'oës. MSS. p. 79, col. 1.
Cuss.VNÇON. Fabl. MSS. du 1\. n» 7615, t. II. fol. 150.
CusANCioN. Hist. de la Tois. d'or, vol. II, fol. 230.
CusANTiON. Gloss. du p. Labbe, p. 525.
CusATiON. Triomphe des IX Preux, p. 12, col. 1.
CCSENÇON. Poës. MSS. av. 1300, t. I, p. 488.
CusANTON. Gloss. du p. Labbe. p. 497.
CuzANZON. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 25.
CuzENçoN, CuzENSON et CuzENZON. S. Bern. Serm. fr.
Cuisançoniieus, adj. Rempli desoins cuisans,
de soucis. Ce mol, dans S. Bernard, répond au lut.
sullicitHS et studlosus.
En son trésor a s'esperance,
Tousjours sera ciiisavroniieus,
Tousjours et ses cuers doleieus,
Pour l'ardeur de querre chevance.
Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 8C., col. 3.
Oui tel vie a citsançonneusL',
Pas ne se nourrist en oiseuse.
Bien peut faire son sauvcment.
PoÊs. d'Eust. Desch. fol. Sfô.
Ces mots de Ciceron, an commencemenl du livre
(le Seneclute : qiautimam certe sclu non ut Flami-
nmin sollicitarl te, Attlce, sic noctes diesque, etc.,
sont ainsi traduits dans une ancienne version
franc, .ms. appartenant à M"" de Sabran : « Mon amy
« Alticus, combien que, je saclie certainement que
0 tu n'es point nuit et jour si cusançonneii 'ùu gou-
« vernement de la chose publique , comme est
" Titus Silianus consul de Rome, etc. »
VARIANTES :
CUISA.NÇONNEUS. Poës. MSS. dEust. Desch. fol. 86.
CusANCE°NAULE. S. Bern. Serm. Ir. MSS. p. 133.
CusANCENOLS. S. Bern. Serm fr. MSS. p. 2S, et passim.
CusANÇûNNEUS. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 562, col. 4.
CusENCENOUS. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 235, et passim.
CusENCONNEUX. Trad. iMS. du Traité de Ciceron.
CusENZENOLS. S. BerD. Serm. fr. MSS, p. 238.
Cuisançoilosenient , adverbe. Soigneuse-
ment, alleulivement, sérieusement. Ce mot, dans
S. Bernard, répond au latin sollicite.
VARIANTES :
CUSANCENOSEMENT. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 299.
CusANCENOUSRMENT. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 2.
CuSANCENOUZEMENT.S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 151.
Ciiisîintoneiix, adjeelif. Le P. Labbe traduit en
latin ce mot par assiduus, enlentis. (Gloss. du P.
Labbe, p. 489.)
Cuiseeur, i>ubst. niasc. Qui fait cuire. <■ Se li
« forniers fesoit dommage aux cuiseeurs de lor
" pain mal cuit le sire leur devroit amender, etc. »
(Ordonn. des R. de Fr. t. 1, page 199.)
VARIANTES :
CUISEEUR. Ord. t. I, p. 199.
CuiSEUR. Diction, de Monet et d'Oudin.
Ciiiseigni, subst. )nasc. Un auteur de fabliaux
désigne allégoriquement les cuisses par le païs de
Ciiiseigni, mot factice. (Fabl. mss. de S. G. f" 64.)
Cuisiaux. [Intercalez Cuisiaiix, cuissard, dans
un inventaire de 1810: ■ Rem un cuisiaux gam-
« boisez. » On lit aussi au Roman du IChevalier
délibéré (Du Cange, 11, o90, col. 1) ;
Cuissiitz, braconniere de maille.
Avoir te fault, et n'y fais faille.
Dans Froissart, on trouve les formes euisseus,
cuissieus (V, A'M) et qnisseus (IX, 329). Les cuissots
ou cuissards appaiaissent entre 1270 et 1350, et
annoncent l'armure en fer battu.] (n. e.)
Ciiisible, adj. Uui peut être cuit.
Cuisinai, adjectif. Qui concerne la cuisine. Ou
trouve en ce sens livre cuisinai, dans le Dictionn.
de Cotgrave.
Cuisine, subst. féni Lieu où l'on prépare à
manger*. Les mets qu'on y prépare °. L'estomac
qui les digère ^. Feu ° (1).
* Ce mot subsiste, dans le premier sens, sous l'or-
Ihograpbe de cuisine et l'on trouve en ce même
sens clnciiiu, dans le Glossaire lat. de Du Cange. On
disoit de là se remuer en cuisine, pour signifier
faire les appréls d'un grand festin. (Nuits de Stra-
par. t. II. page 225.) JNous disons familièrement se
ruer en cuisine.
^Ce même mot, qui désigne le lieu où les mets se
préparent, a aussi été employé pour désigner les
mets eux-mêmes (2).
■Vivre me fault, et char, ne cuinine
Ne puis qu'à grant paine avaler.
Poi'S. SISS. d'Eust. Desch. fol. 314. col. 3.
" Tantost après la messe, les tables furent dres-
" sées, et Vd cuisine appareillée, si demanda on au
« dit messire .fehan Chandos s'il vonloit disner. ■•
(Froissart, liv. I, p 375 ) On a dit au figuré:
François, maie voisine ont en toi, par mon chief,
Mengé as la cuisine, et lessié le relief.
Fabl. MSS. du R. n' "SIS, fol. 3M, V- col. I.
•^ Enfin l'estomac qui digère les mets, et qui peut
être en ce sens regardé comme une seconde cui-
sine, a aussi été désigné par ce mot. On a dit la
cuisine ne va pas bien pour signifier l'estomac ne
digère pas. (Oud. Dict. et Curios. fr.)
° Cuisiner, que l'on verra ci-après, s'est dit pour
brûler. De là, cuisine a signifié feu. Nous ne trou-
vons ce mot en ce sens que dans cette expression
enfernal cuisine.
Vierge .Marie, celestiex reine.
Par vos m'aint (aide) le pitiez divine
Que je ne arde en enfernal cuisine.
Vies des SS. MS. de Sorb. chif. LXl. col. iO.
VARIANTES :
CUISINE. Orth. subsistante.
CusiNE. Fabl. MSS. du R. n"76I5, t. II, fol. 163, V» col. 2.
OuisiNE. Fabl. MSS. de S. G. fol. 43, V» col. 3.
QoissiNE. Ph. Mouskes, MS. p. 314.
(1) Il signifie aussi : « 1° Embonpoint (Dosperiers, 28« Conte) : « Il y en eust deux qui se lassèrent de trotter, pour ce
qu'ils estoient un petit chargés de cuisine. » 2° Revenu et fonds pour entretenir une maison. (Duverd., Bibl., p. 153.) (n. e.)
(2) « Que louz ceulz qui voudront tenir estai ou fenestre à vendre cuisine, sachent appareillier toute manière de viande. »
(Lw. des Méliers, 175.) (N. E.)
eu
430
eu
Cuisiner, verbe. Brûler. Nous trouvons ce mot,
avec rncception subsistante, dans les Contredits de
Songecr. f° 174. 11 est mis pour brûler dansée vers:
Ne remaigne se n'el cuisim'.
Fabl. MSS. du K. n- 7015, t. II, fol. 177, R- col. 1.
VARIANTES :
CUISINER. Fabl. MSS. du R. ii° 7G15, t. II, f» 177, R° col. 2.
OuisiNER. Fabl. MSS. de S. G. fol
CrvsiNEn. Contred. de Songeor. fol. 17i, R°.
Cuisinei'ie, subst. féin. Ce qui appartient à la
cuisine. (Monet, Dicl.) rOii le trouve aussi au C.loss.
lat. 7684.]
Cuisineus, adject. Qui appartient à la cuisine.
Cuisineiis se trouve employé comme épitliète de
foyer, dans 51. de la Porte, et comme épitliète
d'ècuelle. (Ibid.)
VARIANTES :
CUISINEUS. Epith. de M. de la Porte.
Cuisinier. Id. Ibid.
Cuisinier, subst. mcisc. Qui fait la cuisine. Ce
rnot subsiste sous celle orlhograpbe, mais nous
avons quelque chose à dire de son ancien usage.
On trouve dans la Table des Métiers de Paris, .ms. de
Meinière, p. '24 : ■> Oyers 'rôtisseurs qui vendent les
« oyes) et cuisiniers, rôtisseurs, ou traiteurs. « On
disoit : « Stile de cuisinier, et marmiteux ■■, comme
nous disons latin de cuisine. '^Le Duchat, sur Rab.
t. Il, p. 100, note 12.) On disoit aussi « cuisinier de
« la reine Cilette », pour désigner un mauvais cui-
sinier. (Oudin, Cur. fr.)
VARIANTES :
CUISINIER. Orth. subsistante.
CuissENiER. Dict. de Borel.
Cuissage, subst. masc. Espèce de droit seigneu-
rial. Le passage qui suit explique en quoi consistoit
ce droit : « Je me suis laissé dire qu'il n'y a pas
« longtemps qu'aucuns seigneurs, mesme ecclésias-
« tiques, avoient droict, par ancienne coustume,
« de mettre une jambe dans le lict où couclioit
« l'espousée, la première nuictde ses noces; il yen
« eut un le quel voulant outrepasser les limites de
« son devoir, et abuser de son privilège, poussé
« d'une effi'enée lubricité fisl perdre ceslecoustume
» au prisdesa vie. » (Div. Leç. deDu Verd. p.9G.)(l)
Cuissal, subst. masc. Cuissard. Partie d'une
armure. (Cotgr. et Oudin.) On disoit cuissau.r [voy.
cmsiaitx ci-dessus] au pluriel. (Id. Ibid. — Voy.
Ci'issARTs ci-après.)
Cuissarts, subst. masc. plur. Armure des
cuisses*. Cuisses °. Ce mot subsiste dans le pre-
mier sens.
Leurs cuisseres estèrent trestout communément.
Pourquoi aler puissent trop plus legieremont.
Du Cange, Gloss. lat. au mot Coxale.
" Osterent leurs cuissez- pour plus legierement
» aler. •< (Ilist. de B. du Guesclin, par Mén. p. 142.)
« Item uns cuissiaus sons pouloins (poulaines,
" becs de souliers) •', dans un inventaire d'armes,
cité par Du Cange, Gloss. lat. au mol Armatura, 3.
» Item soleres (souliers de fer), grèves (armures de
" jambes), poulainset cuissots garnies de samgnies
« (pour étolTes rougies) de haubergerie (collectif de
" bauhert. cuirasse^ et étoffez souflisamment, »
dans une citation du Glossaire lat. de Du Cange, au
mot Snlelus [d'après D. Lobiueau fl. Il, col. 673,
an. 1380).]
Icy se voit l'espée, et sur une autre place.
Les brassars, les cuissots et le corps de cuirasse.
Œuv. de Des Portes, p. 157 el 458.
^ Nous trouvons ce mot sous l'orthographe cuis-
sots, employé pour cuisses, dans le passage suivanl :
Rompt, tranche, et détaille
Jambes, cuissots, des ventres, bras, et testes.
Crétin, page 69.
VARIANTES :
CUISSARTS. Gl. lat. de Du Cange, à Cuissellus.
Cuissards. Mil. fr. du P. Daniel, t. I, p. 4(X).
Clisseres. Gloss. lat. de Du Cange, à Coxale.
Cuissez. Hist. de 1!. du Guescl. par Mén. p. 142.
Cuissiaus. Gloss. lat. de Du Cange, à Armatura.
CuissoLS. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Soletiis.
Cuissots. Œuv. de Des Portes, p. 438.
Cuisse, subst. fém. Terme de vénerie. On appe-
\o'û cuisse de gresse une partie du cerf. « Oste une
« cuisse de gresse, qui est appellée folie (nous
« disons fol l'y laisse, par corr. sot l'y laisse) et l'oste
« avecques l'autre gresse que tu trouveras es
« boyaulx. -> (Moduset Racio, fol. 15.)
Cuisselette, subst. fém. Petite cuisse.
VARIANTES :
CUISSELETTE. Dict. de Cotgrave et d'Oudin.
CuissETTE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 505, col. 4.
CuissETE. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 218.
Cuissené, adjectif. Né d'une cuisse. Epithète
de Bacchus. (Dict. de Cotgrave et de Nicot.)
Cuisser, verbe. Nous trouvons ce mot employé,
en terme de fauconnerie, peut-être dans le sens
llguré de brûler. <■ ,Iacob de Mestretle plumoit l'es-
» pervier sur le cropion, et avec un caulaire cuis-
>' soit, ou destruisoit le petit graiz qui est en celle
« part, el disoit que jamais ne s'escarteleroit. »
(Arteloq. Faucoun. fol. 92.)
Cuisses de nois. C'est ainsi qu'on lit dans le
.MS. de \r de Bombarde, au lieu de croises di' nois
qu'on trouve dans le passage suivant :
Et es croises de nois feu inistrent (mirent).
Rom. de Brut. MS. fol. 103, V- col. l el 2.
Cuissette. [Intercalez Cuissette, fourrure, dans
E. Deschamps (fol. 514):
Or a bonne pane de gris,
De menu vair et de cuissettes.
(I) On lit aussi dans l'évêque Bouhier (statuts synodaux du dioo. de Dijon, 297, num. 17. an. 1744 ; et dans Du Cange,
IV, 283, col. 1> : « Ego vidi in curià Bituricensi coram metropolitano, processum interpellationis, in quo rector, seu curatus
paroohialis, prîetendebat ex consuetudine primam habere carnalem sponsœ cognitionem, qua? consuetudo fuit annullata,
et in einendam condemnatus. Et pariter dici audivi, et pro certo ter.eri , nonnulos Vasconi;e dominos habere facultatem
prima nocte nuptiarum suorura subditorum ponendi unam tibiam nudain ad latus neogam.'B cubantis, aut componendi cum
ipsis. » En Savoie et en Piémont, cette coutume se nommait cazxaqio. (Vov. Mitterm. princip. iur. Germ., S 93, not.
18etl99.)(N. E.) J K . V t s
eu
431 —
eu
C'était la peau recouvrant la cuisse de l'agneau
(JJ. 163, p. 2-2, an. Ii08): « Quatre hoppelandes,
« trois fourrées, les deux d'estaiz deroyez et l'autre
« de CHîSSfif'sd'aigneaulx. » On disposait les peaux
comme dans les manteaux d'hermine : " Lequel
« sera tenu ù faire pour son chef d'œuvre ung
« manteau de cuisse ttes noires, du nombre de
« huit cens jambes et huit tiers de hauteur. « (Ord.
de juillet 1486.)] (n. e.)
Cuisseus, subst. masc. plur. La partie des
cuisses.
Par devers les cuisseus por çou que c'est le pire.
Anonyme parmi les Poés. fr. MSS. av. 1300, t. IV, p. KUll.
Cuissiiiet, suhst. masc. Petit coussin. Diminu-
tif du mot 6'2</ssi« employé sous coijcin. (Voyez ce
dernier mot.)
Cuissineus, adject. Qui appartient au coussin.
Epithète d'oreiller. (De la Porte.)
Cuisson, subst. fé))i. Ce mol subsiste dans le
sens propre, mais on ne diroit plus au figuré, maie
cuisson, pour mauvais traitement, comme dans le
vers suivant :
Ou François par mésaventure
Reçurent si malc cuisson.
G. Guiart, MS. fol. 257, R- [v. G248 (15228) de l'édilion].
Cuistre. [Intercalez Cuistre, et voyez coustre
et couleur. Toutes ces formes remontent au latin
custos.] (n. e.)
Cuite, rtf/j. masc. et fém. Quitte. Libéré (1). On
disoit clamer cuite, dans le sens ou nous disons
tenir quitte.
Tout le mal que j'ai enduré
Vous claiin cuite pour un basier.
Fabl. MSS. du R. :
« Ont verpi et t'/aj/U' cuite
cédé. (Duchesne, Gén. de Béthune", p. 383, litre de
1259.) El de là « clamer cuite une chose » signilioit
aussi y renoncer, au ligure lui dire adieu.
Et toute joie clamer cuite.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 355, R' col. 2.
Tenir une terre cud/e. C'étoit la posséder exempte
de toute redevance ou servitude, peut-être aussi
franche de toute dette.
Ains tint /« terre toute cuite.
Fabl. USS. du R. n* 7218, fol. 355, R" col. 2.
Cuitement, adverbe. Sans retour. Un moine et
un paysan, voulant Iroquer leurs chevaux l'un con-
tre l'autre, conviennent, après avoir disputé sur
leur valeur, de les attacher l'un à l'autre par la
■ 7218, fol. 247. V col. 1.
pour ont quitté.
queue et que celui dont le cheval entraineroit l'au-
tre les emmeneroit tous deux avec lui.
Se li vostres est tant fors
Qu'il puist le notre trare (tirer) fors
Mener l'en poez (pouvez) cuitcinerd (2).
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 2i9. R- col. 2.
Cuiter, verbe. Tenir quitte. Céder. Abandonner.
Ce mot, qui dans le sens propre signifie tenir
quitte, est employé figurémenldans ces vers comme
pour absoudre :
De toz ses péchiez la cuila.
Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 328, V- col. 1.
De là, cuiter se disoit quelquefois pour abandon-
ner une chose, la céder entièrement.
Le cuer avez, je vous le cuite.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol 280, R- col. 2.
Cuitons, subst. masc. Colon, sorte de laine de
cotonnier.
De vorre et de cuitons y seront par dedens mise.
Anon. parmi les Pocs. fr. MSS. av. 1300, t. IV, p. I36i',.
VARIANTES :
CUITONS. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1366.
QuiTONS. Ibid. p. r3G.5.
Cuiture. C'est une faute dans le passage sui-
vant, rapporté par Du Caiige, qui dit qu'il faut lire
cultiirer. 11 seroit plus à propos peut-êlre de lire
cuiturer pour cuire, dans le sens de brûler. C'est
ici appliquer un fer chaud. « Des bestes restives :
« Le soigner li doit faire rendre ses deniers, et
« reprendre à l'auslre sa beste, se il fournit l'assise,
« se il n'a la beste faite mareschauser (traiter par
« un maréchal, panser) ou CH;7Hret3) (lisez cuiturer)
« ou traire dens, ou descoiller la, et il après la
« treuve reslive, il ne la peut rendre par l'assise.
« El se il n'a la beste faite mareschauser de l'une
.< des trois avant dites choses, et elle reslive (est
« rétive), et il la veaut rendre, l'aire le peut par la
« dite assise. >■ (Assises de Jérusalem, ms. ^'ilé par
Du Cange, Gloss. lat. au moiMureschalcia )
Cuive, subst. fém. Cive. Ciboule. Borel inter-
prète mal ce mot par cuivre.
Cuivers, subst. masc. Serf. (Ordonn. des Rois
de France, t. 1, piéf. p. 16 et Ibid. p. 187. note a et
b. Le Gloss. lat. de Du Cange, aux mots Culverta et
Colliberti. Culvert vient de coUibertus (4) formé du
mot latin coiilaborare. On lvou\e conlaboratus, pf\s
en ce sens, dans Baluze, t. I, p. 1211 C'éloil une
espèce de gens qui n'étoienl pas absolument serfs,
mais qui cependant éloient sujets au cens et à la
capitalion (5). Ils pouvoient èlre mis dans le com-
(1) Le sens de la racine quietus (tranquille) est dans Partonopex (v. 7840) : « Si m'en aurés à cevalier Vostre cuite tôt
ligement A trestot cest tornoieruent. » Cuitée, tranquillité, est dans la Chron. des ducs de Normandie, (n. e.)
(2) Cet adverbe a été fait sur cuite de (juietus ; il signifie donc tranquillement. (N. E.)
(3) Ou est pour el (en la) ; culture signilie pré. (N E.)
(4) CoUibertus, qui signifie compagnon d'affranchissement , ne peut venir de collaborator, qui signifie compagnon de
travail, (n. e.)
(5) En Anjou, ils sont rangés parmi les serfs. (Bibl. de l'Ec. des Chartes, IV^ série, t. IV, p. 409, art. de M. Marchegay.)
Us doivent des services personnels définis, des corvées, etc.; ils habitent un domaine dit /iscus colliberti qu'ils transmettent
à leurs descendants. Généralement ils paient une redevance annuelle de 4 deniers, d'où leur nom de servi .un. denariorum.
(Voyez Chandelier.) On se déclarait coUibert en plaçant sur sa tête ces quatre deniers, que le seigneur faisait tomber pour
vous affranchir. (Voyez Grandmaison, Liv. des serfs de Marmoutier.) Us formaient une classe, puisque le fils héritait de la
condition paterneUe ; cependant ils ne sont pas serfs, puisque dans les cartiolaires de S' Père de Chartres et de Vendôme
des actes d'affranchissement transforment des serfs en coUiberts. (n. e.)
eu
— 432 —
eu
merce, et donnes et vendus pnr celui à qui ils
appartenoient.
El dist le rois: ne lor CPlez vos ja ;
Qui ne verra, jamais m'amour n'aura;
Il et ses hoirs toujours cuivcrs sera.
Et de chaviiige (chevage) quatre deniers donra.
Du Gantée, Gl. I. au mol Chevaghim sous le mot Capitale.
Anchises ol non li cnivevz (eut nom le vilain)
<Jui de Troie list les deserz.
Part, de Bl. MS. de S. G. f»I. m. V- col. 2.
Il a été dit plus haut qu'il éloit serf du roi Priain :
Or n'avons riens perdu, recouvrée est la perte
Franchie est la gent Dieu qui por ce estoit cuvprie.
Disimle du Juif cl du Clirct. MS. de S. G. f" 109, V col. 1.
fjll faut peut-être lire couvers au lieu de cotivers,
ans le passage qui suit. Peut-être aussi n'est-ce
qu'une variation d'oitliographe.
Nous sommes ver.sez a l'evers,
Et par vilains, et par couvers.
Hist. de Fr. à la suile du Rom. de Fauvel, fol. 85, V" col. 1 .
(Voy. AcuvEitTin ci-dessus et Cuvektaigf, ci-après.)
VAKIANTES I
CUIVERS. Part, de Bl. MS. de S. G. fol. 124, V» col. 2.
CULVERT, CUVERS.
CoNVERS, pi. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. f" 85.
CtJVERT. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. I, fol. 103, V» col. 2.
Ouverte, s. f. Dispos, du Juif et du Chrét. MS. de S. G.
Ciiivers, adj. musc. Vil, méchant, traître. En
général, ce mot est un terme d'injure qui se prend
communément dans le sens que nous venons de
marquer. 11 tire son origine du substantif précédent
qui signifie une sorte de serfs méprisables.
D'occire le fit grant semblant :
Max cuivers, dit il, ja morras.
Rom. de Brut, MS. fol 3, V col. 2.
Son frère le félon, et citvert.
Ph. Mouskes, MS. p. 21.
Mais moult crenioient Sigebert
Le faus, le félon, le cuveri.
Ibid. p. 26.
Trop est cuveric, et de put estre.
F:ibl. MSS. do S. G. fol. 57, R- col. 2.
VARIANTES :
CUIVERS. Rom. ds Brut, MS. fol. 3, V» col. 2.
CuivERT. Poës. MSS. av. 130t), p. 13.Ô7.
CuiNERS (lisez ctiivet-s}. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 227.
CuvERS. Poës. MSS. dKust. Desch. fol. 28, col. 1.
Ouvert. Ph. Mouskes, p. 21.
CuviERS. Ph. Mouskes, p. 498.
Cuviert. Ph. Mouskes, p. 748.
CuYVERS. Hist. des Trois Maries, MS. p. 227.
Quivers.
CuiVERTE, adj. f. Fabl. MSS. du R. n ■ 7218, fol. 296.
Ouverte, adj. f. Fabl. MSS. du R. n" 7615, t. U, fol. 179.
OUVERSE, adj. f. Poës. MSS. de Froissart, p. 240, col. 2.
Cuiwe, subst. /'m. Soin. Souci. Ce mot vient
du latin cura.
Quant delez lui se fut assis,
^i compaignon sont bien apris.
Assis sont, ne li firent cuivre :
Sor un coffre couvert de cuivre.
Avec deux gentiz damoiseles,
Que qu'il se déduisent a eles
Entendent a plusor affaire.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 86, V- col. 2.
De là, on disoit?i'flt)o?r cuivre pour n'avoir souci.
Des femmes de débauche, après avoir volé un homme
dans un cabaret, conseillent au cabaretier de
prendre ses habits pour gage et de le mettre dehors.
Quant il aura laissié bon gaige,
Si ie metez la fors au large ;
Ainsi n'en aurons james cuivre.
Corloii d'^'tois, MS. de S. Gerni fol. 83, V col. 3.
Cuivré, adj. Garni de cuivre.
Il a le bon espie (épée de cuivre) cttivré.
Floire el Blanch. MS. de S. G. fol. 205, R- col. 1.
(^uivreiis, adjectif, ijui est de cuivre. Ce mot
se trouve sous cette orthographe employé comme
épithèle d'airain, et au féminin comme épithète de
marmite, dans les Epilh. de M. de la Porte. (Voyez
les Dict. de Cotgrave et d'Oudin.)
VARIANTES :
CUIVREUS Epith. de M. de la Porte.
OuïVREUX. Dict. de Cotgrave.
Cuivrijer, verbe. Cacher, couvrir, dissimuler.
Quoique ce mot paroisse avoir cette signification
dans le passage suivant , il y pourroil peut-être
aussi signifier déshonorer, avilir, auquel cas il
viendruil de l'adjeclif cuivers, que l'on a vu
ci-dessus employé pour vil, comme de vilain on a
fait vilainer.
Cil qui se melle de trover (du métier des trouvères)
Doit bien waiter (prendre garde) en quel saison
Il puist miex dire par raison,
Et por mains a'ame cuivrijer :
Conter vos voel, sans destrijer (différer)
Por coi (pourquoi) j'ai comniencié cest dit.
Anon. viarmi les Poes. fr. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1322.
Cujats, 2' pers. plttr. de l'ind. //res. .Vous pen-
sez. Cest le sens de ce mot provençal, suivant le
Dict. de Borel, au mol Drus [comparez le français
cuidcx'^.
Cuker, verbe. Heurter. Ce mot se dit particu-
lièrement des moutons qui se heurtent.
S'il cuke de se corne, nus ne l'en doit blasmer,
Kainc mais ne vi Bernart, ne mouton si cornu.
Anon. parmi les PoCs. fr. MSS. av. 1300, t. IV, p. 13i9.
Cul, subst. musc. Cul. Derrière. Ce mot, qui
subsiste sous la première orthographe avec la même
signification, étoit autrefois employé dans quantité
d'expressions que nous allons rassembler et que
nous partagerons en plusieurs classes pour plus
d'ordre et de clarté.
^ous commencerons, comme l'ordre naturel le
demande, par les expressions où ce mot conserve
son sens propre et primitif, quoique l'expression
même dans la composition de laquelle il entre soit
métaphorique en sa totalité.
1° Cul du dialile signifioit cul de basse fosse,
cachot. •' On reclust Balde au fonds de la terre
« soubs le eut du diable, et ne luy octroyé on point
« une seule dragme de jour, ou .de lumière. »
(Merlin Cocaie, t. 1, p. 13.5.)
'2o Cul salle. Sorte de jeu , dans Rab. t. I, p. 152.
3° Cul de Paris. Façon de parler en quelque sorte
proverbiale.
J'ay bonnes rayns, ce m'est avis,
Bon dos, bon cul de Paris,
Cuisses et gambes bien faictes,
Suv je, suy je, suy je belle.
Poës. MSS. d'E'Jst. Desch. fol. 173. col. 4.
4° Cul d'estourneaux semble désigner un cul
maigre et décharné, dans le vers suivant où l'au-
eu
— 433 —
eu
teiir, parcourant les différentes parties du corps,
leur attribue à ctiacune la qualité la plus opposée à
celle qu'elle devrait avoir pour être belle et bien
faite.
Cul d'eslourneaux, gros genoux d'oliphant.
Pors. MSS. d'Eust. Descii. fol. 221, col. 4.
Passons maintenant aux expressions directement
contraires aux précédentes, c'est-à-dire celles ou
le mot cul est employé métaphoriquement, quoique
l'expression où il se "trouve soit en son entier dans
sa signification propre et primitive.
i' Cul de couvent, c'est-à-dire couvent, fonds de
couvent. Arnolplie, en colère, dit à Agnès :
Vous rebutez mes vœux, et me poussez à bout,
Mais un cul de com-etil nie vengera de tout (l).
Coméd. de Molière, Ecole des femmes, acte 5, se. 4.
2° Cul de fosse signifioit cul de basse fosse,
cachot. (Dicl. d'Oudin.) •■ Fit mettre en un cul de
« fosse les ambassadeurs envoyez à cet elîet. »
(Ess. de Mont. l. III, p. 331.)
3° Cul de hache désignoit le dos, le revers d'une
hache. (Chasse de GasI. Phéb. ms. p. 20'2.) ('ij
4° Cul de robe sigiiilioit cette partie de la robe des
femmes qui s'étend par derrière depuis les reins
jusques aux talons, comme le prouvent ces vers :
Mais au dessoubs fault faire voile
Depuis les reing jusques au piet
Du cul de robe qui leur chiet
Contre val, comme uns fons de cuve,
Bien fourré, où elle s'encuve,
El ainsi ara la meschine,
Gresle corps, ijros ctil et poitrine.
Poés. MSS. d'Eust. Dcsrh. fol. 491.
5» Dans le passage suivant, ce mot signifie méta-
phoiiquement quelque paquel de linge ou autre
chose semblable que les femmes mettent à la place
du derrière (quand elles n'en ont pas) pour paroitre
en avoir. <• Encore que ce gros cul empesche les
« femm.es qui le portent, si est ce que, quand elles
« veulent, elles le laissent, et en ay eu plusieurs
« qui disoient : apportez moy mon cul, j'ay laissé
■• mon cul a la maison, et me suis tant advancée
« (depeschée, hastée) que je suis venue icy sans
« mon cul. « (Bouchet, Serées, liv. 111, page Gô. —
Voy. ci-après prendre son cul par l'oreille]
6° Cul jilat de mors. C'est le nom que donnent les
éperonniers à cette partie du mors distinguée de
celle qu'ils appellent cul de bassin. (Dict. d'Oudin.)
7° Cul de la bourse signifioit le fonds de la bourse
ou la bourse même , quelquefois aussi l'argent
qu'elle renferme :
Il font pugnir larrons par le pendant,
Ou bien souvent par le c»/ de la bourse.
Crelin, p. 178.
Ce mot cw^ait partie de chacun de ces quatre
mots composés culclos, culocul, quloculet<iuloscul,
qui ont signifié tous quatre ce que nous nommons
populairement le culot, le plus jeune de tous les
enfans d'une famille. (Dict. d'Oudin, de Cotgrave et
de Nicot.) Ils ont aussi désigné le dernier né de
tous les petits d'un animal. (Ôud. Cur. fr.)
Parlons, à cette heure, des expressions adver-
biales où ce mot se trouve employé :
1° Après le cul se disoit pour signifier par der-
rière. (Modus et Racio, fol. 30.)
2° Le cul dehors, c'est-à-dire en montrant le cul,
en allongeant le derrière, ce qui se faisoit pour se
moquer ou pour témoigner du mépris.
Tu seras partout diffamé ;
Car quant l'en te monstroit les voies
De marier, tu respondoies
A ceuls qui t'en parloient lors.
En ce blasmant, le cul dehors.
Alléguant franchise, franchise;
Et tu as fait de femme prise.
Poès. MSS d'EusI. Desch. fol. 418. col. 2.
3° De cul et de teste. Celte expression est encore
en usage, et soit qu'elle s'emploie au propre ou au
figuré, elle signifie toujours de toute sa force, de
tout son pouvoir. « Après avoirrué plusieurs coups
« l'un sur l'autre, et voyant que leur force ne
>i diminuoit en rien, délibéra jouer à quitte ou dou-
« ble, parquoy baissant la teste, e! se parant au
» mieux qu'il iieult, entra sur Macarée de cul et de
" teste{S), luy ruant un coup de taille, duquel il pen-
« soit luy couper les jarretz. » (D. Florès de Grèce,
fol. 108.)
4° De cul fin. C'est une basse et grossière équivo-
que, dans les vers suivans, pour de cœur fin,
c'est-à-dire de bonne foi, sincèrement :
Ce conte fus à noces vers S. Harcelains
Par sintes miroracles fesis vers l'an vins
Ensi, com je le croe vraiement, de cul fin.
Arion. parmi les Poi-s. fr. MSS. av. 1300. t. IV, p. 1367.
5° Cul sur pointe, c'est-à-dire à la renverse. On
trouve envoyer cul sur pointe, pour renverser,
détruire, dans les Essais de Jfontaigne, t. I, p. 4'29.
*i° De cul et de pointe s\gn\i\o\[à'unhout à l'autre.
L'enmaine de ctd et de pointe.
Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 249, V" col. 1.
7° Le cul entre deux fesses, c'est-à-dire au milieu,
dans un égal éloignement des deux extrémités.
L'auteur, comparant les génies médiocres aux
grands el aux petits génies, dit •> les mestis (mi-
" loyens) qui ont dédaigné le premier siège de
« l'ignorance des lettres, et n'ont pu joindre l'autre,
" le cul entre deux fesses, desquels je suis, et tant
•' d'aulres,sontdangereux, ineptes, importuns, ceux
« cy troublent le monde. « (Ess. de Mont. 1. 1, p. 531.)
L'ordre naturel semble demander qu'après les
adverbes, nous faisions suivre les interjections :
1" Par le cul Dieu éloit une espèce de jurement
brutal et impie. Nous le trouvons souvent répété
dans les Fabl. mss. du R.
Par le cul Dieu, fet-il, c'est drois.
Fahl. MSS. du R. n' 7218, fol. 235
V- col. 2.
(1) C'est-à-dire un cul de basse fosse. (Voyez Cul du diable.) (n e.)
(2) Ou plutôt poignée (.TJ. 143, p. 109, an. 1392) : « Icellui Cervoise donna audit Dufesne avecques le cul de sa dague
deux ou trois cops sur la teste. » (n. e.)
(3) On lit aussi dans la Bibl. de l'Ecole des Chartes (IV' série, t. I, p. 430, xv» siècle) : « Quarante hommes d'armes qui
estoient au roi, furent chassés cvl par dessus teste , par les coureurs et quelque nombre de gens de l'avant-garde du
duc. » (N. E.)
IV- 55
GU
— 434 —
eu
1" Par le cul sainte Marie éloit un jurement de
h) même espèce que le précédent.
Vois ! par le rui saiitle Marie.
FaW. MSS. du R. n- "ilg, fol. 13, V" col. 1.
3» Par le cul bien est vraisemblablement une
faute dans le vers qui suit, où il iaul lireywr le cul
bieu, ce qui ne seroil que le premier jurement dont
on auroii changé le dernier mol pour en ôter l'im-
piété.
Par le cul bien qui est ce dont ?
IbiJ. fol. 740, V- col. 1.
Nous allons passer aux façons de parler où ce
mot, soit au propre, soit au llguré, ne sert que de
modification à tel ou tel verbe auquel il donne une
signification particulière qu il nauroit pas sans lui :
1° Metlre un cheval du cul, c'est le renverser de
telle sorte qu'il ne porte que sur la croupe et les
jambes de derrière. « La lance lui feit voler du
« poing, et viist son clieval du cul, lequel fut puis-
« sant, et se releva. » (J. d'Aut. Ann. de Louis XII,
page 147.)
2- Mettre de cul signifioit mettre ù quia, comme
nous disons maintenant, c'est-à-dire faire des argu-
mens auxquels ou ne puisse pas répondre. (Rabe-
lais, t. Il, p. 180.)
3° Tendre les mains vers le cul vouloit dire être
pendu.
Gontars fu tes cousins germains,
Qui vers soh cul lendi ses mains.
Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol.
V- col. 2.
4» Manger le cul des poules, c'est-à-dire croquer
la poule des paysans. « Voulant faire marcher son
« homme à la première poincte d'un assaut qui se
« donnoit à Vezelay, il le trouva tout autre qu'il
<' n'esloit, mumjeant le cul des poules sur le bon
« homme. « (Douchet, Serées, liv. III, p. 29.)
5° Faire le cul de poule, c'est serrer les doigts
l'un contre l'autre et en faire toucher les extrémités
à la paume de la main [c'est faire la moue en
avançant et en pressant les lèvres]. (Rab. t. II,
p. 183.)
6° Metlre au cul du four signifioit ne pas
employer, ne pas se servir.
Les vaillans mettre au cul du four.
Pocs. MSS. d'Eust. Dcsch. fol. 431, col. 2.
7° Prendre son cul par l'oreille, c'est proprement
prendre la queue de son vêlement, le cul de robe
qu'on a vu ci-dessus, le retrousser pour mieux cou-
rir. Nous disons, dans le même sens, prendre son
cul à deux mains ou prendre ses jambes à son col.
Son cul a par l'oreille pris
Si a passée la charriere.
Fabl. MSS. de S. G. fol. 48, V'col. i.
8° Etre de deux selles le cul à terre, c'est-à-dire
n'oblenir aucune des deux choses ((ue l'on veut
avoir ou chose semblable. Nous disons dans le
même sens : être entre deux selles le cul à terre.
Jean le Veau, en ini.'^, écrivant à l'archiduchesse
Marguerite d'Autriche, au sujet du duc de Milan,
s'e.xprime ainsi : ■• J'ay crainte, madame, à parler
« par révérence, que ce povre duc n'en soitdedeux
« selles le cul à lerre. » (Lett. de Louis XII, t. IV,
page 252.)
9° .Hier de ventre ou de cul, c'esl-à-dire marcher
en avant ou en anière. •• Avoienl aussi tousjours
« patente la partie postérieure de la teste, comme
« nous avons le visaige; cela esloit cause qu'ils
» alloient de ventre, ou de cul comme bon leur
« sembloit. » iRab. t. Y, p. 129.)
Nous voici enfin à la dernière classe qui con-
tiendra les proverbes où le mot cul se trouve
employé (I) :
1" Pitie:i de cul trait lentes de cliief. Il est plus
que probable, par le sens total du passage où se
trouve ce proverbe, qu'il signifie que la complai-
sance qu'ont les jeu nés gens pour les vieilles femmes
amoureuses leur élanlbien payée, sert à les tirer
de l'indigence et par conséquent à les délivrer des
lentes qui en sont une suite presque nécessaire.
Et par nuit, et par jor.
Piliez de cul.
Prov. du Vil. MS. de S. G. fol. 75, R- col. l et i.
2° Plus tire eus que corde. Ce proverbe répond
précisément à celui qui dit : « Un cheveu de ce
0 qu'on aime tire plus que quatre bœufs. »
Plus tire eus que carde.
Prov. du Vil. MS. de S. G. f' 75, R» col. 1.
3° Mal se cuevre cui le cul pert. Ce proverbe se
trouve aussi dans les Prov. du Vilain, ms. de S. G.
fol. 75.
4° Bientost porra sa goule savoir que son cul
/joise. On se servoit de cette expression pour dire
de quelqu'un qu'il pourra bientôt être pendu.
Se il s'en orguillist, et mené foie noise
Bientost porra sa r/outr savoir que s<yn cul poise.
Fabl." MSS. du R. n- 7218, foi. 218, R- col. 2.
Cette façon de parler a été imitée par Villon (2).
VARIANTES :
CUL. Orth. subsistante.
Cus. Fabl. MSS. de S. G. fol. 56, R» col. 1.
Culaige, subst. masc. Ce mot est peut-être le
même que cullage ci-après. Nous le trouvons em-
ployé dans un sens obscène (3), dans des lettres de
Charles VI du mois de juillet 1415, où nous lisons :
« .le crois qu'elle est allée boire du culaige ma
» sœur n'avez vous pas honte d'aller si souvent
Il chez Miicé Toiret? quelle chose y avez vous à
» faire .^ vous vous ferez dilfamer, et parler de vous
(1) Froissart écrit aussi : « [Le roi d'Angleterre! a le cul trop pesant ; il ne demande que le boire et le mangier. »
(XVI, 3.^ (N. E.)
(2) « Je suis François dont ce me poise ; Né à Paris emprès Pontoise ; Et saura corde d'une toise Ce que mon col à mon
cul poise. » (N. E.)
(3) C'pst un présent. Le nouveau marié, pour échapper aux cérémonies burlesques qui accompagnent encore en Bretagne
la première nuit de noces, faisait à ses compagnons un présent en vin : « Fu par les variés de la ville de S. .lust demandé le
vin ou coullaige, qui est \ine chose accoustumée ou pays. » (JJ. 189, p. 284, an. 1458 ) De même au reg. JJ. Wt, p. 4Î^,
an. 1454: « Lesquelz compaignons envoyèrent... oudit hostel ou se faisoient les nopces, pour demander à l'espousé son
culaige, ainsi qu'ilz ont accouslumé à faire oudit lieu [de S' Leu en Rethelois.] » (n. e.)
eu
— 435
eu
» deshonnetement. « (Très, des Chart. Reg. 168,
page 270.)
Culasse, subst. fém. Vieillesse. Ce mot, dans le
sens propre, désignoit nn gros vilain cul, paroppo-
silion à culot, pris pour diminutif de cul. De là, on
a employé le mot culot pour marquei' la jeunesse,
et culasse pour exprimer la vieillesse. On disoit
proverbialement : « Qui nectiastie culot, nechastie
« culasse, « c'est-b-dire* quand on a négligé de
châtier dans la jeunesse, on ne châtie pas dans la
vieillesse. Cotgr. — Voy. Culot.)
Culasson, subst. masc. Culasse. (Oudin, Dict.)
Cillé. [Intercalez Culé, chaton de bague, dans
rinv. des biens du duc de Berri (an. l-ilC): « Item
« de .\\\. chastons ou cule^ d'or. »] (n. e.)
Ciller, verbe. C'est un terme obscène employé
par Clém. Marot (I).
Culerage, subst. masc. Persicaire. Sorte de
plante. (Dict. d'Oudin.)
Culette, subst. fém. Queue de robe. On disoit
aussi cul de robe dans le même sens. (Voyez celte
expression au mot Cul ci-dessus.) « 11 les happeroit
« aux fesses comme étant les plus savoureuses, et
» mieux faisindées, joint qu'il eloil assez aisé,
« parce qu'alors les dames n'avoienl point de
<' culette. « (Moyen de Parvenir, p. 108.)
Culice, subst. masc. Cousin. Sorte d'insecle.
« Il parle absolument, et proprement des pulces,
■• punaises, cirons, monsches calices, et autres
« telles bestes. » (Rabelais, t. III, p. l'21.)
Culinaire, adjectif. Qui concerne la cuisine.
(Cotgr. et Oudin.;»
Cullage, sulist. masc. Espèce de droit seigneu-
rial. C'étoit un droit des seigneurs sur les nouveaux
mariés leurs vassaux. (Laur. (Jloss.du Droit fr. (2);
Du Cange, Glossaire latin aux mots Collecta. Cula-
gium el Marcheta.) Ce mot a été corrompu de celui
A'osculage, en latin osculagium.
VARI.\NTES :
CULLAGE, CULAGE. CULLIAGE, CUL.
COLLETAIGE, COI'ILLAGE.
Ciillet. [Intercalez Cullet, sorte d'étoffe ou de
peau : « Iteai d'une panne de cullet, le vendeur
« doit .n. den., et autant l'acheteur. » (Du Cange,
II, 692, col. -.'.)] (N. E.)
Cullier, subst. masc. Cul (3). (E. Desch. f° 346.)
Ciillot. [Intercalez C;///of, basset: « Xostre ami
« Richard des Costes, escuier, bourgeois et citoyen
« de Lion,... ayant près de lui ungsien chien '^ullol
« assez rioleux et malicieux. » (JJ. 195, p. H26,
an. 1474.)] (n. e.)
Ciilon, subst. masc. Cul.
Il faut qu'ils ayent suprà culons.
Œuv. de Rog. de Collerye, p. (î.
Culot. [Intercalez Culot, bourse (JJ. 165, p. 53,
an. 1410): « Le suppliant print en l'ostel Jehan le
" .Noir escuier, demeurant à Noyon,... un culot
•< nommé bourse, boutonnée de fraiseles dorées. »
Le reg. JJ. 170, p. 262, an. 1418, nous donne le
pluriel : « Deux bourses à usaige d'homme ou de
« femme, nommées culoz. »] (n. e.)
Culte, aclj. Cultivé.
Las faudra il qu'un gendarme impiteux
Tienne ce champ tant culte, et fructueu.v.
Clém. llarol, p. 483.
Ciiltefier, verbe. Cultiver. Dieu, après avoir
chassé Adam du paradis terrestre, le conduisit en
Orient, « li envoya diverses semences par ses angel
" (anges) e leur inonsti'a cornent il devoit laborer
« e lalerre culte fier. » (Hist. de la S'° Croix, ms. p. 3.)
Cultellaire, adj. Fait avec un couteau (4).
(Colgr. et Oudin, Dict.)
Cultivage, subst. masc. Culture. (Oud. Dict.) (5)
Cultivation, subst. fém. Culture. Cultiveure
est employé figurément dans ces vers où le poète,
s'adressaiit à la sainte Vierge, dit :
Vigne de noble fruit chargée,
Sans humaine cultiveure,
Violele non violée,
Cortilz touz enceinz à closture.
Fabl. MSS. du R. n- -218, fol. 179, V' col. 1 [Rulebeuf, H, 12].
VARIANTES :
CULTIVATION. Dict. d'Oudin et de Colgr. [Voy. Couture.]
Cultiveure. Fabl. MSS. du R. n"7'218, f° 179, V» col. 1 (6).
Cultivement, s^/bs^ masc. Culture*. Culte ^.
* Le premier sens est culture. iOud et Cotgr.) (7)
^Dans le second sens de culte, on a dit : « Je
« regarderai l'onneur, et le cultivement de Dieu, et
>. des églises. " (Chron. de S. Den. t. I, fol. 180.) (8)
Cultiver, verbe. .4dorer, rendre un culte*.
Recueillir, percevoir^.
*Ce mot, qui subsiste, n'exprime plus, comme au-
trefois, le culte que les hommes rendent à la divinité:
Les isdoles que cultivon.^ clii
Chou est culture d'anemi.
Vies des SB. MS. de Sorbonne, chif. LX, col. 45.
(1) On trouve au même sens ruleler, en latin clunagilare, au Gloss. 7692 ; on lit aussi à la 81" Nouv. de Louis XI : « Ce
bon chevalier, qui tout le jour avoit culleté sa selle tant à la queste des lièvres comme pour quérir logis. » (N. E.)
(2) Lauriére cite une charte de 1507 sur les revenus de la baronnie de S' M irtin le Gaillard : « Item a ledit seigneur [le
comte d'Eu] audit lieu de Saint Martin droit de cullaije quand on se marie. » (N. E.)
(3) « On en a de vache et de brebis, De buefs, de pourceaulx, de moutons, Boyaux cnlliers , pance et le pis , Teste de
veau. » (N. E.)
(4) Ou ayant forme de couteau : « Des quels cautères aucuns sont cuUeUaires, les autres ponctuels, les autres otivaires. »
(Paré, XVI, 33.) (n. e)
(5) On Ut aussi dans un ms. de la Consolation de Boèce (Du Cange, II, 695, col. 2) : « .\ coultiver terre s'adonne , Et sis
qui le cuer ot volage, Commence à louer cullivage. » (N. E.)
(6) On lit aussi au Gloss. lat. 7692 : « Latria, cultiveure de Dieu. » (N. E.)
(7) On lit aussi dans Christine de Pisan (Charles V, II, 2) : « Une autre porcion de peuple fu par lui commise au labour
et coulltvcment des terres, y (N. E.)
(8) On lit au reg. des fiefs du comté de Clermont (an. 1254) : « Nous pour regart don cultivement divin. » (n. e.)
eu
436 —
eu
^Cultiver est pris pour recueillir, percevoir,
dans ce passage : >< Les renies que doivent en bled
« lesbabilans du dit lieu se doivent payer, el culti-
" ver en la manière que cy après s'en suit » (Coût.
de la ville de Puele, N. C. (J. t. 1, p. 416.)
VARIANTES :
CULTIVER.
CoiLivER pour Cultiver. LaThaum. Coût. d'Orl. p. 466(1).
CusTlVER. Loi.\ Norm. art. 33, en latin coleve terram (2).
Cultiveur, subst. masc. Cullivateur (3). On
trouve le mot ciiltivierrcs, en ce sens, dans les
vers qui suivent :
Li ciiUivierrcs lion (homme)
Qui fet gaaignerie (fait un labour)
Premerement arrache
Le chardon, et l'ortie.
Kabl. MSS. du R. n* 7015, l. 11. fol. 178, K» col. -2.
VARIANTES :
CULTIVEUR. Loix Norm. art. 33, en latin cultor.
CuLTiviERRES. Fabl. MSS. du R. n° 7615, t. II, fol. 178 (4).
Culture, subst. fém. Culte [voyez couture].
INous venons de voir ciil.tivement et cultiver en
ce sens. Culture a la même signilicalion en ce vers:
Chou est culiure d'anemi (démon).
Vies des SS. MS. de Sorb. LX, col. 45.
Culvertage. [Intercalez Culvcrtage, asservis-
sement, esclavage, dans Partonopex, v. 230, et
dans la Chronique des ducs de Normandie, t. II,
v. 16706.)] (n. e.)
Cum, CuN, CoME, CoN, CuME, Clmme, dans le sens
de comme, de même que, ainsi que. (Marbod. col.
1642.) » Ces seyl entendu aussi ben de cliasteus, e
« des contes, ki le Hey iiostre père nos ad bayle,
« e de forestes, ensement e des autres bayla'ies,
« les queus nos tenoms à terme par un seul bayl
« cum de nos cliasteus et de nos baylaces de
« meyne. » ^Rymer, t. I, p. 115, col. I, til. de 1270.
— Duchesne, Gen. de Cbastilloii, p. 45, tit. de 1236.)
Com il fut ainsi que, pour comme, etc. (Duchesne,
Gen. de Bethune, p. lil, tit. de 1259.)
Cum signifie lorsque, attendu que, puisque,
quoique.
" 0 f«m\5)est chaitiscil homme ki dezoitluy
» mismes por ceu k'il cuydet estre aucune chose,
<■ cÎDii il soit uns nianz. - (S. Bern. Serm. fr. mss.
page 292.)
Cum est employé avec le sens de comme, dans ce
passage : « Faisons savoir que cum discors
« fut,"etc. « (Perard, Uist. de Bourg, p. 519, titre
de 1270.)
Le mol cum, dans S. Bernard, p. 265, répond au
latin cum. Cum ce soit que et cum il soit, dans
S. Bern. Serm. fr. .mss. p. 4, 93, 99, répond loujours
au latin cum, dans le sens de comme et puisque.
Come [Si], comme. (Rynier, 1. 1, p. 109, col. 1.)
Coii, comme. (Perard, Hist. de Bourg, p. 502.)
Cum, comme. (Marbodus, col. 16iO.)
Cumc, comme. (Marbodus, col. 16'i8.)
Cuinme, cûmme. (Duchesne, Gén. de Bar-le-Duc,
p. 30, lit de I2'<9.)
Cum, combien. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 2, 3, 4.)
C«)h/;/ch, combien. (Duchesne, Gén. de Bar-le-Duc,
p. 30, lil. de 1249.)
En cum briej parole. (S. Bernard, Serm. fr. »ss.
page 288.)
Cum el cun grant. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 44.)
Cum lonyement ou longuement. (S. Bern. Serm!
fr. MSS. p. 46.)
Cum el cumque, combien que, etc. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 53.)
Cum po ou poc. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 252.)
Cum ou cou poc que soit, tant soit peu. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 77.)
Cotn, que.
Por ensis com, pour ainsi que. (Perard, Ilist. de
Bourg, p. 514.)
Si com, ainsi que. (D. Morice, Hist. de Br. p. 934.)
Tant com, tant que. (Rymer. t. I, p. 45.)
Issi com. ainsi que. (S. Alhan. Syuib. fr.)
Ausi comc, ainsi que. (S. Alhan. Symb. fr.)
Aulrelcnt come, autant que. (Rymèr, t. I, p. !09.)
Issi come, ainsi que. (S. Alhan. Symb. fr.)
Si come, ainsi que. (Idem.)
Tant come, tant que. (Rymer, t. I, p. 50.)
Taunl come. jusqu'à ce que. (Rymer, t. I, p. 109.)
Ainsi comme, ainsi que. ^Perard, p. 518.)
Ensi el ensint comme, ainsi que. (Duchesne,
Gén. de Bétbune, p. 138.)
Ausinc comme, ainsi que. (Perard, p. 519.)
De ce comme, de ce que. (Loix Norm. art. 2.)
Si comme, comme ainsi que. (Perard, p. 492.)
Tant comme, tant que. (Perard, p. 518.)
Cou, que. Ainsi counous, ainsi que nous. (Perard,
Uist. de Bourg, p. 503.)
Aussi avant cou, autant que. (Duchesne, Gén. de
Bétbune, p. 383.)
Allre tel cum, tel que. (.Marbodus, col. 1652.)
Ensic ou ensinc cum, ainsi que. (Perard, p. 519.)
Si cum, ainsi que. (Loix Norm. art. 41.)
Tant cum. iiulnni que, tandis que. (Loix Norm.
art. 12.)
Tel cum, tel que. (Loix Norm. art. 32.)
Autre tel cum, telle que. (Maibodus, col. 1642.)
Olele cum, telle que. (Marbodus, col. 1642.)
Si cume, ainsi que. (S. Alhan. Symb. fr.)
Con, qu'on. (Duchesne, Gén. de Guines, p. 283.)
Si cou, ainsi que. (Perard, Hist. de Bourg, p. 502.)
Cum, qu'on. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 5.)
Cun, qu'on. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 5.)
Cumaucer, verbe. La signification de ce mot,
dans le passage suivant, paroît fort incertaine.
(1) Ou plutôt coiUivée (Benoît de S' Mort, v. 7059) et coliver (Adam, Mystère, p. 35). (N. e.)
(2) « Cil qui cuslivent la terre. » (n. e.)
(3) On trouve aussi ci<Wiud(B»)' dans .luvenal des Ursins (Hist. de Charles VI, p. 290) : « Cultivateur de paix. » Colère,
d'où dérive cultivateur, a le sens d'aimer, (n. e.)
(4) C'est le cas sujet ; dans le lib. psalmor. (fol. 156), on a cultirerc; le cas rjgime est cultiveciior (id., fol. 155). (N. E.)
(5) C'est déjà la forme dans le Serment de Strasbourg : « Si cum om, per dreit son fradra salvar dist. » (n. e.)
eu
437 -
eu
Peul-étre y esl-il mis dans le sens d'inviter,
semoncer :
Graf lens art qu'assés ia à cuiiiancer
Et s'en la vile a chevalier
Que sejorner vois le cacerai (je le chasserai)
Qu'il l'en amaint ensans casai.
Fabl. MSS. Ju R. ir TOSa, fol. 6". V" col. i.
Ciiniare, suhst. fém. SibiUe de Cumes. (Colgr.
Dictionnaire.)
Cumascle, suhst. fém. Crémaillère [en pro-
vençal], (Du Gange, Gloss. lat. à Cumascle.)
Cuinbel. [Intercalez Cumbel, vallon, diminutif
de combe: « Dicta terra... se exlendit usque ad
« cuniLiam sive cuinbale, à\cium cumbel paurtit. •■
(JJ. 71, p. 319, an. 1339.)] (.n. e.)
Cuinencement, subst. Commencement [voyez
commencement]. (Marbodus, col. 1658.)
Cumuler, verbe. Amasser, accumuler. (Cofgr.
Dictionnaire.)
Cun. Ce mot signifie quelquefois comme. (Voyez
Co.M.) Quelquefois il s'est pris pourqu"un, c'est-à-dire
que un. (Borel, Dict.)
Ne se tinrent c'uns faus d'Alemaigne.
Ch.-ms. MSS. du C" Tliibaul, p. 151.
On trouxe, au féminin, cune pour c'une, que une
dans le Trésor de Borel, p. ô7.
Dans les vers que nous allons rapporter, cun
paroitètre une faute et signiile l'instant, le moment.
L'auteur, parlant du roi de France Louis l'"' dit le
Débonnaire, dit que :
S'orrent fait espiier cil cttn.
Ph. Mouskes, MS. p. 48i.
VAR1.4NTES :
CUN. Ph. Mouskes, MS. p. 484.
C'UNS. Thib. de Nav. Poës. MSS. av. 13<X), t. I. p. 268.
Cunardir. flnlercalez Cunardir. entreprendre
(JJ. 17'2, p. i07, an. 1 'r>3) : .. Lequel Perrinet vint
« pour marcliaiider avec les coinpaigiions ou l'un
« d'eulx, de cunardir de faire une pièce de vigne,
•■ qui à dire becliier ou houer. "] (.n. e.)
Cunchiure, suhst. [cm. Ordure. C'est le sens
propre de ce mot. Un a dit au figuré : « Adonque
« serai iou sans cunchiure > , traduit du latin lune
ero immaculatiis. i,l\tg\. de S. Ben. lai. fr. ms. de
Beauvais, ch. 7.)
Cunctateur, subst. masc. ïeinporiseur (i;. On
trouve ce mot employé comme épilhète de Fabius,
dans les Fpilb. de la Porte.
Cunctation, subst. fém. Délai, relard. (Cotgr.
Dictionnaire.)
Cunes. Si ce mol n'est pas une faute dans le
passage suivant, il peut être le nom d'un pays ou
d'une ville de l'Asie.
Que maille n'en faussa de l'auberc de cimex.
Parton. de Blois, MS. de S. G. fol. lîO, R° col. 3.
Cuniae, subst. masc. Coulluenl. (Valois, notice
des Gaules, col. 153.)
Cuuiie, subst. Générations. (Borel, 2" add.)
Cunte, subst. fém. Espèce de peine juridique.
C'est elle que l'on eucouroil lorsque l'on ne se ren-
doil pas aux plaids de justice tenus dans un comté
ou dans le canton, ou le district de la seigneurie.
« Etre quite de seule (poursuite) ou cunte (pour
<' compte) " , c'est être exempt de cette peine. iDu
Gange, Gl. lat. à Syre, sous scyra.)
Cunyat, suhst. masc. Beau-frère. C'est un mot
gascon. " Que nos som obligats al Bey d'Arago
« cunyat [voyez culgnat] nostre, ab sagramenl, de
« valer et ajudar li contra tôles les personnes
del mon. ■■ (Du Gange, Gl. lat. à Valere.)
Gupée. [Intercalez Cupée, sorte d'alouette (Chr.
des ducs de Norm., v. 19241) :
Par les plains chante la cupée.
Au vers 31314, c'est une épilhète :
Kar aiiiz que seit clers li matins
Ne que chant l'aloe citpée. (N. E.)
Cupide, adj. Qui désire, <|ui convoite. (.Nicol
et Monel, Dictionn.) « Plusencores inlinimentestoil
« cupide, el insatiable de richesses. » (L'Amant
ressuscité, p. 106.)
Cupidemant, adverbe. Avec cupidité, avide-
ment. (Monel, Dict.)
Cupidique, adj. Amoureux. (Cotgr. Dict.) (2)
Cupidité, sulist. fém. Ce mol subsiste. Nous ne
le citons que pour parler de son époque. Il étoit
nouvellement introduit dans la langue, suivant
Ménage. (Bemarques sur la langue, page 76.) On le
trouve cependant dans Charron (3). •< On a très bien
« dit que cupidité estoit racine de lous maux. -
(Sagesse de Charron, p. 135. j
Cupido. subst. Cupidité.
Cupklo vit, richf^sce est honourée.
Poés. MSS. d'Eust. Desch. fol. 31. col. 2 (4).
Cupidouneau,SH/^sf. }nasc. PelilCupidon. •• Ses
« beaux yeux petits cupidonneaux. » (Moyen de
Parvenir, p. 22.)
Cuque, suhst. fém. Compagnie de coqHiins.
(Oudin, Dict.)
Cuquelin. [Intercalez Cuquelin , mesure de
poids ou de volume, au reg. JJ. l63, p. 208,
an. 1408): » Lu lonnellet de huit loz ou environ,
.. plain de chandelles de sieu, contenant .\iii. livres
■i ou environ, el deux euquelins d'espices. »] (.n. e.
Cura, suhst. L'action de curer, de nettoyer.
C'est un mol provençal [c'est un mot latin dans
une charte latine de Marseille (1257)]. (Du Gange, à
Cura, 3.)
Curable, adj. Qui guérit. Epithète de remède
(1) « Cela fit haster ce cuitctaleur de gagner Orléans. » (D'Aubigné, Hist., I, 104 ) (N. E.)
(2) On lit dans Marot, d'après Leroux : « El si deliberay, Pour rencontrer cette dame pudique. De m'en aller au temple
<:apidique », c est-à-dire de Cupidou. (N. E.)
(3) Et avant lui dans J. Lemaire (Pallas parlant à Vénus): « Donne toy garde des rochlers de cupidité effrénée. » (n. e.)
(4) Dochez, et d'après lui M. Littré, ont lu cupidité, (n. e.)
eu
— 438 -
eu
dans De la Porte. Nous disons incurable, mais nous
ne disons point c!(raW(' (1).
Curache. [Inteivalez Citrache, cuirasse, dans
une ordonnance du duc de Bourgoiîne (1573):
« Les hommes d'armes sei'onl armez, habillez et
« montez ainsi qu'il est déclairié cy àpiès ; c'est
« assavoir de curache eom[)lette. " Voyez Cri-
liACiii:.] (.N. E.)
Cui'acioii, suhst. fém. Remède.
Ne je n'y vois nulle curacinii
l'ors de fuir
Pocs. MSS. d'Eust. Dcscli. fol. W, col. 2.
Ciiragiei-, fi<lj. Qui prend soin. On a dit cum-
(jiere iI'cIikjuciicc, pour désiLrner une personne qui
s"appli(iue à réioii'.icnce, qui est éloquente. (Moyen
de Parvenir, p. 247.)
Ciiraignement, suhsL innsc. Parole. En latin
effamrn, selon le Cliss. du P. Labbe, p. 499. Peut-
être faut-il WvQ arraignonent.
Cnrailles, suhst. j'em. phiv. Epluchures ,
ordures (2).
v.iiiiA.N'TEs :
CURAIL1.es. Dict. de Cotgr. et dOudin.
CuREUREs. Ord. t. III, p. 97.
Ciiralier. [Intercalez Curnlicr, broussailles,
dans une charte de 1308 (JJ. 40, p. 29): .■ Domini
« de Fontesio possint depascere animalia sua, et
« ibidem ligna, videlicel motzes et boisses et
<< argilax et curaliers dumtaxat colligere... ad opus
<■ furni sui. »] (.n. e.)
Curanderie se dit en Normandie pour blan-
chisserie (3), sans doute du mot curer, nettoyer.
Curaterie. [Intercalez Curaterie, curatelle, au
reg. JJ. 210, p. 102, an. 1408: « Le suppliant qui
t< lors estoit et encores est en curaterie de bas
» eage. »] (n. e.)
Curatier. [Intercalez Curatier: 1° Curateur,
au féminin curatresse: « S'il advcnoil que par
« séduction ou alourdement de cnrutier ou cura-
" tresse,... fille de sons l'eage de .xu. ains fusse
■■ emminée. » (Ch. de 142i,"Du Gange, II, 707,
col. 2.) 2" Courtier: « Eslablir curatiers jurez au
« profit des marchans, et les ostei- trouvez non
« suffisans ou abusans de leurs offices et les
« punir. » (Ord. V, p. 676, an. 1331.)] (n. e.)
Ciiration, suhst. fém. Soin, attention. Ce mot,
(|ui subsiste comme terme de médecine, ne se dit
plus en ce sens : « Entre les curations des beson-
" gnes que nous avons, et devons avoir, pour le
" bien et utilité, et conservation de nostre domina-
" tion, le souverain désir que nous avons, c'est de
« nourrir paix, amour et union entre noz sub-
« jectz. » (Ordonn. de Charles VI, de 1-412, citée par
Monstrelet, t. I, fol. 155.)
Curatrie. ^Intercalez Curatrie, lieu de dé-
bauche, an rc;;-. JJ. 206, p. 124, an. 1579: « Icelle
« .Marie dist que le suppliant et sa femme avoient
« tenu curatrie ou buurdeau en leur maison [à
" Tournay]. "] (n. e.)
Cure, subst. fém. Soin, attention; zèle*. Cura-
telle^. Cardien, qui prend soin '^. Remède". Béné-
fice^. Nom d'une fontaine''.
*Sur la première acception éloil soin, attention,
zèle. On disoit, en ce sens, prendre en cure, mettre
cure, etc. [Froissart, II, 4 ; IV, 137.]
Ce mot est employé dans un sens moral en ce
passage :
N'ont por Dieu riov de conbatre.
Fabl. MSS. du R. n' 7615, t, I, fol. 50, V" col. 2.
L'expression n'avoir cure, dont on se sert encore
dans le style familier, est très ancienne [elle est
dans Roland, v, 293]. Nous la trouvons dans ces vers:
Qu'elle n'a ciin; de ffaber.
Eslrub. Vahl. MSS. du B. n' 7000, p. 88.
On a dit aussi cure de las, peut-être pour soin de
tendre des filets, des lacets, des pièges :
C'est à dire que les prelas
Ententis, par cure de las,
A mondains désirs acomplir.
Eust. Descli. Pocs. MSS. fol. 531, col. 2.
^ De ce que cure signifioit soin, il a signifié aussi
ce que nous nommons curatelle. (La Thaum. Coût,
de Berri, p. 302).
'^On appliquoil aussi ce mol à !a personne même
cliarg:% du soin d'une chose. C'est en ce sens qu'il
est mis pour gardien, guide, conducteur, dans ce
vers :
Il estoit cure de ma vie.
Vies des SS. MS. de Sorb. cliif. I.X, col. r.O.
° Le mot latin curare, d'où vient le moi cure, signi-
fie également soigner et guérir. De iïi, cure a été
employé pour remède, médecine ou potion médici-
nale. « Monseigneur Charles de la Paix, lequel
« trespassa à Napplesau chastel de l'euf, es prisons
» de la dicte royne Jehanne, par les souspeçons et
» divisions d'entre eulx, car, fust vray ou non, fut
« dit à ma dite dame que il se vouloil faire Roy :
" dont, luy estant malade, fut dit que dans unecwre
« luy fut mis des dyamansqui fuirent cause de plus
« abréger sesjours. » (La Salade, fol. 39.)
Dans un sens moins générique, ce mot se disoit,
en termes de fauconnerie, des pilules que l'on
donne aux faucons pour les purger. « Une cure
« d'oiseau doil)t estre de plume, ou d'osselets, d'oi-
» seaux froisez, ou de pié de connins, ou de lièvre
« rompu, les ongles, et gros os ostez. " (Fouilloux,
Fauconn. fol. 66')
^Nous disons encore une cure pour désigner le
rectorat des paroisses. Autrefois, ce mot désignoit
en général les bénéfices ecclésiastiques, même le
pontificat. On lit dans la Chron. S. Den. t. I, fol. 18,
(1) On Ut dans Modns (fol. 91, verso): « Moult de maladies puent advenir aux faulcons, de quoy les uns sont curables et
les auii'es non. » (N. E.)
(2) Voyez Coraille. C est un terme de dédain dans la Chron. des ducs de Normandie (v. 9340) : « Veuz mielz vivre d'autrui
quartier Huniz, eschar, d'autres curaille. » (N. E.)
(3) Blanchisserie de toiles neuves. (Instruction Necker, impr. du cabinet du roi, 178i.) (n. e.)
eu
i39
eu
en parlant d'un pape : » Le pape Jean la cure de
11 S" Eglise gouvernoil, et l'avoit reçue après le
« pape llcwniisde. >> (Du Cange, Gl. lat. à Cirralmn.)
''La [uns cure semble une fontaine pareille à celle
du Monl-lielicon, appelée [unleine Helie, clans une
ballade sur la morl du poêle Guillaume Machaut.
La fous cure (1), et la fonleine Helie
Dont vous estiez le ruissel, et les dois.
Eusl. Desch. Poès. MSS. fol. 28, col. 3.
"Enfin cure, dans le passage suivanl, s'est pris
figurénient pour curée. « Le capitaine Bonneval,
" ce nonobstaul, peisisloit en la délibération arres-
" lée par leconseil, alléguant t|uede lad. entreprise,
<' ores (quoique) qu'elle fust bien exécutée , ne
« dependoit point tant d'avantage aux affaires ilu
» Roy, comme de désavantage d'une cure [l'éd. de
« 1582, p. 3(i7, donne curée] donnée, si mal en
« advenoit, aux ennemis. » (Mém. du Bell. liv. VII,
fol. 'ilO.)
VAlîI.^NTES :
CURE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 1.
CunRE. Arlel. Faucon, fol. 89, V".
1. Cuvé, partie. Purgé. Proprement (/«/«fe/if/»
la cure. Les fauconniers donnent à leurs oiseaux
des pilules composées de coton ou de plumes, pour
dessécher leur flegme. Quand l'oiseau a rendu la
pilule, on lui remet son chaperon, « sans luy don-
« ner à manger, afin qu'il jette sa glette; estant
« curé de plume et de glette, soit abêché de chair
« chaude. » (Budé, des Oiseaux, fol. 123.)
2. Curé, subsl. masc. Ce mot subsiste (2). On
trouve curalus et capellamts curatus, au même
sens, dans le Gl. lat. de Du Gange. On dislinguoit le
curé propriétaire, c'est-à-dire Fe curé en lilre, du
vice-curé. (Nouv. Coût. Gén. t. 1, p. 931.)
En Bretagne, on a donné aux vicaires le nom de
curés, et les curés v sont appelés recteurs. (Du
Cange, Gl. lat hlieetor.)
On disoil proverbialement, d'une chose impossi-
ble, qu'elle auroil lieu « quand les curez- ne vou-
« dront plus d'olTrandes » (Apol. pour Hérodote,
page 625.)
Cureanlx. [Intercalez Cureanix, enfants de
chœur, dans le Cérémonial de S'-Brieuc (voyez
chorial) : « Item les petits enffens, c'est assavoir
« les petils cureaulx , ne doivent pas seoir ne
» eslaller es chaeses haulles ne basses, mes ils
« doivent eslre es peliz releiz de cueur en manière
" de station. » Une charte bretonne de 1433 donne
curiaux.'\ (n. e.)
Cureboisson. [Intercalez Cureboisson , sorte
de boyau, au reg. JJ. 181, p. 142, an. 1451 : « Les
» supplians prindrent ung ferrement, appelle
« cureboisson, et autres choses nécessaires à faire
>< la closture desdites terres et prez. »] (n, e.)
Curedent, subsl. masc. Nous ne citons ce mol,
qui subsiste (3), quepouri apporter le proverbe sui-
vant : Le curedent de l'amiral de Coliymj (4). (Hist.
de M. de Tbou.) C'est ainsi qu'on disoit le chapelel
du coinieslable de Montmorenci (Ibid.)
Curée, subsl. fém. Terme de fauconnerie. Sa
signilication ditTère peu de celle du mot cure
ci-dessus, pris pour remède. N'ous lisons que c'est
dans le faucjii un signe de santé, lorsiju'avec le bec
" il pj-end en quelque lieu de sa crouppe aucune
» greisse (graisse) de quoy il se oingt (frolle) a
» dexlre et à seuestre, et celte curée est appellée
» onction feable. » (Arleloq. Faucon, fol. 93.)
Curelie, adj. Ternie de tapissier. .Nous n'entre-
prendrons point de l'expliquer, mais nous citerons
le passage où il se trouve ; •■ Tout homme qui fei'a
» lornicles, quelles que elles soient, que elles
" soient armoiées de surlal, et que le sunal soit
« aussi bon comme le champ, et que il soit curelie
« de poins, et poui'lillezdecbiefs, et cousus desoye
" bien nellemenl : et s'il y a cotlon, que il y en ait
« autrendroil du cendal, ou cas -qu'elle ne soit
- drappée, et que elle seroienl de poins enfermez
« et brochiez, si l'en a loisir de la poindre. »
(statuts, MSS. des Armoiers et Cousiepointiers de
Paris, cités par Du Cange, Gl. lat. à Tunica, 2.)
Curer, verbe. Avoir soin*. Panser, guérir^.
Nettoyer '^. Epuiser °.
* Sur le premier sens d'avoir soin, voyez Dict
de Borel et les Ord. t. I, p. 792.
^ Le second sens de panser, guérir, se trouve
dans ces passages : " La fist curer et mediciner ses
« playes. » (Kroissart, livre I, p. 104.) [Edition
Kervyn, IV, 97.] .. Celuy malade qui fut curé, etc.
(Chron. S. Denis, t. I, fol. 132.)
"= On a d\l curer pour nettoyer. « Avoit fait porter
•' à la maison d'un cureur, et blanchisseur de
" loilles, une sienne toille pour curei-, et blan-
" chir. » (Bout. Som. Bur. p. 319.)
° En étendant un peu 1 idée de cette dernière
acception, on fera naitre celle d'épuiser, qu'on a
aussi quelquefois attachée au mot curer. Le
gouvernement de Languedoc ayant été ôté au duc
de Berry, en 1389, par Charles VI, « le pais et
» marchesde Carcassonne, de Besiers, de Narbonne,
« de Fougaux, de Bigorre et de Toulouse esloit tout
« resjoy : car voirement du temps passé avoit e.sté
« trop forlcuré (r)),el travaillé de tailles que le duc
« de Berry y avoit mises, et assises. » (Froissart,
liv. IV, p. 14.)
(1) Lisez la fons Circé : « Sirenum voces et Circœ pocnla nosti. » (Horace.) On connaît l'ile de Circé , non sa fontaine •
mais il y a là un faux sens, et pociila signifie breuvage. (N. E.)
(5) On Ut dans Rutebeuf (193) : « Sans avoir cureur (souci), [les moines] ont l'avoir, Et li curez n'en puet avoir S'a peine
non, du pain pour vivre, Ne achater un petit livre, Où il puisse dire complies. » (N. E.)
(3) On le trouve au xv siècle dans les Emaux de de Laborde (p. 242) ; « Ung curedent , ouauel est mis en œuvre une
diamant nommé la lozenge. » (n. e.)
(4) Nous avons expliqué plus haut ce dicton, (n. e.)
(5) M. Kervyn (XIV, 39) donne examiné et en variante anoyé. (n. e.)
eu
— 440
eu
De là , on a dit rurc pour priv»^ , liéponillé
de ses biens.
Dont ses père ot esté curés.
Ph. Vouskes. MS. p. 405,
Curestable , subsl. manc. C,si\-on (Vécuiie.
(Cotgrave el Oudin, Iiict.)
Ciiret. [Inleiciilez Curct. écnroir de cliairue:
•• Ainsi (lue le suppliant ot lié ses beufs à la
« charrue, appeireut ([u'il avoit oublié son cunt,
« dont il curoit sa terre et sa cliarrue. >• (J,l. 17ô,
p. 38, an. liSI.) Au re°-. 11*2, p. 315, an. 1378, on a
cureur: » Le signilianl trouva sa charrue où il
'■ print un baston que l'en appelle cureur. •■] (n. k.)
Curetel , subst. masc. Eeuroir. Instrument
jtiopre ti iiettoNCr les pieds des cbevaux. >< l.edict
" Boniface faisb.l regarder son clieval, et avoyent
<■ ceux qui le servoyent une coustume qu'à chas-
" cune course, ou bien souveut, l'on iielloyoit du
" curetel les quatre pieds di; son cheval. >• (Mém.
d'Olivier de La Maiche, livre I, p. '2()9. — Voyez
CrREi'TE ci-après.)
Cuvetle^auhst. 9»rtsf.Eeuroir (1). C'esl la même
aceeplion que le mot précédent, un instrument
pi'opre à nettoyer les fers dun cheval, le soc d'une
charrue, etc. (Dict. d'Oudin el de Cotgrave.;
Cureur, subst. masc. Qui nettoyé. Il se disoit
particulièrement des blanchisseurs de toiles. (Voyez
ci-dessus CrRF.n.) On nommoit aussi les palefreniers
cureurs de chevaux. <■ Premièrement vous con-
" noissez tous Escalon, el scavez que devant il y a
« pailles, et fumiers qui sont boutez tous hors des
<• estables des cureurs de elievaul.r, el là vous
« povez mettre deux cens hommes, sans ce que
'■ ame (personne) les voye. " (Le Jouvenc. fol. 40.)
VARIANTES :
CUREUR. Le Jouvenc. fol. 40, V°.
CuRiERES. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 295.
Cur-fu-bell, subst. masc. Aorn dune cloche.
Celle qu'on sonnoit pour le couvrefeu. (lUi Gange,
(j. L. à Ignitegium.) Bell, en auglois , signilie
cloche, d'où ce mot composé cur-fu-bell.
Curia , sub:<t. masc. Courtisai;* {'I^. Officier de
ville «.
* Ce mot, au premier seus, signifie c mrtisan.
0 ciiriul tant pleine est court d'envie,
Et de tourment, qui d'acroistre ne cesse.
Que dire puis partout .sanz viilenie :
Foulz la poursuit et saiges la delesse,
Tous cunuulj) que jeunesse deni;iine.
Eusl. Desch. Pocs, MSS. fol. 20, col. 3.
^ On a désigné par le mol curial, dans le pays de
Hresse, « les officiers des villes i|ui servent de scribes
" sous les chaslelains ou officiers locaux. « (Laur.
•jloss. du Dr. fr.) C'est en ce sens qu'il faut enten-
dre le titre de graud curial de Bauge. d'Yenne,
dansGuichenon. Eu latin magnus curialis, dans le
G. L. de Du Gange qui l'avoit mal interprété ,
suivant la remarque des nouveaux éditeurs [éd.
Ilenschel, t. II, p. 715, col. 2].
VARIANTES :
CURIA.. Beauch. Rech. des Théâtres, t. I, p. 493.
CuKiAL. l'asq. Rech. p. 872.
CuimiAL Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 342, col. 2.
Curial, adj. Qui appartient à la cour. On disoit
autrefois homme curial, pour homme de cour,
courtisan. " Q'ung homme curial face bien, ou
.■ face mal, esl tousjours en dangier. » (Le Jouv.
.MS. p. til.) Conseiller curial, pour officier de jus-
tice, du latin curia, cour, juridiction. .Xous disons
officier de la cour.
Prévost, conseiller curial.
Eust. Desch. Pofs. MSS. fol. 254.
De là, on nommoit amende curiale l'amende
[irononcée par la cour du seigneur. Pains curiaux
étoient les pains fournis par le .seigneur pour la
nourriture de ses officiers. « là chapelains ara
" (aura) par livroison par sengles jours (chaque
« jour), quatre pains curiaulx, ou deux denrées de
" pain, et demi sesliei de vin à taule (table), et
" une pièce de char, ou deux deniers. » (Ch. de
Glermont en Beauvoisis de 1208.) Dans une charte
de l'iOtt, pour Creil, on lil: « Ara en chascune
" nuit pour livroison 3 pains curiaux. » (Citation
du Cl. L. de Du Gange, au mot Panes curiales.)
Curialemeut, adv. Courtoisement, honnète-
m.cuL » Assez curialement fu messire Raimon
.. Bernard repris par le comte de Genève, de ce que
" il ne s'en alloit à .Jaunes. >■ (Journ. de l'évesque
de Chartres, cité par Le Laboureur, Préambule de
rHi.sl. de Ch. VI, p. 63.)
Curialiste, adjectif. Qui est de cour, poli,
civil. (Nicot, Cotgrave, Oudin, Dicl.)
Venez mignons curialisles.
Coqulllart, p. 2.
Ce mot est pris aussi pour épilhète de courtisan,
et rie civilité, dans de La Porte.
Curialité, subst. fém. Courtoisie, politesse.
(Golgr. Oudin et Du Gange, G.L.au mol Curialitas.)
•' Le vassal à qui esl baillée, ou transportée terre
■> féodale, en récompenses des services eicurialite:^
« qu'il a faits au donateur, doit quinl denier de la
'< terre. » (Coul. de Chaumont, en Bassigni, Coul.
Gén. t. I, p. 438.) Ou trouve cette disposition répé-
tée dans le IN'ouv. Coût. Gén. t. III, p. 376. ■> Consi-
" derans aussi que , depuis nostre avènement à la
« couronne, nos dits cousins ont esté conlinuelle-
« ment nourris, et entretenus à l'enlonr de nostre
» personne, où ils ont fait plusieurs bons el agréa-
« blcs services, et Ci(?'/fl//'<t'j,el les auront lousjours
<' trouvez prests et appareillez de nous servir,
« etc. " (Godefr. Observ. sur Charles VIII, p. 614.)
<■ Avec toutes soubmissions, el curialite%, il prie
" les citoyens de le vouloir secourir de trois cens
(1) « Une bourse de cuir, en laquelle avoienl plusieurs papilotes d'argent et une curette à curer oreilles et dens. » (JJ.
191). p. 8{i. an. 1W0.) C'e.^t aussi un instrument de chirurgie servant à l'extraction de la pierre. (Paré, XV, 45.) (N. E.)
(2) C'est par une fauss'^ étymologie de cnur, qui vient de curtin, non de cuna, que curial est synonsTne de courtisan. Les
curiales romains correspou'laient aux collecteurs de l'ancien régime, agents gratuits du pouvoir central. (N. E.)
eu
- 441 —
eu
« mi! escus, en la nécessilé qui se présentoit. »
(Pasq. Hecli. p. 498.) •■ Il advient ordinairement que
« toutes choses qui sont du coniniencemenl inlro-
0 duiles de curialité, et comme disent les eccle-
« siastiques d'une louaWe couslnme, se tournent
" par progrès du temps en oblioation. » (Id. ibid.
page 381.)
Curie, subst. fém. Gourde Rome. (DicUonn.
d'Oudin.)
1. Ciirier, verbe. Dans le sacre des Rois, ms. de
Charles V, on trouve écrit de sa main, qu'il le
fit ^ coriiger, ordeiner , eurier et liistorier en
« ioG5. » (Choisy, Vie de Charles V.)
2. Ciirier. [Intercalez Curier, variante de
f«wJer (voyez ce mol), ennuyer : .> Pour le cause
" de ce que il avoit fortement apovri et cuniel
» Cambresis. » (b^roissart, 111,29.) Au t. XVI, p. 57,
le texte donne ennuyé et les variantes : " Curie de
« toutes choses. »J [n. e.)
Curies, subst. masc. plur. Recherches, arti-
fices. « Pour obvier h lelx fraudes et malices, et
« pour extirper tels curies de mal fait, et de mal
<' example, etc. » (Ord. t. II, p. 5<)4, an. 1354.)
Curieus,r/(/J.Soigneux,em pressent J.S.Bernard,
p. 301, ayant recommandé dans le carême non
seulement l'abslinence des viandes, recommande
aussi le jeûne de toutes les espèces, dit : » Junsl li
»■ oroille (que l'oreille jeûne), junsl li langue, junst
» li mains junst li oyis de lo.^ curious eswarlz
« (dans le latin curiosis aspectibus) et de tôles
" envoiseuresidans le \i\Vm petulantia.) » Ondisoit
CM7ieus et entenlis. (Ord. t. I, p. 775.) « Milhridates,
« ce dit Plinius, fut un très grant roi à .son temps,
« moult ententis et curiaulx es choses ou sciences
<' dessus dittes. » (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 381.)
» Slout doivent penre garde li père et le mère a qui
« il font nourir leur enfant , car nourices poi
« curieuses (2) ont mis maint enfant à mort. »
(Beaumanoir, p. 347.)
De chanter ai volenté curkntse
Pour une dame à cui faute doi.
.\tlaii5 li lioçus. Poi'S. MSS. avant 1300. l. IV, p. 407.
VARIANTES '.
CURIEUS. Ord. des R. de Fr. t. h p. 775.
Curieux. Modus et Racio. MS. fol. 1U7, R".
CURIA.ULX. Eust. Uescli. Poës. MSS. fol. 281, col. 1.
Guaious. S. Bern. Serra, fr. MSS. p. 301.
Curieusement, adv. Soigneusement*. Avec
affectation ^.
* Dans le premier sens, on disoit d'une petite voie
gardée soigneusement » qu'elle estoit moult (,'»)'k'î/.-
1 sèment gardée. » (Ch. S. Denis, t. I, fol. 171.) (3)
° Ce mol signilloit aussi avec affectation ou pré-
tention. " Personne n'est exempt de dire des
« fadaises ; le malheur est de les dire curieuse-
« sèment. » (Ess. de Mont. t. III, p. 1.)
Curieuseté , subst. fém. Curiosité. (Daïf ,
folio 'im )
VARIANTES :
CUniEUSETÉ.
CuRiosiTEiz. s. Bern. Serin, fr. MSS. p. 2 (4).
Curiosité, subst. fém. Excellence, rareté*.
Soin, attention °.
* Dans le premier sens, on disoit : « Parfums
« d'une extrême curiosité. >> (Ess. de Montaigne,
t. II, p. 717.)
^ On trouve ce mot, dans la seconde acception,
en divers passages de nos anciens historiens. Le
roi Charles VIlH allant h Naples, passa pai' Brian-
çon. » Après il fut mené en son logement qui par
« curiosité luy estoil préparé hors de la ville, en une
» hostellerie la plus grande et spatieuse qu'on
<• puisse voir. » (Pierre Desrey, Voyage de Charles
VIII à Naples, p. 195.) « Oiit tous , par bonne
" délibération, fuit très humble regi'aliation (remer-
« ciment, reconnoissance) a vostre royale majesté
« de la très noble curiosité el soiiveii;;nce i(ueavez
« persévérammenl à la conservation , paix , et
« union de vos très humbles sujets. » (Godefroy,
Observ. sur Charles VIIl, p. 503.)
Curiz, subst. masc. Cuir, courroie, lien. C'est
en ce sens que ce mot est employé dans ce vers :
Tant seulement, ains est ses curiz.
Eusl. Descli. l^ës. .MSS. fol. 209.
On disoit cuiriée pour courroie.
Curlins , subst. masc. plur. Travailleurs. On
noi.imoit ainsi les travailleurs, en parlant de
sièges. « Pionniers et curlins assemblés par les
« ennemis à Ypres comme pour faire un siège. »
(Peliss. Letl. Hisloriq. t. III, p. 34.)
Gurminée, subst. fém. Espèce de mets.
Il fait bon estre son voisin
Pour avoir de la cHriniiiée.
Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 231. col. 2.
Currnulx, subst. masc plur. Sorte de troupes.
On les nommoit ainsi du mot Curbe ci-après, parce
qu'elles combatloient sur des chars. « Les chevau-
» oheurs et t'Hrrn»/,»' bretonscommirent aigrement
" bataille contre les Romains. >■ (Tri. des IX Preux,
page 3i0.)
Curre, subst. masc. Char, chariot. (Borel, Du
Gange, G. L. au mol Carrociu)n.) On disoit curre
triomphal, pour char de tiiomphe. (J. d'Aulhon,
Ann. de Louis XII, p. 73.) 11 faut lire, au lieu de
curces trioinpliaus, curres. etc. dans Al. Charlier
(Quadril. Invec. p. 415.) Charles V envoya à l'empe-
reur, pour l'amener à Paris, en 1377, une voiture
(t) Dans Roland (v. 1813), il signifie soucieux. Il se dit encore de ce qui excite la curiosité (Machiult, p. 96) : « Ou avoir
robes curieu.-ies, Joiaus, deniers, chevaux, destriers. » (Machault, p. 96.) (n. e.)
(2) « Le suppliant fery ledit entant plus pour le doctriner et enseigner, afin que autrefoiz il feust plus soigneux et curieux
de icelles bestes garder. » (.1.1. 106, p. 378, an. 1374.) (n. e.;
(3) On lit dans Beaumanoir (LXIX, 2): « Il m'est avis que c'est resons, par ce que cascuns gart plus curieusement celi
dont il est hoirs. » Dans les Machabées (II, 2), on a au même sens corioscinetil. (N. E.)
(4) Marie de France (Purgatoire, 1429) écrit : « Vie, senz, curinscté En dras, e vivre à grant planté », c'est-à-dire recherche
dans l'habillement. (N. E.)
IT. 56
OJ
442
eu
attelée de clievaux blancs , appelée charioL et
curre dans la Cliroii. S. Denis, l. 111, fol. 34. (1)
Il me faudioit avoir un curre.
Eust. Deschamps, PoSs. WSS. fol. 406, col. •^.
VARIANTES :
CURRE. Chron. S. Denis, t. HT, fol. 34, V».
Cure. Hist. de la S'" Croi.x, MS. p. 4.
QUEURRE Gloss. de l'Hist. de Bret.
CURCE. Al. Charlier, Quadril. inv p. 415.
Cui'rié, partie. Corroyé, apprêté. C'est le sens
de ce mot dans le vers suivant :
Et moufles bien ciirriés.
Fabl. MSS. du R. n- 7CJ5, I. H. f 213.
Cursaire.fldj. Qui fait des courses. Les Romains
appeloienl légions ciirsaires, les troupes destinées
pour aller à ladécouverle. Nous disons aujourd'hui
troupes légères. •> Se mirent en une embuscade
« soubz la conduite du duc Corbeus, affin de sur-
« prendre les levions ciirsaires. » (Triomphe des
IX Preux, p 306.)
Cui'soire, subst. niasc. et adj. Propre à la
course. Ce mot, mis comme adjectif dans la Chron.
de S. Denis, t. II, fol. 36, où Ion trouve « nefa
« eursoires , naves cursoria- » dans le laiin de
Rigord, s'employoit plus souvent comme substantif,
ainsi rm'il paroit par les passages suivans : " Me
« mandez incontinent par vos" eursoires toutes
« nouvelles, et le pluslost que vous pourrez....
« envoya eursoires en mer pour scavoir si le dict
« roy d'Arragon esloit prest. » (J. d'Authon, Ann.
de Louis XII, p. 280 ) .
Cui'sor, subst. mase. Courrier. Ce mot est pris
en cette signilication, dans le passage suivant, oîi
cependant il semble employé comme synonyme de
chambrier. « Et de fait, par un cî/rsor, ou cham-
« brier, le pape, sur le raport qu'on luy avoit fait
« qu'un certain Ilolandois estoit là, fut cherché,
« mandé, et appelle. » (Contes d'Eutrap. p. 227.)
Curtaysie ou Curtesie. [Intercalez Curlmjsie,
dans la locution eurtaijsle d^Anglelerre, coutume
par laquelle le mari pourvu d'enfants a l'usufruit
viager des liefs de sa femme, si celle-ci meurt
avant lui: <• Lequel sire Jean engendra sur ly un
« fils, ou une fille, que mourust, issi ke après la
« mort Jeanne, sire Jean le Despeusér tint le maner
« du chastel per la curtaysie de Englelerre. »
(Monasticon Angl. II, p. 645.)] (n. e.)
Curtin. [Intercalez Curti)i , courtil, au reg.
JJ. 132, p. lûô, an. 1387: » Item un eurlin séant
« dehors les murs,... emprès le curtin messire
« Eude Bonni;... ledit curtin au pris de quatre
<• livres tournois. »] (n. e.)
Curtiner, verbe. Enclore. (Du Cange, Gl. Lat.
au mot Ineortinare, sous eostis 2.)
(hii'tLver, verbe. Cultiver. " Puis soit enquis,
■■ de mesme le boys (dans le bois mesme) combien
« chescune acre vault par an, pour tenir a bos-
" cage, ou pour assarter (défricher) ou pour curli-
« ver. " (Brill. Loix d'Anglel. fol. 181, V".)
Curvatiire, subst. fém. Courbure. Le Glossaire
de Marol interprète « en ligne courbe. >>
Cusantous. [Intercalez Cusantous, dépenses,
au reg. JJ. 65 [2], p. 146, an. 1327: Leurs grans
« froiz, cusantous et travaux. »] (n. e.)
Ciisin, subst. mase. Espèce d'insecte. Nous le
nommons encore cousin. (Voyez Cotgrave.)
Tant n'est la puespe ennemie au raisin,
Ny au beigeail le moleste cusin,
Quand de moissons la campagne est féconde.
PoL's. d'Amad. Jamin, fol. 2i7, V*.
Cussin, subst. Coussin. (Voyez S. Bern. Serm.
fr. MSS. p. 26.) Dans le latin pulvinar.
Ciisté, sut)St. mase. Côté.
Il a çainte sin spede et mise à sen custé.
Po«s. MSS. av. 1300. I. IV, p. I3C5.
Custel, subst. mase. Château. Peut-être est-ce
une faute, et doit-on lire castel. Cependant l'ortho-
graphe ci/s/p/ est répétée deux fois dans le même
recueil.
Por aler sui- Noevile le cuslel asalir.
Pois. MSS. av. 13U0, 1. IV, p. 13G3.
Se Dex me laisse viner (venir) vers cusiol de Noeville.
Ibid. p. 4367.
Custode, subst. ?Hasc. Gardien *. Rideau de lit ^.
Etui '^. Bandeau °. Pièce d'échecs ^ (2).
* Ce mot vient du latin custos qui signifie gardien.
(Dict. de Monel.) De là sont nées toutes ses autres
acceptions.
^ Ainsi on a nommé custode les rideaux d'un lit,
parce qu'ils le renfermoient et le gardoient contre
le jour. (Dict. d'Oudiu.) C'est en ce sens qu'il faut
entendre fHS/of/t' dans le passage suivant: « On
« entreprend contre Charles une tragédie [les
» Vêpres siciliennes] qui fut jouée à trois person-
« nages, dont Proubite esloit sous la custode, le
« Prolecole, uns Pierre d'Arragon, Michel Paleo-
'i logue empereur de Constantinople , le pape
" Nicolas troisième. » (Pasq.Rech. p. 744) La reine
était en couche, en 1401, ■• et cheut le tonnerre....
« la chambre de la reyne,... et brusia toutes les
» custodes, et courtines de son lit. » (Juvenal
des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 146.) Charles IX,
quelques moments avant sa mort, dit qu'on luy
tirast « sa custode « voulant essayer de reposer, et
sa nourrice s'approcliant tout doucement du lit,
■< tira la custode. » (Journ. d'Henry 111, an 1574,
t. I, p. 33.) Cemoieustode (3), encore en usage pour
signifier les rideaux qui servent dans les églises,
(i) « Et luy envoya la nuit de sabmedy un des curres de son corps noblement appareillé et de chevaux blancs attelé. »
Dans un hommage de 1387, « le seigneur de Mausson, quand le seigneur ou dame viennent nouvellement à Mirebeau, soit
en curre, ou cheval, doit avoir et prendre un cheval de curre, lequel qui luy plaira, ou celui sur quoy ils chevaucheront. »
(Du Cange, II, 202, col. 3) Voyez la note sou.'; Carrosse. (N. E.)
(2) Custode, aujourd'hui cuslon en Normandie, est le sacristain (Benoît de S' More, II, v. 25447) : « Hoc avoit >m segrestein,
Cualode et garde et marrogler. » Cornparez Costre, Coulre, Cuistre. (N. E.)
(3) On lit aussi au reg. .IJ. 176, p. 3'75, an. 1445 : « Icellui Andry tira et sacha les courtines ou custodes de la bouticled'icellui
barbier. » (N. E.)
eu
443 —
eu
d'ornement aux autels, désigne un temple profane
dans le Vray et parf. amour, fol. 98.
•= Par analogie, on a aussi nommé custode un
étui, une boile^l), une armoire, etc. « Remist le livre
« et l'eslolle eu leur custode. « (Lancelot du Lac.
t. III, fol. 88.) » Lors monta et prinl congé de luy,
>< et se mist au chemin, et le menestrier demoura
» tout seul, si print sa harpe, et la mist en sa
« custode, puisse mist au chemin. » (Perceforest,
vol. II. fol. 81.) « Encore sont utensiles, secrius,
« huches, coffres, custodes, soit à melire armures,
« ou autres choses, chaliz, perches à draps, chan-
'■ deliers, lanternes. » (Bout. Som. Rur. p. 435.)
Richard , roi d'Angleterre , ayant résigné son
royaume au duc de Lancastre, lui remit son sceptre
et sa couronne. Celui-ci les ayant remis à l'arche-
vêque de Cantorbéry, on fit « emporter en coffres,
« et en custodes les deux joyaux solemnels. »
(Froiss. liv. IV, p. 338, au 1398.) (2)
" On a appliqué le nom de custode aux bandeaux
dont les femmes ridées se servoient pour cacher
leur front, et en effet ces bandeaux éloient comme les
gardiens qui empêchoient qu'on aperçut les rides.
Quelqu'une qui a front ridé.
Porte devant une custode.
Coquillart, p. 50 et 5t.
^ Enfin on nommoit custodes les pièces des échecs
(jue nous appelons tours, et qui sont comme les
gardiennes par excellence. Dans la description
« du bal joyeux en forme de tournoy » (lui fait le
sujet du 24' chap. du V' livre de Pantagruel, dans
Rabelais, et dans lequel l'auteur fait une allégorie
du jeu des échecs aux personnages de cette fête,
on "lit : " En la salle entrarenf trente deux jeunes
« personnaiges sçavoir est, buict jeunes nym-
« phes, ainsi que les peignoient les anciens, en la
« compaignie de Diane, ung roy, une royue, deux
« custodes de la roque, deux chevaliers, et deux
" archiers les roynes à costé de leurs roys
« deux archiers auprès de chascun costé, comme
» gardes de leurs roys et roynes. Auprès des
« archiers deux chevaliers, auprès des chevaliers
" deux custodes, au ranc prochain devant eulx
« estoieut les huicl nymphes. » (Rabelais, t. V,
p. HO et 111.)
VARIANTES 1
CUSTODE. Orlh. subsist.
Custodes. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 330, R» col. 1.
Custotli-nos , subst. masc. Dépositaire. Xom
donné ù des laïques tenant des bénéfices en qualité
de simples dépositaires. (Voyez Lett. de Pasq. t. I,
p. 306.) •• Les princes sécu iers ont, sur ces com-
(■ mandes, basty lantost des œconomes, tanlosl des
« custodims et dépositaires, la pluspart gens de
« nulle valeur, qui sous de grandes soutanes et
« bonnets à l'episcopale, gardent les eveschez, et
« abbayes, qui i") un capitaine et guerrier, qui à un
« huguenot, qui à gens mariez, qui Ci une dame,
» voire par aventure une garce. « (Lett. de Pasq.
t. II, p. 607 et 608.) » Le roy nomme aux eveschez,
« et abbayes, des custodinosen faveui' des princes,
« et des seigneurs. » (Ibid. t. III, p. 708.)
Custodio, SH&s^ inasc. Poitrine d'animal. Mot
languedocien. (Du Gange, G. L. au mot Custodia 6.)
Ciistoier (se), verbe. Se cacher. Ce mot, en ce
sens, paroît être une variation de l'orthographe
CuTER ci-après, cacher.
Ly riches, a tout se monnoie,
Pour ses bas parens se cu.^loie.
Eusl. Desch Pops. MSS. fol. 87. col. 3.
Gustoves , subsl. masc. pluriel. Partie d'un
vaisseau.
Nez commencent a perillier,
Hors, et chevilles à froissier,
Rompent ciisloreif et bors croissent
Voilles despiecent et mas froissent.
Rom. du Brut. MS. f.il. Ifl, R° col. 2.
Ciistote, subst. Partie de l'habillement d'un
chevalier du Bain. Un chevalier du Bain, à sa
réception, devoit être « reveslu d'une rnbe de bleu,
« et les manches de custote, en guise d'un prestre,
« et il aura à l'espaule senestre un laz de blanche
« sove pendant. » (Du Cause , Gloss. latin , au
mot Miles [éd. Ilenscbel, IV, 399, col. 2].)
dite. [Intercalez Cute, cachette, au reg. JJ. 182,
p. 78, an. 1454: « Le suppliant et autres ses
« complices avolent esté par nuit... en une cute,
« laquelle estoit en la ville de Condé... et icelle
" cute avoient rompue et emporté aucuns biens
« que ilz y avoient trouvé. » De même aux preuves
de l'Hist. de Bretagne (I, col. !16.'>) : " Ordennons
« que nuls regraltiers... achattent denrées...
« jucques à l'heure devant dite, en en privé hors
« du marché, n'en lieu rebot ou en cute. »] (n. e.)
Cuter, verbe. Cacher. Ce mot vient du breton
cu%et, qui signifie cacher [c'est le breton qui vient
de cuter ou cucer}.
VARIANTES :
CUTER. G. Guiart, MS. fol. 33i, R'.
Cutter. Gloss. de l'Hist. de Bret. (3)
Cutte cache, subst. masc. Soite de jeu. (Rab.
t. I, p. 152.) L'éditeur croit que cutte vient du latin
cutis et que c'est le jeu qu'en Lorraine on appelle
cacbemains, \)arce qu'on est obligé de cacher ses
mains, fi peine de recevoir des coups de verges. (Le
Duchat, Ibid. note 90.)
Cuvaige. [Intercalez Cuvaige, endroit où l'on
met les cuves: » Manoir, ediflices, court, chapelle.
« pressouer, cwua/ffc et jardins du lieu seigneurial
.< assis à Vannes. » (Cart. de Lagny, Du Gange, II,
731, col. 1.) (.\. E.)
(1) « Icelle suppliant prist huit cuvellettes d'argent estans en une custode et unes heures à deu-x petits cloans d'areent. »
(.TJ. 153, p. 296, an. 1398.) (N. E)
(2) Il dit aussi d'un étui d'étain contre l'eau (X, 88) : « Si se parti le varlet, la lettre dou conte et le briefvet en un cwtode
estamné pour l'yauve. » Comparer le latin cuslos telonim, carquois. (N. E.)
(3) « Mucer, cuter ne povon mie. Car nous sommes en sa baillie. » (Preuves, II, col. 316.) On lit aussi dans la Chron. des
ducs de Normandie (v. 39125) : a Mais ne s'i sevent si esJuire Ne en cel leu cuitcr ne faire. » (n. e.)
eu
— hkU —
eu
Cuve, mhU. fétu. Cuve. Ce mol subsiste et nous
ne citerons (jue ce qui concerne son ancien usage.
(Du Caiiye, Closs. lat. à Cuba et Cuiia.) Ou lit cupas
vint, clans les annales de s. Deiiin, i)age '202, sous
l'an Gi6.
Il yavoildes cuves de bois employées pour les
sièges » (msI le Roy drecer pierres et mangonneaul.x
« et une toui- sur qualre r^tes, et une cuve de hoija,
» et (Ist aiiareiller et amasser quant que il peut
« assembler de tournions, puis les list lancer de
'< toutes paris , et assaillir par granl vertu. »
(Chron. S. Denis, t. 111, (u\.^'>, an 1377.)
On appeloit « manteau à fonds de cuve », une
espèce d'habilleuienL à l'usage des bommes et des
femmes. Cbarles V étuit revêtu d'un « manteau à
« l'onds de cuve », à l'entrée de l'empereur à Paris,
en 1377. (Cbron. S. Denis, t. 111, fol. 3ô.) Dans une
pièce qui a pour litre : « Des cbarges (lui sont en
" mariage, pour le mesnaige sousleuir, avec les
« pompes el grans bobans des femmes », on lit :
Et si (.lira : encore je vueil
Une fiilaine, monseigneur,
El me fault un mantel greignee.ur
Que je n'ay, a droit fons de cuoe (1).
Eiisl. Desc. Pocs. .MSS. fol. 496, col. 3.
VAltlANTES :
CUVE. Orlli. subsistante.
Cuv.^E. Gloss. (Je l'Hist. de Bret.
Cuvel, subst. mcific. Petite cuve. (Colgrave et
Rob. Estienne.)
Chaudière, baingnoire, et cuviaux.
Eusl. Desch. Poës. MSS. fol. 412, col. 3 (2).
Cuveliers, subst. masc. Ce mot, qui est le nom
propre d'un de nos anciens poêles appelé » .lean 11
-.. Cuveliers d'Arras » , semble avoir signifié un
« faiseur de cuves » ou « tonnelier ». On trouve
une pièce de la composition de cet auteur (3). (Poës.
MSS. av. 1300, t. 1, p. 381.)
Cuvelle, subst. féin. Petite cuve. On trouve
u un cuvier, une cuvelle, un seau, <> dans la Coût.
de Valeuciennes. iNouv. Coul. Gén. 1. 11, p. 258.)
Ciivei'taige, sttbst. masc. Servitude.
D'ax francher de lor cuvertair/e [voy. culverkiqe].
Pari, de Bl.'MS. de S. G. fol. 124, col. 3.
Cuverliere. [[ulevciûezCuveiiicre, couverture
d'une maison : - Item sur la cuverliere de deux
« mesons , qui furent aux Juifs de Cbinon, .xx.
liv. t. »] (n. e.)
Cuvertise, subst. féin. Mécbanceté, trabison.
Du mot cuvert, mécbanl. (Voy. Clivers.) Il faut lire
cuvertise, au lieu de cuverlie dans ce vers :
Bien sot couvrir sa cuverlie.
Rom. du Brul, MS. fol. 51, R° col. 2.
VARIANTES :
CUVERTISE. G. Guiart, J!S. fol. 90, R° (4).
CcvERTissE. Fabl. MSS. duR. n» 7615, t. 1, f» 120, R» col. 2.
Covep.ti.se. Fabl. MSS. du U. n» 7615, t. Il, f» 190, V° col. 1.
CuVKRTiE. Boni, du Orut, .MS. fol. 51, R».
CouvEiTiSE, Rom. du Brut, .MS. de Bomb.
Cuvrier. [Intercalez Ciivrier, tourmenter, dans
le Froissait de l'édition Kervyn , l. III, p. 81:
« Criguars de Mauny cuvrioit et travailtoil fort
" cliiaux de Combrai » De même au t. VI, p 106:
" Si eu furent cbil d'Abbeville durement cuvryet de
« vivres et de pourveanches. » La forme est admise
par M. Luce(l. V, p. iS'I, 1. 15): « Cil d'Abbeville
" en furent trop citvriiés, car là preudroienl il le
« plus graiit partie de leurs pourveances. » Ce mot
embarrasse les élymologistes français autant que
kuruir^eit (mettre l'épée dans les reins) embarrasse
les Allemands: seraienl-ils de même famille?] (n. e.)
Cuyala o detlat. Ce sont deax mois béarnois
qui se trouvent dans la « Rubrique des herbages,
art. 7. » Ils désignent « une étendue de terre où
'< l'on fail paitre les bestiaux. Si elle est ouverte,
« elle est appellée <'i/yfl/rt; si elle est entourée de
« fossez, ou de pieux, elle est appeilée cledat,
« parce que clede signifie une barrière de bois
« avec laquelle on ferme l'entrée de ces sortes de
" lieux. » ^Laur. Gloss. du Dr. fr.)
Guygiiié [Intercalez Cugguié, comme cugnet,
dans un texte d'Abbeville : .■ Une eschache qui va
« en magiiiere de euijgnié. »] (x. e.)
Cuyrage, subst. masc. Plante. Le nom de celte
plante signifioil « mal me servez », selon le Blason
des tleurs. (Recr. des dev. amour, p. 59.)
Cuyrien. [Intercalez Cu\jrien, dioils sur le
cuir, dans un lexle de 1343 (anc. 8428 .3. fol. 67):
'( Cy ensuieut lesdiles parties de la revenue el de
«' la despense... le cuyrien, le gressin, les
« esgruns. »] (x, fi.)
Cuysanment, adverbe. On lit dans S. Bernard :
" Encontre les altres s'eslievent ctTronleyemenl el
<> euysanmenl, et ois mismes b'andissenl sottement
« et perillousemenl. ■' (S. Bernard, Serm. fr. mss.
page 38.)
On lil dans le latin : - Xoii coniraalios tamimpu-
« denier, quam inanitei' usinant : seipsos tam insi-
<• pieiiler, quam inuliliter palpant, »
Guysots, subst. masc. plur. Ce mot signifie
peut-èlre « jambons » dans ce passage, oià l'on
trouve :
Faisans, outardes, cygnes, paons,
Lièvres, perdri.x, lappereaulx et connils
Ctiysots, patez de haute venaison,
Poules, pigeons, chapons de S. Denys.
André de la Vigne, Vtrjj, d'iionn. fol. 19, \'.
Cuyture, subsl. fém. Soucis cuisans. On le
trouve employé en ce sens, dans Perceforest, en
mille endroits. « Se tu . rememoyroys les pai-
« nés et les travaulx, les seings el les cuytures qui
(i) A.U .wii" siècle, Tallemant des Reaux parle de haut de chausse ti fond de cuve. Hauts do chausses et manteaux étaient
partout d'égale largeur comme les fossés à fond de cave qui ne sont pas talutés. i.N. E.)
(2) Au fol. 36.3, on lit : « Qui fait vignes, li coux est grans; Car basions y fauil à oultraige , Cuves, cuvaux , queux,
reliaige. » (n. e.)
(3) « Jehan le Vasseur cuvelier... dist à Regnaudin qu'il le rainseroit autre part. » (JJ. 141, p. 13, an. 1391.) (n. e.)
(4) « La iiouvele partout aloil IHi grief et de la cuvertixe Ou Reinon tenoit sainte yglise. » (Vers 4934 ou 5248). (n. e.)
CY
CY
« sont en amours, elc. ■ ^\o]. 11, f° 30, V° col. 1. —
(Voyez Cl'isan(.;un.)
Cuyvre, siibst. masc. Cuivre. On [vouwe cuprH))i
et cyprinum, ;iu même sens, clans le Gloss. laL. de
Du Gange.
Cuzelle, sji'fls/. /'c'?». Récolle. Le même " cueil-
lette » ci-dessus. •■ Vcl've acceptant le douaire cous-
« tumitr joiiit des hérilages, et fruicts d'iceax, en
« Testât qu'ils sont lors du douaire esclieu, comme
« des foins, [)rets îi faucher, ou fener, bleds, ou
« autres grains, on légumes à couper, et iccueillir,
« raisiiis à vend:inger et autres telles ciiwllex de
« quelle nalui'e ils soient. » (Coût, de Gorze, Nouv.
Coût. Cén. t. Il, p. 1080.)
Cy, adverbe. Ici *. Oui°. Sur le champ '^.
*Dans le premier sens, on disoil « jusques cy »
pour jusques ici. (Joinv. p. 108.)
On disoit « aj en arrière " pour « ci-devant ».
(Ord. t. lit, p. 530.) « Cij endroit, » pour " ici » « en
cet endroit » (.Joinville, page 80.) ■■ Cij va. cti fuit à
Miraud, » sont des cris de chasse pour animer les
chiens, où le mol cy est mis pour ici. (Foailloux,
A'énerie. fol. 50.)
^Cy dans le sens.de « oui » signiile proprement
« ainsi, » en latin •• sic ■■ ■ disoU que cy. » (Lett.
de Louis XII, t. 11, page ) 19.) •■ Il semble que cy. «
(Tenur. de Lilll. fol. 31, ?,".]
'^Cy se disoil aussi pour maintenant, sur le
cliamp. (Oudin, Cur. fr.;
De là, cette expression « cy-pris, cy mis », pour
sur le champ, sans perdre de tcmi)S.
El commanJa que tout soulitaiii,
Cij pris oj Diia (1), on chappelast
Cinq ou six douzaines de pain,
Et que bientost on se hastast.
Villon, Rep. fr. p. li et 15.
Cy (la S.), siihst. [ém. Ce mot n'est employé
que dans celte expression : « Le pain bénit de la
« S. Cy. » 'Dict. de Cotgrave.) > Ceux (lui ont prins
« du pain benist de la S. Cy se doivent gauler de
« loucher à leurs femmes. » (Douchet, Serées,
liv. Il, p. 256.)
Cyc, adj. Ainsi. tVoyez Caria Magna, fol. !2i, K°
et 8'2, V°.) C'est une formule employée dans le dis-
positif des ordonnances.
Cychriotles, subst. pliir. Nom d'un animal mis
au nombre de ceux que cite Rabelais. (T. IV, p. 274.)
Cycne, subst. masc. Cigne. L'ortliograpbe la
plus approchante de l'étymologie latine es! celle
que suil.Nicot.
Ne soiez pas com li cisne (2)
K'ades bat ses cisneaux.
Clians. MSS. du C" ïhib. p. 43.
Cliine se trouve dans ce passage de l'IIisloire de
Charles VU, par Mathieu de Coucy, page 604: « Le
•• chevalier au chine servileur des dames. »
VABIA^TES (3) ;
CYCNE. Rabelais, t. III, p. 113.
Cygne. Nicot, Oudin.
Cyne. Pêiciîf. vol. VI, fol. 118, V» col. 1.
Cisne. Borel.
Chine. Math, de Couey, Hist. de Charles VII, p. 664.
Cydran, subst. masc Tyare. Les Latins disoienl
" tiara, « ou « cidaris [cidai'is est dans Quinte
<• Curce(III, 3)] » d'où ce mol paroiî s'être formé
Alexandre, s'avançant vers Jérusalem, fut pénétré
de respect à la vue du » prince de la loy ayant une
•■ esloille d'or j:'ccintue, le cydran sur le ebief, et
'< au dessus une lame d'or où esloit escript le nom
« de Dieu. »
Cye, subst. fém. Scie. (Cellh. de L. Trippaull.)
Cyei', verbe. Scier. (Celtb. de L. Trippault.)
Cyerce, subst. masc. Vent de nord-ouesl. Mol
languedocien, du latin circius. (Ménage, au mot
Gers.) [Voyez ce mot.]
Cyeur, subst. masc. Scieur. (Cellh. deL. Tripp.)
Cygnean, adj. Qui appartient au cigne. fDicl.
de Cotgrave.) « Blancheur cygneanne. » (Epilh.de
la Porte.)
Cy ke, adverbe. Voici ou voilà. Ce mot, dans
S. Bernard, répond au mol ecce. « Cy ke vos eist
« vient, » pour voici que celui-là vient. (S. Bern.
Serm. fr. mss. p. 13, dans le latin ecce venit is.)
CyiTiaise , subst. j'ém. Sorte de vase. » On
« appelle cymaises ('<) à Dijon de ceriains grands
« pots d'elain à l'antique dans lesquels la vilie
« envoyé du vin par honneui-, en des occasions de
« cérémonie. » (Le Duch. sur Rab. t. V, p. !69 (5),
note 8.)
Cyni])aIo , subst. [cm. Sorte de tymbale *.
Sonnette^.
*0n nommoit communément cymbale une soite
d'instrument de musique fait en forme de tymbale
ou avec des lames de cuivre roulé que l'on tou-
choil avec la main ou avec des baguelles (Dicl. de
Nicol et Rob. Kstienne.) ■' Les menestriers se rnis-
» rent tous devant, sonnans trompes, clairons, et
'• cors sarrasinois, cimballes, et labours et me-
« noient si granl déduyl, elc. •' iPercefoiesl, vol. I,
fol. 105, V" col. 1.) « Le roy de Thunes, le roy de
0 Trames.-en (Tlemcen), et le roy de Bolzie (Bougie)
« vindrnel devant AulTrique en leurs courrois, selon
« leur coustume, à tout leurs naquerres, labours,
0 cymballes, tréteaux, et giays présenter la ba-
([) « Pour parler plein, elle se délivra, ci prins ci mis, après cette première course , d'un très beau fils. » (Louis XI,
29' Nouv.) (N. E.)
(2) Raoul de Cambrai donne aussi : « Paons rotiz et bons cisnes pevreis. » (n. e.)
(3) On lit dans l'Hist. or. des Croisades UI, 293, xur" siècle): ■< Et contrefais.oient le cinne qui chante quand il doit
morir. » On ne connaissait pas encore le cijrjiie d'Australie : « C'est un oisel cler semé en terre , Si legierement
congnoissable, Qu'il est au due noir semblable. » (La Rose, v. 8746.) .loinville écrit cynes {% 525) et Chastelain (1"- partie ,
ch. XX) chisne. (N. E.)
(4) « Claude Clerc portant deux connils cuitz et une cymoise de vin et aussi du pain. » (.1,1. 195, p. 1031, an. 1474.) (n. e.)
(5) Rabelais écrit setnaise ; c'est orne mesure contenant 8 setiers de Paris, (n. e.)
cv
— 446 -
CY
» faille. " (Hisl. de Loys III, duc de Rouri)on, !
p. ^m.) (1)
Flûtes, llajolz, cymbales bien sonantes.
Crétin, page W.
° On donnoit aussi le nom de cijmhales à de sim-
ples sonnettes. « L'ne,iTiuliet aveciiue ses cymba-
■. les. .. (Hah.l. I, p. '103.)
VARIANTES :
CVMRALE. Crétin, p. 40.
CiMiîALE. Percef. vol. I, fol. 105, V» col. 1.
Cyme, siihf't. fcm. Hejeton de plante (2). (Dict.de
Monet, de Nicot. de Cotgrave.)
Cymeron. [Intercalez Cijmeron, bout du nez,
au règ. JJ. 125, p. 150, an. I38i; « Sacha un graut
« cousiel et en feri l'exposant sur le visaige, et lui
« coppa le cijmeron du nez tout jus et le fendi
« jusqu'aux dens. »] (n. f,.)
Cymese, subst. fém. Cimaise. Terme d'archi-
tecture. (Coût. Gén. t. II, p. 272.) (3)
Cyinetere, sh/^s/. Cimetière. (Voyez Duchesne,
Gén. des Cliaslaigners, p. 27, til de 1220.) Il est dit,
parlant des lieux où les curés mettoient leurs
dimes : « Grange ou cemetiere por traire lor
« dismes. » (Perard, Hisl. de Bourgogne, p. 28,
titre de 1255.)
Cymetiere , subst. masc. Cimeterre. Espèce
de sabre.
Escharpe, tout jusques au cymetiere.
Eusl. Desch. Poc's. MSS. fol. 112, col. 2.
On a dit aussi cymetiere pour cemetiere. (Voyez
Cementieue.)
Cymier, subst. masc. Cimier. On lit « cymier
« de cerf ■> , pour ^> cimier de cerf. >> (Petit-Jean
de Saintié, p. 552.)
Cynamon, subst. masc. Cinnamome, canelle.
En ma chambre a bon aromas
De cijnamoii, mirre, alloé (4).
Eust. Desch. Pocs. MSS. fol. 530, col. i.
Cynanclie, subst. Lacet. Proprement « lacet à
» étrangler un chien >■ , suivant Laurent .louberl,
cité par Le Ducbat, sur Rabelais, t. III, p. 2G2, note 7.
Cyiietailles (par) , express, adverbiale. A
l'aventure, pour par conjecture.
« Hélas ! ceux qui de tous faire parlent, ordon-
« nent, et conseillent ne scavent pas les maulxque
« tu sens, aincoys eu ordonnent ainsy comme par
<< cynelailles; peu leur couste de dire; mais à inoy
» en gist au fuire le mistere ; helas comment fera
<' l'homme bonne chère sans cueur, sansvoulenté,
<' et sans plaisance. » (Perceforest, vol. V, fol. 76,
V,- col. 2.)
Cyneulle, subst. masc. Espèce de dévidoir. Ce
mol s'esl conservé en Xoi-mandie, dans quelques
manufactures. Quoifiu'il ail éprouvé une allération
assez considérable, on peut cependant le recon-
noîtredans('/)/,7H0//<^, instrument composé de quatre
ailes, sur lequel on dévide les fuseaux de trame.
On le fait tourner comme une roue, avec unepetite
manivelle. On se sert plus communément du mot
liasple. « C'estoieut toutes vieilles matrosne barbues,
« et eschevelées (|ui menuieut le plus laid deduyt
« qu'on ne pourroitouyr, et tenoient en leur mains
« sellettes, et bourdons hesples, ou cijneulles, et
« eu alloient escrimissant les unes aux autres ,
« ainsi que toutes enragées. » (Perceforest, vol. Il,
fol. 14, V°col. 1.)
Cynople, subst. masc. Siuople. Couleur verte
en armoiries. (Le Labour. Orig. des Armes, p. 133.)
Cynsours, subst. masc. plur. On disoit autre-
fois « cijusours de burses, » pour coupeurs de
bourses. ■• Et de cynsours de burses, volons que
« celuy que la burse coupe, si autre mauvaiseté ne
« evt fait, eit jugement de pillori. » fBritt. Loix
d'AhgIeL fol.2i, V».)
Cypre , 7iom de lieu. Chypre. (Marbodus ,
colonne 1662.)
Cypressier, adj. Qui est de cyprès. (Cotgrave
et oiidin, Dict.)
Cyr, subst. Nous ne pouvons déterminer le sens
de ce mol employé dans cette expression de Bran-
tô:ac : « Les belles dames et filles de cyr. « H y a
peul-êlie faute dans le texte, où Cyr est un nom de
lieu, t^et auteur, comparant les habillemens des
femmes de son temps avec ceux des dames romai-
nes, que l'on appeloit « à la Nympbale, » et dont
on retrouve le modèle dans les anciens monumens
de Home, s'exprime ainsi : « Mais aujourdhuy les
« belles dames et lilles de cyr [lisez cy pour
» ci (ici)], et qui les rend aimables certes, ce sont
« bien leur beautez, et leurs gentillesses; mais
« aussi leurs goi'giales façons de s'habiller, et
« surtout leurs rob'bes fort courtes, qui moustrent
» à plein leurs belles jambes, etc. » (Brant. Dames
Gall. t. I, p. 420.)
Cyragîe , subst. masc. Goûteux. Proprement
qui à la gouUe aux mains. « Je ne t'ay sçu excuser,
« sinon que tu es si cyragic, et que les mains qui
<< me souloyent rescripre ne savent plus tenir la
>■ plume, parquoy, s'il est vray, etc. " (Tabri, Art de
Réthor. fol. 157.)
Cyve, subst. mffsc. Sire, seigneur. Nous écrivons
sire', mais à toi-t, car ce mot vient du grec xvçeoç.
(1) On lit dans Eust. Deschamps (fol. 405) ; « Engineurs, maçons , charppntiers , Qne fumée suit voulentiers , Joueurs
d'orgues ou de cymbale, Feront meslier es maistres sales. « Un lib. psahnor. du xii» siècle (p. 231) doune « cymbics bien
sonanz. » (n. e.)
(2) On trouve cimeaulx au reg. .IJ. 207, p. 2i5, an. 1481 : « Iceulx supplians se prindrent à copper des cymeaulx dudit
bois. » (N. E )
(3) Au t. I, p. 201, on lit : « Au regard des lancieres jambes de cheminée et cymaises, le voisin les pourra percer tout outre
ledit mur. pour y asseoir les dites lancieres et ciiinaisc>< à fleur dudit mur. n (N. E.)
(4) On lit dans une charte de 1-422 au cart. de Corbie : « [Ricouart de Liekprke escuier bourgeois de Gand] sera tenus de
rendre et paier chascun an à l'église ou à son command la somme de .Liv. livres de gros, vint livres de cyiwmomc , vint
livres de gingembre de mesche et une livre de safren. » (n. e.)
CY
447 —
cz
Ainsi la vraie orlliographe devroit être cijre [sire
vient de senior']. iBolel, au mot Mo7isieitr, Dicl. de
Cotgrave et Rabelais, t. I, p. 212., Ou donnoil
autrefois ce nom aux saints :
Cire S. Mor, rendez le moy goûteux.
Eusl. Desch. Pues. IISS. fol. 207, col. 2.
Cyrograffer, subst. 7n(isc. Greffier. » Et ausi
" de cleis de noslre couit de la cliancellerie, et de
" l'un brancke, elde l'autrcetdeclersdel Escbeker
■' que parnent plus d'un dener pur l'escripture de
« un bre de eyrograffers que plus parnent de iiii
" S. pur le cyrogratTe. » (Brilton, Loix d'Anglet.
folio 37.)
1. Cyi'ograplie, subst. masc. Signature privée,
billet signé. (Ordonn. t. V, p. 135.) On disoit :
" Lettres de chirographe « pour lettres sous seing
privé, et particulièrement certaines lettres qui « se
.1 faisoient en double, et dont l'une se bailloit à
« partie, l'autre se mettoit au coffre des eschevins. »
(Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, et Du Gange,
GI. lat. à Chirographi.) [Voyez Chirographe.]
2. Cyrogi"aplie,s(/ùs/. Tilreou autre lettre écrit
de la main de celui qui le donne. « Avoms nos
" notre seal mis a ccste lettre fête en foime de
« cijrograf. <> (Rymer, lome. I, p. llô, colonne d,
titre de 1270.)
3. Cyrographe, adj. signé. On disoit lettres
cyrograj)lies, pour lettres signées sous seing privé,
opposées à lettres scellées. » Item a le ber en sa
>< terre toute la cognoissance de tous dains, dons
« quais, peines, services : en quoy on se peut obliger
" par lettres, soient cijrograplies, ou lettres scel-
« lées. » (Bout. Som. Rur. p. 900.)
Cyrographei", verbe. Ecrire de sa main. C'est
la signilication propre de ce mot. « Toulz attornés
u generalz pourront lever fins et cgrograjfer, et
» acorder en fontz plées taunt avaunt corne eux
« mesmes qui altornes il sount. » i,Brilt. Loix
d'Anglet. fol. 285.) « Ecrits et cyrograitliés tels
« comme ils ont accoustumé par leur loy. » (Bout.
Som. Rur. p. 8'J5.)
VARIANTES :
CYROGRAPHER. Bout. Som. Rur, p. 805.
Cyrograffer. Hrilt. Loix d'Anglet. fol. 285, V".
(lyrogrylles , s;(/(S/. On trouve ce mot sans
explication'dans le Dicl. de Borel, ifui cite la Bible
historiaux, ms. suivant laquelle « le chamel, et le
« cyrogrrjlles <• sont au nombre des animaux dont
il éloit défendu de manger.
Cyi'oigne , subst. masc. Espèce d'onguent.
Suivant le Dict. de Borel, on dit encore, en Nor-
mandie, cMrouanne pour signifier une sorte
d'emplâtre.
Cyromaucie, subst. fém. Chiromancie. (Eusl.
Desch. Poës. Mss. fol. 380, col. 4.)
Cyropiennes.
N'alas-tu à Phebus noncier,
Comment, par loy espeluchier,
Tu véis les cyfopienyies,
Dessus les forests yndiennes.
Eusl. Ddsch. Poc-s. WSS. fol. M3.
Cyseau. [Intercalez Cyseau, fer de flèche: « Le
« suppliant print un cyseau ou railion, et le mist
" sur son arbalestre. » (JJ. 205, p. 192, an. 1478.)
On lit encore au reg. J.I. 190, p. 11(5, an. 1460:
" L'arbaleste bandée et un traict dessus ferré d'un
« fer, appelle ciseau. »] (x. e.)
Cytlïoloux's. [Intercalez Cytiiolours, joueurs de
cilole (Du Gange, II, 308, col. 1) : « Nerons en chanz
" s'entendoit, si que touz les cytJiolours et les
« autres jugleours par chanter surmontoil. »](n.e.)
Cytoal. [Intercalez Cytoal, zédoaire, espèce de
gingembre (Ord. II, p. 320, an. 13491.] (n. e.)
Cyve, subst. Sorte d'animal.
Plus i ot de vin la fontaine ;
Li fut III jors en la semaine
Seraines, cive.t cinen [jour cygnes, et lyons....
Hist. de France, à la suite du Rom. de Fauvel, fol. SI.
Cz. On écrivoit cza et là au lieu de çà et là.
(Borel.) Ces deux caractères s'employoient aussi
pour deux SS, comme dans/'iu'iCH/ (I), pour fassent,
fauc^enerie, pour fossonerie. (^Ilist. des ducs de
Bretagne.)
{V) Il est certains dialectes provençaux, aux appreches du Dauphiné, où : se prononçait c:. (n. e )
D
DA
DA
D ;1). Celle leUie eslajouléeà la lerminaisoiides
fiilurs et (les parlicipes des verbes. Pour les fulurs,
voyez trouverad, pour trouvera.
Pour les parlicipes, jugied pour jugé, ported
pour porté, Irouvcd (2) puur trouvé.' (Voyez Loix
iXormandes, passlm.)
Daarain, udj. Dernier. Ce mot, sous les ortho-
graphes employées par S. Beru. répond au latin
S'ovissimus.
On dit encore derraiii dans quelques provinces.
Aussi serez la daarraine. (Frais. Poës. i44.J
Il sembleroil qu"on a quelquefois employé ce mol
comme suhslanlif. Ainsi dcsrain se disoil pour le
dernier jour, lejour delà mort.... ■■ Ne ressemblera
" son bon père, qui iuy enhorta à son desrain, et
<• luv pria moult, de toujours obeïr au roy. » (.T.
Le Fevre de S. Remy, Hisl. de Cb. II, p. 3.)
Derreniere, pour la dernière chanson :
Ma dervcniere vueil faire en chantant.
Ocdede la CouiToicrie, Pors. MSS. t. 2, p. 653.
« Chanter la daaraine » chanter sa dernière
chanson. Expression ligurée qui signifioit mourir :
.... Non je cuit qu'il vous poise
Que^'ai chante la daaraine.
FaU. MSS. du R. n' m*, fol. Cl, V col. 5.
Cependant, si l'on y fait attention, on s'apercevra
facilement qu'il y a un subslanlif sous-entendu dans
ces façons de parler , et que le mol darrain n'y est
réellement qu'adjectif.
Hemarquoiis celle autre expression :
« Assise de durcuii présent » éloii l'assise ou
audience pour constater le droit de celuy qui s'est
présenté le dernier en justice. C'est le lilreduchap.
90 des Loix d'Angleterre, du Britlon, (o\.'î-2'2 : •• Que
" le visconte du pays eit trestous les brefs que
» ajoui'nés ont estes jesques en eyre, et toutes les
" assises de novele disseie, de inordane et de
" dareijn présent, et de utrum et de dower. » (!bid.
folio 8, R°.)
v.iiuANTEs (3) :
lUARAIN. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 257, Ro col. 1.
Daarrain. IbiU. n» 7218, fol. 13, R" col. 2.
Daarin. Ibid. n" 7989, fol. 240, V» col. 1.
Daerain. Poës. MSS. du Vat. t. IV, p. 1394.
Daerrain. Poës. MSS. av. 1300, t. 111, p. 1025.
Darain. Ord. des R. de Fr. t. I, p. 447.
Darrain. Villehard. p. 204.
Darrein. Ord. des R. de Fr. t. I, p. 447.
Darraien. Villehard. p. 42.
Darevn. Britt. Loi.x d'Anglel. fol. 222, R».
Dairien. Ord. dps R. de Fr. t 1, p. 591.
Deerain. Fabl. MSS. de S. G. fol. 53, V».
Deerrain. Ibid. fol. 53, V».
Deeshain. Part, de Bl. MS. de S. G. fol. 124, V» col. 1.
Derhain. Vig. de Ch. VII, t. Il, p. 199.
Derrein. ¥nh\. MSS. du R. n» 761.5, t. Il, fol. 212, V° col. 2.
Desrain. Hist. de B. du Guescl. par Mén. p. 519.
Derriem. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. Il, fol. 153, V" col. 1.
Derrien. Test, du C'= d'Al. à la suite de Joinv. p. 181.
DERRiiAlN. G. Guiart, MS. fol. 38, V».
Derrier. Chasse de Gasl. Phéb. MS. p. 184.
lliCRRAiNiER. Test, du C'= d'Al. à la suite de Joinv. p. 181.
Derrenier. Vig. de Charles Vil, t. I, p. 93.
iiARRANiER. Font. Guér. Très, de Vén. MS. p. 23.
Uarrknier. Joinv. p. 15.
Daren'ier. Ord des R. de Fr. t. I, p. 421.
Derrnier. Gace de la Bigne, des Déd. MS. p. 57, R".
Daraenk. fém. D. Morice, Hist. de Bret. col. 983.
Darreniere. fém. Perard, Hist. de Bourg, p. 513.
Deraigne. fém. Perard, Hist. de Bourg, p. 467.
Derains. fém. S. Athan. Symb. t. II, p. 733.
Daarrains (au et au par\flrf!'. En dernier lieu,
à la lin. Ce mot, sous les orthographes employées
par S. Bernard, répond au lalin novissime, ultimo,
deinde, denique, dernum et postremo.
L'un prent el ni, et l'autre à dncrains.
Po.'S. MSS. du Valican, n" 1490, fol. m,Rv
VARIANTES :
DAARRAINS ^au et a\i par), Fybl. MSS. du R. n° 7218.
Daari.v. Fabl. MSS. du R. n» 7989, f» 240.
Daerrain. Gontiers, Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1025.
Darrain. Froissart, p. 118, col. 2.
Deerai. Poës. MSS. du Vat. n" 1490, fol. 120, V°.
Deeraixs. Ibid. fol. 147, R".
Daarrains (a). Duchesne, Gén. de Béth. p. 115.
Daarins (a). Duchesne, Gén. de Béth. p 132.
Dairiens (a). S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 66.
Deriens (a). S. Bern. Serra, fr. MSS. p. 41.
Dabo (le), sub&t. masc. Celui qui donne. ' Il
» est toujours le ddho. « Façon de parler pour dire,
il paye d'ordinaire pour toute la compagnie. (Oudin,
(1) On lit dans la Senefiance de VA D C (Jubin, II, 276i: « D [Dieu] jeta ceux de Vaigre feu Qui touz tems fussent en
«lifer ; I) fu en fust, D fu en fer ; D eut au G [croix] angoisse et soif. » (n. e.)
(2) Ce d vient d'un / latin devenu final après la chute de la terminaison ; tandis qu'il disparaît en français, il persiste et
se renforce en / jusqu'au niv siècle, en Normandie, en Picardie. S" Eulalie donne, pre.'ieutede. (n. e.)
(3) Le type latin est dnreiranus (de de-retro) ; de [à le provençal dereira)), et le français deerrain, daarrain, contracté en
t}errain, darrain (adouci en dairain). Une forme extensive est darrainier, derrenier. d'oi!i dernier, (n. e.)
DA
449 —
DA
Cur. fr.) De là, ce mot s'est employé pour signifier
le maître du logis. (Ibid.)
» Dace, subst. fêm. Impôt, tribut. (Dict. d'Oudin,
Monet.) « Aides, tailles, péages, gabelles, daces,
« subsides et autres impots » qui se percevoient en
France en 1G03. (Mém. de Sully, t. VI, p. 87.)
« Dace de tiertmjne « se trouve dans le vers
suivant :
De pis avoir que daccs de Tiertaxjne. {E. Desch. 46. J
Dace (la), subst. fém. h& Danemark. On lit
dans Godefroy , Observations sur Charles VU ,
page 724 : « Le roy de Dace, " et dans un autre
exemplaire le mot dace est remplacé par celui
de Danemark [l'roissart emploie la forme Dane-
mavce~\.
Dacer, verbe. Mettre des impôts. (Dictionnaire
de Monet. — Voy. Dacé.)
Dacher, verbe. Lancer, tendre. « Aucun ne
" tende harnas à vallée de prairie, ny de marez,
K aussy ne levé d'autre harnas que le sien qui
» dache en rivière courante sur la ditte amende et
<. le harnas perdu. » (Cont.de Hainaut, au Nouv.
Coût. Gén. t. II, p. 150.)
VARIANTES :
DACHER. Coût, de Hainault, Coût. Gén. t. II, p. 150.
Dagher. Coût. Gén. t. I, p. 813.
Dacier, subst. masc. Collecteur. Celui qui est
chargé de percevoir les daces ou impôts. (Dict. de
Cotgr., d'Oud. et de Monet. — Voyez Dace.)
Dacte, subst. fém. Date. « Selon la dactc et
» priorité des invoquants. » (Rab. t. V, p. 43.)
Dactier, adjectif. Qui appartient au fruitappelé
datte. On trouve ce mot pour épithète de noyau,
dans de la Porte. On y trouve aussi « prunes dac-
« tieres » pour désigner le fruit du dattier.
Dactille, subst. masc. Datte. Sorte de fruit.
c< Raisins, dactijles, noix. » (Rab. t. IV, page 256.)
" Asnes portans pains, roisins et masses de figues
. «' elûe dactilles et de vin. » (Tri. des IX Preux,
page 64.)
VARIANTES :
DACTILLE. Tri. des IX Preux, p. 64, col. 1 et 2.
Dactyle. Rab. t. IV, p. 256.
Dadais, sh/;s^ masc. Niais, sot. (Oudin, Dict.
etCur. fr.)(l)
Dadée, subst. fém. Niaiseries, enfantillages *.
Figure, conformation^.
* Sur le premier sens de niaiserie, enfantillage,
voy. le Dicl. d'Oudin et de Colgrave.
° Par une extension de la première acception, ce
mot a signifié la « conformation », la nature d'un
enfant. « Ne vous souvient il point du conte
" de noslre More 'f ([uel train menoit il à sa femme
« de ce que son enfant estoit blanc comme albastre
« et ne tenoit aucun trait de la dadée camaresque.
« Il fut condamné de refaire bon ménage d'avouer
« le fruit pour sien, puisqu'il n'avoit légitime occa-
« sion de soupçonner que sa moresque eut ailleurs
'< emprunté un pain sur la fournée. » (Contes de
Cholières, fol. 150.)
Dadier, subst. masc. Dattier, palmier. (Dict. de
Borel.) >' Ils commencèrent à sentir la famine de
« plus en plus, si quilz cherchoient les racines des
« dadiers, car nulz au Ires arbres n'y croissoient. »
(Tri. des IX Preux, p. 211.)
Nous remarquerons l'expression suivante :
« L'evêque de pince dadier ». Elle semble faire
allusion à un évéque qui aimoit à jouer aux dés.
(Coquillart, p. 108.) Peut-être aussi (/rtdù'r, dans cette
expression, dériveroit-il de dadais, pince-dadier,
pince-niais, fin joueur.
Daffaicti, partie. Défait.
Si est tost daffaictie la ruse
Sans que longuement on y muse.
Gacede la Bigne, des Déduils, MS. fol. lOi, \".
Dafin, subst. masc. Pièce du jeu des échecs.
Bien tenoit on ce qu'en tenoit
Roc, fierce, chevalier, datin (2).
Geofr. de Paris, à la suite du Rom. de Fauvel. fol. .'iS.
Dagard, subst. inasc. Daguet, brocard. Jeune
cerf qui pousse son premier bois (3). (Dict. d'Oudin,
Cotgrave.)
Dagel, subst. masc. Damoiseau, en patois
gascon. (Boulainv. Ess. sur la Nobl. p. 61.)
Daggloi', subst. Sorte de bête. Peut-être le
caméléon. « Geste beste avoit teste de serpent et
« le col d'une beste que les Sarrazins nomment
« dagglor, et estoit ce col tant merveilleux que
« toutes les couleurs du monde y apparoissoient
« ordonnéement assises et compassées. » (Percef.
vol. III, fol. 88.)
Daghe. [Intercalez Daghe, dague, dans Frois-
sart (III, 496) : « Là secombatoientli auciin main à
« main, as espées et as haches, as espois et h
« daglics. »] (n. e.)
Dagobart, suhst. masc. Chantre héroïque. Le
Dict. de Borel le dérive de bard, chantre. (Dict. de
Cotgr. au mot Dagobert.)
VARIANTES :
DAGOB.ART. Borel, Dict.
D.\gobert. Cotgrave, Dict.
Dagone. [Intercalez Dagone, peut-être peau:
' Guillaume Chandescole boursier... estoit alez
« querre environ deux cens pesant de dagones de
« porc pour mettre en euvre. » (.JJ. 105, p. 184,
an. 1373.)] (n. e.)
Dagorne, subst. fém. Vilaine vieille. (Oudin et
Cotgrave.)
(1) Dansles villes de l'Ouest et de la Bretagne, on prononce dada. Les Berrichons disent jageais. (N. E.)
(2) Lisez /(Pire et ni(/()i. A«/)n viendrait de a/-p/i(7, [éléphant, en arabe]; de /il, nos ancêtres ont [ait fol, puis fou.
(Du Cange, I, 204, col. 1.) Fierce est la reine, rue est la tour. (N. E.)
(3) Ce premier bois ressemble à une dague, (n. e.)
IV.
DA
— 450 -
DA
Dagron, sttbst. masc. Dragon. On a dit en par-
lant de la forêt d'Ardène :
Por olifanz, ne por lions,
Ne por guivres (vipère), ne por dagrons.
Ne por autres merveilles granz
Donc la forest est forraanz.
Parton. de Bluis, MS. de S. G. fol. 125, col. 3.
1. Da(jue, suhst. /'t'w. Espèce d'arme. (Tenur.
de Litll. toi. àG.) C'éloit une sorte de poignard ou
de couteau dont on se servoit îi la guerre, dans les
combals particuliers et dans le.s joutes (1). Il se
lançoit ou dai'doil quelquefois. Des Accords, dans
ses Bigarrures, fol. 89, le dérive du mot aigu. « Un
« de nos gendarmes gecta sa dague a un de ces
« Turcs. » (Joinville, p. 50.) « Les François mon-
" toyent a mont sur les eschelles, et s'en venoyent
« comiiallre main à main, dague à dague à ceux
" du fort. » (Froissait, liv. II, p. 2'J5.)
La terminaison du mot dagitasse, annonce un
mot augmentatif en mauvaise part, une grande
vilaine dague. Nous tenons ces augmentatifs des
Italiens, mais nous ne nous en servons plus guères.
On appeloil aussi dague une pointe de fer que
l'on melloit au haut ou sur le côté d'une hache
d'armes ou d'une hache à main, qui communément
avoil un tranchant d'un côté et un marteau de l'au-
tre. " Issiient hors des pavillons hache en main,
laquelle estoit sans dague, à gros marteaulx et
•' petit taillant. » (J. Le Fevre de S. Rémi, Histoire
de Charles VI, p. 77.)
On distinguoit diverses sortes de dagues. La
dague d'armes. (Petit J. de Sainlré, p. 311 .) La dague
à roelle ou à rouelle qu'on appeloit aussi « dagues
« d'Escosse. » C'étoit une dague dont la poignée
avoit deux ronds ou deux platines de fer pour cou-
vrir la main. (Fauch. des Uiig. liv. II, p. 109 ; Dict.
de Borel.) « En ce temps le roi tlst casser et abatre
« tous les francs archiers du royaulme de France,
« et en leur place y voult estre et demeurer, pour
« servir en ses guerres, les Souisses etpiciiuiers, et
« fit faire par lous cousteliers, granl quantité de
» picques, hallebardes et grans" dagues à larges
« rouelles. » (Chr. scandai, de Louis XI, page 319,
an. 1480.)
Remarquons quelques expressions figurées où le
mol dague est employé :
1" Les dagues à rouelles étant devenues de vieil-
les armes et hors d'usage, ce mot fut employé
comme une injure pour designer une femme laiâe
et vieille.
Retirez vous vieille dague à rouelle,
Retirez vous, car vous n'estes plus celle
Qui jadis sçeut aux hommes tant complaire.
J. Marot, p. 230.
2" Langue et dague, façon de parler qui faisoit
allusion à l'usage des tournois où les vaincus ren-
doient les armes (la lance et dague) aux vainqueurs.
Brantôme, parlant d'une femme mourante, dit :
« Il y eut un gentilhomme son voisin, qui disoit
« bien le mot, et avoit aimé à causer et bousonner
" avec elle, qui se présenta : elle luy dit : ah ! mon
" amy, il se faut rendre à ce coup, et langue et
» dague, et tout à Dieu. » (Brantôme, D" Gall.
t. II, p. 422.) Ce mot adonné lieu à plusieurs autres
façons de parler qu'on trouve dans Oudin.
VARIANTES :
DAGUE. Modus et Racio, MS. fol. 48, V».
Daigue. Crétin.
Daguasse. Merlin Cocaie.
Dagasse. Oudin, Dict.
Dacque. Cotgrave. — Vig. de Charles VIL
2. Dague. [Intercalez Dague, raillerie : « Et
« pour ce qu'il sembla audit Touse qu'il deist ce
« par manière de raffarde ou moquerie, lui dist:
« je te prie, ne me baille point de dague, j'en ai
<■ assez d'une. » (JJ. 152, p. 131, an. 1397.)] (s. e.)
1 . Daguenet, subst. masc. Diminutif de dague *.
Injure^.
*Sur le premier sens, voy. Hab. t. V, p. 39.
^Ce mot, sous la seconde orthographe, se trouve
employé comme terme d'injure faite à une femme
dans lès Contes d'Eutr. p. 324.
variantes :
DAGUENET. Rab. t. V. p. 39.
Daguedon. Contes d'Eutrapel, p. 324.
2. Daguenet, subst. masc. Espèce de poire.
(Oudin.)
Dagueniser , verbe. Donner des coups de
dague.
variantes :
DAGUENISER. Hist. du Th. fr. t. IX, p. 146.
Daguer. Cotgrave, Oudin et Monet.
Daguette, subst. fém. Petite dague. (Cotgrave,
Oudin.) On donna « 4 espées et 4 daguettes, à sca-
« voir deux grandes et deux petites, à la Chastene-
« raye et à Jarnac pour leur combat. » La Colomb,
ïh. d'honneur, t. II, p. 431.) « Us eurent chacun
« deux daguettes espointées. « (Ibid. p. 432.)
Daiere, adverbe. Derrière et arrière. « En la
u seconde procession vont jai les tourbes et davant
" et daiere. « (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 257.) On lit
dans le latin : » In secunda Jam processione prœ-
>• eunt turbœ et sequuntur. «
Daiere (par)- Pour en arrière. S. Bernard, par-
lant aux Pharisiens de l'adultère, dit : « Mais ceste
« est tote vostre justice que vos cou faciez rece-
« leiement par daiere que vosarqueizetreprennoiz
« en arvert davant la gent. (p. 354.) « Dans le latin
'■ sed liœc est iota justitia vestra et quœ palam
« arguitis, eadem agitis in oeculto. »
Daigner, verbe. Vouloir, agréer, souffrir. « Si
<■ ne daigneroie pécher. » (Petif J. deSaintré, p. 87.)
Li perrons ordure ne daingne :
Riens orde n'i puet aprochier.
Fabl. MSS. du R. n- 1218, fol. 357. V' col. 1.
« Vueille ou ne daigne. » Façon de parler qui
signifie de gré ou de force.
(1) « Henriet saicha une dague,... et la geta à la ditte femme, par tels manière, que se icelle dague n'eust encontre une
armiole plaine de vin, tenant trois quartes ou environ... » (JJ. 119, p. 440, an. 1381.) (n. e.)
DA
- 451 -
DA
Ni ramanoit poisson en mer
Que ni venist imcilli- ou ne dmrjne (\).
Bal. de Quaiesme, MS. de S. G. fol. 91, V*.
Conjugaison :
Daignaissent, imp. du subj. Daignassent. (Ordon.
des R. de Kr. t. 111, p. I'i9.)
Daigneit, ind. prés. Il daigne. (S. Bern. S. Fr )
Daiiist, au subj. Daigne. ^Poës. mss. avant 1300,
l. 111, p. 978.)
Daint, subj. Daigne. (Ibid. t. II, p. 813.)
Degne, subj. Daigne. (Ibid. t. III, p. 1*207.)
Dignat, daigna. (S. Bern. Ser. fr. p. 9.)
Daigon, suhst. masc. Donjon, tour.
A tant avale le daigo), (2).
Vie des SS. MS. de Sorb.
chif. LX, col. 53.
nom qui fut
Daigues ou Buyai. C'est le
donné, en 14.">5, à un hôtel ou autre lieu de la ville
de Bourges. (Procès de J. Cuer, ms. p. 157.)
Dail, subst. masc. Faulx. « La mort avec son
« dail, l'eust faulché et cerclé de ce monde. » (Ftab.
t. IV, Nouv. Prol. p. 33.) (3) Dalho est usité en Lan-
guedoc (4). (Du Cange, C. L. à Dayla.)
VARIANTES :
DAIL. Cotgrave et Ménage, Diot.
Dart. Monet, Dict. (5)
Dalho. Du Cange, G. L. à Dcujla.
Dailhayre, subst. masc. Faucheur. Ce mot, qui
n'est d'usage qu'en Languedoc, s'est formé du verbe
Dailiia ci-dessus. (Du Cânge, G. L. à Daijla.)
Dailla, verbe. Faucher, dans le patois langue-
docien.
variantes :
DAILLA. Du Cange, G. L. au mot Dayla.
Dailha. Borel, Dict.
1 . Dain, subst. masc. Usurier. (Glossaire du P.
Labbe, au mot Danius.)
2. Dain, snbst. Daim.
Escervelez comme beaulx dains.
Coi|uillart, p. 40.
« Par leur agilité sembloient un beau troupeau
« de daines. « (Pérégrination d'Amour, fol. 35.)
variantes :
DAIN. Coquin, p. 40.
Daine. Borel, Dict.
Daimne. Peregrin. d'am. toi. 35.
Deyne. Britt. Loix d'Angl. fol. 84.
Daincie, subst. Ce mot semble signifier abon-
dance ou puissance, effort, merveille. Au reste, le
sens véritable se saisit difficilement, et au lieu de le
déterminer, nous rapporterons plusieurs passages
où ce mot se trouve :
La coslifire très quel parfont
Est plaine et bêle à grant daincie (6). (P. de B. 466. J
Sires Jehans
Est si légiers et volans
Kil ne veut arester saur les daintiés
Et fuir les pouretés et les griés.
POL'S MSS. Vatican, n- liflO, f' iV, R*.
VARIANTES (7) :
DAINCIE. Part, de Bl. MS. de S. G. fol. 16(5, V» col. i.
Daintie. Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. 898.
Daintié. Poës. MSS. du Vat. n« I4TO, fol. 177, R«.
Damtié. Rom. d'Audig. MS. de S. G. fol. (55, V col. 3.
Daine, subst.fém.{8) Dame. C'est le féminin de
Do)ii. dans Rabelais. (Voyez Dam.)
Dainteau, subst. masc. Pelit daim. (Oudin et
Cotgrave.)
Daintiers, subst. masc. plur. Testicules du
cerL « La première chose qu'il doit faire, il doit
« couper les deux couillons, ensemble à toute la
« pel, que on appelle daintiers, etc. » (Chasse de
Gast. Phéb. hs. p. 189.) Nicot, dans son Dict. expli-
que ce mot par cervini testiculi.
variantes (9) :
DAINTIERS. Modus et Racio, MS, fol. 28, V.
Daintiés. Font. Guér. Très, de Vén. MS. p. 50.
Daintiez. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, fol. 167.
Dyntiers. Fouill. Vén. fol. 54, R'.
Daintiés, subst. plur. Choses à manger.
Qui miex aiment lait et matous
Que il ne font autres daintiez (10).
Fabl. MSS. du R. n- "218, fol. 2r>8. R' col. 2.
variantes :
DAINTIES. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. Lxi, col. 39.
Daintiez. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 268.
Dainzie, subst. féminin. Denrée, provision.
Mouskes, parlant de la sobriété de Charlema-
gne, dit :
Si avoit moult de gens li rois
A son mangier, et quatre mes,
Se il n'euist aucun dainzie
Diversement apparillie. [P. Mouskes, 81.)
On Ut dans Eginhard, p. 102, où il est parlé du
même prince : « Prœter assam quam vinatorf^s
(1) On Ut déjà dans S" Eulalie : « Tuit oram que por nos degnet preier. » (n. e.)
(2) Lisez ZJfuii/o»), comme dans Benoît de S'« More (II, 13391): « Ne remaindra en Flandres rien, Dangon ne tur ne
forteresce. » (n. e.)
(3) Le mot est plus ancien : « Le suppliant d'une faux ou daiUe frappa icellui Pierre environ le genoil près le pommel de
la jambe. » (,I.I. 169, p. 353, an. 1416.) (N. e.)
(4) Dans les bois des Landes, le dail ou daille est une faux à manche court qui , pour la coupe du soutrage , remplit
l'office d'une pioche au tranchant d'acier. (Enquête sur les incendies des Landes, p. 168.) (N. E.)
(5) « Jehan des Ouches, qui portoit un dart â faucher appareillé et emolu de nouvel. » (.IJ. 153, p. 458 , an. 1398.) On
trouve aussi la forme daux (J,I. 195, p. 1002, an. 1473) : « Jehan Passareu dist au lils du suppliant qu'il lui avoit desrobé
ung daux ou faugibe. » (N. E.)
(6) On lit aussi dans Aubri (p. 152, col. 1) : « Poons pevrés et capons et daintiés. » Dainliers est encore employé en
vénerie et subsiste en anglais sous la forme dainty, morceau de choix. Rapprochez donc de ce mot les articles daintiers,
daintiés, dainzie. (N. E.)
(7) On trouve aussi la forme doincie dans Girart de Rossillon (v. 2283). (n. e.)
(8) C'est aussi un poisson d'après le ms. lat. 6838. c, ch. XIX : « Umbra a toto illo tractu, qui a Massilia est Neapolim
usque umbrino vocatur, Baionœ borrugat, quasi verrucatus, a verruca quam in mento habet , a GaUis maigue , in Gallia
nostra Narbonensi daine, nonnullis peis rei, id est piscis regius. » (N. E.)
(9) Le Ménagier de Paris donne deytiés (II, 5). (n. e.)
(10) On lit aussi dans Partonopex : « Il fait si bien que c'est daintiez ; Mais Partonopex le fait mielz. » (n. e.)
DA
452 —
DA
« verubiis inferre solebant, quà ille libentius
« quam ullo alio cibo vescebatur. »
Daïre, sithst. H«rtsc.">'om propre. Darius, roi
de Perse.
Me faist plus mal soffrir
Qu'Alixandres ne list Daire.
PoLS. IISS. av. 1300, 1. 1, p. 24i.
Josué, Barres (1) et Artus. (E. Desch. 44.)
VARIANTES :
DAIRE. Poës. MSS. av. 131)0, t. I, p. 244.
Darres. Poës. MSS. d'Eusl. Desch. fol. 44, col. 3.
Dairer, verbe. Fâcher, irriter.
Et ii rois moult s'en ilaira. (P. Mouskes, 837.)
Daii'ieiieteiz , subst. Extrémité, le dernier
terme. « Cum cusencenousement doiens nos dot-
« teir, chier (vevekeVKlairienetL'izôe nostre vie ne
« soit atroveie père do la primicre, etc. » (S. Bern.
Serni. fr. mss. p. 260.) On lit dans le latin: « Ne forte
« inveniantur nostra novissima pejora prioribus. »
Dais, subst. masc. Lieu élevé, estrade* (2).
Siège °.
* Dans le premier sens, on a dit : « Ce ballet fait
« en 24 heures fut dansé sur un haut dais dans une
" salle dressée à l'instant à la façon de ces palais
« enchantés des romans. » (Deauch. Recherch. des
Théàl. t. 111. p. 13i, an 10")!.) Dans la description
de la salle des machines du château des Tuileries,
on lit, liprès avoir parlé du parterre : « On monte
« ensuite sur un haut ilais réservé pour les places
« des personnes royales et de ce qu'il y a de plus
« considérable à la cour. » (Hist. du Théâtre fr.
t. XI, p. 126.)
^ Ce mot, dans le passage suivant, nous paroît
devoir être pris dans le sens de sièges ou des tapis
qui les couvroient: « Comme la damoyselle passoit
« paruiy les dcex.-, si furent les tables remplies de
'• toutes les bonnes mannes du monde, et quant
« elle eut esté tout encontre val les dee% si comme les
« tables esloient mises, si s'en revint en la chambre
« dont elle estoit issue. ■ (Lanc. du Lac, t. III, f° 21.)
VARIANTES :
DAIS. Hist. du Th. fr. t. II, p. 126.
DÈS. Dict. de Borel, au mot Daii.
DÉEZ. Lanc. du Lac, t. III, fol. 21, V» col. 1.
Deis. Dict. de Borel.
Ders. Du Gange, G. L. au mot Vagiis Ci).
Dois, llist. de B. du Guescl. par Mén. (4)
Doiz. Chr. fr. MS. de Nangis, sous l'an 1377.
DoYS. Lanc. du Lac.
Doy. Hist. de B. du Guescl. par Mén.
Daités, suhst. fcm Divinité. On a dit, en par-
lant do. I. C. : sa dolée rfai^Éîs. (Poës. mss. av.'l.'SOO,
tome II, 878.)
1 . Dale, subst. Sorte de monnoie. Elleavoitcours
en Allemagne. « Trois vieux escus françois avec un
'< dater [c'est \e thaler] d'or et trois moutons à la
« grande laine. » (Moyen de Parv. p. 76.) « La
« somme de deux millions de dalles. » (Ambass.
« de Bassompierre, tome I, p. 205.)
VARIANTES :
DALE. Dict. d'Oudin.
Dalle. Bassorap. t. I, p. 205.
D.\LER. Moyen de Parvenir, p. 76.
2. Dale, adverbe. Prés, auprès. « Vichenes dates
» Paris, » pour Vincennes près Paris. (Perard ,
Hist. de Bourg, p. 402, tit. de 1258.) (5)
VARIANTES :
DALES. Carpentier, Hist. de Cambiay, p. 28.
D.VLET. Id. Ibid.
Dallin, subst. masc. Dauphin. Titre du fils aine
de la maison de France.
Parle tesmoing monseigneur le dalphiu. (E. Desch. 180.)
VARIANTES :
DALFIN. Ph. Mouskes.
Dalphin. Eust. Desch. fol. 180.
Dalibras, subst. masc. Nom propre.
Du grief feu de S. Dalibras. [E. Desch. 4-13.)
Dalle, subst. fcm. Fosse. Dalle se dit à Cier-
mont, en Beauvoisis ; en Bretagne, on dit dallée.
(Laur. Closs. du Dr. fr.) [A Brest, dalle est syno-
nyme d'évier.]
Dalmatique , suhst. fém. Espèce de robe
longue. (Dict.de Borel.) (6) Nicoles Gilles, parlant de
Charles-le-Chauve. dit : « Il vestoit une dalmatique
" c'est-à-dire longue robe qui luy venoit jusques
« aux tolons >• (Fauchet, des Orig. liv. II, p. 108.)
.... Si fu encor
Viestus et moult bien et moult biel
Damaliele et de tunikiel. (P. Mouskes, 644.)
VARIANTES (7) :
DALMATIQUE. Fauch. des Orig. liv. II, p. 108.
Damaticle. Ph. Mouskes, MS. p. 644.
(1) Lisez David ; Deschamps cite là un preux dans chacune des catégories sarrasinoise ou païenne, juive et chrétienne, (n. e.)
(2) Le sens primitif est table : « Dune fu apresté lur mangiers Si s'i assistrent volentiers ; N'i orent tables n'autres deis
Fors la vert herbe e le junc freis. » (Benoît, v. 3557.) Une phrase de Mattli. Paris en est une preuve : « Priore pandente ad
magnam mensam quam dais vocamus. » (Addit., p. 148.) L'étymologie est donc le latin discus , dressoir, comme l'anglais
dish. (N. E )
(3) D'après l'ordre du roi Henri II (p. 335) : « Le roy se vint mettre à table sur un haut ders, fait et préparé en la grande
salle du logis archiépiscopal » ; p. 312, on lit : « Sous un grand derselet de velours cramoisi. » (N. E.)
(4) On lit aussi dans Partonopex (v. 7439) : « Et ele esloit sor un banket De blanc yvorie petitet. Qui est assis devant le
dois. » De même dans Flore et Blanchetlor, v. 1715 : « Les napes fait oster des dois. » (n. e.)
(5) Cet adverbe peut être précédé de par : « Et passa oultre par dalès le cité de Biauvais (Froissart , IV, 430.) Dalès est
composé de de, à, tés (latiis). (n. e.)
(6) La dalmatique est, à l'origine, le manteau d'apparat du diacre. C'était un grand sarrau descendant « à fond de cuve »
jusqu'à mi-jambe ; de vastes manclies s'y adaptaient et l'étofTe blanche était décorée de claves de pourpre , ou d'orfrois
qu'on nommait limbes. Au ix« siècle , la plupart des prêtres avaient une dalmatique sur leur chasuble. A partir du
XI' siècle, elle devient l'attribut de lépiscopat ; mais elle s'arrête aux genoux, est fendue sur les côtés , et les manches
disparaissent pour n'être plus que des ailerons. (N. E.)
(7) Le Ménestrel de Reims (§ 181) donne les variantes suivantes : L'autnaiique, la malicle , ta tunique daumatique , la
daumike. Damaticle esl dsins un inv. de Cambrai (1371); on trouve aussi tuniques domatiques au reg. JJ. 70, p. 175,
an. 1335. (n. e.)
DA
— 453 —
DA
Dalphinois. [Intercalez Dnlphinois, partisan
de Charles, régent de France, duc de Normandie et
dauphin de Viennois, contre Cliarles le Mauvais,
roi de Navarre: « Icellui CoUiiiet Navarrois, ou
.< pur alié de noslre Irere le roi de Navarre et de
« sa guerre contre nous, reproclia au suppliant,
« pour ce qu'il estoit frequentans devers les
« nostres, qu'il estoit dalpliiiwis. » (JJ. 87, p. 170,
an. 1359.)] (n- e.)
1. Dam, suhst. Vallée. (Dict. deBorel.)
2. Dam, subst. masc. Doni, seigneur, dame. Ce
mol, qui eloil particulièrement atïecté à Dieu, s'est
donné aussi à toutes les personnes constituées en
dignité. Les seuls religieux, dans certaines commu-
nautés, ont retenu parmi eux le mot dom , qui
est le même que dam qu'ils prenoient autre-
fois. On lit : « Domne Deu, » pour seigneur Dieu.
(Marbodus, colonne 1(J78.) (1) Cependant on voit
dans l'apologie de l'abbé Suger, p. 81, que le
titre de dom ne se donnoit qu'au seul abbé des
monastères quoiqu'il ne fût pas prêtre. Ce titre est
donné à l'abbé de l'abbaye d'Aubrac et celte abbaye
s'appelle Dommoie. (Voyez le Dicl. de la Marti-
nière ) C'étoit un titre que l'on donnoit aux prêtres
laïques et cet usage se continue dans la Dasse
Bretagne. (Voyez le Gloss. de l'Hist. de Bretagne.)
En Savoie, ce titre répond à notre mot messire.
Dans les vieux romans, il est mis pour sire ou
seigneur. (Pasq. Rech. p. C67.) « Mult en furent
" conforté cil de l'host, et mult en loerent t'^nn le
" Dieu. " (Villebard. p. Gl.) » Par Dieu damp
>i chevalier vous avez parlé trop follement. « (D.
Florès de Grèce, fol. 115, r) Dans abbé, titre que
Charlemagne donne à l'abbé de S. Denis. (Ciiron. de
S. Denis,"t. I, fol. 13i ) •> Dant evesque « (Ibid.
t. II, fol. 105.) On lit : « dame Dieu et dames Dex »
dans Ph. Mouskes, ms. p. 148.
VARIANTES :
DAM. Le P. Honoré de S'' Marie, sur la Chev.
Dame. Cit. de Du Gange, Gl. lat. au mot Doinnus (2).
Dames, Damel. Ph. Mouskes, MS. p. 148.
Damp. CoquîUart.
Damps. Poës. M&S. dEust. Desch.
Dant. Cit. de Du Gange, Gloss. lat. au mot Dcmnus (3). •
Dans. Chron. S. Denis, t. I, fol. 134, \'°.
Dant, Danz. Aubuins, Poës. iMSS. av. 1300 (4).
Dom. Gloss. de IHist. de Drel.
DoME. Duchesne, Gén. des Chasteigners, p. 28.
DoMNE. Marbodus, col. 1678.
DoMP. Bourgoing de Orig.
3. Dam. [Intercalez Da)n, dans l'expression à
son dam [voyez llaynouardj; on lit déjà aux Ser-
ments de Strasbourg: « Nul plaid qui cist meon x
.. fiadre Karle in damno sit. » Il est curieux que
l'historique ne puisse donner une série d'exemples
du xr au xvi° siècle.] (m. e.)
Damagable. [Intercalez Daviagable, domma-
geable : « Cache qui fu assez damagable et honteuse
u pour les Engiès. •> (Froissart. II. 250.) On lit
aussi dans H. de Mondeville (fol. 475): « Spasme
« esl acddeni damagable. »;(n. e.)
Damage, subsl. masc. [Intercalez Damage:
1° Dommage, perte. « Mult grant damage i ont de
« chresliens. » (Cb. de R. v" 1885.) Celle forme se
retrouve au xn' siècle (Couci, XIX) :
.V maint amant ont fait ire et damage.
Au xnr siècle, Villehardouin donne damage
(§ 1()7, '204, 50G, 5G6), Beaumanoir écrit damace
(19). Froissart (111, 1-21) l'emploie aussi: » Li Escot
i disoient qu'il ne teuroient Irieuwes ne respit as
« Engiès, car pas n'y estoient tenu, mes de porter
« les dammaiges t\u'\\ poroient. » 5" Danger: ■• 11
« considérèrent le péril et le damage ou il esloienl
« ill, 78). ' C'est une forme extensive de dam
(damniim), qu'on peut rapprocher du type fictif
damnalicum.'\ (n. e.)
Damagier. [Intercalez Damagler, porter dom-
mage : " Et se melloient en granl painne li
« Flamench ileconquerreelderfr/H/rtr/ZcrTouriuiy. "
(Froissart, III, l'27.) On lit aussi aux Ordonnances
(t. V, p. 515, an. 137'2): » Et pour ce que les dittes
« lettres originales... sont damaigées et empi-
" rées. »] (n. e.)
Damaisine , subst. fém. Prune de Damas.
(Oudin.)
Damajant. [Intercalez Damajant, dommagea-
ble, au Cart. de S' \Vandrille(t. I, p. 137, an. 129 7 : :
" Et où il seroit mains damajant h moi. «] (x. e.)
Damajos. [Intercalez Damajos, qui éprouve un
dommage, dans la Chron. des ducs de Normandie,
V. 4904 :
Et trop nos ont fait datnajos.] (N. E.) "
1. Damas, subst. inasc.'Som de ville (5). Cette
ville a donné son nom à une étoffe qui s'y fabriquoil.
On distinguoil autrefois :
1° >i Le drap de Damas. » C'étoit une éloffe de
soie faite à Damas même. Cette expression se trouve
dans la description d'un banquet qui fut préparé à.
la suite d'une joute en -1453. « Je m'en allay là où
<• le banquet devoil estre : auquel lieu je liouvay
« cinq portes à passer, avant que vinsse jusquesen
« la salle, et à chacune porte il y avoit des archers
» ordonnez pour les gai'der et des gentilshommes
« avec eux pour reconnoistre les gens, et estoient
« les archers vestus de robes de di'ap gris et noir
» et les gentilshommes de satin giis et noir, et
« pareillement tous ceux qui servirent le banquet;
« les chevaliers, de drap de damas, les escnyers de
« salin ; les varlels de drap de laine, etc. » (Math.
(1) Dans Roland (str. 243) : « Dient Franceis : Damnes Deus nous ait. » On trouve aussi Dame le Diu dans Flore et
Blaaceflor (v. 3276, 3339). (N. E.)
(2) « Et jura Da»ie Dieu, qui mainst el firmament. » (Chron. de Duguesclin.) (N. E.)
(3) « Et maintefois Dmt Girard desconflt. » (Garin.)(N. E.)
(4) Dans Froissart, on trouve dans abbes (II, 25) au cas sujet ; dant abhet (II, 273) au cas régime, ou bien dampt abbet
(id. 275) et dan Henri de Caslille (V, 376). (N. E.)
(5) Elle donne aussi son nom au prunier de damas blanc. (Voyez Mém. de Sully, 11^ 136, sous Hocher.) (n. e.)
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de Concy. Ilist. de Charles VH, page 6G7.) Dans l'in-
ventaire des livres de Charles V, h l'art. 8i9, on lit:
« couverture de dnip de damas nmli' à r/ueiie. «
2° >i Le damas d'ortraict. « FJoiïo brochée en or,
« tunique de riche damas d'or traict et bordé ;i
« deux bords de deux bordelettes de toile d'argent
« traict et montrant formes de grosses perles. »
(Mém. du Bellay, t. VI, p. 14-).)
3» a Le damas meslé. » Etoffe de différentes cou-
leurs. ■< Il faut doncques des plus belles estoffes ;
« incontinent je desploye un velours à la Turque,
« un saliu à llcurs, un velours a ramage, un
« damas meslé , et autres grandes estofres. »
iCaquels de l'Ace, p. 10.)
2. Damas. Eau de senteur composée de l'amas
de diiïérentes herbes, comme qui diroil eau de
mille Heurs. Léon Trippault l'écrit eatic d'amas
(Voyez son Celthellenisnie à la lettre d.) Selon l'or-
thographe qu'emploie Colgrave, eau de Damas{[), il
sembleroit que cette eau tireroit son nom de celui
de la ville do Damas. Crétin écrit eaa de Damatz,
dans une pièce faite au nom des dames de Paris où
il adresse la parole ;\ Charles VIU.
Que eaux de damatz, marjolaines, cyprès. (Cret. i75.J
Damascer , verbe. Damasquiner. Terme de
fourbisseur ou d'armurier. (Dict. d'Oudin.)
Damasceure, subst. fém. Damasquinure.
(Oudin et Colgrave.)
Damasquin, adjectif. Qui ressemble aux
ouvrages de Damas.
De là, on a dit damasquin, pour désigner ce qui
ressemble à l'étotTe appellée damas, du nom de la
ville où elle se fabriquoit « Si j'estois raz ou
« damasquin, je vaudrois pour le moins un florin
« l'aulne, et je ne vaux plus rien. » (Nuicts de
Strapar. t. Il, p. 100.)
On a employé ce même mot pour exprimer ce
qui a la qualité"de l'acier de Damas. lOud. et Cotgr.)
« Ce qui est ondoyé comme les lames de Damas. «
C'est en ce sens qu'on lit dans ce vers :
0 gorge damasquine, ens cent plis figurée.
OSuv. de Joach. du Bellay, fol. 405.
Damasquinage, subst. masc. Damasquinure.
(Cotgr. et Oudin.)
Damasquine, subst. fém. Sorte de ciselure (2).
C'est le sens que présente ce mot dans les deux
passages que nous allons citer : « Au milieu
« de celle table de marbre y avoit un petit pilier de
« crystal, et sur icelluy une statue de mesme ma-
« tiere diaphane qui representoit l'image d'une
« prudence en forme féminine, non nue mais cou-
« verte d'une longue stole crystaline bordée en
« damasquines d'or et semée d'estoilles d'or. »
(Alector, Hom. fol. 129, V-.l
Deux bracelets d'or fin taiUez en da>nasqui,w.
PoLS. de Rem. Bellcau, t I, fol. 97, V'.
Damasquiner, verbe. Nous ne citons ce verbe
qui subsiste que pour donner un exemple du sens
flguré dans lequel on l'a employé aulrefois.
« Polygamme dit que la plus grande finesse qui soit
« en ce monde est, aller rondement en besongne,
« parler son vray patois, et naturel langage, sans
« le pourfiler et damasquiner, comme font nos
" refraisez et gaudronnez de ce jour. » (Contes
d'Eutr. p. 191.)
Damassé, adj. Terme d'armoirie (3). » Les armes
" d'Ailly sont damassées de gueules au chef échi-
« quête d'argent et d'azur. » (La Roque, Orig. des
noms, p. 210.)
Dame, subst. fém. Fille de qualité*. Femme
mariée ^. Belle-mère '^. Maîtresse °. Femme ^.
Amante''. Pièce du jeu des échecs° (4).
Le titre dedame,qm se donne aujourd'hui indis-
tinctement à toutes les femmes en général, étoit
anciennement affecté aux femmes des chevaliers.
Les femmes des écuyers et toutes les autres femmes
mariées ou non étoient simplement qualifiées
demoiselles. (Voyez la note a de l'éditeur de Petit
J. de Saintré, page 152.) Dans les services dus pour
les fiefs où il étoit permis de substituer (luelqu'un
à sa place, on voit que les dames y envoyoient un
chevalier et les demoiselles un écuyer. (Voyez
Beauman. p. 147.) Les usages ont cependant varié
pour l'emploi de ce mot, suivant les temps et sui-
vant les auteurs qui s'en sont servis. Les mots de
dame et de demoiselle ont souvent été confondus.
Les sentimens sont partagés sur son étymologie.
Les uns le dérivent de l'hébreu daman, en latin
silere, se taire. (Borel, Dict.) Cette étymologie est
bien contredite aujourd'hui, à en croire le préjugé
presque généralement reçu. On en voit une autre
dans les Serées de Bouchot, p. 176, qui n'est pas si
avantageuse. « Comment, disoit-il , pourroit on
« aimer les dames, puisqu'elles se nomment ainsy
« du dam et dommages quelles portent aux hom-
« mes. » Au reste, il "paroît tout simple de dériver le
mot dame de dam qui vient de domnus, seigneur (5).
(Pasq. Rech. p. 007.) La distinction entre dame et
demoiselle paroît bien confirmée par le passage
suivant : " Vous donrez ung très bel soupper
» à plusieurs chevatiers, dames, et damoiselles de
« la court et lorsque pour publier vostre
« emprise plus honorablement par le roy d'armes,
« ou herault vous ferez crier que la dame ou da-
« moiselle, chevalier, ou escuyer que aux dances
(1) « Le rozier de danias blanc », dil 0. de Serres (552> ; c'est donc une eau de l'ose. (n. e.)
(i) Le nom turc de la ville syrienne est Dimacq, ce qui fait comprendre le 7 intercalé dans damasquine et les articles
environnants. (N. E.)
(3) On appelle ainsi les tissus de même couleur dont les teintes différent à cause de la direction diverse des fils qui
composent le tissu. Les peintres et les graveurs du moyen-âge ne disaient pas damassé, mais diapré. (Voy. ce mot.) (N. E.)
(4) Enfin on a dit da>ne grant pour grand'mère : « Lesquels orphelines demeurèrent ou gouvernement d'une bonne
femme, leur rfrone-grant. » (JJ. 185, p. 340, an. 14.56.) (N. E.)
(5) Le changement d'rt en 0 n'est pas rare en français (Dame D(>») ; d'ailleurs on trouve aussi dôme (Bibl. de l'Ec. des
Chartes, 3' série, t. V, p. 87) : « L'aumône que ma dôme Teeline aveit fait à De e ans hospitaulers. n (n. e.)
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« seront, le mieulx chantans à icelle feste : La dame
« ou (lamoiselle aura de vous un^bel diamant et le
« chevalier ou escuyer aura un bel rubis. » iPetit
J. de Saintré, p. 172.)
On voit cependant que le litre de dame se donnoit
aux femmes de la plus basse condition. ^Oudin.)
« Les femmes de qualité, on les nomme dames, les
« moyennes demoiselles, et dames eneores cellesde
« la plus basse marche. » (Ess. de Montaigne, t. I,
page S'iS.)
Après ces observations générales sur le moidanie,
donnons des exemples des diverses acceptions que
1 on a attribuées à ce même mot :
"Dame s"est dit pour tille et fille de noble extrac-
tion, surtout quand elles avoient atteint l'Age de
cinquante ans. « Elle a une sienne niepce lille de
<> sa seur une des plus belles dames du monde,
« s'elle vit en aage, qui n'a pas encore sept ans. »
(Lanc du Lac, t. i, fol. 147.) « Là avoit une dame
<■ nommée Tiphaine, extraicte de noble lignée,
« laquelle avoit environ vingt quatre ans, ne onc-
« ques n'avoit esté mariée. » (Ilist. de B. du Guescl.
page 53.)
^ Dame signifioit aussi une « femme mariée. »
Les femmes, dans les actes, sont appelées domina'
par leurs maris. (Du Cange, Glossaire latin, au mot
Domina, 4.) On voit Ibid. au mot donna, les mots
donnam et dominam employés dans le sens où
nous disons en langage familier rfame &\,viailresse.
Li uns dil et vuet prover par raison
Qu'assez fait rnieuz à loer (himi'. à baron
Que pucelle pour amer.
Poês. MSS. avanl 1300, t. I, p. iril.
•^On disoit quelquefois dame pour belle-mère (1), la
femme du père. » Quand telle communauté est
« contractée par an et jour par la ditte coustume,
« le partissent les biens en telle manière que le dit
« père et sa femme seconde prennent chacun pour
>' teste, c'est à syavoir les deux parts et les fils ou
« fille le tiers : et si le dit fils estoit marié, luy et sa
« femme emporteront autant que son père et sa
« dame. » (Coût, de Meaux, au Coût. Gén. t. I,
page 79.)
° Dame s'employoit dans le sens de maîtresse ("i).
Ainsi, en parlant du duc de Bretagne qui entrete-
noit de sourdes pratiques avec l'Angleterre, se fiant
sur l'amitié de la duchesse de Bourgogne sa cou-
sine, Froissart ajoute : « Et bien savoit le duc de
« Brelaigne que plusieurs seigneurs en France, et
« non pas tous l'avoyent grandement contre cou-
« rage : mais il n'en faisoit compte, ains cheminoit
« tousjours avanl. et se confioit grandement, de
« plusieurs de ses affaires, en sa cousine la
« duchesse de Bourgongne; et il avoit droit
« Celle dame de Bourgongne (que je vousdy) estoit
« bien da7ne, car le duc son mary ne l'eust point
" voulontiers courroucée : et bien y avoit cause,
« car de par la da)ne il tenoit de grans héri-
« tages : et si en avoit de beaux enfans, de quoy le
« duc estoit plus tenu à elle : et estoit aussi toute
» la couronne de France. » (Froiss. liv. IV, p. 124.)
[Ed. Kervyn, t. XIV, p. 351.]
De là, on disoit « dame de soi » pour maîtresse
de soi, qui n'est soumise à personne. Aussi nom-
moit-on les villes qui se gouvernoient par leurs
propres magistrats : « Leur disoit que les autres
« bones viles s'esloient accordées privement, que
>' eles ne vouloient plus estre en l'obéissance de
« seigneur, et que la vile qui ne si accorderoit
« seroit deslruite par les autres bones viles, et
« seroit chascune bonne vile dame de soi sans
« tenir d'autrui. » ^Beaum. p. 155.)
^On s'est quelquefois servi du mot dame pour
femme dans le sens générique. Dans un de nos
anciens romans, une fée ayant grondé vivement le
jeune Partonopex qu'elle trouva dans son lit, se
laisse enfin toucher par ses larmes.
El l'ait que dame, et si fait bien :
Quar soz ciel n'a si franche rien,
Con est tiaiiie qui velt amer,
Quant Diex la velt à ce torner. [P. de B. i'iS.j
■^ Le mot rfrt(«(^ s'est souvent employé pour dési-
gner une nnianle, une maîtresse. On la nommoit
quelquefois dame d'amours. " Une dainoiselle
« juifve qui dame d'am.ours estoit du roy Pierre,
« etc. » (Tri. des IX Preux, p. 5'2'2.) Plus souvent
on disoit simplement dame.
Dame otroie à ami
Cors et cuer autresi.
Marcoul. el Salem. MS. de S. G. fol. 116. R- col. 2.
° Enfin on nommoit autrefois dame {3,\ au jeu des
échecs, la pièce que nous appelons aujourd'hui la
reine, et Pasquier disoit : « Celui qui appelle cette
« pièce dame, non royne, dit le mieux. <> (Rech.
page 378.)
Nous citerons ici quelques proverbes et quelques
expressions remarquables :
1° » A belle dame, beau joyau. » Ce proverbe se
trouve dans la Récréation des Devis amoureux,
page 47.)
'2° « Les chambres vuides font les soties da-
« 7)ies (4). »
3° » Dame Justice » se disoit souvent pour la
justice. (Ane. Coût, de Bref. fol. 20.) Celle expres-
sion nous est restée dans le style plaisant.
4° « Compagnie de la fille de dame oiseuse. »
Société ainsi nommée. Le P. Meneslrier, parlant des
sociétés burlesques ou de plaisance qui se tenoient
anciennement dans plusieurs villes, dit : « Ces jeux
« estoient si frequens, et si fort répandus partout.
(1) « Comme le suppliant se feust marié à la tille d'une femme appellée Guillemete le Gaz ;... icelle Guillemete sa dame, b
(JJ. 136, p. 144, an. 1389.) De même au reg. JJ. 158, p. 166, an. 1403 ; « Lequel exposant demanda audit Popile pourquoy il
avoit fait semondre lui et sa danw mère de sa femme. » (X. E.)
(2) Il vaudrait mieux dire maîtresse femme, (n. e.)
(3) On la nomme encore ainsi et l'on dit des pions qu'ils vont « dame. Plus anciennement la dame se nommait
fierce. (n. e.)
(4) Ou plutôt : « Wide chambre fait foie dame. » (Leroux de Lincy, I, 213, xiii' siècle.) (n. e.)
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« que sur les registres des villes des Pays-Bas, on
« trouve jusqu'à I'i90, des sommes ordonnées parles
« majïistrats à certaines personnes, qui alloienl sur
« des chariots ;"! la l'esli! du Prévost des Estourdis,
<■ etc. à la Coni|)as;nii> de la fille de la dame
«■ oiseuse. » (Le P. Menestr. de la Chev. p. 251.)
5» « Dame ordinaire de la royne. « Espèce de
charge dans la maison de la reine. Dans le procès
verbal de la Coût, de Monlfort Lainaulry, eu lô.j?,
on voit « Dame Claude de Beaulne dame ordinaire
« de la royne. »
G° « Dame du lit » Sorte de charge à la cour. Il
yen avoit quatre au service delà reine d'Angle-
ierre, en IG-iG. (Ambas. de Bassomp. t. I, p. 9.)
7° « Dame d'honneur et dame de compagnie. »
On faisoil distinction de ces den.\ titres, suivant la
dignité des maisons auxquelles elles éloient atta-
chées. L'auteur du livre intitulé « Les honneurs
« de la Cour » , après avoir parlé des maisons
des [«oys , Roynes , Ducs, Duchesses , Prin-
cesses et des usages c|u'on y observoit, ajoute : « El
« toutes ces choses dessus dilles ne se doibvent
« faire ez maisons de plus bas degré, sy comme de
» comtesses, vice comtesses, baronnesses dont il y
« a grant nombre par plusieurs royaumes et pays :
<■ que s'il y at en icelle quelque dame demeurant,
" elle se doibt appeller dame decompaignie et non
« pas dame d'honneur. Les damoiselles se doivent
« appeller damoiselles ou gentifemmes de celles
<c maisons et non pas filles d'honneur. Celle qui les
» garde se doibt appeller par son nom, Jeanne,
» Marg irite, et non pas mère des filles. » (Honn.
de la Cour, ms. p. 75.)
8" " Dame des erbes. » La première de toutes
les herbes, la plus effictice, celle qui a les propriétés
les plus singulières. Un charlatan, qui vante la bonté
de ses drogues, propose de faire voir la dame des
erbes, dans l'Erberie, ms. de S. G. fol. 90.
9° ■' Dame des nopces. » La mariée, l'épousée.
Marguerite d'Autriche, écrivant à l'empereur, son
père, les circonstances du mariage de Mad= Isabeau
d'Autriche, sa nièce, avec le roi de Danemarck, en
1514, dit : « Après le souppé danses et tournoisjus-
» quesbien tard qu'on se retira et alla l'on coucher
« la dame des nopces. » (Lettres de Louis XII,
t. IV, p. 326.)
10" « Dame des fillettes. » Gouvernante destines.
>i II la trouva gisant, prosternée à terre au millieu
u de l'ancienne dame de ses fillettes et de son
» petit fils. » (Tri. des IX Preux, p. 143.)
11" ■■ Jeu des dames. » Espèce de jeu qui se
jouoit avec des dames et où le hasard avoit plus de
"part que la science. « Certes je ne scay comment
■■ nous employons presque tous nos passetemps au
" jeu des dames, les uns au vif et ù bon escient, les
« autres à petits semblants parescrils : il n'est pas
« qu'a faute de l'un et de l'autre le commun peuple
« n'employé ordinairement une partie de ses après
» disnées au jeu des dames sur le tablier, et tout
« ainsi qu'en ce jeu le hazard du dé s'en fait croyre
« principallement quelque conduite d'esprit que
» nous V apportions, ainsi en est-il des deux autres
" jeux. ■» (Pasq. Œuv. Mesl. p. 331.)
[12» Dame des [îllcs de joije. Au xvi' siècle, des
courtisanes, à la suite de la cour, recevaient pen-
sion du trésor royal: « A Olive Sainte, dame des
filles de joije suivant la cour du roy, .90. livres par
« lettres données à Watteville le .12. may 1535,
« pour lui aider et auxdites filles à vivre à vivre et
« supporter les dépenses qu'il leur convient faire à
« suivre ordinairement la cour. » Dans un autre
compte du tiésor (1539), on lit aussi: « A Cécile
« Viefville, dame des filles de joye suivant la cour
« .90. livres par lettre du 6. janv. 1538, tant pour
» elle, (jue pour les autres femmes et filles de sa
« vacation, à départir entr'elles pour leur droit du
« .1. jour de may dernier passé, qui estoit deu à
« cause du bouquet qu'elles présentèrent au roy
« ledit jour, que pour leurs estraines du .1. janvier;
« ainsi qu'il est accoustumé de faire de tout temps. ••
Mêmes mentions dans les comptes de 1540 à
1540.] (N. E.)
Dame-Dé. Cette expression signifie Seigneur-
Dieu. (Voyez Dam.)
V.4RIANTES :
DAME DIX. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 77.
D.\ME DEU. Fabl. MSS. du P.. n» 7615, t. II, fol. 180.
D.VME DIEU. Ibirl. t. II. fol. 127, R» col. 1.
Dampne dieu. Hist. de la S" Croix, MS. p. 1 (1).
Damer, verbe. Doubler un pion *. Donner le
titre de dame °.
* Au premier sens, ce mot se dit encore au jeu
des dames. Pris au sens figuré, il signifie « rendre
.. la pareille, payer de la même monnoie. (Voyez
Rabelais, t. IV, p. 48.) (2)
^ Le mot damer se disoit aussi pour « donner le
« litre de dame (3). ■> L'éditeur de Bouleillerdéclame
contre la licence que chacun prenoit de se faire
chevalier « et de damer sa femme » sans être ni
écuyer ni noble. (Bout. Som. Rur. p. 502.)
Dameus, adj. Qui sert au jeu des dames. Epi-
thète d'échiquier. (De la Porte.)
Damianes, s. f. pi. Religieuses de S'" Claire.
Ce nom, suivant La Roque, leur fut donné « parce
« que S" Claii'e prit l'habit de religion dans l'église
<i de S. Damian d'Assise (4). » (La Roque, de l'Orig.
des noms, p. 253 )
Damie, subst. fém. Titre donné à la S" Vierge.
(1) Celle expression esl déjà dans Roland (v. 358, 1898, elc). Dame est là pour doiiiiiw. non pour domina. (N. E.)
(2) « .Te damera]) ce conle, disl Panurge, vous racontant ce que Breton Villandry respondis un jour ou seigneur duc de
Guise. » (Pofi/o'yiKe/, IV, ll.)(N. E.) . . ,, „ j. •
(3) « C'est une daine de haut prix, Qui est tant digne d'estre amie, Quele doit, rose, estre damée. » (La Rose, d après
Richelet.) (N. E.) .... . ■ -j ,t
(4) On les appelait damhhnsles pour les distinguer des simples cordelières, qui étaient beaucoup moins rigides. (Jown.
officiel, 30 juin 1874, p. 4490, 2= col.) (N. E.)
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Mot formé, comme celui de dame, du mot latin
domina.
Sinte mare Damie.
Poes.MSS. av. 1300, t. IV, p. 13G5
Damnement, stibst. masc. Condamnation *.
Daninalion ^. Dommage *^.
* Sur le premier sens, voyez le Dict. de Bo; el, au
mot damner.
^ Dainnewent signifie la damnation éternelle dans
le vers suivant :
A'eu que sa fin n'est rien que damncinent. (C. Marot, 454.,'
C'est en ce même sens qu'on a dit « dnmpnement
» perpétuel. » (Cbr. fr.Mss. deNang. sous ran 1310.)
'^ Enli'i le mot dampnement se trouve employé
pour dommage, dans le l'i'ocès de J. Cuer, p. 13.
VARIANTES (1) :i
DAMNEMENT. Cl. Marot, p. 454.
Dampnement. Chr. fr. MS. de Nangis, an 1310.
Daulnement. Poës. MSS. av. 1300, t. II, p. ".X)4.
Damnor, wr/;f. Condamner*. I.ivre:aux peines
dereiiler^ Ce mot, daiis S. Bernard, répond au
latin damnarc, condemnnrc el piinire.
*Le premier sens est le sens propre et générique.
« Damnée en exil , » pour condamnée à l'exil.
(Chron. de S. Den. t. I, fol 17.)
On a dit « procréé de sang damné » pour né de
père el de mère condamnés pour crime. « ...Elle
« les niainteuoit inliabilles à succéder, pourempes-
« chement coutumier estant en leur personne, à
« raison qu'ils estoienl procréez de Guillaul Lau-
" reiis, qu'elle alîermoit et vouloil prouver avoir
« esté m. ans auparavant exécuté à mort et déca-
" pilé pour ses demeriles, et par ce moyen que les
« dits detfendenrs comme procréez de sang damné,
« esloient rendus pur la coustume de Normandie
« inhabiles à succéder en quelconque hoirie, »
dans un ;irrél donné parle parlement de Rouen,
rapporté dans le Coût. Gén. t. 1, p. 1015.
^ De \h, le mot damner s'est employé en particu-
lier pour désigner la condamnation aux peines de
l'enfer et nous l'employons encore dans ce sens.
On disoil proverbialement : <■ Se damner comme
« une serpe, c'est-à-dire se précipiter en enfer la
« léle baissée. » (Rabelais, t. Il, p. 1G9.)
VARIANTES :
DAMNER. Monet, Corneille, et Bore!, Dict.
Damneir. s. Hem. Serm. fr. MSS. p. 88 et passim.
Dampnkr. Ici. ibid p. 24.
Dampneir. td. ibid. p. 126 (2).
Dainnerie, subst. fim Choses qui damnent.
« Courlisannerie, menterie, diablerie, damnerie et
« toutes telles sciences el praeliques desguisantes
" et deslruisanles vérités. ■> (Alector, Rom', fol. 35.)
Damnisé, /jar^/c. Accusé faussement. (.T Chart.
Hisl. de Charles Vil, p. 282.) On lit à la marge :
» La dame de Morlagne condamnée... pour fj;,sse
« accusation contre Jacques Cœur. »
Damoiller, verbe. Traiter de demoiselle. Borel
cile Coquillart,surce mol, qu'il expliqueen cesens.
Il pareil êlre le même que dumoyacller (|u'om verra
ci-api'ès avoir signifié laire demoiselle, marier une
fille à un noble. Peul-êlie les deux sigiiilicalions
apparliennent-elles à chacun de ces deux mois qui
.semblent ne différer que par une altératiun de pro-
nonciation ou d'orthographe.
1. Damoiseau , s. masc. Jeune genlilhomme,
écuyer *. Seigneur souverain °.
Ce mot, qui paroit être le diminutif de dam (3),
seigneur, est employé avec diverses accepli:)ns
dans nos auteurs par un abus qui est ordinaire pour
les noms de dignité.
* Il s'est appliqué aux jeunes gens de condition
qui n'éloient pas encore chevaliers , mais simple-
ment écuyers, qui n'avoient point de terre ou
seigneurie en propre et qui n'étoieni noint mariés.
Il a été donné aux fils mêmes des rois. On s'en
servoit aussi pour les jeunes gens de la noblesse la
moinsqualifiée. Selon le P. Jl'eneslrier. les « enl'ans
" des chevaliers se nommoienl damoiseaux en
« France, donzils en Catalogne, en Savoye et en
" quelques autres endroits, du diminutif de dam et
« de dom, qui esloient les titres d'honneur qui se
" donncient aux chevaliers, quasi domini et les
« damoiseaux, dominicelli. » (Le P. .Menestrier de
la Chev. p. 105.) Celte acception est jistifiée dans
un litre où on lit : « Unze que chevaliers que
« damoisels des chastes (châteaux) d'un seigneur,
« jurent pour lui. » (Perard, Hist.de Bourgoane,
p. 'S()0, lit. de 12-'(G.) Selon Fauchel, le " nom de
" damoisel n'appartenoil qu'aux jeunes adolescens
" de grande maison, et n'estoii pas commun. »
(Fauch. des Orig. liv. 1, p. 86.)
Froissart, parlant du fils du roi d'Angleterre,
sous l'an l:-;7(3, dit : ■> Après la teste S. Michel, qu'on
« eust fait à Londres rohsè(!ue du prince, ainsi
" qu'il apparlenoil, le roy d'Angleterre fit recon-
« gnoistre à ces eufans le duc de l.ancasire, le
« comte de Canlebruge, et monseigneur Thomas, le
« moins aisné et ù tous les barons, comtes, prélats
« et chevaliers d'Angleterre, le jeune damoisel
« Richard, àeslreroy après son décès. « (Froiss.
liv. 1, p. 455.) [Ed. Kt-rvyu, VllI, p 384, var.]
Ph. Mouskes, parlant de la mort de Pépin, fils de
Charlemagne, s'exprime ainsi :
Jouenes dansiaus preux et gallars (4). (P. Mouskes, 19.]
(1) On lit au \\V siècle, dans la Chanson des Saxons (XXI) : « Mais je nés eslie mie pour le lor damptnement » ; et au
xiii' siècle, dans la Rose (v. 9050) : « Car la letre neïs tesmoigne Ou sisiesme livre Virgile, Par l'auctoiité de Sébile , Que
nus qui vive chastement Ne puet venir à dcmpncmcnt. » Dumvalion était employé au même sens : « Li niultitinline de la
inercit c'on lor a niostreit lor lurne,*à la parsomme, en accomblement de droitiiriere dampnasinn . » (S' Bernard, 559.)
DampiHiblc n'apparait pas avant le xv siècle. i,Fènin, 1423.) (n. z.)
(2t Dans Thomas de Cantorbéry (30) on lit : « Nuls ne deit sun prélat, ne clerc, ne lai dampner. » (n. e.)
(3) 11 a été fait sur le diminutif dominicellus et peut être contracté en dancel, danzel, doncel, donzel. « Borgois, et dames,
chevalier el damel. » (Garin.) (N. E.)
(4) Celte forme est dans la Chanson d'Antioche (I, 774) : « Et Raimnns de saint Gille et Rohers li Mansiaus, Godefrois de
Ituillon, Ustasses li dansiaus, Et Bauduins ses frères qui est encore tousiaus. » (Comparez le provençal toza ) (n e )
IV. 58
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458 —
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Cependant, il me sembleroit que le titre de
davtoisel se seroit inéine donné aux jeunes gens
non nobles, car dans une idylle ou pastourelle où il
n'est queslion que de bergers, on lit :
Par envie doi ilaniel
Li elloadieiil son forueil (al. fourrel).
Poës. MSS. av. 13U0, l. III, p. 10S8 et 1080.
Dans des actes de l'iGG, on voit les qualités « de
« noble bouillie, damoiseau et bourgeois de Clia-
« rolies et celles ne noble bomme damoisea>i sei-
u gneur de la Vesure sur Arroux » réunies dans la
même personne. (Uist. des Grands OUlciers de la
Cour, t. VI, p. 4ii.) Dans un autre titre de 1340,
on voit la qualité de damolsel donnée à un noble
ayant reinine. (La Tliauin. Coût, de Berri, p '254.)
On trouve '/o»u'h/s<'/hs, dans G. eg. de Tours, p. 323.
Il faut ce|ieuduiit convenirque souvent, dans nos
anciens piiéles, le nom de daDwisiaiixè'esl employé
pour designer en général deux jeunes gens. C"est en
ce sens que ce mot doit s'enleudre dans ces vers :
.... Quant je vois ces danioisiaitx
Qui taul sont avenans et biaus.
Fabl. MSS. du R n" 1218, fol. 217, V- col. 1.
^Le mot « dajnoisclniise trouve guieres avoir esté
« porté pour tiltre de seigneurie, que par celuy de
« Coinmarcliis [Commercy] place et grand fief assis
« entre la Champagne et Lorraine. ■• (Fauch. des
Origines, liv. 1, p. 80.) Pasquier cite cependant
plusieurs Ane. Cbron. et des Poës. fr. où il est dit
que S Louis « esloit damoisel de Flandres voulant
« dire qu'il en estoit seigneur souverain. » (Pasq.
Rech. p. 6G7 ) On lit dans Ph. Mouskes, m.-,, p. 8'jG :
Car de Flandres jusqu'à Bordiaus
Est li rois souverains dauiolsiaus. (P. Mouskes, 846. J
Remaniuons encore ces expressions :
1° On disoit proverbialement : « Li damoisel
« d'Amiens. » (Prov. à la suite des Poës. mss. av.
1300, t. IV, page 1G45)
2° » La coiifraïrie de la fierté des damoiseaux de
« Tournay » étuit une espèce d'association dont on
voit l'institiilion dans l'Histoire de Tournay, par J.
Cousin, cb. 16, p. 79.
VARIANTES :
DAMOISEAU. Gace de la Bigne, des Déd. MS. f» 130, V».
Damoiseax. Fabl. MS. de S G fol. 60, R» col. 3.
Da.moyseau.k Gloss. du P. I.abbe, au mot iJoDiicellus.
Damolsiax. Fabl. MSS. du R n» 7989, fol. 78, R» col. 2.
Damoisiaux. Ibid. n» 7615, t. II, f» 135, V» col. 2.
Damoisel. Ibid n° 7218, fol. 2.53, V° col. 2.
Damisele. Vies des SS. MS. de Sorb. ch. LX, col. 44 (1).
Damisel. Du Cange, Gl lai. au mot Uoink-ellus.
Demisele Poës. MSS. du Vat. u» 1490, fol. 144, V».
Dansel. Ibid. n» 1490, fol.
Danzel. Rom. de Narcis, MS. de S. G. fol. 118, V» col. 3.
Danziax. Parton. de Bl. MS. de S. G. f» 128, V» col. 2.
Danskllo.n. Fabl. MSS. du li n» 79«9, f° 80, R» col. 1.
DONZEI.LON. Ph. Mouskes, MS. p. 145.
2. Damoiseau, adj. Brillant, galant*. Humain,
tendre^ (2).
* Ce mot est au preniier sens dans ces vers :
Je vente aussi la déité parée
Qui éclairsit son lustre (/fu?i()!.scai(.
Pocs. de Loys le Caron, fol 18, R*.
L'auteur s'est servi très souvent de ce mot.
^ Clém. Marot a dit au second sens :
Avez vous donc les cœurs moins damoyseaux
Qu'dspics ni loups? (C Maml, t'JO.)
Damoiseie, s. /'. Femme d'un écuyer*. Fille*.
*Onappeloit(/«)/;o/s^'//('S les femmes des nobles du
plusbaul iaiig()iii u avoient point reyu la chevalerie.
Le litre de dame étant réservé pour les femmes des
chevaliers. Voyez la préface de l'armoriai, Gén. de
M' d Hozier, p. G, où il cite les exemples de « demoi-
« selle de Laval " femme de Gui, comte de Laval, vi-
vant en J540 et de « damoiselle de Montmorenci »
femme de Guillaume, baron de -Montmorency, en
1484. Au reste, cette distinction vaiioit iiuelquefois,
caron voitdansLanc. du Lac, la femme d'un chevalier
qui étoit fille de roi appelée simplement f/ft)«()/sf/ic.
^On se servoit du mot daiiioiselle, au second
sens, pour désigner une fille soil noble, soit de
basse extraction; nous l'employons encore aujour-
d'hui avec la même acception. C'est en ce sens
qu'on disoit : » Isabeau (l'une des filles de Beimont
« prince d'Antiocbej moru damoiselle, sans avoir
« été mariée. » (Ass de Jérus p 224.) (3)
Un ancien poëte nomme les Lois Maries
Ces trois danzcUes.
Hisl. des Trois Maries, en vers, MS. p. 3.
Remarquons quelques expressions singulières où
ce mot se trouve.
1" " Damoiselles » ou ^ genlifemmes. » C'est le titre
que l'on donnoit aux filles attachées aux maisons
d'un rang inférieur, et que l'on apptloit » tillesd'hon-
" neur » dans les maisons du plus haut rang. (Voy.
les Honn. ms. page 75, cité ci-dessus, au mot " Dame
d'honneur, etc. ») Cependant la femmed'Enguerrand
de Marigiiy, seigneur de Menneville, qui mourut en
1200, dans son épilaphe est qualifiée « damoiselle de
^ la reine. » (Voyez Meneslr. Orn. des arm. p. 137.)
2° « La damoiselle » est une expression qui a
quelquefois servi pour désigner la S'" Vierge. (Voy.
l'IIist. de S" Léoc. ms. de S. G. fol. 26.)
3" 1. Damoiselle d'une aulne de velours, » c'est-
à-dire d'une fille du commun (|ui faisoit la demoi-
selle. (Dialog. de Tahur. fol 38 )
4" On a dit aussi « damoisellez (4) » pour désigner
(1) Damisel, qu'on trouve dans Roncisvals (p. 142), correspond à damisele. (Chanson de Roland, v. 370S.) (N. E.)
(2) On lit aussi dans Ronsard (896) ; « Là sont d'âge pareils cent jeunes jouvenceaux, Beaux , vermeils , crespelus , aux
mentons damoiseaux. « (n. e.)
(3) Ce li;re se donnait même à des dames mariées : « Piètres dou Bos s'en vint un soir chiés ce Phelippe [d'ArteveldeJ,
aui demorolt avoecques sa damoiselle de mère (Froissard, IX, 374) » ; ou veuves : « Ysîbel de Combes damoiselle vefve de
l'aage dp cpiatre vins ans. » (.T.I. 68, p. 256, an. 1347. > (N. E.)
(4) « Uellui Ancelet dist à icelle femme : avisiez la damoiselle, qui est à dire et entendre au pais [Laonnois] qu'elle estoit
repronthée ou blasmée de son corps. » (.1.1. 184, p 112, an. 1451.) C'était aiissi la directrice des filli s de joie : « Comme...
Raoulin brotjnart et Adenet d'Orgfbrueil fussent a|pz pour eulx esbatre en Fostel de Guillette la de moiselle, qui estoit lois
coustumiere de tenir et avoir en sondit liostpl à Rouen fillettes amoureuses pour esbatre les compaignons ; à laquelle
damoiselle ils demandèrent avoir pour la nuit deux lilletles. » (JJ. 120, p. 219, an. 1381.) (n. e.)
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— 459 -
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des filles de mauvaise vie. Ce mot ne paroît pas
susceptible d'un autre sens dans le passage que
nous allons rapporter: « Et si soloit estre que le
« marescal devoit avoir douze damoiscUcz à la
" court le Roy, qui devioient faire seireinent à son
" badielor, qu'elles ne sauveroient aultres putains
« à la court qu'elles mesnies ne ribaudes sans
X avowerie de allre [voyez plus haut dame des
« (i/li'S (le joye]. » (Dans une citation rapportée par
Du Cauge, Glossaire latin au mot Marescallus
forinsecus.)
VARIANTES :
DÂMOISELE. Borel, Dict.
Damoiselle. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 48, R» col. 2.
Damoyselle. Poës. MSS. av. 1300, t.
Damaiselle Pptit J. de Saintré.
Damayselle Chr. de S. Denis.
De.miselle. Poës. MSS, du Vatican, n° 1490.
Demoiselle. Orlli subsi.stante.
Dancele. Poës MSS. avant 1300, t.
Danzele. Hist. des Trois Maries, MS. p. 3.
Dimiselle. Duchesne, Gén. de Bélhune, p. 164.
1. Damoiselet, f/f/y. Galant, adonné à l'amour,
élégant. U.iMS les épilh. de M. delà Porte, on trouve
cet adjectif employé pour épithète de « musc »
« d'atour, ■■ de >< parfum, •> de « courtisan. » H dit
aussi haquenée « damerete, » litière « damerelte ".
Au reste, ou sait que cet auteur se donne une grande
licence dans l'emploi qu'il fait des mots.
La plus mignarde fronsure
D'un habit duinoyselel.
Poès. de Loys le Caron, fol. -iô, V°.
VARIANTES :
DAMOISELET. Oliv. de la Marche, liv. I, p. 238.
Damehet. Epith. de M. de la Porte.
2. Damoiselet, s. m. Diminutif de damoiseau.
VARIANTES :
DAMOISELET. Dict. d'Oudin.
Damoiselin. VUlon, Dialog. de Mallep. p. 55.
Damovselin. Contred. de Songecr. fol. 153.
Damoiselete, s. f. Diminutif de demoiselle.
(Voy. les autorités citées sur les ortliograijhes.)
VARIANTES :
DAMOISELETE. Oudin, Dict.
Damoiselette. Id. Des Accords, Bigarr. fol. 137, V».
Damaiseulete. .lean de Lescur, à la suite du R. de Fauv.
Dami.selilete. Idem.
Damoisellage, s. m. Célibat. (Voyez Laurière,
filoss. du Dr. fr. au mot Damoisellage.) » Héritages
« colliers acquis avant mariage qu'on dist en demi-
« sellaige succèdent en ligne directe comme patri-
« moine. « (Coût, de l'Isle, au Coût. Gén. t. II,
page 903.)
VARIANTES :
DAMOISELLAGE. Laur. Glo?s. du Dr. fr.
Demisellage. Bout. Som. Rur. p. 5.54.
Demisellaige. Coût. Gén. t. II, p. 905.
Damoiselle. [Intercalez Damoiselle, support
qui remplaça, au sw' siècle, les chambrières char-
gées de tenir les miroirs devant leurs maîtresses:
« Ledit maitre Girart pour la façon de iiu. damoi-
» selles de fust, nettement ouvrées et paintes, ù
<■ bon or bruni, h tenir les miroirs des dittès
« dames, à cause de leur dit alour. » — « Une
« desvidouere, une damoiselle et unes tables et un
« estui. >■ (De Lahorde, Emaux, p 'iil xiv siècle.)
Certains outils portent encore ce nom, comme le jam-
bier soutenant le cheval des scieurs de long.] (n. e.)
Damoisellerie, s. f. Race de femme noble.
« Issus de damoisellerie et de genliUiommeté. »
(Moyen de Parvenir, p. 5.)
Damoyseller, verbe. Faire une demoiselle.
Marier une fille roturière à un homme noble. On
trouve ce mot en ce sens dans la Dispute d'un mari
et d'une femme. L'un vouloit marier sa fille à un
bourgeois, l'autre à un noble.
Damp, s. m. Batardeau (1). « Par la ceure de fan
» 1509, et en laquelle l'on s'entretient, est dit,
« advenant que la ventille de la grotte de Remin-
. ghem fut insuffisante ou qu'il v manqua quelque
« chose, que après avoir sommé la justice du dit
« Remingliem, de ne réparer en dedans huit jours
.. qu'ils en seioient detîaillants, que l'on fermera
.. la dite grotte et venteilles, et ou icelle ne puis
« fermer que l'on doit jetter au devar.t un bon et
« sufllsant damp, et pour claure et ouvrir ù portion
« la dite venteille, la clef doit estre mise entre les
.. mains de la justice du Wincle qui ordonne et
» concert une peisonne du dit Wincle pour en
« avoir le soin. » (Coût, de l'Angle, au Nouv. Coût.
Gén. t I, p. 312, col. 2.1 » Aus di'cts couransd'eanx,
« soit Réepdiche, Watergache, ne se pourront faire
« aucuns dams, sans le cousenlement de ceux de la
« loy et au cas de les avoir relevé deubvemenl par
" avant le dit ecauage. » (Ibid col. 1.)
VARIANTES :
DAMP. Nouv. Coût. Gén. t. I, p. 312, col. 2.
Dam. Ibid. col. 1.
Dampné, adj. Méchant. C'est proprement le
participe de dam/mer [voyez damner\ pris dans
le sens de condamner.
Leur faulce et dnmpyxèe (2) pratique. [Coquill. p. iSi.J
Danipnification, s. (. Dommage. Nous trou-
vons ce mot en ce sens, dans Geofr. de Paris, (as.
du R. n- 0812, fol. .57.)
Dampnisier. [Intercalez Dampn'sier (Ord.
VII, 33, an. 1343): « Et restableronl le dommaige
« au dampnisié. »] (n. e )
Dainpnoy, s. m. Nous rapporterons, pour l'in-
telligence du sens de ce mol, le passage où il se
trouve : « Robin sans delay a fait son diimpnoij : Si
» l'a embracié et décrié en vers soi: Puis dit de
« cuer gai : Marot, je ne te faudrai. » (Bouhier, ms.
ch. 204, fol. 199, R".')
Dan, adv. En bas. (Dict. de Borel.)
Dance, s. /" Danse *. Chance^. Train, dépense "=.
Terme d'armoirie °.
* Ce mot, qui servoit autrefois pour exprimer
<1) C'est l'allemand Damm, rempart ou digue : .imsterdam, digue de l'Amstel. » (n. e.)
(2) « Miex voudroie estre morte, se ne soie dampnée. i> (BeT\je, 115' couplet.) (n. e.)
DÂ
4C0 —
DA
toutes sorles de danses, pris nu sens propre, con-
serve encore aujourd'hu; le même usage (1).
°An lii;uré, il signifioiL c/iw/it'f!.
En ce monde ne vueil plus remanoir
0«e la dancc (2) est dureriienl retournée. (E. Desch. 259.J
•= Le mol danee est pris pour « train, dépense »
dans le passage suivant, où l'on dit en parlant des
lal)les somptueuses (|ue le dnc de Bourbon tenoit à
Paiis : " Si dura si longuement oet^e dance que le
« duc de Bourbon se Irouva endebté de GO mille
« francs d'or. " {Ilisl. de Loys 111, duc de Bourbon,
paye ai5.)
° Eiilin ce mol se trouve employé comme « terme
" d'armoii ies » dans les versiiue nous allons citer :
PortMit armes mervi=iUes ceintes,
A dance.i (3) d'or, en vnrt d'aucices
A quatre bandes lose.igies.
Fabl. MSS. du K, ii- 71115, t. U.fol. 190, R- col. 1.
Nous placerons ici quelques proverbes et expres-
sions dans lesquelles le mol dance se trouve
employé, lautôt dans le sens propre, tantôt dans le
sens figuré. Nos anciens auteurs en fourmillent (4).
1° » La danse du compaigiion. » C'étoit une
danse connue du temps de .Marol. Peut-être aussi
ces mois, pris dans un sens libre et figuré, signi-
fioient-ils quelque obscénité. (Gl. Marol, p. 163 )
2° .' La dance des pucelles » étoit une sorte de
danse que l'on liguroil ordinairement aux noces.
Les filles éloient menées par un homme. « Vous
« aurez de ma livrée, et si mangerons de l'oye cor
« beuf, que ma femme ne rouslii'a poinct, encore
« vous prieray je mener la première dance des pii-
« celles, s'il vous plaist me faire tant de bien et
« d'bonneur pour la pareille. » (Rab. t. III, p. 163.)
3° » Danse de S' Jean. » C'étoit ainsi qu'on appe-
loit une sorle de maladie inconnue, peut-être l'épi-
lepsie. (Du Gange, Gl. 1. à Saltus sancti Viti.)[?>)
4° « Danse basse. » Espèce de danse et air de
musique sur lequel on la dansoit. « Les dictz me-
« nestiiers alois commencèrent a jouer de la basse
« dance. « (Arrest. Amor p 206.)
5" " Scavoir de la vieille danse, « c'est-;Vdire
savoir les bons tours des femmes galantes. On a dit
en parlant d'une mère qui interroge sa fille sur une
aventuie galante dans buiuelle elle avoit été sur-
prise par son mari : « La uiere luy dit (qui scait
« assez de la vieille dance) certes, fait elle, je me
0 double qu'il n'y ait autre chose, et ne te crniray
« jamais qu'il fu>t si hardy d'entrer en la chambre,
« s'il n'eust grande accoinlance à loy. » (Les Quinze
Joyes du IMariage, p. 186.)
G° « Faire de ses dens la danse », pour claquer
des dénis.
7° .. Danse du loup. » E.xpression obscène. (Contes
d'Eulrap. p. 336.)
8^" Commcn.ier la mortel dance », c'est-à-dire
commencer le combat.
9" « Dance de coquin. » >■ A dont le dit Dnplois
>' respondi audit Simon que s'il reucontroit une
« aulreidis, qu'il y auroil dance de coquin. ■> (Très,
des Cil. ]{(ig. 17-i, p. 296.)
10° On a dit « faire sa danse » pour faire sa
course, son tour.
11°" Mainer la dance des maleureux, » pour de-
venir malheureux, miser ible. (Eust Desch. '279.)
Nous cil(;roiis encore ce proverbe :
Ades ne rist-on pas de ce qu'il fet la rfnj!.s.se (6).
Fabl. MSS. du R. n" 7-218, f- 240, V- col. 1.
VARIANTES :
DANCE. Rabelais, t. III, p. 163.
Danse. Apol. pour Hérodote, p. 566.
Danssiî. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f° 340, R" col. 2.
Danseuie. Du Verd. Bibl. p. 688.
Damaillerie. Bouch. Serées, liv. I, p. 135.
Dancade. Bouh. MS. ch. 247, fol. 218, V°.
Daiicé, partie. Accompagné de danses *. Mené
à la danse ^.
* En parlant d'un souper donné h Londres à la
suite des joules en 1390, on a dit au premier sens :
« .... Fut le souper bel et gent, bien dancé, et con-
« tinué toute la nuict, jusques auprès du jour. »
(Froiss. liv. IV, p. 93.)
^Dans la citation suivante on trouve la preuve
de la seconde acception du mol dancé. « Tous
« s'en vindrentdevers les dames qui les altendoient
<i pour eslre (lancées et carollées, car fesie de fem-
« mes sans hommes, et d'hommes sans femmes est
« de nulle plaisance. » (Percef. vol. IV, fol. 158.)
Dancel, s. m. [Intercalez Dancel, damoiseau,
jeune homme, dancelle, jeune fille, dans la Chron.
des ducs de Normandie. Voyez les notes et variantes
de damoiseau. Il semblerait, d'après Amadas et
Ydoine (B. N, 6981, fol. 315), que la dansele ou
donz-elle était inférieure à la damoiselle :
Et chevalier et damoiseles,
Esquier, bourgois et datiseles.
En provençal, donzel est synonyme d'écuyer. Le
mot subsiste comme nom de famille en Normandie
[H. Moisy).] (n. iî.)
Danceinant, s. m. L'action de danser.
VAniANTES :
DANCKMANT. Dict. de Monet.
Dancement. Nicot, Dict.
n) a Baiiccs, baus et caroles veïssiez commencer. » (Berte, XI.) (N. E.)
(2) « Ct luy... qiu maistre esloil de mener telles danse.t, et qui peu les craignoit. » (Bouciq., III, ch. II.) (N. E.)
(3) Danclté se dit des pièces qui se terminent en pointes aiguës. A la suite lisez : En vair dancies , découpées sur
fourrure. (N. E.)
(4) Voici les noms de différentes danses employées au moyen-âge : « Aucuns de la ville de S. Mard vouldrent que le
menesirel. qui cornoil d'une chevrette, cornast la hauttc dance. » (.T.I. 159, p. 20, an. 1403.) Au même reg., an. 1404, p. 137 :
« CoEiime li'S supplians feussent à im esbutement, là où l'on dansoit à loinjucs dances, en la ville de S. Josse sur la mer. »
Enfin au reg. .1.1. 144, p. 283, an. 1393 ; « Icellui Buch:irles, qui dançoit à ladite feste à la ronde dance. » Ces danses
ress niblaient aux gavottes et aux bals de la Bretagne et de l'Auvergne, comme l'indique l'expression « dancer en la main
d'une fille (I.I. 162. p. 221, an. 1408) », c'ost-à-dire en la conduisant par la main. Voyez Croichet plus haut. (N. E.)
(5) Ou lit dans Oudin (p. 321) ; « 11 a le mal Saint .lean », c'est-à-dire le m:u caduc. C'est la (/a»).st;S" Guy ou S' Witt. (N. E.)
(6) « De la panse vient la danse », dit encore Villon (.Grand testament, 25). (N. e.)
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461 -
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Dancer, verbe. Danser *. Faire danser °.
*Le premier sens sulisisle (I).
"Ce mol esl employé au second sens de faire
danser, dans ce vers :
Que je duiice filles à marier. {J. ilarot, 241.)
Comme les anciens poêles employoienl souvent
ce mot au ligure, ce'a a donné lieu ?i beaucoup
d'expressions remarquables. Nous en citerons ([uel-
ques-unes :
1° Eust Deschamps, dans ses poésies, fait dire à
un mililaire obligé d'aller au guet pendant la nuit ;
Pour Dieu me soit houppelande donnée
Car ce n est pas en yver graiil déduit
D'ainsi dancer.
2° » Siècle qui dance » pour le temps qui court,
le temps présent. (Voy. Monios, parmi les Poëy. fr.
Mss. av. 1300, t. 111, p. ior)4.;
3° « Faire dancer comme jau sus breze. ■> Expres-
sion proverbiale qui se trouve dans Rabelais, t. II,
page 16-i.
PliOVEKRF. :
Qui mal danse, bien triomphe (2).
NuiB de Slraiiar. t. 1, p. 401.
VARIANTES ;
DANCER. Poës. MSS. dEust. Desoh. fol. 210, col. 4.
D\NCHER. Dict. de Borel.
Danser. Nuits de Strapar. t. I, p. 401.
Dansser. Ibid. t. II, p. 3'^3.
D.\NCAR. Bouh. MS. ch. 249, fol. 219, R».
Danceresse, s. f. Danseuse.
VARIANTES :
DANCERESSE. Coquillart, p. 3.
Danseresse. Nicot, Dict.
Danche, s. f. Dents de scie. Terme d'armoi-
ries. (.Monet, Dict.)
Dandas, s. m. Nom de pays. Celui d'où venoit
l'indigo. (Gloss. de l'Hist. de Paris.)
1 . Dandin, adj. Qui a l'air hébété (3)'. Ce mol est
mis comme terme d'injure, dans Rab. t. I, p. 178.
VARIANTES :
D.\NDIN. Epith. de M. rie la Porte.
Dendin. Rab. t. I, p. ilH.
2. Dandin. [Intercalez Dandin, clochette des
bestiaux: » Esquelles besles à laine en avoit une
« qui avoit un dandin on clojhelte pendue au col. »
(JJ. 139, p. 113, an. 1300.)] {.n. e.)
Dando (la). Sorte de maladie. ■• Environ quinze
« jours devant la S. Remy cheut un mauvais air
« corrompu dont une très mauvaise maladie
« advint que on appelluit /(( dundo (4), et n'estoit nul
« ne nulle qui aucunement ne s'en senlist dedens
" le temps qu'cMe dura. » (Jonrn. de Paris sous
Charles VI et VU, p. 113, an 1127.)
Dando (le). Ce mot. foiiTié du latin, semble
avoir signitié celui qui donne, qui fournit à la dé-
pense. ^Coquill. p. 1G9. — Voy. Dabo.)
Dandi'illes, s. pi. Mol obscène. (Cotg. Oudin.)
Dane, s. f. Nom propre. Il est mis pour Daphné,
dans ce vers :
Pour Dane qu'il desiroit si. [Ffuiss. Poës. 386.)
Danemarche, s. Le Danemark. Dans ce pays
on faisoil divers ouvrages qui étoienlen réputation,
tels que des >• laielles •■, des haches, etc.
Je le mis en une laiette
Quej'avois proprement fette
De Danneniarce. (Froiss. Poës. p. i73.)
On disoit aussi ■ hasches danoises. » (Du Cange,
Gloss. lat. au mot Secitres Danicœ) ('^) On trouve
» haichesde Danemarclie » et le proverbe suivant.
(Poës. MSS. avant 1300, t. IV, page 1652, dist de
l'Apostoile) :
Li plus bel home en Alemaigne
Li plus grant en Daiiemarche.
VARIANTES :
DANEMARCHE. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1652.
Dannemarce. Froissarl, Poës. MSS p. 173. col. 2.
Daneschier, verbe. Ce mot, formé du mot
" Danois, » sert à exprimer le cri de guerre danois.
Forment les oissiez daneschier et crier.
Rom. de Rou, MS. p. 133.
Danger, s. m. (6) Péril, danger, risque*. Obsta-
cle, difliculté, refus, résistance^. Ouerelle'^. Retard,
délai". Besoin, nécessité^. Domination, puissance,
autorité''. Fierté, hauteur". Domaine, héritage".
Mari, le maître d'une maison '. Congé, permission ".
Droit, impôt"-.
* Le premier sens subsiste encore aujourd'hui.
^On Irouve dangier pour « obstacle, difficulté,
« résistance », dans les citations suivantes :
« Pour double que ceulx de Paris ne luy feis-
« sent aulcuu dangier, s'en partit et s'en alla. » {.).
Le Fevre de S. Remy, Hist. de Charles VI, p. 23.)
Fealté fist, mez pou la tint :
Pour dangier fere à son soignour
Fist dessus arches une tour (7).
Rom. de Rou, MS. p. 227.
(1) Froissart (éd. Kervyn. XIV, 203) parle d'un souper qui fut « bien estoffé, bien danssé et bien continué toute la nuit
jusqups au jour », c'est-à-dire accompagné de danses. (N. E.)
(2) Car « janjais danseur ne fu!-t bon clerc, n (Leroux de Lincy, II, 79.) (N. E.)
(3) Selon Petilleau (suppl. au Dict. de Litlré) le niot français dandin a donné à Tangl. le mot dandy ; le sens n'a guère
changé ; car un dandij est aussi ridicule par sa toilette que Georges Dandin par ses mésaventures conjugales, (n. e.)
(4) "Cette maladie, paraît-il, courbait le dos (rfa)i.s le dos. Ducaliana, part. II, p. 316). Comparez Biuguendos au reg. JJ. 132,
p. 250, an. 1388 : « Le mary prist un baston, et vous en donna un bingiiemlos sur les espaules. » (N. E.)
(5) « Et portent glaives [lances], et espies Poitevins ; Hasches danoises pour lancier et ferir. u (Garin ) (N. E.)
(6) Danrjer, comme donjim, dit), rj.m, est un dérivé de dominus , dominiaria (Du Cange). car au -XVI» siècle, d'après
Palsgrave, on prononçait encore dangier. Le sens primitif est donc pouvoir, domination : « Desor tous autres rois auriez
le daniper. » (Saxons, VI.) Ce s^ns est au xni* siècle, dans la Ch. d'Antioche (VI, 270) ; au xiv« siècle, dans Eust. Deschamps,
dans Froissart (II, 40, 362) ; voyez aussi le reg. JJ. 149, p. 297, an. 1896. J. Marot, au xvr siècle, écrivait encore : « Et en
parlant, par gestes monstroit, que ses advers, il ne doubtoit de rien, ne leur danger. » (V, 100.) (N. E.)
(7) Ce sens vient le second dans l'ordre historique (La Rose, 1896) : « Vassal, pris les, noient n'i a Du contredire , ne du
DA
— 462
DA
"^ Davf/ier semble signifier querelle dans les pas-
sages que nous allons ciler :
Tesiez, fit il, vous estps sot;
De quoy me fêtes vous dai-gier'?
Fabl. MSS. du II. n- 1518, fol. 2-2!). V' col. 2.
" Quant Passelion veil queMarinones"esloiignoit
« par courrou.K dont par avant peu luy estoil,"mais
« amouis lait aucunes fois enamoui'èr et désirer
une personne plus que une aulie pour nouveau
dangier, ainsy advi.;t-il au preux Passelion, car
le dangier nouvel que la dame luy monslra luy
fist tendrement gouster les deduiiz passez,
comme le faniilleux la viande; car amours l'ai-
guilionoit si aygrement qu'en luv n'avoit ne sens
ne advis. » (Percef. vol. iV. fol. i53.)
"L'idée « d'obstacle >■ entrainoit celle de « délay,
« retard " et l'on s'est aussi servi du mot dangier
en ce dernier sens :
Les a semons, sans nul dangier
Qu'il viegnent à la feste fere.
Fabl. MSS. du R. n" 1218, fol. 58, R* col. ).
^ Ce mot s'eniployoit aussi pour « besoin, néces-
« site. » C'est en ce sens qu'il faut l'entendre dans
les différentes citalious que nous allons rapporter :
<' La rivière de Caen qui porte gros navires, estoit
« si basse et si morte, qu'ils la passoyent et repas-
« soyentsans le danger au pont. » iFroiss. liv. I,
p. 145.) (I) Ku parlant du jeune Partonopex qui se
perdit à la chasse, on a dit :
A g;rant nusoise fut li las;
Il fist grant froil, s'ot poi de dras,
Grant fain ot et net que menger,
One n'en avoit eu danger.
Parion. MS.'de S. Germ. fui. 1-2G, R' col. 3.
""Ce même mot tiroit quelquefois son étymologie
de " dam « seigneur, et alors il avoit des accep-
tions fort différentes. 11 signifioit » domination,
« puissance, autorité (2). » C'est en ce sens qu'on a
dit, en parlant des piétentions du roi de Caslille
qui se croyiiit héritier de Ferrand, roi de Portugal,
dont il avoit épousé la fille légitimée : <• Les gens
<' des cités et bonnes villes de Portugal murmu-
>' royent ensemble el disoyent : il vaut mieux
« mourir, que d'eslre au danger n'en la sugection
« des Castillans. » (Froiss. liv. III, p. 03, an 1385.)
On lit dans Froissarl, au sujet du comte de Flan-
dres qui refusoit d'épouser la fille du roi d'.\ngle-
terre en 13i(>: « .... Il fut longuement au da/i^cr des
<■ Flamens et en prison courtoise : mais mouit luy
« eunuyoit. » (Froiss. liv. I, p. 163)
Un sait que J. de Bretagne resta en prison en
Angloteire comme caution de la rauroii de Charles
de Clois, son père, en 138". C'est à ce sujet que le
même auteur rapporte ([ue : » ... Quand il luy sou-
» veuoilde son jeune temps, luy (jui estoit de la
« plus nohie génération du monde, comment il
" l'avoit perdu, et encores perdoil, il pluuroit moult
« tendrement : el eust plus cher eslre mort que
« vif : car xxv an ou environ fut il ou danger de
» ses ennemis en Angleterre et ne luy appaioissoit
« délivrance de nul costé. » (Froiss. Hv. 111, p. IGO.)
°De là, on s'est servi de ce mot pour - hauteur,
« fierté. "
Blasmer doit on larron, rubeor,userier
Le délit des borgois, l'orguel des chevaliers,
Les folies des femes, des dames lor dangier;
Due l'on doit : ce faites, ce devés vous laissier;
Puis l'on doit penitance, si com drois est, encarcier.
Vies des SS. MS. de So-bonne. chif. xxvn, col. 2Î,
"Dangier ayant signifié quelquefois <• domina-
« tion " a pu aussi signifier » domaine , héri-
<• tage » (3) et c'est pi'ut.-ôlre le sens de ce mot
dans le passage suivant : « Prises de bestes eu dan-
« gier d'aulti'uy, il n'y a que cinq sols parisis
« d'amende et satisf-^clion de partie. » (La Thaum.
Coût, de Berri, p. 340 ) Peut-être aussi doit-on en cet
endroit interpréter ce mot par « dommage, " ce qui
se rapproche de l'acception subsistante de » péril. »
' Dangier paroit dériver évidemment de dam
lors |u'il est employé pour « mari, le maître de la
» maison. » (Gloss. des Arrêts d'amour.) Le com-
mentateur des Arr. amor. p. 43, a prétendu cepen-
dant que danger signifioit « mari, ■> propter pericu-
« lum uln viriuxorum amorcsprœsenserint. Voici
le passage : « A une journée que danger estoit
« hors tie la maison. •■ (Arr. amor. p. 178.)
"De l'idée « d'autor'té - nail celle de « permis-
« sion, congé. » Le mot dangier, employé pour
« autorité » comme on l'a vu, a aussi été employé
pour désigner « permission, congé. » « Bonne
» équicté, bonne foy et bonne renommée m'ontjci
« arresté : jeusse mis peine de me retraire avec-
« ques mes gens si n'eiist esté la fiance que j'ay en
" vous, el peut eslre que je me feusse bien retrait
« sans vostre dangier, toulelîois, etc. » (Le Jouv.
Ms. page 573.)
"■Enfin on s'est servi du mot dangier pour dési-
defendre ; Ne fai pas davgier de toi rendre. « Ce sens se développe au xiv siècle et devient : 1» Le droit d'accorder la
permission : « El ne pooient prendre terre fors par lor dangier. » (Froissart, III. 20't.) 2» Le droit de refuser, les caprices ,
les scrupules : « Il li convenoit poursuivir tous les dangiers et tes volentés del duch sou cousin. » (Id , II, 472.1 — n. .\voec
tout ce li rois d'Escoce se faisoit dangier de traire avant. » (X, 338.) 3" Les délais, les retards : « Et convenoit que il portast
ce dangier. » (II, 485). 4° Le besoin, la disette ; « Us ont vivres à lor voleuté el nous les avons à grant dangier. » (XIV,
270.) (N.E.) ° ;/ V >
(1) Ed. Kervyn, IV, 412. Entendez : Sans s'exposer au danger du pont. (n. k.)
(2) Nous sommes prés de l'élymotogie, car dam vient de doininus. Dangier signifiait aussi domaine : a Comme la ville de
Muande soit située près des fins et mettes de nostre rovaume, es destroit. et dangier^ des contez de Foix et d'Arminhac. »
(U. 135, p. 262, an. 13H9.1 De même dans Froissart (Xllf, 19) : « Et les gens ne pooient entrer en Allemaigne fors par les
terres et dangiers du duc de lulliers et duc de Guéries, u (N. E.)
(3) Danger est synonyme de torre en dèfens : « Lequ-'l Tassin avoit mené vaches et autres hestes es dangiers de la mère
de l'exposant, sans sa licence. » {.U. 100, p. 413, an 1309.) On considér;iit comme terres en défense, vetées (vetitœj : 1» Les
vignes, jardins et garennes, toujours en rfa»!/er; 2" lus terres labourables ensemencées ou non moissonnées; 3^ les prés
de la mi-mars à la Touss:iint, de la Chandeleure à la .S' Martin ; ¥ les bois tailUs jusqu'à quatre ans et un mai, c'est-à-dire
jusqu'à la cinquième feuille, (n. E.)
DA
— 463
DA
gner » un droil, un impôt " qui se levoit sur les
marcliandises dont l'e-Nportnlion se l'aisoit pur eau.
Dans un coniple du donia.ne de la Chambre des
Comptes de lioulogne, rapporté par Un Cange, on
lit : « Receple ùns^langiers de godales, de cliervoi-
« ses, de bromars et de houppenbiers amenés par
<i mer à Boulogne. » (Du Gange, Gl. I. au mot('t'/<a.j
» Beserve expiessénienl et entièrement à nos
« bourgeois de Paris, que par accort, ne par cliose
« qui soit contenu en ceste présente lettre, ou ins-
« trument, toutes leurs libériez, leurs privilèges,
« leurs usages et leurs coustumes, meismeuienl de
» tant connue il louche le descori et le danyier que
« il ont sui' les biens, les denrées et les maichan-
« dises qui sont mises ou trouvées en l'iaue, enti'e
« le dit pont de Paiis et le pont de Mante, ne puis-
« sent de rien eslie empirécs. » (Ord. des H. de Fr.
t. I, p. W»0.)
Rassemblons ici plusieurs expressions remarqua-
bles dans lesquelles ce mot entre avec ^■es ditlèren-
tes acceptionset quelqiiefoisen prend denou\elles:
1" " Dangier palatins » pour mari jaloux. (Rab.
t. I, p. 347.)
2° <' Faire danger », c'est-à-dire faire semblant,
faire mine. Celte mterprélalion est prouvée dans ce
vers tiré d'un ancien fabliau ;
Et il fist daiirjev d'esveiller.
3° ■< Faux danger », gouvernante. « Se pourront
« retirer cliez eulx sans toutes fois que avec leurs
« damoyselles, ils puissent laisser de ces vieilles
« que l'on nomme (aux danger. » (Arr. am. p. 424.)
4» « A danger, à dangier » pour à peine, avec
peine, avec difllculté.
Or fui povres, je vy à fjrani dangiers. (E. Descli. 57./
A dangier signidoit aussi avec force, .avec puis-
sance. Ph Mouskts, parlant de Charlemagne qui
menoit avec lui ses enfans et ceux de Pépin son fils,
dit:
Et tant les amoit à dangier. (Pli. Moiisk. 79 )
5° « Mener danger. » Faire querelle. (Fabl. ms.
de S. G. fol. 57, R" col. 3.) On disoit aussi « mener
« danger » pour s'enorgueil ir, taire trophée.
Vous poez bien veer com il se fet jà iler
Jà se lait orgueillou.x et mantne ijratit dangier.
Rom. do Rou, MS. p. 77.
Celle même expiession signifioil quelquefois
« mener grand train, » traiter durement.
Oui si me maine grand dangier.
Fabl. MS. de S. G. fol. 120, V col. 1.
6" « Fief de danger » ou « de dangier » est un
fief que le seigneur qui en a pris possession sans
faire foi et hommage à son seigneur féodal, court
risque de perdre. (Laur. Gloss. du Dr. fr. au mol
Fief. — Du Gange, Gl. 1. au mot bangerium.) « Au
« bailliage de Troyes n'y a aucuns liei's de danger,
« lesquels fiefs de danger sont de telle nature, que
>■ quand le fief de danger est ouvert, ou sans
« homme l'héritier ou seigneur d'iceluy n'y doit
« entier, n'en prendie possession sans premiere-
" ment en faire foy et hommage ;'i son seigneur
" féodal ; et si aulrement se lait, le dit fief est
« acquis par commise ou confiscalion au dit sei-
■' gneur féodal (1). » (Procès verb. des Coût, de
Troyes, au Cmit. Gen. t. 1, p. 430.) ("i)
7° « Tiers et droit de danger » ou ■■ de dangier »
est un dioit par lequel le loy sur la vente des bois
prend le tiers et le dixième sur le prix de celte
vente. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) (3) « \\ est à observer
« (ajoule-il qu'il y a di s bois, qui ne sont sujets
" qu'au tiers sans dangei' et d'autres au danger
» sans tiers. » De Sully dislingue trois cas. On lit
dans ses Mém. t. X, page 'i'JO : « Tiers et danger.
'< tiers sans danger, danger sans tiers. » Philippe-
le-Bel donna à Engueran de Marigni « le tiers et le
'< danger de certaines forests en Normandie qui
« bien valoient 00 mille livres. » (Chron. de S.
Denis, t. 11, fol. 148.) On lit « dang (4) » au lieu de
dangier dans la Chr. Ir. ms. de iNangis.
8° " Temple du danger. » Il esl difficile de savoir
à laquelle des explicaîions données au mot danger
ou dangier on doit rapporter le titre suivant qui se
trouve parmi les Poës. de Guill. Alexis : « Le mar-
" lyrologue des faulses langues et le chapitre gene-
» lal d'icelles tenu au temple de danger, faicl par
« couplets dont le dernier vers de chacun finit par
" une sentence ou proverbe. » (Du '^'erdier, Bibl.
page 460.)
9° <. Danger de norrice. » Expression proverbiale
qui se trouve dans les Prov. à la suite des Poës.
Mss. av. 1300, t. IV, p. Hm.
VARIANTES :
DANGER. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 12, R".
Dangier. Fabl. MSS. du R. n» 7996, p. 46.
Da.vg. Chr. fr. de Nangis, MS. citée dans cet article n" 7.
DONOIEH. Poës MSS. av. 1300, t. I, p. 398.
Dengier Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. -152, R° col. 1.
DoNGER. Fabl MSS. du R. n" 7615, t. I, f» 105, V» col. 1.
Dangerei". [Intercalez Dangerer, supplier : « Il
« se fisl très-grandement prier et dangerer. »
(Froissart, X111,"3P2.) Cette locution se rattache à la
suivanle: « Pour coustraindre les Flammens et
« mettre en son dangier » , c'est-à-dire à sa
merci.] (n. e.)
Dangereus, adj. Difficile, fâcheux*. Caustique,
dont il faut se délier^. Soupçonneux, défianl^ (5).
* Pour " difficile, fâcheux » difficultueux. « Darne,
« dist le chevalier à la fumée, je ne pourroye souf-
(1) C'étaient des fiefs anxquels on ne pouvait appliquer le régime du bail. (n. e.)
(2) Voyez encore Coutume de Cliaumonl, art 56. Coutume de Bar, art. 1.) (n. e.)
(3) Ce droit, levé d'aborri par les ducs de Nornjandie, était une reconnaissance des droits du suzerain ; dans im registre
de la Ch. des Comptes, tiie par Du Cange. on lit ; o 1 lers et danger sont que toutes les lorests de Normandie qui ne sont
du très fond du loy, desquelles les 1res fonciers n'ont spéciale exemption et usages... iceux très fonciers ne peuvent faire
Tente ordinaire ni exploiter... sans licence du roy, qu'ils ne perdent toute la vente. » (N. E.)
(4) Un signe d'abréviation aura été oublié ou elîacé. (N E.)
(5) Il signifie aussi infirme, malade : « L'un d'iceulx coups, p.ir cas de mescliief et d'aventure , chey sur l'ueil dudit
Thomas lequel il avoit un pou dangereux et malade. » (JJ. 145, p. 173, an. 1393.) (N. E.)
DA
464 —
DA
" frir que aulre chevalier de inoy voulsist parlir à
« mes amours : sire, dist la dame, vocs estes trop
« rfflH(/nrHJ'; quel advaiitai^e peull dire le eheva-
« lier (jui dye pour loules en gênerai. .■ l'Percefor.
vol. VI, fol. 91, n-col 1.)
^Poiir « causLi(iue, dont il faut se délier. " « Car-
« mail Ternies et moy qu'on nominoit lors \esilan-
« gereux. •■ (Mém. de Bass. l. I, p. tiO'i, an KiOS.)
,1e crois (luc c'est le sens dans lequel on doit enten-
dre ce mot, ainsi qu'en ce proverbe : <• Dangereux
" comme le retour de matines. " (Garasse, liech.
des P.edi. p. 8'." el 8()0.)
'^Dangereux s'est aussi employé dans le sens de
déliant, soupçonneux. « Voulenliers lièvre
« se reliève el s'en revient h son gisle par un lieu
« el brise à ses dens, el fait sentier en guise el alin
« que rien ne li face ennuy; car trop est dange-
« relise besle, car peuvent tendre les manvaiz qui
» ainsi les prenneni, menues cordelettes que chas-
« cun scet faire. » (Chasse de GasI. Ph. ms. p. 343.)
On a dit aussi « dame dangereuse ■• pour signi-
fier une femme qui se défend vivement des attaques
d'un amant. iTri. des IX Preux, p. '271.) il)
Remarquons les expressions suivantes :
1° .1 Don danç;erous », don casuel ou condition-
nel, dans(Britl.'^Loix d'Angl fol. 94, P.".
2° >■ Sergents dangereux Ci). >■ On appeloit ainsi,
•■ des serjens établis pour avoir l'inspection sur les
" bois, où le fioy a le di'oil de tiers el danger. »
(Laur. Gloss. du Ltr. fr.)
3° « Péril dangereux » , c'est-à-dire pressant.
(Percef. vol. IV, fol. 54)
VARIANTES :
DANGEREUS. Tri. des IX Preux, p 271, col. 1.
Dangerel-x. Percef. vol. VI, fol. 91, R» col. 1.
Daungerous. Britt. Loix d'Angl. fol. 9i, R».
1. Danges, s. m. Nom propre [Froissarl cite
Dangier et Dance].
2. Danges , s. f. p. Chaussées. « Les danges de
" Sublaines. « sont des levées de terres près de Su-
blaines, en Touraine [Indre-et-Loire, c. de Bléré]. Ce
mot semble dérivé de « duinp » qu'on a vu ci-dessus
pour» batardeau. «(.LeMerc. de Janvier 173(i, p. 73.)
Dangier, v. Craindre, ménager. C'est l'inter-
prétation naturelle de ce mol dans ce vers :
Cil qui trop leur famés danyierent. (Fabl. 1015, t. II, p. 111.)
Dangnablement [Intercalez Dangnablement,
\wnvduvinablenient. •• Item, que ledit prevost consi-
" dérant que les choses dessus dictrs avoient esté
«• faictes diuignublement.... « (1400, Duclié d'Or.
Procédures de Janville. — Le C. de D.)] (n. e.)
Danjon. [Intercalez Dnn'on, donjon, tour ou
réduit suprême d'un chalea i seigneurial, construit
en bois au xi' siècle (voir tapisserie de Bayeux),
puis en pierre. Il était accosté d'une fillette, tour
plus petite et enceinl d'une chemise de pierre. Sa
forme a varié avec les temps et les régions: le
plus souvent, elle est ronde au nord et carrée au
sud de la Loire:
E li dus fist son gonfanon
Porter et lever el danjon. [Rom de Rou J
Benoit de S' 5!orevll, 13391) donne dangon. Du
Cange nous permet, par la forme doingio , de
remonter à un primitif (/o??i/Hio.] (n. e.)
Dannemai'quois,'S. m. Danois. « Après avoir
« gaigiié une bataille au prouflit dudit roy, eslans
" enlin abandonnez des Daiinemarquois, en un
« combat fait sur la glace furent deffails. » (Mém.
de Du Bellay, liv. I, p. 14.)
Danone, s. ?H. Le Danube, fleuve. « Alla haute
« baronnie de France el d'ailleurs en Hongrie, ou
>■ passe la rivière delà Danone(3).n (Hist.deLoyslII,
duc de Bourbon, p. 338.' Il faut peut-être lire
Danoue, comme on le trouve écrit dans le Dict. de
Monel. au mol Dunoe. « .... La Dunauve entre
« en ycclle mer es extrémités de Vasosquie. » (Hist.
de la Tois. d'or, p. 31.)
VARIANTES :
DANOUE. Monet, Dict.
Danone. Hist. de Louis III, duc de liourb. p. 338.
Di.NOE. Chr. de S. Denis, t. I, fol. 260. V».
DvNûi;. Chr. fr. MS. de Nangis, sous l'an 895.
DuNOUE. Inv. des Urs. Hist. de Charles VI, p. 124.
DuxoE. Eroissart, livre IV, p. 228.
Dunauve. Hist. de la Tois. d'or, folio 31.
Dyonor. Chr. de S. Denis, t. I, fol. II.
Dan-roy, s.m Seigneur roi. Ce mot est composé
de dan, seigneur, maitre, et du mot roi. (Voy. Dam.)
Le roy de France haut apele
Daii roi, fail-il, Othes vous mande. (G. Gukirl, 121.1
Dansereau , s. maso. Diminutif de danseur.
(Molinet, p. 133.)
Dansette, s /. Diminutif de danse. (Fait. p. 133.)
Dante, adj. Terme de vénerie. On a dit, en
parlant des fuii;ées du cerf: ...... Si tu Ireuves
« veines el limonneuses ou grandement dantées ce
» sont mauvais signes. >• (Modusel Racio, p. 10.)
Daniel', v. Polir, civiliser, adoucir. Ce mot
paroil le même que >• domler » qui, au ligure, a pu
naUirelkraent s'employer pour •' adoucir, civi-
« User. » En ce sens, on a dit :
Tant vilain ne mal entechiez
Qui bien ne se porroit danter (4). (Fabl. 7218, p. 151.}
(1) « Laquelle femme, quand elle aperceut que ledit prestre son maistre venoit, fist la dangereuse et s'escria faintement. *
(JJ. 13C, p. 159, an i;«9.) (N. E.l
(2) Esqutls Dois nous avons droit de dangier, c'est assavoir que toutes et quantefoiz que aucunes bestes sont trouvées
esdis bois, elles sont confisquées à nous... Robert le Fort no^tre seiyeiil (/ajiyeirîi.r advisa de loing iceiles brebis. » (JJ. 158,
p. 60, an. 1403.) C est là un garde champêtre qui protège les biens en deffens ou en danger. L'officier du roi chargé de
l'inspection des forêts de Rouniare et de Rouvray était le senjenl d'armes, maître du clos des galées de Rouen. (N. E.)
(3) M. Chazaud (p. 268) lit Dunoe, en allemand Donau. (N. E.)
(4) De même qu'on a dit dan pour doin ; on a écrit danter pour dnnier [dnmitare). On lit encore dans Rou (ms., fol. 32) :
K Maint félon ai danlé comme cheval à frain. » Dans la Rose (v. 8054) t « Tant me set danter et meslir Povrelé qui tout ami
toit. » Enfin dans Bercheure (fol. 60, v») : « La gent des Eques estoit damptée et sousmise. » Mais au xvi« siècle , d'après
Palsgrave, on prononçait danter. (n. e.)
DA
— 465 -
DÂ
Dant-hiie. Mot composé de dant, seigneur.
(Voyez Dans.) Hue, probablement, est un nom
propre. Pour mieux en juger, voici le passage où
ce mot se trouve ;
Haro, dani Hue, dit la dame,
Mors ou escorchiez ou ars en flame
Serons, ou au.x fourche.5 levé :
Murtres ne puet estre celé. [Fabl. IGiô, t. II, p. IHS.j
Dantiers, s. m. p. Mets. Morceau reclierché.
Peut-être sonl-ce les daintiers du cerf.
De gros chappons de perdriz de dantiers. (E. Desch.p. 212.)
Diiquei' , V. Piquer. Proprement piquer avec
une dague, d"où ce mot s'est employé pour piquer,
en général.
Des espérons le cheval daque. (FabL n" 7218, p. 236.1
1. Dar, s. m. Sorte de poisson. C'est ce que
nous appelons aujourd'hui « dard ou vendoise. »
(Ord. 1. 1, p. 793 [comparez t. Vlll, p. 779].)
2. Dar, s. ?/( Dard, javelot, pique.
Le mot drtfs autrefois désignoilgénéralement tout
ce qui peut-être jeté ou lancé. « . . . . Durs est
« communément tout ce qui est trel d'arc, si come
>• Gayus escrit en l'exception de la loy des douze
» tables. Mes dars est generaument tout ce que
« aucuns giete o sa main, et s'ensuit que pierre est
« dars et li baston sunt contenus par cest nom, et
« il est appeliez dars selonc le grieu por ce qu'il
« est envoyez en loing. » (Ane. Coût. d'Orléans, à
la suite de Beaum. p. 470.) « Dars volans, » c'est-
à-dire lancés en l'air. (Cbr. de S. Denis, t. II, f''49.)
Ce mot est employé dans un sens figuré dans les
passages suivans (1):
En celuy temps Cupido par ses arcs
AUoyt jectant par fenestre ses dans. (.1. Mai-ot, p. 166.]
Contre s'onneurne soit escu ne dars. (E. Desch. p. i28.J
VARIANTES (2) :
DAR. Fabl. MSS. du R. n" 7218, fol. 361, R» col. 1.
Darc. Jean Marot, p. 166.
Dars. Coût. d'Orl. à la suite de Beaum. p. 470.
Darbosses, s. /". p. Espèce d'arbre. On trouve
ce mol dans le passage suivant : « Item quod aliqua
>' persona non audeat seu pricsumat scindere rrjves,
0 euses, nec darbosses ,3), infrà dictas defensiones. »
(Gl. lat.de Du Gange, au mot Rovcs.)
Dai'ceau, s. )«. Diminutif de dard. Ce poisson
est fort commun dans la Loire.
Femme est plus escoulant que n'est darset en Loire.
Chaslie Mus. US. de S. Germ. fol. 107, col. i.
VARIANTES :
DARCEAU. Rabelais, -t. IV, p. 255.
Derceau. Id. t. I, p. 11, note 2.
Darset. Chastie Musart, MS. de S. G. fol. -107, col. 1.
Darcidoine. [Intercalez Darcidoine, peut-être
pour Clialcédoine, au reg. JJ 151. p. 133, an. 1396:
« Le suppliant piinl à faire un petit de verrière en
« la chambre de frère Jehan de Buusac, evesque de
« Darcidoine en la ville de Bourges. »] (n. e.)
Darclne, s. f. Diminutif de darse [c'est l'es-
pagnol darsena]. Partie d'un port de mer dans
l'intérieur d'une ville. (Diction. d'Oudin.)
Dai'danaire, s. m. Usurier. Ce mot sert à dési-
gner spécialement celui « qui cache les bleds ou
« autres denrées en attendant la cherté. « (Dict. de
Nicot, Borel et Oudili.)
Dardaux, Borel, dans son Dict., explique ce
mot par « d'eux deux » et s'appuye de l'autorité de
Villehardouin. Mais c'est une faute, il faut lire
« d'amdeux. ■> (Voyez Ambes.)
Darde, s. /'. Flèche (4). Le pluriel darx-, dans
S. Bern. p. 'iSO, répond au \n[m jactila. (Gloss. de
Mai'ot, au mot Darde.) On lit « Genevois trayans
« des dardes. » (Hist. de B. du Guescl. par Mén.
p. 261.)
Remarquons les expressions suivant^^s :
1° « Jouer de la darde. « C'éloit une espèce de
divertissement qui consistoit à lancer des dards :
» Comme les compaignons eussent joué de la
» darde, Clerc gaga contre le dit Jean de la Brosse
" de geler en cinij géez ou à cinq fois une darde ou
" dart du dit jardin où ils éloient jusqu'au jardin
« de Pierre Pkim. » (Très, des Chartes, Reg. 146,
p. 438, an. 1394.)
2° « Jouer ses aiguillettes à la darde. » (Bouch.
Serées, liv. 1, p. 143.)
3» « Jouer à escu ou à darde >■ (Eust. Desch.
folio 238.)
Dardé, at/y. Prompt comme un dard. Ce mot est
mis en ce sens pour épilhète de « roideur •■ dans de
La Porte, par allusion à la la rapidité d'un dard.
Dardelle, s. f. Diminutif de dard. « llasches,
« dards, dardeltes (5), javelines, javelots, espieux. »
(Rab. t. m, Prolog, p. VIL)
Darder, v. Lancer. On a dit » darder une
" lance, >• pour porter un coup de lance. (Percef.
vol. IV, fol. 127.) (6)
Darderesse, adj. aufthn. Quidarde, qui lance.
(Dict. de Cotgr. et d'Oud.)
Darde-tonnerre, adj. musc. Qui lance le
tonnerre. (Dict. de Cotgr. et d'Oudin.)
Dardiere,s. f. Sorte de piège. Voyez l'usage de
ce piège dans la définition suivante : « El illec doit
{l\ On parle du darl d'amour et du dart des yeux dès le xiii* siècle, (n. e.)
(2) Le mot est dans Roland : « Wigres et dur:. » (Vers 2075.) (n. e.)
(3) De là peut-être dari/o, sébille où l'on jette les clous finis. {Ctpin. nationale, 30 mai 1876, 3" page, 4« col.) (n. e.)
(4) Cette formr- féminine de dard désigne plutôt une lance (,1J. 120, p. 137, an. 1381 ; « Armez d'une cote de fer , d'une
espée, d'une taloche et d'une darde ou demi-glaive. » On sait que glaive signifie lance au xiv= siècle ; d'ailleurs on lit au
reg. JJ. 142, p. 329, an. 1391 ; « Le suppliant en soy défendant mist au devant dudit Martin ladite lance ou darde. » Froissart
la distingue du dard (XI, 301) : « Les coups de dars et de dardes. » Il parle aussitôt de « petite courte darde espagnole à un
large fier (IX, 75) », et de couteaux irlandais « à largue alumelle, à dedx taillants, à la manière de darde. » (XV, l"69.) (n. e.)
(5) On trouve aussi dardille : « Le suppliant getta icelle dardille,... laquelle chey sur le front d'iceUui Poupart, qui la tira
Sitost. » (JJ. 191, p. 12, an. 1454.) (N. E.)
(6) « Le chevalier lui darda sa lance au corps. » (n. e.)
IV. 59
DÂ
DÀ
<. tendre sa dardiere on bas ou haut, selon que la
" besle seia. C"esl une perche qui soil tendue bien
" tirant, et un fer d'espieu bien taillant et bien agu
« et bien lié;àr\)n des bouts de la perclie d"un
» coude de long, el demi pié de large; et une petite
» cordelette qui soil sus le pertuis où la beste
« vendra, el un cliquet tout ainsi ([ue un ratier pour
« prendre raz, el (|uant la beste cuidera entrer, il
» y touchera et le destendra, et la perche viendra
« de si graut roideur, qu'il li percera les coslez. »
(Chasse de Gast. Pliéb. ms. p. 313.)
Darcliller, v. Aiguillonner. Ce mot exprime
parfaitt-ment la vibration précipitée d'un aiguillon
qui pique à plusieurs reprises. De là on a dit en
parlant d'Apollon qui considère Daphné endormie :
Ne le scachant, mille floches,
Mille amoureuses flameches
Au cœur du Dieu dardillant. (Baïf, fol. '28. j
Darement. [Intercalez Darement, déclaration
de guerre, dans une charte llamande de 1387 (Du
Cange, 11, 742, col. 2) : « El de ce ont joys et assez
<■ paysiblement avant les darement, guerre et
« commotion qu'ils ont esté à noslredit pays de
« Flandre. »] (.n. e.)
Dargié, s. ?w. Dragée. Peut-être faut-il lire
dragié.
C'ains nul ne vist si fort durgic. (Fabl. t. II, p. i88.J
Dariole. [Intercalez bariole, petite pièce de
pâtisserie : « Laqelle servante avoit fait cuire audit
« four pour son maistre certain compenage, nommé
« darioles; lequel compenage cuit, elle le prist et
« l'emporta sur la teste;... elle trouva que il lui
« deffailloit une dariole. » (JJ. 138, page 36, an.
1385.) Villon parle aussi de » darioles, tartes
« entières. »] (n. e.)
Dariolet, adj. Débauché.
De vertueux qu'il fut le rend dariolet. [Régnier, .S'a(. 5.)
Dariolette, s. /'. Soubrette, suivante. Demoi-
selle au service d'une dame, et par extension fille
qui sert et favorise un commerce amoureux. Ce
mot semble être venu du nom de la confidente
d'Elisène, dans le Rom. d'Amadis. (Dict.de Cotgrave
et d'Oudin.) « J'ay oui parler et raconter de beau-
« coup de filles qui en servant leurs dames et mai-
« tresses de dariolet tes (1), vouloient aussi taster de
« leurs morceaux. Telles dames aussi souvent sont
« esclaves de leurs demoiselles, craignaus 'lu'elles
« ne les descouvrent et publient leurs amours. »
(Brant. Dames Gall. t. II, p. 33.)
Darnier, v. Armer, équiper. En ajoutant la
lettre « D » comme on a dit « dairer » pour
« airer. >■
En darma x por Bauduin. (P. Mouskes, p. S06.]
Daron, s. m. Fief, domaine. « Othe vint avant,
« qui estoit fis de Pierre et requist la saisine dou
« daron (2) comme le plus droit beir apparanl de
« Pierre qui fu seignor dou daron, el deraiuement
« en fu saisi et tenant com de son fié. » (Assises
de .lérus. p. 53.) Ce mot est souvent répété (Ibid.)
dans le même sens. On trouve aussi le « cbasteldu
« daron, » pour le manoir seigneurial. (Cont. de
G. de Tyr, Martène, l. V, col. 9.)
Darrainierement , adv. Dernièrement, en
dernier lieu, depuis peu. Voyez les autorités citées
sur les dilférenles orthographes de ce mot. On lit :
•' Vendre h derraul. » (Jarain. Hisl. du Comté
d'Aussonne, p. 24, tilre de 1229.) C'est une faute; il
faut lire « en détail, >■ comme on lit dans le même
titre riipporté par Perard, Hist. de Bourg, p. 412.
VARIANTES :
DARRiVINIEREMENT. Ord. des R. de Fr. t. II, p. 191.
Darreinisp.ement. JoinviUe, p. 15.
Darkkine.menj. Ord. des R. de Fr. t. I, p. 444.
Darreinement. Rymer, t. I, p. 50, tit. de 1259.
Darrerement. Ibid. t. III, p. 177.
Derrainement. Gloss. de l'Hist. de Paris.
Debreinement. Rymer, t. I, p. 45, tit. de 1259.
Dart (en), adv. En vain. C'est le sens que pré-
sente ce mot dans les passages suivans. Il vient de
l'Italien indarnu, qui signifie en vain. L'auteur fait
ici le portrait de sa maîtresse :
En li me sembloit teus devise,
Et croi que desous la quemise
N'aloit point li seurplus en dar;
Bêlement eiisi fui-je pris
Pour amour qi si m'eut soupris.
Poes. MSS. du Val. n' U90, fol. 132, V.
» Mettre en dart une maison » signifie la bâtir.
« Il n'est pas comme nous , qui bâtissons une
« maison avec beaucoup de temps et la ruynonsen
'« peu, il la met en dart avec une diligence esmer-
<■ veillable ; el la voulant ruyner, c'est avec une
« grande lenteur. •< (Lettres de Pasq. t. III, p. 574.)
Das ou Dais. [Intercalez Das ou Dais, s. m.
Crible. « Lequel blé se doit vetiuer pardessus ung
« das ou crible. » ^Compte du Domaine. — îD.
d'O.] (n. E.)
Das à Dieu. Peut-être dés à Dieu.
Daser, v. Rêver, bercer de chimères. 11 semble
que ce soit le sens de ce verbe dans cette citation :
Mes j'ai conquis, bien m'en vant,
Ce que j'aloie querant
Et sui issus du musage :
Chantez qui alez dosant.
Poi-s. MSS. du Vat. n" 1522, fol. 1G3, V'.
Daserie, s. f. Rêve, imagination, chimère.
Li biens présent sont trop plus pourlîtant
Qu'estre endormie en tele daserie
Al resvilUer n'aquiert on fors envie
D'ensi muser.
Pois. MSS. du Vat. n" U90, fol. 158, R-.
VARIANTES :
DASERIE. Poës. MSS. du Vat. n» 1522, fol. 156.
Dazerie. Ibid. n ' 1490, fol. 175, R°.
(1) On lit dans Yver (p. 559) : « Il délibéra de s'aider de quelque dariolette d'amour qu'ils appellent, sauf la révérence de
la compagnie, une m... » (N. E.)
(2) C'est la transcription du mot daroum, petite localité au sud de Gaza. (Quatremère, Hist. des sultans Mameloucks, I ,
2" partie, p. 238.) I.e mot subsiste en argot, où il signifie maître, (n. e.)
DA
— 467 -
DA
Dassemblé, adj. Dépareillé, désuni.
Dassemblés sont en leur marier. (E. Desch, p. O.j
Dasticotter, v. Pniier allemand. «■ Ce mot tire
« son origine de Dus dicli Gotl (1), etc , qui est une
« façon de jurer. >- (Oud. Cur. fr.) De là est venu
notre mot « testicoler » qui a pris un sens différent.
Dastipoteurs, s. m', p. Allemands. On les a
ainsi nommés en faisant allusion à leursjuremens.
« Les AUemans en leur maudissons pour lesquels
« nous les appelions dastipoteurs faute de les bien
« entendre, déguisent le motGott. » (Apologie pour
Héroilote, p. 52.)
1. Dat, s. m. Dés à jouer (2).
2. Dat, s. 711. Date, époque.
Et estoient les lettres d'ung dat
Dattées en forme d'escroue. (Coquill. p. iiT.)
« Dedans le terme d'un an, à commencer du date
« d'aujourdlmy. » (Godefroy, Observations sur
Charles VIII, p. 461.)
1: Date, s. m. Testicule*. Urine °.
*Mot qui répond peut-être aux daintiers du
sangliers. Marbodus, article 24, col. 1658, au titre
de la pierre appelée ligurienne, s'exprime ainsi :
Lignrium creist et s'arestc
El date d'une fiere beste.
^ Sur le second sens, voyez le Dictionn. d'Oudin.
« .... Un vilageois vint demander à un de nos
« médecins conseil pour un sien parent qui estoit
« malade, le médecin luy va dire apportez moy de
« son date[^). Cerustique luy demande, qu'est-ce que
« du date ? Le médecin lui respond: apportez-moy
« de ce qu'il fait. Le pitaul retourné prend des
« estoiipes, fait faire les affaires du malade là de-
« dans. '• (Bouchet, Serées, liv. L p. 186.)
2. Date, s. f. Fruit. >■ Depuis la my juillet, jusques
« à la my aoust ou environ, lesse le cerf ses fumées
« en fourme de dates (4) en moule et ne s'entretien-
nent point. » (Modus et Racio, fol. 9.)
Daté, adj. Réglé, ordonné. Ce mot est formé du
latin datus.
La jeusne soustient en santé ;
Mais qu'il soit de modus daté
Ainçois que le malade afine. (Modus et Racio, p. 2.)
Datent, s. m. Surnom. On appeloit ainsi Jean,
fils deuxième d"Edouard II, roi d'Angleterre, et
d'Isabelle de France. Il seroit difficile d'en donner
la raison. (Voy. Froissart, livre I, p. 2.) (5)
Dateur, s. m. Qui donne. (Dict. d'Oudin.)
Datif. [Intercalez Datif, terme de grammaire,
pris au figuré par Ch. d'Orléans (68' Rondeau) :
Il avoit rais six ducats en datif,
Pour mieux avoir s'amie vocative.] ( n. e.)
Datil, s. m. Datier, sorte d'arbre.
Dation, s. f. Date. (Gloss. de l'Hist. de Bret.)
Datoque, adv. Supposé que. Le mot dato est
ici purement latin. « . . . . Item n'y fait rien que ce
» qu'on voudroit dire que ledit raport de cous-
« tume est pour le temps advenir : car datoque
« ainsi fut, par là verroitl'on que ce ne seroit cous-
« tume, mais statut ou autre ordonnance. » (Coût.
d'Auvergne, au Coût. Gén. t. II, p. 492.)
Datoiir. [Intercalez Datour, caution, dans une
charte de 1270 (Du Gange, II, 745, col. 3) : >■ Et se
« li davant dis Jacomes ne tenoit ces consenances
» davant dittes, Simones Kalons, Buevelas li Lons,
« Simonas Abelenne les tenroient comme droits
« datours. »] (.n. e.)
Dati'ice, s. f. Qui donne. (Dict. d'Oudin.)
De ta pitié datrice de cent vies. (Loy le Caron, p. 23.J
Dau, art. Du, dans le patois de Cognac. (Ord.
t. II, page 342.)
Dauber, v. Tourmenter *. Battre °.
* On a employé ce mot dans le sens figuré pour
« tourmenter. » Ainsi on a dit, en parlant des
hypocrites :
Papelart guilent moult de gent,
Por ce que daubé sont d'argent.
G'en voi sovent de si daubez
Qu'ansant resanblent desaubez
Et au semblant et à la chère.
Hist. de S" Lcoc. MS. de S. G. fol. 31, R- col. 2.
^ Sur la seconde acception, voyez Du Cange, Gl.
lat. qui dérive ce mot de adobare. Il s'est conservé
en A'ormandie sans aucune altération dans le sens
de battre, maltraiter (6).
VARIANTES :
DAUBER. Hist. de S'» Léoc. MS. de S. G. fol. 31, R» col. 2.
Daulber. Rab. t. IV, p. 69 (7).
Dauchei'on. [Intercalez Daiicheron, outil de
tonnelier: » Auquel varlet Gille Watebos tonnelier
« il demandèrent par emprunt un daiicheron qu'il
« tenoit en sa main. » (.JJ. 98, p. 355, an. 1865.] (n. e.)
Daulphiné. s. f. Le Dauphiné. Ce nom, qui est
aujourd'hui toujours masculin, s'est mis autrefois
au féminin. (Monstrelet, vol. I, fol. 135.)
Daulphinois, s. m. p. Les partisans du dau-
(1) C'est à-dire dans que, d.ich toi, Gott Dieu, sous entendez verdamynt, maudisse, (n. e.)
(2) D'après un Gloss. latin provençal 7(j57 : « Dat, prov. decius... » (n. e.)
(3) On lit au reg. JJ. 19.5, p. 1592, an. 1476 : " Il fist meçtre sur le lieu où il avoit esté frappé ung petit du date d'un des
autres jeunes enfans, qui estoient là présens, avec ung petit de mousse, pour cuider tappir et faire cesser le sang. » C'est
là encore un remède populaire contre les piqûres. (N. E.)
(4) Aux Assises de Jérusalem, on lit datte, qui se rapproche davantage de dactilus, avec i bref. Ce doit être aussi l'origine
du mot précédent, (n. e.)
(5) M. Kervyn imprime (II, 19) : « Li seconds eut noms Jehans de Eltem. » C'est le château de Eltham , entre
Tuniridge-Wells et Maidstone. (n. e.)
(6) Il en est de même en Bretagne. Aux environs de Paris, on dit cela' me daube, en parlant d'une douleur ou d'un point
de côté. (N. E.)
(7) « Frère Jan le daubba tant et trestant que je le cuijdoys mort. » (Gargantua.) (n. e.)
DA
- 468
DE
phin. Ils furent ainsi appelés par les historiens de
Charles VI (1).
Dauiioi. [Intercalez Daunôi, amour, plaisir:
Il et le dame iteinaine son daiuioi. (Aubry,p. 159, col. 2.,'
On trouve aussi la forme donoi:
Ne n'ai cure de do»in
De tel vaissaul. (Wackernkainig, Pastourelle, p. 80. j
On a encore la variante dosnoi :
Sa suer li prie od grand dosnoi. (Parlonopex, v. 610.3.1
Sur ce substantif a été fait le verbe exlensif,
donoier, dosnoier, faire l'amour :
Quant li vallés espousé eut
Et sa famé le vous aqueut.
Et nuit et jor à dosnoier,
A acoler et à besier. (Du Caiige, 024, col i.j
Le nom et le verbe ne peuvent remonter à
domina, à cause du s intercalaire, et se rattachent
plutôt au nom propre Dosne. Celui-ci doit, comme
donatus, et donné au moyen-fige, signitier enfant
naturel: « Cuillaume Robeliu donné et rendu de
« nostre ami et féal cousin le conte de Sancerre. »
(JJ. 114, p. 'i!î), an. 1379.) Rendu ou advoué, qu'on
trouve en d'autres textes, sont synonymes de
reconnu.] (n. e.)
Dauqui-en-avant. [Intercalez Dauqui-en-
avant, désormais, au reg. .I.J. 101, p. 09, an. 1348
(Privilèges des habitants de Grancey) : " Et dauqui-
« en-avant seroil de la condition des autres
« habitaus de la ville de Grancey. ■>] (n. e.)
Daurade. [Intercalez Daurade, poisson de la
Méditerranée, qu'il ne faut pas confondre avec le
cyprin doré: " Aurata vel orata ab auri colore
« dicitur. Ha ne provinciales et Ilispani dorade
« vocant, seivala ab omnibus eadem fere nominis
« ratione... In Gallia Narbonensi pro aHalisdiffe-
» rentia , quœ magnitudine definitur, diversa
» nomina babet: nam mnqueue dicitur; quœ
« cubili est magnitudine, daurade; quœ iuler illas
» est, /«t'/'fldc, quasi dicas mediam. iNostri piscatores
« maximam auralam subredaurade vocant, id est
« supra auratam, quodcommunem mngnitudinem
« superet. Calli fabriim piscem auralam appellant,
« ne quis nominis affinitale decipiatur, et nostram
« auralam brame de mer muncup;:nt. » ^B. N. 1.
0838 .c. ch.87.)](N. e.)
Dausse, s. /'. Terme de blason. 11 y a lieu de
croire que ce mot signilie " gousse, » d'autant pins
qu'on trouve « dausse d'ail, » pour gousse d'ail,
dans les Dicl. de Cotgr. et d'Oudin (2).
Dautier. [Intercalez Dautier, parement d'autel,
dans une charte de 1360 (Du Cange, 1, 209, col. 3):
« Et il pourvoir une foiz h ladite chappellenie de
■ calice, messel, touaille, dautier et vestemens
« pour ladite chappellenie deservir. «] (n. e.)
Dautriei's, .s. m. Terme de vénerie. Nous rap-
porlerous le passage où ce mut est employé. Peul-
élre est-ce le même ((ue dainliers que nous avons
vu ci-dessus. « Puis la pourfens tout au long par
« devers les jarres, respondant à la feule première
« entre le cul où tu ostas les dautriers et tout ainsi
« de la jambe derrière, etc. » (Modus et Racio,
folio 14, V».)
Davaiit, adv. Devant. (Fiabelais, t. l, p. 82.)
On trouve souvent ce mol jaint avec» que, «
comme en ce passage : « Si elle vieni par la part
« feuestre. je loe qu'il la laisse venir el la lire au
« costé. Mais il faut qu'il lire au devant de elle et
« non pas au costé ; car s'il liioil entre les quatre
« membres davant que la sayette feusl là, la beste
« seroil passée une toyse ou plus oultre, si fault
" droit, etc. » iChasse de Gast. Phéb. ms. p. 327.)
Daver, v. Endêver, se désespérer.
Apou sire que ne davoe. (Fabl. 7Gi5, t. II, p. 149.)
Davi, s. m. David.
J'ai non Davis en droit baptesrae. [Fabl. 7980, p. 210.)
Davied, s. m. Davier (3). Instrument dedenlisle.
(Rabelais, t. II, p. 105.)
Dax, adj. Doux, cher. C'esl une faute, il faut lire
dox dans ce vers :
Ahi, fait ele, dox amis. (Fidil. 1989, p. 65.)
Dayée, s. f. Empan *. Cercle de femmes qui
filent le soir ^.
* Au premier sens, ce mol sert à exprimer la
mesure de la longueur ou du travers du doigt. Son
étymologie est la même que celle du verbe ■' a'daier »
qui signifie toucher du bout du doigt. Il est mis au
figuré dans le passage suivant : « Plaidant ma
« première cause, je dis à ces M" là beaucoup de
« clioses que je n'eutendois pas ny eux aussi, ce
« qui m'apporta une belle dayée de réputation. •■
(Moy. de Parv. p. 3ri0.) On trouve « une dayée de
« commodité. » (Ibid. p. 294.)
^Au second seiis, ce mot signifie, en Champagne
et en Lorraine, une assemblée de femmes qui se
réuuisseal le soir pour filer. Les i'^lamands se ser-
vent du mol u séries. » Ailleurs on dit >> serées »
ou » écreignes. » (Du Cange, Gl. 1. au mol Daeria.)
De. A\ En^. Envers ■=. Oiie°. De là ^(4). De s'esl
employé tantôt comme article, tantôt comme pré-
position.
* 11 remplace quelquefois l'article du datif ■■ à «.
■' Ceux (/('qui ils estoient. » Ordonn. des R. de Fr.
t. 1, p. 474.) - Ils estoient tous de cheval. » (Pasq.
Rech. p. 803.) 11 remplace aussi quelquefois « à »
(1) Il en fut de même des partisans de Charles V, quand il n'était que duc de Normandie. (Voyez Ualphinois.) (N. E.)
(2) « .lehan Planquiele demanda une dauxe d'ail pour dauxer son païn » (.U. 122, p. 39, an. i;fe2.) (n. v.,.)
(3) l'aré écrit daviet ; l'étymologie est le nom propre David, nom d'un instrument de tonnellerie dans l'Ain ; les marins
ont aussi leur davier. (N. E.)
(4) Il sifîiiirie : 1» A cause de : « Pour avoir bon ayis comment il ordonneroit rfela besoingne la royne sa soer. » (Froissart,
II, 31.) 2» Pendant: « De celle saison (id., III, 231); De le nuit (III, 28i). » — De, régissant un infinitif, dont il est séparé par
un complément, est renforcé par la préposition à précédant le verbe : « Chil qui dedens estoient se doublèrent de leurs
corps à perdre. » (Froissart, III, 345.) (N. E.)
DE
- 469 —
DE
devant Finlinilif « quand il a de parler, etc. »,
pour quand il a à parler. (Mém. de Du Bellay, l. V,
page 334.)
^On a dit de pour " en. <> » Eslre mal de court "
pour en cour. (Kroiss. liv. I, p. 396.) « Trois cens
« livres -le tournois .... de parisis » pour trois cens
livres e.. nionnoye de Tours et en monnoye de
Paris. (Ducli. Gén. de Chàlillon, p. 00.) ■> Se.xante
« sous de blans de rente, quarente souz de
" blanc de rente; » c'est-à-dire soi.\ante et qua-
rante sols de rente en blancs ou en nionnoie l)ian-
che. (Duch. Gén. de Chàtillon, p. 58, tit. de 1268.)
Il estoit de guerre. iFabl. 1218, p. 150. j
Ce mot est pris aussi pour « par : » « semble de
« verdur ■■ pour ressemble par sa verdeur. Dans
l'art. '26 de la pierre appelé silenite, on lit « silenite
« a bêle culur. »
Jaspe semble de la verdur.
Marb. art. 26, col. 1G60.
*^Ce mot a signifié » envers. » » Le roy s'acquitta
« rf'eux moult doucement. » (Froiss. liv. I, p. 261)
De est explétif dans l(;s passages suivans. On lit
« s'en escouriade soi duzime de main. • Dans le
latin se piirgel se duodechna vianu, pour se justifie
par lui douzième de main, c'est-à-dire en levant, la
main luy douzième, (f-oix Norra.art. 16.) « Mesliers
« at de pitiet li raignaule de créature », dans le
latin eget miseratioite erealiiru valiunalis. (S. Bern.
Serm. fr. mss. page 377.) « 11 oyvet la voix Nosti'e
« Signer. » « Il ne veoit mies de sa fazon. » (Id.
p. 250.) On lit dans le latin « faciem non vid/uut.
« Kl bien voit lui et il de lui ne puet mies veu. . »
(S. Bern. Serm. fr. mss. p.' 185.) On lit dan-. !c latin
a qito videatur et quem videre non passit.
" Ce mot a signifié « que. » (1) » Oncques
o depuis cent ans ne fut plus courtois ne plus pleins
« de loutes bonnes et nobles vertus et conditions
« en les Anglais de lui. » (Froiss. liv. I, p. 386.)
" Dire de non « est mis pour dire que non, dans
l'Hist. de Louis 11, duc de IBourb. p. 157. Dans les
Mém. de Bellievre, de signifie simplement « non ».
^Eiifin on s'est servi de l'aiticle de pour l'art.
fém. « delà » commeen ce passage. « Que on
« preigne des fonrchieres et menu boys et les boute
« l'eu dedanz les fosses et puis mettre de terre
« dessus. » (Chasse de Gast. IHiéb. ms. p. 292.)
De est explétif dans les citations suivantes :
Prinsonnier est sans cause et sanz raison
Mon las de cuer qui longtemps l'a esté.
Sans avoir bien ne joieuse saison,
Fors que toudis languir en obscurté.
Tocs. MSS.d'EusI. Desch.fol. 31, col. 4.
Certes le las de cuer nie fent
Quant je resgarde, etc. (Id. p. 401.)
On a dit aussi " en vaudriez de mieux. « (Monstr.
vol. l, fol. 12.) " Son seigneur de père, sa dame de
« mère. » (Math, de Coucy, tlist. de Charles VII,
p. 567.) (2) « Un superbe de frère. »
Il y avoit aussi plusieurs occasions oiî l'on sup-
primoil le de comme dans les expressions que nous
allons rapporter : « Incarnation nostre Sei-
« gneur. » (Beauman. p. 1.) « .... La mort Jésus. »
(Coiiuillart, page 171.) <■ L'amour INarcissus. »
(Ibid. p. 177.) «'...Cerveau Jupiter. » (J. Marot, p. 7.)
« .... La cause sa maladie. » (L'Amant ressusc.
p. 347.) " Frère sa femme. » (Villehard. p. 35.)
« ... Maison mon père. » (Cl. Marot, p. 96 ) (3)
Il y a en contestation sur l'article de. Il s'agissoit
de décider si l'on pouvoil s'en servir pour « des ».
Voici ce que dit Garasse à ce sujet : « Pour moy
" qui ne suis pas de ces esprits renchéris et refor-
<■ mateurs de la langue fraiiç.oise, et qui ne fais pas
« des questions, scavoir s'il faut dire des superbes
« palais ou de superbes palais, comme font mes-
« sieuis nos traducteurs de cour. « (Garasse. Rech.
des Rech. p. 561.)
La Roque, Orig. des noms, p. 185, traite de ridi-
cule l'usage où quelques personnes étoienl de met-
tre l'article de devant leur nom. pour le rendre plus
noble. (Voyez aussi Des Accords, Bigarr. livre IV,
fol. 12.) Leurs réllexions ont eu peu d'ell'et, car on
ne s'est guèi'es corrigé.
l.Dé, s. m. Dez à coudre *('!). Pièce d'une vitre^.
Dé à jouer '^.
* Ce mot est encore en usage. Un mercier, parlant
des marchandises qu'il a à vendre, dit :
J'ay les deeus à costurieres. [Fabl. MSS. de S. G. p. 42.y
On a employé le mot dé, pris en ce sens, pour
exprimer en général une ctiose de peu de valeur.
Tel c\iide b'en avoir de sa chair engendré
Des enfans en sa femme qui ne luy sont un de (rien).
SliPLTis de Vineaux, cité par Faiich. Lang. fr. p. 115.
^ De signifie « une pièce de vitre ■>, selon Cor-
neille. « Les vitriers appellent certaines pièces de
« vitre du dé. »
'^ Dé, dans le sens subsistant de » dé à jouer, » a
donné lieu aux façons de parler suivanies, la plu-
part figurées :
ï" Un berger avoue à Pathelin qu'il lui a mangé
trente agneaux en trente- trois ans et Pathelin lui
répond :
Ce sont dix de rente
Pour les dez et por ta chandelle.
(1) De, chez Froissart, remplace ipie après un terme de comparaison : « .ailleurs de cy (XI, 105) pour ailleurs qu'ici. »
C'était la règle même en latin : « Accentus est anima verborum sive vox syllabœ, quae in sermone phis sonat de ceteris
sy lia bis. » (îx"" siècle. Revue Critique, 1873, p. 87.) (N. E.)
(2) On trouve aussi dans Froissart : « Son sigueur de père (II, 195) ; sa dame de mère (III, 87) ; sa damoiselle de mère
(IX, 374.) » (N. E.)
(3) Cette suppression existe aussi dans Froissart (IV, 329) : « Il avoit le fleur de se jonesse usée ou service le roy Englés. »
— « Il boutèrent le feu ens es tentes les seigneurs françois. » (IV, 21.) (N. E.)
(4) Il ne faut pas confondre pour l'étymologie dé à coudre et dé à jouer ; le premior vient du latin diç/itale , comme le
prouvent les formes suivanies ; « Theca, gallice dois et deaul. » (Gloss. lat. 4120, an. 1348.) Dms un autre, on Ut : « Decl à
mettre ou doy pour queudre. » Enfin on lit au reg. J.T. 138, an. 1389: « Il prit sa sainture et sa lasse, en laquelle avoit... un
dcl à queuldre. » Dé à jouer vient de ddtum.ce qui est donné, jeté sur la table: « Li dé serunt mult tost sur amhe as (deux as)
turné, Qui imt esté sovent sur sines (six) ruelé. » (Th. do Cantorbéry. 157.) (n. e.)
DE
— 470
DE
C'est-à-dire pourtes profils, peul-èlre par allusion
à rargent ijne les joueurs douueiit pour payer les
frais du jeu.
:>° Ou a dit eu parlant de certaines femmes qui ne
padoieul jamais qu'évêques, cardinaux, etc. :
Elles ne couchent d'autres dez ^
Que d evesque, ou de cardinaux
Archidiacres ou abbez. (Coquill. p. 36.J
3° " Dehors tout de:i (le jugement, » ou bien « liors
« le dez- (l'estimât ion », c'est-à-dire hors de toute
estimation, hoi'sde prix. ■• .Je croy, dist Epistemon,
« qu'en toute la partie vous n'eussiez mieulx choisi,
« je ne dy seullemeul touchant les perfections
« d'ung' chascun eu sou estât , lesquelles sont
« dehors tout de:^ de jugement. » (fJabelais, t. III,
p. ICI.) " L'amour que de vostre grâce me portez
« est hors le de% d'estimation. « (Ibid. page 32.) Le
Duchat, note G, dit (|ue c'est par allusion « aux dez
« des jiigemens. atea judiciorum » dont parle
Bridoie, dans Rabelais.
4° « Dez- mal poins, » dez pipez. (Voyez Lettres
du mois d'août 13%, Très, des Ch. Reg. 150. p. 80.)
.5» --Dex- du jilus dez du inains » pour dez qui
amènent gros et petit point. On fait dire à un mer-
cier en parlant de ses marchandises :
J'ay dez du plus, j'ay de: du mains
De Paris, de Cliartres, de Rains;
Si en ai deus, ce n'est pas gas,
Qui au hocer chieent sor as.
Fabl. MSS. de S. G. fol. «, R" col. 1 (1).
6° '< Changer le dez » faire tourner la chance :
« S'estoit vanté le Captai que le Roy et son bernage,
« il delivreroit au Roy engloiz, mais Bertran fuy
« cliangea bien le dex-. » (Hisl. de B. du Guesclin,
par Mén. p. 99.) (2)
7° « Avoir le dé », être heureux, avoir pour soi
la fortune.
Le dé ont eu longuement.
Mes torné lor est autrement ;
Tornée lor est la chéance
Du dé, en perte et meschéance.
Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 76.
8° <■ Souhait en trois dex,. » On s'est servi de
cette expression équivalente à " rafle de dez » pour
exprimer tout ce qu'on peut désirer de mieux.
Dans un jeu parti l'on demande si, lorsqu'on est sûr
de n'ètie p ,s aimé de sa dame, fou pourroit se
déterminer à la céder à sou ami qui seroit certain
d'en être mieux traité.
. . . Souhait en trois dez
A, cui de s'est ostez
Qui en la fin l'occist
Et son ami en saisist.
Po.s. MSS. du Vatican, n" 1522, fol. Mi, V col. 1.
9° « Li dé sont de deus et d'as. » Façon de parler
pour dire « perdre. »
Or pues tu bien crier hélas,
Quar li dé sont de deus et d'as
Non ques nul bon i?eu ne prf-is.
Fabl. MSS. du R. n' 7218. fol. 77, R- col. 2.
VAR1.4NTES :
DÉ, Di':el. Ménage, Dict. Etym.
Del. Marbodus, col. 1672.
Det. Faifeu, p. 34.
De.\m. Dict. Etym. de Ménage.
Deeu. Fabl. MS.S. de S. G. fol. 42, V".
Ded.\l. Du Gange, Gl. 1. au mot Digitahulum.
2. Dé. [Intercalez Dé, deuil, dans la Chron. des
ducs de .Normandie, il, v. "26997:
Dé ne leur faut ne anz ne jor.] (n. e.)
Dea, e.rclamation (•'!!. Dea, vraisemblablement,
est la même chose que - dame. » Exclamation très
usitée aujourd'hui dans la conversation. « Or vous
<• taisez, dit Gervaise, car je croy que Dieu vous
« aidera, comment dist le .louvencel? dea; dist
« Gervaise, vous estes trop cbaull. » (Le Jouvenc.
iMs. page 383.1
Il semble avoir aussi signifié originairement la
« déesse » que l'on trouve dans nos auteurs sous
l'orthographe de <> dives.se ■■ et sous d'autres à peu
près semblables. On s'en est aussi servi pour dési-
gner la S" Vierge.
Da est afllrmalif dans ces vers :
Il ostoit du bon parti
Da : et si le fit bien paroistre.
Gilles tiurc-mt, à la suite de Boimef. page 223.
C'est en ce sens qu'on s'en sert encore dans le
langage populaire et particulièrement en Nor-
mandie.
VARIANTES :
DEA. D. Florès de Gr. fol. 139.
Deac. Le .louvenc. MS. p. 251.
Da. Fabl. MSS. du R. n» 7615, t. II, fol. 126, V» col. 2.
Diva. Poës. MSS. av. 1300, t. III, p. 1257.
Dyva. Lanc. du Lac, t. II, fol. 4, Y» col. 1.
Dya. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 450.
Deablece, s. f. Diablesse.
Quant je l'oi grant pose regardée
Et sa contenance avisée.
Si en.quis madame Larguece
Qui estoit celé deablece
El me dist : c'esloit avarisce
Qui perist chascun par son visce.
Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 280, V- col. ».
Deablie. [Intercalez Deablie, diablerie:
Mes dire les choses à taire.
C'est trop grand deablie. [La Rose, v. 7068.)
Cette forme se retrouve dans Froissart (IX, 449) ;
plus anciennement, ou avait diaulie (S' Bei'nard,
p. 525); diablerie signifie injures dans Lancelot du
Lac (t III, fol. 10): « Quelles diableries il me
" disoit ! »] (n. e.)
Dealbatoire, adj. Qui blanchit. (Dict. d'Oudin
et de Cotgr.)
(1) D'après le Dict. du Mercier. (Comparez de Laborde, Emaux, p. 247.) (m. e.)
(2) On lit aussi an ms. anc. 7218, fol. 299 : « Rien me seront li dé changié. Quant por ce que j'aurai mangié , M'aura Diex
issi estrangié De sa meson. » (N. E.)
(3) Au xiu' siècle, on trouve Dira: « Diva! fait-il, lesse m'ester ; Diex ne ne me lesse avant aler. » (Renard, 229.) D'après
Diez, diva est composé des deux impératifs di [dis] et va ; « T'«, car me di. » (Chev. au lion, p. \3S.) — « Or va, de par Dieu
va. » (Chev. au cygne, v. 6242.) Va était même renforcé par di : « Et tu, di, va di, faz noienz. » (Ruteb., 1, 335.) .Au XV siècle,
on trouve la contraction dea : « Dea, beaulx amis, ce dict amours. » (Ch. d'Orléans.) (n. e.)
DE
471 —
DE
Dealeticien, s. 7n. Dialecticien. (Blanch.)
Déambulatoire, adj. Où l'on peul se prome-
ner. (Colgr. Dicl.)
Déambuler, verbe. Marcher (1).
Déumbninr en belle çravité.
Vig. de Charles VII, p. 22.
Dean, s. m. [Intercalez Dean, doyen, au Cartu-
laire cie Lagiiy (fol. 183, an. l'iG2). " Nous avons
« fait inhibicion et deflenses, de par monseigneur,
« à messire Jelian Camail, procureur des déan et
» chapitre Sainte-Croix d'Orléans. « (l'i0'2, Reg. de
la prévôté du ductié d'Orléans.) Le C. de D. Boian
est au reg. .(J. 5G, p. 238, an. 1318: « Feisines
« asavoir, dire etsenelier par nos doiaiis et sergens
« establis.... » Au .mp siècle, on disait dciens
(Thomas de Cantorbéry, 38) : « Ses deieiis est, ço
« dit ; par dreil la [croix] deit porter. » Celle forme
se retrouve au Caitulaire de Champagne (fol. 90,
verso) : « Deiens de l'iglise S. Macio de Bar sur
" Aube. » Les chartes" de Joinville (Mémoire de
M. de Wailly, 1868) donnent diens, doleiis, deyen.
Dienz de Làingresde S" Bénigne de Dijon (an. 1350).
Decanus, au sens ecclésiastique, a été fait non sur
decem, mais sur diàxoi'oç, diacre.] (n. e.)
Deané. [Intercalez Deané, doyenné. « La déané
« d'Orliens. » (l'21»8, duchéd'U. Privilèges d'Orléans.)
Le C. de D.] ^n. e.)
Deauée, s. f. Sorte de magistrature. C'étoit le
nom dont on se servoit pour désigner une i snèce
de magistrature établie dans la ville d'Orma. s ('2).
Déanesse, s. f. Doyenne. (Gloss. du i'. J.abbe,
page 497.)
Deaune. [Intercalez Deanne, redevance, dans
une charte de 1298 (Du Cange, II, 745, col. 2) : « Les
;< cens des tanneurs, les lontez, le deanne, c'est
« assavoir cens, aventures et auties deniers de
« renies. >■] (n. e.)
Deans , préposVion. Dans. « Deam quinze
« jours. » (Coût. Gén. t. II, p. 981.)
Dearne, s. f. Tranche. Tranche de poisson.
L'on dit " dalle » en Normandie , •■ darne » en
quelques aulres lieux, « dearne » en Auvergne.
(Du Cange, Cl. 1. au moi Darims.)
Deartuer, verbe. Diviser, anatomiser. (Dict. de
Borel.)
Deasurder, verbe. Assurer. « A que faire
' « vous donner tant de peine à griffonner le papier,
.' pour le barbouiller de commentaires sur tant de
" folies de poètes, et orateurs, et fouillau cofres
" qui les ont escriles eu boivant et se riant, elles
" estimées tant sérieuses el telles les deasurder. »
(Moyen de Parv. p. 90.)
Deaublage. [Intercalez Deanblage ou deablage.
redevance en blé: « Les coustumes des portes de
« Chartres appartiennent à la prevousté, quand
«' elle est vendue; c'est à savoir le deaublage, le
« lonli et le buscage. » (Livre des cens et fiefs du
Comté de Chartres, fol. 1.)] (n. e.)
Déauté, subst. Ce mot se trouve dans le Dict. de
Borel. Sans nous occuper h faire des conjectures
sur le sens qu'on pourroit lui donner, nous cite-
rons ces vers du Roman de la Rose :
Si lu te tiens en loyalté
Je te donray tel déauté (3)
Que tes playes te guérira.
Debagouler, verbe. Parler indiscrètement. Ce
mot, au propre, signifie « degueuler ■>, mais il ne
s'est employé qu'au figuré, dans le sens que nous
avons marqué, dans le style burlesque ou bas. On
trouve " se debagouler », dans Brantôme, Cap. fr.
t. 111, p. 111. Le peuple, en plusieurs endroits delà
Normandie, se sert encore du terme debagouler
pour signifier avouer un fait sur lequel on est
interrogé.
VARIANTES (4) :
DEBAGOULER. Brant. Cap fr. t. III, p. Ml.
DEbBAGOULER. Monet, Oudin, Dict.
Debaguer , verbe. Dépouiller. « La reyne
« d'Angleterre fut en adventure de perdre sa vie el
« son fils en une forest du pays, où ils furent pris
" et debuguez de brigans. » (Histoire abr. de
Ch. VU, an. 14G3, p. 358.) Ce verbe s'est formé de
» bagues » éiiuipages. (Voy. ce mot )
VARIANTES :
DEBAGUER. Hist. Chron. dep. 1400-1467, p. 358.
Desbaguer. Monstr. vol. III, fol. 96, R».
Desbaguier. Math, de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 536.
Debailler, verbe. Livrer, mettre aux mains *.
Employer^. Combattre, détruire"^ (.".).
*Dans le [iremier sens, ce mot semble le même
que " bailler, » el en effet le mot « de » s'ajoutoit
souvent autrefois aux verbes sans en changer la
signification. Ainsi on a dit en parlant de la'Croix
prise par les Sarrasins sur les chrétiens : « Et des
» escommuniees mains aux Sarrazins villainement
« débaillée. « (Chr.fr. ms. de Nangis, sous l'an U>i7,
p. 3.) On lit dans le latin eontrectata.
^Debailler a signifié aussi se servir, faire usage.
(1) On lit aussi dans la Pénitence d'Adam (Du Cange, II, 747, col, 2) : « Adam à la parole d'Eve sa compaigne se leva du
lieu triste où il s'estoit mis pour plourer, et déambula par sept jours toute la terre d'environ aulx. » (n. e.)
(2) C'est une variante de l'intercalation précédente ; toutes les corporations avaient un doyen : « Il 1 avoit mis en l'office
dou doianvé des lelliers. » (Froiss., IV, 62.) Au polyptyque d'Irminon^ le doyen est chargé de la juridiction inférieure sur
les colons et sur les serfs, (n. e.)
(3) Lisez pour la rime dealté ; dealté a été fait sur dealilas (Du Cange) et signifie don divin, remède magique, (n. e.)
(4) On trouve aussi desbagoler : « Dieu sçait corne se desbagoloit contre ce paouvre prebstre. » (Bonnivard , Advis et
Devis, -144.) (n. e.)
(5) 11 signifie encore : 1» Découvrir, entrebailler, dans la traduction des statuts de l'Eglise de Tours (B. N. ms. 1. 1237,
ch. LXXVII, an. I39G) : « S'il a rfe/jai//é (obtractaverit) la poitrine à la pucelle ou autres membres honteux des femmes,..!
il est escript ; tu ne bailleras ne n'attouoheras la leidesce des femmes. » 2" Dégager ; <i Si tu ne deUvres aujourd'hui le
Cousteau, que tu me baillas dimanche en gaige de quatre deniers, tu ne le deboiHeras jamais. » (JJ. 187, p. 75, an. 1457.) (n. e.\
DE
47-.
DE
emplnïpr (1). C'esl une extension do l'acception
prcccdenle.
Diverses armes debailUml.
G. Guiart, MS. fol. 25G, R'.
Par divers basions c'on débaillc. (Jcl. fnl. 3?4.J
"^ Enfin on a pris ce mot dans le sens de « com-
« battre, » et alors il semble être formé du mot
latin debellare où c'est une contraction du veri)e
« (léhalailU'v » ijue fon verra ci-après.
Cens des bastiaus les retoiirmentent
Aus graiiz cops geler les ddinilteiit.
G Guiait, MS. fol. 321;. Rv
Debanu, verbe. Dévider sur quatre fuseaux.
(Dict. de Borel, an mot Devencr.)
Debaratei", verbe. Déconcerter*. Déran2:er,
mettre en désordre °. Défaire'^. Ecarter, dissiper,
malmener". Affliger, désoler^ (2).
*Sur la première acception déconcerter, voyez
les Dictionn. de Borel, Cotgr. et Oudin. C'esl dans le
sens de •' déconcerter » qu'on a dit en parlant de
Pierre-le-Cruel ahamlonné de tous ses sujets : « Si
<■ arriva le roy Doin Pieire le soir mesme comme
» un chevalier (/rsftrtra^f' et déconfit (3). « (t'roissarl,
iiv. 1, p. 295.)
Les autres d'amont et d'aval
Desbarela et desconfi. (Pli. ytoiink. p. 4S5.)
^On employoil aussi ce mol pour « déranger ■>,
« mettre en desordre >■ : " Quant nous les verrons
« ainsi debarate:.:, si leur courrons sur tout à coup,
« et il n'en eschappera pié, qu'il ne soit attrapé. »
(Hisl. de B. du Guescl. par Mén. p. 25."».)
•^Ce mot signifie « défaire », abattre dans ce pas-
sage : « ....S'enfuit l'ietre du Bois a tous quatre
« mille hommes seulement vers Jacques Dartevelle
«' son capitaine tout debbaraté. » (Hist. de LoyslII,
duc de Bourb. p. 2]!.)
° Desbaralrer se prenoil aussi quelquefois dans
le sens « d'écarter, dissiper, malmener. » « ....Quant
« il virent que il ne le pourroient enclore, et qu'il
« avoitjà mis à mort jusques à dix buytde leurs
« compaignons par folle suite, ilz sàrrestôrent
« tous confuz et le laissèrent aller; et qui me
» deaianderoit qui estoit le chevalier qui les avoit
« desbaruirez, je diroie: c'estoil Estonne. » (Percef.
vol. I, fol. 58, R".)
^ Enfin on trouve « se debareter, se debretter »
pour se désoler, s'affliger (4).
Pour son trespas moult se debrelle.
Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 5.
Debai'ber, verbe. Oter la barbe.
.... On le di'sbai'ba
De sa barbe barbue. (Molinet, p. 111.)
VAIIIANTKS :
DEBARBER.
DESB.\nBER. Molinet, p. 171.
Debarginna, verbe. Brouiller, mettre en dé-
sordr'e. iDu Cange, Gl. I. à Darfiinna.)
Débat, s. m. Débat, dispute*. Combat, choc,
allaque°.
*Nous nous servons encore aujourd'hui du mot
débat, pris au premier sens. (Du Cange, au mot
Debutum.) C'est en ce sens que Coquillart a intitulé
une pièce de vers : « Le blason des armes et dames
» ou le débat des armes, etc. ► (Coquillart, p. 137.)
C'est une espèce de petit plaidoyer. On trouve le
pluriel deliaux, dans les Rech. de Pasq. p. 213.
^ Ce mot s'employoit aussi très souvent pour
combat ou choc, attaque, en parlant d'un pas d'ar-
mes du seigneur de Charni, en 1 '(43. On a dit :
« Fièrement s'assemblèrent les deux escuyers et
« donna deCompays le premier coup mais ce fut de
« la rondelle du dit de Vaudrey : et de ce débat le
« dict de Vaudrey donna de la pointe de l'estoc au
•' bainet de son compaignon. » (Mém. d'OI. de la
Marche, Iiv. I, p. 205)
On appeloit « terre de débat », une terre qui
étoit en contestation. Peut-être aussi que cette
expression désignoit le terrain destiné pour les
combats en champ clos ou gages de bataille. « Les
« mayeurs et eschevins de nostre ville de Lessines,
« terre de débat ressortissante immédiatement en
<i nostre grand conseil. » (Coût, de Lessines, au
Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 213.)
V.4RUNTES :
DÉB.VT. Orth. subsistante.
IJEBAUX, pi. Pasq. Rech. p. 213.
Desbaux, pi. Id. Lett. t.- III, p. 489.
Debatable, adj. Litigieux. Sujet à contesta-
tion (5). (Dict. d'Oud. et de Cotgr.)
Debataillier, verbe. Attaquer, combattre.
« />t'^«/ft////t'î' et assaillir la cité d'Acre. » (Chron.
fr. MS. de Xangis, sous l'an II9I.) On lit dans le
latin exj)ug)tandam. On entend peut-être par deba-
taillier faire la première attaque des palissades
que l'on nommoit « bailles ■> ou « batailles. »
Debateis, s. m. Terme de fauconnerie (6). Ce mot
se trouve employé sous ses différentes orthogra-
plies dans les passages suivans : « Oste donc le
« chapperon à ton faucon, et s'el l'eslieve et s'em-
« bat, si le laisse aler au debateis. » (Modus et
Racio, MS. fol. 123.) « Oste le chapperon à ton
« nouveau faucon et le levé, et s'il se bat laisse le
a aller au debatis. ■• (Budé, des Oiseaux, f" 12G, R°.)
t< Il devroit assez bien débatre le héron au deba-
« tois. » (Modus et Racio, ms. fol. 60.)
(1 1 Ou plutôt lancer: « Gascons dars et lances debai/leut. (G. Guiart, an. -1241.) (N. E.)
(2) Il signifie encore démolir (G. Guiart, v. 4365 (4777): « Vers le mur que 11 minéeur Orent cuidié desbare.'ilcr. » (N. E.)
(3) Besbaraté étant synonyme de desconfire, signifie vaincu, mis en déroute : « Mes compaignons sont tous espars, ainsi
que gens riesconfis et desbaretcs. » (Froiss., XIV, 21)5.) (n. e.)
(4) « Apriès le rescousse dou castiel de Roussi morut messires Pierres d'.\ndelée , dont si compaignon furent moult
drsbai-eié. » (Froiss., VI, 189.) (n. e.)
(5) « Des erreurs contestées et debatlablcs. » (Montaigne, I, 122.) (n. e.)
(6) C'est l'action d'agiter : « Vous déussîez laissier ester Le debaleis de ces cloches. » (La Rose, v. 21644.) Ce sens est
assuré par le vers 21711 : « Et quand il vit Tybert le chat Qui si fort les cloches dfbat. » (n. e.)
DE
— 473 -
DE
VARIANTES :
DEBATEIS. Modus et Racio, MS. fol. 123, R».
Debatois Ibid. fol. 66, R°.
Debatis. Budé, des Ois. fol. 126, R°.
Debateur, s. m. Qui débat, qui couteste.
variantes :
DEBATEUR. Cotgrave, Dict.
Debatiebres. Beauman. p. 275.
Debattenient, s. m. L'action de débattre, de
contester. (Dict. de Cotgrave.)
Débattre , verhe. Disputer, soutenir avec
chaleur*. Objecter^. Faire grand bruif^. Battre,
frapper" (1).
* On a dit au premier sens, en parlant du prince
de Condé : « .l'ay ouï dire h feu monsieur do Mont-
>' pensier et le debaltoit contre moy qu'il estoit
« beaucoup plus éloquent que monsieur son père. »
(Brant. Cap. fr. t. 111, p. 228.1
° Par une extension naturelle de la première ac-
ception, débattre a signifié •■ objecter. » « Hz
« marchent, et vous les actendez qui l'adventaige
« que vous vous cherchiez, vous me porez debatre
« que s'ilz s'en vont pourroienl avoir une
« grosse arrière garde. " (Le .louvenc. ms. p. 145.)
° On se servoil aussi de ce mot pour exprimer le
bruit que font des tambours et des trompettes.
Tabours et trompes se ch'halent.
G. Guiart, MS. fol. 237, V.
° Enfin (/e&aij'<? s'est dit dans le sens de » frapper».
Ferrant en tel guise dcbalent. fid. fol. 156.]
Plaçons ici nu proverbe où ce mot se trouve
employé dans le premier sens. « Par trop débattre,
" la vérité se perd. » (Oudiu, Dict.)
variantes :
DEBATTRE. Cotgr. Dict.
Deb.^tre. g. Guiart, MS. fol. 237, V°.
Débatu, part. Foulé.
Devoit li rois estre abatuz
Des piez des chevaus debatiiz. (G. &uiart, p. 150. J
Nous remarquerons l'usage qu'on a fait de ce
mot dans l'annonce des prix proposés au « puy de
« l'Immaculée Conception à Rouen. » Il y est dit
qu'à celui qui fera la meilleure pièce, « sera donnée
" la palme et au debatu le lis. » C'est-à-dire à
celui dont la pièce l'aura disputé à la première.
(Vovez les Poës. de Sagon et autres mss. du Rov,
n"768'i, fol. 1.)
Debauchement, DESRArniiE.MENT, s. m. Désor-
dre, débauche. (Dict. d'Oud. et de Cotgr.) (2)
Débaucher, v. Déranger *. Engager ^.
* Ce mot se dit encore dans le premier sens en
quelques provinces. (Du Cange. Gloss. grec.) Bran-
tôme, en parlant de l'.imiral Brion, rapporte que
o le roy voulut un grand mal au dit sieur amiral,
« pour luy avoir fort débauché (3) ses affaires, qui
« estoient en très bon estât, et d'avoir donné loisir
« à l'empereur de songer aux siennes. » (Brant.
Cap. fr. t. I, p. 363.) On lit d;ins le même auteur :
« Ce que demande fort le courtisan que d'avoir
« bouche à cour et à l'armée, car quelque petit
o ordinaire qu'il leur faille tenir, il leur débauche
« fort la bourse » (p. 2731, et au sujet d'une nou-
velle invention de fondre les canons : « Avant cette
« fonte nos canons n'estoient de beaucoup si bons,
« mais cent fois plus fragiles, et plus sujets à estre
« rafraîchis de vinaigre et autres choses où il y
« avoit plus de peine, et qui plus desbauchoit de la
" batterie. » (Ibid. p. 220.)
« Un peu desbauché » étoil une expression qui
désignoit quelqu'un dont la santé est dérangée.
(Voyez Oud. Dict. et Cur. fr.)
^ Ce mol se dit aussi en plusieurs provinces pour
« engager >■ dans quelque entreprise.
Granz genz aveuc lui se débauchent.
Droit vers Lille en Flandres chevauchent.
G. Guiart, MS. fol. 273.
VARIANTES :
DEBAUCHER. Brant. Cap. fr. t. I, p. 863.
Desbaucher. Id. ibid. p. 220.
Desbauchier. Molinet, p. 194.
Debaux, s. m. p. Plaisirs, ébats.
Plus plaisant est encor amor:
Mais aussi après les debaurc (4)
Les larmes viennent à monceaux. [Bl. des F. Am. 34S.J
Debaver (se), v. Baver. « L'autre rage s'ap-
" pelle rage mue et ne courent ne mordent, mais
« ilz ne veulent mengier et ont un petit la gueule
« ouverte, comme s'ilz avoient un os en la gueule
» et se debavent et ainsi meurent, etc. » (Chasse de
Gast. Pbéb. ms. p. 96.)
Debeciller, v. Déboiter lesos. En \Alin debecil-
lare, des mots de et biiculus ; les os étant comme
des bâtons, l'éminence desquels entre dans la cavité
des autres. C'est la note de Le Duchat, sur Rabelais,
t. I, p. 193, d'où Le Duchat conclut que « debeciller
« les faucilles » signifie rompre bras et jambes.
VARIANTES :
DEBECILLER. Rab. t. I, p. 193.
Debexiller. Cotgrave.
Debezilleb. Rab. t. IV, p. 224.
Debeffer, v. Déchirer *. Effacer, raturer °.
* Dans le premier sens de déchirer, on trouve
ce vers :
Et quant par li sont mi drap deheffé. (Froiss. p. 300.)
De là on a dit au figuré, en parlant des femmes
qui ont vieilli dans la galanterie :
Au reste sont plus esgrifîées,
Plus usées, plus desbiffées,
Que vieilles chausses d'un poète. [J. ilarol, p. iOO.j
^ On trouve deshijfer pour effacer, raturer, dans
le Dict. d'Oudin. Nous disons encore » biffer. »
(1) Il signifie aussi contester : « Les fais contraires contre le roy furent là lus, et reraonstré par celuy qui les lisi que le
roy n'en avoit nuls debalus. » (Froissart, XVI, 193.) N. E.)
(2) Le mot est dans Calvin (2()5) : « Pour remédier à toutes occasions de desbauchement, et avoir une conduite certaine,
il regarde à ce que Dieu lui montre. » (n. e.)
(3) Bauche, en Saintonge, est une tâche; débaucher signifie donc interrompre une bauche. (N. E.)
(4) C'est le pluriel de débat ou un composé de l'allemand bald, joyeux {s'ébaudir}. (n. e.)
lY. 60
DE
474 —
DE
VARIANTES :
DEBEFFER. Froiss. Poës. MSS. p. 300, col. 2.
Desuiffer. J. Marot, p. 199 (1).
Debeleur,s. m. Vainqueur. Du lalin debellator.
Si vous suply ? Iriumphanti/cfte/cur, etc. (J. Marot, S'i'î.J
César grand debctleur. (Id. p. 133.)
VARIANTES :
DEIiELEUR. J. Marot, p. 242.
Debellel'r. Id. p. 133.
Debellatoire , adj. Victorieux, Iriomphant.
« Les causes motives, les très diligentes militaires
« conduicles et les de bel lato ires efl'ectz de la
« sienne. ■> (J. Mar. Prolog, p. 5.)
Debeller, v. Vaincre. (Dict. de Nicot, Cotgrave
et d'Uudin.) M"" de Sévigné, dans ses lettres, t. I,
p. 107, reproche à M. de GoulangesTusage fréquent
qu'il faisoit de ce mot (2).
Debender, v. Décoclier *. Détacher, envoyer
en avant ^ (3).
* Au premier sens, nous trouvons ce vers :
Car si sur toy de choiera il clesbeiide (4). (C. Mar. p. 10.]
On lit, dans les Triomphes de Pétrarque, trad.
par le B. d'Opede, folio 80 : « Autant que loeil
« débande , » pour autant que la vue peut
s'étendre (5).
Cotgrave cite ce proverbe : » Desbander l'arc, ne
« gueVit pas la playe. »
^ Au figuré, ce mot a signifié détacher, envoyer
en avant. ...... Ordonna de marcher le comte
« Guillaume de Furstemberg avec ses bandes lui
« commandant de dfs^rtHrfer 1000 ou riOO arquebu-
« siers pour gaigner le dessus du bastion (6). »
(Mém. du Bellay, liv. VIII, fol. 206, R°.j
VARIANTES :
DEBENDER. Triomph. de Pétrarque, p. 80.
Desbender. Cléin. Marot, p. 70.
Desbander. Cotgrave, Dict.
Debirentier, s. musc. Débiteur d'une rente.
« Comme il est souvent advenu qu'à cause de la
« voisinance du dit Chimay à la France, tant les
« comptes des Eglises et maisons pieuses, que les
>< tiltres chyrographes et leltriages des particuliers
« ont esté perdus, bruslez ou cachez par guerre,
« qui a donné occasion aux debirenliers de denier
« calomnieuscment les rentes qui leur estoient
« prétendues, etc. » (Coût, de Chimay, au Nouv.
Coût. Gén. t. H, p.27i.)
Débit, s. m. L'action de débiter. « Un
« cabarelier, bosle ou autre vendant boire à débit,
« ne peut avoir pots en sa maison et cabaret iju'ils
« ne soient de sauge et grandeur suffisante. » (Coût,
de Lille, au Coût. Gén. t. II, p. 891).)
Ce mot est répété dans la Coût, de Douay, au
Nouv. Coût. Gén. t. II, p. 971, col. 2.
VARIANTES :
DEBIT. Cout. Gén. t. II, p. 899.
Débite. Monet, Cotgrave, Dict.
Débite, s. /'. Sorte d'impôt (7). C'étoit un droit
qui se percevoit sur les choses dénommées dans le
passage suivant : « Oppressoient nos diz ventiers
« les marchanseslrainges amenans ou vendans sel
« en nostre dite ville en exigeant excessivement les
" débites accoustumées pour les chevaux, chers et
« cherrettes, geloinie ou mesure ou grant giief et
« préjudice que dessus. » (Ord. des R. de Fr. t. III,
p. 057.) On appelioit aussi débite un droit que
payoient les orfèvres en faveur des pauvres. (Ord.
des R. de Fr. t. III, p. 13.) (8)
Debitenient, s. m. Droit, imposition. Frois-
sart, parlant de la révolte des Parisiens, en 1381,
dit que « les communes s'armèrent, et emeurenlet
« occirent tous ceux qui avoyent assis les gabelles
« et debitemens. « (Froiss. liv" II, ch. 84, p. "154.) (9)
Débiter, v. Vendre en détail et à crédit. (Laur.
Gloss. du Dr. fr.)
Debitis. Lettres de chancellerie pour obliger
les débiteurs, par saisie ou vente de leurs biens et
par contrainte par corps , à payer leurs dettes.
« Lettres et gagement passez par autre nottaire ou
« greflier que de cour laye, ne gisent en exécution
» es biens du debteur obligé sinon qu'il y ait
" debitis. •> (Cout. d'Orléans, au Cout. Gén. t. I,
p. 1004.) « Lettres de débits qui sont mandemens
« généraux se donnent par le dit sieur bailly ou
« son lieutenant. » (Cout. de Clermont, au Nouv.
Coul. Gén. t. II, p. 871.) « Qu'il soit deiïendu audit
» bailly de Sens et à tous autres de bailler gardes
« et debitis aux sujels de mon dit seigneur en son
« dit duché. » (Mém. de Comines, t. III, p. 116.)
(1) Aux contes de Cholières (I, Mat., 9) on lit : « Je vous trouve depuis peu de jours, changé, hâve, deffait, dehiffc. » (n. e.)
(2) « Je VOUS assure qu'elle est dcbellôe, comme dit M. de Coulanges. » Le mot est dans Oresme (prol.) : « Debeller les
orgueilleux », et dans Monstrelet (I, 70) : « Pour debeller tous ceux qui voudroient le contraire. » (n. e.)
(3) Le sens le plus ancien est ôter un bandeau (Bat. d'Aleschans, v. 5660) : « Et ses deux mains derriers vet déliant , Et
ses biaz euz li vet tôt dexbandant. » (n. e.)
(4) On lit au reg. JJ. 199, p. 539, an. 1464 : « IceUui Genesquet vint par derrière l'un desdiz compaignons et print l'arbrier
de son arbaleste, et la fist desbender. » (n. e.)
(5) Sa pensée desbrouillée et desbaudêe, dit aussi Montaigne (I, 94). (N. E.)
(6) C'est plutôt placer en tirailleurs : « Il partagea ses gens de pied à ses deux mains, et à chaque costé desbanda 200
harquebuziers et plus. » (D'Aub., Hist., II, 454.) ^N. E.)
(7) 11 est synonyme de cens dans une cliarte de Compiègne (12599) : « Et retient l'église toutes ses rentes et toutes ses
defti/es, si come ele les a eues jusques au jour d'ui. » De même dans Froissart (VII, 25): « Leurs terres et signeuries
estoient franches et exemtes de toutes débites. » Au reg. JJ. 91, p. 502, an. 1358, c'est un droit de place : « Item oppressoient
nos diz ventiers les marchang estrainges, amenans ou vendans sel en nostre dite ville , en exigent excessivement les
defrîto acoustumées pour les chevaux, chers et cherrettes. » Enfin il signifie impôt en général, comme l'anglais duhj :
« Et que tout ouvrier ouvrant ars et saiettes fuissent franc et quittes de toutes debitles. » (Froissart, II, 419.) (n. e.)
(8) Voyez aussi Ord., t. V, p. 178, an. 1369. (n. e.)
{^) M. Kervyn (IX, 44i6) édite : « Li commun s'esmurent et s'armèrent et ochirent tous ceulx qui avoient ceusi ces gabelles
et ces débites. » (n. e.)
DE
- 475
DE
TASIANTES :
DEBITIS. Cout. Gén. t. I, p. 1004.
Débits. N. Cout Géa. t. II, p. 871.
Debitoire. Endetté, chargé de dettes.
Lui est, pourestre debitoire. (Eust. Desch. p. 310.)
Deblaer, v. Couper les blés. (L>u Gansée, Gl. L.
à Bludare, dcbladare el imbladare {\). De ce mot
s'est formé celui de déblayer, débarrasser, enle-
ver (2). (Dict. de Nicot et de Monel, au moi Dcsbléer.)
VARIANTES :
DEBLAER.
Desbleer. Ord. des R. de Fr. t. I, p. 249.
Deblamer, v. Disculper, justifier. « Comme
« vous povez vous f/c&/fls??ic/' d'avoir en cest endroit
« commis ainsi que une publique idolâtrie dont vos
« mœurs sont corrompus et vostre police per-
« vertie. » (Al. Chart. l'Espér. p. 303.) « Jamais ne
« vouloit que l'en mesdeist de nuls, ne ne voul-
« sist cuir parler mal de nuls, et quant l'en en
« parloit devant elle, elle les desblamoit, et disoit
■> que se Dieu plaist, ils se amenderoient et que nul
« ne scavoil que luy estoit h advenir et que les
« vengences et les jugemens de Dieu estoient mer-
<i veilîeux. » (Le Chev. de la Tour, Inslr. à ses
filles, fol. 68, V° col. 1.) (3) C'est en ce même sens
qu'on a dit de la reine Esther : « La sainte escrip-
« ture la loue moult de sa saincte vie el de ses
« bonnes meurs, car le roy son seigneur estoit
« bastif et divers et luy disoit aucunes fois moult
« d'oultrageuses parolles et villenies ; mais pour
« riens quel! luy dist. elle ne luy respondoit riens...
« devant les gens ; mais après quant elle le
« trouvoil seul . . . .elle se desblanioit , et Uiy
« monslroit bel et courtoysement sa faulle. » (Ibid.
fol. 47, V^'col. 1.)
VARIANTES :
DEBL.-VMER. Poës. de L. le Caron, fol. 39, V».
Deblasmer. m. Chartier, l'Espér. p. 303.
Desblamer. Eust. Desch. Poës. MSS, fol. 367, col. 4.
Déblasine, subst. Injure, offense. Ce mot se
trouve dans une lettre de 1379. (Choisv, Vie de
Charles V, page 4G9.)
Debleiire, s. f. Récolte, moisson*. Ghamparl^.
* C'est proprement la dépouille d'une terre embla-
vée. Debleuve se dit encore dans quelques provin-
ces (4). " Celuy qui tient et occupe terre subjectc
« à ferrage ou champart ne peult enlever sa desblée
« sans appeller le seigneur à qui est deu le dit
« ferrage ou champart son commis ou fermier. »
(La Thaum. Cout. de Berry, p. 452.)
^ Ce mots'employoit aussi quelquefois pour dési-
gner une sorte de champart qui consistoit dans
la moitié de la recolle. (Voyez Du Gange, Gl. lat. au
mol Diablagium.)
variantes :
DEBLEURE. Cout. Gen. t. I, p. 872.
Desbleore. Ibid. p. 872.
Desblée. Cout. Gén t. I, p. 912 (5).
Deablage. Du Gange, Gl. lat. au mot Diablagium.
Deaublage. Ibid. au mot Buftcarjium.
Débloquer, v. Lever le blocus*. Déboucler^.
*Sur le premier sens qui est figuré, voy. les Dict.
d'Oud. et de Cotgr.
Sans que Paris débloqué fat.
Mmi. du carii. de Relz, l. IV, p. 200.
^ On disoit aussi au sens propre desblouquer •pour
déboucler, et les paysans de plusieurs provinces [la
Bourgogne et la Picardie] prononcent encore ainsi:
« 11 lui desblouca son bachinet, puis Uiy donna de son
« épée dessus le nez. » (Tri. des IX Preux, p. 510.)
Deboener. [Intercalez Deboener, ôter les
bornes, au Gart. de l'église de Langres (anc. 8518,
fol. 227, v°, an. 1316): « Li religieux [d'Auberive]
« sunt en saisine... de metlre bones i^n la ville et
« ou linaige de S. Loup, et de deboener, toutes fois
« que partie contre autre le requiert. »] (n. e.)
Deboinaireté , s. /. Clémence , douceur *.
Grâce, faveur ^.
* Ce mot est pris au premier sens dans les pro-
verbes suivans :
De mauvais conpaignon
Grant deboiiaireté
A meint nice grevé
Ce dit li vilains.
Prov. du C" de Rrel. MS. de S. G. fol. 115, R- col. 1.
<■ Grand âebonnaireté a maints hommes grevé. »
(Dict. de Cotgr. — Voyez Débonitarieté. dans Bean-
manoir, page 8.) On à dit en ce même .sens « par
» debonnaireté », c'est-à-dire de bonne volonté,
par douceur. » Par ma foy, dist le chevalier, puis-
« que vous ne le voulez faire par debonnaireté,
» vous le ferez par force, si vous gardez de moy
« car je vous deffie. » (Lanc. du Lac, t. 11, f" 52.)
^On a dit aussi deboinaireté pour grâce, faveur.
Parquoy lour puist eschaoir
Nule deboinaireté.
Pots. MSS. av. 1300. l. III, p. 1081
VARIANTES :
DEBOINAIRETÉ. Gloss. sur les Cout de Beauvoisis (6).
Debonaireté. Prov. du C-' de Bret. MS. de S. G. f° 115.
Debonnaireté. Dict. de Cotgrave.
Debonnarieté. Beaumanoir, p. 8.
(1) « Comme le suppliant pour icelles terres desblaver et despoillier en la messon... eust envoyé faussilleurs pour
faussillier son bief. » (,1J. 168, p. 385, an. 1415.) Dans une charte de 1.300 (JJ. 54) on lit : « Derechef que h bourgeois puissent
bleer et detlilccr leurs héritages toutes fois qu'il leur plaira. » (N. e.)
(2) Ce sens se trouve au reg. JJ. 48, p. 8, an. 1311 : « Item que tout le droit que nous avons et poons avoir de desblaver
et de oster tous les empesohemens qui se feroient, tant es voieries, comme es chemins de ladite ville de Vailli. » Au reg.
JJ. B, p. 12, an. 1363, le sens est figuré et la forme est desbiaer : « Ichils chevaliers a promis et créante... en nostre main à
celle rente warandir, délivrer, défendre et desbiaer envers tous. >; (N. E.)
(3) On lit dans des textes contemporains : « Le suppliant se desblaina, montra et représenta incoulpable. » (JJ. 103, p. 76,
an. 1372.) — « Pour eulx purger, desbiamer et oster de le souppechon, fait et famé. » (JJ. 136, p. 268. an. 1389.) (N. E.)
(4) « Vous promet que cette desbieure faite, je me departiray de mon frère. » (JJ. 146, p. 10, an. 1394.) (n. e.)
(5) On lit des 1410, au reg. JJ. 165, p. 46 : « Comme en la desblée et moissons derreinement eschi'us , le suppliant eust
cueilli certain grain appelle milet. t Les citations des coutumiers nous prouvent l'usage du mot au xvi« siècle, (n. e.)
(6) On lit dans Beaumanoir (XIII, 21) : « Si que noz avons veu on aucuns liex, là u il a esté soufert par debonereté , que
ele [la femme] emportoit bien autant de muebles ou plus comme il demoroit as hoirs ou as exécuteurs. » (N. e.)
DE
— 476 —
DE
Dcboisser. [Intercalez Urboiasev, dégrossir,
sculpter, chiiis la Glirou. des ducs de Normandie,
V. 10'(7G, '25997, 2G073.] (n. e.)
Deboit, s. m. Dégoût. » 0 toy que je recognois
« par ton libelle esire un vray pédant qui as un de-
« &o(7 et reluit de toutes les choses bonnes. » (Lett.
de Pasq. t. III, p. 859.) " Pour devenir bons reli-
» gieux et avoir un dcsbon des choses mondaines,
« et acquérir l'amour que devons à nostre
« créateur. » (Ibid. p. ■ii7.)
VAIUA.NTES :
DEBOIT. Lelt. de Pasq. t. III, p. 859.
Desbûy. Ibid p. 447.
Debolesse, s. f. Débilité, impuissance. De l'ita-
lien debole-^z-a (Voy. Brant. D" Gai. t. I, p. 120 )
Débonnaire, adj. Doux, clément*. Faible,
lâche, poltron^. Ce mot est formé de trois mots
différens qui se trouvent exactement distingués
dans Mai'bodus, art. 7 de l'Emeraude, col. 1648. En
parlant des propriétés de cette pierre, il dit :
Ki là deit estre de bon aire (I).
* Le premier sens subsiste sous cette orthogra-
phe. Nous ne citerons que ce passage sur cette
acception :
Li grant sont de débonnaire engin
Leur lasche cuer ployant comme jong marin.
Poès. .MSS. d'Eust. Desch. fol. -219, col. 4.
^ Comme rien ne ressemble tant ù la faiblesse
qu'une douceur trop complaisante, ce mot s'est dit
par extension pour faible, lâche, poltron. Ainsi on
lit dans Pasquier, en parlant de Louis-le-Débonaire :
« Les Italiens qui en s'ugraudissant par effet de
« nos despouilles, ne furent chichesde belles paro-
« les, voulurent attribuer cecy à une piété et pour
« cette cause l'honorèrent du mot latin plus, et les
« sages mondains de nostre France, l'imputant â
« une manque et faute de courage, l'appellerent le
« débonnaire. Sur ce propos il îne souvient que le
« roy Henry troisième disoit parlant de ce prince
« en ses couiiniins devis, qu'on ne luy pouvoit
« faire plus grand despit que de le nommer le
« débonnaire, parce que celte parole impliquoit
'< sous soy je ne scay quoy du sot. » (Pasq. Hech.
p. 389.) Ainsi le niot débonnaire se prenoit en
bonne et en mauvaise part. 11 est pris en bonne
part dans cette expression : « A félons ne à débon-
« naires », c'est-à-dire ni aux méchans, ni aux
bons, à aucune personne que ce soit.
A félons ne à débonnaires. (G. Guiart, -280.)
VARI.iNTES :
DEBONN.\IRE. Eust. Desch. Poës. MSS. f" 219, col. 4.
Debonneres. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1399.
Deboinaire. Ibid. t. III, p. 1002.
Deboinere. Bouh. MS. ch. 252, fol. 220, R».
Debonnement. [Intercalez Debonnement ,
affranchissement, acte par lequel on libère des
serfs abonnés: » Lequel affr:uK-hissement, eschie-
« vemenl et f/t'/jo///u';Ht'H/... je promets en bonne
« foy pour moy et pour mes hoirs, bien et
« lovaiiment tenir et garder. » (Lib. de Perrusses,
ord.VUI, 34, an. 1347.)] (x. e)
Deboniiei". [Intercalez Debonner, affranchir:
« Mesdiz hommes de Perrices... eschieve et debonne
« perpetuelmeut aux débiles et redevances et
« services qui s'ensuient. » (Ordon. VII, ;i-2, an.
1347.)] (x. E.)
Debonnereinent, adv. Débonnairement, béni-
gneraent. iVoy. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 134.
tu. de 1247.) ('2)
Debord, s. m. Débordement, inondation. (Dict.
de Monet et d'Oudin.) (3)
Debornement, s. m. Enquête pour un bor-
nage. " Si l'adjourné accorde leal debornement que
" l'on dit d'ancienneté cerque manage, les parties
" seront assignées pour comparoir à certain jour
« et heure sur le lieu des limites contentieux. »
(Coût, de Binch, au Nouv. Coût. Gén. t. Il, p. 204.
— Voyez Cerquemage ci-dessus.)
Déboté, adj. Terme de vénerie. « Ils gettentles
« fumées en diverses manières oreen tourthe,
« ore en plateaux, ore faurmées, ore aguillonnées,
« ore entées, ore pressées, ore debotées et en d'aul-
« 1res diverses manières. » (Chasse de Gast. Phéb.
.\is. p. 18.)
Débouler, verbe. Jeter, lâcher la boule de la
main. (Dict. de Monet.) (4)
Debour, s. m. Déboursement*. Dépense^.
* Nos coutumes l'emploient souvent dans le pre-
mier sens. « Item en succession venant de costédu
« tronc, que les plus prochains dont les dits biens
« viennent, succéderont en iceux biens sauf le
« droict du viagier, pourveu qu'il en fasse relief et
" debour. » (Coût, de Namur, au Coût. Gén. t. II,
page 8G7., ' Les fruicts sont acquis au retrayant du
<■ jour de radjournemeut, desbours ou garnisse-
<■ ment qu'il aura fait des deniers du prix principal
« du contract et loyaux coûts. » (Coût, de Norman-
die, Ibid. t. I, p. 1024.) On lit â la marge desbour-
seinent.
^ On trouve aussi de&boursement pour dépense,
dans Clém. Marot, p. 156.
variantes :
DEBOUR. Coût. Gén. t. Il, p. S67.
Desbol'rs. Coût, de Norm. Ibid. t. I. p. 1024.
Desboursement. Cotgr. Dict.
Debourder, verbe. Converser, discourir, s'en-
tretenir. " Ainsi s'en vont chevauchant tout parlant
» de leurs adventures; etdist Claudiusque enchan-
« leurs sont mauvaises gens, et qu'il auroit plus
(1) On lit déjà dans Roland (v. 2252) ; « Clievaler de bon aire », et par opposition « malvais hom de put aire (v. 763). »
J. Bruyant (Ménagier, II, p. 11) donne à la fois le sens et l'étymologie du mot ; « Soies courtois et débonnaire. Comme uns
homs estrail de bonne aire. » (N. E.)
(2) On lit déjà dans Coucy (V) : « Souflrir m'esteut si débonairement. » (n. e.)
(3) « N"y le debord de ce dieu tortueux Qui tant de fois t'a couvert de son onde. » (Du Bell., VI, 55, verso.) (n. e.)
(4) II est encore populaire au sens de dégringoler, dégaitler, comme on dit en Champagne, (n. e.)
DE
- 477 —
DE
« cher avoir à faire à deux bien preux chevaliers
u que à ung seul enchanteur, car des coups aux
« chevaliers se peult on couvrir, mais contre l'en-
« chanteur ne vault force ne prouesse. Tout ainsi
« debourdant chevauchèrent ils jusques à heure de
« vespres. » (Percef. vol. 1, fol. 73.) « Tout de hour-
« dant du chaslel et de plusieurs autres choses,
« chevaucha tant la compaignée qu'ils entrèrent au
« neuf chastel. » fld. vol. 11, fol. 5. — Voy. IiornnER
ci-dessus.)
Debouser, v. Il est difficile de donner la
signification de ce mot ((iie l'on trouve dans une
ballade dont le langage est fort obscur. (Villon,
page 107 et 109.) (l) Cet auteur est queltiuefois inin-
lelligible.
1. Debout, s. m. Bout, extrémité (2). Cemotétoit
souvent en usage autrefois. « Les lilz d'Israël l'en-
« sepvelirenl (Josué) au debout de sa possession en
« la montaigne d'Elîi-aim. « (Tri. des IX Preux,
p. ^l.) » Dedans èe fort chasleau d'Ylion estoit une
« sale de moult noble composicion au deboiil de
« laquelle estoit ung ymage de la longueur de
« quinze cubites de pur or. » (Ibid. p. 'i^S, col. 1.)
Nous mettons ici deux expressions remarquables :
1° « A deux debouts et costés ", c'est-à-dire en
une pièce bornée par bouts et côtés. Voyez Laur.
Gloss. du Dr. fr. au ch. 'i8 de la Coul. de ÎMons, qui
a pour titre : « De faire partage d'héritage. ■> On y
lit : » Quand cy devant il s'en faisoit autrement par
" l'arrogance des parties, ou l'une d'icelles, il
« escheoit aucunes fois que celuy ayant son tiers
« escheoit en la moienne el parlant celuy ayant les
« deux tiers, les avoit « deux debout et eostés. »
(Coût. Gén. t. I, p. 829.) Voyez l'observ. de Lauricre
sur ces mots : « Debouts à éteinte de chandelle (3). »
2° « Etre sur le debout » , à l'extrémité. Un
joueur ayant perdu son manteau, etc., s'exprime
ainsi :
Je vueil cslre sur le debout :
Prestez sur ma cotte et pourpoint.
Eusl. Desch. fol. 375, col. 4.
2. Debout, prépos. A côté, auprès (4). « Aucune
« fois avient que H barons [mari] est trouvés mors
» debout se famé, et le famé debout son barons;
a et quant il avient, l'en doit penre garde au mort,
« se il pert que l'en li ait che fet; et se il li pert
« che, est grant présomption contre le vivant se il
« ne cria. » (Beaum. p. 319.)
3. Debout, adv. Sur le champ [ou plutôt abso-
lument] Mouskes, parlant de la guerre ded'IIaibers
contre son frère Dagobert, dit :
Qufir Haiberg vot avoir debout
Partie del roiaume u tout. (Pli. Mou.sk. p. 3S.I
Debouteineiit, s. m. L'action de repousser*.
Imbécillité, faiblesse °.
* Voy. sur le premiersens action derepousser (5),
les Dict. de Moiiel, Cotgr. et Oudin. » Parmy tous
« les pesans coups qu'on luy donnoit et les durs
" deboulemens qu'on luy l'aisoit, il fendit la presse
" à force de bras par les grans coups qu'il donnoit
« enlour de luy, et fist tant, voulsissent tousses
« grevains ou non, qu'il vint à la compaigniée à
>i toutl'escu joyeulx de son adventure. ■> ^Percef.
vol. I, fol. 141.)
^ Nous n'attribuons la seconde acception d'imbé-
cillité au mot deboutettient, que sur la foi du Dict.
de Nicol qui ne cite aucune autorité.
Débouter, verbe. Chasser, expulser, repous-
ser*. Avancer en poussant ■*. Obliger, contraindre'^.
Mépriser, rejeter". Récuser^. Partir''. Ce mot, qui
n'est plus d'usage qu'en terme de pratique, a eu dif-
férentes significations. (Voy. le Dict. de Monet et le
Gloss. de Marot.)
* Débouler, au premier sens, a signifié « chasser,
" repousser. » •■ Avec son enseigne et quelques
« gens d'armes qui le suivirent, déboutèrent tout
" ceulx i|ui estoient jà dessus et crois que sans lui
•< la ville estoit en grand danger d'estre prinse. »
(Mém. de Ilob. de laMarck, ms. p. dlG.) « Débouter ((i)
« hors du dit royaume. > (Ord. des R. de Fr. t. III,
page 221.) « Gens de pié ne doivent jamais mettre
« gens de cheval devant eux, car quant les gens de
« cheval sont déboutez- ils heurtent leurs gens sou-
« ventes fois de poictrine de cheval et rompent et
« desconfisent. « (Le .Jouv. fol. 91.)
^Ce mot se disoit aussi pour « avancer en pous-
« sant. "
Le flo de gent s'eniredeboute. (G. G-uiart, SD4.J
On l'a mis quelquefois dans le sens « d'obliger.
contraindre.
Furent déboutez à eulx en
« venir sans riens faire. » (Chron. fr. ms. de Nan-
gis, sous l'an 1295.) On lit dans \e\aV\i\, redire inef-
licax conipulsus est. (Ord. des P.. de Fr. t. III, p. 474.)
° Ce mot s'est employé dans un sens figuré pour
" mépriser (7). »
Les religions l'en déboute. [Rom. de Fauv. f» 61 .j
^ On disoit aussi en terme de pratique « débouler
« en juge » pour le récuser (8). (Voy. le Glossaire sur
les Coût de Beauvoisis.) « L'une partie deboulisl
« l'un des commissaires disant qu'il avoit esté du
« coiiseil de l'autre partie. » (Bout. Som. Rurale,
page 682.)
(1) Lisez débouté : « Bien recueilly, débouté de cliascun. » (lîd. Jannet, p. 110.) (N. E.)
(2) « Us ont envoie le roy icy sur Tun des debouts de son roiaulme. » (Froissart, XII, 275.) (N. E.)
(i) C'est un terme des coutumes bretonnes. Debouts signifie à côté, comme dans l'article suivant. (Voyez aussi
Chandelle.) (n. e.)
(4) On lit déjà dans Thomas le Martyr (69) : « Tut de but se teneient cil trei partut al rei. » De même que le vent debout
s'oppose à la marche d'un navire ; on a dit d'un juge (Romancero, p. 163) : « A moi se tiendra tout debout. » (tj. e.)
(5) « Pour le repulsement et debouteineiil de noz ennemis les .Vnglois. » (JJ. 183, p. 243, an. 1457.) (N. E.)
(6) « Celle noble dame qui escachie estoit et déboutée hors de son pays. » (Froissart, II, 61.) (N. E.)
(7) « Mielz valt fiz à vilain qui est prouz e senez. Que ne fait gentilz hiiem failliz e débutez. » (Th. le Martyr, 63.) (N. e.)
(8) « Tout chil qui poent estre débouté por vilain cas de crieme de tesmongnage porter, poent et doivent estre débouté
d'avocations. » (Beaum., V, 13.) (n. e.)
DE
- 478 —
DE
'' En terme de fauconnerie, on trouve dans Arte-
loque, fol. 80: » se débouter du poinç; >•, en parlant
des oiseaux de proie, pniiirdu point;', l'abandonner
pour ne plus revenir : " Ne lés reclamez jusciues à
« tant qu'ils soient asseurez, car Us&edeboiiteroiL'iit
<■ du poing' et ne voudroieni jamais arrester. »
Déboutonner (se), !'. Ouvrir son cu'ur, parler
sincèrement. « Se déboutonner d'autre chose >■ ,
pour se découvrir, s'expliquer sur autre chose.
(Négot. de Jeann. t. II, p. 32G.)
Debracer (se), v. Etendre les bras, le con-
traii'c d'embrasser. De là, le proverbe :
Oui trop embrace et trop entoise
Cil se dehraœ a plaine toise. (Ph. Mouskes, p. 830.1
Debradé, part. Blessé au bras. C'est un mot
forgé par Rabelais qui l'employé en ce sens dans le
passage suivant : « Loire se plaignoit de ce que le
« records debradé luy avoit donné si grand coup
« de poing sus l'aultre coubte, etc. » (Rabel. t. IV,
p. 67.) 11 s'agit d'un record qui avoit eu le bras
droit démis.
Debraguetter, 1». Défaire ses braguettes. (Oud.
et Colgrave, Dicl.)
Débrider (se), v. Manger de grand appétit. Ce
mol se dit encore en ce sens dans plusieurs pro-
vinces. (Voy. des Accords, p. 24.)
VARIANTES :
DEBRIDER (SE). Des Ace. Escr. dijon. fol. 24, V.
Desbrider. Crétin, p. 166.
Débris, s. L'action de briser. (Dict. de Cotgrave.)
« Iderée n'avoit pas entendu le bruict qu'il avoit
o faicl, au débris de la porte. » (Peler. d'Amour,
p. '2r)9.^ On lit : « debrusure de prison, « pour bris
de prison, dans Brilt. Loix d'Angl. fol. 3.)
VARIANTES :
DEBRIS. Peler. d'Am. p. 259.
DEimusuRK. Britt. Loix d'Aiiglet. fol. 3, V".
Debrisé, part. Fatigué. Terme de fauconnerie.
« ... la tierce qu'il en fait plus de voles et qu'il en
« vole mieulx et plus roidement, pour ce que il est
« moins debrisé que celui qui n'a point de cliape-
« ron qui débat souvent et debrisé moult. » (Modus
et Racio, fol. 73.)
VARIANTES :
DEBRISÉ. Modus et Racio, MS. fol. 73, V».
Debrisié. Ibid. fol. 137, R".
Debriser, v. Briser, détruire *. Tourmenter,
agiter ^. Cesser, Unir *= (1).
* Ce mot étoit employé dans le premier sens de
briser, détruire, soit au "propre, soit au figuré. (Dict.
de Monet, Oudin et Colgrave.)
En non Dieu, je m'en dueil
Et débris d'amer, //'oc^s. MSS. t. II, p. 77.9.;
^ Ce mot signifioil quelquefois <■ tourmenter.
« agiter. » « Sans vos ne pues durer ne bien
<■ avoir longuement, quant ne pues sovent aler
« parler à vous à ma devise, li maus d'amer me
" debrisé. » (Bouh. ms. ch. 91, fol. 129.)
•^ Enfin on employoit aussi ce mot pour « cesser,
» finir » :
Au noviau tens que l'iver se debruise.
Pors. fr. MSS. av. 1300. 1. IV, p. i^të.
VARIANTES :
DEBRISER. Clém. Marot, p. 655.
Drsbkiser. Villon, p. 2.
Debruiser. Poës. MSS. av. 1300, t. IV, p. 1546(2).
Debruser. Britt. Loix d'Anglet. fol. 17, R" (,3).
Debroisser. [Intercalez Debroisser, faire re-
tentir :
Menestriex leurs tons debroissent .
G. Cuiarl, v. 11-03.) (N. E.)
Deljrunir, v. Eclaircir.
Que demain la belle Aurore
Qu\ di'bi unira les cieux,
Vous trouve éveillez encore;
Sans avoir fermé les yeux.
G. Dur. à la suite de Bonncf. p. 163.
Debrutaliser, v. Oter la brutalité. MolqueM""
la marquise de Rambouillet avoit fait, selon Ménage.
[Voyez aussi Vaugelas (Rem. nol. Th. Corneille,"lI,
838).] L'usage ne l'a point confirmé.
Debte, Debt, s. f. Dette. Dat et da~; dans S.
Bei'uaid, répond au latin debituin. Ce mol subsiste
sous l'orthographe dette, avec cette différence
cependant qu'autrefois, sous celle même ortho-
graphe, il s'employoil au masculin. Pasquier, dans
ses Lei;;es, t. II, p. 380, reproche ù Montaigne (4)
d'avoii- employé le mot debte au genre masculin. Il
est employé de même au Gloss. de l'IIist. de Paris :
« En succession esehéanlde ligne collatérale, frères
« de pères et de mère sont préférez quant aux
» biens, meubles, debts et conquets immeubles
« demeurez du décez de leur frère ou sœur tres-
« passé contre le frère ou la sœur paternel seule-
« ment. >- (Coût, de Troyes , au Coût. Général,
t. I. page 419.)
On disoit : 1» « Debtes liquides et illiquides. »
(Voyez le Nouv. Coût. Gén. t. I, p. 294.) Voy. aussi
les autres espèces de debtes. (Laur. Gloss. du Dr. fr.)
— 2° « Dettes crues ou volantes, » non reconnues
en justice et qui n'onl hypothèque. (Voyez Coût, de
Bourbourg, au Xouv. Coul. Gén. t. I, p. 500.) —
3° « Belle de mariage, » c'esl-à-dire devoir conju-
gal. (Buul. Soin. RuV. p. 728.) — 4° « Confesser la
« debte. » Façon de parler encore en usage dans le
langage familier. On la trouve dans les Contes de
la reine de Navarre, t. II, p. 89. — 5° » Longe
« debte vient à jour. » (Poës. de Froiss ) — 6°
« Vielles debtes viennent en lieu. " (Al. Charlier,
p. 720.) — 7° « Vielles debtes duisent. » (Dictionn.
de Cotgrave.) — 8° « Une debte ne retient l'autre. »
(1) Dans Froiss., se debrisier signifie se diviser: « Or sedebrise et disfereli mondes en pluiseurs manières. » (II, 13.) (N. e.)
(2'» Debruiser est aussi dans la Chron. des ducs de Normandie (v. 19624). (n. e.)
(3) On lit aussi dans Robert d'Avesbury (Hist. d'Edouard III, p. 125) : « Ceaux de la ville de seint Lée debruserent le pont,
et le roy le fit refeare, et passa lenrtemayn. » (n. e.)
(4) i( Il y avoit dangier qu'un marchand luy feist mettre la main sur le collet à cause d'un vieux debte. » (Essais,
I, 296.) (N. E.)
DE
— 479 —
DE
Proverbe qu'on explique ainsi : « Ce qu'on dit en la
« terre de Gorze qu'une debte ne retient l'autre,
« veutsignifier et donner à entendre querenoncia-
<■ lion n'y a point de lieu, c'est à scavoir procédant
« de diverses causes. » (Coût, de Gorze, au Nouv.
Coût. Gén. t. II, p. 1082.) « Par debles procédantes
« de diverses causes renonciation n'a point de lieu,
« qu'est-ce que l'on dit, une debte ne retient
« l'autre. ■> (Ibid. dans la Coût d'Espinal, p. 1133.)
— 9° « Debtes deviennent mauvaises par faute
«d'interpellation. » (Proverbes, dans l'Amant
ressuscité, p. 132.) — [10° Faire sa debte d'une
somme d'argent envers quelqu'un, s'engager à la
lui payer, s'en obligier (Froissart, II. 182).] (n. e.)
VARIANTES :
DEBTE. LaHr. Gloss. du Dr. fr.
Daite. Ph. Moiiskes, MS. p. 7'29.
Debetancue. Carpentier, Hist de Cambray, t. II, p. 18.
Débite. Chron. S. Denis, t. II, fol. 35.
Decte. Ryraer, t. I, p. 114.
Depte. Oïd. t. III, p. 224.
Dete. La Thaum. Coût. d'Orl. p. 465.
Detebie. Beaumanoir, p. 235.
Destherie. .^ssis. de Jérus. p. 98.
Duetie. Ten. de Littl. fol. 62, V.
DuERE. Ibid. fol. 62, V°.
DoiTE. Ord. t. I, p. 315.
DoiBTE. Ibid. p. 74.
Debteresse, s. f. Débitrice.
VARIAMES :
DEBTERESSE. Les Tri. de la Noble Dame, fol. 64.
Debitresse. Coût. Gén. t. II, p. 947.
Debteur, s. m. Débiteur. Ce mot, sous les
différentes orthographes employées par S. Bern.
répond au latin debitor. « Je suis ton debteur non
« seulement de dix mille besans, etc. » (Chasse de
Gast. Phéb. Ms.p. 359.) « Silost comme il aqueman-
« dément de fere comme bons pièges, il devient
'< detes [il faut lire deteuroa deteres] de la chose. »
(Beaum. Coût, de Beauvois. page 12.)
VARIANTES :
DEBTEUR. Gloss. de Mar. (1) et Rab. t IIÎ, p. 16.
Deteur. Beaumanoir, p. 12.
Detteur. Art. poët. de Sibillet, liv. II, p. 79 (2).
Dettour. Britt. Loix d"Angl. fol. 2, V».
Détour. Thiéb. de Nav. Poës. t. I, p. 243.
Detieres, Ord. t. I, p. 221 et 228.
DEPTEYRE.S. Gloss. sur les Coût, de Beauv.
Dettes. Beaum. p. 288.
Detes. Id. p, 194.
Dethe. Assis, de Jérus. p. 98.
Datteres. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 304.
Dattor. Id. ibid. p. 27 (3).
D.\ttres. Id. ibid. p. 365.
Dettres. Id. ibid. p. 28.
Debuchier, v. Sortir *. Ouvrir °.
* Proprement » sortir du bois. » De la sortir, en
général. Ainsi on a dit « faire dcbuebier » pour faire
sortir, « faire debuchier le jour » pour faire sortir
de la vie :
En fist maint le jour debuchier. (Rom. de Rou, p. 351.)
« Quand son mulet regimboit et ne vouloit mar-
« cher il le chargeoit de si grands coups qu'à Une
<i force luy estoil de débusquer. » (Contes de Chol.
fol. 225, V°.) « A tant se debuscberent (4) les batailles
« d'une part et d'aulre (se mirent en mouve-
« ment.) » (Lanc. du Lac, t. III, fol. 145.)
^ On a dit aussi débusquer pour ouvrir, débou-
cher. « Débusquer sa biayelte, » c'est-à-dire ouvrir
sa braguette. (Poës. de ,1. Tahur. p. 123.)
VARIANTES :
DEBUCHIER. Rom. de Rou, MS. p. 51.
Debusciier. Lanc, du Lac. t. III, fol. 145, R° col. 1.
Débusquer. Contes de Chol. fol. 225, V°.
Débuter, v. Commencer. Nous le disons encore
en ce sens ; mais nous ne disons plus estre débuté
pour commencer d'être payé, comme en ce passage
où on se plaint de la dii'licultéqu'il y avoit à se faire
payer des « généraux des linances « :
... Ils treuvent les gens xiiii moys
Avant que nulz puist estre débutez (5). (E. Desch. /'. S09.)
Dec, s. m. Borne *. Banlieue". Amendes '^.
* Ces mots sont en usage dans le Languedoc (Borel,
1'" add.), le Querci, etc. On disoit'en lalin deci,
que Du Gange interprète « limites , tcrmini , »
bornes, limites. Dans un titre rapporté par Rymer,
t. II, p. 2G0, on lit: >> Infrà décos seu terminos
« dictœ Bastidtç, etc. «
Peut-être appeloit-on dex les bornes ou limites
d'un territoire, parce que ces bornes étoient mar-
quées par des croix, lesquelles en chiffre signifient
le nombre dix que l'on prononce dex dans le
Languedoc. (Hist. des Comtes de Toulouse, p. 194.)
L'auteur cite un titre qui prouve qu'en effet les
bornes de la •■ Sauveté de Toulouse » étoient mar-
quées par des croix. i< Concessit eamdem salvilatem
« sicut signala est et bodulata per crucem, et de
« cruce, et in cruce, etc. » (Ibid.) On lit en ce sens,
dans la Coût, de Bayonne : « Aucun habitant de la
■> dite ville ne doit aller au devant des navires ou
« batteaux venans à la dite ville devers le Boucaut
« ou devere Ilorgaue.. . ou au devant autres portans
« vivres par terre, jusqu'aux dect% anciens acheter
« les dits vivres, qui sont dedans lesdits bateaux
« ou navires ou autrement conduits par terre. »
(Coût. Gén. t. II, p. 703.)
° Le mot dex, qui primitivement nedésignoit que
la borne d'un territoire, fut ensuite employé pour
désigner le territoire même, le district d'une juri-
diction, la banlieue d'une ville. Le territoire de
Toulouse, nommé communément la « Sauvelé de
« Toulouse, » est appelé le dex de Toulouse dans
les coutumes du pays. (Catel, Hist. des Comtes de
Toulouse, ubi suprà.) On disoit alors sans
(1) « Il n'est point de presteur, s'il veut prester, qui ne fasse un debleur. » (Marot, Ep. au roi.) (n. e.)
(2) « Les dettes son père paia ; ses delteurs trestous apaia. » (Cl. et Jehan, v. 2141.) (N. e.)
(3) « For ce que fins et agréable Fusse vers tous mes bienfaitors, Si cum doit faire bons delors, Rendi grâces dix fois ou
vint. » (La Rose, v. 22014.) (N. E.)
(4) On lit déjà dans Renart (v. 24486) : « Maté fussent et recréant Cil delà, n'en eschapast pié , Quant d'un val se sont
desbuchié Plus de dis mile escorpions. » (n. e.)
(5) Débutez n'est-il pas là pour déboutez '? (n. E.)
DE
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DE
pléonasme : « les bornes du dex. » (Du Gange, Gl.
lat. au mot Deci.)
'^Knnii l'acception du mol dex s'étendoit jusqu'à
signifier quelquefois les droits mêmes de la ban-
lieue. Ainsi on trouve le mot de.r souvent employé
dans des ordonnances concernant Ihs privilèges de
Mantauban, dans le sens des amendes prononcées
en police pour dommages causés dans l'étendue de
la juridiction de celle ville. (Voy. l'art. 7 des lettres
du mois d'avril 1370, t. VI, p. 69r>, et la note sur cet
article.) On en trouvera plusieur.> autres exemples
dans le t. XI du même lecueil. Dex doit s'entendre
en ce même sens dans l'article 13 des lettres du
mois de mai 13C8. concernant les privilèges accor-
dés à la ville de Villeneuve en Rouergue. (Ordonn.
t. V. p. 397.) Il est dit que les officiers de la séné-
cbaussée de Roueigue: » Comme il aient la con-
« gnoissance des dex et bans, c'est assavoir de
" ceul.xqui font dommage es vignes, blez, vergiers,
« terres, prez et les émolumens et amendes qui en
« ysleront (proviendront) seront leurs. « Le
mol « bans, » en cet endroit, signifie une peine
pécuniaire pour les contraventions, imposée par
les statuts des lieux; le mol dex, les amendes
prononcées par les sentences des juges. C'est la
même dilTérence que Walbonn établit entre baiinum
eijustilia. (Voy. Hist. du Dauphiné, t. I, p. 115.)
VARIANTES :
DKC. Du Gange, Gloss. lat. au mot Dextrorum.
Dect. Coût Gén. t. II, p. 703.
Dex. Du Gange, Gloss. lat. au mot Dextrorum.
DOYS. Ord. t. VI, p. 69.5, note d.
Deçà, prép. En deçà. Deuù, dans S. Bernard,
répond au latin citra.
Deçà mer plains de bonnes Teques. [Ph. Mousk. 690.]
<■ Deçà la S. Denis, » en deçà la S. Denis, aupa-
ravant celte fête. (Fabl. mss. du R. w" 7615, t. II.)
Au deçà sedisoit aussi pour en deçà. « ...Marcha
» pour aller devant Luxembourg, prenant son che-
» min par .Arlon, petite ville à 4 lieiies au deçà du
" dit de Luxembourg. " (Mém. du Bell. fol. '290.)
vAniAî^TEs :
DEÇA. Mouskes, MS. p. 690.
AUDEÇA. Mém. de Du Bellay, fol. 300, V°.
Dezai. s. Bern. Serm. Ir. .MSS. p. 117.
Decadaut, adj. Qui tombe eu décadence. « Je
» n'aurois jamais l'ait, si je disois tout, car ses
« devis furent grands et longs, et point se ressen-
« tant d'un corps fauy, ny esprit foible et deea-
« dant. » (Branl. D" Gall. t. II, p.. 422.)
Decachiei*. [Intercalez Déraciner, descachier,
chasser : « Quant il vil que il avoit la royne et son
« ainuel fil decachiet borsdel royaume.'» (Froiss.
Il, 34.) » On a cesle bonne royne descachie hors
« d'Engielerre. « (Id. 11, G2.) (m. e.)
Decair. [Intercalez Decair, déchoir, être dé-
bouté: ■ Decair dévoient... de la complainte qu'il
" avoient faite. - (Ch. de I32r>. Du Gange, II, 755,
col. 2.) On lit déjà dans Roland (v. 2902):
Cum ilccai-rat ma force e ma baldur!] (n. e.)
Decaire dates [lisez défaire pales, c'est-à-dire
couper le jambon]. Nous ne tiouvons ce mot que
dans le passage suivant :
Tant cerquierent, qu'il asenerent
Au moine et quant il trouvèrent
Le froc, cascuiis s'est merveilles.
Li uns asene vers les pies :
Cil dessus dist de défaire pales ;
Il respont: n'a bacons à pâtes.
Et si'a bras et mains et ganbes.
Fabl. MSS. du R. n' 7989. fol. 90, V col. 1 (1).
Decais, s. m. Décès, mort.
VARIANTES :
DECAIS^Mousk. MS. p. 41 (2).
Decease. Ten. de Littl. fol. 6i, V».
Deceper. Perard, Hist. de Bourg, p. 474, titre de 1252.
Decanat, s. m. Doyenné. Dignité du doyen.
(Dicl. de Corneille.)
Décapitation, s. f. Décollation.
Itertolomieu, hélas,
Fu escorchiez, de saint Andrieu lisons
Qu'en croix mouru; décapitatums
Ku à Jacques.... (F.. Desch. fol. i^^.j
Decaptiver, v. Tirer de captivité. (Colgr.)
Mais toy, seigneur, de qui le bras puissant
D. ■ pliva ton peuple languissant. (Joach, du Bell. S14.J
Decariieler. [Intercalez Decarneler, déchi-
queter en créneaux: » Waulier baillast une forces
« à cousturier que il tenoit à l'exposant pour
" garder, et tandis que ledit W.iulier se jouoit à
« ladite fille, ledit exposant par joie et esbatement
« se print à decarneler la robe dudit Wautier. »
(J.I. 130, p. 199, an. 1387.) (n. e.)
■ Decarquelé, adj. Qui a ôté son carquois.
.Alors parniy les fleurettes,
Auprès des fontainelettes.
Les amoureteau.x aislez
Débandez, decarquelez
Ainsi qu'oiselets volnges
Voletoient sur les rivages.
G. Durant, à la suite de Bonnef. p. 154.
Decarteler, v. Ecarter, fendre. « Quant le
« porc vit que les chiens le tenoient si court, il se
" print à ronfier de la narine et se dresser sur les
" piedz et fiert ung des chiens de sa dent, si luy va
« descarteler toute l'eschiiie. » (Perc. vol. II, f° 9.)
Décassé, adj. Rompu, déchiré. (Coquill. p. 65.) (3)
Decatholiques. Sorte de vers. Il faut lire
dccatosliques, c'est-à-dire dixains. (Nef des Fols,
fol. 3.) Ou trouve heccatosliques pour huitains.
(Ibid. fol. 4.)
(1) C'est le conte du Moine sacristain (Fabliaux de Barbazan, t. I): on prend le corps du moine pour celui d'un porc. (N. E.)
(2) Dans S' Alexis (sir. LXXX) on lit décès : « Puis mun derc.'i en fusses ennret. » (N. El
(3> On lit au Miserere du Reclus de Morliens (226) ; « Mors set moût tost fol acoisier ; Mors a moût tost de son arcier
Descasce l'ame dolente. » (n. e )
Niort. — Typographie de L. Favre.
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Sainte-Palaye , Jean Baptiste
de La Curne de
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